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07/11/2008 – Croisières : Comment Mayotte s’est grillée pour 10 ans

Commençons par le début. La croisière n’est pas une nouveauté à Mayotte. Depuis des années, à l’image du vénérable Royal Star, des bateaux viennent, le plus souvent en saison chaude. Le phénomène a cependant connu un réel engouement il y a deux ans, et ce, sous l’influence conjuguée de deux facteurs.

D’abord l’armateur Costa croisière, qui travaillait jusqu’alors avec l’agence réceptive historique de l’île, décida de relancer une consultation auprès des trois prestataires de la place : l’agence réceptive Bleu Ylang dirigée par Mathias Bertrand, l’agence Baobab Tour cogérée par Attoumani Harouna et Céline Boscher, tout deux en poste au Comité départemental du tourisme de Mayotte (CDTM), et Mayotte Vacances dirigé par Mathilde Hory, qui occupe également des fonctions au CDTM. Seules les deux premières agences ont répondu à l’appel d’offres officieux lancé par la compagnie. Bleu Ylang donna satisfaction au groupe, en proposant notamment de nouvelles excursions pour les passagers des navires.

Élodie Péchard a été durant six ans consultante en développement touristique et gestion d’escales pour un grand groupe de croisiériste. Recrutée par l’agence Bleu Ylang, elle a largement contribué à augmenter le capital confiance entre Costa croisière, filiale du leader mondial du secteur Carnival, et la destination Mayotte. Constatant la connaissance et la maîtrise du sujet de la part de son nouvel interlocuteur local, le groupe se décide à jouer pleinement la carte Mayotte et enverra pour la saison 2007/2008 des paquebots de 800 passagers, dont 60% ont déjà réservé leurs excursions pour la journée, contre 35% les saisons précédentes. Une augmentation singulière du flux touristique qui constitue le deuxième élément de l’éclosion du secteur à Mayotte.

1 à 2 millions d’euros dépensés par les touristes

Malgré quelques balbutiements, lot commun de toute première expérience, notamment à cause de la faiblesse des infrastructures locales (ponton étroit, places de parking limitées pour les bus qui amènent les touristes en balade…), l’essai a été transformé.

Les différents prestataires, et ils étaient nombreux – taxis, artisans, pilotes du port, écomusée du sel, associations de m’biwi, clubs de plongée, opérateurs whale watching, bars, restaurants… – étaient enchantés. L’écomusée du sel à Bandrélé, pour seul exemple, a réalisé en trois mois de saison touristique, le même chiffre d’affaires que celui cumulé des deux années précédentes. Au total, c’est un intrant net estimé entre 1 et 2 millions d’euros qui s’est transféré du portefeuille des touristes occidentaux vers l’économie mahoraise, en l’espace de trois mois.

Sans céder à l’euphorie, les artisans de cette réussite réfléchissent aux améliorations à apporter pour la saison prochaine. Madi Baco, président de l’association des taxis, réunit ses troupes pour leur proposer des initiations à l’anglais, à l’italien. Les artisans veulent des stands plus grands pour présenter leurs productions aux touristes dès leur descente de bateau. Bleu Ylang et le CDTM cherchent des solutions pour éviter les bousculades entre les pêcheurs, les touristes et les professionnels du ponton.

Les perspectives sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes, puisque le groupe Costa annonce qu’il reviendra huit fois faire escale à Mayotte en 2008/2009… avec 1.500 passagers. L’économie touristique obtient là ses premiers galons de reconnaissance internationale. Mais malheureusement cette réussite, comme souvent à Mayotte, n’ira pas sans attirer rancœurs et jalousies.

Un travail de sape habilement orchestré par le CDTM

En juin denier, le Comité du tourisme doit se renouveler. Certain se souviennent peut-être du burlesque des débats autour des désormais fameux « doubles statuts du comité ». L’incident réglé, M. Chanfi, conseiller général de M’tsangamouji, prenait officiellement ses fonctions de nouveau président. Dans le même temps, Attoumani Harouna, cogérant avec Mme Boscher de la société Baobab tour, s’assoie sur le siège de vice-président, et Mathilde Hory s’y investira aussi, s’occupant notamment de l’élection de Miss Mayotte. Georges Mecs conserve son poste de directeur, mais l’homme qui avait mis ses compétences en œuvre dans la bataille des croisières perd de son influence dans un comité qui, chaque jour un peu plus, se montre dans les faits, hostile au développement du secteur, à tel point qu’il est aujourd’hui sur le départ. Dans les discours par contre, c’est un tout autre son de cloche. M. Chanfi multiplie les interventions pour dire sa volonté, comme au lendemain de son investiture, de « doper la filière pour pouvoir accueillir des navires contenant jusqu’à 3.000 passagers dès la saison 2008/2009 ».

Orientation politique motivée, ou conflit d’intérêts attisé par des opérateurs qui ont perdu un marché et qui héritent d’un pouvoir décisionnel ? Pour l’heure, il reste difficile de percevoir la légitimité des choix du CDTM sur le dossier croisière depuis six mois. En annonçant, quelques semaines avant l’arrivée des premiers paquebots, que « Mayotte n’est pas prête, et qu’elle se doit de refuser les croisières pour éviter la pagaille lors du débarquement à Mamoudzou », le comité prit tout son monde à contre-pied.

Bien sûr, le retard pris dans la construction du nouveau quai, principal argument avancé par le CDTM pour justifier ses positions, est un élément contrariant, mais ne constitue en rien une fatalité. Et même si le ponton actuel reste modeste, « cette structure est aux normes », selon M. Galmiche, délégué de la préfecture aux affaires touristiques.

De plus, plusieurs alternatives étaient alors envisageables pour éviter un débarquement sur le ponton croisiériste de Mamoudzou. Le Comité n’en étudiera aucune, et n’en proposera pas. Un manque total d’abnégation sur des échéances pourtant cruciales pour l’économie mahoraise, qui fera dire au secrétaire d’État à l’Outremer, lors de sa dernière visite dans l’île, qu’il « faut de la méthode, car les rendez-vous avec l’histoire nous forcent à être meilleurs sur ces sujets-là ».

Mayotte ne pouvait pas s’offrir le luxe de refuser les croisières…

L’attitude adoptée par le comité commence à inquiéter le groupe Costa, qui envoie plusieurs missives dès le début du mois d’octobre pour s’enquérir de la réalité de la situation. Ses deux intermédiaires locaux, l’agent portuaire et l’agence réceptive ne peuvent guère faire plus que de lui transmettre la nouvelle position du Comité du tourisme. Les choses commencent à s’ébruiter et quelques responsables locaux, comme M. Coat, chargé du développement économique et touristique au CG, veulent éclaircir l’affaire. « Mayotte ne peut pas s’offrir le luxe de refuser les croisières », avait-il même déclaré.

Seul à détenir les pouvoirs et les compétences pour faire évoluer le dossier, le Comité va s’échiner, à grand renfort de réunions, à faire semblant d’apporter de fausses solutions à des problèmes qui n’existaient pas et qu’il a lui-même créés.

Des attitudes qui ont fini par décourager Mathias Bertrand, « las et épuisé de passer son temps à ôter les bâtons qu’on [lui] mettait dans les roues ». L’organisation de toute une saison tombant à l’eau, et les autres agences réceptives de l’île ne manifestant aucun intérêt pour rependre le flambeau à la dernière minute, comme l’a proposé Mme Péchard au cours d’une dernière tentative de sauvetage qu’elle a organisé à titre personnel, et non professionnel, le dénouement de « l’épisode » croisière se solde pathétiquement.

Et en proposant officiellement à l’armateur, le 31 octobre dernier, de diviser son flux de passagers entre Petite Terre pour les passagers libres et Mamoudzou pour ceux qui ont réservé des excursions, le Comité scella définitivement la décision du groupe Costa croisière de rayer Mayotte définitivement de sa liste de destinations. Certains professionnels polynésiens et réunionnais, joints par téléphone et courriers électroniques, se sont dit « sidérés d’une telle politique », et surtout « étonnés de la patience dont a fait preuve le croisiériste, que des centaines de destinations dans le monde quémandent ». Pour Élodie Péchard, « une chose est claire, on ne peut pas pécher à ce point uniquement pas incompétence ».

Le tourisme mahorais ne s’en relèvera peut-être jamais

En 1997, le voyagiste Nouvelles Frontières desservait la Martinique avec son navire Princesse Banaé. Après une troisième escale avortée à cause d’une grève à rallonge des taxis, Fort-de-France n’a plus vu un paquebot, de quelque compagnie que ce soit, durant sept longues années, s’approcher de ses quais.

L’industrie de la croisière mondiale est un microcosme. Tous les acteurs du marché se connaissent bien et les informations circulent très vite. Ils sont également des interlocuteurs privilégiés des voyagistes, qui les consultent sur les opportunités qu’offrent les destinations en devenir. Nul doute que le comportement réfractaire des autorités en charge du tourisme à l’égard du groupe Carnival ne contribuera pas à porter l’île au lagon en odeur de sainteté auprès de ces mêmes voyagistes.

Et si l’on fait le bilan, avec le retrait annoncé du Royal Star, un navire en fin de vie, et l’absence des paquebots Costa croisière cette saison, c’est 80% du marché local des croisières qui s’effondre. Là où les perspectives étaient encore radieuses il y a quelques mois, où le devenir d’un secteur ultra porteur du tourisme moderne ne demandait que quelques petits investissements financiers et humains pour être pérennisé, le Comité du tourisme n’offrira à Mayotte qu’un horizon touristique bien sinistré.

François Macone

07/11/2008 – Mayotte Hebdo entre dans la révolution numérique

A la rédaction de Mayotte Hebdo, les journalistes l’espéraient depuis des mois : pour le plus grand plaisir des lecteurs, le nouveau site internet du journal est enfin sorti des disques durs ! Les maquettistes, graphistes, journalistes, rassemblés autour de Thomas Begrand notre webmaster chevronné, se sont consacrés à cette lourde tâche avec l’enthousiasme le plus fervent. « Le but principal du nouveau site est de créer un portail d’information, axé en priorité sur l’information locale et de la région, avec une information pertinente car rédigée par des journalistes », explique Thomas, qui ne tarit pas d’éloges sur son nouveau « bébé ». « Nous allons créer une vitrine d’information évolutive et de qualité sur Mayotte, en regroupant tous les pôles de compétences de la Somapresse. Tout l’aspect visuel a été repensé pour faciliter la navigation et la rendre plus intuitive et conviviale ».

Dans la nouvelle version du site, les internautes pourront accéder gratuitement à des articles récents, aux dossiers de la rédaction et à des brèves alimentées régulièrement, mais également aux archives, à une galerie de photos, à l’agenda culturel, aux petites annonces, etc. et même télécharger gratuitement de nombreux documents comme le Tounda, le Cartes & Plans ou des rapports, discours, lois. Déjà, des milliers de téléchargements du Tounda et plus encore du Cartes & Plans ont été réalisés depuis le lancement de la 1ère version du site en juillet 2007.

« On a mis en place cette nouvelle version du site pour continuer à évoluer », souligne Laurent Canavate, le directeur de la Somapresse – une entité qui regroupe les publications de Mayotte Hebdo, Mayotte Eco, Tounda, Flash Infos et divers travaux d’éditions. Il rappelle que depuis l’ouverture du site à la fin du mois de juillet 2007, le nombre de visiteurs uniques par mois n’a jamais cessé d’augmenter : 330 au mois d’août, 880 en septembre, 1.170 en octobre, 1.540 en novembre… jusqu’à atteindre 2.630 visiteurs en mars 2008 ! Actuellement, 10.000 pages sont vues par mois. Parmi les internautes les plus assidus, les étudiants mahorais en Métropole mais aussi des internautes au Canada, en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, en Espagne… « C’est un moyen de diffuser l’information concernant Mayotte sur un autre support pour pouvoir toucher aussi des personnes en dehors du territoire où on imprime le journal », explique Laurent Canavate. « C’est une nouvelle vitrine pour notre journal, mais aussi de nombreux nouveaux services pour ceux qui sont ici. »

« La philosophie du site est de donner un accès à une information gratuite et pertinente »

Les Unes du journal et les sommaires sont mis en ligne dès le vendredi matin, avec une sélection de quelques articles, qui toucheront les grands thèmes de la vie politique, sociale ou éducative de l’île, avec à chaque fois un article magazine ou économique. Tous accessibles en flux RSS. Une fois par mois, un dossier de la rédaction sera également mis en ligne. Et des brèves seront alimentées tous les jours en temps réel, en fonction des évènements. Au bout d’une semaine, tous les articles seront archivés dans notre base de données et facilement consultables en ligne, grâce à un moteur de recherche très puissant. En outre, tous les articles pourront être transformés et éditables au format PDF instantanément, avec la possibilité de les imprimer au format A4 d’une imprimante ou de les envoyer par mail à n’importe qui.

D’ores et déjà, 60 Unes, 100 articles, 15 dossiers et de nombreuses brèves sont consultables gratuitement. »La philosophie du site est de donner un accès à une information gratuite et pertinente, sans restreindre les fonctionnalités à un système de souscriptions », explique Thomas, qui ajoute que les interactions seront encouragées : « Chaque article peut être commenté et être mis en favori pour que l’utilisateur hiérarchise lui-même l’information ». Une fois modérés par Thomas, les commentaires seront bien sûr lus par les journalistes, ce qui permettra d’avoir une information encore plus complète et centrée sur les attentes de nos lecteurs.

La culture sera également au cœur du nouveau dispositif, avec la rubrique « événement culturel » qui permettra de télécharger un programme détaillé des différentes manifestations présentées dans le Tounda. Un agenda culturel, avec les sorties des Naturalistes, les concerts, les stages de danse, etc. sera alimenté quotidiennement.

De nouveaux services proposés aux internautes

Dans la rubrique « ressources et téléchargements », tous les documents annexes aux informations publiées, comme des rapports administratifs, des communiqués ou des dossiers de presse, seront disponibles. Le Carte & Plans, déjà téléchargé 6.000 fois depuis le 1er janvier, le Tounda dès le vendredi matin, et quelques Mayotte Hebdo au format PDF seront également téléchargeables gratuitement depuis le site.

Outre la partie journalistique du site, les utilisateurs pourront aussi consulter des galeries de photos thématiques (déjà plus de 100 photos sur 4 albums sont disponibles). Une médiathèque où ils pourront aussi avoir accès à des vidéos et des sons, au fur et à mesure de l’évolution de nos activités. Un service de petites annonces est également proposé : n’importe quel visiteur pourra en envoyer une gratuitement. Elle restera pendant un mois dans les diverses catégories emploi, vente/échange de biens, gardiennage de maison, etc. De petits jeux et des sondages, dont les résultats seront ensuite exploités par la rédaction, seront également disponibles. Enfin, un lexique de shimaoré avec du vocabulaire et des notions de grammaire, sera étoffé petit à petit pour améliorer la communication entre Mahorais et Wazungus.

Pour un coût vraiment restreint, le site pourra aussi héberger des pages type blog, accessibles depuis la page d’accueil, pour les entreprises, les associations, les commerçants, les artistes, les clubs de sport, etc., ce qui leur permettra d’avoir une présence sur internet à travers un portail qui a un trafic important et qui est référencé sur Google news.

Julien Perrot

 


 

Mayotte Hebdo version « Nextbook », une nouvelle expérience de lecture numérique

Cette semaine, Mayotte Hebdo propose une version « Nextbook » du journal, une solution informatique révolutionnaire pour l’avenir de la presse. Grâce à cette nouvelle technologie, on peut lire à l’écran le journal comme en vrai, avec une navigation beaucoup plus aisée que sur PDF, des liens hypertextes, des recherches dans les archives de tous les articles, etc. Une fluidité et une apparence comme un journal papier avec les pages que l’on tourne, et la possibilité de zoomer très facilement.

Cette nouvelle formule est destinée à tous les lecteurs de Métropole ou de la région, mais aussi toutes les administrations et entreprises de Mayotte, grâce au système d’archivage très efficace que ce nouveau système propose. Le Mayotte Hebdo en « Nextbook » sera accessible sur abonnement à des prix très intéressants, notamment pour tous ceux qui sont déjà abonnés. Cela permettra d’avoir un accès à l’information plus rapide, car le journal sera envoyé dès le vendredi, et surtout, moins cher. Une initiative qui permet à la presse mahoraise de basculer dans l’ère du papier numérique.

Offre spéciale de lancement jusqu’au 31 décembre 2008 : 40 euros par an. Pour ceux qui sont déjà abonnés à la version papier, le prix s’élève à 20 euros seulement.

06/11/08 – Un nouveau syndicat lutte pour la réussite scolaire

La formation syndicale a décidé de s'impliquer davantage dans les questions d'éducation , c'est afin d'officialiser cette création que le secrétaire national du Sgen CFDT s'est rendu à Mayotte de jeudi à mercredi, après un passage à Bruno Jaouen, secrétaire national du syndicat général de l'éducation nationale (Sgen) CFDT, s'est rendu cette semaine à Mayotte pour instaurer la création d'un Sgen affilié à la Cisma CFDT.la Réunion. Le voyage lui a également permis de découvrir la réalité du terrain et de comprendre les enjeux et besoins de l'éducation à Mayotte. Il estime ainsi que si le second degré fonctionne plutôt bien, il y a en revanche urgence en ce qui concerne le primaire. "Il faut absolument construire rapidement des écoles, les rotations sont inacceptable, je n'imaginais même pas que cela puisse exister ! C'est un système anti réussite."

Le secrétaire du Sgen a promis d'aller plaider la cause de Mayotte à Paris à son retour, mais les élus locaux ont également un rôle à jouer, ils doivent prendre conscience de l'urgence de la situation et débloquer des fonds, au minimum pour garantir le bon entretien des écoles. Secrétaire général de la Cisma, Boinali Saïd estime que même si le statut des personnels éducatif est un combat important, "certains syndicats enseignants se sont trop focalisés sur les problèmes de statut et en ont oublié depuis longtemps les élèves. Il faut se focaliser sur l'école et la réussite des enfants." Une manière de dire que le syndicat partage les revendications de ses collègues de la CGT et de FO mais qu'il n'approuve pas leurs méthodes.

06/11/08 – La Famm en AG ce samedi

La solide Fédération des associations mahoraises en Métropole (Famm) tient son AG annuelle ce samedi à Paris au siège de la Dasu, rue de l’Opéra dans le 2e arrondissement. Cette année il y aura l’élection d’un nouveau conseil d’administration et d’un nouveau bureau. A l’ordre du jour figurent également les bilans financiers et d’activités de l’année écoulée, ainsi que des modifications de statuts. Les missions de la Famm sont de promouvoir Mayotte et surtout faire connaître la culture mahoraise en Europe. La Famm défend aussi les intérêts de Mayotte et des Mahorais, organise l’entraide dans la communauté mahoraise et se veut être l’interlocuteur des Mahorais face aux partenaires et tout autre organisme.

“Ainsi, toutes les Mahoraises et tous les Mahorais de Métropole sont invités à prendre part à cette réunion, ainsi que tous les partenaires (le conseil général de Mayotte, etc.) soutenant activement les actions de la Famm. Il est important de venir exprimer et apporter de nouvelles idées à notre Fédération. La Famm a besoin de volontaires, elle compte sur chacune et chacun d’entre nous”, exhorte la présidente actuelle Siti Binti Moussa.

Ce même jour, l’Association de la communauté mahoraise d’île de France (ACMI) organise une journée culturelle dans la salle le Bouquet – 12, avenue Roger Semat – 93200 à Saint-Denis (en face du stade Auguste Delaune). Cette journée culturelle sera animée par le groupe Nya Moja de M'tzamboro et le DJ Maha. Elle débutera à 14h30 par la danse traditionnelle, les mbiwis (la danse des femmes) suivie d’une soirée dansante de 21h à 4h30.

06/11/08 – Faciliter les formalités des Mahorais « sans papiers »

Une circulaire vient d'être envoyée aux préfets métropolitains pour attirer leur attention sur les difficultés rencontrées par les Mahorais à régulariser leur situation en Métropole. On compte entre 40.000 et 70.000 Mahorais en Métropole, dont beaucoup sont "sans papiers" et souvent traités comme des clandestins – impossibilité d'ouvrir un compte bancaire, d'avoir des chéquiers ou des cartes bancaires, de bénéficier de certaines prestations sociales… – car ils n'arrivent pas à donner les documents demandés par les mairies. Rien qu'à Marseille, des centaines de demandes sont en souffrance.

Les services préfectoraux viennent de recevoir une circulaire électronique portant sur "Les conditions de délivrance et de renouvellement de la carte nationale d'identité aux personnes originaires de Mayotte". Il y est notamment souligné que les difficultés qu'ils rencontrent "résultent fréquemment de l'impossibilité dans laquelle se trouvent les intéressés de produire un acte de l'état civil reconstitué par la Commission de révision de l'état civil à Mayotte".

"Si vous avez un doute sérieux sur la régularité de cet acte vous pouvez solliciter son authentification auprès de l'officier de l'état civil dépositaire de l'acte", suggère la circulaire. "Au-delà d'un délai raisonnable", fixé à un mois, il est demandé aux services préfectoraux "de procéder directement à cette vérification auprès du greffe civil du parquet de Mamoudzou".

Or, le retard pris dans la mise en place d'un état civil exhaustif à Mayotte a conduit à proroger de trois ans dans le projet de budget 2009 la dotation exceptionnelle de 300.000 euros versée à ce titre, qui devait s'éteindre en 2008. Selon la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, l'état civil n'est valablement établi que pour environ la moitié de la population de la Collectivité départementale.

06/11/08 – Les Mahorais de Marseille ont un nouveau président

Une cinquantaine de Mahorais de Marseille se sont réunis ce samedi 1er novembre pour élire un nouveau bureau de leur association dans leur siège au 25, rue Lautard dans le 3ème arrondissement. Et c’est avec une écrasante majorité qu'Abdallah Ali Baco a été élu nouveau président de Remma, le Regroupement des Mahorais de Marseille.

Sur 53 personnes inscrites qui devaient se prononcer, la liste d’Abdallah Ali Baco a été plébiscitée par 45 voix, contre une seule pour son rival d’un jour Hassani Baco. 5 personnes se sont abstenues et 2 bulletins blancs ont été comptabilisés. Après trois mandants successifs, Ali Abdallah, qui vient de perdre son père, n’a pas sollicité un nouveau mandat. Seuls les sièges de président, de vice-président, de trésorier et de secrétaire général étaient à renouveler. 

Avec son équipe (Amélie Hamidou, SG ; Mikidadi Mari, trésorier et Sitti Chamassi, vice-présidente), Abdallah Ali Baco veut miser fort sur l’éducation. Instituteur dans le second degré depuis vingt ans à Mayotte et depuis deux ans dans la cité phocéenne, le nouveau président du Remma, originaire de Labattoir, a pour ambition d’améliorer la vie des étudiants Mahorais ayant choisi Marseille comme ville d’accueil.

Il souhaite également lutter contre l’isolement et nouer un réel partenariat avec les pouvoirs publics à Mayotte et à Marseille, améliorer les conditions d’accueil des malades mahorais en évacuation sanitaire en mobilisant fortement les Mahorais de Marseille. Il veut également lutter contre les logements insalubres dans lesquels vivent certains compatriotes. "Je veux regrouper les Mahorais pour bien peser", dans cette ville où les Comoriens sont plus que majoritaires. Au sujet de ces derniers justement, il souhaite améliorer leurs relations parfois… "tendues". (…) "Entre nous, il y a souvent des altercations, des querelles de jalousie politique. Ils n’arrivent toujours pas à avaler le fait que nous sommes restés Français. Ils doivent pourtant le comprendre".

A l’image des associations comme le Remma, le bureau de la Famm doit aussi être renouvelé ce week-end. Réunies en assemblée générale, les associations fédérées devront élire un nouveau bureau.

05/11/08 – Les portes du lagon III sortiront bien de terre

"C'était une règle de bonne gestion et de courtoisie que d'avoir donné cet ordre d'arrêter le chantier. Il y a eu un petit flottement, mais l'affaire est saine", expliquait hier M. Labriet, directeur de la SMTPC, l'entreprise de bâtiment qui est en charge de la construction du dernier des trois opus du promoteur immobilier Quiétude, dans le quartier des Hauts Vallons. L'ordre émanait directement de la sous-filiale de Quiétude Promotion à Mayotte, les Portes du Lagon, représentée par M. Habib Ben Chadouli. Ce dernier a clairement expliqué qu'il ne s'agissait que d'un retard dans le montage financier de l'opération, dû aux allongements des délais d'obtention de crédit par les banques du fait de la crise internationale. "Si nous avons stoppé le chantier, c'est uniquement parce que le montage financier à pris du retard. Il nous a semblé, mais cela n'a pas l'air d'être la règle à Mayotte, qu'il était préférable de savoir si nous pourrions payer nos sous-traitants avant de laisser la construction s'achever".

La complexité des opérations Vefa (Vente en l'état futur d'achèvement) et de leur encadrement juridique drastique peut rendre la compréhension de leur montage inaccessible au néophyte. Cible privilégiée des promoteurs chasseur de défiscalisation, ce type de procédé repose sur l'intervention de trois acteurs. Des investisseurs, en premier lieu, qui s'engagent à prendre en charge une partie du financement de l'opération, motivé par les avantages fiscaux prévus par les différentes lois Girardin, Borloo, Robien… Le promoteur y va également de sa poche, généralement en injectant de ses fonds propres 10 à 20% du montant total de l'opération. Le reste du financement est assuré par un prêt bancaire. C'est ce dernier qui faisait défaut pour les raisons avancées plus haut. Il vient d'être délivré par un établissement de la place. "La banque est avec nous et nous soutient", affirme M. Chadouli.

Même si les plans devraient être revus à la baisse pour "respecter le timing", les investisseurs qui avaient signé un contrat de réservation pour ces deux immeubles n'ont "subi aucun préjudice financier, dans la mesure où leur versement de réservation du bien immobilier, correspondant à 5% du prix total de ce bien, n'a jamais été encaissé par Quiétude", affirme M. Tréguer, responsable de la communication du groupe. De plus, Quiétude s'est mis sur les rangs de l'opération de rachat par l'État de 30.000 logements. "Si l'État veut acheter nos appartements, je ne peux que m'en féliciter", a déclaré M. Chadouli. Le chantier devrait reprendre dès que les nouveaux plans seront approuvés par la maîtrise d'ouvrage, et les deux  bâtiments livrés à l'horizon mars 2009.

04/11/08 – Les enseignants rejoignent les instituteurs dans la rue

A la suite de la semaine de grève lancée par l'intersyndicale SE CGT Ma/Sima Snudi FO pour le premier degré, les syndicats enseignants du primaire et du secondaire Snes, SEUNSA, FO, Sud Education et Scden CGT de Mayotte annoncent leur soutien aux revendications et au mouvement qui entre dans sa deuxième semaine. Cette nouvelle intersyndicale dénonce "l'absence de dialogue de la part de l'administration." "Malgré des promesses de table ronde formulées par l'administration à Dembéni en septembre, les syndicats attendent toujours d'être reçus par le Vice-Recteur," annoncent ces derniers qui rajoutent aux revendications des instituteurs l'exigence du maintien des bonifications de retraite Outremer. Les syndicats rejoignent donc la grève ce mardi et appellent à la manifestation à 8h30 à la préfecture, puis à 9h au Conseil Général, où se tiendra une réunion en présence du président du conseil général et du Préfet. Jeudi dernier, au Sénat, le secrétaire d'Etat à l'Outremer a assuré au sénateur Giraud que "des réponses concrètes seront apportées" lors de cette réunion avec le préfet.

03/11/08 – Le Rwandais recherché pour génocide placé sous écrou extraditionnel

Le Rwandais Pascal Simbikangwa poursuivi par un mandat d'arrêt international pour participation présumée au génocide de 1994, a été écroué à Mayotte en attendant que la justice se prononce sur son extradition, a-t-on appris samedi de source judiciaire. La demande d'extradition de M. Simbikangwa vers le Rwanda sera examinée le 10 novembre par le tribunal supérieur d'appel (TSA) de Mamoudzou, a indiqué le procureur Marc Brisset Foucault, précisant que le parquet solliciterait cette extradition. M. Simbikangwa, présenté comme un ancien capitaine des renseignements généraux du gouvernement hutu au Rwanda, s'est vu notifier vendredi le mandat d'arrêt international et l'acte d'accusation du procureur général du Rwanda, a ajouté M. Brisset-Foucault.

Pascal Simbikangwa, né en 1959, avait été interpellé mardi dans une affaire de faux-papiers. L'enquête a permis de découvrir qu'il était recherché par Interpol à la demande des autorités rwandaises notamment pour génocide et complicité et conspiration de génocide, crime organisé. Il a été écroué à Majicavo, au nord de l'île. Il a par ailleurs été inculpé dans le cadre de la procédure pour faux-papiers et aide au séjour irrégulier en bande organisée, pour laquelle il encourt jusqu'à 10 ans de prison. Des faux papiers, notamment des cartes d'identité françaises et un "matériel informatique perfectionné" servant aux faussaires ont notamment été saisis, a précisé le procureur.

Arrivé clandestinement à Mayotte en 2005, après plusieurs années de séjour aux Comores voisines, Pascal Simbikangwa, qui est cloué dans un fauteuil roulant, se livrait à Mayotte à un trafic de faux papiers sous la fausse identité de Safari Sedinawara, a indiqué vendredi la police. Le génocide au Rwanda a fait selon l'ONU 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés. Il est sujet de tensions récurrentes entre Paris et Kigali, qui accuse la France d'avoir aidé, voire participé, au génocide de 1994, ce que la France dément avec énergie. Les relations diplomatiques entre la France et le Rwanda ont été rompues en novembre 2006.

31/10/08 – Tenesol inaugure la plus grande centrale photovoltaïque de l’île

Vendredi à 15h 30, le directeur de l'équipement Philippe Porte et M. Melle, directeur de Tenesol Océan Indien inaugureront la plus grande centrale photovoltaïque de Mayotte, installée par l'entreprise Tenesol sur les toits des bâtiments de la direction de l'équipement, à M'tsapéré. L'inauguration de cette centrale s'inscrit dans une démarche de promotion du recours aux énergies renouvelables et dans un but pédagogique. En effet, la direction de l'Equipement réunira à l'occasion de cette manifestation des acteurs publics, des industriels et des professionnels du bâtiment, afin de "pouvoir imaginer qu'un jour les énergies renouvelables propres, gratuites et illimitées, puissent constituer la source principale de production d'électricité.

Les associations de protection de l'environnement, ainsi que des scolaires sont également conviés afin de sensibiliser la population aux avantages du recours aux énergies renouvelables et aux économies d'énergie à travers un stand "Energie", tenu par l'Ademe et EDM. L'inauguration de cette centrale photovoltaïque constitue une contribution significative à la stratégie française, qui prévoit, après l'adoption mardi 21 octobre du premier volet du projet de loi de programme relatif à la mise en oeuvre du Grenelle de l'Environnement, une montée en puissance des énergies renouvelables dans les territoires ultramarin,et ce afin d'atteindre une autonomie énergétique de 50% à l'horizon 2020, et de 100% à terme.

UNE Mayotte Hebdo N°402 – Vendredi 31 octobre 2008

UNE Mayotte Hebdo N°402 - Vendredi 31 octobre 2008Départementalisation

L'avenir du Foncier

 > Politique – 50 ans de départementalisation
 > Education – La grève des instits continue
 > Vie des communes – Bandraboua investit dans le logement
 > Mayotte Eco – Epargnée par la crise… pour le moment
 > Sports – Foot, Basket, Athlétisme …
 > Dossier exceptionnel 6 pages – Le Foncier à Mayotte (Taxe Foncière, Cadis, Bornage, Régularisation, ZPG, Notaires, Nouveaux impôts, Parcelles …)

Le ministère s’intéresse aux étudiants ultramarins

La réussite des étudiants mahorais en Métropole est insuffisante. Le constat est amer, mais brutal. Une fois dans l’Hexagone, nos lycéens et étudiants sont plus confrontés à l’échec scolaire que leurs homologues de l’Hexagone ou des autres Dom-Tom. Changement de climat, de société, éloignement de la famille, peu de structures de soutien, repli communautaire, pas de préparation à la vie universitaire, tous ces éléments jouent dans le bilan peu flatteur des Mahorais : 6% passeraient du bac à la deuxième année de licence en 3 ans contre 20% au niveau national.

 

Hervé Baussart, professeur à l’Université de Lille 1 et ancien président de la même université a passé deux jours à Mayotte dans le cadre d’une mission du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Le but de celle-ci est de prendre en considération les conditions de vie des étudiants ultramarins – et donc des Mahorais – et de s’intéresser à leur environnement de départ pour améliorer leur réussite scolaire une fois dans l’Hexagone.

 

“La mobilité, le transport, l’orientation, nous nous intéressons à tout cela. Nous avons remarqué que l’orientation est surtout disciplinaire, alors qu’elle doit répondre à un projet professionnel. Nous devons aussi travailler sur l’accueil et l’accompagnement. Pourquoi ne pas faire bénéficier d’un système d’accueil à l’université avec tour du campus comme c’est le cas pour les étudiants étrangers ?”, a souligné l’émissaire de Valérie Pécresse. Lors d’une discussion avec des conseillers généraux ainsi que des techniciens de la CDM, Hervé Baussart a pu relever les attentes des élus mahorais.

 

Pas de pôle ni de logements universitaires à l’heure actuelle à Mayotte

 

Ainsi pour Hadadi Andjilani, 3ème vice-président du conseil général, étudier à Mayotte n’est pas un problème, au contraire de nombreux étudiants mahorais retardent leur départ en Métropole en assistant à des cours à l’IFM, au CEFSM ou au Cnam. Ce sont plutôt les conditions dans lesquelles les étudiants mahorais suivent leurs études supérieures : pas de pôle universitaire, ni de système de réductions pour leurs activités, transport parfois long entre le lieu de résidence et les salles de classe, etc. Le conseiller général de M’tzamboro, Ali Bacar, considère pour sa part qu’il y a “un énorme gâchis”, puisque des étudiants mahorais reviennent avec des compétences, mais sont contraints par le marché de l’emploi à se caser dans un secteur qui ne leur correspond pas.

 

Didier Mercier-Lachapelle, directeur général adjoint aux services à la population a quant à lui insisté sur la position statutaire bancale de Mayotte. “Nous ne sommes ni un Dom, ni un Com, mais une CDM, un statut qui n’est pas connu par les administrations universitaires. Cela n’est pas évident pour nos étudiants à faire comprendre aux personnels auxquels ils sont confrontés durant leurs démarches.” Enfin pour Mirhane Ousseni, 4ème vice-président du conseil général, la CDM attend que l’État mette des dispositifs complémentaires aux siens pour aider les étudiants mahorais en Métropole, surtout en matière de logement et d’accompagnement dans les démarches administratives. “Nous avons mis en place 5 médiateurs académiques qui sont chargés d’aider les étudiants mahorais sur place”, confie-t-il.

 

On le voit, les pistes de réflexion sont nombreuses, les solutions peuvent l’être aussi. Cette étude sur les conditions de vie des étudiants ultramarins se poursuit jusqu’en février. En espérant qu’elle puisse aboutir sur quelque chose de concret.

Faïd Souhaïli

 


 

 

Des étudiants pas tout à fait comme les autres

 

Les étudiants mahorais qui restent sur l’île sont de plus en plus nombreux. Mais contrairement à leurs collègues qui sont sur le territoire hexagonal ou dans les Dom, ils ne profitent pas de tous les avantages que pourrait leur conférer leur statut. Pas de réduction dans les transports, ni de logement universitaire, encore moins de sécurité sociale ou de mutuelle étudiante. Bref, la vie universitaire mahoraise n’est pas facilitée même si les étudiants possèdent une carte d’étudiant et la bourse nationale.

 

En Métropole, l’opération Micro portable étudiant (Mipe) a permis depuis 2004 à plus de 600.000 étudiants de disposer d’un ordinateur portable de qualité, à prix plancher, avec solution de financement correspondant à moins d’un euro par jour, garanti 2 ans et équipé des logiciels de base (tableur, traitement de texte, anti-virus). En 2004, 8% des étudiants français disposaient d’un ordinateur portable, maintenant, ils sont 55%.

 

Un effort a été fait également dans les universités pour avoir un accès gratuit à internet pour les étudiants grâce à des bornes wi-fi. Malheureusement, comme pour de nombreux dispositifs, tout cela n’est pas accessible à l’étudiant mahorais à l’heure actuelle, alors que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche reconnaît que la maîtrise des outils informatiques est aujourd’hui un préalable à toute insertion professionnelle.

 

Certains établissements ont choisi le principe du podcast ou baladodiffusion pour diffuser leurs cours. C’est le cas notamment de la faculté de médecine de l’Université Joseph Fourier Grenoble 2. Plus besoin d’être en amphi pour suivre le cours et il y a une possibilité d’envoyer ses questions aux professeurs par courrier électronique…

31/10/2008 – Bandraboua : La commune s’investit pour le logement

Premier point voté ce dimanche par le conseil municipal de "la commune la mieux gérée de l'île" (voir MH 401 "Les communes sont elles ruinées ?") : le rajout au budget d'une subvention du fonds intercommunal de péréquation, d'un montant de 150.387€, ainsi que le rajout de la recette d'une vente aux enchères de vieux véhicules réalisée récemment par la commune.

Toujours dans le domaine financier, le conseil municipal a enregistré l'encaissement d'une subvention allouée par l'Etat dans le cadre de la dotation globale d'équipement, pour l'achat de meubles destinés à la MJC de Bouyouni. D'un montant de 77.787€, la subvention a été accordée suite à une demande de la commune. Le conseil a également demandé à l'Etat une subvention complémentaire de 402.387€ pour l'achèvement des travaux du lotissement de Bandraboua mairie, en cours de réalisation. La commune y aménage 80 parcelles qui seront ensuite distribuées en priorité aux habitants ayant fait une demande de logement LATS. Elles devraient être achevées fin 2009.

Toujours sur le logement, le conseil a également revu une décision du 27 septembre dernier concernant l'achat de terrains communaux par des particuliers. "Dans le village de Dzoumogné, où la commune possède 16 hectares, plusieurs personnes ont construit illégalement", explique le secrétaire général de la mairie Abdillah Tamimou. "Le maire a choisi de leur laisser la possibilité de se régulariser en rachetant ces terrains à la commune, à un tarif préférentiel de 15€ le m² au lieu de 45€, leur valeur réelle. Plusieurs personnes ont déjà formulé des demandes d'acquisition. Nous avons choisi cette solution pour ne pas pénaliser les gens par rapport à ceux qui ont bénéficié de la régularisation gratuite des terrains de la CDM."

Deux envoyés au congrès de Guyane

Le conseil a également enregistré l'obtention de subventions allouées par la DE et la CDM pour les études de faisabilité de trois lotissements : à Dzoumogné, M'tsangamboua et Bouyouni. La subvention est de 45.000€ par lotissement, soit 135.000€ auxquels la commune rajoute 25.000€. Les travaux du lotissement de M'tsangamboua seront conduits par la DE, pour les deux autres, une demande de convention avec la Sim a été formulée.

La commune a également fixé le montant des indemnités versées aux habitants du quartier Kadjiftchéni à Bandraboua qui ont vu leur banga ou leurs cultures détruites pour les besoin de la RHI. Une indemnisation de 2.900€ sera divisée entre les trois personnes concernées pour la destruction des bangas; l'indemnisation des cultures sera fixée sur le barème établi par la Daf.

Dernière décision, celle concernant les déplacements à l'extérieur. Raisonnable, le conseil municipal de Bandraboua a décidé que ses deux envoyés au congrès de l'ACCDOM en Guyane, à savoir le maire et un de ses conseillers municipaux, se rendront également au retour au Congrès des maires de France à Paris.

Le conseil s'est terminé sur un débat concernant l'éviction récente de Madi Ahamada de la tête du Sieam, sans donner lieu à aucune décision officielle.

Hélène Ferkatadji

31/10/2008 – Air austral survole la crise

Malgré un contexte international tendu, un marché de l'aéronautique toujours aussi rude, une parité euro/dollar de plus en plus défavorable aux entreprises européennes et les aléas du prix de l'or noir, la firme réunionnaise présente un bon bilan pour l'exercice 2007 2008. Elle enregistre un chiffre d'affaires de 264 millions d'euros, soit une progression de 19% en un an. Sa marge d'exploitation se fixe à 6,4%. Elle bouclera donc l'année sur un résultat net de 12,5 millions d'euros.

Le flux de et vers Mayotte représente 24% du trafic total de passagers de la compagnie, soit 186.000 passagers des 789.387 transportés en 2007sur l'ensemble de ses lignes. Le trafic de fret et poste de et vers Mayotte s'est quant à lui hissé à plus de 2.100 tonnes en 2008, contre 84 tonnes en 1978, un an après la création de la compagnie. "Notre engagement envers Mayotte se traduit par une obligation morale de service public. Et malgré l'arrivée de la concurrence, nous continuerons à proposer la meilleure fréquence de desserte de l'île, avec la régularité et le sérieux qui ont toujours caractérisé la compagnie et sa relation avec Mayotte", a déclaré Gérard Etheve, directeur général d'Air Austral.

L'homme a ainsi voulu souligner "le lien de réciprocité qui réunit l'île et la compagnie depuis trente ans, l'une et l'autre s'épaulant dans leur développement respectif".

Illustration de sa volonté d'extension, la compagnie élargit son maillage régional, avec le lancement d'une nouvelle rotation hebdomadaire vers Tananarive, structurée autour d'un départ de Mayotte le vendredi et d'un retour possible le dimanche ou le lundi. Également prévu, le lancement d'une gamme de tarifs spécial "week-end" pour la Réunion, à partir de 180 euros hors taxe, qui restera fixe toute l'année. En exclusivité, les dirigeants d'Air Austral ont également dévoilé la grille tarifaire pour les deux nouvelles destinations, desservies à partir d'avril 2009, Sydney et Nouméa, sur des bases respectives de 798 € et 998 € hors taxes.

Concernant les projets de mesures avancés par M. Jégo en faveur du désenclavement des territoires ultramarins, M. Etheve a dévoilé que toutes les compagnies qui desservent l'Outremer français ont été conviées, le 3 novembre prochain, rue Oudinot pour une rencontre avec le secrétaire d'État. "La racine du débat réside en fait dans la technique de commercialisation des billets, dite du "drill management". Il apparaît, du point de vue des politiques, que cette technique ne soit pas la plus favorable pour les habitants de l'Outremer, mais pour l'heure, aucune compagnie ne peut s'extraire isolement de ce système généralisé au risque de disparaître", analyse le directeur.

Le directeur d'Air austral a conclu son intervention en annonçant l'agrandissement de la flotte pour 2009, grâce à la location de deux Boeing777 et l'achat d'un ATR72, avant d'évoquer le projet Air A380, filiale née du partenariat d'Airbus et d'Air austral, qui devrait devenir, à l'horizon 2014, une compagnie à bas coûts pour desservir l'Outremer. "L'A380 est l'outil qui sera capable d'apporter les tarifs les plus bas possible", a confié M. Etheve.

François Macone

30/10/08 – Pas de RSA avant 2015

Une délégation de Mayotte a été reçue ce lundi par Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-mer au ministère de la rue Oudinot. Dans un communiqué de presse envoyé par le sénateur Soibahaddine Ibrahim Ramadani, il ressort de cet entretien que le débat au Parlement préalable à la consultation de la population de Mayotte, n'aura pas lieu car le gouvernement n'y est pas favorable. Entre le 15 novembre et le 15 décembre 2008, des discussions s'engageront entre le gouvernement et les élus de Mayotte sur une "feuille de route" destinée à définir la forme de la consultation ainsi que le calendrier de la départementalisation. Ainsi, il apparaît d'ores et déjà que si la consultation portera bien sur la départementalisation mais qu'en revanche, la question posée sera adossée à la "feuille de route" retenue. La loi organique,  tirant les conséquences du vote positif des Mahorais, entrera en vigueur au plus tôt le 1er janvier 2010.

Ce sont les budgets 2010 et 2011 de la "Mission Outremer Mayotte" qui seront mobilisés pour financer la mise en application des "outils préalables" à l'extension de certaines matières dont la fiscalité (adressage, évaluation, compensation de perte de recettes etc.). Quant au volet social, il est envisagé d'aligner les minima sociaux actuellement applicables à Mayotte sur ceux de la métropole et des Dom. En revanche, le RSA, déjà adopté à l'Assemblée nationale et au Sénat, ne pourrait être étendu à Mayotte au plus tôt qu'en 2015 et au plus tard qu'en 2020.

29/10/08 – Crise financière : Mayotte épargnée pour le moment

Mardi matin s'est tenu, sous la présidence de M. Bruneel, directeur général des opérations à la Banque de France, et en présence de M. Barroux, directeur général de l'institut d'émission des départements d'Outre-mer (Iedom), le conseil de surveillance de L'Iedom. L'occasion pour les hôtes de M. Beltrand, directeur de l'agence de l'Iedom à Mayotte, de passer en revue l'évolution de la situation économique et financière des départements et collectivité d'Outre mer, mais également de faire un point sur l'impact de la crise financière sur les économies domiennes. Les experts présents ce matin à l'hôtel sakouli le reconnaissent. Aucune économie ne sortira indemne de cette crise. Cependant, la solidité des facteurs et des éléments intrinsèques de la croissance des territoires ultramarins pourraient en nuancer les effets. Pour l'heure, l'analyse des indicateurs ne révèle pas de récession, même si on ne peut exclure de "possibles répercussions dans les mois ou les trimestres à venir", a prévenu Yves Barroux.

La bonne tenue des fondamentaux de l'économie locale, comme la santé vigoureuse du secteur immobilier, la consommation des ménages soutenue, appuyée notamment par un recours au crédit croissant (30% d'augmentation en un an), la demande croissante de logement, l'activité du bâtiment et l'investissement marqués des entreprises locales, constitue pour l'heure, un rempart à la morosité économique globalisée. Thierry Beltrand, directeur de l'agence Iedom Mayotte, explique cependant que les conditions d'octroie de crédit par les banques commerciales pourraient se durcir, ce qui conduirait à affaiblir le dynamisme de la consommation et de l'investissement actuel. En effet, devant la difficulté des banques à trouver des financements, et en attendant les effets des différentes décisions politiques de garantir les prêts interbancaires, les établissements bancaires restreignent leurs conditions d'accès au crédit, pour faire face à l'augmentation de son coût.

28/10/08 – La grève des instits reconduite

En ce jour de rentrée scolaire, ils étaient environ 13% de grévistes selon le vice rectorat, dont une centaine de manifestants. Les instituteurs de l'intersyndicale SE CGT Ma/Sima Snudi FO ont été reçus dans la fin de matinée par le secrétaire général du vice recteur, pour un dialogue toujours aussi fermé. "Nous avons étudié les différents points de revendication avec eux, expliquet- on, au vice rectorat, mais nous leur avons fait remarquer, comme précédemment, que la majorité d'entre eux relèvent directement des ministères et non de notre compétence propre." La majoration de la DSI doit être versée par le conseil général ou l'Etat, la titularisation des contractuels relève d'après le vice rectorat d'un plan national, la construction des écoles primaires est passée sous la compétence de l'Etat d'après les syndicats, reste de celle des communes pour l'administration, comme c'est le cas en métropole. "Nous avons fait remarquer au secrétaire général du SE CGT qu'il avait écrit au premier ministre sur ces sujets, s'il y a une réponse elle ne viendra pas de nous mais de plus haut."

Côté grévistes on ne se satisfait toujours pas des réponses apportées. "Le discours du vice rectorat n'a pas changé d'un iota, déplore Rivo. Notre mouvement à maintenant l'assentiment des élus locaux, si le vice recteur ne change pas sa position, nous continuerons le mouvement." La grève est donc reconduite ce mardi, l'intersyndicale ne demande audience à personne mais annonce qu'elle est ouverte au dialogue, celui qui va dans son sens.

27/10/08 – Le 5e forum des îles de l’océan indien à Mayotte

Le 4ème Forum des Iles de l'Océan Indien impulsé par l'Union des Chambres de Commerce et d'Industrie de l'Océan Indien qui a eu lieu à Moroni du 21 au 23 octobre vient de se terminer. 275 institutionnels et opérateurs du secteur privé ont participé à ce forum dont 90 étrangers composés des délégations des Emirats Arabes Unis, Mauriciennes, Réunionnaises, Malgaches, Seychelloises et Mahoraises. Des thèmes importants pour la région ont été soulevés. Près de 600 rencontres B2B ont eu lieu en parallèle des ateliers de travail et 50 d'entre elles ont fait l'objet de signatures de partenariats. En marge du Forum, le Conseil d'Administration de l'UCCIOI où l'ensemble des membres titulaires et associés étaient présents s'est réuni le mercredi 22 octobre à 18 heures pour procéder à la prise de décisions et élire le nouveau bureau. Ainsi la candidature de la CCI de Mayotte pour l'organisation du 5ème Forum des Iles de l'Océan Indien a été adoptée à l'unanimité des membres.

24/10/2008 – Semaine bleue : La parole aux anciens

"Pour vivre ensemble nos âges et nos cultures, restons connectés !" Ce slogan est le thème de la Semaine bleue 2008, la première organisée à Mayotte. Et pour mieux connecter les personnes âgées aux jeunes, l'association Wadzadé de Bandraboua a choisi de les accueillir… au foyer des jeunes. Pilotée par l'Afar CDM, l'Association des fonctionnaires et agents retraités de la CDM, la Semaine bleue repose sur les associations communales, notamment Wadzadé de Bandraboua, la Fam de Moinatrindri et les Cocos club sénior de Pamandzi. Ces trois structures recevaient 150 à 200 personnes venues de toute l'île lundi, mardi et mercredi, pour permettre aux personnes âgées de se rencontrer, d'échanger et de parler de leurs problèmes du quotidien aux associations fédérées.

"Les faire circuler dans l'île toute la semaine permet de lutter contre l'isolement qui frappe les personnes âgées", explique le président de l'Afar CDM. "Cela leur permet de revisiter leur île, des endroits qu'ils n'ont pas vus depuis longtemps et qui ont beaucoup changé." Au programme de cette première journée, une présentation des différentes associations et de l'Afar CDM qui fédère toutes les structures. "Il y a peu d'activités pour ces personnes", regrette Ali Nizari, le président de Wadzadé. "Il faut leur permettre de se rencontrer, mais aujourd'hui nous allons aussi leur parler de la politique de la Collectivité les concernant et des dossiers pour lesquels nous luttons, notamment le logement sur lequel il y a un gros travail à faire, ainsi que la santé."

 "Bien vieillir"

La semaine s'est poursuivie dans une bonne ambiance à Moinatrindri où l'association locale avait prévu un repas traditionnel confectionné par les cocos, ainsi qu'un maoulida shengué. Mercredi, les Cocos de Pamandzi recevaient leurs camarades pour une exposition de Bachir, de photos de la création de Pamandzi, avec un couscous géant et une exposition des créations des cocos, essentiellement des poupées mahoraises. Bandraboua poursuit l'animation en fin de semaine avec un namandzia géant au foyer des jeunes ce vendredi à partir de 15h, suivi d'une soirée de danses traditionnelles.

En clôture de cette première Semaine bleue mahoraise, une conférence sur le thème "Bien vieillir" est organisée au Koropa ce samedi 25 pendant toute la journée. Organisée par l’Afar CDM en collaboration avec toutes les associations de personnes âgées de Mayotte, elle permettra de faire remonter les revendications de cette classe d'âge qui a peu la parole. Une soirée zamantalouha le soir du samedi 25 au foyer des jeunes de Bandraboua conclue la semaine.

Hélène Ferkatadji

24/10/2008 – Entretien avec le Préfet Denis Robin

Mayotte Hebdo : Que ce passe-t-il avec la commune d'Acoua ?

Denis Robin : C'est la première commune pour laquelle nous déclenchons un contrôle budgétaire auprès de la Chambre régionale des comptes. Même si l'article 72 de la Constitution pose le principe de la libre administration des collectivités, ce principe n'est pas exempt de contrôle, pour lequel interviennent deux autorités; d'une part le préfet, et d'autre part la Chambre régionale des comptes. Je le rappelle, cette Chambre a deux missions : une mission d'audit et une mission juridictionnelle.

Les cas de saisines de la Chambre régionale des comptes sont cependant limités au nombre de quatre : absence de budget, déséquilibre du budget, insincérité des inscriptions budgétaires, et non-inscription d'une dépense obligatoire. Concernant la commune d'Acoua, le motif de saisine concernait le déséquilibre du budget, qui est de l'ordre d'1,6 million d'euros. La Chambre régionale des comptes m'a demandé de faire des propositions de rééquilibrage du budget et s'est substituée aux élus de la commune pour arrêter un nouveau budget.

 

MH : Peut-on parler de mise sous tutelle ?

D.R : Non. Je ne crois pas que l'on doive parler de mise sous tutelle. C'est un terme daté. Le maire et le conseil municipal n'ont pas été soudainement dessaisis de toutes leurs attributions à la faveur du préfet. Il est plus juste de dire que le budget, qui reste le cadre dans lequel va s'inscrire l'activité financière de la commune, a été fixé par la Chambre régionale des comptes.

En terme de conséquences, cette décision est tout de même contraignante. Le maire et le conseil municipal ne peuvent plus faire ce qu'ils veulent. Ils sont désormais encadrés par un budget qu'ils n'ont pas voté et qu'ils ne peuvent modifier. Même le payeur communal est tenu par ce budget arrêté.

 

 "Face à des budgets que nous estimons insincères, je n’hésiterai pas à saisir la Chambre régionale des comptes"

 

MH : D'autres communes peuvent-elles être concernées par de telles mesures ?

D.R : Non, pas dans l’immédiat pour des communes. En tout cas ça n'aurait pas grand sens, car nous arrivons à la fin de l'exercice budgétaire. Par contre, la façon dont s'est déroulé l'exercice budgétaire des communes en 2008 et l'analyse qu'en ont fait les services de la préfecture font apparaître un certain nombre de doutes sur la sincérité de certaines inscriptions budgétaires, et sur l'inscription des dépenses obligatoires au budget. A partir de ce constat, il est évident que la préfecture sera extrêmement vigilante pour la préparation de l'exercice 2009 sur ces questions-là. Et si nous nous retrouvons face à des budgets que nous estimons insincères, je n’hésiterai pas à saisir la Chambre régionale des comptes.

 

MH : Les rapports de la Chambre régionale des comptes et l'analyse des comptes administratifs des communes mettent en lumière une gestion calamiteuse et des pratiques que l'on peut qualifier d'abusives. Outre la saisine de la Chambre des comptes, l'Etat a-t-il d'autres moyens d'actions ou de pressions sur les communes ?

D.R : Oui. La liberté des collectivités n'est pas exclusive de l'accompagnement et du contrôle par le préfet. L'accompagnement d'abord. Afin d'éviter d'entrer dans une phase de contentieux avec les collectivités, nous pouvons tenter d'exercer auprès d'elles une fonction de conseil. Ce conseil peut prendre plusieurs formes. Il peut par exemple être méthodologique, en rappelant le principe de sincérité des inscriptions budgétaires, ou le sacro-saint principe de l'inscription des dépenses obligatoires. Nous pouvons aussi leur expliquer comment construire un budget, en commençant par inscrire les dépenses obligatoires, les salaires, le paiement des fournisseurs, et c'est seulement après qu'elles pourront répartir la masse disponible sur des dépenses à caractère moins contraint, comme les acquisitions de véhicules, les déplacements, les fêtes et cérémonies, etc. Dans cette optique, nous allons réunir tous les maires courant novembre pour avoir cette explication avec eux. Dans un deuxième temps, il existe un contrôle, autre que celui juridictionnel exercé par la Chambre régionale des comptes, sur l'utilisation faite des dotations et des subventions de l'Etat aux communes. Le préfet est chargé de veiller à l'utilisation des fonds de l'Etat sur le territoire dont il a charge, et je compte bien exercer cette prérogative avec conviction. Notamment déclencher un certain nombre d'audits dans les communes pour vérifier comment ont été utilisées les dotations délivrées, particulièrement en ce qui concerne les constructions scolaires, la dotation spécifique état civil et la dotation globale d'équipement.

  

"J'ai demandé à être entendu personnellement par la commission des finances du conseil général"

  

MH : Beaucoup de municipalités expliquent leur faible taux de réalisation des investissements par le défaut de versement effectif des différentes dotations de l'État. Quelle est votre position sur ce point ?

D.R : Tout d'abord, il est important de préciser qu'il existe deux formes de dotations différentes. La plus importante, la dotation globale de fonctionnement, est versée régulièrement et de manière automatique. D'autre part, les subventions, qui sont en fait des remboursements des dépenses engagées par les communes, ne peuvent être versées que sur production effective des factures. Si la commune ne produit pas les justificatifs, ou, car il faut aussi que l'on balaye devant notre porte, si les services de l'État ne sont pas suffisamment diligents pour vérifier les dossiers produits par les communes, il est évident que c'est autant d'argent qui dort. J'ajouterai que nous avons fait un effort sur le Fip (Fonds intercommunal de péréquation), cette année, car le décret autorisant son versement a été très long à venir : il est arrivé le 9 septembre. Dès le mois d'avril, nous avons versé, par anticipation, la part du Fip réservée au fonctionnement, mensuellement.

 

MH : De nombreuses voix s'élèvent pour exiger le règlement de la dette de l'Etat à la CDM, mais aussi pour que les paiements par les différents services de l'État des factures dues aux entreprises se fassent dans des délais plus acceptables. L'État ne devrait-il montrer l'exemple ?

D.R : Sur la question de la dette de l'État, je tiens à préciser que cela concerne uniquement la Collectivité départementale, et non pas les communes. Depuis mon arrivée, on s'envoie à la figure des chiffres qui donnent le tournis. J'ai d'abord entendu parler de 63 millions d'euros, puis de 45 millions d'euros. Devant l'importance de ces montants, j'ai immédiatement voulu vérifier. J'ai demandé à ce que les services de la préfecture se rapprochent de ceux de la trésorerie générale pour me faire un décompte précis de ce qui a été versé à la CDM, et de ce que doit l'État. D'ailleurs, la notion de dette, entre collectivités publiques, n'a que peu de sens, il serait plus juste de parler de "reste à verser".

 

 "Il est clair que tant que le marché de Mamoudzou ne sera pas réceptionné et en état de fonctionnement, je ne verserai pas le solde"

  

Pour revenir au chiffre, je constate que nous sommes très loin de ceux qui ont été avancés. Et c'est pour mettre fin à ce débat stérile que j'ai demandé à être entendu personnellement par la commission des finances du conseil général. L'audition est fixée au 30 de ce mois, en présence du Trésorier-payeur général. L'occasion d'enfin poser sur la table des chiffres fiables, pour que l'on sache exactement de quoi l'on parle. Même si je ne peux dévoiler ici tous les faits, je peux simplement avancer que nous sommes plus proches de 10 millions d'euros.

De plus, sur ces restes à payer, il y a des factures importantes qui ont été envoyées par le conseil général au mois d'août. Entre collectivités publiques, deux mois de traitement de trésorerie, ce n'est pas vraiment surprenant, c'est même très banal. Il y a également des factures qui ont été envoyées pour des équipements qui ne sont pas achevés. On me demande aujourd'hui, par exemple, de verser le solde de la subvention de l'État pour le marché de Mamoudzou. Il est clair que tant que ce marché ne sera pas réceptionné et en état de fonctionnement, je ne verserai pas le solde.

Concernant les services de l'État, la source du problème peut être double. Comme je l'ai déjà dit précédemment, peut-être que les services ne sont pas suffisamment diligents dans le traitement technique des dossiers et des factures qu'ils reçoivent. Je vais vérifier la situation avec le Trésorier-payeur général, et si c'est le cas, donner des instructions afin de corriger cela. Il existe également un deuxième facteur. Les services de l'État à Mayotte reçoivent en général en début d'année une avance importante, de l'ordre de 80%, des fonds de leur budget pour l'exercice à venir. Le solde arrive généralement en fin d'exercice. Dès lors, il est possible qu'ils conservent un stock de factures dans l'attente du versement, par leur administration centrale, du solde de leur budget.

 

MH : Il y a 5 ans, face à la même situation, le préfet avait provoqué une réunion d'urgence avec les représentants patronaux, le Trésorier-payeur général et le président du conseil général. Après avoir pris l'engagement de ramener les délais de paiement à trois mois, la situation s'était rapidement améliorée. Une telle réunion est-elle envisageable aujourd'hui ?

D.R : Je ne suis pas un adepte des grands-messes, qui souvent dramatisent un sujet. Même si elles peuvent, il est vrai, apporter parfois des solutions immédiates, elles ne sont, le plus souvent, pas pérennes. Ce que je souhaite plutôt, c'est engager un travail de fond. Et ce, dans trois directions. D'abord sur l'objectivité du discours. Je veux que l'on s'habitue, entre partenaires publics, à parler sur des bases objectives et arrêter de manier le fantasme.

Ensuite, engager un travail de fonds, d'explications et de compréhension mutuelle, avec l'ensemble des collaborateurs publics, que sont notamment les maires. C'est d'ailleurs l'objet de la réunion qui se tiendra au mois de novembre. Et enfin, engager un travail d'audit, mais aussi, il faut bien le dire, de contrôle de l'utilisation des deniers publics. Je ne veux pas que l'on puisse considérer que l'Etat est complice ici, par son abstention, de dérive financière. J'engagerai donc les moyens, dans mes services, pour m'en assurer.

Pour conclure, j'avancerai que l'urgence, c'est améliorer la gestion administrative collective, pour qu'on l'on se donne les moyens de s'assurer que, lorsque des travaux sont engagés, le paiement des fournisseurs soit considéré, par les collectivités publiques, comme une priorité. Cela passera par un travail d'explications, de pédagogie, d'accompagnement et de contrôle que nous allons amorcer. Mais dans notre état de droit, l'État ne peut pas, à sa guise, se substituer aux collectivités publiques pour régler des factures.

 Propos recueillis par François Macone

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes