Nicolas Vatomanga, le jazz dans la peau

Il a posé ses bagages sur l’île aux parfums en janvier, Nicolas Vatomanga, musicien malgache ouvre de nouvelles perspectives pour l’école de musique « Musique à Mayotte ». Un parcours remplit d’expérience, de rencontres et surtout de passions dont le jazz.

« Elle nous a embarqués dans son petit voyage musical », avoue le musicien Nicolas Vatomanga. Sa mère, une européenne installée à Madagascar, l’a fait baigner dans la tradition harmonique malgache. Cette femme a été la première de la famille à jouer d’un instrument classique du pays : la valiha. Il la décrit comme une femme très créative et spirituelle, et explique que ce soutien pour une carrière artistique l’a beaucoup aidé. Jeune, Nicolas s’est d’abord lancé dans la flûte traversière et la sodina, avant de se tourner vers le saxophone. C’est au conservatoire d’Antananarivo qu’il débute sa carrière. Il décrit sa passion pour la musique comme innée. « Je suis tombé dedans », affirme-t-il.

Sa passion pour le jazz commence au lycée, où le jeune homme fréquente beaucoup de gens du festival national malgache « Madajazzcar ». Rapidement projeté dans le monde de la musique, un carnet d’adresses a commencé à naitre pour Nicolas. « C’est un bon cadre pour être motivé à être musicien », rigole l’artiste. Sa prédilection pour le saxophone, il l’explique par « la place importante du saxophone dans le jazz », une langue selon lui, universelle.

 Le jazz, comme une évidence

Départ pour la France pour le jeune homme après l’obtention de son baccalauréat où, à l’origine, il s’y rendait pour réaliser une licence de mathématiques. Arrivé sur place, il s’inscrit au conservatoire de Marseille, avant de changer pour une autre école, l’American School of Modern Music. Sa nouvelle école étant payante, Nicolas doit réussir à financer ses études. Il joue dans plusieurs groupes de musique malgaches ou de jazz pour gagner de l’argent. Avec une évolution rapide dans le milieu, le musicien développe ses contacts et se produit même auprès de la surnommée « Mama Afrika », Miriam Makeba, alors qu’il est encore étudiant.

Nicolas retourne ensuite à Madagascar, ayant fait le tour de ce qu’il avait à voir à Paris. Il monte son groupe de jazz, Madajazz. L’artiste s’entoure uniquement de jeunes musiciens. « Je voulais, et veut toujours, des gars que j’allais former moi-même, des gars tout frais, prêts à créer », affirme-t-il. Aujourd’hui, il avait besoin de voir autre chose, fait toujours partie du groupe mais « les laisse pour qu’ils fassent leurs propres chemins, je les suis tout de même de près ou de loin ».

Un nouveau projet

Au poste de directeur pédagogique, Nicolas Vatomanga coordonne et apporte un regard nouveau sur les cours de l’école « Musique à Mayotte ». Sur l’île aux parfums depuis seulement six mois, il a maintenant élu domicile à Mayotte. « Je ne peux pas vivre sans voyager. Je prends mon sac à dos et mon saxophone et je bouge », soutient le musicien. Malgré son esprit d’aventurier, l’artiste dit avoir ressenti quelque chose à Mayotte qu’il n’a pas ressenti ailleurs. Simplement venu rendre visite à un ami très cher, ce poste lui a été proposé et l’homme n’a alors pris qu’un aller simple.

Pédagogue, il souhaite pouvoir transmettre la flûte traditionnelle malgache, la sodina, à Mayotte. Nicolas a lui-même appris avec le plus grand, Rakoto Frah, un des derniers artistes malgaches à jouer de cet instrument. L’artiste est convaincu que le partage et la continuité de cet art se fait par la pratique :« J’ai l’ambition de pouvoir créer des cours, découvrir ou initier les jeunes mahorais à cet art ancestral », confie-t-il. Sa cible est l’antenne de Petite-Terre. Le nouveau directeur pédagogique voudrait créer une classe de jazz accessible à tous les niveaux. « Musique à Mayotte aimerait beaucoup développer l’antenne qu’elle a en Petite-Terre. On veut toucher le public que nous avons là-bas », avoue le musicien.

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