Gérard Éthève, fondateur d’Air Austral, est décédé ce mardi. Il était âgé de 93 ans. photo d'archives
Fondateur de la compagnie aérienne réunionnaise Air Austral, Gérard Éthève est décédé ce mardi. Il était âgé de 93 ans. Né en 1930 à Saint-Pierre (La Réunion), l’homme aura été le président du directoire de la compagnie aérienne, également présente à Mayotte, jusqu’en 2012.
Gérard Éthève est devenu instructeur et chef pilote de l’aéroclub Roland Garros (Sainte-Marie) en 1959. Il a ensuite créé sa propre école de pilotage. Il effectue ses premières missions pour l’État en 1963 avec des vols entre la Réunion et les îles Eparses. Reunion Air Service naît ainsi en 1974, avant de devenir Air Réunion en 1986 puis Air Austral en octobre 1990. Des organismes financiers ainsi que des collectivités locales s’étaient associés pour ce « changement de dimension », accompagné de la livraison d’un Boeing 737-500 neuf.
Moïse Issoufali, le dirigeant de la société Issoufali et de Mayotte Air, se souvient « d’une figure emblématique de l’aviation qui a oeuvré au désenclavement de notre île en 1977 ». « La famille Issoufali et l’ensemble du personnel de la société Issoufali et de Mayotte Air Service tiennent ici à rendre hommage à un homme qui fut un visionnaire dans le transport aérien et présente ses très sincères condoléances à son épouse, à sa fille et ses petits enfants ainsi qu’ à ses proches », ajoute-il.
En 2012, Gérard Éthève a officiellement démissionné de ses fonctions afin de « faciliter le redressement judiciaire d’Air Austral ». Onze ans plus tard, la situation d’Air Austral, présidée par Marie-Joseph Malé jusqu’en 2022 avant qu’il ne passe le relais à Joseph Bréma, était encore critique. La compagnie aérienne a sollicité une aide pour entamer sa restructuration. Le 5 janvier 2023, la Commission européenne a autorisé le projet de l’État français « de verser une aide à la restructuration de 119,3 millions d’euros pour permettre à la compagnie aérienne Air Austral de retrouver la viabilité ». Air Austral avait bouclé l’exercice 2020-2021 avec une perte nette de 76 millions d’euros et un chiffre d’affaires en chute de 55% sur un an. La compagnie est aujourd’hui dirigée par un consortium d’hommes d’affaires réunionnais, mais la région La Réunion et le conseil départemental réunionnais continuent de siéger au conseil d’administration.
Le démantèlement du camp du stade Cavani doit commencer cette semaine.
La semaine dernière, Gérald Darmanin avait annoncé le démantèlement du camp de fortune du stade Cavani, à Mamoudzou. Ce mardi, la préfecture a confirmé le début de cette opération cette semaine, qui, elle, a commencé avec des routes barrées par une population en colère.
« Le camp sera démantelé dans les plus brefs délais et ce démantèlement débutera dès cette semaine », a annoncé la préfecture à propos du campement de fortune du stade de Cavani, dans un communiqué paru vers 16 heures ce mardi. Il est également annoncé que des travaux de sécurisation du site ont commencé à être entrepris ce même jour et qu’une enquête individuelle allait immédiatement commencer afin de proposer une solution alternative et conforme à la loi aux occupants du stade.
« Les personnes déboutées feront l’objet d’une obligation de quitter le territoire et seront reconduites dans leur pays d’origine après obtention du laissez-passer consulaire nécessaire à leur éloignement », peut-on lire en premier dans la liste des options. En ce qui concerne les réfugiés détenant un titre de voyage, ils pourront être conduits en métropole. Les personnes réfugiées n’ayant pas de titre de séjour ou de voyage seront relogées dans des hébergements d’urgence temporaires, tout comme les demandeurs d’asile, dans la limite des logements disponibles, le temps que leur dossier soit étudié par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ou la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Les ressortissants de la République démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi souhaitant retourner vers leur pays d’origine pourront être accompagnés par les services de l’Etat, quel que soit le stade de leur demande d’asile. Des décisions qui ont été prises conformément aux annonces du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, la semaine dernière.
« Trouver une solution rapide à cette situation »
Ces déclarations sont faites en réponse aux blocages de ces derniers jours. Depuis lundi, voire dimanche soir, plusieurs routes sont bloquées par des barrages érigés par une population qui ne supporte plus la présence du camp de migrants originaires de différents pays d’Afrique continentale dans l’enceinte du stade de Cavani. Les représentants des différents collectifs ont rencontré le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, vers 10 heures ce mardi. « Il a rappelé sa volonté de trouver une solution rapide à cette situation », peut-on lire dans un communiqué de la préfecture paru vers 16 heures.
Le conseil départemental, propriétaire du site du stade, a déposé un recours devant le tribunal administratif en fin d’année 2023 afin de pouvoir procéder à l’expulsion des occupants. Dans un jugement du 26 décembre, ce recours a été rejeté. Depuis janvier, préfecture, commune de Mamoudzou, conseil départemental et collectifs citoyens se réunissent régulièrement pour trouver des solutions. Un recensement des personnes présentes dans le stade a permis d’établir la présence majoritaire de bénéficiaires de la protection internationale et de demandeurs d’asile.
« Pour le bien de tous, il est important de retrouver rapidement l’apaisement social et le fonctionnement normal des services publics du département. Le préfet appelle la population qui souhaite manifester à rester digne et responsable et à refuser les provocations », peut-on lire à la fin du communiqué de la préfecture.
À partir de ce mardi, 8h, les habitants des hauteurs de Longoni seront privés d’eau jusqu’au jeudi 25 janvier à 16h, en raison de travaux de renouvellement d’un suppresseur d’eau desservant cette partie du village. Durant cette période, deux citernes seront positionnées à la rue, Ali mari et la rue labattoir, pour les usagers, selon la SMAE (Société mahoraise des eaux).
Cette annonce intervient une semaine après le changement des horaires de tours d’eaux, passé d’un jour avec de l’eau sur trois à un jour sur deux. Cette interruption programmée est due à des travaux nécessaires de renouvellement d’un suppresseur d’eau.
D’après la SMAE, pendant cette longue période de trois jours, aucune goutte ne coulera. Toutefois, deux citernes seront à la disposition des usagers. Les positionnements sont cerclés en rouge sur le plan fourni par la société mahoraise des eaux. La partie basse du réseau de Longoni ne devrait pas être touchée par cette coupure temporaire.
La reprise du planning normal des tours d’eau est prévue pour le jeudi 25 janvier à 16 heures. Les usagers sont invités à veiller à la fermeture de tous les robinets et de laisser couler l’eau durant les premières minutes tout doucement jusqu’à ce qu’elle soit claire. Il est également recommandé de la faire bouillir pour des usages alimentaires dans la première demi-journée suivant la remise en eau.
Ce vendredi 19 janvier, un tout nouveau bus de 33 places a été livré à la Caisse des écoles de Koungou – CDE pour assurer les sorties pédagogiques des élèves de la maternelle à l’élémentaire de la commune de Koungou.
« La réussite éducative des élèves reste au cœur des préoccupations des élus du conseil d’administration de la Caisse des écoles de Koungou – CDE.La communauté éducative s’engage avec enthousiasme pour l’épanouissement de nos enfants ! », indique la Caisse des écoles.
Habab Abdou-Moktar, ici avec le hurdler Saïd Soyifdine qui remporté la médaillé d’or du 400m haies aux Jeux des Iles de l’océan Indien en 2023, est le premier Mahorais qui participera aux Jeux Olympiques.
Habab Abdou-Moktar, un jeune sportif très impliqué dans la vie de sa cité, Pamandzi, fait partie des juges-arbitres sélectionnés pour les épreuves d’athlétisme des Jeux Olympiques de Paris 2024, du 1er au 11 août. Il officiera dans les quatre disciplines de lancer, poids, marteau, disque et javelot.
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Pour la première de fois dans l’histoire du sport français, un Mahorais sera de la partie aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Bien qu’étant un athlète talentueux, Habab Abdou-Moktar, vice-président du Pamandzi Sporting Club, officiera en juillet prochain dans la capitale française en qualité de juge-arbitre national pour les quatre épreuves de lancer de poids, marteau, disque et javelot. C’est se rendant au travail le matin du mardi 19 décembre 2023 qu’un e-mail reçu sur son téléphone portable lui apprend qu’il a été sélectionné par le comité national d’organisation des JO, avec sa convocation et sa lettre de mission. Sportif chevronné, très impliqué dans la vie de sa cité, cet ingénieur en hydraulique d’une trentaine d’années, exerçant dans les locaux de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) à M’tsapéré, se rendra à Paris dans la semaine du 24 juin 2024 pour préparer cette messe mondiale du sport que constituent les Jeux Olympiques. Ce rassemblement précédera le championnat de France d’athlétisme au cours duquel il va pouvoir obtenir un avant-goût de l’exercice de sa charge de juge-arbitre national.
Suite à cette expérience grandeur nature, il reviendra à Mayotte quelques jours avant de s’envoler pour la métropole le 23 juillet 2024, soit trois jours avant le démarrage officiel des jeux olympiques et une semaine avant celui des épreuves d’athlétisme. Depuis l’annonce de sa sélection, le respect que lui vouent ses collègues footballeurs de Pamandzi et Mayotte est monté à un degré supérieur, il figure désormais dans les annales du sport local comme le premier natif du 101ème département français à atteindre un tel niveau de compétence dans une discipline olympique. « L’incompréhension est immense pour nous. Avec cette sélection, Habab est désormais un symbole pour notre génération et celles qui vont suivre derrière nous. Et malgré cela, il n’a eu droit à aucune reconnaissance officielle à Mayotte, ni du Département, ni de la commune », remarque l’un de ses amis du Pamandzi Sporting Club. Il est vrai que ses proches dressent de lui le portrait d’un jeune homme modeste, fonceur, qui ne réclame jamais rien à autrui, toujours prêt à rendre service et à soutenir ses compagnons dans le sport. De son propre aveu, « ces Jeux olympiques restent une aventure au travers de laquelle chaque moment sera à savourer complètement ».
Un parcours de sportif
Comment Habab Abdou-Moktar a réussi à atteindre ce niveau de juge-arbitre national ? Dès son jeune âge, il lui était reconnu des qualités innées d’endurance dans la course. Celles-ci se sont confirmées lorsqu’il est entré au collège et lui ont permis de bénéficier d’une bonne prise en charge par l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) et d’enchaîner les places sur les podiums, les médailles et les découvertes dans la grande famille de l’athlétisme français. Lorsqu’il rejoint la métropole pour entamer ses études supérieures, Habab Abdou-Moktar intègre le club Orléans Cercle Jules Ferry au travers duquel il découvre le sport de haut niveau dans l’athlétisme. Il y côtoie des athlètes de renommée internationale et olympique tel que le sprinteur guyanais Amaury Golitin. Il y fait également la connaissance de Djassim Ahamada, spécialiste du saut en longueur et du 100m, porte-drapeau de la délégation départementale aux récents Jeux des Îles de l’océan Indien (JIOI) à Antananarivo en 2023.
À Orléans, Habab enchaîne les performances athlétiques dans le 100 mètres, le 200 mètres et le saut en longueur, trois disciplines dans lesquels il excelle depuis l’âge de 10 ans. Des performances qui lui valurent à l’école le statut aménagé de sportif de haut niveau. Seulement voilà, des couacs surviennent sur le parcours, les résultats scolaires attendus ne sont pas au rendez-vous, s’y rajoutent des blessures à répétition et, un malheur n’arrivant jamais seul, son niveau stagne. Après mûres réflexions, le jeune sportif pamandzien tranche et choisit de privilégier ses études au détriment du sport. Et, question de garder un pied dans l’athlétisme et ne pas complétement couper les liens avec le monde sportif, il décide de passer le diplôme de juge, entraîneur et initiateur (ABC). Un diplôme qui se décline en plusieurs niveaux, départemental et pratique, régional, fédéral, et enfin, juge-arbitre national. Dix années (2013-2023) ont été nécessaires pour aboutir obtenir ce sésame qui lui vaut d’être sélectionné aujourd’hui pour officier aux JO de Paris. « Différents critères interviennent dans la sélection d’un juge-arbitre, le nombre de compétitions qu’il a eu à juger au cours des dernières années, sa fiche d’évaluation (un rapport est dressé sur chaque personne jugée), le niveau de diplômes, l’âge, le dynamisme, le savoir-faire, le savoir-être, le nombre d’années d’expérience, mais aussi des critères géographiques aux fins de ne pas privilégier une région par rapport à d’autres », explique l’heureux vice-président du Pamandzi Sporting Club.
Paré à vivre de l’intérieur le sport-roi de l’olympisme, l’athlétisme, Habab Abdou-Moktar attend le mois d’août avec envie.
Les étudiants ont pu évacuer l’Université de Mayotte aux alentours de 13h, après avoir attendu trois heures.
Ce lundi matin, des affrontements ont éclaté à Iloni, dans la commune de Dembéni, juste à proximité de l’Université de Mayotte. Les étudiants ainsi que le personnel ont dû se retrancher dans une partie réduite de l’établissement en attendant que la situation se calme et que les étudiants puissent être évacués en bus.
On dénombre environ 7.700 rats en période humide sur l’îlot Mbouzi et 3.500 en saison sèche. Crédit photo : Réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi
Les rats pullulent sur l’îlot Mbouzi et détruisent la biodiversité sur leur passage. Introduits dans cet écosystème par l’homme, ils rongent la biodiversité native de l’îlot en face de Mamoudzou et risquent de faire disparaître certaines espèces. Pendant trois ans, une étude de faisabilité concernant la dératisation de cette réserve naturelle a été menée. Celle-ci y voit un obstacle, la présence des makis, l’espèce emblématique de l’île.
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Paul Defillion était, jusqu’à janvier, chargé du projet de restauration des écosystèmes insulaires de l'océan Indien à Mayotte (Recim). Crédit photo : Réserve naturelle nationale de l’îlot MbouzI
L’écorce d’un arbre endémique de l’îlot a été mangée par des rats. Cela peut conduire à la mort de l’arbre. Crédit photo : Réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi
Lors de l’opération Recim, les rats ont dû être capturés pour les marquer et les compter. Crédit photo : Réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi
On compte environ 190 makis sur l’îlot Mbouzi. Ces derniers y ont été amenés par une association qui voulait en prendre soin dans les années 2000. Image d’illustration.
Oeufs de paille-en-queue, couleuvres de Mayotte, vanille, écorce d’ébènes des Comores… Les rats dévorent tout sur l’îlot Mbouzi. « Même les graines des plantes, ce qui empêche leur renouvellement. On ne voit plus fleurir la vanille endémique », donne comme exemple de dégâts Louis Maigné, le conservateur de la réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi, situé au large de Mamoudzou. « On a vu un rat attaquer un crabe de mangrove. C’est extraordinaire d’agressivité et de capacité de prédation », constate de son côté Paul Defillion.
Ce dernier est arrivé depuis la Polynésie française sur le territoire mahorais il y a trois ans, pour se charger du projet de restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien à Mayotte (Recim), mené par l’association Les Naturalistes, qui a la gestion de la réserve de Mbouzi. Le but du scientifique était de mener une étude de faisabilité concernant l’éradication du rat sur l’îlot. Cette opération fait partie d’un programme plus vaste de lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE), piloté par les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
Les espèces exotiques sont celles amenées par l’homme sur un territoire où elles n’auraient pas pu aller par leurs propres moyens. On parle d’espèces exotiques envahissantes dès lors que leur croissance met en danger la subsistance des espèces endémiques (indigènes). Les EEE n’ont généralement pas de prédateur dans leur écosystème d’accueil, et les espèces locales ne sont pas armées pour faire face à la prédation ou compétition imposée par cet envahisseur. « Aujourd’hui, à l’échelle de la biodiversité de la planète, on est dans la sixième extinction de masse. Les espèces exotiques envahissantes en sont la deuxième cause, après la destruction de l’habitat. Et à l’échelle des îles, c’est la première cause de disparition des espèces endémiques », alerte Paul Defillion.
7.700 individus en saison humide
Introduit par la navigation et les pêcheurs, le rat est une EEE qui ravage l’écosystème de l’îlot Mbouzi. Le nourrissage, pendant un temps, des makis qui y ont été amenés au début des années 2000, a permis aux rats, qui se sont régalés, de proliférer, même si aujourd’hui, leur nombre s’est stabilisé. Estimer le nombre de rongeurs, c’était d’ailleurs une des premières étapes de la mission de Paul Defillion. « On a capturé des individus, on les a marqués, puis relâchés, puis re-capturés un certain nombre de fois en notant le numéro qu’on leur avait attribué », détaille le chargé de projet, qui a ainsi pu estimer le nombre de rats à environ 7.700 en saison humide et 3.500 en saison sèche.
La technique généralement utilisée pour dératiser une île est l’épandage par hélicoptère d’appâts avec du brodifacoum, un rodenticide (produit qui a la propriété de tuer les rongeurs). Pour voir si cette technique était applicable sur l’îlot, Paul Defillion et l’équipe de la réserve ont fait des tests sur six hectares. Avec des appâts neutres contenant un marqueur fluorescent, sans anticoagulant, ils voulaient voir si les rats, mais aussi les autres espèces, les mangeraient. « La totalité des rats en ont mangé. Donc c’était très positif », raconte le chargé de projet. Les oiseaux ne s’y intéressaient pas, les roussettes ne se nourrissent pas au sol, les reptiles ne sont pas sensibles à cet anticoagulant… Tous les feux semblaient au vert. « Mais des makis en ont mangé », tranche le scientifique. Or, bien qu’il soit exotique à Mayotte et présent que depuis très récemment sur l’îlot, le maki est une espèce protégée. Paul Defillion a alors fait venir de Nouvelle-Zélande des appâts avec un agent amérisant devant repousser les herbivores : « Avec l’absence de pluie qu’il y a eu cette année-là et le manque de nourriture, les makis se sont quand-même jetés dessus ». Impossible donc d’empoisonner les rats sans prendre le risque d’empoisonner certains des 190 makis présents dans la réserve.
Les primates compliquent l’équation
« Techniquement, il est donc possible de dératiser l’îlot. Mais nous ne le ferons pas, en tous cas pas avec de l’épandage d’appâts depuis les airs », conclut Paul Defillion. Si le brodifacoum ne peut pas être dispersé par hélicoptère selon les lois européennes, il reste possible d’obtenir une dérogation. Mais avec les makis dans l’équation, même s’ils ne sont pas endémiques de Mayotte, c’est peine perdue. « Éthiquement, les makis restent des primates. Donc quand on évoque devant les gens, qui les voient comme des peluches, le risque d’un impact sur les makis, c’est immédiatement inacceptable », explique-t-il.
Et si on déplaçait les makis le temps de la dératisation ? « Il y a plus de risque de tuer des makis en faisant cela qu’en épandant les appâts par hélicoptère », explique Louis Maigné, conservateur de la réserve naturelle. Cela les stresserait, et s’ils s’endorment dans un arbre après avoir reçu une fléchette anesthésiante, ils peuvent tomber et mourir.
Mais la réserve n’a pas dit son dernier mot. Si Paul Defillion a achevé son séjour à Mayotte avec la rédaction de son rapport sur cette étude de faisabilité, les protecteurs de l’îlot Mbouzi vont continuer à lutter contre les rats. Au lieu d’être dispersés par hélicoptère, les appâts seront placés dans des boîtes d’appâtage et posés à la main tous les vingt mètres environ. « On va devoir faire une grille sur tout l’îlot. Ça va être un travail titanesque », prévient le gardien de l’îlot, qui espère que cette opération pourra commencer à la saison sèche 2025, durant laquelle les rongeurs seront moins nombreux. « Nous allons devoir fabriquer 1.500 boîtes et les répartir sur tout l’îlot, y compris au niveau des falaises. » Une méthode moins efficace, car tous les rongeurs ne veulent pas entrer dans ces boîtes, mais qui permettra de ne cibler qu’eux.
Si une éradication totale n’a jamais été obtenue avec cette technique, elle devrait au moins permettre un contrôle de la population de rats, et, peut-être, à la biodiversité de l’îlot de retrouver un état qu’elle n’a pas connu depuis longtemps.
L’eau dans le secteur de Petite-Terre a été plus rare que d’habitude, ce week-end et ce lundi.
De l’eau potable qui coule au robinet en dehors du planning annoncé et qui se raréfie de façon imprévue ensuite. Les usagers de Petite-Terre ont connu un week-end compliqué en raison du niveau très bas du réservoir de Pamandzi. La Société mahoraise des eaux (SMAE) n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Le 8 décembre 2023, la direction de la SMAE expliquait à Élisabeth Borne, l’ex-Première ministre, que tous les quartiers de la Petite-Terre avaient désormais accès à l’eau potable.
Des usagers de la Société mahoraise des eaux (SMAE) en Petite-Terre haussent le ton et dénoncent le rythme de la distribution d’eau potable dans les communes de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi. Ils disent ne rien comprendre au régime qui leur est affligé actuellement, sans qu’aucune communication leur soit préalablement destinée. « C’est vraiment du n’importe quoi ! Ces gens-là (les responsables de la Mahoraise des Eaux) méritent vraiment une cascade de plaintes au tribunal », dégaine Jean-Jacques, un habitant de Petite-Terre joint au téléphone aux premières heures de cette matinée de lundi. Objet de son courroux, l’interruption soudaine de la distribution d’eau à 7 heures, alors qu’elle coulait encore deux heures plutôt, à 5 heures, au moment où il allait démarrer son jogging matinal. Pas une seule goutte du précieux liquide alors qu’il doit se doucher pour aller au travail.
Ces jours-ci, des usagers de la SMAE en colère comme Jean-Jacques se comptent par centaines pour ne pas dire des milliers. Et pour cause, « il y a à peine quelques semaines, la Première Ministre Élisabeth Borne nous disait que tout allait s’arranger, que la situation allait revenir à la normale et que l’usine de dessalement de Pamandzi refonctionnait à plein régime. Mais en fait, c’est encore pire ».
Toujours des problèmes de pression
L’incompréhension de ces usagers est d’autant plus grande qu’il pleut sans arrêt depuis des semaines, que l’usine de dessalement tourne (officiellement en tous les cas) au maximum de ses capacités, que les tours d’eau sont censés être ramenés maintenant à un jour sur deux. Sauf qu’à en croire ces usagers en colère, « entre les annonces officielles et la réalité des choses, le compte n’y est pas du tout ». Dans les faits, l’eau coule bien du robinet mais de manière complètement aléatoire. Elle arrive souvent à l’improviste, avec plusieurs heures de retard sur le planning annoncé, voire quelques fois en avance à l’insu de tous. La coupe est pleine, surtout pour les quartiers où la pression a souvent fait des siennes. A Labattoir par exemple, la SMAE a indiqué samedi par communiqué que « les points hauts du secteur surpressé en souffrance depuis cette nuit seront alimentés une fois que le réservoir de Pamandzi aura atteint un niveau correct ».
Or, il a été expliqué à la Première ministre, le 8 décembre, que le problème de pression à l’origine de la privation en eau de certains quartiers en relief comme Dziani et La Vigie ne se posait plus. Pour l’heure, le téléphone de la SMAE sonne dans le vide. Le directeur d’exploitation que nous avons réussi à joindre cet après-midi est hors territoire et dans l’incapacité de fournir quelques explications sur ce dysfonctionnement constaté dans le rythme de distribution de l’eau en Petite-Terre. Ses collègues en charge du réseau de Petite-Terre, dont les coordonnées ont pu être obtenues via le système D, n’ont pas répondu non plus malgré plusieurs tentatives, ce lundi.
Comme quoi, la parole aussi se tarit.
Les retenues collinaires à 30% et 65% de leurs capacités
Les pluies de ces dernières semaines ont augmenté de manière significative le niveau des retenues collinaires mahoraises. Ce vendredi, celle de Dzoumogné était à 65% de ses capacités, contre 30% pour Combani. Le captage dans les rivières, à Bouyouni par exemple, a permis de les remplir davantage.
Le remplissage des deux bassins ne signifie pas l’arrêt des coupures d’eau.Aujourd’hui, le rythme est une distribution d’eau potable un jour sur deux, de 16h à 18h, à l’interruption le lendemain, entre 14h et 16h.Cependant, l’enjeu est de consommer l’eau produite sans avoir à faire des prélèvements dans les retenues, ces dernières ayant davantage d’utilité pendant la saison sèche.
Éducateur dans le club de football du FC Ylang, Djamil Abdallah, ici avec des jeunes du club, préfère passer la main pour ne plus vivre avec la peur chaque week-end ou à chaque entraînement qu’on agresse ses joueurs.
Éducateur sportif à Koungou, Djamil Abdallah ne reprendra pas de licence pour la prochaine saison de football. Comme d’autres, l’insécurité a miné la passion du dirigeant du FC Ylang. Il nous l’explique dans cette tribune.
En octobre 2023, la victoire de son équipe en Coupe de Mayotte U15 a été ternie par le déchaînement de violences, à la sortie du terrain à Majicavo-Koropa.
« Mayotte vit une période difficile avec cette violence qui a conduit à la préfecture de Mayotte de prendre la décision douloureuse pour les sportifs le 13 décembre 2023 de suspendre toutes les compétitions sportives. Cette décision est la conséquence de l’agression d’un jeune sportif de l’équipe UCS Sada à Ouangani en marge d’une rencontre de U17 et aussi le décès d’un jeune supporter de Combani, le même weekend du 9 décembre 2023.
Cette violence dans le milieu sportif trouve sa source dans les conflits entre bandes villageoises qui finissent malheureusement sur les stades sportifs et les acteurs de notre sport deviennent constamment des victimes collatérales. Cette situation, qui n’est plus tenable, interroge pour nous les éducateurs qui accompagnons au quotidien et les weekends nos licenciés. Nous exerçons cette activité de manière bénévole avec la peur et le stress, que ce soit durant les entraînements ou lors des rencontres officielles. Certains parents n’acceptent plus que leurs enfants jouent les rencontres à l’extérieur au risque d’agressions.
L’exercice de cette passion, cette envie de transmettre se perd au fil du temps en raison du climat d’insécurité qui règne sur ce département. Nos jeunes licenciés se font agresser par des voyous qui n’ont rien avoir avec le football et nous exposons notre vie et celle des jeunes que nous accompagnons à des dangers lors des rencontres de foot.
« Je n’imaginais pas quitter cette passion »
J’ai vécu l’expérience au mois d’octobre 2023, lors d’une rencontre de demi-finale de coupe de Mayotte des U15. A la fin de la rencontre, mes gamins victorieux de cette rencontre se font agresser à la sortie du terrain, les véhicules des accompagnateurs ont été caillassés, j’ai dû abandonner ma voiture et quitter en catastrophe le terrain avec le corps arbitral après que mes joueurs aient quitté le terrain. Heureusement que les dirigeants de l’équipe adverse ont veillé à ce qu’elle ne soit pas saccagée et me l’ont ramenée à mon domicile.
Ainsi, compte tenu de la situation qui ne s’améliorera pas dans les prochains mois, j’ai pris la décision à contre cœur de ne pas renouveler une licence d’éducateur ni de dirigeant accompagnateur cette saison 2023. J’avoue qu’après plus de 19 ans dans ce milieu, je n’imaginais pas quitter cette passion dans ces conditions, mais la situation conduit à prendre cette décision.
J’ai pris ma première licence en 2005 comme dirigeant au sein du club de l’USCJ Koungou puis éducateur à partir de 2009, avec deux montées en R1 en 2010 et 2018. J’ai rejoint la seconde équipe locale, le FC Ylang en 2021, qui est montée en R3 la même année. L’équipe première a lutté en 2022 pour assurer son maintien, tandis que cette saison, elle prétend à une montée en R2 en terminant troisième du classement en attendant les affaires encours à la ligue. Depuis plus de trois ans, afin de lutter contre les violences entre bandes au sein du village, favoriser la cohésion entre les jeunes sportifs du village de Koungou et mutualiser les moyens humains et matériels, les deux clubs du village ont mis en place une entente des équipes de jeunes et les résultats sont bien visibles chaque fin de saison.
J’aurai aimé poursuivre encore cette belle aventure humaine, sportive et sociale pour cette année, mais malheureusement, je dois prendre du recul en attendant que la situation s’améliore. Je serai tout de même un fervent supporter de ces deux clubs et je leur souhaite une belle saison 2024. Je reste convaincu que le sport reste une des premières réponses à apporter à la lutte contre cette violence mais il va falloir que nos autorités chacune à leur niveau apportent des mesures à la hauteur de la situation afin de protéger les acteurs sportifs.
Nous vivons une psychose dans ce département, un stress dans la semaine quand on va au travail le matin et à la sortie du travail, mais aussi quand on pratique notre sport. Ce n’est plus supportable et malheureusement si ça continue à ce rythme, beaucoup de bénévoles vont abandonner aussi. »
Les premiers barrages ont commencé à être érigés vers 4h45 ce lundi matin, comme au rond-point de Chirongui direction M’ramadoudou, ou encore celui du col de Chiconi. Plusieurs collectifs, dont le comité de défense des intérêts de Mayotte (Codim) ou encore le collectif des citoyens de Mayotte 2018, ont bloqué les routes pour protester contre l’insécurité, d’après la gendarmerie, qui a été au contact des manifestants sur plusieurs barrages. Ils étaient également mobilisés pour demander l’évacuation du camp de Cavani. Certains ont été levés tôt le matin, et sans force. Parfois, il ne s’agissait que d’une poubelle au milieu de la route, retirée à l’arrivée des forces de l’ordre. « On n’avait pas affaire à des gens complètement hostiles, en tous cas, nous n’avons recensé aucun incident », nous indique la gendarmerie.
Un barrage vers Dzoumogné, trois vers Barakani, un à l’intersection Chiconi-route nationale 2, un autre à proximité du rond-point de Tsingoni direction Soulou (photo), un cocotier sur la voie à M’ramadoudou, le village de Combani également bloqué à l’intersection rue du Commerce… Quelques-uns ont laissé passer les bus scolaires, tous ont laissé passer les véhicules de secours. Vers 18h15, il y en avait encore à Chirongui et à Soulou par exemple. Celui de Chirongui devait néanmoins être levé entre 17h et 19h pour laisser les gens rentrer chez eux, avant d’être remis pour une durée indéterminée.
Si les informations sont parcellaires et qu’il n’y a pas de certitude, il est fort probable que des barrages entravent encore les routes mahoraises ce mardi.
« La situation deviendra vite incontrôlable »
Saïd Omar Oili s’alarme de la situation sécuritaire à Mayotte et des tensions autour du stade de Cavani actuellement occupé par des migrants. Dans une lettre adressée au Premier ministre Gabriel Attal, le 18 janvier, le sénateur mahorais fait part de ses inquiétudes et indique « le climat social peut se dégrader encore plus dans les prochains jours ». Il demande des mesures pour arrêter les flux migratoires venant notamment d’Afrique de l’Est et que l’État empêche l’équipement sportif de Cavani de « se transformer en zone d’accueil des ressortissants d’Afrique de l’Est ». Pour lui, si de telles mesures ne sont pas prises, « la situation à Mayotte deviendra vite incontrôlable ».
L’éclatement des émeutes qui ont ébranlé la capitale Moroni et ses environs se sont soldées par des arrestations en cascade par les forces armées. Si les interpellations n’ont toujours pas cessé, les mineurs et les femmes ont pu rentrer chez eux, d’après le parquet qui a lancé un appel à la paix.
Moroni, théâtre de violentes émeutes la semaine dernière, retrouve peu à peu son ambiance d’antan. Toutefois, le climat ajouté à la présence de militaires dans certaines zones névralgiques de la capitale rappelle encore que le pays est sous tension. C’est dans cet esprit que le procureur du tribunal de première instance, Ali Mohamed Djounaid, a annoncé : « Dans un souci d’apaisement et pour la sauvegarde de la cohésion sociale, les jeunes mineurs et toutes les femmes interpellés ont été remis en liberté. »
Au lendemain de la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle comorienne, remportée par Azali Assoumani, des manifestations inédites ont éclaté à la Grande Comore, surtout dans la capitale. Les heurts ont duré quarante-huit heures, entraînant des blessés et une paralysie de Moroni. Face à l’ampleur des dégâts et à la résistance des jeunes, l’État a déployé toute la force publique. Depuis mercredi, une opération d’arrestations est lancée. Sans que personne ne soit en mesure de donner un chiffre sur les personnes interpellées. On sait seulement que des détenus sont envoyés dans des camps militaires.
La mouvance présidentielle a accusé dès le départ l’opposition d’être derrière le mouvement de protestation. Des opposants comme Daoud Halifa, mandataire du candidat Bourhane Hamidou, se trouvent encore en détention. Il est visé, selon son mouvement Woneha, par des accusations politiques. « Notre organisation engagée dans la promotion des droits de l’homme, exprime sa profonde préoccupation quant au sort réservé à Daoud », s’inquiètent ses frères politiques.
Le procureur de la République dans son communiqué publié dimanche a lancé un appel à préserver la paix publique et invite les différents protagonistes à se conformer aux dispositions de la loi électorale. Toutes leurs réclamations doivent être soumises à la cour suprême, institution chargée de juger les contentieux électoraux.
L’attente du verdict de la cour suprême
Même discours pour le porte-parole de la présidence, Mohamed Issmaila, qui a insisté dimanche sur la nécessité d’accepter les résultats de la cour suprême dès qu’ils seront rendus publics. Près de quatre recours sont introduits devant la haute cour pour contester la victoire d’Azali Assoumani qui, en cas de confirmation, pourra rester à la tête de l’archipel, jusqu’en 2029.
Le parquet a enfin mis en garde ceux qui attisent selon lui la haine et le désordre, les exhortant à se conformer strictement aux dispositions des lois et règlements de la République. « Car en cas de non-respect, le parquet se réserve le droit d’appliquer les sanctions les plus sévères à l’encontre des contrevenants », a prévenu Ali Mohamed Djounaid. Il a souligné que le domicile privé d’un ministre de la République a fait l’objet d’une violente attaque.
Jeudi, alors que la révolte grondait, des émeutiers auraient tenté de pénétrer la résidence de l’actuel ministre des postes et des télécommunications. Les éléments qui gardaient la maison, ont ouvert le feu, entraînant le décès d’un jeune de 21 ans. Il est la première victime de ces manifestations dont les stigmates restent encore visibles dans les rues de la capitale, où l’activité économique a fini par reprendre dimanche.
À présent, les yeux sont tournés vers la cour suprême. Les prédicateurs et prêcheurs comoriens l’ont appelée ce 21 janvier à faire le nécessaire « pour rendre les doléances à leurs propriétaires et redonner à chacun son droit ». Mais l’opinion s’interroge : les juges nommés tous par le président Azali Assoumani seront-ils impartiaux dans leur décision de valider les résultats proclamés mardi 16 janvier malgré les incohérences soulevées par les intuitions internationales ?
Une chose est sûre, le verdict de la haute cour attendu le 30 janvier peut apporter la stabilité comme de nouvelles braises aux tensions dans l’archipel. Le compte à rebours est lancé.
Le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousséni, en concertation avec les élus du département, annonce l’annulation de la cérémonie des vœux prévue ce mardi à M’tsangamouji, au regard du contexte actuel sur le territoire. « Cette décision, qui vise à garantir la sécurité et le bien-être de tous, résulte de la prise en compte par l’institution des enjeux et des préoccupations de la population mahoraise. Le Département remercie l’ensemble des élus locaux, de ses partenaires institutionnels, comme associatifs et autres, de leur compréhension par rapport au contretemps occasionné », fait savoir le Département.
C’est la deuxième fois que l’événement est annulé. La semaine précédente, il n’avait pas pu se tenir au cinéma Alpa Joe, pour cause de fermeture par les collectifs mécontents de l’occupation du stade de Cavani par des migrants d’Afrique continentale.
Les équipes du centre communal d’action sociale (CCAS) de Tsingoni sont investies dans une action de distribution de bons alimentaires. Jeudi dernier, elles se sont rendues à Miréréni où elles ont distribué des bons alimentaires de première nécessité auprès de celles et ceux qui en ont besoin. Cette action est vouée à continuer dans les autres villages de la commune, à Combani, M’roalé et Tsingoni.
L’amicale hospitalière organise un championnat de poker, le samedi 3 février, à 10h au centre hospitalier de Mayotte (CHM). Lors de ce Poker tour Mayotte, les débutants sont les bienvenus. Pour en savoir plus sur ce tournois et pour s’inscrire, il faut contacter le 0637049674.
Ce samedi 27 janvier, 20h30, le public du pôle culturel de Chirongui pourra découvrir la pièce de théâtre tout public« La patience de l’araignée » par laCompagnie la voie du caméléon – les praticables de Lamine Diarra. La pièce raconte une prise de parole.« Je suis l’oublié qui se désigne » : ce sont les premiers mots de la pièce. Moussa, à la fois le héros et le conteur, se dresse tout d’un coup parmi la foule des anonymes parce qu’il ne peut plus se taire, face à l’injustice qui lui est faite et qui est celle que subit l’immense majorité de l’humanité. À travers l’histoire de Moussa, Dieudonné Niangouna, l’auteur, peint dans une écriture charnelle et poétique un homme en quête d’humanisme dans notre monde d’aujourd’hui, dont la loi est l’iniquité.Les places sont à réserver suryurplan.com/events/La-patience-de-l-araignee-Lamine-Diarra/109880.
Près de 400 manifestants se sont rassemblés, ce dimanche, sur le stade de Cavani.
Un rassemblement citoyen a eu lieu au stade Cavani, ce dimanche, dès 9h, pour demander le démantèlement sous brève échéance du camp de migrants qui surplombe le terrain. Dans un courrier adressé à Gérald Darmanin, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, réclame des précisions et des actes.
La porte-parole du service diplomatique de l’Union européenne s’est dit préoccupée par rapport aux informations qui font état de violence post-électorale et d’affrontements entre opposants et forces de sécurité. Entre-temps, trois opposants ont contesté la victoire d’Azali Assoumani devant la haute cour.
La journée du vendredi a plutôt été calme dans la capitale Moroni, mais la ville semblait morte. L’appel à manifester après la prière hebdomadaire, lancé par l’opposition, n’a pas eu de répondants. On ignore pourquoi les rassemblements n’ont pas eu lieu. Toutefois, cela n’a pas empêché l’Union européenne de réagir par rapport aux évènements de ces derniers jours, notamment les vagues de contestation qui ont ébranlé Moroni. Dans une déclaration publiée ce 19 janvier, la porte-parole de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a rappelé que « l’Union européenne suit de près le déroulement des élections du Président et des gouverneurs aux Comores, qui ont eu lieu le 14 janvier 2024 ». La diplomatie européenne dit prendre acte des résultats provisoires annoncés par la commission électorale indépendante (Ceni), le 16 janvier. Toutefois, a-t-elle poursuivi, « nous prenons note avec inquiétude des accusations, formulées par l’opposition, de dysfonctionnements, irrégularités et fraude électorales ». Ils ont cité aussi l’accréditation sélective et tardive octroyée aux observateurs électoraux. Les accréditations ont été délivrées la veille, tard dans la soirée. « Il était minuit quand nous les avions reçues », a confirmé un des observateurs. La porte-parole de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a exprimé sa préoccupation sur les émeutes qui ont éclaté depuis mercredi paralysant la capitale durant deux jours. « L’UE est particulièrement préoccupée par les informations faisant état de violence post-électorale et d’affrontements entre opposants et forces de sécurité – qui auraient fait au moins un mort et six blessés le 18 janvier », a ajouté Nabila Massrali, qui appelle « tous les acteurs à faire valoir leurs intérêts légitimes en respectant la légalité et rappelle l’obligation des autorités comoriennes de garantir en tout moment le droit à la liberté d’expression, de réunion et de manifestation pacifique ».
Routes barrées
La diplomatie française silencieuse jusqu’ici a également indiqué pour sa part qu’elle suit avec attention la situation actuelle en Union des Comores tout en exprimant sa préoccupation face aux tensions et aux violences de ces derniers jours. Depuis mercredi, la rue conteste la victoire d’Azali Assoumani. Ces émeutes ont fait un mort et plusieurs blessés, selon un bilan officiel. Paris appelle tous les acteurs comoriens à la retenue et au dialogue. Après un premier communiqué du 15 janvier où ils félicitaient le peuple comorien pour sa participation aux élections, les États-Unis reconnaissent désormais que les préoccupations sérieuses soulevées après la publication des résultats publiés mardi par la commission électorale doivent être abordées pour « maintenir la paix et le bien-être de la nation ». Dans sa déclaration de ce vendredi 19 janvier, l’ambassade des États-Unis aux Comores appelle les autorités à assurer une totale transparence et une clarification des résultats annoncés mardi qui placent Azali Assoumani en tête avec 62.97%, avant la certification de la cour suprême. La haute cour a jusqu’au 30 janvier pour publier les résultats définitifs. A ce propos, trois candidats, dont le docteur Salim Issa du parti Juwa ont déjà introduit des requêtes auprès de la haute cour. Selon la loi, toute contestation devait parvenir à la cour suprême au plus tard samedi. L’ancien ministre de l’Intérieur, Abdallah Mohamed « Kiki » Daoudou, réclame l’annulation du vote du 14 janvier et pointe des bourrages d’urnes. Le dernier candidat qui a saisi le juge du contentieux électoral est le leader du mouvement Woneha, Hamidou Bourhane. Les partisans du président Azali eux, veulent une révision du taux de participation (16.30% selon la Ceni), selon eux pas conforme. Si les gens ne doutent pas une seule seconde que le score recueilli par l’ex-putschiste sera révisé, les chances de voir la cour suprême aller à l’encontre de la Ceni sont en revanche plus que minces pour ne pas dire inexistantes. En attendant, en dépit de l’accalmie retrouvée, à Moroni, la population vit dans l’incertitude.
D’ailleurs, vendred,i de nombreuses localités avaient manifesté à travers la Grande Comore, après la prière hebdomadaire, scandant des slogans hostiles au président Azali Assoumani. Au sud, des routes étaient barrées, à l’instar de Singani, la localité d’origine du président de la Ceni. En France, la diaspora organisait, ce dimanche, une manifestation à la place d’Aix à Marseille.
Pour la première fois à Mayotte, des agents ont été formés au métier d’auxiliaire de bibliothèque. 21 personnes ont été diplômées après la fin de la formation en décembre 2023.
Le centre national de la fonction publique (CNFPT) a tenu une cérémonie, ce vendredi, afin de féliciter les 21 premiers diplômés mahorais du titre d’auxiliaire de bibliothèque. Par ailleurs, au cours de l’événement, l’arrivée prochaine d’un nouveau directeur à la tête de l’établissement public a été officialisée.
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Rouhania Mohamed et Salimata Hamidani ont obtenu la mention « très bien » et figurent parmi les trois premières lauréates.
Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou, est aussi le délégué du centre national de la fonction publique (CNFPT).
Malgré des épreuves difficiles, dont le décès de sa directrice adjointe, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) a « maintenu le cap » en 2023, souligne le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, également délégué départemental de l’établissement public en charge de la formation des agents territoriaux. Vendredi, à la médiathèque de Passamaïnty, la directrice du CNFPT Mylène Joseph Filin a présenté ses vœux aux agents. Si l’année passée a été marquée par le cambriolage des locaux et les crises que Mayotte rencontre, l’activité ne s’est pas pour autant tassée. Loin de là. Pas moins de 3.599 stagiaires ont été convoqués pour des journées de formation. « La formation est un enjeu majeur pour notre territoire, c’est le seul moyen d’assurer la montée en compétence des agents territoriaux de Mayotte », a tenu à féliciter le maire de Mamoudzou.
Promue à titre d’exemple, la première session de formation d’auxiliaires de bibliothèque, qui s’est tenue de mai à décembre 2023, a été suivie de bout en bout par 21 agents, diplômés à l’issue de la cérémonie. En partenariat avec l’Association des bibliothécaires de France, les agents ont été formés à l’accueil du public et aux tâches d’exécution dans des bibliothèques ou centres de documentations publics ou privés. Outre cette réussite en matière de formation, un vent de changement va souffler sur le CNFPT. En effet, après six années à la barre, Mylène Joseph Filin va laisser sa place à un nouveau directeur. Ce dernier s’appelle Robert Limmois et prendra ses fonctions le 1er février. « Le directeur ou la directrice adjointe en charge de la formation est en cours de recrutement », a conclu Ambdilwahedou Soumaïla.
Ces trois photographies, « Coco Djoumoi – la chatouilleuse », « Mariage à Kawéni » et « Déjeuner à Kawéni » sont présentes dans l’ouvrage Répliques. Crédit : Franck Tomps.
Une Chatouilleuse, un mariage à Kawéni, la réserve forestière des Crêtes du Nord… Dans « Répliques », le photographe Franck Tomps raconte le quotidien mahorais en s’interrogeant sur l’intégration de la société insulaire à la République.
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L’ouvrage « Répliques » en train d’être travaillé aux éditions Loco. Image : courtoisie de Franck Tomps.
Franck Tomps est un photographe professionnel installé à Nantes qui a passé plusieurs longs séjours à Mayotte. Image : courtoisie de Franck Tomps.
Son ouvrage photographique « Répliques » paraîtra en février 2024. Image : courtoisie de Franck Tomps.
Les lecteurs pourront voir la photographie « Coco Djoumoi – la chatouilleuse » dans l’ouvrage. Crédit photo : Franck Tomps.
Franck Tomps a également photographié un « Déjeuner à Kawéni ». Crédit photo : Franck Tomps.
« Mariage à Kawéni » est également présent dans Répliques. Crédit photo : Franck Tomps.
« Répliques ». C’est le nom que le photographe professionnel Franck Tomps, installé à Nantes, a donné à un projet étalé sur cinq ans. Un projet qui prend la forme d’un livre, construit au fil de sept séjours de quatre à sept semaines à Mayotte répartis entre 2018 et avril 2023, en partie soutenus par la grande commande de la Bibliothèque nationale de France (BnF).
« Répliques ». Le mot fait référence aux tremblements de terre qui ont secoué l’île en 2018 et écho au mot « république ». Mais il s’agit surtout d’un clin d’œil, ou ici d’objectif, aux conséquences qu’ont les politiques anciennes et la départementalisation sur la société mahoraise d’aujourd’hui. « J’ai voulu raconter, à travers l’image, ce territoire de la République en devenir », explique l’auteur de l’ouvrage, qui paraitra en février prochain aux éditions Loco.
En d’autres termes, Franck Tomps a souhaité questionner l’État, mais aussi les Mahorais, sur l’intégration de Mayotte à la République. Quelles sont les attentes et les déceptions de la population ? Ce sont 190 pages de photographies, notamment de la vie quotidienne sur l’île au parfum, qui tentent d’offrir une réponse à cette interrogation. Pour construire ce livre, l’auteur a échangé avec des habitants de divers horizons. Il s’est également intéressé à l’histoire de l’île en se rendant aux archives départementales, mais aussi à l’environnement en danger de Mayotte.
« Je ne cherche surtout pas à apporter une vérité. J’ai essayé de comprendre la complexité de cette île qui m’a émerveillé », prévient le photographe, qui propose son travail au public en toute humilité, en le qualifiant comme un « tour d’horizon anthropologique » à travers un « récit imagé ».
« Ce territoire mérite d’être connu »
Il s’agit du deuxième ouvrage photographique de Franck Tomps. Le premier, « Des rives », publié en 2019, documente l’estuaire de la Loire. Si « Répliques » a bénéficié de plusieurs partenaires comme l’association Mlezi Maore, le budget de 88.000 euros, entre les séjours et l’édition du livre, n’est pas encore à l’équilibre. Pour y remédier, le photographe a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank. Pour soutenir le projet, il est possible de faire un don du montant que l’on souhaite, ou bien de précommander une édition signée du livre et différents formats de tirage des photographies. « On arrive à la fin du stock disponible de l’ouvrage en précommande », alerte Franck Tomps. L’argent collecté servira également à promouvoir son ouvrage et à organiser une exposition à Mamoudzou. Jusqu’au 26 janvier, les 99 premiers contributeurs peuvent tenter de gagner différents lots s’ils relayent la campagne sur Instagram (plus de détails sur le profil @aj_francktomps).
Puisque les difficultés de Mayotte sont au cœur du sujet du livre, quid des frais de livraison pour une précommande depuis l’île ? « C’est bien là le problème… », constate l’auteur, qui recommande de faire envoyer les lots à une adresse dans l’Hexagone.
La diffusion et la promotion de cet ouvrage ont pour but de contribuer à faire connaître la société mahoraise en dehors de l’île : « Ce territoire mérite d’être connu. La plupart des gens en métropole ne savent même pas situer l’île sur une carte. » Il espère que « Répliques » permettra de brosser un portrait différent de Mayotte auprès des habitants du reste de la France.
« Répliques, Mayotte en république », Franck Tomps, 02/2024, éditions Loco, 45 euros en précommande.
Vous pouvez soutenir le projet sur la plateforme KissKissBankBank via le lien : www.kisskissbankbank.com/fr/projects/repliques_mayotte
Curieux de savoir ce qui les attend, les élèves du lycée des Lumières ont échangé avec Beverly Carpin, ce jeudi matin.
Étudiante à Sciences Po Paris, Beverly Carpin était de retour, ce jeudi matin, au lycée des Lumières à Kawéni. Elle y a échangé avec les élèves de première et terminale de l’atelier sciences politiques de l’établissement pour leur faire partager son expérience et les encourager à deux mois des concours.
Entre deux semestres, Beverly Carpin fait un passage par Mayotte où vivent sa famille et ses amis.
« J’étais terrifiée avant l’oral d’admission de Sciences Po », admet une Beverly Carpin pourtant pleine d’assurance aujourd’hui. Arrivée à Mayotte à l’âge de 4 ans, l’étudiante de 18 ans a fait toute sa scolarité sur l’île. Élève brillante, baccalauréat avec la mention très bien, elle a intégré Sciences Po Paris via son campus de Poitiers (Vienne) en 2023, avec la spécialisation Amérique latine, péninsule ibérique et Caraïbes. Un grand pas pour elle et surtout une entrée dans une filière dans l’excellence où les Mahorais se comptent sur les doigts de la main. C’est donc avec intérêt que quatorze élèves de l’atelier sciences politiques du lycée des Lumières de Kawéni (une première et treize terminales) ont pu échanger avec elle pendant presque deux heures, jeudi matin. L’échange est plutôt facile, il y a un an, c’est elle qui était à leur place. Contenu des cours, matières enseignées, rythme de travail, voire questions très pratiques, Beverly répond avec le sourire à ses interlocuteurs. Par exemple, quand une élève lui demande les objectifs à se fixer en arrivant à Sciences Po ou à l’université, celle-ci rétorque : « C’est un grand changement. Il n’y a personne qui vous suit derrière. Il suffit d’être organisé, à la fois dans le travail et la vie étudiante ».
Sur les concours ou Parcours sup aussi, elle prodigue de précieux conseils à ceux qui y sont confrontés. « N’hésitez pas à parler de Mayotte, ça intéresse. Lors de l’oral par exemple, on m’a posé des questions sur l’opération Wuambushu, j’ai pu expliquer l’histoire de l’île », raconte-elle. Interrogée sur le niveau au lycée de Mamoudzou et celui attendu dans sa formation, elle rassure. « J’avais peur au début. Finalement, je trouve que le retard n’est pas considérable », analyse celle qui a validé toutes ses matières au premier semestre. S’estimant bien aidée à Mayotte, elle rappelle qu’elle s’est entrainée en passant des oraux blancs avec Alix Jeu, professeure de lettres et responsable de l’atelier Sciences po, et a pu se rendre à Paris où le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi avait emmené son groupe au Sénat. « Je mesure la chance aujourd’hui », estime l’ancienne élève en section européenne. Espérant la même réussite pour son auditoire, elle les motive avant les grandes échéances : « Ça peut faire peur, mais vous pouvez croire en vous ».
« On partage le fait d’être loin de chez nous »
Depuis la métropole, elle n’oublie pas l’île sur laquelle elle est revenue pour un mois de vacances entre ses deux semestres. Elle fait d’ailleurs partie d’une association culturelle, Sciences ô, qui promeut l’outremer sur le campus. « Je suis la seule de Mayotte, mais il y a une grande solidarité entre les ultramarins. On partage le fait d’être loin de chez nous et de nos familles », explique celle qui côtoie aussi des étudiants étrangers, nombreux sur le site. Elle dit vouloir promouvoir la culture mahoraise en métropole et compte d’ailleurs faire venir à Poitiers l’écrivaine mahoraise Yasmina Aouny pour une conférence sur les Chatouilleuses.
Concernant son avenir, la jeune femme veut faire un master en relations internationales et travailler « dans la diplomatie », avec comme objectif de pourquoi pas faire son retour dans l’océan Indien. « Je pense revenir à Mayotte. J’ai grandi ici », fait-elle remarquer. Alix Jeu regarde son ancienne élève avec un grand sourire. « C’est bien qu’elle revienne témoigner, ça va motiver les élèves », assure la responsable de l’atelier sciences politiques.