Depuis quelques jours, de nombreux usagers ont constaté des retards à répétition des barges. Contacté hier matin, le directeur du service de transports maritimes (STM ) Jean-François Urbain a expliqué que ces problèmes sont liés à l’embarquement et au débarquement des véhicules à Dzaoudzi et Mamoudzou. « Les routes étant exigües, des bouchons se créent régulièrement. La circulation peut être rapidement bloquée à cause des véhicules qui se croisent à l’entrée et à la sortie des barges », répond la direction. En effet, en l’absence de voies d’embarquement adaptées, de nombreux automobilistes font la queue sur le boulevard des crabes à Dzaoudzi ou à l’entrée de l’embarcadère de Mamoudzou. Enfin, la direction a tenu à souligner que les intempéries de ces derniers jours « entrent également en jeu ».
Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année 2017
Les votes sont ouverts !
Ce vendredi, la Société mahoraise de presse lance la neuvième édition des Trophées Mayotte Hebdo du Sportif de l’année. Cet événement a vocation a récompensé celles et ceux ayant marqué l’année sportive 2017, de par leurs performances ou leur engagement dans leurs disciplines respectives. Pour cela, un jury composé de dix membres s’est réuni en novembre dernier pour piocher dans les 66 présélectionnés et retenir 40 nominés, que voici :
Nominés dans la catégorie SPORTIF DE L’ANNEE
Abdallah Abacar, Mamoudzou VTT Club : vainqueur du tour de Mayotte.
Ahmed Saïd Salim, Vautour Club Labattoir puis Basket Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur du trophée des champions, vainqueur de la coupe de France régionale, vainqueur de la finale zone océan Indien du Trophée coupe de France.
Anli-Oireou Madi, ASC Tsingoni (handball) : champion de Mayotte.
Faïze Ali Charif, Football Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.
Mouhtar Madi Ali, Football Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.
Nominées dans la catégorie SPORTIVE DE L’ANNEE
Dhoimrati Salim Abdallah, Rugby Club Mamoudzou.
Hamidati Ahamadi Abdillahi, Combani Handball Club : championne de Mayotte.
Kouraïchia Ali M’changama, All Stars Petite Terre (volley-ball) : championne de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.
Layla Dina, AS Jumelles M’zouasia (football) : championne de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.
Maïmoune M’dahoma, Vautour Club Labattoir (basket-ball) : championne de Mayotte.
Nominés dans la catégorie MAHOPOLITAIN DE L’ANNEE
Anzize Saïd Omar, Stade Olympique Chambéry (rugby).
Djassim Ahamada, ECO-CJF Athlétisme (saut en longueur).
Kadri Moendadzé, Orléans Loiret Basket.
Kévin Oumar, Red’s Team FR (kick boxing).
Marius Randriantseheno, Grenoble SMHGUC (handball).
Nominées dans la catégorie MAHOPOLITAINE DE L’ANNEE
Camille Tanne, Tarbes Gespé Bigorre (basket-ball).
Fayzat Djoumoi, Centre Fédéral de Basket-Ball : championne d’Europe.
Jeanine Assani Issouf, Limoges Athlé (triple saut) : championne de France en salle, championne de France plein air.
Nadjma Mahamoud, Olympique de Coubervoie (patinage artistique).
Simane Magoma, Tennis Club Sainte Memmie.
Nominés dans la catégorie ENTRAINEUR DE L’ANNEE
Rachadi Madi, TC Koropa puis TC Kavani (tennis).
Frédéric Louvier, Poutou Bébérou Mamoudzou (tennis de table).
Kolo N’daka, Ecole de Football Daka Kani-Kéli.
Marc Laffargue, Mayotte Boxing Majicavo (boxe, kick boxing).
Rudolphe Méchin, ASJJCM Kawéni (judo).
Nominés dans la catégorie DIRIGEANT DE L’ANNEE
Catherine Mkadara, présidente du All Stars Petite Terre (volley-ball).
Daoulab Ali Charif, président du Basket Club M’tsapéré.
Mohamed Boinariziki, président de la Ligue mahoraise de football et vice-président de l’Union des fédérations de football de l’océan Indien.
Nicolas Fraisse, président du Tennis Club Koropa Ascugre.
Sébastien Rière, président du Comité Territorial de Rugby de Mayotte et vice-président de la Fédération Française de Rugby, en charge de l’Outremer.
Nominées dans la catégorie EQUIPE MASCULINE DE L’ANNEE
Association Sportive et Culturelle Tsingoni (handball) : champion de Mayotte.
Basket Club M’tsapéré : vainqueur de la coupe de Mayotte, vainqueur du trophée des champions, vainqueur de la coupe de France régionale, vainqueur de la finale zone océan Indien du Trophée coupe de France.
Football Club M’tsapéré : champion de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.
Association des Jeunes Handballeurs de Tsimkoura (handball) : vainqueur de la coupe de Mayotte.
Racing Club Petite Terre (rugby) : vainqueur de la coupe de Mayotte à VII, champion de Mayotte à XV.
Nominées dans la catégorie EQUIPE FEMININE DE L’ANNEE
All Stars Petite Terre (volley-ball) : championne de Mayotte, vainqueur de la coupe de Mayotte.
Association Sportive des Jumelles de M’zouasia (football) : championne de Mayotte, finaliste de la coupe de Mayotte.
Basket Club M’tsapéré : vainqueur de la coupe de Mayotte, vainqueur du trophée des champions, vainqueur de la coupe de France régionale.
Combani Handball Club : championne de Mayotte.
Vautour Club Labattoir (basket-ball) : championne de Mayotte.
Nominés dans la catégorie ARBITRE DE L’ANNEE
Mirhane Abdallah (Ligue mahoraise de football)
Chakrina Baharissoiffa et Bacar Saïd « Ajax » (Ligue régionale de handball de Mayotte)
Mourthadoi Gaba (Ligue régionale de basket-ball de Mayotte)
Ambdoul Madjidi (Comité territorial de rugby de Mayotte)
Alain Descatoire (Comité départemental de karaté et disciplines associées)
La dernière catégorie, celle des arbitres, a été définie par les différents comités sportifs et ligues sportives, contrairement aux huit autres catégories composées par le jury des trophées Mayotte Hebdo. Cela porte ainsi le nombre de nominés à 45.
A partir de ce jour, les internautes ont deux mois pour se rendre sur le site www.mayottehebdo.com et voter leur sportif, sportive, entraîneur, dirigeant, mahopolitain, mahopolitaine, équipe masculine, équipe féminine et arbitre favoris. La clôture des votes est programmée au vendredi 16 février 2018. La cérémonie de remises des trophées Mayotte Hebdo du sportif de l’année 2017 se déroulera la semaine suivante, le samedi 24 février 2018 au cinéma Alpa Joe, en direct sur Mayotte 1ère télé, radio et sur le compte Facebook du média.
Bonne lecture et bon vote !
Mayco rouvre temporairement
L’usine de Mayco a rouvert temporairement ses portes hier matin, a confirmé Frédéric Lauté, président directeur général de l’entreprise.
La direction avait choisi de fermer le site le 13 décembre suite à de violentes échauffourées entre le personnel gréviste (un mouvement social est en cours depuis le 27 octobre) et des agents de sécurité. » Nous avons rouvert l’usine ce matin (mercredi, ndlr) pour effectuer les livraisons », explique le PDG . « Nous essayons de remettre en marche une ligne de production, mais c’est un processus qui est long. Cette réouverture est temporaire, c’est encore très incertain. Je suis conscient que nous n’avons pu rouvrir aujourd’hui que grâce à la présence de la gendarmerie. Mais tant qu’il n’y a pas de menace [de la part des grévistes], on continuera à travailler », complète encore le responsable. Les grévistes, quant à eux, sont extrêmement mécontents : « Deux camions Sodifram ont récupéré les boissons (…) et nous comptons attaquer en justice la direction. Nous n’admettons pas [qu’elle] ait recours à des personnes extérieures pour faire le travail du personnel gréviste », explique Soilihi Midaïn, délégué syndical CGTMA Mayco, qui indique qu’il y avait encore une cinquantaine de grévistes devant l’usine hier matin. Les trois revendications principales à l’origine du mouvement de grève (revalorisation d’une partie des salaires et des primes sur objectifs, décompte hebdomadaire transparent des heures supplémentaires grâce à un système de pointage, ndlr) ont été satisfaites mais la grève se poursuit en raison d’un différend portant sur d’éventuels licenciements de grévistes.
→Frédéric Lauté, président directeur général de Mayco
13 millions d’euros pour l’aéroport de Mayotte
Suite à la question posée par la député Ramlati Ali, à Elisabeth Borne, ministre auprès du ministre d’Etat de la transition écologique et solidaire chargée des transports, une réponse sur l’avenir de l’aéroport a été formulée par M. LECORNU , Secrétaire d’Etat auprès du Ministre d’Etat de la transition écologique et solidaire. « Cette réponse nous rassure sur le sort réservé à notre aéroport puisque pas moins de 13 millions d’euros vont être investis dans la création d’une solution innovante de lits d’arrêts d’urgence pour respecter les normes européennes qui entreront en vigueur au 31 décembre 2018 », a déclaré Ramlati Ali. « Cet investissement représente une première étape toutefois l’Etat se devra d’agir pour trouver une solution durable pour les populations survolées », a souligné Ramlati Ali. Ainsi, elle a salué cette avancée « tout en espérant un décollage pour cette piste dont l’agrandissement est attendu par les Mahorais avec impatience pour inscrire Mayotte dans une stratégie d’ouverture sur l’international ». Comme l’a indiqué Sébastien LECORNU, c’est également à travers des assises d’Outre-mer que les Mahorais peuvent peser sur l’avenir de leur aéroport.
Portrait d’entreprise Kashkazi : gastronomie et ambiance cosy
Kashkazi est le nouveau rendez-vous culinaire de M’tsapéré, proposé par Asna et Zaidou tous deux férus de gastronomie. Avec des plats traditionnels revisités et un cadre ravissant, Kashkazi insuffle un nouveau souffle à la cuisine mahoraise.
Le restaurant a ouvert ses portes il y a deux mois. De retour à Mayotte il y a de cela trois ans, les deux gérants de Kashkazi, Asna et Zaidou, ont des projets plein la tête. Avec des parcours ancrés dans la gastronomie, l’une est professionnelle dans le domaine culinaire (Asna) et l’autre est jeune chef cuisinier (Zaidou). Les deux ont fait le choix d’ouvrir le restaurant Kashkazi, à l’image d’une gastronomie traditionnelle revisitée. « On a été mis en contact chez Créa Pépites, je montais un dossier et lui aussi », nous dit Asna. « Il s’avère qu’on avait le même objectif, nous avons tout de suite accroché. J’ai cette passion pour la cuisine et je l’ai ressentie en lui ».
Asna a 27 ans et s’occupe de la partie administrative, du ravitaillement des denrées alimentaires, du contact avec les fournisseurs, gère la comptabilité et aide également Zaidou en cuisine. Après un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) en cuisine à Montpellier, la jeune femme poursuit avec une formation complémentaire en cuisine et pâtisserie à Béziers. Avec Kashkazi, elle a un but précis : « J’ai travaillé dans des restaurants gastronomiques en métropole donc je veux retrouver ce côté parfait, peut-être un peu strict, mais qui donne un réel charme ».
La devise du restaurant ? Le traditionnel revisité. « Nous proposons des plats connus de tous, d’où le nom Kashkazi qui signifie ‘saison des pluies’ en shimaoré », explique Asna. « Pendant la saison des pluies, les familles restent à la maison et préparent des plats typiquement mahorais. C’est un peu ça qu’on veut retranscrire avec Kashkazi, ce côté intimiste ». Cette appétence pour la cuisine se ressent dans les plats qui sont « certes revisités mais pas dénaturés ». En effet, l’intitulé du plat reste le même mais le dressage, quant à lui, est différent, « c’est ce qui fait tout son charme ».
« Beaucoup de restaurants ouvrent mais beaucoup ferment aussi »
Oui, le tandem de jeunes entrepreneurs a rencontré des difficultés dans le lancement de ce restaurant novateur. « Avant et encore maintenant », souligne Asna. « Les premières difficultés ont été de s’installer, d’instaurer un contact avec les fournisseurs, etc. Une autre difficulté rencontrée est celle liée à notre environnement. Avec le manque de choix en produits frais, nous ne trouvons pas toujours ce que nous souhaitons », regrette la jeune femme.
Le nouvel enjeu pour les restaurateurs est de fidéliser une nouvelle clientèle. Au cœur d’un quartier dynamique, Asna ne cache pas ses craintes. « Beaucoup de restaurants ouvrent mais beaucoup ferment aussi. La cuisine est devenue tendance, notamment avec les émissions culinaires », s’est-elle confiée. « A Mayotte, ce qui fait défaut reste la gestion du restaurant en lui-même et le service. J’espère que nous ne rencontrerons pas ces difficultés-là car Zaidou et moi sommes tous deux issus de la restauration. Nous sommes actuellement en plein perfectionnement de la gestion de l’entreprise ».
La cuisine, un cliché à démonter à Mayotte
« C’est mieux de travailler dans les bureaux » est un discours récurrent à Mayotte. Asna a entendu à plusieurs reprises des remarques quant à son choix d’exercer dans le milieu culinaire : « Mais pourquoi as-tu choisi la cuisine, ce n’est pas un vrai métier ! » ou encore des messes basses : « Elle a choisi la cuisine par dépit car elle n’a pas fait d’études ». Avec le temps, elle a réussi à convaincre son entourage qu’il existe de « vrais métiers » autour du secteur gastronomique.
Sur le long terme, Kashkazi souhaite proposer un service traiteur et pourquoi pas une plus grande salle, voire d’autres restaurants dans le nord, dans le sud et à La Réunion !
Kashkazi en pratique : Restaurant Kashkazi, 16 rue Maevantana à M’tsapéré. Ouvert du lundi au vendredi de 6h à 14h.
Commission mixte franco-comorienne | Une immense hypocrisie
Alors que la commission mixte franco-comorienne termine ses travaux, une « directive interdisant de prendre des voyageurs dont le passeport est émis à Mayotte » démontre l’immense hypocrisie qui entoure les négociations diplomatiques auxquelles des élus mahorais sont associés.
La 6ème commission mixte qui s’est tenue vendredi et samedi derniers à Moroni a estimé que 380 milliards de francs comoriens sont nécessaires pour que les trois îles se développent, soit plus de 750 millions d’euros sur 5 ans. Les besoins exprimés par l’Union des Comores, pays indépendant, en présence de l’Ambassadeur de France et du représentant de l’Agence française de développement (AFD) en matière de coopération régionale concernent quelques priorités, notamment dans les domaines de l’éducation et de la formation, de la santé, de l’économie et de l’emploi.
Ce plan quinquennal ne concerne pas Mayotte directement. Et pourtant, pour la première fois, Moroni a officiellement accueilli « des parlementaires français élus du département de Mayotte». Est-ce pour autant une reconnaissance pleine et entière du statut institutionnel de Mayotte ? Nullement ! Les deux députés, Mansour Kamardine et Ramlati Ali, et le sénateur Hassani Abdallah ont été associés aux négociations en leur qualité de « représentants de la nation française ».
Contrairement à ce qu’avance la partie française, il n’y a pas d’avancée notable sur l’évolution des positions des autorités comoriennes vis-à-vis de Mayotte. Le ministre des Affaires étrangères comorien a d’ailleurs évité d’aborder la question brûlante de l’immigration clandestine, signe d’un apaisement de façade. Ce dernier a salué « la présence de frères et sœurs mahorais » et a déclaré en substance : « Vous et nous avons certes subi les aléas de l’histoire politique de notre pays », ce qui suppose que les élus mahorais sont de nationalité comorienne. Le ministre a ajouté : « Le politique ne devrait, en aucun cas, occulter les autres réalités qui font de nous un même peuple, partageant un destin commun, quel que soit ce qui nous sépare et qui ne saurait être plus fort que ce qui nous unit. » Ce discours tend à réitérer, sans le dire, la revendication territoriale comorienne sur Mayotte.
Un incident diplomatique regrettable
A la demande des autorités comoriennes, cette revendication territoriale est d’ailleurs relayée par des pays africains, qui condamnent la présence française à Mayotte. Un incident commercial, à forte connotation diplomatique, vient d’ailleurs d’apporter la preuve que l’Union des Comores joue un double jeu dangereux pour les Mahorais. En partance de Mayotte pour Paris, six Mahorais, quatre adultes et deux mineurs ont été empêchés d’embarquer à Nairobi… La cause : « contestation de leur passeport français émis par la Préfecture de Mayotte par Qatar Airways et Kenya Airways » affirme un témoin.
Les passagers mahorais qui voulaient rejoindre Paris ont erré dimanche après-midi dans les couloirs de l’aéroport de Nairobi. Ils étaient interdits d’embarquer pour leur destination finale. A Doha, les agents de Qatar Airways ont fait savoir qu’ils avaient une « directive leur interdisant de prendre des voyageurs dont le passeport est émis à Mayotte ». Les autres français ont pu partir normalement.
Cette discrimination est incompréhensible dans le contexte des discussions de la commission mixte franco-comorienne. Les élus mahorais qui ont participé à cette mascarade doivent émettre une protestation solennelle, relayée par la France auprès du gouvernement comorien et des Etats voisins du Kenya et du Qatar, qui ont vocation à intégrer le département de Mayotte dans les efforts déployés par la France en matière de coopération régionale. *
Les infortunés méritent le soutien de leurs élus. Ils n’ont eu droit à aucune prise en charge, ni hôtel, ni hébergement d’urgence ni nourriture. Au départ de Mayotte avec Kenya Airways tout était en règle. La préfecture de Mayotte doit donc assumer sa responsabilité dans cette regrettable affaire, de même que l’ambassade de France à Nairobi. Parmi les passagers, deux jeunes filles mineures qui voyagent seules ont été exposés au danger. Selon la préfecture, contactée par la presse locale, ce problème relève du Quai d’Orsay, donc du ministère des Affaires étrangères, l’instance qui préside aux destinées de la commission mixte franco-comorienne.
Vivement la coopération décentralisée
A travers cet incident, les élus mahorais doivent prendre conscience du caractère nocif des travaux du Haut conseil paritaire France-Comores (HCP), lequel accepte la participation des parlementaires mahorais, mais exclue le président du Conseil et le président de l’Association des maires de Mayotte (AMM). L’exécutif du département est donc discriminé en l’espèce, ce qui démontre que la seule solution permettant de défendre les intérêts supérieurs de Mayotte reste la coopération décentralisée.
Conçu de manière à aborder tous les sujets qui font l’actualité de Mayotte, le programme de cette coopération incitative, inclusive et vertueuse doit comporter des conférences et ateliers de travail géopolitiques et thématiques abordant la valorisation des actions des collectivités petites et moyennes, la question des crises, catastrophes, guerres et guerres civiles, la place de l’action sociale etc. Cela donnera l’occasion d’échanger avec des intervenants de qualité et de redéfinir les nouveaux défis de la coopération décentralisée. Les élus mahorais doivent en effet être sensibilisés au rôle de la coopération décentralisée dans l’attractivité et le rayonnement des territoires, et à la place que l’action internationale des collectivités peut occuper dans les nouvelles stratégies de développement.
L’animation du territoire et la mobilisation des acteurs privés et associatifs, les échanges universitaires, les contacts institutionnels stables créés par la coopération décentralisée sont autant de facteurs constituant un cadre privilégié pour la promotion du département et de ses atouts. L’action des territoires s’inscrit dans la durée, en France comme à l’international. Les spécialistes sont convaincus que chaque collectivité française qui développe son action internationale travaille pour un positionnement stratégique, pour le futur. Dans ce cadre, Mayotte pourra utilement valoriser la place des collectivités dans la redéfinition des Objectifs du millénaire de développement (OMD).
Dans un souci constant d’amélioration et afin de répondre au mieux aux attentes des administrés, les élus doivent introduire quelques nouveautés dans le programme, notamment des séances de formation sur la question du protocole, les aspects juridiques de la coopération décentralisée et les financements européens. Las parlementaires mahorais de leur côté grandiraient à défendre la place de leur île au sein de la Commission Nationale de la Coopération Décentralisée (CNCD), instance présidée par le Premier ministre. Ce référencement permettra de faire un bilan des actions menées par la France chaque année et de renouveler les efforts d’intégration de Mayotte dans son environnement régional et dans le concert africain. En intégrant le Forum de l’action internationale des collectivités, l’ambition des élus mahorais est, aux cotés de tous les partenaires, d’interroger les acteurs locaux sur ce qu’ils estiment être les besoins de leurs territoires, de définir les axes de progrès et de mutualiser les forces et les actions pour y répondre au mieux des intérêts de la population de Mayotte.
Commission mixte France-Comores | Une rencontre historique et des projets dans les tuyaux
Lors de la dernière commission mixte qui s’est tenue vendredi et samedi derniers à Moroni, l’Union des Comores a exprimé à la France ses besoins, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, a rapporté hier le député Mansour Kamardine. Elle estime que 380 milliards de francs comoriens sont nécessaires pour que les trois îles se développent. Et pour la première fois, Moroni a officiellement accueilli des parlementaires mahorais. Explications.
« C’est la première fois, depuis la prise d’indépendance des îles d’Anjouan, de Mohéli et de Grande Comore et leur constitution en Etat, ‘Union des Comores’, que sont reçus officiellement à Moroni, en tant que tels, des parlementaires français élus du département de Mayotte », se félicite le député Mansour Kamardine, dans un communiqué paru à l’issue de la 6ème réunion de la commission mixte France-Comores. Celle-ci s’est tenue vendredi et samedi derniers à Moroni, en présence des deux députés de Mayotte, Mansour Kamardine et Ramlati Ali, ainsi que du sénateur Hassani Abdallah. La précédente commission mixte (2005) avait déjà eu lieu en présence d’élus de Mayotte mais ces derniers n’avaient pas été accueillis par l’Union des Comores puisque cette commission avait pris place à Paris. « C’est une avancée notable et le signe manifeste de l’évolution des positions des autorités comoriennes vis-à-vis de la partie française de l’archipel », a encore réagi le député de la deuxième circonscription de Mayotte. Du côté comorien, les signes d’apaisement sont incontestables, portés par la voix du ministre des Affaires étrangères de l’Union des Comores qui, dans son discours d’ouverture (disponible sur le site gouvernemental), a salué « la présence parmi nous de frères et sœurs mahorais » et a déclaré aux élus de Mayotte que « vous et nous avons certes subi les aléas de l’histoire politique de notre pays » mais que « le politique ne devrait, en aucun cas, occulter les autres réalités qui font de nous un même peuple, partageant un destin commun, quel que soit ce qui nous sépare et qui ne saurait être plus fort que ce qui nous unit. »
Plus de 750 millions d’euros nécessaires
Cette 6ème commission mixte avait vocation à discuter des questions de coopération régionale et s’est déroulée en présence – outre les représentants des Etats français et comorien – de bailleurs de fonds tels que l’Agence française de développement (AFD). L’Union des Comores a donc exprimé à la France ses besoins en matière de développement, qu’elle chiffre à 380 milliards de francs comoriens sur 5 ans, soit plus de 750 millions d’euros, et a indiqué quelques priorités, notamment dans les domaines de l’éducation et de la formation, de la santé, de l’économie et de l’emploi.
Les hôpitaux en première ligne
Ainsi, la mise en fonction de l’hôpital de Bambao (Anjouan) et la reconstruction du centre hospitalier El-Maarouf (Grande Comore) ont été évoquées. L’augmentation des capacités d’accueil des établissements scolaires ainsi que de celles de l’Université des Comores est également jugée prioritaire par le gouvernement comorien, de même que la redéfinition des contenus pédagogiques. Un projet de formation, à la fois militaire et professionnelle et dispensée par une structure privée, visant à l’éducation de 300 jeunes dans un premier temps puis de 2000 à 3000 jeunes à terme, complète encore les propositions. Sur ces deux volets, sanitaire et éducatif, l’Union des Comores requiert des aides financières mais également un éventuel soutien en termes d’expertise de la France. En outre, les parties autour de la table de discussion ont abordé la question du développement agricole, dans l’optique notamment d’exporter des produits comoriens à Mayotte. Cette démarche, soutenue par le député Mansour Kamardine, serait vertueuse à plusieurs égards puisqu’elle permettrait de créer des revenus du côté des Comores, d’importer des produits sur un département qui n’est pas autosuffisant d’un point de vue alimentaire voire de lutter contre la vie chère à Mayotte en faisant venir des denrées peu coûteuses.
Suivre l’état d’avancement des projets
Pour débloquer des fonds français de l’Aide publique au développement (APD) – ces crédits alloués par certains Etats aux pays en développement –, l’Union des Comores doit, dans les prochains mois, monter des dossiers de financement des projets qui ont été discutés lors de la 6ème commission mixte. Un comité de suivi aura lieu tous les trois mois, sous l’égide de représentants du ministère des Affaires étrangères comorien et de l’ambassadrice de France aux Comores, afin de vérifier que le programme pluriannuel fixant ces divers projets dans le temps est bien respecté. L’Union des Comores peut également faire appel aux enveloppes de l’Agence française de développement ainsi qu’aux fonds européens. Des commissions mixtes France-Comores devraient désormais se réunir tous les deux ans.
En parallèle, un haut conseil paritaire France-Comores se tiendra de nouveau au premier trimestre 2018, en présence des parlementaires mahorais, lors duquel seront notamment débattus, selon Mansour Kamardine, « des sujets qui fâchent ». Il sera donc question, entre autres, de l’intégration de Mayotte à la Commission de l’océan Indien (COI) ainsi que de ses sportifs aux Jeux des îles (JIOI).
Mayotte remporte le record démographique de France
Le chiffre tant attendu du recensement de la population est tombé hier matin : en septembre 2017, l’île comptabilisait 256 518 habitants, selon l’Insee. Un résultat en deçà des estimations officieuses qui circulent, mais qui cache deux réalités bien tangibles : Mayotte est le département de France ayant la plus forte croissance démographique et le plus densément peuplé (hors Ile-de-France).
» Pour ne pas retomber sur un cycle de contestations perpétuelles » et prouver le « bien-fondé de nos résultats », soit 256 500 habitants en 2017, le chef du service régional de l’Insee Mayotte, Jamel Mekkaoui, a joué la transparence jeudi, à l’occasion de la conférence de presse présentant les chiffres très attendus du dernier recensement de la population. Dans cette optique, il a longuement étayé la méthodologie de l’Insee pour récolter les précieuses données. Ce travail, qui a duré près de deux ans sur le terrain et coûté 1,3 million d’euros, s’est déroulé en plusieurs phases : de multiples réunions avec les maires et une enquête cartographique ont permis d’établir une géographie liminaire des habitats, « bangas » compris, puis les 530 agents recenseurs, bilingues et originaires des villages qu’ils couvraient, ont collecté les données, appuyés par 8 superviseurs dépêchés de métropole qui sont restés sur le territoire entre 1 et 6 mois.
« Les agents ont couvert tous les logements »
Après la collecte, une phase de contrôle des bulletins, corrélée à des revisites de terrain a encore affiné les résultats. « Nous avons déployé des moyens qui sont supérieurs à ceux déployés en national », se félicite Jamel Mekkaoui qui décrit « une démarche très complète » qui, si elle se déroule sous l’égide de l’Insee, est le fruit d’un partenariat serré avec les communes. A ce titre, Jamel Mekkaoui rappelle que « s’il y a contestation, c’est autant nous que les maires qui sont concernés (…) C’est un peu leurs chiffres à eux aussi ». Tentant de couper court à toute remarque ultérieure sur l’exhaustivité du recensement et la fiabilité du chiffre final, le chef du service régional a fermement déclaré : « Les agents ont couvert tous les logements », précisant que les habitations n’ayant pu faire l’objet d’un recensement – 1500 logements soit 2,4% de l’ensemble des résidences principales (en métropole, ce chiffre est plus important, de l’ordre de 3,6%) – avaient tout de même été intégrées dans le chiffre final. Pour ce faire, les agents se sont enquis auprès des voisins du nombre de personnes résidant dans lesdits logements; ou, en l’absence d’informations, y ont affecté le nombre moyen de personnes par foyer à Mayotte, c’est-à-dire 4.
Réfutant l’idée selon laquelle une partie substantielle des résidents – notamment ceux en situation irrégulière – refuserait de se faire recenser, Jamel Mekkaoui a loué « la population de Mayotte, plus joignable, plus acceptante qu’en métropole ». « Ce n’est pas dans les bangas que c’est le plus difficile », poursuit le responsable, évoquant les immeubles métropolitains aux multiples codes ou encore les wazungus de Mayotte qui n’osent pas ouvrir leur porte ou qui, « plus souvent en emploi », sont absents dans la journée. « La question [de l’immigration clandestine] n’est pas aussi taboue qu’on le pense : lors de l’enquête ‘Migrations, natalité et solidarités familiales, la moitié des personnes étrangères majeures nous avaient dit être en situation irrégulière (…) elles le voient comme une opportunité de se régulariser », complète Jamel Mekkaoui. Conscients que le chiffre annoncé hier allait de toute façon faire l’objet de contestations multiples, le directeur régional de l’Insee, Aurélien Daubaire, et le chef du service de Mayotte, Jamel Mekkaoui, se sont toutefois déclarés « globalement très satisfaits » de la finesse du résultat obtenu. Si « un chiffre statistique n’est jamais sûr à l’unité près », reconnaît Aurélien Daubaire, « [celui du recensement de la population de Mayotte] est de bonne qualité (…) et il n’y a pas de raison de penser [qu’il] est sous-estimé ou surestimé ». « On essaie d’être le plus transparents et collaboratifs possible pour lutter contre ces fantasmes », renchérit Jamel Mekkaoui, évoquant les chiffres officieux circulant sur la population de Mayotte, qui se chiffrerait entre 300 000 et 500 000 personnes. Reprenant l’argument phare consistant à établir un parallèle entre la consommation de riz et le nombre de personnes résidant sur l’île, Jamel Mekkaoui explique s’être penché sur le cas et avoir comparé en 2012 le nombre de kilos de riz écoulés par an et le chiffre officiel de la population à l’époque. Les 84 kg par personne et par an ainsi calculés sont cohérents, notamment par rapport à la consommation des îles voisines : 79 kg par personne et par an aux Comores et 111 kg à Madagascar. Le chef du service régional de l’Insee Mayotte a également déboulonné une idée reçue : « Si on regarde les fichiers fiscaux, on est moins de 220 000 habitants ». Dernier argument coup de poing : si 400 000 ou 500 000 personnes vivaient à Mayotte, l’exiguïté de l’île ferait qu’on atteindrait des « densités qui approchent celles des territoires asiatiques ».
« Pourquoi se ‘sent-on’ si nombreux alors? » « Pourquoi se ‘sent-on’ si nombreux alors? », interroge Jamel Mekkaoui. Tout simplement, selon le responsable, parce que la croissance démographique est « notable » à Mayotte : c’est la plus forte de France avec + 3,8% par an en moyenne, devant la Guyane (+2,4%) et même devant les Comores et Madagascar. En d’autres termes, Mayotte a accueilli 8 800 habitants supplémentaires par an en moyenne depuis 2012, une croissance qui s’accélère ces cinq dernières années puisqu’entre 2007 et 2012, la population n’augmentait « que » de 5200 personnes par an. « On renoue avec des croissances de population qu’on n’a plus connues depuis les années 90 », affirment les responsables de l’Insee qui, prudents, n’avancent aucune explication, restant « descriptifs ». Autre facteur pouvant expliquer cette impression de surpopulation : la densité. Mayotte détient un autre record puisque c’est le département le plus densément peuplé de France (hors Ile-de- France), avec 690 habitants au km², quand le Rhône, département de province le plus peuplé, n’affiche « que » 555 habitants au km². Cette densité est très hétérogène puisque Petite-Terre, par exemple, concentre 2700 habitants au km², une densité « vraiment impressionnante » selon Jamel Mekkaoui, proche de celle que l’on trouve au niveau de la Grande couronne de Paris. Cette densité est d’autant plus étonnante que contrairement à l’Ile-de-France, le territoire connaît peu de constructions en hauteur. Enfin, dernière donnée importante : la moitié de la population se concentre uniquement dans trois communes, Mamoudzou, Koungou et Dzaoudzi, ce qui, encore une fois, pourrait expliquer cette sensation d’étouffement. Le chiffre officiel de la population sera authentifié par décret au 1er janvier 2018 et permettra de définir les politiques publiques nationales, les dotations globales de fonctionnement des communes, le dimensionnement des équipements publics, le nombre d’élus dans les conseils municipaux, etc. En outre, l’Insee devrait révéler durant l’année prochaine d’autres résultats statistiques, notamment sur la composition de la population mahoraise et son habitat.
Grève chez Mayco : le bras de fer se durcit
La situation ne s’améliore pas à Longoni, au siège de l’entreprise Mayco. Le conflit social a pris une nouvelle tournure : 5 personnes ont été blessées et les forces de l’ordre ont dû s’interposer entre des grévistes et des membres d’une société privée, engagée par l’entreprise pour assurer la sécurité des lieux.
» Sept semaines de silence = Fred démissionne, Mayco on l’aime ou on la quitte ». « Nous ne voulons plus des poubelles des autres entreprises ». Devant le siège de Mayco, le portail est fermé. Des banderoles aux mots explicites sont accrochées à même le grillage avec, en fond sonore, quelques-uns des titres les plus connus d’Alpha Blondy. Les messages semblent se cristalliser autour d’une seule personne : Frédéric Lauté, président directeur général de l’entreprise, dont les salariés sont en grève depuis le 27 octobre dernier. Sur place, collé aux murs du siège, un campement de fortune est installé. Les grévistes ont leurs habitudes, en témoignent les deux grosses marmites au feu, à une dizaine de mètres. Il y a quelques semaines encore, on pensait le conflit terminé. Dans les locaux de la Dieccte, un protocole de sortie de crise était sur le point d’être signé, et puis le point de discorde est apparu : l’article 5 du protocole de sortie de crise « dont la formulation se bornait pourtant à reprendre les dispositions du code du travail encadrant l’établissement de sanctions disciplinaires », pouvait-on lire dans un communiqué de presse, envoyé par le président directeur général, il y a trois jours. Sauf que depuis, la situation s’enlise. Le ton monte.
Affrontements devant le siège
Mercredi entre 9h30 et 10h, une altercation éclate entre une partie du personnel gréviste et des membres d’une société privée engagée pour assurer la sécurité du site de Mayco. « C’est une entreprise privée qui arrive de La Réunion », explique Soilihi Midaïn, délégué syndical CGTMa Mayco. « Les gros bras ont blessé deux de nos collègues qui étaient sur la route. Eux voulaient faire sortir l’un de leurs véhicules. Ils sont descendus. Ils ont gazé nos collègues et leur ont donné des coups de matraque et des coups de bâton. On dénonce ce comportement de voyou ». Impossible de connaître la version des faits de la direction, celle-ci n’ayant pas souhaité s’exprimer pour le moment. Mais du côté de la gendarmerie, qui a dû intervenir pour s’interposer entre les deux parties, on indique que même s’il est vrai qu’il a été fait usage de gaz lacrymogène, « à l’heure actuelle, il est impossible de savoir qui sont les responsables ». L’escadron de gendarmerie présent depuis quelques semaines, pour éviter le blocage de la RN 1, se retrouve donc également à devoir éviter que les rixes n’éclatent entre les différentes parties concernées par le conflit social.
Plainte sur plainte
Les deux blessés évacués sont issus des rangs des grévistes. L’un a été conduit à l’hôpital de Mamoudzou, l’autre au dispensaire de Dzoumogné. Trois autres ont été pris en charge par les pompiers, directement sur le site de Mayco. Impossible d’en savoir plus. La procédure sera lancée au gré des dépôts de plaintes qui devraient être déposées rapidement, du côté des grévistes comme de la direction. « Les agents grévistes qui ont été blessés vont déposer plainte contre les agents de la société privée, mais également contre le directeur de Mayco. » Ces plaintes vont donc s’ajouter à celles déjà déposées ces dernières semaines. Après un mois et demi, pas de solution en vue pour le moment, malgré les nombreuses avancées enregistrées. « Ce que nous avons obtenu, c’est juste l’application de ce qui avait été décidé lors de la dernière Négociation annuelle obligatoire (NAO) », s’indigne Soilihi Midaïn. « Le paiement des heures supplémentaires ? C’est le droit que nous faisons respecter ! Rien de plus. Nous n’avons pas eu la revalorisation des primes existantes, et nous avons accepté l’échéancier qui nous a été proposé pour de nouvelles discussions ! Tout cela pour sortir de la grève ». Les grévistes sont aujourd’hui intransigeants : ils reprendront le travail dès que la direction garantira qu’aucun salarié ne sera licencié malgré qu’il ait été gréviste.
Paroles d’anciens | Ridjali Mohamadi Lihadi, 54 ans
« On marche bien quand on ne va pas trop vite » pourrait être la devise de Ridjali Mohamadi Lihadi. Des kilomètres, l’homme en a parcourus dans sa vie. À 54 ans, il ne s’arrête toujours pas. C’est d’ailleurs sur le bord d’une ruelle de Tsingoni que nous le croisons. La marche et lui, c’est une longue histoire d’amour qui a commencé alors qu’il était encore un tout petit garçon.
« Quand j’étais jeune, je voyageais beaucoup. Ma jeunesse s’est déroulée entre Tsingoni, Bandrélé et M’Bouanatsa. J’avais de la famille dans le Sud et j’allais souvent leur rendre visite. Parfois, je devais fuir : quand on voulait me frapper à M’Bouanatsa, je me réfugiais à Tsingoni et vice-versa (rires). Je parle de voyage parce que pour nous, c’était vraiment cela. Cela nous prenait toute la journée avant d’arriver à Bandrélé. On partait très tôt pour arriver vers 17h. On mettait 4 heures entre Bandrélé et M’Bouanatsa. Nous n’avions pas de voiture dans les années 70. J’avais 8 ans quand j’ai commencé à faire ces trajets à pied. Je partais avec mon grand-père, le père de ma mère. Il s’appelait Nassur Hafidhou. C’est lui qui m’a indiqué le chemin, au début. Vers l’âge de 13 ans, j’y allais seul. Je courais parfois. Cela me prenait une demi-journée. Il n’y avait pas de routes, c’était vert de partout. La forêt primaire dominait le paysage. Il n’y avait pas constructions. Les villages n’avaient pas du tout la même configuration, à l’époque.
On marchait sans s’arrêter, mais parfois lorsque nous arrivions vers Hagnoundrou et que la météo était clémente, nous traversions la baie en pirogue. Il y avait des privilégiés qui faisaient ces longs trajets en pirogue, au lieu de marcher. C’était comme un grand bus. Moi, je marchais, j’avais pris cette habitude très jeune. C’est la raison pour laquelle j’ai gardé la ligne, aujourd’hui encore (rires). Maintenant, la vie est plus simple sur de nombreux points. Par exemple, tout le monde possède une voiture. Cela ne m’empêche pas de continuer de marcher.«
Faits divers du 13 décembre 2017
L’arme du policier retrouvée
Le 30 novembre dernier, un agent de la police aux frontières se faisait voler son arme de service, un SIG-Sauer, ses munitions et son chargeur à son domicile en petite terre. La minutieuse enquête menée par la brigade de Pamandzi et la section de recherche a permis l’interpellation le 8 décembre d’un individu en possession de la ceinture et tous les accessoires ainsi que 3 complices qui ont été placés en détention provisoire. Un autre individu qui s’est présenté spontanément à la gendarmerie a été placé en garde à vue. Les grands moyens déployés hier soir par le GIGN, la gendarmerie de Pamandzi ont permis suite à une perquisition de retrouver l’arme dans un quartier de la Vigie. Selon une source de la gendarmerie, on évoque une “faute” du policier au sujet des conditions dans lesquelles l’arme avait été dérobée. En effet une arme comme le SIG Sauer et les munitions doivent être conservées dans une mallette sécurisée et difficile d’accès. Seule l’enquête déterminera si toutes ces conditions ont été respectées. Plus de peur que de mal car une arme de poing de cette envergure aux mains de délinquants pourrait faire de sacrés dégâts.
Violée par six individus
Alors qu’il se trouvait sur une plage de Koungou dans la nuit du 11 décembre, un jeune couple s’est fait aborder par six individus, dont un armé d’un chombo. Ces derniers agressent le petit ami à coup de bâtons et de chombo. Il parvient à prendre la fuite abandonnant sa dulcinée sur place. Les agresseurs s’en prennent ensuite à la jeune femme et la violent tour à tour avant de se fondre dans la nature. Une enquête est ouverte par la gendarmerie pour essayer de mettre la main sur les criminels.
Dégradation volontaire en réunion, outrage, rébellion, menaces de mort sur P.D.A.P, et port d’arme Prohibé
Suite à des dégradations commises au magasin Sodifram de Passamainty le 9 décembre dernier, un témoin informait un équipage de la BAC de la présence des auteurs des faits rue de Sada. Sur place, renforcés d’un équipage GSP, ils contrôlaient les trois auteurs présumés. Deux d’entre eux les outrageaient et se rebellaient et l’un menaçait de mort un fonctionnaire de police. Lors de sa palpation, il était trouvé porteur d’un couteau de cuisine. Il fera l’objet d’une mesure de composition pénale.
Vol à l’arraché
La victime se trouvait dans un taxi dans les embouteillages à Kawéni le 30 novembre. Elle se fait arracher son téléphone portable qu’elle tenait à la main. Cette dernière poursuit le voleur jusqu’à le perdre de vue. Sur son chemin elle rencontre un témoin qui l’informe reconnaître son voleur. La victime dépose plainte au commissariat et les investigations permettent au témoin de reconnaitre formellement le voleur. Ce dernier, interpellé dans une procédure distincte, est entendu pour ces faits qu’il reconnaît. Il fera l’objet d’une convocation au tribunal correctionnel.
Vol aggravé, en réunion, sous la menace d’une arme, extorsion
Alors que le plaignant circule, secteur Kawéni le 5 décembre, à bord de son scooter, un groupe d’individus lui barre la route. L’un d’entre eux lui coupe les lanières de son sac à dos et le groupe prend la fuite. Le plaignant entreprend des recherches et un individu qui lui a barré la route sous la menace d’un couteau propose la restitution du sac contre la somme de 1000 euros. Des recherches effectuées immédiatement par l’équipage de police intervenant restent infructueuses. Le 06 décembre, un témoin se manifeste et identifie formellement trois individus, dont celui qui a barré la route sous la menace d’un couteau. Ils ont tous les trois été interpellés par le GSP.
Vol par effraction à Tsoundzou
Après être rentrés par effraction le 4 janvier 2016 dans l’école Fleur d’Ylang à Tsoundzou 2, les individus forçaient un coffre et dérobaient des espèces, des chèques à l’ordre de l’école et la clé d’un autre coffre. Ils ouvraient ce second coffre et dérobaient de nombreux matériels pédagogiques. Les investigations qui ont pris du temps permettaient d’effectuer un rapprochement, d’identifier et d’interpeller un mis en cause. Ce dernier ne reconnaissait pas les faits. Toutefois, il était trouvé porteur de produits stupéfiants. Une procédure incidente était diligentée à son encontre.
Un des cambrioleurs de l’ARS interpellé
Après avoir désactivé l’alarme de l’Agence Régionale de Santé de Tsoundzou le 2 mai 2016, les individus forçaient une porte. Ils dérobaient une scie circulaire et un téléphone. Les investigations permettaient d’effectuer un rapprochement, d’identifier et d’interpeller un mis en cause. Entendu il reconnaissait les faits en minimisant sa participation. Les investigations se poursuivent pour intercepter d’autres complices.
Vol par effraction à la Convalescence
Les individus s’introduisaient dans une maison du secteur Convalescence le 13 novembre 2016 et dérobaient du matériel multimédia. Les investigations permettaient d’effectuer un rapprochement, d’identifier et d’interpeller un mis en cause. Entendu, il reconnaissait les faits et désignait son coauteur.
Pris la main dans le sac
Dans la nuit du 11 décembre, deux individus qui tentaient de cambrioler le garage Midas à Kawéni ont été surpris par les policiers dans l’enceinte de l’établissement après le déclenchement de l’alarme. Le premier a été interpellé à l’intérieur d’un véhicule alors qu’il venait de démonter un poste radio. Les policiers trouveront sur lui un sac contenant un autoradio et un couteau de cuisine. Le second qui essayait de prendre la fuite en tentant d’escalader la clôture a également été interpellé. Ils ont tous les deux été placés en garde à vue.
Il circule sur un scooter volé
Le 11 décembre lors d’un banal contrôle routier vers 18h30 à Kawéni, les policiers interceptent un scooter volé avec une fausse place d’immatriculation. Après vérification, il s’est avéré que l’individu était en situation irrégulière. Placé en garde à vue, il fera l’objet d’une reconduite à la frontière.
Interpellé avec divers comprimés
Lors d’un contrôle de Police sur un conducteur de scooter le 11 décembre vers 20h30 à M’tsapéré, les policiers ont trouvé sous la selle du deux roues une grande quantité de cachets et comprimés divers ainsi que des psychotropes. L’individu a été conduit au commissariat de Mamoudzou pour y être entendu.
Un réveil difficile
Dans la nuit du 11 décembre, des individus fracturent la fenêtre d’une maison à Tsingoni pendant les propriétaires dorment dans le salon. Les malfrats fouillent la chambre et s’emparent d’un ordinateur, des bijoux ainsi que la voiture garée à l’extérieur. C’est vers 6 heures du matin au réveil que les victimes constateront les faits.
Contrôlé avec 9,5 grammes de cannabis
Lundi 11 décembre, lors d’un contrôle effectué à Dzoumogné par les militaires du DSI de M’tzamboro, un jeune a été trouvé en possession de 9,5 grammes de cannabis confectionnés dans deux pochons de pesant respectivement 5 grammes et 4,5 grammes. Il a été conduit à la brigade de M’tzamboro puis laissé libre après son audition. Il s’est vu notifier un rappel à la loi.
L’association Handicapable à l’assaut du mont Choungui !
Le 23 décembre, les « Handicapables » viseront le sommet
Après le triomphe du Tour de Mayotte en fauteuil (TMF) qu’il a initié et réalisé en mars dernier, Docteur Léo vise cette fois le sommet du mont Choungui. Une action sur trois jours dont les grands traits sont dessinés. Reste maintenant à mobiliser…
Ambdirazakou Ousséni Coco, alias Docteur Léo, paraplégique depuis 2012 et un malheureux accident, veut changer le regard des Mahorais sur les personnes en situation de handicap. Il l’a fait savoir, concrètement, en mars dernier, lorsqu’il réalisait le tour de Mayotte en fauteuil roulant (TMF). Un tour en onze jours et onze étapes, au succès considérable.
« Certaines choses ont changé depuis le TMF », assure-t-il. « Dans mon village à Hamjago, des commerçants ont adapté l’entrée de leurs boutiques pour nous les rendre accessibles. Mais surtout, d’une manière générale, le regard des enfants a changé. Au début, ils avaient beaucoup d’appréhension, ils n’osaient pas nous approcher. Mais en voyant les gens autour de nous, ils ont fait le pas et à la fin, nous étions devenus leurs héros. Le TMF a eu un impact direct sur le changement du regard des enfants vis-à-vis de nous. Et c’est important parce que ce sont eux, les constructeurs du monde de demain. »
Le tour de Mayotte en fauteuil a également eu un impact direct sur la santé de son instigateur. Docteur Léo avait en effet dû embarquer pour la Réunion en mai, et y rester de longs mois pour faire soigner une blessure persistante, qui s’était aggravée durant le tour. L’artiste en fauteuil roulant n’avait cependant qu’une idée en tête : revenir à Mayotte poursuivre le combat. Cela devait se formaliser avec la création d’une association.
Chose faite avec Handicapable de Mayotte (HDM), structure dont les éléments administratifs seront déposés à la préfecture cette semaine. La future association comporte de nombreux objectifs, parmi lesquels : apporter un nouveau regard sur le handicap en interpellant les citoyens, sensibiliser et informer sur la notion du handicap, récolter des fonds pour venir en aide aux personnes en situation de handicap, créer des instances de rencontres pour sortir des personnes en situation de handicap de l’isolement, ou encore, redonner naissance au handisport, pratique populaire sur l’île au début des années 2000 et inexistante aujourd’hui.
« Toutes les bonnes volontés seront les bienvenues »
Revenu sur l’île en novembre, Docteur Léo ainsi que les membres de la future association Handicapable de Mayotte lancent une première action d’envergure : la montée du mont Choungui. Un projet aussi audacieux que le TMF, avec une idée de fond bien précise. « Le symbole du Mont Choungui est un parallèle avec l’association Handicapable de Mayotte. Il signifie partir de la base pour atteindre le sommet. Une association naissante s’engage à grimper les étapes une par une pour atteindre un jour le sommet et devenir une grande association. »
Les grands traits de l’événement sont tracés : l’association HDM partira le vendredi 22 décembre du carrefour de Caroni (commune de Chirongui) pour atteindre le village de Choungui (commune de Kani-Kéli), où les membres passeront la nuit.
« Lors du tour de Mayotte en fauteuil, la majorité des villages avait participé à la fête, malheureusement nous n’en avions pas traversé certains, comme Vahibé, Ouangani, Barakani ou les villages de Petite-Terre : Choungui non plus. Ce sera une séance de rattrapage pour ses habitants », promet le président d’honneur de HDM.
Le samedi 23 décembre aux aurores, les membres de l’association se lanceront au départ du village de Choungui pour atteindre le sommet du mont. Ils y camperont et n’y descendront que le lendemain, dimanche 24 décembre. A onze jours de l’événement, Handicapable de Mayotte veut croire à un maximum de mobilisation autour de son action.
« Nous avons le soutien de l’équipe de sécurité du CHM de Mamoudzou qui dispose d’une vingtaine de personnes : au moins une demi-douzaine d’entre eux ont confirmé leur présence. Autrement, à ce jour, officiellement nous n’avons rien d’autre », fait savoir Toihir Saïd Hassani, le trésorier de Handicapable de Mayotte.
« En sachant qu’il y aura des personnes en situation de handicap, dont certaines en fauteuil roulant. Au village le vendredi, il faudra les faire manger. Il faudra leur trouver un logement aussi ce jour-là. Pour la montée de samedi et la descente de dimanche, il faudrait des équipements adéquats… Donc, toutes les bonnes volontés seront les bienvenues, que ce soit les institutions, mairies, préfecture, conseil départemental etc., que ce soit des associations, des organismes ou des personnes lambda. Que ce soit pour une aide humaine, matériel ou logistique : celles et ceux qui veulent aider, soutenir, peuvent le faire. Il suffit de nous contacter. »
L’appel de l’association HDM est lancé. « Dans tous les cas, le samedi 23 décembre, nous monterons jusqu’au sommet du mont Choungui. Nous le ferons et nous y arriverons », jure Docteur Léo.
Association Handicapable de Mayotte
Téléphone : 0639971711
Mail : handicapabledemayotte@gmail.com
[DOSSIER – HUMOUR] Souriez, vous êtes clichés – Partie 2
Il y a peu de temps, nous vous avons dévoilé la première partie des clichés de Mayotte, voici maintenant la partie 2. Bonne lecture et n’oubliez pas : on peut rigoler, mais on ne se moque pas !
La nouvelle arrivante, alias Candide
« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », avait dit Candide ! La nouvelle arrivante débarque à Mayotte dans le même état d’esprit.
Fraîche et pimpante elle est toute excitée à l’idée de se retrouver au cœur de l’océan Indien. Ravie de se retrouver dans un cadre insulaire, avec le soleil et les cocotiers, elle fredonne des chansons en vogue tout en regardant le beau ciel bleu.
Elle est joyeuse aussi de voir des makis suspendus aux branches, des maisons colorées et des fruits tropicaux, elle découvre parallèlement la culture mahoraise. Entre sorties plages et restaurants locaux sympas, les premiers jours s’annoncent sous de beaux auspices. Puis le désenchantement arrive très vite : barreaux aux fenêtres, bidonvilles, embouteillages, grèves à répétition, rayons vides dans les grandes surfaces locales, etc. Sur l’île aux parfums ça ne sent plus si bon que ça et finalement il fait terriblement chaud !
Notre nouvelle arrivante ne trouve pas ses repères et de surcroît ne reconnaît plus le chant des oiseaux, pourtant Mayotte recèle de petits trésors à découvrir chaque jour qui passe.
La nouvelle arrivante va-t-elle tenir ? Telle est la question.
Le jeune 2.0
Facebook, Instagram, et Snapchat … Ahhhh Snapchat ! Le jeune 2.0 est connecté en permanence en train de poster quelque chose d’extrêmement important : un verre de jus de mangue, les pieds dans l’eau à la plage, ou tout simplement à la maison en train de… snaper ! Tout le monde sait où le trouver en temps et en heure grâce à Snap, réseau social le plus futile au monde.
Impossible d’avoir un sujet de conversation avec le jeune mahorais. Hein ? Qui, quoi, comment ? Il est tellement connecté qu’il en oublie les autres. Comment on appelle ça déjà ? Du « télésnobisme » !
En parallèle, dans sa veille « médiatique », le jeune est très branché niveau fringue. Il arbore les dernières sneakers en vogue et un t-shirt ultra tendance de la marque aux trois bandes, le tout accompagné d’une petite veste même s’il fait 30 degrés sous les cocotiers.
Le look est très important, il fait du jeune ce qu’il est : beau gosse avec une coiffure atypique. C’est comme ça que le jeune voit sa cote de popularité grimper en flèche auprès des jeunes filles.
En fin de compte, en regardant bien, le jeune à Mayotte est comme tous les autres jeunes : deux fois plus connecté que ses parents, mais deux fois moins disponible ! #bisous
Le prof chasseur de primes
Quand il a un p’tit coup de mou, Jean-Michel regarde longuement la photographie des travaux de sa maison à Saint-Malo, qui avancent bien quand même. Ca lui permet de tenir, ça lui redonne du courage. Quelle vie, mais quelle vie ! Il sait bien que ce n’est que quatre ans, que son salaire surindexé et ses primes obscènes paient cette jolie maisonnette en bord de mer, que c’est bientôt la retraite mais quand même, qu’est-ce que c’est long !
Il faut dire que Jean-Michel ne sort jamais des Hauts-Vallons, où il réside derrière de solides barreaux, il a trop peur de se faire agresser. C’est que c’est la guerre dehors, ça ne plaisante pas. Quand il lit les gros titres de la presse locale, il pense très fort à ces milliers d’euros qui s’accumulent sur son compte en banque pour ne pas craquer, prendre sa petite valise – de toute façon, il n’achète rien ici – et se tirer le plus vite possible. Il ne bouge même pas pendant ses vacances, pour économiser encore un peu. Il serre les fesses et attend que ça passe.
Bientôt, enfin, il pourra tout vendre et rentrer en métropole. Il voit déjà les petites annonces : « Cause départ, je vends un set presque neuf de papier WC parfumé, double molletonné », « Cause départ, vends magnifiques cintres en bois », etc. Vendre les meubles en palettes de bois qu’il a passé des week-ends à poncer amoureusement lui fend un peu le cœur mais son container est déjà plein. Et puis, mieux vaut ne conserver aucun souvenir de cette période maudite. Bon, il est un peu usagé mais ça se vend, un balai à chiottes, non ?
L’employée de mairie
Salimata a une prédisposition qui fait d’elle une merveilleuse employée de mairie. Elle possède une horloge biologique interne hors pair, qui lui permet de se réveiller à une heure prédéterminée, à la minute près. Ainsi, Salimata arrive à 7h du matin à la mairie, elle s’enquiert de la santé de la femme de ménage, puis de la santé de ses enfants, puis de la santé de son mari, puis de la santé de toute la famille élargie, puis de la santé des habitants du village, avant de se rendre dans le bureau de l’adjointe. Là, elle s’enquiert de la santé de l’adjointe, puis de la santé de ses enfants, puis de la santé de son mari, puis de la santé de toute la famille élargie, puis de la santé des habitants du village.
Revenue à 8h30 au secrétariat, Salimata jette un coup d’œil aux affaires urgentes du jour avant de décider de les remettre à demain. Elle s’allonge alors sur le sol carrelé, rendu frais par la climatisation, puis s’endort. Deux heures plus tard, soit à 11h pile-poil, Salimata se réveille de nouveau. Elle va alors fermer la porte d’entrée de la mairie, sa journée est finie. Une horloge biologique interne parfaite, vous dis-je !
Les gendarmes qui se croient à Saint-Tropez
Endroits réputés auprès des femmes en quête de testostérone qui dit son nom, les brigades territoriales de gendarmerie de Mayotte abritent jalousement des hordes d’hommes jeunes, surentraînés, à la capillarité absente mais à la musculature bien présente. Que se passe-t-il au sein de ces murs ? L’adolescente fébrile imagine des séances d’entraînement viriles, des sessions de pompes et d’abdos interminables, de maniement de grosses armes, des conseils de bodybuilding murmurés du bout des lèvres. Cette adolescente exagère certainement mais il faut dire que le gendarme entretient son corps et sa légende.
En effet, lorsqu’il se mêle au monde civil, trop heureux de côtoyer enfin la gent féminine, le jeune loup se met âprement à chercher une compagne. Se déplaçant uniquement en meute de crânes rasés, il arrive conquérant dans les bars de civils qui tremblent alors, raffermi dans sa position de mâle dominant par l’effet de groupe (chaque gendarme pense qu’il est le mâle alpha de son escadron). Il entame alors une parade nuptiale destinée à montrer à ses camarades qu’il est le plus fort et à assouvir de légitimes pulsions d’amour. Le jeudi soir, il démontre l’ensemble de ses talents de séducteur à la soirée tapas d’un célèbre bar de plage de Petite-Terre.
Heureusement, on peut autant compter sur lui quand il s’agit de défendre la veuve et l’orphelin que pour draguer les filles en boîte de nuit ! Car il trime dur pour assurer la sécurité de ses concitoyens et concitoyennes. Alors, on lui pardonne quand il triche un peu, lançant illégitimement et à pleins tubes ses gyrophares pour arriver un peu plus vite chez lui ou au bar…
Valable aussi pour les valeureux membres de la brigade anti-criminalité, reconnaissables dès l’apparition de leur véhicule, un Duster blanc qui semble avoir fait la guerre.
Météorologie | Un retour à la normale
A l’heure où le changement climatique continue d’affecter la planète, Mayotte enregistre des records de saison en termes de températures depuis six mois consécutifs.
A l’occasion de la journée mondiale du climat, le 8 décembre, Bertrand Laviec, délégué départemental de Météo France pour Mayotte fait le point sur le climat de l’île aux parfums.
FI : Mayotte bat des records de température depuis quelques mois, comment expliquez-vous cela ?
Bertrand Laviec : Il n’a jamais fait aussi chaud à Mayotte depuis que l’on procède à des mesures, et nous faisons des mesures depuis 1949. On a connu le mois de juin le plus chaud jamais enregistré, cela fait maintenant six mois d’affilé qu’on bat les records. On commence sérieusement à penser que c’est lié au changement climatique.
FI : Les fortes pluies des derniers jours, quant à elles, restent-elles dans la norme ?
Bertrand Laviec : On revient vers la normale. On sort de plusieurs années où on avait des saisons des pluies plus au moins torpides, l’année dernière était pire. Là, on vit une saison des pluies tout à fait normale. Généralement, le début de la saison des pluies démarre sur la deuxième quinzaine du mois de novembre, chose qui n’était pas arrivée depuis quelque temps. La « normale » en météo est la moyenne sur 30 ans et nous sommes en plein dedans.
FI : Selon Météo France, le mois le plus sec à Mayotte est le mois de juillet. A quoi devons-nous nous attendre en 2018 après la saison des pluies ?
Bertrand Laviec : Il s’agira d’une succession de mois qui s’avèreront de moins en moins humides. La saison des pluies, officiellement, commence le 1 er novembre et s’achève le 30 avril. A partir de mi-avril on commence à entrer dans des périodes plus sèches, dès que le flux de mousson aura disparu. Au début, on aura encore un peu d’averses, puis progressivement on arrivera vers le mois le plus sec, donc le mois de juillet.
FI : Alors qu’à La Réunion par exemple, où le mois le plus sec est celui d’octobre…
Bertrand Laviec : Nous ne sommes pas sous les mêmes latitudes qu’à La Réunion. A Mayotte, nous sommes plus près de l’équateur. A La Réunion, c’est un climat tropical modéré. Nous, on est sur un climat équatorial, ce qui explique les différences.
Un champion du monde de parachutisme prépare un film à Mayotte
Sébastien Chambet, double champion du monde de saut en parachute, est actuellement à Mayotte dans le cadre d’un repérage pour le tournage d’un documentaire. À cette occasion, l’homme aux 11 000 sauts à son compteur présentera le premier de ses films réalisés en Nouvelle-Calédonie.
« Le cadre est magnifique ici pour des sauts en parachute ». À peine arrivé dimanche dernier à Mayotte, Sébastien Chambet est déjà… tombé sous le charme du 101ème département. À l’invitation d’Anly Abdallah Djaha, un Mahorais originaire de Passamaïnty et ancien militaire parachutiste, l’ex-champion du monde dans la discipline Freestyle (2010 et 2012) et actuel entraîneur de l’équipe de France (dans les catégories Freefly et Freestyle), s’est rendu dans notre île afin de repérer les lieux où lui et son équipe viendront sauter l’année prochaine. Car Mayotte sera le décor du prochain film de Sébastien Chambet, Jim Gares et Vincent Cotte. Les trois garçons dans le vent viendront réaliser en août ou septembre 2018, un documentaire de 52 minutes avec une trentaine de sauts au programme. Le but, faire découvrir la beauté du territoire à travers des sauts en parachute, mais pas uniquement. « Je tenais à ce que ne soit pas simplement un film sur notre discipline. Il s’agit aussi de mettre en avant la culture et la société mahoraise via des rencontres avec la population locale », précise Sébastien Chambet. Néanmoins, les vidéos tournées dans les airs proposeront à coup sûr des images époustouflantes de sauts en chute libre ainsi que de vols en wingsuit (combinaison ailée), « une expérience qui permet de prolonger le saut et ainsi d’apprécier le panorama », explique le parachutiste.
Ce projet filmographique est la suite d’un premier documentaire réalisé en 2016 en Nouvelle-Calédonie. Présenté cette année, le film intitulé « 45 secondes d’éternité » (en référence à la durée d’une chute libre lors d’un saut en parachute) est le début d’une série dont le but est de faire le tour des départements et territoires d’outremer avec comme fil conducteur le parachutisme sportif. « C’est la société Grand Angle Production qui a suggéré cette idée. On s’est donc mis en contact avec des chaînes de télévision comme le réseau France Télévisions pour diffuser nos films », explique Sébastien Chambet. Ainsi, le 101ème département sera le lieu du second épisode des aventures des trois comparses.
Sauter en parachute à Mayotte, ce sera possible dès 2018
C’est en prenant connaissance de leur projet qu’Anly Abdallah Djaha a proposé à l’équipe de France de Freefly de poursuivre leur tour du monde ultramarin. « C’est aussi l’occasion pour moi de faire connaître ma société Vehuwa (« s’envoler » en shimaore) spécialisée dans les baptêmes de saut en parachute tandem et dont l’activité sera lancée à Mayotte en 2018″, explique l’ancien militaire à la retraite après un peu plus de 17 ans de bons et loyaux services. Pour marquer le coup, l’enfant du pays a donc organisé la projection du premier film de Sébastien Chambet, qui se tiendra ce samedi à 20h au restaurant La Croisette derrière le marché couvert de Mamoudzou.
En attendant, l’entrepreneur nourrit ce projet professionnel depuis plusieurs années. Il est à présent sur le point d’acquérir un avion pour mettre en œuvre son activité. « J’envisage également en plus des sauts en tandem, de proposer à l’avenir des formations », ajoute Anly Abdallah Djaha. Nul doute que son entreprise va susciter de l’intérêt et contribuer à développer le tourisme dans le plus jeune département de France.
Mais l’objectif à court terme pour Anly et Sébastien est de trouver dès à présent des fonds publics et/ou privés pour financer leur projet de tournage. « Concrètement, cela peut se matérialiser par l’impression sur la voile du parachute du nom du partenaire qui soutiendra notre initiative. Un marketing qui permet une visibilité non-négligeable à l’entreprise ou l’institution qui aidera à nous financer », explique le porteur de projet. « Pour le premier film, nous avons obtenu des aides, mais nous avons dû financer une partie sur fonds propres », ajoute-t-il. En effet, le parachutisme n’est pas encore une discipline qui concentre beaucoup d’argent contrairement au football. « Dans la vie de tous les jours, nous sommes soit moniteurs, soit militaires. Notre sport est amateur et nous ne pouvons pas encore en vivre », indique le multiple champion national et international. L’appel est donc lancé pour soutenir un événement unique en son genre dans le 101ème département.
► Pour en savoir plus : Projection en plein air du film « 45 secondes d’éternité » samedi 9 décembre à 20h au restaurant La Croisette à Mamoudzou. Renseignements au 0269 60 96 50. Plus d’informations concernant Sébastien Chambet et son équipe sur www.scphotographie.com
Occupations illégales : une piste pour les propriétaires ?
Les dispositions prévues pour l’accueil des gens du voyage pourraient-elles aider les propriétaires de Mayotte ?
Dans un courrier envoyé aux maires de Mayotte et au président du Conseil départemental, le sénateur et vice-président du Sénat, Thani Mohamed Soilihi, attire l’attention sur la problématique des occupations illégales, en soumettant une piste d’action pour les propriétaires des terrains concernés, en particulier lorsqu’il s’agit des collectivités.
Dans la loi du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté, il est en effet stipulé « Le fait de s’installer en réunion, en vue d’y établir une habitation, même temporaire, sur un terrain appartenant soit à une commune qui s’est conformée aux obligations lui incombant en vertu du schéma départemental prévu à l’article 1er de la loi (…) relative à l’accueil et à l’habitat des gens du voyage ou qui n’est pas inscrite à ce schéma, soit à tout autre propriétaire autre qu’une commune, sans être en mesure de justifier de son autorisation ou de celle du titulaire du droit d’usage du terrain, est puni de six mois d’emprisonnement et de 3750 euros d’amendes. »
Par ailleurs, est actuellement en débat au Parlement une proposition de loi, elle aussi relative à l’accueil des gens du voyage et à la lutte contre les installations illicites, qui propose de renforcer les sanctions pénales ci-dessus, en prévoyant notamment une peine d’emprisonnement d’un an et une amende de 7500euros. « Aussi, poursuit le sénateur, face à la recrudescence des occupations illégales observées sur notre territoire et dénoncées légitimement par la population mahoraise, il me semble important d’attirer votre attention sur le fait que ces dispositions peuvent être l’occasion pour les propriétaires terriens mahorais, publics ou privés, d’agir au pénal afin de faire respecter le droit de propriété. »
Deux manguiers abattus hier à Longoni
La circulation a été fortement perturbée hier matin sur la RN1 aux abords du port de Longoni. Selon nos renseignements, les agents grévistes du port de Longoni auraient abattu deux manguiers centenaires qui seraient couchés au milieu de la chaussée. Il aura fallu une bonne heure avant les agents de la Deal parviennent à dégager la chaussée.
Nidou : Propriétaire du bar-restaurant Le M’haju
Nidhoimi Bacar est un personnage atypique. Le M’haju, bar-restaurant réputé de la commune de Bandrélé – créé en 2007 sur la non moins célèbre plage de Musical – est son œuvre. L’entrepreneur mahorais, resté profondément attaché à l’île, nous parle de son Mayotte. La nostalgie, l’inquiétude et l’espoir transpirent de ses mots.
Cela fait dix ans tout rond que Nidhoimi Bacar propose ses services de cuisinier au bar-restaurant Le M’haju, qu’il a créé. « Tout ce que vous voyez ici a été fait de mes propres mains, mais je n’étais pas tout seul ! », précise-t-il en souriant. Marié et père de cinq enfants, Nidou, comme on le surnomme, a toujours vécu à Mayotte.
Néanmoins, les voyages, ça le connait. L’entrepreneur a parcouru quasiment toute la région océan Indien : de la Grande Comore à Anjouan, de Madagascar à La Réunion, de Maurice aux pays du Sud-ouest africain, etc., à la découverte de nouveaux horizons et des différents modes de vie. « Chaque île est belle », estime-t-il.
« Chacune a ses spécificités et c’est important de s’y rendre et de les découvrir, car elles nous cultivent. Ces voyages sont enrichissants : ils nous apprennent comment chaque population vit et s’adapte à la société. Mayotte a des choses à tirer de chaque île. » Comme de nombreux Mahorais, Nidou est également passé par la France métropolitaine. Un territoire sur lequel il ne pourrait jamais vivre. Il l’explique : « Je suis quelqu’un qui adore la nature pour la pureté qu’elle représente. Je suis né dans la nature, j’ai grandi, je vis et je travaille dans la nature. La nature et l’environnement sont ma vie. Et pour moi, la métropole est trop développée. Par rapport à mon vécu et à ma vie, je ne me voyais pas m’adapter là-bas. Mayotte est une île encore peu développée, et cela convient à mon mode de vie et mes centres d’intérêt : moins de développement, c’est moins de contraintes, notamment moins de déchets, moins de pollution. »
De Mayotte, le quarantenaire veut garder en tête ce côté sauvage, qui autrefois en faisait sa force. Il aime par exemple se souvenir du sentiment de liberté et de sécurité qui y régnait dans les années 1980 et 1990. « Nous nous contentions du peu que nous avions. Les gens n’avaient pas besoin de voler pour se nourrir ou autres. Du coup, l’insécurité n’existait pas. Nous pouvions dormir les portes et fenêtres ouvertes, et nous promener tard la nuit sur les plages sans nous soucier de ce qui pourrait arriver. »
Nidou est nostalgique aussi de l’éducation à l’ancienne qui, entre autres, attribuait un certain niveau de respect vis-à-vis des personnes âgées. Celui qui est également musicien évoque d’ailleurs souvent ce Mayotte d’avant dans ses chansons : « C’est ce qui a construit ma personnalité, ma façon d’être, et que j’essaie de transmettre à mes enfants aujourd’hui : le respect d’autrui, le respect de nos aînés, le respect de l’environnement. »
La restauration et la musique animent la vie de l’entrepreneur. Le M’haju a d’ailleurs été créé pour allier ces deux passions. Chaque semaine, du jeudi au dimanche, le bar-restaurant reçoit de nombreux adeptes de la cuisine locale. Et plusieurs fois par an, il est le lieu d’évènements éducatifs, culturels ou festifs.
C’est au M’haju que de nombreuses structures communales mettent en place leurs accueils collectifs de mineurs durant les périodes de vacances scolaires. C’est au M’haju aussi que M’toro Chamou, Wawa, Baco Oili et d’autres artistes locaux et régionaux reconnus se produisent. C’est au M’haju, encore, qu’ont été organisés les dernières Beach Party, si appréciées de la jeunesse mahoraise. Enfin, on ne peut parler du M’haju sans évoquer le Fest’Karam. En octobre dernier, Nidou fêtait la neuvième édition de son évènement qui mêle deux jours durant activités familiales, découverte des recettes mahoraises et scènes de musique. « Le Fest’Karam résume ce qu’est le M’haju finalement : de la cuisine locale et de la musique au milieu de la nature, dans une ambiance conviviale, familiale », conclut Nidou.
Ma bonne idée pour Mayotte
Nous devrions faire attention à notre mode d’évolution. Nous devrions profiter du fait de ne pas être encore véritablement développés pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que les autres îles et pays développés, pour que demain nos enfants et petits-enfants n’aient pas à subir les conséquences désastreuses de nos choix d’aujourd’hui. Je pense toujours à la nature et à l’environnement mahorais : je souhaite par exemple qu’on réfléchisse pour que demain, Mayotte soit une référence mondiale en termes d’énergies renouvelables. Je souhaite aussi qu’il n’y ait jamais d’usines industrielles à Mayotte. Le développement, oui, mais autrement.
Ma photo marquante
Prenez-moi en photo maintenant et elle sera ma photo marquante ! La meilleure photo c’est celle prise l’instant même parce qu’elle montre qu’on est en vie. J’ai 44 ans et j’ai perdu beaucoup d’amis et de connaissances, des gens que je fréquentais et que je voyais de mes yeux. Aujourd’hui, ils n’ont plus la chance d’être pris en photo parce qu’ils ne sont plus en vie. Pouvoir encore être pris en photo, c’est ce qui important pour moi, c’est ce qui me marque.
Mon meilleur souvenir à Mayotte
Je reformulerai si vous me le permettez, et dirai plutôt « Ce qui me manque le plus à Mayotte ». Et bien c’est l’époque où l’on pouvait dormir en plein air ! Me trouver sur un djavi (natte traditionnelle) et dormir n’importe où : ça pouvait être dehors ou au milieu du village, ou sur la plage la nuit. Personne ne te prenait la tête.
Mes endroits favoris
Tout ce qui touche à la nature. Tout ce qui m’éloigne de l’urbanisation : cela peut être dans les îlots, à Saziley, à la campagne, etc. Peu importe l’endroit, si je peux installer mon djavi !
Le M’haju : un lieu de restauration et d’animation
Le M’haju, c’est avant tout un restaurant. Ouvert du jeudi au dimanche (le vendredi et le samedi soir sous réservation), Nidou y concocte de nombreux plats à base de produits locaux. Sa spécialité ? Les épices : les plats proposés font l’objet d’un assaisonnement oriental grâce à un mixe d’épices locales, africaines et européennes. « Comme la musique, la cuisine est un partage de culture. C’est ce que j’essaie de faire dans ma cuisine : mélanger par exemple dans un plat le anda de chez nous, le cumin africain et le thym européen pour un maximum de mixité. »
Le M’haju, c’est aussi un espace abritant des surfaces déblayées, ombragées, aménagées, et une scène musicale, où l’on peut organiser tous types d’actions ou d’évènements : camps de vacances, accueils collectifs de mineurs, cabarets, concerts, festivals, réunions de comités d’entreprises, anniversaires…
Bar/restaurant Le M’haju, chez Nidou, Musical Plage ; 0269635419 ou 0639227534. Facebook : Bar Le M’Haju.
Violences scolaires : les lycées se rebiffent
Après le lycée de Kahani, c’est au tour d’une partie des agents du lycée polyvalent du Nord (Acoua) d’exercer leur droit de retrait, tandis que le LPO de Tsararano convoquait hier une assemblée générale d’urgence. Face à la récurrence des violences scolaires, certains personnels des établissements du second degré de Mayotte « ont peur » et prennent des mesures drastiques. Pour le vice-rectorat, ces agents en colère « ne représentent qu’une minorité de personnes, 16 en tout au 4 décembre ».
« Les élèves et le personnel ont peur ». Dans un communiqué envoyé à la presse mardi, les personnels du lycée polyvalent du Nord (Acoua) – réunis en collectif – ne mâchent pas leurs mots pour exprimer leur ras-le bol face « aux situations de violences insupportables » qu’ils subissent régulièrement. Le jeudi 23 novembre, « un élève s’est fait tabasser (…) à coups de pierres » dans l’enceinte du lycée, raconte une enseignante. Des rivalités intervillageoises qui l’auraient conduit à l’hôpital de Mamoudzou avec une commotion cérébrale, et qui feraient suite aux évènements du 6 octobre où des jeunes armés de machettes auraient pénétré à l’intérieur de l’établissement, agressant certains élèves, selon la pédagogue. Un des adolescents passé à tabac ce jour-là aurait été évacué pour raisons médicales à La Réunion mais « son état de santé mentale ne semble pas intact depuis », poursuit l’enseignante.
Certains agents du lycée polyvalent (LPO) du Nord ont donc décidé d’exercer leur droit de retrait le 24 novembre, mesure maintenue jusqu’alors, notamment en raison d’un risque de représailles et « puisque jusqu’à ce jour aucune proposition adéquate n’a été faite par le vice-rectorat pour assurer la sécurité des élèves, du personnel et le bon déroulement des cours », dénonce le collectif des personnels. Ces agents se disent « toujours en attente d’une réunion du CHSCTA (Comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail académique), pour une évaluation des mesures de sécurité adaptées à la situation. » Selon le vice-rectorat, ce comité s’est déjà réuni deux fois en 2017.
Lundi, ils étaient 22 enseignants sur 70 à exercer leur droit de retrait et 18 mardi, a indiqué un professeur du LPO du Nord. Pour le vice-rectorat, joint hier par téléphone, ces agents en colère « ne représentent qu’une minorité de personnes, 16 en tout au 4 décembre ». Le vice-rectorat a également rappelé que des projets de sécurisation étaient en cours mais que leur mise en place prenait du temps.
Du côté du lycée de Kahani, dont une partie du personnel exerçait son droit de retrait depuis le 20 novembre, les professeurs ont repris « par conscience professionnelle », a déclaré Sandrine, enseignante.
Assemblée générale d’urgence
Ces problèmes de violences scolaires touchent de nombreux établissements du secondaire et lundi, la communauté éducative du lycée polyvalent de Tsararano a pris les devants en convoquant une assemblée générale d’urgence « suite aux événements graves de violence contre des élèves du lycée qui se répètent d’une façon très régulière et dans un espace de temps très court ». Lors de cette assemblée extraordinaire, il a été décidé qu’une réunion aurait lieu en janvier avec les parents afin d’échanger avec eux sur la sécurité du lycée. En outre, les agents du lycée demandent au CHSCT d’établir une liste des divers incidents qui ont émaillé le quotidien de l’établissement. Enfin, ils ont évoqué la possibilité de créer une intersyndicale « pour faciliter la communication entre centres d’enseignement » et ont envisagé de mettre en place « une demi-journée solidaire à chaque fois qu’un centre scolaire [est] attaqué ».
Insécurité et délinquance | Réunion des acteurs de la sécurité de Mamoudzou
Hier se tenait le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) sous l’égide de la mairie de Mamoudzou. Préfecture, police, vice-rectorat, procureur de la République, entreprises et associations ont échangé et se sont entendus sur un point crucial : il est urgent que les acteurs de la sécurité dialoguent davantage.
La commune de Mamoudzou représente 13% du territoire mais concentre 50% des faits de délinquance perpétrés sur l’île, a résumé le commissaire Philippe Jos, lors du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) qui se tenait hier à la mairie. En d’autres termes, un délit sur deux est commis sur le territoire du chef-lieu. C’est dire si la réunion qui rassemblait entre autres mairie, préfecture, police, vice-rectorat, protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), procureur de la République, mais également entreprises telles que le transporteur Matis et associations d’insertion était d’importance. Seuls manquaient à l’appel les élus du conseil départemental, pourtant parties prenantes du CLSPD et qui auraient pu s’exprimer notamment sur les dispositifs mis en place pour la protection de l’enfance et les difficultés éventuellement rencontrées.
Le CLSPD se réveille
Créé en 2011 mais en sommeil depuis 2016, le CLSPD a été réactivé cette année et confié à une coordinatrice nouvellement recrutée. Ainsi, durant plus de deux heures hier, la vingtaine d’acteurs en présence ont débattu et échangé des informations autour de la sécurisation des abords des établissements ainsi que de la question des transports scolaires ; de la présence de meutes de chiens dressés à l’attaque ou divagants sur la commune de Mamoudzou ; de la responsabilité pénale des parents et des enfants ; de la consommation de drogue ; ainsi que de la mise en place de référents de parcours.
► Liliane Vallois : directrice territoriale de la PJJ
Si des désaccords ont été exprimés par les divers intervenants, tous se sont rejoints sur deux points importants. D’une part, la nécessité qu’il y a à se focaliser sur la jeunesse de la commune – quelques chiffres marquants : à Mamoudzou, plus de la moitié de la population a moins de 17 ans et le groupement scolaire de Kawéni accueille environ 10 000 élèves. D’autre part, l’urgence que les acteurs de la sécurité et de la prévention de la délinquance dialoguent davantage. Une représentante de l’Education nationale a à ce titre interpellé le procureur de la République afin que les informations d’ordre judiciaire concernant des mineurs scolarisés soient transmises aux chefs d’établissement concernés.
Propositions tous azimuts
Après un rapide bilan des années précédentes mettant en avant le dispositif du rappel à l’ordre ainsi que l’installation récente de caméras de vidéo-surveillance au sein de la commune, certains intervenants ont proposé quelques solutions concrètes.
Le commissaire Philippe Jos souhaite développer la coopération avec la police municipale en accentuant notamment la transmission d’informations. Il estime qu’il serait également pertinent de renforcer certains partenariats existants comme celui conclu avec la Sim permettant l’opération « Tranquillité vacances » ou encore celui mis en place avec le vice-rectorat ayant vocation à sécuriser les abords des établissements scolaires. Enfin, le commissaire entend communiquer davantage et a enjoint avec humour la population de Mayotte de « suivre les aventures de la police nationale » sur sa toute nouvelle page Facebook.
Le procureur de la République, Camille Miansoni, quant à lui, juge nécessaire de multiplier les rappels à l’ordre, permettant de « responsabiliser les parents (…) et le cas échéant, en présence de la force publique ». L’année dernière, seules une cinquantaine de personnes ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre, la mairie pointant du doigt des difficultés d’adressage, ainsi qu’un nombre important d’individus ne se présentant pas suite à une convocation. Le magistrat a également évoqué le manque d’aménagements urbains rendant certaines zones « criminogènes » alors que la mise en place d’éclairage public, par exemple, améliorerait considérablement la sécurité de certains quartiers. Il a aussi souhaité que soient réactivés les groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD).
Etienne Guillet, le directeur de cabinet de la préfecture, a incité les représentants du vice-rectorat à communiquer davantage auprès des forces de l’ordre ainsi que de la mairie autour d’éventuelles situations problématiques à venir et de la présence d’éléments perturbateurs identifiés. Ainsi, la mairie pourrait-elle « retrouver » un jeune au sein de son établissement scolaire pour le rappeler à l’ordre, si jamais les difficultés d’adressage étaient trop grandes. Le sous-préfet a également rappelé l’importance de l’implication des parents dans l’éducation de leurs enfants, implication pouvant se matérialiser par exemple par l’accompagnement le matin par une autorité parentale du mineur jusqu’à son établissement scolaire.
Et si un représentant de l’entreprise de transports scolaires Matis s’est félicité de la baisse des agressions depuis la fouille des sacs des élèves entreprise récemment par les forces de l’ordre, la directrice territoriale de la PJJ a plaidé pour des réponses éducatives et non systématiquement répressives, rappelant « qu’on est tous responsables de la situation dans laquelle le jeune se trouve ». Elle a ainsi défendu des alternatives à l’incarcération, notamment sous forme de travaux d’intérêt général (TIG), et a appelé la mairie à proposer ce type de mesures.
Enfin, le capitaine Chamassi, chargé de mission auprès du cabinet du Préfet, a conclu en conviant la mairie de Mamoudzou à mobiliser ses équipes, notamment ses médiateurs, autour du dispositif « référent de parcours » ; l’agent « référent de parcours » ayant pour mission d’identifier et de suivre des jeunes, en mettant en œuvre un suivi individualisé « et non pas des réponses par groupe ».