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“1 repas pour chaque enfant” : Proman offre un chèque de 10.000 euros au Village d’Eva pour distribuer 42.000 repas

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L’entreprise spécialisée dans l’intérim et présente à Mayotte depuis 2018 a choisi de s’engager aux côtés de l’association humanitaire, Le Village d’Eva, pour fournir une aide alimentaire aux quelque 350 enfants en grande précarité qu’elle accompagne dans quatre communes de l’île.

Ils ont dit qu’ils venaient pour les samossas !”, lance la directrice du Village d’Eva Anne Le Guern, avec un sourire attendri pour ses protégés, réunis dans le petit local de l’association, à Pamandzi. Et c’est presque ça ! Ce mercredi, les enfants accompagnés par l’association humanitaire accueillaient un visiteur spécial, en la personne de Roland Gomez, le directeur général de Proman. Fraîchement arrivé à Mayotte le même jour, le pro de l’intérim dont l’entreprise familiale occupe la quatrième place du podium européen sur le marché du travail temporaire, a pris le temps de faire un crochet par l’association pour son premier séjour sur l’île aux parfums.

1-repas-enfant-proman-offre-cheque-10000-euros-village-eva-distribuer-42000-repasLa raison ? Un chèque de 10.000 euros gracieusement offert par la toute jeune Fondation Proman, dans le cadre de l’opération “1 repas pour chaque enfant”. En tout, ce sont 42.000 repas équilibrés (déjeuner et goûter/collation) préparés à partir de produits frais qui vont être distribués gratuitement tous les jours à 350 enfants en situation de grande précarité. Les heureux bénéficiaires de cette initiative solidaire vivent à Pamandzi, M’Tsapéré, Combani et Koungou, quatre villes dans lesquelles l’association Le Village d’Eva, qui vient en aide aux enfants et aux familles en situation de vulnérabilité ou de précarité, et plaide pour l’accès de tous les enfants à l’école, l’apprentissage des savoirs fondamentaux et l’éducation à la santé, s’est implantée progressivement.

“Rendre une partie de cette réussite”

Créée en juillet 2021, la Fondation Proman œuvre en faveur de la jeunesse vulnérable et de la préservation de l’environnement. “Nous trouvons du travail à des personnes qui en ont besoin. Nous avons eu la chance de réussir et nous pensons que c’est important de rendre une partie de cette réussite à ceux qui en ont le plus besoin”, explique Roland Gomez. “Nous avons ramené des sacs de vêtements pour les enfants en plus de ce financement avec la Fondation. Car nous pensons qu’une entreprise a un rôle à jouer qui n’est pas qu’économique, qui est aussi social”, poursuit le chef d’entreprise, dans l’atmosphère intimiste de la courette de l’association.

“Les invendus sont jetés”

D’après nos calculs, cela représente un semestre d’alimentation, c’est la moitié de notre budget annuel en nourriture, c’est énorme !”, renchérit avec sollicitude Anne Le Guern. Une action d’autant plus utile que sa structure peine en temps normal à obtenir les financements pour subvenir aux besoins essentiels des enfants en grande précarité. “Nous avons cette particularité à Mayotte, c’est qu’il n’y a pas les Restos du Coeur. Les invendus sont jetés”, déplore-t-elle. “J’ai une action nutrition, donc j’ai déjà demandé à l’ARS de l’aide pour financer ces collations. Mais on m’a répondu que cela s’apparentait à de la cantine et que ce n’était pas possible. J’ai quelques partenaires, mais les acteurs publics ne font pas l’alimentation”, développe-t-elle.

Grâce à ce partenariat avec Proman, l’association espère bien inspirer d’autres acteurs privés à prendre part à cette initiative. Une opération séduction qui sera peut-être facilitée par l’inauguration de la nouvelle agence Proman à Petite-Terre, le 10 novembre prochain, pour laquelle Le Village d’Eva a aussi reçu une invitation.

Accident mortel au port de Longoni : MCG et deux autres prévenus condamnés pour travail dissimulé

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Un chauffeur de poids lourd qui avait fait un malaise était tombé à bord de son camion dans la mer, en 2017. Quatre prévenus devaient comparaître devant le tribunal, dont l’entreprise délégataire du port présidée par Ida Nel. Ils étaient poursuivis non pas pour des faits d’homicide involontaire, mais pour travail dissimulé.

Bah oui, c’est un peu magnégné tout ça, Madame !” L’expression pourrait faire sourire si les faits n’étaient pas aussi graves. En 2017, un chauffeur de poids-lourd qui transporte un container au port de Longoni fait un malaise derrière le volant, et perd le contrôle du véhicule, qui finit dans le lagon. Les secours n’arrivent pas assez vite pour empêcher le décès de la victime par noyade… Une mort accidentelle, donc. Le problème, que les enquêteurs dépêchés sur place ne tarderont pas à découvrir : le chauffeur n’était pas vraiment employé dans les règles.

En contrat chez l’un, embauché le jour même chez un tiers, qui lui-même rendait service à son frère, mais éditait ses factures directement au port… Bref, une belle pagaille qui illustre les pratiques négligentes, voire parfois irrégulières au port de Longoni. Et un fastidieux dossier qui a donc abouti à la comparution ce mercredi 27 octobre de quatre prévenus, dont trois sociétés opérant au port : la SARL Routiers Transporteurs de Mayotte (RTM), la société Transporteurs Aziz et fils et la SAS Mayotte Channel Gateway, entreprise délégataire du port dont la présidente n’est autre qu’Ida Nel. On leur reproche des faits de travail dissimulé. L’audience du jour visait à comprendre les implications des uns et des autres.

Pas de visite médicale depuis 2012

Officiellement, la victime possédait bien un contrat de travail, à durée déterminée de neuf mois, chez l’une de ces trois sociétés, RTM. En poste depuis six mois en tant que chauffeur poids lourd, Monsieur B. a déjà fait quelques malaises par le passé. Auditionné par la direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi le 26 juillet 2017, soit quelques jours après le décès de son salarié, l’employeur explique lui avoir proposé un avenant à son contrat, pour le faire passer à un poste de manutentionnaire, moins dangereux. Il soupçonne de l’épilepsie. Mais le principal intéressé refuse de signer. Pour autant, le dossier ne fait état d’aucune visite médicale auprès de la médecine du travail, en ce qui concerne RTM. Par le passé, le chauffeur de camion a toutefois déjà été jugé inapte, ce qui avait d’ailleurs entraîné son licenciement de la société Colas. Sa dernière fiche d’aptitude remonte à 2012. C’est ce qui vaudra à RTM d’être poursuivie pour exécution d’un travail dissimulé et embauche d’un salarié sans déclaration préalable conforme au service de santé au travail.

L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais il y a un hic. Le camion que conduit la victime le jour du drame, appartient en réalité à un tiers, Monsieur F. Lui travaille souvent au port, mais ne dispose pas d’une immatriculation au registre du commerce et des sociétés. Et ce jour-là, c’est en réalité son frère, qui gère pour sa part la société Aziz et fils, qui lui a proposé de récupérer une partie du boulot. Un arrangement à l’amiable auquel les deux auraient régulièrement recours quand le besoin de bras se fait sentir… mais qui pourrait aussi s’apparenter à de la sous-traitance !

Partie de ping-pong entre les prévenus

Comme si cela ne suffisait pas, MCG avait bien payé des factures, directement à Monsieur F, sans lui demander un extrait de Kbis ou une attestation de la sécurité sociale. Son intervention aurait concerné pas moins de 26 bateaux sur les cinq derniers mois ! “C’est la fille d’Aziz qui gère ces choses pour eux… Mon service n’a peut-être pas été assez vigilant”, explique Ida Nel.

Difficile de démêler les responsabilités des uns et des autres, tant chacun s’évertue à noyer le poisson, ou à se renvoyer la balle. Au point d’exaspérer quelques robes noires. “Ce n’est pas vous Madame Nel, c’est votre société MCG qui est poursuivie. Et en France, tous les employeurs sont censés respecter les règles”, grince l’un des assesseurs. “C’est un débat fastidieux dans ce que je considère comme être de la résistance de la part des prévenus, à des questions simples”, souligne quant à lui le ministère public. Lequel a requis entre 1.500 et 10.000 euros d’amende, et même six mois d’emprisonnement avec sursis pour Monsieur F. Des réquisitions âprement contestées par les avocats présents, l’un plaidant notamment l’absence de sous-traitance entre la société Aziz et fils et Monsieur F., l’autre la méconnaissance par MCG du travail dissimulé. Seul le premier sera parvenu à obtenir la relaxe pour son client. Les autres prévenus écopent d’amendes allant de 1.500 euros pour MCG, à 4.000 euros, dont 2.800 avec sursis, pour Monsieur F., et 2.000 euros pour la RTM.

38 jeunes volontaires stagiaires du RSMA hissent les couleurs de la République

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Mercredi 27 octobre, sur la place de la police municipale à Dembéni avait lieu la présentation au drapeau des volontaires stagiaires du régiment du service militaire adapté de Mayotte (RSMA). Au total, 38 jeunes recrues du contingent d’octobre 2021 ayant terminé avec succès leur formation militaire initiale ont été présentés au drapeau du régiment.

Garde à vous !” Fait pour le moins inhabituel ce mercredi matin, les treillis kaki et les bérets bleu marines envahissent le parvis de la police municipale de Dembéni. Le calme, l’ordre et la discipline sont de mises… Loin de l’agitation de la route voisine, les militaires restent impassibles. À l’ordre du jour ? La présentation au drapeau de 38 volontaires stagiaires du contingent d’octobre 2021. Après un mois de vie militaire destiné à leur inculquer “les rudiments du savoir-être, la valeur du travail d’équipe et le goût de l’effort”, les jeunes recrues rejoignent officiellement leur cursus de formation professionnelle au sein du régiment du service militaire adapté de Mayotte pour une durée compris entre six et dix mois.

Le RSMA porte ouverte sur l’avenir

Au milieu des rangs serrés, le major de la promotion K. Said Ali, droit comme un i dans ses bottes militaires, revient sur ses premiers pas dans l’armée française. “Je me sens différent depuis que j’ai commencé cette formation. J’aime ce métier, je m’y sens bien. J’apprécie le partage et le vivre ensemble. Dès à présent, je vais me spécialiser dans une formation de technicien au sein du RSMA. Je suis heureux d’avoir acquis ces bases militaires”, assure le Mahorais de 23 ans. Une joie partagée par le maire de Dembéni, Moudjibou Saïdi, très enthousiaste d’accueillir cette cérémonie au sein de la ville universitaire de l’île aux parfums. L’élu rappelle également son soutien pour le travail et l’engagement quotidien du RSMA pour la jeunesse mahoraise et les efforts des jeunes recrues. « Saisissez cette chance ! C’est une opportunité pour construire votre avenir”, s’exclame l’édile.

Une institution en pleine expansion

Depuis 1988, le RSMA accueille des jeunes volontaires stagiaires. L’organisme d’insertion socio-professionnelle a offert au cours de l’année 600 places au sein de ses 19 filières de formations. Un chiffre qui devrait s’accroître. En raison de la forte demande, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a décidé la création d’une compagnie supplémentaire en 2022, montant à 670 le nombre de places sur l’année à venir. “83% des jeunes sortis du RSMA en 2020 ont trouvé un emploi ou repris leurs études. Notre établissement recrute, forme et insère les jeunes mahorais qui lui ont fait confiance”, affirme le lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois, le chef de corps du RSMA à Mayotte. Très fier par la même occasion de décorer quatre autres volontaires du régiment, engagés entre 2017 et 2020, de la médaille de la défense nationale attribuée au nom de la ministre des Armées.

Une présentation officielle également très émouvante pour les familles des jeunes volontaires stagiaires rassemblés à Dembéni. Car oui, cette cérémonie marque la pleine entrée des recrues dans leur cycle de formation au RSMA. Mais aussi le début d’une nouvelle aventure !

Philippe Ramon : nouveau DGS de la mairie de Mamoudzou, nouvelles méthodes, nouvelles ambitions

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Depuis ce lundi 25 octobre, la mairie de Mamoudzou tient son nouveau directeur général des services en la personne de Philippe Ramon. Doté d’une solide expérience dans la fonction publique, il devrait apporter un souffle nouveau auprès des équipes en place et une méthode de travail différente. Missions principales, ressources humaines, politiques publiques, il raconte.

Flash Infos : Votre parcours professionnel est long comme le bras : officier dans l’armée de l’air, sous-préfet, conseiller pour l’aménagement du territoire au cabinet de Bruno Le Maire, directeur général des services au sein de l’agglomération de Béziers, DRH du département des Bouches-du-Rhône, directeur de projet pour la revitalisation du département de la Creuse… Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre la commune de Mamoudzou ?

Philippe Ramon : J’ai candidaté sur divers postes, et en particulier sur celui de Mamoudzou. C’était un poste avec un enjeu fort, avec une population en pleine explosion démographique, le contraire de la Creuse qui perdait des habitants. Ici, nous en gagnons de façon exponentielle tous les ans. Derrière, il faut que les services suivent, mais ce n’est pas évident. La départementalisation en 2011 nous a fait passer dans un registre très normé. Il faut accompagner cette normalisation du département qui est une gageure. J’ai été séduit par le projet extrêmement ambitieux et structuré de la nouvelle équipe municipale, qui formalise l’objectif très stratégique. La ligne et l’ambition sont clairement affichées. Après, il faut arriver à le mettre en œuvre, ce qui n’est pas simple, avec une équipe qui est toujours en train de courir après de nouveaux effectifs.

FI : Quel type de DGS êtes-vous ?

P. R. : Je suis vraiment dans le registre de celui qui favorise l’expérimentation. Il y a un permis de se tromper ! Je n’ai aucun état d’âme là-dessus. Par contre, je suis très attentif à l’implication coordonnée et transversale des équipes. Je suis très souple sur la forme, mais très exigeant sur le fond ! Le poste de directeur général des services exige du management. Il faut structurer la boutique, l’organiser, la contrôler et nous assurer que tous les services soient portés par les objectifs du maire. Tout le monde à la mairie de Mamoudzou doit être intéressé par tous les sujets. Personne ne doit considérer que cela ne le concerne pas.

FI : S’il fallait résumer, quelles sont vos deux ou trois missions principales ?

P. R. : Tel que je conçois mon boulot, je dirais qu’il y a trois types de mission. La première est d’avoir de la stratégie, de la coordination, de la transversalité : il faut travailler sur la mise en cohérence entre ce que fait le service de l’état civil et celui du nettoyage ou de l’attractivité… Toutes les équipes travaillent de concert pour que Mamoudzou sorte gagnante dans une période qui n’est pas simple… Le deuxième sujet est probablement la gestion de crise. Tous les jours, il y a un problème. Et le DGS se charge d’éteindre ces incendies quotidiens. Le troisième volet est l’écoute et la connaissance des gens et du terrain. Je vais vraisemblablement consacrer un tiers de mon temps à me déplacer pour ressentir les besoins de la population, des partenaires et de nos agents dans le but de m’assurer qu’il y ait bien une relation entre l’ambition stratégique et la réalité du quotidien !

FI : De part votre expérience dans les ressources humaines, quelle nouvelle dynamique allez-vous impulser auprès de vos services pour qu’ils réussissent à suivre l’explosion démographique à laquelle ils sont confrontés ?

P. R. : J’ai tout d’abord trouvé une équipe motivée et compétente, même si elle peut être insuffisamment étoffée sur certains aspects. Comme toujours, il y a un peu de tiraillement entre certains services. Encore une fois, la clé repose sur la transversalité et la méthode de coordination de l’action.
Le télétravail peut être à titre d’exemple une bonne solution pour améliorer la productivité de certains agents, qui sont sur les routes dès 4h du matin, qui arrivent fatigués et repartent épuisés… C’est un retour d’expérience relativement positif du Covid. Bien sûr, il faut maintenir une dynamique d’équipe, mais il est possible de l’envisager de temps en temps si cela permet d’être plus efficace et d’obtenir de meilleurs résultats.

FI : Mamoudzou concentre le poumon économique de l’île et se trouve en perpétuelle transformation. Toutefois, elle accumule également un retard structurant dans de nombreux secteurs tels que le transport, la gestion des déchets, le scolaire… Indépendamment de l’ambition politique, comment faire pour que la stratégie de la municipalité se ressente dans le quotidien des habitants ?

P. R. : C’est difficile ! En permanence, il faut jongler entre les projets du quotidien qui doivent avancer et être résolus, même s’ils sont parfois secondaires, et ceux du moyen et du long terme, qui demandent beaucoup d’énergie. Il faut réussir à avancer sur ces deux aspects de façon cohérente !
Pas plus tard qu’hier [mardi 26 octobre], nous parlions du front de mer de Mamoudzou, un projet extrêmement ambitieux qui sera la vitrine de Mayotte. C’est formidable et absolument nécessaire si nous voulons développer le tourisme ou autres, mais il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas demain que nous verrons le remblai se combler. C’est un travail qui demande énormément de réflexion et d’analyses. Alors oui, il faut bûcher sur ces sujets dits de long terme, sans omettre de plancher sur des actions quotidiennes, telles que la structuration des vendeurs de rue. Idem pour les transports : il faut trouver des solutions palliatives rapidement, avant la fin du mandat, pour éviter cet engorgement et améliorer la circulation.

FI : Depuis votre arrivée sur le territoire, qu’est-ce qui vous a le plus marqué à la mairie de Mamoudzou ?

P. R. : J’ai déjà constaté que nos recettes fiscales étaient trop faibles ! Dès la semaine prochaine, j’aurai une vision globale de toutes nos recettes, pour savoir si tout est bien optimisé… Sans augmenter les taux, il apparaît envisageable d’avoir des ressources significativement supérieures. Et c’est nécessaire car aujourd’hui, les équipes n’arrivent pas à suivre tellement les demandes du maire et des usagers sont importantes. Sauf que pour recruter des agents, il faut être en mesure de les rémunérer.
Les dotations de l’État sont peut-être un peu inadaptées par rapport aux besoins, mais le ministère des Outre-mer est informé et sensible à cet enjeu. De l’argent disponible, il y en a ! Encore faut-il savoir mobiliser des fonds d’investissement…

FI : Parmi tous les projets portés par l’équipe municipale en place, lequel vous parle tout particulièrement ?

P. R. : Le numérique est l’un des sujets qui me plaît dans le projet du maire. À la différence des autres collectivités en métropole qui sont passées par différents stades, nous pouvons franchir le pas d’un seul coup et devenir une smart city. Ce sera alors très intéressant pour les questions de sécurité, de transport, d’optimisation des moyens. C’est peut-être un aspect sur lequel les Mahorais n’ont pas encore saisi totalement l’enjeu, et pourtant il s’agit d’une clé face aux problématiques exposées à Mayotte.

Centre hospitalier de Mayotte : Deux personnels de la direction des ressources humaines visés par des tags nazis

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Ce mardi matin, deux personnels de la direction des ressources humaines du centre hospitalier de Mayotte ont été visés par des tags nazis dans deux ascenseurs de l’établissement. Une découverte lugubre qui a fait bondir les principaux intéressés ainsi que le directeur par intérim, Christophe Blanchard. Des plaintes ont été déposées au commissariat de Mamoudzou dans l’espoir de retrouver le ou les individus à l’origine de ces actes ignobles.

« J’ai l’impression d’avoir été humilié publiquement. » À l’autre bout du fil, Matthieu Guyot, le directeur des ressources humaines et de la formation se dit encore sous le choc après la découverte ce mardi vers 7h de son nom assimilé à une croix gammée dans l’un des ascenseurs du centre hospitalier de Mayotte. « C’est inacceptable ! », rebondit Christophe Blanchard, le directeur par intérim, particulièrement remonté face à l’absurdité de ces « guignols pas très instruits ». D’autant plus qu’un second tag du même type vise en parallèle un autre collègue, Steve Gardavoir, en charge du développement des ressources humaines au sein de l’établissement.

centre-hospitalier-mayotte-deux-personnels-direction-ressources-humaines-vises-tags-nazisUn incident qui s’ajoute à ceux vécus ces derniers mois par Matthieu Guyot, qui évoque des tracts diffamatoires, des séquestrations, des insultes et des menaces, sur son profil Twitter. « J’ai souhaité le diffuser pour mettre un coup de projecteur sur ces attaques répétées à l’encontre de tous les membres du système hospitalier, et pas seulement à Mayotte. Beaucoup d’entre nous se font agresser, physiquement et verbalement, à l’image du directeur des hôpitaux de Marseille lors d’une manifestation devant son logement ! » À travers ce partage, l’homme de 29 ans souhaite surtout afficher sa solidarité et crier son ras-le-bol. « Le poste de DRH est le plus exposé car il touche au salaire et à la carrière des agents », souligne Christophe Blanchard, avant de « condamner fermement » ces actes répugnants, qui ont fait l’objet d’un dépôt de plainte dès l’après-midi au commissariat de Mamoudzou par les deux principaux concernés. « J’irai me présenter également pour faire de même au nom de l’hôpital. Nous n’allons pas laisser passer ça ! », prévient le directeur par intérim.

Un mouvement d’humeur ?

Pour l’heure, les rumeurs vont bon train sur le ou les individus à l’origine de ces insultes. « Nous n’avons pas encore d’idée arrêtée… Cela peut être un agent non reconduit, un anti-vax ou un syndicaliste. » Plusieurs hypothèses qui restent encore à approfondir par la section d’enquête de la police nationale en charge de l’affaire. « Honnêtement, je ne pense pas que ce soit l’œuvre d’une section syndicale, ce n’est trop le style de la maison de faire des choses aussi basses », tempère Matthieu Guyot, qui penche davantage sur « un mouvement d’humeur ». « Quelqu’un doit m’en vouloir pour une raison x ou y… »

centre-hospitalier-mayotte-deux-personnels-direction-ressources-humaines-vises-tags-nazisCet épisode vient compléter « une fin d’année compliquée » selon Christophe Blanchard, entre les différents droits de retrait (sage-femmes, direction des plans et des travaux, service des déchets…). « Le risque est de dégoûter ces jeunes qui souhaitent nous rejoindre alors que nous sommes déjà très peu attractifs », poursuit-il. Et de rappeler que le poste de DRH est resté vacant pendant deux longues années avant l’arrivée en mars 2020 de l’actuel directeur. « Si jamais il s’en va, ce serait le chaos ! » Mais qu’il se rassure, Matthieu Guyot ne compte pas rendre les armes de sitôt. « Ma motivation reste pleine et entière. Certes, ça ne fait pas plaisir, mais je ne vais tout arrêter à cause de quelques tags. Il faut tenir le cap, Mayotte en a besoin. Partir maintenant, ce serait nuire à l’établissement et au département… » Ses détracteurs sont prévenus !

Avec Maore Tour, Nadjmou Boina donne un coup de boost au tourisme à Mayotte

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Originaire de M’Tsapéré, ce diplômé en informatique en tant qu’expert sécurité a décidé de lancer une plateforme pour faciliter les réservations sur l’île au lagon. Un nouvel outil bien pratique pour les prestataires et la clientèle… et qui pourrait bien séduire au-delà de la barrière de corail.

Que fait-on samedi ? Sortie jet ski ? Safari dauphins ? Ou plutôt une visite de plantation, les pieds sur terre à Ouangani ? Avec Maore Tour, réserver une sortie est désormais un jeu d’enfant. Et l’évasion est “à portée de clic” à en croire le slogan de cette toute nouvelle plateforme, sortie officiellement l’été dernier.

À l’initiative de ce projet, il y a un entrepreneur, originaire de M’Tsapéré : Nadjmou Boina. Pour ce diplômé en informatique, développer un site Internet de réservation pour Mayotte est rapidement devenu une évidence. “J’ai eu l’occasion de voyager aux États-Unis pour un roadtrip et dans les Caraïbes, des expériences inédites ! Et à chaque fois, je pouvais faire des activités très facilement avec un outil numérique, à savoir mon téléphone”, retrace ce passionné de voyages. “À mon retour à Mayotte, je déplorais le manque de moyens pour réserver facilement des activités”, se souvient-il.

Comme beaucoup d’entre nous, le trentenaire s’y prend souvent au dernier moment pour appeler les prestataires. Et il faut en plus les joindre un à un au téléphone… sans toujours réussir à avoir quelqu’un au bout du fil ! “Comme mon métier, c’est l’informatique et que je suis un peu sportif, l’idée m’est venu de créer une plateforme pour rendre accessibles ces activités, sans perdre de temps”, développe cet amateur de Crossfit qui vit aujourd’hui entre Mayotte et La Réunion.

I Love Mayotte, ou le début de l’aventure

Mais avant de se lancer dans l’aventure, l’entrepreneur commence par créer une page sur Facebook, I Love Mayotte. “L’idée c’était de stimuler un peu le désir, de rendre attractif le projet, avec des images de Mayotte. De créer un média social en somme, pour parler en bien du territoire”, explique-t-il. Bingo ! Créée en 2016, la page totalise aujourd’hui près de 5.000 abonnés. Une base solide sur laquelle le geek va pouvoir faire une première étude de marché, et sonder ses followers pour identifier les besoins sur l’île au lagon.

Sans surprise, la plupart des amateurs de sortie tombent d’accord avec ses propres conclusions : les réservations par téléphone, sans outil centralisé, compliquent un peu le processus. “Ce sont donc ces problématiques que j’ai souhaité adresser avec Maore Tour”. Un périple qui aura duré plus de trois ans ! En 2017, il sort en effet une première version du site web, non publique, pour faire tester son outil à quelques prestataires triés sur le volet.

Le Covid-19 freine la sortie du projet

Manque de bol, la pandémie du Covid-19 passe par là… repoussant à plus tard la sortie officielle de la plateforme. “Le projet s’est mis en pause et a très mal démarré car le tourisme était à l’arrêt”, soupire-t-il. Mais l’informaticien chevronné ne baisse pas les bras pour autant, et en 2021, le projet est à nouveau sur les rails, pour un lancement officiel dès juillet.

Une dizaine de prestataires déjà sur le site

Aujourd’hui, la plateforme est fonctionnelle et recense une dizaine de prestataires, avec qui Maore Tour joue le rôle d’un apporteur d’affaires. En échange d’une petite commission, le site autorise la réservation et le paiement sécurisé, avec un peu de publicité en prime, via Facebook ou Google avec Adsense. Pour les clients, l’offre est alléchante, puisque les prix proposés sont légèrement inférieurs à ceux pratiqués en temps normal. “Cette baisse de prix est compensée pour les prestataires par la sécurisation du paiement et la protection contre les clients qui se désengagent à la dernière minute”, précise Nadjmou Boina. Sans acompte, il n’est en effet pas rare que les candidats ne se présentent pas à une sortie. Un vrai manque à gagner pour les prestataires. “Imaginez, une activité à 90 euros, si cinq personnes ne viennent pas, c’est 450 euros de perdu ! Sans compter les repas qu’il faut préparer à l’avance”, calcule le pro de la programmation.

Bien sûr, Nadjmou Boina n’entend pas s’arrêter là, et espère bien travailler avec davantage d’entreprises sur l’île, et élargir l’offre aux restaurants et aux logements. “L’idée c’est aussi de redynamiser le tourisme”, assure-t-il. Et ainsi attirer une clientèle variée, issue des autres coins de l’océan Indien, notamment de La Réunion, “des gens qui viennent beaucoup à Mayotte en vacances et qui consomment des activités sur l’île”. Et pourquoi pas du reste du monde ?

Voir le site Maoré Tour

Les études sur les araignées se tissent à Mayotte

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Pendant un mois, des chercheurs du musée royal d’Afrique Centrale de Tervuren en Belgique arpentent les paysages mahorais à la recherche de nouvelles espèces d’araignées. L’objectif ? Réaliser une mise à niveau de l’état des connaissances sur les arachnides à Mayotte, à la demande de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL).

Filet, tubes à essai et appareil photo à la main, la petite équipe est fin prête pour partir à la chasse aux araignées. Leur terrain de jeu du jour ? La mangrove de Miréréni ! À marée basse, les chercheurs espèrent observer une espèce de mygale qui n’a pour l’instant été aperçue que sur Petite-Terre, dans la zone des Badamiers. “Nous n’avons que très peu de données sur les araignées à Mayotte. L’objectif de notre mission est de prendre en photo des spécimens sur le terrain puis de les collecter afin de pouvoir les analyser en laboratoire et identifier les espèces”, déroule en bon professeur Didier Van den Spiegel, responsable des collections au musée royal d’Afrique Centrale de Tervuren.

Le spécialiste en taxonomie c’est-à-dire la science qui découvre, décrit et nomme des espèces, est accompagné de deux de ses collègues du musée, Arnaud Henrard, chercheur arachnologue et docteur en sciences biologiques, et Aurore Mathys, scientifique en charge de la numérisation des collections. Tous trois sillonnent l’île aux parfums depuis plusieurs semaines à la recherche de nouvelles données afin de réaliser avec la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement, un fascicule sur les araignées de Mayotte, vivant principalement dans les zones humides que sont les mangroves et les rivières.

Toutes les attirer dans sa toile

De jour comme de nuit, les scientifiques évoluent sur le terrain pour rassembler un maximum d’informations sur ces arthropodes. “Collecter, observer et permettre une identification précise, voilà le travail que nous réalisons ici”, détaille Arnaud Henrard. Ce passionné fouille sans relâche chaque centimètre carré de mangrove afin de trouver ses amies à huit pattes. “Grâce à cette mission, nous pourrons voir quelle est la richesse de l’île en matière d’araignées et déterminer s’il y a des espèces endémiques sur ce territoire.” Mais la tâche n’est pas aisée.

Pour capturer ces insectes, le docteur en sciences biologiques utilise différentes techniques. À l’aide d’un filet, d’une paille, d’un aspirateur ou encore en secouant les branches au-dessus d’un bac de récupération, tous les moyens sont bons pour dénicher les arachnides ! Avant de trôner fièrement dans des collections, les animaux seront d’abord observés, photographiés, attrapés, puis analysés sous toutes les coutures. “Aujourd’hui, avec la disparition des milieux naturels, si nous n’avons pas de collections dans des musées, les animaux qui peuplent ces milieux risquent de partir avec eux sans que nous ayons pu les identifier ou les observer”, explique Didier Van den Spiegel, avant d’ajouter que “le travail sur le terrain incite à préserver l’environnement et valorise la biodiversité. Si on montre que certaines espèces sont indicatrices d’un bon environnement, la population voudra davantage protéger ces écosystèmes fragiles”.

Les spécimens collectés à Mayotte serviront alors à alimenter les collections de l’université de Dembéni, du musée royal d’Afrique Centrale de Tervuren mais aussi du muséum national d’histoire naturelle de Paris, qui ne possède qu’un échantillon très restreint d’espèces venues du 101ème département français. Par ailleurs, la numérisation des collections réalisées par Aurore Mathys permet également aux scientifiques du monde entier d’obtenir des données précises sur les espèces découvertes dans leur habitat naturel. Un travail de fourmis pour ces passionnés de biologie qui, après avoir collectés plus de 200 spécimens, n’ont pas fini de faire parler de leurs travaux.

Reprise des transports scolaires à Mayotte : un répit de courte durée lundi qui exaspère les syndicats

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Alors qu’un protocole de fin de conflit a été signé vendredi et que des contrôles renforcés lundi matin devaient garantir la sécurisation du réseau, un nouveau caillassage de bus est survenu le soir même à Tsoundzou. Il faudra encore du temps pour que les dispositifs promis aux chauffeurs fassent leurs preuves.

L’image inspirait la confiance. Lundi, pour le retour des élèves en classe et surtout la reprise des transports scolaires après des semaines de droit de retrait, un important dispositif de sécurisation était mis en place dès le matin, avec l’appui des forces de l’ordre. Résultat : 83 bus et plus de 3.000 élèves contrôlés. Et surtout, une rentrée sans encombre. C’était sans compter un nouveau caillassage, survenu le soir même, du côté de Tsoundzou… “Et voilà, encore un bus caillassé à Tsoundzou, il y avait 30 élèves à l’intérieur”, souligne un internaute sur Facebook, qui publie une vidéo sur laquelle on peut voir l’ampleur des dégâts : des impacts de pierres et des bris de verre partout, mais aussi la vitre côté conducteur, explosée en mille morceaux.

Effectivement, on a eu du caillassage hier, et un début d’échauffement à Kahani hier aussi”, confirme Anli Djoumoi Siaka, délégué FO transports. Un seul bus aurait toutefois été la cible des jets de pierre. “On s’en doutait, on savait pertinemment qu’avec la rentrée, les caillassages allaient reprendre”, soupire le représentant syndical. “Mais comme nous nous sommes engagés avec l’administration à reprendre le service, nous avons accepté d’y retourner sans être convaincus que les choses s’améliorent. L’événement d’hier nous en donne la preuve…

« On n’a toujours pas de solution ! »

Même son de cloche pour Yasmina Mabouroukou, membre du conseil syndical UI CFDT. “Au bout d’un moment, les communiqués, ça va bien, les droits de retrait, on n’en peut plus. On n’a toujours pas de solution !”, s’agace-t-elle. Le protocole signé le vendredi 22 octobre et qui a permis la reprise du trafic pour la rentrée devait pourtant apporter un certain nombre de garanties aux chauffeurs. Notamment, la mise en place d’effectifs des forces de l’ordre dans les zones rouges, la présence d’accompagnateurs dans les bus, le renforcement des vitres, et davantage de moyens techniques, le tout déployé à grande échelle. Les conducteurs attendent aussi beaucoup d’une convention collective pour leur apporter davantage de garanties sociales, notamment une meilleure prévoyance santé et prévention des risques professionnels.

Des moyens qui ont donc, pour certains, fait leurs preuves dès ce lundi. “Le matin, ça s’est bien passé car il y a eu des contrôles un peu partout, mais l’après-midi, c’est reparti en cacahuètes !”, déroule Anli Djoumoi Siaka. Exaspérés par ce nouvel événement, les syndicalistes ne comptent pas pour l’instant interrompre à nouveau le service. “On va laisser encore une semaine à l’administration, le temps de mettre en place ses dispositifs. Mais à partir du 2 novembre, s’il y a encore des caillassages, nous on bloque !”, menace toutefois le représentant FO.

Centre de vaccination de M’Gombani : 2 bénévoles de la Croix Rouge en situation irrégulière interpellés, puis relâchés

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Deux bénévoles de la Croix Rouge française ont été interpellés alors qu’ils devaient travailler au centre de M’Gombani ce samedi. S’ils ont été relâchés dans la foulée, l’affaire interroge alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 doit se poursuivre à Mayotte.

Leur journée a bien failli tourner au vinaigre. Deux bénévoles de la Croix Rouge française, en situation irrégulière sur le territoire, ont été interpellés, samedi, alors qu’ils devaient effectuer leur mission au centre de vaccination de M’Gombani. Ils auront vite été relâchés après un coup de fil de la préfecture, étant entendu qu’ils effectuaient là une action d’intérêt général.

Deux personnes ont effectivement été interpellées, deux bénévoles dont on avait besoin sur le centre de vaccination, elles ont donc été libérées très rapidement sur demande de la préfecture et sont retournées à leur mission”, confirme la sous-préfète chargée de la lutte contre l’immigration clandestine, Nathalie Gimonet. “La police aux frontières, plus précisément l’unité GAO (groupe d’appui opérationnel) a fait son travail, qui est de réaliser des contrôles d’identité : si la personne peut prouver la régularité de son séjour à Mayotte, aucun problème ; si elle ne peut pas fournir de preuve de la régularité de son séjour, elle est interpellée pour vérification ultérieure. Cela ne veut pas dire reconduite tout de suite”, précise-t-elle.

Des bénévoles formés pour prêter main-forte

D’après un syndicat de police, l’un des deux bénévoles se faisait emmener au travail en scooter, quand il a été contrôlé. Il portait alors son t-shirt aux couleurs de la Croix Rouge, mais n’avait pas d’ordre de mission sur lui. “Il n’avait pas de papier, alors les collègues ont appelé la préfecture : son dossier avait été refusé depuis 2019, et il n’avait pas de papier indiquant un éventuel recours au tribunal. Donc ils rentrent au commissariat, ils entament la procédure, et avant de partir pour le CRA, ils reçoivent un appel pour le relâcher. Sans aucune explication !”, s’étonne le représentant syndical.

Le fait est que la participation des bénévoles à la gestion de crise, plus encore depuis l’épidémie du Covid-19, est essentielle au territoire. La plupart, en situation régulière ou non, ont d’ailleurs suivi des formations pour travailler dans les centres de dépistage ou de vaccination, dispensées par l’agence régionale de santé, ou la Croix Rouge elle-même. L’un des bénévoles interpellés ce samedi avait notamment reçu une formation pour administrer les piqûres, selon ce même syndicat.

Des contrôles abusifs aux abords des centres

D’après nos informations, les candidats à la vaccination n’ont, eux, pas été inquiétés ce samedi au centre de M’Gombani. Mais l’affaire n’est pas sans rappeler certains contrôles abusifs qui ont déjà pu avoir lieu dans le passé, alors même que la campagne de vaccination est primordiale pour le département. En août dernier, des agents du centre de vaccination de Koungou, commune dont le taux de vaccination était le plus faible de l’île, avaient constaté dans nos colonnes que la présence de la PAF constituait un frein pour une partie de la population, en situation irrégulière.

Contacté, le président de la délégation de la Croix rouge à Mayotte n’a pas souhaité réagir. Si la vaccination a bien progressé sur le territoire, avec 78,1% de la population cible ayant reçu au moins une dose selon les dernières données de l’ARS, l’épidémie circule toujours. Au 22 octobre, 39 nouveaux cas avaient été détectés sur une semaine.

Élevage clandestin de 21 chiens : l’association Maeva organise une soirée caritative pour appeler aux dons

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Dernière née dans le paysage mahorais, l’association Maeva vient à la rescousse des animaux livrés à eux-mêmes sur l’île aux parfums, aux côtés de l’APPF976 (association pour la prévention et la protection de la faune de Mayotte) et de Gueules d’amour. La fermeture du seul refuge de l’île n’a pas aidé les affaires des organisations bénévoles du territoire qui œuvrent chaque jour à la protection animale. Vendredi, une soirée caritative à l’initiative de l’association Maeva est organisée pour les 21 chiens découverts le 13 octobre dans le quartier de Convalescence. Entretien avec Emmanuelle Martin, trésorière de l’association.

Flash Infos : Depuis quand existe l’association et quels sont ses objectifs ?

Emmanuelle Martin : Nous avons fait l’assemblée générale constitutive en avril cette année, la publication au journal officiel est arrivée en juin. Notre objet, c’est la protection des animaux domestiques de manière générale : chiens, chats et pourquoi pas demain les chèvres, les zébus, les moutons… Dans nos objectifs, nous brassons l’ensemble des actions en faveur de la protection animale, du basique recueil des animaux errants, à la re-sociabilisation, au placement en famille d’accueil en passant par la recherche d’adoptant, et pourquoi pas aussi des campagnes de sensibilisation auprès du grand public !

FI : Concrètement, comment fonctionnez-vous ? Avez-vous un refuge pour accueillir les animaux ?

E.M. : Nous n’avons pas de refuge, nous fonctionnons par famille d’accueil. Au début, l’idée c’était d’avoir une petite association qui aurait pris quelques animaux en charge, principalement pour du sauvetage. Mais il y a un vrai souci de place ! Et avec la fermeture du refuge de Gueules d’amour, il y a un besoin réel sur le territoire. Mais les moyens en face manquent cruellement. Pour vous donner une idée, nous étions partis sur 10 ou 12 animaux par an pris en charge par notre structure : en six mois, nous en avons déjà accueilli 65 ! Nous n’avons néanmoins pas de refuge, et ce n’est pas l’objet de l’association. Nous travaillons plutôt avec des familles d’accueil. L’autre volet de notre action, c’est de trouver des partenariats avec des associations de métropole, pour pouvoir envoyer des animaux sociables qu’elles se chargeront de faire adopter là-bas. Et nous nous occupons des adoptions locales. Pour l’instant, sur les 65 recueillis, sept ont été adoptés sur Mayotte, et deux sont partis en métropole. Et nous avons noué un partenariat avec Les rescapés des îles, une association qui travaille avec les Outre-mer. Elle pourra prendre en charge quatre chiots pour un premier départ en novembre. Ensuite, nous essaierons d’avoir des départs réguliers en fonction de la place disponible sur site.

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FI : Comment peut-on devenir famille d’accueil ou adoptant ?

E.M. : Nous avons mis en place un protocole et les candidats à l’accueil doivent répondre à un questionnaire. Il faut savoir que s’engager comme famille d’accueil, cela peut vouloir dire garder l’animal quatre ou cinq mois avant une éventuelle adoption ou un départ en métropole. Et nous prenons en charge le vétérinaire, mais pas les croquettes ou la litière. De même pour les adoptants, il y a des règles à respecter, notamment la stérilisation obligatoire. Nous faisons une campagne de lutte contre les animaux errants, qui sont un danger pour la faune de Mayotte, ce n’est pas pour ajouter de la reproduction sur l’île ! Il faut aussi s’assurer que la famille adoptante est prête. Les 21 chiens de Convalescence, pour ne citer qu’eux, ont tout de même été enterrés dans des trous avec des plaques de tôle au-dessus de leur tête… Ce n’est pas pour les envoyer dans des familles qui n’en veulent plus et nous les renvoient derrière. Le questionnaire est ensuite validé par l’association, puis il faut remplir un contrat d’adoption, avec un chèque de caution pour la stérilisation, et les 200 euros de frais de base.

FI : Comment avez-vous été amenés à travailler avec Gueules d’amour et APPF976 ?

E.M. : Tout est parti de l’opération de police à Convalescence, avec ces 21 chiens partis en fourrière. Une bénévole nous a appelés à la suite des articles de presse. J’ai alors contacté la ville de Mamoudzou et la fourrière : sans refuge, il était prévu que les animaux partent à l’euthanasie… Après discussion, la mairie a accepté que les associations les récupèrent. Donc nous y sommes allés avec Gueules d’amour et APPF, les seules assos existantes sur le territoire pour accueillir les chiens. Il y avait une femelle et ses huit chiots, une autre et ses cinq chiots et un mâle adulte. Tous devaient être euthanasiés le lundi ! Nous avons pu placer quasiment tout le monde chez Maeva, sauf la femelle et ses cinq chiots, qui ont été pris en charge par APPF. Après, l’idée pour nous, au vu de tout ce qu’il y a à faire sur le territoire, c’est qu’il y a de la place pour toutes les bonnes volontés. Nous travaillons en bonne intelligence avec Gueules amour et APPF : chacun a des moyens différents, mais nous avons une cause commune, la protection des animaux. C’est toute l’idée de la soirée caritative de vendredi que nous organisons ensemble. Nous nous partagerons les recettes au prorata des animaux que nous avons pris en charge avec APPF.

FI : Justement, pouvez-vous expliquer le concept de cette soirée, et vos objectifs ?

E.M. : Le concept est simple : chaque personne paie 30 euros, dont dix seront reversés aux associations. Cela se passe au restaurant Le Moya, en Petite-Terre, sur inscription car il s’agit d’un buffet à volonté. Nous avons déjà 80 inscrits. Après, il faut bien avoir en tête que 21 chiens, c’est minimum 200 euros par animal, sans compter les éventuels problèmes qui peuvent être détectés par la suite. Ces 200 euros permettent de payer les vaccins, le passeport, l’identification, la teigne, le déparasitage et le vermifuge… Là par exemple, ils avaient tous la teigne et étaient blindés de vers ! Donc 200 euros, c’est vraiment un minimum, la base des soins et le paiement des vétérinaires. Grâce à la cagnotte en ligne, nous avons récolté 740 euros chez Maeva. Si 100 personnes viennent vendredi, il y aura peut-être 800 euros pour l’association. Ce qui veut dire que j’aurais payé un peu plus de la moitié de ce qu’il faut en trésorerie, juste pour les soins de base !

Comme nous sommes une jeune association, nous sommes aussi extrêmement liés au financier. D’où l’importance de nos appels aux dons. Sur le post au sujet de 21 chiens de l’élevage, nous avons eu 100 réactions et plus de 300 partages… Si chacun avait donné 10 euros, – soit deux verres de jus de fruit ! – nous aurions déjà rempli la cagnotte. En attendant, chaque fois que nous prenons en charge un nouvel animal, ce sont nos comptes personnels à tous qui en pâtissent. Avec 21 chiens, nous allons aussi être obligés de mettre en parenthèse la prise en charge, sauf moyens financiers supplémentaires et un partenariat pour envoyer les chiens en métropole. Mais nous ne demandons pas la lune ! Avec 3.000 euros pour payer les frais de vétérinaires, nous pourrions chercher sereinement les partenariats qu’il nous faut…

La salle de conférence du rectorat, symbole de « la liberté d’expression », baptisée Samuel Paty

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Le rectorat a décidé de rendre un nouvel hommage à Samuel Paty, l’enseignant assassiné le 16 octobre 2020, en baptisant la salle de conférence en son nom. Un message symbolique selon le responsable de l’académie, Gilles Halbout, pour qui ce lieu de réunion représente la liberté d’expression. À travers cette inauguration, le recteur espère donner des idées aux maires et aux chefs d’établissements scolaires.

« Professeur d’histoire-géographie et d’enseignement moral et civique, assassiné pour avoir enseigné et défendu les valeurs de la République dont la liberté d’expression ». La salle de conférence du rectorat arbore fièrement depuis ce lundi le nom de Samuel Paty, victime du terrorisme islamiste le 16 octobre 2020. Une pièce « qui nous rassemble » au sein de laquelle « sont prises les grandes décisions » et où « nous rencontrons le corps enseignant et les organisations syndicales », déroule le recteur, Gilles Halbout, qui invite au passage les maires et les chefs d’établissement à suivre cet exemple. « Il faut que ce soit une démarche collective de l’ensemble de la communauté éducative. »

En plus de la plaque commémorative, un portrait de l’enseignant, « que l’on sent pleinement impliqué devant ses élèves », trône à deux pas de la porte d’entrée. « Il nous accompagnera dans l’ensemble de nos travaux », insiste le responsable de l’académie. À travers la mémoire du quadragénaire, il apparaît essentiel à ses yeux de « nous forger un esprit éclairé, notamment sur les sujets plus sensibles », pour que le message de laïcité partagé à l’intérieur des écoles, des collèges et des lycées ait davantage de poids à l’extérieur de leurs murs. « Nous avons des formes de séparatisme, comme les rivalités entre les villages. Notre travail à nous tous est d’éveiller les consciences. »

La notion d’autorité en danger

Cet hommage est également une manière de rappeler le rôle et la place des enseignants, qui incarnent ni plus ni moins l’institution scolaire. « Ils doivent être toujours et pleinement respectés. Nous devons veiller à leur sécurité et à ce qu’aucun d’entre eux ne soit arrêté dans le cadre de ses missions. » Or, la notion d’autorité commence petit à petit à se déliter dans le 101ème département… En témoignent les caillassages et les règlements de compte fréquents aux abords de certains établissements scolaires. Mais aussi plus récemment dans les salles de classe.

Face à cette menace de plus en plus insistante, à Mayotte comme partout ailleurs, toutes les académies de France ont pour mission de former tous les personnels de l’Éducation nationale au cours des quatre prochaines années « pour que chacun sache quoi faire et comment réagir quand il se sent attaqué. Car nous pouvons vite être pris au dépourvu ». Et ainsi d’assurer la transmission des valeurs de la République. Comme s’y était tant attaché Samuel Paty.

28 auditeurs en déplacement à Mayotte la semaine du 15 novembre

Alors qu’elle prépare un diplôme universitaire « Valeurs de la République », la promotion Jean-Pierre Chevènement à l’institut des hautes études de l’éducation et la formation de Poitiers se rend à Mayotte à partir du 14 novembre dans le cadre d’une mission extérieure sur la thématique de la laïcité, de l’égalité hommes-femmes et des violences sexuelles. « Ils viennent une semaine et ont un programme bien chargé », précise Stéphane Planchand, conseiller technique établissements et vie scolaire.

Trail : El-Habib Zoubert alias Tecno sur le toit de la Mascareignes 2021

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Le traileur El-Habib Zoubert est le première athlète de Mayotte à remporter vendredi l’une des fameuses courses du Grand Raid de La Réunion, la Mascareignes en 8h44’02sec. Un exploit sportif pour le licencié du club d’athlétisme de Mamoudzou qui s’entraîne depuis seulement 2017. Retour sur cette victoire avec le principal intéressé, communément appelé Tecno, et le président de l’association, Michel Latour.

Flash Infos : Vous avez bouclé les 72km et les 3.900 mètres de dénivelé de la Mascareignes 2021 en 8h44’02sec. Comment vous êtiez-vous préparé et comment avez-vous vécu cette course ?

El-Habib Zoubert : J’avais fait pas mal d’entraînements avec mon coach Pascal Blanc malgré le Covid-19. J’ai enchaîné les sorties de trois à sept heures en n’oubliant pas le renforcement musculaire et la vitesse.

Michel Latour : L’un des problèmes pour une telle préparation est que Tecno n’a pas vraiment de sparring-partner… Mais il a appliqué à la lettre les séances envoyés par Pascal Blanc, qui est une référence dans le milieu du trail !

El-Habib Zoubert : J’aime bien courir tout seul, cela ne me pose pas de problème ! Pour ce qui est de la course, j’étais très en forme jusqu’au 62ème kilomètre. Je n’avais aucune douleur. Puis ensuite, ça a commencé à tirer… J’ai eu des crampes au niveau des cuisses et j’ai été obligé de marcher un peu. Je me suis retrouvé avec Romain Fontaine. Nous étions ensemble jusqu’au Colorado, avant que je ne le distance dans la dernière descente !

FI : Quel sentiment vous a traversé l’esprit lorsque vous avez franchi la ligne d’arrivée ?

E-H. Z. : En tant que croyant, j’ai tout simplement remercié Dieu ! C’est pour cette raison que je me suis agenouillé par terre après avoir franchi la ligne d’arrivée. Je me suis dit que tous les efforts avaient fini par payer.

FI : Lors de votre première participation en 2019, vous avez terminé 4ème en 2019. C’est ce qu’on appelle une progression fulgurante…

E-H. Z. : Vous savez, je n’ai commencé le trail qu’en 2017. Cela fait seulement quatre ans que je m’entraîne dur… J’avais notamment bouclé le trail des amis en 2h48 en 2018. Je regarde beaucoup les autres athlètes sur Youtube pour m’améliorer. Toute cette énergie au club m’a donné envie de faire quelque chose de grand. Je connais mon potentiel dans les montées qui me permettent de grapiller quelques secondes sur mes concurrents lors des compétitions.

M. L. : Tecno a surtout des prédispositions naturelles pour le trail. Il mémorise facilement les chemins et il a une technique très impressionnante dans les descentes. Il s’adapte très bien au parcours. Il prend des risques énormes. Des risques qui ont notamment payé face au meilleur descendeur réunionnais lors de la Mascareignes.

FI : À la suite de votre victoire, une polémique a pris le dessus sur l’exploit sportif : à savoir si vous étiez comorien ou mahorais. Qu’avez-vous à répondre à vos détracteurs ?

E-H. Z. : Je suis Comorien, je ne le cache pas. Je suis fier de ce que j’ai fait à Mayotte et d’avoir pu saisir les opportunités que le 101ème département m’a apportées au cours de ces dernières années. Je suis vraiment très heureux d’avoir pu représenter le club d’athlétisme de Mamoudzou à La Réunion.

FI : Si l’on prend un peu plus de hauteur, c’est une grande fierté pour le club d’athlétisme de Mamoudzou…

M. L. : Tout à fait ! Nous sommes très fiers de ce qu’il a réalisé. Cela nous conforte dans l’idée que nous allons dans le bon sens. Nous essayons de mettre les athlètes dans les meilleures conditions, comme nous le faisons avec Tecno, qui a un énorme potentiel, en lui mettant un coach personnalisé à disposition. En plus des deux sponsors qui le suivent, Maydeco et La Cabane à Sara, nous faisons le nécessaire, avec nos « petits » moyens, pour l’accompagner, en lui finançant des billets d’avion et des équipements. Cette victoire à La Réunion nous encourage à continuer en ce sens.

FI : Vous ne semblez avoir aucune limite. Quel est votre prochain objectif ?

E-H. Z. : Mon rêve serait de participer un jour au marathon du Mont Blanc.

M. L. : Nous lui laissons d’abord le temps de savourer sa victoire avant de penser à la suite. Nous allons faire une visio avec son coach pour faire le point. Mais pourquoi pas prendre le départ d’une course à l’étranger ? Avec sa première place à la Mascareignes, peut-être qu’il sera plus facilement invité ! En tout cas, nous ne nous précipitons pas : nous prenons les étapes comme elles viennent, les unes après les autres.

Reprise des vols de Kenya Airways le 3 novembre et des mesures sanitaires plus strictes à respecter

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Cela fait presque dix mois que les avions de la compagnie Kenya Airways ne se sont pas posés sur le tarmac de l’aéroport de Mayotte. De longs mois qui ont mis la patience des passagers à rude épreuve et qui ont affaibli la santé financière de l’agence de voyage Rogers Aviation basée dans le département. L’attente prendra fin à partir du 3 novembre, date de reprise des vols Kenya Airways. Mais pour monter à bord, les voyageurs devront se plier à des mesures sanitaires plus exigeantes que celles demandées par les autres compagnies qui desservent l’île. Nash Emrith, le directeur de l’agence Rogers Aviation Mayotte, nous explique en détails.

Flash Infos : Cela fait plusieurs mois que Kenya Airways n’était pas autorisé à se poser à Mayotte. Qu’est-ce qui a changé la donne ?

reprise-vols-kenya-airways-3-novembre-mesures-sanitaires-strictesNash Emrith : La situation sanitaire s’est nettement améliorée comparé au début d’année où c’était très tendu. On suivait l’évolution chaque mois, on faisait des demandes assez souvent au-près de la préfecture, mais on nous avait expliqué que la situation était un peu compliqué et que ça allait prendre du temps. Quand l’État a autorisé les vols vers les Comores, on nous avait dit qu’il fallait encore patienter un peu. En octobre, on a fait le maximum que l’on pouvait, on a sollicité une nouvelle fois la préfecture et on a été soutenus par les élus et cette fois-ci, ça a porté ses fruits.

FI : Dans quelles conditions allez-vous reprendre les vols ?

N. E. : On reprend dès le 3 novembre et dans un premier temps, on aura trois fréquences par semaine : lundi, mercredi et vendredi. Les vols iront à Nairobi et puis les correspondances se feront pour Paris, Dubai, Dar es Salam.

FI : Quelles sont les mesures sanitaires à respecter si l’on veut voyager avec Kenya Airways ?

N. E. : Pour pouvoir voyager avec Kenya Airways, il faut que les passagers aient leur schéma vaccinal complet, c’est obligatoire à partir de 12 ans. Il faut aussi un test PCR de moins de 72h. Les tests antigéniques ne sont pas acceptés. Ces mesures s’appliquent à l’aller et au retour. On a aussi pris des mesures additionnelles en interne. Une fois arrivés à Nairobi, les passagers qui seront en transit seront installés dans un terminal dédié, c’est-à-dire que tous les voyageurs de Mayotte seront ensemble, ils ne seront pas mélangés avec les autres transitaires venant d’autres destinations.

FI : Pourquoi est-on obligés de faire un test même lorsque l’on est vacciné ?

N. E. : Parce que l’on respecte les conditions des deux pays, le Kenya et la France. Le ministère de la santé au Kenya a mis en place des protocoles sanitaires et tous les passagers qui passent par le Kenya doivent présenter un test PCR. Ils n’acceptent pas les tests antigéniques. Par contre, ils ne demandent pas l’obligation vaccinale, mais comme à Mayotte c’est exigé pour pouvoir voyager alors on a mis en place toutes ces conditions afin de respecter les mesures de chaque pays.

FI : Les autres compagnies, Corsair et Air Austral, n’exigent pas l’application de toutes ces mesures en même temps. N’avez-vous pas peur de perdre des clients de cette manière ?

N. E. : Cela peut arriver, mais on est confiants. Le pass sanitaire va devenir une réalité tôt ou tard. Il y a déjà des pays qui obligent les gens à être vaccinés, notamment Singapour et l’Arabie Saoudite. Il y aura toujours quelques personnes qui seront réticentes à faire le vaccin. Elles vont préférer voyager avec Corsair ou Air Austral, mais on n’a pas le choix.

FI : Comment avez-vous gérer ces longs mois d’attente ?

N. E. : C’était extrêmement compliqué. Notre dernier vol en 2021 date du 12 janvier… Nos clients n’arrêtaient pas de nous solliciter. Les commerçants n’ont pas pu voyager parce qu’ils partent plu-tôt à Dar es Salam et à Dubai pour acheter leurs marchandises. Heureusement, la majorité de notre clientèle a compris que ça ne dépendait pas de notre volonté mais qu’on devait respecter l’arrêté préfectoral. Cependant, on a aussi eu des passagers qui voulaient être remboursés afin de pouvoir voyager avec d’autres compagnies. On l’a fait, ce qui était un peu malheureux. Ces derniers mois, on a eu beaucoup de voyageurs qui ont demandé un remboursement pour ensuite par-tir aux Comores et prendre Kenya Airways là-bas. On a perdu de l’argent et ce sont nos confrères qui en ont bénéficié, mais c’est comme ça.

FI : Dans quelles mesures la santé financière de l’agence a été touchée ?

N. E. : Notre situation financière à Mayotte est très délicate, on a pris un coup. Pendant neuf mois, on a remboursé autant que l’on pouvait alors que les ventes étaient rares. En une semaine, on vendait peut-être trois billets. On a pu survivre grâce à nos réserves. On porte nos espoirs sur cette fin d’année où normalement il y a beaucoup de ventes. S’il fallait attendre l’année prochaine pour reprendre les vols, je pense qu’on aurait été dans une situation financière très grave.

FI : Quelle est votre stratégie pour maximiser le nombre de ventes ?

N. E. : On est en train de la peaufiner. Mais de toute façon, si l’on compare aux tarifs qui sont sur le marché, Kenya Airways a des prix très compétitifs. On va miser là dessus. Cependant, il faut savoir qu’avec seulement trois vols par semaine, on ne peut pas brader les prix et on ne pourra pas satisfaire toutes les demandes. On a travaillé longuement avec le siège à Nairobi pour assurer que sur les trois vols, on puisse offrir toutes les correspondances qui sont très demandées à Mayotte. Si la situation s’améliore davantage, on pourra passer à quatre et à partir de l’année prochaine, si tout se passe bien, on va faire une demande pour opérer cinq vols par semaine. On espère que cette fois-ci la situation sanitaire va nous épargner un peu.

Mayotte Nature Environnement : “La société de consommation a démarré à Mayotte il y a dix ans, sans gestion derrière”

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La fédération qui comprend 25 associations adhérentes sur le territoire a fêté ses dix bougies. L’occasion de dresser le bilan du chemin parcouru par la structure. Mais aussi de faire le point sur les défis environnementaux qui pèsent encore sur l’île aux parfums. Entretien avec Manuella Grimault, la coordinatrice de MNE.

Flash Infos : Vous venez de fêter les dix ans de Mayotte Nature Environnement. Pourquoi MNE avait été créé en 2011 ?

Manuella Grimault : En effet, Mayotte Nature Environnement est une fédération d’associations qui a été créée en juillet 2011. À la base, ce sont huit associations qui avaient besoin de se regrouper pour travailler ensemble sur des thématiques communes, et pour avoir plus de poids au niveau politique. Depuis le départ, dans les statuts, le but est de protéger l’environnement mahorais, mais en lien transversal avec les associations membres. Le projet stratégique repose sur trois piliers : l’éducation à l’environnement, la valorisation des connaissances et la réparation de l’environnement. L’idée du premier axe est d’informer, de sensibiliser et d’éduquer toute la population mahoraise sans exception ; la valorisation des connaissances vise à en savoir plus sur l’environnement, la biodiversité, les sols, la pollution… Justement dans le but de pouvoir le transmettre ensuite à la population. Quant à la réparation de l’environnement, nous intervenons sur le terrain avec par exemple des nettoyages, des replantations, ou encore par des actions juridiques.

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FI : En dix ans, quel chemin a été parcouru par la fédération ?

M.G. : On est passé de huit associations de départ, à 25 aujourd’hui ! Cela a notamment été rendu possible parce que nous avons ouvert les possibilités d’adhésion à d’autres associations, qui ne sont pas environnementales par essence. Par exemple, on va avoir un club de foot qui a décidé d’ouvrir une branche développement durable. C’est d’autant plus intéressant que ces structures n’ont pas l’obligation de le faire, donc il y a une vraie volonté derrière.

En ce qui concerne les projets de la fédération en eux-mêmes, on a aussi eu de belles réussites. Pour l’aspect éducation à l’environnement, nous avons créé le camion pédagogique. Le projet a vu le jour en 2017, c’est un camion entièrement aménagé pour accompagner l’outil pédagogique pour toutes les thématiques environnementales : on peut parler de tortues, de déchets, de développement durable, d’éco citoyenneté, de chaîne alimentaire, de risques naturels… J’en oublie sûrement ! L’idée, c’était aussi d’être à disposition de la population, qui, on le sait, n’est pas toujours très mobile sur le territoire. Cela nous a aussi permis de créer un poste à temps plein d’animateur environnement, depuis 2018. Le camion est déployé dans les écoles la semaine et pendant les vacances scolaires et les samedis, on est plutôt sur des places publiques, à la plage ou sur des événements partout sur le territoire. En dix ans, il y en aussi eu pléthore de chantiers de nettoyage. Mais là où on a davantage progressé encore, je dirais que c’est sur la création de formation pour les bénévoles, notamment la formation tri des déchets. Dans l’idée, c’est de faire aussi de la sensibilisation pendant ces actions, et ne pas juste se contenter du ramassage bête et méchant si j’ose dire.

FI : Et au niveau de Mayotte, des mœurs, mais aussi de l’état de l’environnement, qu’est-ce qui a aussi évolué, selon vous, en dix ans ?

M.G. : Je pense que certaines choses évoluent doucement mais sûrement… Quand on va dans les villages avec le camion notamment, on s’en rend compte. Il y a quelques années, on venait parler d’environnement, et les gens découvraient en même temps qu’on arrivait. Aujourd’hui, ça devient de plus en plus courant que les gens connaissent déjà des choses sur le sujet. Par exemple, sur les tortues, ils savent que c’est une espèce protégée, qu’il ne faut pas la braconner. Le mot corail aussi, avant, on ne l’entendait pas dans les rues. Nous à MNE on a un adage, c’est que plus on connaît les choses, plus on va avoir envie de les protéger. Donc pour nous, c’est déjà une très bonne chose de voir que les gens connaissent les termes autour de l’environnement. Certes, il s’agit pour la plupart, souvent de jeunes. Mais il y a aussi des mamans qui nous surprennent aussi !

Sur l’état de l’environnement, c’est une autre histoire… La déforestation se poursuit sur Mayotte, on a encore beaucoup de brûlis. Nous n’arrivons pas à la stopper. Sur le braconnage de tortues c’est compliqué aussi, même si beaucoup d’actions sont mises en place, notamment ces dernières années, je pense au pacte anti braconnage, il faut espérer qu’on en verra les résultats. Sur l’assainissement ensuite, on est parti de zéro et les élus locaux n’avancent pas assez vite sur ces sujets. De même pour les déchets, on a une société de consommation qui a démarré il y a dix ans avec l’import de déchets non compostables, sans gestion derrière. Toute gestion aujourd’hui est faite avec du retard et elle n’est pas calibrée pour la quantité de déchets. Il faut néanmoins souligner les efforts fournis, notamment avec la création des intercommunalités qui se sont saisies du sujet. La Cadema a fait un beau travail, il y a beaucoup moins de déchets qu’avant, même si ce n’est pas parfait. Il y a aussi les brigades de police pour l’environnement qui se montent. Tout cela dénote de sérieuses avancées, heureusement !

FI : Quels sont selon vous les défis à relever dans les dix prochaines années et les principales menaces qui pèsent sur cet environnement ?

M.G. : Sur les atteintes à l’environnement de façon générale, les principales menaces à Mayotte sont la déforestation, l’assainissement des eaux et les déchets. Il s’agit clairement des trois thématiques primordiales pour assurer un environnement sain, les trois priorités. Après en ce qui concerne MNE, nous allons renforcer l’accueil pour nos associations adhérentes. Pour 2022, nous allons proposer plus d’une dizaine de formations à toutes nos associations adhérentes. Bien sûr, leurs bénévoles sont prioritaires mais nous acceptons tout le monde ! L’éducation à l’environnement est un sujet que l’on décline, plus que jamais, et que l’on renforce d’année en année, pour déclencher un changement de comportement en faveur de l’environnement. Enfin, on a créé un service juridique en 2021. Et pour les années à venir, nous espérons bien voir naître des lanceurs d’alerte environnementaux et accompagner une communauté de lanceurs d’alertes !

Les cadres d’avenir de Mayotte récompensés par la préfecture

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Vendredi 22 octobre avait lieu la cérémonie de remise des lettres de félicitations aux cadres d’avenir par le sous-préfet Jérôme Millet à la Case Rocher. L’occasion pour la préfecture de récompenser les jeunes diplômés partis en métropole ou à La Réunion pour se former dans des secteurs dits prioritaires.

Une cérémonie « sans prétention mais non sans ambition », s’est réjoui le secrétaire général adjoint à la préfecture, Jérôme Millet, ravi de remettre vendredi dernier les lettres de félicitations aux nouveaux cadres d’avenir du 101ème département. Le projet cadres d’avenir lancé en 2018 sur l’île aux parfums a pour ambition de promouvoir les talents mahorais en leur offrant un suivi et une aide financière afin de mener à bien leur formation dans des domaines dits prioritaires, en métropole ou à La Réunion. Un dispositif ouvert aux étudiants, mais aussi aux professionnels souhaitant poursuivre leur formation.

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En Hexagone, “93% des étudiants mahorais échouent lors de leur première année”, a confié Daoudou Chaïboudine, chargé de formation au sein de l’association Émanciper Mayotte, partenaire du dispositif. Un échec qui s’explique par « un choc culturel, climatique » pour ces heureux élus qui « peuvent rencontrer des difficultés financières et administratives », a affirmé le sous-préfet. Pour pallier cela, la préfecture s’emploie à accompagner trente étudiants souhaitant se former dans des secteurs prioritaires, en leur octroyant une bourse et un suivi personnalisé. En contrepartie, les futurs cadres s’engagent à retourner travailler à Mayotte afin de participer au développement de l’île.

Un emploi à la hauteur de leurs compétences

Le représentant du gouvernement félicite les étudiants des deux premières promotions revenus sur leurs terres natales. Tous réunis à la Case Rocher, les jeunes diplômés arborent de larges sourires et tiennent fièrement leurs récompenses « manuscrites ». Parmi eux, Abdallah Faizi, titulaire d’un master administration publique parcours gestion des services administratifs de l’université de Nancy, ne tarit pas d’éloges sur le dispositif. “En 2018, après avoir obtenu ma licence au CUFR (centre universitaire de formation et de recherche) de Dembéni, je suis parti pour la métropole en intégrant la première promotion du dispositif cadres d’avenir. J’ai pu bénéficier d’une aide financière et d’un conseiller qui a été là pour moi h24.” Diplômé en septembre 2020 en métropole, il a retrouvé son département d’origine où il a obtenu en janvier 2021 un poste de coordinateur Ateliers et chantiers d’insertion (ACI) au sein de l’association Nayma. Comme lui, la dizaine d’étudiants présents vendredi dernier ont tous trouvé un emploi à la hauteur de leurs compétences et participeront activement au développement de l’île aux parfums.

Zaounaki Saindou, nouvelle présidente de la société immobilière de Mayotte

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La conseillère départementale de Tsingoni, Zaounaki Saindou, est la nouvelle présidente de la société immobilière de Mayotte. Le bailleur social gère un parc de 2.100 logements et a pour ambition de quadrupler son patrimoine d’ici 2030. Face à cet enjeu de taille, l’élue va devoir faire preuve de pugnacité pour assurer le développement des constructions aux quatre coins de l’île.

Flash Infos : Depuis ce jeudi 21 octobre, vous êtes pour les sept prochaines années la nouvelle présidente de la société immobilière de Mayotte, un acteur majeur pour le développement du 101ème département. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous présenter pour ce poste ?

Zaounaki Saindou : Je me suis portée candidate à cette présidence et ai reçu le soutien de mes collègues et du chef de l’exécutif, Ben Issa Ousseni, pour devenir la représentante du Département au sein de la société immobilière de Mayotte. Le territoire connaît un nombre énorme de logements insalubres, ce qui est tout à fait anormal ! Je souhaite que chaque famille, chaque enfant, puisse dormir dans des conditions décentes. Face à ce vœu, faire partie du conseil d’administration de la SIM me tenait particulièrement à cœur pour pouvoir accompagner ce changement.

FI : Quel sera votre rôle au sein du conseil d’administration ? Aurez-vous un véritable pouvoir décisionnaire ou plutôt un droit de regard sur la politique menée par la SIM ?

Z. S. : J’aurai un pouvoir décisionnaire étant donné que le Département est actionnaire de la SIM. Ma priorité sera d’étendre les projets de construction de logements sur l’ensemble de l’île. À l’heure actuelle, le problème n’est pas de vouloir augmenter le nombre de constructions, mais bien de réunir toutes les conditions pour y parvenir. Malheureusement, ce n’est pas toujours facile d’obtenir un terrain aménageable…
Le nord de l’île affiche un déficit criant au-delà de Dzoumogné. Dans le centre, cela commence tout juste à prendre forme… Tandis qu’une grande partie du sud est vraiment désertée par la SIM alors que les besoins sont multiples ! Face à cet enjeu, le Département jouera son rôle de facilitateur pour mettre à disposition du foncier quand cela sera possible.

FI : Dans sa nouvelle stratégie, la SIM affiche l’ambition de construire la bagatelle de 6.000 logements d’ici dix ans.

Z. S. : Pour l’année 2021, la SIM est en passe de livrer 400 nouveaux logements. La plupart des projets sont déjà dans les starting-blocks ! Après comme le disait le directeur, Ahmed Ali Mondroha, il y a un autre facteur qui rentre en ligne de compte pour pouvoir lancer tous ces chantiers : le manque d’entreprises structurées qui se retrouvent bien trop souvent saturées à cause des autres constructions, telles que les établissements scolaires. Regardez le projet La Renaissance à côté de l’hôpital, toutes les conditions sont réunies pour commencer les travaux, mais fautes d’entreprises, nous sommes en incapacité de le démarrer.

FI : Quelle touche personnelle aimeriez-vous apporter durant votre présidence ?

Z. S. : J’aspire à diversifier l’offre de la SIM, en instaurant l’accession à la propriété pour ceux qui ont la possibilité de pouvoir investir dans l’immobilier, mais aussi la location-vente. La population se montre de moins en moins réticente à l’idée de vivre dans un appartement. Il suffit de voir le taux d’occupation des « immeubles » en Petite-Terre, ça n’a pas l’air de la déranger plus que cela. D’autant plus qu’habiter en hauteur apporte un gage de sécurité supplémentaire.

L’investissement et la formation, le terreau du Mayotte de demain

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Département avec les perspectives de croissance les plus fortes, Mayotte est encore en plein développement. À l’occasion du 4ème forum économique, l’économiste et maître de conférences à l’université Paris-Saclay, Olivier Sudrie, a dévoilé quelques pistes de travail pour envisager les contours de l’économie mahoraise à l’horizon 2050.

La croissance ! Voilà ni plus ni moins l’enjeu principal à Mayotte selon l’économiste parisien Olivier Sudrie. Selon lui, seule une croissance régulière et équilibrée permettra le développement de l’île aux parfums. Si la forte démographie du 101ème département français peut constituer une problématique au premier abord, elle peut aussi se révéler comme un atout majeur… Encore faut-il employer tous ces “bras” à bon escient.

Pour cela, il n’existe qu’une seule solution d’après l’expert : l’investissement ! “Les investissements venus de l’État viennent financer les infrastructures, les services éducatifs ou encore de santé. Mais aujourd’hui, pour arriver à équilibrer l’offre et la demande d’emploi sur l’île et faire progresser durablement le niveau de vie des Mahorais, il faut aussi que les entreprises structurées investissent”, témoigne le maître de conférences à l’université Paris-Saclay. “Nous avons tous les outils en main. Mayotte est le département avec les perspectives de croissance les plus fortes, nous n’avons aucune raison de ne pas y arriver.” Un optimisme qui dénote tant le territoire de Mayotte connaît de fortes inégalités comme le soulignent plusieurs autres intervenants.

Formation et transmission des compétences

Toujours est-il qu’embaucher à Mayotte n’est pas une mince affaire de nos jours ! À en croire la représentante de la Société Batimétal, le recrutement pour des postes demandant des qualifications plus ou moins élevées s’avère difficile. “Après une longue période de recherche de nouveaux employés, nous avons eu recours aux outils numériques pour recruter. Sur les réseaux sociaux, notre annonce vidéo a fait 35.000 vues. Résultat ? Nous n’avons reçu que cinq CV ! Il faut alors prendre en compte le fort taux de chômage du département, mais aussi les difficultés pour les entrepreneurs à recruter.

Un témoignage qui vient remettre en question les projections idylliques qui ont pu être émises plus tôt lors de la conférence. De plus, comme le précise Jean-Claude Nyumuyantu, enseignant et entrepreneur dans le secteur de l’informatique, l’une des problématiques à Mayotte réside dans la formation et la transmission des compétences. “50% de la population mahoraise a moins de 20 ans. La jeunesse c’est nos jambes. C’est avec eux que nous construirons l’avenir et que nous allons avancer. Leur formation est alors primordiale”, insiste le chef d’entreprise. À ses yeux, les générations doivent travailler main dans la main pour assurer un avenir pérenne à l’île aux parfums. Bien loin de la théorie, c’est sur le terrain et en unissant leurs forces que les institutions mahoraises publiques et privées construiront la Mayotte de demain.

Maymounati Moussa Ahamadi, femme d’avenir

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Ancienne directrice de la BGE et de la CRESS de Mayotte, celle qui a failli devenir la première présidente du conseil départemental représente l’avenir politique de l’île au lagon. Dotée d’une volonté hors du commun et de valeurs sociales inaliénables, l’élue de Dzaoudzi-Labattoir compte bien aider les jeunes femmes mahoraises à modeler l’avenir de Mayotte.

Mayotte Hebdo : Revenons tout d’abord sur votre parcours, déjà très riche. En tant que femme, comment vous êtes-vous construite, et quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

Maymounati Moussa Ahamadi : J’ai eu une enfance des plus classiques à Mayotte, avec des parents qui ne sont pas les plus riches, mais qui mettent en valeur leurs enfants. Nous étions tellement heureux ! Mes deux mamans, celle qui m’a mise au monde et celle qui m’a élevée, nous ont appris à toujours positiver et à se sentir utiles pour les autres, à avancer. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui me disaient que le monde n’allait pas changer tout seul, qu’il fallait agir pour changer les choses. C’est la mentalité de ma famille, qui a milité pour une Mayotte française. J’ai fait mes études en métropole, j’y ai vécu pendant 20 ans, mais ma mère m’a toujours dit : « Vous étudiez ici, mais ce n’est pas chez vous ». Pour elle, on prend de la connaissance et des compétences pour en faire profiter son île.

MH : Vous diriez la même chose aux étudiantes et étudiants de Mayotte actuellement en métropole ?

M.M.A. : Oui, d’ailleurs il faut savoir qu’il y a plus d’étudiantes diplômées que d’étudiants. Je n’ai rien contre les mecs, mais la femme couteau-suisse, polyvalente, est déjà habituée à toujours pousser plus loin, plus fort. C’est un besoin de reconnaissance, parce qu’il n’y a toujours pas d’équité, en métropole ou à Mayotte, et que nous sommes donc obligées de travailler deux fois plus pour peser.
En tant que directrice, j’ai par exemple eu beaucoup de mal à faire valoir le fait que je dirigeais, malgré mes compétences. Il a fallu que je le prouve deux fois plus, parce que je n’ai pas de cheveux gris, parce que j’ai un visage qui fait jeune… Ça m’a motivée, parce que j’étais la seule jeune femme dans des réunions composées d’hommes plus âgés. Mais il a suffi d’ouvrir la bouche, de leur dire ce que j’avais à dire et qu’il fallait m’écouter. Si ce territoire donnait une chance à la matriarchie, nous aurions peut-être d’autres changements.

MH : Quelles sont les valeurs qui vous donnent la force de vous engager, les bases sur lesquelles vous vous reposez ?

M.M.A. : Ma première base est mon époux et mes enfants qui me comprennent, y compris la petite de deux ans qui participe à toutes mes réunions en visio ! C’est le noyau dur. Quand on est femme, on fait toujours face des histoires à dormir debout, à des critiques sur notre légitimité, et une base solide permet de nous redonner de l’énergie. Si on se met des barrières parce qu’il y a des difficultés, on ne fera jamais rien dans cette vie.

MH : Conseilleriez-vous à votre fille de s’engager en politique ?

M.M.A. : Je lui conseillerais surtout de s’activer pour elle-même, pas pour une cause bien précise. Qu’on le veuille ou non, on fait de la politique. Mais, quand on le fait pour soi, c’est que l’on a des valeurs, et que l’on s’en sert pour se surpasser. Je me suis engagée en politique pour changer les choses, bien sûr. Mais il n’y a pas que l’action directe, c’est un tout, un combat de mentalité. Il faut donc d’abord penser à soi.

MH : Quels sont vos modèles de femmes, qu’elles soient mahoraises ou non ?

M.M.A. : Mon premier modèle restera toujours ma maman, la base de tout. Et puis, il y a toutes les femmes qui se sont activées pour que Mayotte soit un territoire libre, portées par Zéna Mdéré, Coco Djoumoi, Mouchoula… C’était un réseau d’Amazones mahoraises, éparpillé sur l’île. Ce sont toutes ces femmes de l’ombre, qu’on ne voit pas, qui font partie de ce modèle politique et économique des Chatouilleuses qu’il faudrait faire revenir en le structurant. J’encourage en tout cas toutes les jeunes filles, au collège, au lycée ou dans les réseaux étudiants, à avoir confiance en elles, à aller au bout de leurs rêves et de leurs projets, et à se dire que tout est possible.

MH : Une nouvelle génération de politiciennes mahoraises émerge, vous parliez par exemple avec Hélène Pollozec lors du forum économique. Une solidarité existe-t-elle entre vous ?

M.M.A. : S’il y avait une solidarité, elle se serait exprimée le 1er juillet [lors de l’élection à la présidence du conseil départemental, NDLR]. La solidarité féminine, oui, mais jusqu’à quel point ? Nous avons quand même du chemin à parcourir, même s’il y a beaucoup de respect entre les représentants du conseil départemental. J’espère que les jeunes femmes qui veulent se lancer en politique se serviront de mon exemple pour ne faire qu’une, mais surtout pour retomber dans la réalité, car ce sont 300.000 personnes qui attendent des actions bien concrètes, qui espèrent.

MH : Comment aimeriez-vous voir Mayotte dans cinq, dix ans ?

M.M.A. : Je vois un accès à l’eau, sans les coupures et sans les excuses. Je vois une Mayotte zéro déchets, et nous avons les possibilités de le faire via le recyclage et la valorisation de nos déchets. Je vois plus de sécurité. Je vois également une Mayotte reliée, connectée, car nous n’avons qu’une route pour les voitures, les camions, les gens, les vaches, les bus, les brouettes, les vélos… On ne s’en sortira pas, donc j’espère vraiment qu’on pourra faire Dzaoudzi-Sada en 30 minutes, par exemple, en empruntant d’autres voies. Mais aussi une Mayotte connectée avec les îles des Comores, avec Paris… Une Mayotte où on n’a pas peur. À l’heure actuelle, on a peur, d’avoir une nouvelle compagnie aérienne, d’entreprendre et de concurrencer…
Pour moi, Mayotte dans dix ans, ce sont également tous les enfants qui vont à l’école, et non pas certains en train d’apprendre sous la clim, et d’autres qui mangent la poussière. Des étudiants qui choisissent de rester sur le territoire car l’offre universitaire le leur permet. Des structures destinées à tous les types de handicap, parce qu’aujourd’hui, si l’on est autiste à Mayotte, on est mort et enterré !

MH : Et où voyez-vous Maymounati Moussa Ahamadi dans quelques années ?

M.M.A. : Je laisserai le peuple me porter là où il veut que je sois. S’il me voit utile en tant que présidente du CD, je relève le défi. Si je vois moi-même que mon utilité est beaucoup plus loin, j’irai beaucoup plus loin. Mais l’essentiel est de ne pas abandonner le combat pour que toutes les femmes qui ont envie de faire, de se sentir utiles, aient une image à laquelle elles peuvent se référer. Et une main tendue, car ma porte est grande ouverte. Je suis là, on peut se voir, converser. Je me suis engagée et je resterai engagée pour les Mahorais.

#Wamitoo : avec déjà 495 contributions, les résultats d’une enquête clé sur les violences sexuelles faites aux mineurs

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Quelques semaines après le lancement de la campagne et la signature de la charte de l’engagement à lutter contre les violences sexuelles sur mineurs à Mayotte par 10 personnalités locales et 20 représentants d’associations, le collectif dresse un premier bilan à mi-parcours. Parmi les enseignements obtenus grâce à son questionnaire en ligne : 37,2% des personnes interrogées affirment avoir déjà été victimes d’une agression ou d’une tentative d’agression sexuelle.

Statistiquement parlant, on ne sait rien, ou presque, de l’ampleur des violences sexuelles faites aux enfants à Mayotte. Mais la campagne #wamitoo, lancée le 8 septembre dernier et qui court jusqu’au 20 novembre, est doucement en train de lever le voile sur le phénomène. À mi-parcours, le collectif CIDE a publié mercredi un premier bilan de cette “mobilisation thématique trans-partenariale sans précédent sur l’île”, écrivent ses membres dans un communiqué.

C’est inédit du fait que c’est la première fois qu’un collectif de 25 associations, soutenu par six institutions, se mobilise depuis huit mois sur un thème très peu abordé, en tout cas jamais abordé de front, ensemble, dans cette société”, note Lydia Barneoud, la représentante du collectif CIDE (convention internationale des droits de l’enfant). Signe que ces efforts conjoints paient, “nous avons même dépassé d’autres départements en termes de sensibilisation et de cohésion sur cette thématique. Ils nous demandent à présent des conseils ainsi que nos outils, en particulier la charte, le questionnaire, la bande-dessinée, et la campagne graphique-audiovisuelle !”, se réjouit l’enseignante, déjà investie depuis de nombreuses années dans cette sphère, notamment au travers de l’association Haki Za Wanatsa.

¼ ont souhaité témoigner après l’enquête

Le questionnaire mis en ligne sur le site wamitoo.yt a ainsi récolté 495 premières contributions depuis le lancement officiel de la campagne. Il en ressort notamment plusieurs données clé, sur lesquelles les équipes de bénévoles bûchent sans relâche. Preuve de la difficulté à briser le tabou sur ces questions sensibles, 69% des répondant.e.s ont entre 20 et 50 ans et seuls ¼ ont souhaité témoigner à l’issue de l’enquête. Les moins de 15 ans ne constituent que 7,9% des répondant.e.s. Par ailleurs, une très grande majorité sont des femmes (75,9%), lesquelles “sont hautement concernées par les violences sexuelles sur le territoire”, précise encore le rapport.

Sur les violences en elles-mêmes, les résultats de l’enquête sont, là encore, édifiants. La part des victimes, en premier lieu, qui est non négligeable : 37,2% des personnes interrogées ont répondu par l’affirmative à la question, “Avez-vous déjà été victime d’une agression ou d’une tentative d’agression sexuelle ?”. Et si 51,9% ont coché “non”, 10,9% disent ne pas savoir si ce qu’ils/elles ont subi est une agression sexuelle – soit peut-être le signe potentiel d’une méconnaissance de ce qui constitue la nature même d’une violence sexuelle. Parmi eux, 82,05% n’ont jamais parlé ou très difficilement de sexualité avec leurs parents pendant leur enfance.

L’auteur des faits est connu dans la majorité des cas

Parmi les autres données importantes, il faut aussi mentionner les liens de la victime avec le mis en cause. Seuls 16,7% des répondant.e.s affirment qu’il s’agissait d’un inconnu. Un résultat qui colle à peu près avec les statistiques connues au niveau national. Une enquête de l’Ined (institut national d’études démographiques) menée en 2015 montrait ainsi que dans plus de 87% des cas, le/la mineur.e connaissait son agresseur, et qu’il existait même un lien d’amitié ou de connaissance dans 65% des viols. Au niveau de l’enquête #wamitoo, 22,2% ont affirmé connaître l’auteur des faits, 11,3% le désignait comme un membre de la famille proche et un tiers des répondant.e.s (la plus grosse part) évoquent un membre de la famille éloignée.

Il ne s’agit bien sûr là que de données préliminaires, mais qui donnent déjà un aperçu du phénomène des violences sexuelles faites aux enfants à Mayotte. “Nous sommes en train de traiter toutes les occurrences pour chaque question, avec l’aide d’un expert psy. On a déjà fait environ 4/5ème du travail”, explique la porte-parole. “C’est très intéressant, il y a des choses qui se dégagent, qui rejoignent les statistiques nationales, et d’autres qui dénotent de spécificités locales. Ce qu’on voit aussi, c’est que dès que l’on crée un espace de parole, il est investi”, se satisfait-elle. Même si les bénévoles à l’œuvre doivent alors supporter des témoignages particulièrement durs… “Quand on lit ça, on a envie de pleurer pendant trois jours”, résume Lydia Barneoud.

“Un très très bon début”

D’autres données quantitatives et qualitatives seront dévoilées à l’occasion du colloque du 20 novembre au CUFR, qui doit clôturer ces deux mois de mobilisation inédite pour le 101ème département. Au total, 92 acteurs associatifs et plusieurs milliers d’enfants et parents se sont mobilisés pour cette campagne, aux côtés des différents acteurs institutionnels tels que le rectorat, la préfecture, le Département, et la justice. “Nous avons atteint voire même dépassé nos objectifs dans certains domaines, par exemple dans l’Éducation nationale, avoir recueilli 28 fiches actions mobilisant 7.000 enfants, parents et collègues, c’est un très très bon début”, souligne-t-elle.

60.000 euros auront par ailleurs été investis dans cette mobilisation, pour financer notamment les 10 affiches grand format placardées sur les panneaux extérieurs aux abords des grands axes routiers, 40 passages du clip shimaoré et kibushi aux heures de grande écoute et tous les autres supports de communication. Sans compter les 2.500 heures fournies par les bénévoles engagés pour l’émergence et la fabrication de la campagne #wamitoo. “C’est une période charnière, on sent qu’il y a cette volonté de pousser le mur de silence. C’est, qui plus est vraiment porté par les femmes mahoraises qui sont à nos côtés depuis le début, et aussi celles qui nous rejoignent chaque jour depuis le lancement”, salue Lydia Barneoud.

Prise illégale d’intérêts : Daniel Zaïdani écope de 80.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité

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L’ancien président du conseil départemental a été condamné par le tribunal correctionnel pour la vente d’un terrain familial à la commune de Kani-Kéli, qui s’était vu attribuer une subvention de 200.000 euros du Département pour cette opération. Mais cette condamnation ne met pas encore un terme au mandat électif en cours de celui qui est aujourd’hui conseiller départemental de Pamandzi.

Et de deux. Pour la seconde fois en un peu plus d’un an, Daniel Zaïdani a été condamné par le tribunal correctionnel pour des faits qui remontent à l’époque où il était président du conseil départemental. Cette fois-ci, il s’agit de prise illégale d’intérêts pour la vente d’un terrain familial à la commune de Kani-Kéli, moyennant une subvention accordée à la ville par le Département, d’un montant de 200.000 euros…qui auront donc fini dans sa poche. L’ancien chef de l’exécutif local, actuel conseiller départemental de Pamandzi, a écopé ce mercredi d’une peine de 80.000 euros d’amende ainsi que de cinq ans d’inéligibilité.

Une claque pour son avocat, Maître Benoît Jorion, qui avait plaidé la relaxe. “Je suis extrêmement surpris par cette peine alors que le procureur avait lui-même conclu à la relaxe. Et personnellement, j’ai montré que Daniel Zaïdani n’avait non seulement jamais accordé de subvention, mais avait même voulu empêcher l’attribution de subvention”, déclare-t-il à la sortie de l’audience. “C’est vraiment l’incompréhension. On avait un dossier solide, pour montrer justement qu’on n’avait rien à lui reprocher”, ajoute-t-il, indiquant qu’il conseillera à son client de faire appel de cette décision. La peine d’inéligibilité ne devrait donc a priori pas interrompre son mandat en cours.

Le terrain familial sur le banc de touche

Pour rappel, Daniel Zaïdani avait été entendu par la section de recherches de la gendarmerie en décembre 2019, pour répondre de ces faits datant de la période 2015-2017. Lors d’une commission permanente pendant le mandat de l’ancien président du conseil départemental, neuf élus et un élu représenté valident une délibération sur laquelle Daniel Zaïdani appose sa signature. L’article 1 de ce document renvoie à l’attribution d’une subvention à la commune de Kani-Kéli pour un terrain destiné à des lotissements. “Au niveau de la commission permanente, nous avons présenté un certain nombre de rapports qui concernaient tout sauf le terrain de football”, argumente l’intéressé à la barre. D’après le dossier, le titre du rapport mentionnait tout de même le terrain de football, sans qu’un article y soit pour autant dédié.

C’est ensuite au tour des administrateurs de reprendre la main jusqu’au versement de l’enveloppe. En 2015, les services du Département produisent donc une convention, signée par le secrétaire général de l’époque, Jacques Toto. Problème : le terrain de football se glisse alors subrepticement à côté du terrain pour les lotissements ! “Est-ce que Monsieur Toto avait une délégation de signature ?”, demande le président au prévenu. “C’est un problème que vous ne sachiez pas, en tant que président de la collectivité, vous étiez censé être au courant de qui avait une délégation…

Relaxe pour le procureur

Quoi qu’il en soit, les fonds finissent bien par être versés à la commune, laquelle achète le terrain pour la même somme de 200.000 euros, à Daniel Zaïdani, mandaté par sa famille pour gérer la vente de ce terrain. Mais certaines zones d’ombre persistent. “Il y a une extrême confusion dans ce dossier”, dénonce le procureur, regrettant que l’enquête n’ait pas permis d’entendre toutes les parties prenantes, et notamment le secrétaire général qui a signé la convention. “C’est le reflet d’une procédure incomplète et imparfaite. Donc je n’ai pas d’éléments pour requérir la culpabilité de Monsieur Daniel Zaïdani”, martèle-t-il.

Maître Jorion va plus loin encore et insiste sur le fait que la vente était en cours bien avant le mandat électif de son client. En effet, en 2006, la commune de Kani-Kéli sollicite Daniel Zaïdani au sujet du terrain familial sur lequel elle souhaiterait installer son terrain de football. La mairie obtient une première subvention de 300.000 euros en 2007 et un acte de vente est établi en 2011. Puis, les têtes changent à la mairie, et une nouvelle délibération de la municipalité de 2014 remet le projet sur les rails, à un montant révisé de 200.000 euros qui conduira à la signature d’un avenant à l’acte de vente initial. Entre-temps, Daniel Zaïdani sera élu à la tête de la collectivité… “Je dirais que ce sont les lenteurs administratives que connaît Mayotte qui nous ont conduit à ça”, dira-t-il aux juges en guise de dernière défense. Sans guère de succès… La cour d’appel sera peut-être plus clémente.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes