Les fortes pluies des derniers jours pourraient entraîner une diminution de la pression et un manque d’eau à Koungou, Mamoudzou et Tsingoni. C’est ce que la Société mahoraise des eaux (SMAE) explique dans un communiqué publié mardi 23 janvier. « Les productions des usines de Bouyouni, Mamoudzou, Ourouvéni, et Miréréni – Combani sont inférieures à la normale », notamment en raison d’un « colmatage des captages exploités pour la production d’eau », rapporte la société. Par conséquent, il faut s’attendre à des perturbations au niveau de la distribution de l’eau dans les trois communes précitées.
Le nombre de demandes d’asile recule à Mayotte
L’Office français de protection des réfugiés et des apatrides a dressé un premier bilan de son année 2023. L’organisme, qui traite les dossiers des demandeurs d’asile, fait état en France de 142.500 demandes en 2023, soit une hausse de 8,6% par rapport à l’année précédente. A Mayotte, c’est le constat inverse qui est présenté avec 2.650 premières demandes, soit une baisse de 26% par rapport à l’année précédente.
Est-ce dû à l’opération Wuambushu qui a un temps découragé la migration vers l’île ? L’Ofpra, qui n’a donné que des chiffres provisoires, n’émet aucune hypothèse. Le problème du droit d’asile reste épineux sur l’île, le camp de migrants au stade de Cavani rendant la situation plus visible. Originaires d’Afrique de l’Est ou des Grands lacs, les migrants arrivés sur les côtes ces derniers mois font des demandes presque de manière systématique afin d’obtenir le statut de réfugiés. Si celles-ci sont acceptées, cela pose des problèmes de prise en charge sur un petit territoire comme Mayotte, alors que de l’autre côté, pour les refus, les expulsions peuvent s’avérer coûteuses ou diplomatiquement difficiles à mettre en place.
Une augmentation de 0,8% de l’indice des prix à la consommation
L’indice des prix à la consommation des ménages mahorais, du mois de décembre 2023, a été publié par l’Insee. On constate une montée de 0,8 %. Cette hausse, influencée par les secteurs des services, des produits manufacturés, et de l’alimentation, témoigne d’une dynamique spécifique à l’île. Toutefois, on remarque une légère baisse de l’augmentation des prix à Mayotte d’une année à une autre. Sur une durée d’un an, l’élévation des prix à Mayotte s’est stabilisée à 2,8 %, un taux inférieur à celui enregistré en 2022, qui était de +3,3 %. La période de décembre 2023 se diffère également de celle de 2022. L’indice des prix à Mayotte avait bondi jusqu’à 7,1 % en décembre 2022. Une année après ce pic très élevé, décembre 2023, l’indice des prix était de 2,8 %.
Au mois de décembre, le prix de l’énergie a aussi baissé de -1,7 %, pour le deuxième mois consécutif, à Mayotte. Les coûts des produits pétroliers diminuent de 2,8 %, principalement attribuables à la décroissance significative des prix du gazole (-10 centimes), avec une légère diminution du supercarburant (-2 centimes). Cela s’explique par la réduction de l’aide de l’État sur les carburants en mi-décembre 2022, ayant entraîné une remontée des prix des carburants au mois de juillet 2022. En revanche, les tarifs du gaz et de l’électricité et du tabac sont stables.
Durant le dernier mois de l’année précédente, l’économie à Mayotte témoigne d’un regain avec une hausse significative des prix dans plusieurs secteurs-clés. Les services enregistrent un rebond marqué de +1,6 %, mettant fin à une tendance de ralentissement, observée aux trois derniers mois. Les produits manufacturés suivent cette dynamique avec une hausse de 0,8 %. Par ailleurs, les prix de l’alimentation ont augmenté de 0,5 %, mettant fin à deux mois de diminution.
Évolution institutionnelle : des parlementaires bientôt en visite à Mayotte
Davy Rimane, député de Guyane et président de la délégation aux Outre-mer, a initié une mission d’information sur l’évolution institutionnelle de ces dernières, indiquent nos confrères de Outremers360. Cette mission viendra à Mayotte du 7 au 9 février, après une visite à La Réunion du 5 au 7 du même mois. Elle poursuivra son voyage à Wallis-et-Futuna du 9 au 11 mars, en Nouvelle-Calédonie du 12 au 15 mars et enfin en Polynésie Française du 16 au 21 mars. « La création de cette mission fait suite au constat qu’alors même qu’il existe une obligation pour le Parlement de modifier la Constitution suite à l’organisation, en Nouvelle-Calédonie, du troisième référendum pour l’indépendance, d’autres collectivités éprouvent elles aussi le besoin de faire évoluer leur statut », indique l’entourage du député GDR (Gauche Démocrate et Républicaine) de Guyane à Outremers360.
Si la première révision constitutionnelle concernait uniquement la Nouvelle-Calédonie, le chef de l’État « s’est toutefois dit prêt à étudier toutes les demandes tant qu’un consensus des acteurs locaux émergeait au préalable ». « Et malgré des évolutions passées, il est apparu aux rapporteurs de la mission qu’il est nécessaire d’aller sur place et d’interroger directement les acteurs de terrain pour prendre la mesure des directions que ces évolutions pourraient prendre. […] Par ailleurs, la division entre l’article 73 et l’article 74 de la Constitution paraît de moins en moins pertinente dans la mesure où toute une gamme de statuts existent : treize territoires sont ainsi répartis en quatre catégories juridiques mais chaque territoire bénéficie en réalité d’un statut qui lui est propre. »
Auryane Abdourahim : « je représente Mayotte »

A tout juste 16 ans, la Mahoraise vit sa première saison au centre de formation du « PSG Féminines » avec qui elle dispute le championnat national U19. Originaire de Pamandzi, l’attaquante participera aussi à la fin du mois de janvier à un stage en équipe de France U17, où elle confirme son statut au fil des mois. Interview.

Flash Infos : Cela fait bientôt cinq mois que tu as intégré le centre de formation du « PSG Féminines ». Que tires-tu de cette nouvelle expérience parisienne ?
Auryane Abdourahim : Je me suis bien intégrée dans le groupe. Les installations sont très bonnes, on a tout pour réussir. Depuis début janvier, on a intégré le nouveau centre de formation à Poissy (Yvelines). On peut y croiser les professionnels du PSG. Ce sont des exemples pour nous. On a la même salle de musculation que les professionnelles de l’équipe féminine. Elles nous prodiguent parfois des conseils.
F.I. : As-tu des exemples de joueuses professionnelles dans le football français qui t’inspirent particulièrement ?
A.A. : Marie-Antoinette Katoto [internationale française et attaquante au Paris Saint-Germain] et Sandy Baltimore [milieu du PSG]. Je dirai que c’est tout.
F.I. : Avant d’intégrer le centre de formation du PSG, tu as eu une longue expérience à l’ASJ Soyaux avec Claude Fort en tant qu’entraîneur. Ce dernier a la réputation d’être un entraîneur avec un fort caractère. Cela t’a forgé ?
A.A. : Oui, j’ai pu évoluer avec ses conseils. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est en partie grâce à lui.
F.I. : A quoi ressemble le quotidien d’une joueuse au centre de formation du PSG ?
A.A. : On se lève à 6h30. Ensuite on se prépare. On a le petit-déjeuner entre 7h et 8h. Ensuite, on a cours de 8h à 13h. Je suis actuellement en 1ère STMG [sciences et technologies du management et de la gestion]. Après cela, on s’entraîne de 14h à 16h, puis on reprend les cours de 17h30 à 19h. À la suite de quoi, on mange et on se repose.
F.I. : As-tu gardé un œil sur le développement du football féminin à Mayotte ?
A.A. : Les dernières vacances que j’ai passées à Mayotte, c’était il y a deux ans. Je m’étais entraînée avec l’équipe de football de Pamandzi. Encore aujourd’hui, je suis le parcours de l’équipe à distance. Ma famille vit à Pamandzi. En tout cas, grosse dédicace à Mayotte. Je représente Mayotte.
F.I. : En octobre dernier, tu avais inscrit un triplé face à la Slovénie en équipe de France U17. Ça t’a permis de confirmer ta place dans la sélection ?
A.A. : Oui, mais c’est quand même le coach qui décide. J’ai appris que je participerai au stage de fin janvier à Clairefontaine il y a une dizaine de jours. C’est une fierté d’être sélectionnée en équipe de France. Beaucoup d’autres rêvent d’être à cette place. J’en suis consciente. Je connais déjà bien les 26 joueuses.
F.I. : Quels sont tes projets en 2024 ?
A.A. : On est actuellement en championnat élite [Auryane fait partie du groupe qui évolue dans le championnat de France U19 National]. J’espère qu’on va remporter ce championnat cette année. Avec l’équipe qu’on a, on peut le faire. Il y a en tout six équipes qui s’affrontent en match aller et match retour.
Cinq personnes condamnées pour l’agression d’un agent de sécurité
La victime de cette agression à l’arme blanche à Pamandzi (Petite-Terre) survenue en 2016 s’est donnée la mort, deux ans après, au centre hospitalier de Mayotte. Six auteurs présumés étaient appelés à la barre du tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi. L’audience s’est conclue par de lourdes peines pour les deux principaux protagonistes qui font désormais l’objet d’un mandat d’arrêt.
Le 24 décembre 2016, la gendarmerie nationale est requise pour un jeune homme blessé à l’arme blanche à Pamandzi. Nizari assurait la sécurité d’une soirée organisée au club des amis, face à la plage Petit Moya. Son agression a eu lieu sur fond de rivalités entre le « groupe » auquel il appartenait et une vingtaine de jeunes, dont certains se seraient vus refuser l’accès à la soirée dansante. Mutilée, la victime gisait au sol à l’arrivée des secours. Plusieurs armes par destination, dont des pierres, des mousquetons ou encore des poings américains, ont été prélevées sur place. Convoqués en correctionnelle le 23 janvier, soit sept ans après les faits, six de ses agresseurs présumés devaient répondre de leurs actes.
Entre-temps, une information a changé la donne, mais pas le chef d’accusation de « violences en réunion » retenu à l’encontre des six jeunes. On parle alors d’une « correctionnalisation en opportunité » à l’audience du jour. Et pour cause : Nizari s’est donné la mort en ingérant une grande quantité de médicaments au centre hospitalier de Mayotte. C’était en janvier 2018. Selon le substitut du procureur, Paul-François Thibault, « la victime s’est suicidée intentionnellement parce qu’elle a préféré mourir que de vivre dans l’état dans lequel on l’avait laissé ». Le jeune homme, qui sortait d’une peine de prison au moment des faits, avait perdu l’usage de sa main gauche après cette violente agression à coups de machette et de mousqueton. Il s’était également fait amputer l’auriculaire du pied gauche et souffrait d’angoisses quasi-permanentes durant sa convalescence.
Si le dossier a enfin pu connaître le bout de son parcours judiciaire ce mardi, c’était en l’absence de cinq des six prévenus. Deux d’entre eux, représentés à l’audience par le bâtonnier des avocats, maître Yanis Souhaili, n’auraient pas pu faire le déplacement depuis la métropole, où ils résident désormais. Un jeune homme de 27 ans comparaissait donc seul à la barre ce mardi. A la lueur de ses seules déclarations, la justice a-t-elle pu y voir plus clair ?
« Il vaut mieux ne pas venir aux audiences »
En garde à vue et lors de ses auditions devant le juge d’instruction, le prévenu a indiqué qu’il avait quitté la fête avant que les violences n’aient lieu. Lorsque la musique s’est arrêtée, il serait sorti et aurait vu des gens « courir dans tous les sens ». Des propos nuancés par le témoignage de la victime, qui l’a désigné – juste après les faits – comme étant l’auteur de coups de mousqueton à son encontre.
D’après l’autre avocat de la défense, maître Érick Hesler, la bande à laquelle le jeune homme appartenait, présentée comme un « gang » par le parquet, n’était en réalité qu’un « groupe d’amis ». Une contextualisation parmi d’autres, pour contrer un “manque d’objectivité” dans le rappel des faits du parquet, souligne l’avocat. « Il vaut mieux ne pas venir aux audiences finalement, tance la robe noire face aux questions posées par le substitut du Procureur. Parce que quand on vient et qu’on est assailli de questions sept ans après les faits, les autres [prévenus] ne sont pas là, ils sont chez eux. Je trouve que ce n’est pas très loyal. Les autres ne sont pas venus, ils ne risquent pas de se contredire. »
Pour le représentant du parquet, les présages de l’altercation étaient évidents et « l’intensité particulièrement grave de ces faits » doit avoir pour suite le « haut du spectre des peines prononcées » par le tribunal. Le jeune homme qui comparaît est dans ce cadre le « seul qui a fait preuve de bonne volonté », d’après Paul-François Thibault. Après quatre mois passés en détention provisoire au début de l’année 2017, le jeune homme a démontré ses « volontés de réinsertion ». Le représentant du ministère public a donc requis la plus petite peine à son encontre, soit quatre ans de prison dont deux avec sursis, le reste étant aménageable.
Deux mandats d’arrêt
Le substitut du procureur a été cependant moins clément envers les absents à l’audience. Il a notamment requis sept ans de prison contre Djounaid Issoufi, présenté comme l’auteur des multiples coups de machette qui ont conduit à l’infirmité de la victime. Cinq ans de prison ont été requis contre Tadjidine Soibahadine, désigné comme le principal instigateur des faits. Quatre ans d’emprisonnement ferme ont été demandé en conclusion contre les trois derniers prévenus, Yasser Abdallah Djaha, Amrane Salim et Rafiki El-Fayed.
« Estomaqué » par les peines requises, le bâtonnier a sollicité la relaxe de ses deux clients « au bénéfice du doute ». « Ces gens-là n’ont plus fait parler d’eux depuis », a-t-il souligné, en s’appuyant sur la longue durée de l’instruction. Le tribunal l’a entendu. Yasser Abdallah Djaha et Rafiki El-Fayed écopent d’une peine de prison aménageable, quatre ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, tout comme Amrane Salim.
Face à l’« absence d’éléments démontrant la matérialité des faits », le seul comparant est quant à lui relaxé des faits qui lui étaient reprochés. Sans surprise, Djounaid Issoufi et Tadjidine Soibahadine écopent des peines les plus lourdes : cinq années de prison assorties d’un mandat d’arrêt.
Un caillasseur de 17 ans interpellé à M’zouazia
Reconnu par la victime, un jeune homme de 17 ans a été incarcéré, ce mardi. Il est lié à un caillassage qui a eu lieu le 11 novembre 2023. La pierre qu’il aurait lancé sur l’automobile a fait exploser la vitre du véhicule, occasionnant une blessure au niveau de l’œil du conducteur.
« Ça ne nous fait pas plaisir, mais on est obligé de passer par là »

À plusieurs endroits de l’île, ce mardi 23 janvier, de nombreux Mahorais ont décidé de bloquer les routes afin de protester contre l’insécurité et demander des mesures concrètes.
« Garez-vous là ! On doit pouvoir laisser un passage pour les urgences », intime une manifestante au premier barrage de Chirongui, parmi une soixantaine de Mahorais mobilisés contre l’insécurité, ce mardi 23 janvier, malgré la pluie. En amont de la station essence, en arrivant du Nord, une file de voitures est garée le long de la route. Pneus, carcasses de voitures, débris, poubelles renversées et troncs d’arbre jonchent le sol. À part les pompiers, les ambulances et les gendarmes, garés devant pour encadrer la zone, personne ne passe les barrages.
« Pas de photo, pas de vidéo », répètent les grévistes, plus ou moins véhéments, surtout inquiets que leurs employeurs les reconnaissent, comme les plus jeunes du groupe au visage masqué. Ou encore ce père de famille anonyme, posté à un second barrage, dont le ras-le-bol déborde : « Il n’y a pas de réponse concrète à l’insécurité, alors on fait ces barrages. Ça ne nous fait pas plaisir, mais on est obligé de passer par là, de sacrifier une journée de travail, pour se faire entendre ». Il poursuit : « On vit dans l’insécurité, le matin, le jour, la nuit, peu importe. La route est impraticable, les gens se font caillasser à l’aller comme au retour. Wuambushu n’a rien donné. Là, ça suffit. »
« Rendez-nous notre stade »
Excédés, les manifestants de Chirongui demandent aussi le démantèlement du campement du stade Cavani et que des mesures soient prises pour stopper les mouvements migratoires vers Mayotte. Tout comme une dizaine de personnes installées à l’entrée de l’avenue de la Préfecture, à Mamoudzou. « Rendez-nous notre stade », « Oui au département, non au débarquement », « Stade c pour le sport » … Autant de slogans affichés noir sur blanc à proximité de la tonnelle qui sert d’abris à ces autres manifestants. « Nous sommes là depuis dimanche, on n’a pas bougé », lance l’un d’eux, qui affirme que c’est la vidéo d’un migrant du camp du stade Cavani brandissant un drapeau français lors de la manifestation de dimanche qui les a résolus à venir siéger près de la préfecture. « C’est de la trahison », commente une des femmes présente à l’intersection.
Il ne s’agit pas du « vrai barrage ». Ce dernier, tenu par « deux mamans et un jeune homme », se trouve au bout de la rue, à l’entrée de la préfecture. Mais une dizaine de CRS bloque l’accès et nous indique que seuls les services de l’État peuvent passer. « Hier, je pouvais leur apporter de l’eau et de la nourriture. Aujourd’hui, on ne me laisse plus passer non plus », nous indique Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte 2018, qui pourtant souhaite se présenter comme simple citoyenne.
Pour elle, l’occupation du stade représente une réelle violence symbolique. « Ce sont nos infrastructures. On empêche notre jeunesse d’en profiter. On veut juste que nos enfants puissent jouer au foot », déplore celle qui a du mal à contenir sa peine et sa colère. « Nous ne sommes pas xénophobes, mais on n’en peut plus. On dirait que tout est fait contre les Mahorais. On ne va pas se taire », poursuit-elle, persuadée que sans ces barrages, la population ne sera pas entendue.
« Un sentiment anti-républicain parmi la population »
La présence des migrants originaires de différents pays d’Afrique continentale dans le stade semble finalement être comme une goutte d’eau dans un vase déjà trop plein. « Chaque fois qu’on part au travail, on demande si ça va être notre tour. Quand je vais faire des courses, voir ma famille avec les enfants, je me dis : « pourvu qu’on ne se fasse pas attaquer ». Est-ce que ça c’est une vie ? », interroge Naima*, une mère mahoraise au barrage de Chirongui, revenue de métropole il y a un an, pointant les agressions récurrentes sur les routes tout en étant convaincue que l’insécurité est alimentée par une jeunesse issue de l’immigration et la situation du stade. Et les affrontements répétitifs qui ont eu lieu la semaine dernière entre délinquants et migrants dans l’enceinte du stade n’ont rien arrangé.
Si ces problématiques ne sont pas nécessairement liées, le rapprochement est fait pour l’ensemble des manifestants, qui n’en peuvent plus des crises successives. « Il commence à il y avoir un sentiment anti-républicain parmi la population à force de ne pas se sentir écouté. Et cela me fait très peur », confie Safina Soula, avec une détresse dans la voix. Cette dernière devait, ainsi que d’autres membres du collectif, être reçue par le préfet à 10 h, ce mardi (voir par ailleurs). « On restera tant qu’on n’aura pas de réponse allant dans notre sens », affirmait plus tôt dans la matinée une des manifestantes, avenue de la Préfecture.
« C’est regrettable de devoir bloquer les routes pour espérer parler avec les élus et trouver une solution », déplore Naima depuis le barrage de Chirongui.
Dehors, la pluie continue de s’abattre sur le Sud et le vent de coucher les arbres sur la route. « Mais on va rester le temps qu’il faut ! Si c’est un mois, c’est un mois ! », assène une autre mère de famille qui se sent trahie par l’État « qui n’écoute même pas nos élus ».
*Prénom d’emprunt.
La lecture comme accès à la connaissance

Les élèves du collège de M’gombani, à Mamoudzou, se sont livrés à un drôle d’exercice ce mardi matin. Ils ont raconté au recteur de l’académie de Mayotte « L’Odyssée » d’Homère et ont reçu des exemplaires des « Fables de La Fontaine ».

Une trentaine d’élèves d’une classe de 6ème a eu rendez-vous avec le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, ce mardi martin. L’année passée, celui-ci avait lancé à ces futurs collégiens de M’gombani le défi de lire un livre pendant les mois de juillet et d’août, dans le cadre de l’opération « un livre pour vacances ». L’ouvrage en question : « L’Odyssée » d’Homère, à partager au maximum avec leur entourage et garder en mémoire pour ce rendez-vous.
Mission acceptée et surtout défi relevé : l’ensemble des élèves concernés ont eu le temps de largement revisiter ce classique de la littérature française durant le premier semestre de leur nouvelle année scolaire, en cours de français et d’histoire. Disséquant ses pages, contextualisant l’histoire par rapport à la Grèce antique, l’île d’Ithaque… Distinguant les personnages principaux Ulysse, son épouse Pénélope et son fils Télémaque, ces collégiens ont aussi pu s’attarder sur Athéna, déesse de la guerre et protectrice du héros, et bien-sûr, en apprendre davantage sur la guerre de Troie d’où est puisé tout l’imaginaire du récit. En effet, il leur a fallu aussi scinder le réel, les faits historiques, de la fiction. Une narration dont ils ont su retenir plusieurs leçons de vie comme la force de l’amour, la loyauté, la bravoure, la méfiance à l’égard du premier venu et la nécessité de ne pas croire en tout ce que l’on voit, comme le dévoile la stratégie du Cheval de Troie.
L’invitation à un second défi
Aux côtés de leur principale, Johanne Théfaine et de leur directeur d’école primaire, Hakim Ali Abdou, certains élèves, réunis dans l’auditorium de l’établissement, se sont d’ailleurs exprimés sur ce qu’ils en ont retenu : l’inspiration de l’esprit d’aventure, le voyage et les rencontres qui forment sa personne mais aussi des sentiments marquants tels que « la colère » et « la tristesse ».
Le recteur leur a tous conseillé de consacrer au moins quinze minutes quotidiennes à la lecture d’un livre afin de prendre « progressivement le goût à la lecture », les invitant à persévérer dans cette voie. Mais aussi « à écrire, décrire par vos propres mots l’île de Mayotte », a-t-il ajouté.
Si les élèves pensaient en avoir fini, Jacques Mikulovic a choisi de leur lancer un second défi. Cette fois-ci, avec « Les Fables » de La Fontaine. Non sans leur expliquer le contexte par lequel leur auteur a été amené à intervenir : le XVIe siècle, époque où la puissance du roi soleil, Louis XIV, n’admettait aucune contradiction. La morale de ce recueil est de « se méfier de tous ceux qui vous disent ce que vous voulez bien entendre ». « Apprendre à lire des livres c’est également éviter de se faire avoir ! », a-t-il souligné.
À la suite de cette première expérience, le recteur de l’académie de Mayotte a annoncé « débloquer de moyens conséquents pour encourager les enseignants à utiliser « L’Odyssée » pour apprendre aux élèves à lire et à développer des méthodes d’apprentissage ». Pour Jacques Mikulovic, insister les familles à la lecture, c’est leur permettre d’accéder « à la liberté et à l’imaginaire, à l’évolution, à l’épanouissement, à l’expression et au voyage ».
Le directeur de l’école primaire de M’gombani, Hakim Abdou Ali, n’a pas caché sa grande surprise face aux prouesses accomplies par ses anciens élèves, notamment au moment de préparer, en amont, l’événement de ce mardi matin.
Comores : Les intempéries qui frappent l’archipel ont fait trois décès
La direction météorologique assure que les Comores ne courrent aucun danger même si la région dans son ensemble est entrée dans sa saison cyclonique. Les intempéries actuelles seraient le signe de l’arrivée de kashkazi (saison des pluies), un phénomène toujours accompagné de fortes pluies.
L’information a été rapportée, ce mardi, par nos confrères du quotidien comorien Al-Watwan. Sur l’île d’Anjouan, les intempéries observées sur l’ensemble du territoire depuis près d’une semaine ont déjà fait deux victimes. La première avait été portée disparue après une sortie en mer avec un ami. La seconde, un enfant de 9 ans, a été emportée par les crues, à Mutsamudu. Le petit, selon certains témoignages aurait voulu récupérer sa chaussure avant de tomber dans le caniveau. Son corps inerte a été retrouvé à quelques dizaines de mètres du point de chute. Hier, mardi, un homme résidant à Mde, ville environnante de la capitale Moroni, est venu s’ajouter à la liste, faisant grimper à trois le nombre des victimes. Un grand arbre est tombé sur sa maison en tôle, alors que le regretté se trouvait à l’intérieur à en croire des informations rapportées par des habitants de la ville. Il faut dire qu’il est rare que des intempéries engendrent des décès aux Comores. Depuis plusieurs jours l’archipel fait face à des fortes pluies et des rafales de vent soulevant des interrogations sur l’origine de ces changements météorologiques inhabituels qui causent déjà des dégâts matériels. La direction régionale de la société nationale de l’électricité (Sonelec), au niveau d’Anjouan, a même déploré l’endommagement de 15 poteux électriques. Interrogé, le département de la météorologie prévient que ce mauvais temps risque de perdurer. A Moroni, un quartier au sud a été envahi par des crues durant toute la matinée ce mardi. L’eau déborde jusqu’à se jeter sur la route nationale. Toutefois, selon le directeur du département de la météorologie, Ahmed Youssouf Abdou, les Comores ne font pas face à une quelconque menace cyclonique. « Je tiens à rappeler que l’archipel est sous l’influence des pluies de mousson. Cela correspond à la saison des pluies aux Comores, c’est-à-dire kashikazi. Cette dernière dure six mois, de novembre à Avril. Mais en raison des changements climatiques, les pluies commencent dès le mois de janvier », a précisé le spécialiste, contacté par Flash Infos.
« Les pluies de ces derniers jours sont normales »
A propos des vents et autres phénomènes qui ravagent les îles depuis le 14 janvier, Ahmed Youssouf Abdou rappelle que le bassin sud de l’Océan Indien est entré dans la saison cyclonique. On l’a vu à l’île de la Réunion avec le cyclone Belal. L’état de catastrophe naturelle y est déjà décrété. « Mais, dans le pays, nous sommes au 3e système après Belal. Les pluies de ces derniers jours sont normales. Il arrive que des cellules orageuses et des rafales de vent accompagnent les pluies sans pour autant que cela soit lié à un cyclone. Pendant le kashikazi, les vents sont monnaie courante. On espère que d’ici trois jours, les intempéries diminueront à moins qu’elles soient renforcées par le nouveau système qui évolue dans les Mascareignes », fait valoir le directeur du département de la météorologie. Ce dernier appelle tout de même à la vigilance. Le département météorologique n’exclut pas la probabilité de voir les dégâts s’amplifier. La population pourrait être confrontée à des phénomènes aux conséquences importantes telles que des inondations, des chutes d’arbres, des glissements de terrain voire des débordements de rivières et des inondations urbaines. « En cas de fortes pluies, il faut éviter les zones inondables car aux Comores l’aménagement ne répond pas aux normes ce qui fait que beaucoup de zones restent aujourd’hui menacées même avec une petite quantité de pluie », détaille Ahmed Youssouf Abdou qui préconise des mesures de prévention.
Quatre condamnés dans l’affaire du « carré réunionnais »

Grâce à l’aide d’un agent du centre de gestion de Mayotte, plusieurs postulants réunionnais aux concours de la fonction publique ont pu tricher lors de leurs examens. Le tribunal correctionnel de Mamoudzou a décidé, ce mardi 23 janvier, que deux d’entre eux, dont Léonus Thémot, lui-même ex-président du centre de gestion de La Réunion et ex-adjoint à la mairie de Saint-Louis, devront effectuer de la prison ferme.
Dans la salle d’examen du centre de gestion mahorais à Mamoudzou, une rangée de tables avait la particularité de n’être formée que de candidats originaires de La Réunion. Ce « carré réunionnais », comme il était appelé, avait pour but de réussir les examens de la fonction publique, quitte à tricher selon un rapport dressé par la Chambre régionale des comptes en 2019. Deux examens, en 2015 et 2018, ont particulièrement intéressé la justice et ont débouché sur le procès en octobre 2023 de quatre prévenus. Le tribunal correctionnel de Mamoudzou a fait connaître son délibéré, ce mardi matin. Léonus Thémot, ex-adjoint de la mairie de Saint-Louis et ancien président du centre de gestion de La Réunion, est condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis, ainsi que 9.000 euros d’amende pour fraude dans un concours public. Dominique Mardaye, un ancien militant associatif devenu directeur de cabinet du maire de Saint-Louis, hérite d’une peine similaire de deux ans, mais avec six mois de sursis et également 9.000 euros d’amende.
Les deux hommes sont les principaux bénéficiaires du système, même si Léonus Thémot n’a jamais obtenu le titre espéré d’attaché territorial. En 2015, sa copie à l’écrit pourtant « plus que lacunaire » selon le correcteur avait été notée 15/20 (le 3/20 avait été modifié). En 2018, c’est une version envoyée depuis La Réunion les jours suivant l’examen qui avait été placée dans la pile par un agent mahorais du CDG avant correction. Pareil, malgré le corrigé, il n’avait pas réussi le concours. Lors de l’audience, maître Normane Omarjee avait regretté que son client passe pour « le Richard Virenque du concours d’attaché territorial », tandis que Dominique Mardaye, qui a bénéficié de la même technique, a été plus en réussite.
Parmi les deux complices, l’agent mahorais du centre de gestion (remercié depuis), Assani Djamali, a aussi été condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis et 9.000 euros d’amende. Alors qu’il avait été le premier à passer aux aveux, il n’était pas présent le jour du procès. Le quatrième, un ami de Léonus Thémot, qui a transporté les copies de La Réunion à Mayotte en 2018, est le seul à ne prendre que du sursis (un an) dans l’affaire, il devra payer 2.000 euros d’amende. Maître Jean-Baptiste Kondé avait demandé sa relaxe, arguant que son client ne savait pas ce qu’il y avait dans l’enveloppe prise avec lui dans l’avion.
Des effets de manche qui ne prennent pas
Les conseils des deux candidats réunionnais, maîtres Omarjee et Philippe Creissen, avaient été très offensifs durant le procès du mois du 3 octobre 2023, « noyant » les trois juges sous des demandes de nullité (toutes refusées), pour reprendre l’expression du président du tribunal correctionnel, Bruno Fisselier. Le deuxième avocat avait même mis en doute la validité d’une signature du procureur de la République, Yann Le Bris (le faux en écriture n’a pas été retenu). L’effet de manche avait eu le don d’énerver le procureur, qui avait requis deux ans de prison contre les quatre prévenus, dont un an avec sursis. Il demandait également l’interdiction d’exercer dans la fonction publique.
Concernant le centre de gestion de Mayotte, le tribunal correctionnel de Mamoudzou accepte sa constitution de partie civile, mais le déboute de ses demandes.
Gérard Éthève, fondateur d’Air Austral, s’en est allé

Fondateur de la compagnie aérienne réunionnaise Air Austral, Gérard Éthève est décédé ce mardi. Il était âgé de 93 ans. Né en 1930 à Saint-Pierre (La Réunion), l’homme aura été le président du directoire de la compagnie aérienne, également présente à Mayotte, jusqu’en 2012.
Gérard Éthève est devenu instructeur et chef pilote de l’aéroclub Roland Garros (Sainte-Marie) en 1959. Il a ensuite créé sa propre école de pilotage. Il effectue ses premières missions pour l’État en 1963 avec des vols entre la Réunion et les îles Eparses. Reunion Air Service naît ainsi en 1974, avant de devenir Air Réunion en 1986 puis Air Austral en octobre 1990. Des organismes financiers ainsi que des collectivités locales s’étaient associés pour ce « changement de dimension », accompagné de la livraison d’un Boeing 737-500 neuf.
Moïse Issoufali, le dirigeant de la société Issoufali et de Mayotte Air, se souvient « d’une figure emblématique de l’aviation qui a oeuvré au désenclavement de notre île en 1977 ». « La famille Issoufali et l’ensemble du personnel de la société Issoufali et de Mayotte Air Service tiennent ici à rendre hommage à un homme qui fut un visionnaire dans le transport aérien et présente ses très sincères condoléances à son épouse, à sa fille et ses petits enfants ainsi qu’ à ses proches », ajoute-il.
En 2012, Gérard Éthève a officiellement démissionné de ses fonctions afin de « faciliter le redressement judiciaire d’Air Austral ». Onze ans plus tard, la situation d’Air Austral, présidée par Marie-Joseph Malé jusqu’en 2022 avant qu’il ne passe le relais à Joseph Bréma, était encore critique. La compagnie aérienne a sollicité une aide pour entamer sa restructuration. Le 5 janvier 2023, la Commission européenne a autorisé le projet de l’État français « de verser une aide à la restructuration de 119,3 millions d’euros pour permettre à la compagnie aérienne Air Austral de retrouver la viabilité ». Air Austral avait bouclé l’exercice 2020-2021 avec une perte nette de 76 millions d’euros et un chiffre d’affaires en chute de 55% sur un an. La compagnie est aujourd’hui dirigée par un consortium d’hommes d’affaires réunionnais, mais la région La Réunion et le conseil départemental réunionnais continuent de siéger au conseil d’administration.
Camp de migrants : la préfecture confirme le début du démantèlement cette semaine
La semaine dernière, Gérald Darmanin avait annoncé le démantèlement du camp de fortune du stade Cavani, à Mamoudzou. Ce mardi, la préfecture a confirmé le début de cette opération cette semaine, qui, elle, a commencé avec des routes barrées par une population en colère.
« Le camp sera démantelé dans les plus brefs délais et ce démantèlement débutera dès cette semaine », a annoncé la préfecture à propos du campement de fortune du stade de Cavani, dans un communiqué paru vers 16 heures ce mardi. Il est également annoncé que des travaux de sécurisation du site ont commencé à être entrepris ce même jour et qu’une enquête individuelle allait immédiatement commencer afin de proposer une solution alternative et conforme à la loi aux occupants du stade.
« Les personnes déboutées feront l’objet d’une obligation de quitter le territoire et seront reconduites dans leur pays d’origine après obtention du laissez-passer consulaire nécessaire à leur éloignement », peut-on lire en premier dans la liste des options. En ce qui concerne les réfugiés détenant un titre de voyage, ils pourront être conduits en métropole. Les personnes réfugiées n’ayant pas de titre de séjour ou de voyage seront relogées dans des hébergements d’urgence temporaires, tout comme les demandeurs d’asile, dans la limite des logements disponibles, le temps que leur dossier soit étudié par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ou la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Les ressortissants de la République démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi souhaitant retourner vers leur pays d’origine pourront être accompagnés par les services de l’Etat, quel que soit le stade de leur demande d’asile. Des décisions qui ont été prises conformément aux annonces du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, la semaine dernière.
« Trouver une solution rapide à cette situation »
Ces déclarations sont faites en réponse aux blocages de ces derniers jours. Depuis lundi, voire dimanche soir, plusieurs routes sont bloquées par des barrages érigés par une population qui ne supporte plus la présence du camp de migrants originaires de différents pays d’Afrique continentale dans l’enceinte du stade de Cavani. Les représentants des différents collectifs ont rencontré le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, vers 10 heures ce mardi. « Il a rappelé sa volonté de trouver une solution rapide à cette situation », peut-on lire dans un communiqué de la préfecture paru vers 16 heures.
Le conseil départemental, propriétaire du site du stade, a déposé un recours devant le tribunal administratif en fin d’année 2023 afin de pouvoir procéder à l’expulsion des occupants. Dans un jugement du 26 décembre, ce recours a été rejeté. Depuis janvier, préfecture, commune de Mamoudzou, conseil départemental et collectifs citoyens se réunissent régulièrement pour trouver des solutions. Un recensement des personnes présentes dans le stade a permis d’établir la présence majoritaire de bénéficiaires de la protection internationale et de demandeurs d’asile.
« Pour le bien de tous, il est important de retrouver rapidement l’apaisement social et le fonctionnement normal des services publics du département. Le préfet appelle la population qui souhaite manifester à rester digne et responsable et à refuser les provocations », peut-on lire à la fin du communiqué de la préfecture.
La SMAE annonce une coupure d’eau de 72 heures à Longoni
À partir de ce mardi, 8h, les habitants des hauteurs de Longoni seront privés d’eau jusqu’au jeudi 25 janvier à 16h, en raison de travaux de renouvellement d’un suppresseur d’eau desservant cette partie du village. Durant cette période, deux citernes seront positionnées à la rue, Ali mari et la rue labattoir, pour les usagers, selon la SMAE (Société mahoraise des eaux).
Cette annonce intervient une semaine après le changement des horaires de tours d’eaux, passé d’un jour avec de l’eau sur trois à un jour sur deux. Cette interruption programmée est due à des travaux nécessaires de renouvellement d’un suppresseur d’eau.
D’après la SMAE, pendant cette longue période de trois jours, aucune goutte ne coulera. Toutefois, deux citernes seront à la disposition des usagers. Les positionnements sont cerclés en rouge sur le plan fourni par la société mahoraise des eaux. La partie basse du réseau de Longoni ne devrait pas être touchée par cette coupure temporaire.
La reprise du planning normal des tours d’eau est prévue pour le jeudi 25 janvier à 16 heures. Les usagers sont invités à veiller à la fermeture de tous les robinets et de laisser couler l’eau durant les premières minutes tout doucement jusqu’à ce qu’elle soit claire. Il est également recommandé de la faire bouillir pour des usages alimentaires dans la première demi-journée suivant la remise en eau.
La Caisse des écoles de Koungou acquiert un bus
Ce vendredi 19 janvier, un tout nouveau bus de 33 places a été livré à la Caisse des écoles de Koungou – CDE pour assurer les sorties pédagogiques des élèves de la maternelle à l’élémentaire de la commune de Koungou.
« La réussite éducative des élèves reste au cœur des préoccupations des élus du conseil d’administration de la Caisse des écoles de Koungou – CDE. La communauté éducative s’engage avec enthousiasme pour l’épanouissement de nos enfants ! », indique la Caisse des écoles.
Paris 2024 : « Les Jeux Olympiques, une aventure à savourer complètement »

Habab Abdou-Moktar, un jeune sportif très impliqué dans la vie de sa cité, Pamandzi, fait partie des juges-arbitres sélectionnés pour les épreuves d’athlétisme des Jeux Olympiques de Paris 2024, du 1er au 11 août. Il officiera dans les quatre disciplines de lancer, poids, marteau, disque et javelot.
Pour la première de fois dans l’histoire du sport français, un Mahorais sera de la partie aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Bien qu’étant un athlète talentueux, Habab Abdou-Moktar, vice-président du Pamandzi Sporting Club, officiera en juillet prochain dans la capitale française en qualité de juge-arbitre national pour les quatre épreuves de lancer de poids, marteau, disque et javelot. C’est se rendant au travail le matin du mardi 19 décembre 2023 qu’un e-mail reçu sur son téléphone portable lui apprend qu’il a été sélectionné par le comité national d’organisation des JO, avec sa convocation et sa lettre de mission. Sportif chevronné, très impliqué dans la vie de sa cité, cet ingénieur en hydraulique d’une trentaine d’années, exerçant dans les locaux de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm) à M’tsapéré, se rendra à Paris dans la semaine du 24 juin 2024 pour préparer cette messe mondiale du sport que constituent les Jeux Olympiques. Ce rassemblement précédera le championnat de France d’athlétisme au cours duquel il va pouvoir obtenir un avant-goût de l’exercice de sa charge de juge-arbitre national.
Suite à cette expérience grandeur nature, il reviendra à Mayotte quelques jours avant de s’envoler pour la métropole le 23 juillet 2024, soit trois jours avant le démarrage officiel des jeux olympiques et une semaine avant celui des épreuves d’athlétisme. Depuis l’annonce de sa sélection, le respect que lui vouent ses collègues footballeurs de Pamandzi et Mayotte est monté à un degré supérieur, il figure désormais dans les annales du sport local comme le premier natif du 101ème département français à atteindre un tel niveau de compétence dans une discipline olympique. « L’incompréhension est immense pour nous. Avec cette sélection, Habab est désormais un symbole pour notre génération et celles qui vont suivre derrière nous. Et malgré cela, il n’a eu droit à aucune reconnaissance officielle à Mayotte, ni du Département, ni de la commune », remarque l’un de ses amis du Pamandzi Sporting Club. Il est vrai que ses proches dressent de lui le portrait d’un jeune homme modeste, fonceur, qui ne réclame jamais rien à autrui, toujours prêt à rendre service et à soutenir ses compagnons dans le sport. De son propre aveu, « ces Jeux olympiques restent une aventure au travers de laquelle chaque moment sera à savourer complètement ».
Un parcours de sportif
Comment Habab Abdou-Moktar a réussi à atteindre ce niveau de juge-arbitre national ? Dès son jeune âge, il lui était reconnu des qualités innées d’endurance dans la course. Celles-ci se sont confirmées lorsqu’il est entré au collège et lui ont permis de bénéficier d’une bonne prise en charge par l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) et d’enchaîner les places sur les podiums, les médailles et les découvertes dans la grande famille de l’athlétisme français. Lorsqu’il rejoint la métropole pour entamer ses études supérieures, Habab Abdou-Moktar intègre le club Orléans Cercle Jules Ferry au travers duquel il découvre le sport de haut niveau dans l’athlétisme. Il y côtoie des athlètes de renommée internationale et olympique tel que le sprinteur guyanais Amaury Golitin. Il y fait également la connaissance de Djassim Ahamada, spécialiste du saut en longueur et du 100m, porte-drapeau de la délégation départementale aux récents Jeux des Îles de l’océan Indien (JIOI) à Antananarivo en 2023.
À Orléans, Habab enchaîne les performances athlétiques dans le 100 mètres, le 200 mètres et le saut en longueur, trois disciplines dans lesquels il excelle depuis l’âge de 10 ans. Des performances qui lui valurent à l’école le statut aménagé de sportif de haut niveau. Seulement voilà, des couacs surviennent sur le parcours, les résultats scolaires attendus ne sont pas au rendez-vous, s’y rajoutent des blessures à répétition et, un malheur n’arrivant jamais seul, son niveau stagne. Après mûres réflexions, le jeune sportif pamandzien tranche et choisit de privilégier ses études au détriment du sport. Et, question de garder un pied dans l’athlétisme et ne pas complétement couper les liens avec le monde sportif, il décide de passer le diplôme de juge, entraîneur et initiateur (ABC). Un diplôme qui se décline en plusieurs niveaux, départemental et pratique, régional, fédéral, et enfin, juge-arbitre national. Dix années (2013-2023) ont été nécessaires pour aboutir obtenir ce sésame qui lui vaut d’être sélectionné aujourd’hui pour officier aux JO de Paris. « Différents critères interviennent dans la sélection d’un juge-arbitre, le nombre de compétitions qu’il a eu à juger au cours des dernières années, sa fiche d’évaluation (un rapport est dressé sur chaque personne jugée), le niveau de diplômes, l’âge, le dynamisme, le savoir-faire, le savoir-être, le nombre d’années d’expérience, mais aussi des critères géographiques aux fins de ne pas privilégier une région par rapport à d’autres », explique l’heureux vice-président du Pamandzi Sporting Club.
Paré à vivre de l’intérieur le sport-roi de l’olympisme, l’athlétisme, Habab Abdou-Moktar attend le mois d’août avec envie.
Université bloquée : « Notre mission est que tout le monde rentre chez soi sain et sauf »

Ce lundi matin, des affrontements ont éclaté à Iloni, dans la commune de Dembéni, juste à proximité de l’Université de Mayotte. Les étudiants ainsi que le personnel ont dû se retrancher dans une partie réduite de l’établissement en attendant que la situation se calme et que les étudiants puissent être évacués en bus.
Quand les makis sont là, les rats dansent sur l’îlot Mbouzi

Les rats pullulent sur l’îlot Mbouzi et détruisent la biodiversité sur leur passage. Introduits dans cet écosystème par l’homme, ils rongent la biodiversité native de l’îlot en face de Mamoudzou et risquent de faire disparaître certaines espèces. Pendant trois ans, une étude de faisabilité concernant la dératisation de cette réserve naturelle a été menée. Celle-ci y voit un obstacle, la présence des makis, l’espèce emblématique de l’île.
Oeufs de paille-en-queue, couleuvres de Mayotte, vanille, écorce d’ébènes des Comores… Les rats dévorent tout sur l’îlot Mbouzi. « Même les graines des plantes, ce qui empêche leur renouvellement. On ne voit plus fleurir la vanille endémique », donne comme exemple de dégâts Louis Maigné, le conservateur de la réserve naturelle nationale de l’îlot Mbouzi, situé au large de Mamoudzou. « On a vu un rat attaquer un crabe de mangrove. C’est extraordinaire d’agressivité et de capacité de prédation », constate de son côté Paul Defillion.
Ce dernier est arrivé depuis la Polynésie française sur le territoire mahorais il y a trois ans, pour se charger du projet de restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien à Mayotte (Recim), mené par l’association Les Naturalistes, qui a la gestion de la réserve de Mbouzi. Le but du scientifique était de mener une étude de faisabilité concernant l’éradication du rat sur l’îlot. Cette opération fait partie d’un programme plus vaste de lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE), piloté par les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
Les espèces exotiques sont celles amenées par l’homme sur un territoire où elles n’auraient pas pu aller par leurs propres moyens. On parle d’espèces exotiques envahissantes dès lors que leur croissance met en danger la subsistance des espèces endémiques (indigènes). Les EEE n’ont généralement pas de prédateur dans leur écosystème d’accueil, et les espèces locales ne sont pas armées pour faire face à la prédation ou compétition imposée par cet envahisseur. « Aujourd’hui, à l’échelle de la biodiversité de la planète, on est dans la sixième extinction de masse. Les espèces exotiques envahissantes en sont la deuxième cause, après la destruction de l’habitat. Et à l’échelle des îles, c’est la première cause de disparition des espèces endémiques », alerte Paul Defillion.
7.700 individus en saison humide
Introduit par la navigation et les pêcheurs, le rat est une EEE qui ravage l’écosystème de l’îlot Mbouzi. Le nourrissage, pendant un temps, des makis qui y ont été amenés au début des années 2000, a permis aux rats, qui se sont régalés, de proliférer, même si aujourd’hui, leur nombre s’est stabilisé. Estimer le nombre de rongeurs, c’était d’ailleurs une des premières étapes de la mission de Paul Defillion. « On a capturé des individus, on les a marqués, puis relâchés, puis re-capturés un certain nombre de fois en notant le numéro qu’on leur avait attribué », détaille le chargé de projet, qui a ainsi pu estimer le nombre de rats à environ 7.700 en saison humide et 3.500 en saison sèche.
La technique généralement utilisée pour dératiser une île est l’épandage par hélicoptère d’appâts avec du brodifacoum, un rodenticide (produit qui a la propriété de tuer les rongeurs). Pour voir si cette technique était applicable sur l’îlot, Paul Defillion et l’équipe de la réserve ont fait des tests sur six hectares. Avec des appâts neutres contenant un marqueur fluorescent, sans anticoagulant, ils voulaient voir si les rats, mais aussi les autres espèces, les mangeraient. « La totalité des rats en ont mangé. Donc c’était très positif », raconte le chargé de projet. Les oiseaux ne s’y intéressaient pas, les roussettes ne se nourrissent pas au sol, les reptiles ne sont pas sensibles à cet anticoagulant… Tous les feux semblaient au vert. « Mais des makis en ont mangé », tranche le scientifique. Or, bien qu’il soit exotique à Mayotte et présent que depuis très récemment sur l’îlot, le maki est une espèce protégée. Paul Defillion a alors fait venir de Nouvelle-Zélande des appâts avec un agent amérisant devant repousser les herbivores : « Avec l’absence de pluie qu’il y a eu cette année-là et le manque de nourriture, les makis se sont quand-même jetés dessus ». Impossible donc d’empoisonner les rats sans prendre le risque d’empoisonner certains des 190 makis présents dans la réserve.
Les primates compliquent l’équation
« Techniquement, il est donc possible de dératiser l’îlot. Mais nous ne le ferons pas, en tous cas pas avec de l’épandage d’appâts depuis les airs », conclut Paul Defillion. Si le brodifacoum ne peut pas être dispersé par hélicoptère selon les lois européennes, il reste possible d’obtenir une dérogation. Mais avec les makis dans l’équation, même s’ils ne sont pas endémiques de Mayotte, c’est peine perdue. « Éthiquement, les makis restent des primates. Donc quand on évoque devant les gens, qui les voient comme des peluches, le risque d’un impact sur les makis, c’est immédiatement inacceptable », explique-t-il.
Et si on déplaçait les makis le temps de la dératisation ? « Il y a plus de risque de tuer des makis en faisant cela qu’en épandant les appâts par hélicoptère », explique Louis Maigné, conservateur de la réserve naturelle. Cela les stresserait, et s’ils s’endorment dans un arbre après avoir reçu une fléchette anesthésiante, ils peuvent tomber et mourir.
Mais la réserve n’a pas dit son dernier mot. Si Paul Defillion a achevé son séjour à Mayotte avec la rédaction de son rapport sur cette étude de faisabilité, les protecteurs de l’îlot Mbouzi vont continuer à lutter contre les rats. Au lieu d’être dispersés par hélicoptère, les appâts seront placés dans des boîtes d’appâtage et posés à la main tous les vingt mètres environ. « On va devoir faire une grille sur tout l’îlot. Ça va être un travail titanesque », prévient le gardien de l’îlot, qui espère que cette opération pourra commencer à la saison sèche 2025, durant laquelle les rongeurs seront moins nombreux. « Nous allons devoir fabriquer 1.500 boîtes et les répartir sur tout l’îlot, y compris au niveau des falaises. » Une méthode moins efficace, car tous les rongeurs ne veulent pas entrer dans ces boîtes, mais qui permettra de ne cibler qu’eux.
Si une éradication totale n’a jamais été obtenue avec cette technique, elle devrait au moins permettre un contrôle de la population de rats, et, peut-être, à la biodiversité de l’îlot de retrouver un état qu’elle n’a pas connu depuis longtemps.
Crise de l’eau : Une distribution d’eau potable aléatoire en Petite-Terre
De l’eau potable qui coule au robinet en dehors du planning annoncé et qui se raréfie de façon imprévue ensuite. Les usagers de Petite-Terre ont connu un week-end compliqué en raison du niveau très bas du réservoir de Pamandzi. La Société mahoraise des eaux (SMAE) n’a pas souhaité répondre à nos questions.

Des usagers de la Société mahoraise des eaux (SMAE) en Petite-Terre haussent le ton et dénoncent le rythme de la distribution d’eau potable dans les communes de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi. Ils disent ne rien comprendre au régime qui leur est affligé actuellement, sans qu’aucune communication leur soit préalablement destinée. « C’est vraiment du n’importe quoi ! Ces gens-là (les responsables de la Mahoraise des Eaux) méritent vraiment une cascade de plaintes au tribunal », dégaine Jean-Jacques, un habitant de Petite-Terre joint au téléphone aux premières heures de cette matinée de lundi. Objet de son courroux, l’interruption soudaine de la distribution d’eau à 7 heures, alors qu’elle coulait encore deux heures plutôt, à 5 heures, au moment où il allait démarrer son jogging matinal. Pas une seule goutte du précieux liquide alors qu’il doit se doucher pour aller au travail.
Ces jours-ci, des usagers de la SMAE en colère comme Jean-Jacques se comptent par centaines pour ne pas dire des milliers. Et pour cause, « il y a à peine quelques semaines, la Première Ministre Élisabeth Borne nous disait que tout allait s’arranger, que la situation allait revenir à la normale et que l’usine de dessalement de Pamandzi refonctionnait à plein régime. Mais en fait, c’est encore pire ».
Toujours des problèmes de pression
L’incompréhension de ces usagers est d’autant plus grande qu’il pleut sans arrêt depuis des semaines, que l’usine de dessalement tourne (officiellement en tous les cas) au maximum de ses capacités, que les tours d’eau sont censés être ramenés maintenant à un jour sur deux. Sauf qu’à en croire ces usagers en colère, « entre les annonces officielles et la réalité des choses, le compte n’y est pas du tout ». Dans les faits, l’eau coule bien du robinet mais de manière complètement aléatoire. Elle arrive souvent à l’improviste, avec plusieurs heures de retard sur le planning annoncé, voire quelques fois en avance à l’insu de tous. La coupe est pleine, surtout pour les quartiers où la pression a souvent fait des siennes. A Labattoir par exemple, la SMAE a indiqué samedi par communiqué que « les points hauts du secteur surpressé en souffrance depuis cette nuit seront alimentés une fois que le réservoir de Pamandzi aura atteint un niveau correct ».
Or, il a été expliqué à la Première ministre, le 8 décembre, que le problème de pression à l’origine de la privation en eau de certains quartiers en relief comme Dziani et La Vigie ne se posait plus. Pour l’heure, le téléphone de la SMAE sonne dans le vide. Le directeur d’exploitation que nous avons réussi à joindre cet après-midi est hors territoire et dans l’incapacité de fournir quelques explications sur ce dysfonctionnement constaté dans le rythme de distribution de l’eau en Petite-Terre. Ses collègues en charge du réseau de Petite-Terre, dont les coordonnées ont pu être obtenues via le système D, n’ont pas répondu non plus malgré plusieurs tentatives, ce lundi.
Comme quoi, la parole aussi se tarit.
Les retenues collinaires à 30% et 65% de leurs capacités
Les pluies de ces dernières semaines ont augmenté de manière significative le niveau des retenues collinaires mahoraises. Ce vendredi, celle de Dzoumogné était à 65% de ses capacités, contre 30% pour Combani. Le captage dans les rivières, à Bouyouni par exemple, a permis de les remplir davantage.
Le remplissage des deux bassins ne signifie pas l’arrêt des coupures d’eau. Aujourd’hui, le rythme est une distribution d’eau potable un jour sur deux, de 16h à 18h, à l’interruption le lendemain, entre 14h et 16h. Cependant, l’enjeu est de consommer l’eau produite sans avoir à faire des prélèvements dans les retenues, ces dernières ayant davantage d’utilité pendant la saison sèche.
Tribune : « Nous exerçons le métier d’éducateur avec la peur et le stress »

Éducateur sportif à Koungou, Djamil Abdallah ne reprendra pas de licence pour la prochaine saison de football. Comme d’autres, l’insécurité a miné la passion du dirigeant du FC Ylang. Il nous l’explique dans cette tribune.

« Mayotte vit une période difficile avec cette violence qui a conduit à la préfecture de Mayotte de prendre la décision douloureuse pour les sportifs le 13 décembre 2023 de suspendre toutes les compétitions sportives. Cette décision est la conséquence de l’agression d’un jeune sportif de l’équipe UCS Sada à Ouangani en marge d’une rencontre de U17 et aussi le décès d’un jeune supporter de Combani, le même weekend du 9 décembre 2023.
Cette violence dans le milieu sportif trouve sa source dans les conflits entre bandes villageoises qui finissent malheureusement sur les stades sportifs et les acteurs de notre sport deviennent constamment des victimes collatérales. Cette situation, qui n’est plus tenable, interroge pour nous les éducateurs qui accompagnons au quotidien et les weekends nos licenciés. Nous exerçons cette activité de manière bénévole avec la peur et le stress, que ce soit durant les entraînements ou lors des rencontres officielles. Certains parents n’acceptent plus que leurs enfants jouent les rencontres à l’extérieur au risque d’agressions.
L’exercice de cette passion, cette envie de transmettre se perd au fil du temps en raison du climat d’insécurité qui règne sur ce département. Nos jeunes licenciés se font agresser par des voyous qui n’ont rien avoir avec le football et nous exposons notre vie et celle des jeunes que nous accompagnons à des dangers lors des rencontres de foot.
« Je n’imaginais pas quitter cette passion »
J’ai vécu l’expérience au mois d’octobre 2023, lors d’une rencontre de demi-finale de coupe de Mayotte des U15. A la fin de la rencontre, mes gamins victorieux de cette rencontre se font agresser à la sortie du terrain, les véhicules des accompagnateurs ont été caillassés, j’ai dû abandonner ma voiture et quitter en catastrophe le terrain avec le corps arbitral après que mes joueurs aient quitté le terrain. Heureusement que les dirigeants de l’équipe adverse ont veillé à ce qu’elle ne soit pas saccagée et me l’ont ramenée à mon domicile.
Ainsi, compte tenu de la situation qui ne s’améliorera pas dans les prochains mois, j’ai pris la décision à contre cœur de ne pas renouveler une licence d’éducateur ni de dirigeant accompagnateur cette saison 2023. J’avoue qu’après plus de 19 ans dans ce milieu, je n’imaginais pas quitter cette passion dans ces conditions, mais la situation conduit à prendre cette décision.
J’ai pris ma première licence en 2005 comme dirigeant au sein du club de l’USCJ Koungou puis éducateur à partir de 2009, avec deux montées en R1 en 2010 et 2018. J’ai rejoint la seconde équipe locale, le FC Ylang en 2021, qui est montée en R3 la même année. L’équipe première a lutté en 2022 pour assurer son maintien, tandis que cette saison, elle prétend à une montée en R2 en terminant troisième du classement en attendant les affaires encours à la ligue. Depuis plus de trois ans, afin de lutter contre les violences entre bandes au sein du village, favoriser la cohésion entre les jeunes sportifs du village de Koungou et mutualiser les moyens humains et matériels, les deux clubs du village ont mis en place une entente des équipes de jeunes et les résultats sont bien visibles chaque fin de saison.
J’aurai aimé poursuivre encore cette belle aventure humaine, sportive et sociale pour cette année, mais malheureusement, je dois prendre du recul en attendant que la situation s’améliore. Je serai tout de même un fervent supporter de ces deux clubs et je leur souhaite une belle saison 2024. Je reste convaincu que le sport reste une des premières réponses à apporter à la lutte contre cette violence mais il va falloir que nos autorités chacune à leur niveau apportent des mesures à la hauteur de la situation afin de protéger les acteurs sportifs.
Nous vivons une psychose dans ce département, un stress dans la semaine quand on va au travail le matin et à la sortie du travail, mais aussi quand on pratique notre sport. Ce n’est plus supportable et malheureusement si ça continue à ce rythme, beaucoup de bénévoles vont abandonner aussi. »
Mayotte entravée par de nombreux barrages
Les premiers barrages ont commencé à être érigés vers 4h45 ce lundi matin, comme au rond-point de Chirongui direction M’ramadoudou, ou encore celui du col de Chiconi. Plusieurs collectifs, dont le comité de défense des intérêts de Mayotte (Codim) ou encore le collectif des citoyens de Mayotte 2018, ont bloqué les routes pour protester contre l’insécurité, d’après la gendarmerie, qui a été au contact des manifestants sur plusieurs barrages. Ils étaient également mobilisés pour demander l’évacuation du camp de Cavani. Certains ont été levés tôt le matin, et sans force. Parfois, il ne s’agissait que d’une poubelle au milieu de la route, retirée à l’arrivée des forces de l’ordre. « On n’avait pas affaire à des gens complètement hostiles, en tous cas, nous n’avons recensé aucun incident », nous indique la gendarmerie.
Un barrage vers Dzoumogné, trois vers Barakani, un à l’intersection Chiconi-route nationale 2, un autre à proximité du rond-point de Tsingoni direction Soulou (photo), un cocotier sur la voie à M’ramadoudou, le village de Combani également bloqué à l’intersection rue du Commerce… Quelques-uns ont laissé passer les bus scolaires, tous ont laissé passer les véhicules de secours. Vers 18h15, il y en avait encore à Chirongui et à Soulou par exemple. Celui de Chirongui devait néanmoins être levé entre 17h et 19h pour laisser les gens rentrer chez eux, avant d’être remis pour une durée indéterminée.
Si les informations sont parcellaires et qu’il n’y a pas de certitude, il est fort probable que des barrages entravent encore les routes mahoraises ce mardi.
« La situation deviendra vite incontrôlable »
Saïd Omar Oili s’alarme de la situation sécuritaire à Mayotte et des tensions autour du stade de Cavani actuellement occupé par des migrants. Dans une lettre adressée au Premier ministre Gabriel Attal, le 18 janvier, le sénateur mahorais fait part de ses inquiétudes et indique « le climat social peut se dégrader encore plus dans les prochains jours ». Il demande des mesures pour arrêter les flux migratoires venant notamment d’Afrique de l’Est et que l’État empêche l’équipement sportif de Cavani de « se transformer en zone d’accueil des ressortissants d’Afrique de l’Est ». Pour lui, si de telles mesures ne sont pas prises, « la situation à Mayotte deviendra vite incontrôlable ».