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4 ans fermes pour le chef d’un réseau de kwassas

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Le tribunal correctionnel de Mamoudzou jugeait hier une affaire de trafics de clandestins entre Anjouan et Mayotte. 7 personnes comparaissaient pour des faits remontant à 2016. Ils ont été reconnus coupables d’aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’étrangers sur le territoire national en bande organisée. Leur chef a écopé de 4 ans de prison fermes. 

Ils sont accusés d’avoir réalisé une trentaine de voyages illégaux au départ d’Anjouan vers Mayotte entre 2015 et 2016. Les 7 prévenus, tous de nationalité comorienne, qui étaient appelés à la barre hier, étaient membres d’un important réseau comprenant plusieurs dizaines de personnes. Certaines sont passées à travers les mailles du filet. Les 7 comparses qui étaient convoqués au tribunal ce mercredi ont eu moins de chance.

Tout a démarré en avril 2016 lorsque le radar de M’tsamboro repère un kwassa se dirigeant vers les côtes mahoraises. Alors que la gendarmerie s’apprêtait à intervenir, l’embarcation décide de repartir en sens inverse. Rapidement, les forces de l’ordre ont repéré un individu qui semblait donner des instructions par téléphone depuis le front de mer de M’tsamboro. C’est son interpellation qui permettra de remonter le réseau. 

Parmi les personnes interpellées, 7 seront placées en détention provisoire. Ils ont pour la plupart purgé 18 mois de prison avant leur remise en liberté en novembre dernier et leur jugement ce 17 janvier 2018. 

Lors du procès, les 6 petites mains accusaient l’un des leurs d’être à la tête du réseau alors que ce dernier niait. “J’étais le chef du téléphone. C’est mon frère à Anjouan qui dirigeait tout”, tente-t-il de se défendre devant le juge pour éviter une peine trop lourde. En effet, le prévenu en question risquait jusqu’à 10 ans de réclusion si son rôle à la tête du réseau était confirmé. 

Finalement, sa responsabilité en tant que chef du groupe a été reconnue comme telle par le juge et ses assesseurs. La peine infligée sera néanmoins plus clémente que ce que prévoyaient les textes. L’intéressé a donc écopé de 4 ans de prison fermes avec mandat de dépôt. Quant aux trois pilotes de kwassas et aux trois guetteurs, ils ont pris respectivement 20 mois fermes et 12 mois fermes. Ces derniers ont pu repartir libres de la salle d’audience. Tous ont également été condamnés à une interdiction de résider sur le territoire français pendant 3 ans. Ils doivent donc quitter Mayotte par leurs propres moyens ou attendre d’être interpellés par la police aux frontières. Une situation quelque peu paradoxale. 

 

Échauffourées entre gendarmes et grévistes

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La grève se poursuit à Mayco à Longoni. Et hier le mouvement a dérapé. Les gendarmes ont interpellé deux salariés après une altercation entre grévistes et un huissier de justice.

Un incident s’est produit hier matin devant la société Mayco. Alors qu’un huissier devait se rendre dans les locaux de l’entreprise, les grévistes qui bloquent depuis plus de 70 jours la société lui ont barré l’accès aux locaux. D’après le témoignage d’un salarié, un de ses collègues a arraché le cahier de l’officier de justice. C’est l’élément déclencheur de l’intervention de gendarmerie qui accompagnait l’huissier. S’en sont suivis deux interpellations musclées. La gendarmerie a déclaré que trois agents ont été blessés par des coups et une morsure. « C’est faux », rétorque Soilihi Midaïn, le délégué syndical CGT Ma. « Aucun gendarme n’est blessé, mais par contre de notre côté nous avons cinq blessés à la suite des coups de matraque et jets de gaz lacrymogène. Trois sont à l’hôpital et les deux autres en garde à vue », expliquait-il hier au téléphone. « Nos collègues vont porter plainte, mais on sait que c’est peine perdue quand on s’attaque aux forces de l’ordre », ajoutait-il. Hier dans la journée, les vidéos de la scène d’interpellation ont fleuri sur les réseaux sociaux. On y voit, en effet, une intervention très musclée des forces de l’ordre. Les grévistes se plaignent notamment de provocations à répétition qu’un gendarme aurait formulées depuis quelques jours. « C’est lui qui a gazé un collègue. La veille, il nous avait menacés en disant : vous allez voir! » (sic).

À présent, faut-il craindre une escalade de la violence dans ce mouvement social qui s’enlise? En tout cas, les grévistes ne souhaitent pas communiquer sur la réponse qu’ils apporteront ou pas à l’incident d’hier. « C’est une honte pour le préfet et les élus ce qui se passe à Mayco. On a l’impression qu’elle fait ce qu’elle veut. Elle a notamment refusé de participer à la réunion proposée par le préfet avant les fêtes de fin d’année », condamne Soilihi Midaïn.

Pour rappel, les grévistes ont accepté les propositions de sortie de conflit de la direction, mais ils souhaitent que les dirigeants ne sanctionnent pas les grévistes une fois la grève terminée. Point sur lequel le directeur n’a pas souhaité s’engager. Un désaccord qui conduit à un bras de fer dont l’issue est difficilement perceptible. 

Drame à Koungou | « Je n’ai aucun autre endroit où aller »

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Suite au décès d’une mère et de quatre de ses enfants à Koungou en raison de l’effondrement de leur habitation, près d’une centaine de résidents du quartier Caro Boina ont été évacués puis relogés. Où sont-ils désormais ? Seront-ils relogés de manière pérenne ? Qui est responsable du drame ? Eléments de réponse ci-dessous. 

Depuis jeudi dernier, des habitants du quartier Caro Boina – où une mère et ses quatre enfants ont péri au sein de leur habitation suite à un glissement de terrain provoqué par de fortes pluies – sont hébergés d’urgence au foyer des jeunes de Koungou. D’après la Croix-Rouge, qui coordonne l’opération, les 86 personnes concernées (hommes, femmes et enfants) devront de nouveau être transférées dans un autre centre d’hébergement sous peu. 

Jointe par téléphone, une des mères de famille actuellement logée au foyer des jeunes de Koungou avec ses sept enfants, son mari et sa mère, a expliqué qu’on lui avait proposé un hébergement à Tsoundzou 2 pour trois semaines mais qu’elle avait refusé, ses enfants étant scolarisés à Koungou et la famille ne disposant pas de moyen de transport personnel. « Je reste ici car je n’ai aucun autre endroit où aller », témoigne encore Mari (*le prénom a été changé), à qui un hébergement à Koungou a finalement été proposé. Si la Croix-Rouge et les associations comoriennes sont venues à la rencontre des familles évacuées, l’époux de Mari s’offusque de ce qu’aucun responsable de la mairie ne soit venu échanger avec elles. « Personne n’est venu nous parler, nous expliquer quelles démarches entamer, etc. », tempête le chef de famille. L’habitation dans laquelle loge la famille de cet homme a été érigée en 2003 sans permis de construire sur un terrain appartenant au groupe Cananga et fait partie d’une des premières à avoir vu le jour dans ce quartier, selon lui. « La commune était au courant et consciente du danger. Depuis le début, elle aurait dû dire à ma femme de ne pas construire ici, que c’était dangereux, mais la mairie n’a rien fait », ne décolère pas cet habitant. 

A qui la responsabilité ?

Pour ce chef de famille, la responsabilité du drame survenu à Koungou la semaine dernière est donc directement imputable à la mairie. Nous avons cherché à de nombreuses reprises à contacter le maire de Koungou, notamment sur ces questions, en vain. 

Cependant, une enquête est en cours et a pour objectif de déterminer les causes de la mort de la mère et de ses enfants afin de déterminer une éventuelle responsabilité pénale. Pour ce faire, nous explique le procureur de la République, Camille Miansoni, il est nécessaire de répondre à une série de questions préalables, telles que : « Qui est le propriétaire ? Dans quelles circonstances l’habitation a-t-elle été construite et mise à disposition ? Quel est l’historique de ce logement? » Il est encore bien trop tôt pour y apporter des réponses, l’enquête devant se dérouler « à froid » selon le procureur, et une fois le père de famille endeuillé en condition pour témoigner.

Mercato | Le footballeur mahorais El Fardou s’engage avec l’Étoile rouge de Belgrade

L’attaquant mahorais El Fardou Ben Mohamed, a quitté le club grec de l’Olympiacos où il évoluait depuis l’été 2017. Il a rejoint le weekend dernier le club serbe L’étoile rouge de Belgrade. L’international comorien, né à Passamainty, s’est engagé pour un contrat de deux ans et demi avec le club de la capitale serbe. Le transfert a été opéré pour un montant de 500 000 €. Se plaignant d’un faible temps de jeu (seulement 10 apparitions toutes compétitions confondues depuis le début de la saison), le Mahorais a refusé en décembre dernier l’offre de prolongation de son contrat formulée par son ancien club. À la suite de cette décision, les dirigeants de l’Olympiacos ont écarté El Fardou Ben Mohamed de l’équipe première. Le divorce était donc consommé entre le joueur et le club du Pirée (Athènes).  « J’ai fait ma part en Grèce maintenant j’ouvre une nouvelle page en Serbie…», a déclaré en conférence de presse le natif de Mayotte. Il s’est dit honoré de désormais jouer pour « le plus grand club de foot serbe ». L’enfant du pays s’était illustré en juillet dernier en contribuant à la qualification de l’Olympiacos en ligue des champions. Il avait inscrit notamment 2 buts lors du match aller face au Partizan Belgrade le grand rival de son nouveau club. 

 

Une centaine de passagers d’Ewa Air bloquée à Madagascar

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C’est l’une des conséquences du violent cyclone qui a frappé Madagascar le premier week-end de janvier. De forts vents ont persisté toute la semaine au nord de l’île, rendant impossible les rotations des appareils d’Ewa Air. Une centaine de passagers de la compagnie mahoraise s’est retrouvée bloquée à l’aéroport de Diego-Suarez pendant plusieurs jours. Ava perturbe Ewa.

Le cyclone qui a balayé Madagascar il y a plus d’une semaine a des répercussions sur la compagnie aérienne mahoraise et ses passagers. Les conditions météorologiques ont conduit au report, jeudi 4 et vendredi 5 janvier, de deux vols, programmés au départ de l’aéroport de Diego-Suarez, situé au nord de Madagascar et à destination de Mayotte. Les voyageurs ont pu regagner Dzaoudzi-Pamandzi samedi 6 janvier, lors d’une accalmie. Les passagers des vols du dimanche 7 et du mardi 9 janvier, reliant Diego-Suarez à Mayotte, ont dû prendre davantage leur mal en patience. Ils n’avaient toujours pas pu embarquer vendredi. « Une centaine de personnes environ sont coincées là-bas », regrette le directeur de la compagnie, Ayoub Ingar. La situation devait rentrer dans l’ordre au cours du week-end, avec une météo s’annonçant plus clémente du côté de Madagascar. Mais une dégradation, attendue à Mayotte, laissait planer l’éventualité d’un nouveau report des vols pour Dzaoudzi-Pamandzi. Tout au long de la semaine, « le problème à Diego, c’était le vent en biais. C’est très risqué. La limite autorisée (pour décoller et atterrir, NDLR) est de dix nœuds dans cet aéroport. » Depuis que le cyclone a frappé le pays, « on a entre 18 et 28 nœuds », assure Ayoub Ingar. « La sécurité est notre priorité. A Diego, la piste est plus petite qu’à Mayotte. Avec le même vent, d’autres pistes nous permettent d’atterrir. Les aéroports de Diego et d’Anjouan sont les deux points noirs. » Deux vols exceptionnels ont été programmés ce week-end, pour rapatrier les passagers de Diego-Suarez. « On a ouvert notre cellule de crise. Nous devons jongler avec les appareils et l’équipage, tout en respectant les règles, et en assurant le programme régulier. Tout le monde est mobilisé. » La compagnie ne possède que deux avions ATR 72-500 pour une vingtaine de pilotes, copilotes et personnel naviguant. Côté programme régulier, un autre vol était prévu ce samedi, entre Diego-Suarez et Dzaoudzi-Pamandzi. Complet, il ne pouvait pas prendre en charge les voyageurs bloqués. Conséquence : « Si la météo s’aggrave, ça augmente le nombre de passagers qui ne peuvent pas embarquer », craignait, par anticipation, le directeur d’Ewa Air.

La colère gagne certains des passagers bloqués à Madagascar 

Ils ont dû être délogés par les forces de l’ordre. En colère, une partie des passagers bloqués à Diego-Suarez a envahi, jeudi, l’agence Air Austral de l’aéroport malgache. Ewa Air est une filiale de cette dernière compagnie. «Je comprends un peu ces passagers», livre le directeur d’Ewa Air, Ayoub Ingar. «Cette situation n’est pas de notre faute. Aucune compagnie ne laisse un avion cloué au sol par plaisir ou pour embêter les gens. Ça coûte plus cher qu’un avion en vol.» La grogne des voyageurs de Diego-Suarez est sans doute alimentée par l’absence de prise en charge par la compagnie : ni repas, ni hôtel. «La réglementation européenne dit qu’en cas de catastrophe ou phénomène naturel, nous n’avons pas à le faire», réagit Ayoub Ingar.

 

Mont Choungui | Une ascension pas comme les autres…

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Le 23 décembre dernier, l’association Handicapable de Mayotte s’est rendue au pied du mont Choungui avec le pari d’atteindre le sommet. Un défi accompli, non sans un peu de douleur, certes, mais surtout dans la joie et la bonne humeur ! Entre la préparation et l’ascension, l’évènement a permis à l’association de faire passer des messages. Récit. 

S’il existait déjà, le terme « handicapable » a été entendu pour la première fois sur l’île en mars 2017, durant le tour de Mayotte en fauteuil roulant (TMF). Son promoteur, Ambdirazakou Ousséni Coco -alias Docteur Léo – paraplégique mahorais, définissait alors le terme « handicapable  » ainsi : « Un handicapable est une personne en situation de handicap qui défie ses limites dans l’intention de prouver que le handicap n’est pas une fatalité, mais bien une situation qui incite à l’adaptation. » Il ajoutait « Un handicapable est aussi une personne valide qui a pris conscience de la discrimination dont sont victimes les personnes en situation de handicap et qui agit de façon concrète pour défendre leur cause. »


► Docteur Léo, administrateur de l’association Handicapable de Mayotte. Crédit photo : DJ Mike.


► Top départ pour trois jours d’ascension. Crédit photo : DJ Mike.

Aujourd’hui, l’instigateur du TMF et administrateur de l’association Handicapable de Mayotte résume: « En définitive, un handicapable, c’est le mariage entre une personne valide et une personne en situation de handicap, le mariage de leur courage, leur noblesse et leur solidarité. Notre association ne pouvait porter un autre nom, car aucun autre nom n’aurait pu mieux traduire la raison de son existence. »  

Après ce défi du Tour de Mayotte, l’association s’est lancée un autre challenge : gravir le mont Choungui avec des personnes en situation de handicap. Trois jours, trois étapes : la montée de la côte menant au village de Choungui le vendredi 22 décembre, l’ascension du mont le samedi 23 décembre et la descente du mont le dimanche 24 décembre. Challenge réussi avec brio.


► Crédit photo : DJ Mike.

« Nous n’avions rien, et deux semaines pour réussir notre pari. »

« Le samedi 9 décembre, nous avions une réunion dans le cadre de la création de l’association et avant ce jour nous n’en avions jamais vraiment parlé », dévoile Docteur Léo. « L’idée a été proposée et validée ce jour-là, pour une réalisation du projet le 23 décembre. Nous n’avions alors rien, et deux semaines pour faire en sorte de réussir notre pari. »

L’ascension du mont Choungui devait répondre à quatre des 16 points de l’article 2 des statuts de l’association, à savoir « Apporter un nouveau regard sur le handicap en interpellant les citoyens » ; « Sensibiliser et informer sur la notion du handicap » ; « Mener des actions individuelles et collectives sur toute l’île »; et « Lutter contre l’isolement des familles détenant une ou des personnes en situation de handicap. »

Un fauteuil roulant au sommet du mont Choungui ? L’idée, pour son côté extravagant voire irrationnel, est rapidement relayée par les médias locaux. Logiquement, l’information se répand comme une traînée de poudre. Articles de presse, émissions de radio, ou encore journaux télévisés, Docteur Léo et l’association Handicapable de Mayotte font le buzz tandis qu’une pluie d’encouragements déferle sur les réseaux sociaux et les chaînes de radio.

Dans la commune de Kani-Kéli, et particulièrement dans le village de Choungui qui doit accueillir l’évènement, la mobilisation s’organise : une famille s’engage à héberger les Handicapables durant les trois jours qui couvrent le projet. De son côté, l’association du village Zazatsara La Montagne leur promet un grand accueil.

Néanmoins, trois jours avant l’évènement, la question de la sécurité se pose à nouveau et fait débat au sein de l’association. En réunion, le mercredi 20 décembre, il est question de reporter l’action à une date ultérieure.


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Fin de la première étape et accueil populaire à Choungui. Crédit photo : DJ Mike.

A Choungui, la fête jusqu’à minuit

« Une société spécialisée dans l’escalade se propose de sponsoriser l’évènement et de prendre intégralement en charge la montée des personnes en situation de handicap », fait savoir Toihir Saïd Hassani, trésorier de l’association Handicapable de Mayotte. « Mais elle a besoin de plus de temps pour obtenir les moyens de financer l’équipement nécessaire pour un tel projet. Elle nous demande de décaler l’ascension au mois de mars 2018. » Il poursuit : « Nous avons six personnes en situation de handicap, dont quatre en fauteuil roulant, et aujourd’hui, nous sommes à peine une dizaine d’accompagnateurs. Sans tenir compte des risques météorologiques, en cette période de fortes pluies. Le défi est intéressant, mais nous devons aussi être réalistes. »


► Crédit photo : DJ Mike.

« Nous avons fait tous les médias de l’île et le message est plus que passé : on nous attend. Nous ne pouvons pas faire machine arrière si près du but ! », rétorque Alkaline, secrétaire adjoint de l’association. « Nous maintenons l’ascension », tranche Docteur Léo, « mais en vu du nombre que nous sommes, nous ne pouvons monter tous les fauteuils au sommet. C’est insensé. Le samedi 23 décembre, nous laisserons deux personnes en fauteuil au village de Choungui. » Une proposition validée à l’unanimité.

Vendredi 22 décembre, jour J. Les Handicapables se retrouvent à 13h à Caroni dans la commune de Chirongui, pour la première étape de l’ascension. C’est une quinzaine de personnes qui s’attaque à la côte ralliant le carrefour au village de Choungui. Rejoints au carrefour Djalimou, à mi-chemin, par les policiers municipaux de la commune de Kani-Kéli et une vingtaine de volontaires, les Handicapables atteignent Choungui en fin de journée, effectivement accueillis comme des héros par les Chounguiens et l’association culturelle du village.


► Crédit photo : DJ Mike.

« Prendre le temps » : le mot d’ordre de l’ascension

« Cet accueil populaire, ces danses et chants traditionnels pour nous escorter lentement et sûrement vers la place publique du village, ces mamans qui nous couvrent de fleurs de jasmin, ces sourires, ces accolades, ces encouragements, ces félicitations… Cette ambiance rappelle fortement les fins d’étapes du tour de Mayotte en fauteuil roulant. C’est très fort émotionnellement », savoure la vice-présidente de l’association, Asmine Inssa.

Le temps de souffler et d’engloutir le festin préparé par la famille d’accueil, et les Handicapables regagnent en début de soirée la place publique du village, où les associations culturelles se succèdent jusqu’à minuit pour une fête en l’honneur des invités du jour.

Samedi 23 décembre. La nuit a été courte pour les Handicapables, qui se dirigent tranquillement au pied du sommet. C’est entourés d’une dizaine d’accompagnateurs que Miki, président d’honneur de l’association HDM et tétraplégique, Saïdal, père de famille non voyant, Fatima, jeune sudiste en situation d’obésité sévère, et Docteur Léo entament l’ascension.

Ce dernier traverse les premiers obstacles sur son fauteuil, et quand ceux-ci sont infranchissables, les « handicapables valides », saisissent les quatre parties du fauteuil et changent la donne. Deux heures après le départ, voici le groupe scindé en deux. Devant, Mikdar et Saïdal sont accompagnés par une partie des membres de l’association, toutefois leur handicap perturbe dans une moindre mesure l’ascension.

Pour Fatima et Docteur Léo, c’est une autre histoire. A mi-parcours, il n’est plus question de marche, mais d’escalade. Le fauteuil n’est plus utile : il est porté au dos par deux volontaires qui se relaient et rejoignent le groupe de tête. Ici, le mot d’ordre est « prendre le temps ».


►Crédit photo : DJ Mike.

« P… c’est ça Mayotte ?! »

Il faut tantôt porter entièrement l’initiateur du tour de Mayotte en fauteuil roulant, tantôt porter la partie basse de son corps : les jambes et le buste, paralysés, afin qu’il puisse escalader avec la force de ses bras. Les efforts sont intenses sur de courts instants. Conséquence, l’ascension est lente et marquée par un nombre incalculable de pauses.

Mais elle s’accomplit, roche par roche, racine par racine. Au bout de cinq heures d’ascension, les premiers points de vue apparaissent pour Docteur Léo. Ils en prennent plein les yeux, enfin, au sommet !

« P… c’est ça Mayotte ?! », s’exclame le principal instigateur du mouvement, sous le coup de l’émotion. « On l’a dit, on l’a fait ! Je n’arrive pas à y croire, je vais chialer ! » Contrairement au TMF, Docteur Léo parviendra à retenir ses larmes de joie. Place au repos pour les Handicapables, qui passent la nuit au sommet.


► Les handicapables dans les nuages du mont Choungui, aux aurores.

Dimanche 24 décembre. Comme au crépuscule la veille, les nuages camouflent le soleil au lever du jour, gâchant l’un des plaisirs à camper au sommet du mont Choungui. Néanmoins, la nuit, l’équipe a été épargnée par les intempéries, comme depuis le début de l’aventure. Un petit miracle à la vue des prévisions météorologiques.

« Il a plu des cordes toute la semaine qui a précédé l’ascension, y compris la nuit. Et la météo ne présageait rien de bon. On s’est tous demandé ce qu’on allait bien pouvoir faire là-haut si une tempête s’abattait sur nos têtes. On savait qu’on n’allait pas reculer, mais on a beaucoup prié pour que le ciel soit clément avec nous ce soir-là, s’esclaffe Petoulet. Visiblement, nos prières ont été entendues. »

Il est maintenant temps de redescendre. Mais comment ? La question se pose, les propositions ne sont pas nombreuses, l’introspection est de mise devant le sublime panorama du sud de Mayotte.

Quel message ?

Après de longues minutes de réflexion, les Handicapables se décident à entamer la descente, avec Miki, Docteur Léo et le fauteuil sur le dos. Aussi longue que l’ascension, la descente est néanmoins assurée par une corde de sécurité montée au sommet par d’autres membres de l’association la veille, peu après l’arrivée des Handicapables.

Lentement mais sûrement, l’équipe descend le mont Choungui avec la plus grande prudence, jusqu’à parvenir à ses fins. Au pied du mont, ligne de départ devenue ligne d’arrivée, une vingtaine d’individus est venue féliciter l’association. « Je n’ai pas eu la force et le courage de monter avec eux, mais je tenais à être présente à leur arrivée pour les féliciter », assure Moina, habitante de Choungui.


► Photo de famille au pied du mont avant d’aborder la seconde étape.

C’est au pied du mont que les Handicapables se séparent, au bout de trois jours intenses en sport et en émotions. Ils se retrouvent – pour une grande partie – une semaine plus tard sur la plage des 3 Baobabs à M’bouanatsa, pour fêter le passage à 2018. Autour des grillades de brochettes de viande et autres cuisses de poulet, l’heure est aux remémorations, aux railleries sous forme de clin d’œil, et à un premier bilan pour les membres dirigeants.

« Nous avions un message à passer et nous l’avons fait quand on nous a invités à la radio, quand on nous a interviewés, quand on est arrivé à Choungui et que les villageois nous ont donné la parole : les personnes en situation de handicap peuvent s’adapter aux situations et s’intégrer dans la société si on leur en donne les moyens. Et de ce fait qu’ils ne méritent pas d’être isolés. Car nous sommes terriblement isolés », déplore Docteur Léo.


► Fin de la deuxième étape et photo de famille au sommet pour l’association HDM.

L’ascension du mont Choungui en trois jours a donc permis à l’association Handicapable de Mayotte de répondre à plusieurs de ses raisons d’exister, notamment « Lutter contre l’isolement des familles détenant une ou des personnes en situation de handicap » : la plupart de celles ayant participé à cette opération mettaient les pieds à Choungui et dormaient ailleurs que chez elles pour la première fois.

Aussi, les interventions médiatiques et dans les villages ont contribué à « Apporter un nouveau regard sur le handicap en interpellant les citoyens » et à « Sensibiliser et informer sur la notion du handicap » : deux autres points des statuts de l’association. Mais pour HDM, le combat ne fait que commencer.


► Début de la troisième et dernière étape : la descente… « Mais comment descendre ? », ont-ils tous l’air de se demander !

« Pour que le message finisse par être ancré dans les mœurs, une bonne fois pour toutes, nous nous devons de répéter les actions et évènements marquants. Nous nous devons de retourner au contact des Mahorais, des jeunes en particulier. C’est pour cela que nous avons un certain nombre d’idées que nous allons faire naitre, comme nous l’avons fait avec le TMF ou l’ascension du mont Choungui », promet Docteur Léo.

Voici un article qui porte sur le même sujet mais avant la montée:

https://www.mayottehebdo.com/actualite/sport/l-association-handicapable-a-l-assaut-du-mont-choungui

Association Handicapable de Mayotte

Administrateur : Ambdirazakou Ousséni Coco « Docteur Léo »

Téléphone : 06 39 97 17 11

Mail : handicapabledemayotte@gmail.com

Secours en mer | Les deux pêcheurs mahorais perdus en mer ont été retrouvés

Le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (Cross) a annoncé hier soir le sauvetage des deux pêcheurs mahorais perdus en mer depuis mardi dernier. Un ouf de soulagement pour le monde de la pêche et pour les familles des rescapés. 

Une barque de plaisance mahoraise partie en pêche au large de Petite Terre victime d’une panne de moteur a fait l’objet d’un important dispositif de recherche en mer depuis mercredi.

Une opération de recherche a été menée par l’organisation des secours maritimes (SECMAR), l’Unité Territoriale de la Direction Mer Sud Océan Indien (UTDMSOI) de Mayotte, l’hélicoptère de la section de Gendarmerie de Mayotte, la vedette côtière de surveillance maritime « L’Odet» ainsi que deux navires de pêche.

Le CROSS Réunion a demandé après accord des autorités maritimes malgaches, à 6 navires de commerce en transit dans cette partie du canal du Mozambique, de se dérouter vers la zone de recherche, estimée le 11 janvier à plus de 60 milles nautiques (110 Km) de Mayotte.

Dans le courant de l’après-midi du 11 janvier, l’un des navires déroutés, le cargo « ASTAL » battant pavillon des îles Niue (Pays insulaire du Pacifique Sud) prévient le CROSS Réunion de la présence d’une barque à la dérive avec deux personnes à bord. Rapidement identifié comme les marins recherchés et ne soufrant d’aucun problème médical particulier, il est proposé au cargo de les prendre en charge et de se dérouter au plus près des côtes mahoraises.

Le cargo et ses nouveaux passagers étaient attendus hier vers 23h00 (heure de Mayotte). Les rescapés, sains et saufs, ont été pris en charge par la vedette de la brigade nautique de la gendarmerie à proximité de la passe de Bandrélé (Sud-Est de Mayotte) pour les ramener à terre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Glissement de terrain à Koungou : 150 personnes évacuées

À la suite du drame qui s’est produit hier soir à Koungou et qui a coûté la vie à 5 personnes, la préfecture a décidé de procéder à l’évacuation de 150 personnes.

Elles vivaient dans la zone en question située au-dessus de la résidence « Hameau du récif » (non loin de la mairie) et étaient installées dans des habitations de fortune. Ce matin, le préfet Frédéric Veau accompagné du maire Assani Bamcolo Saindou ainsi que du substitut du procureur de la République et de l’ensemble des services de l’État concernés s’est rendu sur place pour constater les dégâts et « apporter leur soutien aux habitants et à la famille des victimes ». « Le préfet de Mayotte tient à rassurer les familles qu’il mettra tout en œuvre pour déployer l’ensemble des moyens à sa disposition afin de les soutenir dans cette douloureuse épreuve », a déclaré le service communication de la préfecture. 

Une mère et ses 4 enfants meurent dans un glissement de terrain

Mercredi vers 23 h à Koungou, un glissement de terrain a emporté deux cases en tôles.

Une mère de famille et 4 de ses enfants sont morts ensevelis. Seul un des enfants a survécu. Ce drame s’est produit non loin de la mairie. Installées à flanc de colline les habitations précaires présentent un danger non négligeable en cas d’intempéries. L’incident intervient après les fortes averses qui sont tombées dans la nuit de mercredi à jeudi. Il relance la question de l’habitat indigne qui pousse chaque jour dans les ravines et les collines en raison de l’immigration clandestine et de l’absence de logements dignes pour ces populations. Le défrichement est également mis en cause. En l’absence d’arbres, plus rien ne retient la terre. L’urbanisation sauvage et l’agriculture clandestine augmentent ces risques de mouvements de terrain.

 

 

Mairie de Mamoudzou | 2018 : « année de la sécurité »

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Le maire de Mamoudzou Mohamed Majani, a formulé ses vœux hier sur le parvis de l’hôtel de ville. Un discours dans lequel il souhaité insister sur la nécessité de mettre l’accent sur la sécurité pour cette nouvelle année.

« Nous allons poursuivre les efforts entrepris, en coordination avec les services de l’État ». Tel était le vœu pieux de Mohamed Majani au moment de présenter ses vœux 2018. Pour illustrer ses paroles, le maire a fait référence au système de vidéosurveillance récemment mis en place. « Il sera opérationnel dans les semaines à venir », promet-il. Un projet qui a coûté environ 4 millions d’euros et qui a été financé sur fonds propre avec l’aide de la réserve parlementaire du sénateur Thani Mohamed Soihlli à hauteur de 50 000 €. La rénovation des locaux de la police municipale a été réalisée en parallèle pour un montant de 300 000 €. Le centre superviseur urbain (CSU) y a été installé. 

Si la commune a investi dans la sécurité et compte poursuivre sa démarche, elle appelle néanmoins à un « effort collectif » pour lutter contre l’insécurité. Le maire en a appelé aux propriétaires fonciers dont les terrains sont occupés illégalement par des « squatteurs ». « Aidez-nous à réduire les bidonvilles, en engageant des actions en justice », lance Mohamed Majani. Il aurait pu s’appuyer sur l’exemple de la famille Batrolo qui a lancé depuis 2016 des procédures d’expulsion d’habitations illégales sur ses terrains qui s’étendent au-dessus sur une partie de la côte Sogea à Kaweni. Mais visiblement, ces actions n’ont pas avancé puisque les cases en tôle sont toujours là. 

Mais lutter contre l’insécurité passe aussi par l’encadrement des jeunes pour éviter l’oisiveté. Mohamed Majani a rappelé par exemple le partenariat avec Pôle emploi pour financer des formations leur étant destinées ou encore l’ouverture récente de la MJC de M’gombani.   

L’amélioration du cadre de vie a aussi été mis en avant par l’élu municipal, en témoigne les travaux en cours à M’gombani. Il a aussi cité l’exemple de Kaweni avec sa maison du projet qui rassemble les divers acteurs de la société civile pour repenser l’aménagement du quartier dans le cadre du programme national de renouvellement urbain.  Enfin, une parenthèse a été faite sur le projet de transports interurbains Caribus dont les premières rotations sont attendues pour 2023, si tout va bien d’ici là…

 

Le chemin de croix des demandeurs d’asile à Mayotte

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L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a annoncé le 3 janvier via un tweet qu’une mission de protection avait récemment été menée à Mayotte, lors de laquelle 400 demandeurs d’asile venus de l’Afrique des Grands Lacs avaient été entendus. Dans l’attente des résultats de cette mission, Flash Infos revient sur la situation de ces candidats au statut de réfugié. Et en termes d’hébergement, d’allocations et de soins pour ces populations, Mayotte semble manquer à ses devoirs.

« En besoin manifeste de protection », c’est ainsi que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a qualifié la situation des 400 demandeurs d’asile originaires de la région de l’Afrique des Grands Lacs à Mayotte qu’il a entendus. En mission de protection durant 3 semaines sur le 101ème département français, l’Ofpra a collaboré avec l’association Solidarité Mayotte, qui a accompagné plus de 1400 demandeurs d’asile en 2017 dont 500 nouveaux arrivants. « Un nombre clairement en augmentation », note Mouhamadi Assani, directeur adjoint de la structure. Parmi ces candidats au statut de réfugié, beaucoup viennent de la région de l’Afrique des Grands Lacs, fuyant la crise politique que traverse le Burundi et les exactions, ou encore les conflits armés de la République démocratique du Congo, notamment dans la région de Kivu, et qui provoquent d’importants déplacements de population.

Des « atteintes graves » au droit d’asile

L’année dernière, l’association a accueilli 99 Congolais, 77 Burundais et 53 Rwandais nouvellement arrivés, la plupart arrivant depuis la Tanzanie et changeant de bateau en pleine mer, passant sur des kwassas pour rejoindre Mayotte. « J’ai l’impression que depuis septembre, le nombre de demandeurs d’asile originaires du Burundi augmente, certainement en raison de la crise mais peut-être aussi à cause de certaines opportunités [en raison de l’augmentation ou de la formalisation des filières de passeurs] », observe le directeur adjoint de Solidarité Mayotte, qui note de manière générale une plus grande part de mineurs non accompagnés (76 sont pris en charge par Solidarité Mayotte dont 40 arrivés en 2017) et de femmes seules ou avec enfants. Et malheureusement, les conditions d’accueil et d’accompagnement de ces personnes en situation de grande vulnérabilité ne sont pas optimales sur le territoire – notamment pour les mineurs, en l’absence de foyer de l’enfance et de financements du Département dans ce domaine. En septembre 2017, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCD H) mentionnait dans un rapport public des « atteintes graves » au droit d’asile à Mayotte, pointant du doigt un certain nombre de dysfonctionnements dans le traitement des demandes : mesures d’éloignement irrégulières notamment pour les ressortissants comoriens et malgaches « systématiquement placés au centre de rétention administrative après leur interpellation, et (…) bien souvent renvoyés avant même que leur éventuelle demande n’ait été enregistrée et examinée par l’Ofpra »; des problèmes de réception des documents administratifs en raison d’un adressage problématique sur l’île ; l’absence ou le manque d’interprètes ; des délais pour un entretien avec l’Ofpra particulièrement longs, etc.

Un constat que partage le directeur adjoint de Solidarité Mayotte qui retrace le parcours du combattant du demandeur d’asile à Mayotte : entre le moment où ce dernier dépose une demande d’asile et la réponse qu’il obtient de l’Ofpra, entre trois et quatre ans peuvent s’écouler, « même si les choses s’améliorent », tempère Mouhamadi Assani. Cette personne ne peut travailler avant neuf mois et ne bénéficie pas des allocations auxquelles elle a droit « en raison d’un régime dérogatoire à Mayotte », explique le responsable. Une situation administrative et financière qui ne permet pas à ces migrants de vivre décemment. En outre, aucun centre d’accueil de demandeurs d’asile n’existe sur l’Ile aux Parfums, seule Solidarité Mayotte propose 15 places d’hébergement d’urgence, financées par la Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS). Et si en décembre la DJSCS a débloqué de nouveaux fonds pour 20 places supplémentaires, le nombre de lits demeure « dérisoire » en regard des besoins, pour Mouhamadi Assani. Ainsi, le demandeur d’asile peut bénéficier d’un toit durant un mois, renouvelable une fois, mais sera contraint de laisser sa place au bout de deux mois maximum. « Nous demandons aux communautés de prendre en charge ces personnes si possible mais sinon, nous sommes sans solution, elles sont livrées à elles-mêmes », regrette le directeur adjoint. A titre d’exemple, il chiffre : « Entre le 22 décembre et hier, 47 personnes sont nouvellement arrivées. L’hébergement est déjà plein. »

« Problème de gouvernance »

Solidarité Mayotte proposait également un accompagnement psychologique et des soins infirmiers, un dispositif financé par l’Agence régionale de santé (ARS) mais dont les fonds n’ont pas été renouvelés, selon Mouhamadi Assani. Ainsi, les médecins du centre médico-psychologique (CMP) de Mamoudzou contactent-ils Solidarité Mayotte, relate le directeur adjoint, afin de trouver une solution pour ces populations ayant vécu de grands traumatismes et pouvant difficilement être prises en charge en raison de l’engorgement du CHM. Suite à la suppression du dispositif de soins porté par Solidarité Mayotte et en l’absence de couverture maladie universelle (CMU) et d’aide médicale d’Etat (AME) auxquelles ont théoriquement droit les demandeurs d’asile, qu’a prévu l’Etat pour la santé de ces étrangers ? « Cela pose de nombreux problèmes, notamment en termes d’épidémies », avertit Mouhamadi Assani, évoquant par exemple le virus Ebola. Outre la problématique des droits fondamentaux de ces migrants, se pose donc une question de santé publique pour l’ensemble de la population de l’île. Contactée, la délégation mahoraise de l’ARS a démenti avoir suspendu les financements de ce dispositif, et a affirmé avoir effectué les paiements de 2017 et avoir même prévu une enveloppe à la hausse en 2018. « Le dispositif a cessé fin 2016. En 2017, les fonds de l’ARS ont servi à l’aide alimentaire aux personnes démunies », s’étonne le directeur adjoint de Solidarité Mayotte.

Pour Mouhamadi Assani, la prise en charge des demandeurs d’asile à Mayotte pose un problème de « gouvernance administrative » et de responsabilité : « Je ne sais pas quand l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration, ndlr) va se décider à prendre en charge les demandeurs d’asile », s’interroge le directeur adjoint. D’autant que le problème est complexe à Mayotte, avec des demandeurs d’asile de tous horizons : en 2017, l’association a accueilli des migrants du Yémen, de Tanzanie, du Soudan, du Sénégal, de l’Ouganda, d’Inde, d’Ethiopie, de Birmanie, etc.

En 2017, selon les chiffres de Solidarité Mayotte, 278 personnes ont obtenu le statut de réfugié, 79 ont été déboutées, 671 étaient dans l’attente d’une décision de l’Ofpra et 25 ont demandé une procédure de réexamen de leur dossier.

Port de Longoni : le ministre de l’Action et des comptes publics répond

Dans un rapport paru en décembre, la Cour des Comptes estime la gestion du port de Longoni « défaillante » et à « la gouvernance inadaptée » et demande à trois ministres (Transports, Outremer, Action et des comptes publics) de lui répondre sur un changement de statut du port permettant à l’Etat d’intégrer sa gouvernance, à travers le statut de grand port maritime.

Peu après la ministre des Transports, Elisabeth Borne (voir Flash Infos du vendredi 5 janvier 2018), le ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a également écrit au président de la Cour des Comptes. Reprenant une partie des conclusions d’Elisabeth Borne, Gérald Darmanin estime lui aussi qu’il est compliqué de mettre fin à la délégation de service public accordée à Mayotte Channel Gateway (MCG) et complète : « L’examen des possibilités de résiliation de la délégation de service public met en évidence les difficultés qui s’ensuivraient, tant en termes financiers qu’organisationnels, la recherche d’un accord amiable avec le délégataire pour qu’il abandonne cette délégation paraissant sans issue ». En outre, le ministre doute de la capacité du Département « à assumer la charge financière qui en résulterait pour lui ». Et la possibilité de l’intégration de l’Etat dans la gouvernance du port « nécessite des évolutions législatives lourdes, au calendrier peu compatible avec les urgences qu’a soulignées la Cour [des Comptes] ». Ainsi, le ministre préconise plutôt « un dispositif souple et rapide à mettre en oeuvre » tel « le recours à un médiateur désigné par l’Etat en accord avec les deux parties (le Conseil départemental et son délégataire) […] »

Un cyclone va-t-il se former au sud de Mayotte la semaine prochaine ?

Selon le site météorologique windy.com, une dépression devrait se former à partir de samedi ou dimanche dans le canal du Mozambique entre Mayotte et Madagascar. Elle pourrait se transformer en cyclone en début de semaine prochaine, mais Météo France tient à prévenir la population quant à l’interprétation de ces informations. « Windy.com est une plateforme de visualisation de sorties informatiques. C’est-à-dire qu’elle visualise sur une carte des calculs informatiques », explique Bertrand Laviec, directeur de l’antenne mahoraise de Météo France.  Autrement dit, l’interprétation par ce site des éléments bruts n’est pas une prévision, mais juste une « visualisation » hypothétique. « Il y a 14 modèles de visualisation de sorties informatiques dans le monde et windy.com utilise le modèle européen CEP et le modèle américain GFS. Ce dernier ne montre d’ailleurs aucun phénomène météorologique de ce genre dans la zone géographique en question pour la semaine prochaine », précise Bertrand Laviec. Mais cela ne signifie pas que le site n’est pas fiable admet le directeur avant d’ajouter : « il est possible que le site ait raison, mais attention à la lecture que nous faisons de ces données ». Néanmoins, Météo France rappelle qu’il est difficile de prévoir la météo sur une semaine. Donc, il est inutile de paniquer. Les spécialistes devraient en savoir plus d’ici mercredi ou jeudi. Patience et calme sont donc de rigueur avant confirmation ou non de la probabilité d’une tempête pouvant se former au large du 101ème département.   

 

Automobile | La prime à la conversion des véhicules est aussi disponible à Mayotte

Depuis le 1er janvier 2018, la prime à la conversion des véhicules est accessible à tous.

Les Français qui veulent changer un vieux véhicule polluant pour une voiture plus propre, neuve ou d’occasion, peuvent désormais bénéficier d’une aide de 1 000 à 2 000 €. Mayotte est aussi concernée par cette prime. Pour accompagner les automobilistes désireux d’en bénéficier, Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a lancé cette semaine, la plateforme d’information www.primealaconversion.gouv.fr.

La prime à la conversion des véhicules va-t-elle inciter certains habitants de Mayotte à troquer leur vieille automobile contre une nouvelle voiture en principe moins polluante (car il ne faut pas oublier le scandale du “Dieselgate” qui avait mis en lumière ces dernières années le système de triche organisé par certains constructeurs automobiles quant aux niveaux d’émissions de CO2 et de particules fines de leurs véhicules) ? Seul l’avenir le dira, en attendant l’État souhaite travailler dans ce sens-là. 

Mais, quel est le montant de la prime ? Quels sont les vieux véhicules repris ? Quelles sont les démarches à effectuer ? La nouvelle plateforme du gouvernement entend répondre à toutes les questions que se posent les particuliers et les professionnels qui veulent bénéficier du nouveau dispositif de prime à la conversion :

– un test rapide permet de vérifier son éligibilité et le montant de la prime accordée ;

– un téléservice est directement accessible pour effectuer sa demande en ligne ;

– une foire aux questions apporte tous les renseignements pratiques sur le fonctionnement de la prime (objectifs du dispositif, conditions d’obtention, démarches à effectuer…) ;

– un espace réservé aux professionnels est mis à disposition pour faciliter le déploiement du dispositif dans le secteur automobile.

La prime à la conversion est l’une des mesures du “Paquet solidarité climatique” entrée en vigueur ce 1er janvier 2018. Les Français qui veulent acquérir une voiture neuve ou d’occasion récente (Crit’air 1 ou 2) émettant moins de 130 gCO2/km peuvent désormais recevoir une aide à hauteur de 1000 € en mettant au rebu un vieux véhicule polluant. Cette prime est doublée pour les ménages non imposables puisqu’elle passe de 1 000 € à 2 000 €.

Pour le ministre, “le nouveau dispositif de prime à la conversion est un levier incontournable pour accélérer la sortie du parc des véhicules essence et diesel les plus polluants. Le lancement d’une plateforme d’information doit permettre à chacun d’avoir tous les renseignements nécessaires pour s’emparer du Paquet solidarité climatique, que l’on soit particulier ou professionnel”.

Port de Mayotte : L’Etat ne se mouille pas

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En réponse à un référé de la Cour des Comptes préconisant de changer le statut du port de Longoni afin que l’Etat intègre sa gouvernance, la ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, a étayé les raisons pour lesquelles cette transformation demeure complexe. Explications. 

Détaillant la gestion du port de Longoni, la Cour des Comptes ne mâche pas ses mots : « défaillante » et à la « gouvernance inadaptée ». Dans un rapport adressé à trois ministres (Transports, Action et comptes publics et Outre-mer) et paru le 21 décembre, la juridiction dresse un bilan aux allures de désastre de la délégation de service public (DSP) du port de Mayotte. L’instance demande donc à Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, de lui répondre sur la question d’un éventuel changement de statut du port de commerce qui permettrait à l’Etat d’intégrer sa gouvernance, à travers le statut de grand port maritime. Dans ce référé, la Cour des Comptes énumère les nombreuses difficultés de fonctionnement imputables à la fois au Département et au délégataire Mayotte Channel Gateway (MCG) : « dégradation des infrastructures portuaires susceptible de porter atteinte à la sécurité » et inaction du Département sur ces questions ; « acquisition de grues mobiles et de portiques motorisés (…) à un coût supérieur à celui prévu » d’où une augmentation des droits de port et des redevances d’occupation du domaine public ; obligations contractuelles non respectées telles que la transmission des rapports d’activité et comptes annuels, etc. De multiples manquements générant un nombre considérable de différends : 31 contentieux entre 2014 et fin 2017, note la Chambre des Comptes.

Passé cet amer constat, la juridiction recommande donc à l’Etat de s’associer à la gouvernance du port afin de remettre un peu d’ordre dans cette gabegie. Pour appuyer sa proposition, elle prend en exemple les organes de gouvernance des ports de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique ou encore de La Réunion au sein desquels siègent des représentants de l’Etat ou des membres nommés par l’Etat.

Un « non pour l’instant » argumenté

Dans sa réponse au président de la Cour des Comptes, Elisabeth Borne argumente longuement sur les différents obstacles qui empêchent pour le moment la transformation du port de Longoni en grand port maritime. Tout d’abord, le statut particulier du port de Mayotte – décentralisé – ne permet pas d’envisager « la présence de l’Etat dans les instances de gouvernance (…) en l’état actuel du droit ». Par ailleurs, créé dès l’origine sous le régime de port décentralisé, le port de Longoni ne peut bénéficier d’un transfert de propriété à titre gratuit puisque ce mécanisme est réservé aux seuls ports relevant de l’Etat et transférés par la suite aux collectivités locales. Cette cession « devrait s’effectuer dans un autre cadre que celui de la loi de décentralisation de 2004 et ne pourrait s’envisager que sur demande du Département ». En outre, la ministre rappelle que la mission interministérielle mise en place en 2017 étudie plutôt « les scénarii envisageables permettant d’établir un pilotage plus efficace du contrat de cession actuel ». 

Elisabeth Borne souligne également que c’est au Département de signifier qu’il renonce à sa compétence portuaire au profit de l’Etat. Or, « nous n’avons pas connaissance de la position du Conseil départemental sur ce point, ni même s’il en a forgé une », constate-t-elle. Interrogé, le président du conseil portuaire, Bourhane Allaoui, a affirmé que le Département était « favorable » à la transformation du port de Longoni en grand port maritime et que ce changement « permettrait de minimiser les conflits que nous connaissons actuellement ». Le Conseil départemental n’a pourtant pas exprimé officiellement par écrit sa position auprès de l’Etat. « Mais s’il faut le faire, nous le ferons évidemment », a précisé Bourhane Allaoui. 

Enfin, la ministre a réfuté l’argument de la Cour des Comptes prenant en exemple les ports des autres DOM : dans le cas de Mayotte, la transformation en grand port maritime supposerait la résiliation de la convention de DSP en cours entre le Département et MCG, convention qui arrive à échéance en 2028. « Sa résiliation risque d’entraîner d’importantes conséquences financières (…) et de donner lieu à de nouveaux contentieux d’indemnisation, qui viendraient s’ajouter à ceux, non encore résolus, relatifs à la précédente concession », argue la ministre, soulignant toutefois que la mission interministérielle évaluait actuellement « les conséquences d’une telle résiliation ». Malgré les nombreux obstacles soulevés par la ministre, « l’Etat continue à jouer pleinement son rôle, notamment à travers le contrôle de légalité exercé par le préfet », a affirmé Elisabeth Borne.

 

Agression au dispensaire de Kahani

Une agression a eu lieu mercredi au dispensaire de Kahani, a confirmé jeudi le service communication du CHM. Un usager, venu consulter avec ses enfants, aurait cassé la vitre derrière laquelle se trouvait un agent d’accueil, ce dernier refusant de l’admettre après que le père de famille a montré une photographie de sa pièce d’identité plutôt que l’original du document. Choqué mais non blessé, l’agent a exercé mercredi son droit de retrait. L’agresseur a été appréhendé par la gendarmerie et le CHM a déposé plainte pour dégradation de biens publics. En outre, l’hôpital a décidé de renforcer l’équipe existante (qui se compose d’un agent de sécurité en permanence sur les lieux) d’un autre agent de sécurité, qui serait présent sur le site du dispensaire le matin. Si la mesure s’avère efficace et que le CHM constate une baisse notable des violences que subit régulièrement ce dispensaire en particulier, le poste de l’agent de sécurité supplémentaire sera pérennisé. Une agression sur des agents avait déjà eu lieu l’année dernière, a précisé le CHM.  L’agent agressé a repris le travail jeudi. 

Immigration | Naser, un Rohingya à Mayotte

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Depuis juillet 2017, Mayotte compte deux réfugiés rohingyas sur son territoire. Parmi eux, figure Naser, 28 ans. Apatride, le jeune médecin a été forcé de quitter l’année dernière le pays où il est né, l’Arabie Saoudite, la terre d’asile de ses grands-parents venus s’y installer il y a 70 ans après avoir fui la Birmanie. Une histoire atypique loin de la région de l’Arakan où se joue actuellement le sort de centaines de milliers de rohingyas victimes d’une répression menée par les autorités de Myanmar. 

« J’en avais marre de la vie que je menais ces dernières années. Entre la mort et le désir de mener une vie normale comme tout être humain, j’ai choisi de risquer ma vie en rejoignant la France, le pays des droits de l’homme ». Les paroles de Naser en disent long sur le calvaire qu’a traversé le jeune homme d’origine rohingya né à Médine (Arabie Saoudite). Arrivé en kwassa sur les rives du 101ème département le 28 juillet dernier, ce docteur de profession est venu chercher un statut de réfugié. Sans nationalité, il espère pouvoir s’installer en France durablement. 

Son histoire et celle de l’exil de sa famille ont débuté dans les années 50 et 60 alors que les Rohingyas commençaient à être victimes de persécutions en Birmanie. Après avoir transité par l’Inde, les grands-parents de Naser ont rejoint l’Arabie Saoudite  pensant pouvoir trouver la paix dans le berceau du monde musulman, à savoir la Mecque. Or, cela fait maintenant environ 60 ans que des centaines de milliers de Rohingyas installés dans ce pays vivent sans nationalité. C’est le cas de Naser et les siens. Bien qu’acceptée de rester sur leur territoire, les autorités de Riyadh n’ont jamais régularisé cette population et leurs enfants nés pourtant sur le sol saoudien. « Le roi Khaled ben Abdelaziz Al Saoud nous avait promis sous son règne (1975 – 1982, NDLR) de nous donner un statut, mais la procédure a été interrompue par son successeur Fahd ben Abdelaziz Al Saoud (1982 – 2005, NDLR) sans que l’on sache pourquoi », explique-t-il. 

Ainsi, de nombreux Rohingyas d’Arabie Saoudite se retrouvent dans une situation où il ne dispose ni d’une naturalisation ni d’un statut de réfugié. « Rien n’est prévu dans le système saoudien pour les personnes comme nous », s’indigne Naser. Mais pour pouvoir résider dans le royaume, le régime demande aux non-ressortissants de détenir des papiers de leur pays d’origine même s’ils sont nés en Arabie Saoudite comme Naser. Le droit du sol est un concept qui n’existe pas dans la plus grande nation de la péninsule arabique. « Mais nous en tant que Rohingyas, il est impossible d’obtenir un passeport birman, car l’État là-bas ne reconnait pas notre appartenance au pays bien que nos ancêtres en soient originaires », précise le jeune réfugié. Seule solution donc pour lui et sa famille, l’obtention de faux papiers d’un pays tiers. Naser s’est ainsi procuré un passeport pakistanais falsifié : « Le gouvernement saoudien sait que ce document n’est pas authentique, mais il s’en moque ». Si ces faux papiers autorisent les non-citoyens à rester en Arabie Saoudite, ils ne leur donnent néanmoins pas accès à certains services publics. « Nous n’avons pas le droit à la sécurité sociale, mais on nous autorise néanmoins à inscrire nos enfants à l’école publique jusqu’au baccalauréat. Pour ce qui est de l’entrée à l’université, elle nous est interdite même si personnellement j’ai pu poursuivre mes études supérieures en médecine grâce à mon faux passeport », raconte Naser. 

En 2012, lorsque la crise des Rohingyas a éclaté en Birmanie, l’Arabie Saoudite a réalisé qu’elle comptait environ 500 000 personnes de cette communauté sur son territoire. D’après le jeune docteur : « Le gouvernement nous avait promis l’accès à plusieurs droits. Il nous a même donné des cartes de résidents, mais ce n’est qu’un morceau de papier et les promesses sont restées lettre morte ».  

Autre problème pour les Rohingyas d’Arabie Saoudite, l’instauration d’une loi en 2007-2008 qui stipule que tout non-citoyen vivant dans ce territoire doit le quitter une fois qu’il a atteint sa majorité. « C’est la raison pour laquelle mes deux frères ont dû partir, l’un au Yémen et l’autre au Soudan. Mais moi, j’ai pu rester grâce à mon parcours scolaire et grâce au réseau de mon père », se souvient Naser. 

10 mois de prison et 90 coups de fouet pour avoir raccompagné une femme

Si ce dernier pensait pourvoir poursuivre tranquillement son cursus et obtenir un jour un travail, il a rapidement déchanté en 2013, année qui a été un tournant dramatique dans sa vie. « Alors que je ramenais une amie chez elle en voiture, nous avons été arrêtés par la police religieuse. Celle-ci me reprochait d’être accompagné d’une femme qui n’était pas une parente ou mon épouse. J’ai été donc détenu plusieurs jours en prison puis condamné par un juge sadique qui m’a infligé 10 mois de prison, l’obligation de quitter le pays à l’issue de mon incarcération, l’interdiction d’entrer et de séjourner à l’avenir en Arabie Saoudite ainsi que 90 coups de fouet (selon Naser, le bourreau place un livre entre son bras et le flanc de son corps l’empêchant de tendre le bras complètement et ainsi limitant l’impact des flagellations. De plus, la victime est habillée de plusieurs couches de vêtements au moment de l’exécution de la peine. C’est ce qui explique l’absence de marques sur le dos de Naser. Mais cette procédure n’a pas dispensé le malheureux de toute douleur instantanée lorsqu’il a été fouetté, NDLR).

Afin d’éviter de purger sa peine et d’obtenir une relaxe, Naser a donc fait appel en répétant plusieurs fois l’opération. « La Cour d’appel a reconnu que la peine était exagérée par rapport aux faits qui m’étaient reprochés, mais sa décision n’a qu’un avis consultatif. C’est la décision en première instance qui prime dans le système judiciaire saoudien », détaille le réfugié. Pendant ce temps-là, Naser découvre que sa situation est totalement bloquée : « Je n’avais plus le droit d’accès à des services simples comme louer une voiture. Je n’avais pas le droit d’exercer une activité professionnelle non plus. J’ai néanmoins réussi à travailler bénévolement dans un hôpital à Médine afin de pouvoir continuer à me former dans mon métier ». Mais en 2016, nouveau basculement, le père du jeune homme décède. Un événement qui compliquera un peu plus sa situation ainsi que celle de sa famille rattachée administrativement au statut du défunt. Naser tentera de lancer un nouvel appel, en vain. Exténué, il décide finalement de se rendre à la police et d’exécuter la peine reçue en 2013. « J’ai fait ce choix pensant qu’après avoir purgé cette sentence je pourrai convaincre les autorités de ne pas m’expulser et pouvoir démarrer une vie normale », explique-t-il. Pendant près d’un an, le jeune Rohingya va vivre un enfer entre tortures et violences en tout genre perpétrées par ses geôliers : « Ils m’ont pendu au plafond par les poignets, ils m’ont frappé, c’était horrible ». Une histoire à glacer le sang. Une fois son emprisonnement arrivé à son terme, Naser s’est vu dans l’obligation de quitter son pays natal. « Je ne voulais pas. J’ai crié, pleuré, menacé de me suicider, mais ils ne m’ont pas donné le choix puisque c’était soit j’accepte de partir soit j’allais rester en prison jusqu’à la fin de ma vie ». C’est à partir de ce moment-là que l’odyssée du malheureux a démarré.

Du Pakistan jusqu’à Mayotte en passant par le Soudan et les Comores

Étant en possession, d’un faux passeport pakistanais, décision est prise par l’apatride en janvier 2017 de voyager vers Islamabad (la capitale du Pakistan). « J’avais peur de ce qui m’attendait là-bas, car je ne parle pas la langue locale (le Pendjabi est la langue majoritaire dans ce pays, NDLR). Mais avec mon bon niveau d’anglais, je suis arrivé à me faire passer pour quelqu’un de riche ou d’important en transitant par l’espace VIP de l’aéroport d’Islamabad. J’ai été surpris qu’ils ne me posent pas plus de questions à la police aux frontières (Paf) ». Après un mois de séjour dans ce pays, Naser décide de rejoindre son frère au Soudan. Après un interrogatoire de plusieurs heures à l’aéroport d’Islamabad, l’intéressé obtient l’autorisation d’embarquer et de s’envoler pour Khartoum. « Une fois arrivée là-bas, la Paf soudanaise ne m’a pas retenu très longtemps à partir du moment où j’étais en mesure de payer un bakchich pour obtenir mon visa touristique ». C’est à partir de là qu’il a songé à rejoindre la France, car pour lui « c’est le pays des droits de l’homme et le meilleur endroit pour poursuivre une vie normale ». Il étudie donc les différentes options pour rejoindre « le pays des Lumières ». « J’ai envisagé de passer par la Lybie, mais j’avais peur d’être réduit en esclavage par les passeurs et d’autres conséquences. Je me suis donc renseigné sur les territoires français d’outre-mer et c’est comme ça que j’ai découvert Mayotte », décrit-il. C’est notamment en lisant l’histoire de Syriens fuyant la guerre dans leur pays pour chercher l’asile à Mayotte que Naser se lance dans la préparation de son voyage vers le 101ème département. Il étudie la carte de l’archipel et les moyens pour rejoindre l’île au lagon. 

1 500 € la traversée en kwassa  

Fin juillet, le Rohingya se lance dans l’aventure avec un compatriote en prenant un billet d’avion pour Moroni avant de prendre le bateau pour transiter par Anjouan, île depuis laquelle il prendra un kwassa. « A Domoni (ville située au sud d’Anjouan, NDLR) où nous avons embarqué, on nous a présenté une personne un peu âgée, un certain Nourdine. C’est un commerçant et une personne très importante là-bas paraît-il ». D’entrée de jeu, le malfaiteur emploie un ton très menaçant en vers les deux compagnons d’infortune : « bien que très élevée, nous avons accepté son offre de prendre un kwassa pour 3 000 € soit 1 500 € chacun. Nous avions peur des conséquences si nous refusions ». Ayant voyagé depuis Khartoum avec 4 500 dollars en poche issus de l’héritage de son père, c’est Naser qui paiera le ticket de son comparse. Et c’est dans une mer houleuse que le voyage vers Mayotte en bateau a démarré. « Certaines de nos affaires sont tombées à l’eau durant ce périple. On a bien cru qu’on allait y passer,  mais nous y étions conscients bien avant du risque que l’on prenait », raconte le médecin. Quelques heures après, l’embarcation a finalement atteint la côte mahoraise entre les villages d’Acoua et Mliha. « Le passeur nous a déposés sur une plage rocheuse. Nous avons marché 5 kilomètres pour rejoindre le premier village avant de prendre un taxi pour Mamoudzou. Une fois arrivés dans le chef-lieu, nous nous sommes déclarés à la police ». Mais quelle fût la surprise de Naser de voir que les agents ne les ont pas placés en détention, ni même interrogés ou confiés à leurs collègues de la Paf. « Ils ont été très respectueux. Ils nous ont conseillé au vu de notre situation de nous rapprocher de l’association d’aide aux migrants, Solidarité Mayotte », se souvient-il avant d’ajouter : « Le comportement de la police française m’a agréablement surpris, car j’ai tellement été habitué par les maltraitances de la part de la police saoudienne. Depuis, que je suis arrivé à Mayotte, je ne me suis jamais senti aussi libre et en sécurité malgré les problèmes de vol et violence dont on m’a parlé ici ». 

S’en sont suivis les démarches administratives auprès de l’organisme et quelques semaines à dormir dans les mosquées ou chez l’habitant avant de trouver enfin un toit. Naser a déjà rencontré en décembre dernier l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Il attend désormais de savoir si sa demande de statut de réfugié va être acceptée ou pas. « J’espère obtenir une réponse d’ici la fin du mois de janvier ». Pour le moment, le jeune homme essaie de survivre en vivant de petits boulots comme des cours particuliers d’arabe et d’anglais qu’il dispense afin de payer son loyer et sa nourriture. « Il me reste aussi quelques économies, mais je ne sais pas combien de temps cela va me permettre de continuer à payer mon loyer ». Il suit également des cours de français afin de pouvoir s’intégrer. 

Si sa demande est acceptée, Naser espère dans la foulée pouvoir faire reconnaître ses diplômes de médecine afin d’obtenir une équivalence avec une idée bien claire dans sa tête : « je souhaite faire bénéficier de mes compétences à Mayotte, car je sais que l’on manque de médecins ici. Néanmoins, j’espère aussi à terme, pouvoir poursuivre mes études et pour cela je serais peut-être obligé d’aller en métropole ».  Il nourrit également l’espoir de faire venir un jour son frère dans l’île au lagon. « Nous sommes des centaines de milliers de Rohingyas à être dans cette situation d’apatride. Nous n’avons nulle part où aller. Ma communauté est en train d’être éradiquée en Birmanie. Nous existons, mais nous ne sommes pas reconnus. On n’a pas choisi d’être Rohingyas, mais on est obligé de faire avec, de survivre… » 

 

 

Grandes surfaces – un spectacle désolant

Aller faire ses courses dans cette grande surface de Petite-Terre relève désormais du challenge et ce, à bien des niveaux. Que se passe-t-il dans cet établissement ?

La grande surface semble complètement laissée à l’abandon, tellement les manquements à l’hygiène y sont nombreux. Petit récit d’une expérience ordinaire. 

L’aventure commence en tentant de récupérer son caddie. Avec un peu de chance, il faudra que vous ayez à déplacer un scooter pour sortir le chariot de son emplacement. Une fois au guidon de votre chariot, vous voudrez ensuite passer les portes, mais vous ne pourrez pas emprunter l’entrée classique bien sûr, car elle est condamnée depuis des mois. Il vous faudra donc faire un détour pour passer par la porte de sortie afin d’entrer… Logique ! Une fois à l’intérieur, vous ne retrouverez pas le frais habituel auquel on s’attend dans tout bon magasin d’alimentation digne de ce nom, mais vous devrez faire face à une chaleur suffocante. En effet, la climatisation est en panne depuis des mois… Pas mal pour la conservation des aliments ! Outre l’odeur de vomi qui sévit au niveau des caisses, il faudra ensuite vous frayer un chemin entre les palettes pour accéder aux rayons, et là, c’est le drame. Toutefois, rien de choquant dans les rayons nonalimentaires mais tout ça se gâte une fois arrivé aux rayons frais.

Tous les congélateurs fuient et certains ne sont pas fermés du fait de leur vétusté. Autant dire, comme on peut le constater sur les photos, que les clients doivent tenter de se déplacer sur une patinoire d’eau répugnante. Il faudra bien entendu éviter les feuilles de salade et autres détritus qui jonchent le sol. Si vous avez eu le courage de mettre quelques articles dans votre caddie, il faudra ensuite passer l’épreuve des caisses. Vous pensez mettre vos articles sur le tapis roulant pour que la caissière puisse scanner normalement vos denrées ? Que nenni, ces derniers ne fonctionnent plus et ce, depuis au moins 3 ans … En faisant part de ces désagréments aux responsables : ils font la moue, sans répondre. Les caissières, elles, heureusement plus aimables, abondent dans votre sens, et vous disent que des modifications sont prévues dans l’année sans plus de détails. Heureusement que le consommateur n’a pas vraiment le choix et que le service de l’hygiène fait systématiquement un détour par ce magasin, sinon qu’est-ce qu’on s’ennuierait en allant faire ses courses !

Des gymnases dans un état désastreux

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A Mayotte, on compte trois gymnases seulement : à Cavani, à Pamandzi et à Labattoir mais aucun ne fonctionne normalement. Tous ont des défauts non négligeables ce qui provoque l’inquiétude du milieu sportif mahorais. 

 « Parler du gymnase de Cavani qui est laissé à l’abandon depuis plusieurs années, sans parler des deux autres, serait une très grosse erreur »,  nous a confié un basketteur mahorais.  « Même celui qui a été livré il y a à peine 1 an à Pamandzi, ne répond pas aux normes de sécurité : il fuit de partout, le sol glisse et j’en passe ». Nombreux sont les soucis que présentent les trois gymnases de l’île : systèmes d’alarme défaillants, absence de tableaux d’affichage et bien d’autres. Bourouhane Allaoui, conseiller départemental de Koungou chargé du dossier, nous a expliqué que pour les travaux de rénovation du gymnase de Cavani par exemple, un appel d’offres a été lancé. 

De son côté, Saïd*,personne proche du dossier, remet en question la compétence des entreprises en charge de la réalisation des travaux du gymnase de Pamandzi, livré en 2016 :  «Sont-elles vraiment compétentes ou bien il s’agit d’une entreprise  choisie par les élus locaux ? ». Saïd nous a confié que lors de la construction du gymnase « l’entreprise appartenait à l’ami de l’ancien président Daniel Zaidani. Aujourd’hui, on ne peut plus  se tourner vers cette entreprise pour tous les désagréments causés car elle n’existe plus ». 

Des travaux de rénovation qui se font attendre

Depuis sa livraison en 1995, le gymnase de Cavani quant à lui « n’a pas réellement connu de  travaux de rénovation », a précisé  Madi*, un des membres organisateur du All Star Game. En effet, cela fait trois ans que le gymnase a été laissé à l’abandon : le toit est ouvert et il fuit, le sol est troué, les sanitaires sont inutilisables, il n’y a pas d’électricité, etc. L’établissement est même devenu un squat pour les jeunes du quartier.

« Le dernier match joué dans ce gymnase date du mois de mai 2014. C’était durant le match BCM contre l’équipe de St Pierre de La Réunion », indique Madi. « Depuis, aucun autre match n’a été joué dans ce gymnase et pourtant tout le monde est au courant des défauts qu’il présente ». Des défauts qui devraient être réparés très prochainement selon Bourouhane Allaoui qui prévoit des travaux dès début 2018.  Ce dernier souhaite rassurer les sportifs sur l’avancée du futur chantier : « On compte sur ces équipements pour que nos équipes qui participeront aux jeux des îles de l’océan Indien l’année prochaine puissent bien se préparer. On veut mettre à disposition des équipements dignes de ce nom ». 

Quel budget pour les travaux du gymnase de Cavani?

Les travaux de rénovation du gymnase de Cavani seront échelonnés sur trois ans : « Ce n’est pas possible de le faire d’un seul coup puisqu’il y a aussi le cas des autres gymnases qui est à prendre en compte » souligne Bourouhane Allaoui. Le budget estimé est compris entre 800 000 et 1 million d’euros. 

Le dossier du gymnase de Cavani est déjà passé en commission, et connaît de nouvelles révisions mais n’a pas encore été délibéré. Saïd croise les doigts et ne cache pas son scepticisme : « Nous espérons que le Conseil départemental tiendra ses promesses et fera en sorte qu’on ait des gymnases dignes de ce nom ». 

*Saïd nom d’emprunt, la personne souhaitant garder l’anonymat

*Madi nom d’emprunt, la personne souhaitant garder l’anonymat

 

Rencontre avec la chanteuse Lylah en concert ce samedi à Koropa

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L’ex-leader du célèbre groupe afro, zouk et R’n’B « Les Déesses », Lylah, est actuellement à Mayotte. Elle donnera un petit concert ce samedi soir au Koropa club. L’Antillaise interprétera quelques-unes de ces dernières chansons ainsi  que les désormais classiques « On a changé », « Danse avec moi » et « Saveurs exotiques » qui ont fait la notoriété de l’ancien trio de chanteuses afro-caribéennes. Pour l’occasion, nous avons rencontré l’artiste à Koropa piscine pour une interview. Musique.

Mayotte Hebdo : C’est la troisième fois que vous venez à Mayotte, vous êtes tombée amoureuse de l’île?

Lylah : En effet, j’ai fait deux premiers voyages en 2013 et en 2014 à l’invitation de DJ Elyas, le directeur artistique du Koropa club. Depuis, nous sommes devenus des amis. À son invitation, je suis donc revenue aujourd’hui. J’aime beaucoup Mayotte. J’aime la simplicité et la gentillesse des gens ici. 

MH : Vous préparez actuellement votre second album dont vous allez interpréter quelques titres ce weekend, pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet?

Lylah :  Je travaille actuellement en studio pour finaliser ce deuxième opus. Je n’ai pas encore de date précise pour la sortie du disque. Ce qui est sûr, c’est qu’il sortira en 2018. J’ai prévu un concert de promotion à Paris au mois d’avril prochain. En attendant, je fais une petite tournée non-officielle en Afrique puisqu’après Mayotte je vais me rendre dans les prochains jours au Bénin et en Guinée pour d’autres concerts. 

« Reformer le groupe des Déesses, un jour j’espère ! »

MH : Depuis que vous avez démarré votre carrière, vous vous essayez à différents styles comme le zouk, le R’n’B ou encore l’afro dernièrement, pourquoi ces choix?

Lylah : Je suis passionnée par les sonorités afro-caribéennes en général donc j’aime varier les plaisirs et parfois mélanger les genres. Depuis 2013 je me suis lancé dans l’afro après m’être rendu à Londres. Un séjour durant lequel j’ai travaillé avec des beatmakers de ce courant musical. C’est vrai que c’est un style qui a explosé ces dernières années. Cette année, j’ai sorti avec Lola Rae la chanson intitulée « Mine ». Mais j’ai aussi interprété cette même année un single dancehall avec Pompis et un autre plutôt zouk avec Sean Chris. Tous ces titres sont prévus dans mon prochain album. 

MH : Revenons sur vote parcours. Votre carrière a été marquée par la période des « Déesses ». De 2006 à 2009, vous occupiez régulièrement le top 50 en France, pourquoi cette aventure s’est arrêtée au bout de 4 ans?

Lylah : Je n’avais vraiment pas envie que notre histoire s’arrête, mais une carrière solo s’est présentée à moi. J’ai donc accepté l’offre de mes managers. Aujourd’hui, Edene et Philypa ont suivi chacune leur chemin. L’une d’elles est devenue comédienne, l’autre a quitté le monde musicomédiatique après s’être mariée et après avoir fondé sa famille. Mais nous sommes bien évidemment toujours amis même si nous avons parfois du mal à nous voir. 

MH : y a-t-il une chance, un espoir, que le groupe se reforme un jour?

Lylah : Pourquoi pas ! J’espère en tout cas. Il faut voir en fonction des possibilités de chacun puisque cela demande beaucoup d’organisation. On peut envisager de reconstituer le groupe lors d’un de mes concerts par exemple. 

MH : Avez-vous des projets artistiques à Mayotte comme la réalisation d’un clip?

Lylah : C’est vrai que l’île est magnifique. Il y a des coins très sympas pour enregistrer de belles images comme le mont Choungui ou l’îlot de sable blanc. J’envisage en tout cas de revenir prochainement puisque l’on réfléchit actuellement à l’organisation d’une tournée dans l’océan Indien. Je sais que j’ai un public à la Réunion, à Maurice et à Madagascar donc j’espère pouvoir mener ce projet à terme. 

Pour en savoir plus : 

Informations et renseignements sur le concert au 0269 60 41 00 ou sur la page Facebook officielle de la discothèque – « Koropa Club ». 

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes