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Trois gardes à vue, deux évacuations sanitaires : le lourd bilan des violences de vendredi à Mayotte

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Quand la population mahoraise prépare la riposte

Sur les réseaux sociaux ou dans la rue, formellement ou spontanément, les initiatives se multiplient pour répondre à la délinquance qui flambe à nouveau sur l’île aux parfums. Au risque, parfois, de voir l’exaspération prendre le pas sur la loi. 

Mayotte : une naissance dont ils se souviendront

Une naissance dans la rue, ce n’est pas si courant. C’est pourtant ce qu’ont vécu Jonathan et Mouna, lundi 18 mai, date à laquelle Sarah, leur petite fille, a décidé d’arriver. Un évènement auquel ont participé quelques passants, sur les lieux par hasard. Et quand s’improvise une chaîne de soutien, cela donne une belle histoire. Récit. 

À Mayotte, “le confinement a révélé la capacité perverse de certains à faire du mal aux autres sans qu’ils ne s’en rendent compte”

Deux mois de confinement peuvent en dire long sur un individu, mais ils peuvent également dévoiler les pires et les meilleurs aspects d’une société. La crise sanitaire a mis en évidence les failles de la société mahoraise, partagée entre la conscience de certains et l’irresponsabilité des autres. Le sociologue Combo Abdallah Combo nous explique pourquoi il est urgent de tirer les leçons de ce confinement et essayer de changer la donne. 

Camille Miansoni, procureur de Mayotte : “Mon rôle est de protéger la société avant tout”

L’affaire du rapt en Petite-Terre qui suscite l’émoi dans l’ensemble du Département est révélatrice de nombre de maux dont souffre la société mahoraise au sein de laquelle nombre de personnes semblent valider l’idée que l’on puisse se faire justice soi-même à défaut d’une carence supposée de l’État. Le procureur de la République, Camille Miansoni, revient ici sur ces éléments. C’est aussi l’occasion pour lui de rappeler le rôle qu’il occupe et la vision qui l’anime alors que les critiques pleuvent sur sa personne.

Un règlement de compte entre des bandes de Doujani et de Passamaïnty a mis le feu aux poudres vendredi après-midi, provoquant de violents affrontements jusque tard dans la nuit.

Il est à peine 15h30 quand le bruit commence à circuler dans les rues, au sud de la commune chef-lieu. Vite, il faut fermer les grilles, rentrer chez soi, se barricader : des bandes de jeunes de Doujani et de Passamaïnty ont décidé d’en découdre ce vendredi après-midi. Déjà, on peut apercevoir des groupes dévaler la colline desséchée qui surplombe le collège de Passamainty. “Dans l’établissement, il n’y a rien eu, mais on pouvait les voir sur les crêtes. Les jeunes de Doujani ont commencé à faire tomber de grosses pierres et ceux de Passamainty montaient pour faire barrage. Puis les assaillants ont mis le feu à deux bangas, et les familles ont dû attendre devant, sur des matelas”, raconte le principal du collège, qui a dû interrompre la dernière heure de classe pour évacuer quelque 1.000 élèves à la hâte, sur les coups de 15h50. “La BAC est arrivée, mais ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas rester, ils étaient appelés autre part, et que l’on ferait mieux de fermer”, poursuit le directeur d’établissement, dont le sang froid face à ces déferlements de violence a permis d’évacuer tout le monde sans encombre.

C’est que les heurts ne se sont pas concentrés uniquement sur les rond-points du collège, de Doujani et de Mtsapéré. À peu près au même moment, des individus armés de pierres et de couteaux déboulent depuis les rues de Cavani, poussant le supermarché Baobab à baisser les rideaux de fer pour mettre en sécurité les clients encore présents dans le bâtiment. Devant les yeux apeurés de quelques témoins qui ont pu filmer la scène, un jeune est alors pris à partie. La vidéo, qui a largement circulé sur les réseaux sociaux pendant le week-end, montre au moins cinq individus le mettre à terre, le rouer de coups et le laisser pour mort. Il sera évacué au CHM dans un état critique.

Trois victimes en réanimation

Au final, le bilan humain de cette soirée d’affrontements sera lourd. D’après nos informations, au moins quatre personnes auraient été hospitalisés, dont trois en réanimation. Une première victime a dû être évacuée le soir même à La Réunion, une deuxième le dimanche. Un policier a aussi été blessé légèrement alors qu’il tentait d’interpeller des individus au niveau du supermarché Baobab, et a pu être sécurisé grâce à l’intervention de ses collègues, dont l’un d’eux a dû sortir son arme de service. Tous les effectifs du commissariat, soit une trentaine d’agents, étaient mobilisés ce vendredi pour contenir ces violences d’une rare intensité, qui se sont étalées jusque tard dans la nuit. Entre 1h30 et 4h30 du matin, aucune ambulance, SMUR ou camion de pompiers ne partait en intervention, tant la situation était tendue.

Et ce jusqu’aux portes du CHM. “On a vécu au moins quarante-cinq minutes d’angoisse, quand une quinzaine de jeunes a fait irruption dans la soirée. Ils étaient assez excités, ils voulaient voir des amis à eux, mais nous refusions de les laisser entrer”, raconte un personnel soignant de garde cette nuit-là. Les deux agents de sécurité ne suffisaient pas pour contenir la bande, et il a fallu attendre l’intervention de la police pour les disperser. Entre les murs de l’hôpital, la nuit sera aussi longue… “En tout sur cette garde, on a dû recevoir une vingtaine de personnes avec des blessures plus ou moins graves, des jeunes mais aussi des victimes collatérales des affrontements, qui venaient d’un peu partout”, poursuit cette source.

 

La mairie de Mamoudzou partie civile

Alors que ces événements suscitent leur lot d’appels revanchards sur la toile, le préfet de Mayotte a réagi samedi en début d’après-midi par voie de communiqué. Le délégué du gouvernement a condamné “vigoureusement les violences entre bandes de jeunes survenues à Passamaïnty”. “Ces actes totalement imprévisibles sont absolument inacceptables. Ils ont mobilisé durant des heures les forces de la police nationale et les sapeurs-pompiers de Mayotte dans des conditions délicates”, a écrit le délégué du gouvernement en adressant ses remerciements à l’ensemble des forces engagées “pour rétablir l’ordre républicain face à des bandes de jeunes, quelquefois d’enfants de moins de 10 ans, lancés violemment dans des expéditions punitives entre villages qui relèvent d’un autre âge”.

De son côté, la mairie de Mamoudzou a aussi condamné ces agissements qui ont blessé au moins quatre personnes et qui ont causé des dégradations de plusieurs biens privés et publics. Appelant au calme et à ne pas diffuser des fausses rumeurs pour éviter d’attiser les tensions, la commune chef-lieu a annoncé se constituer partie civile et qu’elle déposera plainte en vertu de l’article 322-3 du code pénal disposant que : « est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende, la destruction, la dégradation ou la détérioration d’un bien destiné à l’utilité publique et appartenant à une personne publique, et/ou lorsqu’elle est commise par plusieurs personnes, agissant en qualité d’auteur ou de complice. »

Deux enquêtes en cours

Confirmant des blessés “très graves”, le communiqué de la préfecture a assuré que des investigations seraient conduites “avec détermination pour identifier les auteurs et les remettre à l’autorité judiciaire”. Dimanche en fin de journée, au moins trois personnes étaient placées en garde à vue, dans des procédures distinctes : une dans le cadre d’une enquête pour les faits de Passamaïnty, les deux autres pour l’agression devant le supermarché Baobab.

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