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Barrages : « Les Mahorais ont été méprisés », le blocus reprend de plus belle

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Un dispositif important de gendarmes a été déployé à Koungou pour lutter contre les entraves à la circulation, ce lundi.
Un dispositif important de gendarmes a été déployé à Koungou pour lutter contre les entraves à la circulation, ce lundi.

La première journée de la semaine aura été marquée par un retour en force des barrages et barricades sur l’île. Pour les collectifs, rejoints par la députée Estelle Youssouffa, la riposte de l’État est déroutante. Profitant de la situation, des bandes montent également des barrages comme à Koungou.

Ni une, ni deux. Sur les routes de Mayotte, des barrages ont de nouveau été érigés ce lundi par des collectifs disparates, mais désormais soudés par un dénominateur commun : le déploiement de forces de l’ordre le week-end dernier est perçu comme un camouflet à un mouvement « pacifique », selon Safina Soula, présidente du collectif des citoyens de Mayotte. Si ce dernier ne s’est pas rallié directement à ce qu’il qualifie comme « un mouvement populaire », il soutient et appuie les actions des barragistes. « J’aurais aimé que les ministres reconnaissent qu’il y a un territoire français où des mouvements de barrage ont commencé », soupire la militante. « Communiquer pour dire que ces barrages vont être dégagés, c’est quand même fort. Il fallait déclencher des négociations et rencontrer les forces vives, ça n’a pas été fait. Il n’y a pas eu de contact et d’échange. C’est un mépris. Les Mahorais ont été méprisés. »

De son côté, en marge du comité de suivi de la ressource en eau, le préfet de Mayotte a de nouveau justifié sa décision de lever les barrages. « Après avoir été bienveillant et tolérant avec les barrages mis en place par les collectifs au sujet du camp de Cavani, aussi bienveillant qu’on l’est en métropole avec les barrages d’agriculteurs, que j’ai décidé en fin de semaine qu’il fallait qu’on redonne du dynamisme à la vie économique et à la vie sociale. On ne pouvait pas rester bloqués et retomber dans une deuxième crise après celle de l’eau », assure Thierry Suquet, qui se dit « très soutenu par les majorités silencieuses, les acteurs économiques et l’ensemble de la population ». Il rappelle que le démantèlement est en cours, que des migrants sont soit renvoyés dans leurs pays soit vont en métropole quand ils ont obtenu le statut de réfugiés (quarante ont décollé ce lundi soir de l’aéroport international Marcel-Henry). Il en appelle « au bon sens des Mahorais pour que la vie économique reprenne ».

Scènes de chaos

En outre, la délinquance commence à faire de l’ombre aux velléités premières des collectifs mobilisés. Sur le terrain, l’ambiance était à la confrontation, particulièrement dans la commune de Koungou, ce lundi 29 janvier. La gendarmerie, en difficulté face à la stratégie employée par des délinquants qui « surfent » sur l’initiative des collectifs, a dû maintenir un dispositif conséquent pour assurer la circulation – par intermittences – sur la route nationale 1. Les automobilistes n’ont pas tous eu la chance de circuler, voire de s’extirper de ce qui s’apparentait parfois à des guet-apens.

Pour triste exemple, un homme, métropolitain, a été roué de coups au niveau de la pointe Koungou alors qu’il s’approchait d’une barricade tenue par des délinquants. Sa prise en charge a été considérablement retardée car les pompiers appelés en urgence ont été bloqués à l’entrée de Majicavo. C’est finalement la police nationale qui a pu emmener le blessé aux urgences du centre hospitalier de Mayotte (CHM). L’homme souffrirait d’une « plaie à la tête de 12 cm de large et 1,5 cm de profondeur jusqu’à l’os », d’après un témoignage de sa voisine.

Des jeunes de Koungou sont montés sur un camion afin de déambuler dans la commune, lundi matin
Des jeunes de Koungou sont montés sur un camion afin de déambuler dans la commune, lundi matin

« On va forcément avoir un traitement particulier de ces jeunes sur Majicavo », nous déclarait dans la soirée de lundi le général Lucien Barth, commandant de la gendarmerie de Mayotte. Car d’autres dérapages dignes de films d’action mal scénarisés ont eu lieu dans le secteur. Estelle Youssouffa, députée de Mayotte, décrivait ainsi un étonnant convoi aperçu lundi dans les rues de Koungou. Un camion appartenant à une entreprise de la place a été détourné de son usage par une quarantaine de jeunes qui se sont entassés sur la remorque, quand d’autres paradaient tout simplement sur le toit de la cabine, ou accrochés à bout de bras sur ses essieux… « Je demande le départ du pompier-pyromane qui se gargarise de « liberté de circuler » et envoie les blindés sur la population pacifique demandant la sécurité mais n’a pas ce « courage » face aux criminels et délinquants », peste la parlementaire sur X (Twitter).

« On est harcelé par des jeunes »

Bandraboua, Tsararano, Miréréni, Chirongui et Sada n’ont également pas été épargnées par des barrages, où le jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre était en vigueur. « On intervient pour faire cesser les troubles à l’ordre public, mais on est harcelé par des jeunes », constatait à la mi-journée un officier de la gendarmerie. « C’est un mouvement qui est devenu populaire, la population s’organise pour tenir tête à l’État », maintient, de son côté, Safina Soula.

Et d’ajouter, non sans ironie : « Pourquoi est-ce que les gendarmes mobiles n’interviennent pas pour sécuriser lorsqu’on veut se rendre dans nos champs et dans nos plages, mais sont mobilisés en moins de 24h sur les barrages ? ».

 

« La peur doit changer de camp »

« Les solutions attendues par la population ne concernent pas uniquement l’évacuation du camp illégal de Cavani ! », dénonce un groupe de citoyens des quatre communes du sud réunis dans le Comité citoyens sud prévention et sensibilisation. Dans un communiqué envoyé ce lundi, il critique « les raccourcis » sur les problématiques de Mayotte et « l’inaction » de Thierry Suquet, préfet de Mayotte. Selon ce collectif, la persistance des arrivées « massives » de migrants sur l’île, la multiplication des attaques contre les élus, véhicules du centre hospitalier de Mayotte, bus scolaires, le constat « mitigé » de l’opération Wuambushu et « manque de solutions durables » démontrent son « incapacité » à lutter contre l’immigration clandestine.
Avec l’intimation de lever les barrages, « sans une réelle prise en compte des besoins des Mahorais », le préfet aurait « mis de l’huile sur le feu », au détriment du « dialogue attendu par chacune des parties ». Le Comité réclame notamment un renforcement des effectifs en mer et sur terre pour lutter

 

« La mobilité des soignants est gravement entravée »

« Il est crucial de permettre au personnel hospitalier d’atteindre son lieu de travail et d’assurer ses missions », exhorte Jean-Mathieu Dufour, directeur général du centre hospitalier de Mayotte (CHM) dans un communiqué ce lundi. Les barrages érigés «entravent» l’intervention du Samu-Smur et des pompiers et donc, l’accès aux patients « nécessitants des soins urgents », appuie-t-il, avec un chiffre : le CHM fonctionne actuellement avec moins de 50 % de son personnel hospitalier. Car s’il y a les véhicules empêchés, il y a aussi les soignants qui ne peuvent se rendre dans leur lieu de travail. Le directeur informe d’ailleurs qu’une partie du personnel n’hésite pas à rester plusieurs jours sur site, sans rejoindre leur domicile.

Près des collèges mahorais, une violence devenue quotidienne

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Plusieurs collèges connaissent des problèmes d’insécurité aux abords, avec parfois des tentatives d’intrusion, comme le mercredi 24 janvier à Koungou.
Plusieurs collèges connaissent des problèmes d’insécurité aux abords, avec parfois des tentatives d’intrusion, comme le mercredi 24 janvier à Koungou.

A Kwalé, Koungou, Doujani, Passamaïnty, les demandes de sécurisation des établissements scolaires du secondaire face aux violences se poursuivent. Le recteur, Jacques Mikulovic, devait s’entretenir, lundi après-midi avec des représentants et dans la soirée, avec les chefs d’établissement pour trouver des solutions à la poursuite pédagogique.

C’est un scénario auquel Mayotte semble être habituée. Lundi matin, le collège Frédéric-d’Achery, à mi-chemin entre le village de Trévani et Koungou, a dû prendre des mesures concernant l’insécurité. Mercredi 24 janvier, le personnel et les élèves avaient dû se confiner à cause de violences aux abords de l’établissement, ciblé par une tentative d’intrusion. Un élève avait été blessé légèrement par un jet de pierre au niveau du dos. Ce lundi 29 janvier, les rivalités entre des bandes des deux communes ont cette fois-ci conduit à l’évacuation d’environ 1.000 élèves vers 8 heures et la fermeture du collège, où une cellule de crise pour une aide psychologique a été mise en place, depuis le dernier événement, par le rectorat. Le recteur, Jacques Mikulovic, en route pour « soutenir le personnel », n’a pu aller jusqu’à destination, recevant un projectile sur la cuisse, « sans gravité », après les barrages de Koungou.

Depuis jeudi, plusieurs membres du personnel exercent leur droit de retrait. Ce lundi, « impossible de connaître leur nombre compte tenu des barrages », indique un membre de la vie scolaire. Selon ses informations, neuf enseignants sur 110 étaient présents ce lundi matin. Une commission de sécurité, réunion obligatoire à l’issue d’un droit de retrait, est programmée mardi. Les enseignants et le personnel réclament l’installation d’une gâchette électrique, une armature pour la porte à l’entrée de l’établissement et une présence renforcée de la gendarmerie. « On attend du concret. Ce matin il y avait deux quatre-quatre de la gendarmerie, et eux-mêmes n’étaient pas confiants. Le collège est dans une cuvette, on est sur la ligne de front. Le contexte ne permet pas aux élèves d’étudier dans des conditions normales », s’exprime notre source.

Grève illimitée au collège de Doujani

Au collège de Doujani, le personnel, en grève illimitée depuis ce matin, a dû mettre fin à son rassemblement. « Des gamins dehors ont commencé à lancer des projectiles. On sait qu’on est dans un quartier sensible, on a décidé de rentrer et faire rentrer les élèves qui étaient aussi dehors malgré l’absence de blocage », rapporte Yacouba Galledou, enseignant et secrétaire académique de l’intersyndicale SGEN-CGT Mayotte. Un nouveau rassemblement doit se tenir ce mardi matin, à 6 heures 30. Le 24 janvier, une réunion avait eu lieu entre le rectorat, l’administration du collège et le personnel. Ce dernier « a trouvé les réponses apportées insuffisantes », explique le secrétaire, qui pointe également un refus d’établir, à l’écrit, un relevé des conclusions.

L’équipe réclame la sécurisation de l’enceinte et du parking, des travaux pour éviter les coulées de boue à l’intérieur de l’établissement comme cela a été le cas lors des dernières fortes pluies, revoir l’installation électrique pour éviter les électrocutions et la titularisation d’assistants d’éducation, c’est-à-dire « de gens du quartier qui connaissent les jeunes et les parents, et permettent de calmer les tensions ».

Le collège de Passamaïnty fermé

Les personnels du collège Ouvoimoja de Passamaïnty informent quant à eux, dans une lettre adressée au préfet, qu’à partir de ce lundi, 9 heures 30, « plus aucun élève ne sera pris en charge en l’absence de réponses satisfaisantes ». Ils demandent une sécurisation effective autour des établissements scolaires et la protection des points sensibles pour tous les élèves et personnels. « Moins de la moitié de nos élèves vient en cours à cause des agressions quotidiennes de bus scolaires », indiquent-ils.

Tandis qu’au collège de Kwalé, par manque de personnels à cause des différents blocages sur l’île, les élèves sont contraints de quitter leurs classes en fin de matinée, avant de passer à la cantine, fermée ce lundi pour les mêmes raisons. Concernant les revendications exprimées lors de la dernière grève et manifestation du personnel et parents d’élèves, jeudi 18 janvier, un représentant syndical indique ne pas avoir eu de retour du rectorat.

La réponse du rectorat

« On est parfaitement conscients que ce n’est pas une situation normale, il faut une solution pérenne », déclare le recteur, Jacques Mikulovic, interrogé sur ces différentes problématiques. « On fera tout ce qui peut être fait », s’engage-t-il. Ce lundi après-midi, il devait recevoir quelques représentants syndicaux de la direction des établissements scolaires du groupe Blanchet (Snpden, Id-Fo et SGEN-CFDT) avec le préfet, Thierry Suquet. Dans la soirée, c’est une visio-conférence qui était prévue avec tous les chefs d’établissement afin de trouver des solutions à la poursuite pédagogique malgré le déficit de personnels causé par les barrages.

« Le service technique est mobilisé », répond-il concernant les travaux à effectuer au collège de Doujani. Pour la titularisation : « Si on peut le faire, on le fera. Il faut qu’on travaille sur l’attractivité dans un moment où l’image n’est pas très positive. On est toujours favorables à stabiliser notre pédagogique. » Pour ce qu’il s’agit des travaux de sécurisation de l’enceinte du collège de Kwalé, il répond : « Tout est planifié. Pour moi, tout est résolu. On fait le maximum pour être réactifs. » Le portail est en train d’être réparé et son remplacement est planifié. Une vidéo protection doit également être installée. Pour le collège de Koungou, « des travaux de sécurisation sont en cours. Une équipe de la Division des constructions scolaires est allée sur place ce lundi matin. » Un devis est en cours pour effectuer des réparations « à faire immédiatement », créer un sas en fermant le hub où arrivent les bus ou mettre en place une nouvelle clôture.

Barrages : « D’un coup je vois un jeune qui arrive, blessé »

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Un jeune homme aurait été blessé à la jambe par un tir émanant des forces de l’ordre.
Un jeune homme aurait été blessé à la jambe par un tir émanant des forces de l’ordre.

Différentes opérations de levée des barrages par les forces de l’ordre ont eu lieu ce week-end. L’une d’entre elles s’est tenue dimanche soir à M’ramadoudou, dans la commune de Chirongui. Elle aurait causé des blessures à deux jeunes hommes, d’après un habitant qui a été témoin de la scène.

Ce dimanche soir, deux habitants de M’ramadoudou auraient été blessés par les forces de l’ordre, d’après un riverain. Ce dernier nous raconte que vers 22h, des détonations de ce qui lui semblait être des grenades lacrymogènes ont commencé à résonner depuis Chirongui, où des barrages avaient été érigés plus tôt dans la soirée. « Aux alentours de 23h, les détonations étaient plus fréquentes et se rapprochaient, c’était au niveau du carrefour Ngwézi », se remémore l’habitant du village. Il poursuit en racontant que, dans ce dernier, des jeunes, et non des délinquants, avaient construit un barrage, ensuite en feu, au niveau de la BFC. « Ça tirait d’un peu partout. D’un coup je vois un jeune qui arrive, blessé au bras. Ce n’était pas beau à voir », indique-t-il. La victime lui raconte qu’elle a été blessée au niveau de l’école maternelle entre M’ramadoudou et Chirongui, par un projectile qu’elle n’a pas pu identifier et qu’elle n’a pas vu venir.

Un peu après cet échange avec le blessé, un escadron de gendarmerie serait arrivé et les jeunes auraient fui. Mais l’un d’eux, « sorti de nulle part », qui semblait « traverser pour rentrer chez lui », à environ 200 mètres des gendarmes, aurait reçu le même projectile sur la jambe. « Si les grenades lacrymogènes, ce sont celles qui font de la fumée, alors ce n’était pas ça », affirme le témoin. Celui qui nous raconte la scène a dégainé son téléphone depuis sa terrasse quelques instants après, pour filmer l’avancée des gendarmes dans le village. « Ils nous visaient avec des lasers », remarque-t-il. Dans la vidéo, on aperçoit brièvement ce qui semble être un point de lumière rouge. Puis, l’habitant affirme que des tirs de grenades lacrymogènes ont été effectués sans sembler être justifiés, les jeunes étant partis, avec notamment un tir en direction d’une habitation, comme laisse imager la vidéo qu’il a tournée. « Ça a carrément fait un trou dans la taule », constate-t-il, photo à l’appui. « Ils ont tiré une deuxième fois vers chez moi, parce qu’apparemment ils avaient vu qu’un monsieur avait jeté une pierre. Ça a tapé sur une voiture et ça a explosé à côté. Puis ils se sont arrêtés trente secondes et ont tiré à nouveau derrière, alors qu’il n’y avait pas de gamins. Je crois même que la plupart des gamins étaient partis vers l’avant », relate-t-il en détail.

Une « démonstration de force gratuite »

Ce chauffeur de bus dans la vie est choqué par le spectacle auquel il a assisté, qu’il n’hésite pas à qualifier de « démonstration de force gratuite » avant de continuer son argumentaire : « Ce n’est pas normal, parce que de mon côté, tous les jours, on est arrêté par les délinquants et on n’a jamais vu un tel escadron déployé. » D’après lui, cet épisode a déclenché l’embrasement du village dans la nuit. À son départ pour son travail vers 4h du matin, les vieux véhicules abandonnés sur la route avaient été brûlés. Vers 10h, ce lundi, les deux blessés devaient être évacués par hélicoptère.

De son côté, la gendarmerie a indiqué qu’elle ne pouvait pas s’exprimer sur le sujet, une enquête étant en cours et confiée à la section de recherche de Mamoudzou. « Concernant les deux personnes blessées, on essaye de définir au plan judiciaire les circonstances. […] S’il doit être confirmé qu’il s’agit de tirs de grenade de la part des gendarmes, et bien cela veut dire qu’ils étaient en face des gendarmes, et les gendarmes ne font pas usage des armes sans raisons. On a un texte réglementaire qui encadre l’usage des armes et l’emploi et le tir de grenade », nous confie-t-on néanmoins. Questionné sur le tir en direction de l’habitation qui ne semble pas avoir de motivation dans la vidéo que nous avons visionnée et qui a été diffusée sur les réseaux sociaux, on nous répond qu’il n’est pas possible pour la gendarmerie de réagir, cette vidéo n’ayant pas été vue et s’agissant d’un acte qui ne correspond pas à ce qui est fait habituellement.

Le parquet, lui, a confirmé qu’une enquête était en cours.

Comores : Inquiète, la famille de l’opposant Achmet Saïd réclame des signes de vie

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Arrêté par des hommes cagoulés alors qu’il était sur le point de rentrer chez lui, le leader du mouvement Hury est depuis le 9 janvier détenu dans un lieu tenu secret. Sa famille, notamment ses parents ont dénoncé cette situation et lancé un appel.

comores-inquiete-famille-opposant-achmet-said-reclame-signes-de-vieQu’est-il arrivé à Achmet Saïd Mohamed ? C’est la question que se posent les proches de l’opposant arrêté le 9 janvier et dont on ne connaît toujours pas le lieu où il serait détenu. Hier, sa famille, notamment ses parents se sont rendus au tribunal de Moroni où ils ont pris à témoin la population sur le sort réservé à leur enfant.  » Nous ignorons ses conditions de détention, son lieu d’incarcération. S’il est vivant, nous réclamons des preuves car personne n’est parvenu à le voir ni l’entendre. S’il est décédé qu’on nous remette sa dépouille« , a exigé émue et désespérée sa mère devant les médias sociaux.

Une cousine présente ce lundi au tribunal aux cotés des parents de l’opposant a ajouté que le jour de son arrestation, aucun poste de poste de police, ni de la gendarmerie n’était en mesure d’indiquer où il avait été conduit. Achmet Saïd Mohamed a été enlevé, selon ses proches, devant son domicile alors qu’il venait de déposer ses enfants à l’école. Les hommes qui sont venus le chercher ce jour-là, étaient tous cagoulés, à en croire des témoins oculaires. Après deux jours de silence et face aux interrogations soulevées après l’arrestation d’Achmet, le parquet de la république a, via un communiqué de presse, révélé avoir inculpé le leader du mouvement Hury qui, après le rejet de sa candidature, soutenait le candidat du parti Juwa, le docteur Salim Issa.

Le 11 janvier, le chef du parquet de Moroni, Ali Mohamed Djounaid, annonçait également le placement en garde à vue d’Achmet.  » Des éléments portés à notre connaissance indiquent des préparations et des manœuvres visant à commettre des crimes graves, allant jusqu’à menacer la sûreté de l’État. Cette nouvelle tentative de déstabilisation intervient à un moment crucial, alors que notre nation se prépare à exercer son droit démocratique dans moins de trois jours, à l’occasion des élections« , soulignait le magistrat qui avait précisé que le détenu se portait bien sans préciser où il était enfermé.

Vingt jours sans signe de vie

Vingt jours plus tard, personne n’a encore vu ni entendu Achmet Saïd Mohamed, qui en 2019 avait été poussé en exil après des accusations de déstabilisation. « Qu’il soit détenu dans un endroit secret m’inquiète. Je crains qu’il ne subisse des traitements inhumains, qu’il soit torturé car, souvent, c’est ce qui suit la séquestration. Pour rappel, il a été enlevé le 09 janvier par des hommes cagoulés en tenue militaire, armés jusqu’aux dents et depuis lors c’est le néant« , dénonce, son avocat, Maître Djamal El-dine Bacar. Le conseiller de l’opposant a souligné que la garde à vue dans une affaire ordinaire est de 48 heures maximum. En revanche, dans ce cas d’espèce, le procureur a déclaré faire usage de la loi de 2021 relative à la lutte contre le terrorisme, de son financement et de la lutte contre le blanchiment. Son article 33 prévoit un une durée de 15 jours pour la garde à vue. Un délai dépassé depuis 5 jours.

 » Dans cette même loi, il devrait y avoir un procureur spécialisé dans un pôle spécialisé au terrorisme qui devait ordonner la garde à vue sauf que ce pôle n’a jamais été créé. C’est tout simplement une usurpation de titre« , déplore, Maître Djamal, contacté hier par Flash infos. L’avocat d’Achmet Saïd Mohamed réclame que son client soit déféré devant le parquet ou au vu de ces irrégularités procédurales qu’il soit remis tout simplement en liberté.  » Qu’ils laissent au moins sa famille le voir, qu’on leur donne des nouvelles de leur enfant, que ses enfants sachent où leur père est caché. S’il est en vie ou pas« , martèle Maître Djamal.

Jusqu’à hier, malgré la sortie médiatique des parents de l’opposant, le parquet n’avait toujours pas réagi. Ce silence en inquiète plus d’un dans la mesure où un opposant récemment libéré de la gendarmerie a dénoncé des conditions de détention déplorables. Daoud Halifa, puisqu’il s’agit de lui, est le mandataire de Hamidou Bourhane, arrivé en quatrième position lors de la présidentielle du 14 janvier. Il avait raconté un récit glaçant sur le traitement réservé aux personnes qui se trouvent en garde à vue ces temps-ci.

Un Mahorais reconnaît avoir tué et démembré une femme à La Réunion

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Amir Madi, 33 ans, a été placé en détention provisoire ce dimanche dans le cadre d’une enquête pour « meurtre » et « atteinte à l’intégrité d’un cadavre » ouverte par le parquet de la Réunion après la disparition d’une jeune femme de 29 ans, mère de deux enfants. Ce Mahorais demeurant Saint-Benoît et connu par la justice pour avoir été condamné en 2017 pour des violences sur conjoint a reconnu avoir « porté des coups à la victime » ainsi qu’avoir « voulu se débarrasser de son corps », selon la procureure de la République du parquet de Saint-Denis, Véronique Denizot.

L’enquête ouverte a connu un coup d’accélérateur grâce à un renseignement anonyme indiquant qu’Amir Madi, mécanicien de profession, avait été aperçu en train de « transporter un corps dans les escaliers » de son immeuble, rapporte le Journal de l’Île de la Réunion. Le cadavre de la jeune femme de 29 ans avait été retrouvé démembré, le jeudi 25 janvier, enveloppé dans un drap, sous des branchages, à Saint-Benoît (dans l’Est de l’île). Christelle Jean-François était portée disparue depuis le 21 janvier.

Placé en garde à vue le vendredi 26 janvier, le principal suspect a guidé les enquêteurs jusqu’à un couteau, avant de leur indiquer où se situaient les membres de la victime. « Ses déclarations restent à éclaircir », nuance le parquet de Saint-Denis, précisant que les « investigations sont dorénavant soumises au respect du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence ». Un autre homme, âgé de 20 ans, est suspecté d’avoir aidé au transport du corps, voire à le découper, toujours selon le JIR. Il a été mis en examen et écroué pour « modification de scène de crime » et « recel de cadavre ».

Athlétisme : Alain Guicharousse titré à La Réunion

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Licencié au club d’athlétisme de Mamoudzou (CAM), Alain Guicharrousse a participé aux championnats régionaux d’athlétisme de lancers longs à Saint-Denis de La Réunion, ce samedi. Le lanceur de javelot y a remporté le titre masters en catégorie plus de 60 ans (M 60) avec 55m64. Il s’agit du nouveau record national de sa catégorie, puisqu’il améliore de deux mètres celui quil détenait depuis avril 2023 (53 m14).

« La saison ne fait que commencer et Alain compte bien faire progresser cette marque qui le situe à la troisième place du bilan mondial de sa catégorie pour le moment. Un podium aux prochains championnats du monde masters de cet été à Göteborg (Suède) pourrait même être envisagé. Courage à lui ! », félicite son club.

Estelle Youssouffa demande le départ du préfet Thierry Suquet

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La décision du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, de faire lever les barrages n'a pas plu à Estelle Youssouffa. La députée lui a répondu en disant avoir demandé son départ.

Lors du comité de suivi de la ressource en eau, ce lundi matin, Estelle Youssouffa a fait part de ses réserves, tout comme les associations environnementales, quant aux conséquences du projet d’usine de dessalement à Ironi Bé. La députée de la première circonscription de Mayotte a assuré que le ministre délégué à l’Outremer, Philippe Vigier, avait annoncé aux parlementaires que le projet « avait été abandonné ».

Intervenant en visio, elle s’en est également prise au préfet Thierry Suquet à propos de la levée des barrages qui est intervenue ce week-end. Elle se dit « consternée par l’emploi de la force contre les barrages », l’accusant de briser la confiance des Mahorais envers les forces de l’ordre, notamment après les manifestations de soutien pendant l’opération Wuambushu. Elle a poursuivi en indiquant avoir demandé son départ. « Il est temps que vous partiez », lui a-t-elle adressé à la fin de son intervention. « On vous a entendue », a réagi le préfet, qui menait les débats.

? Les tours d’eau devraient de nouveau être allégés « entre la mi-février et le 1er mars»

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Le comité de suivi de la ressource en eau, qui fait le point sur la crise de l’eau, ce lundi matin, confirme que la situation s’améliore. La distribution générale des bouteilles d’eau prendra fin « au1er mars». Concernant les retenues collinaires, celle de Dzoumogné s’est considérablement remplie, ces dernières semaines, et est aujourd’hui à 100% de ses capacités. À Combani, le bassin est désormais à 50%.

Un homme décède dans une voiture à Sohoa

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Un homme âgé de 48 ans, selon les sapeurs-pompiers, est décédé ce dimanche matin, à 8h50, dans son véhicule, sur le parking de la plage de Sohoa, dans la commune de Chiconi. Le quadragénaire aurait été victime d’un arrêt cardiaque. En présence des secours et du Smur, un obstacle médico-légal a été émis, avant d’être levé sur décision du parquet. Les autorités privilégient donc la piste d’une mort naturelle.

Stade de Cavani : le Département participe au démantèlement du camp

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Le conseil départemental a fait savoir à la presse, ce vendredi, qu’il participe à une action commune avec les services de l’état et de la mairie de Mamoudzou, depuis jeudi 25 janvier, en vue de procéder au démantèlement du camp de migrants installé au stade de Cavani. Il informe avoir renforcé la surveillance du lieu et engagé des travaux pour poser des grilles et des blocs. Ce, afin de restreindre l’entrée des personnes et des véhicules à un seul point. Et ainsi, de « mieux contrôler les accès » et « prévenir le transport de matériaux destinés à la construction d’habitats illicites ». Des agents dédiés « assurent un contrôle rigoureux jour et nuit ». Des maîtres-chiens sont déployés en soirée et la nuit en collaboration avec la gendarmerie et la police municipale, renseigne-t-il également. « Pour des raisons de sécurité », les travaux définitifs du stade se dérouleront une fois le stade « exempt de toute occupation ».

Après un premier démantèlement d’une partie du camp, de nouvelles tentes ont été installées dans l’enceinte sportive (voir photo). La police de Mamoudzou, notamment la brigade anti-criminelle (Bac) et le groupe de sécurité de proximité (GSP), annonce être intervenue dans le camp, dans le cadre de la flagrance, pour « démonter deux cabanes en cours de construction. La direction territoriale de la police nationale reste vigilante et investie ».

La bronchiolite et la conjonctivite toujours actives à Mayotte

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Santé Publique France informe, ce jeudi 26 janvier, que les cas de bronchiolite et de conjonctivite augmentent depuis plusieurs semaines. Au centre hospitalier de Mayotte, 47 cas de bronchiolite ont été admis en réanimation entre septembre et début janvier. À cette rentrée scolaire, « la prise en charge des cas de conjonctivite par les infirmeries scolaires déclarantes a représenté environ un tiers de leur activité ». La semaine du 15 janvier, plus de 600 médicaments à usage ophtalmique ont été vendus par le réseau de pharmaciens et médecins sentinelles, soit une augmentation de 137 % comparé à la semaine précédente.

La conjonctivite est une inflammation de la membrane recouvrant la face antérieure de l’œil et l’intérieur des paupières. Elle provoque une rougeur de l’œil et peut s’accompagner de démangeaisons, écoulement clair ou purulent, paupières collées, vision floue. Des mesures de prévention existent : se laver régulièrement les mains, éviter de se frotter les yeux, nettoyer les yeux avec du sérum physiologique et l’essuyer avec un mouchoir en papier à usage unique, éviter de toucher une personne atteinte de conjonctivite, ne pas partager les serviettes de toilette et le linge de lit, ni toucher les des objets utilisés par les personnes atteintes. Si des signes surviennent, il est recommandé de consulter rapidement un médecin traitant.

Depuis la première semaine de janvier 2024 en revanche, le nombre de prélèvement positifs à la grippe est revenu à un niveau équivalent à celui observé avant l’épidémie.

La collecte d’archives du sport se poursuit à Mayotte

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La grande collecte d’archives du sport continue cette année. Les archives départementales invitent toutes celles et ceux qui ont des photos de leur grand-mère en crampons, de leur grand-père à vélo ou de tout autre membre de la famille pratiquant un sport à les leur confier, pour don ou numérisation. Les archives départementales en ont profité pour partager elles-mêmes une carte de vœux de l’AS Jumelles de Mzouazia datant de 2008.

Un appel à projets lancé pour la jeunesse mahoraise

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« Jeunesse et éducation populaire », c’est le nom donné à un appel à projets lancé ce vendredi 26 janvier jusqu’au 3 mars. La direction régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (Drajes) en est à l’initiative « en articulation avec les politiques conduites par l’Etat en faveur des jeunes sur le territoire ». Il s’adresse aux associations existant depuis plus de deux ans, déclarées ayant leur siège à Mayotte et aux projets concernant exclusivement les moins de 30 ans. Ce, afin de « soutenir la consolidation et le développement de la vie associative et citoyenne à Mayotte » au bénéfice des jeunes. Le dossier de demande de subvention est à remplir sur le compte Asso avec le code 2489. La Direction indique tout dossier incomplet ne sera pas examiné. Elle conseille aussi, avant, d’envoyer une « fiche action » à drajes976-vieasso@ac-mayotte.fr. Pour obtenir une subvention en 2024, les porteurs de projets subventionnés en 2023 par la Drajes doivent déposer leur bilan sur le compte Asso. Tél. : 02 69 63 33 75 (poste 8758) ou 06 39 73 38 46.

Barrages : « On est là d’abord pour les Mahorais »

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Des manifestants ont bloqué les locaux de la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou), jeudi dernier, forçant la direction à sortir sous protection de la police et de la gendarmerie.

C’est l’un des épisodes de ces derniers jours qui ont poussé le préfet de Mayotte à changer de stratégie et à vouloir la fin des barrages (voir par ailleurs). Jeudi, des manifestants ont fait le siège des bureaux de la Cadema, à Mamoudzou, provoquant l’exfiltration des directeurs. Même si des plaintes ont été déposées pour menaces de morts et des insultes, Marcel Fortuné, le nouveau directeur général des services de la communauté d’agglomération, veut passer à autre chose et rester concentré sur les projets.

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Depuis son arrivée, il y a deux semaines, le nouveau directeur général des services de la Cadema, Marcel Fortuné, n’a pas encore connu un fonctionnement normal des locaux.

Flash Infos : Quel est votre état d’esprit après ce qui s’est passé jeudi ?

Marcel Fortuné : Je suis un homme profondément attaché au service public. On est là pour remplir une mission d’intérêt général. Ce jeudi, il y a une double atteinte au service public, parce qu’on a fait fermer nos locaux et aussi parce qu’on a eu des menaces et notre DRH qui a été bousculé physiquement. On comprend le mouvement, notre président le soutient (N.D.L.R. Rachadi Saindou), mais on n’a rien à voir avec l’immigration. Ce qui se passe au stade de Cavani n’est pas de notre compétence. Tout ce que nous avons fait d’ailleurs, c’est d’envoyer des agents pour nettoyer.

F.I. : Le climat a été houleux pendant votre sortie. Il y a eu des plaintes pour des menaces de mort, n’êtes-vous pas inquiet ?

M.F. : Non, j’ai vu un groupe de personnes qui voulaient faire parler d’elles. Elles veulent se faire entendre de l’État. J’ai déposé plainte en mon nom et tant que personne morale pour la Cadema. Nous nous constituerons aussi partie civile. Les manifestants étaient au courant de notre retour au travail. Ils avaient accès à nos mails, à nos conversations sur Whatsapp. On sait qu’ils ont été prévenus en interne. Mais ce n’est pas le plus important, on ne fera pas de chasse aux sorcières.

F.I. : Quelle est la suite pour la Cadema ?

M.F. : On va continuer à travailler, mais en privilégiant le télétravail. On va écouter les recommandations de la préfecture et de la police, et ne pas se rendre au bureau. On est là d’abord pour les Mahorais, on doit mener à bien des projets structurants comme le Caribus ou les navettes maritimes.

Thierry Suquet : « On a besoin d’un redémarrage »

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Le blocage des administrations, ici l’avenue de la Préfecture à Mamoudzou, a été stoppé par les forces de l’ordre, dès vendredi.

Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, s’est exprimé à la presse, ce vendredi, pour appeler à la fin des barrages. Il devait ensuite s’entretenir avec les représentants des collectifs, qui ne sont pas venus. Tout le week-end, des barrages ont été enlevés par les forces de l’ordre (voir encadré).

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Le préfet de Mayotte devait recevoir les représentants des collectifs, ce vendredi, à la préfecture de Mamoudzou. Ils ne sont finalement pas venus.

« La situation est grave », définit Thierry Suquet, concernant les blocages sur l’île, en s’adressant à la presse, ce vendredi 26 janvier. Le préfet de Mayotte a appelé à la levée immédiate des barrages (voir encadré), tout en comptant sur la coopération du collectif des citoyens de Mayotte 2018, avec qui il devait s’entretenir ensuite, pour un retour à la normale lundi.

« On a besoin d’un redémarrage. La population de l’île va être mise en danger par ces barrages », justifie-t-il, citant « les pertes de chances de vie » : le fonctionnement du centre hospitalier de Mayotte (CHM), où le personnel des services a des difficultés pour s’y rendre, l’approvisionnement des médicaments depuis le port dont un tiers seulement serait parvenu en pharmacie, la circulation des infirmiers à domiciles et véhicules d’urgence bloqués par des manifestants « comme s’ils étaient mandatés par l’État pour transporter des migrants ». « On marche sur la tête », commente le préfet, qui cite également la difficulté à distribuer des bouteilles d’eau aux plus vulnérables, les freins aux chantiers entrepris sur l’île, sur l’agriculture, l’économie et les services de l’État dont la scolarité. « Or, on connaît les dangers de laisser les enfants dans la rue. »

 

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« L’État a entendu les Mahorais »

« Aujourd’hui, l’État a entendu ce que disent les Mahorais […] Vous avez gagné […] L’État a tenu ses engagements et obtiendra le démantèlement complet », appuie-t-il, sur la base des six escadrons encore présents après l’opération Wuambushu et le démantèlement du camp au stade de Cavani où 77 migrants sur les 710 recensés ont déjà rejoint un abri provisoire « en l’attente d’un départ ou d’un traitement en fonction de la situation juridique ». « On s’est donné deux mois », informe-t-il, le temps d’héberger et « les faire partir ». Des premiers départs devraient avoir lieu dans les jours prochains.

Les déboutés du droit d’asile devraient être renvoyés, les ressortissants du Congo, du Burundi et du Rwanda devraient recevoir une proposition de retour volontaire, tandis que les réfugiés seront conduits en métropole. Les demandeurs d’asile, eux, devraient bénéficier d’une accélération du traitement de leur demande. « Mais pour cela, on a besoin que la préfecture réouvre pour relever les empreintes. »

Les collectifs ont refusé l’entretien

Le préfet indique, qu’après avoir fait appel de la décision du tribunal au conseil d’État, avoir saisi le tribunal administratif sur d’autres bases concernant le stade. Pour finir, Thierry Suquet a aussi rappelé qu’il ne tolèrerait aucune violence, autour des barrages, contre les Africains soit « des gens protégés par la France et persécutés dans leur pays » à qui il assure « la protection », citant également les menaces proférées au personnel de la Cadema (voir par ailleurs).

Alors qu’à la suite de ce moment avec la presse, le préfet devait s’entretenir avec les collectifs, ceux-ci ont préféré ne pas venir. Haoussi Boinahedja, qui était ce vendredi au barrage de Tsingoni, explique qu’au moment où des manifestants ont tenté, vendredi matin, de mettre un cadenas à la préfecture, le préfet aurait laissé entendre qu’il avait déjà pris la décision de lever des barrages. « Pourquoi discuter si c’est déjà décidé ? », relève le secrétaire départemental de la CGT, qui se veut « simple citoyen » sur les barrages.

Malgré les premiers barrages enlevés, ce week-end, les collectifs nous ont informé samedi de leur souhait de continuer le blocus de l’île.

Des barrages enlevés tout le week-end

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Levée du barrage de Coconi, ce samedi matin.

Le ton s’est durcit, ce samedi, conformément à la demande, la veille, de « levée immédiate des barrages » qui paralysent Mayotte depuis le début de la semaine. Prévenant qu’« aucun barrage ne sera toléré », la préfecture a dépêché les gendarmes pour retirer les obstacles sur tous les axes de circulation pendant tout le week-end. C’était le cas, par exemple, à Coconi, ce samedi, vers 11h30 (photo). La police a eu les mêmes consignes pour la commune de Mamoudzou. « Les policiers ont levé les barrages sur la voie publique et mis fin aux occupations illicites du domaine public. Ils ont également retiré tous les cadenas qui condamnaient l’accès aux services publics de la mairie, du Conseil départemental et de la Cadema. Les cadenas qui bloquaient le cinéma Alpa Joe ont aussi été enlevés », confirme la police.

« Les services de l’État seront présents autant que nécessaire pour que tous les réapprovisionnements et les accès aux soins et aux services puissent se faire sereinement, dans le cadre du respect des lois de la République », avertit la préfecture, qui annonce « les établissements scolaires seront rouverts le lundi 29 janvier de même que toute l’activité administrative, économique reprendra son cours ».

« Il y avait clairement une volonté de tuer » : une journée de chaos au collège de Koungou

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« Depuis la semaine avant la rentrée, les conflits entre Koungou et Trévani se sont intensifiés », déplore un membre de la vie scolaire du collège Frédéric-d’Achery, situé sur « une ligne de front » des affrontements entre bandes.

Une partie du personnel de l’établissement scolaire du second degré de Koungou exerce son droit de retrait après une tentative d’intrusion et des scènes de violence la semaine passée. Des mesures concrètes pour la sécurisation du collège sont réclamées au rectorat de Mayotte.

Le collège Frédéricd’Achery, implanté à mi-chemin entre le village de Trévani et Koungou, a été dans l’obligation de confiner ses élèves mercredi en raison de l« intensification » d’un conflit opposant des bandes des deux communes. « Des violences aux abords de l’établissement, on en voit tous les jours, mais c’est la première fois depuis l’ouverture du collège que l’établissement a été attaqué directement », témoigne un membre la vie scolaire. Ce jour-là, dès l’ouverture de l’établissement scolaire accueillant près de 2.000 jeunes, les prémices d’une escalade dans la violence étaient ressenties. Peu avant 6h30, plusieurs individus prennent la direction du village de Trévani. Caillassés, ils battent en retraite. Dans son forfait, le groupe finit par prendre pour cible un véhicule de la gendarmerie stationné à proximité du collège. Les élèves de Frédéricd’Archery sont alors confinés. Des tirs de gaz lacrymogène en riposte gênent la respiration jusque dans la cour de l’établissement.

Sur les coups de 10h, les élèves sont de nouveau autorisés à sortir, mais des rassemblements d’individus cagoulés, aux abords du collège, inquiètent le personnel. « On a demandé aux élèves de s’éloigner le plus possible des grillages pour minimiser les risques », raconte notre source. C’est finalement à l’heure de la pause méridienne que des tirs de pierres en direction des bâtiments scolaires sont déplorés. Les élèves de 6e et de 5e sont directement visés dans leur cour de récréation, la plus en hauteur au sein de l’établissement. « Le personnel pensait que les caillassages allaient cesser en faisant descendre les élèves dans une autre cour, mais des fers à béton ont été lancés », nous explique-t-on.

Un élève légèrement blessé

Dans le même laps de temps, cinq à six individus tentent de briser les portes vitrées à l’entrée du collège. Les élèves sont alors confinés dans l’enceinte de l’établissement. Ils le resteront pendant trois longues heures, avant d’être libérés aux alentours de 14h35. Selon nos informations, un élève du collège, en situation de handicap, a été légèrement blessé au niveau du dos par un jet de pierre, alors qu’il tournait le dos à une des vitres ciblées.

« Il y avait clairement une volonté de tuer, on n’était pas sur une simple intimidation », abonde le membre de la vie scolaire. L’intervention prompt des gendarmes a tout de même permis aux élèves de sortir de l’établissement sous bonne escorte. Cela dit, c’est la goutte de trop pour la communauté éducative. « Depuis la semaine avant la rentrée, les conflits entre Koungou et Trévani se sont intensifiés. Des professeurs d’EPS se sont déjà fait menacer avec des bambous taillés et des pierres en revenant du stade. »

Le terrain de sport situé au-dessus du collège avait été évacué la veille des faits à cause des lanceurs de pierres. Jeudi, au lendemain de l’attaque, 15 enseignants sur 110 étaient présents dans l’établissement. Les élèves ont été libérés dès 8h, avant qu’une partie du personnel annonce exercer son droit de retrait, ce vendredi. Les enseignants et le personnel de la vie scolaire réclament l’installation d’une gâchette électrique, une armature pour la porte à l’entrée de l’établissement, prévue de longue date mais pas encore effective. Une présence renforcée de la gendarmerie est également sollicitée aux heures d’ouverture et de fermeture de l’établissement scolaire. La balle est désormais dans le camp du rectorat.

Une commission de sécurité, réunion obligatoire à l’issue d’un droit de retrait, est programmée ce mardi 30 janvier.

Des barrages érigés sur les routes de Mayotte ce lundi matin

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Barrage à Koungou
A Koungou, la circulation était de nouveau bloquée ce lundi matin.

Malgré une demande de « levée immédiate » formulée par le préfet de Mayotte Thierry Suquet, de nombreux barrages empêchaient le passage des automobilistes ce lundi matin. Des barricades ont été dressées tôt dans la matinée dans les communes suivantes : Chirongui, Chiconi, Koungou, Bandraboua et Tsararano, selon la gendarmerie. La situation serait, au moment où nous écrivons ces lignes, revenue dans l’ordre. « Normalement, c’est dégagé, on tient les points mais on peut difficilement y rester ad vitam æternam », concède un officier.

Vendredi dernier, Thierry Suquet a durci le ton, décrivant une situation « catastrophique », en guise de bilan de la première semaine de blocage, sur fond de crise migratoire et sécuritaire, rappelant les « conséquences désastreuses » des blocages de 2011 et 2018 pour « l’économie et surtout pour l’emploi ainsi que le développement de l’île ». Ce jour, le préfet de Mayotte en « appelle au bon sens » et demande, une nouvelle fois, la levée des barrages selon le souhait de « la majorité silencieuse et des acteurs économiques ».

Le Collectif des Citoyens de Mayotte manifeste en même temps devant la préfecture, à Mamoudzou. Mobilisé contre le camp dit du stade Cavani, désormais démantelé, il souhaite de nouveau interpeller les services de l’Etat au sujet de la prise en charge des demandeurs d’asile. D’après un premier décompte, 77 migrants ont quitté définitivement le stade jeudi. Une quarantaine de demandeurs d’asile devraient être reconduits vers l’hexagone dès cette semaine.

Afro Hair Comb : Le Mahorais Anis Chebani coiffe la concurrence aux poteaux

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Anis Chebani, coiffeur et entrepreneur mahorais, au défilé du quatrième « Coiffure en folie » au collège de Majicavo-Lamir.

Coiffeur talentueux de MajicavoKoropa, Anis Chebani vient de remporter le concours Afro Hair Comb, une nouvelle compétition artistique organisée par Afrodya World à Paris. Il s’agit d’une étape de plus dans le parcours du jeune homme de 28 ans qui met toute sa détermination au service de sa création. https://www.mayottehebdo.com/abonnements/flash-infos/

 

 

Loi Immigration : Des dispositions propres à Mayotte retirées du texte

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Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremer, s’est félicité du passage de la loi Immigration au Conseil constitutionnel (ici à Dzaoudzi en août 2022, aux côtés de son ex-ministre délégué, Jean-François Carenco, et de la députée mahoraise, Estelle Youssouffa).

Censurée en partie par le Conseil constitutionnel, la loi Immigration et Intégration passera sans une trentaine d’articles dont certains concernant directement le territoire mahorais. Le droit du sol par exemple, conditionné à la présence régulière d’un des deux parents sur l’île pendant trois mois, ne verra pas son délai allongé à un an. Le député Mansour Kamardine, favorable notamment à un retour du délit de séjour irrégulier finalement rejeté, dénonce « une censure de la lutte contre l’immigration clandestine qui submerge Mayotte ».

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Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremer, s’est félicité du passage de la loi Immigration au Conseil constitutionnel (ici à Dzaoudzi en août 2022, aux côtés de son ex-ministre délégué, Jean-François Carenco, et de la députée mahoraise, Estelle Youssouffa).

Un tiers du texte de la loi Immigration et Intégration a été jugé « contraire à la Constitution », ce jeudi 25 janvier. C’est le cas de la fin de l’automaticité du droit du sol pour les enfants d’étrangers nés en France, cette mesure obligeait les jeunes nés de parents étrangers à manifester leur volonté d’obtenir la nationalité française entre 16 et 18 ans. Les nouvelles conditions d’accès aux prestations sociales, l’instauration de quotas migratoires, l’obligation de maîtriser la langue française dans le cadre de demandes de titres de séjour ou le durcissement de l’accès au regroupement familial font partie des articles retoqués par le Conseil constitutionnel, qui était amené à statuer sur la dernière version obtenue en commission mixte paritaire, le 19 décembre 2023.

Dans ce texte, d’autres mesures propres à Mayotte n’y figurent plus non plus. C’est le cas de la modification des règles du droit du sol. Depuis 2018, les enfants nés à Mayotte de parents étrangers peuvent prétendre à la nationalité française si le père ou la mère est présent(e) légalement sur le territoire pendant trois mois avant la naissance. Avec l’article 26, il était proposé de porter ce délai à un an, tout comme il était proposé d’appliquer un procédé similaire en Guyane et à Saint-Martin. Finalement, le Conseil constitutionnel n’a pas jugé utile de garder l’article 26.

« Plusieurs dispositions importantes pour les Outre-mer et en particulier pour Mayotte font partie de la censure de la loi immigration par le conseil constitutionnel parmi les 40% d’articles censurés. Il s’agit notamment de la censure du délit de séjour irrégulier et de l’adaptation du droit du sol à Mayotte », déplore Mansour Kamardine dans un communiqué dénonçant « une censure de la lutte contre l’immigration clandestine qui submerge Mayotte ». Comme d’autres élus de son camp, le député de la deuxième circonscription de Mayotte clame que le rejet d’une partie du texte est motivé par des raisons politiques, ce qui justifierait « une réforme constitutionnelle et d’autre part, le dépôt au Parlement d’une loi immigration 2 ».

Une victoire selon le gouvernement

L’élaboration d’un nouveau texte, qui pourrait faire l’objet d’autres censures, est peu probable, surtout que 51 articles ont finalement réussi à passer. Par exemple, l’étranger devra signer un contrat d’engagement au respect des principes de la République. Il y a aussi la délivrance de visas qui sera possible désormais que si le pays d’origine réadmet régulièrement ses ressortissants en situation irrégulière. Il sera autorisé également pour un département de refuser la prise en charge au titre de l’aide sociale à l’enfance des jeunes majeurs lorsqu’ils ont fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) ou encore la création d’un fichier des mineurs étrangers suspectés d’être des délinquants.

Dans le camp gouvernemental, on va même jusqu’à considérer que la loi désormais appliquée est une victoire. Gérald Darmanin s’en est félicité, dès jeudi soir. « Le Conseil constitutionnel valide l’intégralité du texte du gouvernement : jamais un texte n’a prévu autant de moyens pour expulser les délinquants et autant d’exigence pour l’intégration des étrangers ! », a-t-il réagi. Du côté de la droite, dont fait partie le député mahorais Les Républicains, ou de l’extrême-droite qui avait apporté ses voix au texte, on fait plutôt grise mine. Le Conseil constitutionnel, saisi sur la plupart des articles par des parlementaires de gauche, a rejeté beaucoup de leurs articles.

Un report vers la loi Mayotte ?

Bon nombre d’entre eux ont été censurés parce qu’ils étaient considérés comme des « cavaliers législatifs ». C’est-à-dire qu’ils n’ont pas normalement leur place dans le texte proposé. Mansour Kamardine fonde désormais ses espoirs sur la future loi Mayotte pour que des nouvelles dispositions en matière de lutte contre l’immigration clandestine soient prises. « J’appelle le gouvernement à déposer au plus vite le projet de loi Mayotte prévu au dernier Comité interministériel des Outre-mer de juillet 2023 et de tenir les délais de son examen au 1er semestre 2024 », émet-il comme vœu.

 « La Constitution prévoit des adaptations législatives pour tenir compte des particularités des Outre-mer. Le gouvernement doit proposer au Parlement d’aller bien au-delà des adaptations actuelles pour sauver Mayotte, de la submersion migratoire, de la guerre civile qui couve et pour finalement que Mayotte reste Mayotte et que la France reste la France, comme le président de la République et le Premier ministre l’ont dit récemment », rappelle-t-il, alors que la loi-programme est rentrée dans d’intenses négociations entre l’État et les élus locaux.

Tribune libre : Anchya Bamana : « Des engagements tenus ? Nous disons « chiche » »

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Ancienne maire de Sada et présidente de Maore Solidaire, Anchya Bamana revient sur le mouvement social que Mayotte vit depuis une semaine avec des barrages dans toute l’île. Elle y voit un ras-le-bol de la population mahoraise en raison des crises successives. Elle s’oppose également à l’idée d’un changement de statut pour Mayotte, alors que le processus de départementalisation n’est toujours pas achevé.

« L’actualité de ce week-end amène à écrire cette tribune et à partager nos réflexions à l’ensemble de la population de Mayotte. Dans le communiqué préfectoral du 25/01/2024 demandant la levée des barrages, il est écrit que « les engagements sont ainsi tenus, dans le cadre de la législation française, pleinement applicable depuis la départementalisation ».

Nous disons « chiche » Monsieur le représentant du gouvernement (N.D.L.R. Thierry Suquet, préfet de Mayotte). Les Mahorais ne cessent de demander cela depuis 2011, que la législation française soit pleinement appliquée sur ce territoire français, au même titre que tous les concitoyens français de France et de Navarre.

Depuis 2011, treize ans après la création du département, les gouvernements successifs ont enchaîné les plans et rapports en sa faveur. Il s’agit des plans « Mayotte 2025, Une Ambition pour la République de 2015, Plan sécurité Mayotte de 2016, Assises de l’Outre-mer de 2017, Plan Action de l’Etat pour votre quotidien de 2018 ». Malgré tous ces plans et réflexions, le territoire de Mayotte continue de sombrer dans l’insécurité, la délinquance, l’immigration illégale, la cherté de la vie et surtout le sous-développement. Et nombreuses sont les crises sociales qui ont frappé Mayotte depuis 2011 : cherté de la vie en 2011, crise de l’eau en 2017, crise contre l’insécurité et l’immigration clandestine en 2018, crise de l’eau en 2023, crise contre l’insécurité et l’immigration clandestine que nous vivons actuellement…

Pour cause, les rapports de la Cour des comptes se suivent et se ressemblent (2016, puis 2022), formulent les mêmes constats en pointant les défaillances de l’État face à ses missions de sécurité et de lutte contre l’invasion migratoire illégale. Selon ces rapports, « les actions ne sont pas suivies dans le temps…et les apports aux besoins du territoire et de la population mahoraise ne sont pas évalués », montrant ainsi le manque réel de volonté politique de notre État de protéger ce territoire.

Il ne faut pas changer de statut !

Le désordre ambiant du territoire coïncide avec la prochaine réflexion demandée par le chef de l’État aux élus des territoires d’outre-mer sur leur avenir institutionnel. Est-ce un hasard ? La question mérite d’être posée face à notre président qui pense que les Mahorais ne seraient peut-être pas heureux avec le statut de départementou encore à notre préfet qui trouve l’idée du maire de Mamoudzou intéressante, à savoir réfléchir sur un éventuel statut d’autonomie.

Sur ce sujet « extêmement brûlant » pour les Mahorais, rappelons que Mayotte a déjà bénéficié d’un statut d’autonomie interne (à partir de 1961). Durant cette période, tous les moyens financiers de l’autonomie interne ont été mobilisé par les autorités comoriennes pour développer leurs îles au détriment de Mayotte abandonnée. Il est donc aisément compréhensible que depuis, les Mahorais ont choisi d’ancrer leur destin politique dans la France à travers un statut de département.

La question qui se pose aujourd’hui pour Mayotte, Monsieur le représentant du gouvernement, c’est de doter du territoire des moyens nécessaires de la Région pour assurer son développement ; c’est d’assurer la sécurité des Mahorais ; c’est de faire bénéficier de Mayotte de la solidarité nationale pour absorber les mineurs isolés qui meurent de faim dans les rues et bidonvilles de Mayotte ; c’est de permettre aux migrants titulaires du visa délivrés à Mayotte de circuler sur le territoire national ; c’est de poster un bâtiment de la marine nationale pour empêcher l’arrivée des migrants illégaux sur l’île Et non pas changer de statut ! Les élus de Mayotte doivent veiller à ce que ces mesures soient retenues dans cette future loi Mayotte dont les décisions finales resteront sous leurs responsabilités.

Enfin, un message aux Mahorais de se remémorer notre histoire ! «Tout au long du combat pour Mayotte française, des périodes d’incertitude ont existé. Quand la gauche était au pouvoir (1981-1995), nous faisions le dos rond, nous nous soudions et nous laissions la mauvaise vague passée », me confiait feu père Younoussa Bamana. Que son âme repose en paix ! Nous invitons donc les Mahorais à résister, les élus à s’organiser et à se battre dans l’unité pour faire face à cette période d’incertitude…

Car « vwindza douja vwindza mlongo » dit sagement le proverbe mahorais (là où il y a une vague réside un chemin) ! « Rahachiri Sibabu yayi Maore »! »

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes