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La fin de la remise de l’État atténuée par la baisse des prix du carburant

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Fin de la remise sur le prix du carburant à Mayotte, comme en métropole.

Au 1er janvier 2023, l’État a arrêté de donner un coup de pouce aux usagers de la route. A Mayotte, la remise ces dernières semaines était de 8,33 centimes par litre de carburant. Les prix repartiront-ils à la hausse ? Pas à court terme tout du moins grâce à la baisse des cours mondiaux.

Pendant l’hiver austral, le tarif du carburant a connu un coup de chaud à la pompe. En juillet, le gazole avait atteint 1,77 euros par litre et 1,97 euros par litre pour l’essence (voir graphique), en dépit d’une remise de l’État de quinze centimes par litre. Cette flambée, encore importante en août, s’est ensuite estompée. Les autorités ont alors réduit peu à peu la voilure jusqu’à mettre fin à leur remise pour ce 1er janvier. Est-ce que cela veut dire que les prix vont de nouveau augmenter ? Pas tout de suite. Les cours mondiaux ont tellement baissé que les tarifs suivent aussi.

Par exemple, le prix du gazole qui était de 1,61 euros par litre en décembre (en incluant la remise de 8,33 centimes) passe à 1,53 euros par litre en janvier. Pour l’essence, l’automobiliste ou le scootériste gagnent même treize centimes par litre (1,68 euros par litre contre 1,81 euros par litre en décembre et avec la remise incluse). « L’évolution des cours de l’essence : les cotations moyennes de l’essence baissent sur les quinze premiers jours du mois de décembre de 23,9 % », explique, en effet, la préfecture de Mayotte. L’effet sur le gazole est similaire puisque « les cotations moyennes du gazole baissent sur les quinze premiers jours du mois de décembre de 17,2 % ». Cette baisse bienvenue est due aux incertitudes économiques provoquées par la reprise du Covid-19 en Chine.

Le Département et Total à la rescousse cet été

Il n’y avait pas que l’État qui avait décidé d’enrayer les prix du carburant, cette année. Le conseil départemental de Mayotte et Total (qui a un monopole sur l’île) ont aidé aussi à baisser la facture, ces derniers mois. Le premier a voté, le 28 juillet, une baisse de sa taxe spéciale de consommation sur les prix de l’essence et du gazole routier. Cela a entrainé une diminution de 74 euros par mètre cube pour une durée de trois mois. Quant à la compagnie pétrolière, une remise de vingt centimes par litre avait été décidée en septembre, puis poursuivie jusqu’en novembre. Si le conseil départemental a mis fin à sa réduction fiscale, il intervient toujours pour limiter l’inflation des prix des produits de la vie courante (voir encadré). Comme l’État, les deux n’avaient récemment plus d’intérêt à intervenir sur le prix du carburant.

Le tout est de savoir jusqu’à quand.

Un Bouclier Qualité Prix + toujours actif en 2023

A Mayotte, le « Bouclier Qualité Prix + » entraîne le maintien du prix global d’un panier de 74 produits à 200 €, jusqu’en mars 2023 malgré l’inflation. En outre, il y a onze produits pour lesquels le conseil département de Mayotte s’est engagé à diminuer l’octroi de mer, jusqu’à zéro pour certains pendant six mois à compter de décembre et renouvelable une fois.

La taxe appliquée aux ailes de poulet, produit très consommé sur l’île, est ainsi passée de 5% à 0%. L’Oudinot du pouvoir d’achat a permis la mobilisation de nouveaux acteurs dans le domaine du transport et de la distribution pour le « Bouclier Qualité Prix + » aux côtés des signataires historiques : Mayotte Tropic, Somaco, Mayotte Channel Gateway, Tilt et Transit Express Mayotte. En outre, le groupe CMA/CGM s’est engagé à effectuer une remise de 750 € sur les conteneurs 40 pieds à destination des Outre-mer.  De plus, en 2023, la franchise du colis a augmenté dans le cadre de l’application des taxes. En effet, seuls les colis dont la valeur est supérieure à 400 € sont désormais taxés (contre 250 € auparavant).

A Ouangani, « on nous laisse le choix entre nous passer à la machette ou nous brûler vifs »

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La commune de Ouangani a subi une vague de violences ces dernières semaines. Un collectif de riverains s’est créé pour dénoncer cette situation.

Excédé par le degré de violence, un collectif des riverains du lotissement « Sélémani » dans le village de Ouangani a écrit au procureur de la République et aux principales autorités de l’île. Selon nos informations, des interpellations ont eu lieu le 29 décembre (voir encadré), sans lien avec ledit courrier.

« Il ne se passe pas une semaine sans que nous subissons l’assaut d’individus non identifiés qui caillassent nos maisons, vandalisent nos biens, nous agressent physiquement, nous harcèlent moralement et profèrent des menaces de mort à notre encontre, nous laissant le choix de (notre supplice) entre nous passer à la machette ou nous brûler vifs dans nos maisons ». Les mots sont durs, mais reflètent la réalité du désarroi de certains habitants de Ouangani, la commune du centre de l’île. Elle subit depuis plusieurs mois les conséquences des affrontements entre bandes rivales d’adolescents.

Comme dans les centres urbains de l’île, la population se trouve prise au piège d’actes d’incivilités et de vandalisme, devenant la victime des dégâts collatéraux. Alors que le degré de violence monte crescendo jour après jour, les habitants mécontents dénoncent des interpellations (lorsqu’elles ont lieu) non suivies de sanctions judiciaires. Les actes de violence inquiètent au plus haut point les signataires de la plainte collective contre X, adressée au parquet de Mamoudzou, pour actes de vandalisme, harcèlement moral, menaces de mort et trafics de drogue.

Déjà plusieurs victimes

Les signataires énumèrent les victimes connues de ces bandes. Il y a, par exemple, ces deux jeunes personnes agressées et hospitalisées dont un evasané ou ces trois personnes sortant de la mosquée qui ont évité (de justesse) de recevoir des coups de machettes. Une mère de famille a perdu connaissance après avoir reçu un galet à la poitrine, tandis qu’un homme a reçu plusieurs coups de couteau et a échappé de peu à la mort alors qu’il était juste sorti promener son chien.

Les signataires de la plainte évoquent une situation de terreur qui favoriserait un trafic florissant de stupéfiants dans la commune et s’en remettent aux autorités judiciaires, craignant chaque jour pour leurs vies au milieu. Une copie de cette plainte a été adressée au préfet du département, au commandement de la gendarmerie et à plusieurs autorités politiques de premier plan.

Des interpellations ont eu lieu le 29 décembre

Hasard du calendrier, la gendarmerie est intervenue avant même que le courrier n’arrive sur le bureau du procureur. Quatre interpellations ont été effectuées, le 29 décembre, dans ce secteur qui pose problèmes aux forces de l’ordre depuis quelques semaines déjà. Des barrages et des caillassages les visant directement sont réguliers. Cependant, les gendarmes notent que depuis l’action du 29 décembre (il y a eu des expulsions et il y aura des suites judiciaires pour les quatre personnes), ils n’ont pas eu à intervenir.

Moins le fruit du hasard, le 31 décembre, le maire lui-même, Youssouf Ambdi, a pu faire part de ces difficultés en tête à tête avec Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, lors de son déplacement sur l’île.

Les binationaux écartés définitivement de la présidentielle comorienne

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Le nouveau critère pour les candidatures à l’élection présidentielle disqualifie des opposants d’Azali Assoumani installés à l’étranger.

Malgré son caractère discriminatoire et les grincements de dents, le parlement comorien, dont les députés sont acquis au parti d’Azali Assoumani, ont voté la loi sans rechigner. Le texte instaure par ailleurs le rassemblement de 3.000 parrainages pour tout candidat qui souhaite prendre part à une élection présidentielle.

Aux Comores, la nouvelle loi qui interdit aux binationaux de prendre part à l’élection présidentielle a été adoptée sans coup férir, mercredi 28 décembre, par les députés de l’Union. Le texte, proposé par le gouvernement d’Azali Assoumani, empêche définitivement les Comoriens détenteurs d’une autre nationalité de briguer la magistrature suprême de leur pays. Selon l’article 7 de la loi, votée par les 23 élus sur les 24 que compte l’assemblée, si un candidat est titulaire d’une ou plusieurs nationalités autre que la comorienne, il doit alors renoncer aux autres nationalités étrangères. Sans cela, il sera recalé. Pour un pays comme les Comores qui compte une communauté importante installée en France, ce texte est qualifié de discriminatoire, car il marginalise les enfants de la diaspora qui seraient animés par des ambitions politiques.

Le ministre de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud Mradabi, lui réfute cette lecture. « Je crois qu’il n’y a pas d’exclusion de la diaspora. Le candidat peut se présenter à toutes les élections. Il n’est pas exclu de facto. Il faut juste qu’il renonce à sa nationalité étrangère s’il veut devenir président de la République », déclarait-il en conférence de presse, mercredi, quelques heures après l’adoption de la loi. Ce garde-fou vise surtout à protéger la fonction contre les conflits d’intérêts d’un chef de l’État binational. « Pour quelqu’un qui veut devenir président, il doit être capable de faire le choix. Plusieurs pays appliquent cette disposition qui à mes yeux est tout à fait raisonnable. A mon avis, cela n’a rien d’un copier-coller. La renonciation des autres nationalités pour une personne qui aime son pays, ne devrait pas poser un problème », renchérit, pour sa part, Moussa Abdallah Moumine, secrétaire général du parti, Radhi, la formation politique de l’actuel porte-parole du gouvernement, Houmed Msaidie.

Élections de 2024

Ce n’est pas pour autant l’avis du G10, un groupement de partis politiques de la mouvance présidentielle, soutenant la politique du chef de l’État, Azali Assoumani. Lorsque ses leaders avaient été invités par la commission des lois de l’assemblée nationale, ils ont montré les dangers de ce texte. « Nous avons essayé d’expliquer aux parlementaires que le moment était mal choisi pour faire voter une telle loi. D’autant que d’ici un an, le pays compte organiser des élections présidentielles. On a plaidé pour la suspension des travaux et l’usage des textes en vigueur pour les scrutins prévus en 2024, le temps que l’on retrouve une stabilité qui pour nous reste la priorité. Malheureusement, ils ont ignoré nos propositions », regrette, Mohamed Ali Dia, vice-président et porte-parole du G10. La vision de ce courant, présidé par l’ancien gouverneur de l’île autonome de Ngazidja, Mohamed Abdoulhoihabi, se penche beaucoup plus sur une politique visant à attirer les binationaux.  « On devrait plutôt inciter ces ingénieurs et intellectuels à venir investir, apporter les connaissances pour le développement du pays au lieu de les interdire de participer à la vie politique. Car nous voyons comment l’équipe des Cœlacanthes portée par des binationaux, dont certains sont des frères comoriens originaires de Mayotte, rayonne. On ne peut en aucun cas exclure nos jeunes Franco-comoriens qui souhaiteraient devenir président », insiste Mohamed Ali Dia. Même discours pour le parti Orange [la seule formation qui détient deux députés à l’Assemblée nationale]. « Le pays compte un nombre important de Franco-comoriens. Enlever à ces personnes la possibilité de se porter candidat à l’élection majeure de la vie politique comorienne porterait atteinte à un principe cardinal de la démocratie », déplore le parti de l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou.

La diaspora ciblée

Depuis que ce projet de loi a fait son apparition, tous les yeux sont rivés vers la diaspora installée essentiellement en France. Estimés à plus de 300.000 habitants, ces Comoriens sont devenus des acteurs économiques incontournables. Selon le dernier rapport annuel de la Banque centrale des Comores, les transferts d’argent ont connu une hausse de 14.8%. Les fonds envoyés par la diaspora via les sociétés spécialisées, sont passés de 84 pour s’établir à 96 milliards de francs, entre 2020 et 2021. Sur le plan politique, le poids de la communauté n’est plus à démontrer. C’est grâce à la mobilisation des opposants restés en France que le monde entier découvre « les dérives dictatoriales » d’Azali Assoumani, qui a modifié la constitution en 2018 pour se maintenir au pouvoir, alors qu’il aurait dû laisser la place à un enfant de l’île d’Anjouan, depuis mai 2021. Ce sont ces mêmes militants qui battent le pavé dans les villes françaises pour dénoncer le rétrécissement de la démocratie aux Comores, où aucune manifestation politique ou citoyenne n’est autorisée depuis maintenant quatre ans. Des prises de position qui dérangent le pouvoir dont la réélection en 2019 est toujours contestée. L’idée de protéger le fauteuil présidentiel a été évoquée pour la première fois lors du dialogue inter-comorien, organisé en février dernier sans l’opposition. Sauf que la proposition remise aux autorités exigeait la renonciation de la nationalité étrangère du candidat élu président, juste avant l’investiture. Force est de constater que cette recommandation n’a pas été prise en compte. Un autre article qui suscite la controverse est celui relatif à l’instauration du système de parrainage (il faudra 3.000 parrainages pour se présenter candidat. Des citoyens ont déjà annoncé leur intention d’attaquer la loi devant la haute cour.

Tribune libre : « La FCPE agira où elle constate que l’intérêt des enfants l’exige »

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L’association de parents d’élèves, à travers la voix d’Haïdar Attoumani Saïd, président de la FCPE 976, tient à rappeler au nouveau recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, que de nombreux défis attendent le système éducatif mahorais dans les mois et les années à venir. 

« A l’heure où partout à travers le monde, les appels à projets pour la numérisation et l’innovation dans tous les secteurs des établissements scolaires, la situation de Mayotte nous interpelle. 2023 s’ouvre nouvellement sur sa population et la FCPE 976 voudrait qu’elle soit une année d’espoir pour relancer la formation de notre jeunesse parce qu’elle représente notre ingénierie de demain. Nous sommes un département jeune avec comme force de sa richesse cette même jeunesse qui mérite l’attention de tous. Lui donner les opportunités nécessaires devrait animer la conscience de tout responsable détenteur de politique publique et qui voudrait le bien-être de ses habitants. Elle ne demande que l’on puisse l’écouter, la valoriser pour mieux la respecter.

Il est temps de mettre l’apprentissage et la réussite au cœur des débats publics. Les derniers résultats d’évaluations nationales ne sont pas favorables sur l’ensemble du territoire national. Et pour Mayotte, c’est beaucoup plus compliqué. Cette réalité doit interpeller le tout nouveau recteur Jacques Mikulovic, la FCPE tient d’ores et déjà à tirer la sonnette d’alarme. Le constat est général partout pour dire que c’est une réalité que nous devons avoir le courage de prendre en compte. Nous avons de plus en plus des jeunes qui sont bien accompagnés au niveau du suivi scolaire et qui ont de très bonnes notes. Seulement, ils sont confrontés au manque de considération pour valoriser leur compétence parce qu’il faut permettre à ceux qui cumulent des retards fondamentaux d’être aussi accompagnés. Malheureusement, ce sont les plus avancés qui perdent peu à peu de niveau et finissent par décrocher. Il faut en finir et leur proposer d’autres alternatives qui permettraient au territoire de mieux préparer son avenir.

Quelle est la situation dans nos écoles primaires et maternelles à la fin du premier trimestre 2022/2023 ? Mayotte, ce sont ses dix-sept communes et ses treize cantons qui la composent et nous devons être informés sur les politiques publiques mises en place pour la formation de notre jeunesse et de la population de façon globale. Ne dit-on pas que « La jeunesse est l’avenir de notre société » ? Malheureusement, on constate que cette dernière l’oublie trop souvent. Dites-moi comment vous traitez votre jeunesse, je vous dirai qui vous êtes au juste. Est-ce que nos écoles répondent-elles aux enjeux du territoire ? Et comment pouvoir bâtir Mayotte de demain si nos collectivités négligent la qualité de nos écoles, l’accueil de nos enfants en leur sein et les constructions font sérieusement défaut ? Pour rappel, à la rentrée 2022/2023, la taille des classes du premier degré devrait continuer à diminuer. Et ce, grâce à la baisse démographique, au dédoublement de classes en éducation prioritaire et au plafonnement à 24 du nombre d’élèves par classe en grande section, CP et CE1 sur l’ensemble des établissements, hors éducation prioritaire, amorcé en 2020. Mais la France reste un élève moyen en matière d’effectifs par classe, par rapport à ses camarades de l’OCDE.

En France hexagonale, l’école primaire anticipe en effet une diminution d’effectifs de 67.000 élèves cette année scolaire (-1,2 %), selon le ministère de l’Éducation nationale. Ce phénomène concernera tout le territoire, à part Mayotte et la Guyane. Une baisse beaucoup moins sensible est prévue dans le privé où les projections pour cette année font état de – 0,8 % d’élèves.

Lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, la priorité a été donnée à l’école primaire et à la maîtrise des savoirs fondamentaux (la lecture, l’écriture, les mathématiques). L’exécutif souhaitait lutter précocement contre les difficultés scolaires pour améliorer le niveau des élèves dans le second degré. Pour estomper les inégalités scolaires dans le premier degré, le gouvernement a entrepris depuis 2017 une politique de dédoublement des classes dans l’éducation prioritaire, avec une limitation du nombre d’élèves à 12 d’abord en CP et en CE1, puis à partir de 2020, en grande section de maternelle. Dans les établissements du premier degré ne faisant pas partie de l’éducation prioritaire, le gouvernement s’est aussi fixé l’objectif de réduire les effectifs des classes de grande section, CP et CE1. Il vise 24 élèves par classe. Une mesure amorcée en 2020.

Au niveau du territoire, la priorité du président Macron ne pourrait pas s’appliquer car la politique de dédoublement a du mal à se mettre en œuvre. Exiger que la politique de dédoublement des classes dans l’éducation prioritaire, avec une limitation du nombre d’élèves à 12 prévu dans un premier temps en CP et en CE1 ensuite généralisé sur l’ensemble des niveaux, c’est laisser sur le carreau plus de la moitié des 61.000 élèves du primaire à la maison. Ramener à Mayotte l’effectif par classe à 24 élèves c’est le rêve que partage toute la communauté éducative du territoire mais lorsqu’il se trouve qu’il manque plus 800 salles classe le compte a du mal à être acceptable.

Souvenez-vous en 2014, l’État avait forcé nos maires à dissoudre le Smiam parce que soi-disant, cette institution n’arrivait plus à répondre aux demandes des communes et cette situation avait été cautionnée par certains syndicalistes des enseignants du primaire. Ce sont donc des centaines d’emplois qui avaient été sacrifiés et la FCPE donne raison à Laurent Canavate de Mayotte Hebdo lorsqu’il écrivait à l’époque en ces termes : « On ne doit pas, sous prétexte d’urgence dans la fin des rotations et pour accueillir 2.600 nouveaux élèves chaque année, sacrifier l’emploi et l’économie locale. Surtout quand on connaît la situation du chômage, la faiblesse du PIB mahorais. ». Neuf ans plus tard, ce sont 3.500 élèves de plus qui doivent être scolarisés. Et le GIP proposé à la place de la structure intercommunale n‘a fait que multiplié les rotations dans nos écoles seulement 135 salles de classe livrées entre 2014 et 2022 même le SMIAM aurait fait mieux si l’arrogance institutionnelle n’avait pas eu raison de lui. C’est normal puisque ces fonds sont en partie pilotés par la préfecture. Cette dernière reste épinglée par le rapport de la cour des comptes de juin 2022, je cite : « La préfecture peine à coordonner l’action de l’État sur le long terme » sur le territoire. Conséquence aujourd’hui, on voit quelques rénovations par-ci et par-là à la place des vraies constructions en dur qui permettraient de scolariser tous les enfants en âge de l’être. Et là encore, beaucoup de Communes connaissent des fermetures à chaque rentrée scolaire parce qu’elles ne semblent pas trop s’en préoccuper ou bien ce sont les moyens qui ne sont tout simplement pas là lorsqu’il faut permettre d’améliorer les conditions d’accueil de nos enfants dans les écoles. Comment comprendre que 500 M€ déployés en 2018 sur cinq ans pour les constructions scolaires et qu’à l’approche de son échéance, on ne puisse pas voir les constructions dédiées ? Cette situation est très frustrante pour tout le monde et les premiers qui subissent ce laxisme caractérisé sont nos enfants. Et lorsqu’en face, les parents ne trouvent pas de répondants comme si la politique publique ici semble être un domaine réservé uniquement aux élus et au pouvoir public de l’état.

Ne soyons pas surpris si à Bandraboua, Koungou, Mamoudzou, Dembéni, Chiconi, Tsingoni, Ouangani, Bouéni, etc. les parents font entendre leur mécontentement par des blocages. Sachez qu’avant chaque mobilisation, il y a toujours des alertes puisque cela devrait être abordé en Conseil d’Ecole mais souvent, l’équipe éducative se retrouve amputer d’un membre essentiel qui n’est autre que le Maire ou son représentant. Sachez aussi Mesdames et messieurs qu’assumer sa responsabilité dans les difficultés est un signe de reconnaissance de vos limites de moyens d’action et les fuir ne vous honore pas non plus mais c’est plutôt un manquez de respect à vos administrés.

A Dembéni, le Maire refuse de rencontrer les parents parce qu’il est le premier Magistrat et c’est lui seul qui décide de qui il compte rencontrer, qui il ne voudrait pas voir or dans cette commune tout est délabré et la FCPE se demande si les ouvertures de ses écoles ont eu l’avis favorable de la commission de sécurité ou pas. Parce que si la commission de sécurité avait refusé l’ouverture avec tout le risque qu’il y a, il faut qu’elle puisse s’expliquer devant la population de cette collectivité mais si au contraire, elle aurait donné un avis défavorable et le Maire serait passé outre, il faut qu’il s’explique. En tout état de cause, la FCPE demande aux parents de ne pas exposer leurs enfants au danger à la rentrée du lundi 9 janvier 2023 prochain tant que la situation ne s’améliore pas sur l’ensemble des écoles de la commune de Dembéni. La FCPE croit vraiment à sa politique de vouloir transformer la ville en cité universitaire. Encore faut-il que les moyens de l’ambition puissent traduire sur le terrain avant de pouvoir chanter la Marseillaise, tous les lundis avec l’accord des autorités compétentes à moins que l’on ne soit pas accusé de d’abus d’autorité. »

Haïdar Attoumani Saïd, président de la FCPE 976

Visite ministérielle suite : Gérald Darmanin et Ben Issa Ousseni se retrouveront en janvier

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Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, a déjeuné avec Ben Issa Ousséni, président du conseil départemental de Mayotte, ce dimanche 1er janvier. « Les échanges, qualifiés par les participants de très constructifs, ont notamment porté sur les propositions formulées par le conseil départemental après le dîner avec les élus des Outre-mer organisé le 7 septembre dernier par le président de la République. Les propositions du conseil départemental ont été construites sur la base des contributions des élus de Mayotte (conseillers départementaux, parlementaires, maires, CESEM, chambres consulaires), après de nombreuses réunions de concertation dont deux en présence du préfet de Mayotte », indique ainsi la préfecture. Les propositions seront réitérées au cours du comité interministériel des Outre-mer organisé au premier semestre 2023. Elles pourront être discutées préalablement lors d’une autre rencontre prévue à Paris, fin janvier, entre Gérald Darmanin, Ben Issa Ousséni et Jean-François Carenco, le ministre délégué chargé des Outre-mer.

Mansour Kamardine ne veut plus des « pompes aspirantes de l’immigration »

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Gérald Darmanin et Mansour Kamardine étaient ensemble au parti Les Républicains. Le premier a rejoint Renaissance (ex-La République en marche).

Anciens camarades au sein du parti Les Républicains, Gérald Darmanin et Mansour Kamardine se sont croisé, ce dimanche, lors des visites organisées à Bouéni et Kani-Kéli. Le deuxième n’a pas manqué de saluer la venue du ministre de l’Intérieur et de l’Outremer comme « un symbole fort adressé aux ultramarins en général et aux Mahorais en particulier ». Il rappelle toutefois que « les territoires les plus éloignés de la métropole le sont aussi les plus de l’égalité des chances, de l’égalité sociale et des libertés publiques », avant de faire référence aux problèmes d’approvisionnement en eau, à l’insécurité et à l’inflation de prix. « Aussi, nos espoirs sont grands que 2023 soit l’année du lancement des travaux de la troisième retenue d’eau collinaire, de la piste longue à l’aéroport, d’une nouvelle base de la marine à même d’accueillir un patrouilleur de nouvelle génération, de décongestion des routes nationales, de l’alignement des droits sociaux sur ceux de droit commun (retraite moyenne de 270 euros, Smic dévalué de 20% par rapport au Smic national, prestations sociales à 50% de ceux des autres départements…), d’aménagement du droit à même de mettre un terme aux pompes aspirantes de l’immigration clandestine issue d’un détournement massif de notre humanisme », espère-t-il. Il demande au ministre présent à Mayotte le week-end dernier « la tâche lourde de faire vivre la République à Mayotte, en premier lieu en évitant, par l’action ferme et résolue, le basculement du territoire dans le chaos ».

Mayotte présente à la 24ᵉ édition du salon de la plongée sous-marine

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Une nouvelle fois, Paris expo à la porte de Versailles accueillera le salon de la plongée sous-marine. Pour cette 24ᵉ édition qui aura lieu du vendredi 6 au lundi 9 janvier 2023, l’Agence d’attractivité et d’enveloppement touristique de Mayotte (AaDTM) y sera présente pour vanter les mérites de l’un des plus beaux lagons au monde. « Étant donné que le tourisme fait partie des facteurs majeurs du développement de l’île, c’est l’occasion parfaite de faire la promotion des espèces marines encore méconnue du lagon de Mayotte. Par ailleurs, ce sera l’opportunité pour les professionnels de secteur de promouvoir leurs prestations, créer des liens avec des partenaires, se tenir informés sur l’actualité de la plongée, échanges avec les autres professionnels, à savoir les plongeurs ainsi que les aider à concrétiser leurs projets de voyages », prévient l’agence, avant l’événement.

Coopération régionale : un nouvel appel d’offres cette année

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Un appel à projet relatif au fonds de coopération régionale (FCR) pour l’année 2023 est mis en ligne ce jour et consultable sur le site internet de la préfecture. Le fonds de coopération régionale a pour objectif de renforcer la coopération entre la Mayotte et les pays voisins de l’Océan Indien. Il permet de financer des projets favorisant un développement économique et social par une meilleure insertion du territoire dans son environnement régional et géographique. Pour l’année 2023, l’accent a été mis sur des actions innovantes dans les domaines de l’éducation (programmes de mobilité -étudiants grandes écoles, ingénieurs, universitaires et chercheurs), la formation, l’apprentissage, l’agriculture, la pêche, l’aquaculture, la santé, la jeunesse, les sports, la culture, l’artisanat, le tourisme durable, l’énergie renouvelable et la connectivité numérique. Toute personne morale (associations, institutions, etc.) localisée à Mayotte peut solliciter une subvention FCR, qui, en complément d’autres dispositifs financiers existants, peut financer des projets à hauteur de 30 %. Possibles jusqu’au 28 février 2023 à minuit, les demandes de subvention, ainsi que les modalités de transmission de dossiers, sont consultables en ligne sur le site web de la préfecture : www.mayotte.gouv.fr/Publications/Appels-a-projets/2023

Les inscriptions des partenaires pour le salon de l’étudiant sont lancées

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Avant la nouvelle édition du salon de l’étudiant de Mayotte en février, le département de Mayotte, le rectorat et l’association des jeunes de Mayotte (AEJM) informent tous les partenaires de l’ouverture des inscriptions depuis ce 31 décembre et jusqu’au 10 février. L’événement aura lieu du 20 au 24 février 2023 sur divers sites de l’île. La première journée est prévue à Dembéni. Ensuite, le mardi 21 février, il se poursuivra dans la commune de Kani-Kéli. Le jour suivant, ce sera à la MJC de Tsingoni. Puis le jeudi 23, la tournée continue au gymnase de Cavani dans la commune de Mamoudzou, avant de prendre fin le vendredi 24 février à Bandraboua. Au cours de ces différentes journées, les élèves pourront échanger avec les différents professionnels mobilisés afin de mieux se renseigner.

Qu’ils soient enseignants, professionnels de l’orientation ou encore du monde socio-économique du territoire, ils sont invités à s’inscrire pour présenter leurs métiers, formations, expériences et pouvoir répondre aux questions des personnes présentes. Pour cette nouvelle édition, les organisateurs proposeront plusieurs rencontres sous formes de speed dating et café débats entre professionnels, jeunes ainsi que les parents. À la fin de chaque étape, plusieurs activités, à savoir des mini-concerts et séances photos animées par de jeunes artistes locaux seront réalisés. Pour l’édition de cette année, une cinquantaine de partenaires sont attendus sur les différentes étapes du salon. Afin d’accentuer l’accompagnement des professionnels de demain vers la réussite, le département et le rectorat de Mayotte mettront à l’honneur les formations d’excellence ainsi que les métiers sous tension sur le territoire. Par ailleurs, d’autres formations et métiers de l’île seront également présentés.

Lien d’inscription des partenaires : aejm.typeform.com/to/ib8fykkz

L’appel à projets « Contrat de ville de Dembéni » 2023 sur les rails

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L’appel à projets concerne toute demande de subvention pour l’année 2023 au titre de la programmation du contrat de ville de Dembéni. La demande de subvention se fera obligatoirement sous format dématérialisé (Cerfa N°12156*05 téléchargeable sur internet) et devra être déposée à l’adresse suivante : cmv@dembeni.fr, avant le 3 février 2023 à 11h30.

Dembéni dévoile ses talents !

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La direction du service animation, jeunesse et sport de Dembéni informe la population que dans le cadre des activités des vacances scolaires qui arrivent à terme, le service animation organisera une cérémonie de fin de centre qui aura lieu le samedi 7 janvier 2023 dans la salle de spectacle de la MPT Dembéni, de 16h à 18h. Comme tous les ans, cette cérémonie regroupera plusieurs jeunes tous issus de la Ville de Dembéni. Près de 120 jeunes participeront à cet événement.

Gendarmerie : plusieurs interpellations en cette fin d’année

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La gendarmerie de Mayotte a indiqué, via sa page Facebook, avoir procédé à l’interpellation d’individus lié à des troubles à Pamandzi et M’tsamboro, ainsi qu’à l’arrestation de 238 étrangers en situation irrégulière au cours de ce week-end. Concernant les premiers, l’un a été appréhendé à Pamandzi, le 30 décembre, pour un vol à main armée commis à Labattoir. Une autre, auteur de violences et de caillassages sur les forces de l’ordre le 1er janvier, a été pris en flagrant délit dans la même commune. Enfin, le 31 décembre, en début de soirée, les militaires de la brigade territoriale de M’tsamboro ont interpellé l’auteur de violences avec arme, commises le même jour sur le territoire de la commune.

Une opération « Déchets’tri mobile » à Bandrélé ce samedi 7 janvier

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La communauté de communes du Sud de Mayotte et ses partenaires (Sidevam976, Ecosystem et les communes membres) informent la population de la commune de Bandrélé, que l’opération « Dechets’tri mobile », la déchèterie mobile intercommunale, aura lieu ce samedi 7 janvier.

Les particuliers résidents de la commune sont invités à déposer leurs petits et gros appareils électroniques et électroménagers (machine à laver, cuisinière, téléviseurs), les encombrants (canapé, armoire, matelas), les ferrailles (vélo, fonte et acier) et les déchets verts (feuilles mortes, branches, troncs d’arbustes) à la place Manzaraka de Bandrélé, de 8h à 14h.

Cependant, ceux qui ne peuvent amener leurs déchets ou encombrants ce jour-là ont la possibilité d’appeler, jusqu’au vendredi 6 janvier, à l’accueil de la mairie de Bandrélé au 02 69 62 19 81 afin de demander l’enlèvement de leurs débarras. Un numéro de téléphone sera exigé.

Un scootériste a perdu la vie dans un accident sur la route de Vahibé, ce lundi

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Le conducteur du véhicule n'a pu éviter le scooter faisant demi-tour. (image d'illustration)

Ce lundi 2 janvier, vers 16h50, un grave accident de la route s’est produit entre Vahibé et Miréréni. Dans une série de virages, une voiture a percuté un scooter qui était en train de faire demi-tour. Le conducteur du deux-roues, un jeune Comorien, a été mortellement touché.

Placé en garde à vue par les forces de l’ordre, celui qui était dans la voiture a finalement été libéré sans aucune charge retenue contre lui, sa responsabilité n’étant pas mise en cause dans cet accident.

Les négociations chez Electricité de Mayotte toujours bloquées

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La grève de trois semaines de l'intersyndicale CGT-FO a pris fin, ce jeudi 12 janvier. Un accord a été signé à 17h.

Le conflit perdure entre la direction d’Electricité de Mayotte et l’intersyndicale CGT-FO. Pour rappel, un accord a été signé par la première avec les autres syndicats de l’entreprise en portant à « 10% en moyenne les évolutions des rémunérations pour 2023 » et une prime pouvoir d’achat de 1.500 euros. De leur côté, CGT et FO ont quitté la table des négociations et demandent que cette dernière atteigne les 3.000 euros.

En grève depuis le 21 décembre, les deux syndicats avaient accepté de revenir à la table des négociations, au siège à Kawéni, ce mardi matin. Seulement voilà, « à partir de 8h10, les clients et salariés d’EDM étaient empêchés d’entrer et de sortir du site par un piquet de grève d’une vingtaine de grévistes », indique EDM, qui a dû suspendre les négociations.
« Nous présentons nos excuses à nos clients gênés pour venir à l’agence EDM et
les informons que notre accueil téléphonique reste fonctionnel ainsi que les
bornes de paiement », poursuit l’entreprise.

Le syndrome insulaire, « on est tous un peu atteints à un moment »

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Le syndrome insulaire observé à Mayotte par le psychiatre Lionel Buron n’est pas propre qu’à cette île selon lui.

Le psychiatre Lionel Buron a cofondé le premier secteur de santé mentale de Mayotte en 2002. Au cours de ses dix-huit années de pratique médicale sur l’île, il a observé chez des « mzungus » expatriés sans antécédent le développement de troubles psychiatriques en réaction à la vie insulaire. Le fruit de ses d’observations, un article intitulé « Mayotte, quintessence du syndrome insulaire » a été publié dans la revue scientifique L’information psychiatrique, dans le cadre d’une édition spéciale « psychiatrie et santé mentale dans les outremers ». Le médecin nous renseigne sur ses découvertes.

Flash Infos : Qu’est-ce que le syndrome insulaire, et comment en êtes-vous venus à étudier ce phénomène ?

Lionel Buron : Dans ma pratique clinique psychiatrique à Mayotte, j’ai été amené à rencontrer des patients « mzungus » expatriés, qui avaient développé des symptômes psychologiques ou psychiatriques en réaction à la vie sur l’île. Ces symptômes se présentaient de manière inaugurale : c’est à dire que les patients n’avaient aucun antécédent. C’est la vie sur l’île qui avait créé ces symptômes. Cela rentre dans le cadre de ce qu’on appelle les voyages pathogènes, à l’instar du « syndrome indien » décrit par le docteur Régis Airault, avec qui j’ai cofondé le secteur de santé mentale à Mayotte. On part quelque part, pour vivre dans un environnement différent, et on développe des symptômes psychologiques ou psychiatriques. Ici, la spécificité, c’est que les symptômes se développent en réaction au mode de vie insulaire. Mon article se base sur des vignettes cliniques, c’est à dire de mes observations lors de la prise en charge des patients. On part de l’histoire de ces mzungus, et des symptômes qu’ils ont développés.

F.I. : Quels sont les symptômes observés ?

L.B. : En arrivant sur une île, l’expatrié est habité par des mythes, par un imaginaire occidental. Puis, il se confronte à la réalité et constate un décalage entre son imaginaire mythique et la réalité de la vie sur l’île, qui est beaucoup moins idyllique. Cette confrontation crée des symptômes très hétérogènes, que j’ai regroupés en cinq syndromes. Tout d’abord, l’hypomanie insulaire. Le sujet est dans l’hyper-excitation : tout est beau, tout est fantastique. Le sentiment de bien-être est exacerbé à outrance. Ensuite, la dépression insulaire se caractérise par un sentiment de confinement, d’isolement, d’exiguïté… On a l’impression de tourner en rond et, à contrario, de ne pas réussir à créer des liens humains sur le long terme car beaucoup sont de passage. Dans ce cas, les symptômes dépressifs sont directement liés à des confrontations spécifiques à l’île, dont le sujet a l’impression d’être prisonnier. Le troisième syndrome que j’ai identifié est celui de l’hyper-sexualité insulaire. Pour l’expatrié, la rencontre avec des mœurs sexuelles différentes résulte en une désinhibition érotique. Les rencontres se font plus facilement, on multiplie les expériences et on tombe dans un cercle vicieux comportemental qui aboutit à l’addiction. Au début c’est un plaisir, puis un excès, puis une pathologie… on ne dort plus, on est à côté de la plaque. La perte des repères culturels internes peut également déclencher la paranoïa insulaire : des angoisses qui se traduisent par une fragilisation sur le mode persécutif. En d’autres termes, on a le sentiment d’être scruté, moqué. Ça peut aller jusqu’au délire. J’ai pris en charge une patiente qui, après s’être vue proposer des « mabawas » a cru qu’on voulait l’empoisonner et a voulu rentrer en métropole à la nage ! Elle n’avait aucun antécédent psychiatrique. Après quelques semaines d’hospitalisation, elle a été rapatriée et s’est tout de suite stabilisée à son retour dans l’Hexagone.

Enfin, la perversion insulaire. J’ai surtout traité avec les victimes des personnes atteints de ce syndrome. Certains « mzungus », propulsés dans des positions hiérarchiques dominantes, se sentent tout permis et entrent dans des mégalomanies narcissiques. Des états pervers ressurgissent car on est en quelque sorte éloignés des règles de la métropole ; on a plus tendance à contourner les lois. Dans ces positions de dominance, les pervers exercent leur emprise, harcèlent sans culpabilité. L’individu croit que tout est possible, que plus rien n’est interdit. Il faut bien comprendre que l’on peut développer plusieurs syndromes, de façon cyclique et à des degrés différents : une hyper-excitation, puis une dépression par exemple. J’ai fait lire mon article à des proches qui ont vécu sur l’île. Ça parlait à tout le monde. Mais il faut bien comprendre que ces syndromes ne sont pas spécifiques à Mayotte ; tout cela peut être observé dans d’autres îles. Mayotte est mon prisme d’observation pour décrire ce syndrome insulaire, mais le champ s’élargit. Toutefois, c’est aussi un territoire sur lequel il s’observe de façon particulièrement marquée, d’où le titre « Mayotte, quintessence du syndrome insulaire ».

F.I. : Comment faire face à ces différents syndromes ?

L.B. : Déjà, je pense que mettre des mots sur ces symptômes, c’est important. On prend conscience qu’on n’est pas seul à vivre ce genre de choses, et que ce n’est pas forcément anormal de développer ces symptômes : ça a déjà un effet thérapeutique. Ensuite, il faut en parler, il faut voir quelqu’un. Quand on est isolé, ça aide. La majorité des patients que j’ai suivis dans ce cadre à Mayotte n’avaient jamais vu de psychiatre auparavant, et n’étaient pas forcément pour. Ça reste tabou. Ensuite, il serait intéressant de faire de la prévention : de faire savoir que l’on peut développer des symptômes psychologiques ou psychiatriques face au choc culturel provoqué par une expatriation sur une île. Cela donne des repères et des moyens de s’y préparer… parce que quelque part, on est tous un peu atteints à un moment ou un autre !

Le ministre de l’Intérieur fait la revue des troupes en cette fin d’année

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Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et de l’Outremer, était en déplacement à Mayotte, ces samedi 31 décembre 2022 et dimanche 1er janvier 2023.

Pas de grandes annonces durant ce déplacement mahorais du ministre de l’Intérieur et de l’Outremer, Gérald Darmanin, ces samedi 31 décembre 2022 et dimanche 1er janvier 2023. Hormis « la pérennisation » du Raid à Mayotte (voir encadré), l’essentiel était de montrer que le gouvernement français suit ses engagements sur le territoire, notamment dans la lutte contre l’immigration.

Il ne fallait pas s’attendre à un Noël décalé d’une semaine avec la venue de Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur et de l’Outremer était davantage présent pour tenir une promesse datant du mois d’août, celle d’un retour d’ici la fin de l’année (N.D.L.R. il avait promis « en novembre » initialement). Débarqué samedi matin, il a pris le pouls de l’actualité locale en rencontrant d’abord le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, puis plusieurs élus locaux pendant ces deux jours comme les maires de Dzaoudzi-Labattoir, Ouangani, Bouéni, Kani-Kéli, ou encore Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte. Il a également fait le point sur les divers engagements pris cette année. D’abord, dans la lutte contre l’immigration, il a assisté, samedi soir, à la démonstration d’un drone servant à repérer les kwassas-kwassas. Cet outil, qui pour l’instant est expérimental, est « une brique de plus dans le mur », rappelle Frédéric Sautron, le sous-préfet à l’immigration. En effet, il s’ajoute aux intercepteurs qui augmentent chaque année, aux radars qui vont être perfectionnés et à la surveillance aérienne qui est déjà effective quelques heures par jour.

Le ministre, qui veut « changer le paradigme sur Mayotte », a fait remarquer également que des moyens humains supplémentaires sont alloués à l’île aux parfums. Un service de police judiciaire, entériné par un décret datant du 27 décembre, sera dédié au travail contre l’immigration illégale, notamment dans la surveillance des réseaux de passeurs et des marchands de sommeil. Celui-ci avait déjà été promis, tout comme les quatre nouvelles unités de gendarmeries dont le détail n’a toujours pas été donné. Sur la loi sur l’immigration débattue en ce moment au Parlement, Gérald Darmanin a prévenu que les dispositions envisagées pour Mayotte, notamment le droit du sol applicable aux étrangers que si les parents sont présents sur le territoire depuis un an, feront l’objet d’une loi spécifique. Le chef de l’État et le gouvernement en ferment pas la porte à un retour du texte propre Mayotte, mis au placard avant l’élection présidentielle.

« Il n’y a pas que la sécurité et l’immigration à Mayotte »

Difficile de sortir de la thématique sécuritaire quand on cumule en tant que ministre, l’Intérieur et l’Outremer. « Il n’y a pas que la sécurité et l’immigration », a fait pourtant remarquer, ce dimanche à Kani-Kéli, celui qui a passé le réveillon de la Saint-Sylvestre avec les forces de l’ordre à la caserne de gendarmerie de Mamoudzou. Dimanche matin, il a ainsi défendu le tourisme (« il y a plein de grands projets dans le sud ») et évoqué les problèmes environnementaux de l’île.

Sur ce point, il a d’ailleurs visité une maison sur le front de mer de Bouéni, dimanche matin. Soumise à l’érosion et aux tremblements de terre du volcan sous-marin, celle-ci a vu apparaître de longues fissures dès 2014. La famille a même dû être relogée il y a six mois maintenant. Celle-ci attend toujours une solution pérenne justement. Côté tourisme, il a pu voir plus tard dans la matinée le projet autour du ponton de Kani-Kéli qui comprend la création prochaine d’un snack. L’équipement servira aussi à la trentaine de pêcheurs locaux et surtout à la surveillance des kwassas-kwassas, puisqu’une base avancée va voir le jour sur ce point du territoire souvent ciblé par les passeurs.

Preuve que le sujet de l’immigration ne reste jamais loin.

Le Raid « pérennisé » pour combien de temps ?

L’arrivée du Raid (Recherche, assistance, intervention et dissuasion) en novembre correspondait à un regain de violences entre les bandes de Doujani, Majicavo-Koropa et Kawéni. Contrairement au passage de cette unité d’élite de la police en février qui n’a duré qu’une semaine, celui-ci se veut beaucoup plus long. Le ministre, qui a rencontré le GIGN et le Raid dimanche matin, a même annoncé que ce dernier serait « pérenne » pour au moins « quelques mois ». Dans les faits, une douzaine d’hommes disposant d’un arsenal plus important que les policiers locaux sont stationnés à Mamoudzou. Ils peuvent intervenir en cas de conflit entre bandes ou assister dans l’interpellation d’individus dangereux. Contrairement aux forces de l’ordre locales, ils peuvent plus facilement « aller au contact ». Présente sur d’autres territoires ultramarins, l’unité connaîtra des rotations d’effectif tous les trois mois à Mayotte.

Darouèche Hilali Bacar, « le grand frère » des étudiants mahorais

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Darouèche Hilali Bacar est un médiateur social engagé dans la réussite des étudiants mahorais de plusieurs académies.

Depuis 2016, Darouèche Hilali Bacar occupe le poste de médiateur social académique sur la ville de Lyon. Il y est chargé de suivre les lycéens et étudiants mahorais boursiers du conseil départemental de Mayotte afin de leur éviter les galères qu’il a lui-même connues dans sa jeunesse.

Né sur l’île aux parfums et ayant grandi dans le village de M’tsapéré, Darouèche Hilali Bacar est issu d’une « famille modeste et traditionnelle mahoraise », explique celui qui était « très studieux » et aimait apprendre de nouvelles choses. Depuis 2016, le Mahorais de 40 ans joue un rôle très important dans la vie des étudiants mahorais de sa ville de résidence, à Lyon. En tant que médiateur social, sa mission est de venir en aide à bon nombre de jeunes Mahorais, qu’ils soient primo-arrivants ou résidents de la cité lyonnaise depuis plusieurs années. Cette aide peut passer par l’installation, une aide administrative, comme monter un dossier de bourse, ou leur apporter du soutien psychologique si besoin. Étant lui-même étudiant, il y a quelques années, Darouèche Hilali Baca, a également été confronté aux galères qui les touchent. Aujourd’hui, il essaie à sa manière d’aider ses « petits frères mahorais » dans la réussite de leurs études. Ce domaine, il y a excellé lui-même puisqu’il est devenu docteur en littérature. Il a écrit une thèse, « L’autofiction en question : une relecture du roman arabe à travers les œuvres de Mohamed Choukri, Sonallah Ibrahim et Rachid El-Daïf », qu’il a soutenue en 2014. Son parcours universitaire est d’autant plus important qu’il lui a permis de changer sa manière de penser de devenir une nouvelle personne, admet le médiateur. « Ce n’est plus le Darouèche des années 80. »

Séminaires et foutaris

Quand il enlève sa casquette de médiateur social, celui-ci fait énormément d’activités en dehors de son métier. « Je suis beaucoup impliqué dans la culture, l’éducation, le sport, les voyages, le théâtre, le cinéma, mais surtout dans les danses traditionnelles », énumère Darouèche. Depuis quelques années, le M’tsapérois est beaucoup impliqué dans le monde associatif. Après avoir eu une discussion avec une étudiante en médecine en 2018, cette dernière lui a expliqué qu’au sein de son établissement les étudiants de deuxième année apportait du soutien scolaire aux premières années.  « L’idée m’a beaucoup intéressé », admet-il, un sourire aux lèvres. À partir de là, il a commencé à organiser des « séminaires et des foutaris avec les étudiants à Lyon » dans le but d’échanger sur leur situation scolaire en métropole. En 2018, il crée le « dispositif m’somo » dont la devise est « ensemble pour la réussite ». Celui-ci a changé de statut en septembre 2022 et est devenu une association loi 1901. Au départ dans l’académie de Lyon, il a été étendu à d’autres académies dans la région Auvergne Rhône-Alpes, comme Grenoble (Isère) et Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mais également à Rouen (Seine-Maritime). L’association a pour objectif d’aider les étudiants mahorais en leur apportant du soutien scolaire, psychologique et social. Le médiateur social académique explique que de nombreux étudiants mahorais poursuivant leurs études en France métropolitaine échouent dès la première année. La mise en place du dispositif au cours de l’année universitaire 2018 était d’aider ces néo-bacheliers et les autres étudiants à passer ce cap. De plus, plusieurs participants ayant bénéficié de cette aide, même diplômés, jouent le rôle dorénavant d’intervenant au sein de l’association.

“C’est formidable d’aider les autres !”

Darouèche Hilali Bacar n’est pas qu’un simple médiateur, il tient le rôle de « grand frère » pour les jeunes de son île natale.  Dans le cadre de son métier, ce qui est le plus intéressant, explique-t-il, « c’est d’être en contact avec les gens », en particulier les étudiants, les familles, les associations, les institutions publiques et privées. De par son métier, il aime résoudre des problématiques, aider un jeune qui rencontre un certain nombre de difficultés du point de vue social, financier, économique ou d’éducatif. Il l’accompagne jusqu’à ce que l’étudiant puisse atteindre son objectif. Pour lui, « c’est formidable, car on se sent utile ». Depuis le début de son métier de médiateur social à ce jour, il est impossible de compter le nombre d’étudiants ou encore de parents qu’il a aidé, mais une chose est sûre, c’est qu’il continuera encore à apporter son soutien aux autres dans la voie de la réussite.

Le carnaval de Dzaoudzi-Labattoir clôture l’année 2022 en fête

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De la couleur, de la fantaisie, du maquillage et de l’imagination débordante. Du 23 au 25 décembre, cette fin de l’année 2022 a été marquée par trois jours de fête successifs où toutes les générations ont pu se lâcher dans l’allégresse.

Voilà plusieurs années déjà que les services culturels de la commune de Dzaoudzi-Labattoir organise un carnaval, le 25 décembre. La ville est alors en pleine effervescence, les écoles et les associations locales de danses traditionnelles sont mobilisées à cette occasion pour préparer, en amont, des jours durant, ce grand rendez-vous annuel de l’imagination débordante, de la couleur et de la fantaisie. Pour cette cinquième édition, l’affaire a pris une tournure intercommunale avec la participation associations de la commune voisine de Pamandzi, notamment les équipes du CLEJ dont la présence a été assez remarquée. Du côté de Labattoir, la mobilisation a été quasi générale, pas moins d’une trentaine d’associations, de groupes et d’écoles ont pris part à l’opération. Ce sont les seniors qui ont ouvert les festivités avec un défilé qui leur a été dédié. Une manière pour les organisateurs de leur montrer l’attachement encore fort des jeunes générations à leurs grand-mères, et à la place importante qui est la leur dans la société.

Le lendemain a été marquée par la traditionnelle retraite aux flambeaux, où se sont joyeusement mêlés, les couleurs des « feux de Bengale » à la mode mahoraise, rythmes et sons multiples, à la grande satisfaction des adolescents et des tous petits émerveillés par ce tohu-bohu. Un tamtam-boeuf (ngoma ya gnombé) a été organisé, samedi après-midi, sur la pelouse de la place de la mairie (jadis le principal terrain de football de la ville et haut lieu de cette manifestation marquante des fêtes du calendrier traditionnel musulman telles que les ides clôturant le mois de Ramadan ou le pèlerinage à la Mecque). Un mât de cocagne a également précédé le carnaval du 25 décembre. Près d’un millier d’individus ont suivi le défilé parti du plateau polyvalent du quartier de « la ferme », en milieu d’après-midi, pour rejoindre le centre-ville, en parcourant un tracé bien défini autour de Labattoir. Aux environs de 17 heures, les participants ont rejoint la cour de l’hôtel de ville avec leurs chars et leurs costumes multicolores, un chapiteau dressé devant le monument aux morts accueillant un orchestre local de musique mahoraise contemporaine. La fête s’est poursuivie jusqu’à début de soirée, à la grande satisfaction des services organisateurs de ce carnaval 2022.

EDM : une enquête ouverte après le sabotage à Longoni

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Toujours en grève, EDM a connu un acte de sabotage dans la soirée du 30 décembre. La direction d’Électricité de Mayotte avait annoncé, le 30 décembre, la signature d’un accord avec les fédérations CFE-CGC et Unsa, les syndicats majoritaires parmi les 300 salariés. Celui-ci établit à +10% l’évolution moyenne des salaires dans le groupe et une prime de 1.500 euros pour tous les salariés. Pas suffisant pour la CGT-Ma et FO-EDM, qui sont en grève depuis le 21 décembre. Ils demandent notamment que la prime soit portée à 3.000 euros.

Liée ou non (une enquête de gendarmerie a été lancée), le soir-même du 30 décembre, une importante coupure d’électricité a eu lieu en Grande-Terre. Une ou plusieurs personnes se sont introduites dans la centrale de Longoni et ont procédé à l’interruption de l’alimentation en carburant des moteurs produisant de l’électricité. Les équipes techniques appelées sur place n’ont pu rétablir le courant que trois heures plus tard à Mamoudzou, puis dans les quatre heures suivantes sur le reste de l’île. « Nous déplorons l’impact considérable pour les clients et leur adressons nos excuses », a réagi le fournisseur d’électricité.

La coupure a aussi une incidence sur le réseau d’eau. La production d’eau potable à Mamoudzou, qui est déjà insuffisante en cette période, a été perturbée par le manque d’électricité. La société mahoraise des eaux (SMAE) a dû alors interrompre l’approvisionnement en eau d’une bonne partie de Mamoudzou et de Koungou dans la journée du 31 décembre. L’alimentation est revenue ensuite au cours de la soirée.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes