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Après 28 ans à Mayotte, Marcel Séjour s’en va pour de nouveaux horizons

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Peintre autodidacte, devenu mahorais au fil des années, Marcel Séjour quitte Mayotte après 28 ans passés dans cette île où il a tant appris. Mais avant de plier bagage, il se met au service des Mahorais une dernière fois à travers une exposition qui a lieu du 13 au 25 septembre sur le parking du cinéma Alpajoe. Un dernier travail demandé par le conseil départemental.

Entouré d’enfants à la curiosité débordante, Marcel Séjour n’est pas dans son élément. Lui le peintre solitaire préfère passer des heures, enfermé dans son atelier à dessiner et peindre. Mais il sait qu’il a une mission à accomplir auprès de ces jeunes venus le voir à son exposition. « Les interventions avec les enfants se passent plutôt bien. Je pensais avoir à faire à des ados mous ou surexcités, mais ce n’est pas le cas », assure-t-il tout sourire. Rassuré, Marcel Séjour leur révèle ses secrets, ses astuces qui font de lui un artiste peintre unique en son genre.

Les adolescents boivent ses paroles, les yeux rêveurs, certains imaginant être à leur tour des peintres de renoms. « J’aime dessiner et peindre et il m’a inspirée, j’ai envie de continuer pour être meilleure que lui », lance Mamouna, une collégienne de 14 ans visiblement très ambitieuse. Et Mayotte aura besoin de jeunes engagés dans l’art pictural comme elle, puisque désormais Marcel Séjour transporte son atelier dans sa région natale en Vendée. Il quitte cette île pour laquelle il a tant donné et qui le lui a bien rendu. L’artiste part le cœur serré, mais ce départ est nécessaire. « J’ai envie d’avoir envie. Cela fait 28 ans que je suis là, j’en ai un peu ras-le-bol. La première année où je suis arrivé, je voyais de la tôle, des feuilles de cocotiers, un rayon de soleil dessus et je m’émerveillais. Maintenant, quand je vois de la tôle, c’est de la tôle », résume-t-il. Marcel Séjour prend donc ses distances pour avoir à nouveau envie, mais Mayotte restera toujours dans son cœur et son esprit. Il prépare déjà la suite puisque l’exposition actuelle n’est certainement pas la dernière qu’il fera pour l’île aux parfums. Une autre est prévue en 2025 à la maison de Mayotte à Paris, et si le peintre préfère partir c’est également pour mieux la préparer.

En attendant, il se focalise sur l’actuelle exposition demandée par le conseil départemental. Ses tableaux mettent en scène des moments de vie quotidienne en rapport avec le vieux Mayotte puisque « le moderne ne m’intéresse pas », indique Marcel Séjour. La collectivité a commandé 26 portraits d’anciens présidents, et le musée de Mayotte, le Muma, un tableau historique du territoire. Le peintre a immédiatement pensé au serment de Sada. « Ce tableau est celui dans lequel je me suis le plus investi du point de vue affectif, il m’a révélé des choses. En faisant ce tableau, j’ai compris ce qui a uni ces gens-là à ce moment-là », déroule l’artiste. Une manière aussi de remonter le temps et d’avoir l’impression d’assister à cette partie de l’histoire.

Mayotte, comme une évidence

Autrefois professeur, Marcel Séjour avait le choix de se rendre à Saint-Pierre-et-Miquelon ou à Mayotte. « Je ne savais pas où était Mayotte, j’ai donc dû chercher et quand j’ai su où c’était, je me suis dit que ça ne sera certainement pas à Saint-Pierre-et-Miquelon ! » De là nait une véritable histoire d’amour qui deviendra plus forte avec le temps. Lui qui était censé rester quatre ans sur l’île, y passe presque 30 ans. Et un principal élément a été le facteur déterminant de sa décision. « La toute première chose qui m’a fasciné et qui me fascine encore, c’est la combinaison des peaux noires, de la lumière et de la couleur. Ce mélange des trois me fascine. Avec les peaux blanches, je m’ennuie très vite. Des peaux blanches habillées en noir, c’est pire », avoue le peintre sans langue de bois. Mais la vie d’artiste peintre n’est pas tout rose à Mayotte, et Marcel Séjour a dû faire quelques sacrifices pour poursuivre sa passion. « Avant d’arriver ici, j’adorais peindre à l’extérieur. Mais les conditions de luminosité sont différentes sur cette île. Ici, la lumière est bien entre 6h et 7h30 le matin et entre 15h30 et 17h. Cela ne me laisse pas beaucoup de temps pour travailler, alors je ne fais pratiquement que du travail de studio. Ce n’est pas plus mal puisque je me sens moins en sécurité en pleine nature ici. »

Il lui a aussi été difficile de vivre uniquement de ses tableaux pendant de longues années. Cela n’est possible pour lui que depuis sept ou huit ans. De retour dans sa Vendée d’ici quelques semaines, Marcel Séjour pourra à nouveau peindre à l’extérieur. Alors il photographie avec ses yeux et préserve dans sa mémoire les paysages ensoleillés et colorés de l’île aux parfums pour ensuite les peindre sur un tableau lorsque la chaleur de Mayotte lui manquera.

Gestion de crise : Le collège de Kwalé, un exemple à suivre pour la vaccination des élèves

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Depuis la rentrée scolaire, le rectorat, la préfecture et l’agence régionale de santé de l’île mettent en place une stratégie de vaccination au sein des établissements scolaires destinée aux 12-17 ans. Selon les derniers chiffres, la campagne semble avoir l’effet escompté, puisque 3.000 élèves ont déjà reçus leur première dose en un mois. Certains établissements sont plus mobilisés que d’autres, à l’image du collège de Kwalé qui bat des records de vaccination chez les enfants. Un constat qui a poussé le responsable de l’académie et le pdélégué du gouvernement à s’y rendre ce mardi 21 septembre afin de saisir les subtilités de ce succès.

Assise sur une chaise dans ce qui est habituellement sa salle de cours, Idaya appréhende les minutes qui vont suivre. Entourée de ses camarades, tous venus se faire vacciner, la jeune fille leur demande encore si c’est une bonne idée. Mais malgré son appréhension, l’adolescente de 14 ans souhaite recevoir sa première dose de vaccin Pfizer, à l’image de tous les élèves présents ce jour là au centre de vaccination improvisé au collège de Kwalé. « J’ai peur », admet-elle à l’infirmier censé la piquer. Installée sur le siège où elle doit recevoir son vaccin, Idaya hésite encore à passer le cap… « Regarde-moi, tout va bien se passer », la rassure une autre professionnelle de santé qui vient en aide à son collègue. La jeune fille s’accroche aux mains de celle qui essaye de faire diversion et en l’espace de quelques secondes, la mission est accomplie pour l’infirmer. « C’est déjà fini ? » s’étonne Idaya, qui a retrouvé le sourire.

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Cette scène est habituelle dans cet établissement scolaire qui fait également office de centre de vaccination pour ses élèves pendant deux jours. Et si certains manifestent encore quelques réticences, tous ceux qui ont répondu à l’appel sont déterminés à se faire vacciner. « Je le fais pour mon bien, mais aussi pour prendre soin de mon entourage », affirme Zayel, âgé de 14 ans. Le jeune homme répète ce que son professeur lui a dit, qui l’a convaincu par ses mots ! Il estime désormais qu’il a une mission à accomplir auprès de ses camarades. « Aucun de mes amis n’est vacciné, je suis le premier, mais je ne cesse de leur dire qu’ils doivent aussi le faire », soutient Zayel.

Et s’il est conscient de l’importance de son acte, la jeune Idaya a encore du mal à comprendre l’intérêt de la vaccination. « C’est ma mère qui m’a incitée à le faire… Mais je ne sais pas vraiment pourquoi c’est si important de se faire vacciner », avoue-t-elle. Des propos qui interrogent sur l’aspect pédagogique de la vaccination. Les élèves sont poussés à se faire vacciner, mais comprennent-ils réellement la signification de leur acte ? Le recteur l’assure, les jeunes sont sensibilisés sur l’importance et l’intérêt de la vaccination « à travers les différents cours et les messages adressés », notamment par les équipes de direction des collèges et des lycées.

3.000 élèves vaccinés depuis la rentrée scolaire

Le collège de Kwalé est l’exemple à suivre en ce qui concerne la vaccination des élèves. Mais quel est la clé de son succès ? « Nous travaillons en cohérence avec l’ensemble du personnel, le lien avec les parents d’élèves est très fort, et puis nous avons un rapport de confiance avec les élèves », explique Benjamin Lazard-Peillon, le principal de l’établissement scolaire. Ce dernier est particulièrement mobilisé, il n’hésite pas à faire des annonces sonores régulières pour indiquer le nombre d’élèves vaccinés. Une animation qui encourage les jeunes à pousser la porte de la salle de vaccination.

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L’implication de toute l’équipe du collège de Kwalé porte ses fruits puisqu’il est au dessus de la moyenne. La vaccination dans les écoles se fait au rythme de deux jours par établissement du second degré et le collège de Kwalé a injecté en moyenne 200 doses par jour. Un chiffre qui dépasse largement les attentes des autorités. « C’est un gros chiffre, et ce qui nous intéresse est de comprendre pourquoi ça marche très bien ici », indique le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Le recteur Gilles Halbout pense avoir trouvé un début de réponse. « Il y a peut-être une différence de motivation des équipes dans les différents établissements. Mais il y a aussi des établissements où la plupart des élèves étaient déjà vaccinés. »

La mobilisation des parents d’élèves est également un facteur à prendre en compte. L’association des parents d’élèves du collège de Kwalé a été un véritable relais pour convaincre les autres parents à faire vacciner leurs enfants. « Nous sommes partis dans les villages pour leur expliquer l’importance du vaccin. Nous avons répondu à leurs questions, et nous avons aidé ceux qui ne comprennent pas le français à remplir les papiers », raconte Ibrahim Mohamed, le secrétaire générale de l’association des parents d’élèves du collège de Kwalé. Les parents médiateurs sont un coup de pouce indispensable pour chaque établissement scolaire. La motivation générale est de rigueur pour pouvoir gonfler les chiffres de la vaccination des enfants. Selon le rectorat, près de 3.000 élèves ont déjà reçu leur première dose depuis la rentrée, et l’objectif des autorités est « de monter en puissance sur la nouvelle population cible qui comprend les plus de 12 ans », affirme Thierry Suquet. Aujourd’hui à Mayotte, 40% de la population cible (personnes autorisées à se faire vacciner) est vacciné, selon le préfet. Nous ne sommes pas les mauvais élèves du pays, mais nous pouvons mieux faire.

Filières d’excellence, réussite, prévention de la violence… Les grands axes de l’année scolaire 2021-2022

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Le rectorat a présenté ce mardi sa feuille de route pour une nouvelle année qui s’annonce chargée. Entre la lutte contre les violences, la réussite et la scolarisation de tous les élèves ou encore la stabilisation de la jeune institution, les défis sont nombreux. Tour d’horizon.

Un mois presque jour pour jour après le retour des élèves en classe, le rectorat a lui aussi fait sa “rentrée” officielle ce mardi 21 septembre. L’occasion de dresser le bilan d’un début d’année scolaire une fois de plus émaillé par les violences et toujours sur fond de crise sanitaire, mais aussi et surtout de présenter les perspectives de l’académie de Mayotte pour 2021-2022. “Maintenant que nous avons un rectorat de plein exercice, nous déclinons localement la politique nationale. À Mayotte, nous avons vocation à développer comme ailleurs des formations qui répondent aux exigences nationales, au service de la réussite de tous”, introduit le recteur Gilles Halbout. Cinq mots résument la philosophie du ministère : “L’école de la République”.

Savoirs fondamentaux et filières d’excellence

Bien sûr, la déclinaison locale de la stratégie nationale n’empêche pas des “adaptations aux réalités du territoire”, comme le plurilinguisme, ou l’arrivée parfois tardive des élèves dans le cursus scolaire. En ce qui concerne les différences de niveau, le rectorat entend ainsi poursuivre sur la voie de l’excellence “sans laisser personne sur le carreau”. “Nous avons réussi à diviser par deux le taux de sortie des élèves entre la 3ème et la Seconde, et à le ramener autour de 6%”, évoque Gilles Halbout. Un chiffre rendu possible par l’ouverture de 1.400 places en deux ans dans des formations professionnelles de type CAP ou Bac pro. Sans oublier les apprentissages et BTS. “En deux ans, nous avons augmenté les capacités des formations professionnelles de 30%”, précise Dominique Gratianette, le secrétaire général de l’académie. De quoi répondre aussi aux enjeux de développement économique du territoire, en lien avec les entreprises et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI).

Et, pour que “ceux qui souhaitent aller plus vite, puissent briller plus vite”, le rectorat mise sur les pédagogies différenciées, les classes de compétence, ou encore les classes de niveau, avec des sections spécifiques. “Nous avons beaucoup insisté sur les sections sportive et musique, cette année nous voulons mettre l’accent sur les langues vivantes européennes”, explique le recteur. Objectif, avec ces filières d’excellence : combattre la méfiance des parents vis-à-vis du niveau scolaire. Et éviter la fuite de jeunes cerveaux vers la métropole… “Ce que nous voulons, c’est développer des filières d’excellence partout sur l’île pour ne pas reproduire les erreurs de l’Hexagone avec des lycées prestigieux versus des établissements ghettos.” Une troisième classe préparatoire doit aussi voir le jour.

Le périscolaire contre les pierres

Reste que jouer les Einstein entre deux jets de parpaing n’est pas à la portée de tous. “Sur la question des valeurs de la République et de la sécurité, l’académie de Mayotte ne connaît pas les mêmes problématiques que dans d’autres académies”, concède le recteur. Au sujet de ces violences, l’arlésienne du département, Gilles Halbout déplore que “le jeune qui caillasse à l’extérieur est le même que celui à l’intérieur de l’établissement qui ne pose pas de problème”. Et de citer “ceux qui ont sauvagement assassiné le jeune Miki Madi”, événement qui avait endeuillé toute l’île en avril dernier.

En réponse à ces caillassages et autres rivalités de bandes, le rectorat veut mettre le développement du périscolaire au cœur de cette nouvelle année scolaire. Une continuité éducative qui va de l’accompagnement des familles à l’école ouverte, en passant par les vacances apprenantes, le sport, ou encore la culture. “Là aussi, avec un siècle d’enregistrements d’associations, de clubs d’échecs, de grandes fédérations sportives, de pôles culturels, il y a globalement un maillage culturel en métropole que nous n’avons pas à Mayotte”, déroule Gille Halbout. L’arrivée du Pass culture, avec 200 euros pour chaque élève entre la 4ème et la Terminale, apportera sa pierre à l’édifice. Côté sport, “nous allons construire une dizaine de bases nautiques pour les sorties EPS, et rien n’empêche après de permettre aux associations d’utiliser le local, d’ailleurs nous sommes prêts à les subventionner”, évoque aussi le responsable de l’académie.

Deux ans de plein exercice

L’autre spécificité de l’île aux parfums ? La jeunesse de son rectorat de plein exercice, âgé d’à peine deux ans, et dont “nous devons stabiliser la mise en place”. Cette année scolaire 2021-2022 doit voir l’application de la feuille de route RH, déclinaison locale du Grenelle de l’Éducation, et que les syndicats attendent de pied ferme. Mobilité, sécurité des établissements, versement de l’indemnité de sujétion géographique (ISG) aux néo titulaires, accompagnement des contractuels, formations, font entre autres partie de la batterie de mesures listées dans ce document de 17 pages. Qui se résume par ce triple objectif du rectorat : attractivité, stabilisation et formation des personnels.

Des places pour tous ?

Dernier sujet et non des moindres, la scolarisation de tous sur un territoire en proie à une démographie galopante… Cette rentrée, 106.146 élèves ont pris le chemin de l’école, soit plus de 3.000 âmes supplémentaires par rapport à 2020. Particulièrement sous-tension : le premier degré, qui relève de la compétence des maires. Grâce à des financements du ministère des Outre-mer, 1.5 million d’euros vont être mis sur la table pendant deux ans et demi pour appuyer l’ingénierie dans les communes les plus peuplées. Que ce soit par le modulaire, l’utilisation d’autres locaux communaux comme les MJC, “les maires ont toute imagination pour répondre à cette pression démographique”, ajoute Dominique Gratianette. Et il faut agir vite, car à “3.000 ou 4.000 élèves de plus dans le premier degré, dans trois ans nous serons à 10.000, c’est énorme”, table-t-il. La course contre la montre est lancée…

« L’idée est de mettre en place un maillage territorial au plus proche des pratiquants à Mayotte »

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Du 15 au 22 septembre, le comité régional olympique et sportif (CROS) organise avec la fédération française handisport une formation auprès de vingt stagiaires afin de les initier à l’accueil et à l’encadrement adapté de personnes en situation de handicap physique et sensoriel. Pour Flash Infos, Ludovic Dabauvalle, le directeur du centre national de formation au sein de la FFH, dresse un état des lieux de la situation à Mayotte et donne les pistes à suivre pour que ce public puisse enfin s’épanouir sportivement.

Flash Infos : Cette formation d’une semaine, est-ce une volonté du comité régional olympique et sportif de Mayotte ou directement de la fédération française handisport ?

Ludovic Dabauvalle : Pour être tout à fait honnête, il s’agit d’une initiative du CROS de Mayotte, qui a dressé le constat qu’il n’y avait plus de pratiques sportives organisées à destination des personnes en situation de handicap physique, sensoriel, mental ou psychologique… Il y a de cela deux ans, la chargée de mission, Manon Darcel Droguet (la cheffe du service Sport, Santé, Bien-être, ndlr.) s’est rendue en métropole dans le but de nous convaincre, avec la fédération française du sport adapté, d’implanter à Mayotte une structure associative régionale.
C’est à partir de ce moment-là que nous nous sommes encore davantage intéressés au 101ème département. Pour commencer, nous avons alors décidé de mettre en place une action de formation pour permettre aux clubs intéressés de compter dans leur rang des éducateurs dûment formés afin d’accueillir plus facilement le public cible. Et ainsi déboucher sur des affiliations avec la FFH et développer un tissu associatif handisport !

FI : Au cours de votre séjour et de vos différentes rencontres avec les acteurs locaux, quels freins avez-vous pu noter concernant le développement du handisport à Mayotte ?

L. D. : La problématique principale est d’organiser le transport entre le domicile et le lieu de pratique si nous ne devions créer que des offres sportives concentrées à Mamoudzou. Cela serait effectivement compliqué au regard des difficultés de circulation… L’idée est donc de mettre en place un maillage territorial au plus proche des pratiquants en situation de handicap. À titre d’exemple, il existe clairement des associations spécialisées dans l’accueil social ou médical qui se disent très intéressées par les activités sportives organisées. Identifier le public n’est pas un problème en soi. Le hic se situe plutôt à l’autre bout de la chaîne. Un certain nombre de structures sportives se disent prêtes à créer des créneaux spécifiques ou à en ouvrir en présence des valides. Même si elles étaient jusqu’alors volontaires, elles n’osaient pas, par méconnaissance ou par absence de personnels formés en leur sein, forcément communiquer.

FI : Se pose ensuite la question des infrastructures pour accueillir les personnes en situation de handicap… Selon vous, le 101ème département a-t-il ce qu’il faut sous la main ou bien doit-il urgemment revoir sa copie, notamment en termes d’accessibilité ?

L. D. : Des installations sportives, il y en a ! Malgré tout, ma courte présence sur le territoire ne me permet pas de savoir si elles sont sur-utilisées ou pas, dans l’optique de mettre en place des créneaux spécifiques. Concernant l’accessibilité, il est sûr que certaines infrastructures ne sont pas forcément en capacité de faire « monter » des fauteuils roulants. Après, s’il n’y a pas de rampes, il existe toujours des systèmes de transfert à moindre coût. Mais attention, tout cela ne doit pas être une excuse pour que rien ne se passe ! Il ne faut pas oublier les personnes mal-marchantes ou malvoyantes qui elles peuvent se déplacer normalement.

FI : Avez-vous pu rencontrer des représentants du rectorat dans le but de sensibiliser les élèves sur le handicap, un sujet plus que tabou à Mayotte ?

L. D. : Nous n’avons pas pu organiser de réunion institutionnelle avec le rectorat, mais nous avons pu rencontrer le responsable académique en charge du sport adapté à l’union nationale du sport scolaire (UNSS) à l’occasion d’un groupe de pilotage qui s’est réuni samedi matin ainsi qu’une formatrice de l’académie chargée des problématiques du handicap. Nous allons insister pour que le CROS élargisse son réseau d’acteurs. Sans oublier le conseil départemental, dont l’une des principales prérogatives est l’action sociale.

FI : S’il ne fallait qu’un seul chiffre pour résumer le handisport à Mayotte, quel serait-il ?

L. D. : Le chiffre que je pourrais vous donner ne serait pas significatif. Le projet de développement du handisport est encore naissant. Nous ne recensons que deux structures affiliées à notre fédération. Enfin, pour l’une d’entre elles, c’est plutôt une intention. Tandis que l’autre n’accueille que deux personnes en situation de handicap, une fois toutes les deux semaines… Nous n’en sommes qu’aux balbutiements ! Cela cache tout un potentiel… Mais je ne doute pas que plusieurs dizaines d’associations rejoindront cette initiative et s’engageront en prenant une licence auprès de la fédération.

Inauguré, le campus connecté d’Hajangua n’attend plus que ses étudiants

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Mardi 21 septembre, le président de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou, Rachadi Saïndou, a inauguré le tout nouveau campus connecté d’Hajangua. L’objectif ? Permettre aux étudiants mahorais de suivre un cursus universitaire à distance. Avec cette offre de formation, le territoire s’ouvre une nouvelle voie vers la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur.

Vous rêvez de suivre des études de médecine, mais vous ne voulez ou ne pouvez pas quitter l’île qui vous a vu naître ? Pas de stress ! Dès cette année, vous pourrez vous épanouir dans la formation à distance de votre choix depuis le campus connecté de Hajangua. Une innovation portée par la commaunté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, en lien avec le centre universitaire de formation et de recherche, le rectorat, le conseil départemental et la chambre de commerce et d’industrie. « Quatre bacheliers sur cinq n’ont pas la possibilité de poursuivre leurs études supérieures sur le territoire. La mobilité reste un frein très important aux études supérieures pour les jeunes mahorais. Malgré un programme de mobilité mis en place par le conseil départemental, l’État et l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité, beaucoup de jeunes ne peuvent pas poursuivre leurs études au sein d’une formation souhaitée », souligne en préambule Rachadi Saïndou, le président de l’intercommunalité.

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Alors pour permettre à davantage de jeunes de suivre une formation dans l’enseignement supérieur sur le territoire, la mise en place de ce nouveau lieu d’études sera une réelle opportunité et un facteur favorisant la réussite des étudiants. Un avis partagé par le recteur, Gilles Halbout, pour qui il s’agit d’un « projet abouti et structurant ». Avant de rappeler « l’importance de l’éducation et de la formation à Mayotte, un territoire qui ne peut pas se construire sans nos jeunes ». Le tutorat et l’accompagnement des étudiants du campus connecté se feront sur le site de la « maison mère » et à distance. Toutefois, les élèves auront accès, sous certaines conditions, aux infrastructures du CUFR : espace de restauration, activités sportives et culturelles, bibliothèque et centre de ressources documentaires. Une bonne nouvelle pour leur bien-être puisqu’ils pourront ainsi être en lien avec les homologues du centre universitaire.

Une augmentation des effectifs sur cinq ans

Le coup d’envoi de cette nouvelle aventure doit officiellement se réaliser d’ici quelques jours avec l’accueil des premiers inscrits. « Ils pourront suivre la formation à distance qu’ils souhaitent et bénéficier de l’accompagnement d’une tutrice qui aidera les jeunes dans leur réussite », déroule Sandrine Ingremeau, déléguée académique. Mais concrètement, à quoi va ressembler ce campus connecté ? L’espace ambitionne de devenir un lieu de vie où les étudiants pourront avoir accès à une connexion Internet et à des postes informatiques et à un soutien personnalisé.

Pour cette rentrée, le campus connecté prévoit d’accueillir une dizaine d’étudiants. Un chiffre qui semble dérisoire sur le papier, mais qui risque bien d’évoluer très rapidement, puisque la mise en place complète de ce projet se déroule sur les cinq prochaines années. L’objectif étant d’augmenter crescendo la capacité d’accueil et le nombre de tuteurs ! « Ce projet a pour ambition de compléter l’offre de formation supérieure existante en présentiel à Mayotte par des formations à distance pour des étudiants ne pouvant s’éloigner du territoire », insiste le président de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou. Message reçu cinq sur cinq !

Vaccination obligatoire des soignants : au moins 23 professionnels “en congés forcés” au CHM de Mayotte

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En vigueur depuis le 15 septembre, l’obligation vaccinale pour les personnels exerçant à l’hôpital ou en maison de retraite en a poussé quelques-uns vers la sortie. De quoi mettre sous tension des effectifs déjà insuffisants dans le 101ème département.

23. C’est le nombre de soignants, tous services et toutes professions confondues, qui ont été “mis en congés” au centre hospitalier de Mayotte depuis l’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale le mercredi 15 septembre, selon un décompte effectué vendredi dernier par l’établissement. “Attention, ce n’est pas une suspension, qui est l’antichambre de la sanction. Là, ces gens utilisent leurs congés pour réfléchir, et d’ailleurs beaucoup reviennent à la raison et se font vacciner”, insiste Christophe Blanchard, le directeur par intérim du CHM. Si, à la veille de la date fatidique, certains professionnels de santé espéraient voir le 101ème département, déjà confronté en temps normal à un désert médical, bénéficier d’une certaine souplesse quant à l’application de la loi, ils auront vite déchanté. “Je suis en arrêt maladie depuis mercredi car on nous a dit qu’on ne pouvait pas aller travailler”, lâche, dépitée, une soignante qui souhaite garder l’anonymat.

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Malgré de nombreux appels du pied, Christophe Blanchard explique avoir eu les mains liées : “En aucun cas, je ne peux cautionner de dérogation, même s’il y a des sous-effectifs. Je suis pénalement exposé, je ne peux pas laisser contaminer des collègues ou encore laisser la possibilité d’un cluster à l’hôpital.” Il faut dire qu’en vertu de la loi du 5 août 2021, relative à la gestion de la crise, l’employeur qui méconnaîtrait l’obligation de contrôler le respect de l’obligation vaccinale s’expose en effet à une amende de 1.000 euros (pour les personnes morales), et, en cas de récidives verbalisées à plus de trois reprises dans un délai de trente jours, à un an d’emprisonnement et 9.000 euros d’amende. De quoi dissuader même les plus laxistes des patrons !

Les soignants qui n’ont pas fait remonter leur certificat de vaccination à leur cadre ou à la médecine du travail au 15 septembre ont donc été mis en congé forcé “en attendant que leur situation sanitaire se régularise”. En l’absence de jours de congés et si la situation n’est pas régularisée, des sanctions sur le salaire sont à prévoir.

Un poids de plus pour les effectifs restants

Le risque ? Perturber des services déjà sous-tension en temps normal. Selon l’établissement, les impacts restent pour l’instant limités à la refonte des plannings. “À ma connaissance, huit médecins ne veulent pas se soumettre à l’obligation vaccinale, et déjà trois ne peuvent plus travailler. Alors qu’on est déjà en manque de médecins ! C’est assez grave ce qui se passe”, dénonce une autre soignante. D’après nos informations, les suspensions ont déjà conduit à l’arrêt de certaines formations et la fermeture d’une ligne de SMUR, pendant trois jours à la fin du mois de septembre. Pire, du côté du caisson hyperbare, qui permet entre autres de traiter les accidents de plongée ou de faciliter la cicatrisation de plaies liées au diabète, la réduction des effectifs va mettre une charge de plus sur les médecins restants. Et risque d’empêcher l’admission de nouveaux patients dans la filière, qui seront si besoin évasanés à La Réunion.

L’heure de la reconversion ?

Bien sûr, ces soignants non vaccinés restent aujourd’hui minoritaires : 23 sur quelque 2.000 personnels de l’hôpital. Mais pour certains, c’est la goutte de trop. “Je suis en train de regarder pour une reconversion, si on ne veut pas de nous au CHM. Je peux faire de l’agriculture”, avance une infirmière. “Même si on lève l’obligation vaccinale à Mayotte dans deux semaines, je ne reviens pas travailler. Déjà, si c’est pour mettre le passe sanitaire, c’est non”, persiste et signe un médecin, lui aussi anonyme, soulagé de ne plus avoir à “faire le grand écart”. “J’en suis à un point où je n’ai plus envie de travailler dans ce système de santé français, je ne me reconnais plus dans ses valeurs. J’ai une éthique de travail, et il y a des choses sur lesquelles je ne peux pas transiger”, ajoute-t-il. Même son de cloche pour une autre soignante, qui déplore la fin du “secret médical, de la liberté d’exercer, du consentement éclairé”.

Le secret médical, l’épine dans le pied des employeurs

Pour ces professionnels de santé désabusés, la rupture du secret médical a en effet tracé une ligne rouge. Il faut dire qu’un tableur, dont les données ont heureusement été effacées depuis, circulait en juillet pour noter les noms, prénoms et statut vaccinal des personnels… De quoi mettre tout ce beau monde sur les dents, encore aujourd’hui. “Maintenant, ils ont créé un code spécifique ‘‘congés pour absence de vaccination’’ sur les plannings, au mépris total du secret médical, ça me rend dingue !”, s’insurge l’un. “Dans la dernière note d’information, ils nous ont mis une adresse mail, soit disant de la médecine du travail, mais quand on tape l’adresse, on se rend compte qu’il y a cinq adresses dont une personne de la DRH !”, dénonce l’autre, aux aguets. “Cette adresse renvoie aux trois infirmières et au médecin, en aucun cas un administratif comme moi ne doit avoir accès aux données médicales”, répond le directeur du CHM, qui assure aller vérifier de ce pas la liste en question. Quant au code sur les plannings, “il s’agit du congé d’office que l’employeur renseigne dans le logiciel”, d’habitude utilisé pour des situations exceptionnelles de fatigue ou de danger pour soi ou son service.

Il faut noter ici que la loi du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire a prévu une dérogation au secret médical, en créant la cinquième obligation vaccinale des professionnels exerçant à l’hôpital et en maison de retraite, au même titre que l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos, et la poliomyélite. S’il revient d’habitude à la médecine du travail de contrôler les certificats de vaccination, le nouveau texte législatif a élargi cette compétence directement à l’employeur, à condition de respecter “une forme ne permettant d’identifier que la nature de celui-ci et l’information selon laquelle le schéma vaccinal de la personne est complet« . Soit par exemple le QR code de l’application “TousAntiCovid Vérif”, pour ne citer qu’elle.

Des vélos et des scooters électriques en location longue durée, le pari de Mob’helios à Mayotte

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Depuis bientôt deux ans, l’entreprise familiale Mob’helios planche sur un projet à vocation expérimentale et démonstrative en matière de transition énergétique à Mayotte. À partir de 2022, elle compte lancer sa location longue durée de vélos et de scooters électriques avant de s’attaquer au parc automobile pour les trajets occasionnels d’ici deux ans. L’idée ? Faire adopter une mobilité douce sur un territoire pollué et embouteillé.

« Nous ne pouvons pratiquement plus circuler à cause des embouteillages. Non seulement les voitures font du bruit, mais en plus elles polluent. » C’est à l’origine de ce constat simple que les époux Perron décident de se lancer dans une idée révolutionnaire, via la société Mob’helios fondée fin 2019. Faire du deux roues électriques une solution alternative et pérenne au parc automobile pour les trajets quotidiens de moins de seulement quelques kilomètres. Une nouvelle qui tombe à pic trois jours après l’arrêté signé par le maire de Mamoudzou relatif à l’interdiction de circulation sur l’ensemble du réseau routier de la commune des véhicules personnels de plus de 15 ans à partir du 1er octobre.

S’il faudra encore attendre quelques mois avant de voir s’implanter les trois premiers modules ateliers, aménagés dans des conteneurs recyclés, le projet fait déjà saliver. « La commande est imminente ! Il faut compter entre trois et quatre mois pour la fabrication. L’incertitude repose davantage sur le délai de transit maritime », déroule Cécile, ingénieur diplômée de l’Industrie et des Mines. Les toits seront équipés de panneaux solaires tandis que l’intérieur permettra de réaliser tous les entretiens réguliers. L’objectif : ouvrir le premier espace sur le parking de la barge à Dzaoudzi début 2022 où se trouveront 40 vélos citadin et tout-terrain, prêts à déambuler aux quatre coins de l’île grâce à une autonomie oscillant entre 80 et 100 kilomètres en fonction de l’utilisation et du degré d’assistance demandé. Avant de proposer le même concept avec des scooters en milieu d’année prochaine.

Un projet collégial avec les collectivités

Dans l’espoir d’inverser les mentalités, l’entreprise familiale table sur des locations longue durée à des tarifs relativement bas, qui comprennent le changement à volonté des batteries, la maintenance ou encore les assurances vol et casse. Comment ? En devenant une société coopérative d’intérêt collectif, qui relève du champ de l’économie sociale et solidaire, avec le soutien des deux communes de Petite-Terre, Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi, et de Taxi Vanille 976. « L’idée d’associer les collectivités est de faire en sorte que leurs politiques de mobilité et d’aménagement publique soient cohérentes avec nos stratégies de déploiement et d’offre proposée aux clients », précise l’ancienne directrice du Parc naturel marin. Et surtout de permettre de faire baisser les prix de revient des prestations pour « qu’elles soient accessibles à toutes les tranches de la population ».

Un million d’euros pour deux stations de charge solaire

Mais ce n’est pas tout. À l’horizon 2023-2024, Mob’hélios souhaite développer deux stations de charge solaire d’une capacité de 600 mètres carrés à destination des voitures, avec l’appui technique du technocentre de Renault basé à Guyencourt et financier de l’Ademe (agence de la transition écologique). Le but consiste alors à troquer son deux roues pour un véhicule à l’occasion d’une virée en groupe ou des courses. Reste à travailler « sur la levée des fonds », puisque cette autre activité se chiffre à un million d’euros. Pour leur emplacement, les discussions vont bon train avec le conseil départemental dans le cadre du chantier de réaménagement de la gare maritime de Petite-Terre. « Nous avons fait une demande d’autorisation d’occupation temporaire auprès du préfet avec l’avis du maire de la commune pour y être intégrés », souligne Cécile. Quant à l’aéroport, il s’agit davantage d’une hypothèse de travail, en raison notamment « de la plus grande échelle de temps sur laquelle nous évoluons ».

Peu importe les aléas, la famille Perron se la joue optimiste et croit en son projet à vocation environnementale. D’autant plus après la fête du vélo organisée samedi dernier à Mamoudzou. « Nous avons pu identifier certains freins chez ceux qui ne pratiquent pas encore, répondre aux objections et proposer des solutions rassurantes. » Si le développement des pistes cyclables est à la hauteur de l’enjeu, les deux roues risquent bien de pulluler dans un avenir proche. De bon augure pour les portefeuilles et la santé des futurs consommateurs.

Le combat d’Anli Maba Dali contre le groupe BDM : « Je suis perturbé par ce qu’ils m’ont fait »

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Anli Maba Dali, employé du groupe Bourbon distribution Mayotte, arrive à un point de non retour. Il accuse l’entreprise de l’avoir muté alors qu’il était en arrêt maladie. L’ancien manager du magasin Score de Petite-Terre a porté l’affaire devant la justice, estimant être victime d’abus de pouvoir. Il nous livre sa version de l’histoire.

Flash Infos : Pour quelles raisons avez-vous porté plainte contre BDM ?

Anli Maba Dali : Je suis manager de département à Score Petite-Terre. Le 27 janvier 2021, j’ai envoyé un e-mail à mes supérieurs de BDM parce que je ne partageais pas les mêmes stratégies commerciales et de développement de l’entreprise que le nouveau directeur de Score Petite-Terre. J’ai donc suggéré de me changer de magasin. Puis le 28 janvier, le lendemain, je suis tombé malade à cause de douleurs à la hanche…
Le directeur commercial de BDM m’a contacté dès le 29 janvier dans le but de me rencontrer. Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas me déplacer parce que j’étais en arrêt maladie et j’ai raccroché le téléphone. Il m’a rappelé pour me dire que c’était important et qu’il avait besoin de me voir le jour même au siège. J’y suis donc allé en ayant la peur au ventre ! À ce rendez-vous, il y avait le directeur général de BDM et le directeur commercial. Au cours des échanges, ils m’ont sorti les documents de mutation de magasin dans lesquels ils me notifiaient de rejoindre le Douka Bé de Koungou. Sur le coup, j’ai signé l’avenant.

FI : Pourquoi avez-vous signé l’avenant alors que vous saviez que vous étiez en arrêt maladie et que vous ne vouliez pas aller à Koungou ?

A. M. D. : J’ai signé l’avenant sans m’en rendre compte… J’avais pris des médicaments, j’étais fragile… Ma santé n’était pas bonne ! Je n’étais même pas capable d’analyser et de comprendre cette affectation, encore moins de négocier. C’est seulement quelques jours plus tard, le 2 février, que je me suis rendu compte de ce qu’il s’était passé. Je suis allé voir l’inspecteur du travail et les délégués syndicaux qui m’ont dit que ce qu’avait fait BDM n’était pas normal.
Le 3 février, j’ai écrit à la direction pour réclamer l’annulation de l’avenant. Mon avocat a également fait la même chose, mais elle a refusé. Mes supérieurs prétendent que même si je suis en arrêt maladie, ils peuvent me faire parapher un avenant d’affectation de magasin. J’ai donc porté plainte pour exiger son annulation, avant de demander un référé il y a un mois.

FI : Votre procès contre le groupe BDM a eu lieu ce lundi 20 septembre, qu’en est-il ressorti ?

A. M. D. : Chaque parti a exposé les faits devant les juges, mon avocat a insisté sur le fait que lorsqu’il y a un arrêt maladie, il n’y a pas d’affectation valable. La délibération est prévue pour le 4 octobre. En attendant la décision du tribunal, je n’irai pas au travail à Koungou. Je vais certes perdre de l’argent, mais je n’irai pas ! J’aimerais que le tribunal annule cet avenant car le jour où je l’ai signé, je n’ai pas pu négocier à cause de mon état de santé. J’étais tétanisé… Je tremblais. Je ne pensais qu’à Bao (ancien employé du groupe BDM qui s’est suicidé) en voyant le directeur général en face de moi. Je n’étais plus moi-même.

FI : Désormais, qu’attendez-vous de votre employeur ?

A. M. D. : Tout ce que je veux, c’est reprendre mon travail. Je ne suis plus en arrêt maladie alors maintenant ils doivent me proposer un nouvel avenant dans les règles en respectant les lois. Je serai en mesure de prendre la décision en connaissance de cause. Les directeurs peuvent m’affecter dans un magasin plus proche de mon domicile, mais en respectant les lois. Depuis le 17 septembre, la date de fin de mon arrêt maladie, je ne suis pas payé. Et si je ne vais pas au travail, ils risquent de me licencier pour abandon de poste. Nous devons trouver une solution, car je refuse d’aller à Koungou.

FI : Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

A. M. D. : Je réfléchis à porter plainte pour harcèlement. Depuis cette histoire, je ne suis pas bien psychologiquement. Je prends des médicaments. L’hôpital de Pamandzi m’a prescrit des séances chez le psy. Je suis perturbé par ce qu’ils m’ont fait. J’estime que la mesure de mutation à Koungou est abusive. La direction de BDM veut me sanctionner parce que je fais partie des managers qui tiennent tête.

La direction de BDM se mure dans le silence

La rédaction a proposé à la direction du groupe BDM de lui livrer sa version des faits, mais le directeur général, Marc Berlioz, n’a pas souhaité réagir. « Je lui laisse la responsabilité de ses dires, je n’ai pas de commentaire à faire », a-t-il simplement déclaré.

Deux plongeuses autonomes portées disparues pendant plus de quatre heures à Mayotte

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Dimanche dernier, deux plongeuses autonomes ont disparue des radars pendant plus de quatre heures à la suite d’une plongée en bouteille au niveau de la Passe bateau au sud de Mayotte. Elles ont finalement été récupérées saines et sauves par le navire des sauveteurs en mer.

8h. L’heure de rendez-vous des plongeurs. Tout le monde s’équipe dans la bonne humeur. Malgré un soleil aux abonnés absents, les sportifs saisissent leurs blocs et leurs détendeurs avant de se diriger vers le bateau. Au programme de ce dimanche 19 septembre : plongée dérivante dans la Passe bateau située au sud de l’île. “Dans une plongée dérivante, on se laisse porter par le courant. Il faut bien rester prêt de la paroie lorsqu’on sera immergés pour ne pas se faire emporter« , explique l’un des moniteurs à la dizaine d’élèves du jour. Consignes de sécurité ? Check ! Vérification du matériel ? Check ! Le bateau peut enfin prendre la mer, direction le spot de plongée.

9h15. Palmes aux pieds, masque sur le nez et détendeur en bouche, les 11 plongeurs s’immergent tour à tour, répartis en palanquée de quatre à deux personnes. Si le vent souffle et le courant se réveille quelque peu, le spectacle qui s’offre à eux est grandiose ! Paroi abrupt, coraux multicolores, poissons scintillants… L’eau cristalline du lagon offre aux plongeurs une parfaite visibilité. Après près de 45 minutes d’immersion, les « hommes-grenouilles » remontent calmement à bord. Sauf que deux personnes parties en autonomie manquent à l’appel. Immergés il y a plus de 50 minutes, tous se questionnent quant au lieu où elles se trouvent. “Elles sont parties en même temps que nous, elles auraient dû remonter”, lance l’un des amateurs. Sur l’embarcation, tous cherchent du regard les parachutes de sécurité, habituellement déployés dès lors que les plongeurs reviennent à la surface. Dans le bleu profond de la Passe bateau, pas une once de rouge à l’horizon. L’inquiétude grandit parmi les membres d’équipage. Sont-elles sorties ? Le courant les a-t-il fait dériver ? Ont-elles eu un problème technique ? Où sont-elles ? Autant de questions jusqu’alors sans réponses.

10h15. Toujours pas de plongeuses à l’horizon. Le responsable de plongée se saisit de la radio et lance un appel au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Sud océan Indien, qui déclenche à 11h09 une intervention de la société nationale de sauvetage en mer de Mayotte. Commencent alors de longues heures de recherche ! L’hélicoptère Écho Delta et l’intercepteur Kondzo de la gendarmerie ainsi que le SNS Tamani quadrillent la zone dès 11h55 dans l’espoir de retrouver les disparues. À 13h30, l’équipage du bateau de plongée qui n’a pas cessé de ratisser le périmètre sud du lagon décide de rentrer au club afin de récupérer des renforts.

14h. Alors que les plongeurs touchent terre, ils apprennent que leurs camarades ont été retrouvées à 13h20 par les sauveteurs en mer, qui les ont prises en charge et réhydratées. Un soulagement pour tous et une bonne frayeur pour les deux plongeuses autonomes qui auront passé plus de quatre heures dans l’eau. Une situation qui reste exceptionnelle, mais qui rappelle les risques de la plongée en bouteille. Une discipline à ne pas prendre à la légère.

Après la suspension du plan de transports interurbains à Mayotte, les chauffeurs de taxi lèvent le pied

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Ce lundi 20 septembre, l’intersyndicale des taxis de Mayotte a été reçue au conseil départemental par le 3ème vice-président en charge de l’administration générale et des transports, Ali Omar. L’occasion pour les deux parties de discuter du marché de transports interurbains de Mayotte qui fait tant jaser chez les chauffeurs professionnels et de poser les bases de séquences de travail dans le but de trouver une issue favorable.

Faut-il forcément manifester à Mayotte pour être entendus ? Il semblerait que cette hypothèse soit vraie. “Nous ne manifestons pas pour casser, mais pour construire ensemble”, s’agace Denis Schoumacher, le directeur de Taxi Vanille 976, las de devoir toujours descendre dans la rue pour être pris en considération. “Notre objectif n’est pas de bloquer pour bloquer. Nous sommes des entrepreneurs qui veulent être écoutés.

Alors que l’intersyndicale des taxis de Mayotte avait annoncé en fin de semaine dernière la tenue d’une opération escargot ce lundi matin, Younoussa Hamada, le président de la fédération professionnelle des artisans taxis, Ahamadi Said, le président de l’union des taxis, ainsi que Abalkini Chanfi, le correspondant l’intersyndicale des taxis, ont finalement été invités à participer à une réunion au sein du conseil départemental pour mettre à plat leurs différentes revendications. “Ali Omar dit comprendre que les artisans se sont toujours battus pour la filière taxi à Mayotte, que ce sont eux qui exercent la mission de transport public sur l’île. Il sera donc naturel de les intégrer dans le plan de transport interurbain du Département”, confie Abalkini Chanfi. Car c’est bien là le nerf de la guerre : ce fameux marché lancé en juillet par la collectivité et estimé à 100 millions d’euros, qui met les chauffeurs professionnels dans une fâcheuse posture.

Un avenir pas encore tout à fait éclairci

Si la date de clôture prévue au départ pour le projet de transport périurbain était ce lundi 20 septembre, le 3ème vice-président se serait engagé à le suspendre. “Lors de notre réunion, Ali Omar a évoqué sa volonté d’organiser des sessions de travail avec l’intersyndicale pour intégrer les taxis dans le plan transport. En revanche, nous ne savons pas encore ce que cela va concerner. Des lignes dédiées ? Des lignes pour les véhicules neuf places ? Un conventionnement des taxis ? Un évolution statutaire vers le droit commun ? Tout cela reste à discuter”, s’interroge encore Abalkini Chanfi, pas encore totalement convaincu à 100%.

Autre desiderata évoqué : le renouvellement et la revalorisation de la subvention pluriannuelle accordée sur trois ans, de 2019 à 2021. En effet, un budget de six millions d’euros avait été attribué à la modernisation de la filière taxi à Mayotte. Soit environ 10.000 euros par artisan. Sauf que l’enveloppe financière n’a pu être que très peu utilisée par les taximen, qui doivent constituer des dossiers conséquents et entreprendre des démarches chronophages afin de pouvoir en bénéficier… Une requête visiblement entendue puisque Soihirat El Hadad et Ali Omar ont promis un nouveau coup de pouce de la part du conseil départemental. Face aux signaux positifs envoyés, les organisations syndicales ont décidé de suspendre leur manifestation dans l’attente du lancement des premières séquences de travail, annoncées d’ici un mois. Gare aux promesses non tenues !

En plus de son plan propreté, Mamoudzou s’attaque à son trafic routier

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Ce vendredi 17 septembre, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a présenté son plan propreté 2020-2030 et signé un arrêté de voirie pour expérimenter une nouvelle réglementation du trafic routier. Deux annonces simultanées qui ont un objectif commun : devenir un modèle de la « ville propre » pour l’ensemble du territoire.

Pointe Mahabou. 9h. Le lieu choisi s’avère tout sauf anodin. Un écrin de nature, emblématique de l’environnement à protéger. « L’espace où nous nous trouvons est propre, la nature est préservée, l’air que nous respirons n’est pas pollué », introduit Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Tout l’opposé de ce que la ville chef-lieu dégage en temps normal : une capitale économique engorgée et une insalubrité chronique.

Alors pour inverser cette tendance invivable pour toute une frange de la population, la municipalité propose l’application pure et simple d’un plan propreté pour la période 2020-2030 autour de cinq objectifs majeurs : améliorer l’efficience du service propreté urbaine ; sensibiliser les citoyens et les rendre acteurs de la propreté ; aménager la commune pour faciliter la collecte des déchets ; mettre en place des actions pour maintenir la propreté ; réduire la production des déchets. Une mission herculéenne sur le papier !

Le service de nettoiement à pied d’œuvre

Dans la pratique, la municipalité compte bien mettre les petits plats dans les grands, en investissant plus d’1.2 million d’euros au cours des dix prochaines années et en augmentant en moyenne son budget annuel de fonctionnement de 500.000 euros. Principal engagement et non des moindres avec l’acquisition pour le service de nettoiement de matériels mécaniques dernier cri, tels qu’une balayeuse dès 2022 (mais où a bien pu passer celle utilisée en amont de la venue d’Emmanuel Macron en octobre 2019 ?!), de plusieurs camions plateaux pour évacuer les déchets rassemblés en sacs et les gros objets encombrants ou encore de quatre aspirateurs. Le tout dans le but d’améliorer le rendement des agents en place. Un effectif amené à être renforcé par l’embauche de sept nouveaux personnels.

Sauf que l’efficience d’un tel plan repose sur sa gouvernance. D’où la mise en place d’un comité de pilotage et de suivi – comprenant les services de la commune et ceux de la Cadema, la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal), l’agence régional de santé (ARS), le rectorat et le conseil départemental – auquel seront naturellement associés les citoyens, les associations environnementales et les opérateurs économiques. « Nous sommes tous des producteurs de déchets, toutefois, il nous incombe d’adopter les comportements responsables et indispensables pour lutter contre l’insalubrité », prévient Ambdilwahedou Soumaïla. « Nous devons participer, à notre modeste niveau, à cet enjeu écologique. »

Sauver des vies et des emplois

Autres mesures phares, qui ne concernent pas pour le moment les deux roues : la suspension de déplacement sur l’ensemble du réseau routier de la commune aux véhicules de particuliers âgés de plus de 15 ans à compter du 1er octobre ainsi que l’expérimentation à partir de la même date d’une circulation alternée deux jours par semaine jusqu’au 31 décembre – interdiction de rouler de 4h à 20h pour les automobilistes non-résidents de Mamoudzou ayant une plaque d’immatriculation paire les lundis et impaire les mardis. « Bon nombre des accidents surviennent à cause de la fatigue », abonde le maire.

En plus d’une volonté environnementale, « les chiffres en termes de particules fines dépassent les seuils moyens exigés ». Cette initiative s’inscrit par ailleurs dans un intérêt économique. « Les entreprises souffrent des embouteillages (pas moins de 61.365 voitures entrent et sortent quotidiennement) et certaines sont même obligées de mettre la clé sous la porte ! Notre démarche consiste à sauver des emploi. En tant que responsable de ce territoire, je dois entendre ce discours », martèle le premier magistrat, conscient de l’accueil reçu en demi-teinte par les principaux concernés.

Signé ce vendredi, cet arrêté a également pour but d’éveiller les consciences. « Les travaux du projet Caribus vont commencer d’ici la fin 2021 et vont engendrer des bouchons pour les quatre ou cinq prochaines années », alerte Ambdilwahedou Soumaïla. S’il est encore trop tôt pour savoir si cette expérimentation sera prolongée à son terme – « nous ferons le bilan sur la situation de la route en temps et en heure » -, elle doit inviter les habitants à privilégier le covoiturage ou les transports collectifs. « Nous avons demandé aux chauffeurs de taxi de s’organiser et de mettre en place un numéro de permanence. » Impopulaire ou non à la suite de cette décision, le maire de Mamoudzou n’en a cure : « Le mal est très profond, il faut agir pour améliorer notre cadre de vie ! » Point à la ligne.

Dans les yeux des jeunes mahorais avec “Nouveau regard sur ma ville 2021”

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Vendredi dernier avait lieu le vernissage de l’exposition photographique “Nouveau regard sur ma ville 2021”. Un projet mis en place par la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou (Cadema). Durant les mois de juillet et août dernier, ces ateliers avaient permis à 88 adolescents de découvrir ou redécouvrir les sites remarquables de la ville chef-lieu à travers des balades patrimoniales et artistiques.

Vous pensez connaître Mayotte ? Et si on vous la présentait comme vous ne l’avez jamais vue ? Voilà l’ambition de l’exposition photographique intitulée “Un nouveau regard sur ma ville 2021”, portée par la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou. Un beau projet qui fleurit au pays des ylangs-ylangs et qui n’a pas fini de faire parler de lui. “Lors des journées européennes du patrimoine 2021 des 18 et 19 septembre, les 88 photos ainsi que les cartels rédigés par les jeunes seront présentés au public, place de la République, sur le parvis du marché couvert de Mamoudzou”, s’exclame Géry Liausu, le directeur de la culture, du patrimoine, du tourisme et des loisirs au sein de l’intercommunalité, lors du vernissage de l’exposition.

Une première étape avant d’entamer une “phase de restitution itinérante” au cours de laquelle des exhibitions, en partenariat avec l’académie de Mayotte, seront proposées dans les écoles ainsi que dans différents lieux de Dembéni et de Mamoudzou. Un projet qui veut aller au plus près de la population afin d’offrir à tous la possibilité de découvrir des activités culturelles. « L’objectif est de valoriser la créativité des jeunes auprès du plus grand nombre, mais aussi pour que chacun puisse peut-être se découvrir une passion pour la photographie ou toute autre forme d’expression artistique”, confie impatient celui qui a accompagné 88 adolescents pendant les mois de juillet et d’août.

La fierté d’être exposés

Mounya, Mariame, Nadjima et bien d’autres encore se sont rendus sur la place de la République ce vendredi pour assister au vernissage de leur exposition. Ravis d’être les vedettes d’un soir, ils se sont prêtés au jeu et ont présenté leurs œuvres. “L’alignement des maisons, les formes, les boutiques, les garde-corps… C’est beau, cela m’a inspiré”, témoigne Anlime, habitant de Cavani et élève en classe de 3ème. Plus loin, Yesenia, décrypte avec une certaine nostalgie son cliché. “J’ai pris en photo cette ruelle vide. On y voit du linge étendu et au beau milieu, un chat. Il donne une touche de vie à ce quartier.” Une intention artistique résumée dans le cartel qui joint la photographie intitulée “Le chat” : “Une image fige et capture un moment dans le temps […]. Est-ce l’heure du repas ou est-ce que les habitants sont tous derrière leur télévision. Les paraboles situées au bout de cette ruelle nous le laissent à penser.” Un regard juvénile sur le quotidien du 101ème département français qui apporte un peu de poésie aux ruelles colorées.

L’engouement du public

Le père Bienvenu Kasongo, qui a accueilli les jeunes dans sa paroisse pour une petite visite à l’occasion des journées européennes du patrimoine, ne tarie pas d’éloges sur cette exposition. “J’ai été très heureux de les recevoir dans l’église Notre Dame de Fatima. J’ai pu alors conter l’histoire de ce lieu et les jeunes se sont montrés très attentifs et intéressés. Les photos sont superbes et mettent en valeur la ville et ses lieux remarquables.” Un avis partagé par les visiteurs et amateurs de photographie qui se sont massés en nombre sur le parvis du marché couvert vendredi soir.

Stéphane Bijoux, député européen : « Notre responsabilité, c’est d’accompagner nos planteurs, nos éleveurs et aussi nos pêcheurs »

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Lundi 13 septembre, le député européen de La Réunion Stéphane Bijoux présentait devant le parlement de l’Union sont rapport intitulé « Vers un renforcement du partenariat avec les régions ultrapériphériques de l’Union ». Le lendemain, il était adopté à une très large majorité en séance plénière. Parmi les mesures phares du texte, le développement de l’activité agricole, afin de favoriser l’autonomie alimentaire des territoires concernés, et promouvoir le secteur auprès des nouvelles générations, tout en tenant compte des défis environnementaux qui s’imposent à elles.

Mayotte Hebdo : Pourquoi était-ce selon vous nécessaire de renforcer le partenariat entre l’Europe et ses régions ultrapériphériques ?

Stéphane Bijoux : À Mayotte comme dans tous les Outre-mer, les bouleversements d’aujourd’hui nous obligent à revoir nos priorités et nos modes d’actions. La stratégie européenne pour les régions ultrapériphériques (RUP) doit impérativement intégrer les nouveaux défis et apporter des réponses concrètes aux urgences sanitaires, économiques, sociales et climatiques qui touchent nos populations. Avec mon rapport parlementaire, j’assume de vouloir envoyer un message politique fort : nous avons besoin et nous exigeons un nouveau plan d’actions pour nos territoires ultramarins.

C’est la première fois depuis 2019 que le Parlement européen fixe un cap politique pour les RUP et cet appel a été adopté à une très large majorité (avec plus de 600 voix « Pour« ). La nouvelle stratégie que je propose vise à placer les RUP, non pas en périphérie, mais au centre de l’action publique européenne. Pour cela, il faut généraliser un « réflexe Outre-mer » dans toutes les institutions de l’Union européenne : c’est à la fois une vigilance et une exigence de résultats qui doit irriguer toutes les politiques de l’UE.

MH : Qu’est-ce que cela pourrait concrètement changer pour les RUP ?

S. B. : Mon rapport est construit autour de trois priorités : consolider les acquis, respecter nos spécificités et ouvrir de nouveaux horizons.

Consolider les acquis : ça signifie protéger les outils qui rendent l’Europe concrète pour les Ultramarins, qui permettent de développer nos territoires, de construire des projets, de soutenir les secteurs économiques clés : le POSEI (programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insalubrité, ndlr) pour nos agriculteurs et éleveurs, le FEAMPA pour nos pêcheurs, le FSE pour les plus fragiles, Erasmus pour nos jeunes, ou encore le FEDER pour développer nos infrastructures et soutenir l’économie.

Respecter nos spécificités : c’est un impératif pour répondre aux enjeux spécifiques auxquels sont confrontés nos RUP : l’éloignement, le coût de la vie, le défi de l’autonomie alimentaire, la problématique des transports…

Ouvrir de nos nouveaux horizons : c’est une urgence pour que les RUP soient considérées comme des territoires de solutions pour l’Europe, et pas seulement comme des territoires de subventions.

La nouvelle stratégie que je propose invite ainsi à changer le regard sur les Outre-mer. Nous devons être vus comme des territoires moteurs de la transition écologique, de l’économie bleue, comme des pôles d’innovation et de recherche… Mon rapport propose ainsi de créer des campus d’excellence pour la jeunesse ultramarine, de s’appuyer sur les RUP pour déployer les énergies renouvelables et faire émerger les métiers de demain, ou encore de construire des centres de recherche sur la santé et la biodiversité.

L’ambition de mon rapport, c’est de faire de l’Europe une chance pour nos Outre-mer, de nos Outre-mer des atouts pour l’Europe.

MH : Dans le volet « politique agricole« , le rapport demande que soit renforcé plusieurs dispositifs spécifiques. Pourquoi ? Sont-ils à ce jour insuffisants selon vous ?

S. B. : Notre monde agricole a bien conscience qu’il faut engager et réussir les transitions agro-écologiques et la diversification. Notre responsabilité, c’est d’accompagner nos planteurs, nos éleveurs et aussi nos pêcheurs. Le cap avait été fixé par le président de la République lui-même quand, en 2019, il avait annoncé un objectif clair : travailler ensemble pour atteindre l’autonomie alimentaire dans les DROM en 2030.

Mais, la même année, notre ambition a été percutée par une tentative paradoxale et unilatérale de la Commission européenne qui a voulu baisser le mondant du POSEI, le programme européen d’aides à notre agriculture. En tant de député européen, et avec mes collègues parlementaires, nous avons immédiatement combattu cette manœuvre agressive et contre-productive qui constituait de fait, une entorse inadmissible à l’obligation européenne de respecter nos spécificités. Je défendrai toujours le POSEI. C’est un levier essentiel pour aider nos planteurs et nos éleveurs. Protéger et développer notre production locale est à la fois une nécessité et un impératif.

Le POSEI, c’est surtout un outil indispensable pour aider les RUP à relever le défi de l’autonomie alimentaire : pour structurer l’agriculture et l’élevage ultramarins, pour diversifier les filières agricoles et garantir l’attractivité des métiers agricoles notamment pour les jeunes. Au Parlement européen, nous nous sommes beaucoup mobilisés et avec un soutien actif du gouvernement français, nous avons obtenu le maintien du budget du POSEI. Dans les RUP françaises, ce sont donc 278 millions d’euros qui continueront à soutenir chaque année notre modèle familial pour une agriculture de qualité.

Nous avons un objectif : l’autonomie alimentaire. Nous avons une urgence : la diversification et la transition agro-écologique. Les hommes et les femmes qui travaillent dur dans le monde agricole pourront toujours compter sur mon engagement. Le chemin du succès doit impérativement conjuguer développement et protection et d’ailleurs, dans mon rapport, je propose également de renforcer la protection de nos productions locales dans le cadre des accords commerciaux conclus par l’UE.

MH : Il y est aussi question de renforcer l’attractivité des métiers agricoles notamment. Comment ? Cela signifie-t-il que le secteur ne compte pas suffisamment de professionnels au sein des RUP ?

S. B. : Nos agriculteurs et nos éleveurs sont de vrais professionnels et ils ont un solide savoir-faire. Nos jeunes ont besoin de perspectives, alors nous devons renforcer l’attractivité des métiers agricoles à la fois pour assurer la relève et pour innover. Dans le cadre de la réforme de la PAC, nous nous sommes d’ailleurs battus au Parlement européen pour mieux accompagner l’installation des jeunes agriculteurs.

Face aux défis d’aujourd’hui et de demain : l’Europe doit financer des infrastructures modernes, accompagner les territoires ruraux, développer des formations en lien avec nos nouveaux besoins mais nous devons aussi trouver des solutions pour sécuriser la qualité des sols.

Pour réussir, il faut des moyens financiers bien évidemment. Des outils efficaces comme le POSEI ou le FEADER doivent être consolidés mais nous devons aussi mieux coordonner les actions de tous les acteurs du secteur, l’Europe, l’État, les collectivités locales et les professionnels doivent travailler ensemble et avancer dans le même sens.

MH : Comment concilier politique agricole et développement durable, alors que les territoires d’Outre-mer sont plus touchés que l’Hexagone par le réchauffement climatique ?

S. B. : Concilier l’agriculture et le développement durable revient à concilier économie et écologie, à garantir à la fois la prospérité de nos filières et la protection de nos ressources mais aussi de la biodiversité.

Les RUP sont des territoires particulièrement confrontés à ces défis, et probablement plus que les autres. Les Outre-mer abritent 80% de la biodiversité et nous sommes en première ligne des risques climatiques. Mais compte tenu de leurs spécificités géographiques, nos régions peuvent être aussi des territoires moteurs pour déployer des solutions en matière d’agriculture durable.

Dans mon rapport, je propose de fixer des objectifs pragmatiques et innovants et de sécuriser des moyens pour la transition agro-écologique.

Nous avons lancé une dynamique du changement avec un culture du résultat : la nouvelle PAC que nous avons adoptée n’a jamais été aussi verte. Plus nos agriculteurs et éleveurs agiront en faveur de l’environnement et du climat et plus ils seront financièrement soutenus.

L’UE a aussi proposé une stratégie « De la ferme à la table », qui a pour ambition de garantir un système agricole et alimentaire européen sain et durable. Nous ferons en sorte que les agriculteurs et éleveurs ultramarins soient des partenaires incontournables de cette stratégie.

Lorsqu’on parle de lien entre environnement et agriculture, il faut aussi répondre à l’enjeu de l’impact des risques climatiques sur l’agriculture et les récoltes. Ces risques sont particulièrement importants pour les RUP, qui sont régulièrement confrontées à des ouragans ou des cyclones.

La semaine dernière, le président de la République a annoncé un plan national de 600 millions d’euros par an pour aider nos agriculteurs en finançant un système de gestion des risques climatiques. Ce système mobilisera des fonds nationaux et européens.

Je réaffirme que nous devons jouer la carte de l’intelligence collective, de la mutualisation de nos expertises, de la confiance et du partage des solutions. Plus que jamais, l’Europe est un partenaire indispensable de notre avenir. Être à la fois, Mahorais, Français et Européen est un atout considérable pour relever les défis que nous devons affronter pour nous et pour nos enfants.

Découvrez en plus sur le nouveau numéro de Mayotte Hebdo

 

Les chiffres clés de l’agriculture dans les Outre-mer

Alors que les surfaces agricoles représentent 56% du territoire hexagonal, soit 29 millions d’hectares, le ministère de l’Agriculture estiment comme suit les surfaces agricoles utilisées pour chaque département d’Outre-mer :

• 30% pour la Guadeloupe (52.000 ha) sur 7.000 exploitations agricoles ;
• 20% pour La Réunion (47.000 ha) sur 7.700 exploitations ;
• 0,4% en Guyane (31.000 ha) sur 6.000 exploitations ;
• 30% en Martinique (30.000 ha) sur 3.000 exploitations ;
• 20% à Mayotte (8.700 ha) sur 15.700 exploitations.

Pour atteindre l’objectif d’autonomie alimentaire dans les DROM à l’horizon 2030 annoncé en 2019 par Emmanuel Macron, les départements ultramarins doivent étendre comme suit leur production locale de produits tropicaux et légumes afin de remplacer les importations :

• 95 ha pour Mayotte ;
• 178 ha pour la Guyane ;
• 500 ha pour La Réunion ;
• 511 ha pour la Martinique ;
• 764 ha pour la Guadeloupe.

Des projets dans les cartons

En mai 2021, 67 projets agricoles agroalimentaires et de la filière forêt-bois, contribuant à l’objectif d’autonomie alimentaire, ont été nommés lauréats pour le plan France Relance dans les départements d’Outre-mer, avec un soutien de l’État de près de 15 millions d’euros. À Mayotte, dans le cadre de ces projets, l’entreprise Mayotte Pépinières va moderniser son outil de production, augmenter ses rendements et diminuer la pénibilité du travail de ses collaborateurs en acquérant des tables de culture, du matériel de terrassement et une réserve d’eau. Aussi, la société Les moustaches de l’hippocampe à Pamandzi portent un projet de soutien à l’accueil des animaux abandonnés et en fin de vie.

Compagnies maritimes : la baisse des rotations pénalise les entreprises de Mayotte

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Depuis l’annonce en juin d’une réduction du nombre de navires de CMA-CGM au port de Longoni, les patrons de l’île tirent la sonnette d’alarme. Lors de la visite des deux ministres fin août, Sébastien Lecornu avait assuré que le sujet était sur la table. Inchangée, la situation risque d’engendrer des conséquences à plus long terme, tant sur les coûts des entreprises que sur les paniers des consommateurs…

Le message sonne comme un avertissement. “Bien sûr que les prix vont augmenter, je peux vous le promettre. Et pire, nous allons même connaître des pénuries”, met en garde Carla Baltus ce vendredi au micro de Zakweli, sur Mayotte la 1ère. Une prédiction cousue de fil blanc, dans un contexte mondial en proie à la menace de l’inflation, dopée par la reprise économique post crise Covid. Mais à Mayotte, territoire qui ne connaît que trop bien les problématiques de la vie chère, cette menace d’une hausse prochaine des prix, jusque dans les caddies, a de quoi faire peur.

C’est dans un contexte mondial d’embouteillages dans l’approvisionnement des marchandises – le coût d’un conteneur venu de Chine est passé de 3.000 à 12.000 euros, a rappelé la présidente du Medef Mayotte -, que les compagnies maritimes, CMA-CGM en tête, avaient annoncé en juin une réduction de leurs rotations jusqu’à Mayotte. Ainsi, rentabilité oblige, les navires de l’entreprise française de transport maritime ne font plus qu’une escale dans le lagon par mois contre deux à trois par le passé. Bien sûr, le nombre de conteneurs qui approvisionnent le 101ème département devait rester inchangé, avait promis CMA-CGM. 250 par semaine, soit entre 500 et 750 à faire tenir sur le seul navire du mois, en poussant un peu les murs.

Des frais supplémentaires

Problème : « quand vous avez un bateau qui ramène tout ce qu’il pouvait ramener en quatre fois, il y a des frais”, signale Carla Baltus, évoquant notamment les “surestaries”, les frais de stationnement et de détention des conteneurs au port. Une facture qui peut s’avérer particulièrement salée à Mayotte, d’autant plus à cause des embouteillages ralentissant le rythme des livraisons. “Pour amener des conteneurs à Mamoudzou, parfois on ne peut faire qu’un voyage ou deux dans la journée, donc quand tout arrive d’un coup, tout coûte cher”, explique-t-elle.

Le BTP déjà touché par la hausse des prix

Ainsi, à peine trois mois après cette annonce d’une réduction des rotations, les conséquences commencent déjà à se faire sentir sur les entreprises. “Il y a de moins en moins de rotations maritimes de la part de CMA-CGM et paradoxalement, le prix du fret a augmenté (celui de MCG aussi d’ailleurs)”, déplore un patron affilié au Medef Mayotte, qui cite par ailleurs une redevance supplémentaire, appelée “SGPO” (Sea priority go, ndlr) appliquée par le géant marseillais pour que la marchandise bénéficie d’un embarquement prioritaire.

Aucun secteur ne semble échapper à cette crise des approvisionnements. La filière du bâtiment, déjà frappée par la hausse spectaculaire depuis un an des prix des matières premières comme le bois ou l’acier, n’est pas en reste. “L’augmentation du coût de transit, de 15% depuis le mois de juin, nous impacte directement sur le résultat de notre chantier, et malheureusement, ces hausses ne sont pas mises à jour dans les marchés”, confirme Julian Champiat, le président de la fédération mahoraise du bâtiment et des travaux publics (FMBTP). Lequel évoque aussi les délais de livraisons – “nous étions à six semaines avant dans le meilleur des cas, nous sommes passés à 12 semaines pour des départs métropole” -, qui se répercutent inévitablement sur les chantiers avec “éventuellement des immobilisations et dans de rares cas des pénalités de retard”. Et ces conséquences pourraient se faire sentir à plus long terme, alors que les projets de construction pour les infrastructures structurantes ne manquent pas à Mayotte. “Il peut y avoir des appels d’offres infructueux car les budgets initialement prévus sont dépassés”, avertit le professionnel du BTP.

Des commandes quatre à cinq mois à l’avance

Sans compter que les entreprises doivent alors anticiper ces délais de livraison, et donc commander de plus grandes quantités de marchandises, avec “là aussi un poids sur la trésorerie”, précise Julian Champiat. “Nous devons commander les marchandises quatre à cinq mois à l’avance sans certitude de recevoir les conteneurs, car aucun suivi dans les ports de transbordement”, témoigne un adhérent au Medef Mayotte.

Quid des consommateurs ? “L’augmentation des prix des matières premières va entraîner une nouvelle grève contre la vie chère”, prédit cette entreprise. “En effet, il faut prévoir une hausse sur les produits de première nécessité (farine, huile, viande, etc.) d’environ 15 à 20% (entre augmentation fret et du prix des matières). Le prix du pain va donc probablement connaître une hausse rapide et brutale. Fini les sachets de pain à deux euros.” En pratique, il est encore un peu tôt pour chiffrer précisément l’impact de ces réductions de fret sur les paniers des consommateurs. Contacté, un distributeur nie ainsi une répercussion de ces hausses sur les prix de vente en rayons.

Mais d’après la dernière publication de l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), sur 11 mois, les prix ont bien augmenté de 1.1% de juillet 2020 à juin 2021. Et en juin, les prix de l’alimentaire ont crû de 0,.1%, portés par les produits frais (+1.2%) et les boissons alcoolisées (+0.5%). Il faudra attendre les prochains relevés des équipes de l’institut pour savoir si la baisse des rotations a accentué ou non le phénomène sur les trois derniers mois.

Mon Pouleti : une polémique qui prend des ailes

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Le nouvel abattoir Mon Pouleti a-t-il raté sa dernière campagne de publicité ? Ou au contraire, a-t-il fait un coup de maître ? Les avis sur la question sont très partagés. Leur affiche montrant une poule habillée en salouva ne passe pas auprès de certains Mahorais qui crient au scandale alors que d’autres la prennent au second degré. De son côté, la marque réfute toutes les accusations et affirme avoir voulu faire une pub décalée.

Une poule, un salouva et la polémique est lancée. Les panneaux 4 par 3 de l’abattoir de volailles AVM Mon Pouleti visibles partout dans l’île font jaser. Depuis quelques jours, on peut voir dans la rue des affiches mettant en scène une poule habillée en salouva. La version masculine montre un coq vêtu d’un débardeur et d’un chicoyi, une tenue traditionnelle mahoraise pour les hommes. Mais étonnamment, le coq ne fait pas autant parler de lui.

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Entre indignation et incompréhension, certains Mahorais estiment que cette pub est « un manque de respect » envers la femme mahoraise. Et les critiques négatives fusent sur les réseaux sociaux. « C’est déshonorant et honteux » ; « L’image me dépasse » ; « Quel message veulent-ils faire passer ? », peut-on lire sur Facebook. D’autres appellent carrément au boycott. « N’acceptons pas ce genre de pub, boycottons-les tous » ; « N’achetez pas cette marque tant que cette pub n’aura pas été retirée ! » Les critiques vont encore plus loin, puisque certains y voient une forme de discrimination raciale. « Ces racistes ont affiché tout haut ce qu’ils pensent tout bas », lance un internaute mécontent.

Mais parmi les critiques, tout n’est pas négatif. Certains en revanche ne comprennent pas la polémique. « C’est seulement une caricature, je ne vois pas pourquoi vous en faites tout un plat » ; « Nous avons tous une façon différente d’interpréter une image » ; « Moi je vois un poulet en salouva, pas une boueni en salouva » ; « Au lieu de soutenir une enseigne locale qui d’autant plus nous propose du produit frais, on appelle au boycott », s’indignent d’autre part les fervents défenseurs de la marque. Quoi qu’il en soit, elle a réussi son coup puisque toute l’île parle d’elle.

Une publicité décalée

Depuis la polémique, l’abattoir Mon Pouleti n’a pas communiqué, mais contacté par nos soins, le directeur général se dit surpris par l’ampleur des réactions. « La campagne doit se lire avec la poule et le coq. On n’est pas en train de dénigrer la femme mahoraise pour laquelle on a beaucoup de respect. Parmi nos éleveurs il y a beaucoup de femmes », défend Guillaume Rubin le directeur général de AVM Mon Pouleti. Et si certains commentaires accusent la marque d’être raciste, l’entrepreneur rappelle que son président est mahorais et que la campagne de communication « a été réfléchie par les deux communautés, mzungu et mahoraise, ça a été validé par tout le monde ».

L’entreprise n’en est pas à son premier coup. Peu de temps avant, elle avait publié une illustration d’une poule drapée dans le salouva dit Zéna Mdéré. Les réactions ont immédiatement été vives sur les réseaux sociaux et la marque a aussitôt retiré l’image. « On a compris qu’associer cette grande dame était mal vu et ce n’était pas le but de notre campagne. On s’est trompés là-dessus et on a tout de suite changé cette image pour mettre un salouva normal », reconnaît Guillaume Rubin.

L’objectif n’est donc pas de heurter les Mahorais, mais plutôt de se démarquer des autres en proposant une « publicité décalée, quelque chose d’original », assure la direction. Et malgré les critiques négatives, elle assume complètement cette campagne publicitaire et ne songe pas à la retirer. Au contraire, l’entreprise est plutôt satisfaite des retombées. « Ça fait parler et c’est ce que l’on voulait. On est désolés que ça en choque quelques-uns, mais on est plutôt contents de la manière dont ça se passe », affirme le directeur général de AVM Mon pouleti. Buzz ou bad buzz : comme on dit, il n’y a pas de mauvaise publicité !

Intersyndicale des taxis de Mayotte : « le Département prend le travail des chauffeurs de taxis »

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Lassitude, incompréhension, colère… C’est dans cet état d’esprit que se trouvent les chauffeurs de taxis de Mayotte. Révoltés par un plan de transports interurbains lancé par le conseil départemental, les conducteurs demandent des explications. Le projet du Département est estimé à 100 millions d’euros et les chauffeurs de taxis redoutent leur mise à l’écart. Les syndicats des taxis se sont rassemblés ce jeudi matin pour crier leur désarroi, espérant être entendus par les élus. Abalkini Chanfi, correspondant de l’intersyndicale, nous explique les raisons de leur colère.

Flash Infos : Quel était l’objet de la réunion avec tous les syndicats de taxis ?

Abalkini Chanfi : La réunion fait suite à l’offre de marché du conseil départemental lancé en juillet dernier, s’agissant du projet de transports interurbains de Mayotte. Tous ceux qui veulent répondre d’ici le 20 septembre peuvent le faire, mais le problème c’est qu’il y a un seul lot à 100 millions d’euros sur dix ans. L’intersyndicale estime que personne à Mayotte n’est capable de répondre à ce marché, pas même ceux qui sont très bien fournis. Il faut être un très gros transporteur, comme la RATP, pour pouvoir y répondre.

FI : En quoi consiste ce plan de transports interurbains ?

A. C. : C’est un plan avec beaucoup d’incohérences car « interurbain » signifie que les bus transportent d’une ville à une autre et pas seulement à Mamoudzou. Or, nous n’avons pas de routes pour cela. Le Département veut rajouter au moins 50 bus, et avec la taille du marché, je pense qu’il y aura au moins 100 bus. Comment 100 bus peuvent rouler à Mayotte ? Nous n’avons pas les infrastructures nécessaires pour les accueillir. Et je vous le dis, si nous rajoutons ces bus à Mayotte en l’état actuel, nous tuerons les taxis ! Aujourd’hui, les chauffeurs de taxis ont du mal à vivre de leur travail parce qu’il y a de plus en plus de bouchons, tout est plus cher, ils ne survivront pas à ça… De plus, ils veulent une mise en service pour septembre 2022. Même si vous avez les capacités de répondre au marché, les délais pour faire venir des bus à Mayotte sont trop courts. En un an, ce n’est pas possible.

FI : Avez-vous entamé des discussions avec les élus du conseil départemental ?

A. C. : Il y a un mois, le président du Département avait promis qu’il allait suspendre le marché. Ce n’est toujours pas le cas à l’heure où nous nous parlons alors que l’appel d’offre se termine dans trois jours. Pour nous, c’est encore un discours « bla bla ». L’intersyndicale des taxis est extrêmement révoltée car la mission des transports publics est assurée par les taxis depuis une cinquantaine d’années et aujourd’hui, ils se sentent écartés. Il y a un an, le Département a décidé d’aider les chauffeurs à moderniser leurs véhicules à hauteur de 10.000 euros par artisan. Sauf qu’un an plus tard, ils lancent leur plan de transports interurbains. Comment peuvent-ils demander aux artisans d’investir dans des véhicules plus modernes et ensuite mettre en place des bus ? Le Département prend le travail des chauffeurs de taxis parce que si ces bus arrivent, nous n’aurons plus de place sur le marché. À Mayotte, il y a 600 licences : au moins 5.000 personnes vivent de cette économie.

FI : Selon vous, quelle serait la solution pour satisfaire tout le monde ?

A. C. : Nous souhaitons voir le président du Département et le 3ème vice-président en charge des transports pour discuter et voir de quelle manière les taxis peuvent s’intégrer dans ce marché. La collectivité doit pouvoir nous répondre sur les questions d’avenir de notre métier. Ce lundi 20 septembre, de 10h à 12h, nous allons faire un défilé pacifique avec nos voitures à Mamoudzou. Nous ne bloquerons pas la route, cela ne sert plus à rien. Nous allons faire une opération escargot en passant devant les principales institutions – la Cadema, la préfecture, le conseil départemental, les banques – pour faire réagir !

Naissance/mortalité à Mayotte : l’année 2020, une exception à la règle

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2020 se démarque par une baisse sensible des naissances. Un indicateur à prendre avec des pincettes puisque 2021 pourrait coïncider avec le franchissement de la barre symbolique des 10.000 nouveaux-nés dans le 101ème département. En parallèle, la surmortalité, liée à la pandémie de Covid-19 et à l’épidémie de dengue, explose sur ces deux dernières années. Décryptage avec Bertrand Aumand, le chef du service régional de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Plus grande maternité de France, Mayotte scrute toujours attentivement la publication des chiffres de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour connaître l’évolution des naissances d’une année à l’autre. Idem pour la mortalité. Quoi qu’on en dise, un lien de cause à effet existe bel et bien avec la pandémie de Covid-19 par rapport à ces deux indicateurs. Éléments de réponse.

9.180. C’est le nombre de naissances en 2020. Soit 580 bébés de moins par rapport à 2019 (-6%). Si ce chiffre est le plus faible depuis 2015 (9.000), le taux de fécondite, lui, reste élevé à Mayotte – 4.2 enfants par femme – en comparaison aux autres départements d’Outre-mer (3.6 en Guyane par exemple) et à la métropole (1.8). Ce recul général « concerne davantage » les femmes de l’Union des Comores : 6.300 naissances en 2020, contre 6.810 un an plus tôt (-8%). Toutefois, il faut noter que, comme depuis 2016, trois nouveaux-nés sur quatre proviennent d’une mère de nationalité étrangère (69% de comoriennes et 5% de malgaches).

56. C’est en pourcentage la part des bébés nés en 2020 qui ont au moins un parent français. C’est autant qu’en 2019 et en 2018 (55%), un peu inférieur qu’en 2016 et 2017 (58%) et surtout qu’en 2014 (72%). « Depuis 2015, nous sommes au moins à 40% de père et mère étrangère », rappelle par ailleurs le chef du service régional de l’Insee. Cette inversion notable se justifie notamment par l’explosion d’une immigration massive venue des îles voisines.

415. C’est le nombre d’enfants nés de mères mineures en 2020, contre 430 en 2019 et 470 en 2018. « Le côté positif est que nous avons une tendance à la baisse, cela représente – seulement – 4.5% des naissances sur l’année 2020 (2% à La Réunion, 4.8% en Guyane et 0.4% en métropole, ndlr) », insiste le représentant de l’Insee. Parmi ces mamans âgées de moins de 18 ans, 94% d’entre elles ont accouché dans une maternité.

236. C’est le nombre de mères domiciliées à Mayotte qui ont accouché hors du département (à La Réunion et en métropole). À l’inverse, en 2019, on en comptabilisait 300. Elles ont 32 ans en moyenne et sont de nationalité française pour 86% d’entre elles. Cette « baisse marquée » s’explique par les difficultés de déplacements en raison de la fermeture des frontières durant la crise sanitaire.

6.550. C’est le nombre de naissances au cours des sept premiers mois de 2021, soit 550 de plus que sur la même période de 2020 (+9.1%). « Il n’y a qu’en janvier que les chiffres sont inférieurs puisqu’ils ont été conçus en avril 2020, au début d’un confinement qui a pu décourager les couples de procréer et les inciter à reporter de plusieurs mois leurs projets de parentalité », relativise Bertrand Aumand. Cette tendance « très forte » pourrait bien faire franchir la barre symbolique des 10.000 bébés d’ici la fin de l’année.

970. C’est le nombre de personnes domiciliées à Mayotte qui sont décédées. Une hausse de 25% par rapport à 2019, contre 9% en métropole. Cette surmortalité, visible principalement entre février et mai ainsi qu’en décembre, touche davantage les 75 ans ou plus (+37%). « Le graphique sert à démontrer qu’en fonction du département d’Outre-mer, l’impact n’a pas été à la même période de l’année », souligne le chef du service régional de l’Insee, qui met cette explosion sur le compte du Covid-19 et de la dengue, sans toutefois faire la distinction. « L’agence régionale de santé a des informations sur la cause de mortalité que nous n’avons pas. Nous sommes uniquement destinataires des bulletins de décès. »

610. C’est le nombre de décès recensés de janvier à juin 2021. Une augmentation spectaculaire de l’ordre de 53% par rapport à la même période de 2019, qui frappe essentiellement les personnes âgées (+91% parmi les 75-84 ans au premier semestre, en lien avec la dernière vague épidémique), mais pas que (+65% parmi les 50-64 ans). Autre indicateur : les hommes sont plus touchés que les femmes (+134% contre +61%). « Nous avons une aggravation de la surmortalité en 2021 », conclut Bertrand Aumand.

Journées européennes du patrimoine : 40 événements à Mayotte pour une 38ème édition encore sous la menace Covid

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Pendant trois jours, la population aura l’occasion de découvrir les richesses du territoire à travers les nombreuses activités proposées par les collectivités et les associations. Seule contrainte : la présentation du passe sanitaire. Tour d’horizon avec Arnauld Martin, conseiller pour les musées et le patrimoine immatériel à la direction des affaires culturelles

Ateliers de maquillage, exposition artisanale, sortie découverte à l’îlot M’Bouzi ou encore balades contées aux cascades de Barakani… Pour la 38ème édition des Journées européennes du patrimoine, les richesses de l’île aux parfums seront une fois encore à l’honneur tout le week-end. Au total, plus de 40 événements figurent au programme, répartis sur quelque dix communes : Mamoudzou, Ouangani, Chirongui, Chiconi, M’Tsangamouji, Tsingoni, Pamandzi, Dzaoudzi, Acoua ou encore M’Tsamboro accueilleront ainsi les amateurs de culture locale. “Nous sommes presque au même niveau que l’année dernière, avec des villes qui ne participaient pas parfois depuis quelques années et qui sont revenues, comme M’Tsamboro”, se réjouit Arnauld Martin, le conseiller pour les musées et le patrimoine immatériel à la direction des affaires culturelles (DAC).

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En pleine période de crise sanitaire, cette nouvelle édition doit aussi signer un “retour à la vie normale” pour la culture, ou du moins “lui redonner une place dans un monde où elle a été un peu oubliée ces deux dernières années”, souligne le pilote des JEP à Mayotte. Covid-19 oblige, en plus de l’habituelle rengaine des gestes barrières, le passe sanitaire sera exigé pour tous les publics âgés de 18 ans et plus. Une contrainte qui risque de peser sur la fréquentation, sur un territoire où 30% de la population est vaccinée… “Habituellement, nous sommes à environ 9.000 visiteurs les bonnes années, là nous serons peut-être autour de 3.000. Même si nous pouvons toujours espérer plus !” sourit-il. Avant d’ajouter : “Nous ne sommes pas à la recherche du chiffre, l’idée reste de sensibiliser le public.

Patrimoine et environnement à l’honneur

Et surtout, tous les publics, à en croire le thème choisi pour cette 38ème édition : “Le Patrimoine pour tous”. “L’occasion de mettre en valeur la diversité de notre patrimoine, qu’il soit matériel ou immatériel, traditionnel ou plus inattendu”, abonde la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot dans son édito. Et à Mayotte, cela passera notamment par les propositions de nouveaux participants, “qui profitent de ces journées pour parler de leurs activités« , explique Arnaud Martin. L’association Yes We Cannette organisera ainsi un atelier maquillage avec des matériaux naturels et de création d’objets artisanaux à partir de déchets recyclés. “C’est cohérent avec la notion de patrimoine, car en milieu insulaire, avant l’arrivée de la société de consommation de masse, les matériaux étaient réutilisés, détournés pour un autre usage. Cela fait partie de l’héritage, donc c’est une initiative intéressante, qui fait le lien entre problématiques patrimoniales et environnementales”, analyse le conseiller de la DAC.

La danse plutôt que les pierres

Autre initiative notable : une journée consacrée aux musiques et danses traditionnelles samedi et organisée par Talmalandi, une association de Miréréni, qui présentera pour l’occasion l’aboutissement de son travail avec les enfants du quartier. “C’est une action à signaler car le contexte dans le coin n’invite pas forcément à l’optimisme, et malgré tout, il y a des associations, qui plus est avec des jeunes, qui essaient de donner un peu d’espoir et une autre vision du territoire”, salue Arnauld Martin, en référence aux heurts qui émaillent les relations entre les deux villages de la commune de Tsingoni depuis plus d’une semaine.

Une journée pour les scolaires

Enfin, grâce à “Levez les yeux”, un dispositif commun entre les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale, les scolaires pourront eux aussi profiter de ces journées du patrimoine, et ce, dès vendredi. Parmi les ateliers au programme : un jeu de piste à Barakani, la découverte des bangas à Tsimkoura, et même la visite d’un chantier de fouille archéologique, celle-ci exclusivement réservée aux élèves… De quoi élargir la cible des visiteurs et remplir l’objectif affiché par le thème de cette édition. Une initiative qui prend de plus “un sens particulier à Mayotte ”, soulève le conservateur du patrimoine. “Pour les scolaires, c’est une occasion de découvrir vraiment une partie de leurs racines et de prendre conscience de la richesse de leur héritage culturel.” Sortez vos agendas !

Pour découvrir le programme complet et s’inscrire aux événements, connectez-vous sur https://openagenda.com/jep-2021-mayotte.

Colocs ! : “Passer du tabou à libération de la parole en 13 minutes, c’est assez dingue”

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Diffusée depuis le 6 septembre sur Mayotte La 1ère, la série Colocs ! alimente des débats parfois houleux sur les réseaux sociaux, après seulement deux épisodes. En début de parcours, la réalisatrice Jacqueline Djoumoi-Guez analyse pour Flash Infos ces réactions à fleur de peau.

Flash Infos : Deux semaines après le lancement de la série Colocs, quelles sont vos premières impressions sur l’accueil des spectateurs ?

Jacqueline Djoumoi-Guez : Quand je l’ai écrite sur papier et proposée à France Télévisions, on brossait le tableau depuis Paris sans peser à quel point cela pouvait être très clivant. Pour autant, les réactions sont attendues. Déjà, dans les commentaires, 90% sont des hommes, qui réagissent de manière très virulente. On se dit qu’on a peut-être touché quelque chose de pas totalement faux… Je ne les ai jamais vus s’exciter à ce point pour une série brésilienne ou américaine ! C’est quand même étrange de voir à quel point on est capable d’accepter ce qui vient d’ailleurs et très peu ce qui vient de l’intérieur. Surtout quand cela parle de nous, à une époque où la jeunesse a un besoin criant de représentation, pour avoir des modèles de référence et une pensée différente sur laquelle se construire et grandir. Ces critiques arrivent par milliers sur les réseaux sociaux, sur Facebook, sur Twitter… Sur Twitter, ils ont fait des spaces, des espaces de conversation pour discuter de la série. Le lendemain du premier épisode, ils étaient 300 personnes ! C’est un événement qui n’a jamais eu lieu à Mayotte. Dimanche dernier, un autre space a réuni la communauté comorienne cette fois, qui vit les mêmes problématiques que la jeunesse mahoraise. Et maintenant, rendez-vous est pris toutes les semaines pour aller débattre après chaque diffusion…

FI : Avez-vous participé à ces échanges ? Quelles critiques ressortent le plus souvent, ou vous ont le plus marquée ?

J. D.-G. : Oui, le premier space, je me suis connectée à partir de la troisième heure, car quelqu’un m’avait avertie. Je me suis proposée de répondre à leurs questions. Il y a eu des réactions, notamment sur le rôle de la femme voilée. On l’a taxée de trop caricaturale, car elle défend la tradition, elle veut faire son manzaraka, du coup elle serait dans une forme d’obscurantisme. Je leur ai dit d’y regarder à deux fois. Ce personnage est sûrement celui avec la plus grande ouverture d’esprit : elle ne remet pas en question sa foi, elle est en paix avec cette question personnelle. Donc, elle fait sa prière, mais elle sort avec ses copines, qui sont toutes différentes. L’une porte une des mini-jupes, mais elle ne la juge pas. Elle veut faire son manzaraka, comme une autre voudrait le mariage romantique, robe blanche, Versailles ! Elle n’est pas caricaturale, au contraire.

Dans le collimateur des commentateurs, il y a aussi le personnage principal, Raïssa. Ils m’accusent d’avoir mis dans la bouche de ce personnage des paroles très dures vis-à-vis de sa mère, alors qu’en réalité, ce n’est pas à elle qu’elle parle : ce sont ses pensées, d’où le cadrage et la colorimétrie, qui changent pour montrer ses frustrations intérieures. Pour moi, ce personnage, un peu schizophrène, qui donne le change face à la société, à ce qu’attend sa famille, c’est l’archétype de la femme mahoraise d’aujourd’hui. Celle qui essaie de conjuguer la liberté acquise en métropole et la fille qu’on attend, qui fait ce qu’on lui dit et ne crée pas de problème.

FI : Sur les réseaux sociaux, une partie des spectateurs ont aussi le sentiment que la série bafoue la culture et les valeurs mahoraises…

J. D.-G. : Dans les milliers de commentaires, on m’a reproché de participer à ce que la jeunesse mahoraise se dévergonde. C’est une critique que je prends très mal, car elle insulte ma cible, mon public, essentiellement féminin, en induisant qu’elles ne sont pas capables de penser par elles-mêmes et de prendre de la distance par rapport aux images qu’elles voient. C’est une façon de continuer à infantiliser la femme, de continuer à juger que les jeunes femmes doivent être sous la protection et l’accompagnement d’un tuteur. Et ce que je réponds à cela, c’est aussi que les gens n’ont pas attendu Colocs ! pour faire ce qu’ils avaient à faire. Là, dehors, il y a tout un monde que les gens ici n’ont pas envie de voir… L’autre critique qui me chamboule, c’est de dire : si on permet aux femmes de quitter le foyer familial, elles vont tomber enceintes. Je n’ai jamais vu d’appartement mettre une femme enceinte… Encore une fois, on omet 50% du problème ! Ceux qui formulent cette idée ne se rendent pas compte qu’ils oublient de s’intégrer à l’équation : on fait encore peser la responsabilité sur la fille, alors que le garçon n’a rien fait, ce n’est pas de sa faute. Enfin, le dernier sujet qui m’embête, c’est de résumer la liberté de la femme mahoraise à porter des mini-jupes et aller en boîte. Non ! Le problème est bien plus profond que ça, il s’agit d’égalité, de place de la femme dans la société mahoraise. Une société qui se prétend matriarcale, alors que nous savons très bien que c’est une légende urbaine.

FI : Malgré ces critiques qui fusent de toutes parts, vous avez aussi reçu beaucoup de compliments ! Quels impacts positifs retenez-vous de la diffusion de cette série ?

J. D.-G. : C’est sûr ! Pour la première fois sur ce territoire, on a une série intelligente et intellectuelle qui aborde des thématiques de société compliquées, et dans laquelle toute une génération se reconnaît. Tous les jours depuis le 3 septembre, je reçois des dizaines de messages, partout où je mets les pieds, des gens m’arrêtent, me remercient, m’embrassent… Ils se sentent représentés, pour la première fois. Cette jeune génération, quand elle revient à Mayotte, se sent très isolée, elle a le sentiment que c’est elle le problème, alors que c’est au moule de changer. Résultat, même entres jeunes, ils n’en parlent pas ! Le tabou reste. Il y a quelques jours au marché, une fille m’a arrêtée en pleurant, en m’expliquant qu’elle était en dépression depuis trois ans car sa mère la faisait se sentir responsable. Elle m’a dit “quand j’ai vu votre série, j’ai compris que tout ça, c’était du flan !”. C’est juste la façon de faire de l’ancienne génération, qui passe par du chantage affectif car elle n’a pas appris d’autre modèle. Les gens sur les réseaux sociaux ont beau nier l’existence de la jeune génération, elle est là, elle occupe des postes à responsabilité, donc il faudra bien composer avec. Soit on essaie d’avoir un dialogue au sein des familles, au sein des fratries, pour vivre des relations sincères, soit on continue à ce jeu-là… Mais la jeune génération gagnera, c’est mathématique.

FI : Vous aviez salué lors de l’avant-première le courage de vos quatre actrices, qui se mettaient au devant de la scène sur un sujet aussi clivant et sensible. Après ces deux premiers épisodes, comment les actrices vivent leur quotidien, est-ce, en effet, difficile.

J. D.-G. : On les arrête pas mal dans la rue, pour leur parler de leur personnage. Mais cela reste relativement calme. Après, nous n’en sommes qu’au deuxième épisode ! Il y en a 14 ! Et je peux vous assurer qu’il y a matière à débat. Le pilote n’est pas celui qui invite le plus à la polémique, d’ailleurs. Donc j’invite les gens à se tenir prêts à débattre intelligemment, argument contre argument. L’idée c’est ça : pouvoir débattre. Chaque épisode ne dure que 13 minutes, et les discussions s’étalent sur des jours et des jours.

FI : Mission accomplie, alors.

J. D.-G. : Ce qui est extraordinaire, c’est qu’on est passé d’un sujet dont on ne parle jamais à un sujet dont tout le monde parle. C’est un sacré tour de force ! Réussir à passer du tabou à libération de la parole en seulement 13 minutes, c’est assez dingue. Certes, le dialogue est encore virulent, il n’est pas encore qualitatif. Mais c’est la première fois qu’on parle, donc on n’a pas les mots. Au fur et à mesure, avec le temps et les générations à venir, on trouvera de meilleurs mots pour pouvoir dire les choses sans violence, sans colère. Et dans l’écoute !

1.2 million d’euros pour structurer le territoire et les clubs et relancer la pratique sportive

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Le domaine du sport n’a pas été épargné par les conséquences de la crise sanitaire. En France, 30% des licenciés n’ont pas renouvelé leur inscription, un réel manque à gagner pour les clubs et les associations sportives. C’est pour cette raison que le gouvernement, dans son plan de relance, a injecté 122 millions d’euros dans le secteur du sport. À Mayotte cela se caractérise particulièrement par la création d’emplois et la modernisation des équipements sportifs.

« C’est trop bon de faire du sport ! » Voici le slogan du plan de relance consacré au sport. Par ces quelques mots, le gouvernement veut mettre ou remettre le sport au centre des activités favorites des Français, et notamment des moins de 18 ans. Et pour cela il n’hésite pas à mettre la main à la poche, avec une enveloppe de 122 millions d’euros consacrés au plan de relance au niveau national. Le budget exact alloué à Mayotte s’élève à plus d’1.2 million euros. Les 300 clubs de l’île peuvent en bénéficier sous différentes formes en montant un dossier. Le « fonds territorial de solidarité » a déjà permis d’aider des associations en difficultés à hauteur de 247.000 euros.

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Le plan de relance du sport sur l’île aux parfums est géré par la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES), le rectorat et le comité régional olympique et sportif (CROS) de Mayotte. Il est évident que les priorités du territoire ne sont pas celles des autres régions de France. Le domaine du sport peine encore à se développer dans le 101ème département, alors ce coup de pouce est comme un renouveau pour les professionnels et les amateurs. Le dispositif prévoit toute une panoplie de mesures pour redynamiser la pratique sportive.

Création d’emplois

Beaucoup de clubs de l’île existent grâce à l’engagement des bénévoles. Or, pour développer le sport à Mayotte, il faut plus de moyens humains et des éducateurs rémunérés. C’est en ce sens qu’une partie du budget du plan de relance est destiné à favoriser l’emploi dans le sport. « Il ne s’agit pas uniquement de créer des emplois, mais c’est aussi s’assurer que nous aurons des formateurs bien formés », précise Gilles Halbout, le recteur de Mayotte. Pour la seule année 2021, 40 nouveaux emplois aidés ont été crées, un chiffre amené à augmenter dans un avenir proche. En collaboration avec la DRAJES, le CROS forme des jeunes dans les métiers du sport. « Nous avons une formation appelée BPJEPS, nous avons déjà toute une promotion, mais nous voulons augmenter la cadence car il y a de la demande », indique Mohamed Tostao Ahmada, vice-président du CROS chargé de la professionnalisation. 138.000 euros ont déjà été accordés et ont permis la formation des jeunes.

50 euros pour le Pass’Sport

Relancer l’activité physique et remettre sur les rails la vie des clubs, ce sont les deux objectifs aussi du Pass’Sport. Depuis la fin du mois de juillet, certaines familles reçoivent un chèque d’une valeur de 50 euros par enfant afin de les inciter à inscrire leur progéniture dans les clubs sportifs. Les familles éligibles sont celles bénéficiant de l’allocation scolaire, vivant dans les quartiers prioritaires, ou celles recevant l’allocation pour enfant handicapé. Seuls les jeunes âgés de 6 à 17 ans révolus peuvent en bénéficier, cela représente 25.000 jeunes mahorais. Le Pass’Sport est également un coup de pouce pour les clubs. À Mayotte, beaucoup ne font pas payer l’entrée, alors ce dispositif est « un peu comme une compensation ». « Le club peut utiliser l’argent pour acheter des équipements et mieux se structurer », explique Madeleine Delaperrière, la directrice de la DRAJES. Il est encore trop tôt pour connaître l’impact de ces chèques sur la santé financière des clubs sportifs, mais le vice-président du CROS, Mohamed Tostao Ahmada se montre d’ores et déjà serein. « Il y aura un impact ! Beaucoup de parents viennent déjà s’informer pour inscrire leurs enfants. »

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La natation, une priorité

Avec une ministre des sports, nageuse et championne olympique, la natation ne pouvait être en reste. « Le savoir nager est une priorité gouvernementale. C’est propre aux écoles et notre objectif est que tous les élèves aient une initiation à la natation cette année », annonce Gilles Halbout. Mais comment y parvenir si les piscines publiques se comptent sur les doigts d’une main sur l’île ? Face à ce manque, le recteur rappelle la construction par le conseil départemental d’un bassin olympique sur Kawéni. À cela, s’ajouteront 12 bases nautiques dans les différentes communes de Mayotte. « Il n’y aura pas de piscine, mais il s’agit de petites constructions avec des points d’eau qui permettront de déployer des activités nautiques sur le lagon », poursuit le responsable de l’académie. Des bases nautiques financées par l’Éducation nationale via des « crédits d’investissement ». Les noyades étant fréquentes à Mayotte, au même titre qu’ailleurs en France, les sports nautiques et particulièrement la natation, sont plus qu’une nécessité pour les enfants, mais également les adultes.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes