Dans le cadre du 4ème forum économique de Mayotte, Guillaume Basset, délégué aux Territoires d’industrie auprès du ministre de l’économie et des finances et de la ministre de la cohésion des territoires, a présenté le programme national de reconquête industrielle « Territoires d’industrie » lancé, le 22 novembre 2018, par le Premier ministre. Un label qui fait encore défaut au 101ème département.
L’industrie à Mayotte : oui, mais sous quelle forme ? Alors que l’écrasante majorité des produits consommés et achetés à Mayotte proviennent de l’importation, la création d’une filière industrielle dans le secteur de l’agroalimentaire ou encore de l’économie bleue pourrait bien pallier les manques du territoire.
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Le hic ? Sur les 146 “Territoires d’industrie” français qui bénéficient grâce à ce label d’un soutien prioritaire à des projets industriels, le 101ème département manque à l’appel. Et pour cause, l’île au lagon ne disposant pas encore d’un bassin industriel comparable aux autres circonscriptions… Or, ce programme de “reconquête industrielle par les territoires”, lancé officiellement par le Premier ministre le 22 novembre 2018, a d’ores et déjà permis de faire remonter 1.800 projets. Son objectif : favoriser une dynamique entrepreneuriale autour de l’industrie en associant un élu local et un industriel afin de mobiliser les acteurs publics et simplifier la vie des porteurs de projet.
Des atouts à faire valoir
Une manne qui pourrait donc bien profiter à Mayotte, qui a elle aussi de nombreux atouts, selon Guillaume Basset, délégué aux Territoires d’industrie auprès du ministre de l’économie et des finances et de la ministre cohésion des territoires. Grâce à sa situation géographique privilégiée dans le canal du Mozambique, elle pourrait devenir l’une des places fortes de l’industrie de l’océan Indien. “Mayotte est le seul département qui n’a actuellement pas de projet financé. Nous sommes désireux d’accompagner le premier projet à Mayotte et pouvoir labelliser le 101ème département territoires d’industrie « , affirme Guillaume Basset.
Par ailleurs, le programme s’inscrit au cœur du plan France Relance présenté par le gouvernement, le 3 septembre 2020. Avec 400 millions d’euros d’ici 2022 à l’échelle nationale, le “fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires” permettra de financer les projets industriels les plus structurants en France métropolitaine et dans les départements d’Outre-mer. “1.400 projets sont déjà inscrits au titre du plan de relance avec des extensions de sites et des modernisations, mais aussi le financement de nouveaux équipements pour les industriels”, détaille le délégué aux Territoires d’industrie. À l’occasion du premier jour du 4ème forum économique de Mayotte, le ministère a lancé une bouteille à la mer et attend avec impatience la mobilisation des porteurs de projet mahorais afin de développer la filière industrielle sur l’île aux parfums.
À l’occasion du 4ème forum économique de Mayotte, le directeur de l’agence d’attractivité et de développement touristiques est revenu sur l’élaboration de la nouvelle stratégie marketing pour faire du 101ème département une destination inédite dans la région océan Indien. Entretien avec Michel Madi.
Flash Infos : Le 17 septembre dernier, le comité départemental du tourisme est officiellement devenu l’agence d’attractivité et de développement touristiques de Mayotte dans le cadre de l’évolution du contexte législatif et organisationnel du secteur touristique mais aussi en raison de la nécessité de réussir la mise en œuvre des objectifs et des actions du schéma régional de développement du tourisme et des loisirs, validé en octobre 2020. Concrètement, qu’est-ce que cela change ?
Michel Madi : Avant, le comité départemental du tourisme était uniquement cantonné sur de la promotion touristique, qui est désormais du ressort des offices de tourisme. Avec l’abandon de certaines missions, telles que l’accueil, l’information touristique et l’animation du territoire, qui nous étaient confiées par le conseil départemental, notre principal bailleur de fonds, l’agence nous ouvre d’autres champs de compétence. Nous développons cinq métiers pour apporter une plus-value : l’observation touristique ; l’ingénierie en termes d’accompagnement de projets et d’aménagement ; le marketing territorial pour brasser d’autres domaines que le tourisme, à l’instar de l’économie et de l’environnement ; l’attractivité ; le conseiller de séjour pour produire une offre sur-mesure lorsqu’un tour opérateur veut monter un programme sur l’île.
FI : Aujourd’hui, l’agence d’attractivité et de développement touristiques souhaite prendre de la hauteur par rapport à la précédente structure en place. Comment comptez-vous vous y prendre alors que l’offre touristique n’en est encore qu’à ses balbutiements ?
M. M. : C’est justement le type de travail que le comité du tourisme ne pouvait pas entreprendre par le passé. Avec l’agence, nous sommes en train de mettre en place une stratégie marketing qui va nous donner les clés et les outils pour aller chercher le touriste à l’extérieur du territoire. Et en parallèle, nous développons une stratégie d’offres qui inclut des activités touristiques et de loisirs mais aussi de la qualité et de la formation que nous n’avions pas auparavant. Lorsqu’une offre existe, encore faut-il pouvoir accompagner nos opérateurs en termes de montée en gamme de leur produit.
Nous allons donc mener ces deux missions en lien avec notre environnement régional et concurrentiel. Maurice, c’est le tourisme de luxe, La Réunion, c’est ce que nous appelons du tourisme pays, les Maldives, c’est une île paradisiaque… Mayotte doit aussi trouver son positionnement. Comme je le disais, nous sommes en train de travailler sur le plan marketing qui sera ensuite adopté par les offices de tourisme pour qu’il y ait une cohérence dans le développement touristique de Mayotte.
FI : Justement, face à cette concurrence régionale, comment Mayotte peut-elle tirer son épingle du jeu pour convaincre le touriste de venir sur son territoire plutôt qu’à Madagascar ?
M. M. : Nous avons des pistes qui ne sont pas encore arrêtées. L’objectif est d’être opérationnel sur toutes ces stratégies en début d’année prochaine ! Sur le plan marketing, nous savons comment nous devons nous différencier de la concurrence régionale. Cette différenciation viendra de l’offre que nous allons développer et proposer, en mettant en avant ce qui fait la particularité de Mayotte : la culture, l’identité, le lagon, la gastronomie… Il faut valoriser toutes ces ressources et tous ces atouts !
FI : D’où votre participation au salon IFTM Top Resa, qui s’est tenu à Paris-Porte de Versailles du 5 au 8 octobre, pour enclencher la machine ?
M. M. : Il était en effet important d’être présent pour nous montrer et faire parler de Mayotte. Il était intéressant de mettre en lumière notre nouvelle dynamique auprès des partenaires. Nous avons eu l’opportunité d’expliquer la mise en place de l’agence et la montée en opérationnalité des offices de tourisme. Et croyez-moi, notre logo et notre identité ont fait sensation à Paris !
FI : Qui dit brassage plus large, dit structuration de la filière hôtelière pour accueillir le grand public. Cela sous-entend d’inciter les pouvoirs publics à engager la construction d’infrastructures…
M. M. : Exactement, c’est tout le travail que nous faisons en ce moment même ! Pas plus tard que la semaine dernière, j’étais sur le terrain pour rencontrer les intercommunalités et les offices de tourisme. Très prochainement, nous allons prendre part à un séminaire avec les élus du Département pour leur rappeler leur importance en termes de support, d’aménagement du territoire et de finances publiques. Après nous avons en tête, à chaque fois que cela sera possible, de proposer une offre portée par un privé pour avoir une viabilité économique, synonyme de création d’emplois.
FI : Pensez-vous réellement que le tourisme puisse devenir une véritable plaque tournante de l’économie mahoraise ?
M. M. : Totalement ! Tout simplement parce que des destinations comme Maurice sont arrivées à maturité et se demandent comment elles vont repositionner leur produit. Avec le Covid-19, les touristes cherchent des produits identitaires, ancrés localement, et non plus simplement du luxe et des plages… D’une certaine manière, notre retard peut aujourd’hui être vu comme un avantage. Nous avons tous les éléments en notre possession pour mettre en place notre destination touristique et l’offre souhaitée en fonction de notre stratégie. Le développement et l’activité touristiques à Mayotte, en tant qu’activité économique porteuse, sont devant nous !
L’avocate du premier magistrat de la commune a soulevé la nullité de la procédure pour violation des principes du procès équitable et des droits de la défense. Tout au long de l’enquête préliminaire, Assani Saindou Bamcolo ne pouvait pas savoir précisément ce qui lui était reproché, a-t-elle démontré. Son client a ainsi obtenu gain de cause.
12.093.000 euros et des brouettes. C’est la somme totale des différents marchés publics entachés d’irrégularités sur lesquels aurait dû s’expliquer le maire de Koungou Assani Saindou Bamcolo ce mercredi. On lui reprochait notamment d’avoir, au cours d’un mandat électif, porté atteinte à la liberté d’accès ou à l’égalité des candidats dans les marchés et d’avoir procuré des avantages injustifiés entre 2014 et 2016. Coup de théâtre : le premier magistrat de la commune ressortira blanchi de l’audience, le tribunal ayant validé la nullité soulevée par son avocate, Maître Josée Israël.
En cause : une procédure mal menée qui a conduit, selon l’avocate au barreau de Paris, à une violation du droit à un procès équitable. Un droit défini notamment par l’article 6 de la convention européenne des droits de l’Homme (CEDH), laquelle garantit que “toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi, qui décidera, soit des contestations sur ses droits et obligations de caractère civil, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle”. “Ces principes s’appliquent dès le tribunal de police”, a rappelé Maître Israël, en se basant sur plusieurs jurisprudences.
1.800 mandats issus d’un tableur Excel
Or, dans ce dossier “extrêmement complexe, dans une matière extrêmement complexe”, celle des marchés publics, plusieurs défaillances ont entaché le droit du maire à un procès équitable. Le délai raisonnable notamment “commence à être dépassé”, reconnaît le ministère public, puisque les faits datent de cinq ans en arrière. Mais c’est aussi sur la prévention que l’avocate a fondé sa requête en nullité. “Monsieur Bamcolo n’a jamais eu accès à ce dossier dans le temps de l’enquête”, insiste Maître Israël. Une atteinte aux principes du contradictoire et du respect des droits de la défense. Lors d’une garde à vue de quatre heures, pas moins de 96 mandats auront par ailleurs été présentés au prévenu. “C’est comme passer une seconde par marché”, image-t-elle.
Au total, ce sont 1.800 mandats qui figuraient au dossier, pour deux infractions, “sans que l’on sache quel marché correspondait à quelle infraction”, note également le procureur. Pire, ces marchés semblent en réalité issus d’un maigre tableur Excel transmis par la chambre régionale des comptes et “copié collé”, sans date ni pièce, “sans même savoir comment le tableau avait été réalisé”, poursuit l’avocate. “On ne peut pas vous demander aujourd’hui de citer toutes les personnes concernées par ces marchés, on ne peut pas vous demander de rechercher les pièces… Sauf à vous convertir en juge d’instruction et à refaire l’enquête”, conclut-elle.
Débuté en 2000, le projet hôtelier construit à deux pas de la plage de Hamaha à Kawéni vient enfin d’ouvrir ses portes. Un établissement inédit de 18 chambres qui offre de nouvelles opportunités aux clients. Retour sur une aventure qui ouvre un nouveau chapitre pour l’activité touristique de l’île, avec Tedd Le Bihan, le gérant.
Flash Infos : Après des années d’attente, vous venez d’ouvrir l’Hôtel Hamaha le 27 septembre dernier. Une histoire que vous avez vu débuter alors que vous n’aviez qu’une dizaine d’années…
Tedd Le Bihan : Tout commence à la fin des années 90 lorsque mon père se prend à l’idée de construire un hôtel. S’ensuivent un petit croquis sur le coin de table et divers échanges avec la préfecture et la ville, qui aboutissent à une autorisation d’occupation en 2000. Un an plus tard, tout le monde tombe d’accord sur l’achat du foncier, soit la zone des pas géométriques, avec la condition sine qua non de sortir de terre un projet hôtelier. Force est de constater aujourd’hui que nous avons respecté les besoins de l’époque. Le premier coup de piquet intervient en 2004. Les travaux avancent relativement bien jusqu’en 2008, année de la crise des subprimes qui marque un coup d’arrêt.
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Les bâtisses sont alors laissées un petit peu en stand-by… Et l’absence de sécurité sur le site laisse la part belle aux squatteurs qui ont fait des choses innommables ! Cela ne ressemblait plus à rien. Mais nous avions toujours l’idée derrière la tête de continuer le projet. Et l’opportunité de le reprendre intervient fin 2016 avec la réception d’une enveloppe de 182.374 euros dans le cadre du fonds européen de développement régional. Mais mon père décède fin 2017… Que faire à ce moment ? J’ai pris la décision de reprendre le flambeau. Depuis, nous avons dépensé énormément d’argent, d’énergie et de sueur pour finalement ouvrir officiellement l’établissement le 27 septembre dernier.
FI : Entre l’idée de départ et l’ouverture officielle, vingt ans sont passés. Quand vous repensez à tout le chemin parcouru, quel sentiment vous habite ?
T.L.B. : C’est assez particulier comme sensation. J’ai toujours été très fier de ce projet, fier que ce soit porté par mon père à un âge où j’en étais incapable ! Il a participé au développement de Mayotte, au-delà même de cet hôtel. Il a fait partie des pionniers économiques de l’île. Je suis fier de mes équipes et de toute ma famille qui m’ont accompagné durant toute la durée des travaux. Et quand nous voyons le résultat, nous pouvons dire sans rougir qu’il s’agit d’un produit qui a du charme.
FI : En reprenant le projet en cours de route, quelles touches personnelles avez-vous pu donner pour apporter votre signature ?
T.L.B. : Malgré toutes ses énormes qualités, mon père n’avait en aucun cas le sens de l’organisation (rires). À la suite de son décès, j’ai dû repartir d’une feuille blanche ! Nous avions l’ossature principale, mais je me suis occupé de tout le reste : j’ai commencé à sélectionner les équipements, l’agencement intérieur, les coloris, les cheminements piétons, les types de VRD et les réseaux divers, le type de station d’épuration, l’adduction d’eau… Et pour le jardin, j’ai pu compter sur la main verte de ma mère.
Mais s’il ne fallait retenir qu’une chose pour résumer ma signature, j’évoquerais la conservation d’un Baobab. Il menaçait de se casser la figure ! La seule solution était de le couper. Sauf que nous y étions énormément attachés. Le jour où les équipes de bûcheronnage sont venues, je leur ai demandé de rebrousser chemin. C’était la meilleure décision puisqu’il renaît de ses cendres. Ma plus grande fierté est de ne pas l’avoir abattu. Même si je n’oublie pas le choix du mobilier qui est parfaitement en adéquation avec le style, les chambres, l’environnement… Et les couleurs, qui s’intègrent dans le paysage et qui dénotent une certaine forme de standing.
FI : Vous faites également de la restauration sur place. Comment comptez-vous vous y prendre pour vous démarquer des autres établissements ?
T.L.B. : L’idée est de proposer deux salles deux ambiances avec d’un côté l’hôtellerie de charme et de l’autre la restauration avec un thème Côte d’Azur. En ce qui concerne la cuisine, nous sommes en train de peaufiner les plats avec mes partenaires, qui ont déjà fait leur preuve par le passé. Je n’ai aucun doute sur le fait que nous allons réussir à faire saliver tous nos clients !
FI : L’offre hôtelière dans le 101ème département est encore relativement restreinte. Mayotte a besoin d’investisseurs comme vous qui se lancent dans ce type d’aventure.
T.L.B. : C’est important de féliciter les acteurs touristiques. Avec cette ouverture, j’ai conscience de ce que mes confrères ont enduré pour y arriver. Chapeau à eux ! Ils ont tous le mérite d’exister. Aujourd’hui à Mayotte, il n’y a pas de concurrence entre nous. C’est plutôt une confrérie. L’objectif est de travailler en bonne intelligence ensemble. L’offre ne répond pas encore aux besoins actuels, mais quand nous voyons tous les projets en construction et en réflexion, cela va s’étoffer petit à petit.
À notre échelle, nous restons une « petite » structure avec nos 18 chambres (voir encadré). Je ne fais pas partie de ceux qui vont réellement changer la donne en termes de capacité. Maintenant, j’aimerais apporter ma pierre à l’édifice avec ce nouveau produit et montrer quelque chose de différent. De toute façon, le futur va parler de lui-même car nous allons nous agrandir assez rapidement face à la demande. Cette offre en devenir sera palliative, car il manque cruellement des logements pour du moyen et de la longue durée, à savoir entre une semaine et un mois. Rendez-vous fin 2022, début 2023 pour vous dévoiler des informations complémentaires ! Il y a trois phases de projets qui vont durer entre 10 et 20 ans selon les moyens financiers.
FI : Quels types de clientèle visez-vous ?
T.L.B. : Nous commençons déjà à recenser les besoins. Principalement, notre demande se tourne vers les professionnels, comme les intervenants techniques et les cadres qui se rendent sur Mayotte pour des durées bien spécifiques. La situation géographique facilite leur travail puisque nous sommes très centralisés.
Même si nous sommes situés en pleine ville, nous avons également une clientèle locale, qui n’a plus à parcourir 25 kilomètres d’un côté ou de l’autre pour se divertir et se reposer. Sans compter le tourisme affinitaire : les visites de la famille et de proches peuvent entraîner une mise au vert chez nous.
FI : Petite particularité : vous avez un accès privé à la plage… Un site qui jouissait d’une fréquentation douteuse il n’y a encore pas si longtemps.
T.L.B. : Il y a encore quelques années, la réputation de la plage n’était pas au beau fixe. Mais entre l’énergie dépensée et la présence des ouvriers, une partie de la population est désormais rassurée. Aujourd’hui, l’affluence est purement familiale et la plage est immaculée, d’une propreté rare. Les acteurs publics ont répondu présent juste avant l’ouverture. La communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou a mis en place une stratégie pérenne de nettoyage qui est en parfaite adéquation avec nos besoins.
FI : Actuellement, vous employez 11 personnes en équivalent temps plein. Dans un milieu comme l’hôtellerie, vous n’êtes pas sans savoir que la compétence prime. Face à une telle exigence, l’ouverture de l’école Vatel doit vous réjouir…
T.L.B. : Absolument ! Il faut savoir qu’une belle chambre l’est à partir du moment où le service est au même niveau. Il ne sert à rien d’avoir un superbe établissement si le service n’est pas au rendez-vous. L’idée est de s’entourer de réels professionnels, qui connaissent leur métier. Après, c’est très complexe car l’offre sur les formations était très succincte, voire même inexistante, avant l’ouverture de l’école Vatel. En deux jours seulement, nous avons déjà tous pu prendre conscience de leurs compétences. Alors, je n’imagine même pas dans trois ans, à la fin de leur cursus. J’accueillerai les étudiants en stage à bras ouverts. Sachant que la présélection a été rude, nous aurons tout de suite des stagiaires de haut niveau ! Ce qui nous évitera de faire de la formation continue.
FI : Alors que vous venez d’ouvrir, vous nourrissez déjà de grandes ambitions. Envisagez-vous par exemple de proposer des tours opérateurs et des déplacements par voie maritime ?
T.L.B. : Tout à fait ! En premier lieu, l’emplacement nous le permet. L’accès à la mer est très proche de nos bâtiments. Est prévu d’y installer sur le domaine maritime un ponton flottant pour relier la Petite-Terre et Mamoudzou en triangulation. Évidemment, cela implique la police du ponton, les demandes d’autorisation et les financements qui sont normalement acquis. Il ne me reste qu’à cibler le bon fournisseur. Cela nous ouvrira des portes sur les prestations nautiques potentielles : nous pourrions nouer des partenariats avec les opérateurs ou même d’en proposer avec nos propres moyens. Nous sommes ouverts à toutes les possibilités !
18 chambres de 95 à 195 euros la nuit
L’Hôtel Hamaha dispose de 18 chambres avec le même niveau de finition et d’équipements : l’Hippocampe sous mansardes au R+2 (95 euros TTC la nuit), la Tortue de 30m2 avec une petite terrasse de 12m2 (160 euros la nuit) au R+1 et la Baobab au rez-de-jardin, avec 40m2 de surface habitable et une terrasse de 24m2 composée d’une piscine privative à la disposition du client (195 euros la nuit). Toutes possèdent un minibar, un coffre-fort, la climatisation, la télévision avec Canal Satellite, Internet et le wifi filaire.
Les horaires sont les mêmes que dans l’hôtellerie internationale : le client récupère sa clé à 14h et la rend à 11h le lendemain pour permettre la plage horaire du ménage. Le client peut prendre un petit-déjeuner continental sur place, pour lequel il faut compter 12 euros. Tedd Le Bihan souhaite proposer un English Breakfast à partir du 1er novembre, synonyme d’ouverture du restaurant.
Depuis quelques semaines, l’insécurité à Mayotte a atteint un autre niveau. Les mairies sont devenues les cibles des délinquants. Le dernier exemple en date est celle de Ouangani. Les véhicules du maire, de sa femme et d’un autre élu de la municipalité ont été incendiées. Des actes qui poussent la commune à renforcer sa politique de sécurité.
Trois voitures brûlées en moins de 48 heures… C’est le triste constat que fait la municipalité de Ouangani ! Le jeudi 14 octobre, le véhicule du maire de la ville et celui de sa femme ont été calcinés dans un incendie et tout porte à croire qu’il ne s’agit pas d’un accident. « Nos voitures étaient garées côte à côte, et bizarrement il y en avait une troisième à côté qui n’a pas été brûlée même si elle est un peu touchée. Je ne suis pas enquêteur, mais selon ce que j’ai vu, il s’agit d’un acte délibéré et criminel », déclare Youssouf Ambdi El Haddaoui, le maire de Ouangani. Ce dernier a aussitôt porté plainte, mais c’était sans savoir qu’un évènement similaire allait se reproduire quelques heures plus tard.
Dans la nuit de vendredi à samedi, l’automobile de l’élu chargé de la sécurité à Ouangani a subi le même sort. « Mon voisin m’a appelé dans la nuit, vers 1h45, pour me prévenir que ma voiture était en feu. Nous avons rapidement contacté les pompiers et la gendarmerie », raconte Fahar-dine Bourhane Saïd, l’élu en question. Suite à cela, la voiture de la police municipale a été caillassée. Des actes répétés et ciblés qui laissent penser à une stratégie d’intimidation. « Je ne vais pas m’hasarder à des soupçons qui ne seraient pas fondés. Chacun y va de son commentaire, mais je préfère laisser la justice faire son travail », rétorque le maire de Ouangani. Place toute de même aux interrogations… Personne n’arrive à expliquer ces évènements, qui font écho à l’incendie de la mairie de Koungou il y a de cela quelques semaines. « Je me suis posé plusieurs questions pour savoir à quoi c’est dû. Il y a un an, nous avions mené une opération de démolition de bangas à Kahani donc je ne sais pas si c’est lié à cela. C’est peut-être dû aussi à ma prise de position par rapport à Koungou, je ne sais pas… », s’interroge le premier magistrat de la ville. Il trouvera peut-être des réponses à l’issue de l’enquête, mais pour le moment il doit penser à la suite, et notamment à la sécurisation de son territoire.
Couvre-feu et augmentation des effectifs de la police municipale
Ces récents événements ont poussé les agents de la mairie de Ouangani à exercer un droit de re-trait du vendredi 15 au lundi 18 octobre en guise de solidarité envers leurs élus et collègues. Ils veulent « dénoncer ce climat d’intimidation et de menace permanent ». De son côté, l’édile a voulu riposter rapidement en instaurant un couvre-feu dans sa ville. « Nous avons échangé avec le préfet et nous avons décidé de mettre en place le couvre-feu dans la commune jusqu’au 24 octobre pour éviter que ce genre de choses se répètent ! Pour le moment, il est respecté », se console Youssouf Ambdi El Haddaoui. Les forces de l’ordre seront également plus présentes à Ouangani, mais cette solution n’est que temporaire.
La commune est consciente qu’elle doit renforcer sa politique en matière de sécurité. Pour cela, elle va explorer plusieurs pistes, en commençant par le renforcement des effectifs de la police municipale. « À Ouangani, nous n’avons que quatre agents de la police municipale assermentés, plus les médiateurs qui doivent assurer la sécurité de plus de 10.000 habitants. Nous avons l’intention d’augmenter l’effectif et nous espérons arriver à dix policiers municipaux d’ici le milieu de l’année 2022 », annonce le maire de la ville. Cette hausse permettrait aux agents d’effectuer des rondes 24h/24, comme le souhaite Youssouf Ambdi El Haddaoui. Multiplier le nombre de poli-ciers est une chose, mais cela ne résoudra pas tous le problèmes ! Selon, Fahardine Bourhane Saïd, il est indispensable de mener un travail de fond avec la population. « Nous allons mettre en place le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance. Nous allons faire travailler nos services sociaux pour connaître un peu mieux notre population et relever leurs difficultés. Nous ne pouvons pas l’abandonner », souligne l’élu en charge de la sécurité.
« Le niveau de violence à Mayotte est déjà son maximum »
Mairie de Koungou, représentants de la commune de Ouangani… Les délinquants de Mayotte semblent avoir trouvé de nouvelles cibles en s’attaquant directement aux autorités. Mais ont-il des limites ? « Le niveau de violence à Mayotte est déjà son maximum et je ne sais pas jusqu’où ça peut aller. Tous les jours, il y a de nouvelles choses et nous avons l’impression de ne pas avoir encore atteint le pic de violence », déplore le maire de Ouangani. Pourtant les réunions de crises s’enchaînent dans le département, mais aucune solution ne semble assez efficace pour mettre fin à cette vague de violences qui persiste depuis maintenant dix ans.
Un constat qui pousse chacun à se demander pourquoi les mesures qui découlent de ces rencontres ne donnent pas le résultat escompté. « Je n’ai pas la réponse ! Et j’invite tout le monde à s’interroger pourquoi ça ne marche pas », répond tout simplement Youssouf Ambdi El Haddaoui. Il est cependant sûr d’une chose : « Mayotte est en train de nous échapper. Il faut que tout le monde se ressaisisse pour rattraper ce qui est rattrapable. Nos ancêtres se sont battus pour Mayotte française, nous devons nous battre pour la reconquête de Mayotte. »
Le principal syndicat étudiant, présent dans la plupart des universités de France, s’est installé à Mayotte à la rentrée 2021. La présidente Iman Mahmouti revient sur le contexte de cette création et les ambitions de la nouvelle section locale.
C’est une première. L’Union nationale des étudiants de France (Unef), principale organisation étudiante dans l’Hexagone, a été créée à Mayotte à la rentrée 2021. Dans un post sur son nouveau compte Facebook en date du 14 octobre, la jeune section locale présente ses objectifs en ces termes : “Enfin un moyen pour nous étudiants mahorais de pouvoir défendre nos intérêts étudiants, améliorer nos conditions de vie étudiante, développer et rendre plus attractive la vie étudiante à Mayotte”.
“L’Unef est présente dans presque la totalité des universités de France et des Outre-mer, et elle permet d’informer les étudiants, de défendre leurs droits et leurs intérêts et d’organiser la solidarité entre nous”, rappelle Iman Mahmouti, la présidente de ce nouveau syndicat étudiant à Mayotte. Parmi les champs d’accès de l’organisation : l’accès aux aides sociales, aux études supérieures ou encore la lutte contre les discriminations.
Mais c’est un contexte bien particulier qui a conduit un petit groupe d’une promotion de Droit au centre universitaire de formation et de recherches (CUFR) à prendre attache avec le bureau national de l’Unef en vue d’une implantation locale. “L’année dernière, nous avions connu des difficultés dans la communication des résultats de nos examens”, retrace l’étudiante. “Nous avons alors pensé à créer une section locale pour empêcher que cela se reproduise. L’Unef est le meilleur filet de sécurité.”
58,5% de boursiers
Aujourd’hui, la nouvelle section a plusieurs priorités pour les étudiants de Mayotte. Dans son viseur : les questions de mobilité, de logement, de vie de campus… Mais aussi le système d’aide sociale, jugé “insuffisant” pour la jeune structure. “Nous avons à Mayotte 58,5% de boursiers, ce qui prouve bien l’existence d’une population étudiante précaire. D’autant plus que, pour certains, les revenus des parents dépassent juste de quelques euros le plafond annuel, et ceux-là ne peuvent pas prétendre à une bourse”, déroule Iman Mahmouti.
Sans compter ceux pour qui le soutien des parents n’est pas forcément acquis. “Nous pensons que l’aide ne doit pas être en fonction des revenus des parents mais de la situation réelle de l’étudiant.” Une idée défendue par le syndicat national au travers notamment de l’allocation d’autonomie, une aide universelle calculée en fonction du bénéficiaire. Cette aide pourrait constituer un vrai coup de pouce, particulièrement dans le 101ème département, juge la présidente de l’Unef Mayotte. “Les étudiants ont besoin de vivre, de s’acheter des vêtements, mais aussi de passer leur permis, qui est un facteur d’émancipation important. On le voit avec le retrait des bus scolaires : la mobilité étudiante est un gros enjeu ici”, poursuit-elle.
Pour une université de plein exercice
L’autre dossier que la vingtaine de bénévoles entend désormais suivre de près : la mise en place d’une université de plein exercice. “C’est aberrant qu’en 2021, les étudiants de Mayotte dépendent encore d’une autre université pour se former !”, s’insurge Iman Mahmouti. Fort heureusement, le passage à un INU (Institut national universitaire) semble sur de bons rails. “Son premier contrat d’établissement 2020-2025 lui permet à présent d’envisager son évolution institutionnelle pour devenir Institut National Universitaire (INU)”, soulignait le CUFR dans un communiqué à l’occasion des dix ans de sa création. “C’est bien, nous serons vigilants à ce que ces engagements soient respectés”, assure la jeune femme.
Bien sûr, la nouvelle section ne se limite pas à défendre les intérêts des seuls 1.800 étudiants du campus de Dembéni, et entend bien représenter “la totalité des étudiants à Mayotte, qu’ils soient en BTS, en prépa, à la fac”. “Nous souhaitons signifier au recteur et au ministère de l’enseignement supérieur qu’il est grand temps de considérer la situation des étudiants de Mayotte”, lance Iman Mahmouti.
Dans le monde de la plongée, le nom de Gaby Barathieu est déjà bien connu depuis plusieurs années. Aujourd’hui, le photographe sous-marin, à travers son association scientifique Deep Blue Exploration, lance un projet inédit visant à étudier les coraux de Mayotte et leur capacité à trouver refuge à des profondeurs encore très méconnues.
Le projet a vu le jour à 120 mètres de profondeur, là où seuls quelques plongeurs parviennent à descendre. Parmi eux, Gaby Barathieu s’est installé à Mayotte il y a cinq ans. Il n’en est jamais reparti. Depuis, il arpente la zone crépusculaire dite mésophotique, où la lumière du soleil peine à percer l’eau et où l’être humain ne peut demeurer que quelques dizaines de minutes. Dès lors, près de trois heures de décompression sont nécessaires, rendant l’exercice particulièrement délicat.
Au gré de ses explorations, Gaby Barathieu découvre une vie sous-marine très largement méconnue, tant les recherches sont rares à cette profondeur. Alors, en 2017, le photographe sous-marin, nommé le meilleur de cette année-là, crée Deep Blue Exploration, une association à visée scientifique, qui œuvre pour la découverte et l’étude des peuplements coralliens à différentes profondeurs. Avec son appareil, il immortalise des espèces que jamais personne avant lui n’avait observées à travers les eaux du globe.
Quatre ans plus tard, soit il y a quelques semaines, Deep Blue Exploration dévoile un projet d’ampleur intitulé CORCOMA pour parfaire la connaissance des récifs mahorais et surtout, leur évolution au fil du temps, jusqu’à 120 mètres de profondeur. “La plupart des données scientifiques concernent des zones situées jusqu’à 30 mètres sous la surface de l’eau”, commente Gaby Barathieu. “Au-delà, il faut des moyens techniques très importants…”
Ainsi, l’équipe de dix personnes, composée de plongeurs et de scientifiques, sera chargée d’installer différentes stations de recherche, dont la première sera située dans la passe en S, naturellement. Là, seront mesurés tous les facteurs qui agissent sur la vie des coraux : température de l’eau, salinité, réaction des animaux au stress, génétique… Tout en modélisant en 3D la surface et le volume des récifs tous les six mois. “Il s’agit dans un premier temps de dresser un état des lieux, ce qui n’a jamais été fait, pour ensuite suivre les coraux à long terme.”
Ces coraux, Gaby les connaît déjà partiellement, pour les avoir observés et photographiés régulièrement depuis cinq ans. “À Mayotte, il y a des endroits dévastés, notamment au bord des villes, mais d’autres zones débordent encore de vie !” Mais un jour, alors qu’il plonge à 80 mètres de profondeur dans un secteur qui lui est déjà familier, il découvre un récent phénomène de blanchissement des coraux. “J’étais très étonné : la première cause du blanchiment, c’est le réchauffement des eaux. On l’observe généralement en surface, car il y a peu de variations de température en profondeur”, développe le plongeur aguerri.
Dans ces mêmes profondeurs, les connaissances scientifiques manquent encore. Alors, le projet CORCOMA revêt un second objectif : “voir si les espèces récifales peuvent descendre plus bas pour s’installer dans d’autres zones refuges en cas de pollution ou de réchauffement des eaux.” En d’autres termes, étudier comment et dans quelle mesure la biodiversité corallienne est capable de s’adapter face à un environnement soumis à de nombreux risques et parfois même, menacé de disparition. “Encore une fois, comme peu de plongeurs descendent à 120 mètres, c’est un phénomène qu’on connaît très mal aujourd’hui.”
Le projet, soutenu par l’office français de la biodiversité et la Deal, pourra également compter sur l’appui d’Héloïse Rouzé et Michel Pichon, deux des biologistes ayant participé au projet Under the Pole qui, en 2019, a permis d’identifier l’espèce de corail la plus profonde jamais observée, à 172 mètres, en Polynésie française. Une découverte inédite, puisque jusqu’alors, la communauté scientifique estimait ce type de corail ne se développait qu’entre 30 et 40 mètres, venant soutenir l’hypothèse d’une zone refuge pour les coraux de surface, et un espoir supplémentaire de les préserver.
Du 2 au 5 novembre prochains, les ateliers « Création et développement de Maisons d’édition à Mayotte”, mis en place par l’agence régionale du livre et de la lecture (ARLL) et la direction des affaires culturelles (DAC), accueilleront un large public afin de discuter de l’avenir de l’édition dans le 101ème département français. Le projet a pour but d’informer, d’échanger, d’identifier et de mettre en relation les divers acteurs du livre sur l’île, mais aussi des intervenants venus de métropole et de tout l’océan Indien.
Plurilinguisme, insularité, prédominance de la culture orale… À Mayotte, le secteur du livre reste encore très étroit. Alors qu’en France métropolitaine, on trouve une librairie pour 20.000 habitants. On n’en dénombre que trois dans le 101ème département, soit cinq fois moins que dans le reste de l’Hexagone. Si des maisons d’édition sont nées et continuent à vivre sur l’île, le secteur tend encore à se développer et à se structurer. Le marché du livre et de la lecture serait pourtant selon, Bruno Lacrampe, conseiller livre et lecture, archives, médias, langue française et langues de France à la direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte, en pleine expansion.
“D’après nos derniers rapports, les trois libraires de l’île auraient généré un chiffre d’affaires de 1.5 à 2 millions d’euros sur l’année 2021”, précise-t-il. Un chiffre encourageant qui montre un engouement croissant pour la lecture sur l’île aux parfums. “Aujourd’hui, le public que nous croisons en librairie est en train de s’élargir. Nous savons que la population mahoraise est composée à plus de 50% de jeunes qui sont initiés à la lecture dès l’école. Certains parents ont alors pris conscience de l’importance de celle-ci dans l’éveil et l’éducation de leurs enfants et achètent des ouvrages”, détaille le conseiller livre et lecture de la DAC.
Développer des structures locales
Par le biais des quatre jours d’ateliers programmés du 2 au 5 novembre prochains, l’agence régionale du livre et de la lecture et la direction des affaires culturelles espèrent créer un espace d’échanges et de débats pour penser au mieux l’avenir de ce secteur sur le territoire. Pour cela, des professionnels de l’édition feront le déplacement afin de partager avec les acteurs mahorais. Venus de Madagascar, de l’île Maurice, mais aussi de France métropolitaine, ils partageront leurs expériences et leurs compétences. “Le but est de créer un dialogue. Voir ce qui se fait ailleurs et penser au mieux un modèle qui puisse s’adapter aux enjeux de Mayotte”, explique Isaure de Lignerolles, la directrice de l’agence régionale du livre et de la lecture.
Auteurs, acteurs de la chaîne du livre, membres du conseil départemental, de la CRESS (chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) ou encore de la préfecture sont d’ores et déjà inscrits aux ateliers. Un public varié que Raphaël Thierry, agent littéraire au sein de l’agence Astier-Pécher, se réjouit de rencontrer. “J’ai pu travailler dans le secteur du livre dans la région de l’océan Indien et des Caraïbes, mais je ne me suis jamais rendu à Mayotte. Ces ateliers seront l’occasion de croiser les connaissances des intervenants extérieurs et des acteurs locaux afin de réfléchir à la meilleure façon de penser l’édition à Mayotte”, précise le Lyonnais. En effet, les coûts de production et de transport s’avèrent être de véritables freins au développement de ce secteur sur l’île aux parfums. De plus, les professionnels souhaitent mettre en avant l’édition en langues régionales, à l’instar du shimaoré et du kibushi. Ceci permettrait alors de mettre en avant la formidable diversité culturelle du territoire. Un défi de taille et un avenir éditorial qui reste encore à écrire !
Ce sont des femmes et des hommes exténués par la montée de la délinquance qui se sont réunis ce dimanche matin à la Convalescence. Une trentaine d’habitants de ce quartier situé dans les hauteurs de Mamoudzou a décidé de prendre les choses en main afin d’éradiquer les actes de vandalisme récurrents depuis plusieurs mois. Pour cela, le retour des gilets jaunes semble nécessaire à la cause.
Agressions, cambriolages, incivilités… Il ne fait plus bon vivre dans le quartier de la Convalescence à Mamoudzou. Les résidents manifestent un réel ras-le-bol et ne se sentent plus en sécurité, y compris au sein de leurs propres domiciles. « Depuis quelques mois, on voit des chiens errants, il y a de plus en plus de cambriolages, les voitures sont cassées. Pour ma part, on m’a vandalisée à plusieurs reprises et je dois constamment réparer », dénonce Sanya Youssouf, habitante du quartier depuis plus de 30 ans. Une insécurité qui a des répercussions sur le vivre-ensemble des voisins. « L’ambiance ici est catastrophique, nous ne pouvons plus rester dehors et discuter entre amis. Nous devons toujours nous enfermer chez nous parce que nous avons peur de nous faire agresser », affirme Djadoul Daoud, un jeune du quartier.
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Pourtant, il fût un temps où la zone en question était synonyme de bien-être et d’apaisement puisque chacun pouvait vaquer à ses occupations sans crainte de recevoir un jet de pierre, de se faire arracher son sac ou encore d’être cambriolé. « J’habite à la Convalescence depuis 1990. Avant, nous pouvions même dormir les portes ouvertes, nous ne risquions rien », déclare Sanya Youssouf.« L’insécurité a fait son entrée dans ce quartier au début des années 2010, comme sur l’ensemble du territoire de Mayotte. Les agressions se sont multipliées jusqu’en 2018, » lors de la création d’un comité de médiation de sages et de prévention de la délinquance qui a pris l’appellation de gilets jaunes. Chaharoumani Chamassi, président de l’association « 2 mains pour les enfants », en était à l’origine. « J’avais réussi à rassembler 35 associations de la commune de Mamoudzou. Nous avions des bénévoles qui faisaient de la prévention de la délinquance et cela avait permis d’atténuer cette vague de violence », raconte-t-il. Une version confirmée par les habitants du quartier, mais les gilets jaunes ont fini par disparaitre du paysage pour diverses raisons et les malfaiteurs ont aussitôt refait surface.
Le retour des gilets jaunes
À l’issue de la réunion des résidents du quartier de la Convalescence de ce dimanche matin, la décision a été prise ressusciter le comité de médiation de sages et de prévention de la délinquance et par la même occasion les gilets jaunes. « Nous voulons mettre en place ce comité pour surveiller. Les bénévoles feront ce qu’on appelle ORA c’est-à-dire observer, renseigner, alerter. Nous n’allons pas lutter contre la délinquance car il s’agit d’une mission régalienne de l’État, nous nous sommes là pour la prévention. Nous devons faire en sorte pour que les jeunes ne basculent pas vers la délinquance », argumente Chaharoumani Chamassi. Une initiative grandement appréciée par tous les participants qui espèrent retrouver un semblant de vie normale.
Le président de l’association « 2 mains pour les enfants » souhaite rassembler au moins cinquante personnes pour constituer un groupe de bénévoles. Et pouvoir mettre en place les gilets jaunes d’ici la semaine prochaine. « Ce qui m’inquiète un peu c’est l’application sur le terrain. Il ne faut pas être violent. Nous ne sommes pas là pour faire le travail de la police et de la gendarmerie, nous voulons faire de la prévention », insiste-t-il. Un rappel indispensable dans ce contexte où chacun est tenté de se faire justice soi-même.
Du 14 au 16 octobre avait lieu la deuxième édition du concours d’innovation de l’agence de développement et d’innovation de Mayotte (ADIM) ainsi que la première édition de start-up week-end Mayotte organisée par le groupement des entreprises mahoraises des technologies, de l’information et de la communication (GEMTIC). Deux événements que les structures organisatrices ont décidé de mutualiser afin de créer une édition unique au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi.
22 porteurs de projets, 8 coachs, 6 projets, 3 lauréats… Voilà qui résume bien les 54 dernières heures des startupers rassemblés au pôle d’excellence rurale de Coconi. “Notre but ici est de détecter et de soutenir les meilleurs projets à caractère innovant grâce à une aide financière et à un accompagnement adapté”, explique la présidente de l’ADIM Zamimou Ahamadi. “Mayotte est une terre d’innovation, d’opportunités pour les porteurs de projets et c’est ensemble que nous réussirons.” Le 101ème département français connaît une forte croissance économique en grande partie soutenue par les programmes de rattrapage des retards structurels du territoire qui doivent satisfaire des standards nationaux et européens.
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Jua School, le premier prix du jury
Tout a commencé jeudi dernier. Abdallah Hachim a poussé les portes du pôle d’excellence rurale avec le projet d’une plateforme numérique de soutien scolaire. Deux jours plus tard, il est reparti la tête pleine de conseils et de belles rencontres mais aussi avec le premier prix et un chèque de 25.000 euros pour enfin réaliser son rêve. “J’ai lancé mon activité en février 2021. Mon entreprise de soutien scolaire regroupe une vingtaine de prestataires de service issus de tous les domaines et titulaires d’un bac +2 au minimum. Leur rôle est d’offrir aux élèves un accompagnement scolaire de qualité”, affirme le futur professeur de mathématiques. Dès le début de cette aventure entrepreneuriale, il ambitionnait de mettre en place une plateforme de soutien en ligne afin de mettre en lien des élèves et des professeurs de Mayotte, de La Réunion ou encore de métropole. “Grâce aux compétences que j’ai acquises durant le startup week-end et à ce premier prix, je vais enfin pouvoir lancer la plateforme en ligne”, se réjouit le startuper.
54 heures de travail d’équipe
Le start-up week-end a permis de mettre en avant des projets entrepreneuriaux pensés à Mayotte et surtout pour Mayotte. “J’ai été ravie de travailler avec l’ensemble des six projets. Tous les startupers étaient très investis et ont réussi en 54 heures à capter tous les enjeux”, confie Gaëlle Biguet, directrice du centre d’affaires de Mayotte. Un sentiment partagé par l’ensemble des coachs, issus d’entreprises mahoraises, de la CCI ou encore du CUFR, et des jurés qui ont été ébahis face à la qualité des projets présentés. Éducation, santé et environnement.. Les sujets visaient l’excellence et l’innovation pour un territoire en pleine construction.
Jeudi, les porteurs de projets ont présenté chacun leur tour 22 idées entrepreneuriales. Pendant une heure, ils ont été mis en situation et ont tenté de vendre de manière fictive aux autres startupers leur projet. Au final, six projets ont été retenus et des équipes se sont créées autour de ceux-ci. Parmi les trois équipes lauréates, certains entrepreneurs ne se connaissaient pas avant de participer à l’expérience et se sont réjouits de pouvoir lancer ensemble leur activité. Une expérience riche en émotion et en créativité qui s’est terminée samedi après-midi avec beaucoup de larmes de joie.
Ce vendredi 15 octobre, la préfecture, le rectorat, l’association des maires et l’agence française de développement ont paraphé une convention quadripartite portant sur l’accompagnement des communes dans la construction et la rénovation d’équipements scolaires du premier degré. Grâce à la mise à disposition d’ici la fin de l’année de cinq ingénieurs, les signataires espèrent franchir une nouvelle étape dans le but de remporter ce match mal engagé jusqu’à présent.
Face à la démographie galopante, Mayotte affûte sa tactique dans un match jusqu’alors à sens unique. Au bout duquel, le coup de sifflet final doit coïncider avec la scolarisation de tous les enfants dès l’école primaire, dont beaucoup trop regardent encore leurs camarades depuis le haut des tribunes. Un challenge de taille qui exige un travail d’équipe sans précédent. « Cette convention [quadripartite] fixe les règles du jeu collectif entre nous », image Charles Trottmann, le directeur du département trois océans de l’agence française de développement. C’est l’état d’esprit affiché lors de la signature ce vendredi 15 octobre du partenariat portant sur l’accompagnement des communes dans la construction et la rénovation d’équipements scolaires du premier degré.
En capitaine modèle, le recteur Gilles Halbout remobilise d’entrée ses coéquipiers. « Nos préoccupations sont tournées vers les rentrées prochaines, avec 3.000 élèves supplémentaires à scolariser chaque année. » Une opposition déséquilibrée tant le déficit physique à combler – 500 nouvelles classes à sortir de terre au cours des cinq prochaines années et autant à réhabiliter – semble pour le moment insurmontable. « Nous manquons d’ingenierie pour répondre aux problèmes de masse auxquels nous sommes confrontés », résume en conférence de presse Thierry Suquet, le préfet du 101ème département. Qui voit en ce dispositif « une étape supplémentaire » pour réussir une remontada éducative.
Un appui d’ingénierie spécifique aux maires
Doivent entrer en jeu d’ici fin 2021, pour deux ans et demi, cinq experts recrutés par l’AFD. Un projet évalué à 1.5 million d’euros qui consiste à apporter « un appui d’ingenierie spécifique aux maires », dévoile Charles Trottmann. Mais aussi à faire sauter le « verrou » ressenti du côté des services techniques des collectivités. « Nos techniciens ont d’autres bâtiments en gestion, donc cela peut retarder certains projets », concède pour sa défense Madi Madi Souf, le président de l’association des maires. Indépendamment de cet accompagnement, l’idée est donc de les former et de les faire monter en compétences.
En ce sens, le responsable de l’académie loue les vertus de cette convention, qui va « nous donner un nouveau souffle » et « avoir un effet transformant rapide et visible ». Pas question pour autant de laisser les pouvoirs publics sur le banc des remplaçants. « L’enjeu de la décision politique et de la maîtrise d’ouvrage peut être séparé. Nous sommes dans l’addition, personne n’est perdant dans ce schéma-là », affirme le délégué du gouvernement, convaincu que ce réajustement tactique va contrecarrer les mauvaises surprises rencontrées à la veille de chaque rentrée scolaire. « Nous sommes tous concernés, il est important que nous soyons tous autour de la table et que nous nous concertions régulièrement pour prioriser les besoins », prévient Gilles Halbout. Histoire de ne pas finir hors-jeu…
Pour honorer la mémoire du professeur d’Histoire-Géographie tué le 16 octobre 2020 après avoir montré des caricatures de Charlie Hebdo pendant un cours, les académies organisaient vendredi une commémoration et une minute de silence. Le rectorat de Mayotte a répondu présent. Mais si les élèves du 101ème département ne connaissent que trop bien la violence, les enjeux d’un tel attentat terroriste ne sont pas exactement les mêmes de ce côté du globe.
“Je vous demande d’observer une minute de silence pour rendre hommage à un professeur d’Histoire-Géo, assassiné à 47 ans pour avoir enseigné nos valeurs et la liberté d’expression.” Les élèves obtempèrent sans rechigner. Les derniers mots du recteur de Mayotte résonnent dans le préau du lycée Younoussa Bamana, subitement plongé dans un silence respectueux. Mais la consigne à peine levée, voilà que le brouhaha repart de plus belle. C’est sans compter l’arrivée sur le tard d’un caméraman… “Attendez, on le refait s’il-vous-plaît !”, intime le proviseur à la foule indisciplinée.
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Ce vendredi 15 octobre 2021, ce ne sont donc pas une mais presque deux minutes que les quelques élèves du lycée Younoussa Bamana présents auront passé la bouche close. Conformément à la volonté du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, l’académie de Mayotte organisait une commémoration en hommage à Samuel Paty. Le professeur au collège de Conflans-Sainte-Honorine avait été assassiné par un terroriste islamiste le 16 octobre 2020, il y a presque un an. En pleine période de la Toussaint, le rectorat a opté pour cette séquence vendredi dans les établissements ouverts dans le cadre du dispositif des “Vacances apprenantes”. Un autre hommage sera rendu lors de la semaine de rentrée, le 25 octobre 2021.
30 référents pour former les 8.000 personnels
L’occasion pour le recteur de rappeler l’engagement de son ministère depuis le tragique événement. “Ce qui a changé, c’est notre détermination renforcée autour du carré régalien”, souligne Gilles Halbout, en référence à cette organisation des ressources pour chaque académie, censée améliorer la réponse publique dans quatre domaines stratégiques : la protection et la promotion des valeurs de la République, la lutte contre les communautarismes, la lutte contre le harcèlement/cyberharcèlement et la lutte contre les violences scolaires. “Un point qui nous concerne particulièrement à Mayotte, ce sont les violences. Notre vigilance est renforcée autour du soutien aux enseignants et de la prévention”, insiste le responsable.
Pour répondre aux exigences de ce “carré régalien”, un programme de formation “pyramidale” a été mis en place au niveau national. “Sur notre académie, une trentaine de référents valeurs de la République sont en train d’être formés”, précise-t-il. Ces premiers de cordée seront ensuite chargés de former à leur tour leurs collègues. Un dispositif qui s’étalera “sur trois ou quatre ans”, puisqu’il s’agira de transmettre leurs savoirs aux quelque 8.000 personnels de l’Académie.
“Moi, si j’étais professeur…”
Pour les élèves réunis ce vendredi, cette journée visait aussi à travailler sur ces enjeux de citoyenneté, au travers d’ateliers pédagogiques sur l’esprit critique, la tolérance, la laïcité, ou encore le rôle d’un professeur au sein de la société. Dans une salle de classe, une vingtaine de lycéens, d’âge et de niveaux variés, étaient par exemple invités à se mettre dans les bottes d’un enseignant. “Moi, si j’étais professeure, je ferais en sorte que chaque élève de la classe se sente à sa place”, lit à haute voix l’une des élèves. “Moi si j’étais professeur, je serai prof d’histoire comme Monsieur Diop, je ne l’ai jamais eu avant, mais aujourd’hui après son discours, j’ai compris qu’il a un grand respect pour son métier et un grand sens de l’honneur”, lui emboîte le pas un autre de ses camarades, un peu intimidé par cette soudaine attention.
Miki, Momix… et Hamada
Et Samuel Paty dans tout cela ? L’un comme l’autre secoue la tête. Avant cette journée, le nom du professeur val d’oisien n’était pas arrivé jusqu’à leurs oreilles. “Maintenant, je crois que j’ai compris, c’est un prof, il faisait son travail, et il a dessiné le prophète et il y a des gens qui l’ont dénoncé à des terroristes et ils l’ont tué… C’est ça ?”, récite l’air concentré le jeune homme, guettant un signe d’approbation. “Oui, ça me choque”, hésite-t-il encore. Visiblement un peu éloigné de ces problématiques hexagonales, le garçon est plus bavard quand il s’agit d’évoquer les violences à Mayotte. « Ça ça me choque ! Parce qu’ils ont tué un de mes camarades. C’était cette année. Hamada, à Mtsapéré”, déverse-t-il un peu plus véhément.
Interrogé à ce sujet, le proviseur de l’établissement confirme que le jeune tué lors des affrontements à Bonovo la semaine dernière suivait bien sa scolarité au lycée Younoussa Bamana. En avril dernier, déjà, le meurtre d’un élève à quelques rues de là avait endeuillé tout l’établissement. “On avait fait la marche blanche, des cellules psychologiques, des séances de parole… Mais c’est vrai qu’on est un peu démuni face à ces violences. Ce n’est pas notre métier”, soupire-t-il.
L’agence de l’Outre-mer pour la mobilité et le Service militaire adapté ont renouvelé un protocole d’accord le 14 septembre dernier. Pour l’occasion, le directeur général de LADOM Florus Nestar était en déplacement au régiment de Mayotte ce jeudi, pour signer la déclinaison territoriale de cette convention. Un partenariat clé pour le 101ème département, dont le taux de chômage avoisine toujours les 30%.
Mayotte a “ouvert le feu”, pour reprendre l’expression du directeur général de L’agence de l’Outre-mer pour la mobilité (LADOM). Florus Nestar est en visite de deux jours sur le territoire, dans le cadre du renouvellement d’un partenariat avec le Service militaire adapté (SMA). Signé le 14 septembre dernier sous l’impulsion du ministre Sébastien Lecornu, ce partenariat national – dont la première mouture remonte à 2017 – doit être décliné dans les Outre-mer, sous la forme d’un protocole territorial propre à chacun. Après l’île au lagon, le directeur général poursuivra ainsi son tour des territoires ultramarins.
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Mais c’est à Mayotte qu’il a choisi de poser ses bagages en premier. “Quand on connaît l’importance du chômage ici, nous avons un effort particulier à faire pour accompagner les Mahorais dans cette quête de compétences vers l’emploi”, explique Florus Nestar, à l’occasion de la signature de la convention au Régiment du service militaire adapté de Mayotte (RSMA), ce jeudi.
Assurer l’insertion professionnelle des jeunes
Le but du protocole d’accord : mieux assurer la coordination des missions réalisées par LADOM et le régiment, et ainsi favoriser l’insertion professionnelle des jeunes de Mayotte. “À chaque fois que je suis dans les Outre-mer, je ne rate pas l’étape du RSMA…et pas que pour le déjeuner”, plaisante le directeur général dans un clin d’œil respectueux à son partenaire renouvelé. “Ce partenariat est robuste car nous avons le même objectif de montée en compétences des jeunes ultramarins pour leur assurer une insertion professionnelle”, insiste-t-il.
Bien sûr, tous les jeunes qui souhaitent bénéficier de l’aide de l’agence pour leur mobilité vers une formation ne passent pas forcément par le RSMA. “Mais ceux de chez vous passent par nous pour les aider à se professionnaliser.” Une complémentarité entre les deux organes de formation, qui doit permettre “d’être plus efficaces” dans l’accompagnement des jeunes en mobilité.
Un catalogue étoffé
La nouvelle convention élargit ainsi les possibilités de déplacement pour ces candidats au départ, afin qu’ils puissent “bénéficier de la formation, là où elle se trouve”, précise Florus Nestar. Exemple : un jeune Guadeloupéen qui souhaite développer son savoir-faire dans la menuiserie pourra s’envoler pour la Guyane si elle possède le plateau technique le plus adapté. Et mieux encore, puisque LADOM étoffe aussi son catalogue à l’international, par “bassin océanique”. “L’aide à la mobilité est là lorsque sur votre territoire, vous n’avez pas trouvé votre formation, soit parce que cette formation n’existe pas, soit parce qu’elle est saturée”, rappelle le directeur. Autre bonne nouvelle : la signature d’une convention entre LADOM et Pôle emploi, qui permettra là encore de proposer davantage d’offres de formation. Le directeur général de l’agence a rendez-vous ce vendredi pour formaliser ce nouvel arsenal.
“Je me réjouis de cet élargissement avec la possibilité non seulement de poursuivre cette mobilité vers la métropole, élargie avec le partenariat Pôle emploi et également élargie avec le bassin océanique qui nous permettra d’envoyer nos jeunes vers la Guyane ou la Martinique, et inversement”, salue le lieutenant-colonel Pierre-Louis Dubois, le commandant du RSMA. Sur une année pleine, en 2019, le régiment a réalisé “plus de 100 mesures de mobilité vers la métropole”, chiffre-t-il. Ce partenariat renouvelé, et étoffé, s’inscrit dans la montée en puissance du RSMA de Mayotte, qui se verra bientôt doté d’une nouvelle compagnie, annoncée en août par Sébastien Lecornu lors de sa visite ministérielle.
La nouvelle convention LADOM/SMA ouvrira 50 mesures de mobilités à destination de tous les Outre-mer. “On en prendra 49 !”, lance le lieutenant-colonel. Premier arrivé, premier servi !
Les territoires ultramarins permettent à la France métropolitaine d’être présente dans tous les océans du monde à l’exception de l’Arctique. Alors du point de vue de la stratégie maritime nationale, que peuvent offrir les Outre-mer à la Nation ? C’est toute la question que se pose la délégation sénatoriale aux Outre-mer qui mène actuellement une étude sur le sujet. Éléments de réponse ce jeudi avec l’audition de trois spécialistes.
Sur divers points de vue, les territoires ultramarins offrent un panel d’opportunités à la France. Et les décideurs politiques basés à Paris sont bien forcés de s’intéresser aux réalités locales. Car oui, les Outre-mer concentrent 80% de la biodiversité française, « un trésor de faune et flore marine », insiste Cyrille Poirier-Coutansais, le directeur de recherches au centre d’études stratégiques de la Marine, invité à s’exprimer ce jeudi devant la délégation sénatoriale aux Outre-mer, dans le cadre de son étude sur la place des Outre-mer dans la stratégie nationale maritime. Ces territoires présentent de facto des atouts non négligeables dans les domaines de l’aquaculture, de l’algoculture et du cosmétique. Mais également des freins importants tels que les coûts de transport, la dépendance énergétique ou encore la difficulté à attirer des fonds d’investissement.
En soi, un long chemin reste encore à parcourir. Exemple avec l’aquaculture, dont la production totale est inférieure à 2.000 tonnes, alors qu’elle « peut avoir un bon succès à l’export ». Aux yeux de l’expert, le mal vient notamment de l’absence de structuration de filières « pour que cela décolle » et surtout de la mise en avant des ressources, des entreprises et des potentiels à destination des financeurs privés, qui n’ont pas pris le relais des pouvoirs publics. « Il y a un manque de connexion entre ces possibilités et les acteurs », regrette-t-il, avant de fonder quelques espoirs d’exposition grâce aux Assises économiques de l’Outre-mer organisées le 7 décembre prochain.
Les Outre-mer fragiles face aux menaces
Cette présence aux quatre coins du globe assure à la France une présence militaire sans égal ou presque, qui lui permet de contribuer « aux flux et aux partages d’informations de surveillance maritime » et de contrôler « les zones économiques exclusives » afin de protéger les ressources halieutiques. Toutefois, pour Yann Briand, l’un des membres du cabinet du chef d’état-major de la Marine au ministère des Armées, « les faits géopolitiques et l’émergence de nouvelles puissances en mer font que les Outre-mer sont assez fragiles face à ces menaces », en raison principalement d’un matériel vieillissant et pas assez nombreux pour éviter les pillages par des navires prédateurs. L’espoir d’un redressement vient peut-être des efforts financiers inédits consentis au profit des armées, notamment sur les patrouilleurs en Outre-mer.
Face à l’interrogation des sénateurs sur l’engagement discontinu, voire aléatoire, dans les territoires ultramarins, le capitaine de vaisseau se défend à l’aide d’un exemple. « Déployer en permanence une frégate de premier rang à La Réunion, dans une région assez excentrée de certaines zones de crise, c’est perdre un moyen dont nous aurions besoin en Atlantique Nord pour pister des sous-marins nucléaires russes. » Clair comme de l’eau de roche !
Avec un tel constat, comment inverser la tendance pour une meilleure prise en compte ? Le dérèglement climatique dans les bassins régionaux peut éventuellement rebattre certaines cartes. En effet, selon Mikaa Mered, un spécialiste de géopolitique de la chair Outre-mer de Sciences Po, la multiplication des risques environnementaux va « induire un besoin de la Marine nationale et de d’autres organismes de sécurité et d’assistance environnementale ». Malheureusement, les nouveaux bâtiments de soutien Outre-mer n’ont pas la capacité amphibie de ses prédécesseurs pour ravitailler les territoires en cas de catastrophes naturelles à en croire Yann Briand… Si toutes les pistes évoquées par les trois auditionnés du jour restent une manière d’éclairer les parlementaires ayant un attrait pour les Outre-mer, la décision finale sera toujours entre les mains de la sphère politique basée à Paris, où la compétition est rude pour se faire entendre.
Désignée prodige de la République au mois de mai dernier, Nasrine Wissam a été reçue par le préfet de Mayotte ce jeudi matin. Pour l’occasion, une cérémonie de récompense a été organisée pour mettre en lumière la lycéenne de 17 ans. Nasrine Wissam fait partie de la centaine de Français méritants qui sont mis à l’honneur par le ministère de l’Intérieur pour leur engagement citoyen.
Du haut de ses 17 ans, Nasrine Wissam est déjà un exemple à suivre pour les jeunes de son âge mais également pour les adultes. Elle fait partie de la centaine de citoyens français désignés « prodiges de la République » grâce à leur engagement envers la société. L’initiative de la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa, a permis de mettre en valeur ces personnes qui œuvrent dans l’ombre pour aider les autres. Nasrine Wissam est l’une d’entre elles. « Je suis fière et honorée. Je sais que je ne suis pas la seule à mériter ce prix, alors ça me touche beaucoup. »
À Mayotte, une dizaine de noms ont été soumis au préfet pour ce titre honorifique, et c’est cette élève de terminale au lycée Younoussa Bamana qui a marqué le jury pour plusieurs raisons. « Quand elle a été choisie, elle exerçait des responsabilités au sein du conseil d’administration de son lycée, elle était vice-présidente du conseil de la vie lycéenne, elle était au service de ses camarades », retrace Thierry Suquet. Et au recteur d’ajouter : « Ce n’est pas une compétition, on n’a pas regardé qui a les meilleures notes. Nasrine n’est pas la meilleure élève, elle n’est pas non plus la plus engagée, mais c’est elle qui renvoie l’image de l’élève qui a un parcours complet. Elle a de bons résultats scolaires et elle est très engagée. »
En effet, malgré le travail colossal que peuvent demander les années passées au lycée, la jeune fille contribue au bien-être de ses camarades à travers diverses actions. Collecte de vêtements, création d’une cafétéria dans son établissement scolaire, mise en place d’une salle de jeux… Elle a déjà plus d’une corde à son arc et elle n’a pas l’intention de s’arrêter de si tôt. « Depuis le collège, je suis très engagée dans le monde associatif. J’aime créer des projets, tout organiser, alors je réfléchis à me tourner vers ça après le bac », confie Nasrine Wissam. Un engagement qu’elle devra combiner avec ses études supérieures puisque la jeune fille souhaite entamer une carrière de sage-femme ou d’obstétricienne.
500 euros offerts à l’association de son choix
La prodige de la République a été reçue à la Case Rocher par le préfet et le recteur qui lui ont remis deux récompenses. À la clé, un CD intitulé « Jours de gloire » et un chèque de 500 euros qu’elle a donné à son tour à l’association AMORS. « Je l’ai choisie parce qu’elle soutient beaucoup les personnes dans le besoin à Madagascar, notamment les enfants. Les membres suivent la scolarité de certains jeunes et leur permettent d’aller à l’école », décrit la lycéenne. De quoi s’attirer la reconnaissance du président de l’association, également invité à la cérémonie. Depuis la crise sanitaire, il leur est en effet difficile de mener à bien leurs projets. « Ce sont les cotisations qui nous permettent de faire ce que l’on fait, mais avec le Covid c’est plus difficile, alors que l’on ne peut pas arrêter d’aider », indique Benjamin Marolahy. C’est cet engagement farouche qui a poussé Nasrine Wissam a faire ce choix.
Un altruisme qui ne date pas d’hier. « Sa nomination en tant que prodige de la République ne m’étonne même pas car depuis toute petite, elle a toujours aimé aider les gens », soutient Nadia Zabibo, la mère de la récompensée du jour. Elle se dit fière de sa fille et elle sait « qu’elle ira encore plus loin parce qu’elle travaille beaucoup pour réussir ». Nasrine Wissam est devenue un exemple pour tous les jeunes de sa génération. Mais elle veille avant tout à être un bon modèle pour ses petits frères et sœurs.
Voilà de nombreux mois que les esprits mahorais s’écharpent sur le projet de piste longue de l’aéroport international de Dzaoudzi-Pamandzi, qui serait vecteur de développement de l’île. Intégrées aux réflexions, les associations locales craignent néanmoins pour la faune et la flore du lagon… et espèrent que la justice freine l’allongement de la piste.
Si d’aucuns s’accordent à dire fièrement que Mayotte possède le plus beau lagon du monde, c’est grâce – en partie – à ses coraux. Ceux-ci jouent un « rôle primordial dans le maintien d’un littoral en bonne santé », indique une étude publié en 2005 par l’initiative française pour les récifs coralliens. Avec environ 760 hectares d’herbiers, les habitants du 101ème département français peuvent donc se targuer d’avoir une biodiversité rare à leurs pieds. Seulement, la protection de l’environnement ne peut se dérouler qu’avec le développement économique de l’île, et donc une facilitation des vols long-courrier, qui serait rendue possible par une piste longue à l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi.
C’est à Pamandzi, justement, que la maison du projet piste longue était inaugurée ce lundi 4 octobre, en présence notamment de Damien Cazé, directeur général de l’aviation civile (DGAC), marquant des points pour le remblai, contre le récif. Car, autre que son prix réel, cette construction qui favoriserait le tourisme, le fret, la concurrence entre les compagnies aériennes et donc la baisse des prix des billets, coûterait aussi cher à la faune et la flore du lagon. « Celles et ceux qui ont une vision plus large sont très circonspects vis-à-vis de ce projet », prévient Franck Charlier, membre de l’association Oulanga na Nyamba. « Il n’y a pas que les dugongs dans la zone ! »
Les associations dans un comité de suivi des études écologiques
Les tortues marines, notamment, mais aussi d’autres espèces, vivent grâce au milieu récifal et lagunaire de Mayotte, dont l’autorité environnementale disait en 2020 qu’il comportait « des peuplements coralliens en bonne santé et des herbiers clairsemés dont des études récentes relèvent la régression ». Cette dernière serait accentuée par la construction d’une piste longue sur le lagon mahorais, même si Christophe Masson, délégué du projet à la DGAC, assure que « dès le départ, les associations ont été associées au projet via un comité de suivi des études écologiques (CSEE). Elles nous apportent le savoir qu’elles ont sur le terrain et les espèces. Nous devons avoir une étude d’impact la plus fiable possible. Nous sommes tout à fait conscients que le projet de piste longue se trouve dans un environnement sensible ».
Lancée en septembre 2020, l’étude opérationnelle pour la piste longue privilégie ainsi le « scénario 2 », une piste convergente qui prendrait appui sur l’extrémité sud de la piste actuelle. Cette dernière aurait un impact moindre sur l’environnement, même si la végétation de la colline de Foungoujou serait rasée et que le coût de réalisation de cette seconde option, bien plus bas, est aussi un facteur primordial. Le CSEE s’est déjà réuni deux fois, en 2020 et en avril 2021, afin de mettre en place des inventaires d’espèces autour de la zone de l’aéroport, qui seront menés par les bureaux d’études Espaces et Micropoda. La troisième réunion du comité, prévue ce mardi 19 octobre, permettra sans doute aux associations locales d’en savoir plus.
Le projet de piste longue, « mort dans l’œuf » ?
En attendant, la lutte continue du côté du récif. Pour cela, les acteurs associatifs locaux peuvent compter sur un outil juridique : l’avis conforme, qui permet de bloquer un projet ayant un impact notable. Cet outil contraignant « a été mis entre les mains du Parc naturel marin en 2011 », explique Franck Charlier. « Et les probabilités pour qu’il émette un avis favorable à un projet détruisant l’environnement sont proches de zéro. » Pour le membre d’Oulanga na Nyamba, « ce projet de piste longue est mort dans l’œuf, c’est une hypocrisie. Nous sommes dans une aire marine protégée. Le gouvernement a créé un outil juridique qui se retourne contre ce projet ».
Interrogé à ce sujet, Christophe Masson préfère éluder le cas dans lequel le Parc marin émettrait un avis défavorable au projet, ou du moins, le nuancer. « Le Parc naturel marin est associé à toutes les études, et devra délivrer un avis auquel nous serons attentifs », confirme le délégué de la DGAC à Mayotte. « Un avis conforme doit être scrupuleusement respecté. Mais dans un avis, il peut y avoir des réserves, des préconisations, ce n’est jamais tout noir ou tout blanc. » C’est donc le gris qui serait à l’honneur, le même que le remblai d’une piste longue portant nombre de promesses économiques pour Mayotte. Pour la construire, il faudra cependant garder en tête le blanc, celui dont sont teintés de plus en plus de récifs coralliens du lagon.
1995, un premier allongement sans bilan
C’est l’année du premier allongement de la piste de l’aéroport de Mayotte, qui avait pour but de favoriser les vols moyen-courrier à destination de La Réunion. Poussé à 1.930 mètres, le remblai avait déjà recouvert le platier corallien au sud de Petite Terre. Dans son dernier avis, l’autorité environnementale remarque d’ailleurs que « l’allongement de la piste actuelle en 1995 a eu un impact sur l’hydrodynamique et la faune et la flore dont il conviendra de faire un bilan ».
Ce mardi 12 octobre, le centre universitaire de formation et de recherche fêtait son dixième anniversaire. Une aventure au cours de laquelle les avancées ont été légion, comme la multiplication du nombre d’étudiants et d’enseignants mais aussi l’amélioration des infrastructures. Un travail colossal avant l’étape suprême : l’obtention du statut d’institut national universitaire. Entretien avec Aurélien Siri, le directeur de l’établissement.
Flash Infos : Que de chemin parcouru depuis l’annonce du décret constitutif du 12 octobre 2011… Quels chiffres vous viennent directement à l’esprit lorsque vous pensez à ce dixième anniversaire ?
Aurélien Siri : En l’espace de dix ans, nous avons tout simplement triplé les effectifs des étudiants, en passant de 600 à 1.800 élèves en 2021 ! Une croissance forte qui s’est aussi ressentie chez le personnel puisque nous sommes désormais une centaine. À titre comparatif, il n’y avait que trois enseignants-chercheurs en 2012, contre trente aujourd’hui.
L’autre chiffre qui me rend fier, ce sont les 11 diplômes nationaux préparés à Mayotte et délivrés par les universités partenaires (Aix-Marseilles, Nîmes, La Réunion, Montpellier et Montpellier 3). Imaginez, à nos débuts, nous avions des licences qui n’étaient constituées que de la première année… Depuis, il y a eu l’émergence de la formation des enseignants avec les MEEF (master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) 1er degré en 2017 et 2nd avec deux parcours – mathématiques et lettres – lors de la dernière rentrée scolaire. Cette année, nous avons même créé une licence préparatoire au professorat des écoles, ce qui nous permet d’avoir toute la formation depuis le post-bac jusqu’au master.
FI : Avec une telle revue d’effectifs au cours de la dernière décennie, le centre universitaire a dû tout naturellement s’agrandir. Que pouvez-vous nous dire sur l’évolution immobilière ?
A. S. : Nous avons construit coup par coup, en augmentant la superficie du centre universitaire. Mais nous arrivons déjà à saturation tant les besoins sont toujours plus importants, entre la vie étudiante, la pédagogie, l’administration… Nous allons donc devoir développer les infrastructures pour apporter de meilleures conditions d’étude et de travail ! Pour cela, nous allons mobiliser les 6.4 millions d’euros prévus à cet effet dans le contrat de convergence qui vont nous permettre de bénéficier de 1.000 mètres carrés supplémentaires d’ici 2023-2024. Se posera ensuite la question du foncier. Selon le schéma directeur qui se projette sur deux horizons, 2025 et 2030, nous accueillerons 3.700 étudiants. Nous envisageons donc un second site pour développer le CUFR.
FI : L’autre volet qui démontre le dynamisme du CUFR, ce sont les appels à projets pour lesquels vous avez été retenu…
A. S. : Depuis deux ans, le CUFR répond à des appels à projets et est retenu avec succès. Exemple avec le campus connecté et le démonstrateur numérique. Dans le cadre du plan de relance, nous avons aussi reçu une dotation de 2.7 millions d’euros pour installer des panneaux photovoltaïques et rénover les façades de l’établissement dans le but de réduire la consommation d’énergie de l’ordre de 71%. Tout cela montre un dynamisme ascendant dans tous les domaines ! Le fait d’être sélectionné montre à quel point nous pouvons rivaliser avec des universités prestigieuses ultramarines et métropolitaines.
FI : Reste maintenant à transformer l’essai et à passer en une université de plein exercice.
A. S. : Cette évolution croissante va nous faire arriver à un statut d’institut national universitaire, qui nous permettra d’aboutir à un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel et délivrer nous-mêmes nos diplômes ! Cette première étape que nous envisageons avant 2025, c’est-à-dire la fin du contrat d’établissement passé entre l’État et le CUFR, est à mon goût la plus importante. Car cela signifiera que nous aurons le même statut que les autres universités. Nous pourrons alors proposer un master propre à Mayotte. Quant à l’université de plein exercice, elle n’aura pas de conséquence directe pour les étudiants ! Son intérêt est surtout d’avoir des responsabilités et des compétences élargies en interne, ce qui va exiger une réorganisation administrative des services pour répondre aux standards et une montée en compétences du personnel.
FI : Que pouvez-vous espérer pour la suite une fois que tous ces dossiers seront menés à leur terme ?
A. S. : L’objectif sera aussi de lancer une école doctorale pour enrôler des chercheurs mahorais sur le territoire qui pourront devenir maître de conférence. Il s’agit là de la deuxième étape après l’INU. Mais pour cela, il faudra posséder un laboratoire de recherche sur Mayotte. Nous sommes prêts à recruter les étudiants passés par le CUFR pour transmettre cette idée de modèle auprès de nos élèves. Il faut poursuivre dans cette voie pour en rapatrier encore davantage. La plus grosse difficulté consiste à les suivre une fois en Hexagone car nous avons peu d’indications sur ce qu’ils font. Aujourd’hui, c’est l’avenir de Mayotte qui est préparé au CUFR. Depuis 2017, nous avons formé 414 professeurs des écoles. Nous verrons dans les années à venir les effets sur la jeunesse, car ce sont des enseignants mieux armés méthodologiquement !
À l’occasion de la journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes, la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien (PIROI), en collaboration avec la délégation territoriale de la Croix-Rouge française, le service interministériel de défense et de protection civile (SIDPC) et Mayotte Nature Environnement, a organisé ce mercredi 13 octobre un événement de sensibilisation auprès du grand public. Une première qui doit se démultiplier dans les prochains mois.
« Quels sont les numéros de secours que tu peux contacter en cas d’urgence ? » Fascicule entre les mains, Manasse s’adresse à l’un des visiteurs, venu sur la place de la République ce mercredi 13 octobre. Le bénévole de la Croix-Rouge se charge, avec son acolyte Zaidou, de promouvoir l’animation intitulée Maore dzi pangue (Mahorais prépare toi), comparable à un jeu de l’oie. Un nom qui sonne comme tout sauf anodin en cette journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes.
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Organisatrice de l’événement dans le 101ème département en collaboration avec le service interministérielle de défense et de protection civile et Mayotte Nature Environnement, la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien sensibilise les curieux qui s’arrêtent au fil de la matinée. « L’idée est d’améliorer la résilience de la population à la gestion de risques », développe Thomas Gaboriau, le coordinateur local de programmes à la PIROI. Qui se mue rapidement en professeur de mathématiques pour étayer sa démonstration à l’aide d’une courbe imaginaire : « Un risque est l’aléa multiplié par la vulnérabilité. » Simple comme bonjour en soi !
Cinq risques potentiels à Mayotte
Et à Mayotte, les risques sont pléthores entre les glissements de terrain, les cyclones qui « méritent une attention toute particulière », les inondations, les séismes ou encore les tsunamis ! Dans son rapport d’activité de l’année 2020, le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) revient sur la modélisation de 60 scénarios, de la génération et la propagation des vagues de tsunamis à la submersion de la côté. À travers cette étude demandée par la direction générale de la prévention des risques du ministère de la Transition écologique, les chercheurs évaluent le rôle protecteur du récif et de la mangrove, mais aussi l’ordre de grandeur et le temps d’arrivée des vagues.
Que faire alors si l’un de ces risques se produit demain ? « En cas de tsunami, la consigne est de monter en altitude. À l’inverse, pour un cyclone, il faut se mettre à l’abri, sous une table par exemple », rappelle Thomas Gaboriau, dans un rôle d’avant-gardiste face au dérèglement climatique et à l’affaissement du territoire en raison de l’apparition du fameux volcan sous-marin en mai 2019. Suffisant pour convaincre les habitants de l’île aux parfums de s’y intéresser ? Affirmatif, à en croire le trentenaire ! « La population a de plus en plus en tête que c’est un vrai sujet. » Preuve en est lors de l’alerte cyclonique de décembre 2019, qui avait eu pour conséquence le déplacement et l’hébergement en urgence de quelque 15.000 individus.
Toujours est-il que ce rendez-vous est avant tout le top départ d’une série de sept événements de ce type dans chaque quartier d’intervention du « petit » Mamoudzou. Et marque également le début des actions de sensibilisation dans les écoles primaires à partir de la fin du mois d’octobre. « Nous allons proposer six sessions d’une heure à destination de 1.500 élèves de CM1 scolarisés en Petite-Terre et de Kawéni à Passamaïnty. » Sans oublier la formation des directeurs communaux, comme ceux de la mairie de Dzaoudzi-Labattoir dès la semaine prochaine, mais aussi des « personnes ressources » telles que les imams, les adultes relais, les leaders associatifs dans l’optique de « relayer efficacement les messages préventifs » et de « savoir mieux se préparer aux risques ». Mission accomplie.
Près de deux millions d’euros sur la table
Dans le cadre de ce projet, qui regroupe la prévention, la sensibilisation, la préparation et l’approche de réponse, la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien se déploie aussi bien à Mayotte qu’aux Comores. Les partenaires financiers – le conseil départemental, l’agence française de développement, la préfecture et l’Union européenne (FEDER-CTE) – mettent ainsi 1.8 millions d’euros sur la table, avec appui de la Croix-Rouge française, pour une série d’actions qui doivent s’étaler sur trois ans.
L’annonce par le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, d’une desserte hebdomadaire à compter du mois de novembre, s’apparente à une coquille vide. Selon le syndicat des transitaires de Mayotte, il n’y a que trop peu de conteneurs vides disponibles au départ de la métropole pour l’océan Indien avant début décembre. Ce stop-booking risque bien de créer des pénuries dans le 101ème département.
« Rien n’a changé, même si nous nous félicitons de retrouver des escales plus nombreuses. » À l’autre bout du combiné, le secrétaire du syndicat des transitaires, Marc-Antoine Moles, exprime sa déception à la suite de la venue du numéro 3 de CMA CGM, Ludovic Rozan, en fin de semaine dernière. « La direction n’a pas daigné nous voir ! Elle s’est simplement baladée sur les quais de Longoni vendredi matin et a rencontré Mansour Kamardine (député LR et conseiller départemental à la tête du conseil portuaire) », dit-il, face à ce mutisme et cette absence d’entretien avec sa structure et l’union maritime de Mayotte.
Pourtant, l’optimisme était de mise avant ce déplacement puisque Rodolphe Saadé, le PDG de l’armateur français, avait annoncé le 28 septembre dernier dans un courrier adressé au parlementaire la reprise des dessertes hebdomadaires à compter du mois de novembre. Sauf que l’amont et l’aval n’ont pas le même rythme de croisière… « Effectivement, la compagnie met plus de bateaux à disposition pour récupérer les conteneurs à Jebel Ali. Mais elle manque de conteneurs vides au départ de la métropole… » Un stop-booking, dans le jargon maritime, qui doit durer jusque minimum début décembre. Alors que pour Mayotte, il en faudrait à minima 1.500 d’ici la fin de l’année.
Entre 700 et 1.400 euros supplémentaires par conteneur
Conséquence : les transitaires chargeurs au départ doivent se rabattre sur la concurrence, à savoir MSC (Mediterranean Shipping Company), qui a de son côté mis en place une peak season surcharge (PSS) sur tous les chargements depuis le 15 septembre en raison de l’importante demande sur le marché. En d’autres termes, cela correspond à une taxe de l’ordre de 700 euros pour un conteneur de 20 pieds et de 1.400 euros pour un 40 pieds. « Elle fait comme Air Austral : plus les avions sont pleins, plus il y a de de demandes, plus le montant des billets explose. »
Sans surprise, cette politique tarifaire aura des répercussions « évidentes » sur les prix. « Plus le fret est cher, plus les produits sont chers !. » Pour faire simple : soit les clients accepteront de payer, soit ils attendront que tout rentre dans l’ordre pour passer leurs commandes. En clair, les risques de pénuries et/ou d’inflation existent bel et bien, aussi bien à Mayotte qu’à La Réunion. Et pour Marc-Antoine Moles, la situation générale ne devrait pas « se résoudre avant la fin du premier, voire le début du second trimestre 2022 ».
Déjà mise à mal par ce que l’on appelle « la vie chère », la population mahoraise se retrouve une nouvelle fois au pied du mur. Il suffit de regarder la pauvreté des étals dans les supermarchés pour envisager le pire… Comme si un parfum de crise pendait au nez du 101ème département !
Le « Récit de vie », c’est ainsi que s’intitule le nouveau concours d‘écriture de l’association lire à Mayotte. Cette première édition a pour objectif de préserver les us et coutumes mahorais en les mettant à l’écrit et par la même occasion de dénicher des nouveaux talents.
Écrire encore et encore pour préserver la mémoire de Mayotte. C’est en ce sens que l’association lire à Mayotte (ALIM) lance la première édition du concours d’écriture « Récit de vie ». Il est ou-vert à tous ceux qui résident à Mayotte ou qui sont originaire de l’île et qui veulent raconter une partie de leur histoire. « Il s’agit de récits qui parlent des coutumes mahoraises, ou de personnalités connues, des évènements, ou encore du vécu de l’écrivain dans le contexte local », précise Aïcha Abdallah Ali, la présidente adjointe de l’association. Ces écrits peuvent être sous forme de témoignage, de mémoire, de roman, de nouvelle, de biographie ou encore de journal intime… « C’est très diversifié parce que l’objectif est d’accroître les pratiques d’écriture chez les écrivains », indique Aïcha Abdallah Ali.
Les récits peuvent raconter une histoire vraie, mais les plus imaginatifs ont la possibilité de s’en-gager dans une fiction. Cerise sur le gâteau, les participants ont également la liberté de choisir leur langue de prédilection puisqu’ils peuvent rédiger en français, en shimaoré ou en kibushi. Les candidats ont jusqu’au 2 mars pour envoyer leurs manuscrits. Un jury, composé d’un auteur, d’un éditeur, d’un universitaire et d’un membre institutionnel, se réunira ensuite pour déterminer trois gagnants. Ils auront la chance de voir leurs écrits publiés par une maison d’édition locale.
Écrire pour ne pas oublier
Les écrits n’ont jamais fait partie de la culture mahoraise. Dans ce bout de terre de l’océan Indien, l’oralité est la norme depuis toujours. Les traditions se transmettent avec la parole, mais l’occidentalisation de la société mahoraise a mélangé les mœurs et certaines de l’île ont complètement disparues. ALIM souhaite sauver ce qu’il reste pour les générations à venir en enrichissant les archives de Mayotte. « Nous ne pouvons plus nous permettre de nous appuyer uniquement sur l’oral. Il est important d’écrire sur Mayotte, encore plus aujourd’hui car beaucoup de choses se perdent. N’oublions pas que les écrits restent et les paroles s’envolent », rappelle la présidente adjointe de l’association. Les manuscrits qui seront envoyés dans le cadre du concours « Récit de vie » contribueront à préserver le patrimoine mahorais et la mémoire locale.
Des talents à faire émerger
Le dernier concours « Écrire au féminin » organisé par ALIM avait généré une soixantaine d’ouvrages. Pour l’heure, une vingtaine de candidats ont envoyé leurs textes pour cette première édition. Et l’association s’attend à en recevoir encore davantage grâce aux modalités de participation. « Maintenant, les hommes peuvent participer, ce qui n’était pas le cas avec Écrire au féminin, et nous n’avons pas de limite d’âge parce que lors du précédent concours, les très jeunes personnes nous ont offert de très beaux écrits », précise Aïcha Abdallah Ali.
Ceux qui ont peur de se lancer ou qui ont besoin d’un regard extérieur sur leurs travaux pourront participer à des ateliers d’écriture organisés par l’association à partir de la fin du mois d’octobre jusqu’à la fin de l’année. « Il y aura des écrivains qui vont aider les participants à avoir confiance en eux, à ne pas abandonner… La formation est également censée donner quelques éléments à connaître dans le travail d’écriture. » Un travail essentiel selon la présidente adjointe de l’association puisque Mayotte a des talents cachés et l’organisation des concours d’écriture permettent de les détecter. Ces écrivains en herbe qui n’osent pas se dévoiler peuvent sauter le cap puisque les manuscrits sont tous anonymes.