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Plus de Mahorais dans la police nationale : le “strict minimum” pour Mayotte, insiste Thani

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Quelques semaines après les violents affrontements qui ont provoqué la mort de trois personnes en Petite-Terre, le sénateur Thani Mohamed Soilihi lance une piqûre de rappel au gouvernement. Et demande plus de policiers mahorais pour apporter une solution pérenne aux problèmes de délinquance.

Dans un courrier adressé au ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, le sénateur Thani Mohamed Soilihi réitère sa demande pour permettre aux agents mahorais qui le souhaitent d’être mutés plus tôt que prévu pour revenir sur leur terre natale. Problème : aujourd’hui, la clause statutaire qui exige leur affectation pendant huit ou cinq ans dans une même région bloque leur éventuel retour. Chiffres à l’appui, le parlementaire rappelle la sous-représentation des effectifs originaires de l’île au sein de la police nationale : s’ils sont 46% dans la compagnie d’intervention, cette part tombe à 28% pour la brigade anti-criminalité, et 20% dans les rangs de la police aux frontières… Autoriser les policiers mahorais qui le souhaitent à rentrer permettrait non seulement d’augmenter les effectifs mais aussi d’apporter une solution plus pérenne “aux difficultés spécifiques du 101ème département, liées à une faible maîtrise de la langue française par ses habitants, à la culture et à l’environnement”, écrit Thani Mohamed Soilihi dans sa lettre. Entretien.

Flash Infos : Pouvez-vous expliquer les raisons qui vous poussent aujourd’hui à adresser ce courrier aux ministres des Outre-mer et de l’Intérieur ?

Thani Mohamed Soilihi : Cette demande ne date pas d’aujourd’hui ! Je la formule à tous les ministres de l’Intérieur depuis le précédent quinquennat. Je rencontre régulièrement les syndicats de la police que ce soit à Mayotte ou en métropole, et aussi les associations comme 101GPX, qui me font connaître leurs demandes et revendications par rapport à ce qui se passe dans le 101ème département. Cette association regroupe justement des policiers sous contrat en métropole, qui sont dans l’obligation de rester huit ans à leur poste avant de pouvoir obtenir une mutation. Or, beaucoup éprouvent le besoin de rentrer plus tôt. Je les soutiens souvent individuellement dans leurs démarches, mais force est de constater que cela fonctionne très peu… Tous s’en étonnent, étant donné les besoins à Mayotte, ils me disent : “Nous sommes des locaux, nous connaissons le terrain et nous pourrions aider !” Vu la situation d’insécurité actuelle, j’en ai donc profité, après avoir fait le tour des syndicats, pour envoyer ce courrier à Sébastien Lecornu avec en copie le ministre de l’Intérieur.

FI : Pourquoi cette demande n’aboutit pas selon vous ?

T. M. S. : Ce que le gouvernement oppose souvent, c’est la non-discrimination. À savoir que ces policiers ont signé des contrats et se sont engagés pour un temps déterminé ; déroger à la règle pour eux reviendrait à créer une situation de discrimination vis-à-vis des autres territoires. C’est un argument que j’entends ! Mais un syndicat me précisait justement que chez d’autres compatriotes ultramarins, le nombre de policiers locaux était plus important que chez nous, et le nombre de femmes aussi. Il ne s’agit donc aucunement d’un traitement de faveur ! Je ne veux aucunement que l’on viole la loi, et c’est pour cette raison que j’invoque l’article 25 du décret n°95-654 du 9 mai 1995. Ce texte permet le déplacement ou le changement d’emploi d’un fonctionnaire actif des services de la police nationale lorsque l’intérêt du service l’exige. Cela se pratique déjà en métropole pour répondre à des situations exceptionnelles. Et à Mayotte, la nécessité du service et la situation exceptionnelle sont bel et bien là…

Même si j’ai déjà essuyé trois refus, de Gérard Collomb, de Christophe Castaner, maintenant de Gérald Darmanin, je n’arrêterai donc pas d’insister sur ce sujet. D’autant que cela ne semble pas impossible ! C’est même une solution peu coûteuse si vous voulez mon avis, quand on voit la crise sécuritaire doublée à la crise sanitaire que nous traversons en ce moment. Ces gens tués en Petite-Terre, ce ne sont pas les premiers, ces caillassages de bus qui continuent… je n’accepterai pas de baisser les bras !

FI : À chaque nouvel épisode de violences, comme d’ailleurs celui de Petite-Terre que vous mentionnez dans votre courrier, le gouvernement communique sur l’envoi de renforts. Mais les sceptiques n’hésitent pas à pointer du doigt le fait que ces “renforts” sont en réalité des roulements habituels des effectifs. Est-ce selon vous l’une des raisons pour lesquelles l’insécurité ne semble pas diminuer à Mayotte ? Et si l’article 25 permet de répondre à une situation “exceptionnelle”, comme vous le dites, en quoi cette solution peut-elle être plus pérenne ?

T. M. S. : Je n’ai pas les chiffres pour prouver s’il s’agit ou non des roulements d’effectifs, mais je rejoins cette critique dans la mesure où l’on parle là de gendarmes mobiles. Ils portent bien leur nom ! Dès qu’ils ont le dos tourné, si je puis dire, les gamins peuvent recommencer à causer des problèmes… La solution que je propose est plus pérenne puisqu’un policier qui bénéficiera de cette mesure ne va pas venir pour repartir le lendemain. Or, le problème de l’insécurité à Mayotte n’est pas ponctuel, il nécessite ces mesures de long terme. Qui plus est, la logique voudrait que les collègues policiers et gendarmes en provenance de l’Hexagone viennent compléter un socle solide. Nous avons des officiers et des agents de police mahorais dont les qualités et les compétences sont reconnues, il faut s’appuyer sur cela. Enfin, permettez-moi de préciser que je ne fais pas que cette demande : je souhaite aussi voir arriver plus de renforts. Et j’ai récemment demandé que Koungou, qui est une commune de 30.000 habitants, puisse avoir son commissariat. Une requête qui n’a rien d’incroyable, puisque toutes les communes de plus de 10.000 habitants peuvent avoir une telle structure. Tout cela pour dire que ce sont des mesures qui peuvent sembler exceptionnelles, alors qu’il s’agit parfois du strict minimum…

 


 

La réforme de la justice pénale des mineurs définitivement adoptée au Sénat

 

plus-de-mahorais-police-nationale-mayotte-insiste-thaniVoilà qui devrait bousculer les choses au tribunal de Mamoudzou (comme ailleurs). La réforme de la justice pénale des mineurs, basée sur une ordonnance du gouvernement de septembre 2019, a enfin été adoptée par un vote à main levée au Sénat mardi 16 février. “Ce nouveau code a une importance majeure car il met en place une réforme historique modernisant la justice pénale des mineurs pour répondre aux enjeux de la délinquance dans notre pays, laquelle occupe le devant de l’actualité”, a salué le sénateur Thani Mohamed Soilihi lors de son intervention au Sénat. L’objectif de ce texte, qui a fait l’objet de nombreuses critiques du côté gauche de l’hémicycle et chez les syndicats de magistrats, est d’accélérer les jugements et de réduire le recours à la détention provisoire, qui concerne 80% des mineurs en prison. La procédure se déroulera désormais en deux temps : une première audience devra avoir lieu dans un délai de trois mois maximum à l’issue de l’enquête – contre 18 mois aujourd’hui selon les estimations du ministère de la Justice ; une seconde audience interviendra entre six et neuf mois plus tard, pour prononcer la sanction. Entre les deux, le mineur traversera une période de “mise à l’épreuve éducative”. Une “audience unique” restera de mise pour les faits les plus graves et pour les mineurs déjà impliqués dans de précédentes procédures. Du côté de ses détracteurs, et notamment des députés La France Insoumise (LFI), on s’insurge contre une réforme qui penche trop pour le “répressif”, tandis que les magistrats dénoncent “une carence budgétaire criante” à laquelle “s’ajoutent des politiques sociales et judiciaires toujours plus répressives empêchant une prise en charge spécifique nécessaire des mineurs”. De quoi faire mouliner à Mayotte, où les carences dans les dispositifs de réinsertion et les moyens de la justice sont justement criants… “La réussite de la présente refonte reposera sur les moyens alloués. La forte hausse des crédits de la justice pour 2021 démontre que la volonté politique est là, mais nous serons nombreux à nous montrer vigilants quant à leur mise à disposition effective”, a averti le sénateur Thani dans un message prudent envoyé au garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. Crise sanitaire oblige, les parlementaires ont obtenu de reporter l’entrée en vigueur du texte du 31 mars au 30 septembre, pour permettre aux rouages de l’institution judiciaire de s’adapter à ce changement de taille. Un rendez-vous à ne pas manquer pour la prochaine rentrée scolaire !

Tailladé au chumbo pour une histoire de téléphone à Mayotte : 2 ans de prison pour l’un des prévenus

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Ils avaient passé à tabac un homme à Koungou, un soir de janvier 2018. Deux agresseurs présumés comparaissaient ce mercredi au tribunal pour répondre des faits de violence aggravée suivie d’incapacité temporaire de travail supérieure à huit jours, commis en réunion, avec préméditation et usage d’une arme. Des circonstances aggravantes qui auraient pu leur coûter cher…

Deux plaies sur le crâne de sept centimètres, une à la jambe de trois centimètres, une autre de cinq centimètres pour le lobe gauche, une encore pour la main gauche, trois centimètres… “et ce n’est pas terminé”, énumère le juge en faisant passer d’un air las les clichés à ses assesseurs. Cette description sanglante, c’est celle des blessures infligées à F. K., la victime d’une agression violente à Koungou, survenue un soir de janvier 2018. Appelés à la barre trois ans plus tard, les deux agresseurs présumés devaient répondre face aux magistrats des faits de violence aggravée suivie d’incapacité temporaire de travail supérieure à huit jours, commis en réunion, avec préméditation et usage d’une arme.

Ce soir de janvier 2018, les gendarmes sont appelés au plateau sportif de Koungou. Quand ils arrivent sur les lieux, les pompiers s’affairent déjà autour du crâne tailladé de la victime. Entendue, celle-ci désigne rapidement un certain “Eli”, comme son agresseur. “Eli, c’est vous, c’est votre surnom ?”, demande la juge au premier prévenu, un habitant de Koungou âgé de 28 ans. Hochement de tête. D’après la victime, “Eli”, donc, se serait approché de lui alors qu’il regardait un film avec des amis sur son ordinateur. Effrayé, il aurait pris la fuite, mais aurait alors été rattrapé par le deuxième prévenu. Un homme d’une trentaine d’années lui aussi, qui s’avère être l’oncle d’Eli. Plusieurs coups de chumbo plus tard, le pauvre homme se serait ensuite évanoui, adossé à un pneu de voiture. Une sordide agression, comme Mayotte en collectionne…

 

Le poids des circonstances aggravantes

 

Le petit twist de cette audience ? Les juges devaient surtout déterminer si les faits et notamment les circonstances aggravantes étaient caractérisées. À savoir : la préméditation, la réunion, l’usage d’une arme. En effet, le code pénal punit de trois ans de prison et 45.000 euros d’amende les faits de violences aggravées suivies d’une interruption totale de travail supérieure à huit jours. Mais ajoutez-y ces trois circonstances aggravantes, et les peines maximales passent à dix ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende…

 

Le cœur ouvert à l’inconnu

 

Premier dilemme : la réunion. L’oncle nie avoir participé aux violences. Selon lui, il se baladait simplement cette nuit-là à la recherche d’un coin d’oreiller, quand il aurait aperçu son neveu, visiblement en rogne. Et il serait intervenu dans le seul but de séparer les deux parties. Une version niée par la victime, qui l’a bien identifié comme l’un de ses agresseurs sur la planche photographique, mais partiellement confirmée par les trois témoins qui ont vu la scène de loin. Exit la réunion.

Et pour la préméditation ? Difficile à dire. Le conflit n’est pas sorti de nulle part. Tout remonte en réalité à quelques jours plus tôt, quand le premier agresseur présumé se serait rendu chez la victime. Après son passage, un téléphone manque à l’appel. Confronté, Eli aurait reçu un premier coup de chumbo “involontaire”. Puis le soir des faits, il aurait entendu la victime pérorer sur son compte. Un banal commérage qui l’aurait donc fait sortir de ses gonds ! Quant à l’arme, en l’espèce un chumbo, Eli confirme bien l’avoir eu en main ce soir-là, mais “pour aller désherber son champ« . Hum…

 

Oeil pour oeil, dent pour dent ?

 

Pas convaincu, le procureur requiert toutefois deux ans de prison chacun, que les deux prévenus ont en l’occurrence déjà effectué en détention provisoire, ainsi qu’une interdiction de porter une arme pendant cinq ans. “Comme c’est malheureusement souvent le cas à Mayotte, c’est oeil pour oeil, dent pour dent. La préméditation elle est là, car il y a vengeance, mais la difficulté c’est la réunion”, souligne-t-il en amenant ses réquisitions. Pour le tribunal néanmoins, il n’y a pas assez d’éléments pour caractériser l’infraction pour le deuxième prévenu, ni la réunion ou la préméditation pour le premier. L’oncle obtient la relaxe “au bénéfice du doute”, tandis que le premier écope de deux ans d’emprisonnement et de l’interdiction de porter une arme pendant cinq ans.

Saifi Hamada, lanceur d’alerte et ange gardien de la population de Mayotte sur Direct Trafic 976

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* Photo d'illustration

Sur Facebook, Direct Trafic 976 publie de nombreux posts sur les embouteillages et les faits de violence au cours de la jounée. Une page suivie par des dizaines de milliers d’internautes qui est devenue un réflexe avant de prendre la route. Explications avec l’un de ses trois administrateurs, Saifa Hamada, qui se plie en quatre pour offrir toujours plus de réactivité et de véracité dans l’intérêt général de tous.

À Mayotte, les pages d’informations pullulent sur les réseaux sociaux. Délinquance, embouteillages, petites annonces… Le lot de publications affole la toile quotidiennement. Parmi les lanceurs d’alerte, Direct Trafic 976 apporte sa pierre à l’édifice depuis le 3 décembre 2017. À sa tête : Saifi Hamada, Said Yasmine et Brahim Nabil dont le leitmotiv consiste à diffuser les aggressions et les bouchons en cours « pour rendre gratuitement service à la population ».

saifi-hamada-lanceur-alerte-ange-gardien-population-direct-trafic-976-2Policier municipal dans la commune de Chirongui, le premier des trois n’abuse pas pour autant de sa position. « Je fais la part des choses quand je suis au boulot pour préserver le secret professionnel. » Pas question donc de jouer sur deux tableaux dans l’optique de faire le buzz. Par contre, une fois sa tenue de civile sur les épaules, il se met en branle et sillonne personnellement les routes, du Nord au Sud, « 3h ou 5h le soir », voire même « des demi-journées entières ». Commence alors un long travail de fourmis, qui peut s’avérer parfois dangereux, notamment lorsqu’il se retrouve en plein milieu d’un caillassage. « J’avise la police ou la gendarmerie du secteur qui n’est pas forcément au courant pour les renseigner sur le degré des affrontements et leur permettre d’intervenir en conséquence. »

 

La réactivité, le maître mot

 

Mais Saifi Hamada n’est pas le seul à mouiller la chemise, puisque le groupe recense plus de 32.000 membres, plus ou moins actifs. « N’importe qui peut poster un message. La réactivité est le maître mot. S’il se passe quelque chose à 7h et qu’il faut attendre 2h pour partager l’information, ce n’est plus d’actualité. » Toutefois, l’ancien militaire du 8ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine à Castres joue la carte de la prudence et fait appel à ses contacts dans les communes concernées pour confirmer ou infirmer les dires. « Nous faisons notre possible pour ne pas relayer de fausses rumeurs. Sinon, cela peut donner une mauvaise image ! »

Car le Combanien d’origine le sait, leur mission à tous les trois répond largement à l’intérêt général. « La page est devenue indispensable aux yeux des Mahorais. Nous recevons énormément de témoignages de soutien et de félicitation. À chaque fois qu’un habitant quitte son habitation, il consulte automatiquement les conditions sur les routes. Nous pouvons dire qu’à notre niveau, nous sauvons des vies », dit-il en toute humilité. Heureusement, Saifi Hamada concède que ce n’est pas non plus continuellement l’anarchie aux quatre coins de l’île. « Il y a des jours plus tranquilles que d’autres », sourit-il. « Quand c’est calme, nous faisons des rappels sur la sécurité routière ! » Comme cela devrait être le cas ces derniers jours, confinement oblige… « La circulation a baissé sur Mamoudzou, cela se ressent sur Tsararano et Vahibé. Mais nous avons noté une multiplication des violences urbaines. »

 

Le pratico-pratique sur Mayotte

 

D’où l’idée aussi de « balancer » d’autres informations pratico-pratiques, comme l’installation de bornes EDM, les bulletins de l’agence régionale de santé en cette période de crise sanitaire ou encore les communiqués de la préfecture. Un job presque à plein temps qui demande des moyens humains toujours plus conséquents, comme en témoigne le « recrutement » de trois nouveaux modérateurs – Assani Abdallah, Batouli Omar et Zalia Bacar – pour « supprimer certains posts qui ne rentrent dans la ligne directrice et éviter des commentaires haineux ». Aux yeux de Saifi Hamada, un seul objectif prédomine : « Être toujours dans la vérité ! »

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Concours d’écriture à Mayotte : mesdames à vos plumes !

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L’association Lire à Mayotte (ALIM), en collaboration avec la Direction du livre et de la lecture publique et la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité, lance la deuxième édition du concours d’écriture “Écrire au féminin”. Une compétition entièrement réservée aux femmes mahoraises qui sont très peu représentées dans le monde de la littérature.

Écrire pour exister. Écrire pour être plus visible. Voilà l’enjeu du concours “Écrire au féminin”. Les écrivaines mahoraises peuvent se compter sur les doigts d’une main. Pourtant, un certain nombre de femmes de l’île écrivent à leurs heures perdues, secrètement, sans jamais partager leurs histoires. “Nous voulons développer les ouvrages littéraires des femmes mahoraises parce que dans le monde du livre à Mayotte, les hommes sont surreprésentés”, affirme Kildat Abdou Kalame, présidente de l’association Lire à Mayotte.

Zaïna Djailani, en est le parfait exemple. “Aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours aimé l’écriture. C’est comme une arme. Cela me permet de dire tout ce que je n’ose pas avouer à l’oral.” La femme de 26 ans s’était d’ailleurs inscrite lors de la première édition du concours en 2020, mais elle n’était pas allée jusqu’au bout. Son principal intérêt était les ateliers d’écriture avec un certain Nassur Attoumani qu’on ne présente plus. “Cette année, je suis motivée et déterminée. Je vais rendre un manuscrit”, dit-elle, confiante. Zaïna s’est inscrite dans les catégories recueil de poèmes et conte, mais son amour pour la poésie semble l’emporter. “Pour le recueil, j’ai déjà défini les thèmes et je m’inspire de ce que je vois tous les jours, de ce que j’apprends”, raconte-t-elle.

Et pour être certaine d’écrire, elle a programmé une alarme qui le lui rappellera tous les jours. Il est important pour Zaïna de finaliser son ouvrage, mais ça l’est tout autant pour les organisateurs du concours. “L’année dernière, nous avions 35 femmes inscrites, mais au bout du compte, nous avons reçu moins de 10 manuscrits”, déplore Kildat Abdou Kalame. Alors cette année, l’objectif est d’avoir au moins une candidate par commune, soit 17 manuscrits à lire. Et pour y arriver, l’association Lire à Mayotte a changé de stratégie.

 

La culture mahoraise au centre de tout

 

Si l’année dernière, les femmes pouvaient écrire sur n’importe quel sujet, cette année la principale condition est de parler de Mayotte. Le récit et les personnages doivent se référer à l’île afin de promouvoir sa culture. Celles qui veulent concourir seront également suivies dans leur travail d’écriture. “Nous leur demandons quel type d’accompagnement auront-elles besoin afin de mieux les accompagner”, souligne la présidente d’ALIM. Des ateliers d’écriture seront également mis en place, mais pour l’heure les modalités restent indéfinies en raison de la crise sanitaire.

Toutes les femmes et jeunes filles de tout âge peuvent participer, même les enfants qui sont réputés pour leur imagination débordante. De plus, elles peuvent écrire non seulement en français, mais également en shimaoré et en kibushi. “Nous ne voulons imposer aucune limite. Les femmes qui ne maîtrisent pas la langue française pourront écrire avec l’alphabet arabe parce que nos mères et nos grands-mères écrivent déjà de cette manière”, rappelle Kildat Abdou Kalame. Et cette année, les participantes ont plus de choix puisque quatre catégories ont été rajoutées aux trois déjà existantes, afin de palier au manque de manuscrits de l’année dernière.

 

Écrire pour se faire publier

 

concours-ecriture-mayotte-femmes-2021Tous les premiers prix de chaque catégorie seront automatiquement publiés dans une maison d’édition. Une opportunité unique pour celles qui restent dans l’ombre, ou qui n’osent pas sauter le pas, à l’image de Delayde, 25 ans. Elle a commencé à écrire des histoires pour enfants lorsque son fils est né, et l’exercice lui a plu. Alors elle a décidé d’écrire un livre pour tous les enfants. “Quand j’ai appris l’existence du concours, je me suis lancée. Je veux gagner pour pouvoir publier mon roman”, clame-t-elle. Si elle a commencé par écrire un conte pour enfant, Delayde a rapidement dévié sur le roman pour adulte. “Je me rends compte que je peux écrire un peu plus de choses, et le concours va m’aider à améliorer ma plume, parce que je suis en train d’explorer d’autres types d’écriture.

Delayde n’est sûrement pas la seule à vouloir éditer son livre, les organisateurs du concours le savent et font tout pour que les femmes aient plus de chances. “C’est l’une des raisons pour lesquelles il n’est consacré qu’aux femmes. Elles ont plus de mal à trouver un éditeur qui comprend leur créativité, la richesse de leur histoire. Nous serons plus à même de les comprendre”, assure Kildat Abdou Kalame. Ce concours peut également être une source d’inspiration pour les plus jeunes. C’est du moins ce qu’espère Delayde. “Je veux inspirer les petites-filles et les adolescentes qui écrivent des histoires dans leur coin comme ma petite soeur. Je veux qu’elles sachent qu’elles aussi peuvent être publiées et pourquoi pas en faire leur métier.” Celles qui veulent tenter l’aventure ont encore quelques mois pour s’inscrire. Pour le moment, aucune date limite n’a été fixée pour les inscriptions, mais les organisateurs espèrent décerner les prix lors du salon du livre de Mayotte prévu en octobre 2021, si la situation sanitaire le permet.

Handball : Deux jeunes mahorais pistés par la Fédération

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Actuellement formé au Creps de Saint Denis, Karim Bourahima a répondu à la convocation de la Fédération française de handball à Aix-en-Provence : une détection dans le cadre de la poursuite de sa formation au sport de haut niveau. Son partenaire du Creps, Hamil Maliki, lui se remet d’une fracture au poignet après un rendez-vous national manqué.

La Fédération française de handball et ses équipes de France, championnes d’Europe, championnes du Monde, championnes olympiques, est considérée comme l’une des plus grandes fédérations de handball. Elle axe une partie importante de son développement sur la formation de jeunes handballeurs pour les mener aux sommets du handball international et conserver ce niveau de performance dans les plus grandes compétitions. Pour atteindre cet objectif, la FFH, comme d’autres fédérations, s’appuie énormément sur les Centres de ressources, d’expertise et de performance sportive (Creps) et ses pôles Espoir, ayant pour objectif de répondre aux besoins des stratégies de haut niveau des fédérations sportives nationales.

Hamil Maliki (en blanc) et Karim Bourahima évoluent actuellement au pôle Espoir handball de Saint-Denis à La Réunion, considéré comme l’un des meilleurs pôles Espoir handball de France.

Karim Bourahima, gardien de but âgé de 16 ans, et Hamil Maliki, arrière gauche âgé de 15 ans, évoluent actuellement dans l’une de ses structures sportives : au pôle Espoir handball de Saint-Denis à La Réunion, considéré comme l’un des meilleurs pôles Espoir handball de France. Fin 2020, la FFH dépêchait une équipe à La Réunion et après détection, les deux jeunes mahorais étaient repérés par les cadres techniques fédéraux et conviés à des opérations de détection en métropole en janvier dernier. Seul Karim a pu honorer ce rendez-vous.

 

« Karim a fait bonne impression, mais ce n’est qu’un début de chemin »

 

« Le principe était qu’on puisse l’évaluer pour savoir s’il y avait lieu qu’il soit intégré sur des stages nationaux, sur des équipes nationales, voire même intégrer un site Excellence en métropole la saison prochaine« , explique Éric Quintin, cadre technique sportif et responsable du pôle Espoir handball de la région Provence Alpes Côte d’Azur, qui a reçu le jeune gardien.
« Karim a été un petit peu timide au début mais ensuite, ça s’est très bien passé. Il a été bien accueilli par les joueurs du pôle, il s’est intégré facilement et rapidement dans le groupe, et toute la semaine du stage, il a montré qu’il avait du potentiel. La réflexion est en cours pour savoir quel travail lui sera le plus utile pour aller au bout de son potentiel« , confie le technicien.

« Il a fait bonne impression mais ce n’est qu’un début de chemin. Il y a tellement d’énergies à mobiliser que ce serait prétentieux de dire qu’il va y arriver, qu’il sera professionnel un jour. Il a la matière, mais après ce sera l’énergie du travail que je ne connais pas assez encore« , complète-t-il. Ce stage, le gardien de but formé à l’AJH Tsimkoura devait l’effectuer sous l’encadrement d’un monument du handball français, l’ex-gardien international Daoud Karaboué, double champion olympique avec les Bleus et actuel entraineur des gardiens de but de l’équipe de France U19.

 

« Une nouvelle occasion pour nos jeunes handballeurs de briller »

 

Celui-ci a néanmoins dû renoncer à encadrer le stage et rejoindre la Côte d’Ivoire pour des raisons familiales. « Ce n’est que partie remise. Il y aura d’autres stages où Karim pourra rencontrer Daouda Karaboué« , estime Zarouki Ali Minihadji, responsable des sélections mahoraises masculines dans le cadre des interligues. Interligues organisées chaque année dans l’Hexagone et au cours desquels les jeunes handballeurs mahorais sont souvent détectés.

De son côté, Hamil Maliki, formé au HC Sélect 976 de Tsingoni, se remet doucement d’une fracture au poignet. « On lui a enlevé le plâtre : il porte une attèle en ce moment. Mais sa rééducation se passe bien et il devrait être opérationnel pour le prochain stage national« , rassure « Zak« . Hamil devait être du stage national à la maison du handball à Paris, fin janvier dernier, parmi les meilleurs handballeurs de France de sa génération. « Sa blessure ne remet pas en cause sa présence dans cette short-list fédéral, qui court sur toute l’année 2021« , précise le sélectionneur mahorais.

Ce dernier est déjà penché sur le prochain interligues qui se déroulera en métropole entre fin mai et début juin, si les conditions sanitaires le permettent. « J’ai déjà mon groupe en tête, les 14 joueurs. Ce sera une nouvelle occasion pour nos jeunes handballeurs de briller devant les techniciens de la fédération, pour pourquoi pas, suivre le chemin de Karim et Hamil« , espère Zarouki Ali Minihadji.

Mlezi Maoré envoie ses médiateurs au front pour sensibiliser la population face au Covid-19 à Mayotte

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Alors que le confinement semble peu respecté et que la tension hospitalière atteint des records, la préfecture et l’agence régionale de santé ont signé une convention pour confier à l’association Mlezi Maoré le soin de former et coordonner des équipes de médiateurs sanitaires. En tout, une centaine de parcours emploi-compétences et services civiques vont être recrutés pour véhiculer les messages de prévention contre le Covid-19.

Au fond de la classe, une femme agite son affichette plastifiée dans le vain espoir d’obtenir un peu d’air frais. Difficile de respirer sous les masques que chacun porte bien ajusté sur son nez, en cette lourde après-midi de saison des pluies… Mais pas question de laisser dépasser une narine ! Dans quelques jours, il reviendra aux élèves attentifs de cette classe de donner l’exemple. Ce mardi à l’école de la deuxième chance – normalement fermée au public pour cause de confinement – l’association Mlézi Maoré accueillait sa toute première promotion de médiateurs sanitaires. Objectif : envoyer ces équipes sur le terrain, au plus près de la population, pour “passer les bons messages sur le Covid-19 et les gestes barrières”, explique Aurore Tersou, la coordinatrice des groupes de médiation à Mlézi Maoré.

À l’origine de cette mission, l’agence régionale de santé et la préfecture, qui ont signé ce mardi leur convention pour officialiser le dispositif. Et ainsi laisser le soin à l’association de mener à bien cette tâche “essentielle pour casser la diffusion du virus”, insiste la directrice de l’ARS. “Nous ne pouvons nous contenter d’envoyer des messages de “sachants”. L’idée est de déployer un réseau de partenaires présents sur le terrain, pour parler à cette population qui n’est pas toujours francophone, qui peut être loin de l’information ou qui peine à décoder les messages parfois tordus des réseaux sociaux”, développe Dominique Voynet à l’occasion de cette signature commune. Une nouvelle corde à leur arc en somme, face à un confinement peu respecté et qui tarde à lever la pression sur l’hôpital. Ce mardi, le CHM accueillait encore 185 personnes hospitalisées pour cause de Covid. Et quatre nouveaux décès étaient à déplorer…

 

140 médiateurs envoyés partout sur l’île

 

Le message du jour ? “Nous ne capitulons pas !”, martèle le préfet Jean-François Colombet. “Nous lançons d’autres idées, d’autres armes pour tenter de faire comprendre aux individus l’importance de se protéger et de protéger les autres”, revendique-t-il. “Cette convention, c’est cela : mettre ensemble les moyens pour que des jeunes gens au contact de la population puissent porter ce message”. Et en parlant de moyens, l’État n’a d’ailleurs pas lésiné ! Au moins un million d’euros sont prévus pour financer les quelque 140 médiateurs envoyés dans chaque commune et village de l’île. Plus précisément, douze encadrants seniors en CDD – qui devront par ailleurs être formés pour réaliser des tests antigéniques -, 50 parcours emploi-compétences et 50 services civiques. Soit, en posant la division, une belle enveloppe qui devrait permettre à Mlézi de dérouler le dispositif bien au-delà du confinement.

 

Un “coup pour l’avenir de Mayotte

 

Ils ont mis les moyens ! Nous avons deux formatrices qui ont été formées par l’ARS et qui ont ensuite créé ces modules de formation d’une journée”, précise la coordinatrice de Mlézi Maoré. Si le choix s’est porté sur la plus grosse association de Mayotte, c’est avant tout pour répondre à l’urgence et “être opérationnels tout de suite”. Et justement, pour démarrer sur les chapeaux de roue, ce mardi, ce sont en réalité les groupes de médiation citoyenne – lancés en juin 2020 pour prévenir les conflits – qui ont été les premiers à bénéficier de la formation. “Ce n’est pas qu’un coup pour le Covid, nous semons aussi les graines pour l’avenir de Mayotte”, souligne Dominique Voynet, en rappelant son ambition de développer la prévention en créant des réseaux de surveillance sanitaire. Ces groupes de médiation pourraient donc être amenés à intervenir sur d’autres sujets.

La preuve en images, alors que la directrice de l’ARS et le préfet se sont prêtés au jeu de rôle avec la première fournée. “Le Covid ne s’attrape pas par le moustique, ça c’est la dengue”, explique un jeune médiateur, un peu stressé face à cet habitant imaginaire incarné avec brio par Jean-François Colombet. “Et moi, Monsieur, j’ai un problème avec ma mère malade, je dois m’en occuper, mais comment je fais avec ce virus, si je ne dois pas l’approcher ?”, surenchère Dominique Voynet. Mince, c’est la colle ! “Vous pouvez demander de l’aide à votre voisin…”, hésite le participant, visiblement embarrassé. Mauvaise pioche ! Pour sa défense, la recrue ne suit la formation que depuis 8h ce matin… “Bon il faudra peut-être repasser sur cette leçon-là !”, s’amuse le préfet. Tout le monde hoche la tête : “Oui, oui, pour certains il faut peut-être deux jours de formation.” Ou des anti-sèches ?

Avec KuléVR, la réalité virtuelle s’installe à Mayotte

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Passionné de jeux vidéos, Karim Abderemane vient de créer son entreprise individuelle dénommée KuléVR dont le but est de faire découvrir la réalité virtuelle à ses clients. Une technologie encore peu connue à Mayotte qui pourrait bien attirer l’attention des jeunes. Mais pour cela, il va falloir attendre la levée du confinement.

Non non, vous n’êtes pas en train de rêver, allongé tranquillement sur votre lit, au beau milieu de la nuit. Debout dans votre salon avec un casque vissé sur la tête, vous voilà transporté dans un autre univers. Bienvenue dans le monde fantastique de la réalité virtuelle ! Un plongeon possible grâce à une simple box mise à disposition par l’entreprise KuléVR, récemment immatriculée. Un nom tout sauf anodin puisque « kulé signifie là-bas, loin en swahili », précise Karim Abderemane, le fondateur de la société.

kulevr-realite-virtuelle-mayottePassionné de jeux vidéos, le quadragénaire se lance dans cette aventure dans le but de proposer une occupation innovante aux jeunes de Mayotte. « Quand je suis arrivé sur le territoire en mai dernier, j’ai tout de suite trouvé que la jeunesse manquait d’activités accessibles. » D’où son idée de lier l’utile à l’agréable ou plutôt d’entremêler la technologie et le divertissement. Cerise sur le gâteau, l’entrepreneur se déplace même chez vous pour 40 euros de l’heure avec « sa tour de contrôle » pour que vous preniez part à cette expérience en famille ou entre amis. Seule condition : le nombre de joueurs est limité à 6 pour que chacun y goûte durant un temps relativement raisonnable.

 

Monter le cardio lors d’un combat de boxe

 

Mais concrètement, à quoi peuvent s’attendre les futurs joueurs ? « On est dans le monde, on est actif, ce n’est pas juste une manette devant un écran », souligne le Grand Comorien d’origine. Par exemple, « quand vous faites de la boxe, le rythme cardiaque augmente, c’est comme si vous faisiez du sport ». À l’instar de la Wii… Sauf que « c’est plus vivant », insiste-t-il. Et pour les moins sportifs, il y a la possibilité de faire une immersion dans les fonds marins au détour d’un film et de « nager » avec les tortues. « C’est comme si vous étiez en séance de plongée, c’est assez bluffant ! »

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Seule ombre au tableau : le confinement l’empêche pour l’instant de se rendre chez ses clients, uniquement le week-end pour le moment, puisque Karim Abderemane est toujours employé dans la climatisation à l’heure actuelle. « Je me donne un an pour voir si la mayonnaise prend. Même si j’ai un travail à côté, je veux me donner le maximum de chance pour que ça marche. » Pour cela, il compte se rapprocher des mairies dans l’espoir d’organiser des rendez-vous avec la population. « La réalité virtuelle a aussi un volet pédagogique et peut être un moyen ludique d’apprendre, via plusieurs animations comme la visite du musée du Louvre. »

 

Des postes fixes et une salle dédiée ?

 

Et à l’avenir, il souhaite également acquérir d’autres machines pour entreposer des postes fixes, qui « offrent plus de sensations, car on est installés dans des fauteuils vibrants », dans des endroits stratégiques. Son regard se tourne alors tout naturellement vers le pôle culturel de Chirongui qui collerait parfaitement à son plan de déploiement. Avant de, pourquoi pas, bénéficier de sa propre salle dédiée à son activité professionnelle. Ambitieux, Karim Abderemane ne se pose aucune limite, à l’image de la base de données sur laquelle il peut télécharger régulièrement et sans compter de nouveaux jeux et films. « Il y en a une centaine de disponibles, je peux les renouveler à mon bon vouloir. » Prêt pour la simulation ? Il ne vous reste plus qu’à enfiler le casque !

Coupe de France « Être éliminé de cette façon, par disqualification… Je ne peux même pas l’imaginer. »

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Ce mercredi est le jour fatidique pour le Football Club M’tsapéré : le vainqueur de la coupe régionale de France saura s’il participera aux 32ème de finale de la coupe de France, dimanche en métropole. Tout repose sur les résultats du test RT-PCR effectués lundi. Chaquir Ibrahim, entraîneur du FCM nous raconte comment le groupe a vécu ces dernières heures…

Flash Infos : Chaquir Ibrahim, jeudi dernier la Fédération française de football a donné comme consigne au FC M’tsapéré de rentrer à Mayotte, alors que vous étiez en escale à La Réunion et que vous vous apprêtiez à embarquer pour la métropole pour participer à la coupe de France. Quasiment une semaine est passée depuis ce retournement de situation : que s’est-il passé au sein du groupe depuis votre retour anticipé ?

Chaquir Ibrahim : Depuis notre retour anticipé, l’ensemble des joueurs ont eu pour consigne de respecter strictement le confinement ou les gestes barrière s’ils doivent aller travailler. Ils ont eu également pour consigne de s’entretenir en allant courir une heure par jour, à défaut que nous puissions nous regrouper pour les entraînements collectifs, puisque l’arrêté préfectoral nous autorisant à nous entraîner a pris fin mercredi dernier. Concernant la situation sanitaire du groupe, notre président est en lien avec un agent de l’agence régionale de santé qui se charge de notre dossier. Nous sommes arrivés vendredi et depuis, nous nous sommes retrouvés deux fois : le samedi matin pour effectuer un test RT-PCR, et ce lundi pour effectuer un nouveau test. Le premier test s’est révélé négatif pour l’ensemble du groupe qui était à La Réunion. Nous attendons les résultats des tests de lundi qui doivent tomber ce mercredi dans la soirée.

 

« Nous espérons récupérer quatre joueurs sur les sept laissés à Mayotte la semaine dernière »

 

FI : À la base, vous partiez avec un groupe de 22 joueurs : qu’en est-il des sept joueurs qui n’avaient pas pu embarquer la semaine dernière ?

C. I. : Il était clair pour trois d’entre eux qu’ils ne partiraient pas puisqu’ils avaient reçu leur résultat la veille et que celui-ci s’était révélé positif. Il y avait un doute sur les quatre autres le jour du départ. Finalement, deux d’entre eux n’avaient pas embarqué parce qu’ils n’avaient pas reçu leur test à temps, alors que leur test était négatif. Pour ces deux joueurs, le test effectué samedi dernier s’est aussi révélé négatif donc à ce jour, ils réintègrent le groupe. Parmi les cinq autres joueurs testés positifs, le résultat de samedi s’est révélé « douteux » pour deux d’entre eux, autrement dit ils seraient sur la voie de la guérison. Nous espérons que leur test de lundi se révèlera négatif pour lever entièrement le doute, auquel cas nous récupérerions quatre joueurs sur les sept laissés à Mayotte la semaine dernière.

FI : Vous devez affronter Romorantin ce dimanche en 32ème de finale de la coupe de France : avez-vous toujours l’espoir de disputer cette rencontre ?

C. I. : Bien sûr ! La Fédération a remis les clés de notre destin à l’ARS Mayotte, qui, depuis notre retour s’est mobilisée pour que nous puissions nous faire tester samedi, puis à nouveau lundi. Ce n’est pas pour rien… Si comme les résultats de samedi, tous les tests de lundi s’avèrent négatifs, il y a de bons espoirs que l’ARS donne son feu vert à la Fédération pour nous permettre de participer aux 32ème de finale de la coupe de France.

 

« Nous restons positifs et optimistes »

 

FI : Dans le meilleur des cas, les résultats des tests RT-PCR sont négatifs et le FCM est autorisé à rejoindre la métropole. Vous arriveriez vendredi ou samedi dans l’hexagone selon le jour du départ, soit à quelques heures de la rencontre. Cela ne placerait pas votre groupe dans les meilleures dispositions avant le match…

C. I. : En effet. Initialement, nous devions arriver en métropole dix jours avant le match, ce qui nous aurait permis de le préparer sereinement, malgré un groupe réduit. Mais il s’est passé ce qu’il s’est passé… J’ai entendu des rumeurs sur un report du match, mais de ce que je sais, ce n’est pas à l’ordre du jour. Quoi qu’il en soit, nous nous adapterons à la situation. Cette rencontre est trop importante pour nos joueurs, pour nous le staff, pour le club et tous ses supporters, et d’une manière générale pour toute Mayotte ! Nous en avons tous conscience. Peu importe les dispositions dans lesquelles nous seront amenés à disputer les 32ème de finale de la coupe de France, nous sommes prêts physiquement et psychologiquement. Nous restons positifs et optimistes.

FI : Dans le pire des cas, ce mercredi certains résultats des tests RT-PCR effectués lundi se révèlent positifs. L’ARS met son véto et la Fédération ne vous permet pas d’effectuer le déplacement…

C. I. : Ce serait terrible ! Après 20 ans d’attente (20 ans que Mayotte avait accès directement au 7ème tour de la coupe de France, mais 32 ans que Mayotte participe à la compétition, ndlr), après qu’une équipe mahoraise parvient enfin à atteindre ce niveau. Nous sommes aux portes d’un match officiel contre des pros : c’est le rêve de tout joueur, de tout entraîneur, de tout dirigeant amateur ! Être éliminé de cette façon, par disqualification… Je ne peux même pas l’imaginer.

Crise sanitaire à Mayotte : Les aides se multiplient pour les commerces

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La Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte, en collaboration avec les services de l’État (DRFIP, CSSM, SGAR, DIECCTE) ainsi que le conseil départemental organisent depuis la semaine dernière une série de webinaires adressés aux entreprises. Ce mardi, focus sur les aides attribuées au secteur du commerce. Elles sont nombreuses et complexes mais ô combien nécessaires pour faire face à la crise sanitaire.

Si vous avez loupé le rendez-vous de la Chambre de commerce et d’industrie de ce mardi 16 février sur le webinaire consacré aux entreprises privées qui exercent dans le domaine du commerce. Voici, pêle-mêle, les différents coups de pouce financiers accordés par les organismes.

 

DRFIP (direction régionale des finances publiques)

 

Mis en place depuis mars 2020, le Fonds de solidarité est l’un des dispositifs les plus médiatiques.

* Qui est éligible ? Le Fonds de solidarité permet aux commerçants qui souffrent d’une baisse du chiffre d’affaires de plus de 50% de bénéficier d’une prise en charge des pertes à hauteur de 80 à 100%. Elle bénéficie aux entreprises de moins de 50 salariés. Les entreprises concernées doivent avoir créé leur activité pour les demandes de décembre avant le 30 septembre 2020, et pour les demandes de janvier avant le 31 octobre 2020. La prise en charge de la perte peut monter jusqu’à 10.000 euros si le commerce avait complètement fermé, avec un minimum de 1.500 euros.

* Comment en bénéficier ? Il faut se rendre sur le site sur impots.gouv.fr L’employeur trouve alors un document spécifique de Fonds de solidarité sur son espace fiscal personnel qu’il doit remplir.

* Quand faire les demandes ? La demande au titre du mois de décembre est déjà ouverte, jusqu’à la fin du mois de février. Pour les pertes du mois de janvier, la demande sera ouverte d’ici la fin du mois de février jusqu’au 31 mars.

La baisse des impôts de productions au niveau de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) avec une baisse de 50% du montant. Cette aide représente une baisse d’imposition de plus d’un million d’euros pour Mayotte.

Attention aux fraudes ! “La DRFIP s’est rendue compte que bon nombre de professionnels allaient au-delà des conditions d’application et que des montants avaient été indument versés. Dans les mois à venir, ces sommes seront reprises si la société ne colle pas au dispositif”, met en garde Florent Guerel, directeur du pôle fiscal de la DRFIP. Le Fonds de solidarité a été, à priori, prolongé jusqu’à fin juin.

 

DIECCTE (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi)

 

Si l’activité partielle de droit commun existe depuis quelques années, le dispositif a été intensifié depuis le début de la crise sanitaire. “Il s’agit d’un outil de prévention des licenciements économiques qui permet aux entreprises de maintenir les salariés dans l’emploi”, rappelle Moina Maoulida Mcolo Marie, chargée de mission au sein du service entreprise à la Dieccte.

* Qui est éligible ? Tous les salariés ayant un contrat de travail de droit privé français peuvent prétendre à ce dispositif. Et pas seulement ceux du commerce, toutes les entreprises quelque soit leur secteur d’activité et leur taille peuvent demander l’activité partielle pour leurs employés. Les associations qui emploient des salariés peuvent également solliciter ce dispositif à condition de ne pas recevoir de subventions liées aux charges du personnel. “Un contrôle peut être réalisé, si l’association a perçu une subvention et a bénéficié de l’aide, alors les services concernés procèderont à la baisse de la subvention”, prévient Moina Maoulida Mcolo Marie. Les entrepreneurs indépendants ne sont cependant pas éligibles, ni les gérants majoritaires d’une société ou encore les associés uniques dans une SARL. Ces trois catégories ne disposent pas de contrat de travail et n’ont donc pas le statut de salarié.

* Comment en bénéficier ? Tout est dématérialisée sur le site activitepartielle.emploi.gouv.fr. L’employeur doit créer un compte et suivre la procédure. Il faut différencier les heures travaillées et les heures chômées. Le taux d’indemnisation dépend du secteur de l’entreprise. En ce qui concerne les secteurs dits protégés comme le tourisme et les établissements touchés par la fermeture administrative comme la plupart des commerces, le taux d’éligibilité est de 70% de la rémunération brut du salarié. Les secteurs non protégés, c’est-à-dire ceux qui ont la possibilité de rester ouvert, auront un taux d’indemnisation selon la baisse de leurs chiffres d’affaires. Si l’entreprise connaît une baisse du CA d’au moins 70%, l’allocation versée à l’employeur est de 70%. Si en revanche, l’entreprise connaît une baisse du CA qui est inférieur à 60%, l’employeur perçoit des allocations à hauteur de 60% de la rémunération brut. Ces taux sont valables jusqu’au 28 février 2020.

* Quand faire la demande ? L’autorisation peut être déposée jusqu’à 30 jours à partir de la date effective de mise en chômage du salarié. La durée maximale de la demande du chômage partiel est de 12 mois, “mais il faut s’attendre à des évolutions en fonction de la progression de la crise sanitaire”, soutient la chargée de mission.

L’activité partielle de longue durée, qui n’est pas suffisamment sollicitée à Mayotte, est également disponible. Actuellement, seulement 3 demandes ont été formulées auprès de la Dieccte. L’employeur peut demander jusqu’à 24 mois d’activité partielle, consécutifs ou pas. Cette aide s’adresse à toutes les entreprises et les conditions d’attribution sont les même que celles de l’activité partielle de droit commun.

Attention aux fraudes ! À Mayotte, la Dieccte a déjà réalisé plus de 200 contrôles. Elle est en mesure de demander le remboursement des aides perçues par l’employeur en cas de fraude. De plus, l’employeur s’expose à une interdiction de pouvoir bénéficier d’aides publiques pendant 5 ans et à des sanctions pénales.

 

Conseil départemental

 

Le Département a élaboré un plan de reprise et de continuité des activités qui comporte une vingtaine de mesures. Concernant les commerces, les mesures s’articulent en trois axes :

* Aide sur l’exonération des loyers des commerçants des marchés. Ils seront exonérés de 5 mois de loyers sur l’année 2020.
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* Prise en charge des loyers des commerçants installés à l’aéroport. Cette mesure concerne les loyers de mars à décembre 2020.
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* Incitation à la consommation locale. La collectivité vient de lancer le projet Douka 2.0. Un douka est un petit commerce de proximité Il représente environ 40% des TPE à Mayotte. Pour l’instant, le dispositif ne concerne que 250 commerces. Il consiste à offrir des chèques consommations après un achat dans un douka. La finalité est de maintenir la consommation dans les petits commerces de proximité. “Nous voulons aussi les moderniser. Il y aura une première phase de formation en gestion d’entreprise dans la vente, qui sera complétée par une formation sur la communication, la qualité de l’accueil et également sur le numérique”, informe la représentante du Département au webinaire. Une deuxième étape consistera à accompagner les doukas pour mieux gérer leur point de vente. Cela va s’articuler par la modernisation des boutiques (acquisition d’outils modernes comme des caisses, des logiciels, des balances électroniques, ou encore un rafraîchissement des façades, etc.). Une market place sera également la mise en place.

 

CSSM (caisse de sécurité sociale de Mayotte)

 

Toutes les mesures ne sont pas encore effectives. Elles concernent toutes les entreprises du secteur privé qui ont au moins 1 salarié.

* Exonérations partielles des cotisations sociales/Exonérations des cotisations patronales. L’employeur peut demander cette aide pour la période de février à décembre 2020. “Nous sommes en attente de confirmation pour savoir si ce sera également applicable en 2021”, précise Ouidadi Madi, chargé de mission à la CSSM. L’aide concerne toutes les cotisations patronales après déduction de la réduction générale des cotisations. Il s’agit de la cotisation assurance maladie, cotisation vieillesse, allocation familiale, cotisation chômage. Sont exclues les cotisations accidents de travail, le fonds national d’aide au logement, le versement mobilité et la contribution au dialogue social.

* Aide au paiement. Il s’agit d’un crédit social que l’employeur peut utiliser pour payer ses cotisations nées pendant ou après la crise ainsi que les dettes qui n’ont pas pu être remboursés avant le début de la crise sanitaire. Le paiement est égal à 20% de la masse salariale payée et déclarée du mois de février 2020 jusqu’en décembre 2020. Pour l’instant, aucune instruction n’a été donnée pour l’année 2021.

* Remise partielle des dettes. Elle doit s’accompagner d’une demande de mise en place d’échéancier. Elle concerne tous les employeurs qui ne peuvent pas bénéficier de l’aide au paiement et de l’exonération des cotisations. L’entreprise doit avoir un effectif de moins de 250 salariés. Elle doit faire sa demande en ligne sur www.urssaf.fr (la procédure sera mise en ligne très prochainement). Cette aide ne sera valable uniquement si l’entreprise qui la demande a payé les cotisations salariales qui lui sont dues.

* Prise en charge des congés payés. Elle concerne les secteurs les plus touchés. L’employeur qui n’a pas pu recevoir du public pendant au moins 140 jours ou qui a subi une perte de son chiffre d’affaires d’au moins 90% peut avoir une indemnisation à hauteur de 70% de la rémunération.

Week-end sous haute tension au centre hospitalier de Mayotte

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Le centre hospitalier de Mayotte vient de vivre deux jours critiques et s’est retrouvé au bord de la rupture. Si le personnel soignant a serré les dents pour éviter la catastrophe, plusieurs options sont sur la table pour désengorger un service de réanimation toujours plus sollicité. D’autant plus que les 15 prochains jours s’annoncent tout aussi compliqués.

Au bord de la crise, ou plutôt de la rupture. C’est un week-end des plus agités que vient de passer le centre hospitalier de Mayotte, avec un nombre d’entrées toujours aussi conséquent. « C’est très critique par moment », confie sans détour Christophe Caralp, le chef de pôle Ursec, après un samedi noir qui a presque paralysé l’ensemble du système de soins de l’île aux parfums. Et pour cause, le service de médecine s’est retrouvé littéralement asphyxié. « Nous avons eu jusqu’à 33 patients dans le box des urgences », poursuit le médecin pour relater le paroxysme de la tension hospitalière subie. D’où la délocalisation ce lundi des urgences pédiatriques pour offrir 7 lits supplémentaires. Et une bouffée d’oxygène dans le même temps.

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Car Christophe Caralp s’attend à 15 jours éprouvants, avec des arrivées massives en réanimation. « Entre 40 et 60 nouvelles entrées par semaine », souffle-t-il alors que le pic est, semble-t-il, prévu pour le début du mois de mars. Et à ce rythme-là, les conséquences pourraient être tragiques : « Nous craignons de devoir prendre en charge des intubés ventilés en dehors de la réanimation, avec un risque de 24 heures d’attente avant de pouvoir les envoyer… » Silence de cathédrale. Cette dure réalité fait froid dans le dos. Sans parler du manque de moyens pré-hospitaliers du côté des ambulanciers privés et des sapeurs-pompiers sur le qui-vive, et des nombreuses sorties du Smur pour des cas de détresse respiratoire.

 

Le gymnase comme solution de secours ?

 

Il a donc fallu réagir vite. Plusieurs options ont été posées sur la table au cours de ces longues heures d’angoisse pour tenter de sauver les meubles. Avec notamment la possible ouverture d’un site annexe à M’Gombani. « C’est toujours sur le feu », souligne Christophe Caralp, même si cela s’apparente à une « philosophie de catastrophe ». Idem pour l’élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale (Escrim), plus connu sous le nom d’hôpital de campagne. Si la mission est en cours d’évaluation, Dominique Voynet, la directrice de l’agence régionale de santé, a déjà émis des doutes sur son utilité.

À ce jour, l’alternative la plus crédible reste le renforcement des évacuations sanitaires « pour libérer de la place en réanimation ». Des négociations sont en cours pour installer en milieu de semaine une troisième civière dans l’avion, qui opère désormais deux rotations chaque jour, et ainsi remplir les 6 lits mis à disposition quotidiennement par La Réunion. Les patients privilégiés pour ce type de trajet ? Des intubés ventilés qui présentent moins de contraintes médicales que ceux assis, à haut risque de dégradation durant le vol. Autre bonne nouvelle : les transferts vers Paris au départ de l’Île Bourbon avec un 77-300 sont en bonne voie. « C’est acté », précise même Christophe Caralp. Mais là encore, toute une logistique doit se mettre en place, notamment en termes de timing, pour envoyer en temps et en heure une douzaine de malades Covid chez les voisins réunionnais. Piste trop courte oblige… L’opportunité de voir également débarquer l’A400M de l’armée de l’air est en discussion en parallèle. Affaire à suivre.

 

Pas de coup d’avance sur l’épidémie

 

Suffisant pour ne pas revivre une telle montée d’adrénaline comme le week-end dernier ? « Nous avons désormais de la facilité jusqu’en milieu de semaine », prévient le médecin. Grâce à l’effondrement des rendez-vous chirurgicaux qui vont permettre de pousser encore un peu plus les murs du CHM. Néanmoins, le responsable du pôle Ursec la joue prudent. « La réalité est que nous n’avons plus de coup d’avance. Nous sommes dans la réponse, nous manquons d’anticipation… » Et ce ne sont pas les chiffres du Covid, qui ne fléchissent toujours pas après une semaine de confinement, qui démontreront le contraire. « Plus plus !… les gestes barrières », répète une nouvelle fois Christophe Caralp, en guise de conclusion. Compris ?

Déchets sauvages à Mayotte : avec le confinement, les associations ont les mains liées

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Une vidéo où l’on voit l’étendue des détritus sur la plage de Majicavo a provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux ce week-end. Mais en plein confinement, les marges de manœuvre des associations et des collectivités sont limitées.

Des cadavres de bouteilles au milieu des canettes éventrées, comme un océan de plastique en devenir. Filmé à Majicavo Koropa, ce spectacle aussi coloré que désastreux a fait le tour des réseaux sociaux de Mayotte depuis samedi. Et pour cause : des centaines de déchets attendent patiemment dans le sable, à quelques mètres de la route de la commune de Koungou, d’être emmenés par le ressac jusqu’au lagon. Une catastrophe environnementale, en plein confinement, alors que les associations ne peuvent plus mener d’opérations de ramassage. “Malheureusement, beaucoup de plages à Koungou mais aussi partout sur l’île sont dans un état similaire. C’est navrant et c’est d’autant plus frustrant que nous ne pouvons pas agir”, déplore Faissal Saïd Adinane, le président de l’association Rando Clean.

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La faute du confinement ? Un peu. Avec les nouvelles restrictions de déplacement, plus question d’organiser ces fameuses randonnées à visée à la fois “écolo et sportive”. “Dimanche, nous devions être à la mangrove de Chirongui pour la septième édition de la Rando Clean”, poursuit cet enseignant qui s’est lancé en septembre 2020 dans ce concept de balades “propres”, pendant lesquelles les participants sont amenés à ramasser les déchets sauvages. Déjà, avec l’état d’urgence sanitaire, l’association avait réduit la jauge pour respecter au mieux les gestes barrières. “Mais là, tout a été annulé”, confirme-t-il. Adieu les randonnées, mais aussi les autres événements de la jeune organisation, comme une après-midi avec les élèves du collège de M’Gombani, initialement prévue ce mercredi pour nettoyer les hauteurs de Mamoudzou.

 

Effet “chasse d’eau” à chaque grande pluie

 

Même son de cloche pour l’association locale Longoni Nature Et Découverte, qui œuvre dans la commune de Koungou et connaît bien le problème. “Si nous avions l’autorisation, nous pourrions nous organiser pour nettoyer tout en respectant les gestes barrières”, fait valoir Mattéo Saindou, son secrétaire général. Reste que la situation ne date pas d’hier. “Cette plage-là, je l’ai toujours connue comme ça… Seulement avec la crise sanitaire, il y a eu des difficultés à tout faire, cela n’a pas été nettoyé jusqu’à aujourd’hui donc on se rend soudain compte de l’ampleur des dégâts« , souligne-t-il encore.

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Surtout, la saison des pluies, et la semaine particulièrement diluvienne qui vient de s’écouler, n’ont pas arrangé les affaires de la mangrove. “Comme j’aime à dire, la nature, c’est l’arbre qui cache la forêt”, soupire Faissal en filant la métaphore. En l’occurrence, tous les déchets jetés plus hauts en amont de la rivière sont entraînés jusqu’à la plage quand le temps le permet… “À chaque grande pluie, cela fait un effet chasse d’eau, tout passe dans la ravine et nous retrouvons ces détritus sur la plage de Majicavo”, déroule, sur une note un peu moins poétique, Michel Charpentier, le président des Naturalistes.

Bien sûr, tout ne repose pas sur les quelques bras bénévoles qui acceptent de mettre la main dans le cambouis ! En temps normal, les associations travaillent en coordination avec les services de l’État, de la mairie, et du Sidevam, pour obtenir les sacs poubelles par exemple, ou encore pour être sûrs que les déchets ramassés à la sueur de leur front soient effectivement traités par le syndicat… Sans ce travail de colibris, la collectivité se retrouve donc au pied du mur. “Évidemment que nous allons intervenir, quelle question !”, balaie avec agacement Alain Manteau, le directeur général des services à la mairie de Koungou.

 

Des pièges à déchets comme première solution

 

Le problème ? La municipalité elle aussi subit de plein fouet l’impact du confinement et de la crise sanitaire. “Beaucoup de nos agents sont arrêtés car ils sont cas contacts ou ont eux-même attrapé le Covid”, explique le responsable. Et le matériel vient lui aussi à manquer tandis que les fournisseurs habituels ont parfois baissé le rideau. D’où une logistique de la “débrouille”, en ces temps difficiles. D’ici la fin de l’année, Alain Manteau a bon espoir de résoudre une partie du problème grâce à la mise en place de pièges à déchets dans la ravine, pour éviter qu’emballages et autres bouteilles finissent leur route dans la mangrove. Une bonne solution sur le papier, mais qui devra faire ses preuves sur le long terme. Car il faut aussi s’assurer que tout soit bien récolté pour éviter d’obstruer l’installation. “Quand on sait l’efficacité des services pour relever les poubelles, je ne me fais pas trop d’illusion sur ceux qui vont contrôler l’état des filets… Il faudrait peut-être déjà mettre des poubelles en amont !”, analyse Michel Charpentier. Visionnaire ?

Tout ce qu’il faut savoir sur la vaccination à Mayotte

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Se faire vacciner contre le Coronavirus ou pas ? C’est la question qui revient dans toutes les conversations ces derniers temps. Les doutes sur les vaccins Pfizer et AstraZenaca sont nombreux. Les polémiques s’enchaînent, ainsi que les fausses nouvelles. Le docteur Maxime Jean, infectiologue à l’agence régionale de santé Mayotte, se veut rassurant. Selon lui, on prendrait plus de risque à ne pas se faire vacciner.

Flash Infos : Les rumeurs courent selon lesquelles des personnes seraient décédées après avoir reçu le vaccin à Mayotte. Êtes-vous au courant ?

Maxime Jean : J’ai eu vent d’une personne. Mais ce genre d’informations ne passent pas par nos canaux. Il y a un système de pharmaco vigilance qui récupère toutes les informations. Pour l’instant à Mayotte, on n’en a pas encore parce qu’on n’a pas commencé la campagne pour la deuxième dose. Le cas de cette personne en question a été transféré au national, on attend donc un retour.

FI : Quels sont les effets secondaires connus lorsque l’on reçoit le vaccin Pfizer ?

M. J. : Les effets secondaires sont classés entre ceux qui sont peu fréquents, fréquents et très fréquents. De façon assez fréquente, on peut avoir les effets classiques des vaccins avec une douleur au point d’injection, petite rougeur, petite douleur au muscle, mais ce n’est pas bien grave. Après, on peut avoir des effets un peu plus forts qui sont le reflet de l’activation du système immunitaire comme de la fièvre ou de la fatigue. Ceux qui nous embêtent particulièrement sont les effets secondaires liés à des allergies, notamment les allergies graves. Raison pour laquelle la consultation médicale est obligatoire avant de se faire vacciner. Dans les centres de vaccination, il y a systématiquement un médecin qui fait le point sur énormément de données et en particulier sur les allergies. On pourrait être amenés à refuser la vaccination dans les centres délocalisés à des personnes qui présentent des allergies sévères.

FI : Vous a-t-on notifié des effets secondaires liés à ce vaccin à Mayotte ?

M. J. : Pour l’infant, on n’a pas de retour ! On le saura dès la semaine prochaine, quand on commencera à administrer les deuxièmes doses.

FI : Beaucoup de personnes sont réticentes car le vaccin a été élaboré en un temps record. Ces peurs sont-elles justifiées selon vous ?

M. J. : Ça ne devrait pas faire peur, mais le souci provient de tout ce qui a été raconté. Il est vrai que le développement du vaccin a été rapide, mais il a été fait sur une procédure qui avait été travaillée depuis de nombreuses années. La technique était connue, et il fallait juste développer un vaccin. Il s’avère que c’est le Coronavirus qui a permis de mettre en place cette technique déjà développé des vaccins ARN. C’est-à-dire qu’on injecte une séquence qui ressemble au matériel génétique du virus, mais elle ne va pas entrer dans les cellules du patient. Donc toutes les accusations qui circulent ne sont pas du tout fondées. Et les fake news nous font perdre du temps. Aucun gouvernement aurait intérêt à administrer des substances toxiques à ses citoyens.

FI : Quelle est l’utilité du vaccin Pfizer qui est le seul utilisé à Mayotte en ce moment ?

M. J. : Il sert à faire émerger des défenses contre le Coronavirus. Il permet à l’individu de ne pas avoir de forme grave ou de décéder. Cependant, on ne sait pas encore si une personne vaccinée qui contracte le virus peut le transmettre. C’est pour cela qu’il faut quand même respecter les gestes barrières, même si on a reçu les deux doses.

FI : À partir de quel moment est-on immunisé quand on est vacciné ?

M. J. : La première dose permet de faire sortir un peu d’immunité mais avec un délai assez long qui est de 12 à 15 jours. Avant cela, le vaccin ne développe pas de défense immunitaire. Selon les études, il se pourrait qu’il n’y ait que 50% de personnes vaccinées qui soient immunisées après une première dose. C’est relativement peu. Donc on est protégé une fois qu’on a reçu la deuxième dose. Elle permet de solidifier et de développer un système de défense immunitaire.

FI : Combien de temps cette défense immunitaire est-elle efficace?

M. J. : Honnêtement, je ne sais pas. C’est une donnée inconnue. Il y a beaucoup de spéculations sur cette question, mais rien n’est sûr.

FI : Combien de temps faut-il attendre avant de se faire vacciner si on a déjà contracté le Covid-19 ?

M. J. : Là encore, beaucoup d’informations circulent. Je ne peux pas vous donner de réponse précise. Mais la Haute autorité de santé recommande d’attendre 6 mois avant de se faire vacciner quand on a eu le Coronavirus. Elle estime que pendant ces 6 mois, la personne infectée est protégée. C’est une information qui a été publiée ce week-end et qui est en attente de validation par les autorités sanitaires. Elle est donc à prendre avec des pincettes.

FI : Que risque-t-on si on se fait vacciner alors qu’on est porteur du virus ?

M. J. : On ne peut pas vacciner une personne qui est porteur du Coronavirus. Mais il existe les gens asymptomatiques, qui sont susceptibles de se faire vacciner sans savoir qu’ils ont le virus. Si cela arrive, la personne n’encourt pas de risques. Pareil pour celle qui va contracter le virus dans les 2-3 jours qui suivent la vaccination. Cette interdiction est surtout liée au fait que la dose de vaccin sera gâchée puisque quelqu’un qui a le Coronavirus va naturellement développer un système de défense immunitaire.

FI : Le vaccin est-il assez efficace sur le variant sud-africain qui circule activement sur l’île ?

M. J. : Les données qu’on a aujourd’hui nous indiquent qu’il est efficace. Les résultats sont même très satisfaisants concernant les variants sud-africain et anglais. Il y a des doutes sur le vaccin AstraSeneca, mais ils ne sont pas confirmés. Mais par principe de précaution, on l’a écarté. Et cela ne nous facilite pas la tâche parce que l’AstraZenaca était plus simple à administrer. Le médecin traitant ou l’infirmier libéral aurait pu le faire.

Pour la Saint-Valentin, ils ont osé dire oui au dépistage à Mayotte

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Chaque mois de février, le rituel de l’association Narike M’Sada es le même : proposer une campagne de clichés intimistes mettant en scène des couples mahorais, pour sensibiliser au dépistage du VIH. Des visages amoureux pour un seul et même message : le dépistage, une preuve d’amour. De quoi humaniser la lutte contre le Sida et rappeler que chacun est concerné par le sujet.

« Nous on s’aime, on se dépiste ». Depuis maintenant trois ans, à chaque Saint-Valentin, cette campagne de prévention déployée par l’association Narike M’Sada vient orner les rues de Mamoudzou. L’idée : mettre en scène de véritables couples pour promouvoir le dépistage du VIH et sensibiliser le plus grand nombre au port du préservatif. « Proposer un préservatif ou un dépistage est un geste d’amour, un geste de respect », soutient l’association. Un geste d’amour, certes, mais encore trop souvent entouré de tabous. « Il faut faire tomber les barrières qui n’en finissent pas, car pendant que les mentalités n’évoluent pas, la maladie continue d’avancer », souligne Hadidja, l’un des visages de la nouvelle campagne.

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Au lendemain de son mariage, la jeune femme et son époux souhaitent réaliser un shooting photo pour immortaliser leur union, leur amour, leur bonheur. « Quand l’association nous a proposé de participer, on n’a eu aucune réticence. Le dépistage du VIH est un sujet que nous avions déjà abordé avant le mariage, alors c’était dans la continuité logique ! Quand ils ont vu notre photo, certains de nos proches ont été un peu étonnés sur le coup, mais c’est aussi une manière de dire aux gens : oser vous faire tester ! »

 

« Ma génération est un peu timide »

 

Au-delà de la peur des résultats, demeure celle d’être vu, d’être reconnu, d’être jugé. Alors cette année, en plus de sa campagne d’affichage, Narike M’Sada a décidé d’offrir du jasmin pour la Saint-Valentin. Un petit bouquet de fleurs, symbole de la tradition mahoraise, floqué du célèbre ruban rouge, distribué dans la rue au gré des passants. Comme une façon d’utiliser la culture locale et ses codes pour briser l’omerta. « Ce sujet touche tout le monde, il concerne la santé de chacun », rappelle à son tour le chanteur mahorais StaCo. Suivi par plus de 10.000 personnes sur les réseaux sociaux, le jeune artiste n’a pas hésité à utiliser sa notoriété pour véhiculer à son tour ce message. Après avoir prêté son image à la campagne « Seflise ton préservatif », il a également accepté de poser, avec sa conjointe, pour celle de Narike M’Sada.

« Ma génération à moi est un peu timide et le dépistage est souvent quelque chose qui fait peur, qui est mal vu dans la société mahoraise, mais c’est un mal pour un bien, car même si le résultat est positif, cela permet de commencer un traitement médical adapté », sourit StaCo. « Se protéger est le meilleur et le seul moyen de ne pas attraper d’infection sexuellement transmissible, et s’il y a eu un risque, le dépistage s’impose. Pour moi cette campagne est une façon de donner un peu de courage aux gens pour qu’ils prennent leurs responsabilité ! » Chaque année, 50 nouveaux cas de VIH sont recensés à Mayotte, dont une large majorité de femmes. Non pas que celles-ci ont une conduite plus risquée, mais lors de la grossesse, le dépistage du VIH leur est systématiquement proposé. Or, derrière chacune d’entre elles se cache un homme. D’où l’importance de mobiliser toutes les strates de la population autour de la question.

Gestion de crise : une stabilisation statistique qui ne se ressent pas encore à l’hôpital de Mayotte

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Les derniers chiffres de l’agence régionale de santé de Mayotte semblent montrer un léger infléchissement de l’épidémie dans le département. Mais il faudra au moins trois à quatre semaines pour que la pression retombe au CHM, avertit Dominique Voynet.

Peut-être une lueur au bout du tunnel. Le taux d’incidence semble miraculeusement marquer le pas ces derniers jours : de 869 cas pour 100.000 habitants jeudi (sur la semaine glissante du 2 au 8 février), il est passé à 818 dans le dernier bulletin de l’agence régionale de santé, publié dimanche. “Pour la première fois depuis plusieurs semaines, nous avons une sorte de stabilisation du nombre de nouveaux cas, des taux d’incidence et de positivité. Nous pourrions nous rassurer hâtivement face à ce qui s’apparente à un plateau, mais beaucoup d’éléments nous disent le contraire”, a mis en garde la directrice de l’autorité sanitaire, Dominique Voynet, lors d’un point presse vendredi.

Et elle ne faisait pas si bien dire : deux jours plus tard, le taux de positivité des tests continuait à grimper de 27,8% vendredi à 28,8% dimanche, tout comme le nombre d’hospitalisations. Hier, 152 personnes étaient hospitalisées au CHM (contre 142 vendredi), dont 25 en réanimation (28 vendredi) et 57 en soins aux urgences. Et ce, alors même que trois décès supplémentaires sont à déplorer, portant à 78 le bilan total depuis le début de l’épidémie à Mayotte. Des chiffres qui prouvent donc que l’heure n’est pas au relâchement. “Il y a un délai de trois semaines entre l’augmentation des contaminations et l’augmentation des hospitalisations. La pression sur les lits va rester soutenue au moins pendant les trois ou quatre semaines prochaines, voire encore davantage”, a insisté l’ancienne ministre.

 

Le Malin doit arriver mardi dans les eaux de Mayotte

 

Qui dit pression sur les lits, dit pression sur les moyens matériels et humains dont dispose Mayotte. Alors que la consommation d’oxygène a été multipliée par quatre avec cette deuxième vague particulièrement virulente, poussant à bout même la nouvelle unité de production autonome du CHM, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a annoncé vendredi l’envoi du patrouilleur de la Marine nationale Le Malin, habituellement basé à La Réunion, avec entre autres à son bord des stocks d’oxygène pour l’hôpital de Mayotte. Le navire doit arriver mardi dans les eaux de l’île au lagon.

 

Ouverture anticipée de l’hôpital de Petite-Terre, “dans 20 jours max

 

Mais encore faut-il avoir les lits pour intuber tous les patients… La question d’un manque de places se pose particulièrement dans le service de réanimation qui a déjà doublé ses capacités. Malgré cela, le flou demeure quant à l’éventualité d’une flambée des cas graves nécessitant le passage sous respirateur. Si l’ouverture anticipée du service de soins de suite et réadaptation (SSR) de l’hôpital de Petite-Terre – prévue “dans vingt jours maximum”, a garanti Dominique Voynet – va donner une petite bouffée d’air aux personnels soignants, il sera destiné “en priorité à des patients non-Covid”. “L’idée est d’y transférer les patients tièdes ou froids qui n’ont pas besoin de la présence dans les murs d’un réanimateur”, a précisé la directrice de l’ARS. Côté bras disponibles, 35 personnels sont déjà sur le pont, et 15 supplémentaires devraient venir grossir les rangs pour armer cet hôpital annexe.

 

Evasan et mission ESCRIM

 

Les autres pistes pour libérer les services surchargés du CHM ? D’une part, les évacuations sanitaires vers La Réunion, qui se poursuivent au pas de course. Trois équipes de pilotage se relaient pour faire deux aller-retours par jour, sept jours sur sept, grâce à l’avion sanitaire. Et il se pourrait bien que des évacuations vers la métropole finissent par se mettre en place “si nécessaire”. D’autre part, les hospitalisations à domicile, qui devraient pouvoir monter de 52 actuellement à 70 au maximum, a chiffré la responsable. Par ailleurs, une mission d’évaluation de la sécurité civile pour l’installation d’un hôpital de campagne de type ESCRIM (élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale) a débuté la semaine dernière pour renforcer les capacités hospitalières en cas de saturation des hôpitaux, notamment en soins intensifs.

Une hypothèse que Dominique Voynet balaie toutefois d’un revers de main. “L’ESCRIM, c’est de la médecine en cas de catastrophe brutale de type éruption volcanique, cyclone dévastateur où il faut faire des amputations à tour de bras… Ce n’est pas le métier d’un réanimateur médical. Si l’ESCRIM vient, cela sera surtout avec des effectifs complémentaires sur la radiologie, la biologie, la pharmacie, la réanimation.” Pas de tentes blanches et tout le tintouin donc ? En tout cas, pas à en croire la stratégie de l’ARS, ou du moins celle qui était encore d’actualité vendredi dernier. Mais si cette crise sanitaire nous aura appris une chose, c’est bien de ne jamais dire jamais !

 


 

Le confinement fait-il ses preuves ?

 

Difficile à dire, à en croire les épidémiologistes de Santé publique France. Dans leur dernier point régional pour Mayotte en date du 11 février, les experts de l’épidémie notent en tout cas que le couvre-feu ne semble pas avoir eu beaucoup d’effets, à en croire la hausse du nombre de nouveaux cas et du taux d’incidence depuis son instauration (multipliés par trois depuis la semaine du 21 janvier). “Il est trop tôt pour évaluer l’effet des confinements localisés sur les communes de Dzaoudzi, Pamandzi et Bouéni”, peut-on encore lire dans ce dernier bulletin. Et même constat de prudence quant au confinement généralisé. Pour sa part, la directrice de l’ARS fait moins dans la dentelle : “selon moi, il n’y a pas de confinement aujourd’hui, à part pour la fermeture des écoles”, regrette Dominique Voynet. Qui voit toutefois dans les chiffres encourageants de Bouéni à la suite de sa mise sous cloche en janvier, des effets positifs des mesures de restriction. +1 pour les bons élèves du confinement !

 


 

Pas d’AstraZeneca pour Mayotte et ses 40% de variant sud-africain

 

Il a l’air de donner de sacrés coups de chaud en métropole. Mais ce n’est pas pour cette raison que Mayotte se passera du vaccin développé par le laboratoire britannique AstraZeneca et l’université d’Oxford. Après l’Afrique du Sud qui a renoncé à l’utiliser à cause des doutes sur son efficacité contre le variant local du Covid-19, le gouvernement a exclu d’en acheminer jusqu’à Mayotte. Un produit que l’ARS attendait pourtant “avec impatience”, car il peut être utilisé à température ambiante, contrairement au vaccin Pfizer, à la logistique bien plus complexe. “Mais s’il n’est pas efficace sur le variant sud-africain, vu que nous considérons qu’il circule à hauteur de 40% du nombre de cas positifs à Mayotte, nous ne l’aurons pas”, a confirmé Dominique Voynet.

 


 

Le rôle clé de Santé publique France dans la surveillance de l’épidémie

 

gestion-crise-stabilisation-statistique-pas-encore-hopital-mayotte-2Ce sont les petites mains dans l’ombre qui suivent les chiffres indispensables à l’agence régionale de santé. Si elle n’a pas de rôle décisionnaire, l’équipe de SPF à Mayotte fournit chaque jour à l’autorité sanitaire les trois indicateurs clés pour surveiller la dynamique épidémique, obtenus à partir des données virologiques transmises dans le système d’information et de dépistage du Covid-19 (SIDEP), à savoir : taux de dépistage, de positivité et d’incidence. En plus de ces trois statistiques, SPF réalise une surveillance quasi en temps réel des hospitalisations au CHM grâce à la base de données SIVIC, qui permet de suivre le nombre quotidien d’admissions en hospitalisation conventionnelle et en réanimation et le nombre quotidien de patients Covid au CHM selon leur statut : en cours d’hospitalisation (conventionnelle ou réanimation), retourné à domicile, décédé. Un travail de fourmis donc, pour la petite cellule locale de quatre épidémiologistes, qui a obtenu deux renforts depuis octobre. Mais ces moyens humains restent infimes compte tenu des enjeux de santé publique auxquels est confrontée Mayotte. Car si le gros du boulot concerne surtout le Covid, les épidémiologistes de SPF doivent aussi surveiller les autres pathologies saisonnières comme la grippe, la bronchiolite ou la gastro-entérite, assurer le suivi des maladies infectieuses comme la fièvre typhoïde ou le paludisme ou encore animer des réseaux de surveillance auprès des médecins, pharmaciens, réseaux hospitaliers et associatifs. Eux aussi sont au front !

72 jeunes Mahorais récompensés à La Réunion

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À l’occasion de la première journée des diplômés mahorais à La Réunion, des dizaines de jeunes ont été récompensés, samedi, pour leurs efforts et leur persévérance. Un moment particulièrement symbolique.

Un événement inédit pour encourager et récompenser la jeunesse. Samedi, le conseil départemental de Mayotte, via sa délégation sur l’île intense, mettait à l’honneur les étudiants locaux, à travers la première journée des diplômés mahorais à La Réunion. Après avoir été déprogrammé à plusieurs reprises en fonction de l’évolution du contexte sanitaire, le rendez-vous aurait pu ne jamais avoir lieu. Mais pour ses organisateurs, pas question de renoncer à cette occasion d’ampleur de soutenir, où qu’ils soient, les jeunes Mahorais ainsi que leurs talents et leur persévérance.

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« Il y a beaucoup de symboles derrière cette journée », a introduit Ali Debré Combo, président de la commission d’octroi des bourses et aides (Coba) et conseiller départemental, intervenant à distance par visioconférence. « De nombreuses familles mahoraises ont fait le choix de s’installer à La Réunion, en particulier pour l’éducation de leurs enfants. Ce que nous célébrons aujourd’hui, c’est votre succès obtenu grâce à votre travail, votre détermination et vos efforts. À nos yeux vous avez tous le même mérite : celui d’avoir su vous donner les moyens de réussir. » Actuellement, l’université de La Réunion compte 1.000 étudiants mahorais. 450 d’entre eux sont soutenus financièrement par la collectivité de Mayotte.

 

Des Mahorais aux quatre coins du monde

 

Au total, 72 jeunes ont été récompensés ce week-end. Parmi eux, des bacheliers, des étudiants en licence, en master, en BTS ou en DUT. Mais les festivités ne se sont pas finies là. Tout au long de la journée, une série d’intervenants mahorais et d’envergure internationale ont pu échanger avec les diplômés, leur donner des conseils et répondre à leurs questions. Parmi eux notamment, Fernand Keisler, premier officier pilote de ligne de l’île aux parfums, Karima Bourhani, jeune fille au pair actuellement aux États-Unis ou encore Youmna Mouhamad, docteure en physique et entrepreneure.

Et pour toujours célébrer un peu plus les talents de Mayotte, entre animations musicales et chorégraphiques, les trois lauréats de l’édition 2020 du concours départemental d’éloquence sont intervenus sur scène pour dévoiler leur savoir-faire. «  Je me suis juré de crier plus fort à chaque fois que mon île arrête de briller », a ainsi déclamé l’un d’entre eux. Vivement la deuxième édition !

Au service réanimation du CHM de Mayotte, “on bouffe du Covid, matin, midi, et soir”

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À l’hôpital, les effets de la seconde vague se font ressentir avec une force inédite. Et ce malgré les évacuations sanitaires vers La Réunion, les renforts humains, la production d’oxygène et les lits supplémentaires… De quoi mettre à bout les équipes du service de réanimation, qui ne demandent qu’une chose : un peu d’aide de la population, appelée à respecter le confinement. De toute urgence.

Une patiente de 37 ans, un homme de 42 ans, un autre de 40 ans, une femme de 44 ans, un homme de 43 ans, une femme de 48 ans…” Le docteur Renaud Blondé récite sa liste sans sourciller. Il a le regard grave et froid au-dessus de son masque. Dans ce petit bureau du dernier étage du CHM – “on y sera plus au calme qu’au service réa, c’est agité en ce moment”, avait-il averti d’emblée – la paperasse et les courbes de projection s’empilent devant les yeux du chef de service. Mais pas besoin de jeter un œil sur ses fiches pour savoir que l’heure est grave. “J’en ai vécu des crises. Mais en douze ans de Mayotte, je n’avais jamais vu ça”, soupire le médecin réanimateur.

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Dans sa liste, il y a une chose qui doit vous faire tiquer. “Ce ne sont pas les mêmes patients que pendant la première vague”, signale-t-il. Aux plus de soixante-ans avec comorbidités – hypertension, diabète, surpoids, en général – s’ajoutent désormais des cas beaucoup plus jeunes, sans problème de santé. “On a eu des gens de 21 ans, 37 ans, 40 ans… tous en pleine forme !” Et même un prof d’éducation sportive. Débranché récemment, malgré tous les efforts des soignants et les machines déployées autour de lui. “Ce qui nous surprend aussi avec cette vague, c’est sa violence, elle est beaucoup plus forte que la première.” Un chiffre résume à lui seul cette différence abyssale : au plus fort de la première flambée, le maximum atteint dans le service réanimation était de sept patients en une semaine. Ce lundi, sept personnes sont passées sous respirateur en une journée…

 

Sans l’aide de la Réunion, un service déjà sous l’eau

 

On comprend mieux dès lors la pression qui pèse sur les épaules de l’agence régionale de santé et de la préfecture, et leur choix de confiner face à la gravité de la situation. Certes, l’hôpital est un peu mieux doté qu’en mars 2020. L’avion sanitaire qui “tourne à plein régime”, et sa toute récente unité pharmaceutique de production d’oxygène médicale, “aujourd’hui poussée au maximum de ses capacités”, ont permis jusqu’à présent aux équipes de tenir le coup. “Notre grosse chance, c’est de pouvoir compter sur le service réa de la Réunion. Sans leur aide, on serait déjà submergé…” Au point de refuser des patients ? Affirmatif, signe le Dr Blondé d’un hochement de tête.

Et pourtant, sur place, “on pousse les murs”. Doté en temps normal de 16 lits, le service réanimation a pu doubler ses équipements. Mais ce n’est pas une mince affaire ! Pour armer une place de réa, il faut : un lit spécial anti-escarre, un moniteur, un pousse-seringue, et un respirateur. Tout un bazar, donc, qui prend des mètres carrés et qui conduit à s’étaler sur les autres services, comme celui de la chirurgie ambulatoire. “Aujourd’hui, vous n’avez plus de salle de réveil au CHM. Ce qui veut dire que l’on réserve les chirurgies pour l’extrême urgence”, décrit le Dr Blondé.

 

Des soignants à bout malgré les renforts

 

Mais même avec tout ça, le service étouffe. “Ce matin, on avait 22 hospitalisations en réanimation, dont 18 covid”, énumère-t-il. Un chiffre qui a encore grimpé dans la journée, au moment où nous rédigeons ces lignes. Ce jeudi soir, 130 personnes étaient hospitalisées au CHM dont 28 en réanimation et 51 en soins aux urgences, indiquait l’ARS sur sa page Facebook. “On bouffe du Covid matin, midi, et soir”, résume le chef du service le plus sous tension.

Et au niveau des équipes, cette pression est palpable. Même avec les renforts de la réserve sanitaire et de l’armée, qui ont permis de doubler voire de tripler les effectifs depuis une semaine. “Lundi, j’ai récupéré des soignants en pleurs après leur garde.” À noter que les evasan permettent de transporter les patients les plus “légers”. Résultat, seuls restent intubés entre les quatre murs du service les cas les plus graves… D’où des gardes “particulièrement lourdes”.

 

La courbe continue de grimper

 

Le bout du tunnel, pour ces soignants au front ? Le pic, attendu tel le messie, mais qui tarde à pointer le bout de son nez. “Il faut qu’on y arrive très rapidement, sinon dans sept à 10 jours, on ne va plus pouvoir admettre des patients”, lance le médecin, en guise de cri d’alarme. Seul rempart : le respect du confinement, qu’il invoque les mains presque jointes. “Il faut que la population nous vienne en aide. J’espère ne pas vivre le jour où je devrais regarder une famille dans les yeux et lui dire que je ne peux pas admettre son proche.” Il n’a qu’un nom pour cela : “la médecine de catastrophe”. Et ce n’est pas son métier.

Gestion de crise : La stratégie plus ou moins efficace de la ville de Mamoudzou pour faire respecter le confinement

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Gestion de crise : La stratégie plus ou moins efficace de la ville de Mamoudzou pour faire respecter le confinement

Contrôles routiers, distribution de masques, la commune de Mamoudzou met les bouchées double pour faire respecter le confinement et les gestes barrières. Depuis lundi, les agents de la ville distribuent des masques dans les quartiers. En parallèle, les policiers municipaux effectuent des contrôles sur les grands axes et carrefours du chef-lieu. Mais les règles sont difficilement applicables sur le terrain. Quelle réalité se cache derrière ces contrôles ? Reportage.

Au rond point de Passamaïnty, sous un soleil de plomb, fiers dans leurs uniformes, les policiers municipaux de la ville de Mamoudzou savent qu’ils ont une mission cruciale : faire respecter les règles du confinement. Pour cela, ils doivent arrêter les automobilistes qui passent par là. “Avez-vous votre attestation ?” Une question qui est devenue récurrente et automatique. Tous les conducteurs et passagers des voitures et deux roues ont leurs attestations. Mais le problème se trouve ailleurs. Il est facile de trouver un motif valable pour sortir. Les policiers le savent, la population également. Preuve en est : le nombre de personnes qui circulent encore dehors alors que toute l’île est placée en confinement. “Ça me fait rire parce qu’on contrôle quelque chose qu’on ne peut pas vérifier. Tout le monde peut se procurer une attestation”, admet Malidi Mlimi Said, conseiller délégué chargé de la sécurité à la commune de Mamoudzou. Ce dernier est sur le terrain avec ses équipes ce jeudi pour avoir une meilleure vision de la réalité.

Accompagné de deux policiers municipaux, ils s’enfoncent dans le village de Passamaïnty pour contrôler les piétons et le constat est sans appel. La vie continue tranquillement, le confinement et les gestes barrières ne font visiblement pas partie des préoccupations des habitants. Sous un arbre, à l’ombre, deux hommes âgés d’une soixantaine d’années sont en pleine discussion, sans porter de masques. “Où sont vos masques ?”, questionne le conseiller. Pas de réponses, mais des rires à la place. Comme un tour de magie, Malidi Mlimi Said sort de sa poche plusieurs paquets de masques qu’il donne aux hommes. “Vous devez absolument les porter, c’est important pour votre santé et celle de votre entourage”, rappelle-t-il. Pas un seul mot sur le fait que ces deux vieux Messieurs sont sur la voie publique alors qu’ils sont censés être confinés chez eux…

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Un peu plus loin, assis, un groupe de jeunes rigolent ensemble. Lorsqu’ils voient le conseiller et les deux policiers arriver, ils prennent la fuite, impressionnés par l’uniforme de police. “Non revenez, on ne vous veut pas de mal !”, lance Malidi Mlimi Said. Mais les jeunes craintifs s’éloignent un peu plus. L’élu de la ville invite alors à ses officiers de s’écarter. Il avance seul vers les jeunes en tenant un paquet de masques à la main, en signe de paix. Les adolescents se calment et les acceptent volontiers. Là encore, Malidi Mlimi Said leur demande ce qu’ils font dehors, mais tout le monde devine les raisons. “Je ne peux pas rester à la maison, il fait beaucoup trop chaud et c’est petit. Alors je préfère retrouver mes amis ici pour prendre l’air”, explique Bachir, l’un des jeunes. Et il n’est pas le seul dans ce cas. “Les gens ne respectent pas trop le confinement dans mon quartier. Et beaucoup ne portent pas de masque, mais je les comprends parce qu’il fait trop chaud”, ajoute-t-il.

 

De la prévention encore et toujours

 

Depuis le début de ce deuxième confinement, la police municipale de Mamoudzou a contrôlé 8.500 véhicules, selon les chiffres de la mairie. “Mais il n’y a eu qu’une vingtaine de verbalisations de notre côté”, informe le conseiller délégué chargé de la sécurité à la commune de Mamoudzou. Un chiffre dérisoire qui n’étonne pas quand on sait que les forces de l’ordre regarde simplement l’attestation sans pouvoir vérifier si le motif évoqué dessus est justifié ou pas.

Lors de sa tournée avec les policiers de la municipalité à Passamaïnty, aucune amende n’a été donnée alors que certains habitants étaient clairement en infraction. Notamment les piétons qui déambulent dans les quartiers. “On n’est pas obligés de verbaliser. On essaye de comprendre la situation des gens qui n’est pas évidente. On est aussi humain”, justifie un policier. La politique de la ville est de privilégier la prévention. Pour cela, le chef-lieu travaille avec des associations de quartiers, mais force est de constater que cela ne fonctionne pas. Malidi Mlimi Said en est conscient. “La réalité c’est que ça ne marche pas. Les jeunes ont toujours cette envie de venir se défouler à l’extérieur ou de s’affronter avec la police. Et les adultes respectent plus ou moins.

Mais aucune autre solution n’est pour l’instant envisagée pour faire respecter le confinement, du côté de la mairie de Mamoudzou. Pire, les policiers municipaux ferment les yeux sur certains cas. “Lorsque l’on contrôle une personne qui n’a pas de papiers, il est difficile de la verbaliser. Alors on ne met des amendes qu’aux personnes régularisées parce qu’elles nous présentent une pièce d’identité”, avoue Malidi Mlimi Said, quelque peu gêné par ses propos. Voilà de quoi motiver les gens à sortir sans leurs pièces d’identité pour éviter une amende.


 

La DEAL continue ses contrôles hebdomadaires

 

confinement-mayotte-controlesLes agents de la DEAL étaient postés à Mamoudzou ce jeudi, non loin de la barge, pour effectuer les contrôles habituels des camions de marchandises et des taxis. Le constat est toujours le même : beaucoup de véhicules sont en infraction. Le non-respect du code de la route est la principale cause. Cela représente 70% des contraventions, selon les agents de la DEAL. Toujours selon eux, actuellement à Mayotte, 50% des véhicules contrôlés ne sont pas en règle pour tous types de raisons. Mais encore une fois, la prévention prime sur la répression.

À Tsoundzou 2, le processus bien ficelé du test RT-PCR

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À Tsoundzou 2, le processus bien ficelé du test RT-PCR

Ouvert six jours sur sept, le centre de dépistage de Tsoundzou 2 déborde de volontaires au test RT-PCR. Et pour cause, il est dédié aux voyageurs s’apprêtant à quitter Mayotte. Focus sur un centre qui tourne dans la sérénité malgré la longue attente des passagers aux heures d’affluence.

Tsoundzou 2, petit village de l’extrémité sud de la commune de Mamoudzou, ne fait habituellement jamais parler de lui. Mais depuis le début du mois, il est au cœur des attentions pour de très nombreux Mahorais. En effet, c’est désormais à la Maison des jeunes et de la culture que les voyageurs doivent passer le test RT-PCR (prélèvement par le nez) pour pouvoir embarquer le jour de leur vol. Sur place, une trentaine de personnes sont mobilisées, entre les bénévoles de la Croix Rouge, les pompiers du service départemental d’incendie et de secours (SDIS), les infirmiers libéraux et les agents de la préfecture.

À Tsoundzou 2, le processus bien ficelé du test RT-PCR

« Nous travaillons avec de vrais professionnels, qui savent rester très calme dans des situations parfois urgentes« , salue Hugo Richard, chargé de missions à la préfecture et superviseur du centre de dépistage de Tsoundzou 2. Du côté des candidats au test Covid aussi, on sait garder son calme. Dans la cour de la structure chacun attend patiemment leur tour : debout devant la file d’attente ou assis dans un coin du parking, tapant la causette avec le voisin ou bouquinant sagement. « Il y a beaucoup de gens. J’ai l’impression que je suis venu au mauvais moment« , réalise Abdou en arrivant sur les lieux aux alentours de 8h30. Le trentenaire ne s’y trompe pas. « Entre l’ouverture du centre de dépistage à 7h et les alentours de 9h, mieux vaut s’abstenir de venir. Ce sont les heures d’affluence. Quand les conditions professionnelles ou familiales le permettent, il faut éviter de se présenter durant cette tranche horaire, et choisir plutôt de faire le test en fin de matinée ou début d’après-midi, pour ne pas attendre longuement sous le soleil ou la pluie« , recommande Hugo Richard.

 

6h-9h : la tranche horaire à éviter absolument

 

« Chaque jour, entre 200 et 400 personnes viennent faire le test. Le matin ça peut prendre parfois plus de 2h pour une personne avant qu’elle soit prise en charge. Alors que l’après-midi, c’est beaucoup plus calme. Parfois, il n’y a carrément personne ! Donc, il arrive souvent que la personne soit tout de suite prise en charge« , souligne le coordinateur du centre. De son côté, Abdou se résigne : « Ce n’est pas grave. Je suis là donc je vais attendre comme tout le monde puisqu’on n’a pas le choix. »

À l’intérieur de la MJC, un circuit précis détermine une entrée et une sortie. Le processus de test démarre par une récolte d’informations personnelles via un questionnaire à remplir dans une salle isolée. Il se poursuit avec les agents du SDIS et de la Croix Rouge qui effectuent les enregistrements en entrant les données des passagers dans une borne numérique et en imprimant les documents. Ces derniers sont transmis aux préleveurs, qui, une fois les informations communiquées, procèdent au test RT-PCR dans l’une des quatre box dédiés. Les passagers peuvent alors repartir : ils reçoivent en principe les résultats des prélèvements le lendemain par mail.

Une box prioritaire permet aux personnes en situation de handicap, aux personnes âgées, aux femmes enceintes et aux militaires d’effectuer le test plus rapidement. Pour la suite et fin du mois de février, le centre de dépistage de Tsoundzou 2 réservé aux voyageurs est ouvert toute la semaine excepté le mercredi. La journée du personnel mobilisé s’achève soit en fin de matinée, soit en milieu d’après-midi, selon les jours d’intervention. En attendant le lendemain pour partager une nouvelle journée intense, infirmiers libéraux, pompiers du SDIS, bénévoles de la Croix Rouge et agents de la préfecture se séparent avec le sourire, le sentiment du devoir accompli.

À Tsoundzou 2, le processus bien ficelé du test RT-PCR

Lecornu, Véran et Darmanin décryptent leur dispositif pour Mayotte

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Ce jeudi 11 février, deux communiqués du ministère des Outre-mer sont tombés coup sur coup : l’un en commun avec le ministre de la Santé Olivier Véran, et l’autre avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Pas grand chose de nouveau à se mettre sous la dent, si ce n’est l’annonce commune de l’envoi d’une mission d’évaluation pour étudier la mise en place d’un élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale.

Au lendemain du conseil de défense et de sécurité nationale consacré au Covid-19, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu s’est fendu de deux communiqués dans lesquels il est revenu sur les situations sanitaire et sécuritaire à Mayotte. L’occasion de dévoiler au grand public, et plus particulièrement aux médias métropolitains, tout un tas de mesures déjà connues sur l’île aux parfums.

Concernant le premier volet, il a été décidé avec le ministre de la Santé, Olivier Véran, d’envoyer un certain nombre de renforts en raison de la flambée épidémique que subit le 101ème département depuis plusieurs semaines. Avec pas moins de 2.429 nouveaux cas entre le 2 et le 8 février et un taux d’incidence évalué à 869.1, Mayotte continue de trembler malgré le confinement instauré vendredi dernier. Parmi les annonces, nous étions déjà au courant du dépêchement le 29 janvier dernier de la réserve sanitaire pour renforcer les équipes hospitalières ainsi que du déploiement le week-end dernier d’une équipe du service de santé des armées (31 personnels soignants et 8 militaires du régiment médical de l’armée de Terre). Comme nous le précisions dans notre édition de lundi dernier, le gouvernement attend l’avis favorable de la commission de sécurité pour ouvrir l’hôpital de Petite-Terre, qui pourrait à terme accueillir 40 patients soignés au CHM. Rien de nouveau sous le soleil des tropiques donc…

Au sujet du second volet, pas de folie non plus. À l’instar de la confirmation du maintien des deux pelotons de gendarmes mobiles, envoyés à la suite du triple meurtre dans le quartier de la Vigie les 23 et 24 janvier. « Ces effectifs seront stationnés à Mayotte tant que leur présence sera nécessaire », est-il ajouté. Une bonne manière de noyer le poisson sur son éventuelle présence à long terme… En revanche, 20 policiers doivent débarquer d’ici à mars afin d’assurer le complètement des effectifs de la direction territoriale de la police nationale tandis que 13 gendarmes supplémentaires doivent arriver d’ici l’été 2021 dans le but de créer une compagnie encore obscure et de renforcer la brigade Koungou. Cerise sur le gâteau, le territoire garde « en continu » trois intercepteurs des forces de sécurité intérieure « grâce à l’arrivée de personnels qualifiés depuis l’Hexagone » qui viennent s’ajouter aux moyens prévus dans le cadre de l’opération Shikandra. Entre les navires obsolètes, ceux réellement en état de marche et ceux qui doivent être acheminés, nous nous perdons un peu dans le compte…

Seule réelle nouveauté : la présence, depuis ce jeudi selon le ministère de l’Intérieur ou à partir de ce vendredi selon celui de la Santé (les joies de la communication interministérielle dirons-nous), d’une mission d’évaluation de la sécurité civile pour étudier la mise en place d’un élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale. En d’autres termes, nous parlons ici de la possible implantation d’un hôpital de campagne afin de soutenir les capacités hospitalières en cas de saturation en soins intensifs.

En résumé ? Paris n’oublie pas son 101ème département et garde un œil attentif sur l’océan Indien. Heureusement ! Et si l’envie leur prend de venir faire une petite virée chez nous – depuis le temps qu’ils nous le promettent… Caribou !

RunCov, une nouvelle méthode de dépistage réunionnaise bientôt expérimentée à Mayotte

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Après le test PCR est venu l’antigénique. Désormais, s’ajoute le RunCov, un nouveau mode de dépistage par voie nasale élaboré à La Réunion et fraîchement approuvé par le ministère des Solidarités et de la Santé. Efficacité, rapidité, praticité, cette innovation régionale affiche des atouts non-négligeables, qui pourraient très rapidement profiter aux voyageurs mahorais.

« Plus rapide qu’un test PCR classique, plus fiable qu’un test antigénique. » Sur le papier, la promesse du RunCov fait rêver. Développé sur l’île intense, ce nouveau test Covid-19 est désormais officiellement disponible en France, selon le ministère des Solidarités et de la Santé. Et les voyageurs entre Mayotte et La Réunion pourraient même être, dès la semaine prochaine, parmi les premiers à en bénéficier.

Fruit d’une collaboration d’ampleur entre le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), l’université de médecine, le CYROI, un dispositif de recherche et d’innovation biomédicale et le CHU de La Réunion, où il a été expérimenté, RunCov présente encore bien d’autres avantages. D’abord, ce test qui se réalise par voie nasale à la façon d’un PCR « permet de détecter les trois principaux variants du Sars-Cov-2 (anglais, sud-africain et brésilien) », précise le Cirad. Une aubaine, à l’heure où la présence de ces variants a été confirmée sur l’île Bourbon.

 

Des passagers réellement négatifs dans l’avion

 

« De plus, la RT-Lamp (la méthode utilisée par RunCov, ndlr) utilise des réactifs différents de ceux de la RT-qPCR (la méthode la plus répandue) qui permet de s’affranchir des problèmes récurrents de rupture de stocks de réactifs », comme Mayotte en a connu l’année dernière. Aussi, les résultats, disponibles entre 5 et 25 minutes après le prélèvement – ces délais variant en fonction de l’état de contamination du patient – garantissent une sensibilité proche de 90%, et ce même en cas de faibles charges virales, « ce qui réduit la probabilité de faux négatifs », insiste encore le Cirad. Enfin, RunCov « ne nécessite qu’un simple appareil portatif électrique pour fonctionner ». Ce qui facilite son utilisation sur le terrain, comme dans les aéroports, qui devraient s’imposer comme des lieux d’expérimentation privilégiés, « pour que seuls les passagers réellement négatifs puissent monter dans l’avion », explique Eric Jeuffrault, directeur régional du Cirad, interrogé par nos confrères de Réunion La 1ère. Actuellement, les voyageurs doivent présenter un test PCR négatif réalisé jusqu’à 72h avant l’embarquement. Or, ils demeurent susceptibles de contracter le Covid-19 entre ces deux échéances. D’où l’intérêt de pouvoir déployer RunCov dans les aérogares.

« Depuis plus de 10 ans, les équipes du Cirad travaillent à la mise en pratique de l’approche One Health, en collaborant entre santé humaine, animale, végétale, en particulier dans l’océan Indien. L’approche One Health permet des collaborations inédites à l’origine de solutions innovantes, comme le démontre RunCov », souligne le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. « Les petits laboratoires de La Réunion peuvent aussi faire de grandes choses ! », conclut Eric Jeuffrault.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes