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Pour la Cimade, « la politique du chiffre l’emporte sur le reste », y compris sur la situation sanitaire à Mayotte

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Son passage sur le plateau de Kwezi TV aura mis le feu aux poudres. Lundi, la sous-préfète en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, Nathalie Gimonet a évoqué, face aux caméras, l’importance de maintenir les expulsions de clandestins en période de crise sanitaire. Mais pour la Cimade, la situation pose au contraire plusieurs sérieux problèmes.

« C’est édifiant », raille la Cimade sur les réseaux sociaux. Pourtant, mardi, les membres de l’association qui lutte pour le respect des droits des migrants n’avaient pas le cœur à rire. La veille, Nathalie Gimonet, sous-préfète en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, interrogée sur le plateau de Kwezi TV, rappelait « l’objectif prioritaire » pour les autorités « de rétablir un niveau de reconduites que nous connaissions avant la crise sanitaire », marquée par une suspension des expulsions du territoire longue de plusieurs mois. Et avec 2.200 personnes « reconduites de façon contrainte » en janvier, « nous y arrivons », a assuré la haute fonctionnaire. Mais pour la Cimade, cette stratégie risque d’engendrer de lourds risques pour la santé publique, ainsi qu’une sérieuse atteinte à la dignité des personnes expulsées, expulsables, et pas seulement.

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« Les expulsions vont se poursuivre et avec elles, la circulation du virus entre les îles et l’enrichissement juteux des mafias diverses. Le groupe d’appui opérationnel va pouvoir profiter aussi des contrôles du confinement pour interpeller ! Ça va être franchement super, dites-donc ! », ironise la Cimade au lendemain de la diffusion de l’entretien. « En ce qui concerne les décasages dans les quartier de tôles, le calendrier fixé est maintenu malgré le confinement. […] Est-ce que déguerpir dans le mois et huit jours comme le prévoit l’arrêté sera considéré comme un déplacement impérieux ? Quelle case cocher sur l’attestation pour celle ou celui qui cherche refuge avec ses enfants ? »

 

Des expulsions injustifiées,
aussi en temps de Covid

 

Et qui dit expulsion dit, au préalable, passage par le centre de rétention administrative. Mais là encore, les craintes sont nombreuses. « Aujourd’hui au CRA, la moitié des juristes sont arrêtés pour cause de Covid-19. Les personnes qui y sont placées ont donc encore moins de chance qu’en temps normal de pouvoir exercer leur droits. En moyenne, c’est 90 nouvelles personnes qui y sont placées chaque jour. Mais sur ces 90 personnes-là, seules 15 d’entre elles pourront être vues par un juriste », développe Solène Dia, chargée de projet à la Cimade. « Pourtant, il faut savoir qu’à l’heure actuelle, il y a énormément de personnes interpellées alors qu’elles ont légalement le droit de rester sur le territoire, et c’est une situation quasi quotidienne. Il y a eu des mineurs expulsés car considérés comme majeurs, d’autres qui sont libérés in extremis. Tous les jours, nous recevons des appels de familles qui sont confrontées à ces situations. La réalité à Mayotte, c’est que si vous êtes noir et que vous sortez sans avoir vos papiers sur vous, vous prenez le risque d’être envoyé au CRA, et la France a déjà été condamnée pour ça à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme notamment. » Pas plus tard que la semaine dernière, le tribunal administratif annulait d’ailleurs la procédure d’expulsion d’un lycéen comorien de 20 ans, élève en terminale STMG à Pamandzi, interpellé alors qu’il s’apprêtait à passer une épreuve du baccalauréat.

« Cette politique du chiffre l’emporte sur le reste », déplore encore Solène Dia. Poutant, l’année dernière, alors que Mayotte connaissait un premier confinement suivi d’un premier pic épidémique dû au Covid-19, la décision avait été prise de suspendre les expulsions pendant plusieurs mois, pour limiter tout risque de propagation du virus dans l’archipel. « Et maintenant, alors que la situation est encore plus grave, on repart comme en 40 ! », s’indigne l’employée de la Cimade, en citant directement la récente décision du préfet de solliciter des opérateurs nautiques privés pour renforcer la surveillance aux frontières. « Pendant ce temps, le CRA et les locaux de rétention administrative restent ouvert dans des conditions qui ne permettent pas de garantir la sécurité sanitaire des personnes détenues. » Des problèmes déjà soulignés par les juristes du centre ainsi que par certains effectifs de police. À ce sujet, l’un de leurs représentant syndicaux avouait même, la semaine dernière, que « les collègues tournent comme des avions de chasse pour atteindre l’objectif de plus de 30.000 expulsions en 2021 ». Petit hic, lors de son intervention télévisée, la sous-préfète assurait, quant à elle, qu’aucun objectif chiffré n’avait été défini par les autorités… Contactée par la rédaction, la préfecture a expliqué ne pas avoir à commenter les propos relayés par la Cimade.

“Merci patron !” : le coup de gueule des chefs d’entreprise de Mayotte au préfet et à l’ARS

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À peine une semaine de confinement, et le monde économique voit déjà rouge. Ce mardi, le Medef de Mayotte, la CPME 976, la FMBTP et l’UMIH 976 sont montés au créneau pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire. Restrictions, insécurité, retards de paiement… La situation sanitaire fait ressortir la lassitude de professionnels déjà mis à rude épreuve en temps normal.

Sale temps à la Case Rocher ce mardi ! En ce jour pluvieux, c’est un courrier au vitriol qui est arrivé avec le café du matin sur les bureaux du préfet et de la directrice de l’ARS. “Alors que la situation sanitaire semble vous dépasser, nous dénonçons fermement la gestion qui en est faite et les dernières mesures prises cette semaine dans l’urgence absolue”, tempête l’intersyndicale patronale en tête de cette lettre… bien corsée. Une référence sans détour au confinement décidé à la hâte jeudi dernier.

Derrière cette diatribe, ce sont “les acteurs économiques dans leur entièreté”, représentés ici par le Medef de Mayotte, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) 976, la Fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP) et l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) 976, qui ont décidé d’associer leurs voix pour “alerter fortement sur la situation sanitaire, sociale et économique de notre département”. L’occasion aussi d’évoquer un ras-le-bol qui ne date pas d’hier : manque de moyens chronique, luttes contre l’immigration clandestine et la délinquance, retards de paiement des collectivités – le SMEAM doit 32 millions d’euros aux entreprises locales “pour rappel”, mentionnent-ils sans hésiter -…

 

“Boum, fin de l’histoire, c’était confinement !”

 

Pourtant réunis par deux fois autour du préfet la semaine dernière, les représentants économiques n’ont visiblement pas obtenu gain de cause. “Nous n’avons pas nécessairement eu de réponses à toutes nos questions… La situation de confinement s’est déclenchée de façon extrêmement rapide, nous avons eu deux réunions coup sur coup en moins de 24 et le lendemain, *boum !*, fin de l’histoire, c’était confinement !”, soupire Charles-Henri Mandallaz, le président de l’UMIH. Un “coup de massue” qui a fait fi du “délai de prévenance”, pourtant déjà mis sur la table des négociations par le passé.

Mais peu importe ! Ce qui tourmente surtout nos chefs d’entreprise, c’est bien la gestion de la crise sanitaire. Avec parfois, un manque de communication de la part des autorités sanitaires, jugent-ils… Au vu des chiffres alarmants de l’Agence régionale de santé sur la propagation du Covid-19, les représentants s’étonnent d’un manque de “réponses claires”. Comme par exemple sur le déploiement d’unités médicales mobiles de type hôpital militaire – un renfort des armées est bien arrivé, mais il a pour l’instant investi une aile du CHM, ndlr. Ou encore sur l’absence du Mistral à l’horizon, pourtant envoyé lors d’une première vague, qui prend aujourd’hui des airs de petite houle… “Nos salariés ont des questions et il est légitime, je le crois, de continuer à interroger, même sans polémiquer. Personnellement je le vois, beaucoup ont peur de l’épidémie, une peur que je n’avais pas ressentie chez eux l’année dernière”, témoigne encore Charles-Henri Mandallaz, par ailleurs gérant du restaurant L’Orient Express.

 

La crainte de voir l’économie “se casser la figure

 

Il y a eu beaucoup d’échanges avec la préfecture, je ne le nie pas. Mais les décisions prises ne correspondent pas toujours aux discussions que nous avions eues…”, souligne quant à lui Julian Champiat, le président de la FMBTP. D’abord le couvre-feu, ensuite le confinement… Certes, le bâtiment est cette fois-ci épargné par les restrictions, comme l’a précisé le préfet lors de son intervention sur le plateau de Mayotte la 1ère. Mais “il s’agit d’une démarche de solidarité avec les différentes corporations : nous ne pouvions pas nous satisfaire de travailler en voyant l’économie se casser la figure”, explique le représentant de la fédération.

Car le risque existe bel et bien. Et à voir les embouteillages et les badauds dans les rues, difficile de savoir si le jeu du confinement en vaut la chandelle. “Nous sommes tous d’accord pour dire que le sanitaire prime sur le reste. Mais il faut que cela tienne la route : si confiner se résume à fermer les entreprises, je ne vois pas trop l’intérêt, à part faire de futurs chômeurs”, tance encore Charles-Henri Mandallaz. Bien sûr, les aides sont réactivées. Les cellules de crise reprennent du service. Mais face à l’urgence dans laquelle la décision a été prise, l’entrepreneur s’inquiète que la mécanique ne soit pas encore bien huilée…

Dans leur courrier, les acteurs économiques rappellent ainsi la liste des dispositifs à mettre en place : paiement effectif et immédiat des indemnités journalières pendant la septaine par la CSSM, fonds de solidarité à 3.000 euros, activité partielle (qui n’est plus prise en charge à 100% comme en 2020, soulignent-ils), compensation des pertes jusqu’à 20% du chiffre d’affaires comme en décembre 2020 et ce pour tous les secteurs sinistrés, création d’une caisse de solidarité urgente afin que le national indemnise 10.000 travailleurs indépendants en grande précarité (à ne pas confondre avec le fonds de solidarité), dispositif FNE formation…

 

50 tonnes de fret ? Oui, mais…

 

Sans oublier l’égalité de traitement “quand vous autorisez une ouverture à une entité commerciale” – voir à ce sujet notre article sur les commerçants de la rue du Commerce dans l’édition du Flash Infos du 9 février 2021. Ou encore la question du fret. Car si le préfet a joué des coudes pour maintenir les liaisons commerciales, et ainsi les 50 tonnes de fret dont Mayotte a grand besoin, les avions risquent fort de voler à vide dans les prochains jours, motif impérieux oblige. Or, ce sont les passagers qui paient pour le fret… Soit Air Austral sera amenée à facturer plus cher l’affrètement, soit la compagnie risque de réduire la voilure. “Faut pas se voiler la face, si les avions sont vides, la continuité territoriale aura bon dos”, lâche le président de l’UMIH. Les pieds sur terre, lui.

Repas à 1 euro : les étudiants du CUFR de Mayotte pourront bientôt en bénéficier

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Depuis la rentrée universitaire 2020, les étudiants de France bénéficient du dispositif des repas à 1 euro, annoncé par le premier ministre Jean Castex en juillet 2020. Le 21 janvier, Emmanuel Macron l’a étendu à tous les jeunes en études supérieures. Ceux de Mayotte n’en bénéficient pas encore, mais cela ne saurait tarder.

Léger retard ou simple oubli ? Qu’importe, le constat est le même. Les étudiants de l’île pâtissent une nouvelle fois de la différenciation entre Mayotte et le reste du territoire national. Alors que les repas à 1 euro sont disponibles au sein des différents Crous (centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) du pays, ce n’est pas le cas à Mayotte puisque le 101ème département n’en a pas. « Soucieux de voir se réaliser, au plus vite, l’égalité sociale républicaine à Mayotte, la direction du centre universitaire de formation et recherche a obtenu l’accord du centre national pour que les étudiants mahorais puissent [en] bénéficier du repas à la cafétéria du CUFR », indique Aurélien Siri, le directeur du centre universitaire.

Un avenant à la convention tripartite de partenariat entre le CUFR, le centre national des œuvres universitaires et scolaires et le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a été signé au début de l’année 2021 pour autoriser l’établissement mahorais à prendre en charge ce volet. Qu’ils soient boursiers ou pas, tous les étudiants inscrits à Mayotte pourront profiter de ces repas pour un prix dérisoire. « Cette mesure sociale est particulièrement bienvenue à Mayotte où 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté et, dans la mesure où il y a, au CUFR, chaque année, plus de 50% d’étudiants boursiers sur critères sociaux (contre 28% dans l’Hexagone) », soutient Aurélien Siri. Une réunion est prévue dans les prochains jours entre le CUFR et Panima (prestataire contractuel chargé de la restauration au CUFR), pour organiser la distribution des repas.

Des bons alimentaires en complément

Le directeur du CUFR fait également savoir que l’établissement « a acquis 200 bons alimentaires d’un montant de 20 et 50 euros auprès de la Sodifram pour ses étudiants ». Pour assurer une meilleure coordination, les associations étudiantes et la Croix-Rouge seront mises à contribution. « Ensemble et organisés, nous imaginons tous les scenarii possibles pour venir en aide aux étudiants. Il s’agit d’unir nos moyens et nos forces pour parvenir à toucher le plus d’étudiants du CUFR », ambitionne Aurélien Siri.
Pour l’heure, aucune date n’est fixée pour la mise en œuvre de ces différents dispositifs. « Le calendrier a été bouleversé par le nouveau confinement. Nous espérons que les étudiants pourront bénéficier du repas à 1 euro lorsque cette période sera terminée et que les étudiants seront de nouveau accueillis au CUFR », précise le directeur.

 


 

Le CUFR se mobilise pour les étudiants qui n’ont pas accès à internet

Plus de 350 clés 4G ont été remises aux étudiants qui n’ont pas accès à internet, avant le début du confinement. Depuis la fin de l’année 2020, le CUFR a également acheté 80 ordinateurs portables et les a prêtés à ceux qui en ont le plus besoin.

Coup de gueule des commerces non essentiels à Mayotte : « on va crever ! »

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Vendredi à 18h, ils tiraient leurs rideaux pour au moins trois semaines. Les commerces dit non essentiels ont été contraints de fermer suite à l’annonce du confinement. Une mesure qui a du mal à passer auprès des commerçants concernés. Ils estiment vivre une injustice.

C’est un coup de poignard dans le dos et on aura du mal à s’en relever.” Imran, responsable du magasin de prêt-à-porter Zak Boutik, n’a pas d’autres mots pour qualifier la situation dans laquelle il se trouve. Jeudi dernier, il découvrait, comme l’ensemble de Mayotte l’annonce du début du nouveau confinement, instauré dès le lendemain. Une décision qu’il a encore du mal à comprendre. “Ils ne raisonnent pas. Ils auraient dû nous donner un délai pour que l’on puisse au moins nous organiser. La façon dont le préfet a mené la chose m’a agressé, il aurait pu faire autrement”, continue Imran. Les commerçants de la rue du commerce avaient tous espoir d’être épargnés cette fois-ci et y ont cru jusqu’à la dernière minute. “Je ne m’y attendais vraiment pas parce que le gouvernement disait qu’il voulait soutenir l’économie. Ils n‘ont finalement pas tenu leur parole”, se désole Hadjia, gérante du magasin Selfie.

Les gérants avaient d’ailleurs commencé à préparer la période de la Saint-Valentin qui représente une bonne partie de leurs chiffres d’affaires. “On l’attendait, on a renouvelé nos collections car beaucoup achètent durant cette période et maintenant on va la louper”, réalise Hadjia, un pincement au coeur. Fatima, propriétaire du magasin Ethik, et présidente de l’association des commerçants de la rue du commerce, croule sous les vêtements qui s’entassent et qu’elle ne pourra vendre. “On a commencé les soldes pour écouler nos stocks. On a acheté de la marchandise pour décembre, mais elle ne s’est pas vendue parce les fêtes étaient moroses, les gens ne sont pas sortis. Et on a encore nos stocks du premier confinement et là du jour au lendemain on est confinés.” À cela s’ajoute une nouvelle collection qui devrait arriver prochainement. La commerçante se demande où est-ce qu’elle pourra la stocker. Sa réserve est pleine à rabord…

 

Un sentiment d’inégalité entre les commerçants

 

Tous ces commerçants partagent un sentiment d’injustice. Ils sont obligés de fermer leurs boutiques car ils vendent des articles jugés non essentiels, pourtant les supermarchés ne sont pas contraints de fermer leurs rayons de textiles ou d’électroménagers. “Ce n’est pas logique et c’est injuste. On nous demande de faire des sacrifices alors que les grosses entreprises peuvent continuer à vendre. Je comprends que les magasins et rayons d’alimentation soient ouverts mais pas les autres. Les gens iront acheter chez eux et nous on va crever”, s’indigne Fatima, la présidente de l’association des commerçants de la rue du commerce. En effet, pour le moment, les grandes surfaces sont autorisées à garder leurs rayons de produits non essentiels accessibles à tous.

Selon le directeur du centre commercial Baobab, Eddy Dorla, “aucune indication n’a été donnée à ce sujet alors pour l’instant on vend normalement”. Les commerçants concernés ont d’autant plus de mal à comprendre la situation puisque dans l’hexagone, les grandes surfaces ne doivent plus vendre de textiles, d’électroménagers ou encore de livres, afin de ne pas favoriser une concurrence déloyale. La fermeture totale des commerces non essentiels est une pilule qui a du mal à passer car les principaux concernés estiment que d’autres alternatives étaient possibles. “Chez moi, il n’y a jamais foule. Mais vous avez vu ce qu’il se passe à Sodifram, Shopi, Jumbo et compagnie ? C’est là-bas qu’il y a du monde, alors pourquoi est-ce que c’est nous qui devons payer ?”, s’emporte Imran, le gérant de Zak Boutik. La présidente de l’association des commerçants de la rue du commerce affirme qu’ils étaient prêts à faire plus de sacrifices pour rester ouverts. “Le préfet aurait pu nous demander de ne faire entrer qu’un nombre limité de clients par boutique. On l’aurait fait de la même manière que l’on a respecté toutes les règles imposées pour assurer la sécurité sanitaire.

 

Trouver un plan B pour amortir les frais

 

Le “quoi qu’il en coûte” assuré par le président de la République devra une nouvelle fois faire ses preuves. Des aides ont été promises, mais cela ne sera pas suffisant selon les commerçants qui doivent fermer. “Malgré les aides, je ne suis pas sûre que certains puissent rouvrir après ce confinement”, redoute Fatima. Alors pour essayer de sortir la tête de l’eau, certains vont s’assurer une visibilité sur les réseaux sociaux. “Je vais prendre en photo mes articles et les mettre sur notre page Facebook. Ensuite, si une personne est intéressée, on lui proposera un rendez-vous en magasin pour acheter”, indique Hadjia, la gérante de la boutique Selfie. Une stratégie qui est vouée à l’échec selon Fatima puisque “logiquement, les gens ne sont pas supposés sortir pour acheter des habits. Et on ne pourra pas non plus les livrer”. Tous redoutent un prolongement du confinement, un scénario catastrophique pour eux. “On est comme une bougie qui éclaire mais qui en même temps fond et va finir par disparaître”, conclut Imran, tout en espérant ne pas avoir raison.

« Ce que nous craignions est en train d’arriver » selon le sénateur de Mayotte Thani

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Invité à la matinale de Public Sénat, dans l’émission « Bonjour chez vous », ce lundi 8 février, le sénateur Thani Mohamed Soilihi s’est longuement exprimé sur la situation sanitaire préoccupante dans le 101ème département. L’occasion de revenir également sur la frontière entre l’immigration clandestine et les violences.

2.231 nouveaux cas entre le 30 janvier et le 5 février et un taux d’incidence de 798.3. La crise du Covid-19 affole tous les compteurs sanitaires. Face à cette flambée épidémique, le sénateur Thani Mohamed Soilihi était l’invité ce lundi matin de l’émission « Bonjour chez vous », lors de la matinale de Public Sénat. Et bien évidemment, le parlementaire a été interrogé sur l’instauration du nouveau confinement pour une durée minimum de trois semaines. « Une décision inévitable » à ses yeux. « Au travers des chiffres, c’était malheureusement la seule voie », a-t-il regretté, malgré l’alerte donnée début janvier au ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, concernant l’apparition à Mohéli du variant sud-africain, plus contagieux à hauteur de 50%. « Ce que nous craignions est en train d’arriver. » Un mois plus tard, le constat est sans appel. Dans ces conditions, le gouvernement a-t-il réellement pris en compte ses appels de pied ? Silence… Toutefois, le sénateur Thani a plaidé pour accompagner les populations les plus précaires, qui « auront du mal à respecter le confinement ». Mais aussi pour l’envoi de renforts supplémentaires, notamment dans les rangs des forces de l’ordre.

 

Des appels à l’aide en vain…

 

Concernant la campagne de vaccination, l’élu de la majorité présidentielle a milité pour qu’une situation particulière soit accordée à Mayotte et à la Guyane, où le variant brésilien, visiblement plus mortel, sévit fortement. « L’extrême fragilité mériterait qu’il y ait une considération pour ces deux territoires. » Une demande qui ne semble pas avoir été entendue puisque les deux départements ont reçu un nombre de doses relativement faible, comparé à leurs homologues ultramarins (respectivement 3.510 et 1.950 contre 9.700 pour la Guadeloupe ou 8.875 pour La Réunion selon un communiqué du ministère des Outre-mer en date du 2 février).

Au cours de son interview, le sénateur Thani a également eu l’occasion d’évoquer le sujet épineux de l’immigration clandestine, qui ne serait pas étrangère à la propagation du virus de ces dernières semaines. Une « pression insensée » qui vient fragiliser la tension hospitalière. Ainsi, il a invité Paris à mettre l’Union des Comores face à ses responsabilités, et à lui rappeler ses devoirs après la signature de l’accord-cadre de juillet 2019 entre les deux pays. Toujours dans le même thème, le parlementaire s’est attardé sur le lien concomitant avec la montée des violences, comme l’avait explicitement avoué le préfet, Jean-François Colombet, en septembre dernier. Selon le sénateur, l’arrêt des reconduites à la frontière pendant une bonne partie de l’année 2020 a ajouté de la précarité, « propice au passage à l’acte », à celle déjà existante sur l’île aux parfums. Sans toutefois s’aventurer dans les détails sur les événements « imputables aux immigrés ».

Malgré tout, le Mahorais a vanté les mérites de l’opération Shikandra, qui prévoit de renvoyer plus de 30.000 personnes en 2021, et en a profité pour pointer du doigt l’absence de solutions apportées au cours des deux dernières décenies. « Aucun gouvernement n’est parvenu à juguler ces deux fléaux. ». De l’histoire ancienne ? Pas vraiment puisque selon ses mots, « ce n’est pas [non plus] le cas pour l’instant ». Alors en marche !

Crise sanitaire : Les sportifs mahorais en plein doute

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Après une coupure longue de sept mois, les sportifs mahorais se remettaient peu à peu du premier confinement. Mais c’était sans compter sur la deuxième vague de contamination qui a contraint les autorités sanitaires à remettre toutes les activités entre parenthèses.

« Le comité de direction se réunira très prochainement et la question de la reprise sera à l’ordre du jour. Nous pouvons cependant déjà vous dire que la reprise n’aura certainement pas lieu le 20 février 2021 comme annoncé. Quelques communes sont en confinement et d’autres le seront peut-être bientôt. Toutes les équipes ne peuvent pas s’entraîner normalement. » Dans un mail adressé aux dirigeants de clubs mercredi dernier, la ligue mahoraise de football partageait son scepticisme quant à l’évolution de la situation sanitaire. « Ne prenez pas trop de risque pour essayer de vous préparer absolument pour la reprise. Nous pensons qu’il est indispensable de d’abord mettre le virus hors-jeu pour espérer jouer et gagner prochainement sur le terrain« , prévenait le directeur de la ligue, Aurélien Timba Elombo, comme une prémonition.

Le lendemain, le préfet de Mayotte, Jean François Colombet, et la directrice de l’agence régionale de santé, Dominique Voynet, confirmaient les craintes de la LMF dans le JT de Mayotte La 1ère, en annonçant la mise en place d’un second confinement sur l’île. Ce sont – au minimum – trois nouvelles semaines sans entraînements et sans compétitions pour les sportifs mahorais, après les sept mois d’arrêt imposés par les autorités politiques et sanitaires en 2020. « Nous nous apprêtions à organiser notre toute première compétition depuis un an« , se désole M’bayé Bakar Ahamada, président de la ligue mahoraise de kick-boxing, muaythaï et disciplines associées. Une soixantaine de combattants issues de sept clubs avait effectivement rendez-vous ce dimanche au collège de Bandrélé. « L’annulation du Challenge des clubs a attristé l’ensemble de nos licenciés, qui se préparent depuis le mois d’octobre pour certains« , déplore-t-il.

 

Un an sans combattre pour les licenciés de la ligue de kick-boxing

 

Mais le dirigeant pense que le pire est à venir. « Cette compétition devait préparer nos meilleurs combattants pour le championnat de Mayotte prévu le 6 mars prochain et qualificatif pour le championnat de France. À ce jour, nous maintenons notre compétition, mais dans trois semaines, si les autorités prolongent le confinement, nous devrons faire une croix sur le championnat de Mayotte et donc sur le championnat de France« , craint M’bayé Bakar Ahamada.

Même son de cloche pour le comité territorial de rugby de Mayotte, qui redémarrait tambours battants en ce début d’année 2021. « Après un mois sur Mayotte, nos Jeunes talents mahorais sont repartis vers La Réunion pour reprendre leurs activités au Pôle. Ils se seront préparés durant toutes les vacances et auront participé au traditionnel stage de janvier pour les sélections. Avec la reprise de l’école le 10 janvier, les cycles de rugby en primaire ont recommencé comme les activités en section sportive. C’est donc plus de 500 élèves qui pratiquent le rugby chaque semaine. Les actions vers les jeunes filles continuent. Actuellement, des rassemblements se mettent en place afin de faire découvrir notre pratique auprès des féminines. Environs 150 filles auront participé lors de la dernière journée au Challenge fédéral féminin M15/M18« , décrivait Jérémy Beltrame, agent administratif du comité.

 

Incertitudes autour des échéances sportives régionales et nationales

 

Entre temps, le couvre-feu de fin janvier – qui perturbait déjà fortement les activités du rugby mahorais – a laissé place au confinement. Le CTRM a aussitôt suspendu toutes ses activités pour le mois de février. Comme la ligue mahoraise de kick-boxing, le comité de rugby de Mayotte a également des échéances hors territoire à préparer, à La Réunion en mai et juin prochains pour ses différentes sélections. « En fonction de l’évolution du Covid, nos sélections participeront à des tournois scolaires et fédéraux. Pour les seniors à VII, il s’agira de préparer les Jeux des îles 2023« , espère le technicien.

Il en va de même pour les principales disciplines sportives : du basket-ball au handball, en passant par la pétanque ou l’athlétisme. Les compétitions locales sont en suspens, tandis que planent sur les échéances régionales, nationales ou internationales, un grand point d’interrogation. En attendant les prochaines grandes annonces préfectorales, les sportifs mahorais devront encore s’armer de patience.

Contre l’invisibilité, Mayotte compte ses artistes

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Depuis le début de la crise sanitaire, le milieu culturel et artistique apparaît comme l’un des plus touché. Mais à Mayotte, du fait de l’application encore partielle du droit commun, les artistes et intermittents apparaissent souvent comme invisibles aux yeux de Paris et de ses décisionnaires. Alors, le collectif des Arts Confondus vient d’enclencher la première étape d’une enquête d’ampleur, visant à recenser les acteurs du secteur, leurs revenus et leurs besoins.

À travers l’île aux parfums, le recensement est souvent une question épineuse. Et le milieu artistique n’y déroge pas. Ainsi, le collectif des Arts Confondus, formés par plusieurs structures culturelles, vient de lancer le premier volet d’une étude inédite, visant à compter tous les pratiquants des arts dits vivants à Mayotte.

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« Nous travaillons sur cette reconnaissance depuis 2018 », souligne Sophie Huvet, porte-parole du collectif et directrice de l’association Hip-Hop Évolution. « Lorsque nous voulions engager des démarches avec le ministère de la culture à Paris, nous nous sommes rendus compte que les institutions nationales se demandaient s’il y avait réellement des artistes à Mayotte… » Et pour cause : sans observatoire et sans reconnaissance du statut d’intermittent sur l’île, difficile pour le 101ème département de rendre visibles ses artistes et les difficultés qu’ils peuvent rencontrer sur le territoire, où le droit commun ne leur permet pas encore de jouir des mêmes avantages que leurs homologues métropolitains. D’abord programmée pour le début d’année dernière, l’enquête a dû être repoussée face à la dégradation de la situation sanitaire. « Comme nous étions tous occupés à essayer de sauver nos structures et réorganiser nos activités, la mise en place a été plus longue que prévu. Et puis n’oublions pas que plus de 50% des gens qui travaillent dans les structures culturelles sont des bénévoles, donc ils ont aussi une activité à assumer à côté… », décrit encore Sophie Huvet.

 

Une enquête en trois temps

 

Mais désormais, la machine est bel et bien en marche. Jusqu’à la fin du mois, le premier formulaire (disponible sur la page Facebook « Les Arts Confondus Mayotte ») permettra ainsi aux jeunes pratiquants amateurs de se signaler, afin notamment d’estimer les besoins en formation professionnalisantes. Puis, viendra le tour des acteurs culturels et artistes, pour étudier leurs revenus et moyens. Enfin, la troisième étape concernera les lieux qui peuvent accueillir des actions d’éducation artistique, et avec elles, un public, du moins lorsque le contexte le permet. « Tout cela va nous permettre de préparer l’avenir de la culture à Mayotte », espère Sophie Huvet. Une stratégie d’autant plus nécessaire en période de crise sanitaire, le nombre d’adhésion aux associations culturelles ayant chuté d’au moins 30% à la rentrée 2020.

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Lors du premier confinement, le ministère de la culture avait débloqué 15.000 euros, principalement à destination des techniciens du spectacles mahorais. « Du fait de l’arrêt de la diffusion des spectacles, ils n’avaient plus aucun revenu », précise la porte-parole du collectif des Arts Confondus. « Mais pour les artistes en tant que tels, il ne s’est pas passé grand chose, si ce n’est qu’ils ont pu reprendre un temps les ateliers artistiques en milieu scolaire. On sait que l’on va pouvoir compter sur les aides du Département et de l’État et nous avons finalement réussi à obtenir le chômage partiel à Mayotte pour le secteur culturel, mais les perspectives d’avenir sont encore très fragiles. »

Crédit photos @chababi project

 


 

Intermittents mahorais et métropolitains : un même métier, mais des applications différentes

En métropole, tout artiste ou technicien des arts de la scène peut prétendre au statut d’intermittent du spectacle et par conséquent, accéder à des droits et des régimes sociaux conçus selon les spécificités du métier. Un dispositif qui encadre également l’accès à la formation ou à des congés spécifiques selon une convention nationale, décidée avant que l’île ne bascule sous le régime de la départementalisation. Depuis plusieurs années, les professionnels des arts vivants à Mayotte militent pour qu’enfin, le territoire soit intégré dans ces textes. Problème : «  Pour ça, il faut rouvrir des négociations avec les syndicats nationaux », résumait déjà Sophie Huvet l’année dernière. Une démarche qui pourrait potentiellement permettre au ministère de se rétracter concernant certains acquis. « Nous, ce qu’on propose, c’est de simplement rajouter Mayotte sans nouvelle négociation, mais même si on le faisait, notre accès à la Sécurité sociale ou à Pôle Emploi ne serait pas le même », du fait de l’arrivée progressive du droit commun sur le territoire.

Confinement 2.0 à Mayotte : les affaires tournent au tribunal judiciaire

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Contrairement à la première vague, qui avait provoqué la fermeture pure et dure des portes du tribunal à Mamoudzou, et renvoyé les affaires non urgentes aux calendes grecques, cette fois-ci, “tout est maintenu”, explique le président de la juridiction, Laurent Ben Kemoun. Précis d’une justice sous cloche.

Brrr le confinement ! C’est presque avec des frissons dans la voix que le premier président du tribunal judiciaire de Mamoudzou, Laurent Ben Kemoun, se souvient de cette bien sombre époque. “Au tribunal, tout était quasiment fermé, c’était extrêmement traumatisant. Et d’ailleurs le nouveau procureur ne l’avait pas vécu, mais moi je lui ai dit : “je n’ai pas le courage de vivre deux fois ce traumatisme”, souffle le chef de la juridiction au bout du fil. Ouf ! Cette fois-ci, ses doléances sont arrivées jusqu’au cabinet du préfet, qui, dans son arrêté du 5 février 2021 portant mesure de confinement généralisé pour le département de Mayotte, a notamment autorisé les déplacements dérogatoires pour répondre à une convocation de l’autorité judiciaire.

 

Incitations au télétravail

 

Miracle, tout roule donc à Kawéni ! “J’oublie vite ce confinement car rien ne change au tribunal… et je trouve qu’il y a aussi énormément de monde dans les rues”, constate Maître Alexandre Volz, qui a d’ailleurs un agenda d’audiences chargé toute la semaine. “Seule différence, le tribunal est peut-être un peu moins peuplé que d’habitude”, jauge l’avocat à vue de nez. Concrètement, “tout est maintenu”, confirme Laurent Ben Kemoun. Magistrats, fonctionnaires, agents de sécurité ou d’entretien, interprètes… Tous se rendent sur leur lieu de travail comme d’accoutumée pour recevoir les justiciables. Exceptions faites pour “ceux qui ont des problématiques de garde d’enfants par exemple”, ou qui peuvent rester en télétravail, “il y a alors une incitation à rester chez soi”, signale toutefois celui qui a la charge de chapeauter toute cette organisation.

 

Attestations : attention à bien rentrer dans les cases

 

Côté justiciables, deux cas de figure possibles : ceux qui ont une convocation peuvent “rompre le confinement” le jour J pour se présenter à la barre, munis de leur attestation et en cochant la case relative à une convocation judiciaire ou administrative. Les autres, qui veulent faire appel d’un jugement ou bien demander une ordonnance de protection – décision du juge qui permet de soustraire une femme victime de violences conjugales par exemple – seront reçus à l’accueil et redirigés vers qui de droit. À eux de sélectionner le motif qui leur semble le plus judicieux… comme celui des déplacements brefs, cite Laurent Ben Kemoun. Petit bémol : encore faut-il habiter à moins d’un kilomètre du tribunal. Un détail qui peut peut-être expliquer la légère baisse d’affluence constatée en ce premier lundi 2021 sous confinement.

 

Pas fini “d’éponger le passif” de 2020

 

Quoi qu’il en soit, cette autorisation de poursuivre l’activité judiciaire constitue un vrai soulagement pour l’établissement judiciaire. Car les stigmates de la fermeture en 2020 restaient jusqu’à ce jour bien visibles dans les allées bourdonnantes du tribunal et jusque dans les audiences parfois chargées. « Des “retards« , ce n’est pas le mot, mais nous n’avions pas terminé d’éponger le passif”, concède Laurent Ben Kemoun. Une situation maîtrisée certes, et rendue possible par la création d’audiences à juge unique à la rentrée de septembre dernier. “Nous avions retroussé nos manches, ce qui nous a permis de bien rebondir”, atteste-t-il.

Gestion de crise : Doublement quotidien des évacuations sanitaires et ouverture de l’hôpital de Petite-Terre

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Face à une situation de plus en plus tendue, le centre hospitalier de Mayotte enchaîne les augmentations de nombre de lits en réanimation. Parmi les options sur la table pour se donner une bouffée d’oxygène, l’agence régionale de santé a demandé à ouvrir l’hôpital de Petite-Terre d’ici un mois et la direction du CHM a reçu des garanties orales pour doubler quotidiennement les évacuations sanitaires vers La Réunion. Des mesures qui doivent se confirmer dans les prochains jours.

« Pour les soins de suite et de réadaptation, c’est l’épisode VI de Star Wars. » Si la métaphore peut prêter à sourire, la réalité n’en reste pas moins troublante avec des services de réanimation, de médecine et des urgences au bord de la saturation. « La situation est tendue, la marge se réduit », introduit Christophe Caralp, le chef de pôle Ursec, alors que Mayotte a enregistré 1.891 nouveaux cas entre le 28 janvier et le 3 février. « Aux urgences, nous intubons deux personnes par jour et deux autres sont en moyenne placées sous aide respiratoire. Nous ne l’avions pas fait lors de la première vague. » Cette tension hospitalière n’augure rien de bon pour les prochains jours. Ce qui explique l’arrivée d’une trentaine de militaires samedi dernier pour ouvrir et gérer cinq nouveaux lits de réanimation dans l’aile de chirurgie ambulatoire.

 

Entre 10 et 30 patients envoyés en Petite-Terre ?

 

D’autres réflexions sont en cours de réalisation pour tenter d’apporter une bouffée d’oxygène au personnel médical. La première concerne l’hôpital de Petite-Terre, dont la mise en fonction tarde depuis de longs mois en raison de travaux « mal falgotés » et qui est théoriquement prévue en avril 2021… Une source proche du dossier annonce que l’agence régionale de santé a donné une injonction à Catherine Barbezieux, la directrice du CHM, pour l’ouvrir d’ici un mois, c’est-à-dire début mars. Des propos toutefois relativisés par l’autorité sanitaire, qui fait plutôt état d’une demande pour « avancer sur tous les points qui bloquent ».

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Reste à trouver le meilleur compromis entre la prise en charge et la logistique, notamment d’un point de vue de l’oxygène, puisque la nouvelle structure n’est pas équipée pour acheminer « de tels débits », précise Christophe Caralp. D’où l’idée, si cette opportunité se concrétise, d’envoyer entre 10 et 30 patients Covid, actuellement hospitalisés en médecine, et de les brancher à des extracteurs. Mais un autre problème persiste : l’aval de la commission de sécurité. Et à ce petit jeu-là, le préfet de Mayotte est catégorique, car « c’est un établissement amené à recevoir des personnes fragiles ». Ainsi, le délégué du gouvernement attend le passage des experts pour savoir si « toutes les garanties minimales sont remplies ». Du chemin reste donc à parcourir pour lever tous les obstacles légaux.

 

Plus d’une quinzaine de patients évacués à La Réunion ?

 

L’autre bonne nouvelle devrait venir du ciel, avec le doublement quotidien des évacuations sanitaires vers La Réunion grâce à l’envoi d’un deuxième équipage. « Nous avons eu l’accord oral de Paris », confie Christophe Caralp, qui espère débuter ce nouveau roulement en début de semaine. Une stratégie aérienne qui représente un budget supplémentaire de l’ordre de 86.000 euros. Concernant le profil des passagers, la décision s’oriente vers des Covid en détresse respiratoire et des hypertendus. « Il faut bien les sélectioner, nous ne transportons pas des Playmobils », ajoute le responsable du pôle Ursec, qui verrait d’un bon œil le transfert de 5 à 7 patients en réanimation et de 10 autres en médecine. Sauf que l’île voisine est aussi en proie à un regain du nombre de cas en raison du varint sud-africain. Une propagation du virus qui pourrait rebattre les cartes. Quelles seraient alors les options alternatives ? « D’ici un mois, la crise sera peut-être derrière nous… Mais si La Réunion était réellement impactée, il faudrait potentiellement envisager des évacuations vers la métropole. Un dispositif très lourd à mettre en place. »

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Indépendamment de ces solutions envisagées, le centre hospitalier de Mayotte continue sa réorganisation interne pour « essayer de toujours garder un coup d’avance ». Ainsi, des médecins des centres médicaux de référence (CMR) pourraient être réaffectés très prochainement dans le service de médecine pour renforcer les effectifs. Et pour libérer des lits, le cheval de bataille sur l’île aux parfums, Christophe Caralp mise sur la possibilité de multiplier les hospitalisations à domicile, lorsque les états de santé le permettent. « Nous avons une autorisation de 45 patients, qui est déjà pleine. Nous voudrions l’augmenter à 70, mais pour cela il nous faut notamment l’accord des médecins libéraux. » Tout un tas de mesures suffisantes pour ne pas vivre une catastrophe sanitaire, voire une hécatombe ? Réponse imminente..

Pas d’allègement, mais “un horizon plus clément si chacun joue le jeu”, promet le préfet de Mayotte

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C’est reparti. Depuis vendredi soir 18h, tous les Mahorais sont priés de rester chez eux, et ce, pendant trois semaines minimum, sauf exceptions. Aides aux entreprises, économie informelle, immigration clandestine… Le préfet Jean-François Colombet revient pour Flash Infos sur les dispositifs en place pour les trois prochaines semaines.

Flash Infos : Lors du premier confinement, toutes les activités ou presque avaient été stoppées net, ce qui avait conduit à mettre en place tout un panel de mesures de soutien aux entreprises, avec plus ou moins de succès compte tenu des spécificités locales. Quelles mesures sont reconduites cette fois-ci, avec quelles adaptations possibles du dispositif ?

Jean-François Colombet : Le principe, c’est de tout faire pour travailler à domicile lorsque cela est possible. Pour les activités qui ne peuvent s’effectuer depuis chez soi, l’employé peut être autorisé à rejoindre son lieu de travail muni de l’attestation employeur. Tout ce qui ne relève pas du télétravail ou du travail à domicile doit se poursuivre, c’est notamment le cas des travaux publics, du bâtiment, qui est vital pour Mayotte. Dernier cas de figure, celui des commerces fermés, et là, bien sûr, le régime du travail partiel est complètement réactivé. Et nous sommes même intervenus, à la demande des représentants socio-professionnels rencontrés jeudi soir, pour tenter de mettre en place une procédure accélérée pour déclencher l’activité partielle avec le moins de formalités possibles. Cette demande est remontée à Paris, elle est à l’arbitrage du premier ministre.

FI : Qu’advient-il de l’économie informelle, qui représente ⅔ des entreprises marchandes à Mayotte ? L’année dernière, les vendeurs de route étaient rapidement réapparus sur les routes malgré le confinement…

J-F.C. : C’est aussi pour cette raison que je voulais à tout prix éviter le confinement généralisé… Il est évident qu’en interdisant tous les marchés déclarés officiellement, je ne suis pas en mesure de tolérer les marchés non officiels. Tous les vendeurs de bords de route seront donc verbalisés, et nous leur demanderons de partir. Pour les marchés officiels et exclusivement alimentaires, il y a certes une interdiction générale, mais malgré cela une possibilité de déroger si le maire met en place un protocole sanitaire strict : pour gérer les files d’attente, la proximité du public, le nettoyage des produits, pour vérifier que les gestes barrières sont bien respectés, etc. Si toutes ces conditions sont remplies, je peux donner une autorisation dérogatoire, avec comme obligation que ce protocole soit exécuté convenablement. Comme pour le dernier confinement d’ailleurs, souvenez-vous !

FI : Et pour l’aide alimentaire ? Le même dispositif, avec les distributions de bons alimentaires, via notamment les associations dispatchées sur différentes zones du territoire, va-t-il être reconduit ?

J-F. C. : Effectivement. Dès la semaine prochaine, nous distribuerons des bons alimentaires à ceux qui n’auront plus aucune possibilité de subvenir à leurs propres besoins. J’ai d’ores et déjà fait remonter à Paris nos besoins pour trois semaines de confinement. Comme d’ailleurs j’avais déjà lancé les distributions sur les trois communes confinées depuis la semaine dernière. Nous allons travailler avec les associations caritatives et les centres communaux d’action sociale (CCAS), tout cela est en train de se mettre en route et nous avons le soutien massif du gouvernement sur ce sujet, comme sur tout le reste. Pour les seuls bons alimentaires, Paris m’affecte une enveloppe de 550.000 euros par mois. Quant à l’organisation, nous allons remettre en place le même genre de dispositif, car ce que nous voulons éviter, ce sont les distributions de produits alimentaires, qui, comme nous l’avons appris lors du dernier confinement, entraîne une agrégation de personnes et favorise la circulation du virus. Donc dans la mesure du possible, nous favoriserons le porte à porte, ou les retraits auprès des CCAS.

FI : Vous expliquiez jeudi soir que nous allions garder deux vols par jour entre La Réunion et Mayotte. Doit-on s’attendre à une diminution du trafic aérien ?

J-F.C. : Nous allons tenter de les garder, nuance ! Nous n’en sommes pas sûrs. La grande différence avec le confinement de l’année dernière, c’est que nous n’avons pas de mesures administratives qui mettent fin aux liaisons aériennes commerciales. En mars 2020, dans l’urgence, les liaisons avaient été suspendues. Là, ce n’est pas le cas, mais nous sommes très rigoureux sur les motifs impérieux de déplacement au départ comme à l’arrivée, tant sur les vols Mayotte-La Réunion que Mayotte-Paris. Aujourd’hui, des gens peuvent se faire refouler en arrivant à Paris s’ils n’ont pas de pièce justificative. Et bien sûr, nous maintenons les tests PCR 72 heures avant le voyage. Donc nous serons très, très rigoureux, j’insiste là-dessus. Plus nous ferons preuve de sérieux dans la mise œuvre de ces garanties de sécurité, plus nous aurons des chances de maintenir les liaisons commerciales. Qui sont vitales pour Mayotte, car comme vous le savez, ce sont les passagers qui paient le fret dont nous avons besoin. Soit au minimum 50 tonnes de fret par semaine sur les produits indispensables.

FI : Vous allez renforcer la surveillance aérienne en mer, quels en sont les effets bénéfiques ?

J-F.C. : Notre dispositif aérien nous aide à anticiper l’arrivée des kwassas, car il nous permet de voir plus loin que les bateaux. Il peut ainsi nous dire la composition des flottilles de kwassas, souvent organisés de façon très stratégique pour que certaines embarcations fassent diversion… J’ai donc le soutien du gouvernement pour reconduire ce dispositif, ce que je viens de faire pour deux semaines, et éventuellement le pérenniser.

FI : Ce nouveau confinement tombe alors que le gouverneur d’Anjouan a récemment invité la population comorienne à envahir Mayotte et a annoncé la fermeture des frontières, un choix non suivi par le gouvernement central. Allez-vous poursuivre les reconduites pendant le confinement, et avez-vous le soutien de l’Union des Comores ?

J-F.C. : Ce n’est pas la première fois que le gouverneur d’Anjouan fait ce type de déclaration. Nous, nous traitons avec le gouvernement de l’Union des Comores, et il y a eu récemment une déclaration dans la presse qui disait bien que ce n’était pas au gouverneur de traiter de ces sujets. Il faut laisser cet événement dans la dimension qui est la sienne… Et nos relations avec l’Union des Comores sont bonnes. Nous allons poursuivre les éloignements et nos voisins ont très bien compris l’enjeu. Ils savent que nous prenons les garanties pour tester systématiquement tous les étrangers en situation irrégulière que nous éloignons. Pour l’instant, donc, c’est le statu quo.

FI : Le confinement est annoncé pour une durée d’au moins trois semaines. Est-il possible que des allégements soient pris plus tôt si les conditions s’améliorent, comme nous avons pu le voir à Bouéni ? Ou au contraire, un renforcement des mesures ?

J-F.C. : Non, non, pas d’allègement avant trois semaines. Il faut que chaque habitant de l’île prenne sérieusement la mesure de la chose et comprenne que le sort de Mayotte est entre ses propres mains. Le confinement, ce n’est pas juste l’affaire de l’État, des maires, du conseil départemental… C’est chacun d’entre nous, dans sa vie quotidienne, qui doit être amené à adapter ses comportements pour respecter les consignes, respecter les gestes barrières. Il faut que nous soyons performants individuellement pour espérer sortir du confinement. Dans le cas contraire, nous risquons plutôt de le prolonger si la pression sur l’hôpital reste la même, si nous avons encore un nombre de cas exorbitants dans trois semaines… Mais si nous jouons le jeu, cela marchera. Regardez : sur les trois communes que j’ai confinées, il y en a une où le maire est très très engagé, où les habitants ont compris l’intérêt des restrictions et en une semaine nous avons perdu 200 cas pour 100.000 habitants ! C’est la preuve que si chacun y met du sien, nous pourrons bientôt apercevoir un horizon plus clément.

Chronique d’une journée chaotique à Mamoudzou quelques heures avant le confinement

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Mayotte entrait en confinement le vendredi 5 février à partir de 18h. Un confinement qui a visiblement fait peur à la population. Les gens se sont rués dans les magasins, et ont provoqué des bouchons à n’en plus finir sur les routes. Une situation qui a totalement bloqué la circulation de Mamoudzou durant toute la journée.

Une ville totalement bloquée par des voitures qui créent des embouteillages interminables. Une population paniquée par la propagation d’un virus qui menace de contaminer tout le monde. Non ceci n’est pas le synopsis du film “Je suis une légende”, mais le scénario de la situation chaotique qui s’est déroulée dans le grand Mamoudzou, vendredi dernier. Appuyé contre le capot de sa voiture, en pleine discussion avec deux autres personnes, Ben est partagé entre la fatigue et l’incompréhension. Cet automobiliste est bloqué avec sa voiture à la rue du commerce depuis un bon moment. “Une heure pour faire 2 kilomètres, c’est hallucinant. Je n’ai jamais vu de tels embouteillages, même pas à la veille de la ide.

Cet homme reflète le ras-le-bol des automobilistes qui ont eu le malheur de prendre leurs voitures vendredi pour circuler dans Mamoudzou. Depuis le matin, toutes les routes de la commune sont totalement bloquées. Seuls les deux roues arrivent à se faufiler entre les files de véhicules. La raison de cette circulation chaotique ? Le confinement qui approche. Il est vrai que la ville de Mamoudzou est tous les jours embouteillée, mais la situation était particulièrement critique ce jour-là. Les habitants ont voulu faire leurs derniers achats avant la fermeture des commerces, créant des bouchons allant de Majicavo jusqu’à Tsoundzou.

Un peu plus loin, sur la route menant à Cavani, plusieurs personnes descendent d’un taxi, excédées. “Ce n’est plus possible. Cela fait une demi-heure qu’on est bloqués ! Je pense qu’à pieds, j’arriverai plus vite chez moi qu’en voiture”, déclare un homme, son sac de courses à la main. À 20h, la circulation était encore très lente. Trop de voitures, pas assez de routes. Vendredi, plus que jamais, l’île a montré ses limites routières.

 

Les magasins envahis

 

Il fallait aussi être patient devant les magasins alimentaires. Des centaines et des centaines de personnes ont voulu faire leurs courses avant le début du confinement. Une attitude difficile à comprendre puisque les commerces en question resteront ouverts durant toute la période et chacun sera autorisé à aller faire ses courses muni de son attestation. Malgré cela, les gens ont préféré patienter de longues minutes devant les grandes surfaces pour se ravitailler. Et l’attente ne s’est pas toujours faite dans le calme. Les nerfs à vifs, la patience qui a atteint ses limites, les clients du supermarché à Baobab étaient devenus irritables. “J’en ai marre d’attendre. Je veux juste faire mes courses”, désespère une dame. “Madame, vous avez pris ma place, vous êtes arrivée après moi”, crie une autre à sa voisine de file.

Une file qui s’est formée à l’entrée du centre commercial. Le responsable a dû ordonner la fermeture des grilles et des portes afin d’éviter un mouvement de foule massif. “Dans le supermarché, on fait entrer 100 personnes à chaque fois. Puis on ferme pendant trente minutes, on les laisse passer en caisse, on nettoie les paniers, puis on fait entrer les autres clients au fur et à mesure que le magasin se vide”, explique Eddy Dorla, le directeur du centre commercial Baobab.

Dès l’annonce du confinement jeudi soir par le préfet, Eddy Dorla savait que la journée de vendredi allait être intense. “On s’attendait à ce que ça afflue comme ça, alors on a mis les moyens. J’ai fait revenir du personnel l’après-midi pour pallier à tout cela. Ce sont des gens qui n’étaient pas prévus dans le planning au départ.” Malgré l’organisation du magasin, les clients sont nombreux dans les rayons et devant les caisses. Les cadis sont pleins à craquer. Les étagères des produits de première nécessité se vident. Farine, eau, riz, mabawas, tomates pelées… sont particulièrement prisés par les clients qui ont fait leurs stocks. Voilà de quoi créer une pénurie qui n’a pas lieu d’être.

 


 

MICRO-TROTTOIR :La population prépare le confinement

 

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Je ne savais pas que les magasins alimentaires seraient autorisés à ouvrir. Vous me l’apprenez, je n’avais pas cette information. Je me suis précipitée parce qu’on m’a dit que tous les magasins allaient fermer. Si j’avais su, je ne serais pas venue parce que cela fait une heure que je fais mes courses, c’est beaucoup pour moi.

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On nous a dit qu’on ne pourra plus sortir à partir de ce vendredi donc j’ai préféré faire les courses pour qu’ensuite je puisse rester à la maison avec mes enfants. Mais je dois avouer qu’il y a beaucoup de monde. Il faut prendre son mal en patience. J’ai acheté du riz, des mabawas, des frites, etc. Les produits de base.

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J’ai tourné dans le magasin pendant une demi-heure et je n’ai pas eu ce que je voulais. Je commence à m’inquiéter parce que je ne suis pas sûre de trouver ce que je cherche même si je reviens un autre jour. Le confinement est une bonne chose selon moi, mais je ne suis pas du tout prête.

preparation-confinement-mayotte-nadjma-mickaelNadjma et Mickael

Mickael :Honnêtement, je ne savais même pas qu’on était confinés, c’est ma femme qui m’en a parlé. Alors on achète rien de spécial, on a juste pris quelques produits pour le bébé. Je viendrai faire les grandes courses une prochaine fois avec l’attestation. »

Nadjma : « Le confinement ne va rien changer pour moi parce que je travaille dans un magasin alimentaire donc je vais devoir travailler. Mais c’est une bonne chose, même si j’estime que la décision est arrivée trop tard. Il fallait anticiper dès le début.

Crise sanitaire : Un confinement généralisé à Mayotte pour les trois prochaines semaines

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Alors que les chiffres de l’ARS confirment la propagation active du Covid-19 à Mayotte, la directrice de l’autorité sanitaire Dominique Voynet et le préfet Jean-François Colombet ont annoncé l’instauration d’un nouveau confinement, effectif à partir du vendredi 5 février 18h, et pour au moins trois semaines. Bis repetita, donc, même si cette nouvelle vague semble plus sévère que la première…

La rumeur enflait depuis plusieurs heures. Ce jeudi soir, le préfet de Mayotte Jean-François Colombet a confirmé sur le plateau de Mayotte la 1ère, aux côtés de la directrice de l’agence régionale de santé (ARS) Dominique Voynet, la mise en place d’un confinement généralisé à Mayotte, qui prendra effet vendredi à 18h, et ce, pour une durée de trois semaines. Cette annonce intervient alors que “la situation sanitaire continue de se dégrader, malgré les mesures de fermeture des frontières, de couvre-feu et de confinement localisé prises ces dernières semaines”, précise la préfecture dans un communiqué.

Le gouvernement m’a autorisé à placer Mayotte en confinement général demain à 18h. Nous partons sur trois semaines, et ce sera au moins trois semaines”, a précisé Jean-François Colombet. Conséquence : le 101ème département retrouve “les contraintes connues il y a un an”, à savoir le travail à domicile dès qu’il est possible, la fermeture des guichets publics, écoles, collèges, lycées et aussi des bars et restaurants, sauf pour de la vente à emporter/livraison. “L’objectif est de réduire tous les facteurs qui peuvent nous donner à nous déplacer, de façon à freiner l’épidémie”, a abondé le délégué au gouvernement. Bien sûr, ceux dont l’activité ne peut se faire à distance pourront aller travailler, à condition d’être muni d’une attestation ou d’un justificatif de l’employeur. C’est le cas des travaux publics, notamment.

 

Taux d’incidence deux fois supérieur à la métropole

 

Malgré le couvre-feu mis en place sur tout le territoire depuis deux semaines, et le confinement localisé des communes de Dzaoudzi-Labattoir, Pamandzi et Bouéni, les chiffres communiqués par l’agence régionale de santé ces derniers jours n’ont cessé de se dégrader. Ce jeudi, ce sont 1.232 cas qui étaient recensés par l’ARS sur une semaine, et un taux d’incidence à 440,8, soit plus de deux fois les niveaux constatés en métropole… Quant aux tests, positifs à 17,7%, ils ne contredisent pas franchement cette tendance morose. En clair, près de deux personnes sur dix ont gagné leur septaine après un passage sous le coton-tige !

 

Des formes graves, même chez les jeunes

 

Il y a beaucoup de différences entre la première vague et la seconde vague”, a tenu à souligner la directrice de l’ARS, Dominique Voynet. “Le virus se diffuse partout, pas une seule commune n’est épargnée et nous assistons à des contaminations chez des gens moins âgés avec des formes graves, parfois même chez les jeunes, dont des décès chez des personnes qui avaient à peine 25 ans”, a-t-elle ajouté, insistant sur le fait que ce virus n’était pas “une grippette”. “Nous ferons l’impossible, mais je demande aux Mahorais de s’inquiéter.

Dans le viseur des autorités, le variant sud-africain, qui explique cette hausse soudaine des cas sur l’île aux parfums, jusqu’alors relativement épargnée par la pandémie. 78 porteurs de cette mutation ont été recensés à Mayotte, et un cas pour le variant britannique. Mais “les délais de séquençage s’élevant à plusieurs jours, le nombre de porteurs de ces variants est en réalité beaucoup plus élevé”, a précisé la préfecture. Le nombre de patients affectés par le Covid-19 admis aux urgences, en médecine et en réanimation progresse à une vitesse inédite. Comme le nombre de clusters.

 

Tic-tac tic-tac pour les vaccins

 

D’où l’importance, pour la directrice de l’ARS, d’oser dépasser sa peur de la seringue. “Le vaccin porte ses fruits deux semaines après la piqûre, donc il n’y a pas de temps à perdre”, a-t-elle indiqué, en citant son propre exemple, tout comme ceux du Docteur Martial Henry et du président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani. L’ancienne ministre compte beaucoup sur l’arrivée des vaccins AstraZeneca et Moderna à Mayotte, plus simples d’utilisation, et qui devront être livrés avant la deuxième semaine de mars, a-t-elle assuré.

Parmi les autres moyens sur la table, il y a bien sûr la réorganisation au CHM. L’hôpital accélère le rythme des Evasan pour libérer des lits, tandis que le nombre de réservistes doit encore augmenter en cette fin de semaine. Cinq lits supplémentaires seront par ailleurs équipés par les militaires ce week-end, et une autre demande de cinq lits supplémentaires est d’ores-et-déjà sur la table du cabinet du premier ministre, a mentionné Dominique Voynet. Une source du CHM nous précise que les militaires arriveront dimanche pour gérer l’aile de chirurgie ambulatoire dédiée au Covid, qui accueille actuellement 5 patients atteints du virus, placés en réanimation.

 

Les aides aux entreprises relancées

 

Repoussée au maximum, cette décision d’un nouveau confinement à Mayotte risque de mettre à mal une économie locale qui avait déjà souffert lors de la première vague. Et tout particulièrement l’économie informelle, qui représente deux tiers des entreprises marchandes dans le département. “Tout le dispositif d’aides est réactivé immédiatement”, a répondu le préfet, interrogé au sujet des mesures de soutien aux entreprises, en assurant défendre un dispositif “le plus adapté possible à la situation singulière de Mayotte”. Seul point positif pour cette nouvelle phase sous cloche, version 2.0 : le maintien des liaisons commerciales aériennes, “vitales” pour l’île, qui compte sur ses 50 tonnes de fret par semaine pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Message aux voyageurs : le motif impérieux… l’est bel et bien ! S’il restait quelques sceptiques, ce nouveau confinement l’aura au moins prouvé.

Nommé au grade de chevalier, le docteur Abdourahim Chamouine remercie ses pairs

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Le président de la République, Emmanuel Macron, a nommé le docteur Abdourahim Chamouine, chef de service en pédiatrie au centre hospitalier de Mayotte, au grade de chevalier dans l’ordre national du mérite, comme bon nombre de ses compères du territoire, pour récompenser son parcours et ses engagements. Humble, le quadragénaire a surtout tenu à remercier ses pairs qui l’épaulent au quotidien et à mettre en avant ses projets professionnels, sa motivation première.

Comme bon nombre de ses collègues chefs de service du centre hospitalier de Mayotte, le docteur Abdourahim Chamouine fait partie des professionnels de santé nommés au grade de chevalier dans l’ordre national du mérite par le président de la République, Emmanuel Macron, en ce début d’année 2021. Une grande surprise pour l’homme âgé de 49 ans, qui, pour ainsi dire, ne s’y attendait pas du tout. Lui qui a l’habitude de ne pas se mettre en avant, surtout devant les médias, sauf quand il s’agit de «parler de mes patients». Réservé de nature, celui qui est arrivé sur l’île aux parfums en 2010 reçoit cette distinction «avec plaisir si les gens [la] considèrent comme gratifiante». Mais dans son style bien à lui, il dirige surtout «ce coup de projecteur» sur ses collègues, «tous ceux qui m’ont aidé dans mon travail et qui la mériteraient».

Diplômé d’un baccalauréat au lycée Said Mohamed Cheikh de Moroni, le Grand Comorien s’envole pour Montpellier où il poursuit ses études de médecine avant de débarquer à Besançon pour réaliser sa spécialité en pédiatrie. Un cursus de plusieurs années durant lequel il pose ses valises pour la première fois au CHM comme interne en 2002 puis comme praticien remplaçant régulier entre 2003 et 2007. «Des brefs séjours», souligne-t-il. À ce moment-là, rien ne le prédestine à s’installer durablement dans le 101ème département. Mais le hasard fait bien les choses. Son parcours universitaire lui fait rencontrer sa femme, originaire de Mayotte, elle aussi en exil dans le Doubs. «Le rapprochement familial a beaucoup joué», avoue-t-il, pour justifier sa venue.

 

La drépanocytose, son cheval de bataille

 

grade-chevalier-docteur-abdourahim-chamouine-mayotte2Chef du pôle enfant de 2012 à 2015, le docteur Abdourahim Chamouine décide de réduire la voilure pour devenir chef de service pédiatrie. Une réduction de ses responsabilités qui coïncide avec sa nouvelle fonction de coordinateur d’un centre de référence pour les maladies du globule rouge. Plus connues sous le nom de drépanocytose. Son leitmotiv et celui de son équipe ? «Que le traitement soit mis en place dans les deux mois après la naissance de chaque nouveau-né», martèle-t-il, au moment de se réjouir de la guérison définitive de trois enfants après une greffe de moelle osseuse. Si le père de famille reçoit un financement fléché du ministère de la Santé, il peut également compter sur l’aide de l’hôpital et de l’agence régionale de santé (ARS) sur le plan administratif.

Complètement investi dans sa mission, le Mahorais d’adoption souhaite continuer sur cette lancée, à savoir «exercer mon activité et soigner mes patients». «Si j’ai ces conditions de travail, il n’y a pas de raison que je parte !» Adulé par ses pairs qui n’ont pas manqué de lui adresser une ribambelle de louanges au moment de l’annonce, le docteur Abdourahim Chamouine espère toujours pouvoir autant s’investir dans les projets qui lui tiennent à cœur et qui touchent la petite enfance. Son vœu le plus cher pour l’avenir ? «Contribuer à quelque chose dont nous ne serons pas forcément bénéficiaires» et «avoir une banque de sang à Mayotte». Toujours dans l’intérêt général ! Un grand bonhomme au grand cœur qui mérite, sans conteste, la plus haute décoration honorifique française.

La livraison de repas à domicile en plein expansion à Mayotte

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Elles s’appellent Servi-in ou encore D-eat maoré. Ce sont des plateformes de livraison de repas à domicile qui veulent changer le quotidien des Mahorais. L’objectif est de permettre à chacun de manger à la maison comme s’il était au restaurant.

Vous connaissez probablement Just Eat, Uber Eats ou Deliveroo. À Mayotte, on vous présente Serv-in et D-eat maoré. Les plateformes de livraison de repas à domicile se multiplient sur l’île, à l’ère où plus personne n’a envie de perdre du temps dans les embouteillages pour aller chercher à manger. El-Anziz Saidi Yahaya est l’un des précurseurs de ce concept à Mayotte. Il crée son entreprise en 2013 à partir d’un simple constat. “À chaque fois qu’il y avait une concentration d’activité, il y avait toujours un brochetti à côté. Nous étions condamnés à manger ce qu’il y avait à côté de nous parce que nous ne pouvions pas nous faire livrer. J’en avais marre de manger des brochettes alors j’ai décidé de proposer ce service de livraison avec des plats de qualité.

En deux coups de cuillère à pot, il crée Serv-in. Aujourd’hui, la plateforme compte 33 restaurants qui proposent leurs menus sur le site et l’application. Le fondateur use de toutes les stratégies pour attirer le maximum de partenaires. “Nous laissons le choix au restaurateur. S’il n’a pas de livreur, nous lui en fournissons un ou plusieurs, et s’il en a, il peut tout de même utiliser notre site et notre application pour proposer ses plats. Nous sommes un canal de diffusion pour multiplier le nombre de ventes”, détaille El-Anziz Saidi Yahaya.

Actuellement, Serv-in se limite à Mamoudzou et ses alentours ainsi qu’à la Petite-Terre, par manque d’opportunités. “Nous ne pouvons pas couvrir des zones si le choix des restaurants n’est pas au rendez-vous. Pour ce trimestre 2021, nous voulions servir Combani mais à cause de la violence et de la Covid-19, cela n’a pas pu se concrétiser”, regrette le jeune homme. Mais ce n’est que partie remise, affirme-t-il. En attendant, il se concentre sur le marché qu’il connaît et cherche à perfectionner l’image de sa marque. Pour cela, la plateforme a besoin de plus de livreurs. Car même si elle propose un large choix de restaurants, les délais de livraison sont souvent trop longs. “C’est parce que nous n’arrivons pas à recruter des livreurs. En ce moment, nous en cherchons 10”, annonce l’entrepreneur. Tous les livreurs doivent avoir un statut d’auto-entrepreneur et être munis d’un scooter ou d’un vélo.

 

D-eat maoré, le nouveau qui veut faire la différence

 

La plateforme D-eat maoré n’est pas encore effective, mais son fondateur (qui souhaite rester anonyme) a déjà l’ambition de se démarquer des autres. Le site propose toujours un panel de restaurants et de livreurs pour assurer la mission de livraison, mais le gérant ne s’impose aucune limite géographique. “Dès le début, nous voulons être présents sur l’ensemble du territoire contrairement à nos concurrents qui se concentrent sur Mamoudzou et Petite-Terre.” Pour cela, les restaurateurs doivent répondre à l’appel. Il reste encore deux mois avant le lancement de D-eat maoré, mais il est primordial pour l’équipe de multiplier les partenariats. “Si nous avons seulement un restaurant dans le sud, ce sera compliqué de couvrir la zone. Nous cherchons des restaurants un peu partout mais surtout à M’Tsamboro, le grand Mamoudzou, à Dembéni, à Combani, à Chirongui et à Bandrélé”, précise le gérant. Selon lui, les restaurateurs ont tout intérêt à collaborer avec D-eat maoré puisqu’ils gagneront du temps et donc de l’argent. En effet, passer commande par téléphone ou sur place peut sembler long pour certains. Une situation qui irrite les plus impatients, et ces derniers finissent par aller ailleurs.

L’équipe de la nouvelle plateforme est consciente que le gain de temps peut être son atout principal. Elle met donc tous les moyens pour dépasser les concurrents. “Nous réduirons le temps de livraison et pour cela, nous aurons beaucoup de livreurs. Nous sommes en contact avec les CCAS qui peuvent nous mettre en relation avec les demandeurs d’emploi”, indique le gérant, qui est d’ailleurs toujours en phase de recrutement. Toute personne intéressée doit cependant avoir également le statut d’auto-entrepreneur et avoir un scooter ou un vélo. “À travers ce projet, je souhaite faire baisser le taux de chômage.

Enfin, si les autres plateformes ont des horaires plus ou moins restreints, D-eat maoré veut pouvoir proposer un service à ses clients tout au long de la journée. Mais la décision finale revient aux restaurants qui auront le choix de proposer ou pas des plats même lorsque les autres seront fermés. À vos fourneaux !

 

Pour postuler aux postes de livreurs vous pouvez contacter :

Serv-in : sur leur page Facebook Serv-in
D-eat maoré : par mail contact@d-eatmaore.com

Démographie à Mayotte : Un recensement lissé sur 5 ans au plus proche de la réalité

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L’enquête de recensement à Mayotte commence ce jeudi 4 février pour une publication des premières populations légales en décembre 2025. Au total, 40% des logements en dur et 100% en tôle des villes de plus de 10.000 habitants ou plus auront été recensés ainsi que tous les foyers des «petites communes». Pas moins de 100 agents recenseurs seront mobilisés dans un contexte sanitaire qui ne facilite pas leur tâche. Mais ce travail d’orfèvre doit permettre de définir les futures politiques publiques nationales et locales qui colleront au plus près de la réalité du terrain.

Top départ pour le lancement de la première enquête annuelle de recensement à Mayotte. Finies les publications officielles tous les 5 ans et les polémiques de comptoir sur le soi-disant nombre sous-évalué d’habitants dans le 101ème département. «C’est une étape de plus franchie depuis la départementalisation», se réjouit Aurélien Daubaire, responsable interregional océan Indien de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee), venu spécialement de La Réunion pour présenter en personne le nouveau dispositif qui existe en métropole depuis le début des années 2000. Mais surtout, c’est un pas de plus vers «le droit commun», comme le souligne Madi Madi Souf, le président de l’association des maires.

À partir de ce jeudi 4 février, pas moins de 100 agents recenseurs se déploient dans toutes les communes de plus de 10.000 habitants (Bandraboua, Bandrélé, Dembéni, Dzaoudzi, Koungou, Mamoudzou, Ouangani, Pamandzi, Sada et Tsingoni) pour recenser 8% des logements en dur et 20% en tôle d’ici le 13 mars prochain, soit environ 150 habitations chacun. Une course contre la montre qui doit se répéter sur les 5 prochaines années pour atteindre 40% pour les premiers foyers et 100% pour les seconds. Pour les «petites communes» comme on dit dans le jargon, soit celles de moins de 10.000 âmes, la donne est sensiblement différente puisqu’elle se base sur «l’ancienne méthode», confie Bertrand Aumand, le nouveau chef du service régional de Mayotte. En d’autres termes, il s’agit d’une opération unique. M’Tsangamouji ouvre le bal en 2021, suivie de Chiconi et Kani-Kéli en 2022, M’Tsamboro en 2023, Acoua et Chirongui en 2024 et Bouéni en 2025. Le chiffre tant attendu qui sera publié en décembre de cette dernière année-là correspondra à la population de 2023, «l’année médiane de l’intervalle de 5 ans».

 

Le recensement sur Internet : une nouveauté

 

«Une enquête préparée de longue haleine» selon les mots Muriel Granjon, responsable du recensement de la population sur l’île aux parfums. Enquête qui se déroule selon plusieurs caractéristiques en raison de la crise sanitaire. «Les superviseurs Insee et les coordonnateurs communaux n’auront de cesse de rappeler les mesures de prévention aux agents», insiste-t-elle. À l’instar du port du masque et du lavage des mains au gel hydroalcoolique. Autre consigne stricte : ne pas rentrer dans l’habitation lorsque le questionnaire (la feuille de logement et le bulletin individuel) est rempli sur papier, ce qui nécessite un deuxième rendez-vous pour le récupérer. Un seul mot d’ordre prime, à savoir «privilégier la réception en plein air». «Cette année, on a mis en place la collecte par Internet (en métropole, une réponse sur deux se réalise de cette manière, ndlr.) pour éviter le contact, c’était inenvisageable en 2017. Une notice avec code d’accès est déposée dans la boîte aux lettres des habitants.» Seul bémol ? Les réponses ne peuvent être complétées actuellement que sur ordinateur, en attendant le développement sur Smartphone.

Quid alors de la possible évolution des confinements localisés ? «La santé doit primer», martèle Aurélien Daubaire. Conséquence : il est prévu que la date de fin du recensement soit suspendue pour les communes qui seraient placées sous cloche d’ici le mois prochain. Avant de rappeler que si le recensement est obligatoire, la clé de voûte de celui-ci repose sur «la confidentialité et la confiance». Et d’ailleurs, les Mahorais le lui rendent bien puisque le 101ème département a le meilleur taux de réponse de France (97.6%). «L’énorme taux de sondage donne un résultat fiable», ajoute-t-il. Et réduit ainsi la marge d’erreur. «Ce n’est pas possible qu’on ait 400.000 habitants sur le territoire, sinon on serait passé à côté de 150.000 personnes. C’est inimaginable, il faut se fier aux chiffres de l’Insee», martèle Bertand Aumand, pour riposter face aux contre-vérités qui circulent continuellement sur les réseaux sociaux.

L’engagement de la population à l’égard de ce recensement est d’autant plus important qu’il permet de définir les politiques publiques nationales, d’établir la contribution de l’État au budget des communes (dotation globale de fonctionnement) mais aussi de décider des équipements collectifs et des programmes de rénovation, comme les crèches, les collèges, les théâtres ou encore l’ouverture de nouveaux commerces, à l’instar des pharmacies, et de construire de nouveaux logements. «Les communes ont tout intérêt à n’oublier personne, c’est un investissement pour l’avenir», conclut le chef du service régional de Mayotte, qui prenait part ce jour à sa première intervention publique depuis sa prise de fonction, en remplacement de Jamel Mekkaoui.

Fermeture des établissements à Mayotte, Gilles Halbout : “Il faut se remobiliser pour éviter des mesures drastiques”

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Trois établissements ont déjà mis en place des mesures pour limiter l’afflux des élèves et les risques de transmission du Covid-19. Alors que les chiffres de l’ARS continuent de grimper, d’autres structures pourraient être concernées par ces réductions des jauges d’accueil… Voire par une fermeture complète. Le recteur Gilles Halbout fait le point sur les zones de vigilance.

Flash Infos : Après le lycée de Sada, le lycée Bamana et le collège de Majicavo ont à leur tour mis en place une réduction de leur jauge d’accueil. Où en est-on de la situation sanitaire dans les établissements scolaires de l’île ?

Gilles Halbout : C’est en effet la situation pour ces trois établissements. Il s’agit, je le rappelle, du niveau 2 des restrictions qui vient aussi avec un dépistage massif des enseignants et de tous les personnels. Le passage au niveau 3, c’est-à-dire la fermeture pure et dure des portes, dépend des contraintes locales ou des chiffres de l’agence régionale de santé (ARS). Pour ne rien vous cacher, si la situation à Sada et à Bamana a l’air bien sous contrôle, les résultats des tests sont moins encourageants à Majicavo… Nous n’avons pas encore les derniers chiffres, mais il y a de fortes chances que nous soyons amenés à fermer le collège. Nos autres points de vigilance, que nous surveillons en lien avec l’ARS et la préfecture, concernent aujourd’hui les collège de M’Tsamboro, Tsingoni, Kani-Kéli, Dembéni, et la cité scolaire de Bandrélé. Là, nous allons certainement passer en jauge réduite également.

FI : Quid des communes confinées, en Petite-Terre et à Bouéni, où les établissements scolaires ont dû fermer ? Un assouplissement pourrait-il être envisagé pour permettre à certains élèves de retourner en classe, selon cette logique d’alternance présentiel/distanciel ?

G. H. : À l’heure où je vous parle, je n’ai pas d’information supplémentaire. Il y avait un léger espoir pour Bouéni, mais rien de concret pour l’instant. Nous restons en lien avec la préfecture et l’ARS et tout dépendra de l’évolution de la situation sanitaire.

FI : Dans le premier degré, certaines critiques ont ciblé le manque de nettoyage des établissements, et un relâchement sur les protocoles sanitaires. Que répondez-vous ?

G. H. : Oui, ces éléments ont été soulignés lors du dernier CHSCT avec les organisations syndicales. Celles-ci ont tenu à rappeler qu’il y avait un relâchement ces derniers temps dans le nettoyage et, d’une manière générale, dans le respect des gestes barrières. Il faut que tout le monde se remobilise sinon cela va nous amener à prendre des mesures plus drastiques. Et il faut notamment remobiliser les communes dans le nettoyage et les gestes barrières, et surtout le port du masque. Nous sommes en train de former des services civiques, en lien avec la préfecture, pour mettre en place des brigades anti-covid chargées de veiller à la bonne application des gestes barrières. Cette piste-là, nous pouvons la déployer très rapidement car nous avons beaucoup de services civiques. Certaines communes ont d’ailleurs déjà instauré ces “vigies”. C’est une très bonne initiative, qu’il faut généraliser.

FI : Est-ce que ce relâchement peut s’expliquer par un manque de moyens, matériel de nettoyage, masques ?

G. H. : Les masques, on dit toujours qu’il en manque… Mais de notre côté, nous en avons encore distribué 300.000 la semaine dernière. Nous tâchons de contrôler les circuits de distribution, après, il peut y avoir une école ici ou là qui n’a pas fait remonter ses besoins à temps, par exemple. Parfois, il s’agit avant tout de faire attention aux chaînes de transmission de l’information, c’est d’ailleurs ce que je réponds aux syndicats.

Quant au nettoyage, il faut garder en tête que nous revenons de loin, de très, très loin. Effectivement, nous pouvons imaginer qu’il y a eu un effort gigantesque à la rentrée, qui aujourd’hui s’est essoufflé… Mais s’il s’agit d’un manque de moyens matériels ou humains, car des personnels d’entretien peuvent par exemple tomber malade. Dans les établissements que nous gérons, le message est clair : s’il faut, nous payons une entreprise pour compenser. Il ne faut pas baisser la garde. Et l’effort fourni à la rentrée doit devenir la norme.

FI : Au lycée de Sada, la direction a fait le choix de mettre en alternance les classes de Seconde générale, car elles avaient en moyenne davantage accès aux supports numériques à la maison que d’autres, moins favorisées. Malgré cela, il semble difficile aux élèves de suivre les cours prévus dans leur emploi du temps, lorsqu’ils sont à distance… Comment assurez-vous la continuité pédagogique ? Quels enseignements avez-vous tiré du premier confinement ?

G. H. : Le premier bilan, comme vous pouvez vous en douter, c’est qu’une continuité pédagogique, surtout qui s’installe dans la durée, est particulièrement compliquée à instaurer à Mayotte. Nous faisons donc le maximum pour éviter qu’elle s’installe dans la durée, car nous savons que les conditions de travail de nos jeunes à la maison ne sont pas les mêmes qu’en métropole. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous favorisons ce parti pris de l’alternance un jour sur deux, car nous savons que de longues semaines sans cours entraînerait naturellement de nombreux décrochages. Et ce choix permet aussi de distribuer les cours papiers pour ceux qui ont moins accès à Internet. Et de maintenir le lien. Quand les établissements sont complètement fermés, comme en Petite-Terre et à Bouéni en ce moment, le plus important, c’est ce lien-là et les équipes pédagogiques doivent appeler régulièrement chaque élève pour être sûrs qu’il n’y ait pas de rupture.

FI : Ce jeudi, plusieurs syndicats entendent suivre la grève nationale. Le syndicat CGT Educ’action s’est notamment fendu d’un communiqué pour dénoncer, je cite, des “vies scolaires méprisées”. Le syndicat s’inquiète de l’ouverture des établissements en temps de Covid, sans personnels de vie scolaire, eux-mêmes frappés par l’épidémie…

G. H. : Ce que j’ai déjà répondu, c’est qu’il ne faut pas faire des généralités à partir d’un cas particulier. Il y a eu une fois, un jour, à un endroit, la situation que ce syndicat dénonce, sûrement à cause d’un manque d’anticipation dans l’établissement concerné. Mais s’il n’y a pas de personnel de vie scolaire, nous n’ouvrons pas, il n’y a pas de débat. Quant aux assistants d’éducation (AED), dont le communiqué que vous mentionnez dénonce la situation contractuelle, c’est aussi le rôle des organisations syndicales de dire aux agents ce qui est. Nous savons qu’il s’agit là de contrats réglementés par des textes, et qui ne peuvent excéder six ans au maximum. Il ne s’agit pas d’un CDD pouvant déboucher sur un CDI, c’est très particulier. Mais la couleur est annoncée dès le départ ! Et la plupart vont au bout de leur formation, passent le concours, etc. Nous les accompagnons en ce sens.

Enfin, au sujet de la participation au mouvement de grève, cette dernière a été déclenchée quand le ministre a annoncé de grosses mesures de revalorisation, des primes d’équipement alternatif pour tous les personnels, des rattrapages de rémunération pour les débuts de carrière… Des moyens sont mis sur la table, sans compter les mesures catégorielles pour les directeurs d’école. Après, que l’on dise que ça ne va pas assez loin ou assez vite, nous pouvons l’entendre. Mais c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avions organisé juste avant les vacances un Grenelle local à Mayotte avec les députés, qui avait permis de faire des propositions pour aligner les droits à la retraite des instituteurs d’État recrutés à Mayotte sur les autres collègues, pour renforcer les mesures d’attractivité, pour développer la formation… Et tout le monde a désormais l’ambition de porter ces conclusions au niveau national.

Journée mondiale du cancer à Mayotte : l’importance de se faire dépister à temps

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Ce jeudi 4 février est dédié à la journée mondiale contre le cancer. L’occasion de démocratiser le discours autour de cette maladie. Le réseau de santé Rédéca Mayotte a choisi de mettre en avant le cancer du col de l’utérus car il est encore très meurtrier chez les femmes à Mayotte.

Il est silencieux et agit sournoisement dans l’ombre pendant des années avant de faire des ravages. Le papillomavirus est à l’origine du cancer du col de l’utérus. Il évolue lentement et peut générer un cancer au bout de 10 à 15 ans après son apparition. “Nous contractons le virus très souvent lors d’un rapport sexuel”, informe Fatima Kassim, assistante de gestion au centre de santé Rédéca. Selon cette dernière, le cancer du col de l’utérus est le deuxième cancer féminin le plus meurtrier à Mayotte. Pourtant, une femme peut survivre si elle est dépistée à temps. “Le premier frottis, c’est-à-dire le dépistage, doit se faire à 25 ans. Il faut ensuite en faire un deuxième un an plus tard, puis tous les trois ans jusqu’à 65 ans”, explique Fatima Kassim.

En réalité, toutes les femmes sont susceptibles d’attraper le papillomavirus, mais le dépistage est fortement recommandé à celles âgées entre 25 et 65 ans car il est gratuit pour cette tranche d’âge, que l’on soit affilié ou pas à la sécurité sociale. “Se faire dépister régulièrement c’est mettre les chances de son côté. Si nous détectons les cellules malades assez tôt, nous pouvons avoir un traitement moins lourd et nous avons plus de chances de guérir car le cancer est précoce”, prévient la professionnelle. Pour rappel, le papillomavirus peut également toucher les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes.

 

Rédéca au coeur de la prévention

 

Le réseau de santé prend sa mission de prévention et de sensibilisation très à cœur. Il est possible d’effectuer des frottis au centre Rédéca situé à Mamoudzou, près de l’hôpital. Mais les professionnels sont conscients que toutes les femmes ne peuvent se déplacer jusqu’au chef-lieu. Alors ils vont vers elles. “Nous avons un camion qui se déplace dans chaque commune, chaque village, avec les médiatrices santé et les sages-femmes. Elles font de la sensibilisation mais également des dépistages sur place”, indique Fatima Kassim. Selon les endroits, les femmes sont plus ou moins nombreuses.

mayotte-depistage-cancer-col-uterus-1Les préjugés et les tabous sont encore tenaces puisqu’il s’agit d’un virus que l’on attrape lors d’un rapport sexuel, dans la grande majorité des cas. Peu de jeunes filles affluent, pourtant “elles peuvent faire un frottis même si elles sont mineures”, précise l’assistante de gestion au Rédéca. Mais puisqu’elles ne sont pas censées avoir des rapports sexuels avant le mariage, selon la tradition mahoraise, on ne les voit que très rarement au centre ou dans le camion. Et une autre catégorie de femmes manque aussi à l’appel. “Celles qui ont atteint la ménopause ne sont pas nombreuses parce qu’elles considèrent qu’elles ont déjà eu des enfants et qu’elles ne risquent rien”, constate Fatima Kassim. Une idée reçue, puisque même les femmes ayant eu des enfants peuvent être infectées par le papillomavirus.

Mais le vent tourne. De plus en plus de femmes prennent l’initiative de faire les frottis. Le réseau de santé recense en moyenne 5.000 dépistages chaque année. “Ce n’est pas assez par rapport à la population minime que nous visons. Nous souhaitons atteindre 20.000 femmes qui ont entre 25 et 65 ans. Nous sommes loin du compte, mais le nombre de dépistages est en augmentation”, relativise la professionnelle. Reste, aussi, à sensibiliser les hommes à la cause. Qui pourront en parler à leur entourage… et peut-être sauver leur femme, leur mère, ou leur soeur.

A Mayotte, les mammifères marins aussi ont besoin de distanciation physique

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Depuis ce 1er janvier 2021, tous les usagers de la mer ne pourront plus approcher les mammifères marins de Mayotte à moins de 100 mètres. Une nouvelle qui réjouit le Parc naturel marin mais qui inquiète les opérateurs nautiques.

Approcher les dauphins et les baleines, nager avec eux… des moments uniques qui ne sont désormais plus possible. L’arrêté ministériel du 1er juillet 2011, modifié en septembre 2020, impose une nouvelle restriction. À compter du 1er janvier 2021, la distanciation physique s’impose également auprès des mammifères marins. Cette nouvelle règle s’applique sur toutes les aires marines protégées de France, Mayotte comprise. 100 mètres, c’est la distance à ne pas dépasser. “Cette distance de 100 mètres n’a pas été choisie au hasard. Les experts en comportement des cétacés et les centaines d’études sur le sujet montrent que le well watching (l’observation des mammifères marins) a un impact sur ces espèces. Elles sont perturbées et cela joue forcément sur leur évolution en mer”, affirme Léa Ramoelintsalama, chargée de mission mobilisation citoyenne et appui aux acteurs au Parc naturel marin de Mayotte.

Et gare à celui ou celle qui enfreindra cette nouvelle règlementation. Le Parc naturel marin mettra à disposition deux agents assermentés qui pourront délivrer des amendes. Et la note risque d’être salée si l’on est pris en flagrant délit. “Une contravention de 4ème classe peut être appliquée, autrement dit, la contravention peut aller jusqu’à 750 euros”, prévient Léa Ramoelintsalama. De quoi dissuader les plus réfractaires.

 

Une nouvelle qui ne fait pas que des heureux

 

Si cette nouvelle réglementation réjouit les défenseurs des espèces marines, certains opérateurs nautiques ne voient pas cela d’un bon œil. À l’exemple de Yannick Stéphan, gérant de Mayotte Découverte. “Si l’arrêté est respecté à la lettre à Mayotte, il nous sera impossible de travailler. Autant fermer de suite. Notre fonds de commerce est basé sur l’observation des mammifères marins. On permet à notre clientèle de les approcher sans être dans un aquarium. Ils veulent jouer avec, les voir évoluer près des bateaux.” Le professionnel sait que l’observation en mer ne sera plus pareil, et cela risque fortement de faire baisser son activité.

Selon lui, cette décision prise à Paris doit être adaptée à Mayotte. Le tourisme de masse est un concept inexistant sur le territoire, les mammifères marins seraient donc plutôt bien préservés. “On est des professionnels formés. Il y a des milliers de dauphins à Mayotte et on ne les dérange pas, on ne les empêche pas de se reproduire. On ne peut pas comparer Mayotte aux autres territoires”, continue Yannick Stéphan. Le Parc naturel marin voit les choses différemment et estime que cette mesure permet de prévenir d’éventuels débordements dans le futur. “Le tourisme en mer commence à se développer sur l’île. Cette mesure vient à point nommé pour en-cadrer tout cela”, assure Léa Ramoelintsalama. La question qui se pose désormais est l’interprétation des comportements des baleines ou des dauphins qui s’approchent de leur propre chef des bateaux. Comment être certain que c’est le mammifère qui a fait le premier pas et non le contraire ? Réponse en mer.

Pour éviter le confinement total, le lycée de Sada coupe la poire en deux

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Alors que Bouéni, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi vivent déjà sous cloche depuis une semaine, les établissements scolaires de l’île sont amenés à prendre des mesures pour éviter à leur tour le confinement total. À Sada, les élèves de Seconde générale ont désormais cours un jour sur deux. Une façon de limiter le brassage des 2.200 élèves du lycée. Et donc la transmission du virus. Reportage.

6h20. Le gros bus qui vient de larguer sa jeune cargaison masquée entame un demi-tour hasardeux. Pendant ce temps, les autres transports scolaires défilent, dans un ballet incessant et anarchique, sur ce terre-plein terreux qui fait office de dépose-minute devant le lycée de Sada. Chaque matin, jusqu’à la fermeture des grilles et le début des cours à 7h, c’est la même rengaine. Difficile de faire régner une quelconque harmonie au milieu de ce vacarme de coups de frein et de bavardages. “Nous l’appelons la cour des miracles… “miracles” parce qu’heureusement, nous n’avons jamais eu d’accident”, sourit le principal Jean-Pierre Redjekra, posté en maître d’orchestre en haut de ces marches que piétinent chaque jour quelque 2.000 élèves. Enfin, piétinaient.

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Pas de “miracle” attendu, en effet, dès qu’il s’agit de la crise sanitaire. Afin de limiter la propagation du Covid-19, le lycée de Sada est le premier sur Mayotte à “réduire la jauge d’accueil” pour reprendre les termes officiels. Comprendre : diminuer les effectifs pour repousser au maximum l’hypothèse d’une fermeture pure et dure, comme cela avait été le cas en mars 2020. Une éventualité qui avait été annoncée par le rectorat à l’occasion des nouvelles mesures de restrictions, et du confinement des communes de Bouéni, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi, le 28 janvier dernier. “En lien avec l’ARS et la préfecture, nous pourrions être amenés à prendre des décisions, au cas par cas, impactant le fonctionnement des établissements”, précisait le communiqué.

 

Sada, Bamana, Majicavo et les autres

 

Avec Sada qui mène la danse depuis ce lundi, c’est désormais chose faite. “Nous avons commencé par cet établissement, et nous avons rajouté le lycée Bamana aujourd’hui (mardi) et le collège de Majicavo dès mercredi. Et nous avons d’autres cibles pour les prochains jours”, confirme le recteur Gilles Halbout. Le “cas par cas”, dépend de la typologie des contaminations, poursuit le représentant de l’Éducation nationale, et des propositions des principaux d’établissement, qui font ensuite l’objet d’une validation par l’institution. À Sada, comme d’ailleurs à Majicavo et Bamana, le choix s’est porté sur une alternance de présentiel et distanciel.

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Une semaine en deux semaines

 

Pour l’instant, cela ne concerne que les quatorze classes de Seconde, qui ont désormais cours un jour sur deux”, décrit Jean-Pierre Redjekra. Lundi, sept classes ont suivi leur emploi du temps normal, et les sept autres sont revenues au lycée ce mardi, donc. La semaine prochaine, rebelote, mais inversée. “Sur deux semaines, ils font une semaine complète.” Quid des jours passés à la maison ? “Le professeur vient quand même au lycée, il est dans sa salle de classe, et il donne les devoirs en ligne”, explique justement dans le combiné le directeur adjoint Akim Dallal à un parent inquiet, qui l’appelle à ce propos.

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Via la plateforme de l’Éducation nationale “Neo” – un ENT, “espace numérique de travail” dans le jargon – via Pronote ou encore par mail, les professeurs assurent la fameuse “continuité pédagogique”, qui a déjà fait taper beaucoup de caractères. Pour les élèves qui n’ont pas accès à Internet chez eux, reste le bon vieux papier… 80% des enseignants confirment y avoir encore recours, couplé pour 73% à du numérique, d’après un formulaire envoyé dare-dare par l’administration du lycée à l’annonce de cette nouvelle organisation des emplois du temps. “Nous avons mis ce questionnaire en place justement pour avoir des éléments concrets à répondre aux parents”, développe Akim Dallal.

 

Moitié moins de monde ce mardi

 

Heureusement, la plupart des élèves concernés ont accès à ces outils en ligne. “C’est pour cette raison que nous avons ciblé surtout les élèves de Seconde générale, car nous savons qu’ils viennent de familles plus favorisées, à l’inverse des Seconde pro”, fait aussi valoir le directeur adjoint. In fine, et en comptant les 477 élèves en stage actuellement, la décision permet de diminuer les effectifs du lycée de moitié. Difficile de vérifier le compte ce mardi matin à vue d’œil, surtout pour une personne extérieure, mais les élèves, eux, le ressentent bel et bien. « Ça se voit qu’il y a moins de monde, oui”, répond un groupe de jeunes filles qui patiente à l’entrée, avant le début des cours. Hier, l’une d’elle a dû rester chez elle au lieu de suivre ses cours de 7h à 16h.

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Problèmes de “corona” et peur des maths

 

Et ce vilain Covid, dans tout ça ? “Nous avons pris la décision car nous avions en moyenne un cas tous les deux jours, et nous avons encore trois cas confirmés”, évalue Jean-Pierre Redjekra. Mais c’est sans compter les nombreuses absences dont les parents taisent parfois les causes, “par honte de la maladie”, déplore le principal. “On nous a dit 17, mais on sait tous que c’est plus, à chaque fois on entend parler d’un nouveau”, chiffre une élève de Seconde générale. “Ce nouvel emploi du temps, ça nous plaît pas ! Il faut le confinement total, ça fait peur ce corona”, marmonne quant à lui Fadel, adossé à un mur deux mètres plus loin. Pas sûr que sa camarade Saima approuve, elle qui “a déjà du mal à suivre à l’école”. Hier, elle a passé une heure et demie chez elle à se triturer les méninges sur l’exercice de maths…


 

Une semaine pour vanter la future classe préparatoire du Lycée

 
Bonne nouvelle par temps de Covid ! Le lycée de Sada se tient prêt à accueillir une classe préparatoire aux grandes écoles. Après le lycée de Chirongui lundi, ce mardi, le principal de l’établissement de Sada avait donc rendez-vous à Dembéni pour présenter cette nouvelle filière. Avec la première formation du genre à Mayotte, qui a été lancée en 2020 au lycée Bamana, la classe prépa “ECG” pour Économie, Commerce et Gestion doit ouvrir ses portes à la rentrée 2021. 24 places seront disponibles pour la nouvelle promotion qui permettra aux élèves les plus méritants d’accéder aux grandes écoles de commerces, HEC, EDHEC, ESSEC, mais aussi à l’École nationale supérieure (ENS), aux Instituts d’études politiques (IEP), ou encore au CELSA, l’École des hautes études en sciences de l’information et la communication. Des locaux seront inaugurés cette année pour accueillir la vingtaine d’étudiants, qui auront accès à des ressources numériques dédiées et pourront être hébergés à l’internat d’excellence de Dembéni, ou en famille à Sada. En cas d’échec aux concours, deux conventions de partenariat avec le CUFR et le CRESS de Mayotte offrent aux malchanceux une possibilité de réorientation. Inscriptions via Parcoursup pour tous les lycéens du territoire français.

À 71 ans, le président du Département de Mayotte reçoit son vaccin sous les projecteurs

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Ce mardi 2 février, le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, s’est rendu à la MJC de M’Gombani pour recevoir une première dose du vaccin. Un acte citoyen rendu public dans l’espoir que les personnes âgées suivent l’exemple du responsable de la collectivité. Le tout accompagné d’un discours bien ficelé par l’agence régionale de santé.

Carte Vitale et passeport dans les mains, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, s’apprête d’ici quelques minutes à recevoir sa première injection du vaccin contre le Covid-19. «Vous avez quand même votre entretien pré-vaccinal avec la directrice de l’ARS», lui murmure l’un de ses collaborateurs pour détendre l’atmosphère. Pas de longue file d’attente dans la salle d’accueil pour le chef de file de la collectivité, qui se retrouve nez à nez avec le médecin pour la consultation médicale. Une formalité pour le politicien, âgé de bientôt 72 ans. Pas le temps non plus de s’asseoir pour discuter avec deux habitants que l’infirmier, Said Hassane Abdillahi, l’appelle à se présenter derrière les paravents. «Il est en train d’essayer de ne pas y aller», sourit Dominique Voynet, la responsable de l’autorité sanitaire à Mayotte, avant de l’aider à remonter la manche de sa chemise. «C’est le moment fatidique», ajoute avec un certain entrain un proche conseiller.

L’ambiance bonne enfant ne cache pas pour autant le geste symbolique et le moment solennel de l’instant présent. Malgré le masque, l’émotion se dessine dans les yeux de l’ancien sénateur, un brin tremblant en raison du contexte. En deux temps, trois mouvements, la seringue fait l’aller-retour dans le bras gauche du président du conseil départemental, qui ne cache pas sa joie. «Mon ami Martial ne m’a pas menti, ça ne fait pas mal !», lâche-t-il avec une pointe d’humour au moment de se «rhabiller». Mais devant les caméras, le sérieux revient au galop. «J’ai senti à peine la piqûre», confie-t-il, dans l’optique de rassurer les victimes de la bélonéphobie – eh oui, cette peur de l’aiguille a un nom !

 

Un discours cousu sur-mesure

 

Avec en point d’orgue une sensibilisation auprès des acteurs prioritaires concernés par la campagne de vaccination qui s’articule depuis plus d’une semaine. À savoir l’ensemble des habitants de plus de 65 ans, avec ou sans comorbidités, mais aussi les personnes considérées «à haut risque» sans limite liée à l’âge, ceux aux contacts des publics fragiles et vulnérables, ou encore les professionnels de santé libéraux et de l’Éducation nationale de plus de 50 ans. L’occasion de réciter un discours cousu sur-mesure par l’agence régionale de santé et d’évoquer l’affaiblissement de son système de défense naturel, en raison d’un infarctus du myocarde en mars 2019 – le mois de son anniversaire ! – qui avait nécessité son évacuation sanitaire à La Réunion. «Je souffre d’une maladie chronique comme bon nombre de Mahorais, du fait du changement de notre mode de consommation», ajoute-t-il en bon diététicien, sous le regard bienveillant de Dominique Voynet. «Les Mahorais ont tendance à manger plus gras et plus sucré. Et de ce fait, cela favorise la montée en puissance de l’hypertension, du diabète, de l’obésité, de l’apnée du sommeil… Ce sont des éléments aggravants face à un virus agressif. Nous devons disposer d’un rempart supplémentaire que constitue ce vaccin.»

 

Une invitation à la vaccination

 

Mais c’est surtout sa casquette d’homme public qui le pousse à se frotter à l’étape tant redoutée de l’aiguille. «Mon quotidien consiste à recevoir, à accueillir, à discuter, à négocier avec chacune et chacun mais aussi avec des institutionnels, des collectivités, des entreprises, des associations. Je suis donc exposé aux relations humaines», résume-t-il. Avant de dresser un parallèle avec le quotidien de ses administrés. «La société mahoraise est une société de convivialité, prompte aux regroupements.» Des rassemblements de masse interdits jusqu’à nouvel ordre en raison de la propagation rapide du Covid-19 au cours des dernières semaines, qui sature les capacités hospitalières. «Bien que cette vaccination ne soit pas obligatoire mais fortement recommandée, je souhaite que tous les Mahorais puissent prendre part à cette initiative. Cela ne peut être qu’un élément de plus dans leur protection et celle de leurs proches.»

En tout cas, le message semble de mieux en mieux perçu au sein de la population, puisque de plus en plus de monde se présente à la MJC de M’Gombani pour recevoir le «précieux sésame». «Hier [lundi 1er février], nous avons reçu 136 personnes», annonce l’infirmier libéral sur la commune de Mamoudzou, Said Hassane Abdillahi, qui note une montée en puissance du dispositif comme en témoigne la «grosse» centaine d’injections quotidienne, après 2-3 premiers jours «un peu compliqués». Un rythme de croisière qui doit d’ailleurs s’intensifier dès cette semaine avec une ouverture de centres à Pamandzi et à Bouéni, deux des trois communes touchées par le confinement localisé.

 


 

L’ARS s’attaque aux fake news

 
Dans un communiqué, l’agence régionale de santé a tenu à répondre aux pseudo-informations qui circulent sur les réseaux sociaux et qui ont été relayées par certains médias. L’autorité sanitaire a rappelé que le super congélateur à moins 80 degrés avait été réceptionné le 25 janvier dernier, avec les premières doses de vaccins. «Avant de pouvoir y mettre les flacons, il a dû être installé, puis qualifié par un technicien expert», a-t-elle précisé pour expliquer que les premiers vaccins n’aient pas pu y être stockés. «Ce qui nous a obligés à les consommer dans les 5 jours après décongélation.» Mais depuis, le frigo fonctionne parfaitement et permet ainsi de stocker, avec 6 mois de conservation, les nouvelles livraisons de vaccins. Concernant les aiguilles fournies, l’agence régionale de santé a indiqué qu’elles sont «aux normes et adaptées aux seringues utilisées pour l’injection du vaccin», qui se fait par voie intramusculaire dans le muscle deltoïde.

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Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes