La saison de rugby se découpe en deux parties à Mayotte. Il y a le championnat à 10, puis celui à 7. Ce samedi 10 juin, à 13h, c’est le deuxième qui prend fin au stade Baobab, à Mamoudzou. Deux finales seront jouées cet après-midi-là, il y aura celles des seniors filles et seniors garçons. Pour les catégories plus jeunes (U16 – U18 et U19), il faudra attendre la semaine d’après, le samedi 17 juin, pour connaitre les noms des champions et des championnes.
Une jeune fille de Tsoundzou 1 blessée à cause de grenades lacrymogènes

Mardi 30 mai, dans la soirée, deux grenades lacrymogènes sont tombées sur une habitation en tôle. Leur explosion a provoqué deux trous béants, tandis qu’un morceau de tôle a sectionné la peau d’une adolescente de 16 ans au niveau du dos.
L’odeur âcre du gaz lacrymogène remplit la petite pièce, même des jours après. Ce vendredi après-midi, dans leur habitation faite de tôles, le couple qui y vit désigne le plafond et la chambre de leur fille. Le soir du mardi 30 mai, vers 23h, deux détonations particulièrement fortes ont été entendues, tout comme le cri de l’adolescente de 16 ans. « On est tout de suite sortis de notre chambre. On a senti l’odeur immédiatement », raconte le père. Outre les trous dans le plafond et dans une autre tôle derrière, le gaz a vite rempli le logement de trois pièces situé au-dessus de l’école élémentaire de Tsoundzou 1, coincé entre des maisons Sim et un grand immeuble.
Le lieu est coutumier des affrontements entre les forces de l’ordre* et des bandes locales, comme ce mardi soir-là. Le chemin en terre remonte vers les hauteurs de Tsoundzou 1 et Passamaïnty où s’est établi un quartier informel. « Les policiers se mettent au bout du chemin et tirent leurs grenades vers les hauts », indique une voisine. Est-ce en visant la végétation derrière que les grenades sont tombées au mauvais endroit ? L’enquête doit le confirmer. Ce qui semble clair, c’est que deux d’entre elles ont atterri à la fois sur le toit et contre la paroi arrière avant d’exploser, à même pas un mètre de la jeune fille. « Au début, les policiers n’ont pas voulu admettre que c’étaient eux. Il y en a même un qui a dit que le trou a été fait avec un chombo », s’emporte la voisine, furieuse du sort de cette famille sans histoires.
Une plainte déposée
Blessée grièvement dans le bas du dos alors qu’elle dormait sur le ventre, la collégienne de Kwalé a été transportée à l’hôpital avec sa mère diabétique. Une fois sortie de l’hôpital, la famille a déposé plainte. « On veut juste être reconnue comme victime », admet timidement la mère de famille, une Comorienne de 50 ans en situation régulière sur le territoire. Ce vendredi après-midi, le hasard fait qu’une nouvelle équipe d’enquêteurs est venue faire des constatations au même moment, tout comme les jours précédents. Tandis que la jeune fille se repose en restant allongée sur un matelas dans le salon, ils passent à ses côtés afin de constater les dégâts. L’un d’eux fait l’étonné en regardant le trou dans le plafond et pas encore rebouché. « Oui, c’est bizarre », répond-il à sa collègue. « Comment ça bizarre ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? C’est vous qui avez fait ça, je vous rappelle », le réprimande la voisine.
L’enquêtrice tente de calmer la jeune femme et invite l’autre policier à sortir. Elle essaye de se montrer compréhensive sans vraiment convaincre l’habitante, excédée du jeu du chat et de la souris qui perdure dans ce quartier et des dommages collatéraux qu’il occasionne. Sur son matelas, l’adolescente semble indifférente à la scène. Il y a plus urgent pour elle, elle doit normalement passer son brevet dans quelques semaines.
*Nous n’avons pas eu de retours de la direction territoriale de la police nationale (DTPN).
Jacqueline Guez : Derrière l’écran, l’engagement
Avec deux séries-fictions et un documentaire, des messages sociaux qu’elle véhicule au travers de l’audiovisuel et beaucoup d’autres projets, Jacqueline Guez a de grandes ambitions et espoirs pour Mayotte. Réalisatrice, scénariste, féministe, mère, comme toutes les femmes, elle n’est pas que gérante d’une société. Rencontre avec celle qui ne cesse jamais de se battre pour ses idées.
Humble et sociable au premier abord, Jacqueline Guez est pourtant une vraie « superwoman », ne mâchant pas ses mots et n’ayant pas peur d’agir. Arrivée à Mayotte à l’âge de deux ans, la scénariste grandit à M’Gombani et fait toute sa scolarité, jusqu’au baccalauréat, sur l’île aux parfums. Comme beaucoup de jeunes Mahorais, elle part en métropole pour ses études supérieures. Après trois ans de droit privé et un master en ressources humaines, elle revient à Mayotte et occupe des postes de juriste ou de DRH. Une opportunité totalement opposée à ses études s’offre à elle, comme une évidence, dans la communication audiovisuelle. « Je trouvais que certains messages institutionnels, adressés aux Mahorais, ne tenaient pas compte des codes de la culture mahoraise. Étant d’ici, j’ai vu des campagnes de communication qui m’ont beaucoup choquée », déclare Jacqueline Guez devant le logo de son entreprise. Une vocation née seule, mais qui s’explique par son éducation : « Mes parents ont voulu me faire prendre conscience que je pouvais avoir confiance en moi et qu’il n’y a pas grand-chose dans ce monde que je ne pouvais pas faire si je me donnais à fond ».
Heureuse gérante de Clap Productions depuis 2015, Jacqueline joue son rôle avec passion. La réalisatrice veut que ses œuvres aient du sens, qu’elles ne soient pas uniquement du divertissement. Elle ne veut pas produire pour produire, mais faire passer des messages. « Toutes nos productions ont une vocation sociale, elles ont toutes pour but d’ouvrir un débat, de mettre en lumière une thématique, soit de sensibiliser ou prévenir. Ce n’est jamais totalement désintéressé, affirme la réalisatrice. Nous ne sommes pas les seuls à parler de ses sujets. On le fait juste avec un autre canal de diffusion. On veut faire passer des messages pour l’intérêt général. » Ayant plein d’autres projets en tête, elle explique que sa plus grande difficulté est de recevoir un accompagnement financier. « Pour cela, il faut réussir à convaincre les acteurs publics de mettre la lumière sur certains sujets. »
« J’aimerais rassurer sur le fait que c’est un vrai métier »
Jacqueline place beaucoup d’espoir sur la jeunesse mahoraise, défendant que « la jeunesse de ce territoire est certainement sa plus grande force ». La scénariste est à l’origine de la création d’une bourse d’études pour les étudiants qui feraient le choix d’aller dans la filière de l’audiovisuel après le baccalauréat, avec un suivi sur toute la longueur de leurs études universitaires. La bourse est de 1500 euros par an et par élève. Chaque année, quatre jeunes ont ainsi la chance de recevoir cet argent pour se lancer. Jacqueline Guez espère pouvoir construire une vraie filière autour de l’audiovisuel à Mayotte. Son objectif, pouvoir créer un vrai pôle de formation et, à l’avenir, avoir des techniciens de l’audiovisuel mahorais. « Aujourd’hui, deux jeunes bénéficient de cette bourse. Les parents ont souvent inquiets quand leurs enfants sont intéressés par la filière audiovisuelle. Pour certains parents, ce n’est que du divertissement. J’aimerais rassurer sur le fait que c’est un vrai métier. Il suffit de venir avec nous sur une journée de tournage ! Comment c’est possible que pour une vidéo de 15 ou 20 secondes, on passe 8 heures sur le plateau si ce n’est pas un vrai métier ? »
Outre l’objectif d’avoir de l’audiovisuel mahorais, elle souhaite créer de la représentation pour tous les enfants de l’île aux parfums, que ces derniers puissent « voir à la télévision des astronautes mahorais, un constructeur ou un ingénieur mahorais. Que les enfants voient des personnes qui viennent du même milieu qu’eux », assure Jacqueline. Elle espère inspirer la jeune génération à voir plus grand. Son rêve est de tendre vers des spécialisations, des ouvertures dans les métiers de l’audiovisuel, mais aussi de recevoir plus de financements, le jeu en valant la chandelle : « La filière audiovisuelle mahoraise, c’est tout un écosystème. Ça fait vivre les acteurs, les habilleurs, les maquilleurs, les restaurants qui nourrissent les acteurs. Il y aussi la location des lieux pour le tournage et des voitures pour les déplacements. Une production, c’est tout un écosystème économique ».
« Entre une idée et la sortie du projet il y a en moyenne trois ans, déplore Jacqueline Guez. J’aimerais que cette durée soit plus courte grâce au financement, puisque c’est ce qui ralentit le plus la mise en place d’un projet, pour pouvoir faire de plus en plus de projets. » Jamais à court d’idées, encore de nombreuses thématiques attendent d’être explorées. L’entrepreneuse voudrait ainsi aborder les questions du vivre-ensemble, de la jeunesse, des droits des femmes ou encore des relations intergénérationnelles.
Féministe engagée, beaucoup de ses productions abordent la place des femmes dans la société. Elle veut mettre en lumière les problèmes auxquels celles-ci font face dans la société mahoraise, particulièrement les violences sexuelles. Elle dénonce le fait que « c’est un sujet qui passe au troisième plan, après les photos touristiques de tortues et les femmes qui dansent du M’Biwi ». « La question du droit des femmes est éminemment importante à Mayotte, continue-t-elle. Quand je dis femmes, c’est femme âgée, jeune femme, fille et enfant. Il s’agit de plein de sujets qui s’amalgament. Les violences sexuelles faites aux femmes, par exemple, sont vrai tabou à Mayotte alors que le taux de violences sexuelles à Mayotte est deux fois supérieur au niveau national, c’est ahurissant et inquiétant. » Jacqueline Guez veut donc mettre le curseur sur ce qui n’est pas montré à propos de Mayotte. La réalisatrice veut mettre l’accent sur le fait que les femmes ont leur place dans le foyer familial, mais très peu dans l’espace public. « On nous a vendu le mythe de la société mahoraise matriarcale, qui sociologiquement, est faux. C’est une société matrilinéaire. Ma conception du monde, c’est qu’une société où la femme a toute sa place, c’est gagnant pour tout le monde », soutient-elle, espérant un jour voir ses semblables faire des choses pour elles et pas pour les autres, à cause d’une pression sociale. « Si une femme fait le choix de rester à la maison et d’élever les enfants, c’est un choix qui se respecte. Cependant, si ce choix est la conséquence d’une pression sociétale, ça commence à me poser problème », confirme la scénariste.
Colocs ! saison 2, en octobre
C’est ce que défend en partie la série « Colocs ! ». Un mélange de deux combats qui lui tiennent à cœur : jeunesse et féminisme. Programme scénarisé, écrit et réalisé par Jacqueline Guez, c’est la première série mahoraise à être diffusée en dehors de Mayotte, avec ses 14 épisodes, chacun traitant d’un sujet en rapport avec la place des femmes. Elle raconte l’histoire de quatre filles qui reviennent à Mayotte après leurs études, et qui se retrouvent confrontées aux mêmes problématiques que leurs mères avant elles : ne pas pouvoir quitter le domicile familial sans être mariées, ne pas pouvoir habiter seule et bien d’autres. « Elles veulent acquérir un statut d’autonomie, mais on les renvoie à leur statut de petite fille », explique la scénariste, ajoutant que malgré leur maturité acquise, les parents les voient toujours comme des enfants, ce qu’elle dénonce. « Ce retour à Mayotte il est hyper violent. Il y a comme une phase de cristallisation où les parents n’ont pas vu leurs enfants grandir. À 18 ans c’est encore des bébés qui ne savent pas trop qui ils sont. Mais quand elles reviennent à 27, ce ne sont plus les mêmes personnes, mais les parents gardent la même façon de les traiter », raconte la réalisatrice de la série. « J’ai choisi de raconter l’histoire de femmes à travers la jeune génération, continue-t-elle. Celle qui a pu partir de Mayotte, faire des études, a été longtemps à l’extérieur de Mayotte. » Elle veut sensibiliser avec cette série sur la situation que peuvent vivre certaines femmes qui ont recours au mariage pour pouvoir quitter le domicile familial. « Ce n’est plus un mariage, c’est un plan d’évasion ! On voit de plus en plus de femmes se marier, sans avoir réfléchi aux enjeux du mariage, sans forcément le vouloir uniquement pour avoir pouvoir partir de chez leurs parents », explique la productrice.
La série traite également d’autres thématiques, comme les relations parents-enfants, les violences sexuelles ou le harcèlement moral. « La prochaine saison abordera bien d’autres sujets sur la question du droit des femmes, le harcèlement au travail, l’infertilité, la place des relations dans le couple et plein d’autres sujets à vocation féministe », confie Jacqueline Guez, qui tourne d’ailleurs cette prochaine saison actuellement.
Ambition
« Montrer là où personne ne met jamais la lumière. » C’est ce que répond Jacqueline quand on lui parle de son documentaire « Chimik : la descente aux enfers. ». Ce documentaire plus sombre est né dans la tête de la réalisatrice quand elle a vu la drogue s’installer lentement à Mayotte, spectatrice d’enfants qui fouillaient dans les poubelles « complètement stones » devant son bureau. Comme toutes ses productions, il y a toujours une intention derrière : « J’ai voulu savoir ce qu’était cette drogue qui défonçait autant une certaine tranche de la population de ce territoire. Je voulais aussi savoir ce que les institutions mettaient en place pour remédier à tout ça ».
Le résultat de ce long-format : deux récompenses reçues à une année d’intervalle, pour lesquelles Jacqueline ressent beaucoup de gratitude. Humble, elle a au début cru à un mail spam lorsqu’elle a reçu la nomination pour le Top 100 des femmes les plus influentes d’Europe, dressé par Euclid Network. « J’ai cru que c’était faux et comme c’était en anglais, je me suis dit impossible ! Alors j’ai mis le mail dans la corbeille. Le soir même, j’en parle à mon mari qui le relit avec moi, il m’a fait me rendre compte que c’était vrai », se remémore-t-elle en riant. À l’échelle personnelle, c’est une très grande fierté pour elle : « J’ai accepté ces prix avec beaucoup d’humilité et de gratitude ». Cela ne fait que la motiver à continuer de « montrer ce que personne ne montre ». La réalisatrice ressent d’autre part une très grande satisfaction que son travail soit vu, reconnu et ait un impact.
Une carrière couronnée de succès et qui fait également la fierté de sa famille, en témoigne le sourire de Jacqueline lorsqu’elle parle de son mari. C’est lui, en effet, qui s’occupe de leur fils de six ans lorsqu’elle est en tournage ou dans l’avion, ce qui lui fait dire qu’elle ne pourrait pas faire autant de projets si elle n’était pas si bien accompagnée. « Mon premier moteur c’est mon mari, affirme-t-elle. Ça peut sonner très peu féministe d’ailleurs mais ça l’est. C’est mon premier soutien, mon premier fan et la première personne que je vais voir quand j’ai un problème. » À travers son soutien, elle trouve le moyen de vivre ses rêves et ses engagements, et de les partager avec tous les téléspectateurs y étant sensibles.
Le Département et l’État s’allient dans la lutte contre la pauvreté

Dans la continuité d’actions déjà menées et en prévision du Pacte des solidarités de 2024, le conseil départemental de Mayotte et l’État s’unissent pour lutter contre la pauvreté à Mayotte. Ce mercredi matin, sous le préau du conseil départemental, ce travail conjoint a été marqué par la signature d’une convention d’appui à la lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi pour l’année 2023, entre le président du Département, Ben Issa Ousseni et Thierry Suquet, préfet de Mayotte.

Pourquoi a eu lieu la mise en place de cette convention ?
Initié en 2018, la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (SNPLP), qui permet d’associer les collectivités, sera remplacée en 2024 par le Pacte des solidarités. En prévision de cette nouvelle démarche de contractualisation, l’État et le Département se sont unis pour une gouvernance territoriale partagée, en signant une convention d’appui à la lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi (CALPAE) pour 2023. Cette convention d’appui permet « de travailler ensemble et de passer un appel à projets commun et surtout d’avoir un seul mode de financement pour l’ensemble des intervenants », explique le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Elle assure également une démarche de partenariat approfondie qui s’appuie à la fois sur la stratégie nationale et « sur les compétences du conseil départemental, qui connait le territoire et qui le mieux à même d’appuyer la stratégie nationale pour lui trouver une déclinaison locale », complète-t-il. À Mayotte, le taux de chômage s’établit à 34 % et 77 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté.
Comment se traduit-elle ?
Au travers de cette signature, les deux parties contractualisent un partenariat sur la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, « à hauteur de 900.000 euros chacune, soit une enveloppe totale de 1,8 million d’euros à destination des personnes les plus vulnérables », confirme Ben Issa Ousseni. Ce budget sera scindé en deux parties, avec la première « destinée au financement des projets portés par le Département », ajoute-t-il. La seconde sera quant à elle dédiée à un appel à projet conjoint. Le président du Département note que cet appel à projet sera lancé « dans deux jours » pour une durée d’un mois. Cette courte durée a été choisie pour permettre « une délibération rapide, pour une attribution financière rapide, afin que les actions puissent démarrer dès cette année. Sachant qu’un certain nombre d’opérateurs ont déjà été sensibilisés », complète Madi Moussa Velou, vice-président au conseil départemental. Les projets retenus seront ceux qui « répondront au mieux aux besoins de la population de Mayotte », averti le président. Ils devront également être en cohérence avec les différents schémas, plans et réformes en cours.
Que va apporter la convention ?
Les trois axes prioritaires d’actions portent sur l’insertion des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active), sur la mobilité pour les personnes les plus défavorisées et sur les problématiques d’accès aux droits. Avec comme objectif de venir en aide aux plus défavorisés et fragiles, cette convention d’appui offre la possibilité aux deux signataires de se doter « d’outils pour permettre à chacun de construire un parcours individuellement, d’accès aux droits, d’accès à l’emploi et de sortir de la pauvreté », observe le délégué du gouvernement. Un cahier des charges bien précis a été instauré, ouvert, entre autres, aux centres communaux d’action sociale (CCAS), intercommunalités et associations. Au travers de cet appel à projets, « nous souhaiterions un maximum de projets, pour pouvoir montrer que nos porteurs de projets s’investissent, qu’ils sont prêts », admet le vice-président.
Et par la suite ?
Cette année 2023 correspond donc à la dernière année de la CALPAE, qui laissera sa place au Pacte des solidarités au 1e janvier 2024. Pour Ben Issa Ousseni, les travaux menés devront « aboutir dès janvier, à la signature d’une convention de partenariat ». Ce nouveau cadre d’intervention devra permettre « d’aller plus loin et de tenir compte plus encore des spécificités du territoire de Mayotte », confirme-t-il. De son côté, le vice-président reconnait que pour une première année, « c’est bien, mais il faut que l’on aille plus loin ».
Parcoursup : les premiers admissions ou refus sont tombés

Les futurs étudiants avaient jusqu’à dimanche soir pour répondre à leurs premières propositions d’admission. Durant cette première phase de Parcoursup, les vœux des candidats peuvent être refusés, acceptés ou mis en liste d’attente. Pour les postulants, c’est la fin d’une année de préparation, mais aussi le début d’une longue période d’attente pour ceux qui n’ont pas encore reçu de réponse.

Entre le baccalauréat, le choix des futures études et le passage du permis pour certains, l’année de terminale est une période-charnière qui peut se révéler chargée émotionnellement. Jeudi 1er juin, les résultats d’admission ont été annoncés sur la plateforme Parcoursup, entraînant la déception de nombreux lycéens mahorais. Au lycée Younoussa-Bamana par exemple, à Mamoudzou, des élèves font part de leur mécontentement envers ce mode de sélection. Naïma, future étudiante, exprime sa colère par rapport au fonctionnement de cette plateforme qu’elle trouve injuste. « Pour moi, Parcoursup, c’est aléatoire. C’est stressant, car je me dis que c’est un logiciel qui va déterminer mon avenir. C’est nul, il y a des personnes qui sont assidues et qui travaillent en cours, elles sont bloquées, en attente partout », fait-elle remarquer. Un avis qui est partagé par plusieurs de ses camarades de classe.
Natacha* (prénom d’emprunt) a, elle aussi, reçu ses premières propositions d’admission en fin de semaine. Déçue, elle pointe du doigt une méthode de recrutement qu’elle dit « inégalitaire ». « Parcoursup, ça défavorise certains élèves. On le voit bien dans le classement, je suis en attente, juste parce que je ne suis pas dans le bon secteur. » Pour les lycéens qui n’ont pas encore reçu de réponses, l’attente est difficile. Ils disent se sentir angoissés, notamment en raison du fonctionnement et de l’organisation du dispositif qu’ils désapprouvent.
« Un petit nombre de candidats acceptés nulle part »
Côté rectorat de Mayotte, on ne partage pas forcément le même avis. Pour Sylvie Malo, déléguée régionale académique à l’information et à l’orientation, « les choses se sont déroulées dans de bonnes conditions, une bonne partie des candidats ont déjà reçu des propositions ». A propos des reproches sur le fait que la plateforme serait aléatoire, la déléguée répond : « ce sont les commissions des vœux des établissements qui examinent les candidatures. Parcoursup ne les examine pas. C’est juste l’interface qui permet de donner les résultats ». Elle met aussi en garde les lycéens sur les délais de réponse. « Il faut être vigilant, les élèves ne font souvent pas attention à la date jusqu’à laquelle ils ont pour accepter une proposition d’admission », continue-t-elle.
Le rectorat souhaite rassurer les lycéens. « Il y a eu cette année, une amélioration de l’interface pour les élèves. Il y a un descriptif très précis, qui permet de savoir selon quels critères les dossiers des élèves vont être examinés. Il y a une vraie notion de transparence », déclare Sylvie Malo. Elle rapporte un nombre important de candidats ayant reçu des propositions positives. « Sur Mayotte, il y a à peu près 7.100 candidats mahorais sur la plateforme, dont 5.400 candidats en terminale. Il n’y a qu’un petit nombre de candidats acceptés nulle part », affirme-t-elle. Pour ceux qui ont été refusés, une phase complémentaire s’ouvre le jeudi 15 juin pour recandidater. Pour les lycéens restés en liste d’attente, la commission d’accès à l’enseignement supérieur leur proposera des formations. « Ce qui est important, c’est qu’on est au début de la phase d’admission qui va durer jusqu’au 7 juillet, il y a encore du temps », soutient la cadre du rectorat.
En effet, les lycéens et étudiants peuvent recevoir des propositions d’admission jusqu’au 7 juillet, date à laquelle il leur faudra prendre une décision, et choisir où ils iront faire leurs études à la rentrée prochaine.
Un numéro vert Parcoursup est disponible, le 0 800 400 070, ainsi qu’une messagerie sur la plateforme pour répondre aux questions des candidats.
Un référent de la plateforme dans chaque établissement
La machine Parcoursup étant parfois complexe, un accompagnement des élèves dans leurs projets post-bac se déroule tout au long de la scolarité au lycée. « C’est un processus continu, pour réfléchir sur ses choix, ses centres d’intérêt », affirme Inzoudine M’Kadara, chargé du pôle Parcoursup au rectorat de Mayotte. « Il est fourni par les professeurs principaux, par les psychologues de l’éducation nationale, les chefs d’établissement. Dans chaque lycée, il y a également un référent de la plateforme pour accompagner les futurs étudiants au niveau de la procédure. »
Tout au long de l’année scolaire, différents événements sont mis en place pour orienter les élèves. Au niveau académique, des rencontres avec des professionnels sont organisées. Au mois de novembre, les lycéens ont participé à un salon régional de l’orientation itinérant, qui présente l’ensemble des formations du supérieur. Un suivi très complet selon Inouzidine M’Kadara : « j’ai régulièrement été sollicité par les professeurs principaux pour accompagner les élèves. Parcoursup c’est technique, parfois, ils ont du mal à savoir comment ça fonctionne. Je suis là pour leur faciliter la tâche, essayer de trouver des solutions adaptées ».
Comores : Visas annulés pour trois artistes qui voulaient se produire en France

L’ambassade de France aux Comores craindrait une fuite des jeunes artistes du label Twamaya house. L’année dernière, le refus opposé à une actrice qui voulait assister à la projection d’un film dans lequel elle tenait le premier rôle avait suscité un tollé avant que le service consulaire ne revienne sur sa décision.
Fahid le Bled ‘Art, Pedro Karim, et Momoboss pourraient ne pas retrouver leurs fans qui les attendaient en France. Ces trois célèbres artistes comoriens n’ont pas pu obtenir de visas. L’information a été annoncée, mardi après-midi par le label Twamaya House qui préparait la tournée. « Nous sommes désolés de vous annoncer que nos artistes risquent de ne pas répondre présent au concert organisé par Komori Business suite à l’annulation des visas de nos trois artistes et leur manager. Le motif de l’annulation des visas est qu’il existerait des doutes quant à la volonté de notre équipe de quitter le territoire des états membres avant l’expiration du visa », précise le communiqué, largement relayé sur les réseaux sociaux. Le groupe avait prévu de partir le 14 juin prochain. Au programme, deux évènements dont un qui est organisé par Komori Business. C’est un projet initié par des entrepreneurs d’origine comorienne, qui promet le savoir-faire de l’Afrique. Pour ce faire, ils comptent tenir le 17 juin prochain un salon au parc d’exposition de chanot à Marseille, dédié à la diaspora africaine.
Plusieurs tournées en 2022
Les ambassadeurs de Twamaya House, l’un des trois labels comoriens qui révèlent des talents dans la musique doivent se produire aussi au Vieux-Port à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance des Comores, le 6 juillet. « On compte bien rentrer avant le 10 juillet afin de préparer une tournée pour la promotion de l’album de Dadiposlim à la Grande Comore et à Mayotte », assure Momo Boss, l’un des artistes concernés. Ce dernier s’est dit étonné de la décision de l’ambassade puisque ce n’est pas la première fois qu’ils souhaitent prendre part à des concerts en France. » « Nous tenons à rappeler que durant l’année 2022 nos artistes, Dadiposlim, Pedro Karim, Fahid le Bled ‘Art, Momoboss et leur manager ont eu des prestations en France, mais aussi à Mayotte. Ils ont toujours respecté les dates limites mentionnées dans les visas accordés par l’ambassade de France aux Comores« , a souligné Twamaya House, qui selon nos informations, a déjà introduit des recours appuyés par l’association Komori Business. Dans sa notification verbale, le service consulaire a cité le cas d’un autre artiste comorien qui s’est installé illégalement en France après l’expiration de son visa. Des comportements qui souvent gâchent les chances des pépites restées au pays et qui ambitionnent de se produire à l’extérieur, notamment en France. Mais peu importe, l’ambassade doit respecter les artistes a réagi Cheikh Mc, l’un des grands rappeurs engagés du pays, qui a apporté son soutien aux collègues recalés. « Il serait temps qu’on commence à respecter les artistes de notre pays », a écrit l’interprète de Mwambiye sur sa page Facebook, suivie par plus de 13.000 abonnés. Ce n’est pas la première fois qu’une histoire de visa non délivré à un artiste créée un tollé. Fin décembre 2022, l’ambassade de France avait essuyé une salve de critiques pour avoir refusé le visa à l’actrice principale du Film Amani, Salma Mzimba. « Salma d’or » comme on la surnomme voulait prendre part au Festival international du film panafricain de Cannes, en France.
Face à la mobilisation que sa situation a suscitée, le service consulaire a fini par reconsidérer sa décision. Sera-t-il le cas pour les artistes de Twamaya House ?
Report du marché agricole et artisanal d’Acoua
La communauté d’agglomération du Grand Nord de Mayotte informe que le marché agricole et artisanal prévu ce dimanche 11 juin 2023 à Acoua, est reporté à une date ultérieure.
Une permanence assurée pour le quartier Talus 2
La commune de Koungou informe qu’une permanence aura lieu tous les vendredi matin de 8h30 à 12h, à la mairie annexe de Majicavo–Koropa, jusqu’au 21 juillet 2023. Cette permanence concerne les conditions de relogement des habitants qui habitaient l’ancien lieu-dit “Talus 2” à Majicavo–Koropa, dans le futur quartier “Les Jujubiers” construit par la SIM (Société Immobilière de Mayotte). Les éléments suivants sont demandés : carte d’identité ou titre de séjour et numéro de demandeur de logement social. Pour plus d’informations, il est possible de contacter le 02 69 66 30 79.
Navettes Cadema : l’arrêt Baobab disponible uniquement à l’aller
Pour donner suite à la demande des usagers, la communauté d’agglomération Dembéni – Mamoudzou autorise la descente à l’arrêt Baobab uniquement le matin à l’aller, à compter du mardi 6 juin. L’arrêt Baobab est donc temporairement supprimé dans le sens retour compte tenu des affrontements constatés au niveau de cet arrêt ces derniers jours. L’après-midi, les usagers pourront monter à l’arrêt Laboratoire, en attendant le retour à la normale.
Neuf interpellations suite aux affrontements à Kahani
Ce lundi 5 juin, vers 13h, au hub de Kahani, plusieurs dizaines de jeunes se sont affrontés à coups de jets de projectiles. Alors qu’elle intervient rapidement, une patrouille de gendarmes mobiles de l’escadron 21/5 de Chambéry s’est fait caillasser. Un important déploiement de forces a alors permis de mettre fin aux exactions et d’isoler la cinquantaine d’assaillants dans un espace clos. Neuf individus, identifiés comme auteurs de caillassages, ont été interpellés et conduits à la brigade de Sada.
Ce samedi, journée dédiée aux aînés par le CCAS de Ouangani
Le centre communal d’action sociale (CCAS) de Ouangani organise une journée dédiée aux aînés, « Voulé ya wa dzade wa commune ya ouangani », le samedi 10 juin 2023 à Lambic Grill, Tahiti Plage à Sada, de 9h à 16h. Cette journée a pour objectif de favoriser les échanges, tisser les liens en partageant un moment de convivialité toute au long de la journée et leur permettre aussi de découvrir un autre lieu que leur domicile afin de lutter contre l’isolement. Des ateliers d’animation seront proposés par une coach sportive pour l’occasion.
Ouverture des inscriptions pour le concours d’éloquence « Tamasha »
Vous parlez le shimaoré ou le kibushi et vous en êtes fiers ? Vous aimez parler en public et souhaitez exprimer vos talents d’orateur ? Inscrivez-vous dès maintenant au concours d’éloquence dénommé « Tamasha » organisé par le Département de Mayotte et en partenariat avec les intercommunalités et l’association SHIMÉ. Le concours se déroule en 3 phases : présélection des candidats dans chaque intercommunalité ; finale intercommunale et finale départementale.
Vous avez jusqu’au 30 juin pour déposer votre bulletin d’inscription via ce lien : https://bit.ly/45Gfqj7 au Pôle d’Excellence Rurale de Coconi ou de l’envoyer par mail à i.mcolo@tourisme-centreouest.yt. A la clé ? Un séjour en immersion en Tanzanie pour le lauréat en shimaoré et à Madagascar pour le kibushi. Pour plus d’infos, veuillez consulter le règlement du concours sur https://bit.ly/3CahzpJ.
Des élèves mahorais présentent leur travail sur les microplastiques
Ce jeudi 8 juin, de 10h à 15h, devant le restaurant « La Croisette », place la République à Mamoudzou, les élèves des classes de 3e option « développement durable » du collège de Passamainty, ainsi que ceux de la classe de seconde du lycée des Lumières de Kawéni seront tous là pour présenter les résultats des travaux qu’ils ont menés dans la cadre du projet Plasma : « pollution aux microplastiques du lagon de Mayotte ». Cette présentation intervient alors que c’est la journée mondiale des océans.
Au programme : un film, des expositions, la démonstration pédagogique par les élèves de leur matériel d’enquête (filtres fabriqués en classe de techno, carnet), des données collectées et des résultats de leurs enquêtes. Le Parc présentera les résultats de son observatoire des déchets marins qui réalise des suivis sur l’eau, sous l’eau, sur les littoraux et dans les organismes marins depuis 2017. Le centre universitaire de formation et de recherche présentera son étude des pollutions aquatiques et l’équipe IRD du projet Plasma, vous donnera quelques informations sur les suites du projet pour un volet 2 toujours plus participatif. Pour le compte du Parc naturel marin de Mayotte, cette recherche de sciences participatives, qui s’est déroulée tout au long de l’année 2022-2023, a été dirigée par des océanographes et sociologue de l’IRD (Institut de recherche pour le développement, et notamment le MIO), ainsi que des enseignants-chercheurs du CUFR de Mayotte.
Le principe du projet est d’impliquer les élèves dans des dispositifs d’enquête de terrain, qu’ils concernent les sciences des milieux (prélèvements d’eau, analyses…) ou les sciences sociales (enquêtes de terrain, observations, entretiens…). Au-delà de la sensibilisation des élèves et du grand public à la problématique des microplastiques, ce travail de sciences participatives est une contribution sérieuse à l’avancée des savoirs sur un sujet de plus en plus préoccupant pour le Parc naturel marin. Les résultats présentés le 8 juin au grand public viendront ainsi enrichir les données récoltées depuis 2017 par l’observatoire des déchets marins et servir d’orientation aux mesures de gestion qu’il faudra prendre en la matière.
L’ex-maire de Chirongui condamné pour fraude électorale

Destitué en 2022 après une décision de justice, Andhanouni Saïd a refait parler de lui au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce mardi 6 juin. L’ex-élu a été reconnu coupable de la radiation sans raison d’environ 200 électeurs de Chirongui pour favoriser le tandem Mansour Kamardine-Tahamida Ibrahim aux élections départementales de 2021. Il a pris un an de prison ferme, le maximum possible pour ce fait.

Au soir du 27 juin 2021, les candidats des Républicains, Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim exultent. Ils viennent de remporter le canton de Sada-Chirongui avec 38 voix d’avance. Une paille que va vite contester le duo perdant composé de Mariam Saïd Kalame et Mohamed Abdou, en raison des doutes sur la sincérité du scrutin à Chirongui. Le tribunal administratif de Mamoudzou, puis le conseil d’État en juillet 2022, leur ont donné raison. Rejouée en septembre 2022, la bataille électorale a profité au nouveau tandem Mariam Saïd Kalame-Soula Saïd Souffou (300 voix d’avance). Côté justice, les irrégularités constatées ont fait l’objet d’une enquête de la gendarmerie, notamment au vu du nombre des personnes radiées mystérieusement des listes.
Ce sont plus de 200 personnes qui ont été radiées des listes électorales, sans motif apparent, entre le 28 juin 2020 et le 28 juin 2021. Trois personnes ont été mises en cause dans cette affaire, la responsable de l’état-civil, le directeur de cabinet de l’ancien maire et l’élu en question. Ce dernier est resté maire de 2020 à 2022, avant d’être privé de ses fonctions à cause de sa condamnation pour détournements de fonds, prise illégale d’intérêts et favoritisme en mai 2022. Sa peine initiale (il a fait appel) était de 18 mois de prison avec sursis, une amende de 15.000 euros, une peine d’inéligibilité de dix ans et une interdiction d’exercer un mandat pendant cinq ans avec exécution provisoire. Il n’était pas présent lors de l’audience, qui s’est tenue ce mardi 6 juin devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Toutefois, il était représenté par son avocat, maître Askina Moussa.
Tout d’abord, le toilettage des listes électorales est une pratique habituelle dans les communes. Il se fait en raison des changements d’adresse des électeurs ou en cas de décès. Sauf qu’en juin 2021, la plupart des personnes radiées et qui n’étaient pas au courant pour la plupart étaient des membres des familles des opposants de Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim, leurs amis ou encore des collègues. L’ancien directeur général des services de Roukia Lihadji, ancienne maire de la commune, en fait partie par exemple. « Il s’avère que ce sont des gens de Malamani et Mramadoudou, des fiefs de l’opposition », fait remarquer la présidente du tribunal correctionnel, Chantal Combeau, ce mardi matin.
« J’avais peur d’être mise au placard »
Un ancien adjoint d’Andhanouni Saïd, aujourd’hui dans l’opposition, avait désigné très clairement l’ancien collaborateur du maire comme étant « à l’origine » du système. Il a affirmé que c’est lui qui a fait passer une liste et lui a demandé de cocher les gens qu’il connaissait dans son village de Tsimkoura. Originaire de Malamani, le directeur de cabinet aurait fait de même pour chez lui. « Il ment », affirme l’homme de 72 ans, par ailleurs ancien conseiller général. Il reproche à l’ancien adjoint « des manigances » au sein de l’appareil local des Républicains contre lui. Le bras droit de l’ancien élu répète tout au long du procès, n’avoir rien fait, il a juste « suivi les instructions du maire », ajoutant : « ce n’est pas moi qui décide, c’est lui ». Il maintient que les gens radiés l’ont été forcément pour une raison valable. Andhanouni Saïd avait, lui aussi, été interrogé et avait contesté les déclarations de ses collègues, ainsi que son implication devant les enquêteurs. « Jamais, franchement, je vous dis la vérité, je n’ai jamais fait ça », cite la présidente à l’audience.
De son côté, la responsable de l’état-civil reconnaît son implication. Elle accuse l’ancien maire de Chirongui et le collaborateur de lui avoir fourni la liste alors que les élections départementales approchaient. « C’est monsieur le maire qui a demandé les radiations ». Il lui a donné des noms écrits manuellement, qu’elle a retiré du registre électoral unique (REU), puis présenté la liste en commission de contrôle le 31 mai 2021 (la date limite était le 30 mai normalement). Elle exprime ses regrets : « je suis coupable indirectement, je regrette beaucoup. J’avais peur d’être mise au placard ». En effet, elle était employée à la médiathèque quand la nouvelle équipe en municipale l’a placée à la tête de l’état-civil, où la femme du directeur du cabinet avait opportunément atterri.
Ni elle ni l’autre n’avaient de connaissances en droit électoral. Celle qui est retournée à la médiathèque depuis (« un placard » selon elle) souligne cependant avoir signifié à, au moins une cinquantaine de personnes, leur radiation de la liste électorale, comme le prévoit la loi.
« Ici, on empêche les vivants de voter »
D’après l’avocat des parties civiles (deux électeurs ont déposé une plainte au pénal), maître Laurent Tesoka, l’ancien maire de Chirongui se serait vanté que l’élection de Mansour Kamardine et Tahamida Ibrahim était de son fait et qu’il avait « tout risqué pour eux ». Le substitut du procureur, Tarik Belamiri, note : « on a connu des morts qui votaient. Ici, on empêche les vivants. Je ne sais pas ce qui est pire ». Il assure ensuite : « il n’y a aucun doute sur l’intention frauduleuse. 200 personnes, on ne peut plus parler d’erreur ».
L’avocat de la prévenue de 50 ans, Érick Hesler, affirme que sa cliente « a subi des pressions », elle avait peur d’être envoyé dans une « voie de garage ». Il n’y a, de plus, « aucun élément intentionnel ». Cette dame sans histoire soutient avoir envoyé les notifications des radiations, même si ce n’était qu’une cinquantaine, et a délivré des attestations à ceux qui les contestaient. Ainsi, 73 électeurs ont tenté de faire valoir leur droit de vote en 2020 au tribunal administratif (une cinquantaine a réussi). « On aurait pu en présenter bien plus, mais on a manqué de temps », rappelle maître Laurent Tesoka, qui était intervenu à l’époque. Souvent, cela n’a pas servi à grand-chose, la mairie n’ayant pas suivi l’injonction du tribunal.
Maître Ahmed Idriss, qui défend le conseiller de l’ancien maire, certifie qu’il n’y a pas de réelles preuves, que son client n’a pas non plus l’autorité de faire radier des gens. « Il n’y a pas de preuves formelles que c’est lui qui a fait radier ces gens. Il est inculpé seulement car il a pris part à des réunions et que c’était un conseiller du maire. Ce n’est pas suffisant. » Quant à Andhanouni Saïd, son avocat dénonce des déclarations incohérentes ainsi qu’un manque de preuves. « Ces radiations étaient justifiées, je ne vois pas où est le problème. Ça ne mérite pas de condamnation. »
Le tribunal correctionnel de Mayotte a reconnu Andhanouni Saïd coupable de fraude électorale et le condamne à un an de prison ferme (le maximum prévu par la loi), cinq ans d’inéligibilité, ainsi que la privation de ses droits civiques pendant cinq ans. La fonctionnaire a été reconnue comme complice, avec une peine de six mois de prison avec sursis et une inéligibilité pendant cinq ans. Ils seront obligés de payer solidairement 1.000 euros de préjudice moral aux deux victimes et devront s’acquitter également ensemble de 2.000 euros de des frais d’avocat de la partie adverse. Le directeur de cabinet a été relaxé au bénéfice du doute. Il pourrait toutefois être sur le coup d’une condamnation, ce jeudi. En effet, il faisait partie aussi des proches du maire jugés avec lui, en mai 2022, puis rejugés dernièrement en appel. Il aurait participé au fameux voyage financé par la municipalité pour des « échanges culturels » à Madagascar à la fin de l’année 2020, que les protagonistes ont eu bien du mal à justifier lors du procès en mai 2022.
Les écoles « se débrouillent avec les moyens du bord »
Les écoles du premier degré ainsi que les collèges et lycées doivent s’adapter aux coupures d’eau. S’ils ont tenu le cap jusqu’à présent, les tours d’eau qui s’intensifient inquiètent les élus et les responsables d’établissements scolaires, alors que le rectorat de Mayotte ne semble pas inquiet.
Plus que cinq semaines avant le début des grandes vacances. Cinq semaines durant lesquelles tous les personnels des établissements scolaires de l’île devront travailler dans un contexte de pénurie d’eau. L’objectif est de maintenir les cours tout en respectant les règles d’hygiène. Jusqu’à présent, les coupures d’eau programmées ont lieu de 17h jusqu’à 7h du matin le lendemain. Un créneau qui n’a pas réellement d‘impact sur les écoles primaires, en témoigne Attoumani Dida, le directeur de la caisse des écoles de Tsingoni. « Les heures d’ouverture d’eau correspondent aux heures de cours, donc il n’y a rien qui change pour nous. » Même son de cloche du côté de Dzaoudzi-Labattoir ou encore de la commune de Mamoudzou, cependant les municipalités n’excluent pas des coupures en journée, ou non programmées alors que les élèves seraient à l’école, comme cela s’est déjà produit auparavant. « Dans ce cas, les directeurs et directrices d’établissements ont comme directive de ne pas accueillir les enfants. Mais il y aura toujours la continuité pédagogique », assure Baraka Issoufi, l’adjointe au maire chargée des affaires scolaires à Dzaoudzi-Labattoir.
Du côté de Tsingoni, la mairie a voulu installer des citernes d’eau dans les écoles, mais elle a essuyé un refus de la part de l’agence régionale de santé. « Elle ne nous a pas permis à cause des conditions d’hygiène », précise Attoumani Dida qui affirme que l’interdiction est valable pour toutes les communes du territoire. Quant au maire de Mamoudzou, il s’inquiète pour l’avenir. « Pour l’instant on survit avec le système actuel, mais s’il doit y avoir des coupures supplémentaires et récurrentes ça peut être compliqué », reconnaît-il. Mayotte vit sa pire sécheresse depuis 1997, et les prochains mois ne présagent aucune amélioration. Dans ce contexte, Ambdilwahedou Soumaïla, préconise d’anticiper et de trouver des solutions qui permettront de maintenir les cours. « Il existe des toilettes mobiles qui ne nécessitent pas de raccordement à un réseau d’eau externe. Compte tenu de la situation exceptionnelle de Mayotte, on peut demander à l’État ici, c’est-à dire à la préfecture, de nous aider à les acquérir afin de les installer dans les écoles », suggère le premier magistrat de la commune chef-lieu.
Le rectorat reste serein
Pour l’heure, le rectorat ne semble pas préoccupé par la situation. « Les coupures d’eau prévues sont nocturnes donc elles n’impactent pas les établissements. Tout est fait pour que ça perturbe le moins possible les écoles. Pour nous, rien ne change », affirme Martine Emo, la directrice de cabinet du recteur. Le discours de l’Éducation nationale à Mayotte a visiblement changé puisqu’à l’annonce de l’intensification des coupures d’eau par le préfet Thierry Suquet, le rectorat avait envoyé un courrier aux maires, le 3 avril 2023, leur proposant une démarche à suivre en cas de coupure. Les directives données avaient fait sourire quelques élus, notamment celle demandant aux élèves de faire leurs besoins chez eux avant de se rendre à l’école. Pour l’instant, les écoles ont donc encore de beaux jours devant elles, du moins jusqu’aux prochaines vacances scolaires. Cependant, tout le monde est conscient que la crise de l’eau est de plus en plus critique, et le rectorat prépare déjà la suite. Des citernes devraient être installées dans des établissements. « C’est un travail sur le long terme de plusieurs mois avec les différents services de l’Etat pour que l’ensemble des établissements scolaires soient les moins impactés par les futures coupures », indique Martine Emo.
Les lycées professionnels en difficulté
Si pour l’instant le premier degré s’en sort, ce n’est pas le cas de l’ensemble du second degré, notamment des lycées professionnels. Les élèves du lycée polyvalent de Kawéni étudient dans des conditions qui compliquent leur travail. Ceux qui sont dans la filière restauration en sont le parfait exemple. « Avec le restaurant d’application, nous faisons un service le soir. Et pour l’assurer les soirs de coupure, nous devons faire des réserves d’eau dans des casseroles et on limite le nombre de clients. On en prend 10 à 12 alors qu’habituellement on a le double », indique Fabien Vanucci, le directeur des formations au LPO de Kawéni. À cela s’ajoute la vaisselle qui ne peut être faite le soir et qui doit attendre le lendemain. Ces alternatives ne pourront pas s’éterniser dans le temps puisque la règle est de fermer l’établissement en cas de coupure d’eau.
Cela étant, cette solution mettra davantage les élèves en difficulté. « On ne peut pas se permettre de supprimer un service à chaque fois qu’il n’y a pas d’eau car ce sont des cours pour les élèves. Souvent ils sont en terminal, ils ont des examens à passer et ils doivent donc pratiquer », insiste Fabien Vanucci. Le problème se pose également dans les filières hôtellerie et petite-enfance où la question de l’hygiène est primordiale. « On fonctionne à minima. On se débrouille avec les moyens du bord pour l’intérêt des jeunes, mais si on doit passer à la vitesse supérieure là on va être coincés. Un atelier sans hygiène, ce n’est pas possible », conclut le directeur des formations du LPO de Kawéni. Les chefs d’établissements ne pouvant pas bricoler éternellement, la prochaine rentrée scolaire s’annonce déjà compliquée.
Crise des urgences : L’ Agence régionale de santé tente de réagir
Mardi 6 juin, une conférence de presse dans les locaux de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, à Kawéni, a réuni les principaux acteurs du milieu médical mahorais. Renfort de personnel, protection des soignants et désengorgement des urgences étaient au centre des discussions.
« Il faut être clairs et transparents, la situation est très fragile. Et on ne va pas vous promettre que tout va s’arranger maintenant », a déclaré Olivier Brahic, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, lors de la conférence de presse donnée au sujet de la crise des urgences. Depuis plusieurs semaines maintenant, le centre hospitalier de Mayotte (CHM) souffre d’un gros manque de personnel – particulièrement le service des urgences.
A ce problème, s’ajoutent le récent caillassage d’un bus transportant des soignants ou encore le blocage du CHM par des collectifs il y a quelques semaines. Face à cette pénurie de personnel de santé et cette insécurité permanente, l’ARS de Mayotte a annoncé une série de mesures visant à améliorer la situation dans le milieu de la santé. Car les désistements à la chaîne n’arrangent rien. Mayotte souffre d’une mauvaise réputation qui n’attire pas le personnel soignant qui craint pour sa sécurité en venant exercer sur l’île, une sentiment particulièrement exacerbé depuis le début de l’opération Wuambushu.
De nouvelles annonces attendues mais peu surprenantes
L’annonce principale à retenir de cette conférence concerne le renfort de personnel, en provenance de la Réunion et de métropole : deux urgentistes – dont un urgentiste déployé par le Service de Santé de l’Armée (SSA) – trois médecins généralistes et seize infirmières et infirmiers. Ils devraient rester sur l’île pour une durée comprise entre quinze jours et un mois. Ce renfort vise à soulager les effectifs travaillant actuellement au CHM mais aussi à épauler les équipes pendant la période estivale qui arrive – un moment particulièrement charnière pour le CHM. Olivier Brahic a conclu cette annonce en se félicitant d’une « mobilisation de l’ensemble des parties prenantes qui viennent appuyer le système de santé à Mayotte ».
Quant à la question de l’insécurité, Jean-Matthieu Defour, directeur général du Centre hospitalier de Mayotte, s’est voulu rassurant. Il a mentionné la mise en place d’un bus transportant le personnel soignant vers le CHM qui serait escorté par les forces de l’ordre. De plus, il a rappelé que, malgré les récents blocages du CHM par des collectifs, aucun acte de violence ne s’est reproduit depuis une dizaine de jours. Il n’a, en revanche, pas évoqué les mesures qui seraient prises en cas d’éventuels nouveaux blocages.
Les anciennes mesures toujours en vigueur
Quant aux mesures qui avaient déjà été prises par l’ARS il y a quelques jours, elles restent inchangées. Entre autres : le maintien au niveau 2 du plan blanc. Ce plan a été déclenché la semaine dernière dans l’objectif d’alerter et de remédier au manque criant de personnel soignant sur l’île. « Tous les jours, on organise des cellules de crise sur l’état des urgences afin de prendre des mesures en fonction de l’évolution », a déclaré Jean-Mathieu Defour.
En parallèle de ce plan, l’ARS avait insisté sur la nécessité de désengorger les urgences. Pour ce faire, la population a été fortement incitée à appeler le SAMU (numéro 15) en cas d’urgence. Le SAMU est ensuite chargé de réorienter les patients en fonction de la gravité du problème. « Grâce ce système, on a noté une diminution notable des venues aux urgences ces derniers temps », affirme le directeur général du Centre Hospitalier de Mayotte.
Enfin, Olivier Brahic comme Jean-Mathieu Defour ont rappelé à plusieurs reprises que la crise des urgences n’est pas propre à Mayotte mais bien une crise nationale. « De manière générale, il y a une très forte pénurie d’urgentistes au niveau national », a conclu le directeur général de l’ARS. Mais si cette crise des urgences est bien nationale, le personnel médical attend des mesures propres à Mayotte et sur le long terme.
Un programme spécialement conçu pour une Mayotte plus verte

Au syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam976), la réduction des déchets est plus qu’un objectif, c’est une nécessité. Avec l’élaboration du PLPDMA, un dispositif qui cadre les actions du syndicat en la matière, la chasse au gaspillage et aux mauvaises habitudes est ouverte.

Que veut dire PLPDMA ?
Derrière le programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA), se cache un document qui sert de fil rouge pour la collecte et le traitement des déchets sur un territoire. « On s’appuie dessus pour faire des actions futures », confirme Dhoianbati Minihadji, chargée du PLPDMA au sein du Sidevam (Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte). Fait avec le Sgar (secrétariat général aux affaires régionales), le Département de Mayotte, ou la Chambre de commerce et de l’industrie (CCI), le texte validé dans différentes commissions et ateliers est valable pendant six ans.
Pourquoi ça a été mis en place ?
Alors que c’est une obligation depuis janvier 2012, celui-ci a vu le jour en 2022 à Mayotte. Un retard important certes, mais qui s’explique en outre-mer par les difficultés liées à l’insularité. Les filières de recyclage y sont encore peu développées par exemple. Pour rappel, seul 1% des déchets mahorais rentre dans le circuit du recyclage. La plupart des matières concernées est d’ailleurs envoyé en métropole, en Chine, Corée ou en Australie. A Mayotte, où la population ne cesse d’augmenter, il devient urgent que chacun réduise ses déchets ou que des solutions soient trouvées pour les traiter.
Qu’est-ce qui ressort du document ?
Le texte est assez large et découpé en plusieurs thématiques. Il y a la promotion d’une consommation responsable, la gestion des déchets alimentaires en proximité, la sensibilisation des citoyens et du public scolaire, ainsi que favoriser le réemploi et la réparation. Exemple, pour la première thématique, les manzarakas, qui constituent une importante source de déchets plastiques ou alimentaires, sont invités à devenir des événements plus écoresponsables. Pareil pour la prévention, « les scolaires sont une cible très importante. En effet, une grande part de la population mahoraise est très jeune, les élèves ont la particularité d’être plus réceptifs aux messages de sensibilisation », défend le syndicat.
Est-ce que le texte concerne que le Sidevam ?
Le Sidevam est évidemment le premier à respecter les engagements, mais ça peut aller plus loin. « Le syndicat est aussi porteur de plusieurs actions au côté de la Cadema [communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou] et de plusieurs partenaires présents sur le territoire », revendique-t-il. Mieux, il ouvre la porte aussi aux porteurs de projet en lien avec l’environnement. Nouvelles filières de recyclage ou ateliers de réparation peuvent ainsi solliciter l’aide du syndicat. « C’est quelque chose qu’on fait déjà », tient à rappeler la chargée du PLPDMA. Le Sidevam peut ainsi mieux orienter les porteurs vers les structures capables de les financer.
Les règles dans la gestion des déchets changent souvent, est-ce qu’il sera adapté ?
Oui, c’est un peu l’idée. Chaque nouvelle obligation légale pourra se glisser dans le programme, voire être anticipée. « A la fin de l’année 2023 par exemple, les particuliers en métropole auront l’obligation de composter leurs déchets alimentaires. On a du retard par rapport à ça, mais on devra le mettre en place », prévient l’agente du Sidevam. Et ce n’est pas parce ce que le document porte sur six années que le bilan est fait à la fin. « Tous les ans ou les deux ans, on fait le point », fait-elle observer.
« Pour une solidarité et une égalité républicaines à l’égard de Mayotte »

Le front commun des élus mahorais continue. Après la tribune cosignée dans Le Monde, les présidents du Département de Mayotte, Ben Issa Ousseni, et de l’association des maires de Mayotte, Madi Madi Souf, rendent public un document de préparation avant le prochain CIOM (comité interministériel de l’Outre-mer), ce mardi 6 juin. Écrit avec les parlementaires, il fait part de leurs revendications en matière de sécurité, d’immigration, d’égalité sociale et de moyens financiers.

collègue du Département.
« Le document s’intitule : « Pour une solidarité et une égalité républicaines à l’égard de Mayotte ». Collectivité chef de file, le conseil départemental est à l’origine d’une démarche de concertation associant les maires et leur association, les intercommunalités, les parlementaires de Mayotte destinée à présenter une contribution complète qui recense enjeux et problématiques en vue du prochain CIOM [comité interministériel de l’Outre-mer]. « Elle constitue une photographie précise des dossiers qui sont sur la table, et dont nous souhaitons qu’ils se voient apporter des réponses pour Mayotte et sa population » précise Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental.
Le document s’appuie sur un préambule avant d’identifier les grands dossiers. Rappelant l’Appel de Fort de France (Martinique) du 16 mai 2021 « pour définir un nouveau cadre de mise en œuvre des politiques publiques, conjuguer la pleine égalité des droits avec la reconnaissance des spécificités et instaurer une nouvelle politique économique fondée sur nos atouts », le préambule rappelle les trois grands volets de la démarche :
1. La préparation du Comité interministériel des Outre-mer (CIOM). qui sera l’occasion pour la Première Ministre d’entériner une 1ère série de propositions (y compris des leviers juridiques urgents).
2. La préparation du prochain contrat de convergence territorial (CCT) / contrat de plan Etat-Région (CPER). L’actuel CCT arrive à échéance fin 2023, et par conséquent, la conception du nouveau CPER est à engager dès à présent.
3. La conduite d’une réflexion sur les sujets institutionnels qui doit permettre à chaque territoire de faire valoir ses besoins et ses aspirations. Pour cette réflexion Mayotte donnera la priorité à la concrétisation de l’égalité républicaine et à la reconnaissance de la dimension régionale de la collectivité départementale de Mayotte (dotations et mode de scrutin).
Les sujets régaliens (sécurité, justice, lutte contre l’immigration) ont la part belle. « Depuis avril 2023, l’opération Wuambushu a été déployée à Mayotte avec l’objectif de lutter contre la délinquance et les violences, éradiquer les bidonvilles et reconduire à la frontière les personnes en situation irrégulière. Cette opération a le soutien des élus de Mayotte mais la mise en œuvre est très difficile. Il est nécessaire de pérenniser cette action dans la durée en mettant davantage d’effort sur la coordination et la coopération entre l’Etat et les collectivités de Mayotte », est-il ainsi rappelé, avec la demande de création d’une cour d’appel à Mamoudzou, la construction d’une cité judiciaire, d’un 2ème centre de rétention administratif, d’un centre éducatif fermé et d’un établissement pénitencier pour mineurs.
Des réponses urgentes sont attendues du CIOM. « Pour sortir du cercle vicieux, insécurité, violence, perte d’attractivité et de contrôle du territoire, il est nécessaire d’opérer un « choc de sécurité » et de réaffirmer l’autorité constante et permanente de l’Etat, y-compris sur le plan judiciaire » est-il notamment rappelé, avant l’énumération de mesures concrètes et attendues : des renforts pérennes d’effectifs dans la police et la gendarmerie, le positionnement des forces de lutte contre l’immigration au nord et au Sud de Mayotte ; l’augmentation des moyens (effectifs et matériels) des polices municipales ainsi que ceux des forces de sécurité de l’État, mise en place d’une police des transports avec un aménagement de la réglementation… pour n’en citer que quelques-unes.
Immigration : sortir de la logique de l’entonnoir
« La lutte contre « l’appel d’air » de l’État par la mise en place de titres de séjour territorialisés, ne donne pas de résultat. S’ajoutent aujourd’hui le flux des demandeurs d’asile originaires de l’Afrique des Grands Lacs déboutés qui se retrouvent bloqués à Mayotte. L’Etat par sa volonté de circonscrire la pression migratoire à Mayotte affaiblit les conditions de vie de la population sans incidence aucune sur les flux migratoires. Pour le territoire de l’extrême pauvreté de France et d’Europe qu’est Mayotte, il est primordial de ne pas concentrer la misère sur 374km² et de faire preuve de solidarité républicaine » rappellent les élus, qui énumèrent des pistes de solutions à mettre en œuvre comme la suppression des titres de séjour territorialisés, le développement au port de Longoni d’un espace dédié à la marine nationale en eau profonde pour accueillir un patrouilleur outre-mer (POM) ; ou l’intervention de l’agence Frontex en appui aux dispositifs déployés localement.
Convergence des droits sociaux : rétablir l’égalité républicaine
« La position (qui était celle du projet de loi Mayotte) de conditionner l’alignement de toutes les prestations sociales à l’alignement des cotisations sociales est fallacieuse, est-il souligné. Les prestations sociales non-contributives ou les primes d’activités ne sont pas financées par les cotisations sociales mais par le budget général de l’Etat. Il est donc tout à fait possible et juste d’accorder sans délai à Mayotte la solidarité qui bénéficie à tous les autres Départements de France » indique cette contribution. Les élus réclament ainsi l’alignement en montant sans délai des prestations sociales non-contributives sur les niveaux des autres DOM et de la métropole (RSA, ASPA, APL, AAH, Prime d’activité), en étroite collaboration avec la CSSM, et l’alignement du SMIC sur celui de droit commun et du minimum retraite sur le minimum retraite national, selon un agenda resserré et d’ici le 1er janvier 2026.
Des revendications financières fortes
Le document soumis au CIOM pointe aussi les enjeux financiers. « Les carences de l’Etat en matière fiscale (défaut du cadastre, sous-évaluation des compensations, etc.) et le manque d’actualisation du recensement de la population de Mayotte entraînent des conséquences financières très pénalisantes pour les collectivités et pour la mise en œuvre des politiques publiques à l’échelle du territoire » est-il indiqué. « Les collectivités pallient les carences de l’État pour partie (ex : la CADEMA a consolidé ses bases fiscales, mais a dû pour cela recruter des agents supplémentaires). Autre carence, le versement mobilité, une fiscalité due par les employeurs pour financer les transports en commun, est timidement mise en place (taux à 0,9%), et les principaux employeurs de l’ile, à savoir l’Etat et les collectivités, n’y contribuent pas » rappelle la contribution.
Les Dotations Globales de Fonctionnement perçues par les collectivités ne tiennent pas compte, des missions exercées par le Département-Région de Mayotte, et du niveau d’exposition du territoire aux risques naturels et au changement climatique pour l’ensemble des collectivités. Le Département assume, par ailleurs, les charges financières du transport scolaire (qui ont augmenté de plus de 50% depuis la création de ce réseau), une anomalie que pointe ce document. Les élus demandent que cessent l’injustice liée à la sous-estimation de la population utilisée pour le versement de la DGF. En 2023, les collectivités de Mayotte ont perçu des DGF pour une population de 256 000 habitants. C’est un chiffre qui est reconnu comme largement dépassé aujourd’hui, y compris par l’INSEE.
Une DGF conforme au recensement actualisé et une fiscalité à niveau, « sont essentiels pour que les collectivités disposent de recettes de fonctionnement nécessaires aux services publics » est-il souligné. L’État verse, par ailleurs, depuis 2017 une compensation financière annuelle au Département de 9,6M€ au titre de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et de 14,5 M€ au titre de la Protection Maternelle et infantile. Alors que ces compensations sont restées stables, les besoins ont fortement augmenté depuis 2017. Ainsi, le nombres d’enfants à placer est passé de 352 en 2017 à 1 141 en 2022, soit une multiplication par plus de 3 des besoins de l’ASE. Sur les PMI, la dynamique des naissances (+10% entre 2017 et 2022) a également générée une hausse des besoins. « L’absence de réévaluation des compensations de l’Etat sur l’ASE et les PMI génère une impasse budgétaire pour le Département qui aboutit à une impossibilité de maintenir ses compétences ce qui fait courir des risques sanitaires et sociaux préoccupants » est-il rappelé.
Des réponses urgentes
Qu’il s’agisse des finances locales (donner les moyens d’agir), de la crise de l’eau, des infrastructures routières, des sujets institutionnels, des moyens nécessaires pour l’éducation, la culture et la santé, cette contribution très complète a vocation à recenser les sujets sur lesquels des réponses urgentes sont attendues parfois de longue date. « J’ai la faiblesse de penser que la manière dont nous avons travaillé, notre souci de défendre ensemble les grands enjeux pour Mayotte ont crédibilisé notre démarche et les chances que nous avons d’être entendues », rappelait le président Ben Issa Ousseni en présentant les grandes lignes du document lors de la commission permanente du 6 juin 2023. »
Réforme des retraites : une quatorzième journée de mobilisation
À l’image de l’intersyndicale nationale, celle de Mayotte a appelé à la mobilisation, ce mardi 6 juin. Une soixantaine de personnes ont ainsi répondu à l’appel ce mardi matin, place de la République à Mamoudzou, pour la quatorzième journée d’action contre la réforme des retraites. « Nous ne sommes pas des pigeons, ne nous laissons pas plumer ! », est rapidement lancé au micro. Par cette manifestation, l’intersyndicale appelle les députés de Mayotte à voter, le jeudi 8 juin prochain, la proposition de loi trans-partisane abrogeant la réforme des retraites qui sera examinée par le Parlement.
Au micro, Henri Nouri, co-secrétaire départemental de la FSU Mayotte explique « qu’aujourd’hui, nous sommes là pour mettre la pression en quelques sortes, entre guillemets sur nos députés, ici les députés de Mayotte ».
Comores : Un deuxième salon des entreprises pour vendre le pays
Rendez-vous très attendu par les acteurs du secteur économique, cet évènement en préparation depuis plusieurs mois, devrait réunir près de 500 visiteurs, 70 speakers et plus de 100 exposants. Parallèlement, se tiendra la sixième conférence annuelle du réseau des agences francophones de promotion des investissements.
Les Comores organisent pour trois jours, du 6 au 8 juin, la deuxième édition du salon des entreprises sous le thème « business in komor ». Cet évènement, qui se tient au Palais du peuple et dont le coup d’envoi a été officiellement lancé, ce mardi, en présence du chef de l’État comorien, Azali Assoumani, vise à faire la promotion des opportunités d’affaires au sein de l’Union. Selon les projections de l’agence nationale pour la promotion des investissements (Anpi), cette messe économique, la seconde du genre, après celle de 2022 doit voir la participation de 500 visiteurs, 100 exposants, 70 speakers pour ne citer que ceux-là. D’autres acteurs du secteur privé, des investisseurs étrangers, sont également attendus pour stimuler le développement des affaires et créer un climat des affaires propice à la croissance économique, précise le site internet crée à cette occasion. « Cette tribune est lieu de constater que les crises successives, je parle du cyclone Kenneth, le Covid-19, qui a touché le monde entier, la perturbation des chaines d’approvisionnement liée à la guerre ukrainienne avaient fatalement entamé les projections économiques que les Comores s’étaient résolues à atteindre à compter de 2019 avec la mise en œuvre du plan Comores émergentes. Mais, malgré cela, jamais l’initiative entrepreneuriale n’avait été aussi dynamique », s’est félicitée la directrice générale de l’Anpi, Nadjati Soidik, lors de son discours d’ouverture.
1.616 emplois permanents créés en un an
Des résultats qui ne sont pas tombés du ciel a souligné cette juriste en droit des affaires nommée à la tête de l’Anpi depuis 2020. Elle citera quelques mécanismes mis en place pour faciliter la création des entreprises : installation d’un guichet unique, programme d’appui direct, accompagnement technique et financier ayant suscité un appétit de la jeunesse à se lancer dans l’entreprenariat. Selon des données disponibles citées ce mardi, en une année, il y a eu la création de 1.616 emplois permanents. La directrice de l’Anpi a énuméré quelques projets qui ont contribué à atteindre un tel chiffre. Parmi ceux-ci, figure le projet Afidev, qui appuie les filières d’exportation (ylang-ylang, vanille et girofle), financé par la France dans le cadre de l’accord-cadre de 2019 signé entre Paris et Moroni. « Nous avons également consigné les recommandations assorties du premier salon des entreprises dans un livre blanc axé sur le climat des affaires aux Comores. Ces conseils tournent autour de plusieurs thématiques, notamment le soutien à l’entreprenariat des jeunes », a poursuivi Nadjati, devant les centaines de participants dont certains venus du Sénégal, du Maroc ou encore du Gabon.
La première édition du salon avait réuni plus de 65 entreprises et 3.500 participants. « Les recommandations qui en sont issues ont orienté les actions du gouvernement comorien et ont abouti à un ensemble d’actions conjointes dans l’écosystème. Grâce à ces efforts, nous avons débloqué des financements pour plus de 1.000 entreprises, représentant un total de plus de 50 millions de dollars », a complété, de son côté, le président Azali Assoumani, pendant son allocution rappelant qu’en 2022, plus de 15.000 jeunes ont bénéficié de formations et de programmes de soutien à l’entrepreneuriat. S’il a reconnu que l’accès au financement reste un défi, le chef de l’État comorien reste tout de même optimiste. « Avec notre nouveau code des investissements, nous avons introduit des incitations fiscales attractives pour les investisseurs. Cette année, le salon est particulièrement fier d’accueillir la sixième conférence annuelle du réseau international des agences francophones de promotion des investissements. Ces événements–phares démontrent notre engagement à promouvoir le secteur privé et l’entrepreneuriat » a assuré Azali Assoumani, qui dirige depuis février l’Union Africaine.
Toujours dans le sillage de ce deuxième salon des entreprises, dénommé « Bik 2023 », l’évènement abritera le premier forum du commerce et des investissements aux Comore,s en partenariat avec Afreximbank. Une aubaine pour les entrepreneurs qui espèrent bien se relancer en tissant des liens via les 120 rencontres « b to b » prévues à cette occasion.