« Partez faire vos études, vous êtes notre jeunesse, notre avenir, puis revenez »

Au rectorat de Mamoudzou, les tout récents bacheliers avec mention Très bien étaient récompensés par Jacques Mikulovic, recteur de l’académie de Mayotte, ce mardi. Malgré la faible renommée du niveau scolaire mahorais, beaucoup ont espoir que ces jeunes au parcours brillant reviennent pour faire profiter l’île de ces talents.

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Le lot commun du rectorat, un t-shirt et une bande dessinée sur l’histoire de Mayotte.

Les larmes dévalent les joues de beaucoup d’élèves tandis que les parents brandissent les appareils photo et téléphones. Le sentiment de fierté emplit la salle Samuel-Paty bondée, au rectorat de Mayotte, alors que le recteur Jacques Mikulovic remet les baccalauréats mention Très bien aux élèves mahorais. La cérémonie a commencé par les récompenses de la filière professionnelle puis générale. Organisée par le rectorat, cette cérémonie a plusieurs dimensions selon son chef :« Ces temps servent à mettre en valeur à la fois la qualité de nos jeunes, et en même temps à identifier un peu leurs parcours et valoriser les filières d’excellence qui existent sur Mayotte ».

Chaque élève a été appelé sur l’estrade. Avec 92 mentions Très bien sur les environ 4.500 bacheliers mahorais, tous ont pu faire une déclaration au micro. « Je suis si heureuse de voir que le travail que nous avons fourni depuis ses trois ans à payer ses fruits », s’exclame une élève, acclamée par ses camarades. C’est l’accomplissement d’un dur labeur pour beaucoup d’élèves. Entre pression familiale et exigence, les lycéens voient leurs efforts salués. « Il y avait beaucoup de pression dans ma famille, pas une mauvaise pression parce qu’ils savaient que j’étais capable de réussir. J’avais surtout la peur de les décevoir. Je suis super fière de moi d’avoir eu la mention très bien », affirme les larmes aux yeux, Nachka Halifa, élève de terminale.

« Ces mentions montrent qu’on a du talent »

Le niveau scolaire à Mayotte n’est certes pas le plus haut national, mais nombreux pensent que cette vision dégradante est aberrante et dénoncée. « A Mayotte, on est connu comme l’île avec le niveau scolaire le plus bas et avoir ces mentions ça permet de montrer que nous aussi on a du talent. Nous aussi, on peut faire de grandes choses », déclare Naïma Chaihani. Mis en péril par le manque de professeurs ou le manque de protection des droits de l’enfant, très peu de jeunes vont jusqu’au baccalauréat ou avec beaucoup de difficultés. Jacques Mikulovic partagent l’avis des élèves : « Il faut redorer l’image de Mayotte. Ces jeunes, vous en êtes l’exemple, ont des qualités exceptionnelles. Trop souvent, on parle de Mayotte avec les difficultés qu’elle rencontre. Il ne faut pas les nier mais il y a des atouts indéniables ».

« Que vous soyez la lumière et l’avenir de Mayotte ! », s’écrie Pascaline Rakotomanga, mère d’une des élèves récompensées. L’espoir anime un grand nombre des personnes présentes à cette célébration. Les capacités et talents à Mayotte ne manquent pas et le territoire connaît la nécessité que ces derniers agissent pour elle. « On aura besoin de vos talents pour développer Mayotte dans tous les domaines. Toute cette jeunesse doit pouvoir revenir dans ce territoire pour le servir. » La jeunesse est encouragée à regagner le territoire pour aider et développer l’île une fois leurs diplômes obtenus. Énormément de Mahorais comptent sur eux pour améliorer la situation de Mayotte et lui faire peau neuve. « Partez faire vos études, vous êtes notre jeunesse, notre avenir, Mayotte a soif. On vous attend, on a besoin de vous, revenez, nous serons là », soutient, émue, Hafifa Mohamed, venue soutenir son neveu.

« Je reviendrais à Mayotte »

Cette conviction et cet espoir sont profondément partagés par cette génération. « Ma mère n’est malheureusement pas là puisqu’elle doit accoucher, mais le manque et la qualité des soins ne le permet pas. On manque de médecins à Mayotte et c’est pour ça que je pars en Parcours accès santé pour devenir médecin et revenir ici plus tard », affirme Naïs Madi Bacar, élève de terminale. Indénombrables sont ceux qui veulent revenir une fois diplômés. « Je pars pour faire des études d’ingénieur dans l’urbanisme, mais je reviendrais à Mayotte plus tard pour travailler dans l’aménagement du territoire », proclame Camillle Selemani, deuxième majore de l’académie. Un espoir naissant se dessine pour le futur de Mayotte et son développement, où la jeunesse mahoraise veut être actrice.

Comme de bons parents, les appareils photo sont de sortie. Tous très fiers, eux aussi pensent que c’est prometteur pour le territoire. « C’est le témoin qu’à Mayotte les jeunes peuvent réussir et aller très loin. C’est un plaisir pour moi mais aussi en me mettant à la place de tous les parents un plaisir de les voir réussir comme ça », confirme Mlanao Hamida, parent d’élève. Cette réussite, elle est d’autant plus appréciée par les parents qui savent que la réputation de l’île discrimine parfois leurs enfants.

« Je trouve ça fabuleux. Contrairement à ce qu’on entend de partout, et alors que les élèves qui viennent de Mayotte ne sont pas forcément bien vus en métropole, on s’aperçoit que le niveau n’est pas si bas que ça », énonce Pascale Boulagnon, mère d’une élève de terminale.

Soroptimist encourage la réussite académique féminine !

Dans le cadre de leur action sur l’éducation, le comité Soroptimist encourage ses jeunes filles qui ont obtenu la mention très bien en leur distribuant un chèque de 80 euros chacune. « On a souhaité mettre en avant l’excellence au féminin. C’est une petite somme, mais qui peut déjà les aider pour leurs premières dépenses d’étudiantes », confirme Noëra Mohamed, présidente du comité Soroptimist. Les lots communs offerts à tous étaient un t-shirt et un livre ainsi des goodies de l’opérateur Only et de l’assurance GMF.  Les garçons recevaient eux, au choix à la place du chèque, un livre, un bon pour un repas dans deux restaurants sur Mayotte ou des goodies Madora.

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