La destruction du camp installé sur le stade de Cavani a commencé dès 7 heures, ce jeudi 25 janvier. Dix-sept premiers habitats précaires ont été démolis par leurs occupants. S’ils sont soulagés de partir, ils restent inquiets quant à leur devenir.
Barrages routiers : « Nos agents ne peuvent pas venir au travail »
En raison des barrages routiers dans une bonne partie de l’île, le centre hospitalier de Mayotte actionne un plan d’urgence pour assurer la continuité des soins dans ses services.
Le centre hospitalier de Mayotte (CHM) doit bouleverser son organisation en raison des barrages routiers dressés sur les routes de l’île. Depuis trois jours désormais, le bus des professionnels de santé, un dispositif de « ramassage » des soignants qui ne logent pas à Mamoudzou, ne peut plus circuler. Par conséquent, le personnel manque à l’hôpital. Aynoudine Salimé, directeur des soins et coordonnateur général des soins du centre hospitalier, évaluait ce jeudi à 50% le taux d’absence affiché du côté des aides-soignants. Chez les infirmiers, on parle de « 30 à 40% » d’absents. « On est affecté, nos agents ne peuvent pas venir au travail, certains dorment sur place. On essaie d’appliquer les plans de crise que nous avons », rapporte Aynoudine Salimé. Des lits picots ont été installés sur site afin de permettre au personnel hospitalier de dormir au CHM.
Car, depuis mardi, nombreuses sont les blouses blanches qui ont dû rebrousser chemin à l’approche d’un barrage. A Coconi, par exemple, un membre du collectif qui bloque la Route Nationale 2 nous expliquait que seules les personnes qui travaillent à l’hôpital, lorsqu’elles montraient leur carte, pouvaient passer sans encombre. Vraisemblablement, ce n’est pas le cas. « Les bus n’ont pas pu faire le ramassage mercredi. J’ai dû partir avec ma voiture personnelle mais, une fois arrivés à Coconi, on ne nous a pas laissé passer malgré le fait qu’on présentait nos badges du CHM », raconte Kalia, infirmière au centre hospitalier de Mayotte résidant à Sohoa.
L’option maritime écartée
Tout le monde est donc bloqué. Il n’y a pas d’exception. Du côté de Combani, où des barrages routiers cueillent les automobilistes et pilotes de deux-roues aux différentes entrées de la commune, le personnel ne peut pas passer non plus. C’est ce que nous avons constaté en nous rendant sur place, mercredi 24 janvier. Mathieu*, salarié du CHM depuis cinq mois, a par exemple dû stationner sa voiture deux jours durant sur le parking du centre commercial. Après avoir traversé la commune à pied, il avait bénéficié de l’aide d’un collègue, venu spécialement de Mamoudzou pour le covoiturer.
Dans le nord, ce sont les barrages de Bandraboua et Dzoumogné qui posent problème. « Ce matin, ça roulait de Bandraboua à Mamoudzou. Dès qu’on a trouvé une solution pour aller chercher nos agents, ça a fermé à Dzoumogné », illustre Aynoudine Salimé. Selon le docteur Makrem Ben Reguiga, vice-président de la commission médicale d’établissement, un « plan d’urgence spécifique » est désormais en vigueur au CHM afin d’assurer la continuité des soins. Les intempéries ne permettant pas à la direction du centre hospitalier d’affréter des bateaux, le CHM devra s’y tenir, tant que les barrages ne seront pas levés.
*Prénom d’emprunt
Une situation tendue à la Cadema

Depuis le début du mois de janvier, les administrations situées à Mamoudzou sont régulièrement fermées. La communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema), dont les bureaux sont dans le centre du chef-lieu, ne déroge pas à la règle. A plusieurs reprises, les services ont toutefois essayé de reprendre le travail et ont cassé les cadenas. C’était de nouveau le cas, ce jeudi. Apprenant que la direction était de retour dans ses locaux vers 14h, une trentaine de membres des collectifs s’est rendue sur place pour faire pression et faire fermer les lieux. Les employés ont donc été exfiltrés du siège par la police et la gendarmerie. Selon nos informations, des plaintes ont été déposées après des insultes et des menaces de morts.
Sport scolaire : Les élèves de M’gombani rêvent de championnat de France de cross
Grâce à leur performance au cross académique du mercredi 15 novembre, une équipe de six élèves du collège de M’gombani s’est placée dans les premières places du classement général et surtout en tête dans la section « établissement ». Cette victoire les qualifie pour les championnats de France de cross UNSS, qui auront lieu, du 19 au 21 mars, à Dol-de-Bretagne dans le département d’Ille-et-Vilaine. Pour concrétiser ce séjour sportif, l’association sportive du collège lance un appel aux dons.
Lancée le 4 décembre, la cagnotte en ligne de l’association sportive du collège de M’gombani, à Mamoudzou, a déjà récolté 2.380 euros. Cependant, cette somme représente une petite fraction de 19 % du budget nécessaire évalué à 12.000 euros. Les fonds serviront à organiser le voyage de deux semaines, en finançant les frais liés au logement, les dépenses alimentaires et le transport. L’association encourage la communauté locale à contribuer à leur niveau pour permettre à ces élèves talentueux de participer pleinement à cette expérience.
« Ces élèves méritent de vivre cette expérience, ce qu’ils ont fait, c’est incroyable ! », s’exclame la coordinatrice et professeur d’EPS du collège de M’gombani, Perrine Avargues. Lors du cross académique de Mayotte, qui a vu la participation de quarante équipes de collèges différents, Karim Ahmed, élève de troisième au collège de M’gombani est arrivée en tête du classement des minimes mixte, composé de 130 participants.
L’association a déjà fait plusieurs demandes de subventions publiques auprès du rectorat, de la mairie de Mamoudzou, du Département de Mayotte et de la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (Drajes). Selon la professeure, ces aides ne permettront pas de combler le budget total.
Une expérience renouvelée
L’année dernière, six élèves du même collège et champions d’académie par équipe mixte ont participé au championnat de France de cross-country à Dijon. L’équipe a fini 71e sur 85. Cette année, ce sont à Karim Ahmed, Youss Enli Kamati, Nasra Abtadi, Ziadat Attoumane, Farda Rachid et Mohamed Kasman de tenter leurs chances.
A 15 ans, Farda Rachid, a déjà un CV rempli dans ce domaine, elle aime bien courir depuis son jeune âge. « J’ai intégré le club d’athlétisme de Mamoudzou, quand j’étais en sixième. » Ayant participé au championnat 2023, l’adolescente se plaint des conditions météorologiques, « c’était difficile dans le froid ». D’après Clément Briard, accompagnateur, le lieu est plus propice cette année. « La Bretagne est plus à l’ouest. L’atmosphère est plus humide. L’année dernière, c’était en plein hiver et le froid était sec à Dijon, donc le ressenti n’est pas le même ».
La participation de ces élèves à ce championnat est cruciale à leurs yeux, mais sans un soutien financier adéquat, leur rêve pourrait rester inachevé.
Lien de la cagnotte : https://www.onparticipe.fr/c/ghLIPqpP
En tant qu’association reconnue d’intérêt public, chaque contribution donne une réduction d’impôt.
Comores : À peine réélu, Azali Assoumani tend la main à ses opposants
Le président réélu à l’issue d’un scrutin contesté a appelé les opposants, la société civile, à venir construire le vivre ensemble.
Il se sait contesté même si la cour suprême a jugé que son élection ne souffre d’aucune irrégularité. Au lendemain de la confirmation de sa victoire avec 57,2% des voix, Azali Assoumani joue la carte de l’apaisement. Devant ses militants ce jeudi, à l’hôtel le Retaj, le président élu a tenu son premier discours.
Le nouveau chef de l’État a d’abord rappelé qu’il était le président de tous les Comoriens. Une façon de reconnaître à demi-mot que sa réélection est loin de faire l’unanimité puisqu’au lendemain de la proclamation des résultats provisoires, des heurts ont éclaté dans la capitale. « Permettez-moi de saluer avec respect mes adversaires, qui se sont portés candidats aux élections présidentielles et celles des Gouverneurs. Je voudrais leur dire, qu’à leur égard, je n’ai aucune once de rancune. Je leur tends une main fraternelle, comme je l’ai toujours fait et je les appelle à nous unir sur l’essentiel, pour l’émergence de notre pays« , a-t-il déclaré.
Élu dès le premier tour, le président a remercié ceux qui ont voté pour lui. » En faisant le choix, mes chers compatriotes, de m’accorder votre confiance pour présider aux destinées de notre pays, vous avez opté pour la consolidation de la paix et de la sécurité et pour un développement socioéconomique durable« , a ajouté l’ex-putschiste qui devra passer la main à un enfant de l’île d’Anjouan en 2029 au nom de la présidence tournante, le système politique qui régit les trois îles indépendantes depuis 2001.
Des condoléances pour le jeune tué par les forces de l’ordre
Si les troubles ont cessé depuis une semaine, les opposants ne sont pas prêts à passer l’éponge. Le candidat Mohamed Abdallah Daoud a promis que le 26 mai prochain, il y aura de nombreux présidents. Dans un communiqué publié mercredi soir, après la proclamation des résultats définitifs, 29 candidats de l’opposition (présidentielle et gouverneurs) ont dénoncé la mise au pas de la cour suprême et le bâclage intolérable de son travail en sa qualité de juge électoral. Ils ont enfin appelé leurs électeurs et militants à se mobiliser pour faire valoir les résultats authentiques.
Mais pour le nouveau chef de l’État, il faut éviter « à notre pays et les scènes de guerres et les appels à la haine et à la violence dont ils été les témoins, ces derniers temps« , citant l’amertume et l’atmosphère de belligérance qui ont caractérisé la proclamation des résultats de ces élections. Il a d’ailleurs adressé les condoléances à la famille du jeune de 21 ans tué par les forces de l’ordre alors qu’il tentait, selon la version des autorités, de pénétrer dans le domicile d’un ministre. » Cette disparition tragique ainsi que tous les actes de violence que notre pays a connus ces derniers jours, nous imposent le devoir d’œuvrer ensemble, Gouvernement, opposition, leaders religieux, notables et Société civile, pour reconstruire notre unité et notre vivre-ensemble, lourdement entamés« , a-t-il insisté.
Cette main tendue sera-t-elle accueillie favorablement par le camp adverse ? Ce jeudi, Daoud Halifa, le mandataire du candidat Bourhane Hamidou, en détention depuis une semaine, a été relâché. Les autres détenus emprisonnés après les émeutes du 17 janvier le seront-ils également ?
La cérémonie des vœux du rectorat est annulée
Prévue initialement ce vendredi, la cérémonie des vœux du rectorat à Longoni n’aura pas lieu en raison des nombreux blocages sur l’île. Le rectorat de Mayotte souhaitait montrer la levée des charpentes sur le site du futur lycée des métiers du bâtiment (photo en septembre 2023), dont la première tranche de travaux est prévue pour 2025.
Cette semaine, d’autres cérémonies n’ont pas non plus se tenir. C’était le cas des vœux du Département qui devaient être présentés exceptionnellement à M’tsangamouji, ce mardi.
Environ dix millions de fonds pour les entrepreneurs à Mayotte et La Réunion
Le Crédit agricole et son partenaire Elévation capital partners ont lancé un nouveau fonds d’investissement pour accompagner les entrepreneurs : le FCPI Caomie. Les caisses régionales du Crédit agricole Mayotte-La Réunion et Martinique-Guyane ont annoncé, ce mercredi, lancer un nouveau fonds d’investissement à destination des entrepreneurs sur leurs quatre départements : le FPCI Caomie, en association avec Elévation Capital partners, une société de gestion qui investit déjà en Outre-Mer. Vingt millions d’euros seront ainsi répartis entre les territoires dont dix millions environ pour le territoire Mayotte-La Réunion. Le directeur général de la caisse régionale Mayotte-La Réunion, Didier Grand, entend viser un « équilibre » : « Même si bien-sûr, on ne pourra pas être à la virgule près. »
Pour y prétendre, il suffira de se présenter aux agents de la banque, qui s’engagent également à proposer ce fonds aux entrepreneurs ciblés : les start-ups déjà installées, entreprises en croissance, ou en situation de transmission. « Avec une priorité pour nos clients », admet Didier Grand. Ce fonds qui existera sur les neuf prochaines années pourra s’élever de 300.000 euros à deux millions d’euros, sans priorité de secteur d’activité, pour une durée de cinq à sept ans. Seront exclues les entreprises en difficulté au sein de la réglementation, en procédure de redressement judiciaire par exemple.
« Mayotte souffre d’un manque d’épargne », explique le représentant qui signale également que « les marchés se resserrent ». Or c’est avec cette épargne et ces marchés que la banque se finance pour accorder des crédits. « Et je ne crois pas que les taux vont baisser avant la fin 2024. » Avec ce fonds, la Caisse bancaire entend « faire plus de crédits qu’en 2022 ». « On a conscience de notre responsabilité à Mayotte », ajoute Didier Grand. « Si le Crédit agricole freine, toute l’économie de la Réunion et de Mayotte freine. » La Caisse régionale est le deuxième financeur de l’île.
Zily sera aux prochaines Francofolies de La Réunion
Zily (photo Mayan’art Studio) continue de marquer l’océan Indien de son empreinte. Du 3 au 8 septembre 2024, la scène de la clairière à la Saline-les-bains, à Saint Paul, accueillera au total quinze artistes à l’occasion de la septième édition du festival Francofolies. Parmi eux, la célèbre et talentueuse Zily (programmée le vendredi 6). L’artiste emblématique de la musique mahoraise fera vibrer la scène comme à son habitude avec les rythmes traditionnels mahorais aux sonorités électroniques. À ses côtés, de grands noms de la scène française, à l’instar du rappeur SCH, de la sensation de la fin de l’année franco-camerounaise Yamê ou encore de l’indétrônable groupe Ousanousava. Des concerts, mais également de nombreuses animations feront vibrer la côte ouest de l’île de La Réunion, à cette occasion. Les artistes qui se produiront en septembre 2024 seront répartis autour de six soirées et de trois journées.
« J’ai hâte de retrouver ce public qui a été tellement incroyable lors de ma première scène réunionnaise, au Sakifo, l’année dernière… Je vais tout faire pour être à la hauteur, cette année encore !». C’est ainsi que la chanteuse Zily a accueilli la nouvelle de sa programmation au festival des Francofolies de La Réunion. Après sa participation au Visa for Music au Maroc, le 18 novembre 2022, l’année 2023 a été tout aussi chargée. En plus des nombreux concerts sur l’île au lagon, les mélodies envoûtantes de Zily ont également résonné au festival de Sauti Za Busara de Zanzibar, le 11 février 2023, au festival Sakifo de La Réunion, le 2 juin 2023. Par la suite, elle a illuminé le Médina festival à Mutsamudu, à Anjouan, le 20 juillet 2023. Quinze jours plus tard, elle était au festival Somaroho de Nosy-Bé, puis le 12 et le 13 août à Moroni.
La cérémonie des vœux du maire de Chirongui annulée
Prévue ce vendredi, la cérémonie des vœux du maire de Chirongui, Bihaki Daouda, n’aura pas lieu. « Le maire, en accord avec les élus de sa majorité, vous informe, le cœur serré, de l’annulation de la cérémonie des vœux prévue ce vendredi 26 janvier au pôle culturel, compte tenu du contexte actuel de tension dans notre département », confirme la municipalité, qui ajoute qu’elle comprend que les habitants de la commune du sud de Mayotte n’ont pas « le « cœur à la fête » ».
Insécurité : CGT Éduc’action Mayotte réclame des services publics
« La politique du chaos ça suffit ! ». C’est le titre donné à un communiqué de presse envoyé par le syndicat CGT Éduc’action Mayotte, ce mardi, face à l’insécurité. Le personnel du collège de Kwalé l’a signalé il y a quelques jours lors d’une manifestation (photo), le corps enseignant et agents n’en peuvent plus de l’insécurité. Ce mardi, le syndicat CGT Éduc’action Mayotte pousse un nouveau cri général dans un communiqué envoyé à la presse locale titré « La politique du chaos ça suffit ! » pour que le quotidien « ne soit plus synonyme de danger ». Selon l’organisation, « les pouvoirs publics n’ont pas pris la mesure de la situation vécue à Mayotte depuis de nombreuses années ». Or, dorénavant, « l’insécurité est omniprésente », écrit-elle, avec cette liste : agressions en-dehors et en extérieur des établissements scolaires, caillassages, dégradation, destructions des biens, vols, menaces…
Pour ses membres, les causes de la violence « sont bien connues » : manque d’encadrement familial, de centres de formations pour les jeunes, d’écoles, de valeurs, d’aide à l’enfance, d’aide à la maternité, de prise en charge des mineurs isolés, de possibilités pour une poursuite d’études, de structures jeunesse et sport… Le syndicat réclame des services publics pour lutter contre les inégalités, la pauvreté et l’exclusion. Et il « exige » de l’état d’assurer la sécurité avec une intervention rapide et sérieuse, en respect des lois. « On ne veut pas que ça tourne à l’affrontement », souligne Bruno Dezile, représentant. Il informe que le bureau devrait se réunir samedi pour réfléchir aux modalités d’actions. « On va voir comment ça évolue avec les blocages. » Une chose est sûre : « Il y a vraiment un ras-le-bol généralisé. Je n’ai jamais vu un état d’esprit aussi dégradé dans les établissements scolaires », exprime-t-il, impressionné.
Une nouvelle tempête s’approche de La Réunion
Dans les Mascareignes, le transit de la future tempête baptisée « Candice » s’accompagne d’importantes dégradations des conditions météorologiques. Alors que La Réunion et son île sœur, l’île Maurice, se remettent doucement du cyclone Belal, une nouvelle zone suspecte est actuellement sous surveillance. D’après le site spécialisé cycloneoi, cette dépression tropicale évoluait mercredi 24 janvier sur l’île Maurice et devrait s’intensifier dans les prochains jours. Dès ce jeudi, l’Ouest, le Sud-Ouest et le Sud-Est de La Réunion seront directement exposés à des averses “parfois soutenues” et des cumuls de pluie qui pourraient être “significatifs”, rapporte cycloneoi. Des rafales de 80 à 100 km/h sont attendues. La vigilance “fortes pluies et orages” a été évaluée en rouge, ce mercredi 24 janvier à 8h (heure locale) pour le Sud et le Sud-Est de La Réunion. D’après Réunion la 1ère, les écoles, collèges et lycées seront fermés ce jour dans ces parties de l’île, tout comme l’antenne universitaire du Tampon.
Cyclone Belal : la préfecture de Mayotte justifie l’eau donnée à La Réunion
L’île de La Réunion a été touchée par le cyclone tropical Belal, la semaine dernière, affectant la qualité de l’eau dans le réseau d’eau potable ainsi que sur divers sites de baignade. A la sortie de l’alerte rouge, mardi 16 janvier, 305.000 personnes étaient privées d’eau sur l’île, soit 35% de la population. Face à cette situation, une collaboration entre la cellule interministérielle de crise (CIC), le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, et le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a permis de rediriger une cargaison initialement destinée à Mayotte au profit des Réunionnais.
Selon la préfecture de Mayotte, cette redirection des stocks était justifiée, puisque « treize millions de litres sont actuellement disponibles sur le territoire pour les distributions en cours et à venir, et plus de sept millions de litres sont en cours d’acheminement en plusieurs livraisons maritimes d’ici fin février ». « La solidarité nationale a donc joué pleinement en faveur de Mayotte dans le cadre de la crise en cours, dont le pic est derrière nous », ajoute le préfet, alors que dix millions de litres seront stockés à Mayotte « dès le mois de mars ».
Au total, un 1,1 million de bouteilles serviront à répondre aux besoins urgents suite aux dégâts du cyclone à La Réunion. Une grande partie, 700.000, sera allouée à des distributions dans les écoles et les centres communaux d’action sociale (CCAS), pour bénéficier aux individus les plus vulnérables. Le préfet réserve par ailleurs 400.000 autres bouteilles en prévision de situations éventuelles.
Suspecté de trafic de stupéfiants, un équipage met le feu à son voilier
Un voilier traditionnel naviguant entre l’Asie et l’Afrique de l’Est a été intercepté par les forces armées en mer, le 11 janvier, dans la zone économique exclusive (ZEE) de Mayotte. Selon la préfecture de la Réunion, qui conduisait l’opération, l’équipage était soupçonné de participer à un trafic de stupéfiants. Des moyens nautiques de la gendarmerie maritime, un avion léger basé à Mayotte et les patrouilleurs des affaires maritimes ont été mobilisés pour interpeller les suspects. Avant cela, à la vue des vedettes de gendarmerie maritime, l’équipage du boutre – nom donné à ce type de voilier – a « déclenché à son bord un incendie qui s’est rapidement propagé, avant de sauter à l’eau », rapporte la préfecture de la Réunion. A la demande du parquet, huit hommes ont été placés en garde à vue le soir des faits. L’enquête est confiée à la gendarmerie de Mayotte et au commandement de la gendarmerie de Mayotte.
Une journée de sensibilisation aux cancers à Musicale plage
Cancer du sein, du col de l’utérus et de la peau, le centre régional de coordination des dépistages des cancers de Mayotte (CRCDC Mayotte) coorganise une journée d’information, de sensibilisation et de dépistage le 3 février, la veille de la journée mondiale contre le cancer.
Plusieurs professionnels de santé interviendront pour en discuter : dermatologue, médecin et sage-femme. Un camion permettra de réaliser un dépistage sur place avec frottis et de palpations. Ces moments d’information seront entre-coupés d’activités ludiques telles que des tournois de beach–foot, de chasse aux trésors ou encore de tir à la corde.
Toute la population est invitée à venir, de 9 heures à 15 heures, à Musicale plage, dans la commune de Bandrélé.
Comores : La cour suprême valide la réélection d’Azali Assoumani
Tous les recours déposés par les candidats de l’opposition ont été jugés irrecevables par la section électorale de la cour suprême. Seule la requête de la mouvance présidentielle a obtenu gain de cause puisque le taux de participation a augmenté pour s’établir à 56.44%.
Confirmé. Azali Assoumani, 65 ans, rempile pour un troisième mandat consécutif à la tête de l’Union des Comores. Sans surprise, la section électorale de la cour suprême comorienne a validé, mercredi, vers 15h, les résultats proclamés le 16 janvier par la commission électorale nationale indépendante (Ceni). En revanche, la haute cour a revu à la baisse le score accordé la semaine dernière au sortant qui affrontait cinq adversaires. Selon les chiffres proclamés par la cour suprême, Azali Assoumani obtient 95.541 des voix, soit 57,2%. Les résultats provisoires lui avaient donné 62,97%. Mais peu importe, en dépit de ces changements, l’ex-putschiste évite un second tour, comme en 2019, une élection qualifiée à l’époque de hold-up par ses opposants. Le candidat du parti Juwa et du mouvement Nalawe (qu’il dégage), le docteur Salim Issa a gardé la deuxième position. Le porte-étendard de la formation politique de l’ex-président, Ahmed Abdallah Sambi se retrouve avec 11,7%. Il est suivi par l’ancien ministre de l’Intérieur, Abdallah Mohamed « Kiki » Daoud (10,23%). Notons que l’ex-premier flic du pays avait déposé une requête auprès de la cour suprême pour réclamer l’annulation du scrutin à cause des cas de fraudes et de bourrages d’urnes constatés dans de nombreux bureaux selon lui.
Hier, lors de la délibération, la cour suprême a déclaré sa requête ainsi que celle du candidat du Juwa « irrecevables ». Les magistrats considèrent que les deux leaders n’étaient pas habilités à contester l’élection du gouverneur, à en croire leurs propres termes. La seule requête jugée avec une réponse favorable est celle de l’alliance pour la mouvance présidentielle. La coalition du parti au pouvoir avait demandé un redressement du taux de participation de 16,30% lequel ne reflétait pas de la réalité selon eux. Samedi, quelques heures après le dépôt de ce recours, la Ceni avait publié un communiqué pour assurer que ce chiffre était correct. Mais la cour a finalement rectifié le taux qui s’établit pour la présidentielle à 56.44%. Dans son verdict, la haute cour a également révélé que six bureaux de voté sur l’île de Mohéli ont été annulés, contre 18 à Anjouan. En Grande Comore, les votes de deux bureaux n’ont pas été considérés en raison de l’absence de procès-verbaux de dépouillement mais pas seulement. Pour les bureaux manquants, on en compte 16 à Anjouan et six à la Grande Comore.
Trois gouverneurs élus
S’agissant des élections des gouverneurs, tous les recours des candidats de l’opposition ont été rejetés faute de preuves selon l’argument de la cour suprême qui a donc déclaré la victoire dès le premier tour des trois candidats de la mouvance présidentielle. Quelques heures avant la proclamation des résultats, les cinq adversaires d’Azali Assoumani avaient prévenu qu’ils ne reconnaitraient pas la victoire de l’ex-putschiste qui va pouvoir rester au pouvoir durant les cinq prochaines années. Présent à la cour ce mardi, le ministre comorien de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud, a reconnu que le processus électoral a été assez long et tumultueux. Au lendemain de la publication des résultats provisoires, des émeutes ont éclaté faisant un mort, un jeune de 21 ans et plusieurs blessés. Preuve que les tensions sont palpables, malgré l’accalmie retrouvée depuis vendredi, Moroni avait été quadrillée ce mercredi par les militaires. Certaines écoles avaient annulé les cours de l’après-midi et des banques ont par précaution fermé à 13h. « Je pense qu’un homme averti en vaut deux. Les dispositions ont été prises », a répondu le ministre en charge des élections lorsqu’un journaliste lui a demandé s’ils craignaient des violences après cette confirmation de la réélection d’Azali. La vague de contestations qui avait plongé la capitale dans la paralysie ces derniers jours continue à susciter des réactions de nombreuses chancelleries occidentales.
Après les États-Unis, l’Union Européenne et la France, le gouvernement britannique à travers son ambassade de Madagascar a lui aussi demandé ce 23 janvier le respect du droit de manifester. Arrivé au pouvoir en 1999 par un coup d’état, Azali Assoumani est revenu à la tête du pays en 2016. Deux ans plus tard, il a modifié la constitution pour briguer un second mandat auquel il n’avait pas droit.
Maintenant qu’il est réélu pour la troisième fois consécutif, va-t-il respecter la constitution ? On le saura d’ici dans moins de cinq ans.
« Le badminton est un sport assez confidentiel ici »
De lundi à mercredi, la Ligue mahoraise de badminton a proposé à plusieurs professeurs de suivre une formation dans le but qu’ils enseignent ensuite cette discipline à leurs élèves. Un premier pas pour populariser ce sport encore en marge à Mayotte.
Proposer autre chose que du foot ou du basket aux scolaires, c’est l’objectif de la formation qui s’est tenue pendant trois jours dans le gymnase attenant au collège Bouéni M’Titi, dans la commune de Dzaoudzi-Labattoir. Ce mercredi, dernier jour d’entraînement pour la douzaine de professeurs d’Education Physique et Sportive (EPS) ou des Ecoles sont venus découvrir le badminton. « Nous avions vingt personnes inscrites, soit le nombre maximum de places. Mais avec les barrages, tous n’ont pas pu venir », commente le président de la Ligue mahoraise de badminton, Matthieu Gouzou, créée il y a un an.
Il s’agit de la première formation proposée par la ligue. À son issue, les participants obtiennent un certificat reconnu internationalement et qui appuie leur qualité d’instructeur dans ce sport de raquette. Elle est prise en charge par la Ligue et ouverte à tous, en témoigne le fait que la plupart des apprentis présents ce mercredi débutent dans cette discipline. « Le badminton est un sport assez confidentiel ici. Peu de Mahorais le pratiquent. Le but de cette formation est de développer cette activité sur l’île », explique le président de la ligue, lui-même professeur d’EPS au collège de Kwalé, à Tsoundzou 1.
Trois jours intenses et sources de courbatures
Pour accomplir cette mission, un instructeur agréé est venu spécialement de La Réunion. Il s’agit de Didier Nourry, également coordinateur technique régional pour la Ligue nouvelle du badminton réunionnais. « Je suis relativement surpris par le niveau des participants. Il y a du progrès », constate celui qui souhaite démocratiser le badminton. Il se réjouit également de voir que cette formation, suivie sur le principe du volontariat, ait attiré autant de monde.
Loin de simplement s’échanger le volant par-dessus les filets, les badistes (joueurs de badminton) suivent des exercices spécifiques, qu’ils pourront ensuite reproduire avec leurs différentes classes. « Double indien » pour apprendre à limiter son nombre de fautes, travailler ses services avec un adversaire qui doit récupérer le volant dans une corbeille… Ce sont trois jours intenses et sources de courbatures qu’ont passé les professeurs.
« On a moins l’habitude des sports de raquette à Mayotte »
« Je ne fais pas encore de badminton avec mes élèves, mais je suis venu ici avec l’objectif de mettre cela en place, et aussi par plaisir », explique Ulysse, professeur d’EPS au collège de Majicavo, dans la commune de Koungou, pour justifier sa présence.
« On propose du badminton à nos élèves depuis l’ouverture du gymnase dans notre établissement il y a un an », commencent Robin et Benjamin, tous les deux professeurs d’EPS au collège de M’Gombani, à Mamoudzou. « On a moins l’habitude des sports de raquette à Mayotte, alors on voulait en proposer », poursuit Benjamin. « Avec cette formation, on a du contenu concret, des ressources vidéo qu’on pourra utiliser avec nos élèves », conclut Robin, qui est content d’avoir plus d’éléments pour mieux structurer ses cours.
« On fait avec les moyens qu’on a dans nos établissements. D’habitude je propose de l’athlétisme, du football ou du basket à mes élèves. J’aimerais leur proposer autre chose avec le badminton et nous sommes en train de voir avec le Ligue comment on pourrait avoir du matériel », nous confie Soraya, professeur des écoles à Pamandzi. Tout comme les volants dans le gymnase de Labattoir ce jour-là, tous espèrent que le badminton pourra décoller à Mayotte.
Atomix fait son retour ce samedi avec Moyatomix
Le nouveau représentant du sound system Atomix, Léon Medaric, détaille le programme de la soirée baptisée Moyatomix. Elle sera donnée, samedi 27 janvier, en l’honneur de son ancien président.
« Ça fait trois mois que les gens attendent ça », s’enthousiasme Léon Medaric, plus connu sous le nom de « Léo ». En tant que nouveau président de l’association Atomix depuis samedi, ce membre actif du sound system depuis onze ans donne les détails de la prochaine soirée prévue ce samedi 27 janvier, en l’honneur de son prédécesseur Jean-Philippe Moya. D’où le nom donné à l’événement : Moyatomix. « Pour sa dernière soirée, on lui a demandé où il voulait qu’on la fasse. Il a répondu Kani-Kéli. » Direction donc la pépinière, au lieu-dit Djalimou, face au Mont Choungui, où une soirée Atomix a déjà eu lieu.
Au programme, dès 18 heures, une série de concerts. À commencer par le groupe de de musique Motorbredes en clin d’œil au groupe de métal Motörhead pour ses reprises. Les festivités continuent avec un concert de rap/hip-hop : Hadj MC sur de l’instrumentale en shimaoré et Kliché avec des textes en français. Place ensuite à Kim, un enseignant d’origine anglo-saxonne qui a grandi en France, pour de l’acid house sur un octopad. « Il fait ses boucles en direct live grâce à une espèce de grand contrôleur sur lequel il tape avec des baguettes et dans lequel des rythmiques sont déjà enregistrées », explique Léon Medaric. Il sera accompagné de Félicien, un chanteur malgache de Diego.
Puis, ce sera au tour des DJ de faire leur show, dont deux nouveaux arrivants, Bernie et Toum, qui viennent de Nouvelle Calédonie allier musiques techno, tech house et psytrance. Klemo, Grit, Antil, JP, Neom 42 complètent l’équipe.
Doujah Sound associé à l’événement
« Une des marques de fabrique de notre association c’est qu’on met le paquet sur le visuel », poursuit ce passionné. Il y aura donc du mapping, technique de projection pour créer des effets visuels, grâce à « énormément d’écrans » et l’intervention d’une équipe de décoration.
En parallèle, le second sound system de l’île, Doujah Sound, jouera sur une autre scène dans un style reggae. Une collaboration sur un même événement déjà réalisée en septembre dernier. « On souhaite offrir de la diversité et satisfaire des gens qui n’écoutent pas forcément de l’électro », informe celui qui est aussi DJ. Musique électro qui ira, elle, de la house à de la psytrance par exemple.
« Dieu merci il devrait faire beau », lance le nouveau président. Il se rendra mercredi sur les lieux pour aménager les espaces de parkings et tendre des grandes bâches de 500 mètres carrés au cas où la pluie s’inviterait tout de même pour compléter le hangar. Une zone pour camper est également prévue.
Samedi 27 janvier, dès 18 heures, soirée Atomix à la pépinière au lieu-dit Djalimou, à Kani Kéli. Tarifs : 18 euros en prévente (lien sur la page Facebook : Atomix Sound System | Facebook) et 25 euros sur place. Restauration sur place et carte bancaire acceptée.
« Si le juge prononçait moins de peines fermes, on n’aurait pas ce taux d’occupation à la maison d’arrêt »

Yann Le Bris, procureur de la République, fait le point sur l’actualité du Parquet en 2023. S’il met en avant de meilleurs résultats et une stratégie de « réponse pénale rapide », il ne minimise pas la hausse du nombre de faits qui mine toujours le territoire.
Flash Infos : Comment a évolué l’activité du Parquet en 2023 ?
Yann Le Bris : Il y a une évolution globale de la délinquance, en tout cas des faits constatés entre 2022 et 2023, qui est encore en augmentation cette année. Aujourd’hui, on compte à peu près 14.600 faits sur 2023, quand on était à environ 12.000 en 2022. Depuis 2018, on a une augmentation annuelle et régulière qui s’explique par une augmentation de certains faits de délinquance, à rapporter aussi avec l’évolution de la population qui croît et une augmentation de personnes qui vont déposer plainte. On a aussi des circuits plus efficaces de signalements. Ils sont mis en place avec le rectorat, avec le centre hospitalier de Mayotte (CHM), les associations. Et puis, il y a aujourd’hui un accès à la police et la gendarmerie moins complexé qu’il n’a pu l’être par le passé. L’accueil, même si parfois il est perfectible, s’améliore et permet aux gens d’aller plus facilement déposer plainte.
F.I. : Y a-t-il une différence entre les zones police (Mamoudzou) et gendarmerie ?
Y.LB. : La répartition des faits entre gendarmerie et police reste stable d’une année sur l’autre. On est environ à 60% des faits en zone gendarmerie et 40% pour la police. La part des mineurs impliqués est stable aussi avec 28% à 29% en moyenne.
F.I. : Ça paraît toujours élevé par rapport à d’autres territoires (la part des mineurs impliqués était de 18% à l’échelle nationale en 2019 par exemple).
Y.LB. : Oui, mais quand on sait que la moitié de la population ici a moins de 17 ans… La comparaison avec d’autres territoires n’a de sens que s’ils ont une part de mineurs aussi importante. Ici, on a une population de jeunes hors normes. Même si ça peut paraître beaucoup, si on rapporte cela à la part des mineurs dans la population, ça redevient logique.
F.I. : Pour en revenir au bilan 2023.
Y.LB. : Le nombre de gardes à vue a augmenté de manière sensible puisqu’il a s’est élevé de près de 26%. On est passé de 3.375 gardes à vue en 2022 à 4.580 en 2023. En 2019, on était à 1.893 gardes à vue. En l’espace de trois ans et demi, on parle d’une augmentation de 242%. Ces évolutions traduisent plusieurs choses. D’abord, il y a une évolution défavorable de la délinquance, donc plus de réponses de la part des forces de l’ordre. Mais il y a aussi une amélioration du taux de résolution des affaires. C’était près de 80% en zone police en 2023 et elle augmente en zone gendarmerie, à plus de 40% en 2023. L’augmentation du taux d’élucidation avec l’augmentation des contentieux conduit à une augmentation mécanique du nombre de personnes placées en garde à vue. A cela s’ajoute la politique offensive du Parquet, axée sur le déferrement. Cela permet d’avoir une réponse pénale rapide.
F.I. : On voit de plus en plus d’audiences en comparution immédiate.
Y.LB. : Le Parquet a été saisi, cette année, de plus de 15.500 procédures. En 2022, c’était 11.000. Ça donne une idée de l’augmentation de l’activité. On a une augmentation très importante du nombre d’affaires poursuivables (N.D.L.R. où l’auteur est identifié) avec 6.561 cas en 2023. Le taux de réponse pénale est de 95,5%. C’est-à-dire que si vous avez commis une infraction et que vous êtes identifié, vous avez 95,5% de chances de faire l’objet de poursuites devant le tribunal.
Concernant les réponses rapides, le nombre de personnes jugées en comparution immédiate (N.D.L.R. soit dès la sortie de la garde à vue) est passé à 361 en 2023, contre 150 en 2022. De la même manière, les comparutions sur reconnaissance de culpabilité (CRPC) ont augmenté de 30% avec 1.063 personnes jugées. Ceux qui aujourd’hui laissent penser que la justice n’apporte pas de réponse pénale rapide et efficace, ces chiffres témoignent totalement du contraire. On a des interpellations massives par les services de police et de gendarmerie, des réponses pénales de plus en plus rapides et de plus en plus fermes.
F.I. : Pour les troubles à l’ordre public justement, il y a une forte attente des riverains pour que les interpellations aient lieu le soir-même, davantage que le lendemain.
Y.LB. : Effectivement, il faut parfois un temps pour l’identification. Et l’objectif n’est pas qu’à l’occasion de l’interpellation on désorganise le dispositif des forces de l’ordre qui a vocation à limiter le trouble à l’ordre public et y mettre fin. Il est préférable de mettre d’abord un terme aux troubles à l’ordre public, éviter que cela dégénère ou conduise à des faits encore plus graves. Dans un deuxième temps, le plus bref possible, on interpelle les fauteurs de trouble en ne mettant pas en danger les services et la population.
F.I. : Quelle est la proportion de condamnations à de la prison ferme ?
Y.LB. : Le total des poursuites engagées a augmenté de 85,2% et ça, ce n’est que pour le tribunal. Les peines dites alternatives (amendes ou travail d’intérêt général) ont aussi augmenté avec 2.500 en 2023 contre 1.250 l’année précédente. Les chiffres sont encore à consolider, mais sur les onze premiers mois de l’année, le nombre de condamnations a aussi augmenté de 27%, il y en a eu 2.124, tandis que le nombre de peines d’emprisonnement ferme a augmenté de 80%. Il y en avait 561 sur les onze premiers mois de 2022, 992 sur la même période en 2023. Leur taux est passé de 33% en 2022 à 47% en 2023. C’est-à-dire qu’une fois sur deux, une peine ferme est prononcée au tribunal. Ce qui peut interroger aussi, c’est le taux d’exécution. En 2022, seuls 37% des emprisonnements fermes donnaient lieu à un mandat de dépôt (N.D.L.R. le condamné est conduit directement à la prison de Majicavo-Koropa). En 2023, 60% des peines de prison ferme ont fait l’objet d’un mandat de dépôt. Cela se traduit par un taux d’occupation de la maison d’arrêt qui augmente chaque année de manière exponentielle. Là encore, j’entends des doutes sur la sévérité ou le soi-disant laxisme, mais il y a des chiffres qui parlent par eux-mêmes.
F.I. : Justement, il y a souvent cette question par rapport à la densité carcérale. Est-ce que les peines sont décidées en conséquence ?
Y.LB. : Vous avez la réponse. Le taux d’occupation était de 120% en janvier 2021, 198% en janvier 2023 et 247% en janvier 2024. Est-ce que le juge aujourd’hui prononce moins de peines fermes en raison du taux d’occupation important ? Si c’était le cas, on n’aurait pas ce taux d’occupation à la maison d’arrêt. Aujourd’hui, on voit que la préoccupation du juge est de prononcer en impartialité des peines qui lui semblent justes par rapport à la gravité des faits qui sont commis. Il y a eu 607 placements sous écrous en 2023, contre 241 en 2022. On a des chiffres qui seront jugés insatisfaisants par beaucoup, mais qui témoignent d’une activité judiciaire extrêmement forte.
F.I. : Mayotte a beaucoup fait parler d’elle pour l’opération Wuambushu dont l’un des objectifs était la lutte contre la délinquance. Comment cela s’est traduit sur le plan judiciaire ?
Y.LB. : Ce que je dis et que je répète, c’est que l’opération s’inscrit dans une dynamique de lutte contre la délinquance qui était engagée avant l’opération, a eu lieu pendant et s’est poursuivie après. Les services de gendarmerie et de police ont eu cet engagement fort toute l’année. J’ai tendance à penser que les moyens supplémentaires affectés sur la période (N.D.L.R. avril à juillet) ont facilité le travail de la police et de la gendarmerie. Mais la dynamique engagée est permanente.
F.I. : Avez-vous aussi ressenti les effets positifs de l’arrivée brigades de magistrats sur l’île ?
Y.LB. : Oui, clairement. Si on a pu traiter autant d’affaires transmises au Parquet avec un taux de réponse de 95%, c’est parce que les deux effectifs supplémentaires au Parquet nous ont permis de traiter les procédures. Ça nous a permis d’absorber les quinze audiences supplémentaires liées aux fraudes Covid par exemple.
F.I. : C’est d’ailleurs terminé de ce côté-là ?
Y.LB. : On a apuré le stock des 300 dossiers transmis par la direction générale des Finances publiques. Si d’autres nous sont transmis, ils seront traités.
F.I. : Concernant les homicides, il y en a qui ont marqué la population. Je pense à la jeune femme de Doujani ou le père de famille de Majicavo-Koropa. En termes de résultats, est-ce qu’il y a eu des interpellations ?
Y.LB. : Le nombre d’homicides est de douze sur l’année, soit le même qu’en 2022. Le taux de résolution des homicides est très important. On est sur globalement des taux qui dépassent 80% que ce soit en zone police ou gendarmerie. La spécificité du ressort, c’est que soit on interpelle très vite, dans les 24 ou 48 heures, soit on peut prendre beaucoup plus de temps à interpeller. Finalement, au total, sur six mois, la plupart des auteurs sont interpellés. Et toutes les enquêtes avec des homicides sont toujours en cours. Aucune n’est close.
F.I. : Concernant la lutte contre les filières d’immigration clandestine et les marchands de sommeil que vous avez intensifié en 2023, est-ce que vous avez justement des chiffres par rapport à ces deux volets ?
Y.LB. : On a eu la chance de bénéficier d’informations de la part des collectivités locales qui ont identifié un certain nombre de sites de marchands de sommeil. Nous avons également reçu de la part d’un certain nombre de collectifs, des listes et des informations précises de personnes qui se livraient à ce type d’activité illicite. La gendarmerie a mis en place une structure dédiée à ce type de fraudes, avec un partenariat avec l’Agence régionale de Santé (ARS), pour attaquer le problème sous l’angle de la lutte contre les filières d’immigration clandestine, mais également l’angle de l’habitat insalubre. Au cours de l’année 2023, on a eu un certain nombre de ces procédures qui se sont traduites par des CRPC, des peines de prison ferme contre les propriétaires de ces biens et des amendes importantes. Un certain nombre de dossiers sont aujourd’hui en traitement et sont notamment confiés au GIR (groupe interministériel de recherches), une nouvelle structure. Ce qui est intéressant c’est qu’on peut se pencher sur le patrimoine des propriétaires. On peut donc avoir des confiscations sur les comptes, mais aussi des biens immobiliers sur lesquels sont construits ces habitants.
F.I. : Mais vous avez pu en faire ? Ca semble toujours compliqué.
Y.LB. : Ce n’est pas parce que ce n’est pas facile qu’on ne le fait pas. Et justement, si les affaires prennent un peu de temps, c’est qu’il faut qu’on sécurise les procédures pour pouvoir au final récupérer les terrains et les immeubles.
F.I. : Il y a un autre type de faits dont vous parlez souvent, ce sont les violences intrafamiliales qui reviennent plus souvent à vos oreilles.
Y.LB. : Là encore, ce sont des choses qui se construisent progressivement, grâce à des partenariats avec des associations. Il y a une augmentation progressive des signalements, des enquêtes et des dépôts de plainte par les femmes-victimes. Je dis femmes-victimes parce que dans 99% des cas, ce sont des femmes. Le nombre de plaintes a augmenté de 250% cette année, avec une absence de stocks. Ces faits donnent lieu à une prise en charge immédiate, à un examen par l’unité médico-judiciaire, un placement en garde à vue du mis en cause et une réponse pénale immédiate. Le taux de résolution explose également.
F.I. : Pour finir, on a vu plusieurs affaires liées à la délinquance financières finir au tribunal, l’an dernier.
Y.LB. : La lutte contre la délinquance financière se poursuit. Police et gendarmerie traitent désormais des domaines contentieux qui jusqu’à présent étaient peu investis. On l’a vu avec les fraudes Covid, il y a 300 personnes condamnées à rembourser des sommes indûment perçues, soit 97% des personnes poursuivies. Parmi celles-ci, il y en a 15% qui de manière immédiate ont reconnu des infractions et ont accepté de régler les sommes indues et de payer des amendes de quelques milliers d’euros. Et je ne vous parle pas de ceux qui, en voyant cela, sont directement aller voir le Trésor public pour rembourser des sommes et éviter les poursuites. On a également augmenté l’ouverture de procédures collectives, avec une cinquantaine, cette année. On a dans le collimateur des sociétés, par exemple, qui ne payent pas leurs charges sociales. Cela peut aller jusqu’au redressement judiciaire.
Et bien évidemment, je continue à saisir la section de recherches et le commissariat de police de toutes sortes de signalements qui viennent de citoyens ou de fonctionnaires d’administration et qui portent sur des détournements de fonds publics, des prises illégales d’intérêt, de la concussion ou des délits de favoritisme. Plusieurs élus ont été poursuivis et condamnés en 2023, il en sera de même en 2024. Aujourd’hui, j’ai une cinquantaine d’enquêtes en cours sur des atteintes à la probité.
Camp de migrants : « les premières démolitions dès ce jeudi » selon Gabriel Attal

Lors des questions au gouvernement, au Sénat, ce mercredi après-midi, Saïd Omar Oili a interpellé le Premier ministre sur les tensions actuelles à Mayotte, disant vouloir « tirer la sonnette d’alarme ». Le sénateur mahorais a rappelé qu’en plus des crises de l’eau, de l’insécurité et de l’immigration, « un nouveau flux s’est ajouté » venu d’Afrique continentale, ces dernières années. « Mayotte est au bord au chaos si des initiatives fortes ne sont pas prises », alerte-il.
Gabriel Attal lui a répondu : « Je vous le dis de manière claire et extrêmement déterminée, avec notre gouvernement, nous sommes déterminés à continuer à agir pour Mayotte ». Citant l’immigration, il a rappelé que « le premier objectif est de prévenir les arrivées irrégulières en luttant contre les filières », citant « les six filières démantelées » en 2023. Il reconnait les difficultés administratives liées à la présence de migrants au stade de Cavani. « Expulser les déboutés du droit d’asile dans les meilleurs délais, nous savons que l’enjeu est là. Concernant le stade, l’État est déterminé à l’évacuer. Les premières démolitions auront lieu dès demain. »
Prônant un démantèlement qui « doit permettre un retour à un fonctionnement normal », il prévient par ailleurs que « les violences contre les migrants ne sont pas acceptables. Deux auteurs ont été arrêtés, ils seront jugés ». Il affirme qu’il sera « prochainement » à Mayotte.