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La première promotion mahoraise d’étudiants orthoptistes honorée

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Une rencontre prometteuse sur l’avenir de la santé à Mayotte s’est tenue ce lundi après-midi, dans les locaux de la Délégation de Mayotte à Paris, rassemblant des acteurs clés tels que l’association Unono wa matso, les étudiants orthoptistes et Madi Velou, le vice-président du Département de Mayotte. L’événement a mis en lumière une initiative exceptionnelle lancée en juin 2023 : la création d’une formation hybride destinée à ces futurs spécialistes de la rééducation des yeux 100% Mayotte. Celle-ci, dispensée conjointement par l’Université Paris Cité et l’Université de Mayotte, permet aux étudiants de bénéficier de l’expertise de professionnels de santé. Aujourd’hui, la première promotion a été accueillie avec honneur. Ces derniers bénéficieront d’un accompagnement tout au long de leur parcours afin de garantir leur réussite.

Crise de l’eau : des coupures à Passamaïnty et Vahibé

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La production et la distribution d’eau ont été interrompues à Passamaïnty et Vahibé, ce lundi. La société mahoraise des eaux (SMAE) explique qu’il s’agit de problèmes d’accès aux ouvrages et de fourniture de produits nécessaires au traitement de l’eau. Lundi matin, elle ne fournissait pas de précisions sur la reprise du service de distribution d’eau.

« Il nous faut juste le courrier et ce sera moi le premier à lever le barrage »

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À Tsararano, le barrage à l’entrée du village depuis Mamoudzou est toujours présent et ne se lève que pour laisser passer les véhicules autorisés, dont ceux des soignants.

Au lendemain de la visite à Mayotte du ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Gérald Darmanin, le mot d’ordre demeure de barrer les routes tant que les engagements évoqués par ce dernier ne seront pas couchés sur le papier. Une consigne des Forces vives suivie à la lettre par les barragistes.

« Moi aussi je peux écrire un courrier. Vous, vous pouvez écrire un courier. » Le barrage de Passamaïnty tient toujours debout ce lundi matin, vers 11h30, au lendemain de la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin. Moina*, une de celles qui tiennent ce blocage dans la commune de Mamoudzou depuis qu’il a été érigé, ne s’est pas laissée convaincre par le ministre et sa délégation. Ce dernier a annoncé ce dimanche la fin du droit du sol à Mayotte et du titre de séjour territorialisé, entre autres mesures. L’engagement doit être affirmé par le biais d’une lettre qui doit être signée avant ce mardi soir.
« Moi j’aurais voulu qu’il vienne avec des preuves que le processus pour rendre ces lois concrètes était déjà en cours. Cela fait des semaines que les barrages ont commencé, des mois que la population alerte sur l’insécurité et l’immigration clandestine », continue la barragiste, qui estime que les processus législatifs nécessaires à la mise en place de ces mesures auraient dû être entamés depuis longtemps.

« Poudre de perlimpinpin »

Pour Moina, le futur courrier ne sera qu’un symbole de plus, qui n’engagera en rien l’État. « Je n’ai pas beaucoup d’espoir. Encore des paroles », estime celle qui désigne ces annonces de « poudre de perlimpinpin », reprenant volontiers l’expression remise au goût du jour par le président de la République Emmanuel Macron en mai 2017, lors du débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle face à Marine Le Pen, alors que cette dernière défendait sa proposition d’expulser les fichés S et de fermer les frontières pour lutter contre le terrorisme.
« Darmanin a joué de la flûte ! », lance un passant à proximité, en entendant les propos de Moina. Malgré sa méfiance vis-à-vis des promesses du gouvernement, qui doivent trouver un cadre dans la loi Mayotte avant l’été, la militante de Passamaïnty écoutera les consignes des Forces vives : « On attends les instructions. On ne lèvera pas les barrages avant ça. » Et si tout ce qui a été convenu entre les élus, les représentants des Forces vives, Gérald Darmanin et la ministre déléguée en charge des Outre-mer, Marie Guévenoux, lors de leur réunion au rectorat ce dimanche n’est pas spécifié dans la lettre attendue mardi soir, les blocages continueront, selon elle. Le reste de la petite dizaine de femmes présentes vers 11h30 au barrage ne souhaitent pas s’exprimer. « On pense toutes pareil de toute façon », affirme Moina.

« On attend le courrier »

Un peu plus tard, vers midi, à Tsararano, dans la commune de Dembéni, les voitures garées le long de la chaussée accueillent celles et ceux qui voudraient entrer dans le village. Pour des camions poubelle et citerne, des bus, des ambulances et des voitures de soignants, la barrière est levée. Pour les autres, c’est demi-tour ou créneau et le reste à pied. Un drapeau français orne le barrage sur lequel une petite dizaine de personnes sont postées.
Ici, la perspective d’un courrier d’engagement a davantage convaincu les barragistes. « On veut un engagement écrit. On en a marre des promesses. En 2011 et en 2018, on s’est fait bernés. Alors là, on attend le papier. Et croyez-moi, je serai le premier à lever les barrages et à chanter quand on l’aura reçu », prévient Youssouf*, présent sous une des tonnelles prévues pour abriter les manifestants de la pluie et du soleil. Ce dernier est conscient que les mesures annoncées vont devoir passer différentes étapes législatives avant de pouvoir être effectives. « Je sais bien que ça ne pourra pas se faire du jour au lendemain. Mais au moins, ce sera écrit quelque part », se félicite celui qui a bon espoir de n’avoir plus que trois ou quatre mois à endurer l’insécurité au quotidien.

Même refrain du côté de Yanis*, qui garde le blocage de Tsararano depuis le début du mouvement, de jour comme de nuit. « Il nous faut juste le courrier avec ce qui a été convenu, et ce sera moi le premier à lever le barrage », assure-t-il, juste avant de hisser, justement, la barrière pour laisser passer le véhicule d’un soignant.
Un peu plus haut, au niveau des voitures garées sur le bas côté avant d’entrer dans le village depuis Mamoudzou, deux automobilistes patientent : « On sait que le ministre a annoncé des choses hier. On a voulu voir si on allait pouvoir passer avec la voiture. » Bien essayé, mais il faudra attendre jusqu’à mardi soir pour espérer entrevoir une levée des barrages. Pendant ce temps, le gouvernement, lui, est attendu au tournant.

*Nom d’emprunt

« Sans billets d’avion, personne ne passera jusqu’à 20 heures ce soir »

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L’attente est parfois longue pour passer d’une île à l’autre. Le service pourrait revenir à la normale si les Forces vives de Mayotte estiment qu’elles ont été entendues.

Le blocus de l’île continue pour quelques jours encore, notamment pour les liaisons entre Petite-Terre et Grande-Terre. Pour pouvoir espérer prendre la barge, dans un sens comme dans l’autre, il faut être doué d’une patience à toute épreuve et, surtout, disposer d’un sésame : un billet d’avion. 

« Notre seul handicap, ce sont les élèves qui n’ont pas accès à Internet »

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Mohamed Abdou Abdallah, un des enseignants de mathématiques confrontés à la réalité de l'enseignement hybride, jonglant entre les cours en présentiel et à distance via des visioconférences.

Alors que l’île de Mayotte continue de traverser une période d’incertitude, le collège de Koungou, passe ce lundi 12 février à l’enseignement hybride, jonglant entre le numérique et le présentiel. Le premier cours en visioconférence a eu lieu dans l’établissement, en présence de deux professeurs.

Dans la salle audio du collège Frédéric d’Achery, à Koungou, vingt-sept élèves se sont rassemblés physiquement, tandis que trois autres de leurs camarades suivent le cours depuis le confort de leur domicile. Devant eux, les mathématiques sont à l’honneur, enseignées par Mohamed Abdou Abdallah. Isolé dans un coin du centre de documentation et d’information (CDI), le professeur jongle entre deux écrans pour mener à bien sa leçon. Face à lui, son ordinateur et une télévision pour une meilleure visibilité.
Plus loin au rez-de-chaussée, les élèves sont assis devant les ordinateurs parfaitement alignés. Chaque écran affiche des équations mathématiques. Au total, trente-six ordinateurs sont mis à disposition des collégiens dans cette salle. Attentifs, ils écoutent et n’hésitent pas à interagir sur la messagerie. Encouragés à pratiquer leurs compétences sur papier, une fois les exercices terminés, ils devaient numériser leurs réponses pour les transmettre. Un autre enseignant de mathématiques circulait entre les rangées d’élèves, prêt à répondre aux questions et à fournir une aide supplémentaire si nécessaire.
Maïra Ismael, élève en troisième, dit avoir une préférence pour la manière classique : « Je veux bien comprendre et avec la méthode actuelle, je ne suis pas sûr de comprendre. » Une autre raison a poussé Maïra à se rendre au collège. « Je n’aime pas travailler seule, je suis venue pour travailler avec mes camarades », exprime-t-elle. Pour d’autres, comme l’a témoigné une jeune fille lors du cours, l’enseignement à distance présente des avantages. Cependant, elle se heurte à un obstacle majeur : l’absence d’ordinateur à domicile pour suivre les cours.
Ce paradoxe souligne l’importance de l’accès à Internet et aux équipements numériques pour tous les élèves. Comme le souligne Mohamed Kharfallah, référent en ressource numérique, « notre seul handicap, ce sont les élèves qui n’ont pas accès à Internet, car il y a des enfants qui font des efforts ».

Toute une organisation

Depuis plus de deux semaines maintenant, le collège a adopté une stratégie de division des classes. Concrètement, cela signifie que les élèves sont répartis en groupes, et chaque groupe est accueilli au collège un jour sur deux dans la semaine. Ce lundi, le collège a ouvert ses portes aux élèves de cinquième et de quatrième. Cela signifie que ces élèves ont eu la possibilité de suivre leurs cours en présentiel, tandis que les élèves de sixième et de troisième étaient en apprentissage à distance depuis leur domicile. Un calendrier conçu de manière flexible pour s’adapter au nombre réduit de professeurs.
L’effectif habituel du collège, compte 1.981 élèves et 113 professeurs. Seulement 505 élèves ont été accueillis, encadrés par une vingtaine de professeurs. Ceux de cinquième sont regroupés en petits effectifs de 15 à 20, bénéficiant d’un encadrement plus direct de leurs professeurs. En revanche, les élèves de quatrième sont encouragés à être plus autonomes. Ils sont placés dans des salles équipées d’ordinateurs, où environ 20 postes sont disponibles pour une trentaine d’élèves ou plus.
Une des mesures adoptées par les autorités éducatives consiste à revoir le programme scolaire. Seules les disciplines jugées fondamentales, telles que les mathématiques et le français, sont enseignées en présentiel. Parallèlement à cette révision du curriculum, les élèves bénéficient également d’une formation sur Pix, une plateforme destinée à développer leurs compétences numériques, afin qu’ils puissent poursuivre les autres matières depuis chez eux.

« Les présences ont commencé à être aléatoires »

Dans le bureau du principal Gérard Chané, une ambiance particulière résonne. Celle de l’incertitude de la situation. « Depuis le 25 janvier (lendemain de la tentative d’intrusion dans le collège en raison d’un conflit entre bandes N.D.L.R.) les présences ont commencé à être aléatoires », nous dit le principal. Avec un ton plus attristé, il nous confie que la journée la plus difficile à organiser, « c’était le 30 janvier, 567 élèves se sont présentés au collège avec seulement 9 professeurs ». Une situation complexe qui a mené à l’annulation des cours.
À 11h10, la dernière sonnerie retentit. Elle marque la fin des quatre heures de cours. Dans un souci de sécurité et d’organisation, les élèves sont invités à quitter les lieux par groupes, selon leurs villages d’origine. Un processus facilitant la gestion des flux de sortie selon le principal du collège.

« On ne va pas remettre en cause la départementalisation »

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Les deux députés, Tematai Le Gayic et Philippe Gosselin, ont passé deux jours à Mayotte pour recueillir la parole des services de l’État, des élus locaux, les collectifs et des chambres consulaires.

En plein mouvement social, Mayotte a accueilli une mission parlementaire dédiée à l’évolution institutionnelle des territoires d’Outremer. Nous avons pu rencontrer les deux députés, Tematai Le Gayic et Philippe Gosselin, entre leurs rendez-vous avec les services de l’État, les élus mahorais, les collectifs et les chambres consulaires.

Sur le territoire mahorais pendant deux jours et demi, les députés Philippe Gosselin et Tematei Le Gayic font partie de la délégation parlementaire qui s’intéresse à l’évolution institutionnelle des territoires d’outremer. Transpartisane, celle-ci transcende aussi les générations d’élus. Le premier est député Les Républicains de la Manche et siège à l’Assemblée nationale depuis 2007. Membre de la délégation aux Outremer, il se rend fréquemment dans les territoires ultramarins pour des missions et a suivi de près la départementalisation en 2011. C’est d’ailleurs la quatrième fois qu’il vient à Mayotte. Le deuxième est un indépendantiste polynésien et le plus jeune député jamais élu (il a 23 ans). Issu du parti Tavini huiraatira, il fait partie de la coalition de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale). Leur présence ici, la semaine dernière, est en parallèle d’une autre mission sur le sujet réalisée par deux experts mandatés par le président de la République, Emmanuel Macron, et d’un travail similaire du côté du Sénat. « Elle arrive au bon moment puisqu’elle fait suite à l’appel de Fort-de-France et à une rencontre en novembre entre les élus ultramarins et Emmanuel Macron », rappelle le député polynésien. « Nous voulions avoir nous aussi, députés, membres de la délégation aux outremers, un peu de cartes en main », justifie l’élu manchois.

Avant la remise d’un rapport en juin, une série d’auditions d’universitaires et de juristes, ainsi que des voyages sur place, doivent permettre de dresser un constat, voire des préconisations. « On s’était plutôt projetés sur les Antilles, la Guyane et les îles de Pacifique. Mayotte, comme La Réunion, n’ont pas le souhait d’évolution statutaire. On prend en compte que la départementalisation à Mayotte est ce qui a été voulue par les Mahorais », considère-t-il, soulignant « leur attachement viscéral à la France ». « On ne va pas remettre en cause la départementalisation. » Les deux parlementaires s’accordent sur le fait que le territoire a des spécificités. Immigration, économie, convergence sociale, Philippe Gosselin préconise d’étudier « le champ des possibles ». Son collègue note aussi le manque d’ingénierie « même du côté des services de l’État » du fait d’un manque d’attractivité, ou des problématiques très locales comme l’assainissement ou les mobilités.

Précieux pour la loi Mayotte

A Mayotte, l’évolution institutionnelle a ceci de particulier qu’elle est encore en train de se réaliser. Le processus de départementalisation n’est pas complètement terminé (notamment en ce qui concerne la convergence des droits) et la loi Mayotte actuellement mise sur la table pourrait être amenée à modifier les règles d’un département qui cumule des compétences à la fois départementales et régionales. Ne voulant pas anticiper le rendez-vous prévu le lendemain (vendredi) avec les élus, il prévoit tout de même « de creuser le cadre départemental ».

Dans ce voyage, les députés y voient aussi une autre chance de porter la voix des Mahorais devant la représentation nationale. « A l’Assemblée, on pourra dire qu’on y était, les élus nous ont dit ça. Comme le dit Mansour Kamardine [N.D.L.R. député de la deuxième circonscription de Mayotte], il n’y a pas mieux pour convaincre les députés sur la question de Mayotte que de leur faire voir la réalité du terrain », fait remarquer Tematai Le Gayic, qui reconnaît que c’est compliqué en tant qu’indépendantiste de voir un territoire si désireux de se rapprocher d’un modèle hexagonal avec « autant de différenciation ». Il y a un point cependant sur lequel insiste les deux élus, l’apport des élus locaux pour comprendre le territoire.

« Le statut ou les lois particulières n’ont de l’intérêt que si elles changent quelque chose pour les gens. Il ne faut pas faire une loi pour faire une loi et juste pour boucher le bec des élus du coin », prévient Philippe Gosselin, qui voit dans le mouvement social actuel « l’exaspération et du désespoir de ne pas voir les choses changer ».

« Je suis même étonné que ça n’explose pas plus »

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Depuis son arrivée il y a trois ans, cet éducateur à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), François-Alexandre Genolhac, se demande à quoi il sert face au manque de moyens et à une situation qui se dégrade.

François-Alexandre Genolhac est éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) depuis trois ans au quartier pour mineurs de la maison d’arrêt de Majicavo. En tant que représentant de la Confédération Générale du Travail (CGT) PJJ, il dénonce des manques de moyens pour l’école, la PJJ, la prison, la justice… Après le personnel enseignant, c’est bientôt le personnel de la PJJ qui pourrait se mettre en grève.

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La CGT demande plus de moyens pour la Protection judiciaire de la jeunesse, dont les locaux sont à Kawéno.

Flash Infos : La Confédération Générale du Travail de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (CGT PJJ) a soutenu la grève nationale le jeudi 1er février de la CGT Educ’Action, pourquoi ?

François-Alexandre Genolhac : On a des rapports assez proches, même si ce n’est pas tout à fait le même public, on a les mêmes préoccupations, les mêmes difficultés. Il y a une défaillance au niveau des moyens de l’État. On est dans une situation devenue plus ou moins incontrôlable. Il y a les moyens et effectifs théoriques au lieu du double qu’il faudrait en pratique. Si l’Éducation nationale ne met pas les moyens, les jeunes se retrouvent à ne rien faire et il y a des chances qu’ils sombrent dans la délinquance. Cela a des répercussions directes sur notre activité car on a davantage de jeunes à prendre en charge. Et même si ces jeunes sont sous main de justice, ils ont droit à l’école. Quand on doit les réinscrire pour les réinsérer, c’est encore plus difficile.

F. I. : L’obligation légale d’une scolarité n’est pas respectée ?

F.-A. G. : C’est une obligation très théorique à Mayotte. Comme la loi qui dit que tout jeune doit être assisté d’un avocat. C’est théorique. On a vingt avocats à Mayotte. Des jeunes sont jugés sans.

F. I. : À quoi appelez-vous de votre côté ?

F.-A. G. : On appelle tous les administrés à interpeller pour avoir plus de ressources. On nous donne des renforts de courte durée. Mais on a besoin de postes fixes. Mayotte est un département français. Il a droit à un service public comme n’importe quel autre département. On a une prison avec plus de 700 détenus pour 250 places théoriques. Finalement, je suis même surpris que ça n’explose pas plus. Au tribunal, on manque de greffiers et de magistrats. On a perdu un juge des enfants et un juge d’instruction, on ne sait pas s’ils seront remplacés. Il y a des jeunes qui ne sont pas jugés pendant des jours, des mois. On a des défauts de procédures à tous les étages, pas parce qu’ils ne font pas bien leur boulot, mais parce qu’il n’y a pas assez de greffiers.

F. I. : Et au niveau de la PJJ spécifiquement ?

F.-A. G. : On intervient dans les mesures d’investigation pour la protection de l’enfance, mais on aurait besoin de deux fois plus d’hébergements. Il y a des jeunes placés qui n’ont pas vu d’éducateur depuis deux ans. À Mayotte il y a un foyer (l’établissement de placement éducatif Dago, N.D.L.R.), un centre éducatif renforcé, des familles d’accueil. Ce n’est pas possible. On remet à la rue des jeunes qui doivent être placés mais on n’a pas le choix. Ni d’hébergement, ni de place à l’école… On ne s’en sort plus. C’est pareil pour les jeunes en situation de handicap, on les met dans quelle structure ?

F. I. : Vous êtes aussi confrontés à des jeunes atteints de maladies psychiques…

F.-A. G. : On a des jeunes qui ont des maladies psychiques, des problèmes dans la gestion de leurs émotions, de leur violence. Qu’est-ce qu’on peut leur proposer ? Et à titre personnel, je vois, depuis trois ans que je suis ici, que la situation se dégrade. Un jeune, s’il est bien pris en charge, va à l’école, a un suivi médical, sa situation va s’améliorer. Mais un jeune qui est déjà dans une situation dégradée, si on ne le prend pas en charge, on va encore aggraver le problème.

F. I. : Quand vous dites que ça s’aggrave, que voulez-vous dire ? Vous pensez nourrir un sentiment d’abandon ?

F.-A. G. : Oui, les jeunes se sentent abandonnés. Ce qui peut contrer la délinquance, c’est l’espoir qu’on leur donne. À des jeunes nés à Mayotte, on va leur dire : « insère-toi, mais à 18 ans, on n’aura rien à te proposer ». Il y a des mineurs qui sont expulsés illégalement. Comment on fait pour être crédibles ? C’est à nous de donner l’exemple. J’ai le cas d’un jeune sous contrôle judiciaire par rapport à une affaire de meurtre qui a été expulsé deux fois de suite sans avoir été jugé. On est dans une aberration, dans une mauvaise articulation avec la justice.

F. I. : Vous avez une nouvelle directrice territoriale, Patricia Viator, croyez-vous que cela puisse changer les choses ?

F.-A. G. : C’est quelqu’un de volontaire, qui a une bonne expérience en Outre-mer. Mais même avec de la bonne volonté et après une expérience ici de moins d’un an, elle n’y arrivera pas sans les moyens.

F. I. : À quoi pourraient-ils servir ces moyens ?

F.-A. G. : À monter en hébergements et à une meilleure articulation avec la justice. Il faut arrêter de saupoudrer par des brigades et des renforts. Non, on n’est pas 270.000 habitants comme dit officiellement, mais entre 400.000 et 500.000. Il faut les moyens adaptés. Et si on en met juste à la PJJ, sans en mettre à l’éducation nationale, sans plus de greffiers, ça ne sert à rien. La personne interpelée ressort après 24 heures. Et si le mineur n’a pas d’éducateur PJJ, il va rester en cellule et récidivera à la sortie. Il est question d’un centre éducatif fermé. J’attends encore qu’il sorte de terre. Les moyens sont donnés un an à l’avance, on n’anticipe pas, on rattrape le retard qu’on a pris.

F. I. : Selon vous, donc, les solutions n’arriveront de toute façon pas cette année dans un contexte pourtant de grande délinquance en ce moment ?

F.-A. G. : Il est déjà trop tard pour cette année. Les mineurs représentent les trois quarts de la population. Combien de Maisons des jeunes et de la culture (MJC) fonctionnent réellement ? Combien d’équipements sportifs fonctionnent réellement ? Des jeunes bien encadrés par des adultes auront moins tendance à tomber dans la délinquance. Je suis atterré de voir arriver des jeunes à la PJJ qui ont grandi quasiment sans adultes. Ils grandissent comme ça, sans cadre, et après on s’étonne de la délinquance. On comprend les collègues de l’Éducation nationale qui se font agressés, sont en burn out car ils ont trop de boulot, se sentent abandonnés. Il est possible qu’on embraye aussi sur des mouvements de grève.

F. I. : Concrètement comment ces manques se manifestent au quotidien ?

F.-A. G. : On doit être entre 80 ou 90 personnels de la PJJ sur l’île. On aurait besoin d’être deux fois plus. Juste dans mon unité, au quartier pour mineurs de la maison d’arrêt de Majicavo, on est trois et demi alors qu’on devrait être six. En milieu ouvert, c’est normalement un éducateur pour 25 jeunes. Dans la réalité, il y a des éducateurs qui s’occupent de 30 jeunes voire plus.
Là, au quartier pour mineurs on a 19 jeunes sur les 24 cellules. Mais on est déjà monté à 38, avec tous les problèmes que ça pose. Normalement ils doivent être dans des cellules individuelles, pas doubles. Il y a des mesures de placement qui ne sont même pas ordonnées car les magistrats savent qu’elles ne seront pas appliquées, en raison du manque de place. Des bagarres éclatent entre jeunes. Je suis étonné qu’il n’y en ait pas plus souvent. Les jeunes à Mayotte commettent des actes plus graves qu’en métropole : viols, tentatives de meurtres… Mais au niveau relationnel, on a des jeunes plus respectueux, plus en demande. C’est rageant et frustrant pour nous car ce sont des jeunes qui seraient preneurs d’un encadrement.

F. I. : Au téléphone, on vous sent tendu. Comment vous sentez-vous ?

F.-A. G. : Comme beaucoup de mes collègues, je suis épuisé. Quand on vient sur ce territoire, on sait que c’est compliqué mais on se dit qu’avec son expérience (moi j’ai vingt-trois ans d’expérience à la PJJ), on va participer à améliorer la situation. Or ça se dégrade. C’est ce qui est le plus dur à gérer, même du point de vue personnel. On se dit « je suis venu ici pour aider » et, en fait, non. On perd la motivation. On se dit « à quoi ça sert que je sois là ». C’est difficile à vivre. Quand un collègue est en route et se fait agresser sur un barrage, c’est compliqué. C’est aussi ce qui explique un turn over aussi important à Mayotte. Mais c’est affreux parce qu’ils arrivent motivés. On casse des gens. Et ça a des conséquences sur le jeune. S’il est pris en charge six mois par un éducateur, puis six autres mois par un autre, les résultats ne sont pas les mêmes. Je suis arrivé il y a trois ans. Je suis l’un des plus anciens. La majorité est là depuis deux ans.

F. I. : Faut-il donc s’attendre à ce que dans les jours prochains vous vous mobilisiez aussi ?

F.-A. G. : Pour nous, un appel à la grève, ce n’est pas une fin en soi, contrairement à ce qu’on peut penser d’un syndicat. C’est le recours ultime. D’abord parce que ça coûte de l’argent aux agents et parce que, quand on n’est pas là, la situation se dégrade. Mais on est obligés de se rendre compte qu’interpeler est la règle en administration. Ça me désole de devoir instaurer un rapport de force pour ensuite discuter. Je pense que les autres administrations suivront. On risque d’en arriver là.

Comores : La compagnie Inter île Air poussée vers la fermeture

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En dépit de la sortie d’une décision de justice l’interdisant de partir, l’appareil qu’exploitait Inter île Air a été autorisé par les autorités à quitter le territoire national sans pour autant payer la caution de l’immobilisation, fixée à 350.000 euros par le juge commercial. Fatigué de ces multiples ingérences, le directeur de la compagnie comorienne songe déjà à arrêter ses activités.

Le transport domestique comorien va-t-il perdre une seconde compagnie en l’espace de deux ans ? Après AB aviation, qui n’est jamais parvenue à reprendre du service après l’accident survenu en 2022, Inter île Air risque à son tour de mettre la clé sous le paillasson ? C’est du moins ce qu’a déclaré, son président -directeur général, Seffoudine Inzoudine. La raison de cette annonce est la décision prise selon lui par le commandement de la gendarmerie d’autoriser le départ d’un vol pourtant « immobilisé » sur ordre de justice, à l’aérodrome de Ouani sur l’île d’Anjouan. Samedi, a raconté, le patron d’Inter île Air, le tribunal commercial de Mutsamudu a rendu en référé une ordonnance en faveur de la compagnie comorienne en conflit avec son désormais ex-partenaire tchèque, prioritaire de l’appareil qu’Inter île Air exploitait. Le 2 janvier, ce dernier a informé son client comorien qu’à compter du 10 janvier, l’aéronef, loué depuis juillet 2022 partirait en maintenance lourde en République Tchèque. « Malgré le fait que nos relations soient excellentes, j’ai demandé un délai d’un mois pour trouver une solution palliative. Aucune réaction de la part de notre partenaire si ce n’est qu’au 6 janvier, il annonce que les derniers vols interviendront deux jours plus tard, soit moins d’une semaine avant le préavis », expliquait la compagnie comorienne dans un communiqué publié il y a quelques jours. Selon Inter ’île Air, l’article 5.5 du contrat de location, le bailleur doit mettre à la disposition du locataire un appareil de remplacement de spécifications équivalentes, sans cela, le bail sera résilié immédiatement.

37 emplois incertains

Pour s’assurer du recouvrement de ses droits, alors qu’elle n’a réceptionné aucun avion pour maintenir ses activités en attendant la fin de la maintenance, la compagnie Inter île Air a saisi le tribunal de commerce de Mutsamudu, lequel a ordonné le 10 janvier, l’immobilisation de l’aéronef. Puis s’en sont suivies différentes actions judiciaires dont le verdict du dernier procès est sorti samedi. Le juge a encore une fois donné raison à la demanderesse (le locataire), en exigeant le paiement d’une caution de la somme de 172.188 millions de francs 350.000 euros, seule condition pour autoriser l’entreprise tchèque à repartir avec son appareil. « Il était 11h quand le verdict a été sorti. A 14h, nous avons appris que les pilotes étaient sur place pour s’envoler. Selon les agents de la brigade de l’aéroport, l’ordre viendrait du commandement de la gendarmerie. Comme quoi les décisions des juges d’Anjouan ne valent rien. Avec de tels agissements comment le pays peut espérer attirer des investisseurs étrangers si on s’ingère partout. Pire, le directeur de l’agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie a délivré une clearance comme si Anjouan est un autre territoire », s’insurge le directeur, Seffoudine Inzoudine, qui ne voit pas la nécessité de chercher à continuer l’aventure étant donné que les autorités censées accompagner les investisseurs sont celles qui bafouent les décisions de justice. La direction d’inter‘île Air, a déjà confié à Flash Infos, son intention de vouloir libérer ses locaux qui servaient de bureaux pour la compagnie qui employait près de 37 personnes. Ces agents vont devoir perdre leurs emplois dans un pays où le taux de chômage bat des records. Après six mois d’inactivité, la compagnie avait repris du service au mois d’octobre 2022 en se dotant d’un bimoteur de type LET 410 de 19 places, loué à des fins commerciales. Depuis, elle effectuait ses rotations entre les trois îles indépendantes mettant fin au monopole de R Komor, qui assurait elle seule la circulation inter-île depuis la disparition d’AB Aviation. Depuis le crash de son Cessna monomoteur survenu le 26 février 2022 au large de Moheli, tuant les quatorze occupants de l’avion, AB Aviation n’a jamais pu se relancer dans le transport domestique. Avec la reprise d’inter île Air, suivie par l’arrivée de PrecionAir, une compagnie tanzanienne, qui effectue quelques rotations par semaine, la circulation était devenue plus ou moins fluide. Il est clair que ce coup d’arrêt des activités de la compagnie de Seffoudine Inzoudine aura des répercussions sur les déplacements aériens au sein de l’archipel. « Depuis que nous avons reçu la note sur le départ pour la maintenance, on a ouvert nos bureaux pour procéder au remboursement de clients même si certains disaient préférer attendre un dénouement », a révélé le directeur qui mentionne une perte de près de 270.000 d’euros (132 831 millions de francs comoriens- euros) pour ce mois d’inactivité.
Le ministère des Transports ne s’était toujours pas exprimé sur ce dossier. De nombreux citoyens ont dénoncé l’inaction de l’État.

La fin du droit du sol à Mayotte déchaîne les passions politiques

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En supprimant le droit du sol à Mayotte, le gouvernement réduire le nombre de candidats à l’immigration sur l’île.

Déjà controversée, la révision constitutionnelle annoncée ce dimanche par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremers, et destinée à supprimer le droit du sol à Mayotte est favorablement accueillie par les élus politiques de l’île aux parfums, mais divise dans l’Hexagone.

Gérald Darmanin est « un homme d’action pragmatique » selon Mansour Kamardine, député Les Républicains de la circonscription de Mayotte. En annonçant que l’exécutif intégrerait à un projet de révision constitutionnelle la fin du droit du sol pour les personnes nées à Mayotte de parents étrangers, le ministre de l’Intérieur et des outre-mer a fait droit à « une mesure demandée depuis des années par les élus de Mayotte », salue le parlementaire. Mais cette révision constitutionnelle reste conditionnée à l’aboutissement d’une procédure stricte. En effet, elle « devra passer par le vote des trois-cinquièmes du parlement », réuni en Congrès, a souligné Estelle Youssouffa, député de la 1ère circonscription de Mayotte. Après l’annonce, l’élue a de son côté déclaré qu’elle espère « démasquer les postures politiciennes des uns et des autres », voire « identifier les vrais faux amis de Mayotte ». « Il va falloir voter dans le bon sens parce que c’est la demande de toute la population et de tous les élus au-delà de toutes les lignes partisanes à Mayotte », a-t-elle ajouté.

Pour le sénateur Thani Mohamed Soilihi, l’annonce du ministre suscite forcément des questions. « La levée du droit du sol va intervenir dans quels délais ? Avec quelle majorité au parlement, voire au Congrès ? Quel serait son effet sur l’afflux massif de migrants, quand on sait que la modification législative de 2018 réfutant le droit du sol à plus de la moitié des naissances à Mayotte depuis 2013 n’a pas été rendue dissuasive ? », constate le sénateur sadois, qui s’interroge sur la rétroactivité ou non de la loi. « Je ne peux pas me positionner tant que je n’aurais pas des réponses à ces questions et à bien d’autres. »

La gauche opposée

Un travail de lobbying est déjà évoqué car, depuis l’annonce de cette mesure radicale, les réactions se multiplient dans le monde politique en France hexagonale. A gauche, le président du groupe des socialistes à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, a été un des premiers à monter au créneau. « Le droit du sol est déjà plus dur à Mayotte que dans le reste du territoire français. Ça n’a pas produit l’effet escompté », déplorait-il sur France Inter ce lundi matin.

Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise, considère que le sujet a été déplacé. « Les Comores ont une responsabilité pour maîtriser la fuite de leurs populations, mais aussi qu’on les aide pour participer d’un co-développement. La situation, elle, ne sera pas simple. À mon avis, il faut travailler sur tous ces sujets en même temps », a fait valoir le député sur Europe 1. Et d’ajouter : « Je crois que pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n’a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République et donc certainement pas le fait d’entamer le droit du sol qui est un des piliers fondamentaux de notre République ».

Sur X (ex-Twitter), l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry abonde : « la Macronie attaque la conception même de la nationalité », après avoir « brisé le tabou de la préférence nationale ».

Une mesure réclamée par la droite et l’extrême-droite

Pour Éric Ciotti, président du parti politique Les Républicains, « la chorégraphie reste inchangée depuis 2017 ». Il se justifie, détaillant les « conditions particulières » de l’annonce du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer : « le ministre de l’Intérieur annonce aussi la fin des visas territorialisés à Mayotte et ouvre les portes de la métropole aux détenteurs d’un titre de séjour sur l’archipel ».

« C’est un bon début puisque ça fait maintenant vingt ans que nous réclamons la suppression du droit du sol pour l’intégralité du pays. On progresse, mais je crains que la situation soit extrêmement mal engagée. Gérald Darmanin est venu à Mayotte constater l’échec de sa propre politique », jauge quant à lui le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

« Mayotte, c’est le miroir grossissant et en accéléré de la France métropolitaine », commente sur France 2, Éric Zemmour, le président de Reconquête!, lui aussi favorable à la suppression du droit du sol pour tout le territoire et pas seulement Mayott

Économie entravée : « On ajoute de la crise à la crise »

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Malgré la conviction du bien-fondé du mouvement des Forces Vives à Mayotte, beaucoup en paient déjà le prix et s’attendent à un surcoût si les barrages persistent. Des directeurs d’entreprises témoignent de ces impacts et partagent leurs solutions. A retrouvez dans le nouveau Mayotte Hebdo

« Le magasin est vide. » Sophiata Souffou tient une quincaillerie à Chirongui. À cause des barrages, elle n’arrive plus à approvisionner ses stocks. « C’est vraiment grave pour l’activité économique car les travailleurs qui se déplacent sont ceux qui alimentent les entreprises dans le secteur de l’alimentation, des commerces. » Or, « les gens ont toujours besoin de manger », contraste-t-elle. Ces manques créent, selon elle, des tensions dans son village. Notamment pour le gaz. « Même si je dis que je n’ai plus rien, il y a la queue », citant les 200 personnes qui attendaient mardi devant son magasin. « Les cuisines ne sont plus équipées pour chauffer au bois sec et au charbon comme on le faisait anciennement. »

Si son magasin avait du stock sur les deux premières semaines de contestation, elle n’a désormais plus grand chose pour poursuivre l’activité. Une partie de son personnel est en congé, une autre en chômage partiel. « Je sais que la violence [en référence à l’insécurité contre laquelle se battent les Forces vives] n’arrange pas les affaires mais il faut aussi penser aux besoins de la vie qui continue. Entre la violence quotidienne et les barrages quotidiens, quand est-ce qu’il y aura une tranquillité économique pour les commerçants ? »

Sur un échantillon de 90 adhérents, Carla Baltus, présidente du Mouvement d’entreprises de France (Medef) à Mayotte et, en tant que telle, représentante du patronat, informe que, « dans le meilleur des cas », 25 % arrivent à travailler. « L’économie est totalement paralysée. » Quasiment 100 % des travailleurs du BTP auraient arrêté l’activité car ils ne peuvent traverser les barrages. Les clients de l’hôtellerie désistent leurs réservations tandis que ceux des restaurants désertent les établissements. « Des commerçants n’arrivent pas à récupérer leur marchandise au port » et, donc, à la revendre. Un manque qui pourrait être difficile à combler, estime-t-elle, à l’approche de moments aussi importants dans un chiffre d’affaire que la Saint-Valentin et du Ramadan.

Circulation verrouillée, approvisionnements bloqués et stocks saturés

« C’est dramatique », poursuit celle qui a fait le point avec 60 de ses adhérents lundi. « Il y a des chefs d’entreprise qui sont totalement démoralisés. Il y a des risques de perte d’emplois. Beaucoup d’acteurs du privé n’ont pas pu payer les salaires de janvier », déroule-t-elle. « On nous propose le chômage partiel qui paie à 60 % mais est-ce que les travailleurs l’accepteront ? On ajoute de la crise sur de la crise. » Et si l’activité continue, comme celle de sa compagnie de transports, il faut encore pouvoir être payé. Difficile, remarque-t-elle, quand les collectivités, les mairies sont fermées et ne peuvent donc traiter les factures. « Si vous n’avez pas une banque qui croit en vous, ça peut vite devenir compliqué. »

À cela, il faut ajouter les surcoûts liés au stockage des marchandises au port qui ne peuvent être acheminées sur l’île, ou ne peuvent plus arriver jusqu’à Mayotte, car « le fret est saturé », indique la présidente.

Safdar Ballou est à la tête de quatre magasins de vente d’appareils électroménagers sur l’île. Un bateau est en route vers Mayotte pour livrer une cargaison. « Mais je ne vois pas où on va la mettre », réagit-il. Depuis le début des barrages, il chiffre sa perte à 90 % sur le chiffre d’affaires. « Les clients ne peuvent pas venir et nous on ne peut pas livrer. » L’enseigne Ballou représente une soixantaine de salariés, une partie de ses magasins est fermée. « On sort de la période post-Covid, on est encore en crise de l’eau… Il faut que ça s’arrête. » Sa société distribue normalement une quarantaine de quincailleries. « On est en train de tuer des familles mahoraises », se désole-t-il.

« On aurait pu s’associer »

« Sur le fond de la lutte, on est tous d’accord. On vit l’insécurité au quotidien. Mais sur la forme on fait du mal à l’économie mahoraise », poursuit ce chef d’entreprise qui dénonce l’ampleur et la durée de ces blocages.

Il y avait, selon lui, d’autres manières d’agir. Comme le fait de s’inspirer des blocages des agriculteurs en métropole. « Le monde économique aurait pu s’associer aux Forces vives et tout bloquer, ensemble, 48 heures. Ça aurait eu un retentissement plus conséquent. On donne nos revendications et on impose un délai pour nous répondre », propose-t-il. C’est d’ailleurs ce qu’il aurait déjà exprimé auprès de certains membres, en 2011 et 2018, lors des anciens blocages. « On ne se rend pas compte des conséquences. Trop c’est trop. Il faut une reprise lundi. » Mais aussi, juge-t-il, un retour du dialogue avec le préfet, représentant de l’état à Mayotte.

« Certains entrepreneurs ne vont pas se relever », appuie la présidente du Medef Mayotte, qui n’hésite pas à parler de la situation dans les médias, comme ce mercredi matin, au micro de France Inter, afin d’obtenir ce fameux médiateur que réclament la population et le Département.

Une bouée de secours et un bateau

Pour préparer une bouée de secours aux entreprises, le Medef Mayotte a formé une intersyndicale avec la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), l’Union des entreprises de proximité (U2P), la Fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP), l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), la Chambre de commerces et de l’industrie (CCI) et la Chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (Capam).

Elle vise à faire des propositions à l’état : la demande d’un chômage partiel qui paie à 100 % au lieu des 60 en vigueur, la mise en place d’un fonds de solidarité comme en métropole et à La Réunion au moment des Gilets Jaunes, la possibilité de décaler le paiement des charges sociales ou encore, un accompagnement des banques sur la trésorerie afin de payer les factures et crédits d’impôts en attendant que la situation se rétablisse. Quant au mouvement de protestation, elle espère du côté des Forces Vives de la patience dans la mise en place de mesures concrètes par le gouvernement dans le cas où il y en ait, « car tout ne se fera pas d’un coup ».

Et si en plus d’une bouée, on imaginait un bateau ? La patronne de la quincaillerie de Chirongui, Sophiata Souffou, est persuadée que sur le long terme, un bateau sur l’océan Indien qui formerait des jeunes aux métiers de la mer, comme la pêche, et de sécurisation pour contrôler les allers et venues des kwassas, serait un atout économique. « Mayotte a beaucoup d’avantages à apporter au pays. Avec le canal du Mozambique, on peut se rapprocher du marché africain et européen », explique-t-elle. « La population metropolitaine est vieillissante. Nos jeunes peuvent devenir une lumière », assure celle qui accueille dans son entreprise des stagiaires et des alternants. « Il faut faire confiance à cette jeunesse. Un jeune qui dérape à l’école montre autre chose dans un espace professionnel. »

A retrouvez dans le nouveau Mayotte Hebdo

Les barrages sont toujours en cours ce lundi matin

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À l'exemple du barrage de Passamaïnty, les barrages sont maintenus ce lundi matin. Image d'archives.

Les barrages sont toujours en cours sur les routes de Mayotte ce lundi matin, lendemain de la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et de la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Par exemple, celui de Passamaïnty barre toujours le passage aux véhicules, ce matin. Tsararano est toujours infranchissable et impossible de passer par la route à Chiconi.

Pareil du côté des barges. La direction des transports maritimes n’a pas repris les liaisons entre Petite-Terre et Grande-Terre, ce lundi. Elles ne s’effectuent que pour les urgences médicales.

Ce dimanche, les Forces vives ont prévenu que le blocus continuerait tant que les engagements du gouvernement ne seraient pas rédigés noir sur blanc et signés dans un courrier. Les ministres ont jusqu’à mardi soir pour adresser cette lettre. « On reste prudents [face aux engagements]. Chacun aura sa part de responsabilité », nous confiait un des leaders des Forces vives hier, après la réunion avec le ministre au rectorat avec les élus et des membres du mouvement, réaffirmant que les barrages restaient en place pour l’instant.

Barrages infirmiers : « C’est très difficile de travailler dans ces conditions »

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Les voix des professionnels de santé s’élèvent de plus en plus contre les responsables des barrages qui ne leur facilitent pas le passage. Pourtant, leur mission est cruciale, ils doivent soigner les malades en toutes circonstances. Si les soignants libéraux peuvent circuler plus ou moins librement dans le cadre de leur fonction, ce n’est pas le cas des agents du centre hospitalier de Mayotte qui désespèrent souvent à rejoindre leur lieu de travail. A retrouvez dans le nouveau Mayotte Hebdo.

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« Traverser les barrages et rejoindre la Petite-Terre sans barge c’est compliqué voire impossible actuellement. » Ce sont les propos d’Anfouwat, infirmière à l’hôpital Martial Henry à Pamandzi. Depuis le début du mouvement qui bloque l’île, elle a beaucoup de difficultés à se rendre au travail. Elle habite en Grande-Terre, elle doit donc traverser plusieurs barrages et prendre la barge avant d’arriver à destination. Et c’est parfois mission impossible. En effet, les employés du centre hospitalier de Mayotte ne figurent pas sur la charte établie par le collectif des Forces Vives de Mayotte qui indique qui peut circuler. Une situation incompréhensible pour Anfouwat. « Je trouve cela scandaleux et inadmissible ! Pour moi c’est un gros problème et ça décrédibilise le mouvement. Il n’y a aucune cohérence à laisser les ambulances et les malades rejoindre l’hôpital et ne pas laisser les soignants. Qui va les soigner alors là-bas ? », S’interroge-t-elle. Ce à quoi répond le collectif des Forces Vives de Mayotte sur leurs réseaux sociaux : « Le CHM a mis en place un dispositif par voie maritime et des navettes. » Contactée par nos soins, la direction de l’hôpital explique que les navettes de bus ont été mises en place depuis la crise Covid. Elle confirme qu’à cela s’ajoutent des bateaux qui emmènent leurs agents au travail mais « il y a du filtrage et ils (les barragistes) laissent passer qui il veulent. » Un constat partagé par la professionnelle de santé qui travaille à l’hôpital Martial Henry. « Bien que je sois une soignante du CHM, il faut souvent négocier le passage. Même si on montre notre badge, parfois on ne nous laisse pas passer », raconte-t-elle. Elle n’est pas la seule à en témoigner puisque sur les réseaux sociaux, plusieurs agents de l’unique hôpital du département affirment la même chose. Et les conséquences se font ressentir au sein de l’organisation des services de l’établissement qui est déjà en sous effectifs. « Mes collègues enchaînent les heures supplémentaires… Les patients ne peuvent plus être traités correctement par manque de personnel. Les services tournent au ralenti », assure l’infirmière. Cette dernière a décidé de ne pas se rendre au travail tant que la situation n’évoluera pas. Il n’y aura pas de répercussion sur son salaire mais elle devra rattraper toutes ses heures.

Un laissez-passer pour les libéraux

Contrairement aux soignants du CHM, les libéraux font partie de la charte qui décrit les règles à suivre durant le mouvement. En théorie, ils peuvent circuler librement, en pratique c’est le parcours du combattant pour certains, à l’exemple de Charline qui est infirmière libérale. Elle couvre la zone de Mamoudzou jusqu’à Hajangoua. Deux barrages lui font obstacles, celui de Passamainty et celui de Tsararano. « Il y a des jours où on me laisse passer facilement et d’autres où j’ai beaucoup de mal. Je dois parfois négocier et supplier pour qu’on me laisse aller travailler », explique-t-elle. Celle qui réside à Mayotte depuis cinq ans a dû annuler plusieurs rendez-vous car elle n’a pas pu se rendre aux domiciles de ses patients. « C’est compliqué pour eux car certains n’ont plus de médicaments… Si je ne travaille pas, mes patients n’ont pas leurs traitements. Je fais des soins vitaux donc si je ne vais pas travailler ces gens-là risquent de mourir. » Charline se dit angoissée à chaque fois qu’elle doit faire sa tournée car elle ignore ce qui l’attend. Les automobilistes qui font la queue tous les jours en espérant pouvoir passer, ne comprennent pas toujours pourquoi elle dépasse tout le monde. « Je me fais agresser verbalement par ceux qui attendent et par les barragistes », déclare-t-elle. La présentation de sa carte professionnelle et la vignette visible sur le tableau de bord de sa voiture n’y changent rien. « S’il y a une charte qui est mise en place, il faut la respecter. Je n’ai pas à supplier pour passer les barrages. » Cette situation a un impact sur son moral, la jeune femme se dit épuisée mentalement. « Quand je finis ma journée, je suis vidée. C’est très difficile de travailler dans ces conditions », dénonce-t-elle.

Un soutien conditionné

Malgré tout cela, les deux infirmières soutiennent le mouvement. Chacune comprend les revendications du collectif des Forces Vives de Mayotte car, comme l’ensemble des résidents de l’île, elles ne supportent plus le climat pesant et dangereux qu’il y a à Mayotte depuis des années. « On arrive tous à bout de cette insécurité et des problèmes de l’île. Il est clair qu’il faut agir, mais je ne soutiens pas les propos qui sont tenus envers les étrangers », souligne Charline. Et Anfouwat d’ajouter, « je comprends totalement le mouvement et je faisais partie des premiers à le soutenir. Mais ce que je déplore c’est le fait de ne pas laisser les soignants du CHM passer. » Aux dernières nouvelles, la direction du centre hospitalier de Mayotte essaye de négocie avec le collectif des Forces Vives afin de faciliter le passage aux agents de l’hôpital.

A retrouvez dans le nouveau Mayotte Hebdo.

Avec le transport de soignants, « je vis les barrages en direct »

Dans le secteur de la santé, les pharmacies ne sont pas en reste. Elles ne sont plus approvisionnées et contrairement aux barrages de 2011 et 2018, selon Carla Baltus, la présidente du Medef Mayotte, les délinquants s’ajoutent aux difficultés de circuler pour les soignants. « Tous les matins, je vis les barrages en direct », nous apprend celle qui est également gérante d’une compagnie de transports qui comprend des chauffeurs hospitaliers.

Des agents du Centre hospitalier de Mayotte (CHM) partent des quatre coins de l’île pour les y amener et les ramener chez eux. « Quand il y a des barrages de délinquants, on ne passe pas. On attend. Ils sont fatigués, épuisés. Dans leur travail où il faut de la vigilance, ça peut les exposer aux erreurs médicales. Les infirmiers et aides à domicile ne peuvent pas passer… Je me pose la question si les gens ont bien conscience de tout ça. On parle souvent de l’économie mais pas des victimes : les personnes âgées, les handicapés… »

Coupure d’eau à Passamainty et Vahibé

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La production et la distribution d’eau sont temporairement interrompues à Passamainty et Vahibé, ce lundi. La société mahoraise des eaux (SMAE) explique qu’il s’agit de problèmes d’accès aux ouvrages et de fourniture de produits nécessaires au traitement de l’eau. Elle ne fournit pas de précisions sur la reprise du service de distribution d’eau et indique qu’elle contactera ultérieurement les habitants pour plus d’informations.

Un détenu retrouvé pendu à Majicavo-Koropa ce vendredi

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L’auteur présumé d’un féminicide, placé en détention provisoire à la prison de Majicavo-Koropoa depuis la mi-janvier, a été retrouvé sans vie dans sa cellule ce vendredi 9 février. Selon une source pénitentiaire, l’homme âgé de 32 ans se serait donné la mort. Il aurait été retrouvé pendu. Le vendredi 9 janvier, cet individu aurait séquestré puis roué de coups celle qui était présentée comme sa compagne, dans une habitation de la rue Mandzarsoa (M’Tsapéré), à Mamoudzou. La jeune femme avait succombé à ses blessures. Le taux d’occupation des cellules de la prison de Majicavo-Koropa, qui compte 278 places, battait des records à la fin de l’année 2023 (315,8% au 1er décembre). Le 22 décembre, deux détenus y sont morts après avoir consommé des drogues.

L’ex-gendarme Gabriel Djibril Behava est décédé

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Mercredi 7 février, Mayotte a perdu une figure emblématique. Gabriel Djibril Behava, ancien gendarme honoré, était chevalier de l’Ordre national du mérite, décoré de la Médaille coloniale « Madagascar », et Officier de l’ordre de l’Étoile des Comores. Il s’est éteint à l’âge de 88 ans à Labattoir, les obsèques ayant eu lieu le même jour. « Un grand-père exceptionnel, un père aimant », c’est ainsi que sa petite fille Milane Mohamed Behava, l’a décrit lors de ces obsèques.

Originaire de Madagascar, Gabriel-Djibril Behava compte parmi les pionniers de la gendarmerie à Mayotte. Son engagement indéfectible envers son devoir découle en partie de l’héritage familial. Son père, René Behava, a combattu pour la patrie lors de la Seconde Guerre mondiale, tandis que sa mère, Hassanati Binti Danakil, a servi en tant que fonctionnaire au sein de l’administration générale dans les années 1950.

Né en 1934, l’homme de Petite-Terre a consacré une grande partie de sa vie au service de la gendarmerie. En 1952, il s’engage volontairement dans l’Infanterie de Marine à Diego-Suarez, à Madagascar. Après huit années de service dans son île natale, l’auxiliaire Behava quitte Tananarive le 14 octobre 1960, au moment de l’indépendance pour rejoindre la capitale des Comores, Moroni. Il a fait deux années sur place avant de rejoindre l’île aux parfums. C’est son passage à la brigade territoriale de Dzaoudzi qui marque véritablement son parcours à Mayotte. De 1975 à 1987, Gabriel-Djibril Behava sert avec distinction dans cette unité, où il met en œuvre ses compétences exceptionnelles en matière de maintien de l’ordre et d’enquête judiciaire.

Au-delà de son engagement professionnel, il a présidé l’association des anciens combattants à Mayotte et a même dirigé le club de football Soleil de Labattoir.

Papajan donne vie aux murs de l’école de Cavani

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Dans un geste artistique spontané, Papajan a entrepris de transformer les murs de l’école de Cavani en véritables œuvres d’art. Armé de deux pots de peinture, d’une bombe et de restes de peinture, l’artiste local s’exprime librement malgré les barrages actuels à Mayotte, qui limitent sa capacité à exercer son métier. Bien que n’ayant reçu aucune commande officielle du directeur de l’école, le travail de Papajan a été accueilli avec enthousiasme par la communauté éducative. Le directeur de l’école est ravi de voir les murs se transformer en un véritable cadre pédagogique, où les éléments éducatifs enseignés à l’école prennent vie. Il comprend l’importance de respecter le caractère éducatif du lieu et s’engage à représenter des éléments pédagogiques dans ses créations. « Quand je peins le mur de l’école de Cavani, je prends en compte le fait que c’est un lieu fréquenté par des enfants, des enseignants et des parents. Je m’efforce donc de dessiner des éléments éducatifs qui reflètent ce qui est enseigné à l’école. C’est ma façon de contribuer à l’environnement éducatif en attendant que la situation des barrages s’atténue et que je puisse exercer mon métier pleinement », explique le street-artist.

La fin du droit du sol à Mayotte, une promesse pour apaiser la colère

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Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outremer, a confirmé qu’il souhaitait supprimer le droit du sol à Mayotte pour faire baisser le flux migratoire venu des îles voisines.

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremer, et Marie Guévenoux, la nouvelle ministre déléguée aux outremers, ont fait un passage éclair à Mayotte, ce dimanche. Pour calmer la colère des manifestants, ils ont annoncé la fin du droit du sol à Mayotte et celle du titre de séjour territorialisé. Les Forces vives ont annoncé qu’elles lèveront les barrages en cas d’engagement du gouvernement sur la loi Mayotte « d’ici mardi soir » (voir par ailleurs).

 

Manifestation : « 48 heures pour que les barrages soient levés »

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Vers 12h, les manifestants ont tenté à plusieurs reprises de forcer le passage vers la préfecture de Mayotte, mais ont été bloqués par des gendarmes et des policiers.

En marge des déplacements du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin (voir par ailleurs), les membres des Forces vives ont manifesté toute la journée à Mamoudzou. Face aux annonces, les protestataires sont satisfaits mais restent méfiants, et attendent des engagements écrits et signés de la part des ministres pour lever les barrages.

Le rendez-vous était donné, ce dimanche, à 8 heures, aux membres des Forces vives, en cette journée de visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, et de la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Les manifestants sont arrivés timidement place de la République, à Mamoudzou, tandis que d’autres protestataires ont préféré rester sur les barrages.
Deux heures plus tard, ils sont environ 300 manifestants sur cette même place à attendre de pied ferme la venue du gouvernement, partagés entre la méfiance et l’espoir d’obtenir des garanties. « 2011, ça n’est pas passé, 2018, toujours pas. Cette fois-ci, ce sera différent », exprime un quadragénaire présent parmi les protestataires. « Les pierres, les machettes, le sang qui coule, ce n’est pas dans la culture du Mahorais. La misère et le manque d’occupation des jeunes est beaucoup trop utilisé comme excuse », poursuit-il.
Quelques annonces sont faites par le ministre depuis l’aéroport où il vient d’atterrir, notamment la fin du droit du sol à Mayotte. Une anonyme des Forces vives reste sceptique, convaincue que le conseil constitutionnel ne permettra pas une telle mesure. « On en a marre des propositions, on attend des solutions et des actions surtout. […] Je n’ai jamais entendu parlé des Frances, mais de la France. À quel moment les Mahorais subissent un traitement différent ? », interroge un manifestant. Ce dernier nous confie qu’il espère que les Forces vives arriveront à perturber le planning du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. « C’est un planning dans lequel on n’a pas l’impression que le peuple a son mot à dire », justifie-t-il.

« Pourquoi il ne vient qu’une seule journée ? »

À quelques minutes de l’arrivée des ministres, certains près du ponton interpellent les forces de l’ordre qui ont quadrillé la zone : « Pourquoi on n’a pas le droit de circuler ? ». Le ton monte doucement puis redescend lorsque les ministres arrivent en Grande-Terre. Les manifestants rejoignent la route. Vers 11h30, ils passent soudainement à travers la zone de sécurité délimitée par les forces de l’ordre. Environ 300 manifestants se dirigent vers l’avenue qui mène à la préfecture, où se sont rendus les ministres pour une réunion de travail avec les services de l’État.
Les protestataires auraient voulu que Gérald Darmanin s’arrête pour prendre le temps de discuter avec la population mahoraise. « Je ne comprends pas pourquoi il ne vient qu’une seule journée, alors que pour comprendre la situation il faudrait rester au moins trois jours », déplore une manifestante.
Les forces de l’ordre barrent le passage vers la préfecture, au niveau de l’agence BFC, et reçoivent du renfort. La foule tente alors de passer à nouveau de force. La mêlée pousse contre les boucliers à plusieurs reprises, mais ne réussit pas à avancer. Les gendarmes font usage de gaz lacrymogène pour les disperser vers 12h20.
« Je ne comprends pas pourquoi ils ont sorti les boucliers, comme si nous étions des terroristes. Pourquoi on arrive à déployer tout ce dispositif pour cette visite et pas tous les jours contre les délinquants ? », questionne une jeune femme qui regarde la scène. La pluie et les gaz lacrymogènes dispersent les manifestants. La tension redescend vers 13h.

« Le titre de séjour territorialisé, c’est fini ! »

Une partie retourne sur la place. Une centaine environ reste devant les forces de l’ordre, tentant de négocier gentiment. Vers 13h les ministres quittent la préfecture pour se rendre au rectorat, où les attendent plusieurs représentants des Forces vives ainsi que des élus. À son issue, les ministres retournent à la préfecture au lieu d’aller au stade de Cavani comme le programme le prévoyait.

Les leaders du mouvement qui paralyse Mayotte depuis trois semaines, eux, se rendent à la place de la République vers 17h30, où un peu plus d’une centaine de manifestants patientent, rejoints par ceux qui étaient présents au stade de Cavani et aux abords du rectorat. Tous veulent savoir s’ils ont eu gain de cause.
« Le titre de séjour territorialisé, c’est fini ! », s’exclame Badirou Abdou, sous une pluie d’applaudissements. Si ce dernier parle d’une victoire pour les Mahorais, il ne la crie pas trop vite. Pour sécuriser cet engagement, les Forces vives ont exigé un courrier des ministres qui doit être signé et parvenu avant mardi soir. En attendant, les barrages continuent. « Il faudra qu’on reçoive la confirmation du ministre dans les 48 heures pour que les barrages soient levés », precise celui qui faisait partie de la reunion de l’après-midi. Il ajoute que si cette confirmation arrive en temps et en heure, les Mahorais seront conviés à un congrès départemental, ce mercredi, pour détailler la suite des événements.
Le représentant des Forces vives relate des échanges musclés, mais dans lesquels le mouvement a su s’imposer et se faire entendre. « À la place de six à dix membres des Forces vives, quatorze ont participé à la réunion. À la place de cinq élus du département et le président, tous les élus du département étaient dans la salle », se réjouit Badirou Abdou, qui le matin même, regrettait que le programme du ministre leur ait été imposé du jour au lendemain. De son côté, Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental, a félicité le mouvement des Forces vives pour le chemin accompli jusqu’ici.
« On est satisfait de ce qui a été annoncé, mais on attend de voir… Pour l’instant, on continue les barrages », tempère un manifestant.

Comores : Un appel au renforcement de la surveillance du choléra

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un premier cas de choléra a été détecté à La Réunion ce mercredi.

En une semaine, l’épidémie a fait seulement deux décès aux Comores. Le pays est parvenu à guérir quatorze patients qui avaient été contaminés. Jusqu’alors, l’île d’Anjouan n’a enregistré aucun cas. Toujours est-il que les autorités font toujours face à quelques difficultés d’ordre légistique.

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Le docteur Naouirou Mhadji.

L’Union des Comores est-il en train de maîtriser l’épidémie du choléra identifié pour la première fois à la Grande Comore, le 2 février ? S’il est tôt pour crier victoire, les signaux eux seraient plutôt encourageants même si le docteur Naouirou Mhadji temporise. Dans un entretien accordé à Flash Infos, le médecin a fait le point sur la situation de la maladie, qui notons-le ne semble pas encore inquiéter pour le moment la population. A Moroni, tout comme en dehors de la capitale, les citoyens n’ont pas encore changé leurs habitudes quotidiennes. Pourtant, il y a encore des cas actifs, six, pour être plus précis, selon dernier bulletin publié par le ministère comorien de la Santé. Jusqu’à samedi, on comptait toujours deux décès, enregistrés le lendemain de la déclaration officielle du choléra. En huit jours, le pays a eu à gerer un total de 22 cas sur 29 dépistés, dont onze importés. Mais quatorze d’entre eux sont guéris.  Malgré cela, la vigilance doit être de mise insiste, le docteur Naouirou Mhadji. « Certes, nous avons pu localiser les cas contacts, les lieux de résidence, ils bénéficient d’un suivi quotidien. Touetois, à l’heure actuelle, il est compliqué de se prononcer sur la tendance dans la mesure où le choléra est une épidémie qui se contamine très vite. Une fois qu’un cas est identifié, la population court un risque. D’un moment à l’autre, il peut y avoir une flambée de cas », rappelle le directeur de la lutte contre la maladie, au sein du ministère dédié. A propos du taux de létalité qui est en baisse, 9% selon le bulletin du 10 février – depuis le 2 février, seuls des décès sont à déplorer – le docteur Naouirou Mhadji attribue ce succès à la rapidité dont ont fait preuve les autorités sanitaires. « Nous réagissons vite. Une fois le cas détecté, on l’envoie à l’hôpital de Samba pour la prise en charge. Nous avons renforcé les différentes structures pour que tout le monde soit prêt », a ajouté le médecin, qui se trouvait déjà sur l’île d’Anjouan afin d’identifier les sites d’admission au cas où un cas serait identifié.

Aucun cas à Anjouan

Notons que contrairement à la Grande Comore et Mohéli, Anjouan est épargnée. Sur les deux passagers du bateau originaires de l’île, – l’un est décédé à l’hôpital El-Maarouf- pendant que l’autre a très vite été localisé et il s’est avéré qu’il ne présentait pas de symptômes. Il prend donc les médicaments de prévention et aucun cas ne s’est développé dans son quartier encore moins l’île. Tout est parti d’un bateau arrivé de la Tanzanie le 30 janvier. Après son accostage, l’on a découvert que le mécanicien était déjà décédé avant que les passagers ne rentrent dans les eaux comoriennes. Le même jour, un passager succombe. C’est à ce moment-là que les autorités ont commencé à chercher à savoir les causes de ces décès suspects. Des dépistages sont alors effectués et ont confirmé la présence de l’épidémie du choléra chez six personnes. Immédiatement, les mesures de prévention sont prises d’abord pour les 25 personnes qui se trouvaient abord, dont 14 membres d’équipage tous des étrangères. Cinq d’entre eux étaient hospitalisés sur la terre ferme, dans un centre situé au nord de la capitale. Les autres ont été confinés dans le bateau recevaient des médicaments de prévention. Actuellement, ils ont été libérés car guéris. Même si le bulletin de santé de ce samedi fait état de 83 cas contacts. Depuis le 2 février jusqu’à avant-hier, le pays a enregistré 22 cas confirmés. A partir du 4 février, on a commencé à détecter des cas autochtones. S’agissant de la riposte, la sensibilisation se poursuit. « Dans les communautés, le dispositif de lavage des mains dans les foyers doit être obligatoire, la désinfection aussi. Car comme vous le savez, la plupart des citernes sont ouvertes. Imaginez si quelqu’un porteur du virus utilise le même récipient pour faire les ablutions à la maison. Il sera facile de contaminer les autres. D’où l’intérêt de renforcer les mesures partout jusqu’aux écoles », recommande le directeur de la lutte contre la maladie, qui a assisté à une rencontre, samedi, avec les maires et les préfets d’Anjouan pour les sensibiliser sur les dangers du choléra.

Jeudi, le ministère de la Santé avait demandé l’appui des ulémas à la Grande Comore, où trois zones font l’objet d’un suivi croissant. Il s’agit de Moroni, la région Mitsamihuli au nord (certains passagers du bateau sont originaires) et enfin au sud à Foumbouni. Globalement, il y a cinq patients admis au centre de Samba. Quant aux problèmes soulevés, on peut citer entre autres, les difficultés du personnel des sites à répondre aux questions des interlocuteurs sur la maladie, insuffisance de ressources humaines pour mener les investigations des cas confirmés. Samedi, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance a remis des équipements, notamment des seaux au ministère de la Santé.

Des adolescents s’activent pour redorer l’image de la jeunesse à Tsoundzou 2

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A Tsoundzou 2, les plus grands s'occupent d'une zone plus en amont du quartier. Ils coupent et ramassent le bambou ployé vers le sol à cause du vent et des pluies.

Pour combattre l’ennui et changer l’image parfois négative autour de leur village, des jeunes de Tsoundzou 2 ont nettoyé la rivière et ses alentours. Poussés par un habitant, ils souhaitent créer une association.

8 heures, samedi 3 février, rendez-vous devant le Doukabé de Tsoundou 2. Huit enfants patientent sur les marches d’un escalier. Le plus grand a 16 ans, le plus petit, 9 ans, même s’il en paraît beaucoup moins. « On est là parce que c’est sale. On va ramasser les déchets et les mettre dans la poubelle », lance un membre du groupe. Ils attendent les sacs poubelle qu’Antoy Abdallah est parti chercher.

Cet habitant ne travaille pour aucune association. Mais il a proposé aux jeunes qu’il a rencontré le jeudi précédent de nettoyer la rivière de tous les détritus ramenés par la pluie. « Au lieu de rester sur Facebook où les gens sont méchants, je me suis dit que j’allais rencontrer ces jeunes dont on parle, directement dans mon quartier. S’il y a 1 % de chances que ça fonctionne, ce sera toujours mieux que de rester sur Facebook », raconte cet enseignant au lycée de Tsararano et agriculteur qui ne peut plus aller aux champs à cause des barrages.

« Vous avez besoin de quoi pour arrêter de faire le bordel ? », avait-il demandé d’emblée aux plus âgés, habitués à rester dehors, sous un abri, pour y passer leur journée, pensant s’adresser à des fauteurs de trouble. « Très vite la question de la nourriture s’est posée. Se demandant : « Qu’est-ce qu’on va manger à midi ? » C’est comme ça que certains décident d’aller chercher quelques euros autour. » Pour continuer la discussion, Antoy Abdallah prépare, de sa poche, un voulé. « L’ambiance devient très vite festive. » Ils s’occupent du repas, filmés par cet habitant qui poste sur Facebook : « voici les cafards dont vous parlez ». C’est ainsi qu’il propose de faire des activités comme celle de ce samedi, occupation de la journée et voulé à midi garanti.

Ni école ni terrains de foot ni MJC

Un discours appuyé par les plus jeunes qui attendent son retour à côté de la supérette. « Nous on n’est pas des délinquants », affirme l’un d’eux. « Peut-être qu’en faisant ce genre d’activité, cette image changera, petit à petit ». Depuis que les routes sont coupées, l’école et la collation qui vient avec leur manquent. Ils sortent de l’école coranique et n’ont pas mangé ce matin. La journée, ils s’ennuient ou jouent au football dans les hauteurs. « Quand des délinquants font des barrages, les adultes et les policiers pensent que c’est nous alors qu’on joue là-haut », détaille Ismaya, 16 ans. Ils disent aussi avoir peur de ces autres jeunes « qui veulent [les] frapper avec des mâchettes ». Pour s’occuper et moins traîner dans les rues, ils demandent un parc, un terrain de football et une piscine municipale. Mais aussi, une Maison des jeunes et de la culture (MJC) qui fonctionne. « C’est fermé. C’est devenu une école provisoire avec deux ou trois classes », livre Ismaël, concédant que des associations y viennent de temps en temps.

L’amalgame entre eux et les autres jeunes, ils y sont habitués. Comme aux scènes de violence. Lorsqu’un plus grand se fait sortir par le vigile du magasin car il n’aurait pas voulu payer des paquets de mouchoir, la colère prend vite le pas sur la raison. « Partez madame », comprennent tout de suite les enfants avec qui nous échangeons. L’individu en question sort du supermarché et se munit de grosses pierres qu’il balance à l’intérieur avant que le vigile n’ait le temps de baisser le rideau complètement. Une vitre de frigo est brisée, un scooter dehors, renversé. La police intervient un peu plus tard sans identifier l’auteur des dégradations et la vie reprend son cours. Antoy Abdallah revient. Les plus âgés, une dizaine, attendent au même endroit, sous leur abri. Ils ont vu de loin ce qu’il s’est passé mais ne veulent pas s’en mêler.

« On n’est pas des cafards, mais des êtres humains »

Il est bientôt 9 heures. Une éducatrice des Apprentis d’Auteuil, « Nana », est venue, curieuse. « Ce sont des jeunes qui sont toujours ici, très corrects, toujours respectueux », déclare-t-elle.

Les outils récupérés, les deux groupes partent en direction de la rivière. Les plus jeunes ramassent les déchets. Les plus âgés coupent le bambou tombé sur le sol à cause des dernières tempêtes pour libérer l’espace. Il est ensuite récupéré pour, par la suite, créer des bacs à plantes dans le quartier, ou du mobilier extérieur. « On dégage la vue et on pourra installer des tables et des chaises. Ce sera plus joli. On verra la route », explique Farad, machette à la main pour tout couper.

Il a 26 ans, tout le monde l’appelle « Smocky ». « On est mal vus. Alors qu’on n’est pas des cafards, on est des êtres humains comme les autres. Il faudrait que l’État nous laisse quelque chose à faire, trouver un emploi, faire des formations… » Il sait de quoi il parle. Farad n’est pas né à Mayotte même s’il y a fait toute sa scolarité. Pour des questions administratives, il ne peut pas travailler. « Alors on traine. Avec les grands, les petits, on discute. On en a marre de regarder tous les jours passer les voitures », décrit celui qui aimerait pouvoir apporter quelque chose à l’île.

L’idée d’une association

Antoy Abdallah a plusieurs idées à leur soumettre pour se rendre utiles : repeindre les murs tagués dehors et remplacer la tôle de l’abri avec du mobilier qu’ils pourraient faire eux-mêmes. Et créer une association : avec un volet pour changer leur image par le biais d’activités comme celle-ci, un autre, « plus lucratif », pour ramasser de la vanille, programmer des événements culturels et avec cet argent, préparer des déjeuners. « À terme, s’ils sont capables de manger un repas le midi, ça en fera au moins un dans la journée », détaille cet habitant qui a promis que, dès qu’il pourra retourner dans ses champs, il ramènera des boutures de vanille pour les planter.

« Du moment que ça m’occupe, c’est intéressant. On est plein à être là du matin au soir sans avoir rien à faire », lance Farad, enthousiaste. « On dit que ces jeunes-là sont des voyous, mais regardez ce qu’on peut faire quand on les occupe », réagit Antoy Abdallah. « Moi je ne suis personne, alors je ne comprends pas que l’État, les institutions, ne puissent rien faire. »

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes