« A des degrés divers, tous les établissements (écoles, collèges et lycées) sont atteints par des phénomènes de violence. Leur point commun : le sureffectif ! », dénonce la FSU Mayotte, évoquant les récentes échauffourées aux lycées de Kahani et Tsararano. Le syndicat énumère : absence de réponse satisfaisante du vice-rectorat face au droit de retrait des agents, évolution des effectifs scolaires sans comparaison avec les académies métropolitaines ou ultramarines, défaut de classement en éducation prioritaire de lycées professionnels, établissements surchargés et non sécurisés, manque d’attractivité du territoire d’où un nombre insuffisant de titulaires, carences d’enseignants de manière générale, de personnels de vie scolaire, d’assistants sociaux, d’infirmiers et de médecins scolaires, d’inspecteurs, de personnels d’encadrement et administratifs, etc. La liste est longue. Pour toutes ces raisons, la FSU Mayotte a déposé un préavis de grève pour le 22 février 2018.
Réunis à l’appel du syndicat SNUipp, les enseignants du premier degré ont manifesté hier pour dénoncer des conditions de travail « insupportables ». Parmi les objectifs de leur grève : mobiliser les parents d’élèves dans la lutte pour de meilleures conditions d’enseignement.
« On lâche rien ! » Devant le vice-rectorat de Mayotte, la sono du syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUipp) fait raisonner le célèbre titre de HK & Les Saltimbanks face à des professionnels en colère. À l’occasion de la journée nationale de mobilisation initiée par le syndicat, une cinquantaine d’enseignants sont décidés à se faire entendre par les autorités. « A l’instar des revendications nationales, nous souhaitons de meilleures conditions de travail. Cela passe par une augmentation des enseignants et une baisse des effectifs dans les classes à hauteur de 20 élèves maximum », explique le secrétaire départemental du SNUipp, Rivomalala Rakotondravelo, dit « Rivo ». Au menu de la journée : grève, sit-in et manifestation dans les rues de Mamoudzou.
Si la mobilisation est nationale, les revendications locales sont au centre des préoccupations de la journée. « Tout Mayotte en REP+ », peut-on lire sur les banderoles des manifestants qui espèrent étendre le dispositif « réseau d’éducation prioritaire renforcé » à tout le département. À l’instar de la Guyane, les enseignants exigent également des indemnités spécifiques pour attirer de nouveaux enseignants. Une volonté « d’égalité de traitement » qui se retrouve dans d’autres revendications, comme l’accès à certaines primes et droits versés aux enseignants sur d’autres territoires de la République.
Actualité oblige, l’insécurité dans les établissements est également dans l’esprit de chacun. Sur les tracts distribués par le syndicat, le souhait d’une « indemnité spéciale pour compenser les risques encourus dans l’exercice de nos fonctions » est mis en évidence. « La violence est également présente dans le premier degré d’enseignement », martèle une enseignante. Avant de s’élancer en manifestation, les représentants syndicaux sont finalement reçus par le vice-rectorat. « On nous écoute, oui… Mais est-ce que nous sommes entendus ? Ça, c’est autre chose », s’inquiète Rivo.
Lutter contre « l’effet de lassitude »
Les manifestants le concèdent : « Beaucoup de ces revendications ne sont pas nouvelles ». À l’heure où les enseignants du second degré et l’ensemble du personnel éducatif se mobilisent pour de meilleures conditions de travail, beaucoup espèrent une coordination des luttes à l’échelle départementale. Cela dans le but d’éviter un « effet de lassitude ». « Il faut une révolution de tout le système éducatif à Mayotte. Les syndicats du premier et second degré doivent se mettre autour de la table pour revendiquer cette cause », plaide l’enseignant Abdallah Youssouf. Une mobilisation générale qui se justifie notamment de par l’étendue des problèmes du système éducatif mahorais. « En huit ans de travail à Mayotte, j’ai pu constater que les choses empirent. Il y a une urgence sur plusieurs fronts, ce qui explique cette étendue des revendications », explique un autre enseignant. Comme ses confrères, celui-ci dénonce un paradoxe : « Les mobilisations ne réunissent plus grand monde alors que les problèmes augmentent. » Au terme de l’assemblée générale clôturant la mobilisation du jour, la colère des enseignants ne s’essouffle pas. Ce qui laisse sous-entendre une poursuite du mouvement.
Pour provoquer un réel changement, beaucoup évoquent une solution dite « idéale »: la mobilisation des parents d’élèves. « Les Mahorais ne se rendent peut-être pas compte qu’ils doivent accompagner l’éducation de leurs enfants par des revendications fortes. Sur ce point, nous n’avons pas assez de répondant. Et les professeurs se retrouvent désorientés », dénonce un enseignant qui répond au nom de M. Pinel. La clé du problème résiderait-elle dans les parents d’élèves ? « Oui, la clé est dans leurs mains, mais aussi dans celles de l’Etat qui n’honore pas toujours ses engagements », conclut-il.
Un nouveau projectile a été lancé, mardi soir, aux environs de 18h, sur un bus de transport scolaire qui circulait sur la rocade de M’tsapéré. La plupart des conducteurs ont fait valoir mercredi leur droit de retrait et ne veulent plus desservir certains arrêts. Le mouvement devrait se prolonger ce jeudi.
Plus d’une centaine de bus étaient à l’arrêt, mercredi matin, sur le terre-plein de M’tsapéré. « 200 à 250 conducteurs sur une totalité de 270 environ » ont exercé leur droit de retrait, informe Mguereza Abdillah, délégué syndical FO Transports. Aucune desserte n’a été assurée de la journée. En conséquence, les établissements scolaires du secondaire ont affiché un taux d’absentéisme de 37 %, indique le vice-rectorat.
Le mouvement des chauffeurs fait suite à un nouveau caillassage, la veille au soir, sur la rocade de M’tsapéré. Peu après 18h, mardi, un projectile a été lancé contre la vitre latérale d’un bus, au niveau de la porte d’entrée avant. Le car était parti de la barge et devait prendre le chemin du sud de l’île. Il était dans les embouteillages lors de l’incident. « Le caillou a atterri sur les genoux du conducteur », affirme l’un des chauffeurs en droit de retrait.
La victime a déposé plainte mercredi matin. Une enquête a été ouverte au commissariat de police de Mamoudzou. « Ça semblerait être le fait d’un élève en retard, qui n’a pas été ramassé » par le bus, indique-t-on du côté des forces de l’ordre. Il n’y aurait « pas un phénomène de bande derrière », contrairement à certains précédents.
Vers une reconduction du mouvement
« Si des véhicules sont caillassés quelque part, on ne dessert plus cet endroit-là », détaille Mguereza Abdillah, le délégué syndical FO Transports. Ce principe apparaît, selon lui, dans le protocole signé le 30 janvier par les conducteurs de bus à l’issue d’une réunion avec le Département, compétent en matière de transport scolaire, et d’autres acteurs. Ce document marquait alors la sortie de crise ouverte le 24 janvier ; date à laquelle les chauffeurs avaient fait valoir un précédent droit de retrait. Le mouvement faisait suite à une série d’incidents à Kahani, Kawéni, Koungou et Majicavo. A chaque fois, des projectiles avaient été envoyés contre des cars.
Les conducteurs exigent que Doujani et une partie de M’tsapéré ne soient plus desservis par les bus de transport scolaire, selon le syndicaliste. Doujani où des jets de projectile ont émaillé les trajets « la semaine dernière » et lundi soir, selon Mguereza Abdillah.
Dans l’après-midi, mercredi, « le directeur de Matis et le chargé d’exploitation » sont venus à la rencontre des chauffeurs, sur le terre-plein, après une réunion avec des élus du Département. « Mais nous, on n’était pas conviés », regrette le syndicaliste.
Par l’intermédiaire de la direction de Matis, le Conseil départemental se serait engagé auprès des conducteurs « à ce qu’on ne prenne pas les élèves de Doujani mais les bus passeraient » dans la commune, avec un appui des forces de l’ordre. Inenvisageable pour Mguereza Abdillah : « Les bus vont passer et c’est là que c’est dangereux. Si les parents savent qu’on va passer et qu’on ne prend pas les élèves, ça va créer des problèmes. »
Le représentant syndical regrette par ailleurs l’absence de toute trace écrite, pour officialiser cette promesse orale. « Ils étaient partis à la base pour [mettre en place cette mesure] deux jours, le temps que les gamins soient interpellés par les forces de l’ordre. »
Le syndicaliste exige une modification provisoire du plan de transport, jusqu’à ce que des interpellations soient effectuées. Il appelle la base à poursuivre le droit de retrait ce jeudi. Les conducteurs doivent se rassembler dès 9h sur le terre-plein de Mtsapéré.
Contacté, le Département n’a pas donné suite à notre sollicitation.
« Aucun élève n’accepte de dénoncer quelqu’un »
Les incidents, « c’est notre quotidien », déplore Fouad, conducteur de bus chez Matis, l’un des délégataires de service public du Département, en charge du transport scolaire. « Des gendarmes qui nous suivent partout, ça n’est pas l’idéal. Ils ont d’autres urgences à traiter », poursuit-il, en référence au dispositif lancé vendredi dernier par la gendarmerie, avec l’embarquement de militaires à bord de certains cars scolaires. Le chauffeur dénonce aussi un laxisme de la justice. « On relâche [les suspects des caillassages] car ce sont soi-disant des mineurs. Ils recommencent. Il faudrait une loi spéciale pour Mayotte. »
Les jeunes « savent tous qui cassent le bus », affirme anonymement un autre conducteur. « Aucun élève n’accepte de dénoncer quelqu’un. » Face à la multiplication des incidents, « des entreprises n’osent plus déclarer les sinistres. Au bout de trois sinistres sur deux ans, l’assureur peut résilier le contrat. C’est notre avenir qui est en jeu », s’inquiète-t-il.
À l’occasion de son examen par la commission des affaires étrangères le 31 janvier, la convention d’entraide judiciaire entre la France et les Comores a soulevé de nombreuses interrogations chez les députés. Tour d’horizon des réponses évoquées quant à ces détails techniques.
Entre les prises de position partisanes et les attaques ad hominem, les députés ont trouvé le temps de s’interroger sur les points techniques de la convention d’entraide judiciaire lors de son examen par la commission des affaires étrangères. L’occasion de comprendre plus en détail les contours de ce projet ambitieux.
– Qu’est-il prévu en matière de lutte contre les filières d’immigration clandestine ?
Soulevée par le député du Parti socialiste (PS) Alain David, cette question est au centre des préoccupations des Mahorais comme des Comoriens. Pour la rapporteure Laetitia Saint-Paul, cette problématique est ainsi « essentielle ». « Selon les articles 19 et 20, les deux Etats auront la possibilité de s’entendre pour autoriser des contrôles contre le crime organisé », insiste-t-elle. Une volonté qui se heurte cependant à certaines difficultés, notamment de par la disposition géographique des deux Etats, reconnaît-elle encore.
– Que faire si l’un des deux Etats ne dispose pas de l’équipement nécessaire, notamment en matière de surveillance téléphonique ?
Avec cette question, la députée La République en Marche (LREM) Liliana Tanguy aborde indirectement l’insuffisance des Comores en termes d’infrastructures sécuritaires. Pour lutter contre cette difficulté, la rapporteure indique que « la partie requérante peut mettre à disposition de la partie requise l’équipement nécessaire. » L’absence d’infrastructures ne peut donc pas être considérée comme un motif de refus en matière de coopération judiciaire.
– Les données personnelles seront-elles préservées ?
Dans la mesure où l’accord prévoit un échange d’informations en matière judiciaire, le député LREM Jean-François Mbaye s’interroge légitimement sur la préservation des données personnelles. Si ce point n’est a priori pas présent dans la convention, Laetitia Saint-Paul évoque le droit français en expliquant que celui-ci s’applique aux données échangées avec les Comores. Même son de cloche du côté comorien puisque l’Etat a récemment mis en place une loi pour la préservation des données.
– Comment éviter que l’un des deux Etats ne fasse « la sourde oreille » aux revendications de l’autre ?
C’est l’inquiétude du député La République En Marche (LREM) Sébastien Nadot. Pour le rassurer, la rapporteure évoque « l’encadrement du délai d’entraide », qui représente selon elle « un vrai argument en faveur de la convention ». Elle évoque ainsi l’article 6 qui » impose aux partis d’exécuter les demandes d’entraide rapidement ». Une mesure qui permet à Laetitia Saint-Paul de brandir « la célérité » comme le « mot-clé » de cet accord entre les deux pays.
– L’accord prévoit-il un volet contre le blanchiment d’argent ?
Questionnée sur ce sujet par le député La République En Marche (LREM) Eric Girardin, la rapporteure Laetitia Saint-Paul rassure d’emblée : « L’article 15 de la convention prévoit une large possibilité d’obtention d’informations », assure-t-elle. « L’état requérant peut demander des informations sur les opérations bancaires et suivre en temps réel les différentes transactions », poursuit-elle. Un moyen de lutter également contre les arnaques et les fraudes liées aux opérations bancaires.
– Comment les avoirs confisqués seront-ils restitués aux propriétaires légitimes ?
La question a été abordée par la députée LREM Monica Michel. Selon l’article 18: « La partie requise peut mettre à disposition de la partie requérante les biens obtenus de façon illégale dans l’objectif de les restituer au propriétaire légitime », lui répond la rapporteure qui précise: « La partie requise peut demander à récupérer ces biens si elle s’estime mieux placée pour les remettre au propriétaire ».
– Comment vont se dérouler les procédures concernant l’entrée en vigueur de l’accord si celui-ci est adopté ?
Préoccupée par une mise en œuvre fonctionnelle de cette convention, la députée LREM Martine Leguille-Balloy s’interroge sur le déroulé des opérations. La rapporteure lui répond en évoquant l’article 34 de la convention qui prévoit que « chaque état doit informer l’autre partie de l’achèvement des formalités internes pour l’entrée en vigueur de l’accord ». Les Comores ne l’ayant pas encore évoqué, la France devrait emboîter le pas.
Nasri Mmadi Ali, 10 ans, n’est pas rentré à la maison depuis samedi, 16h. Le garçon a quitté son domicile, dans le quartier Mougabé à Ouangani, pour se rendre à la rivière avec des amis, avant d’être aperçu sur la commune d’Ouangani. Il est susceptible de se trouver à Ouangani, Passamaïnti ou Kawéni. La gendarmerie lance un appel à témoins. La brigade de Sada doit être avisée au 02.69.62.19.22. ou en composant le 17, si vous apercevez l’enfant.
L’eau minérale n’est plus taxée et l’octroi de mer diminue sur les produits frais et manufacturés. Le Département concède une baisse des prélèvements de cette taxe, à hauteur de 30 millions d’euros en 2018. Une bonne nouvelle pour les entreprises locales et les consommateurs.
Le prix des produits frais a bondi à Mayotte l’an dernier, selon l’Insee (+ 7,6 %). Pour diminuer la note en coursesde ses administrés, le Département a décidé d’agir sur un levier majeur : l’octroi de mer. La collectivité a annoncé lundi, par voie de communiqué, la baisse générale du taux des produits taxés à 30 %, ramené à 20 %. C’est le cas des fameux produits frais. Avec cette mesure, une diminution des tarifs de l’alimentation en général est attendue par le Conseil départemental, ainsi que des produits manufacturés, comme les vêtements et les meubles. L’effort fiscal estimé avoisine les dix millions d’euros.
« Compte tenu des enjeux de la consommation d’eau sur le territoire », le Département a aussi acté la suppression de l’octroi de mer sur l’eau minérale. Voiture de transport et voiture particulière à essence de petit cylindré sont nettement moins taxées. Le taux passe de 30 à 10 %. Les véhicules hybrides voient leur fiscalité diminuer de 30 à 5 %. Quant aux véhicules électriques ou pour personnes à mobilité réduite, ce sera 2,5 % d’octroi de mer contre 30 % jusqu’alors. La fibre optique voit aussi sa taxation abaissée de 30 à 5 %.
Retour à l’exonération pour les entreprises locales
Autre annonce du Conseil départemental : « la reconduction des exonérations sectorielles en faveur des entreprises pour deux années supplémentaires afin d’encourager le développement économique et la production locale. » Tourisme, industrie, artisanat, agriculture, pêche, aquaculture et agroalimentaire : de nombreux secteurs d’activités sont concernés.
Le Département rappelle, dans son communiqué, que cette exonération « de l’octroi de mer sur les importations des matières premières et des biens d’équipements nécessaires à leurs activités concerne près de 5 600 entreprises sur les 12 400 répertoriées sur le territoire. » Plus de 1 000 produits sont affectés par ces exonérations sectorielles.
Le 19 janvier, le Medef local était monté au créneau, dans nos colonnes, pour dénoncer l’absence de prolongation de cette mesure en 2018. « L’entreprise Tôles de Mayotte était exonérée jusqu’au 31 décembre sur l’importation de sa matière première. Elle ne payait qu’un octroi de mer modique sur sa production. Depuis le 1er janvier, elle est passée d’un taux de 2,5 % à 26 % », soulignait alors le président de l’organisation patronale, Thierry Galarme. Conséquence : « L’entreprise n’est plus compétitive par rapport à la tôle importée de Chine. » La collectivité « n’a pas pensé à revoter un arrêté l’an dernier », pour prolonger cet avantage fiscal, croyait savoir à l’époque le patron des patrons.
Sollicité lundi par notre rédaction, le responsable du volet octroi de mer, au sein du Département, n’a pas donné suite à notre appel.
Dans son communiqué, la collectivité affirme que les efforts consentis injecteront « au moins 14 millions d’euros de plus dans l’économie locale. Ainsi, dès cette année, entre les exonérations et cette baisse de taxe, ce sont 30 millions d’euros qui ne seront pas prélevés, et iront au profit des entreprises et des consommateurs. […] Le Département lancera très prochainement une campagne de communication et d’information à destination de la population pour les sensibiliser sur l’impact de ces mesures au niveau du prix. »
L’octroi de mer a permis de faire rentrer dans les caisses l’an dernier un peu plus de 100 millions d’euros. Ces recettes ont été principalement reversées aux communes et au Département.
Un corps a été retrouvé hier matin à Kwalé. Selon le procureur de la République, Camille Miansoni, cette personne serait décédée des suites d’une crise d’épilepsie. Contrairement aux rumeurs qui ont circulé, l’individu ne présentait aucune trace de coups. Un bodyscan a été pratiqué sur la dépouille dans la journée. L’individu habitant à Kwalé a été enterré hier après-midi à Kawéni.
Travaillant à ce projet depuis « longtemps » mais pressée par les récents éclats de violence de ces dernières semaines et la grève des transporteurs scolaires qui en a découlé, la gendarmerie de Mayotte a annoncé vendredi dernier la mise en place d’un dispositif de sécurité préventif, dissuasif et au besoin opérationnel : l’embarquement de militaires à bord de cars scolaires. Explications.
Embarquer des militaires à bord de cars scolaires, c’est la ferme réponse de la gendarmerie de Mayotte aux caillasseurs ayant semé le trouble sur les lignes de bus de l’île ces dernières semaines. Si la gendarmerie réfléchit depuis plusieurs mois à ce dispositif, « la grève des transporteurs scolaires (du 24 au 30 janvier, ndlr) nous a amenés à accélérer le déploiement du dispositif », a reconnu le colonel Philippe Leclercq. « Ce n’est certainement pas ça qui mettra fin à ce phénomène (…) insupportable », a tout de même admis l’officier qui a précisé que « ni la police, ni la gendarmerie, ni l’Education nationale n’ont réussi à résoudre seuls ce problème (…) d’affrontements de pré-adolescents entre eux et contre les transports scolaires ».
Mais en attendant une plus forte mobilisation des élus, des familles et des associations, la gendarmerie a pris à bras-le-corps la problématique et a proposé une solution des plus drastiques, en collaboration avec les conducteurs de transports scolaires et le vice-rectorat : la présence de militaires à bord des bus, parmi les élèves, avec une éventuelle escorte d’un véhicule de gendarmerie permettant « une réaction immédiate en cas de projections de pierres (…) et des interpellations en flagrance ». A partir d’observations et de retours de terrain, la gendarmerie a défini les lignes et les créneaux horaires « les plus vulnérables » et embarquera donc deux militaires par véhicule de manière aléatoire, sur tout ou une partie du trajet. Même s’il n’est pas question de « systématiser » ces interventions, quelques « hotspots » ont été identifiés, tels que le hub de Kahani, le lycée de Tsararano ou encore la Cité du Nord (Acoua) ainsi que des journées de vulnérabilité (veilles de vacances scolaires, par exemple). « On ne se fixe aucune limite de temps », a encore rassuré Philippe Leclercq qui a ajouté : « Il faut s’inscrire dans la durée, marquer les esprits ».
Renforcement d’effectifs en 2018
En 2017, 1500 mobilisations de gendarmes sur 487 opérations ont été dédiées à la sécurisation des établissements scolaires, a rappelé le colonel de gendarmerie, notamment pour des fouilles préventives à l’entrée et à la sortie des cars scolaires.
« A Mayotte, le nombre de militaires effectivement présents sur le territoire est supérieur aux effectifs budgétaires », a encore précisé l’officier. Ainsi, sur le 101ème département français, 234 militaires sont mobilisés alors que le budget n’en prévoit que 221. Et 156 gendarmes mobiles renforcent encore les équipes, portant à 390 le nombre total des effectifs.
Le colonel de gendarmerie a également annoncé qu’il y aurait « des renforts d’effectifs très conséquents » à l’été 2018, sans toutefois préciser le volume, et qu’une brigade de prévention de la délinquance juvénile avec l’affectation de militaires spécialisés serait prochainement créée.
Lors de l’examen de la convention d’entraide judiciaire entre les Comores et la France par la commission des affaires étrangères, les députés se sont livrés à de vifs débats sur la situation sociale et économique de Mayotte. L’occasion pour le parlementaire Mansour Kamardine de tirer la sonnette d’alarme au-delà des rivalités partisanes.
Ce mercredi 31 janvier, tout avait commencé dans une ambiance calme, pour ne pas dire soporifique. A l’occasion de l’examen de la convention d’entraide judiciaire entre les Comores et la France par la commission des affaires étrangères, les députés ont progressivement exposé leurs divergences sans langue de bois.
Après avoir passé en revue les points techniques de la convention, le débat s’est élargi sur le climat social et économique de l’île. « Je pense que le rapporteur n’est pas allé à Mayotte. Sinon vous vous rendriez compte que la situation est plus grave que celle que vous évoquez de façon scolaire », tance Marine le Pen. L’occasion pour la présidente du Front National (FN) de s’attaquer au gouvernement comorien qu’elle considère comme l’un des responsables des difficultés de Mayotte : « On multiplie les ronds de jambe à l’égard des Comores alors qu’ils remettent en cause l’intégrité du territoire français ! », déplore-t-elle. Sans surprise, la députée rejette cet accord dont l’approbation serait vécue par les Mahorais comme un « énième abandon ». « Au contraire, ce nouvel outil pour lutter contre la criminalité ne peut qu’être salué », rétorque la rapporteure Laetitia Saint-Paul.
De l’autre côté de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon a approuvé ce projet dans un désir de dialogue et d’entraide mutuelle avec les Comores. « Marine Le Pen, vous vous trompez (…) C’est par le dialogue que tout commence! », insiste le président du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale.
Kamardine tire la sonnette d’alarme
Invité à s’exprimer sur le sujet, le député Mansour Kamardine a profité des débats pour alerter les membres de la commission au-delà de leurs divergences partisanes : « Ce n’est qu’au contact de la réalité que vous appréhenderez ce que nous vivons. Mais ce que nous vivons là, personne dans cette salle ne l’accepterait dans sa circonscription », lance-t-il. Après une longue intervention sur les difficultés quotidiennes des Mahorais, le député Les Républicains (LR) a invité l’Etat à s’investir davantage dans le développement des Comores. Cela afin d’éviter que sa population ne soit tentée d’émigrer sur le territoire français. « Il faut assurer l’aide au développement aux Comores (…) Nous pouvons faire mieux que les sept millions d’euros actuels », insiste-t-il, tout en se positionnant en faveur de la convention. Un discours applaudi par de nombreux députés aux tendances politiques variées.
Forte de cette intervention remarquée, la présidente de la Commission des affaires étrangères Marielle de Sarnez a exposé un projet appréciable : le lancement d’une mission parlementaire en direction des Comores « qui inclura un passage par Mayotte ».
Merci à notre collègue Mansour Kamardine d’être venu exprimer, en commission à l’Assemblée nationale, la terrible réalité que vivent nos compatriotes mahorais. #Mayotte MLP
Vers 00h20 samedi, un corps sans vie a été repêché par les secouristes dans le lagon, à hauteur du marché couvert, place de la République, à Mamoudzou. La victime est un jeune adulte. Peu avant le drame, des témoins auraient entendu des cris et des râles en provenance du lagon. Un individu a affirmé aux enquêteurs avoir vu la victime sur le rebord, seul et téléphone à la main, sauter dans l’eau. La police s’oriente vers une mort accidentelle ou volontaire, ne nécessitant pas d’autopsie. Un scanner a en revanche été effectué sur la dépouille au centre hospitalier. Une enquête est systématiquement menée lors d’une mort violente.
Depuis mercredi 24 janvier, les chauffeurs en charge du transport scolaire avaient fait valoir leur droit de retrait, après une série d’agressions et de caillassages. Ils ont repris hier le chemin des écoles, après avoir trouvé un compromis avec le Département.
Une sortie de crise a été trouvée avec le Département, compétent en matière de transport scolaire. Les chauffeurs de Matis et de Tama ya leo na messo ont repris du service mardi, après avoir fait valoir leur droit de retrait depuis le 24 janvier, à la suite de multiples agressions.
Anonymement, l’un des conducteurs, employé par cette dernière structure, affirme que la collectivité a proposé « d’augmenter l’effectif des médiateurs : 50 agents seront recrutés en CDD de mars à la fin de l’année scolaire. Ils pourraient ensuite passer en CDI. » Actuellement, ils seraient une trentaine, selon ce chauffeur de car, contre près de 80 par le passé.
En parallèle, les chauffeurs ont décidé « de ne plus desservir les villages où un chauffeur sera agressé, tant qu’il n’y aura pas d’interpellation. C’est une façon d’impliquer les parents. Dans un village, tout le monde connaît le délinquant mais personne n’ose rien dire. On se fait caillasser gratuitement. »
« Je ne suis pas tranquille »
Pour l’heure, « on est retournés sur la route mais je ne suis pas tranquille. Je ferme ma fenêtre [dans le bus] même s’il fait chaud. Si un chauffeur prend un caillou sur la tête, on va au ravin », craint-il. Ce conducteur de Tama ya leo na messo indique que son « patron n’ose pas faire de déclaration de sinistre. Les assurances ne suivent plus. »
Et le chauffeur de rappeler que deux cars ont été caillassés lors des violences entre jeunes au lycée de Kahani, vendredi 19 janvier. En outre, deux autres véhicules de transport scolaire ont été ciblés à Kawéni le lundi 22 janvier, fait-il savoir. Dans la foulée, des délinquants sont montés dans un car et ont « obligé le chauffeur à ne pas marquer l’arrêt ». Mardi 23 janvier : un nouveau caillassage de car scolaire a eu lieu à Kawéni et deux autres ont été visés à Majicavo, selon le conducteur.
Il a été question de ces multiples délits, lundi, lors de la réunion qui a rassemblé Département, chauffeurs de cars scolaires, procureur de la République, associations de parents d’élèves et élus. Les discussions ont duré près de quatre heures. Contacté par téléphone pour confirmer le recrutement prochain de médiateurs supplémentaires, le Conseil départemental n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Deux interpellations de marchands de sommeil, des compteurs d’eau et d’électricité coupés et des habitants en situation irrégulière repérés : c’est le bilan de l’opération menée lundi par la police aux frontières, avec l’appui de la brigade anti-criminalité, dans les cases en tôle situées sur les hauteurs de Vétiver, à Cavani.
Les cases en tôle sur les hauteurs de Vétiver, à Cavani, ont été le théâtre lundi matin d’une intervention d’envergure des forces de l’ordre. Peu après 9h, une trentaine d’agents de la police aux frontières et de la brigade anti-criminalité, se sont rendus sur place dans le cadre d’une enquête en liaison avec le parquet. Le chef d’un réseau ainsi que son complice, marchands de sommeil présumés, ont été interpellés et placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d’aide au séjour irrégulier et de maintien frauduleux de personnes en situation irrégulière sur le territoire. Ces deux hommes sous-loueraient une dizaine d’habitations précaires sur un terrain appartenant au Conseil départemental et fourniraient aux familles des attestations de logement illégales. Ce sont d’ailleurs ces documents, contrôlés par la préfecture lors de la crise des décasages en 2016, qui ont mené les enquêteurs jusqu’aux hauts de Cavani.
→ Vue du quartier d’habitations précaires en tôle, en haut de Vétiver (Cavani).
« Squattée aux trois quarts »
Sur cette parcelle, des branchements d’eau et d’électricité sauvages et dangereux, poussant les équipes d’Electricité de Mayotte (EDM) et de la Mahoraise des Eaux à couper les alimentations. Plusieurs acteurs concernés par l’habitat illégal ont également participé à l’opération, soit une cinquantaine de personnes. Parmi elles, des représentants de l’Etablissement public foncier et d’aménagement de Mayotte, ressassant le même constat : « Quand on va sur le terrain, on rencontre ce type de zones. On ne peut pas se fier aux cartes. On vient une fois et quinze jours après, on revient, et on a dix bangas [supplémentaires] », souligne un cadre.
Les membres de la Brigade foncière du Conseil départemental soupirent également. « Cette zone (désignant le quartier, NDLR) appartient entièrement au Département et elle est squattée aux trois quarts », relate un membre de l’équipe, venu s’enquérir de la conformité de la demande d’arpentage faite sur la parcelle incriminée.
Outre la garde à vue des deux chefs de réseau, trois clandestins ont été interpellés et sont actuellement auditionnés dans le cadre de cette affaire, a indiqué le directeur adjoint de la police aux frontières à Mayotte.
→ L’opération de police a été menée dans une dizaine de cases en tôle.
Des compteurs d’eau et d’électricité coupés
Plusieurs compteurs électriques ont été coupés par les agents d’Electricité de Mayotte (EDM) mobilisés à Vétiver, en marge de l’opération policière. Chacun de ces compteurs, destiné à une seule habitation, était raccordé à plusieurs foyers. La rétrocession est illégale et dangereuse. Le risque d’électrisation est important, si l’un de ces câbles sauvages venait à se décrocher. Cependant, les agents ne sont pas habilités à retirer les câbles en l’absence de la police municipale.
En outre, des agents de la Société mahoraise des eaux (SMAE) ont également coupé des compteurs d’eau dont un en raison « d’un impayé de 1 134 euros. Ce compteur alimentait des particuliers et la mosquée. Les habitants payaient à l’abonné », a précisé un agent. Un autre compteur, fermé en 2015 et appartenant au même individu, a été démonté par la SMAE lors de son intervention sur place.
→ Des agents de la SMAE ont coupé l’alimentation en eau de plusieurs habitations, en raison d’impayés.
→ Des agents d’EDM (Electricité de Mayotte) ont gonflé les rangs du dispositif.
Lors de ses voeux à la presse vendredi dernier, le Préfet Frédéric Veau a tenu à faire le point sur divers sujets, à savoir les ressources en eau, la lutte contre l’habitat illégal, le bilan de l’exercice cyclonique et les violences ayant poussé les conducteurs de bus scolaires au droit de retrait.
Après avoir présenté ses voeux aux personnalités de l’île le 19 janvier, le Préfet de Mayotte, Frédéric Veau, a convié la presse vendredi dernier afin de lui souhaiter une belle année et d’aborder quelques sujets brûlants, à savoir les ressources en eau, la lutte contre l’habitat illégal, le bilan de l’exercice cyclonique et le droit de retrait des conducteurs de bus scolaires. Le représentant de l’Etat s’est d’abord réjoui d’une situation des ressources en eau « favorable », avec la retenue collinaire de Combani remplie à près de 105% (ce chiffre, supérieur à 100%, s’explique par le fait que la retenue ait été récemment rehaussée), et celle de Dzoumogné remplie à 54%, ce qui correspond à « la situation au début de la saison sèche en 2017 ». Selon les prévisions, ces ressources permettraient à l’île d’être approvisionnée en eau au moins jusqu’en décembre 2018. Ensuite, Frédéric Veau a confirmé avoir reçu jeudi les maires de l’île afin « d’organiser des opérations de lutte contre l’habitat clandestin, en commençant par Mamoudzou » en raison d’une demande particulièrement appuyée de cette commune.
La moitié de la population exposée
Puis, il a évoqué « le plus vaste exercice de sécurité civile depuis cinq ans à Mayotte », à savoir l’exercice cyclonique s’étant déroulé de lundi à mercredi derniers, visant notamment à améliorer la coordination et la réactivité des services de l’Etat et d’autres acteurs clés (mairies, EDM , SMAE, etc.) en cas d’alerte cyclonique. « Nous avons travaillé sur l’hypothèse d’un cyclone puissant, de force 4 », a rappelé le Préfet, pour qui il est nécessaire de poursuivre l’équipement en téléphones satellitaires, de progresser sur la liaison entre les deux îles, de travailler avec les communes sur la question des mises à l’abri, de réfléchir à un déclenchement de l’alerte rouge plus souple et, en termes de communication à la population enfin, de mieux ajuster les messages de début de crise (à visée pédagogique et comprenant les mesures de sécurité) et les messages en situation opérationnelle (qui doivent davantage être directifs et insister sur la mise à l’abri). « Nous n’avons pas intégré la dimension des sinistrés et des victimes, (…) car un tel chiffrage relève du postulat », a expliqué Frédéric Veau, pour qui de telles projections ne peuvent être « qu’arbitraires ». Cependant, le Préfet a admis que des « données tangibles de mesure des risques » existaient, notamment grâce à l’Insee, qui chiffre à 20 000 le nombre d’habitats en tôle à Mayotte, ce qui implique « que la moitié de la population est exposée ». Enfin, le Préfet a annoncé que quatre personnes, deux majeurs et deux mineurs, avaient été interpellées suite aux caillassages de bus de la semaine dernière et qu’elles paraîtraient aujourd’hui en comparution immédiate, les deux majeurs étant incarcérés à Majicavo. « La violence n’est pas une fatalité à Mayotte », a conclu Frédéric Veau, rappelant que le premier jour de la grève des transporteurs scolaires, familles et associations s’étaient mobilisées pour interférer auprès des jeunes qui montaient des barrages, avec succès. Le Préfet a donc appelé à la mobilisation de tous sur la question de la délinquance.
“À mi-parcours des Assises, plus de 15 000 participants ont d’ores et déjà contribué à cet exercice citoyen qui réunit une très grande diversité de participants : élus nationaux et locaux, acteurs socioprofessionnels, entrepreneurs, fonctionnaires, étudiants, etc.”, indique un communiqué de presse émanant du ministère des Outre-mer paru jeudi. Le ministère a tenu à établir un bilan chiffré de la participation à mi-parcours : “Plus de 180 candidatures pour le concours Projets Outre-mer, plus de 250 ateliers organisés dans les territoires, plus de 6 000 personnes présentes aux ateliers et réunions publiques, plus de 15 000 participants aux Assises, en direct ou en ligne, plus de 70 000 heures de travail cumulées entre tous les participants”. A Mayotte, selon le ministère, 35 ateliers se sont tenus, durant lesquels ont notamment été définies trois priorités locales : l’amélioration des routes, l’accès au soin et la prévention de la délinquance.
Lors de ses vœux adressés aux institutionnels, aux élus, au personnel du CHM et à la presse, la directrice Catherine Barbezieux a annoncé le chiffre officiel du nombre de naissances en 2017 sur le territoire et rappelé les enjeux auxquels avait fait face l’hôpital en 2017 ainsi que ses perspectives pour 2018.
Si l’activité du centre hospitalier de Mayotte (CHM) a enregistré « une hausse plus faible que les années précédentes », son activité reste « extrêmement soutenue », a admis mercredi lors de ses vœux Catherine Barbezieux, directrice de l’hôpital mahorais. « Les accouchements ont de nouveau frôlé les 10 000 naissances, 9674 exactement, soit 160 de plus que l’année dernière », a annoncé la responsable. Autre chiffre qui prouve la vitalité des services du CHM : « Les urgences ont connu plus de 72 000 passages, soit autant qu’au CHU de Saint-Denis », a-t-elle affirmé. Cependant, la directrice a constaté que « l’ensemble des postes médicaux avaient été occupés » en 2017, soit plus de 200 médecins en activité mais a reconnu que « le turn-over reste considérable » et que certains secteurs demeurent en tension, tels que celui des infirmiers de bloc opératoire qui connaît une véritable « pénurie » exhortant le CHM à « réduire ses activités en fin d’année ». A ce titre, un groupe de travail a été constitué afin de prendre des mesures pour pallier cette carence.
Des centres de recherche labellisés
Catherine Barbezieux a énuméré les autres avancées favorables au fonctionnement du CHM en 2017 : mise en service des locaux de consultation de médecine légale et d’une salle permettant l’interview filmée de victimes, aménagement d’une salle supplémentaire dédiée à l’endoscopie, mise aux normes du service des brûlés et du dispensaire de Koungou, ouverture imminente d’un centre médico-psychologique à Chirongui, lancement des travaux d’assainissement du centre de référence de Dzoumogné, renouvellement des équipements notamment pour la salle de radiologie os-poumon, élaboration de nouveaux plans d’urgence (attentats, peste) et actualisation des existants (tsunami, choléra, cyclone, etc.), et poursuite des travaux de l’hôpital de Petite-Terre avec une réception du chantier prévue pour septembre 2018. En outre, Catherine Barbezieux a également évoqué les deux centres de recherche mahorais sur la drépanocytose et les maladies du globule rouge qui ont été labellisés.
172 millions pour agrandir le CHM
De manière prospective, la directrice a rappelé que le CHM travaillait à l’élaboration d’un dossier à destination du Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (Copermo), visant à financer la reconstruction et l’augmentation des capacités de l’hôpital. Catherine Barbezieux a souligné que la ministre de la Santé, lors de sa dernière visite à Mayotte, avait promis de financer l’opération à hauteur de 172 millions d’euros. Néanmoins, ce dossier, qui n’aura des retombées concrètes que dans sept ou huit ans, « ne doit pas faire oublier (…) qu’il faut mettre en place des actions intermédiaires », a souligné la responsable.
Ainsi, en 2018, la mise en service de l’hôpital de Petite-Terre permettra le déménagement des services de l’actuel hôpital de Dzaoudzi et l’ouverture en 2019 du premier service de soins de suite et de réadaptation (anciennement appelé service de convalescence) avec 55 places.
Côté CHM, la création de trois blocs opératoires supplémentaires est envisagée ainsi que l’augmentation dès 2018 de la capacité de la réanimation et de l’IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) et en 2019, du nombre de lits de médecine. En brousse, la mise à niveau du centre de Mramadoudou est programmée.
Contrôle de la gratuité des soins
La direction a également annoncé « l’augmentation des consultations programmées, une modification de la politique de distribution des médicaments, un plus grand contrôle de la gratuité des soins, et une modification des modalités de délivrance des certificats médicaux » ainsi que « la sécurisation du circuit du médicament et l’identito-vigilance », consistant à s’assurer de la bonne identité du patient.
Enfin, concernant la coopération régionale, un dossier multipartenarial devrait être déposé pour une demande de fonds européens sur trois thématiques essentiellement : la poursuite de l’activité du sas brûlés (sas sanitaires situés aux Comores), la prise en charge de la maladie chronique et l’orthopédie.
Mayotte sort du groupement hospitalier de territoire (GHT)
A la fin du mois de décembre, et pour une période d’un an renouvelable, Mayotte a décidé de quitter le groupement hospitalier de territoire (GHT) en raison « de l’éloignement et des difficultés liées aux modes de rémunération des personnels et de financement de l’activité du CHM », a indiqué Catherine Barbezieux mercredi. Mais cette décision « ne remet pas en cause les partenariats privilégiés avec le CHU de La Réunion », a rassuré la directrice de l’hôpital. Lors du Conseil de surveillance exceptionnel du CHU de La Réunion qui s’est tenu lundi, le Conseil départemental a précisé que les présidents des conseils de surveillance des deux îles échangeraient prochainement « sur les modalités afin de continuer le travail de collaboration entre les deux établissements ». Issa Issa Abdou, président du conseil de surveillance du CHM « s’est engagé à se rapprocher de ses collaborateurs afin de préparer un document qu’il va soumettre à Monsieur Virappoulé (président du conseil de surveillance du CHU de La Réunion, NDLR) dans le courant du mois de février 2018 », a encore précisé le Département.
Les échanges ont dû être houleux mardi soir à la Chambre de Commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM) entre les représentants de la chambre consulaire et un collectif de professionnels de la mer. Pomme de discorde : la gestion du ponton de Mamoudzou, prisé des pêcheurs et des touristes.
« Voleur », disent les uns, « voyou », disent les autres. Les noms d’oiseaux fusent de chaque camp. D’un côté, le collectif des usagers des pontons de plaisance de Mamoudzou et de Dzaoudzi et de l’autre, la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM), les deux s’étant entretenus hier soir en présence d’élus, afin d’échanger sur la question de la gestion des deux pontons.
Montés en collectif fin 2017, divers prestataires nautiques, ainsi que les représentants des plaisanciers et des pêcheurs des pontons de Mamoudzou et de Dzaoudzi ne décolèrent pas. Ils reprochent à la CCIM, mandatée par le Conseil départemental pour gérer les deux pontons, de faillir à ses missions. Manque d’entretien de l’infrastructure et des dispositifs de fixation en général provoquant « une mise en danger » potentielle des usagers, absence de navire pour l’assistance aux bateaux, défaillance de balisage des périmètres et chenaux, menaces d’enlèvement et de saisie des bateaux dont les propriétaires ne paient pas la redevance, etc. La liste des griefs est longue et étayée dans un courrier que le collectif a adressé au préfet, au procureur de la République, aux sénateurs et aux députés de Mayotte en novembre dernier. L’affaire a d’ores et déjà pris une tournure judiciaire puisque le gérant de l’entreprise Mayotte Lagon, professionnel usager du ponton de Mamoudzou, a sollicité les services d’un avocat afin de régler un litige relatif à un défaut de paiement.
Contactée par téléphone, la direction de la CCIM a démenti l’ensemble des informations ci-dessus. « Il faut bien comprendre que pour qu’une infrastructure fonctionne, il faut que les usagers paient », a plaidé Zoubair Ben Jacques Alonzo, accusant les membres du collectif de ne plus s’acquitter de leurs redevances, parfois depuis plusieurs années. « C’est du vol, c’est hyper malhonnête », poursuit le directeur général de la CCIM : « Ce collectif représente 8 usagers, sur les 110 du ponton qui paient pour eux ». Le responsable est lui aussi colère : « En attendant, ils embarquent bien des passagers, ils prennent bien l’eau du ponton, ils utilisent bien les infrastructures du port, leurs entreprises prospèrent, non ? (…) S’ils ne sont pas contents, ils s’en vont ! » Zoubair Ben Jacques Alonzo a également déclaré que la CCIM engageait chaque année entre 60 000 et 80 000 euros de travaux d’entretien, et qu’elle venait tout juste d’investir 85 000 euros, précisant que le budget du port de plaisance est rendu public. D’autre part, le directeur a tenu à préciser que la CCIM était déficitaire « tous les ans sur cette infrastructure ».
Ping-pong argumentatif
Malgré les investissements de la chambre consulaire, le gérant de Mayotte Lagon rapporte de nombreux problèmes, dont une panne – partie flottante du ponton sur laquelle s’amarre un bateau – qui se serait décrochée en raison des vents de la semaine dernière. « On paie trois fois le prix pour un ponton pourri », se plaint Patrick Varela, de Mayotte Lagon. « Malgré les coups de vents, le ponton est toujours là », rétorque le directeur général de la CCIM. « Oui, le port de Mayotte est plus cher que celui de La Rochelle. Mais s’il y a la vie chère à Mayotte, qu’y peut-on ? », argue encore Zoubair Ben Jacques Alonzo.
Autre motif de mécontentement : l’exploitation du port de plaisance accordée à la CCIM par le Conseil départemental, semblant relever de « favoritisme avéré » selon le collectif qui explique qu’une délégation de service public (DSP) « ne peut être reconduite, sauf dans l’intérêt général et pour une durée d’un an » et s’indigne ainsi que le Département ait conclu un septième avenant au contrat noué avec la chambre consulaire. « Il faut changer de mode de gestion », reconnaît Zoubair Ben Jacques Alonzo qui indique que cette responsabilité incombe au Conseil départemental qui n’a pas encore engagé de réelle procédure de mise en place d’une DSP. « On ne peut pas investir tant que le mode de gestion n’a pas changé », regrette-t-il, précisant que dans les prochaines semaines, le Conseil départemental devrait se saisir du sujet à bras-le-corps.
Enfin, la CCIM a déclaré qu’une procédure de contentieux était engagée pour que les usagers qui ne paient pas la redevance quittent les lieux et que cette affaire « devrait être réglée au cours de l’année ».
Histoire de la gestion du ponton de plaisance
Un document datant de 2015, cosigné par le préfet de l’époque, Seymour Morsy, et le président de la CCIM, Ali Hamid, explique déjà le cœur du problème. Voici ce qui y est précisé : « La CCI est gestionnaire du port de plaisance depuis sa création en 1995. Depuis 2011, au terme de son contrat, elle bénéficie d’avenant de prolongation de durée très courte pour continuer l’exploitation. Le dernier en date arrive à échéance le 31 août 2015. Cette situation rend très compliquée la gestion quotidienne des infrastructures car elle ne permet pas d’investir pour répondre aux besoins des usagers et crée une situation d’insatisfaction. Les usagers profitent de cette «défaillance» pour contester les tarifs en vigueur. Cela se ressent dans le taux d’impayés. Le département n’a toujours pas défini sa politique pour cet outil. Par conséquent, les objectifs suivants sont retenus : La commission de finances doit statuer sur les problèmes des tarifs des pontons; Engager des négociations avec le Conseil Départemental pour une DSP provisoire, incluant le solde du passif des pontons, ce qui permettrait à la CCI de repartir sur des bases saines; Concernant le personnel CCI détaché aux pontons (maître du port), il faut négocier avec lui son rattachement à la concession avant le transfert éventuel à un futur délégataire. Les autres agents restent attachés de droit à leurs fonctions aux pontons; La CCI doit se préparer à répondre à une éventuelle DSP, si telle était la décision du département. »
Hier à 17h35 un car scolaire a été caillassé à Kawéni, puis à 17h50 un autre caillassage de bus par des jeunes a eu lieu entre Majicavo-Lamir et Koropa. L’agression d’une extrême violence selon le conducteur, a fait 4 blessés dont 1 grièvement. Les stigmates sont encore visibles à l’intérieur du véhicule caillassé. Plusieurs galets et des morceaux de bois ont fini leur course sur les sièges du véhicule. Excédés par ses attaques à répétition, les chauffeurs de Matis ont décidé d’exercer leur droit de retrait. Ils se sont rassemblés tôt ce matin à la rocade de M’tsapéré, ce qui a occasionné plusieurs barrages érigés par des collégiens au nord, au sud et au centre de l’île. Encore une fois les usagers de la route ont été priés de prendre leur mal en patience.
La police a organisé un contrôle de vitesse samedi dernier sur la rocade de Mtsapéré. L’opération menée sur la RN2 a permis de relever huit excès de vitesse, compris entre 80 et 117 km/h, sur une portion limitée à 50 km/h. Sept amendes contraventionnelles et une délictuelle ont été dressées par les forces de l’ordre.
Le collectif des Citoyens de Mayotte, accompagné de manifestants, s’est uni samedi dernier à Pamandzi pour militer pour la piste longue de l’aéroport. L’allongement de l’actuelle piste est un sujet qui suscite toujours autant d’émoi.
Ils étaient environ 300 à manifester samedi dernier. Le collectif des Citoyens de Mayotte, composé de onze associations dont le Codim, les Assoiffés de Mayotte, Civirevos, les Femmes Leaders, ont entamé la marche à partir du rond-point du Four à Chaux et ont ensuite pris la direction de l’aéroport. Comme à l’époque de Zéna M’déré et de Younoussa Bamana durant les manifestations, le maulida shengue (chant traditionnel) était au cœur du cortège. Sur les banderoles, on pouvait lire : « Les Mahorais ne sont pas les vaches à lait d’Air Austral » ou encore : « Oui à la piste longue, non au bac à sable à la con ».
Entre chants et discussions, on pouvait également entendre le discours de ceux qui ne comprenaient pas pourquoi les Mahorais ne s’étaient pas mobilisés en masse comme durant la manifestation au sujet de la feuille de route : « On s’attendait à ce qu’il y ait autant de monde [que pour la feuille de route]. C’est vraiment dommage. Lorsqu’il faut manifester pour une chose utile, les Mahorais restent chez eux et croisent les bras en espérant que le peu de personnes qui se sont réveillées fassent le travail de tout monde », regrette un manifestant. Du côté des organisateurs, les avis divergent. Certains sont mécontents et auraient aimé voir une marée humaine à la manifestation, d’autres sont satisfaits, à l’instar de Soufiani Malide, membre du collectif des Citoyens de Mayotte : « Notre objectif n’était pas d’atteindre un nombre de personnes donné mais de passer un message. Et on pense que le message est passé car le Préfet est là et les médias aussi », commente-t-il.
Trois points ont été soulignés durant cette manifestation : la sécurité des usagers, le développement économique et le désenclavement de l’île. Pour Dhoimrati M’trengoueni, membre du collectif, contribuer à cette journée c’est « montrer et dire à nos élus qu’on est avec eux. Alors, qu’ils prennent les choses en main ! » Quelques élus avaient d’ailleurs fait le déplacement pour accompagner la population tels qu’Anchya Bamana, maire de Sada, Hafidati Mkadara, conseillère départementale de Bouéni, et Daniel Zaïdani, conseiller départemental de Pamandzi. « Le devoir d’un élu est d’être aux côtés de sa population. Donc, notre rôle est d’être ici et de soutenir cette initiative, d’autant plus que derrière l’élu se cache un citoyen qui connaît les mêmes difficultés que nos concitoyens », explique Issa Abdou, conseiller départemental de Dembéni.
Entre espoir et pessimisme
Un drame n’est certainement pas loin, craint Issa Abdou : « Il y a un problème manifeste de sécurité ici, il n’y a qu’à voir la descente des avions pour se demander non pas si un accident est possible, mais quand arrivera-t-il ? C’est donc une chose qui doit nous toucher et surtout nous faire agir et réagir ».
Entre les élus et les quelques citoyens qui gardent espoir quant à la révision du dossier, il y a ceux qui ne cachent pas leur pessimisme comme Oustadh Abdourahim, participant à la marche : « Cette manifestation est pour nous une très bonne chose même si le résultat est assez décevant. Nous avons besoin de cette piste longue pour justement participer à l’économie de Mayotte », déplore-t-il. « Mais je ne pense pas que cette manifestation changera quoi que ce soit à la décision de l’Etat », conclut-il.
La manifestation a touché à sa fin vers midi à l’aéroport de Dzaoudzi. Les membres du collectif ont pris le temps de remercier tous les participants. La pluie, synonyme de bon présage dans la tradition mahoraise, est venue arroser les manifestants. Reste à voir si elle apportera réellement de bonnes nouvelles.
Mansour Kamardine pour l’allongement de la piste
En déplacement à Paris, le député de Mayotte a montré son soutien aux manifestants du 20 janvier, à travers un communiqué en faveur de la piste longue : « La construction de la piste longue permettra le désenclavement de Mayotte, une importante baisse des tarifs aériens et favorisera le développement économique et social du 101ème département français, département riche de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Sa construction est une nécessité. Parmi les grands investissements structurants dont Mayotte a besoin, la piste longue est « la » priorité. C’est pourquoi je souhaite, afin que sa réalisation intervienne au plus vite, que nous sollicitions la mobilisation des fonds européens pour couvrir la plus grande partie de son financement, qui est évalué à 200 millions d’euros environ ».
Le Conseil départemental n’a pas prolongé certaines exonérations sur l’octroi de mer, accordées aux entreprises locales. Depuis le 1er janvier, la taxation s’est envolée sur des matières premières. « Plusieurs centaines d’emplois sont menacés », selon le Medef de Mayotte. La collectivité aurait oublié de prolonger la délibération mais se serait engagée à rectifier le tir auprès du syndicat patronal.
« J’aime bien donner des exemples précis. » Thierry Galarme, président du Medef de Mayotte, met en exergue les conséquences de l’abandon de certaines exonérations sur l’octroi de mer, une taxe appliquée depuis 2014 à Mayotte. « L’entreprise Tôles de Mayotte était exonérée jusqu’au 31 décembre sur l’importation de sa matière première. Elle ne payait qu’un octroi de mer modique sur sa production. Depuis le 1er janvier, elle est passée d’un taux de 2,5 % à 26 %. » Conséquence : « L’entreprise n’est plus compétitive par rapport à la tôle importée de Chine. »
Des dizaines de sociétés seraient concernées par des hausses conséquentes et « plusieurs centaines d’emplois menacés », selon le représentant du syndicat patronal. « On pénalise le consommateur et on met en péril la production locale. C’est catastrophique pour les industriels. »
Le Medef « n’exclut aucun moyen d’action »
Thierry Galarme a alerté le Conseil départemental sur l’absence de prolongation de la délibération permettant ces exonérations jusqu’au 31 décembre 2017. La collectivité « n’a pas pensé à revoter un arrêté l’an dernier », croit savoir le patron des patrons. « Lors de nos derniers contacts, ils se sont engagés à le faire courant janvier. Il faut que la décision soit prise en assemblée plénière. » La délibération devrait être rétroactive, pour annuler la hausse opérée au 1er janvier. « Si le Conseil départemental ne revient pas sur sa décision, qui ne représente pas des recettes phénoménales, on n’a plus qu’à fermer nos usines. D’autant que s’ajoutent à cela le passage aux 35 heures et l’application du code du travail. »
« Le Medef a confiance dans le Conseil départemental pour trouver une solution par voie amiable, mais n’exclut aucun moyen d’action », poursuit Thierry Galarme. Une référence à l’opération menée début 2016 par le syndicat patronal, qui a « bloqué les services du Conseil départemental avec des camions de chantier et des militants, sans couper la circulation. » A l’époque, le Medef local s’opposait à une hausse de l’octroi de mer sur certains produits. Un accord avait été trouvé après ce bras de fer, qui avait conduit pharmaciens, entreprises du BTP ou encore vendeurs du marché dans la rue. Les exonérations « protègent la production locale, pas si nombreuse à Mayotte », assure Thierry Galarme.
Les principaux secteurs économiques qui bénéficient de l’exonération d’octroi de mer externe sur les matières premières et les biens d’équipements importés « sont l’agriculture, la pêche, l’industrie (une partie), le tourisme, la transformation des produits agricoles, l’aquaculture, l’artisanat et la restauration », indiquait le Conseil départemental dans un communiqué, publié en 2016. Près de 180 activités différentes sont concernées.