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Quinze mois de prison ferme requis contre un marchand de sommeil

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Un homme d’une cinquantaine d’années, résidant à Pamandzi, en Petite-Terre, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou mercredi pour « aide au séjour » d’étrangers en situation irrégulière et hébergement dans des conditions contraires à la dignité humaine. Depuis plusieurs années, il louait à une trentaine de personnes plusieurs cases en tôle et chambres en dur, sur deux terrains lui appartenant, ainsi qu’à sa famille.

Démarche « humanitaire » ou exploitation de la détresse d’autrui ? Telle est la question que devra trancher d’ici la fin du mois le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Ce mercredi, un homme d’une cinquantaine d’années, B. S.A., comparaissait devant le tribunal de grande instance de Mamoudzou pour « aide au séjour » d’étrangers en situation irrégulière et hébergement dans des conditions contraires à la dignité humaine. Rats, cafards, toits de tôle troués laissant passer la pluie dans les chambres, sanitaires insalubres et insuffisants… Sur deux terrains appartenant au prévenu et à sa famille – où ceux-ci disposaient d’une maison en dur – B. S.A. louait plusieurs cases en tôle et chambres à sept familles, au total une trentaine de personnes, dont plusieurs se sont avérées en situation irrégulière. En juillet dernier, le prévenu, membre du collectif des citoyens de Petite-Terre et agent de sécurité au conseil départemental, affirmait devant les caméras de Mayotte La première avoir enjoint à ses locataires en situation irrégulière de quitter les lieux et avoir pris part à une campagne « demandant à tous ceux qui logent des irréguliers de s’en défaire parce qu’il va se passer des choses et que la justice va se mêler de tout ça ». Il ne croyait pas si bien dire. Placé en garde à vue dans les locaux de la PAF (Police aux Frontières) et déféré devant un juge, l’homme encourt désormais une peine de prison. « L’affaire a débuté alors qu’on s’agitait beaucoup autour de la question des décasages », indique en préambule le président Philippe Ballu ce mercredi. « Le Codim est intervenu pour soutenir monsieur (…) Mais je ne suis pas là pour parler du Codim », ajoute-t-il. Ce qui intéresse la cour, ce mercredi, c’est avant tout la situation pécuniaire du prévenu. Ce dernier perçoit un salaire mensuel de 2.400 euros pour des charges fixes estimées à près de 1.700 euros, avec dix enfants à charge, dont certains sont ceux de l’une de ses trois épouses, qui habite avec lui. Il affirme ne toucher que 450 euros des divers loyers qu’il perçoit sur la base d’un simple « contrat verbal » – et sans les déclarer au fisc, admet-il – quand le président estime plutôt la somme aux alentours de 700 euros.

« Tu es étranger, je peux te foutre dehors »

L’autre point qui intéresse la cour, ce sont les dépositions des locataires. « J’ai lu qu’il n’y avait qu’un seul point d’eau dans la cour pour 30 à 35 personnes et que vous y mettiez un cadenas lorsque vous étiez de mauvaise humeur ! », rapporte le président. « Et pour l’électricité c’était pareil, on coupait les branchements sauvages ». Autres points de grief : la douche, qui sert également de toilette à toutes ces personnes, ou encore l’état lamentable des habitations, accrédité par de « nombreuses photos ». En outre, un rapport de l’Agence régionale de santé faisant suite à un contrôle sur place fait état de risques d’incendie, d’électrocution et d’intoxication au monoxyde de carbone… L’une des anciennes locataires du prévenu, arrivée à Mayotte par kwassa en 2015 et installée en juillet 2016 chez B.S.A. a notamment raconté que son loyer, au départ de 100 euros, a été augmenté à 150 euros. Il lui fallait encore régler 150 euros de caution, 50 euros pour l’eau, et 50 euros pour l’électricité, selon ses dires. « Même dans une maison en dur, je ne règle pas de telles factures ! », s’étrangle le président à la lecture de ces déclarations. En plus des loyers qui augmentent, plusieurs locataires rapportent des pressions, notamment de nature sexuelle, sur les femmes qui vivent sur ses terrains. « Il n’arrêtait pas de demander à avoir des rapports sexuels avec les femmes seules », témoigne l’une d’entre elles, citée lors de l’audience. « Cela n’a pas été établi », rappelle toutefois le président. Face à ces accusations, le prévenu nie en bloc : « Tout ce que je peux dire, c’est que tout ça c’est des mensonges », répète-t-il. Idem lorsqu’on lui lit le récit d’un autre des ses anciens locataires : « Il m’a dit : +Tu es étranger je peux te foutre dehors! + Je le savais capable de le faire sans aucune pitié, par contre, il n’a jamais été violent avec moi ». Le prévenu, qui affirme n’avoir pas été au courant de la situation administrative de certains de ses locataires – qui vivaient pourtant sur son propre terrain – dément fermement. La substitute Chloé Chérel, n’y croit pas. Elle requiert à son encontre 15 mois de prison ferme, la confiscation du terrain saisi lors de la procédure, objet de l’infraction, et d’autre biens saisis lors de l’enquête. »Ce ne serait pas une condamnation pour l’exemple, mais tout simplement parce qu’il s’agit d’un délit », estime-t-elle, ajoutant que « ce n’est pas parce que ce n’est pas le seul à le fair (à Mayotte ndlr), que cela doit faire obstacle à une condamnation ». L’avocat de la défense, Me Delamour Maba Dali, demande de son côté la relaxe pure et simple et la restitution des biens de son client, jugeant la peine proposée « complètement disproportionnée ». Il fait le procès de l’État et de sa « négligence » dans la gestion de l’immigration clandestine, et assure que son client n’a fait « qu’utiliser toute son humanité dans cette affaire », en proposant un hébergement à des gens « en état de nécessité ». La décision sera rendue à la fin du mois.

 

 

 

Recensement | Les communes plus impliquées

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L’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) se prépare pour 2021 à la mise en place du recensement annuel de la population à Mayotte, tel qu’il est appliqué en métropole. Jusqu’alors, les enquêtes étaient menées tous les cinq ans dans le 101ème département. Effectuées chaque année, les prochaines enquêtes ne prendront en compte qu’une partie du territoire. Ainsi, les premiers résultats exhaustifs de population ne seront disponibles qu’en 2026. Autre changement, les communes auront désormais la responsabilité juridique des enquêtes, et ce, dès 2021.

Jusqu’à présent, comme en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, l’Insee effectuait à Mayotte un recensement exhaustif de la population tous les cinq ans. Avec l’adoption de la loi du 28 février 2017 relative à l’égalité réelle en Outre-mer, les règles changent et s’alignent sur celles de la métropole. Désormais, les enquêtes se feront chaque année, mais par tranche de territoire et non plus de manière exhaustive. Ces enquêtes, dites « tournantes », s’effectuent tous les ans, mais par cycle de cinq ans. La première collecte sur le terrain est prévue pour 2021, avec des premiers résultats authentifiés et définitifs en… 2026. À noter que les modalités d’enquête varient selon les communes. Celles de moins de 10.000 habitants doivent être recensées exhaustivement tous les cinq ans, tandis que celles de plus de 10.000 habitants seront recensées tous les ans sur un échantillon de 8% de leurs logements. Au bout du premier cycle de cinq ans, 40% de la population sera ainsi recensée, et c’est sur cet échantillon que se baseront les enquêteurs pour extrapoler les résultats définitifs. « Les chiffres de la population sont très attendus parce qu’ils entrent en corrélation avec les dotations des communes, car les textes de loi prévoient d’adosser les budgets des communes aux populations des territoires », explique Jamel Mekkaoui, chef du service régional de l’Insee à Mayotte. Aussi, cet alignement sur la métropole était-elle « une demande forte des élus », indique le responsable, qui ajoute que « de notre côté, d’un point de vue technique, nous avions un avis réservé ». En effet, il faudra encore attendre huit ans avant d’obtenir les prochains chiffres de population. « L’application de la méthode métropolitaine conduit à n’avoir une possibilité de réactualiser les populations qu’au 1er janvier 2026. Huit ans, c’est beaucoup, le changement de trajectoire nous a fait perdre trois ans », estime Jamel Mekkaoui. 

Une méthode à adapter 

Autre problème, la méthode métropolitaine, avec son système d’échantillonnage sur des années glissantes, apparaît complexe à mettre en œuvre, en l’état, à Mayotte. Selon le responsable régional, elle serait plus adaptée à des territoires plus stables que le 101ème département, « très mouvant » et qui connaît d’importants « problèmes de bâti, avec ses nombreuses cases en tôles ». Il faudrait notamment y « introduire la question de la précarité du bâti ». Elle présente néanmoins plusieurs avantages : « faire entrer Mayotte dans un système national », ce qui facilite les « process » et permet « d’avoir une opération en continu », « monter en compétence » et « lisser nos charges », ou encore constituer une équipe stable, nuance Jamel Mekkaoui. L’Insee réfléchit donc à des pistes pour mieux l’adapter aux spécificités du territoire d’ici la première collecte en 2021. « Nous menons une réflexion sur ce point, nous n’avancerons pas seuls là-dessus, nous aurons besoin du soutien des communes, qui sont désormais juridiquement responsable de l’enquête », indique-t-il. En effet, jusqu’ici, l’organisation et la réalisation des recensements relevaient exclusivement de la compétence de l’Insee, les communes n’étant qu’associées aux opérations, pour des questions logistiques et de recrutement notamment. Ces dernières seront désormais pleinement impliquées : elles se chargeront seules du recrutement et de l’encadrement des agents de recensement, devront veiller au respect du protocole d’enquête, au repérage des adresses recensées, à l’exhaustivité de la collecte ou encore au respect des délais légaux d’achèvement des opérations. Pour ce « transfert de charges conséquent » aux communes mahoraises, ces dernières percevront une dotation forfaitaire de l’État, avec lequel elles partageront le coût de l’enquête annuelle. 

 

 

Une centaine de manifestants contre la réforme de la fonction publique

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Les syndicats des fédérations FSU, CFDT et Unsa ont appelé à une grève nationale ce lundi pour dénoncer les 2.650 suppressions de postes d’enseignants dans le secondaire dans le cadre de la réforme de la fonction publique. À Mayotte, les manifestants étaient rassemblés devant les locaux de vice-rectorat ce lundi matin pour revendiquer notamment des mesures d’attractivité et un changement de politique vis-à-vis des contractuels. 

« C’est une première depuis 2011 », a fièrement affirmé Henri Nouri, co-secrétaire départemental de la FSU Mayotte et secrétaire général du Syndicat National des Enseignements de Second degré (SNES), en préambule de la manifestation. En effet, l’appel massif à la mobilisation de tous les syndicats représentant l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale était inédit. Ce lundi matin, trois des principaux syndicats de l’Éducation nationale (FSU, UNSA-Éducation et SGEN-CFDT) regroupés en intersyndicale étaient représentés par une centaine de manifestants devant les locaux du vice-rectorat de Mamoudzou pour protester contre la suppression de 2.650 postes, la précarité de la profession, la réforme de l’enseignement professionnel et celle du lycée. Les manifestants ont marché jusqu’au dispensaire de Jacaranda pour marquer leur refus « net et précis » de la réforme.

« Nous avons un budget annuel de 500 millions d’euros. Au prorata, par élève, c’est deux fois moins qu’en métropole », a pointé Bruno Dezile, enseignant en lycée professionnel et responsable CGT Educ’action. L’intersyndicale réclame donc un « plan pluriannuel » de construction scolaire et le passage en réseau d’éducation prioritaire (REP+) sur le territoire. « À Mayotte, nous avons un déficit en personnel dans la plupart des établissements scolaires. Cela créé un problème de suivi des vies scolaires, avec des effectifs beaucoup trop importants par classe. Dans le premier degré, c’est encore plus notable », a confirmé l’enseignant. 

Des mesures d’attractivité

Parallèlement, le gouvernement cherche, selon Henri Nouri, à contractualiser « massivement » la fonction publique. Malgré une augmentation des postes ces dernières années, le 101ème département français ne sera pas épargné par ces suppressions, a prédit le secrétaire général du SNES Mayotte. Et d’ajouter que « nous sommes attachés à une fonction publique de carrière, de statut et malheureusement elle risque d’être détruite, au détriment des usagers. Un service public indépendant, c’est la meilleure chose possible pour les usagers. Si vous l’enlevez, vous retirez la possibilité aux personnes les plus démunies d’avoir des enseignements de qualité, et donc, d’avoir un avenir. »

Les syndicats réclament donc des mesures d’attractivité et de stabilisation pour permettre la titularisation des contractuels – dont la proportion est estimée à près de 50% par les différents syndicats –  et une gestion plus efficace des ressources humaines. « Effectivement, comparativement à la métropole, le salaire est plus élevé mais nous ne sommes pas dans le même contexte, et au regard de la situation de Mayotte c’est insuffisant pour à la fois attirer et stabiliser les enseignants », affirme-t-il. Un versement plus prompt des salaires et un traitement plus rapide des dossiers de fin de contrat sont aussi demandés par l’intersyndicale. « Actuellement, le taux d’encadrement est inférieur à la moyenne de toutes les académies, DOM-TOM compris », a-t-il encore pointé. 

L’intersyndicale exige également que les ex-agents de la collectivité départementale devenus fonctionnaires – grâce à la départementalisation – voient leur ancienneté reconnue dès le début de leur carrière, ainsi qu’un changement dans le traitement de la maladie des enseignants. « Les collègues soignés pour un cancer par exemple et qui sont obligés de se déplacer à la Réunion ou en métropole perdent leur indexation », souligne Quentin Sedes, membre de la CGT Educ’action. 

Injecter des moyens au Lycée agricole

Afin d’apporter plus de poids à leurs revendications, les syndicats ont pu compter sur la participation d’une vingtaine d’agents du lycée de Coconi. « D’autres sont déclarés grévistes mais ne participent pas à la grève », a annoncé Yazide Mohamed, secrétaire général FO enseignement agricole. Après deux semaines de droit de retrait suite à l’agression de deux agents, les professionnels du lycée avaient décidé, vendredi soir, de le retirer. Malgré une rencontre avec le directeur de la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et des forêts, qui relève du ministère de l’Agriculture) de Mayotte, Bertrand Wybrecht, et la signature d’un protocole d’accord de sortie de crise, les professionnels de Coconi manifestaient ce lundi, principalement pour revendiquer des investissements plus importants. 

« Nous avons un retard considérable par rapport à l’Éducation nationale en termes de moyens. Nous avons sans doute vingt ans de retard », déplore le secrétaire général FO enseignement agricole. Le lycée, qui relève du ministère de l’Agriculture, ne dispose par exemple d’aucune salle munie d’un vidéo-projecteur. De même, les différents matériels volés lors de cambriolages commis ces dernières années n’ont, selon lui, jamais été renouvelés. « Les travaux pratiques (TP) par exemple, nous ne les faisons plus puisque nous n’avons pas les moyens pour les faire », regrette Yazide Mohamed. Le syndicaliste et enseignant ajoute que « nous dépendons toujours du ministère de l’Agriculture. Le département ne nous aide pas et (le ministère) ne met pas assez de finances pour l’Éducation à Mayotte ». Une rencontre avec Stephan Martens, le nouveau vice-recteur de Mayotte, était organisée à 11h00 ce lundi. À l’issue de cette réunion, le secrétaire général du SNES Henri Nouri a fait part de sa satisfaction, aussi bien au regard de la mobilisation que de la réunion qui a suivi, se félicitant d’une écoute « assez attentive ». « Je pense que les représentants départementaux ont compris que nous ne pourrons pas construire un rectorat de plein exercice sans les personnels. D’ailleurs, ils soutiendront ces mesures d’attractivité auprès de la direction générale des ressources humaines de l’Éducation nationale. C’est un signe d’encouragement », a-t-il estimé.

 

 

 

Droit de retrait levé au lycée de Coconi

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Après deux semaines de droit de retrait, les personnels du lycée agricole ont finalement décidé de reprendre le travail. Les garanties de sécurisation de l’établissement, qu’ils réclamaient à la suite de l’agression de deux de leurs collègues sur le site de Coconi, le 23 octobre dernier, semblent désormais remplies. Alors qu’une nouvelle grève nationale débute ce lundi dans les établissements scolaires, le droit de retrait des agents du lycée agricole de Coconi, en vigueur depuis le 26 octobre, est désormais levé. 

Vendredi, les personnels ont une nouvelle fois rencontré Bertrand Wybrecht, le directeur de la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et des forêts, qui relève du ministère de l’Agriculture) de Mayotte et le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet pour discuter des modalités et du budget alloué à la sécurisation du site de l’établissement, encore récemment visé par diverses intrusions et actes de délinquance. Vendredi soir, les représentants des personnels ont signé un protocole d’accord de sortie de crise, a indiqué la DAAF à Flash Infos. Les frais de gardiennage seront budgétisés pour « l’ensemble des sites à l’avenir » et « avec rétroactivité pour tous les frais que nous avons déjà engagés » ont en outre indiqué les agents à nos confrères du JDM. En effet, les représentants du personnel craignaient de ne pas pouvoir être remboursés des dépenses déjà effectuées et réévaluées au fur et à mesure de l’année, prises sur le budget de fonctionnement du lycée et risquant de peser sur sa santé financière ainsi que sur le paiement des salaires des personnels ne relevant pas, comme les enseignants, du ministère de l’Agriculture.

Une enveloppe d’urgence de 40.000 euros

La mise en place d’une clôture d’enceinte avec des sorties sécurisées – l’une des principales réclamations des agents avec l’intensification des rondes de gendarmerie – étant conditionnée à l’élaboration de l’étude de construction du futur internat du lycée va être accélérée, indique le JDM. Dans un premier temps, au moins 300.000 euros avaient été débloqués par le ministère pour la sécurisation globale du site sur deux ans (2018 et 2019). En outre, 40.000 euros ont également été dégagés au titre d’une enveloppe d’urgence pour répondre à différents besoins, telles que la distribution de talkie-walkies, des matériels de vidéosurveillance et de compléments d’alarme. Pour rappel, deux jeunes femmes, agents du lycée agricole, avaient été victimes d’une agression à l’arme blanche sur le site « Valarano » de l’établissement dans l’après-midi du 23 octobre. Cet acte de violence avait été suivi, lundi 5 novembre au soir, et alors que le droit de retrait était d’ores et déjà en cours, par une nouvelle attaque opérée par une dizaine d’individus encagoulés, visant cette fois des gardiens de l’établissement. « Depuis l’an dernier, la violence a pris une autre tournure, avec de plus en plus d’agressions à l’arme blanche. Comme Kahani (le lycée ndlr) est sanctuarisé, maintenant les jeunes se rabattent sur le lycée agricole » avait alors confié à Flash Infos le secrétaire général FO « enseignement agricole » et enseignant à Coconi, Yazide Mohamed. 

 

Véronique Lepoivre : « L’allaitement maternel est une question de culture »

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Durant deux jours se tenait la sixième édition des journées périnatales organisées par Répéma – réseau périnatal de Mayotte – à l’hôtel Sakouli. Jeudi, des gynécologues, des pédiatres, des sages-femmes et des puéricultrices sont intervenus pour parler de l’allaitement maternel. Pour l’occasion, Mayotte Hebdo a interviewé Véronique Lepoivre, sage-femme libérale à Labattoir. Selon elle, l’allaitement maternel est ancré dans la culture mahoraise. 

Mayotte Hebdo : Mayotte est le département français le plus pauvre avec près de 80% de la population qui vit en-dessous du seuil de pauvreté. Les mères mahoraises allaitent les bébés de manière naturelle, au sein. Au-delà du contexte de précarité monétaire, pourquoi privilégient-elles l’allaitement maternel ? 

Véronique Lepoivre : Nous sommes, à Mayotte, dans un contexte de précarité monétaire effectivement mais aussi nutritionnel. C’est donc une solution à l’état nutritionnel précaire des enfants puisque cela apporte notamment des anti-corps. Et puis, pour les mamans et les familles qui n’ont pas les moyens, cet allaitement est naturel. Par contre, là où il y a de la disparité c’est dans le niveau de connaissances des parents, qui varient souvent en fonction du milieu social de chacun. Ce n’est pas propre à Mayotte, c’est identique en métropole. Dans les familles les plus scolarisées, nous allons avoir une meilleure alimentation des plus jeunes avec un apport nutritionnel beaucoup plus important. C’est également une question de culture. C’est quelque chose que toutes les femmes ont vu puisqu’elles ont été allaitées par leur maman. Je pense que quand on voit tout le monde allaiter autour de nous et que c’est naturel, nous pouvons être poussés dans ce sens-là. 

MH : À Mayotte, les Mahoraises ont donc choisi l’allaitement maternel. En métropole, l’allaitement artificiel, autrement dit, le biberon, est aussi courant que le naturel. Comment expliquer cette différence ? 

V.L. : En métropole, il y a eu une grande période d’allaitement artificiel et puis les femmes reviennent peu à peu à l’allaitement maternel. En ce moment, surtout en métropole, les femmes font de plus en plus attention à ce qu’elles mangent. C’est un peu une mode. Je pense donc que c’est en partie pour cela que l’allaitement artificiel va s’effacer petit à petit pour faire place au maternel. Et puis, il y a plusieurs cas de figure concernant le choix de l’allaitement : des mamans qui vont donner le sein jusqu’à la diversification alimentaire par exemple. D’autres mamans vont donner le sein surtout les premiers jours et par la suite vont utiliser l’allaitement artificiel. Il y a le désir d’allaiter ou non, pour toute femme. À Mayotte, ce désir est plus prononcé. C’est simple, pour allaiter, il faut le vouloir. C’est une raison propre à chacune mais pour certaines, le sein est quelque chose de sensuel et sexuel et n’est pas du tout nourricier. Le sein reste dans le cadre de la féminité. D’autres encore ont des croyances sur l’allaitement. Elles imaginent que cette pratique transforme et déforme leurs seins. Il y a aussi des premières expériences qui ont pu être extrêmement difficiles pour la mère. Elle peut ne plus ressentir le besoin d’allaiter à nouveau. Des contre-indications médicales peuvent aussi en être à l’origine. 

MH : Dans le département, nombreuses sont les grossesses à risque. Comment se passe la lactation chez la mère après avoir accouché ? 

V.L. : Il y a toujours moyen de stimuler. Une maman qui a son bébé qui n’est pas forcément alimenté au lait – surtout chez les grands prématurés au début – dans les services de pédiatrie et de maternité, nous allons lui proposer de tirer son lait pour stimuler la montée de lait afin qu’elle puisse ensuite donner le sein à son enfant. Mais ce qui nous manque à Mayotte c’est le lactarium. C’est un centre de collecte, de traitement et de distribution de lait maternel. Cette collecte permet pourtant d’alimenter des bébés qui n’ont pas forcément la possibilité d’être allaités par leur mère. Pour eux, le lait maternel a des propriétés biologiques irremplaçables qui favorisent leur croissance et permettent de prévenir certaines pathologies fréquentes. Pour y remédier, les mères peuvent conserver leur lait en surplus dans le congélateur chez elle, soit il est jeté. Ce n’est pas quelque chose d’indispensable puisque nous faisons sans, mais il serait tout de même judicieux d’en avoir un ici à Mayotte.

 

 

Immigration | Reprise officielle des reconduites aux frontières

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Soulagement collectif : le Quai d’Orsay a annoncé mardi la reprise officielle des reconduites à la frontière, via un communiqué conjoint rédigé avec le ministre des Affaires Étrangères comorien. « Officielle » car elles avaient en réalité repris en août mais au compte-gouttes. Détails.

Sept longs mois d’attente. Le 21 mars dernier, le gouvernement d’Azali Assoumani décidait unilatéralement de ne plus réadmettre ses propres ressortissants expulsés de Mayotte au sein de l’Union des Comores, générant un des plus importants différends diplomatiques entre la France et ce pays étranger voisin. Cette décision avait provoqué la colère d’une partie de la population mahoraise et avait notamment motivé les différentes manifestations visant à bloquer certains services publics tels que le sensible bureau des migrations et de l’intégration situé à Mamoudzou.

Mais coup de théâtre mardi 6 novembre : une déclaration conjointe du ministre des Affaires Étrangères, Jean-Yves Le Drian, et de son homologue comorien, Mohamed El-Amine Souef, annonce la reprise officielle des reconduites aux frontières, révoquant de ce fait les différentes décisions répressives de la France et des Comores dans ce bras de fer diplomatique, dont notamment la suspension de la délivrance de visas français aux ressortissants comoriens.

« Des migrations légales et maîtrisées »

Ces décisions conjointes ne sont pas circonscrites à la question des visas et des expulsions puisque, selon le communiqué diffusé, elles sont parties prenantes d’un processus plus global avec « des engagements réciproques en matière de lutte contre les mouvements de populations non maîtrisés et de sauvegarde des vies humaines en mer, ainsi qu’en matière de développement ». Ce qui inclut notamment la « facilitation des migrations légales et maîtrisées », la lutte contre les trafics d’êtres humains et une série d’actions de lutte contre « les causes profondes des migrations ».

Dans ce cadre, la France et les Comores ont convenu d’un appui matériel et humain aux gardes-côtes comoriens « notamment à travers des actions de formation » et la relance « d’un projet ambitieux de développement axé, entre autres, sur la formation et l’insertion professionnelle des jeunes, l’éducation, l’emploi, l’agriculture et la santé » – un accord intergouvernemental dans ce dernier domaine, « permettant une refonte de la coopération sanitaire » sur la base des travaux menés par la mission de Dominique Voynet, sera signé. En outre, le communiqué évoque la mise en place « d’un cadre propice à une circulation régulière des personnes en toute sécurité », sans en préciser les contours. Enfin, un comité de pilotage franco-comorien « de haut niveau », auquel seront associés des élus mahorais, aura pour objectif de suivre l’évolution de l’ensemble de ces engagements. « Ces différentes mesures seront détaillées dans un document-cadre signé par les deux États avant la fin du mois de novembre 2018 », promet encore le ministère des Affaires Étrangères français.

Le Collectif se réunit

Suite à la publication de ce communiqué conjoint, le député Mansour Kamardine (LR) s’est réjoui de cette « première victoire pour les Mahorais » et s’est félicité : « Notre mobilisation et nos interpellations multiples du gouvernement français demandant la fermeté auront fini par porter leurs fruits ». Le parlementaire a toutefois affirmé « [rester] particulièrement vigilant sur l’élaboration de l’accord-cadre » et « [réitérer sa] demande d’élaboration d’une feuille de route franco-française vers la reconnaissance internationale de la francité de Mayotte ».

Contacté par Mayotte Hebdo, le Collectif a annoncé que ses membres se réuniraient en fin de journée mercredi suite à cette déclaration du Quai d’Orsay afin « de l’expliquer aux mamans » qui campent depuis plusieurs semaines vers le  « bureau des étrangers » de la préfecture et afin « de prendre une décision collégiale » sur une éventuelle conduite à tenir.

« Intensifier la LIC »

Si les reconduites à la frontière constituent la « partie essentielle et visible » de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), le « travail continue de manière globale », a réaffirmé le sous-préfet en charge de la LIC, Julien Kerdoncuf. « On va se mettre en capacité d’intensifier la LIC terre et mer », a-t-il encore promis. Les reconduites se feront à raison de trois rotations maritimes par semaine en moyenne – cette fréquence pouvant être ajustée en fonction des besoins, « de deux bateaux par semaine à cinq ou six si nécessaire ». Du côté du service des migrations et de l’intégration, l’activité a repris « de manière normalisée », a indiqué le sous-préfet, mais « avec des modalités différentes ». En effet, pour éviter la foule devant le « bureau des étrangers », ce dernier fonctionne désormais uniquement sur rendez-vous. Quant à l’éventuelle levée du dispositif de sécurisation autour de ce site sensible, « on attend de voir le positionnement du Collectif ». Julien Kerdoncuf a également précisé que ce point serait évoqué fin de cette semaine.

 

 

 

 

La mairie de Mamoudzou au tribunal ce mercredi

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La mairie de Mamoudzou sera fermée ce mercredi 17 juillet.

Sept agents de la mairie de Mamoudzou dont le maire, Mohamed Majani, Thoihir Youssouffa, le directeur général des services et Mohamed Boina Hamissi, directeur technique, sont poursuivis pour atteinte à la liberté d’accès ou à l’égalité des candidats dans un marché public. De forts soupçons de favoritisme et de corruption planaient sur l’attribution du marché pour la rénovation de la mairie annexe de Kawéni à certaines entreprises, dont la plupart avaient perçu des acomptes à hauteur de 30 % alors que les travaux sur site n’avaient pas encore été réalisés. C’est à la suite d’une plainte déposée par un entrepreneur directement auprès du procureur de la république M. Camille Miansoni qu’une perquisition avait été ordonnée en novembre 2017. Plusieurs documents et des ordinateurs avaient été saisis. La mairie de Mamoudzou avait alors pris des mesures disciplinaires à l’encontre de certains agents soupçonnés d’être à l’origine de cette affaire, et les avait suspendus de leur fonction.

Canal du Mozambique | Mayotte, carrefour d’influences

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Une conférence internationale sur les civilisations du Canal du Mozambique

Du 15 au 17 novembre se tiendra une conférence internationale sur les civilisations du Canal du Mozambique. Organisée par le conseil départemental, cette conférence entend apporter un éclairage sur « la construction » de l’identité mahoraise en tant que civilisation du Canal du Mozambique et sur l’apport des civilisations africaines.

Il y a une histoire unique et conjointe des îles », explique en préambule Alain Kamal Martial Henry, docteur en littérature et responsable de la direction du livre et de la lecture publique au conseil départemental. Les 15, 16 et 17 novembre prochains, la collectivité, en partenariat avec les universités de Maputo, Nairobi et Dar es Salaam, organisera une conférence internationale sur « les civilisations du Canal du Mozambique ». Ce bras de mer de l’océan Indien de près de 1.600 km de long, séparant l’île de Madagascar du reste de l’Afrique, et spécifiquement du Mozambique, est devenu le « carrefour » d’une culture des îles. « Cette conférence est donc l’occasion de connaître l’histoire de notre société », indique le docteur en littérature. En effet, la navigation des peuples à travers le Canal a favorisé un croisement des cultures à partir duquel s’est constitué progressivement un « écosystème social » marqué par des identités plurielles. « Il s’agit donc d’appréhender le Canal du Mozambique comme un ensemble de territorialités présentant des similitudes », Issoufi Ahamada, conseiller départemental de Bandrabaoua. Ces influences sont interprétées dans chaque territoire pour fonder l’identité de chaque peuple. « L’objectif est de faire valoir les singularités identitaires, sans omettre les convergences qui particularisent l’ensemble du Canal », ajoute le conseiller.

Mayotte dominée par le multiculturalisme

Organisée à Mayotte, la conférence permettra également d’apporter des éléments sur « la construction de la population mahoraise ». Pour ce faire, vingt-six spécialistes du Canal du Mozambique « approcheront les questions liées aux peuples, aux territoires, aux cultures, aux identités » de l’île au lagon. « Il faut savoir que Mayotte n’a rien de semblable avec les autres territoires ultramarins. Le territoire est beaucoup plus riche en termes d’histoire, de civilisation et de patrimoine. Il ne s’agit pas de dire que Mayotte est plus importante que les autres îles mais seulement qu’elle a des siècles d’existence, bien avant le peuplement des autres îles comme La Réunion », affirme Alain Kamal Martial Henry. Localisée le long du couloir du Canal entre Madagascar, l’Union des Comores et le Mozambique, Mayotte a toujours été un carrefour d’influences. Bien que la population de l’île ait été « en grande partie » inspirée par les apports africains, de nombreuses vagues de peuplement venues de l’océan Indien ou d’autres régions, telles que le Moyen-Orient et l’Occident ont contribué au multiculturalisme de l’île. « Mayotte n’a jamais été isolée en réalité, le territoire a été un carrefour commercial mais aussi un carrefour culturel. [Ça] a toujours été ce point stratégique, ce point d’ancrage pour se déployer vers les autres îles », informe-t-il.

 

 

 

 

Mobilisation du Collectif pour un rappel à la loi

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Convoqué pour un rappel à la loi suite à des faits de violences, Ampa, le déficient mental manifestant aux côtés du Collectif, a été soutenu lundi au tribunal par une trentaine de personnes. Sous la pression de son avocat qui invoque des défauts de procédure, la mesure a finalement été annulée mais le procureur a annoncé rouvrir le dossier. La foule a acclamé la décision d’annulation et manifesté sur la RN1, ralentissant la circulation vers 10h00.

Émoi encore ce lundi matin devant le tribunal de grande instance de Mamoudzou. Convoqué dans le cadre d’un rappel à la loi pour violences sur agent dépositaire de l’autorité publique, Ampa, déficient mental manifestant aux côtés du Collectif, était soutenu par une trentaine de personnes, arborant des chapeaux mais aussi des chemises et des salouvas aux couleurs de la France. Alors que nous attendions avec nos confrères du Journal de Mayotte, un homme vient spontanément à notre rencontre et nous montre une vidéo des heurts devant le dispensaire de Jacaranda mi-octobre, lorsque des manifestantes avaient bloqué l’entrée de ce centre de soins et de consultations pour protester contre l’immigration. Sur cette vidéo, on voit effectivement Ampa maîtrisé par les forces de l’ordre. Cependant, on constate aussi qu’avant d’être maîtrisé, il se tenait derrière un policier et avait son bras passé autour de son cou, dans un geste d’étranglement. On ne note pas de violences brutales mais une ébauche d’agression physique avec contact. 

Néanmoins, ce lundi matin, son avocat, Maître Delamour Maba Dali, est remonté et invoque des défauts de procédure concernant, d’une part, la garde à vue d’Ampa, puis sa convocation ce matin-là devant un délégué du procureur pour un rappel à la loi. En effet, selon lui, son tuteur et son avocat auraient dû l’accompagner lors de ces procédures. 

Le rappel à la loi, pas une sanction

Interrogé sur l’obligation de la présence de ces deux personnes dans le cadre d’une garde à vue puis d’une convocation pour un rappel à la loi, le procureur de la République, Camille Miansoni, a réfuté l’argument : « Il n’y a pas lieu [qu’il soit assisté de son tuteur ou de son avocat] car, justement, on ne poursuit pas ». Et le parquet d’insister sur le fait que le rappel à la loi n’est pas une sanction mais la mesure « la plus sereine, la plus légère et la plus compréhensive » que le ministère public ait pu décider eu égard à la personnalité du prévenu. Cette mesure « ne sera inscrite nulle part », est « pédagogique et non coercitive » et permet de « classer le dossier sans suite », insiste le ministère public. « Le sentiment que j’ai, c’est qu’on saisit tout pour en faire une tribune », déplore-t-il encore. À la suite d’une entrevue avec l’avocat d’Ampa, « surpris » par l’ampleur de l’affaire, le procureur de la République a demandé aux manifestants de quitter les lieux par crainte « d’incidents » et a décidé d’annuler lundi la mesure. Toutefois, il a annoncé rouvrir le dossier  – qui aurait dû être classé sans suite – afin de « voir s’il y a matière à poursuivre ». 

À l’annonce de l’annulation, Ampa et ses soutiens ont quitté le tribunal en chantant et aux cris de « Ampa président ». Ils ont manifesté leur joie en marchant sur la RN1 jusqu’à la place Mariage, encadrés par des policiers, et ralentissant considérablement la circulation, vers 10h00 du matin. Non déclarée, cette manifestation spontanée entravant la circulation n’a toutefois pas été empêchée par les forces de l’ordre : « On préfère accompagner et sécuriser pour éviter que ça ne dégénère » plutôt que de réprimer, a indiqué lundi la préfecture. 

 

 

 

Sécurité | Coconi : poursuite du droit de retrait au lycée agricole

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À la suite de l’agression de deux de leurs collègues, les agents du seul lycée agricole de l’île ont décidé d’exercer leur droit de retrait le vendredi 26 octobre. Ils ne reprendront le travail qu’après avoir obtenu « des mesures véritablement concrètes » concernant la sécurisation de ce site d’une vingtaine d’hectares qui a déjà fait l’objet de plusieurs faits similaires par le passé. 

« Nous savons que ce sont nos élèves qui en pâtissent, mais nous n’allons pas attendre qu’il y ait un mort pour agir ». Pour la deuxième fois en à peine plus d’un an, les agents du lycée agricole de Coconi ont décidé de faire usage de leur droit de retrait, le vendredi 26 octobre, à la suite de l’agression à l’arme blanche, le mardi précédent, de deux de leurs collègues sur l’un des trois sites de l’établissement. »Mardi, nous étions à la table des négociations avec le directeur de cabinet du préfet, le directeur de la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt, ndlr) notre SRFD (Service régional de la formation et du développement, ndlr) et la direction du lycée agricole. La réunion a débuté à 17h30 et s’est achevée vers 21h30. On a décidé de quitter la table des négociations car nous n’avons pas obtenu de mesures véritablement concrètes », déplore Yazide Mohamed, enseignant en agronomie et production horticole à Coconi et secrétaire général FO « enseignement agricole ». S’il salue l’implication de sa direction, le syndicaliste dénonce « l’inefficacité de (son) ministère » de tutelle, en l’occurrence, l’Agriculture, dans la prise en compte de l’insécurité qui frappe l’établissement. Pour autant, ce n’est pas la première fois que les salariés dénoncent le climat d’insécurité qui y règne et le manque de moyens déployés pour y remédier. « Cette agression, c’est le même acte qu’il y a un an jour pour jour. Au lycée de Coconi, un ouvrier d’exploitation s’était fait tabasser par une quinzaine de jeunes. Nous avions alors fait usage de notre droit de retrait pour trois jours. Ils étaient venus avec des mesurettes », telles qu’embaucher quelqu’un pour assurer le filtrage des élèves à l’entrée des établissements ou « renforcer le grillage » de l’établissement. Depuis lors, une société de gardiennage assure la sécurisation du site la nuit, mais l’agression et les tentatives d’intrusion peuvent également survenir en journée, comme le 23 octobre dernier. À cet égard, le syndicaliste regrette une inégalité de traitement par rapport aux établissements relevant du ministère de l’Éducation nationale. 

Des rondes de gendarmerie plus régulières

En outre, selon lui, « la violence a pris une autre tournure depuis l’an dernier, avec de plus en plus d’agressions à l’arme blanche. Comme le lycée de Kahani (où les violences de la fin 2017 avait déclenché droit de retrait et manifestations ndlr) est désormais sanctuarisé, maintenant les jeunes (délinquants ndlr) se rabattent sur le lycée agricole ». Dans un communiqué adressé à la presse mercredi, les agents ont listé leurs principales revendications, à savoir, la sécurisation des trois sites du complexe : Valarano – où s’est déroulée l’agression du 23 – l’atelier agroalimentaire, et le lycée. « Les personnels ont construit un plan d’action à mettre en place dans l’immédiat et à plus long terme. À titre d’exemple, ils demandent : des rondes régulières des gendarmes sur l’ensemble des sites, un portail sécurisé avec vérification de l’identité des personnes entrant dans l’établissement, la mise en place d’une clôture intégrale et sécurisée du lycée…etc. », indiquent les agents dans leur communiqué. « Ainsi, ils attendent de la part de la DAAF, autorité de tutelle représentant le ministère de l’Agriculture et de la préfecture des réponses urgentes et désengagements clairs à la mesure du danger ».

Du côté de la DAAF, la chef de service Formation et développement Nathalie de Turckheim indique que les faits ont été remontés « le plus vite possible » au ministère de l’Agriculture, avec lequel les agents de la DAAF sont en contact « régulier, voire très régulier » pour faire avancer le dossier. « Ils (le ministère) ont déjà financé une partie de la sécurisation du lycée, ils sont bien conscients du problème, peut-être faut-il qu’ils le soient encore un peu plus », reconnaît-elle par ailleurs, assurant que « s’il faut y retourner, on y retournera ». Le directeur de cabinet du préfet, Étienne Guillet, a également « eu une écoute très favorable » à ce propos, assure-t-elle, notamment sur la revendication d’une augmentation des rondes de gendarmerie dans le périmètre de l’établissement. « Il faut proposer quelque chose de cohérent », souligne-t-elle encore, au regard notamment des contraintes particulières du site de Coconi, avec ses 20 hectares de superficie, qui nécessitent une prise en charge spécifique et vis-à-vis de la problématique sécuritaire qui concerne l’ensemble des agriculteurs mahorais. Une proposition de plan d’action, tirée de l’analyse des demandes d’investissements formulées par les agents, devrait d’ailleurs être envoyée à Paris dès ce début de semaine, indique Nathalie de Turckheim. 

 

 

 

 

 

 

Sécurité | Une baisse de la délinquance générale

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Ce n’est pas pour « se gargariser » selon les mots du procureur de la République que le préfet Dominique Sorain a réuni hier la presse mais pour partager une bonne nouvelle : la tendance à la baisse de la délinquance générale des deux premiers trimestres se confirme au troisième. 

« On s’était engagés à faire régulièrement un point » sur les chiffres de la délinquance, annonce en préambule le préfet Dominique Sorain. Chose promise, chose due, il a convié la presse mardi afin de rendre compte de la situation en matière de délinquance à Mayotte au troisième trimestre 2018. En mettant en perspective ces chiffres avec ceux des deux premiers trimestres, le délégué du gouvernement a mis en exergue une « tendance lourde » de baisse de l’insécurité sur les neuf premiers mois de l’année en cours. 

De manière générale, les faits de délinquance baissent de 12% au cours des neuf premiers mois et de 11,6% en particulier au troisième trimestre. « On est bien dans la confirmation, (…) on ne peut plus parler d’éléments conjoncturels », s’est réjoui Dominique Sorain. Dans le détail, au troisième trimestre, les agressions reculent de 9,8% par rapport à 2017, les atteintes aux biens de 18% avec une baisse notable des cambriolages de 38%. Le préfet note « une baisse sensible des violences intrafamiliales » même si ces dernières restent au-dessus des moyennes nationales à l’instar des autres départements d’outre-mer.

140 gendarmes par jour pour les élèves

« Il y a toujours trop de délinquance », concède Dominique Sorain qui constate toutefois que les effets dus aux moyens affectés à la lutte contre l’insécurité « se font ressentir ». Parmi ceux-ci, l’installation de 66 caméras de vidéo-surveillance à Mamoudzou mais aussi les mesures phares du Plan pour Mayotte acté par la ministre des Outre-mer Annick Girardin en mai dernier : la mise en place d’une compagnie départementale d’intervention, l’ouverture d’une nouvelle brigade à Koungou et prochainement à Dembéni, l’affectation de 150 policiers supplémentaires portant les effectifs totaux à 1.050 agents (police et gendarmerie), le renforcement des effectifs de réservistes, l’instauration de la police de sécurité du quotidien et de zones de sécurité prioritaire en Petite-Terre et à Kawéni, l’augmentation du fonds de prévention de la délinquance qui atteint désormais 685.000 euros, etc.

En présence du procureur de la République Camille Miansoni, le préfet a rappelé que la lutte contre les filières de passeurs, contre l’hébergement illégal et le travail dissimulé –  tout « cet écosystème, (…) cet environnement qui crée un terreau propice à l’immigration clandestine »  – a eu des effets positifs. Le préfet n’omet pas « le travail croisé » avec d’autres acteurs tels que les « gilets jaunes » même si cette mobilisation populaire « ne parviendrait pas à elle seule à expliquer ces chiffres (de la baisse de la délinquance générale, ndlr) ».

Le délégué du gouvernement a également souligné l’accalmie en matière de violences scolaires depuis la rentrée dernière, à mettre notamment au crédit du plan de sécurisation des établissements porté par la ministre des Outre-mer et qui mobilise chaque jour entre 100 et 140 gendarmes.

« Encore un combat à poursuivre »

Ainsi, le nombre de faits enregistrés pour 1.000 habitants se rapproche-t-il des taux nationaux notamment dans le cas des atteintes à l’intégrité physique : 2,62 faits pour 1.000 habitants à Mayotte contre 2,40 au national. Par ailleurs, sur l’île aux parfums, l’on enregistre au troisième trimestre 4,12 faits de délinquance générale pour 1.000 habitants contre 8,19 au national. Même les cambriolages sont proportionnellement moins importants : 0,79 fait à Mayotte contre 1,34 au national. « Nous sommes passés d’une situation avec peu de délinquance à une augmentation très brutale » dans les années 90 sur l’île hippocampe, tempère le préfet pour tenter d’expliquer pourquoi ressentis et chiffres diffèrent. Autour de la table dressée pour la conférence de presse, on ne « se gargarise pas de bons résultats », avertit Camille Miansoni : « Ce n’est pas un point d’arrivée (…), il y a encore un combat à poursuivre ». Et « quand ça n’ira pas bien, on le dira », promet-il, dans une logique « d’obligation de transparence et de pédagogie ». 

Cependant, une situation en particulier interpelle le préfet : l’accidentologie routière. Avec « de plus en plus de voitures roulant dans des endroits pas adaptés », des « motos qui roulent vite », un état des routes qui ne permet pas la vitesse, les « ingrédients » sont réunis pour une augmentation de l’accidentologie. Et elle est importante : +84% d’accidents corporels et +50% de blessés légers au troisième trimestre. Une « attention importante » est ainsi portée au sujet, ce qui se traduira par une intensification prochaine des contrôles routiers, alerte le préfet. En trois mois, sur les 1.017 infractions au code de la route relevées, 116 concernent des conduites sans permis, note le colonel Philippe Leclercq pour qui « le vrai sujet, c’est celui-là ».

Pour le parquet, un des sujets actuels concerne la prostitution des mineurs. La première affaire de recours récurrent à des prostitués mineurs a été jugée récemment : le prévenu a été condamné à un an de prison ferme et un an avec sursis. « Il ne faut pas faire de Mayotte une terre de prostitution des mineurs, c’est ça le message », a fermement déclaré Camille Miansoni, faisant vraisemblablement référence aux îles voisines où ces pratiques ont cours. 

 

Autant d’OQTF qu’en 2017

En matière de lutte contre l’immigration clandestine, il a été délivré en 2018, pour le moment, quasiment autant d’obligations de quitter le territoire français (OQTF) qu’en 2017 – 12.000 OQTF au 30 septembre 2018. En outre, 9.632 reconduites aux frontières ont été effectuées depuis le début de l’année « contre 14.231 en 2017 soit une baisse de près d’un tiers ». L’arrêt des reconduites aux frontières en raison du différend diplomatique avec les Comores qui perdure depuis mars « a eu des effets », reconnaît le préfet.

 

Grève des conducteurs : le centre de Mamoudzou paralysé

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Lundi à l’aube, une soixantaine de salariés de Matis – réseau de transport scolaire du département – ont entamé une grève illimitée bloquant les axes principaux pour rejoindre Mamoudzou grâce à des cars scolaires. Ils réclament une « clarification » de la situation des chauffeurs salariés après l’annonce de la réorganisation de l’allotissement du marché des transports scolaires prévu d’ici 2019 par le Conseil départemental.

 

 » Un nouveau mouvement social de grande ampleur serait catastrophique pour Mayotte », s’inquiète une automobiliste bloquée au niveau de la barge pendant près d’une heure ce lundi matin. Plusieurs centaines d’autres véhicules ont été immobilisés aux abords de Mamoudzou. En cause, la soixantaine de salariés de la société Matis – exploitant du réseau de transports scolaires du 101ème département français – et leur projet de grève « illimitée », débutée ce lundi dès 4h du matin. Les grévistes avaient bloqué tous les axes principaux pour rejoindre le centre-ville de Mamoudzou à l’aide d’une quinzaine de cars scolaires*. Le rond-point de la barge, encadré de quatre cars scolaires, ainsi que la rue menant au Conseil départemental avec pas moins de six autocars, ont été choisis par les grévistes « car ce sont des points stratégiques » et étaient ce lundi les endroits les plus touchés par le mouvement. Aucun véhicule n’était autorisé à passer, « à l’exception des ambulances ». « Pratiquement tout le service est déployé pour contrôler la manifestation et les possibles débordements », explique l’un des policiers affectés au rond-point de la barge. Initié par FO-UNCP – syndicat majoritaire dans le secteur du transport à Mayotte – ce mouvement social résulte du lancement d’un appel d’offres par le Conseil départemental afin de réorganiser les allotissements du marché des transports scolaires à l’horizon 2019. En effet, le département envisagerait de le répartir en six lots géographiques et thématiques distincts, plus un lot « gestionnaire ».

« Une inquiétude prématurée »

Les grévistes revendiquent notamment le retrait de la division des salariés en différents lots et la garantie du maintien de l’emploi et des acquis sociaux ainsi que la reprise des personnels de contrôle. « Plusieurs fois », les salariés de Matis ont tenté de contacter le Conseil départemental afin de trouver une solution « à l’amiable ». « Nous avons envoyé plusieurs préavis ces derniers mois. Aucune réponse ne nous est parvenue sauf la réaffirmation de leur (au Conseil départemental, ndlr) décision. Nous avons le sentiment que le personnel a été oublié dans cette affaire », déplore un salarié de Matis. « Nous voulons rencontrer le président du Conseil départemental (Soibahadine Ibrahim Ramadani, ndlr) qui est l’autorité organisatrice des marchés publics. Je ne conteste pas les lots qui pourraient être réorganisés mais la clarification de notre situation doit être faite », assure Djoumoi Anli, dit « Siaka », secrétaire général FO Transport et délégué syndical dans l’entreprise Matis. Le département, lui, assure comprendre l’inquiétude des salariés. « Effectivement, ils manifestent une inquiétude par anticipation mais les procédures permettent de garantir la reprise du personnel donc c’est une inquiétude qui est certes légitime, mais qui nous paraît prématurée. Nous, nous faisons en sorte que les textes soient respectés de manière à ce que ces inquiétudes puissent être levées et puis rien n’est encore décidé dans l’attribution des lots », affirme Jacques Toto, directeur des ports et des transports maritimes et terrestres.

Les deux parties campent sur leur position

Les deux parties pourraient trouver un terrain d’entente puisque le département aurait proposé aux grévistes de les rencontrer à 16h00 ce lundi pour « discuter » de la situation et trouver « ensemble » une solution. Seule condition : débloquer les routes du centre-ville en levant les barrages. « Nous voulons travailler dans la sérénité et non dans l’obligation d’un groupe de salariés. Pour l’instant (à 16h30, ndlr), la situation n’est toujours n’y a pas d’amélioration de la circulation, en d’autres termes, s’ils ne lèvent pas les barrages, nous nous refusons à les recevoir au Conseil départemental », déclare Ousseni Ahamada, directeur du cabinet du président du Conseil départemental. Une condition qui a du mal à passer chez les salariés de Matis. « Nous avons bloqué les routes pour avoir une discussion avec des responsables politiques. Eux veulent le déblocage des routes pour entamer une réunion. C’est un peu le chat qui se mord la queue », déplore un conducteur de cars scolaires, salarié de Matis et gréviste. Et d’ajouter que « durant quatre mois, nous n’avons pas été pris au sérieux par les responsables politiques, aujourd’hui ils commencent à nous écouter. Nous ne voulons pas retirer notre carte maîtresse du jeu, ça ne serait pas cohérent de notre part, mais nous ne voulons pas non plus créer une grève sans fin ». De son côté, la société Matis et notamment son directeur, Didier Fontaine, certifie que ce mouvement est « indépendant de la volonté de la société » et présente ses excuses aux usagers de la route et principalement aux usagers des transports scolaires. Il « désapprouve » également l’utilisation des bus dans le but de provoquer des barrages. Sur les 79 salariés « et plus » de la société, près de quinze seraient « non-grévistes » et tenteraient d’assurer une partie des rotations. Une information démentie par les salariés en grève ce lundi affirmant que « tous sont solidaires au mouvement même s’ils ne sont pas tous présents aujourd’hui ». * Les conducteurs de cars arrêtés en plein milieu des routes du centre-ville ont tous reçu une contravention de la part de la police municipale.

 

Des réactions antagonistes

Une grève qui a agacé bon nombre d’automobilistes bloqués ce lundi matin dans le centre-ville de Mamoudzou. « Ça fait presque une heure que je suis dans ma voiture. J’ai décidé de laisser mon véhicule à Mamoudzou pour me rendre au travail à Kawéni à pied. Ce qui se passe avec Matis et le département c’est leur problème, nous ne sommes en aucun cas responsables de tout cela. Je suis assez énervé par cette action. Cela n’a aucun sens de bloquer des personnes qui vont travailler. C’est déplorable ! », s’indigne un homme au volant de sa voiture, sous réserve d’anonymat. Cependant, d’autres comprennent la situation. « Même si je ne suis pas avec eux pour manifester, je comprends tout à fait leurs revendications. C’est honorable de se battre pour des convictions. Actuellement, il faut des mouvements sociaux pour faire comprendre le mal être national », estime un piéton aux abords du Conseil départemental, sous couvert d’anonymat également.

 

 

 

Transports scolaires | La grève, c’est maintenant

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Après une première tentative cet été, les conducteurs de transports scolaires avaient finalement décidé de reporter leur grève afin de ne pas perturber la rentrée. C’est finalement ce lundi qui a été choisi par la branche transports du syndicat Force Ouvrière pour entamer une grève illimitée. Principale revendication : la « clarification » de la situation des chauffeurs salariés après l’annonce d’un appel d’offres visant à réorganiser le marché.  

Il ne s’agit pas, comme en février dernier, de dénoncer les violences qui visent les chauffeurs, mais d’obtenir une « clarification » quant à leur situation. Une partie des conducteurs de transports scolaires ont entamé à cet effet une grève illimitée ce lundi matin, dès 4h00, à l’appel de la branche Transports et logistiques du syndicat Force ouvrière (FO) de Mayotte. En cause, le lancement d’un appel d’offres par le Conseil départemental visant à réorganiser d’ici 2019 le marché du transport scolaire et à le répartir en six lots géographiques et thématiques distincts, plus un lot « gestionnaire ». « Nous avons envoyé un préavis le 10 juillet pour le 24 août, mais nous ne voulions pas perturber la rentrée scolaire. Nous avons pris nos responsabilités. Jamais le Conseil départemental n’a daigné nous appeler pour discuter. Ils nous ont répondu par écrit le 7 août et ils ont simplement réaffirmé leur décision de répartir le marché en sept lots », s’agace Djoumoi Anli, dit Siaka, secrétaire général FO Transport et délégué syndicat dans l’entreprise Matis (réseau Halo’). « Ils veulent qu’on en arrive à des tensions sociales et à mettre en difficulté la scolarité des enfants », estime le syndicaliste, qui regrette de ne pas être invité à négocier et assure par ailleurs que « Nous, on ne veut pas aller en grève. Nous, ça ne nous arrange pas de nous mettre en grève ». 

Tama Ya Leo Na Messo assurera les rotations  

La société Matis exploite, depuis 2010, le réseau de transports scolaires Halo’, qui dessert l’ensemble des établissements scolaires et spécialisés du département. Les deux principaux points de revendications du syndicat concernent le retrait de la division des salariés en différents lots et la garantie du maintien de l’emploi et des acquis sociaux pour les entreprises titulaires sortantes ainsi que la reprise des personnels de contrôle. « Nous avons 79 salariés et plus, et aujourd’hui nous ne savons pas à quelle sauce nous allons être mangés », s’alarme encore le délégué syndical de Matis. « Nous ne savons pas quels salariés seront affectés au lot « gestionnaire », et si leurs acquis sociaux seront conservés. » De même, «combien iront dans l’Est ? », s’interroge-t-il. La direction de l’entreprise Matis a de son côté indiqué avoir « indépendamment de sa volonté », pris connaissance du préavis de grève et demandé aux usagers du réseau de « rester vigilant durant cette période et de respecter les consignes qui leur seront données par le personnel afin d’organiser au mieux leurs déplacements ». En outre, le Groupement d’intérêt économique Tama Ya Leo Na Messo, exploitant du réseau Halo’, a annoncé qu’il ne prendrait pas part à la grève. 

“Grâce à la mobilisation de la force de son réseau de transporteurs, le GIE TAMA YA LEO NA MESSO assurera l’ensemble des rotations dont il en a la charge et demande aux parents, scolaires, et institutions de conserver leurs habitudes de circulation au sein de son réseau”, ont indiqué ses responsables par voie de communiqué. 

 

 

 

 

Des insurgés anjouanais à Mayotte

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Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a indiqué en marge de la séance de questions au gouvernement, mercredi 24 octobre, que des insurgés anjouanais étaient bel et bien arrivés à Mayotte. Ces derniers y ont demandé l’asile politique. 

À titre de rappel, pendant six jours, du lundi 15 au vendredi 19 octobre, en pleine médina à Mutsamudu capitale d’Anjouan, une quarantaine de rebelles ont pris les armes contre le président des Comores Azali Assoumani. Une insurrection – qui a fait plusieurs morts et blessés – à l’issue de laquelle des insurgés ont pris la fuite en direction de Mayotte. 

Mercredi 24 octobre, en marge des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur français Christophe Castaner, a déclaré que des insurgés étaient arrivés sur le territoire  et en avaient profité, par la même occasion, pour demander l’asile politique. « Certains insurgés se sont échappés » a-t-il indiqué, ajoutant que ces derniers se sont immédiatement présentés « aux forces de l’ordre et ont été placés sous la responsabilité [des] gendarmes ». Et d’ajouter : « Une enquête approfondie est conduite, évidemment en lien avec les autorités des Comores. Évidemment avec le président Azali. [Il s’agit de] comprendre d’abord ce qu’il s’est passé pour évaluer la capacité d’accueillir ces personnes et voir leur responsabilité dans les actes qui se sont commis à Anjouan, et entendre aussi leur demande immédiate d’asile politique ». L’annonce de cette nouvelle ne manquera sans doute pas de raviver les revendications des collectifs anti-immigration dans le 101ème département. Depuis fin juillet, les « Mamans » et le Collectif des citoyens de Mayotte s’opposent fermement à la réouverture du service des étrangers de la préfecture, dénonçant ce qu’ils qualifient de « régularisation massive » des Comoriens. 

La situation politique reste tendue depuis plusieurs mois dans l’Union des Comores suite à la réforme constitutionnelle de juillet, qui a ouvert le droit au président Azali de se représenter pour un deuxième mandat. Pour l’heure, les insurgés n’ont toujours pas été débusqués, les armes n’ayant toujours pas été retrouvées non plus. Une source anjouanaise a indiqué à Flash Infos, sous couvert d’anonymat, qu’à l’heure actuelle, les gendarmes comoriens procédaient « activement » à des fouilles dans l’enceinte de la médina et aux alentours. 

 

 

 

Les actions de la Croix-Rouge, « sans discrimination »

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À l’occasion de la présence de son directeur général sur le territoire, la Croix-Rouge a rappelé à la presse ses différentes missions auprès des publics de Mayotte et précisé qu’elle œuvrait autant pour les populations locales qu’étrangères, sans discrimination, de manière « impartiale et neutre ». 

« C’est une année où la situation n’a pas été simple » et lors de laquelle les actions des associations humanitaires ont particulièrement été « mises en cause » par une partie de la population les accusant de davantage s’occuper des migrants plutôt que des Mahorais, a déclaré mercredi Jean-Christophe Combe, le directeur général de la Croix-Rouge française, en déplacement à Mayotte pour trois jours. En pleine tournée dans les territoires ultramarins pour « accélérer le développement et la structuration des activités en outre-mer », le DG a rappelé que la Croix-Rouge ne pratiquait « aucune discrimination » et avait vocation à porter assistance à toutes les personnes vulnérables, sans distinction de nationalité, populations locales comme étrangères. « On a en face de nous des personnes humaines qui méritent d’être traitées de façon digne », a calmement souligné Jean-Christophe Combe, également venu pour « rassurer [ses] équipes et la population ».

Michel Henry, le directeur de l’antenne locale de la Croix-Rouge, a confirmé que ces préjugés  étaient tenaces et brouillaient malheureusement le travail partenarial nécessaire avec les communes : « [Elles] sont dans l’attente, pas dans l’accompagnement ». Elles craignent notamment « l’interprétation » que font certains Mahorais des actions de l’association concernant les étrangers. Le responsable constate toutefois que « plusieurs maires savent s’appuyer sur la Croix-Rouge », notamment lors de glissements de terrains, par exemple. 

600.000 euros de bons alimentaires

Pourtant, les nombreux dispositifs animés par l’antenne locale de la Croix-Rouge profitent à tous. Parmi ceux-ci, la distribution de coupons alimentaires à 13.000 bénéficiaires pour un montant total de 600.000 euros – financés par l’État et la Caisse de sécurité sociale de Mayotte. Au sein des douze accueils physiques de l’île mis à disposition par les communes ou l’hôpital et où il est possible d’aller chercher un coupon, les équipes de la Croix-Rouge se relaient pour proposer aux familles un accompagnement plus global (soutien à la parentalité, éducation à la santé nutritionnelle, à la santé sexuelle, sensibilisation aux premiers secours, etc.). Et, depuis septembre, des épiceries sociales mobiles complètent le dispositif. En outre, un service de soins infirmiers à domicile (notamment pour les personnes âgées ou en situation de handicap) couvre les zones de Mamoudzou et Koungou et devrait s’étendre au centre de l’île prochainement.

Par ailleurs, la Croix-Rouge est particulièrement attentive à la jeunesse de l’île et mène depuis deux ans de vastes chantiers éducatifs à destination d’enfants et d’adolescents en décrochage scolaire, déscolarisés voire isolés, de 11 à 21 ans, qu’elle repère lors de maraudes. Au travers notamment d’activités collectives (aménagement et embellissement d’espaces publics, etc.) en partenariat avec les communes, les éducateurs spécialisés de l’association échangent avec les jeunes, définissent avec eux un « projet de vie », les aident à se rescolariser ou à s’insérer professionnellement. Durant ces temps privilégiés, les éducateurs en profitent pour faire de la prévention sur la santé sexuelle ou parler des addictions, par exemple, et rappellent également les valeurs fondamentales et règles de civisme. Si 1.000 jeunes par commune ont bénéficié de ces chantiers, ce sont plus particulièrement 200 jeunes qui jouissent d’un accompagnement de proximité par an. 

Répondre à la catastrophe

Un autre des axes majeurs de la Croix-Rouge, son « cœur de métier » comme le définit Jean-Christophe Combe, réside dans la prévention et la préparation aux catastrophes. Cyclones, séismes, mouvements sociaux affectant durement la population : la Croix-Rouge prépare des plans d’actions, en termes de logistique, de moyens humains et matériels pour répondre dans l’urgence à de tels scénarii. Yassime Boinali, président de la direction territoriale de la Croix-Rouge, a d’ailleurs rappelé l’implication de l’association humanitaire lorsque la crise sismique, à son paroxysme, provoquait la panique d’une partie de la population. Durant cette période, 3.000 personnes ont été informées, écoutées et ont bénéficié d’un soutien psychologique. De même que 2.000 personnes ont été initiées aux « gestes qui sauvent » via la Caravane d’été de la Croix-Rouge. 

L’association connaît à Mayotte une forte dynamique de développement puisque de 7 salariés, elle est passée à 50, et de 20 bénévoles à 150. Son budget annuel avoisine les 2 millions d’euros. « Il y a un vrai développement des activités, plus particulièrement ces deux dernières années », s’est réjoui Michel Henry.

« Exposés à des phénomènes beaucoup plus importants (crises sanitaires, sociales ou liées à des événements climatiques) », les Outre-mer ont des « besoins spécifiques qui appellent des réponses spécifiques », a déclaré Jean-Christophe Combe qui, après les Caraïbes et Mayotte, devait se rendre à La Réunion puis dans le Pacifique. 

Un travail d’équipe ?

Pour apporter une « réponse globale » en termes d’accompagnement des populations vulnérables, la Croix-Rouge travaille avec de nombreux partenaires, notamment l’État, les collectivités locales, les autres associations et ONG. Cependant, si Jean-Christophe Combe a pu rencontrer lors de son déplacement à Mayotte les services de l’État, le Conseil départemental n’a pas trouvé de créneau pour s’entretenir avec lui. 

 

Plan pour Mayotte | En toute transparence

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Le site internet présentant les avancées du Plan pour Mayotte acté par la ministre des Outre-mer en mai dernier a été dévoilé mardi par la préfecture. « Les mesures sont bien en cours », a rassuré le préfet. 

Ce site Internet est « un engagement en lui-même », a affirmé le préfet Dominique Sorain hier, lors de la présentation officielle de la version mahoraise de Transparence Outre-mer, une plateforme en ligne détaillant l’évolution des différentes mesures du plan d’action pour l’avenir de Mayotte acté par Annick Girardin en mai dernier. Comme la Guyane, Mayotte dispose désormais d’un accès « simple, résumé et raccourci » à l’état d’avancement des 53 mesures déclinées en 125 actions de « L’action de l’État pour votre quotidien ». 

Ainsi, sur www.transparenceoutremer-mayotte.gouv.fr, en ligne depuis lundi, les citoyens peuvent accéder au détail des différentes actions par trois biais : soit par une approche thématique grâce à huit onglets*, soit via la rubrique « Actualités » faisant remonter les dernières nouveautés, soit par une recherche géographique – cette dernière étant toutefois encore en cours de développement. Un outil qui sera régulièrement mis à jour, a promis le préfet, et qui est également accessible sur tablette et smartphone. Le site renvoyant vers les comptes des réseaux sociaux de la préfecture, les internautes ont également la possibilité de commenter. En outre, la préfecture ira « à la rencontre des gens, dans les communes » afin de continuer à communiquer sur ces actions. 

Le préfet s’est félicité de l’évolution rapide « et dans les délais prévus » des différents projets portés par le Plan pour Mayotte. « C’est un travail très lourd, (…) souterrain, pas spectaculaire », a-t-il toutefois reconnu. 

Sécurité : engagements tenus

Dominique Sorain a longuement listé les avancées en matière de sécurité : la mise en œuvre du groupe d’enquête et de lutte contre l’immigration clandestine (Gelic), l’installation de la compagnie départementale d’intervention (CDI) et de la police de sécurité du quotidien (PSQ), l’ouverture de la brigade de Koungou et celle de Dembéni qui devrait bientôt advenir, l’application du plan de sécurisation des transports scolaires (« Un seul caillassage, en mai », depuis la mise en œuvre de ce plan, a-t-il souligné), la création de la brigade de prévention de la délinquance juvénile qui devrait être inaugurée dans les prochaines semaines, l’arrivée imminente de deux nouveaux intercepteurs nautiques, l’affectation de 150 policiers supplémentaires pour un effectif total (police et gendarmerie) de 1.050 agents sur le territoire. L’État « a tenu la totalité des engagements en matière de sécurité », a insisté le préfet, relevant que « même » le député Mansour Kamardine avait abondé en son sens sur ce sujet. Aux détracteurs – et notamment les membres des différents collectifs et l’intersyndicale qui, il y a quelques jours, avaient montré leur réticence lors d’une conférence de presse –, le préfet a répondu : « Dire que l’État ne respecte pas ses engagements en matière de sécurité ne résiste pas aux faits ». Et ce, même « s’il y a toujours trop de délinquance ».

« Les mesures sont bien en cours », a-t-il donc martelé, rappelant également et entre autres le point d’étape lundi concernant la création de l’ARS de plein exercice mais aussi la programmation pluriannuelle de construction et rénovation de bâtiments scolaires dans le premier degré, le contrat de progression avec le syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement, la mise en place du dispositif Cadres Avenir à Mayotte, l’effort porté sur la construction de logements sociaux et sur la rénovation urbaine de quartiers déshérités – Majicavo et La Vigie devraient d’ailleurs bientôt bénéficier du même type de programme que Kawéni. « Si on réalise déjà tout [ce que contient le Plan] dans les 2,3 ans, on aura bien avancé », a fait remarquer Dominique Sorain, énumérant : les 450 logements locatifs sociaux par an, la troisième retenue collinaire, les 70 réfectoires en milieu scolaire, etc. 

« Que tout le monde se bouge »

Au-delà du cap tenu sur ces échéances, le préfet a annoncé que l’État insistait auprès des élus pour une « accélération des travaux » sur certains sujets, notamment sur les transports. Le préfet a d’ailleurs demandé à ce que des experts viennent de Paris en appui sur le projet Caribus. En outre, un certain nombre d’études sont en cours, notamment sur le transfert de compétences régionales au Conseil départemental ou encore sur le port de Longoni. 

Par ailleurs, la semaine dernière s’est tenu un comité stratégique de pilotage et de suivi lors duquel l’équipe préfectorale a présenté l’avancement des travaux au président du Conseil départemental, aux présidents des intercommunalités, aux maires, aux responsables des chambres consulaires et aux parlementaires. « On n’est pas en train de faire le plan de l’État mais le plan pour Mayotte », a rappelé Dominique Sorain, sous-entendant le travail multipartenarial à poursuivre, notamment avec les collectivités territoriales. « Il faut que tout le monde se bouge », a-t-il déclaré plus frontalement. 

En attendant, le travail continue, notamment avec l’arrivée cette semaine d’une mission d’étude sur la desserte aérienne.

Des reconduites à la frontière « compliquées »

Interrogé durant la conférence de presse relative au site Transparence Outre-mer sur le sujet annexe des reconduites aux frontières et alors qu’Anjouan traverse une grave crise politique, le préfet Dominique Sorain a déclaré que le port de l’île voisine étant fermé, les reconduites étaient actuellement « compliquées ». Cependant, « dès que le port rouvrira », les éloignements reprendront « dans un cadre non officiel mais efficace ». En attendant, le préfet a précisé que les étrangers en situation irrégulière étaient toujours interpellés : « Nous vérifions particulièrement leur situation », a rassuré Dominique Sorain, répondant à l’inquiétude d’une journaliste sur une éventuelle arrivée de rebelles, notamment armés, d’Anjouan. Concernant de possibles demandes d’asile, le préfet a indiqué que, tous les ans, environ 200 Comoriens formulent de telles demandes et que 98% d’entre elles sont rejetées. Également questionné sur le dispositif conjoint police-gendarmerie sécurisant la zone autour du « bureau des étrangers » ainsi que du dispensaire Jacaranda (Mamoudzou), le délégué du gouvernement a affirmé que ces services « n’avaient pas vocation à fonctionner » avec ces renforts et a espéré que la situation s’apaise pour un retour rapide à la normale. Il a annoncé que le nouveau mode de fonctionnement du service des migrations et de l’intégration, sur rendez-vous, allait être pérennisé afin « d’éviter la foule » et que l’équipe du « bureau des étrangers » serait renforcée sans préciser le nombre d’agents supplémentaires. « Je ne laisserai plus de services fermer », a-t-il enfin déclaré. 

 

* Huit onglets thématiques permettent d’accéder aux mesures : Sécurité, justice et immigration ; Santé ; Social ; Éducation et formation ; Logement ; Infrastructures ; Entreprises et économie ; Institutions et services de l’État.

 

Délinquance | PJJ : « À Mayotte, les jeunes sont très réceptifs aux mesures éducatives »

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Le jeudi 18 octobre, la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) de Mayotte organisait sa journée portes ouvertes. Si le 101ème département reste marqué par un taux très élevé d’incarcération des mineurs, le faible pourcentage de récidive chez les jeunes suivis (20%) et leur capacité à s’adapter aux différents programmes de réinsertion viennent contrebalancer cette réalité.

L’ordonnance du 2 février 1945, texte de référence sur la délinquance juvénile, pose le principe selon lequel « il est peu de problèmes aussi graves que ceux qui concernent la protection de l’enfance, et parmi eux, ceux qui ont trait au sort de l’enfance traduite en justice. La France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains ». Très riche d’enfants avec une population composée à plus de 50 % de mineurs, le plus jeune département de France a de nombreux défis à relever en la matière. Aussi, la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) y tient-elle une place toute particulière. Quelque 843 jeunes ont été suivis par ses services au cours de l’année 2017, dont 787 au pénal, et seulement 56 au civil.

À l’occasion de ses journées portes ouvertes nationales, jeudi 18 octobre, la direction territoriale de la PJJ de Mayotte a ouvert plusieurs de ses établissements à un public restreint de partenaires et d’élus locaux. L’occasion de présenter son travail, ses résultats, et d’évoquer les spécificités du territoire. La direction de la PJJ (DPJJ), qui relève du ministère de la Justice, a plusieurs missions. En plus de contribuer à la rédaction des textes de loi concernant les mineurs, l’organisme vient, tout au long de l’année, soutenir l’action des magistrats. Cette mission concerne autant les mineurs en danger que les mineurs délinquants, et permet d’évaluer la situation personnelle et familiale de chacun d’entre eux. La DPJJ est également chargée de mettre en œuvre les décisions des tribunaux pour enfants dans les établissements et services de placement en milieu ouvert du secteur public ou auprès des associations habilitées.

Des effectifs en hausse

Éducateurs, psychologues, responsables d’unité éducative, professeurs techniques, travailleurs sociaux, etc. : près de 9 000 personnes travaillent pour la PJJ en France. À Mayotte, « nous sommes bien dotés », estime la directrice territoriale Liliane Vallois (en photo ci-joint), avec un effectif qui atteindra bientôt les 60 agents, soit 20 de plus qu’il y a 3 ans. Tous les dispositifs nationaux y sont représentés, à travers cinq établissements dédiés. Le Service territorial éducatif de milieu ouvert et d’insertion (STEMOI) de Mayotte regroupe ainsi deux unités éducatives de milieu ouvert, l’une au sud de l’île et l’autre au nord, cette dernière étant également chargée d’une mission dite de permanence éducative auprès des tribunaux. Une Unité éducative d’hébergement diversifié (UEDH) accueille des jeunes âgés de 13 à 18 ans à la suite d’une mesure de placement ordonnée dans un cadre pénal. Deux Unités éducatives d’activités de jour (UEAJ), en Petite-Terre et à Cavani, sont plus spécifiquement dédiées à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Enfin, les professionnels de la PJJ sont également présents au centre pénitentiaire de Majicavo, où ils prennent en charge les jeunes détenus au Quartier Mineurs (QM).

Même si certaines structures manquent encore, les choses tendent à évoluer dans le bon sens à Mayotte, selon la directrice territoriale. Celle-ci se réjouit notamment de l’adoption l’an dernier du « Schéma départemental Enfance et Famille » qui annonce la création de deux maisons à caractère social, d’un service d’action éducative en milieu ouvert et de différents « lieux de vie », des structures à mi-chemin entre le foyer et la famille d’accueil. Autant d’outils susceptibles de faciliter le travail de la PJJ et notamment celui du milieu ouvert. Ce travail s’effectue avant et après jugement. Ainsi, lorsqu’une infraction est commise par un mineur, l’éducateur doit-il systématiquement dresser un diagnostic sur le jeune, pour permettre aux juges de comprendre sa situation personnelle et familiale, et leur proposer une alternative à l’incarcération. Après jugement, il doit également rendre compte aux magistrats de l’effectivité de la décision. « Le principe, c’est que le mineur est jugé sur ses actes, mais également sur ses capacités de changement et de résilience », rappelle la directrice territoriale. Il s’agit donc d’une justice bien particulière qui s’inscrit dans un temps relativement court, puisque les prises en charge – sauf pour quelques mesures éducatives bien précises – ne doivent pas excéder la majorité des jeunes. Pour stimuler ce changement et prévenir la récidive, « insertion » et « savoir-être » sont les maîtres-mots de la PJJ.    

Beaucoup d’incarcérations, peu de récidives

Si le département se caractérise par un fort taux d’incarcération des mineurs, à cause notamment de la gravité des faits commis – 30 à 35 jeunes sont actuellement incarcérés à Majicavo, pour un total de 77 entrées en 2017 -, la PJJ peut également se prévaloir d’un faible pourcentage de récidive. Environ 80% des mineurs passés par ses services ne réitèrent pas. En effet, contrairement à d’autres territoires où les mineurs ont de nombreux dispositifs à leur disposition, « à Mayotte, les jeunes sont extrêmement réceptifs aux mesures éducatives », souligne Liliane Vallois.

Accompagner les mesures répressives par divers programmes d’insertion ou de réinsertion sociale, scolaire et professionnelle fait partie des missions premières de la PJJ. C’est tout le travail de l’Unité éducative d’activités de jour (UEAJ) de Petite-Terre, où débutait la journée portes ouvertes de jeudi. Pour Rokhaya Kissem, sa responsable : « Notre rôle, ici, c’est d’être au plus près des jeunes et de leur famille sur des questions de socialisation, de savoir-être, de savoir-faire, d’illettrisme, mais aussi sur des questions matérielles comme les transports ou les repas ». Lorsqu’ils sont présents, les parents ne sont « pas toujours en mesure d’accompagner » leur enfant, constate-t-elle, dans un contexte de « système social très défavorisé » pour certaines familles.

Tout l’enjeu consiste alors à insérer les jeunes dans des dispositifs de droit commun, malgré la difficulté, pour certains d’entre eux, à se procurer des papiers. Savoir être à l’heure, se lever le matin, respecter les bases de la politesse, travailler en commun, à l’UEJA, les jeunes (généralement âgés de 16 à 18 ans) apprennent ou réapprennent – durant six mois ou un an – les fondamentaux de la vie en société. À travers divers ateliers de cuisine, sport, artisanat, des travaux dans les locaux, activités culturelles ou de découverte des métiers, tous les moyens sont bons pour favoriser leur insertion. Jean-Christophe Claverie, professeur technique au sein de la structure, y mène entre autres un projet de construction de voilier. Objectif : que les jeunes puissent, fin novembre, naviguer sur leur propre bateau. « Le but n’est pas d’en faire des navigateurs professionnels, nous essayons de nous fixer des objectifs cohérents et atteignables », explique-t-il. Dans cette perspective, la PJJ a le pouvoir d’émettre des conventions de stage et de nombreux partenariats sont conclus avec les entreprises de l’île, dans le secteur mécanique, le BTP ou la restauration, par exemple. Et, « pour la plupart, elles jouent le jeu de la réinsertion », se félicite Rokhaya Kissem. Autant de structures qui sont pourtant souvent « les premières victimes » de la délinquance des mineurs, mais qui sont vite « rassurées par le suivi de la PJJ ».

 

 

 

Comores | Une situation toujours très tendue

La lutte armée se poursuivait hier au sein de la médina de Mutsamudu, avec de nombreux blessés et un premier bilan faisant état de six morts. Mayotte Hebdo est parvenu à joindre des habitants et a rencontré un membre de l’opposition ayant demandé l’asile politique à Mayotte. 

“ Nous avons entendu de grosses explosions hier soir (mercredi, ndlr) vers 23h et aussi pas mal de tirs très tôt ce matin”. Depuis lundi, Anaïs vit terrée chez elle, sur les hauteurs de Mutsamudu, dans le quartier de Hombo : “L’ambassade de France a envoyé un SMS à la plupart de ses ressortissants pour d’abord leur conseiller puis leur demander impérativement de rester chez eux”. Si Hombo est relativement calme, cette salariée d’une association locale entend quotidiennement des tirs et reste confinée. “J’ai recueilli plusieurs témoignages de personnes qui ont préféré fuir leur logement proche du centre-ville pour se réfugier dans les quartiers ou villages plus calmes (Bandrani, Mirontsi, Hombo)”, témoigne-t-elle encore. Le gouvernement local a décrété un couvre-feu de 20h à 6h. Et de fait, les habitants de Mutsamudu interrogés évoquent des tirs fréquents de roquettes et d’obus, tirs qui viseraient la médina. L’eau et l’électricité ont été coupées dans la zone cible des tirs et des résidents sollicités par Mayotte Hebdo font état de communications “brouillées” par téléphone. Cependant, en dehors de Mutsamudu, la circulation est normale. Une de nos sources indique que l’aéroport d’Ouani fonctionne et que des vols commerciaux sont opérés via AB Aviations. Un membre de l’hôpital de Hombo comptabilise six morts civils et de très nombreux blessés. Les médecins et infirmiers n’arriveraient pas à accéder à cet hôpital. La quarantaine d’hommes armés tenaient encore la médina hier après-midi. 

“Le rebelle, c’est Azali” 

“Pour nous, le rebelle, c’est Azali (le président comorien, ndlr) car c’est lui qui a détruit la constitution nationale”, affirme Ahmed Samir, secrétaire régional de l’Union pour le développement des Comores (UPDC). Ce membre de l’opposition actuellement à Mayotte et demandant l’asile politique déclare que “les citoyens révoltés (…) n’ont pas pour but de cesser le feu” et comptent renverser “le colonel” (Azali Assoumani, ndlr). Ce coordinateur du parti, qui soutient ouvertement ceux qu’il refuse d’appeler “les rebelles”, espère que le mouvement prenne une ampleur nationale. Yasser, artiste comorien qui l’accompagne, surenchérit : “Cette guerre n’est pas à nous seuls, les Anjouanais. Qu’ils nous rejoignent (les Grands comoriens et les Mohéliens, ndlr) ! ” Ahmed Samir souhaite que le président soit renversé, que le vice-président de la Grande Comore soit installé en attendant la présidence tournante qui, avant la réforme constitutionnelle, devait revenir à Anjouan en 2021, selon les Accords de Fomboni. Samir Ahmed pense que l’Union africaine “peut soutenir” cette lutte ainsi que l’Organisation des Nations Unies “qui ne soutiennent pas Azali”.

Deux Anjouanais retrouvés sur une plage 

Du côté de Mayotte, deux Comoriens en provenance d’Anjouan ont été retrouvés jeudi matin sur la plage de Papani, l’un grièvement blessé par balle, l’autre en bonne santé, a indiqué la gendarmerie. L’embarcation serait arrivée dans la nuit. L’individu blessé a été conduit au centre hospitalier, le second, son frère, a fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). S’il est probable que ces personnes aient fui le conflit à Anjouan, il n’est pas avéré qu’il s’agisse de victimes des troubles politiques en cours.

 

Immigration | Heurts à Jacaranda

La tension est encore montée d’un cran hier. Des manifestantes entendant bloquer Jacaranda ont provoqué des altercations avec des patients qui attendaient pour une consultation. Des insultes et des coups ont été échangés mais la situation a rapidement été maîtrisée par les forces de l’ordre. Dans la journée, les différents collectifs ont annoncé qu’ils mèneraient de nouvelles actions « prochainement ». 

« Tu viens faire quoi ici, clandestin ? Rentre chez toi ! » Il n’est pas même 8h du matin que le ton monte ce mercredi entre la douzaine de manifestantes comptant bloquer le centre de consultations Jacaranda et les patients, notamment Comoriens, qui attendent de voir un médecin.

Des mouvements de foule se créent et les deux parties s’invectivent voire s’insultent, se poussent. Un homme sur ses béquilles proteste vigoureusement. Une manifestante porte un coup avec son sac à main sur une personne qui se révoltait. Les forces de l’ordre, sécurisant une des rues menant au service des migrations et de l’intégration depuis plusieurs jours, interviennent rapidement, cherchent à ramener le calme, à éviter de nouveaux heurts et maîtrisent sans violence une des manifestantes virulentes.

La police parvient à disperser sur le trottoir d’en face les patients et à isoler plus loin la douzaine de femmes à l’origine des heurts. Dès que l’altercation éclate, le personnel du centre de consultations se met en droit de retrait. Ainsi, tôt dans la matinée, hier, les grilles du premier centre de dispensation de soins primaires de l’île étaient-elles baissées. 

Mardi, « une dizaine de personnes se sont introduites dans le dispensaire de Jacaranda » et « ont menacé les personnes présentes : femmes, enfants, personnes âgées et personnel hospitalier, en les invectivant et leur ordonnant de sortir des salles de soins et d’attente », s’indignent Médecins du Monde et la Cimade par voie de communiqué, évoquant des insultes et des bousculades ainsi que l’évacuation de « plus de 80 personnes (…) présentes depuis l’aube afin de pouvoir bénéficier des soins auxquels elles ont droit ». » Il est intolérable qu’une poignée de personnes puisse empêcher le fonctionnement des services de l’État, particulièrement ceux participant à l’accès aux soins », déclarent fermement les deux associations.  

« Prêt à tout »

Choqué, insulté ce mercredi matin, un Comorien, présent sur le territoire depuis 15 ans, marié à une Mahoraise et père de quatre enfants français, venait faire vacciner un de ses fils. »On me dit que je n’ai pas le droit d’être là, je ne comprends pas », explique cet homme en situation régulière. « Moi, je suis prêt à payer pour faire vacciner mon fils en libéral mais on me dit de venir à Jacaranda (…) mais c’est fermé tous les jours », constate-t-il. L’homme continue de témoigner : « La vie de mes enfants est en danger », estime ce père de famille qui rappelle que la vaccination est obligatoire. « Aujourd’hui, je n’étais pas préparé. Mais demain, je me prépare physiquement et psychologiquement. Je suis prêt à tout, même à aller à Majicavo (en prison, ndlr) », avertit-il. « Là, on est en guerre », juge ce Grand comorien qui trouve ces actions « inadmissibles » et supplie sa femme « d’aller ailleurs », de quitter l’île et ce, depuis plusieurs années.

Contactée, la direction du Centre hospitalier de Mayotte (CHM) n’a pas souhaité s’exprimer.  Jacaranda a rouvert dans la matinée de mercredi, sous surveillance policière.

« Le mouvement n’est pas mort, il avait été suspendu »

Hier, les membres des différents collectifs ont donné une conférence de presse à Mamoudzou afin d’indiquer que des actions auraient lieu « très prochainement ». « Le mouvement n’est pas mort, il avait été suspendu », ont-ils affirmé. S’ils sont restés très évasifs sur le contenu de ces prochaines manifestations de mécontentement, ils ont averti les associations (La Cimade, Médecins du monde), qu’ils considèrent « mahorophobes » : « Elles ont intérêt à avoir le derrière propre », ont-ils menacé, sous-entendant qu’ils disposaient d’informations démontrant que ces structures pratiquaient une forme de discrimination envers les Mahorais. Ils ont en outre indiqué avoir pris « toutes les mesures nécessaires pour faire comprendre que nos frontières sont poreuses » et ont déclaré qu’ils mèneraient « une action ciblée contre l’État ».

Les collectifs estiment également que les « mots du préfet » ont « manqué de considération » et ont été « méprisants » lorsque Dominique Sorain aurait déclaré que « La Réunion, ce n’est pas Mayotte  » par rapport au refoulement des Sri-lankais de l’île sœur, au début de ce mois. « Sur l’application du droit, il se permet de dire que La Réunion, ce n’est pas Mayotte (…) alors qu’il nous rabâche qu’on est Français », ne décolèrent pas les membres des collectifs. Ils se sont également dit outrés du délogement des manifestantes devant le service des migrations et de l’intégration et ont accusé sans la nommer « une élue de notre territoire, du sud de Mayotte (Roukia Lahadji, maire de Chirongui, ndlr) » d’en être à l’initiative. Ils ont revendiqué le droit à manifester et le droit « de réclamer qu’une mission régalienne (le contrôle des frontières) soit assurée de manière sérieuse » à Mayotte. Enfin, ils se sont montrés inquiets de l’impact que provoqueront « forcément » les troubles politiques à Anjouan, évoquant l’arrivée « ces dernières 48 heures de 12 barques ». Jugeant que l’État ne respecte pas les engagements pris suite au dernier mouvement de lutte contre l’insécurité, les différents collectifs ont donc annoncé riposter très bientôt : « Nous (le) ferons comprendre au Préfet de manière très sévère ».

 

Mamoudzou : un parking payant mais pas entretenu

Avec la mise en place du stationnement payant cet été, on aurait pu s’attendre à ce que l’entretien des parkings fut irréprochable. Force est pourtant de constater que ce n’est pas le cas. Sur cette image prise ce mardi à la sortie du parking devant le « Camion Rouge », ce nid-de-poule capable d’accueillir toute une volière, oblige les deux-roues qui sortent de la barge à manœuvrer pour le contourner. Il suffit d’être présent aux heures de pointe pour constater le chaos, entre ceux qui veulent éviter le piège, les voitures qui poireautent avant de pouvoir rejoindre la circulation et ceux qui bouchonnent aux abords du rond-point de la barge. Un aperçu peu flatteur pour ceux qui débarquent de l’avion et découvre Mamoudzou. Et avec un peu de chance, ceux qui seront venus les accueillir auront pris une amende… 

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes