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Sida : « Le réflexe du dépistage n’est pas encore là »

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Chaque année, 30 nouvelles personnes sont dépistées séropositives dans le département. Problème : plus de la moitié de ces individus sont des femmes, qui apprennent la nouvelle lors de leurs examens de grossesse. Le réflexe du dépistage n’est donc toujours pas acquis sur le territoire, et le sujet est généralement uniquement évoqué lors de campagnes nationales ou régionales spécifiques. Pourtant l’urgence est là, et son combat se mène au quotidien.

Le sujet est grave, et pourtant majoritairement abordé dans l’espace public uniquement lors d’événements particuliers.Tout au long de l’année pourtant, le sida continue sa route dans le département. Dans le petit local de Narike M’sada à Cavani, l’association travaille au quotidien pour faire reculer le virus dans l’île. Avec comme fer de lance : « La nécessité du dépistage », martèle Moncef Mouhoudhoire, directeur et membre fondateur de l’association.

Depuis l’année dernière, cette structure permet aux hommes et aux femmes de se faire dépister en toute discrétion. « L’année dernière, nous avons réalisé 178 dépistages alors même que l’île était sujette à de graves mouvements sociaux », indique Moncef. Plus qu’une prise de sang, il s’agit également d’accompagner les malades en leur offrant un soutien. Également dans leurs activités ? « Des campagnes de sensibilisation dans les établissements scolaires, associatifs, daministratifs et pénitenciers. Nous réalisons également des maraudes nocturnes afin notamment de sensibiliser les travailleurs du sexe ». Pour autant, sa priorité reste inchangée: « le dépistage reste le meilleur moyen de freiner l’avancée du virus. Une fois la personne consciente de la maladie, elle peut prétendre à la charge virale indétectable qui la rend intransmissible auprès de ses partenaires sexuels, même sans préservatif », insiste-t-il. À Mayotte pourtant, le « réflexe du dépistage » semble loin d’être acquis, selon le professionnel.

Un changement timide

« L’urgence pour la population mahoraise, c’est d’assurer le quotidien. Pour ce qui est du futur, beaucoup sont tentés de dire: « Inchallah, Dieu y pourvoira ». Il y a donc un manque d’anticipation », introduit le président de Narike M’sada. Il poursuit : « Les gens vont voir le médecin quand ils sont malades, mais comment leur expliquer la nécessité d’y aller en amont, par anticipation ? » Pour autant, pas question de blâmer la population. « Il faut dire aussi qu’on ne fait pas assez la promotion du dépistage. Celui-ci reste généralement hospitalocentré sur Mamoudzou et ses environs. Or, on connaît le manque de transports en commun sur le territoire », explique-t-il. Malgré ces difficultés, force est de constater que les mentalités évoluent. « Lorsque nousavons lancé notre campagne de communication sur le dépistage avec des couples en février dernier. Douze couples ont répondu à l’appel. Il y avait même des personnes âgées dont une djahoula. C’était impensable, il y a encore peu de temps, que des gens acceptent d’associer leur image avec la problématique du sida ». Si cette dernière semble relativement connue pour les jeunes publics, notamment autour de la promotion du port du préservatif, celui-ci semble nettement moins automatique « en ce qui concerne leurs parents ». Pour autant, « chez les jeunes, nous constatons toujours les mêmes questions et les mêmes remarques que lors de nos premières interventions dans les collèges. Il y a encore beaucoup de méconnaissance. Pourtant cette jeunesse a accès au savoir via internet. Mais elle a aussi accès à du cyber sexe… »

Le combat continue

En 1989, Mayotte enregistrait son premier dépistage positif sur le territoire. Depuis, « le nombre de séropositifs n’a jamais dépassé 300.
Cela s’expliquant par les mouvements des populations, entre les métropolitains qui finissent leur contrat, les reconduits à la frontière, ou les Mahorais qui préfèrent s’exiler en métropole ou à La Réunion par crainte du jugement social ». Chaque année pourtant, 30 nouveaux cas sont décelés. À 62%, il s’agit de femmes ayant appris la nouvelle lors de leurs examens de grossesse. Pour modifier cette tendance, Narike M’sada ambitionne de nouveaux projets. « On est en train de récupérer un véhicule pour aller faire du dépistage au plus près de la population. Il faut se décentrer de Mamoudzou », insiste-t-il. Son objectif ? S’inscrire avec succès dans l’objectif universel de l’ONU sida à l’horizon 2025, à savoir « 90% de la population mondiale dépistée, 90% de séropositif ayant accès à une prise en charge médicale, et 90% de personnes ayant accès à la charge virale indétectable ». Également dans ses espoirs : « Mettre en place durablement le traitement PreP à Mayotte, qui permet aux personnes non atteintes, mais qui ont une conduite à risque, de ne pas contracter la maladie ».

Conscient que la problématique sida relève d’un contexte particulier dans l’île, Moncef Mouhoudhoire n’oublie pas la situation sociale et économique du département le plus pauvre de France. « Il faut faciliter l’accès au préservatif. Or Mayotte ne compte que vingt pharmacies dont près de la moitié sont concentrées sur Mamoudzou. 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Nous avons le taux de chômage le plus élevé de France. Difficile dans ces conditions d’imaginer un jeune prendre le taxi pour se rendre à la pharmacie, puis mettre encore la main au portefeuille pour acheter des préservatifs ». On l’aura compris : réduire la progression du sida est donc un combat global, qui doit se mener au quotidien pour espérer un avenir meilleur dans l’île aux parfums.

Il y a 12 000 ans, Mayotte était cinq fois plus grande

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Il y a 10 ans presque jour pour jour (Mayotte Hebdo n°443 du vendredi 18 septembre 2009), nous publions un article présentant Mayotte il y a 12 000 ans. Puisqu’il est question aujourd’hui de montée des eaux, l’occasion nous est donnée de le republier et de se pencher sur le phénomène inverse, quand Mayotte était bien plus grande qu’aujourd’hui. Saisissant !

 

À l’échelle de l’histoire géologique, Mayotte, même si elle est la plus ancienne de l’archipel des Comores, est une île très jeune : elle est en fait la réunion de deux édifices volcaniques qui ont commencé à se former il y a 15 millions d’années, pour émerger il y a seulement 9 millions d’années. La construction de l’île s’est achevée il y a 1,5 million d’années par les derniers apports du volcan du M’tsapéré. Il y a 100 000 ans, un volcanisme plus récent marquera la création des dépressions de Cavani, Kawéni et Petite Terre, avec des éruptions jusqu’à – 6 000 bp (before present). Depuis, l’île est soumise à l’érosion due aux aléas climatiques. Aujourd’hui, le relief est donc quasiment le même qu’il y a 100 000 ans, à une exception près : entre -80 000 et -12 000 bp, l’île était 5 fois plus grande, à cause de la grande glaciation de Würm qui a provoqué une baisse du niveau de la mer de 120 mètres !

« Le paysage actuel de Mayotte date d’il y a 3 000 ans seulement ». Arnauld Malard, hydrogéologue au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) de Mayotte a rassemblé divers travaux publiés dans des revues spécialisées, notamment les articles de l’océanographe Bernard Thomassin, pour étudier l’ère quaternaire de l’île, qui s’étend de -1,9 million d’années à aujourd’hui. Pour comprendre comment l’île s’est formée, il faut d’abord en étudier les profondeurs. « Mayotte est comme un iceberg : l’île ne représente en fait que 1 à 3% de toute la masse du cône volcanique, qui descend jusqu’à 3 400 mètres en dessous du niveau de la mer. » Il y a 1,5 million d’années, les apports de matériaux issus de l’activité volcanique ont fini par ne plus compenser la « subsidence », un phénomène naturel qui absorbe tous les déficits et les excédents de matières, la croûte terrestre équilibrant les pressions. « Quand l’édifice n’accumule plus de matériaux, il a tendance à s’enfoncer », résume Arnauld Malard.
Tandis que l’île commence à s’enfoncer, le récif frangeant continue de se développer : les coraux étant attirés par la lumière, ils vont petit à petit former une barrière récifale, rendant les pentes du volcan de plus en plus abruptes. C’est ainsi qu’apparaît un lagon. À terme, l’île finit par être engloutie sous la mer et il ne reste plus que la barrière : c’est ce qu’on appelle un atoll, le stade final des îles volcaniques.

« Le niveau de la mer change en fonction des glaciations »
« Depuis un million d’années, le lagon et Mayotte s’enfoncent de 2 mètres tous les 10 000 ans, ce qui est assez faible. La barrière actuelle montre le contour de l’île à l’époque où il y avait une émersion maximale », explique Arnauld Mallard. On peut donc dire que l’île d’aujourd’hui est la même qu’il y a un million d’années, sauf qu’elle était moins érodée, plus émergée et donc plus haute de 200 mètres. « Mais le niveau de la mer change en fonction des glaciations », rappelle le scientifique.
Les glaciations sont des phénomènes cycliques naturels « conditionnés à 80% par des changements climatiques provoqués par des modifications orbitales ». Il y a trois facteurs astronomiques qui expliquent les glaciations : la « précession axiale », la variation de l’axe de rotation de la terre qui décrit un cône en 10 000 ans, modulé par la lune ; « l’obliquité », la variation de l’angle de rotation de la terre qui s’ouvre et se ferme en 41 000 ans ; et « l’excentricité », la variation de l’orbite terrestre, avec un cycle de rapprochement et d’éloignement du soleil de 100 000 et 400 000 ans. Un quatrième facteur, le rayonnement solaire, ne semble en revanche pas suivre de cycle déterminé.
L’ère quaternaire est ainsi composée d’une succession de périodes glaciaires et interglaciaires, appelées Gunz, Mindel, Riss et Würm, du nom des affluents du Danube où ces glaciations alpines ont été découvertes. En 1996, un forage à plus de 3 000 mètres de profondeur dans le lac gelé de Vostok en Antarctique a permis d’extraire une carotte glaciaire dont l’étude a révélé le climat passé sur une période remontant à 420 000 ans.

Les rivières se jetaient dans la mer sur des cascades de 60 mètres
La dernière période interglaciaire s’appelle l’Eemien (du nom de la rivière Eem aux Pays- Bas), et s’étend de -131 000 à -114 000 bp (before present) : les températures à l’époque avoisinaient celles d’aujourd’hui. Puis commence la glaciation de Würm, la dernière qu’a connue notre planète et qui ne s’achèvera que vers -10 000 bp. De -80 000 jusqu’au pic de glaciation atteint vers -18 000 bp, les températures chutent et des calottes glaciaires apparaissent sur tout le Nord de l’Europe et tout le Canada. Il y a 18 000 ans, le niveau de la mer a chuté de plus de 120 mètres par rapport à son niveau actuel. De nouvelles terres apparaissent, comme la Béringie entre la Sibérie et l’Alaska (qui explique le peuplement de l’Homme en Amérique) ou le Sahul, un continent formé de l’Australie, de la Nouvelle Guinée et de la Tasmanie. La France et la Grande-Bretagne sont alors reliées par un cordon terrestre, tout comme l’Indonésie et les Philippines ou le Japon et la Corée. Mayotte n’a bien sûr pas échappée à ce phénomène, ce qui explique qu’elle était 5 fois plus étendue qu’aujourd’hui : le lagon, situé à environ 60 mètres de profondeur maximum, était entièrement à découvert et l’île mesurait 1 800 km², contre 374 km² actuellement. Les falaises abruptes formées par l’amoncellement vertical des coraux faisaient de Mayotte une sorte de forteresse dont les eaux s’échappaient en se jetant dans la mer du haut de cascades qui pouvaient potentiellement atteindre 60 mètres !

40 000 ans sans coraux
Complètement « exondé » pendant la glaciation de Würm, le lagon s’est peu à peu végétalisé, jusqu’à devenir une savane herbacée, au milieu de coraux morts.
Comme il faisait plus froid et plus sec à cause des alizés sudpolaires, il y avait d’autres espèces végétales, comme des fougères (analogues à celles du Mont Choungui d’aujourd’hui) et des forêts d’euphorbes et de petits conifères. Les plages se sont tassées, et les cours d’eau beaucoup plus puissants ont entraîné une érosion très rapide, créant la célèbre Passe en S à l’Est et les passes Sada et Bateau à l’Ouest. Quand il n’y avait pas de passe, les cours d’eau creusaient des grottes pour se jeter dans la mer, comme en témoigne « la Cheminée », un site de plongée au Nord de la Passe en S. Durant cette période qui s’étale de -50 000 à -10 000 bp, tous les coraux qui colonisaient le lagon sont morts. Le niveau des océans remonte depuis -18 000 bp, mais le lagon n’a commencé à se remplir que vers -12 000 bp, de manière très progressive mais irrégulière, de quelques millimètres à 2 centimètres par an selon les périodes, ce qui est très rapide. Vers -10 600 bp, l’eau de mer s’infiltre dans les endroits les plus profonds du lagon, au banc de l’Iris et à la sortie de la baie de Bouéni et forment ce qu’on appelle des « rias » ou petites mers intérieures. Il y a 10 000 ans, Mayotte est constituée d’une multitude d’îles, et on peut encore aller à l’îlot de M’tsamboro à pied. En -9.000 bp, nous sommes à 22 mètres en dessous du niveau actuel de la mer : on peut toujours aller en Petite Terre à pied et faire le tour de l’île sur la barrière.

Il y a 9 000 ans, on pouvait aller de Mamoudzou à Petite Terre à pied

Il y a 7 000 ans, Grande Terre et Petite Terre ne sont plus reliées. En -6 000 bp, il n’y a plus que 5 mètres de moins. Les derniers évènements volcaniques de Petite Terre, dont on observe les traces dans les maars de Moya, datent de cette période.
Les coraux – qui avaient disparus – recolonisent le lagon au niveau de la barrière récifale, mais aussi au niveau du récif frangeant au gré de la remontée. La mangrove également se déplace en fonction de la montée des eaux.

« Aujourd’hui, on retrouve quasiment les mêmes traits de côtes qu’à l’époque interglaciaire de l’Eemien », précise Arnauld Malard. La seule différence, c’est l’érosion du lagon, qui est beaucoup moins plat et plus entaillé qu’avant la glaciation de Würm, à cause de l’érosion provoquée par la pluie, le vent et les cours d’eau. Mayotte telle qu’on la connaît aujourd’hui, avec ses passes, ses coraux et ses mangroves, n’a en fait que 3 000 ans, le début de l’âge de fer en Europe.

Le Banga Parc ouvre ses portes à Chirongui

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Ce weekend, le Banga Parc ouvre ses portes à l’occasion des journées du patrimoine. Dernier témoignage des habitations traditionnelles de Mayotte, le lieu accueille également les enfants au travers d’activités ludiques : balançoires, toboggans, trampolines… On s’amuse en découvrant l’histoire du territoire.

Le patrimoine mahorais fait de la résistance. Sur son terrain de Tsimkoura, l’entrepreneur Fayadhu Halidi surnommé « J’accuse« , entretien avec passion les derniers bangas traditionnels du département. Un labeur des plus éprouvants, que l’enseignant de profession peine à rendre lucratif. Lorsque nous le rencontrions l’année dernière, l’homme s’avouait résigné face à son projet de maison d’hôte dans la plus pure tradition mahoraise : « en l’absence de soutien des institutions et avec la baisse du tourisme à Mayotte, je suis obligé de détruire ces bangas que j’ai construits de mes mains« , déplorait-il . Une déchirure sentimentale, que l’entrepreneur n’a apparemment pas réussi à encaisser. « J’ai commencé à en détruire deux, puis je me suis dit : non. J’aime trop mon île et son histoire.  Je dois reconstruire. Je ne peux pas jouer à ce jeu. Il faut dépasser le simple concept du banga pour le faire perdurer« . Ainsi vint au monde le Banga Parc : un espace de jeux, de détente, et de convivialité, ou les petites attractions cohabitent avec les habitations historiques des Mahorais. Pour le découvrir, rendez-vous ce week-end sur son terrain à l’occasion des journées du patrimoine.

Les enfants jouent, les parents font la fête
 
 

Balançoires, toboggans, trampolines… Le Banga Parc se définit comme un lieu d’accueil à destination des familles. Pendant que les plus jeunes s’amusent, des tables et des espaces d’intimité sont aménagés pour les adultes. « J’accuse » a tout prévu, des repas aux boissons en passant par la sono. Egalement présents : les fameux « bangas traditionnels »,que les couples, familles et touristes peuvent louer la journée, voire tout le weekend. « Le Banga Parc, c’est aussi un lieu de convivialité pour les adultes qui souhaitent se détendre à la campagne pendant plusieurs jours« , précise l’entrepreneur. Là où son terrain était autrefois réservé aux touristes désireux de toucher du doigt les racines du département, il est aujourd’hui également un lieu d’accueil pour les Mahorais. L’occasion de diversifier son activité sans renier sa passion première : la tradition mahoraise, et ses habitations historiques.

Initialement ouvert au début de l’année, le Banga Parc a dû fermer ses portes suite aux dégâts provoqués par la dernière saison des pluies. « Tout le monde m’appelait pour venir, mais le terrain était impraticable. J’ai dû investir à nouveau pour réhabiliter les lieux. Dorénavant, nous ne serons plus obligés de fermer pendant la saison des pluies« , rembobine le passionné. Lui qui martèle son désir de ne pas modifier les techniques ancestrales de construction a cependant dû faire quelques concessions dans un souci financier. « Les bases des habitations sont en béton, et les toits sont en tôles recouvertes de feuilles. C’était obligatoire pour qu’ils restent en place sans devoir les entretenir quotidiennement« , reconnaît-il, le regard plongé sur ses créations. Pour le reste, la tradition est respectée. Bois, bambous, pieds de riz, terre… les murs végétaux retiennent la fraîcheur sans devoir utiliser de climatisation. Ce qui n’empêche pas « J’accuse » de raccorder certains bangas en électricité, tout en proposant des commodités contemporaines.

Un échantillon de « Musada »


Plus qu’une simple habitation, le banga représente, pour « J’accuse », le pilier d’un ordre social considéré comme révolu : « La musada » (l’entraide villageoise,en français). « Avant que les Mahorais investissent les habitations en dure, le banga était un symbole de cohabitation et d’entraide. Les familles construisaient les leurs à proximité pour garder un lien. C’est un logement sain qui respecte la nature. La nécessité de l’entretenir permettait aussi aux jeunes de prendre conscience de leur environnement et de le respecter« ,insiste-t-il. Comme un symbole de son caractère historique, le Banga Parc ouvrira ses portes ce weekend à l’occasion des journées européennes du patrimoine. Des jeux, activités ludiques, et ateliers de confections sont organisées. De quoi redonner un second souffle à une tradition dont la perte laisse, encore aujourd’hui, des conséquences difficilement réparables dans l’île aux parfums. 

 

Pour réserver sa place et son repas à l’occasion de l’ouverture du Banga Parc, contacter J’accuse au 06 39 22 31 37.

Mayotte est un super terrain de jeu pour la randonnée

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Si les activités nautiques se multiplient pour admirer les mammifères marins présents dans le lagon, à quelques encablures de l’eau bleu azur se dressent, sur le terre ferme, un paysage tout aussi spectaculaire. « Mayotte regorge de zones de forêt encore bien préservées, c’est un super terrain de jeu. Plus de la moitié du territoire a les caractéristiques de l’environnement spécifique montagne », affirme David Vancauteren, accompagnateur en montagne et formateur au centre de formation professionnelle et de promotion agricole au lycée de Coconi. En ce moment, il enchaîne les séries de tests dans le but de dénicher les douze candidats qui participeront à la formation de Guide Pays à partir du début du mois d’octobre. 

L’idée ? « Former des personnes compétentes pour encadrer les randonnées. » Seulement, cette formation, prise en charge par le plan d’investissement compétences (PIC) de Pôle Emploi, n’est pas diplômante (une réflexion est actuellement en cours avec le ministère des Sports pour y remédier)… Elle facilite simplement à la préparation au probatoire du diplôme d’État d’accompagnateur en moyenne montagne qui se passe à La Réunion. Néanmoins, cette formation s’avère tout aussi sérieuse. Les futurs stagiaires vont suivre un calendrier chargé au cours des quatre prochains mois, avec pas moins de 400 heures d’instruction pédagogique, dont la moitié sur le terrain, et un mois de stage en entreprise, par exemple dans un centre de loisirs, chez les Naturalistes ou le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay). Au programme : un apprentissage complet de la faune et de la flore, mais aussi de la biodiversité au sens large du terme, par exemple la végétation indigène, grâce aux données du Conservatoire botanique de Mascarin.

 

 

Un complément de revenu intéressant

« À l’issue de la formation, les accompagnateurs ne peuvent pas s’installer à leur compte, mais ils peuvent devenir bénévoles dans des associations, par exemple à Mayotte Rando », glisse David Vancauteren. « Il est compliqué de vivre de ce métier, mais ça peut apporter un complément de revenu intéressant. » Lui-même encadre chaque week-end des ascensions en direction du mont Bénara, le point culminant de Grande-Terre. 

Malheureusement, la structure a malheureusement du mal à se professionnaliser… Le Département ayant visiblement d’autres priorités en matière de tourisme ! Si l’étude pour la réhabilitation des sentiers de grande randonnée est déjà réalisée, la réalisation des aménagements reste entre les mains de la collectivité. « On n’a pas forcément besoin d’énormément de balisages pour encadrer un groupe, mais dans le cadre d’une sensibilisation des jeunes, bon nombre d’outils sont vétustes. » Un point non négligeable qui permettrait également de sensibiliser la population à la richesse terrestre du territoire.

 

 

Une diversité de paysages du nord au sud

Un constat amer pour celui qui a animé le site AROMaoré pendant deux ans, lui permettant ainsi de faire la promotion de la randonnée sur l’île aux parfums. « Mayotte offre une telle diversité de paysages du nord au sud », admet-il. « Il y a quelques spots bien connus, mais il en existe également beaucoup d’autres qui sont à découvrir. » Toutefois, l’insécurité peut naturellement rentrer en ligne de compte dans la tête des promeneurs, qui y réfléchissent bien souvent à deux fois avant de s’aventurer en pleine brousse. « Certaines personnes ont peur de rentrer dans les terres et de se perdre. »

Toujours est-il que David Vancauteren a des idées plein la tête pour partager sa passion de la randonnée. Son but ? « Étendre cette discipline sur les autres îles de l’archipel, à savoir Anjouan, Mohéli et la Grande Comore, qui présentent un très grand intérêt. » En effet, alors que Mayotte propose un relief collinaire, le voisinage s’avère plus montagneux. « D’où l’idée de faire le lien et de créer un circuit global. La seule difficulté dans ce projet réside dans les moyens de transport entre les îles. »

Le nouveau préfet Jean-François Colombet a pris ses fonctions

À l’occasion de la prise de fonction de Jean-François Colombet, préfet de Mayotte, délégué du gouvernement, ce lundi matin, une cérémonie officielle s’est tenue place de France à Dzaoudzi. L’occasion pour le successeur de Dominique Sorain de saluer les forces de l’ordre et les différents officiels. Au cours d’un discours improvisé, il a notamment rappelé ses missions : la sécurité publique et la lutte contre l’immigration clandestine.

 

JIOI 2019 : 8 médailles pour Mayotte à l’aube de la septième journée

Avant la septième journée des Jeux des îles de l’océan Indien ce mercredi, la délégation de Mayotte comptabilise huit médailles : sept en judo et une en athlétisme – au javelot féminin précisément. Les Mahorais espèrent toujours accrocher la cinquième place de ces Jeux devant les Maldives et les Comores, et battre le record de médailles établi en 2015 (13 médailles dont 2 en or).

Pour cela, Mayotte peut compter sur ses équipes de sports collectifs dont le football et le basket-ball, qui se sont qualifiés en ce début de semaine pour les demi-finales de leur compétition. Elle peut également compter sur les sports individuels comme le javelot, où Soultoini Ali et Zoubert Hadhurami sont très attendus, ce mercredi. Ou encore sur le tennis de table en individuel avec Kilomo Vita.

En attendant, la plus belle de toutes a été décrochée en judo par Rudolphe Méchin, ce mardi au dojo de Côte d’Or . Dans sa catégorie des plus de 100 kilos, le licencié du JC Chiconi Sada a battu son adversaire. A elle seule, la délégation de judo de Mayotte compte sept médailles (6 bronzes, 1 or). La dernière médaille de la délégation mahoraise est à mettre à l’actif de Tanzila Jean Jacques.

 

Qualification de l’équipe masculine de basket-ball pour les demi-finales, après sa victoire hier soir à Phoenix, face aux Mauriciens (72-56).

 

Tanzila Jean Jacques a apporté une huitième médaille pour la délégation de Mayotte : la première en argent.

 

Comme en 2015, Mayotte accède aux demi-finales des Jeux des îles de l’océan Indien : une nouvelle qui faisait suite à son succès lundi soir à Mayotte La 1ère. Les footballeurs mahorais affrontent les Mauriciens pour une place en finale.

 

Le volet jeunesse a su gagner sa place dans la compétition.

 

Pas de top 10 pour la sélection mahoraise de cyclisme, battu à l’épreuve du contre la montre

 

Rudolphe Méchin décroche la médaille d’or dans la catégorie des plus de 100 kilos : la première d’une très longue série.

 

Ça ne passe pas pour Mayotte : battu par Maurice puis les Seychelles. L’aventure s’achève en phase de poule pour les volleyeurs mahorais

 

Kilomo Vita est le leader de la délégation de tennis de table. Il croit en une chance de médaille dans l’épreuve en individuel.

 

Droit de retrait des salariés de BDM après le braquage d’un Douka

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Les salariés de Bourdon distribution Mayotte (BDM) ont décidé d’exercer leur droit de retrait. Mardi matin, ils ont manifesté sur le parking de Jumbo score de Majicavo Lamir pour alerter contre les violences dans les Doukas Be à la suite d’un vol à Bandrélé. Ils réclament un agent de sécurité par magasin.

« Il ne se passe pas un seul jour où nous ne connaissons pas des actes de violences« , résume Antoine Tava, délégué du personnel de Bourdon distribution Mayotte (BDM) et secrétaire du Comité d’entreprise au sein de BDM. Mardi matin, une soixantaine de salariés de BDM ont exercé leur droit de retrait en se réunissant sur le parking de Jumbo score de Majicavo Lamir pour manifester contre les violences dans et aux abords des épiceries du groupe. « Les autres employés sont devant leur magasin pour protester. Tous soutiennent le mouvement« , explique Antoine Tava. En effet, ces épiceries seraient la cible fréquente et depuis des années de vol avec violences physiques ou morales.

 Pour preuve, le vol à main armé d’un Douka Be samedi matin à Bandrélé. Le responsable de la boutique, présent lors de la manifestation ce mardi matin, est revenu sur les faits : « Je suis arrivé à mon magasin vers 6h50, j’ai ouvert la porte puis j’ai refermé derrière moi. Ensuite, j’ai désactivé l’alarme, allumé les lumières et fais ma ronde comme tous les matins« . Le responsable se rend alors dans son bureau. « J’ai senti une odeur de cigarette fumée et je me suis dis qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. C’est à ce moment-là que j’ai vu un gros trou dans le mur entre les toilettes et le bureau« . Il entend alors du bruit et retourne vers la porte d’entrée et tombe nez à nez avec le voleur, armé d’un pistolet d’alarme. « Il m’a dit de m’asseoir en braquant son pistolet vers moi. Il voulait s’enfuir mais n’arrivait pas à ouvrir la porte avec toutes ces clés. Il est alors revenu vers moi, m’a demandé d’ouvrir et est parti en m’enfermant à l’intérieur« .

 Un agent de sécurité par magasin

Selon le responsable, il aurait vidé tous les coffres contenant les recettes des trois derniers jours et les rouleaux de monnaie. Les pertes s’élèveraient à une somme comprise entre 24.000 et 24.500 euros. « Il était forcément bien renseigné puisqu’il a su où se trouvaient les clés alors qu’elles étaient cachées. Il a arraché les caméras du bureau ainsi que le disque dur enregistrant les vidéosurveillances« .

Un épisode traumatisant pour le responsable et « qui est la goutte d’eau qui fait déborder le vase » selon les salariés présents sur le parking. Depuis quelques mois, le personnel de ces enseignes connaîtrait des actes de violences de plus en plus graves. Des sujets qui sont évoqués régulièrement avec le délégué du personnel lors des réunions avec la direction. « La direction ne veut pas renforcer la sécurité de ces magasins par souci d’économie. Aujourd’hui, nous connaissons la politique des économies, c’est au péril des vies des salariés« , assure le délégué. Et d’ajouter que « nous voulons un agent de sécurité pour chacun des 33 magasins installés sur l’île, de l’ouverture à la fermeture. »

 Une stratégie qui connaît ses limites

 Même si certains magasins bénéficient de la surveillance d’un agent de sécurité, ceux-ci  ne sont pas présents du matin au soir. « Souvent, ils [les agents de sécurité, ndlr] sont présents de 16h à la fermeture. D’autres magasins en sont totalement dépourvus« . Si cette présence peut dissuader certains voleurs, elle ne permet pas d’endiguer tous les actes de vol et d’agression. « Ce n’est pas aux salariés d’être exposés à des faits aussi graves« .

D’autant plus que d’autres enseignes telles que Sodifram bénéficient d’au minimum trois agents de sécurité par magasin, font valoir les salariés. « Nous savons pertinemment que de mettre des agents de sécurité ne va pas forcément stopper le nombre de vols mais cela va dissuader davantage et de manière conséquente« .

 Pourtant, il y a quelques années, une stratégie de la direction avait été mise en place pour employer du personnel originaire du village dans lequel se trouvait le magasin afin d’apaiser les violences. Une stratégie qui, aujourd’hui, semble trouver ses limites, selon certains employés. « À Tsararano, par exemple, le responsable du Douka Be se fait menacer par des gamins : « on connaît ta famille, on connaît ta femme, on connaît tes enfants ». Une situation qui va beaucoup trop loin !« . Un travail pourrait également être réalisé par la police ou la gendarmerie, selon les manifestants. « Mais c’est tout d’abord à notre direction de nous montrer l’importance de la sécurité« , affirme une gérante de Douka Be dans le Nord.

Depuis quelques semaines, des négociations annuelles obligatoires (NAO) – imposées par le Code du travail (art. L2242-8) – ont lieu au sein du groupe. Une troisième réunion devrait se tenir vendredi prochain, le 5 juillet. « Au regard des avancées des négociations, le personnel se garde le droit de publier un préavis de grève à l’issue de cette réunion« , confirme le délégué CFDT Antoine Tava.

 

 

 

 

Retour en images sur la course de pneus

 

Comme sur des roulettes. La 36ème édition de la course de pneus s’est déroulée dans des conditions idéales, samedi, à Mamoudzou. Les 910 participants ont bénéficié d’une organisation quasi-parfaite tout au long des 1.800 mètres du parcours qui menait de la MJC de M’tsapéré à l’ancienne place du marché.

La belle histoire de la journée, c’est celle de la jeune Hounaida Mahamoud (photo), élève au collège Zéna M’déré de Pamandzi, qui a remporté haut la main la course des filles, comme l’an dernier. Tout sauf une surprise pour l’intéressée, qui « adore courir » et confie s’être « entraînée tous les jours pour la course« .  Elle a aussi suscité la très grande fierté de sa mère Echadi qui l’attendait sur la ligne d’arrivée : « Quand j’ai vu qu’elle était première, j’ai eu le cœur qui battait très fort ! », raconte celle-ci.   

Une convention pour développer et harmoniser l’action sociale communale

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L’Union départementale des centres communaux d’action sociale (UDCCAS) a signé, vendredi 28 juin, un partenariat financier avec la DJSCS de Mayotte. Avec un objectif : permettre la mise en cohérence des politiques d’actions sociales communales.

 

« Les centres communaux d’action sociale sont primordiaux pour assurer le premier relais de la politique sociale« , déclare le directeur de la Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DJSCS), Patrick Bonfils, en amont de la signature de la convention qui lie désormais sa structure à l’UDCCAS, présidée par Anchya Bamana, également présente ce vendredi. Des centres communaux « qu’il faut mettre en musique« , estime la maire de Sada. L’union qu’elle préside affiche ainsi cet objectif : mettre en réseau les seize centres d’action sociale de l’île, assurer la cohérence de leurs interventions, les accompagner dans celles-ci et évaluer leurs impacts. Surtout, du point de vue de l’État et de sa direction dédiée qu’est la DJSCS, cette union doit servir de passerelle entre ses politiques sociales et leurs mises en œuvre, au plus près de la population.

Voilà pour les objectifs, mais pour les mettre en œuvre, il faut des financements. Et c’est tout l’objet de la convention signée ce jour. Avec la subvention de 60.000 euros accordée par la DJSCS, l’Union départementale des centres communaux d’action sociale va pouvoir recruter un chargé de développement et chercher des locaux pour installer ses services. Si la démarche de recrutement n’est pas encore enclenchée, l’UDCCAS devrait s’installer prochainement aux côtés des bureaux du Groupement d’intérêt public (GIP) Politique de la Ville, situés à Dembéni.

Partenaires un jour, partenaires toujours. « Nous avons besoin de cet outil – l’UDCCAS – donc le partenariat a vocation à durer, on ne peut mettre en œuvre de politique sociale sans l’échelon local et nous avons besoin de CCAS bien armés pour la déployer auprès de la population« , considère ainsi Patrick Bonfils. Anchya Bamana, abondant dans le sens de son partenaire, a toutefois tenu à assurer de l’indépendance des centres communaux. Si certains mettent l’accent sur l’aide aux personnes âgées, d’autres se soucient de l’accès au droit des riverains par exemple.  Toujours est-il que pour être indépendants, les centres communaux doivent d’abord se structurer, puis apprendre les uns des autres. D’où le rôle de l’union « pour donner cette impulsion commune« , comme le fait valoir sa présidente.

Car sur le volet social, bien qu’en grand besoin, le 101ème département reste sous doté. Au niveau du conseil départemental, par exemple, « moins de la moitié du budget est dédié à l’action sociale à Mayotte quand plus des trois quarts sont mobilisés sur ce plan dans les départements de métropole« , rappelle Patrick Bonfils. « On sent qu’il y a d’énormes difficultés et que la route est longue pour mettre ce territoire à niveau  mais tous les voyants sont au vert et maintenant il faut démarrer le moteur« , ajoute le directeur de la DJSCS.  

Défilé de mode sur le front de mer

Dans le cadre de la foire artisanale régionale qui a connu un vif succès, la CMA de Mayotte organisait pour la 3ème édition un défilé de mode vendredi soir sur le front de mer de Mamoudzou.

Plusieurs couturiers de Mayotte et sa région ont présenté leurs créations au cours de défilés entrecoupés de morceaux de musique proposés par le groupe Patrick & Co.

Présentée par Denise Harouna, la cérémonie a permis de découvrir des créations traditionnelles mahoraises de boubous du créateur installé à Poroani, très demandé en cette période de mariages ou de bien belles robes valorisant des tissus locaux ou malgaches (photo) utilisant notamment de la soie. Une belle soirée alors que se prépare l’ouverture de l’École régionale de la mode et du design à Mayotte…

Détournement de 56.000 euros : Faouzia Kordjee reconnaît les faits

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Placée en garde à vue mardi pour avoir détourné 56.000 euros lorsqu’elle présidait l’association Les Doigts d’Or, Faouzia Kordjee a reconnu l’intégralité des faits, se justifiant par un « certain laxisme », a-t-on appris de source policière.

 

La célèbre femme leader et présidente de l’Acfav Faouzia Kordjee (orthographié Cordji selon son état civil) est actuellement inquiétée par la justice pour abus de confiance, recel d’abus de confiance et travail dissimulé, selon nos informations. Les faits se sont déroulés entre juillet 2013 et août 2017 alors qu’elle était présidente de l’association d’artisanat Les doigts d’or, dont les activités ont cessé depuis pour raisons économiques.

Le montant total de ce détournement a été estimé dans un premier temps à 56.000 euros. Le bénéficiaire de ces malversations est un membre de sa famille qu’elle a embauché pour un travail de « coaching » en le rémunérant via les fonds de l’association mais sans contrat de travail, nous a appris une source proche du dossier. Cette même source indique le fisc ne conserve aucune trace de cette collaboration rémunérée. Faouzia Cordji a donc été placée en garde à vue pour des faits de « travail dissimulé par dissimulation de salaire et dissimulation d’activité« .

Une enquête a été ouverte après que le secrétaire général de l’association Les Doigts d’or a porté plainte pour travail dissimulé mais les investigations menées ont fait ressortir d’autres infractions commises par l’ancienne candidate malheureuse aux dernières sénatoriales. En effet, c’est en entendant les salariés de la structure, en tant que témoins, que les enquêteurs se sont également penchés sur l’enveloppe de 14.000 euros d’indemnisation qui aurait été promise aux employés n’ayant pas touché leur salaire pendant dix longs mois avant la fermeture de cette association de promotion de l’artisanat mahorais.

Lors de sa garde à vue, Faouzia Cordji a reconnu l’ensemble des faits qui lui sont reprochés, invoquant un certain laxisme pour justifier ses agissements.

Mahopolitains : Ce qu’ils pensent de leur île

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Si l’immigration est souvent mise en avant dans la diminution de la part des Mahorais dans la population de l’île, un autre phénomène joue un rôle majeur dans le processus : le départ des Mahorais de leur île de naissance. Pour des raisons de formations et d’emplois, parfois partis tout jeune avec leurs parents, certains choisissent de ne pas revenir, d’autres si. En cause : l’attractivité du territoire. Témoignages.

« Personne ne semble en parler, [mais se pose la question] de la fixation ou du retour des Mahorais partis de chez eux. Le solde migratoire est négatif (…). C’est quand même une tragédie » : dans notre numéro 878 de mars dernier, le sénateur Thani Mohamed Soilihi soulignait la problématique des départs de la jeune génération de Mahorais vers d’autres territoires, la métropole et La Réunion en tête de liste. Un constat confirmé par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Dans son analyse parue en février 2019 et basée sur le recensement de la population réalisé à Mayotte du 5 septembre au 2 octobre 2017 et intitulé À Mayotte, près d’un habitant sur deux est de nationalité étrangère, l’organisme note : « Le solde migratoire des natifs de Mayotte est très déficitaire et ce déficit s’est accru (-25 900 personnes entre 2012 et 2017, contre -14 900 entre 2007 et 2012). En effet, de nombreux jeunes de 15 à 24 ans quittent le territoire pour poursuivre des études ou chercher du travail en métropole. »

Ce constat – « pour poursuivre des études ou chercher du travail en métropole » – est également confirmé par Céline Leroux, docteure en sciences de l’éducation et auteure d’une étude sur le sujet : La mobilité des jeunes Mahorais en métropole : l’action des missions locales, parue en 2017. Elle y explique : « Dans le cas de Mayotte, la mobilité des jeunes est (…) fortement corrélée à l’emploi, problématique à laquelle doivent faire face les professionnels de jeunesse sans pour autant disposer des mêmes moyens qu’en métropole. »

Un manque de moyens dans la mise en place de politiques publiques destinées à fixer nos jeunes sur le territoire qui n’est par ailleurs pas nouveau. Ainsi, la chercheuse cite dans son étude un ancien coordinateur emploi et formation du Conseil général, auditionné en 2014 et qui estimait « qu’à Mayotte, chaque année, peuvent être créés entre 500 et 1 500 nouveaux emplois alors que le nombre de jeunes sortant du système scolaire et arrivant sur le marché du travail serait de l’ordre de 4 000. Il [soulignait] la nécessité d’ouvrir Mayotte vers l’extérieur et de faciliter la mobilité des jeunes Mahorais. » Un manque de perspectives, donc, qui encourage au départ, et qui, par la suite peut rendre délicat le retour de ces jeunes sur qui Mayotte compte pour son développement. Mises en avant : une attractivité trop faible, notamment en termes d’emplois et de loisirs quotidiens, mais aussi un doute sur la volonté politique locale ou étatique à développer le territoire.

 

Roubouanti Madi – 23 ans – BTS commerce international

« Tant que les élus et les entreprises ne laisseront pas leur chance aux jeunes diplômés, rien n’avancera. »

Un parcours

Ça fait déjà 14 ans que je vis en métropole avec ma mère. Elle a fait le choix de quitter Mayotte pour fuir la précarité éducative sur l’île, et donc pour nous offrir à mes sœurs et à moi de meilleures conditions de vie, et de meilleures conditions d’études. Depuis, je rentre quand même régulièrement à Mayotte pour voir ma famille. L’île me permet de me ressourcer et de me détendre du stress et de la pollution qu’il peut y avoir en métropole. Mayotte est synonyme de joie de vivre, de plages, de barbecues et bien plus encore !

Un regard sur l’île

La dernière fois que je suis venue à Mayotte, c’était en 2008. Comparé à la situation actuelle, il n’y avait pas encore cette violence : on pouvait dormir les fenêtres ouvertes et rencontrer plusieurs jeunes mahorais dans les villages, etc. Les mariages étaient autre chose et les gens étaient plus solidaires. Au départ, je me suis dit que j’allais rester de façon définitive, car j’avais besoin de retrouver les miens, mais plus les mois passaient moins j’avais le sentiment d’avoir ma place. Il faut dire que quand tu ne bois pas ou que tu ne fais pas la prière, tu t’ennuies vite à Mayotte. Les semaines se suivaient et se ressemblaient. Les voulés, les sorties à la plage le week-end, aller à la campagne, etc. : c’est bien un moment, mais on s’en lasse forcément. J’ai connu autre chose que la vie mahoraise et bien évidemment je suis arrivée à un stade où je voulais repartir. À Mayotte, où que tu ailles, tu retrouves les mêmes têtes, les mêmes délires. Et puis, Mayotte ne semble pas évoluer. J’ai l’impression que derrière tout ça, il y a une volonté politique de ne pas faire de Mayotte un département à part entière. À Mayotte, tout est en retard comparé aux autres départements d’outre-mer. La violence est devenue le quotidien des Mahorais. L’immigration clandestine n’a jamais été aussi forte également. Oui, il faut parler de cette immigration qui sature écoles, hôpitaux, et tous les services publics confondus. Les Mahorais sont obligés d’aller se soigner à l’extérieur. Le niveau d’études est catastrophique, et pendant ce temps, nos élus se font la guerre pour être le roi du pétrole. Eh oui, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre : le bien-être général n’est pas encore à l’ordre du jour dans leur agenda. Tant que l’on ne cessera pas le principe du « vote pour moi, je te donnerai un poste de directeur même si tu n’en as pas les compétences », l’île n’avancera pas. Tant que les élus et les entreprises ne laisseront pas leur chance aux jeunes diplômés, rien n’avancera. Tant que chacun ne fera pas convenablement le travail pour lequel il est payé, rien n’avancera. Tant que nous ne retrouverons pas la solidarité mahoraise, idem. Nous devons aussi arrêter de copier tout ce qui se fait ailleurs et essayer plutôt de valoriser notre culture et nos traditions. Mayotte reste malgré tout une belle île qui ne demande qu’aux Mahorais de s’occuper d’elle. C’est notre maman à tous.

Un retour, un jour ?

Je ne suis pas encore prête à revenir habiter à Mayotte. J’ai d’autres projets : voyager à travers le monde, découvrir autre chose que ce que j’ai l’habitude de voir et vivre dans un autre pays. Alors, qu’est-ce qui me pousserait à rentrer ? Après plus d’une décennie loin de ma famille, je me rends compte que j’ai raté plusieurs évènements importants ou graves. J’ai raté les mariages de mes frères, cousins et cousines, amis intimes, etc. Je n’ai pu dire « au revoir » à aucun de mes grands-parents décédés suite à de longues maladies. Aujourd’hui, cela me fait réfléchir et me rend triste. Lorsque tu es ici, tu perds la notion du temps. Tu penses que les personnes que tu as laissées vont t’attendre ou ne vont pas vieillir. Retrouver ma famille et avoir un bon travail où je pourrais subvenir aux besoins des miens pourraient être une bonne raison de rentrer. Car oui, il faut avoir un bon travail pour ne pas être tenté de repartir. Je suis consciente que ça ne va pas être facile et que je devrais faire un travail sur moi-même, mais aujourd’hui, j’ai la maturité nécessaire pour surmonter les obstacles. Certains ont réussi à déposer leurs valises de façon définitive, alors pourquoi pas moi ?

 

Faiza Laou Madi – 22 ans – licence biologie

« C’est à nous de proposer des innovations »

Un parcours

J’ai été en métropole pendant quatre ans pour poursuivre mes études. Au départ, je n’étais revenue de métropole que pour les vacances et je n’avais jamais songé rentrer maintenant à Mayotte, et surtout pas définitivement. Mais finalement j’ai fait le choix de rester. J’ai eu besoin de rester, de reprendre ma vie en main ici et de repartir sur de bonnes bases tout en reprenant mes études sur le territoire.

Un regard sur l’île

À mon retour ici, je n’ai pas vraiment remarqué de changement au niveau des infrastructures. Ce n’est pas comme certains le voudraient, mais en termes de développement, je pense qu’on évolue à notre rythme. D’ailleurs je trouve ça dommage, que beaucoup de jeunes qui partent étudier en métropole à la fin de leurs études ne rentrent pas à Mayotte pour aider notre île à évoluer. Il n’y a certes pas tant d’emplois dans les secteurs qu’on recherche, mais on peut tirer profit de chaque expérience et pourquoi ne pas créer sa propre entreprise ensuite ? Le but est de faire avancer l’économie locale et c’est à nous les jeunes de proposer des innovations qui permettraient de faire avancer les choses à Mayotte !

 

Arsène Ali – 22 ans – BTS économie et social

« Dans 10 ans, je reviendrai peut-être »

Un parcours

J’ai vécu la grande majorité de mon enfance à Bordeaux. Huit ans après, je suis rentré à Mayotte avec mes parents jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat. Puis, j’ai dû quitter le foyer familial pour poursuivre mes études en métropole. Je n’avais qu’une hâte : quitter Mayotte et retourner dans la ville où j’avais grandi.

Un regard sur l’île

Aujourd’hui, je trouve qu’à Mayotte il n’y a pas assez d’activités, il n’y a pas grand-chose à faire, pas comme en métropole. Pour moi, Mayotte est une île sur laquelle je viendrai pour passer des vacances, mais pas pour y vivre. Les week-ends riment avec plages, fêtes, sorties bateaux ou randonnées. Je pense que Mayotte n’évolue pas parce que les gens qui travaillent au Conseil départemental ne pensent qu’à remplir leurs poches. Ils ne pensent pas à améliorer l’île, ils ne pensent pas à construire les infrastructures nécessaires pour elle. En plus, ils ne font pas grand-chose pour remédier aux problèmes de l’immigration clandestine. Les violences augmentent d’année en année. Vivre à Mayotte n’est plus comme avant : on vit constamment avec la peur, la crainte d’être agressé dans la rue et même dans sa propre maison. Mayotte présente vraiment un retard que ce soit au niveau des infrastructures, des mentalités, mais aussi au niveau de la vie qui est très chère.

Un retour, un jour ?

Peut-être que dans 10 ans je reviendrai à Mayotte. Une fois que je serai stable avec une situation et un travail.

Ramadan : des colis alimentaires pour les personnes âgées

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Afin de renforcer les liens de cohésion sociale entre la commune et les personnes âgées, le CCAS a mis en place le projet « Ramadan pour tous » il y a trois ans. Le principe ? Distribuer des colis alimentaires pendant le mois du ramadan à 143 personnes âgées en situation de précarité. Cette année, le CCAS a décidé de faire de la prévention alimentaire son cheval de bataille face à la situation nutritionnelle préoccupante dans le département.

 

Une personne sur dix, entre 30 et 69 ans, est diabétique à Mayotte. Constatée depuis de nombreuses années, la situation nutritionnelle sur le territoire mahorais est préoccupante. Selon l’Agence régionale de santé (ARS), « des études menées en 2006 et 2008 » ont mis en exergue une prévalence élevée de l’obésité chez les femmes et des maladies qui lui sont liées telles que l’hypertension artérielle et le diabète). Dans le 101ème département, parmi les diabétiques, 79% d’hommes et 94% de femmes étaient en surpoids ou obèses en 2008*. À Mayotte, la population privilégie généralement les aliments riches énergétiquement par rapport aux fruits et légumes. C’est un fait qui est également dû à l’éducation nutritionnelle du territoire.

Face à ce constat, depuis trois ans, le centre communal d’action sociale (CCAS) de Mamoudzou organise une semaine de distribution de colis – d’une valeur de 15.000 euros pour l’ensemble de l’opération – pendant le mois du ramadan. Plus de 140 personnes âgées de plus de 60 ans de la commune de Mamoudzou (une moyenne de 20 par village) ont pu et pourront en bénéficier, du mardi 21 au vendredi 24 mai. « Les personnes ont été +sélectionnées+ par des agents de terrain du CCAS qui repèrent les personnes les plus précaires pour leur venir en aide. Ce ne sont jamais les mêmes personnes« , assure la directrice du CCAS. Plusieurs critères de sélection sont étudiés : les personnes doivent être âgées de plus de 60 ans ou bénéficier de l’allocation spéciale pour personne âgée (ASPA) ou toucher une retraite de moins de 400 euros ou encore être bénéficiaire du RSA. Elles ont néanmoins l’obligation d’être de nationalité française ou de bénéficier d’une carte de séjour de dix ans minimum et d’être résident dans la commune.

 

Gérer son alimentation durant le ramadan

Pour l’édition 2019, le CCAS a souhaité mettre en avant la prévention alimentaire. « Cette semaine consiste en un moment de convivialité et de partage. Notre ambition est de mobiliser les énergies de tous afin d’améliorer la santé de la population« , résume la directrice du CCAS de Mamoudzou, Anziza Daoud.

La structure a donc décidé d’équilibrer le panier, qui n’était composé jusqu’à présent que de poulets congelés et de viande, et s’est attachée les services d’une diététicienne de Rédiab Ylang, Ségolène Guisset. Le panier se compose désormais de féculents (riz, bananes, etc.), de protéines, de fruits et légumes (oranges, poires, concombres, etc.) et de produits laitiers. « Nous avons pu avoir du poisson frais cette année« , se félicite la directrice.  

Mais cet équilibre alimentaire doit passer par des conseils nutritionnels, selon la spécialiste nutrition. En effet, lors du ramadan, les musulmans n’ont pas le droit de s’alimenter de la journée ce qui entraîne souvent une ruée sur une myriade de plats dès la nuit tombée. Le jeûne induit donc nécessairement un changement de régime alimentaire, pas toujours très équilibré, notamment sur le territoire. « Mais nous essayons de sensibiliser la population sur le fait que nous pouvons tout à fait faire des plats sains et équilibrés où nous ajoutons une belle portion de légumes, des protéines maigres comme le poulet ou le poisson au lieu des morceaux de viande très gras. C’est pour cela que nous avons, dans la composition des colis, vraiment mis un point d’honneur sur la présence de fruits et de légumes« , affirme Ségolène Guisset.

Toujours selon la spécialiste, il est important de consommer son quota de calories : « Nous conseillons de fractionner les repas« . L’organisme pourra alors faire des stocks pour tenir une journée de jeûne. Cette fraction permettra de diminuer les prises de poids et la surcharge en graisse et en sucre. « Elle diminue également reflux gastro-œsophagien**« .

 

Sensibiliser dès le plus jeune âge

En outre, la déshydratation est un gros risque pendant le jeûne, « surtout avec cette chaleur« . Boire beaucoup et consommer des aliments riches en eau est donc conseillé. « Les fruits sont un parfait exemple. Au lieu de se forcer à boire une bouteille, l’alimentation est aussi une source d’hydratation« .

Malgré la volonté de vouloir aller jusqu’au bout de ses convictions religieuses, la diététicienne rappelle qu’il est important que les individus écoutent leur corps. « Pour toutes les personnes diabétiques ou atteintes de maladie chronique ou de maladie quelconque, nous conseillons vivement d’aller voir le médecin. C’est à lui de juger de la capacité ou non d’une personne malade à continuer le ramadan« . 

La diététicienne poursuit : « Aujourd’hui, la nécessité est de prévenir la maladie au lieu de la guérir par de la sensibilisation. Les maladies chroniques comme le diabète ou l’obésité prennent des années pour s’installer et il faudra certainement attendre des générations pour constater des changements dans les modes d’alimentation. C’est important d’éduquer les enfants dès le plus jeune âge. Nous essayons, par cette distribution par exemple, de créer le lien entre l’alimentation et la santé« .

Bateaux de pêche : une impossible mise aux normes ?

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Mercredi matin, le directeur de la Copemay et trois pêcheurs comparaissaient devant le tribunal correctionnel pour une affaire de vente et d’achat de produits provenant de la pêche illégale. Mais l’Europe s’est invitée dans le prétoire, pour un débat confus autour de la réglementation européenne, du droit à l’erreur et du manque de subventions accordées aux pêcheurs permettant de remettre leurs bateaux en conformité.

 

L’histoire se déroule un 14 avril 2016, au ponton de débarquement de Mamoudzou. Les Affaires maritimes contrôlent les propriétaires de deux bateaux à qui elles reprochent d’avoir pêché puis vendu illégalement des poissons. Sur place, un acheteur qui n’est autre que Pierre Baubet, le directeur de la Coopérative des pêcheurs de Mayotte (Copemay).

Convoqué devant la cour du tribunal correctionnel ce mercredi matin en présence de trois autres professionnels de la mer impliqués dans l’affaire, Pierre Baubet ne nie pas l’ensemble des faits.

S’il reconnaît bien avoir acheté le produit de la pêche de ces deux navires, il réfute en revanche avoir eu connaissance de la situation administrative hors cadre des pêcheurs et donc, de l’illégalité de son achat.

En effet, les vendeurs sont des pêcheurs professionnels dont les navires sont immatriculés. Cependant, celui appartenant à Ousséni A. avait été frappé en 2013 d’une interdiction formelle de naviguer et de pêcher. Et pour cause : Ousséni A. avait transformé le bateau depuis la première immatriculation et celui-ci nécessitait donc une remise aux normes (plans, structure, motorisation, etc.) avant de jouir de nouveau d’un droit de navigation. L’autre navire, celui de Houmadi S.C., se trouvait dans la même situation, à la différence près (et de taille) que le propriétaire n’avait jamais été informé que la transformation qu’il avait apportée à son bateau nécessitait une remise aux normes.

Ainsi ce mercredi matin, une des responsables des Affaires maritimes est venue apporter son expertise dans une affaire très technique et qui fut bien souvent confuse pour l’ensemble des magistrats, tâchant de démêler la bonne de la mauvaise foi chez ces quatre prévenus confrontés à une tâche des plus difficiles : celle consistant à conformer, quasiment sans moyens financiers supplémentaires, les navires de pêche de Mayotte à la réglementation française mais aussi européenne.

En effet, en 2002, l’Union européenne a suspendu les subventions publiques à la construction des navires de pêche afin d’endiguer la surpêche, décision finalement revue en 2017. Mais pendant ces 15 ans, les pêcheurs des régions ultrapériphériques, françaises comme portugaises et espagnoles, n’ont pu bénéficier de fonds publics dans ce cadre. Un défaut d’accompagnement qui a lourdement pénalisé les professionnels de la mer de Mayotte alors même qu’un nouveau cadre réglementaire européen, rigide, s’abattait sur eux.

Lors de la l’audience, la fonctionnaire des Affaires maritimes a cependant argué que, désormais, 60% des pêcheurs du département étaient financièrement soutenus par des fonds publics pour acquérir de nouveaux bateaux, grâce à une intense campagne de lobbying de l’État français auprès de l’Europe pour obtenir des voies dérogatoires pour l’outre-mer. Elle a également rappelé que l’immatriculation provisoire dont bénéficiaient les deux bateaux à l’époque du contrôle, qui vise à ne pas pénaliser un secteur en souffrance, est toutefois conditionnée à la remise aux normes des navires. Devant la cour, les trois professionnels de la mer, qui ne s’exprimaient qu’en shimaoré, ont expliqué qu’ils avaient tenté de suivre les règles en vigueur, qu’ils s’étaient renseignés auprès des autorités compétentes mais que le coût de remise aux normes était trop important et qu’ils étaient un peu perdus dans ce sac de nœuds administratif.

 

Des subventions publiques « que depuis 2019 »

L’autre question qui a occupé la cour ce mercredi matin consistait à déterminer si Pierre Baubet, directeur de la Copemay et élu de la Capam, avait acheté le produit d’une pêche illégale en toute connaissance de cause. Pour la cadre des Affaires maritimes, le directeur de la coopérative ne pouvait « absolument pas » connaître la situation administrative précise des deux pêcheurs puisque l’immatriculation des deux bateaux n’aurait de toute façon pas changé, qu’ils soient conformes ou non aux règles en vigueur. Il aurait toutefois pu se renseigner auprès des Affaires maritimes, a souligné la procureure, peu convaincue.

À la barre, Pierre Baubet a défendu le cas des pêcheurs : « Ce cas-là n’est pas isolé (…) 98% de la flottille » de ce type de bateau à Mayotte « date d’avant 1993« . Or, « c’est seulement depuis 2019 qu’on peut financer la remise aux normes« , a encore plaidé le directeur de la Copemay. « [Les pêcheurs] n’ont pas de crédits, pas de subventions » et ont donc transformé leur bateau de manière « rudimentaire« . « Il y en deux qui se sont fait contrôler mais ils font tous ça« , a déclaré Pierre Baubet devant la cour. « Ils sont obligés de travailler » pour nourrir leur famille mais ont néanmoins lancé des procédures collectives pour se remettre aux normes, a insisté le directeur. Ce dernier a soutenu qu’il n’avait en tout cas pas connaissance de la situation administrative précise des deux bateaux au moment des faits et qu’il n’avait pas le temps de systématiquement contrôler tous les navires avec lesquels il travaille.

Dans ses réquisitions, la procureure a tenu compte de la complexité de l’affaire, démontrée par le « flou au cours du débat« . Pour Houmadi S.C., considérant qu’il n’avait pas eu d’injonction de ne pas naviguer ni de pêcher, elle a requis la relaxe. Pour Ousséni A., qui avait bien été informé de l’interdiction qui lui avait été faite de prendre la mer, elle a requis 1.000 euros d’amende intégralement assortis d’un sursis. Enfin, la procureure a estimé que Pierre Baubet avait agi en connaissance de cause et qu’il avait donc une responsabilité établie car « tout le monde sait à peu près dans quelle situation administrative se trouve chacun« . Elle a ainsi requis à son encontre 1.500 euros d’amende avec sursis. Le délibéré sera rendu le 4 juin prochain.

Port de Longoni, une ville dans la ville

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En novembre 2013, la gestion et l’exploitation du port de Longoni ont été confiées pour 15 ans à Mayotte Channel Gateway dans le cadre d’une délégation de service public organisée par le Département. Dans le but de devenir une référence dans le canal du Mozambique, plus de 50 millions d’euros ont déjà été investis dans les équipements et l’aménagement du site. Et selon les prévisions, le trafic de conteneurs devrait littéralement exploser d’ici 2050.

 

                                        

Dès l’aube, les premiers camions-grues commencent à se présenter devant l’entrée du port. La poussière provoquée par ces va-et-vient permanents – chaque jour, 80 conteneurs sortent et rentrent du port de Longoni, dont 90 % d’entre eux se rendent à Kawéni – attaque le visage des ouvriers, déjà frappé par le soleil brûlant. Casques vissés sur la tête et gilets jaunes enfilés sur le dos, la centaine d’employés présents sur le site déambulent telle une fourmilière dans cette ville géante où les « boîtes » s’entassent les unes sur les autres.

Les yeux rivés sur la série d’écrans devant lui et la main fixée sur la souris, Nahun, responsable des opérations chez Mayotte Channel Gateway (MCG), envoie des directives depuis le logiciel Navis, un système de gestion portuaire, à ses collaborateurs. « On reçoit un fichier de l’armateur dans lequel il y a un plan du navire. Dans le cadre d’un transbordement, chaque couleur correspond à un pays. Une fois déchargée, on a une traçabilité du conteneur en direct », explique-t-il. À ses côtés pour l’épauler, une personne en « back-office » et deux autres en charge des livraisons : « L’enjeu de la place est primordial, il y a un gros travail de préparation en amont. On essaie d’optimiser et de ranger au mieux. » De fait, il est demandé à la grande distribution d’envoyer sa liste de conteneurs à récupérer la veille au soir pour le lendemain, sachant que des groupes comme Sodifram, Somaco ou Bourbon Distribution peuvent venir en chercher « entre 20 et 30 par jour. »

 

Doubler l’activité de transbordement et le trafic global

Il faut dire que depuis que le Département a confié dans le cadre d’une délégation de service public la gestion et l’exploitation du port en novembre 2013 pour une durée de 15 ans à la société présidée par la Sud-africaine Ida Nel, les objectifs sont colossaux : doubler l’activité de transbordement en cinq ans et le trafic global en 10 ans. La première des deux missions a été remplie facilement avec +92 % en 2016 (27 000) et +60 % l’année suivante. « C’est très significatif de la crédibilité du port », confie Vincent Lietar, directeur développement et infrastructures à MCG, qui joue sur les drapeaux français et européens, « un gage de stabilité aux yeux des entreprises », pour vendre l’image de marque de Mayotte dans le canal du Mozambique.

« Actuellement, on ne représente que 0,6 % du trafic maritime régional », ajoute-t-il. En effet, avec un tonnage global estimé à 1,15 million en 2017 (contre 369 000 en 2008), Longoni ne joue pas dans la même catégorie que ses concurrents des pays voisins : 26 millions de tonnes pour Mombassa au Kenya, 20 millions pour Dar es Salam en Tanzanie, 24 millions pour Beira, Nacala et Maputo au Mozambique ou encore 81 millions pour Durban en Afrique du Sud.

Néanmoins, ce statut franco-européen pourrait lui permettre de jouer un rôle majeur dans les années à venir. Comment ? Grâce aux réserves sous-marines de gaz et de pétrole découvertes à proximité de la fracture géologique DAVIE qui vont être exploitées de manière imminente au nord du Mozambique. La période du chantier immense entamée à Afungi, pour un total de 50 milliards de dollars, est une source de retombées possibles pour l’économie du port et pour Mayotte. « Dans le futur, le quai 1, une fois rénové, pourrait devenir une possible base arrière pour une compagnie de type supply travaillant sur les équipements et la logistique des équipages. »

Une opportunité déjà évoquée publiquement par le président du Conseil départemental, Soihabadine Ibrahim Ramadani, à l’occasion de la cérémonie de voeux au mois de janvier dernier.

Trois grues et quatre ponts roulants pour 24 millions d’euros

Depuis sa prise de fonction il y a bientôt 6 ans, la MCG met la main à la poche pour devenir un pôle de référence. « En 2015, on a investi 24,2 millions d’euros pour financer trois grues de 400 tonnes avec un rayon d’action de 60 mètres, qui ont permis de multiplier par deux la performance horaire de débarquement des navires, quatre ponts roulants de stockage de 140 tonnes et trois maxis élévateurs », livre Jacques-Martial Henry, le bras droit d’Ida Nel. Et d’ici 2028, deux nouvelles grues et quatre autres ponts roulants devraient faire leur apparition. Mais ce n’est pas tout. À cela, s’ajoute l’agrandissement sur 4,5 hectares de la zone de stockage dont la capacité maximum atteint 7 550 conteneurs (triplement par rapport à 2013), en attendant la livraison, à l’horizon 2020, de l’extension des plateformes logistiques sur 8,5 hectares pour un montant global de 25,5 millions d’euros, dans le cadre d’un dossier FEDER validé en janvier 2017.

Parmi les chantiers programmés jusqu’en 2022, il y a également la construction d’un nouvel accès dernière génération, comprenant un portique de cinq voies, et la mise en place de l’ISPS, le code international de sécurité-sûreté. « Il y a encore sept ans, on pouvait rentrer en faisant un petit signe », se remémore Vincent Lietar, un brin nostalgique, mais conscient que toutes ces démarches peuvent faire passer le port dans la cour des grands. Avec cette nouvelle entrée, la MGC prévoit la création d’une zone de transit de quatre hectares comprenant un parking pour les véhicules légers et les poids lourds, un parc attente d’une superficie de 2 230m2, mais aussi un parc des transitaires (quatre parcelles grands importateurs, 15 parcelles équipées de hangars et six à huit parcelles locatives). Au total, les investissements prévus, initialement établis à 104,8 millions d’euros, devraient atteindre 159 millions d’euros à la fin des 15 années de la délégation de service public.

Un futur quai flottant à 40 millions d’euros ?

Pour améliorer la desserte portuaire, deux idées sont actuellement sur le feu : le prolongement du quai 2, mis en service en 2010, vers l’intérieur ou l’extérieur de la darse ou bien l’installation d’un quai flottant de 270 mètres de long sur 35 mètres de large. Selon le directeur développement et infrastructures, la seconde option aurait les faveurs de l’entreprise privée en raison de son prix abordable – environ 40 millions d’euros – et de son délai de livraison relativement faible. « Il faut compter moins de deux ans pour qu’il soit fabriqué, livré et posé » alors que la première option demande une douzaine d’années d’études et de travaux : « Actuellement, on est à 80 % de vérification ! » Il y a donc fort à parier que cette opportunité devienne réalité au plus tard en 2030, dans le but de répondre au marché de transbordement. « Les compagnies maritimes veulent décharger le TGV et recharger le train de campagne immédiatement », s’ose-t-il à comparer.

Selon les statistiques de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’année 2050 laisse entrevoir une population officielle estimée à 500 000 habitants à Mayotte. Ce chiffre impressionnant risque forcément d’avoir des répercussions sur l’activité. Le prévisionnel imaginé par Vincent Lietar porte à 250 000 le trafic de conteneurs par an au port (contre 75 000 en 2017) et à 560 transports routiers quotidiens. D’ailleurs une étude est actuellement menée par le Département pour réfléchir à des liaisons maritimes par le lagon tout autour de l’île dans le but de désengorger les routes mahoraises. Un défi de taille donc : « Il faut que l’on soit ambitieux. Ida Nel nous répète sans cesse que l’on vit dans un monde qui change et que ce n’est pas le moment de dormir ! ».

 

L’évolution de la zone portuaire de Longoni entre 2013 et 2018

Lorsque Mayotte Channel Gateway se voit attribuer la délégation de service public, elle dresse un état des lieux du port. Mis en service en 1992 et logiquement dégradé avec le temps, le quai 1 attend impatiemment sa rénovation, mais aussi son extension. En mauvais état, les berges de la darse ont été restaurées à 50 % via des enrochements, où il est prévu de réaliser de nouveaux quais (pêche, services, cabotage). La capacité de stockage est passée de 2 500 conteneurs en 2013 à 7 550 en 2018, notamment grâce à la rénovation en 2015 de la plateforme de 3,5 hectares et la construction d’une nouvelle de 4,5 hectares. Durant ces cinq premières années, la société privée a investi 31 millions d’euros dans le matériel et 11 millions d’euros dans les aménagements. « On a triplé la capacité du port et doublé l’activité », expliquent Vincent Lietar et Jacques-Martial Henry. Pour remplir ses différents objectifs quantitatifs, l’idée de travailler 24 heures sur 24 germe dans les têtes de la direction.

 

Un pôle d’activités pour 2028 ?

La convention de délégation de service public inclut le développement d’un pôle d’activités, en étendant la petite zone dite Vallée 2 de cinq hectares, qui rassemble aujourd’hui 16 sociétés. L’aménagement permettrait l’implantation de 160 à 200 entreprises, la mobilisation d’investissements privés et la création de 3 500 emplois. Un projet ambitieux présenté aux élus dans le cadre du schéma d’aménagement régional. « L’opération consisterait en l’utilisation du volume de la colline qui sépare les 61 hectares de la zone portuaire en deux pour réaliser un remblai sur le platier bordant la côte ouest », dévoile Vincent Lietar. Pour rassurer les associations environnementales, plusieurs études ont déjà été réalisées, comme un constat environnemental des fonds marins, des relevés bathymétriques, un constat de l’état des mangroves proches et des relevés géotechniques mer et terre. « C’est un projet unique, contrôlé et maîtrisé », assure-t-il.

Dans l’idée, il y aurait une extension en remblai de 30 hectares sur le platier est et de 9 hectares gagnés par des terrassements, réunissant respectivement des activités industrielles et commerciales, un quartier-technopole, un chantier naval, une marina, mais aussi des activités logistiques liées au port. « On a déjà une demande d’activités sur 20 hectares », précise le directeur développement et infrastructures. Autre bonne nouvelle, deux emprises sont déjà réservées à des implantations de production électrique sur le terminal pétro-gazier, dont la surface représente 2,5 hectares. « Sigma-Engie prévoit une enveloppe de 140 millions d’euros pour créer une centrale électrique à gaz tandis qu’Albioma souhaite investir 80 millions d’euros dans une centrale électrique biomasse avec des déchets de bois. » Toutefois, ces deux projets sont conditionnés à un accord de la Commission de régulation de l’énergie.

La Croix Rouge en quête de dons

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Les journées nationales de la Croix-Rouge ont débuté ce week-end à Mayotte, après avoir été annulées en 2018 à cause des mouvements sociaux. Une vaste levée de fonds menée chaque année dans toutes les délégations territoriales de France sera reconduite les 25 et 26 mai dans le 101ème département, où les besoins sont toujours plus nombreux. Président de l’antenne mahoraise de la Croix-Rouge, Yassine Boinali fait le point.

 

Flash Infos : Comment la population peut-elle vous soutenir pendant ces journées nationales ?

Yassine Boinali : La première solution, c’est de se rapprocher de nos différents quêteurs. Nous avons mobilisé une centaine de salariés et de bénévoles, déployés essentiellement sur la zone de Mamoudzou : dans les stations-services, les magasins Sodifram et Sodicash, au centre commercial Baobab, à la barge, à l’aéroport… Tous nos quêteurs sont reconnaissables à leurs tenues de la Croix-Rouge. Mais il faut faire attention car il y a toujours des gens mal intentionnés qui peuvent se faire passer pour un de nos bénévoles. Nos quêteurs ont tous une carte nominative tamponnée par la préfecture, alors il ne faut pas hésiter à demander à la voir. On peut aussi donner en ligne via le site de la Croix-Rouge, ou nous appeler, passer dans nos bureaux… Dans le cadre des Journées nationales, on appelle aux dons monétaires, mais rien n’empêche de donner des vêtements par exemple, comme durant le reste de l’année.

FI : Quelles actions financera l’argent récolté ?

YB : Depuis 2017, l’année où nous avons récolté le plus de dons, avec un total de 3.000 euros, nous avons décidé de tourner cette quête vers la formation du grand public, particulièrement en matière d’initiation aux premiers secours, comme nous le faisons avec l’opération « caravane du secourisme » qui fait le tour de l’île pour pouvoir initier la population aux gestes qui sauvent et aller dans les établissements scolaires pour sensibiliser les jeunes. On a encore du mal à trouver des financements pour pouvoir former gratuitement le public, alors que ce besoin est toujours présent, d’autant plus que la population de Mayotte ne cesse d’augmenter. Un autre problème, c’est qu’une partie des habitants vit dans des quartiers défavorisés et très difficile d’accès pour un véhicule de secours quand une intervention est nécessaire. Donc l’idée, c’est de pouvoir former ces personnes-là aux gestes de premiers secours pour augmenter les chances de survie des victimes, ce qui évidemment ne peut être que bénéfique pour toutes ces familles et ces enfants.

FI : La Croix-Rouge connaît-elle d’autres freins spécifiques au territoire ?

YB : Oui, tout à fait. Malgré le fait que nous soyons une association d’aide humanitaire reconnue d’utilité publique, on est un peu pris à partie sur le problème de l’immigration. La population considère qu’on fait partie des organismes qui favorisent le flux migratoire et qui aident les migrants, alors que cela n’entre pas du tout dans nos objectifs. Nous, on intervient auprès de la population quelle qu’elle soit, qu’elles que soient les origines et l’identité des personnes. Ce que nous on voit, ce sont des êtres humains.

FI : Quels sont vos principaux champs d’action à Mayotte ?

YB : D’une manière générale, le volet secourisme prend beaucoup d’ampleur. Concernant l’action sociale, on travaille avec des éducateurs et les collectivités pour intervenir dans certains quartiers et y mettre en place des équipes de prévention spécialisées, comme récemment à Koungou et Dembéni. Aussi, on coordonne le dispositif d’hébergement d’urgence avec différents partenaires. Puis il y a ce gros volet de l’aide alimentaire qui prend de l’importance au fil des années. On sait qu’une grande partie de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, les besoins sont là, et on a beaucoup de personnes qui sont orientées vers la Croix-Rouge par les centres communaux d’action sociale (CCAS), les assistants sociaux, la protection maternelle et infantile… Nous ne choisissons pas nous-mêmes à qui nous distribuons des bons alimentaires, tous les bénéficiaires nous sont envoyés par ces différents organismes.

Cécile Bruckert-Pelourdeau, Porte-voix de la musique à Mayotte

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Elle est à la tête de la seule école locale de musique depuis plus de 20 ans. À travers son association « Musique à Mayotte », Cécile Bruckert-Pelourdeau s’engage pour sauvegarder la culture traditionnelle d’une île qui est devenue la sienne.

 

Rien ne prédestinait cette couturière à diriger l’unique école de musique du 101ème département. Pourtant, en 1998, c’est bien vers Cécile Bruckert-Pelourdeau que se tournent trois familles mahoraises, inquiètes de ne voir aucune formation musicale dispensée sur leur île. Cela faisait déjà presque dix ans que la « mzunguette » avait débarqué à Mayotte, en y suivant son mari recruté par le Centre hospitalier de Mayotte (CHM). Issue d’une famille de musiciens, Cécile connaît bien le quatrième art, qu’elle a joué dès son plus jeune âge. Alors, la mère de famille accepte de relever le défi. En seulement quelques mois, l’école associative « Musique à Mayotte » voit le jour. Vingt-et-un ans plus tard, elle dispense chaque année scolaire quelque 5 544 heures de cours.

Pour mener à bien cette entreprise inédite, Cécile Bruckert-Pelourdeau a dû raccrocher les aiguilles. Formée aux métiers de la mode, elle avait choisi, en arrivant ici, d’enseigner la couture au sein de l’Association pour la promotion de la culture de Mayotte (APCM). Comme une sorte de présage. « Des religieuses de l’est de la France avait monté cette structure », se souvient-elle. « C’est elles qui ont mis en place les premières maternelles et les centres de formation pour les jeunes filles. » Finalement, leur atelier se privatise, les machines sont envoyées à Madagascar. Rien qui ne décourage Cécile : « On a rouvert d’autres ateliers, puis on a fait Ouhayati », raconte-t-elle au gré de ses souvenirs. Pendant presque vingt ans – jusqu’en 2008 –, cette association forme des artisans mahorais dans plusieurs domaines : couture bien-sûr, mais aussi sculpture, peinture, encadrement, etc., avec toujours cette même volonté de préserver le savoir-faire traditionnel qui fait la richesse du patrimoine local.

Contre la fuite des traditions

C’est ce patrimoine immatériel que transmet aujourd’hui l’école Musique à Mayotte à plus de 365 adhérents de trois ans à point d’âge. Au programme : chant, instruments classiques comme la guitare, le violon ou le piano, mais aussi instruments mahorais ancestraux. « Chaque année, sur trois périodes d’un mois, on axe sur les musiques traditionnelles », développe

Cécile Bruckert-Pelourdeau. « On fait venir le directeur de l’académie musicale de Zanzibar, qui connaît les mêmes problématiques que nous : la perte de la pratique et même de la connaissance des instruments traditionnels. »

Pour aller plus loin, Musique à Mayotte a organisé un stage dédié en 2018, dans le cadre du dispositif national « C’est mon patrimoine ! ». Des enfants de cinquième et sixième sont ainsi allés à la rencontre de plusieurs fundi pour apprendre à confectionner eux-mêmes leurs propres instruments locaux comme les masheve, des petites percussions. Reconduite cette année, l’opération permettra cette fois aux apprentis de la première édition de devenir, à leur tour, formateurs auprès des plus jeunes. « Et les plus grands iront à Chiconi où ils rencontreront Colo Assani, artisan-créateur de gabussi ! », ajoute Cécile Bruckert-Pelourdeau. Enfin, début juillet, une quarantaine d’enfants suivront un stage sur les halé halélé à la bibliothèque de Pamandzi, qui abrite les locaux secondaires de l’école de musique. Les jeunes élèves créeront leurs propres contes autour des instruments de Mayotte.

« Certains vont travailler sur l’écriture des textes, d’autres sur l’expression scénique et l’improvisation, ou avec des enseignants de l’école sur la mise en musique des contes », se réjouit Cécile Bruckert-Pelourdeau, qui s’est également engagée en faveur de la formation professionnelle des musiciens intervenants. Avec le collectif Arts Confondus, elle encadrera début juin la venue du directeur du centre dédié de Poitiers, le seul de France à accueillir des musiciens issus de la transmission orale, qui ne savent ni lire ni écrire la musique.

 

Mon endroit favori

Il y a un endroit que j’adore en Petite-Terre ! C’est la petite plage de sable blanc en contrebas du four à chaux. Il y a toujours des enfants qui y jouent, pendant que les pêcheurs arrivent dans leurs barques, du côté droit. Elle offre une vue qui reflète toute l’immensité du lagon, et en même temps, on peut y voir presque tout le relief de Mayotte du nord jusqu’au sud : le mont Choungui qui pointe, le Bénara, la ville de Mamoudzou et les îlots.

 

Mon meilleur souvenir à Mayotte

Il n’y en a pas qu’un, mais ils sont tous liés au collectif. Ici, il y a toujours cette force d’être ensemble, de faire ensemble. Parfois je me demande si les Mahorais savent vivre seuls. Peut-être pas ! J’ai plein d’images en tête : les femmes qui dansent le debaa, les hordes de gamins qui courent tous sous les gouttières lorsqu’il pleut, ces gosses qui jouent, préparent des gâteaux, etc. Ici, le collectif prend toute la place et ça nous donne parfois de belles leçons.

 

Mon œuvre préférée

Je me suis beaucoup occupée de l’artisanat, tout ce qu’on fait avec ses mains est un art. Alors je pense à Conflit, le sculpteur qui a fait ce grand homme en marche sur le rond-point de Dembéni. Malgré sa canne, il vieillit plutôt bien et je trouve qu’il n’y a pas énormément de pièces visuelles de ce genre. Celle-ci n’est faite qu’à base de végétaux, ça décline toute la tradition du tissage et ça va aussi avec la musique. Les masheve, c’est aussi un système de tressage et de tissage.

 

Ma photo marquante

Depuis le temps, j’en ai des photos ! Mais je me rappelle particulièrement de celle-ci, prise à Sada en 1989. Je venais d’arriver avec mes trois enfants. La plus jeune, Juliette, n’avait même pas un mois quand notre nounou m’a demandé d’emmener dans son village mon bébé pour la nuit. Je n’étais pas rassurée, mais j’ai passé un contrat de confiance avec elle en la voyant insister. Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là ! Le lendemain, je les ai rejointes à Sada. Quand j’y suis arrivée, c’était la fête, l’hystérie autour de Juliette : elle était maquillée, il la faisait danser, mon bout de chou mzungu ! Ensuite avec les habitants, nous avons râpé de la coco et fait des gâteaux. C’était un très beau moment de partage en plein ramadan. Sur la photo, c’est ma fille et sa nounou, dans sa maison.

 

Ma bonne idée pour Mayotte

Il y a une idée de l’ancien lieutenant de police Chamassi que j’aime beaucoup : plutôt que d’avoir une base militaire à Dzaoudzi, qui est un peu protégée, pourquoi ne pas l’installer à M’tsamboro ? On sait que c’est la porte d’entrée des clandestins, et ce n’est pas deux vedettes rapides qui vont changer la donne. Au lieu de faire de la répression à l’intérieur de l’île, il vaudrait mieux se protéger des arrivées et ça serait moins violent pour tout le monde. Quand on voit la situation aux Comores, je comprends ceux qui veulent venir à Mayotte, mais l’île est en train d’étouffer. Il faut stopper l’hémorragie, pour ensuite pouvoir traiter les symptômes.

 

Une chorale à M’Gombani

Toute l’année, l’association Musique à Mayotte organise des rencontres et évènements musicaux. Le prochain rendez-vous est donné à la MJC de M’gombani où 100 petits choristes de classes de CM2 viendront chanter mercredi 26 juin à 17h. Une soixantaine d’autres enfants, issus des classes option musique, formeront un orchestre complet

À la recherche d’un nouveau vice-recteur

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Le 9 mai dernier, le vice-recteur de Mayotte, Stephan Martens, démissionnait officiellement pour des raisons familiales et personnelles. Un départ précipité qui n’a pas permis son remplacement immédiat. Toujours sans chef de file, le ministère de l’Éducation nationale vient de publier une offre d’emploi sur son site.

 

Le 101ème département toujours sans vice-recteur. Alors qu’il avait été nommé le 22 juin dernier pour succéder à Nathalie Costantini en tant que vice-recteur de l’académie de Mayotte, Stephan Martens a donné sa démission le jeudi 9 mai à la surprise générale. Dans un bref communiqué rédigé sur la page d’accueil de l’académie, Stephan Martens s’est justifié en évoquant des raisons familiales et personnelles. Pourtant, plusieurs personnels et syndicats de l’Éducation nationale auraient d’autres suppositions pour expliquer le départ précipité du vice-recteur. En effet, la demande d’un bateau personnel, d’une piscine et l’hébergement à l’hôtel Caribou  impliquant d’important frais pour l’Éducation nationale seraient les principales raisons de son départ.

D’autres évoquent également le déplacement d’une mission de l’inspection générale du ministère, le 26 mars dernier, qui aurait fait part de nombreux dysfonctionnements au sein du vice-rectorat mettant en cause le vice-recteur lui-même. Des accusations qui ont trouvé écho jusque dans les bureaux du ministère. Dans un communiqué du 15 mai, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a ainsi assuré que le départ de Stephan Martens était volontaire et que « la continuité du service public de l’Éducation nationale [serait] pleinement assurée sur ce territoire, grâce à l’investissement des personnels administratifs et enseignants.« 

 

Prendre en compte les « spécificités » du département

Toujours est-il que l’académie est encore à la recherche d’un vice-recteur. Mais peut-être plus pour très longtemps. En effet, le ministère de l’Enseignement supérieur vient de publier une annonce pour une offre d’emploi de « Vice-recteur de Mayotte » sur son site www.fonction-publique.gouv.fr.

Une situation d’autant plus urgente à régler compte tenu de la place prépondérante du système éducatif dans le département. Premier employeur avec 7.646 agents – dont un tiers de contractuels –, premier acteur économique avec 532 millions d’euros de budget et premier investisseur immobilier pour 80 millions d’euros annuel dans le cadre du plan d’avenir, le système éducatif accueille au quotidien une population en perpétuelle augmentation. Une tâche colossale attend donc le successeur de Stephan Martens qui devra, en priorité, suivre l’évolution du vice-rectorat en rectorat de plein exercice au 1er janvier 2020.

En outre, il devra prendre en compte les nombreuses « spécificités » du territoire. Une population particulièrement jeune, avec 52.083 élèves scolarisés dans le premier degré – répartis dans 12 circonscriptions – et 44.907 élèves dans le second degré, le vice-rectorat se caractérise, notamment, par le fait que la langue française, qui est un support des apprentissages, n’est pas la langue maternelle pour une grande part des élèves.

 

Répondre aux retards structurels

Le vice-rectorat, faute d’une collectivité locale en responsabilité pour le secteur, gère seul le système éducatif pour le second degré. Il construit les établissements, assure leur fonctionnement et leur maintenance. Or, depuis un an, Mayotte est touchée par un essaim de séismes qui fragilise les infrastructures scolaires alors qu’elles sont déjà en nombre insuffisant.

Le nouveau vice-recteur sera donc en première ligne pour développer l’académie de Mayotte qui s’inscrit d’une part dans le cadre des politiques publiques déclinées au sein du plan Mayotte 2025, dans le livre bleu pour l’Outre-mer mais aussi autour du Plan de convergence et du Plan d’avenir pour Mayotte. Il devra répondre aux retards structurels du territoire et à la situation de tension rencontrée au printemps 2018. Le nouveau vice-recteur, qui devra déjà avoir exercé en tant que recteur au cours de sa carrière, sera nommé par arrêté conjoint du ministre chargé de l’Éducation et du ministre chargé de l’Outre-mer.

Depuis deux ans, les eaux usées se déversent dans sa cour

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Ayouba Sarouma a entrepris en 2007 la construction de sa maison à Dembéni. Or, depuis deux ans, les eaux usées du quartier se déversent dans sa cour à cause d’une canalisation bouchée, l’empêchant d’emménager dans sa nouvelle habitation. Sollicité pour intervenir, le SIEAM prétexte un manque de fonds.

 

En arrivant au 10, lotissement Baobab à Dembéni, une odeur nauséabonde s’échappe de la cour. « C’est invivable !« , peste Ayouba Sarouma, le propriétaire. « Je ne peux accueillir ni ma famille, ni mes amis. Il est impossible de rester plus de cinq minutes dans mon jardin… » Ce calvaire, l’habitant le vit depuis maintenant deux ans, mettant entre parenthèses son rêve de pouvoir occuper avec ses trois enfants et sa femme dans cette demeure, construite depuis plusieurs années mais toujours pas habitable. La raison de ce retard ? « La canalisation principale est bouchée par un poteau électrique qui affaisse le tuyau. De ce fait, les eaux usées n’arrivent pas à se rendre jusqu’à la station d’épuration et se déversent chez moi… Et comme la terre n’absorbe plus rien, il existe un réel risque pour les fondations de ma maison ! »

Malgré de nombreuses sollicitations et plusieurs échanges avec le Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM), la situation ne s’améliore guère au fil des mois. « J’ai envoyé plus de vingt emails à Michel Jousset, le directeur général des services« , insiste-t-il. Un acharnement qui, semble-t-il, fait bouger les lignes puisqu’il note que « de temps en temps, Maore Assainissement Propreté [MAP, ndlr] vient pomper un regard  [coffre d’évacuation destiné à évacuer ou récupérer l’eau de pluie, ndlr] mais au bout de dix minutes, c’est déjà de nouveau rempli« . À la louche, il estime à cinquante le nombre d’interventions de la MAP depuis l’apparition de ce problème. Interpellé, le maire de la commune, Ambdi Hamada Jouwaou, s’est même déplacé en personne en fin d’année dernière pour constater les dégâts avec l’un de ses responsables techniques. « C’est un problème de santé publique. Si rien ne change rapidement, la prochaine étape consistera à contacter l’agence régionale de santé« , souligne Ayouba Sarouma.

 

Même pas 50.000 euros dans les caisses ?

Contacté, le SIEAM, par l’intermédiaire de Michel Jousset, semble pris au dépourvu. En premier lieu, le bras droit du président confie « ne pas être au courant » et se montre agacé « d’être appelé pour ça« … Mais au fil de la conversation, il prend conscience du dossier et tente d’argumenter : « il faut refaire une extension de réseau, mais on n’a pas les budgets. » Le coût prévisionnel de l’opération, d’une durée de deux semaines, se chiffre à « 50.000 euros« . Un montant qui apparaît pourtant comme dérisoire pour une structure de cette envergure. « Ce n’est pas un manque de volonté de notre part. C’est prévu et on le fera. Mais un article ne fera pas avancer les choses plus rapidement. Ça va peut-être se débloquer d’ici deux ou trois semaines« , avance-t-il finalement. Une promesse qu’a déjà entendue Ayouba Sarouma par le passé. La dernière en date remonte à février. Sur la messagerie vocale de son téléphone, le directeur général de services avait alors évoqué que « les travaux commenceraient sous quinze jours« . Surpris par ce qu’il estime être un manque de considération et de réactivité, l’homme s’interpelle : « j’ai vraiment le sentiment que toutes les autorités compétentes s’en moquent. On me prend pour un débile ! » Réponse au début du mois de juin ?

 

Un volcan sous-marin à 50 kilomètres de Mayotte

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À peine plus d’un an après le début de l’épisode d’essaim de séisme à Mayotte, une importante part du mystère vient d’être levée : les milliers de secousses ressenties seraient liée à l’apparition d’un volcan sous-marin à l’est de l’île. 

 

Du zébu enterré vivant aux forages pétroliers au large des Comores, depuis un an, toutes sortes d’hypothèses plus ou moins crédibles circulent pour tenter d’expliquer les milliers de secousses sismiques ressenties par la population. Les diverses missions scientifiques menées depuis le mois de juin 2018, dont la dernière campagne océanographique MAYOBS réalisée à bord du navire Marion Dufresne, qui vient de rentrer à quai mercredi, ont finalement livré un début d’explication nettement plus tangible, dévoilé à la presse jeudi après-midi en présence du préfet Dominique Sorain. Il s’agit d’ailleurs d’un « éclaircissement majeur » qui « permet de mieux comprendre les séismes constatés sur l’île depuis un an« , selon les termes de la préfecture.

Et pour cause, un volcan sous-marin, situé à 50 kilomètres à l’est de l’île et à 3.500 mètres de profondeur, est en train de naître.

« Une cartographie de 2014 démontre clairement par rapport à la cartographie actuelle récente effectuée par la mission, la naissance d’un volcan« , a confirmé jeudi Nathalie Feuillet, physicienne à l’Institut de physique du Globe, chef de la mission MAYOBS, ajoutant que « dès le mois novembre, l’hypothèse de mouvements de plaques tectoniques fut écarté« . La taille actuelle du nouveau volcan est évaluée à 800 mètres de hauteur avec une base de 4 à 5 kilomètres de diamètre. Le panache de fluides volcaniques – nuage de gaz volcaniques chauds et de téphras, majoritairement des cendres et de la roche – de 2 kilomètres de hauteur n’atteint pas la surface de l’eau. « En outre, les émanations de gaz constatées sur le littoral de Petite-Terre par la population sont, selon la mission, un signe habituel rencontré dans ce type d’activité volcanique et feront l’objet d’études spécifiques« , relaie de son côté la préfecture. Dès le mois de janvier, en effet, des témoignages d’habitants et de pêcheurs faisaient état d’étranges bulles de gaz au large de Petite-Terre pour les premiers et d’importantes quantités de poissons morts flottant à la surface de l’eau à l’est de Mayotte pour les seconds.  

 

Évaluer les risques sismiques, volcaniques et de tsunami

Cette découverte géologique exceptionnelle est le résultat de la mission menée conjointement par la Comité national de la recherche scientifique (CNRS), le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Institut physique du Globe (IPGP), l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), l’Université de La Réunion, l’Institut de physique du Globe de Strasbourg (IGPS), l’Ecole normale supérieure (ENS), le Centre national d’études spatiales (CNES) et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM). Cette mission est venue « ajouter des observations terrestres » à la campagne océanographique du Marion Dufresnes, précise la préfecture. L’objectif de la mission MAYOBS, qui s’achèvera samedi, consistait à récupérer les six sismomètres de fond de mer déployés en mer à l’est de l’île en février dernier. Leurs données vont continuer à être analysées pour préciser la zone active des séismes. Ces instruments ainsi que huit autres micro-sismomètres ont à nouveau été remis à l’eau au plus près de la zone des séismes pour les localiser très finement et comprendre leur origine. Il est également prévu d’acquérir des données de géophysique (bathymétrie, réflectivité sismique très haute résolution) pour imager les fonds océaniques dans la zone où se produisent les séismes.

L’exploitation de toutes les données acquises ces derniers mois « nécessitera des travaux approfondis pour évaluer les risques induits pour Mayotte en matière de risque sismique, risque volcanique et de tsunami« , ajoute la préfecture. Le programme d’étude devrait ainsi être actualisé et renforcé à mesure des nouveaux éléments découverts. Enfin, alors que chaque volcan dispose déjà d’un observatoire dans les outre-mer, Mayotte devrait également avoir le sien, indique Nathalie Feuillet. D’autant plus utile qu’un « volcan qui est en mer est beaucoup plus difficile à surveiller« . 

 

Un plan d’action en cinq axes  

En relation avec les élus et les autres acteurs impliqués, le gouvernement a défini un plan d’action qui repose sur cinq axes, à savoir :

 » – Compléter dans les meilleurs délais les dispositifs de surveillance et instruments de mesure (tels que les sismographes et les balises GPS) pour suivre en continu le phénomène,

– Compléter, par des missions adaptées, la connaissance scientifique ;

Procéder immédiatement à une actualisation de la connaissance des risques que présente ce phénomène et les impacts potentiels pour le territoire mahorais, dont les résultats pourront être présentés d’ici trois mois ;

– Renforcer sans attendre le dispositif de planification et de préparation à la gestion de crise. A cet effet, une mission d’appui à la planification de la sécurité civile est dépêchée pour apporter un appui au préfet (actualisation des dispositifs de gestion de crise tels que les plans ORSEC). Elle sera sur place dès ce vendredi 17 mai ;

– Informer régulièrement la population, en lien avec les élus locaux ».

Les nouveaux éléments de connaissance acquis seront partagés au niveau international dans la zone de l’Océan Indien, assure la préfecture de Mayotte.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes