Mise en place avec un peu de retard, ce mardi 29 novembre, la déviation de Passamaïnty a entraîné de grandes difficultés de circulation toute la journée. Celle-ci, qui doit durer deux mois, est pourtant nécessaire puisqu’elle permet à la Cadéma (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) de couper la route entre le rond-point du cimetière de Passamaïnty et celui à l’entrée du bourg. Ce tronçon doit, en effet, comporter « des trottoirs plus larges pour les piétons et une piste cyclable ». A quelques mètres, le projet de pôle d’échange multimodal servira à la future ligne de bus ralliant Passamaïnty au rond-pont Baobab, qui est prévue fin 2023.
Le Raid est intervenu ces derniers jours à Vahibé
Actuellement sur Mayotte, une équipe du Raid est en soutien des policiers de Mamoudzou, depuis le mardi 22 novembre. Alors que la situation s’est apaisée dans les villages de Doujani et Kawéni, la dizaine d’hommes (relevée par une autre équipe ce mardi, voir photo) de cette unité d’élite de la police procède à des opérations dans la plus grande commune de Mayotte. Ils sont notamment intervenus à Vahibé, ces derniers jours. « Ils sont allés récupérer des individus identifiés », confirme la police. Ces derniers sont suspectés d’être des coupeurs de routes liés à des barrages et au racket d’automobilistes, le 28 octobre dernier. Deux ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi. Cependant, une nouvelle opération de ce genre, ce lundi, a fait « chou blanc ». Les emplacements ciblés n’ont, cette fois-ci, rien donné et « 150 jeunes armés de barres de fer » ont caillassé les policiers locaux et l’équipe du Raid.
Bus attaqué à Majicavo : deux auteurs présumés interpellés
Le mercredi 16 novembre, vers 13h30, un bus a violemment été attaqué au niveau de la prison de Majicavo-Koropa. Montés à bord du véhicule, des jeunes du village ont porté des coups de machette et de couteau à des adolescents de Kawéni qui rentraient chez eux. Quatre élèves avaient été blessés et un cinquième en état de choc avait été pris en charge par les pompiers. Le chauffeur de bus avait eu les mains tailladées par des éclats de bouteille. Selon la gendarmerie, « l’enquête menée par les gendarmes de la brigade de Koungou a conduit à l’interpellation par l’antenne GIGN (groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) de Mayotte, appuyée par le Psig (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie) de Koungou, des deux principaux instigateurs et auteurs des faits ». Les deux ont été appréhendés le week-end dernier. Une information judiciaire étant ouverte, d’autres interpellations pourraient avoir lieu prochainement.
Aménagement du cimetière musulman de Majicavo-Koropa
La commune de Koungou a entamé des travaux de quatre mois au cimetière de Majicavo-Koropa. Ils sont nécessaires pour sécuriser le périmètre, améliorer son accès, mais aussi pour augmenter la capacité du cimetière, compte tenu des contraintes de foncier du village. Sont donc prévus, la création d’une plateforme sur l’emplacement du cimetière existant, la réalisation d’allée piétonne, l’installation de mobilier urbain, la réalisation d’un local technique et de son raccordement, mais aussi toute la signalisation, l’aménagement paysager et la mise en place d’un réseau d’éclairage solaire autonome. Lieu de mémoire et de recueillement où la symbolique est forte, le cimetière est un espace singulier. Ainsi, outre la nécessité de sécuriser le lieu, l’objectif est de proposer un espace de recueillement aménagé pour les habitants de la commune. L’accessibilité sera facilitée avec la création d’une liaison piétonne depuis la sortie de la RN1. Le lieu sera sécurisé avec la mise en œuvre d’une entrée unique, la réalisation d’un mur de soutènement et d’un mur de clôture en béton.
Quant à l’aménagement, il sera en cohérence avec les orientations du PLU de la commune, pensé pour une bonne gestion des eaux pluviales et une minimisation des risques d’inondations. Les aires destinées aux futures sépultures seront engazonnées. Les plantations d’essences locales et d’entretien facile pourront utilement offrir un embellissement des lieux. La concrétisation de ce projet se fera en plusieurs phases. La première phase a débuté et la durée des travaux est estimée à quatre mois. Elle comprend la création d’un mur de protection du cimetière, la sécurisation des fondations du murs de protection avec de l’enrochement et la réalisation d’un remblai en terre et la pose de garde-corps. Le montant du projet global est 1.949.397 euros. Un diagnostic des autres cimetières sera réalisé dans les prochains mois afin de les sécuriser et de les aménager à leur tour, et ce, selon un plan pluriannuel.
François Braun : « il faut donner les moyens aux professionnels de travailler »
Le ministre de la Santé et de la Prévention a visité le centre hospitalier de Mayotte, ce mardi 29 novembre. L’occasion de confirmer la création d’un second hôpital sur l’île et sa volonté d’attirer plus de professionnels de santé. Ce mercredi matin, il enchaîne les visites à Dzaoudzi, Combani et Hamjago.
Une deuxième journée de visites ce mercredi 30 novembre
Après s’être rendu à La Réunion, le ministre des Solidarités et de la Santé est arrivé à Mayotte pour deux journées sur le territoire. Ce mercredi 30 novembre, il se rendra au sein de l’école élémentaire Mohamed Houmadi Kichou, à Dzaoudzi, pour suivre la campagne de rattrapage vaccinal. Il assistera ensuite à la présentation des projets d’investissements du CHM à Combani, puis inaugurera un nouveau centre de santé ophtalmologique situé à Hamjago.
Le Conservatoire du littoral entame « un plan de reconquête du littoral »
Ce mardi 29 novembre, dans les locaux la communauté de communes de Petite-terre, l’antenne de Mayotte du Conservatoire du littoral a réuni gestionnaires, institutions et associations pour dresser le bilan 2022 de la gestion des sites littoraux de la Petite-terre. Après une matinée de présentation des résultats et projets à venir, une visite de terrain s’est déroulée sur le site de la Vasière des Badamiers, dans l’après-midi. Bacar Mdallah, chargé d’aménagement et de gestion de l’antenne de Mayotte, nous éclaire sur le rôle du Conservatoire du littoral, et sur les défis auxquels fait face le littoral de l’île.
Flash Infos : Comment se traduit le travail du Conservatoire du littoral à Mayotte ?
Bacar Mdallah : Ici à Mayotte, on a des réseaux de sites. C’est-à-dire plusieurs sites en un. Par exemple, sous la dénomination « cratères de Petite-terre », on regroupe le lac Dziani, les plages de Moya 1 et 2 et le versant littoral de la crête de la Vigie. En tout, cela représente une vingtaine de sites, pour un total de 2.700 hectares. Parmi ces sites, on trouve les îlots, une majorité des mangroves de l’île et des étendues de terres. Le Conservatoire a également la compétence pour intervenir sur les lacs, à l’image du lac Karihani. L’objectif du Conservatoire est avant tout la préservation de l’espace naturel littoral, et d’en permettre l’accès à la population lorsque cela est possible. Notre devise, c’est : « le littoral pour tous, et pour toujours ! ». Pour cela, on confie nos sites à des gestionnaires – en l’occurrence le conseil départemental et les communautés de communes – qui sont garants de leur entretien et de leur valorisation.

F.I. : Vous dressez aujourd’hui le bilan des actions menées cette année en Petite-terre. Quelles sont vos principales satisfactions ?
B.M. : La principale satisfaction qui se dégage de cette réunion, c’est l’engagement des structures, collectivités et associations en faveur de la préservation des sites. Leur présence est importante car ces sites ont un fort potentiel pour le développement touristique de l’île.
La deuxième grande satisfaction concerne les actions de sensibilisation effectuées auprès de la population par nos gestionnaires. Ces sites ont une grande valeur – écologique comme paysagère – et il est important de bien faire connaître les règlementations qui leur sont propres. On essaye également de travailler avec les gestionnaires pour développer des actions de restauration. On retient par exemple la réfection du parking d’accès au Dziani, et de la piste de Moya par la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), accompagnée de la remise en état des canalisations d’eau qui alimentent la maison des gardes (N.D.L.R. du conseil départemental, en charge de la surveillance des tortues). Toutes ces actions permettent un meilleur accès aux sites par le public.
F.I. : Quels sont les grands défis auxquels fait face le littoral mahorais ?
B.M. : Le principal défi, c’est l’activité de l’homme en général… à commencer par le développement urbain. Notre but, c’est de faire ce qu’on appelle de la coupure d’urbanisme, c’est à dire garder des espaces naturels pour éviter qu’ils ne soient construits. Nous devons faire face à l’occupation illégale de nos terrains. En 2021, un agent a été spécifiquement embauché pour recenser ces occupations, dans le cadre d’un « plan de reconquête du littoral ». Au total, 115 occupations ou groupes d’occupations ont été dénombrées. Beaucoup sont de nature agricole. L’agriculture n’est pas forcément incompatible avec la préservation des espaces, mais dans ce cas nous devons pouvoir engager un travail de régularisation et de contrôle de cette activité sur nos sites. On observe aussi des bâtis d’habitations, dont au moins une centaine d’habitats insalubres. Des processus seront engagés pour enlever ces constructions. Le littoral mahorais se confronte également à la problématique des déchets. D’une part, en saison des pluies, tous les déchets des zones urbaines sont drainés sur le littoral. D’autre part, nous constatons de nombreux dépôts sauvages. Enfin, vient la question du réchauffement climatique. L’eau grignote le littoral : on observe une forte érosion du trait de côte. Au Conservatoire, on a un outil qui nous permet de suivre et d’évaluer l’impact de ce recul de trait de côte sur nos terrains. C’est quelque chose que nous surveillons attentivement.
Le Conservatoire du littoral, qu’est-ce que c’est ?
Créé en 1975, le Conservatoire du littoral est un établissement public dont la mission est d’acquérir des parcelles du littoral dégradées ou menacées par l’urbanisation, pour en faire des sites « restaurés, aménagés et accueillants dans le respect des équilibres naturels ». Le Conservatoire est propriétaire des sites qu’il acquiert, mais il les confie à des gestionnaires – collectivités et associations – qui sont spécifiquement chargés de les entretenir et de les valoriser. A l’échelle nationale, 213.500 hectares de parcelles sont sous la coupe du Conservatoire du littoral, dont un tiers en outre-mer. A Mayotte, ce chiffre est de 2.700 hectares répartis en une vingtaine de sites dont les cratères de Petite-Terre, la Vasière des Badamiers, les pointes et plages de Saziley-Charifou, l’îlot Mtsamboro, l’îlot Bandrélé, la baie de Dzoumogné-Longoni, le lac Karihani et la prairie humide de Malamani.
Un projet Moya 2023
Plages à fort potentiel touristique, et privilégiées par les tortues pour la ponte de leurs œufs, Moya 1 et 2 traduisent parfaitement les problématiques auxquelles fait face le littoral mahorais. Les questions de l’accueil du public et de la préservation de l’environnement y sont entremêlées. Le conseil départemental et la communauté de communes de Petite-Terre (CCPT), gestionnaires du site des « cratères de Petite-terre » dont font partie les plages de Moya, ont annoncé plusieurs projets spécifiques qui pourraient être mis en place dès l’année prochaine. Le conseil départemental prévoit ainsi la rénovation des escaliers et de la maison des gardes, la dotation de leurs agents de surveillance de monoculaires à vision thermique, et leur formation au comptage des traces de tortues sur tablette dans un but de cartographie des zones de ponte. La CCPT, a quant à elle annoncé vouloir mettre en place un système de vidéosurveillance au niveau de la barrière et du parking, pour lutter contre les dépôts sauvages de déchets.
Faux en écriture au port de Longoni : le procès en diffamation dans l’impasse

Les dissensions entre les acteurs du port sont connues et débouchent ces derniers temps sur des actions en justice. Ce mardi 29 novembre, le tribunal correctionnel de Mamoudzou devait se prononcer sur des faits supposés de diffamation de la part de l’Union maritime de Mayotte, et son président Norbert Martinez, à l’encontre de Mayotte Channel Gateway (MCG), le délégataire du port de Mayotte. Ils concernent un arrêté du conseil départemental sur les tarifs du port présenté comme « faux » par l’Union.
Est-ce que l’arrêté du conseil départemental du 28 avril 2016 fixant les tarifs pratiqués sur le port de Mayotte est un faux ? C’est la question qui revient sans cesse du côté de Longoni depuis plusieurs mois. La copie brandie par Mayotte Channel Gateway, le délégataire choisi par le conseil départemental, ne souffre d’aucune contestation d’un côté. De l’autre, l’Union maritime de Mayotte, une association d’acteurs du secteur portuaire, estime que c’est le cas. Le 16 mai 2022, son président, Norbert Martinez, a dit d’ailleurs dans une émission de Mayotte la 1ère qu’il s’agit « d’un faux ». Ces propos ont été également repris dans un communiqué de l’Union datant du même jour. Cette affirmation, Ida Nel et sa société MCG ne souhaitent pas la laisser passer. Ce mardi matin donc, les juges du tribunal correctionnel de Mamoudzou devaient statuer si c’est ou non de la diffamation. Car l’Union maritime et Norbert Martinez avancent l’idée que grâce à ce document, MCG peut pratiquer « des tarifs exorbitants » sur le port. Pire, s’il s’agit d’un faux, cela pourrait même remettre en cause le contrat de concession qui lie le Département à MCG. L’avocat de l’association, maître Michaël Chehab, rappelle que l’arrêté initial n’a jamais été trouvé et que la signature sur la copie du président du conseil départemental de l’époque (Soibahadine Ibrahim Ramadani) n’est pas authentique, examen graphologique à l’appui.
Une enquête au point mort
Ce qui aurait pu aider les juges, c’est de savoir si les faits dénoncés par l’Union sont vrais. Cependant, malgré deux plaintes déposées les 29 mars 2021 et 7 avril 2022, l’enquête confiée à la gendarmerie n’est pas vue comme une priorité et a très peu avancé. Un seul enquêteur serait dessus et il est occupé sur d’autres affaires, concède le Parquet. Avec peu d’éléments à sa disposition, le tribunal tendait plutôt vers l’idée d’un sursis, en dépit des protestations des avocats de la MCG. « Le tribunal est amené à statuer sur des allégations qui portent atteinte à l’honneur », défend maître Fatima Ousseni, arguant qu’en attendant, « la plainte n’est pas un permis de diffamer ». Les deux avocats du délégataire ont également mis en doute la première expertise graphologique de l’arrêté en joignant au dossier l’avis d’une graphologue expliquant qu’il était difficile d’authentifier une copie. Maître Michaël Chehab a répliqué « qu’il n’y a pas d’original. Et je rappelle que ce n’est pas nous qui avons fait la demande d’expertise. C’est celle du Département qui montre qu’il s’agit d’un faux ».
Après un long moment pour délibérer, les juges ont préféré fixer une nouvelle audience au 21 février 2023, pour donner à l’enquête pénale le temps d’avancer.
Le procès du maire de Tsingoni renvoyé
Parmi les affaires de ce mardi 29 novembre, au tribunal correctionnel de Mamoudzou, figurait celle du maire de Tsingoni, Mohamed Bacar. L’élu est prévenu dans une histoire d’attribution de marchés publics et de prise illégale d’intérêts. La dernière remonte à 2021 et concerne des terrains communaux attribués à des proches du maire. Ses avocats ayant reçu la copie du dossier un mois et six jours après l’arrivée de leur demande au tribunal (alors qu’il faut moins d’un mois), les juges ont accepté que le procès soit renvoyé. Celui-ci se déroulera au mois de mars 2023.
Coopération économique : et si Mayotte se positionnait en leader régional ?

En réponse aux événements violents de ces derniers jours, Alain Kamal Martial prône la mobilisation d’hommes et de femmes sérieux pour relancer l’économie et le développement de Mayotte à travers un dialogue constructif avec l’État. Selon lui, les maux dont notre île souffre actuellement sont ceux du tiers monde, en contradiction totale avec le statut de ce territoire au sein de la France et de l’Union européenne. Le projet « Canal de Mozambique » est l’une des clés à sa disposition pour impulser un nouveau souffle de modernité dans le département.
Alain Kamal Martial sera l’un des intervenants, ce matin, au cinquième forum économique de Mayotte organisée par l’Adim (Agence de développement et d’innovation de Mayotte) à Mamoudzou, ces mercredi 30 novembre et jeudi 1er décembre, sous l’intitulé « Mayotte, futur hub régional ». Il est revenu du Mozambique, lundi, où il était en déplacement dans le cadre des relations internationales de la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCI). Outre des représentants de cette chambre consulaire, la délégation comprenait aussi des investisseurs francophones et d’autres personnes qui s’intéressent à la zone. L’auteur mahorais a fait une intervention sur l’histoire de notre île, en particulier sur son positionnement géographique et géostratégique dans les échanges commerciaux depuis plusieurs siècles, entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie. Une position de passage obligé sur le commerce international qui selon lui, demeure inchangée de nos jours, bien qu’elle impose un important investissement humain de la part des Mahoraises et des Mahorais. « Les statuts de département d’Outre-mer et de région ultrapériphérique de l’Union européenne offrent des opportunités énormes à notre île en matière de développement et d’échanges économiques régionaux. Au lieu de battre le rappel pour avancer et de faire bouger les lignes de concert avec l’État, certains vont à Paris pour ne parler que de violence et faire peur à tout le monde, aux investisseurs dont nous avons grand besoin ».
A l’écrivain de faire remarquer que la pauvreté et la violence sont des maux caractéristiques du tiers monde et qu’ils ne peuvent être éradiqués que par le travail et le développement économique du territoire. Il estime que, pour se faire, le département a besoin d’axer son discours sur une autre chose que la violence servie au monde entier à travers les interventions télévisées. Il interroge aussi les différents centres décisionnels locaux, « combien de temps et jusqu’où allons-nous encore continuer sur cette trajectoire ? » Autre remarque que fait Alain Kamal Martial, rien de conséquent n’a été construit dans cette île depuis 2011, alors que dans le département voisin de La Réunion des infrastructures importantes et innovantes ont été réalisés avec le concours de l’État et de l’Europe.
« Se mettre au travail et arrêter de se lamenter »
Selon lui, l’axe routier Mamoudzou-Dembéni est une occasion pour Mayotte de se projeter dans une ère nouvelle de modernité à travers des infrastructures remarquables, notamment des ponts et des voies aériennes qui ne permettraient plus aux coupeurs de routes de sévir. « Nous nous accrochons à des petites choses, nous continuions à revendiquer les mêmes choses comme du temps de nos parents alors même que nous les disposons déjà. Que faisons-nous de tous ces moyens financiers mis à disposition par l’Europe ? Comment procéder pour moderniser l’héritage laissé par nos anciens durant les cinquante prochaines années ?» ajoute-t-il.
Le 6 décembre, le jeune auteur est appelé à intervenir à Paris, dans le cadre d’une rencontre des Outre-mer, pour expliquer comment la culture, le patrimoine, le contexte géographique et géopolitique de Mayotte peuvent être un atout pour elle, un vecteur de développement économique, un tremplin pour la France et l’Union européenne dans le canal du Mozambique. Il entend mettre l’accès sur le fait que notre île peut ne plus être une charge, un poids financier pour la métropole, mais à l’inverse une solution durable et une force de propositions pour son propre développement qui fera la promotion de la France dans son environnement naturel et régional. Pour Alain Kamal Martial, les Mahorais doivent arrêter de se lamenter et consacrer leurs efforts à positionner leur île en qualité de leader en s’appuyant sur sa stratégie Intereg (financé par l’Europe) validée par l’État, sous l’appellation de Canal de Mozambique. « Mayotte est la seule à avoir et à s’autoriser une telle ambition de développement interinsulaire, insulaire et côtière », souligne l’écrivain. Il fait valoir le fait que le statut régional européen de Mayotte doit lui permettre de capitaliser tous les atouts connexes et inverser le concept actuel d’importations de la métropole vers Mayotte pour arriver à exporter les produits provenant du canal en direction de Paris et de l’Europe après transformation et labellisation sur le territoire où ils y favoriseront une création de richesse. La loi Létchimi contiendrait également des dispositions pouvant favoriser Mayotte dans une démarche de transformation de produits issus des pays tiers du bassin régional, notamment en matière de respect des normes européens, mais également lui permettre de devenir fournisseur de produits européens pour les pays d’Afrique de l’Est. « Pour que cela soit, et pour pouvoir exploiter tous ces outils à notre disposition, il faut des hommes et des femmes déterminés », prévient l’auteur.
Le programme du cinquième forum économique
Ce mercredi, à 8h30 : accueil des participants au cinéma Alpajoe. 9h15 : discours d’ouverture. 9h40 : Mayotte, futur hub économique régional, présentation des orientations du FEM 22. 9h45 : Penser le hub de Mayotte, penser Mayotte dans sa région. 12h30 : conclusions des échanges de la première matinée. 14h : les outils de financement pour le développement économique de Mayotte et sa région. 15h : les projets clés de la région. 18h : dîner officiel.
Ce jeudi, à 8h30 : réception + petit déjeuner au cinéma Alpajoe 9h : le hub de Mayotte en pratique : port et aéroport, au cœur de l’ambition de Mayotte hub régional. 11 h : les autres ingrédients de la formation d’un hub. 14h : l’autonomie alimentaire (harmonisation des normes, agroalimentaire, multilab) avec une structuration des besoins, moyens, vecteurs. 15h15 : l’innovation catalyseur de l’attractivité et du développement économique. 17h : discours de clôture et cocktail de fermeture. 19 h : soirée de clôture.
Air Austral change de terminal à Roissy

Les travaux à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle ne sont pas sans conséquences pour les compagnies y travaillant. La Réunionnaise Air Austral, par exemple, rejoint le Terminal 2B à partir de ce samedi 5 décembre, et ce, pour une durée d’un an et demi.
Un jeu de chaises musicales s’opère à Paris-Charles-de-Gaulle. « En raison de nombreux travaux prévus prochainement sur la plateforme aéroportuaire de Paris Charles de Gaulle, le Groupe Aéroport de Paris (ADP) a informé la compagnie Air Austral devoir transférer temporairement ses activités pour les vols au départ et à l’arrivée », explique la compagnie. Celle-ci quitte ainsi le Terminal 2C pour rejoindre le Terminal 2B récemment rénové, à compter du samedi 5 décembre. Pendant au moins 18 mois, les enregistrements des vols vers l’océan Indien au départ de Paris CDG se feront au niveau de la zone B1 du Terminal 2B, tandis que les arrivées s’effectueront au même terminal. « Le comptoir de réservation Air Austral sera positionné à proximité des comptoirs d’enregistrement. Le temps de trajet entre le Terminal 2B et la Gare SNCF est d’environ dix minutes à pied. La zone de contrôles (PIF et PAF) se situent à la jonction entre le terminal T2B et le terminal T2D », détaille Air Asutral.
« En cas Les passagers des classes Confort et Club Austral, ainsi que les passagers MyCapricorne éligibles, auront accès au salon Extime lounge. Air Austral souhaite par ailleurs indiquer à sa clientèle que ce salon se situe après le contrôle des bagages à main (PIF) dans la zone commerciale juste en sortie du duty free mais avant le poste de contrôle des passeports (PAF) », ajoute la compagnie. Les passagers à la fois du salon et ceux souhaitant profiter de la zone commerciale et du duty free du Terminal 2B devront, donc avant leur embarquement, passer le poste de contrôle des passeports (PAF). « Il est ainsi important de prévoir le temps nécessaire au passage des formalités avant leur embarquement », prévient Air Austral.
Le Raid est intervenu ces derniers jours à Vahibé
Actuellement sur Mayotte, une équipe du Raid est en soutien des policiers de Mamoudzou, depuis le mardi 22 novembre. Alors que la situation s’est apaisée dans les villages de Doujani et Kawéni, la dizaine d’hommes (relevée par une autre équipe ce mardi) de cette unité d’élite de la police procède à des opérations dans la plus grande commune de Mayotte. Ils sont notamment intervenus à Vahibé, ces derniers jours. « Ils sont allés récupérer des individus identifiés », confirme la police. Ces derniers sont suspectés d’être des coupeurs de routes liés à des barrages et au racket d’automobilistes, le 28 octobre dernier.
Deux ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi. Cependant, une nouvelle opération de ce genre, ce lundi, a fait « chou blanc ». Les emplacements ciblés n’ont, cette fois-ci, rien donné et « 150 jeunes armés de barres de fer » ont caillassé les policiers locaux et l’équipe du Raid.
Violences à Mayotte : « une faiblesse chronique de la réponse publique aux grandes difficultés »
Trois structures liées à l’enfance ont souhaité réagir après les violents affrontements de ces dernières semaines. La Cnape (Convention nationale des associations de protection de l’Enfant), le Groupe SOS Jeunesse (dont fait partie Mlezi Maore) et l’Uniops déplorent que « le département de Mayotte connaisse, depuis plusieurs jours, une explosion de violences d’une rare intensité qui insécurise la population mahoraise. Les jeunes sont le plus souvent les victimes collatérales de règlements de compte brutaux commis par d’autres jeunes sans repères autres que ceux qu’ils se sont donnés. Il faut rappeler que Mayotte est le département le plus jeune de France : selon l’Insee, un Mahorais sur deux a moins de 17 ans. Ce climat d’insécurité est la conséquence d’une faiblesse chronique de la réponse publique aux grandes difficultés que connait le département. Aujourd’hui, malgré la mobilisation sans relâche des associations dont nous sommes les porte-voix, encore trop de mineurs présents sur le territoire mahorais demeurent livrés à eux-mêmes, déscolarisés, parfois jamais scolarisés et écartés, faute de moyens, de mesures efficaces de prévention et de protection de l’enfance. La réponse sécuritaire, nécessaire pour rétablir le calme à très court terme, ne constitue qu’un fragile couvercle sur des problèmes sociaux qui demeurent incandescents, si elle n’est pas accompagnée d’une prise de conscience immédiate des pouvoirs publics de l’ampleur des enjeux et des moyens qu’il est plus qu’urgent de déployer. Aujourd’hui, les trois quarts de la population vit sous le seuil de pauvreté et la moitié vit avec moins de 260 euros par mois. […] Aujourd’hui, nous appelons au retour au calme à Mayotte. Nous saluons l’engagement et la vitalité exceptionnels des associations présentes sur l’île, innovantes et impliquées au quotidien pour contribuer à faire de Mayotte un département français « à part entière et non entièrement à part », pour reprendre le mot d’Aimé Césaire. Nous leur apportons notre plein soutien face aux événements traumatiques qu’ont vécus les enfants et les jeunes ces derniers jours, et qu’elles vont prendre en charge, en plus de leurs missions habituelles. Nous appelons les pouvoirs publics à déclencher en urgence des moyens financiers et humains absolument nécessaires pour apaiser durablement les tensions sur le territoire. Les associations en relais des pouvoirs publics portent des réponses qui peuvent être mobilisées rapidement. Une solution globale pour Mayotte, pérenne dans ses objectifs et ses moyens, permettraient que les profiteurs de haine ne l’emportent pas au détriment de l’ensemble de la population, en particulier des plus fragiles. S’il convient de mieux contrôler les flux de populations inhérents à l’extrême pauvreté de l’archipel des Comores, il ne faut pas pour autant négliger les politiques d’intégration, de développement économique et social et de protection des enfants dont le territoire a cruellement besoin ».
800 visiteurs au forum de l’emploi du CCAS de Chirongui
Ce jeudi 24 novembre, le CCAS de Chirongui a organisé un forum de l’insertion professionnelle au plateau de Poroani. Ce forum avait deux objectifs principaux qui ont été pleinement remplis, rapprocher les acteurs de l’emploi et de l’insertion professionnelle des demandeuses et demandeurs d’emploi de la commune et faire la promotion de la structure d’insertion par l’activité économique (SIAE), porté par le CCAS de Chirongui, ses trois ateliers chantiers d’insertion (ACI) et ses actions.
En effet, le forum a accueilli près de 800 visiteurs dont 600 demandeuses et demandeurs d’emploi. 25 structures d’accompagnement à l’emploi et à l’insertion ont tenu des stands d’information et d’orientation. De son côté, le CCAS de Chirongui a tenu trois stands présentant sa SIAE. Créée en 2016, la SIAE de Chirongui porte trois ACI dans les domaines de l’aide à domicile, petit bâti et paysage, valorisation du patrimoine. C’est une journée ouverte au public et nous attendons aussi les élèves, tout niveau confondu, de Petite-Terre.
Une journée de l’environnement en Petite-Terre, ce mercredi
La communauté de communes de Petite-Terre organise une journée de sensibilisation sur la préservation de l’environnement, ce mercredi 30 novembre, de 8h à 16h, dans la cour de la mairie de Dzaoudzi-Labattoir. Outre la collectivité accueillante, l’Apavam (Association pour la valorisation des plantes alimentaires et médicinales de Mayotte), la MNE (Mayotte nature environnement) et le Sidevam (Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte) participeront à l’événement.
Grande mosquée de Mamoudzou : près de 56.940 euros récoltés
Le samedi 26 novembre, sur le parvis de la MJC de Mamoudzou à M’gombani, l’association Masdjid El Djoumoi de Mamoudzou a organisé une levée de fonds. Cette journée spéciale proposait aux invités et visiteurs, des animations culturelles, religieuses et des stands de vente de jus et d’aliments du terroir, mais une projection et explications sur le projet de la construction de l’Espace de témoignage et de découverte de la culture musulmane de Mayotte. Le projet concerne la construction d’une grande mosquée. A l’issue de cette journée du Majliss dédié à l’appel aux dons et après comptage sur place en présence de tous pour une meilleure transparence, le bilan des fonds collectés est de 56.940 euros (enveloppes dons, CB, chèques, vente plats traditionnels). « Un résultat très satisfaisant et très encourageant pour la suite de la campagne de collectes de dons. Ainsi l’association Masdjid El Djoumoi de Mamoudzou, par la voix de son président Saïdi Yahaya Radjabou, tient à remercier chaleureusement l’ensemble des généreux donateurs. Et qu’Allah accepte leurs douwas et leurs sadaka. Il remercie également les femmes de Mamoudzou et d’ailleurs, qui se sont mobilisées pour préparer les plats traditionnels et les mets d’exception, dont les ventes ont contribué grandement à ce beau résultat. De plus, il remercie tout particulièrement toutes les équipes de projet, de logistique, de coordination, de communication et des autres associations qui s’étaient mobilisées depuis des semaines voire des mois, ainsi que tous les partenaires privés, pour travailler collectivement afin de faire de ce premier évènement une belle réussite, qui en appellera d’autres à venir par cette union, cette cohésion et cet élan de solidarité », tient à indiquer l’association. Pour toute demande d’enveloppes à dons ou de RIB, veuillez vous adresser à l’équipe de la coordination : Aress Saïd Ali (0639944521) ou Ali Djaé Mgomri (0639106858).
Le CCAS de Bandrélé et la cité scolaire s’associent autour d’ateliers en commun
Le service accueil de jour du CCAS (centre communal d’action sociale) et la cité scolaire de Bandrélé vont signer, ce mercredi, au lycée, d’une convention de partenariat tendant à mettre en place des ateliers d’animations. Ce projet consiste à la mise en place de plusieurs ateliers collectifs autour du tressage de natte et son histoire prévues dans le cadre de la démarche de réalisation d’un chef d’œuvre entre la classe Bac pro AEPA et les personnes âgées de l’accueil de jour du CCAS de Bandrélé. L’objectif de ce projet est de permettre aux apprenants de se plonger dans une démarche de pratique professionnelle inhérente à leur filière centrée sur l’animation pour acquérir des compétences. Il permet également aux personnes âgées d’être dans un projet de transmission de savoir-faire et de partage intergénérationnel. Il est aussi important de souligner que les PA vont contribuer à la réussite des élèves. Ce travail fera objet d’une exposition à la fin du projet qui va durer deux ans. Ces ateliers seront animés par une animatrice de l’Accueil de jour et la classe de première AEPA pour conduire un projet d’animation au sein de la cité scolaire.
Football : Samir Saïd Haribou appelé en équipe de France U16
A 15 ans, le Mahorais Samir Saïd Haribou continue de briller sur les terrains de métropole. Le jeune buteur du FC Lorient empile les buts dans le championnat national U17 (sept buts en neuf matchs). Il a même récemment été appelé pour un rassemblement avec l’équipe de France U16, du 5 au 8 décembre, à l’INF Clairefontaine. Après avoir joué chez les Petits Bleus, l’US Ouangani et l’AS Sada, le Mahorais a passé deux ans au pôle espoirs de La Réunion et a effectué un passage par le centre de formation de l’Olympique de Marseille. Continuant à s’épanouir actuellement chez le cinquième de Ligue 1, il est chapeauté par Toifilou Maoulida. « TRAVAIL, TRAVAIL, TRAVAIL, continue comme ça Samir… Le Haut Niveau est un perpétuel recommencement ! », a publié sur son compte Twitter l’ancien attaquant de première division.
L’inflation perdure pour les produits alimentaires à Mayotte
À Mayotte, les prix à la consommation augmentent de 0.6 % en octobre 2022, par rapport à septembre 2022, annonce l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). La hausse des prix des produits alimentaires se poursuit en octobre (+ 1.9 %), à un rythme plus soutenu qu’en septembre (+ 1.4 %). La hausse concerne particulièrement les produits céréaliers (+ 3.3 %), les œufs et produits laitiers (+ 3.2 %), les « autres produits alimentaires » (+ 3.1 %), les viandes et volailles (+ 1.5 %), et les produits frais (+ 1 %). Les prix des transports et communications repartent aussi à la hausse (+ 1.5 %), entraînés par ceux de l’aérien. Dans la restauration, la hausse des prix ralentit (+ 0.6 %, après + 1,5 % en septembre et + 1,8 % en août).
Il y a cependant une baisse des tarifs sur d’autres produits. Les prix des services, par exemple, augmentent après le recul du mois précédent (- 1.2 %). Les prix de l’énergie reculent de 1 % en octobre, après la forte baisse du mois précédent (- 15.4 %). Le prix de l’essence continue de baisser (- 5.2 %), tandis que la hausse du prix du gazole (+ 0.8 %) est atténuée notamment par la remise exceptionnelle de l’État. À l’inverse, les prix de l’électricité et de la bouteille de gaz sont stables. Les prix des produits manufacturés sont globalement stables en octobre (- 0.1 %). Les prix baissent pour l’habillement et chaussures (- 0.9 %), les produits d’hygiène et de santé (- 0.5 %), les produits audiovisuels (- 0.7 %) et les meubles (- 0.4 %). En revanche, les prix des véhicules augmentent (+ 1.2 %), tout comme celui du tabac (+ 0.2 %).
Troisième semaine consécutive de tours d’eau à Mayotte
Les semaines commencent à se ressembler dans le nord de Mayotte. Pour la troisième fois consécutive, des tours d’eau sont mis en place par la société Mahoraise des eaux, de ce mardi 29 novembre et jusqu’au dimanche 4 décembre. Les communes de Mamoudzou, Koungou, Petite-Terre, M’tsamboro et une partie de Tsingoni (Combani et Miréréni) sont concernées à raison de deux fois par semaine (voir tableau). La coupure d’eau intervient à 17h, alors que le retour de l’eau est programmé le lendemain à 5h.
Le maire de Mamoudzou répond en direct aux habitants
En préparation de cette fin d’année 2022, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a choisi de s’adresser directement à la population lors d’un live Facebook qui se déroulera ce vendredi 2 décembre, de 17h à 18h, sur la page FB de la commune. Pendant une heure, le maire répondra aux questions posées par les usagers. Il commentera également les réponses de la population suite à l’enquête publique réalisée par la ville en amont. Différentes thématiques concernant la collectivité y ont été abordées comme les services de la ville, les actions et projets futurs, le cadre de vie et bien plus. Les questions ou remarques peuvent être transmises en temps réel lors du direct. Cependant, il est possible de poser des questions en amont via un mail au service communication (communication@mamoudzou.yt).
A Mayotte, une densité de médecins quatre fois plus faible qu’en métropole

Alors que le ministre de la Santé, François Braun, est à Mayotte à partir de ce mardi, le plus grand désert médical de France souffre d’un manque d’attractivité qui bloque l’arrivée des soignants. Dans la perspective du développement de l’offre de soins sur le territoire, avec notamment la création d’un second hôpital à Combani et la rénovation du centre hospitalier à Mamoudzou, attirer des professionnels de santé et former localement devient un enjeu crucial.
Le 2 novembre, le cabinet dentaire de Chiconi se faisait braquer par six personnes cagoulées. Un événement qui a poussé l’établissement à fermer ses portes pendant plusieurs jours. « Nous avons rouvert pour nos patients, mais nous ne savons pas encore si nous continuerons à y exercer », précise Frédéric Peltier, chirurgien-dentiste installé depuis deux ans, conscient que la fermeture de son cabinet serait « un drame pour la population ».

L’établissement concentre en effet trois des douze dentistes libéraux du territoire. Sa fermeture entrainerait donc la disparition d’un quart des effectifs dans un contexte déjà particulièrement tendu. Selon un rapport du Sénat – faisant un état des lieux de la situation sanitaire à Mayotte début 2022 – le renoncement aux soins est en effet particulièrement préoccupant sur l’île. En 2019, 45 % des habitants de plus de quinze ans déclaraient avoir dû renoncer à se faire soigner. « La population a un état de santé fortement dégradé. Notamment parce que, culturellement, ce n’est pas une population habituée à consulter », souligne Patrick Boutié, directeur de l’offre de soins de l’agence régionale de santé (ARS). D’autant que « tout repose quasi exclusivement sur le centre hospitalier de Mayotte. L’ensemble du territoire mahorais est aujourd’hui classé en zone « très sous-dense »», soulignent les sénateurs s’étant rendus sur place.
86 médecins pour 100.000 habitants
L’île est en effet le plus grand désert médical du pays. Elle compte 86 médecins généralistes et spécialistes pour 100.000 habitants, en 2021, contre 339 en métropole. S’ils sont peu nombreux, ces professionnels sont aussi majoritairement situés autour de Mamoudzou. Des parties de l’île, notamment le Nord et le Sud, demeurent très largement sous-dotées, le Nord de l’île étant considéré comme « une quasi-zone blanche ». « Avec une absence ou une carence de certaines filières sur tous le territoire », poursuit Patrick Boutié. Selon l’ARS, aucun dermatologue n’est présent sur le territoire. Il n’y a pas d’ophtalmologue non plus. Ces spécialistes viennent uniquement pour des missions, de manière ponctuelle. Et le CHM ne compte aucun neurologue, endocrinologue, néphrologue ou cancérologue et seulement un cardiologue.
Une absence de spécialistes qui oblige les équipes à contacter des professionnels à La Réunion « ou à se débrouiller par (eux)-mêmes », souligne Margaux Servant, interne en médecine générale. Lors de leurs déplacements en mars 2022, les sénateurs ont pu constater que les établissements disponibles étaient largement débordés au regard des besoins d’une population dans une situation de grande précarité. « L’accès aux soins à Mayotte se borne souvent à gérer les urgences, sans pouvoir proposer une prise en charge et un suivi adéquat y compris pour des pathologies qui pourraient être traitées sur place. L’activité hospitalière est de fait essentiellement tournée vers la maternité, quand les activités de chirurgie programmées sont réduites voire inexistantes et dirigées vers La Réunion, à plus de 1.400 kilomètres », stipule le rapport du Sénat.
Insécurité et difficulté d’accès au logement
Si le manque de soignants est tel, cela s’explique surtout par le manque d’attractivité du territoire. « Les principaux freins sont l’insécurité, l’accès au logement et les contraintes administratives liés
au changement de département », indique Patrick Boutié. Autre enjeu : fidéliser les soignants. Selon une enquête de l’ARS, publié en octobre dernier, 62% des professionnels de santé estiment qu’ils recommanderaient à leurs confrères ou consœurs de venir exercer à Mayotte, mais plus de la moitié envisagent de ne rester vivre que moins de trois ans sur l’île. « Beaucoup souligne l’obstacle considérable qu’est la situation sociale extrêmement tendue et le niveau particulièrement élevé d’insécurité sur l’île », précise le rapport du Sénat. La question du niveau des établissements scolaires est également régulièrement évoquée.
Pour autant, dans la perspective du développement du système d’offre de soins, avec notamment la construction d’un nouvel hôpital à Combani et la rénovation du CHM, qui nécessiteront la venue de nombreux professionnels sur l’île, l’attractivité du territoire devient un enjeu crucial. En 2018, un plan régional de santé d’une durée de dix ans a été lancé à Mayotte. Le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (Cesem) vient d’ailleurs d’y apporter sa contribution via plusieurs préconisations. Selon lui, il faut notamment « développer et promouvoir les filières d’excellence et les spécialités afin de réduire les évacuations sanitaires et permettre à la population mahoraise d’être soignée chez elle ». Avec notamment le développement de la cardiologie, de l’ophtalmologie, de la neurologie, de la psychiatrie ou encore de la chirurgie thoracique, cardiaque vasculaire. Pour cela, le Cesem estime qu’il faut avant tout former localement. « Cela doit être une priorité pour répondre à moyen et long terme à la problématique du désert médical », estime Abdou Dahalani, le président. Selon la structure, cela devrait passer par l’installation d’une antenne de faculté de médecine européenne pour la première année et des accords avec d’autres régions pour l’accueil en formation des jeunes mahorais en métropole ou dans d’autres pays européens. L’objectif serait aussi que le second hôpital prévu à Mayotte puisse dès à présent prendre la forme d’un centre hospitalier universitaire (CHU) et qu’une politique attractive soit mise en place pour faire revenir les diplômés de Mayotte.
Développer la télémédecine
Depuis le mois de juin, l’ARS a également engagé des travaux autour de l’attractivité et de la pérennisation. « L’une des pistes est notamment de mettre en place une agence de recrutement pour travailler sur les freins à l’installation des professionnels de santé, faciliter les processus réglementaires et travailler avec les collectivités pour mobiliser des logements », énumère Patrick Boutié de l’ARS. L’idée est également de favoriser la pluridisciplinarité en créant des maisons de santé pour les professionnels libéraux. « Autour des cinq zones de soins – avec le CHM et les quatre dispensaires de Mramadoudou, Kahani, Petite-Terre et Dzoumogné – notre ambition est aussi de renforcer les liens entre les structures hospitalières et les professions libérales », précise Patrick Boutié. L’ARS souhaite également miser sur la télémédecine via des centre de « téléconsultation », comme le nouveau centre médical de Hamjago, village de M’tsamboro. Mais aussi accueillir des « missionnaires » dans des cabinets secondaires afin d’avoir ponctuellement des ophtalmologues ou des professions médicales manquantes sur le territoire.