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Commerce de proximité | Nadine Hafidou : « La CCI va proposer un projet de restructuration du marché couvert »

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Depuis lundi et pendant trois jours, la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR) organise les Assises du commerce de l’outre-mer. Le thème de cette édition ? La vitalité économique des centres-villes et le commerce de proximité. La présidente de l’association des CCI d’outre-mer, Nadine Hafidou, en a évoqué les enjeux dans le 101ème département. 

Mayotte Hebdo : Aujourd’hui, les commerces de proximité de Mayotte doivent faire face à la concurrence de la grande distribution, avec l’arrivée prochaine du centre commercial Baobab à Mamoudzou, ou celle du Jumbo score à Kawéni il y a quelques années. Quelles solutions peuvent être apportées pour endiguer cette recrudescence des grandes surfaces dans le paysage mahorais et développer le commerce de proximité ?

Nadine Hafidou : Plusieurs leviers existent. Actuellement, 222 villes dont Mamoudzou, Dzaoudzi et Dembéni ont été retenues dans le dispositif « Action cœur de ville » plébiscité par l’État. L’idée de ce dispositif est de vitaliser et dynamiser les centres-villes pour faire face à cette désertification dans les départements et territoires d’outre-mer. Les partenaires sur le territoire comme les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) et les établissements publics de l’État vont accompagner les communes et les commerçants de ces communes dans leur modernisation. Ils développeront aussi l’aménagement des centres-villes pour favoriser l’installation des commerçants. Nous voulons également avoir un retour des commerçants qui étaient partis à l’extérieur des villes. Pour y parvenir, il faut réaliser un diagnostic du territoire en termes de commerce de proximité et appréhender les besoins des citoyens. Des procédures règlementaires, des autorisations administratives ainsi qu’une règlementation urbanistique sont des leviers qui peuvent favoriser l’installation de commerces, notamment à Mamoudzou. Des incitations fiscales pourraient également être mises en place pour éviter le déménagement des commerces vers des zones éloignées du centre. 

 

MH : La cohabitation entre les commerces de proximité et les grandes surfaces est-elle vraiment envisageable ou est-ce tout simplement une illusion avant la disparition définitive des petits commerces ?

N.H. : Une cohabitation est possible. Nous croyons en un partage des activités commerçantes et nous souhaitons dresser une perspective de développement entre commerçants et grande distribution. Nous sommes aujourd’hui obligés de trouver des pistes pour cohabiter. Ces commerces de proximité, en se modernisant, permettent de stabiliser l’habitant du centre-ville dans ce centre-ville. C’est un ensemble d’aménagements qui sont nécessaires pour mettre en valeur ce commerce et améliorer l’offre. Pour cela, il faut et faudra innover dans la façon de servir et de vendre ces produits. Les commerçants n’ont plus d’autre choix que d’entrer dans la digitalisation ou la modernisation de façade… grâce notamment à un accompagnement des communes et de la collectivité. 

 

MH : Vous travaillez actuellement sur la délégation de service public du marché couvert de Mamoudzou où plus de 250 commerçants sont installés. Comment peuvent-ils lutter contre l’augmentation des vendeurs à la sauvette ?

N.H. : Au sein de la CCI, c’est un combat de tous les jours et les commerçants nous le rappellent très souvent. Ce que nous cherchons à faire c’est les aider à animer autrement ce marché en proposant, par exemple, des animations autour du marché ce qui empêcherait ces vendeurs à la sauvette de s’installer en périphérie du marché. L’objectif est de pouvoir élargir leurs panels de produits. La délégation de service public du marché couvert a été relancée tout récemment et notre CCI compte proposer un projet de restructuration du marché justement pour pouvoir trouver des solutions afin d’empêcher ces installations illégales. Cette réorganisation créera des animations plus structurées au sein du marché. Il y aura une distinction des zones par types de produits. Nous voulons rendre les étals et le marché en général plus facilement aménageable en permettant (aux commerçants) d’avoir un endroit pour stocker leurs marchandises. Une réflexion aura donc lieu avec (eux) pour une meilleure adaptation aux pratiques de ceux qui y sont tous les jours. 

 

MH : La circulation et le manque de places pour les véhicules dans la capitale mahoraise est aussi l’une des problématiques des commerces du centre-ville. Comment peut-on régler ce problème ?

N.H. : La commune a, ces dernières années, énormément travaillé sur un plan de circulation et de stationnement qui, pour l’heure, s’avère payant pour les commerçants du centre-ville. C’est une solution au problème d’engorgement du territoire et notamment des villes comme Mamoudzou. Ce que je sais, c’est que dès qu’il est question de circulation et de déplacement au niveau de la commune et qu’une stratégie est en discussion au sein des services communaux, notre CCI y est associée. Nous apportons une réflexion en représentation des commerçants de l’île. Nous en avons déjà parlé mais il y a également un projet de transport urbain qui va bientôt voir le jour. Ce réseau pour faciliter le déplacement pour les Mahorais qui souhaitent circuler dans Mamoudzou tout en proposant des parcs relais au Nord et au Sud. Cela permettra le report modal (action de remplacer un mode de transport saturé par un autre pour décongestionner le premier, ndlr). Ce dispositif est aussi un recours à la préservation des commerçants de proximité et donc à la survie du centre-ville de Mamoudzou. 

 

 

Comores | Vives tensions à Anjouan

Les forces de l’ordre comoriennes sont intervenues lundi matin en ouvrant le feu dans la capitale de l’île d’Anjouan, Mutsamudu, pour démanteler des barricades érigées dans plusieurs rues et aux portes de la ville, a-t-on appris auprès de témoins.

 » Ça a commencé vers 4h00 du matin et ça a duré pendant près de trois heures, on a entendu des tirs, des tirs… », a déclaré un habitant de la ville sous couvert de l’anonymat. Le gouverneur de l’île Abdou Salami Abdou, membre du parti Juwa d’opposition au régime, a confirmé ces incidents. « Oui, on vit ça depuis ce matin, ça tire un peu partout », a-t-il déclaré au téléphone. Aucune victime n’avait été signalée en milieu de journée. La situation politique est très tendue depuis plusieurs mois aux Comores, où le président Azali Assoumani a fait interpeller récemment des dizaines de membres de l’opposition ainsi que des personnalités de la société civile. Parmi eux figurent l’ancien président de l’Union, Ahmed Abdallah Sambi, inculpé dans une affaire de corruption présumée sur l’affaire de la citoyenneté économique. Chef du parti Juwa, M. Sambi est originaire de l’île d’Anjouan. L’écrivain Said Ahmed Said Tourqui (SAST) auteur de « Djins et sultans », soupçonné d’être impliqué dans une tentative de coup d’Etat est également incarcéré depuis bientôt deux mois dans des conditions « inhumaines », selon une source moronienne. Les barricades, faites d’arbres abattus, avaient été dressées à plusieurs endroits de la ville (Habomo, Fortaleza, Mroni, quartier du marché, Pajé, Mirontsi, Bandrani etc…) et la plupart des routes menant à la capitale bloquées, selon ses habitants. Aucune information n’était disponible sur l’identité des manifestants. « Les militaires ont commencé à dégager les barricades », a indiqué l’un d’eux sous couvert d’anonymat. « La situation pourrait se dégrader cette nuit car les manifestants dont certains sont lourdement armés ont décidé de ne pas baisser les bras », rapporte un restaurateur. En juillet dernier, le chef de l’État a vu ses pouvoirs renforcés lors d’un référendum aux allures de plébiscite (92,74% de « oui ») boycotté par l’opposition. Ce changement autorise Azali Assoumani, un ancien putschiste élu en 2016, à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un. Il a annoncé son intention d’organiser un scrutin présidentiel anticipé au premier semestre 2019, qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro et de régner sur l’archipel, en cas de victoire, jusqu’en 2029. Ses adversaires dénoncent depuis des mois sa dérive autoritaire.

Un couvre feu de six jours

Dans une déclaration envoyée à la presse hier, l’Union de l’opposition a tenu à préciser que « le sentiment général qui prévaut dans tout le pays est que ça suffit, trop c’est trop ! La loi de l’histoire générale des pays, des nations et des peuples selon laquelle la dictature appelle la résistance trouve ici sa meilleure traduction ». L’Union de l’opposition déclare également « exprimer son soutien total à la population anjouannaise dans ce soulèvement spontané pour manifester son refus des emprisonnements arbitraires, du musellement de la presse, de la confiscation de toutes les libertés, de l’instrumentalisation de la justice, du bafouement de l’autonomie des îles, du piétinement de toutes les institutions de la république ». Le ministère de l’Intérieur de l’Union des Comores a tenu à rassurer la population à travers un communiqué, « d’avoir pris des mesures d’urgence afin de préserver la sécurité de la population et garantir l’ordre public » : – Un couvre feu est proclamé par la préfecture de Mutsamudu de 20h00 à 6h00 du matin durant six jours à compter du lundi 15 octobre. – La surveillance des frontières comoriennes et les contrôles d’identité seront renforcés. Hier au moment où nous bouclions cette édition, on apprenait que des coups de feux sporadiques résonnaient aux abords de la Médina alors que l’armée s’était repliée à Hombo, quartier situé sur les hauteurs de Mutsamudu. Vingt ans après la crise séparatiste qui avait secoué l’archipel en 1998, l’histoire se répète.

Le zébu mahorais : une race enfin reconnue

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Espèce endémique implantée à Mayotte depuis plus de 900 ans, le zébu mahorais est aujourd’hui menacé de disparition. Pour contrer sa raréfaction, le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et la Coopérative agricole des éleveurs de Mayotte (CoopADEM) se sont battus pour caractériser la race et la faire reconnaître comme une espèce à part entière en France. Cette étape a été franchie le 25 septembre dernier.

En brousse comme en ville, ils sont incontournables et font partie du paysage. On les croise partout à Mayotte. Que ce soit au bord des routes, face aux voitures, ou dans les champs : ils paissent toujours paisiblement, la corde autour du cou, leurs propriétaires souvent à quelques encablures de là, les surveillant du coin de l’oeil. Vous l’aurez bien sûr deviné, on vous parle ici du zébu mahorais. Depuis le 25 septembre dernier, le bovidé a été reconnu au Journal officiel de la République comme : une « race à part entière ». Bonne nouvelle donc pour ce ruminant local et « originel », qui voit depuis quelques années sa population diminuer sur l’île au profit des races « exotiques » venues de métropole.

Un travail de fond pour caractériser la race

Jérôme Janelle, zootechnicien et entomologiste au Cirad (Centre International pour la Recherche Agronomique et le Développement), explique que depuis 2012, un important travail de recherche concernant le zébu a été entrepris, permettant d’établir une véritable carte d’identité, « précise et fouillée » de la race, et d’en déterminer exactement « les caractéristiques d’un point de vue génétique et démographique ». La Coopérative agricole des éleveurs de Mayotte (CoopADEM) et le Cirad ont travaillé main dans la main en ce qui concerne ces travaux ayant pour objectif de protéger l’espèce, emblématique de l’île, mais pourtant menacée par les croisements.

Protection de l’espèce

Aujourd’hui, les agriculteurs ont tendance à délaisser les espèces locales au profit de races importées. « Ils cherchent des bêtes plus grosses, plus productives », et de nombreuses importations de bêtes européennes, notamment de « vaches jurassiennes » ont été effectuées à Mayotte. Pourtant le zébu mahorais est une espèce « plus adaptée à ce territoire, implantée depuis plus de 900 ans ici, et nécessitant moins de soins » qu’une espèce importée, par exemple d’Europe. Le climat, les parasites, ne sont pas un problème pour cette espèce endémique. En plus de l’arrivage de nouvelles espèces sur le territoire, l’insémination artificielle avec ces mêmes races métropolitaines pourrait causer « l’absorption » des races mahoraises par d’autres races croisées, et à long terme faire disparaître ces races locales. La reconnaissance du zébu mahorais en tant qu’espèce à part entière constitue à ce titre une belle avancée, permettant d’envisager dans l’avenir le déblocage de fonds européens permettant une protection accrue de l’espèce. 

Assises des Outre-mer | Uzuri wa dzia, la première coopérative laitière

À Mayotte, trois projets ont conquis le cœur du jury des Assises des Outre-mer, dans le cadre du concours Innovation. Ainsi, le territoire accueillera bientôt une coopérative de producteurs de lait, des laveries solidaires et un projet d’aide à la mobilité des jeunes. Chaque jeudi, Flash Infos vous présente un projet. Aujourd’hui : Uzuri wa dzia.

Offrir du lait local et des produits laitiers locaux à la population mahoraise, tel est le projet de la coopérative Uzuri wa dzia. Créée en 2018, cette structure regroupe sept éleveurs des quatre coins de l’île, fédérés notamment autour de celui qui tient une laiterie à Mtsangadoua. Possédant chacun de trois à une vingtaine d’animaux (du zébu croisé à la race pure), ces éleveurs ont pour objectif de produire ensemble jusqu’à 500 litres de lait par jour, « pour monter jusqu’à 800 litres » dans un second temps, espère la directrice Élise Cantelé. « On démarre petit avec quelque chose qui fonctionne », explique la responsable mais « les éleveurs sont prêts, ils n’attendent que ça (le démarrage de l’activité, ndlr) ». 

Ce projet a séduit le jury des Assises des Outre-mer, par son innovation (si le lait était transformé à Mayotte, il n’était pas produit localement auparavant), son éco-responsabilité puisqu’il se pose comme une alternative à l’importation, et son dynamisme économique pérennisant l’activité des agriculteurs. Il fait donc partie des trois lauréats mahorais de ce concours et se distingue dans la catégorie « Production économique ». 

Du lait made in Mayotte

Chaque éleveur a investi 6 000 euros, soit 42 000 euros pour l’ensemble des membres de la coopérative. À cette somme de départ s’ajouteront probablement des crédits du fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), sollicité par la coopérative – ces crédits représentant « 90 % des investissements », qui s’élèvent au total à 150 000 euros, se réjouit la directrice. Le temps d’effectuer les démarches administratives, de toucher les différentes subventions et de faire venir du matériel, la coopérative espère lancer son activité début 2019.

Ainsi, le consommateur pourra-t-il acheter directement à la laiterie, en épicerie ou encore en grande surface du yaourt, du lait caillé et du lait pasteurisé « made in Mayotte » très probablement dès février. Les produits seront composés à 99 % d’ingrédients locaux (le reste devra être importé, tels que les ferments) et conçus à partir de lait entier, type fermier. « Nos recettes ont pour vocation de travailler le lait de la manière la plus naturelle possible, sans passer par une phase de poudre ou d’homogénéisation » et les emballages seront en carton et en plastique recyclables, souligne Élise Cantelé. La directrice ajoute : « Nous souhaitons mettre l’accent sur la qualité de nos produits en communiquant avec transparence sur la traçabilité et les conditions sanitaires de production ».

À terme, Uzuri wa dzia espère développer la filière, accueillir davantage d’éleveurs et diversifier son offre, avec du fromage blanc, par exemple. Uzuri wa dzia, un projet vertueux renforçant l’activité économique du territoire et offrant au consommateur des produits locaux. 

 

Le concours Innovation des Assises

Sur les 850 candidatures, le jury des Assises des Outre-mer n’a retenu en septembre dernier que 19 lauréats pour l’ensemble des outre-mer dans les 6 catégories suivantes : numérique, mobilité, environnement, culture, production économique, lien social. Chaque lauréat recevra 10 000 euros et pourra compter sur l’accompagnement de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (Iedom), de l’Agence française de développement (AFD) et de Bpi France. Par exemple, le correspondant TPE de l’Iedom assurera quatre entretiens d’appui sur l’année avec les lauréats, qui seront également reçus par l’AFD, et Bpifrance établira un diagnostic complet de chaque projet. En outre, « l’AFD, Bpifrance et la Banque des Territoires faciliteront le parcours des candidats en accélérant leur accès aux réseaux des partenaires chargés de la formation, des garanties et du financement », promet le ministère des Outre-mer. 

 

 

Diplôme Universitaire « animateur en santé communautaire » : une première nationale

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Ce lundi avait lieu le lancement du premier Diplôme universitaire (DU) « animateur en santé communautaire » sur le territoire français au Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni. Élaboré par l’ARS Océan indien en partenariat avec l’Institut Renaudot, il répond à des besoins en santé beaucoup plus importants à Mayotte qu’ailleurs sur le territoire nationale, notamment en raison des situations de dénutrition observées.

« La création d’un réseau d’animateurs de santé communautaire est primordiale à Mayotte ». Dans le cadre du Plan de santé 2018-2028 qui est une « feuille de route » pour la politique de santé régionale, l’Agence régionale de santé de l’Océan indien (ARS OI) a entrepris d’engager une nouvelle politique en santé communautaire sur l’ensemble du 101ème département français. « Il s’agit de soutenir les actions de prévention et promouvoir la santé auprès de la population », avait annoncé Xavier Monserrat, directeur général adjoint préfigurateur de l’ARS Océan Indien (voir encadré), lors d’une réunion au CUFR le 30 novembre 2017. Dans cette optique, se tenait lundi dans l’amphithéâtre du Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni le lancement du premier Diplôme universitaire (DU) « animateur en santé communautaire » au niveau national. Ce DU a été préparé par l’ARS OI, en partenariat avec l’Institut Renaudot et en collaboration avec CUFR de Mayotte. Des parlementaires présents ou représentés, des maires, des élus et les étudiants de la formation étaient présents lors de l’ouverture de ce diplôme. 

Des besoins en santé importants

« C’est le quatrième DU que j’élabore. Parmi les axes forts du Centre universitaire, l’un de ses principaux défis est d’articuler son offre globale de formation avec les besoins identifiés sur le territoire. C’est dans cet esprit qu’a été créé ce nouveau diplôme. C’était une volonté affichée par l’ensemble des acteurs de santé du département », explique Aurélien Siri, Directeur du CUFR de Mayotte, avant d’ajouter : « Il faut souligner que sa construction s’est faite en moins d’un an ». La santé communautaire vise donc à accompagner les habitants, usagers, citoyens, professionnels, élus, associations et institutions à obtenir des réponses adaptées aux problèmes de santé, reconnus comme prioritaires. « L’un des enjeux est de promouvoir la santé communautaire en sensibilisant et mobilisant les usagers. À Mayotte, les besoins en santé sont plus importants que partout ailleurs », souligne Huguette Yong-Fong, responsable communication de l’ARS OI.

Dans le département le plus pauvre de France, cette approche communautaire a été déployée dès les années 1990-2000 pour « prendre en compte les spécificités sociologiques et culturelles de l’île », selon l’ARS. « En considération des bouleversements sociaux en cours à Mayotte et de l’impact des conditions de vie souvent précaires sur la santé de la population, les acteurs locaux se rejoignent sur l’impératif de rendre les habitants acteurs de leur santé », a détaillé l’ARS OI. Parmi les quatre domaines touchant à la santé communautaire, la santé nutritionnelle a été retenue pour être approfondie durant l’année scolaire notamment en raison des situations de dénutrition observées chez les enfants et à une prévalence élevée de la surcharge pondérale et de l’obésité à Mayotte.

Une formation de 120 heures

« Je travaille pour une association qui vient en aide aux déficients sensoriels. Je voulais rester dans le social et cette formation permet d’avoir un diplôme supérieur. C’est un secteur d’avenir et Mayotte a besoin de former du personnel. Nous (les futurs animateurs, ndlr) allons apporter de la plus-value grâce à des projets de réflexion communs sur le territoire. Je suis native de l’île et je souhaitais contribuer au développement de Mayotte. Je pense qu’avec ce diplôme, je vais pouvoir le faire », affirme Cédia Msoili, une des seize étudiantes de la formation. 

Sélectionnés au mois de juin dernier par les équipes de l’Institut Renaudot, ils étaient 23 au départ après un appel à candidatures lancé en mai 2018. « Ce sont principalement des professionnels des collectivités locales, des professionnels de la santé, du champ médico-social ainsi que des bénévoles ou militants d’associations. Ils deviendront les porte-paroles des communes, des opérateurs et de la population mahoraise », annonce Aurélien Siri. Financé à hauteur de 90 000 euros par l’Agence française de développement (AFD), la formation se déroulera en quatre sessions de quinze heures, espacées de deux à trois mois, soit une formation de cent vingt heures découpées entre enseignement et stage. « Les connaissances seront évaluées sous la forme d’un contrôle continu, au moyen d’un livret de suivi, et avec la rédaction d’un mémoire s’appuyant sur les expériences du stage et les acquisitions de connaissances », informe le Directeur du CUFR de Mayotte. Le règlement d’examen et le montant des droits d’inscription a été fixé à 120 euros par étudiant. Ce diplôme étant destiné à « s’inscrire dans le temps », les candidats recalés cette année pourront être acceptés l’année prochaine.

 

Création d’une ARS à Mayotte en 2020

Annick Girardin, ministre des Outre-mer, avait annoncé la création d’une Agence de santé « de plein exercice » à l’horizon 2020 à Mayotte lors de son déplacement sur l’île aux parfums le 15 mai dernier. Un groupe de travail inter-administrations a été mis en place pour s’atteler notamment à quatre priorités propres à Mayotte : la gouvernance locale en santé, le développement de politiques de santé publique et de prévention, des mesures spécifiques sur l’offre de soins et des mesures en matière de ressources humaines en santé afin de renforcer l’attractivité de l’île.

Xavier Montserrat, ancien directeur de la délégation de l’île de Mayotte, a été nommé directeur général adjoint préfigurateur depuis le 1er septembre 2018. Dix postes supplémentaires seront aussi créés à Mayotte en 2019. Ces créations d’emplois permettront la mise en place de la future agence. En outre, pour développer la prévention sur l’île, le fonds d’intervention régional dédié à Mayotte a été augmenté de 50% dès 2018 et le sera également en 2019. 

Immigration | « On va les faire sortir (…) avec la force de nos bras »

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Lundi matin, la préfecture a délogé sans violence les manifestants qui bloquaient depuis fin juillet le service des migrations et de l’intégration. Se sentant « humiliés », ils ont déclaré réfléchir à une riposte. Ousséni Balahachi a appelé « à la mobilisation de la population mahoraise, afin de lutter pour la sauvegarde de leur (sic) territoire ». Dans la soirée, le préfet a tenu une conférence de presse pour expliquer sa décision.

Un air de déjà-vu. Lundi matin, vers 8h, les manifestants chassés tôt dans la nuit du service des migrations devant lequel ils veillaient nuit et jour depuis fin juillet, formaient une chaîne face au cordon de gendarmerie sanctuarisant la zone. Parmi les « mamans », des leaders des différents collectifs et de l’intersyndicale, tels que Safina du Collectif des associations, Soufiane du Codim, le secrétaire départemental de la CFDT Ousséni Balahachi ou encore Faouzia Cordjee. Ils ont été délogés sans violence par deux pelotons de gendarmerie mobile, a confirmé Soufiane qui, présent sur les lieux, a demandé aux manifestantes de ne pas résister, échaudé notamment, a-t-il avoué, par le procès de Balahachi la semaine dernière. 

« Les Mahorais pensent que la France a trahi Mayotte », hurle une femme aux gendarmes, d’apparence impassible. « On ne va pas se laisser faire, on va riposter d’une façon ou d’une autre », gronde Safina qui s’étonne que durant le long sit-in aucun médecin ne soit venu à la rencontre des « mamans » alors « qu’ils réclament la réouverture du service pour les Comoriens malades ». Soufiane, du Codim, regrette que les forces de l’ordre désertent « dès 17h » la place, laissant les manifestants seuls la nuit, « sans sécurité ».

Le spectre des décasages

Une autre femme, du Collectif des citoyens, est moins mesurée : « Ces gens-là, les étrangers, on va les faire sortir de chez nous (…) avec la force de nos bras », tempête-t-elle, évoquant explicitement les décasages. « Encore hier, mon frère a été agressé (…) La dernière fois, c’était en sortant de l’école et les policiers ont refusé de prendre notre plainte », témoigne-t-elle, liant directement cet évènement personnel de délinquance à l’immigration clandestine.  Cette manifestante estime que l’action matinale de la préfecture est « une déclaration de guerre ». « Ils ont leurs armes, on a les nôtres. À la guerre, comme à la guerre ! », prévient-elle. Dans la matinée, Balahachi a appelé, par voie de sms, la population mahoraise à la mobilisation auprès des manifestantes délogées « afin de lutter pour la sauvegarde de leur (sic) territoire ». Toute la journée, les manifestants, peu nombreux, sont restés place Mariage, après en avoir bloqué les rues en disposant au travers de la route des poubelles de la Cadema.

Des voix dissonantes 

Place Mariage ce lundi matin, des badauds assistent à la scène, dont une étudiante mahoraise, atterrée : « Je trouve que ce que font ces manifestants est injuste », déclare-t-elle, évoquant le cas de ses camarades étrangers qui ne peuvent poursuivre leurs études en raison de la fermeture de ce service public. « On n’ose pas dire qu’on n’est pas d’accord mais c’est le cas ». La jeune femme évoque encore les pertes d’emplois liés à ce blocage, l’économie qui en pâtit, et conclut : « Ils disent que ce sont les Comoriens qui coulent l’île mais ce sont eux, les Mahorais, qui détruisent tout ». Une autre femme, d’une quarantaine d’années, avance un autre argument, également économique, du manque à gagner de la non-régularisation des étrangers : « Ils savent combien ça rapporte, l’argent des titres de séjour ? Moi, j’aimerais bien avoir la caisse pour moi ! », s’amuse-t-elle.

« Situations humaines inextricables »

Fin septembre, le défenseur des droits, Jacques Toubon, avait qualifié la situation « d’alarmante » et demandé instamment « au ministre de l’Intérieur ainsi qu’au préfet de Mayotte de l’informer des mesures envisagées pour mettre un terme » à ces « atteintes aux droits » générées par la fermeture aussi longue d’un service public sur le territoire français. Cette demande « urgente » est intervenue un mois après que le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en visite sur le 101ème département français, a également formulé des inquiétudes similaires.

Ce désaccord ministériel, puis l’intervention du Défenseur des droits, ont-ils motivé l’action de la préfecture ? « La situation n’était plus tenable », avec des « situations humaines inextricables ». C’est pourquoi « j’ai décidé de mettre un terme au blocage », a déclaré le préfet Dominique Sorain lors d’une conférence de presse qu’il a tenue lundi soir, évoquant encore « des raisons juridiques, de principe et humaines ». Le préfet a rappelé qu’il comprenait « le mouvement d’inquiétude des Mahorais par rapport à l’immigration clandestine, (…) un des facteurs de déstabilisation parmi les plus importants du territoire de Mayotte ». Mais, « contraire aux règles de fonctionnement de la République », ce blocage ne permettait pas, en outre, de refuser les dossiers de personnes n’ayant pas vocation à rester sur le territoire. Une « situation pas bonne à terme », selon le préfet. 

Il a également longuement détaillé les moyens mis en œuvre dans la lutte contre l’immigration clandestine dont les effectifs renforcés de la gendarmerie et de la police et notamment de celle aux frontières (PAF) – les 40 personnels supplémentaires de la PAF, les 7 agents supplémentaires du groupe d’appui opérationnel (GAO) – mais également l’instauration du groupe d’enquête et de lutte contre l’immigration clandestine (GELIC), la pérennisation du troisième escadron de gendarmes mobiles, l’arrivée de deux nouveaux intercepteurs nautiques en novembre, etc. 

1 500 contentieux

Pourquoi alors n’avoir pas agi avant ? « Parce que j’ai recherché le dialogue. Nous sortons d’un conflit très important à Mayotte. (…) J’ai recherché le dialogue jusqu’au bout », a martelé le représentant de l’État mais aucune « issue consentie » n’a été trouvée et même s’il faudra « continuer le dialogue ». Ainsi, « jeudi vraisemblablement », le service des migrations et de l’intégration rouvrira « partiellement  » et traitera les cas prioritaires, notamment ceux concernant la santé, l’emploi ou le regroupement familial. Pour les étudiants étrangers, « on verra au cas par cas ». « On ne recevra pas au guichet » mais sur rendez-vous, a averti le préfet, et les nouvelles demandes ne seront, de fait, pas étudiées. « Des milliers de dossiers » sont déjà en souffrance et l’État fait face à 1 500 contentieux « qu’on va perdre », a admis Dominique Sorain, avouant que 50 avaient été déjà perdus, occasionnant des frais d’astreinte d’une soixantaine d’euros par jour par dossier. 

En outre, le préfet a admis que des reconduites avaient bien lieu mais que « pour l’instant, il n’y a pas d’accord global » avec les Comores. Il a refusé de s’exprimer davantage sur le sujet afin de ne pas brouiller « le travail diplomatique en cours ». 

Interrogé sur d’éventuelles représailles suite à l’action de lundi matin, le préfet a déclaré « [compter] beaucoup sur le dialogue et la raison » et a fermement rappelé que les décasages n’étaient « pas tolérables ». 

Deux heures après la conférence de presse du préfet, le Collectif des citoyens et l’intersyndicale ont réagi par voie de communiqué : « Nous restons mobilisés : jamais nous nous laisserons intimider et jamais nous ne cesserons de rappeler à l’État ses obligations et ses devoirs à Mayotte. »

 

 

 

 

 

 

 

Accident de voitures : 7 personnes blessées près de Jumbo score

Une collision entre deux véhicules est survenue ce lundi vers 15h sur la route nationale de Jumbo score, sortie Hauts Vallons en allant direction Mamoudzou. Hier après-midi, les douaniers s’étaient postés sur la RN 1 pour pouvoir effectuer des contrôles en faisant signe aux voitures de se ranger sur la bas côté. Un « taxi-mabawa » a alors été « pris de panique » et a « possiblement perdu le contrôle » de son véhicule un peu plus loin avant de s’encastrer dans une camionnette qui était dans le sens opposé. Selon le capitaine de police Stéphane Cosseron, cet accident a fait sept blessés légers dont un nourrisson qui se trouvait dans le taxi (cinq dans le taxi et deux dans la camionnette). Emmenés au CH M par les pompiers pour observation, le pronostic vital des victimes ne semble pas engagé. « Le problème c’est que dans les chocs comme ça, nous ne savons pas la gravité des blessures avant examen au CHM. Les pompiers ont donc préféré les emmener à l’hôpital pour des examens approfondis », indique le capitaine de police. Et d’ajouter que « le lieutenant colonel des pompiers s’est tout de même déplacé ainsi que quelques élus locaux car ce nombre de blessés n’arrive pas souvent ici ».

Deux mois avec sursis pour Balahachi

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Mercredi s’est tenu le procès du contrôle d’identité qui a dérapé le 1er octobre, impliquant le syndicaliste Ousséni Balahachi. A l’issue de plus de quatre heures de débats, il a été relaxé pour deux des trois chefs d’accusation et condamné à deux mois d’emprisonnement avec sursis pour rébellion. Il est sorti du tribunal sous les vivats de la foule venu le soutenir.

Si elle s’est déroulée dans un calme relatif, l’audience de mercredi lors de laquelle était jugée le syndicaliste Ousséni Balahachi, accusé de rébellion, d’outrages et de violences envers quatre gendarmes a été très médiatisée et suivie par plus de 200 personnes sur site, à l’intérieur et à l’extérieur du tribunal. 

Durant plus de quatre heures, les débats ont été vifs et toujours divergents, les versions n’arrivant jamais à concorder. Ils opposaient quatre gendarmes – défendus par Maître Rahmani – à Ousséni Balahachi, entouré de pas moins de quatre avocats – Maîtres Ahamada, Andjilani, Souhaïli, Mabadali.

Inlassablement narrée dans ses moindres détails, l’altercation du 1er octobre à Tsingoni entre les forces de l’ordre et le syndicaliste a donné du fil à retordre au président d’audience Daniel Rodriguez. 

Manque de respect pour l’un

Pour Ousséni Balahachi, soumis ce jour-là à 8h du matin à un contrôle d’identité routinier alors qu’il emmenait son fils en taxi à l’hôpital en présence de son épouse, les gendarmes lui ont manqué de respect puis l’ont violemment jeté à terre. Pourtant, il n’aurait pas refusé de se soumettre au contrôle d’identité mais passant son passeport par la vitre du bus afin de le remettre à l’agent, celui-ci serait tombé par accident. Selon le prévenu, demandant « gentiment » au gendarme de le ramasser, ce dernier lui aurait intimer l’ordre « de manière agressive » de venir le récupérer lui-même et de sortir du véhicule. Avouant être relativement énervé en raison de l’attitude supposée de l’agent, Balahachi serait sorti et aurait été brutalement « attrapé » par un gendarme, plaqué contre le véhicule puis jeté à terre. 

Rébellion pour les autres

Pour les gendarmes, tous solidaires dans leurs propos, le prévenu aurait refusé de se soumettre au contrôle et de sortir du véhicule et les aurait invectivés. « Ce n’est pas vrai », s’insurge le syndicaliste aux côtés, à la barre, du militaire qui maintient aussi mordicus sa position. Pour le gendarme qui effectuait le contrôle, Balahachi aurait jeté violemment son passeport par terre et lui aurait dit : « Ramasse mon passeport tout de suite », provoquant l’hilarité des passagers. Interloqué, l’agent lui aurait dit « Pardon ? », et Balahachi aurait réitéré son ordre en ajoutant : « Tu n’es qu’un gendarme, je ne sortirai pas pour toi ». Selon les militaires, après lui avoir demandé plus de six fois de sortir alors qu’il « était debout, s’énervait et gesticulait », il aurait été extrait du bus, effectivement plaqué contre le véhicule puis maîtrisé à terre. « Ça vous arrive de ramasser des pièces d’identité tombées par terre ? », demande le président de séance à un gendarme. « Bien sûr », répond l’agent. « Et vous le faites ? », « Oui, quand c’est bien demandé », affirme sûr de lui le gendarme.

Lors de l’interpellation, Balahachi aurait porté des coups de pied au niveau du gilet pare-balles dont il resterait des « preuves matérielles », des traces, a insisté le ministère public dans son réquisitoire.

David contre Goliath

A la barre, la vision de Balahachi, homme de moins d’1m60 plutôt frêle, à côté du gendarme l’ayant maîtrisé, vigoureux gaillard d’1m80 environ, suscite l’interrogation du président d’audience. Le prévenu représentait-il vraiment un danger au point d’user la force pour le maîtriser ? Pour le gendarme, Balahachi l’aurait agrippé au col et serait rentré « dans sa zone intime », geste déclencheur d’une procédure de maîtrise. Ce n’est pas la morphologie qui détermine l’action mais l’attitude de la personne, ici « très virulente », argue encore le militaire. 

Une vidéo ayant largement circulé sur les réseaux sociaux et montrant uniquement la maîtrise au sol a été diffusée lors de l’audience. On y voit l’interpellation et on entend distinctement le mot « abruti(s) » qui, selon les gendarmes, aurait été prononcé par Balahachi. L’absence de témoins (seules l’épouse de Balahachi et une supposée passagère qui se serait spontanément présentée aux gendarmes le lendemain) a compliqué la tâche des magistrats.

« Bavure »

Pour la défense, plusieurs faits plaident en faveur du prévenu. Son casier judiciaire vide, tout d’abord, alors que ses activités militantes l’exposent de fait à de nombreuses confrontations avec les forces de l’ordre. Son combat, ensuite, pour « plus d’Etat à Mayotte » et donc davantage d’effectifs des forces de l’ordre. « Pour quelle raison aurais-je manqué de respect aux gendarmes ? », demande Balahachi qui rappelle son attachement à la République et à ses valeurs. « L’instruction a été à charge », accuse un avocat, et la comparution immédiate pour un « primo-délinquant » est une véritable « violence », dénonce un autre. Les quatre ténors du barreau, qui parlent de « bavure » et d’usage « disproportionné » de la violence, exigent la relaxe pour les trois chefs d’accusation.

Le motif premier de l’altercation a été retourné par l’avocat des gendarmes : pour quelle raison des agents arrivés il y a deux mois sur le territoire, qui ne connaissent pas Balahachi, auraient-ils voulu s’en prendre à lui ? Des militaires qui, d’ailleurs, effectuent une soixantaine de contrôles par semaine, sans jamais que des problèmes de ce type ne se présentent. Pourquoi des agents en service, « toujours au contact de la population », s’énerveraient-ils si on leur demande gentiment de ramasser un passeport, se demande également le ministère public, dans son réquisitoire. Maître Rahmani demande 1 500 euros de dommages et d’intérêts pour les trois gendarmes ayant supposément subi des outrages et 2 000 euros pour celui qui aurait subi des violences.

« Délire de toute-puissance »

Le parquet, dans son réquisitoire, évoque « les leviers de pression » et « la capacité de mobilisation » de l’entourage du syndicaliste, « surpris » de voir tant de monde à l’audience dans un « contexte local très tendu (…) et qui n’est pas normal ». Pour Pablo Rieu, « ce sont eux (les collectifs et l’intersyndicale) qui font la loi maintenant » : exactions, contrôles policiers, etc. Des actions qui auraient provoqué chez Balahachi un « délire de toute-puissance ». Pour les trois chefs d’accusation, le ministère public requiert 8 mois d’emprisonnement avec sursis.

Le président a tranché : deux mois avec sursis pour rébellion, relaxe pour outrages et violences, 100 euros de dommages et intérêts et 100 euros de remboursement de frais d’avocat pour chacun des gendarmes.

Balahachi a d’ores et déjà porté plainte pour violences et ce, même si aucun jour d’ITT ne lui a été délivré suite à l’interpellation incriminée. Il est sorti du tribunal acclamé par ses soutiens, organisant même une quête pour le syndicaliste.

 

Ousseni Balahachi déféré devant le parquet

Le secrétaire général de la CFDT , Ousséni Balahachi, a vu sa garde à vue prendre fin mardi soir. Elle avait été prolongée le soir de son arrestation, lundi 1er octobre. Il a été déféré devant le parquet dans la foulée pour être présenté devant un juge. Pour rappel, l’homme a été arrêté lundi suite à un contrôle d’identité auquel il aurait refusé de se soumettre. « Un contrôle ordinaire mené dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine », a précisé le Procureur de la République, Camille Mansioni, avant de poursuivre : « Ne souhaitant pas présenter son identité, il a jeté son passeport par terre en demandant aux policiers de le ramasser. » Son comportement se serait ensuite envenimé : « Il s’est emporté et s’en est pris à l’un des gendarmes, l’insultant et allant jusqu’à lui porter des coups. » Et de préciser que les gendarmes en question, de la brigade mobile et venant d’arriver sur l’île, ne le connaissent pas et n’ont aucune raison de s’en prendre à lui. Ousséni Balahachi nie les faits qui lui sont reprochés. Plusieurs dizaines de personnes s’étaient réunies dès lundi devant la brigade de gendarmerie de Mamoudzou pour lui témoigner leur solidarité. Le syndicat SNUipp-FSU a également adressé son soutien dans un communiqué au « Camarade Balahachi, secrétaire général de l’UIR CFDT », critiquant l’action des forces de l’ordre et de la justice. Le secrétaire général du SNUipp-FSU, Rivomalala Rakotondravelo écrit ainsi que : « Cette attitude des forces de l’ordre et la stratégie du parquet donnent raison à la population mahoraise qui se sent écrasée et muselée par l’État. Le SNUipp-FSU Mayotte ne peut donc rester silencieux face à ce que d’autres estiment légitimement comme étant une tentative d’intimidation à l’encontre d’un syndicaliste actuellement en lutte ».

Mansour Kamardine | « Les Mahorais aident le gouvernement à tenir ses engagements »

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Blocage du service des étrangers de la préfecture, réponse du Défenseur des droits, Jacques Toubon, et volonté des Mahorais de contrôler ce qui se passe sur leur territoire, le député Mansour Kamardine nous répond sur les questions d’immigration clandestine, quelques heures après sa nuit passée en compagnie des manifestants.

 

Mayotte Hebdo : Vous avez passé la nuit d’hier avec les manifestants qui bloquent le service des étrangers. Vous soutenez donc le blocage. Mais peut-on accepter que sur un département français, une partie de  la population bloque ainsi un service public ? 

Mansour Kamardine : Pour commencer, je ne soutiens pas les blocages, je crois qu’il faut que les choses soient claires. Je soutiens la revendication des Mahorais et leurs inquiétudes. Je ne leur ai jamais demandé d’aller bloquer un service public. Cela étant, je crois qu’il faut savoir lire et comprendre ce que font ces hommes et femmes devant le service des étrangers. Pourquoi ces gens sont-ils là ? Pour aider le préfet et le ministre de l’Intérieur face au ministre des Affaires étrangères. Ce dernier, je crois, se laisse mener en kwassa-kwassa depuis plusieurs semaines par les autorités comoriennes. Celles-ci ont un double discours : un pour le Quai d’Orsay, et un pour leur population, le tout ponctué de chantages comme celui de demander de l’aide aux Russes ou autre.

Notre République fonctionne malheureusement ainsi : c’est une République de pression. Pourquoi le Défenseur des droits a-t-il réagi, par exemple ? Parce qu’a été organisée une manifestation d’étudiants étrangers devant le vice-rectorat. Aujourd’hui, l’État français ne réagit qu’à la vue d’une manifestation. 

 

MH : Il n’en demeure pas moins que la fermeture forcée d’un service public est différente d’une manifestation…

MK : Le gouvernement a annoncé qu’il serait ferme dans la délivrance des visas aussi longtemps que le gouvernement comorien n’aura pas accepté la réadmission de ses populations sur son territoire. Et bien les Mahorais l’ont entendu. Les Mahorais viennent aider le gouvernement à tenir ses engagements, voilà tout. De quel blocage parle-t-on ? Les Mahorais manifestent eux aussi. 

Dimanche dernier, il y a eu une manifestation à Mayotte contre le président Azali. On ne le fait pas à Moroni, car c’est interdit, alors on le fait à Mayotte. Il y a eu également, nous l’avons dit, la manifestation des étudiants étrangers. Personne ne s’en est ému que je sache ? Alors pourquoi lorsque ce sont les Mahorais qui le font, on s’en émeut ? Laissez les Mahorais le faire ici car ils n’ont pas la possibilité d’aller le faire ailleurs. Ils ne vont pas manifester à Anjouan, ni à Moroni. Ils le font ici, eux. Si on autorise tout le monde à se mobiliser à Mayotte, et bien c’est valable a fortiori pour les Mahorais. Ceux qui ont manifesté au vice-rectorat ont été entendus puisque le Défenseur des droits est intervenu. L’a-t-on entendu réagir suite aux manifestations des Mahorais ? La seule façon de se faire entendre, c’est de manifester tous les jours. C’est ce qu’il se passe devant les grilles de la préfecture. Voilà deux mois et demi que les Mahorais le font, et deux mois et demi qu’ils attendent une réponse. (…)

Durant trois semaines, nous avons vu l’Aquarius, en Méditerranée, chercher un port pour débarquer ses passagers, 58 personnes. Durant ces trois semaines, et pour 58 personnes, dans toute l’Europe, on n’a pas trouvé un port d’accueil jusqu’à ce que l’Espagne accepte, et que la France en accueille 18 d’entre eux. Cette nuit, alors que je dormais devant les grilles de la préfecture, sont arrivés à Mayotte au moins deux Aquarius. La nuit d’avant également. La nuit prochaine, cela sera pareil. Depuis le refus des réadmissions des populations comoriennes par leurs autorités, il est arrivé au bas mot entre 14 000 et 20 000 personnes à Mayotte que l’on n’a pas pu reconduire. Ce n’est pas faire preuve de mauvaise volonté que d’exiger de l’État qu’il prenne ses responsabilités.

Est-ce que l’on se rend compte que l’État s’était engagé à faire venir deux bateaux pour le mois de septembre dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine? Or, nous sommes en octobre et est-ce que ces deux embarcations sont là ? Non. Elles arriveront un jour, mais ce n’est pas encore le cas.

J’ai le sentiment que  nous regardons tous dans la même direction, mais que nous ne voyons pas la même chose. C’est inquiétant. Cela est peut-être dû au fait que dans ce débat, il y a ceux qui ont inscrit leur avenir, leur destin définitif, à Mayotte, et ceux qui se disent que le jour où cela n’ira pas, ils partiront. Et bien, il faut accepter que ceux qui inscrivent leur destin ici se préoccupent de ce que sera Mayotte dans 10, 20 ou 50 ans. Notre devoir est de pouvoir léguer ce territoire à nos enfants et nos petits-enfants. Moi j’ai hérité de mon père le combat pour Mayotte française, pour la départementalisation. Quand je partirai, je souhaite le léguer à mon petit fils, et lui laisser la possibilité de pouvoir continuer à être fier d’être Français originaire de Mayotte.

 

MH : La semaine dernière, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, s’est insurgé dans un communiqué contre le blocage du service des étrangers de la préfecture. Vous l’aviez alors invité à se préoccuper également du droit des Mahorais, et à venir à Mayotte constater par lui-même la situation. Avez-vous obtenu une réponse ? 

MK : J’ai en effet réagi à ce communiqué du Défenseur des droits, mais par affection, compte tenu de ce que nous avons pu faire ensemble, puisque c’est un ancien militant du RPR. Nous sommes tous des enfants de Jacques Chirac. Je sais son engagement en faveur de Mayotte française. Je peux comprendre que, de par le rôle qui est le sien, mais aussi parce que c’est un homme de cœur et de culture, il puisse s’émouvoir de l’État de droit à Mayotte de manière générale. Mais le sentiment que nous avons eu au travers de plusieurs de ses communiqués est que, s’agissant de Mayotte, à tort ou à raison, il était beaucoup plus enclin à assurer la défense des droits des étrangers, alors que les Mahorais souffrent dans leurs droits eux aussi, lorsqu’ils sont dépossédés de leur droit de propriété – une des libertés les plus fondamentales de notre République –, et dans leur chair à cause de l’insécurité. Je dois avouer que nous n’avons pas entendu assez souvent le Défenseur des droits. Nous avons eu le sentiment qu’à travers ce communiqué, il servait de relais aux associations « droit-de-l’hommistes », qui sont dans leur rôle en imaginant un monde sans frontières ni nations, mais qui n’est pas notre conception. 

Jacques Toubon m’a fait part de son incompréhension quant à cette prise de position. Nous avons convenu de nous rencontrer le 23 octobre à Paris. Cela sera l’occasion de refaire le monde, de nous rappeler les bons vieux souvenirs, et certainement d’envisager l’avenir avec sérénité en regardant comment lui, Défenseur des droits, peut nous aider auprès de l’État pour que soient pris en compte les droits de Mahorais. Je lui ferai part des inquiétudes et du ressenti local pour le sensibiliser sur cet aspect, et lui demanderai de ne pas se laisser instrumentaliser par les associations « droit-de-l’hommistes ». 

 

 

 

Week-end à enjeux pour M’tsapéré

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Les clubs de M’tsapéré sont sur le front ; Le FCM n’a jamais été aussi proche du titre cette saison. De son côté, le BCM vise une demi-finale de Coupe de France Régionale. Le VCM, nouveau champion de Mayotte de volley-ball inaugure sa saison 2018/2019, tout comme le Despérados en rugby à XV.

Les M’tsapérois du FCM (football), du BCM (basket-ball), du VCM (volley-ball) et du Despérados (rugby) sont en phase de reconquête. Les trois premiers clubs cités sont champions de Mayotte. Et pour la saison en cours, ils ont nourri l’ambition de conserver leur titre. Les rugbymen, eux, espèrent décrocher le deuxième bouclier de champion à XV de leur histoire, quatre ans après le premier…

Après sa qualification en finale de la Coupe Régionale de France, le week-end dernier à Bandraboua, le Football Club M’tsapéré peut faire un immense pas vers le titre de champion de Mayotte 2018 samedi après-midi. Le FCM accueille le dernier du championnat Hamjago, à l’occasion de la 21ème journée de Régional 1. En cas de succès, les Diables Rouges compteraient neuf points de plus que leur dauphin M’zouasia (exempt ce week-end) à trois journées de l’épilogue. 

Avec neuf points d’avance et seulement neuf points encore en jeu dans ce championnat, un match nul lors des trois dernières journées suffirait au FCM pour s’emparer du dixième titre de champion de Mayotte de son histoire. Samedi soir, d’autres Diables Rouges défendront leur sacre : le VCM, titré pour la première fois depuis 2014 effectue sa rentrée. Pour la première journée du championnat de Régionale 1 Masculine, les volleyeurs m’tsapérois reçoivent Moinatrindri, un promu.

BCM-Rapides en quarts de Coupe de France Régionale

Troisième et dernier club du village actuellement auréolé du titre de champion de Mayotte, le BC M’tsapéré a entamé son championnat par une victoire contre Golden Force de Chiconi, mercredi soir. Dimanche, il est opposé aux Rapides Éclairs de Pamandzi en quarts de finale de la Coupe de France Régionale : une coupe dont il est le tenant. Le BCM et Rapides Éclairs se retrouvent trois mois après leur finale de Coupe de Mayotte, qui avait vu le BCM l’emporter et réaliser un triplé Coupe de France Régionale-Championnat de Mayotte-Coupe de Mayotte à l’issue de la saison 2017/2018.

Satisfaits de leur saison sur le plan local, les basketteurs m’tsapérois regrettaient être passés à côté de leurs compétitions régionales et nationales. Ils s’étaient notamment inclinés en demi-finale de Coupe des clubs champions de l’océan Indien, en décembre à Madagascar, et en seizième de finale du Trophée Coupe de France, en février dernier en métropole. Cette saison, le BCM souhaite obtenir de meilleurs résultats à l’extérieur de l’île : cela passera par une qualification ce week-end face aux Pamandziens.

Seul le club de rugby de M’tsapéré n’est pas champion de Mayotte en titre dans le village. En 2017, le regroupement Despérados/RCSSM Bouéni n’était pas passé loin d’une finale de rugby à XV. Il part en reconquête dès dimanche, avec un premier déplacement à l’ouest, face au regroupement Asac Chiconi/Eclair du Nord M’tsangamouji. Le dernier – et unique – sacre du Despé en senior à XV remonte à 2014.

 

NB : L’ensemble du programme sportif du week-end est à retrouver dans le Mayotte Hebdo, actuellement en kiosques.

 

Assemblée nationale | ACFAV : “À Mayotte, ce sont les femmes qui portent le pantalon”

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La commission des lois de l’Assemblée nationale, en visite à Mayotte pour la semaine, a rencontré mercredi les associations qui militent pour les droits des femmes, dans les locaux dédiés à l’accueil de jour de l’Acfav (Association départementale pour la condition féminine et aide aux victimes). Matriarcat, parentalité, grossesses précoces, violences conjugales et/ou sexuelles… Les élus ont pu poser de nombreuses questions aux acteurs de terrain sur les problématiques spécifiques aux femmes du 101ème département. 

La réunion prend une résonnance particulière à la lueur des derniers textes de lois sur les droits des femmes, récemment entrés en vigueur.”Ce sont des questions qui nous intéressent et cette rencontre fait partie des compétences de la commission des lois », indique en préambule de la rencontre Yaël Braun-Pivet, présidente de cette institution dédiée à l’amélioration du travail législatif. La réunion de mercredi, qui rassemblait les députés de la commission des lois en visite à Mayotte et plusieurs acteurs associatifs impliqués dans la défense des droits des femmes – dont le planning familial et l’association Soroptimistes – se tenait dans les locaux de l’accueil de jour de l’Acfav (Association départementale pour la condition féminine et aide aux victimes), à Cavani. “Mayotte est une société matriarcale. Ici ce sont les femmes qui portent le pantalon !”, lance la présidente et fondatrice de l’Acfav, Faouzia Kordjee. Et Yaël Braun-Pivet de répliquer : “C’est bien pour ça que je suis venue !” L’association Acfav, qui a intégré France Victime l’an dernier, a débuté ses activités il y a trente ans. “À l’époque c’était la première association qui œuvrait pour les droits des femmes à Mayotte”, explique sa présidente. D’abord concentrée sur la condition féminine, ses missions se sont rapidement diversifiées et s’étendent désormais à l’accès au droit, à l’hébergement et à l’aide aux victimes. Si son public est essentiellement féminin, ses actions de médiation familiale et de conseil conjugal amènent aussi des hommes à pousser les portes de ses différentes permanences, installées aux quatre coins de l’île. 

De plus en plus de viols de mineurs sur des mineurs  

La question des violences sexuelles restent toutefois l’une de ses priorités. “Les victimes sont majoritairement des victimes de violences conjugales ou de viols sur mineurs, c’est un fait prégnant à Mayotte”, indique la psychologue de l’association. À cet égard, les choses ont évolué au cours des dernières années. Évoquant le cas de ce foundi jugé en début de semaine pour des viols sur mineurs, la présidente de l’Acfav s’insurge : “Depuis que je suis à la tête de l’association, j’ai connu au moins six foundis qui avaient abusé de leurs élèves !” Quant aux viols intrafamiliaux “Ça c’est tous les jours !”, et qu’en serait-il si la totalité de ces actes étaient dénoncés ? À la question de savoir si les femmes portent plainte relativement facilement, la psychologue de l’Acfav relève qu’outre la honte et le cadre familial, “la grande majorité des viols sur mineurs sont perpétrés sur des enfants qui n’ont pas de papiers”, vulnérables et dont les proches redoutent tout contact avec les forces de police. Autre phénomène inquiétant, l’augmentation, depuis “six ou sept ans” selon Faouzia Kordjee, du nombre de viols de mineurs par d’autres mineurs. Un phénomène que la présidente explique par la vulgarisation de la sexualité à des âges de plus en plus précoces et par la misère de certaines familles, contraintes de vivre dans des logements exigus où le respect de l’intimité passe au second plan. 

Programme “1,2,3, Bass” : un succès, mais…  

Autre sujet brûlant à Mayotte : les naissances. Un sujet sur lequel la trésorière du planning familial de Mayotte, Djihadi Anrabia, et Sanya Youssouf, de Soroptimistes, ont été longuement questionnées par les élus. Citant les derniers chiffres de l’Insee, qui font état de près de 10.000 naissances dans le département, la première a tenu à insister sur le fait que les trois quarts d’entre elles sont le fait de mères étrangères, qui viennent à Mayotte “alors qu’elles sont déjà presque à terme”. Si la campagne de sensibilisation “1,2,3, Bass” visant à sensibiliser les femmes sur les grosses multiples a été “un succès” d’après tous les associatifs réunis ce mercredi, les choses ont de nouveau commencé à dégénérer à partir des années 2010, selon Sanya Youssouf, de Soroptimistes. Lors de ses opérations de sensibilisation sur la question des grossesses multiples, le planning familial indique notamment cibler “les quartiers où il y a beaucoup de gens en situation irrégulière”, comme Kawéni.  

 

 

 

Immigration | L’Assemblée nationale dans les bidonvilles et au CRA

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Elle ne ménage décidément pas ses efforts pour comprendre ce territoire hors normes. Après une visite lundi au centre hospitalier, entre les urgences et la maternité, la commission des lois de l’Assemblée nationale a assisté hier à une opération de lutte contre l’immigration clandestine et rencontré les étrangers retenus au sein du nouveau CRA. Mayotte Hebdo a pu les suivre. Reportage. 

Les Duster blancs, en enfilade, grimpent le chemin de terre étroit et escarpé qui mène sur les hauteurs du quartier de La Vigie, en Petite-Terre, hameau de quelque 9.000 âmes. Dans ces véhicules, fait plutôt familier, des agents de la police aux frontières, qui se rendent dans ce bidonville pour effectuer des contrôles d’identité mais aussi, fait plus marquant, une délégation de la commission des lois de l’Assemblée nationale, accompagnée par le sous-préfet en charge de la lutte contre l’immigration clandestine, Julien Kerdoncuf.

En visite sur le territoire pour « mieux le connaître » et mieux appréhender ainsi les futurs « textes de lois ou politiques publiques » qui le concerneront, cette délégation mouille la chemise. En file indienne dans les ruelles étroites, sableuses, ravinées et souillées de déchets de ce bidonville immense, les membres de la délégation observent le travail du groupe d’appui opérationnel (GAO), « l’équivalent de la BAC pour l’immigration clandestine », selon le sous-préfet.

Mais alertés par le cortège peu discret des véhicules blancs reconnaissables, les étrangers en situation irrégulière ont déserté le quartier ce mardi. Pas décontenancés pour autant, les policiers interrogent les habitants et contrôlent l’identité de quelques résidents avant qu’une femme en salouva ne les interpelle pour leur indiquer l’endroit où vivent des clandestins présumés. Avançant à pas feutrés, communiquant par signes, dévalant les chemins pentus et poussant des portes en tôle, les agents du GAO suivent les instructions de la voisine. En vain toutefois. 

Délations de voisinage

« On a beaucoup de dénonciations », explique un policier. « Parfois, dès qu’on arrive en voiture, les gens viennent vers nous » pour donner des informations sur des étrangers présumés en situation irrégulière. D’autres, en revanche, aident les clandestins à s’enfuir, tels ces enfants, des « guetteurs naturels » qui crient « Moro, moro » (« Au feu », ndlr) pour prévenir de l’arrivée des forces de l’ordre, ajoute un autre agent du GAO.

« Les endroits sont difficiles d’accès (…), c’est assez dangereux » pour les 44 policiers du GAO, reconnaît Julien Kerdoncuf, le sous-préfet en charge de l’immigration clandestine. « Un de nos collègues a été blessé hier » lors d’une interpellation et alors qu’un individu se défendait, renchérit un policier.

Plus loin, les policiers se heurtent à un autre problème : une porte en tôle a été dressée là où auparavant les forces de l’ordre passaient. Délimitant désormais une parcelle privée, les policiers sont contraints pour des raisons juridiques de rebrousser chemin. 

Entre 50 et 60 interpellations par jour

Ce groupe d’appui opérationnel « plus efficace (sur la lutte contre l’immigration) que la police et la gendarmerie » interpelle chaque jour entre 20 et 35 individus parmi les 50 à 60 interpellations quotidiennes d’étrangers en situation irrégulière (par le GAO, la police et la gendarmerie), comptabilise Julien Kerdoncuf. 

Le sous-préfet a également détaillé les moyens alloués à la lutte contre l’immigration clandestine en mer : outre deux vedettes rapides munies de leurs zodiacs, quatre intercepteurs complètent la flotte, qui devrait accueillir en novembre prochain deux nouveaux navires. « Il y a trois types de kwassas », a encore décrit Julien Kerdoncuf : les « kwassas VIP », avec deux ou trois passagers, « plus chers et rapides », les « kwassas low cost » avec 30 à 40 personnes à bord, « de moins en moins courants » et les « kwassas médicaux ». « En mer, ce ne sont pas des opérations de lutte contre l’immigration clandestine mais de l’assistance », du secours en mer, explicite le sous-préfet. « Ce n’est que quand les passagers mettent le pied à terre qu’ils deviennent clandestins », souligne-t-il. Et contrairement aux idées reçues, les femmes enceintes à bord « sont rares (…) Elles rejoignent l’île puis font des enfants ici », plutôt. 

Une fois interpellés, les étrangers en situation irrégulière sont menés au « tri sanitaire » à l’hôpital de Dzaoudzi puis, s’ils n’y sont pas inaptes en raison de problèmes médicaux graves, placés en rétention. *

Ciel grillagé

En toute logique, la délégation s’est donc rendue au nouveau centre de rétention administrative de Pamandzi, ouvert en septembre 2015. Accueillis par Isabelle Bettioui, chef du CRA et commandant de police, les membres de la délégation ont découvert les lieux. Si les nouveaux locaux sont modernes et propres, le dénuement des salles collectives et leur absence de connexion rendant « extrêmement clos » les espaces, les filets de sécurité formant un plafond en extérieur et la rencontre avec les retenus a attristé certains membres de la délégation. 

Ils ont échangé avec hommes, femmes et enfants, calmes, discutant ou regardant la télévision dans des pièces nues à l’exception de tables, de chaises et de téléphones. Seule une salle de jeux muraux égaie quelque peu les intérieurs qui donnent sur de vastes cours herbeuses munies de bancs et surplombées de ce fameux filet de sécurité qui grillage le ciel. 

« La durée moyenne de séjour est de 0,7 jour ici contre 10 jours en national », explique Isabelle Bettioui, qui reconnaît de nombreuses spécificités au centre de rétention administrative qu’elle dirige.

Tout d’abord, le nombre de mineurs accueillis, bien plus important qu’en métropole, de l’ordre de 2 490 en 2017. Spécificité qui en amène une autre : le stock de lait maternisé, couches et biberons à disposition des familles – rappelons qu’au CRA, sur les 136 places, 40 sont allouées aux familles.

Pas de papiers d’identité

Autre originalité du CRA de Mayotte : le nombre d’identités déclaratives. Selon les chiffres d’Isabelle Bettioui, sur les 15.441 entrants en 2017, 15.429 n’ont présenté aucun document d’identité. 

Enfin, 98% des étrangers en situation irrégulière placés au CRA sont comoriens, a affirmé Isabelle Bettioui (1,5% sont malgaches, les 0,5% sont d’origines diverses, principalement des Africains des Grands lacs). Cette homogénéité de nationalité évite « les conflits communautaires, contrairement en métropole », se félicite Isabelle Bettioui. Avis appuyé par le directeur adjoint : les retenus sont « relativement calmes ici par rapport à la métropole, où ils ont fait des milliers de kilomètres, ont dépensé des milliers d’euros » pour finalement se faire refouler, estime-t-il. D’ailleurs, les deux chambres de mise à l’écart n’ont jamais été utilisées depuis qu’Isabelle Bettioui est arrivée sur l’île et deux fois seulement depuis 2015, selon un de ses collègues.

Après avoir écouté la version des autorités, les membres de la délégation ont rencontré les associations de défense des droits des étrangers le soir même pour se faire une idée globale des problématiques liées à l’immigration.

* Même si, depuis la crise diplomatique avec les Comores et les reconduites aux frontières officiellement suspendues, la préfecture distribue de nombreuses OQTF (obligations de quitter le territoire français). Ainsi, plus de 13 000 ont été délivrées depuis mi-mars.

 

Les chiffres des reconduites aux frontières

Mayotte totalise la moitié des reconduites aux frontières de France. En 2017, plus de 19 600 éloignements ont été effectués dont 3 800 volontaires. En moyenne, sur les 5 dernières années, l’île comptabilise 19 300 reconduites par an, avec des pics, comme en 2016 avec 22 700 éloignements (source : préfecture). 

 

L’Assemblée nationale face à la « crise permanente » du CHM

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En visite cette semaine dans le 101ème département français, une délégation de la commission des lois de l’Assemblée nationale a longuement arpenté hier les couloirs du centre hospitalier de Mayotte, « en situation de crise permanente », a rappelé à cette occasion la directrice de l’unique hôpital de l’île.

Ils n’ont pas dû être déçus du voyage. Accueillis hier par la directrice et des personnels de l’hôpital, les membres de la commission des lois de l’Assemblée nationale ont eu accès à des chiffres qui donnent le tournis. Le centre hospitalier de Mayotte connaît « une situation de crise permanente », déclare en préambule sa directrice, Catherine Barbezieux, donnant le la d’une visite qui allait mener la délégation de la maternité aux urgences en passant par le service d’état civil. La maternité du CHM – qui, rappelons-le, a enregistré un nouveau record absolu l’année dernière avec 9.760 naissances – accueille en moyenne 16 nouveaux bébés toutes les 24 heures, avec des pointes à 30. Cette suractivité contraint les personnels à tripler les chambres et à transférer les mères vers les maternités périphériques trois heures seulement après l’accouchement, déplore Zabibo Moendandze, coordinatrice en maïeutique. « C’est extrêmement rapide », s’exclame la présidente de la commission. Et cet état de fait a inéluctablement un impact sur la néonatologie, surenchérit la directrice du CHM . Sur les 170 sages-femmes de l’île, plus de 90 oeuvrent au sein de la maternité du CHM , et « il en manque 20 », dénonce encore un cadre des salles de naissances, qui interpelle également sur les carences en infirmières de bloc opératoire.

« Beaucoup de pathologies graves »

Pendant plus de deux heures, les membres de la commission des lois ont rencontré personnels soignants et médicaux mais également patients, au cours d’un périple entre la maternité, les urgences mais également le service de l’état civil. Au sein des urgences, ils ont été guidés par la chef de service, Jeanne Duprat, qui leur a donné quelques chiffres-clés. Les urgences accusent 150 passages par jour, dont la moitié concerne des enfants (et la moitié de ces bambins a moins de 3 ans). Autre statistique inquiétante : 10% des consultations relèvent des urgences vitales, contre 5% à 6% en métropole. Et le personnel traite « beaucoup de pathologies graves ici », un état de fait qui serait entre autres lié à une « sous éducation médicale », estime la responsable du service. Jeanne Duprat a également alerté sur le nombre – « pas anecdotique », a reconnu un membre de la délégation – d’évacuations sanitaires : 2.000 par an dont 900 patients accompagnés durant le voyage d’un infirmier ou d’un médecin. Évidemment, le manque de ressources humaines et matérielles a été étayé avec force détails : sur les 33 postes de médecins du centre hospitalier, seuls 6 sont des praticiens titulaires à temps plein, « le reste sont des contractuels qui tournent » ; le territoire compte seulement 10 lits en psychiatrie pour 256.000 habitants officiels ; certains services ou structures n’existent pas, tels que la victimologie, ou une école pour former les sages-femmes. Il n’y a pas non plus de personnel urgentiste dans les centres de référence en périphérie. « À certains horaires, le CHM est le seul endroit de permanence des soins », souligne Jeanne Duprat.

Connaître pour légiférer

En visite jusqu’à vendredi, cette commission (en étroite relation avec les commissaires aux lois ainsi que le ministère des Outre-mer) s’est déplacée afin de « mieux connaître le territoire » pour mieux appréhender « les textes de lois ou politiques publiques » qui concerneront le 101ème département français. Dans un second temps, elle entend « voir comment se met en place le plan du gouvernement » pour Mayotte, annoncé il y a quelques mois par la ministre des Outre-mer. « Il ne faut pas qu’il n’y ait que les élus ultramarins qui connaissent ces questions », plaide la présidente Yaël Braun-Pivet pour qui il est essentiel de comprendre « la réalité » de ces territoires. « C’est essentiel pour légiférer », estime-t-elle. La délégation a donc un programme bien chargé jusqu’à vendredi. En effet, aujourd’hui, elle suivra une opération de la police aux frontières puis rencontrera la Cimade et Solidarité Mayotte, le Collectif des citoyens et des syndicats. Mercredi, elle se rendra à la prison de Majicavo mais également au sein des locaux de l’association pour la condition féminine et d’aide aux victimes (ACFAV ) puis visitera un quartier de la politique de la ville à Doujani, en passant devant l’école Espoir et réussite. Jeudi, elle échangera avec des membres du parc naturel marin, le Grand cadi et le conseil cadial. Elle a déclaré devoir rencontrer également les acteurs des services déconcentrés de l’Etat ainsi que les élus (maires et parlementaires).

La commission des Lois en déplacement sur l’île

Ils arrivent ce lundi. Jusqu’au 28 septembre, la présidente de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet (LaREM, Yvelines) ainsi que Philippe Gosselin (LR, Manche) et Stéphane Mazars (LaREM, Aveyron), les vice-présidents de la commission, sont en déplacement sur l’île au lagon. Cette visite, « en lien avec les défis auxquels le département est confronté » – et qui relèvent des compétences de la commission des Lois – permettra de réaliser un certain nombre d’entretiens avec l’ensemble des acteurs locaux concernés. Des visites de terrain seront organisées afin d’évaluer la mise en place « des engagements pris par le gouvernement » au printemps 2018, à travers le Plan pour Mayotte, d’analyser « les modalités d’application de dispositions législatives » récemment adoptées et de déterminer « les perspectives d’évolution et les solutions envisageables » pour lutter contre les difficultés persistantes.

Élevage | « Mon pouleti » : une marque 100% mahoraise

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Initié par un appel à projet en 2015 de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), la marque de volailles fraîches élevées à Mayotte « Mon Pouleti » a été officiellement lancée ce mercredi lors d’une présentation au restaurant l’Orient Express à Kawéni. Un abattoir moderne de 1 300m² et d’une capacité de 5 000 volailles devrait voir le jour à l’horizon 2020 à Kahani.

L’élevage local, un levier pour le développement économique des zones rurales. Ce mercredi avait lieu le lancement officiel de la marque de volailles fraîches élevées à Mayotte « Mon Pouleti ». Lancé en 2015 après un appel à projet de la DAAF (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt), l’atelier agroalimentaire du lycée professionnel agricole de Coconi, le groupement d’agriculteurs AEM (Agri évolution maoré) et l’entreprise Ekwali se sont réunis pour aboutir à la création d’une marque et d’un logo fin 2016. 

« Nous avions une production irrégulière et non productive avec 20 tonnes de poulets à l’année alors que l’abattoir pourrait en produire jusqu’à 100 tonnes. L’objectif était d’élaborer plus précisément la production pour avoir une organisation plus équilibrée et pérenne. Nous avons donc décidé de former un organisme de développement agricole (AVM : Abattoir de volailles – Mayotte, ndlr) de la filière volaille de chair à Mayotte », a expliqué Elhad-Dine Harouna, président d’AVM et éleveur. En 2016, le marché du poulet de chair sur le territoire était déséquilibré avec un taux d’approvisionnement par la production locale d’à peine 1%. Actuellement, les importations en produits de volailles surgelées représentent près de « 13 000 tonnes par an », alors que la production locale n’est « que » de 100 tonnes chaque année. « Les consommateurs n’avaient d’autres choix que d’acheter du poulet importé et congelé. Aujourd’hui, il y a un véritable enjeu pour la production mahoraise. Il était important d’augmenter les circuits alimentaires de proximité », a souligné Guillaume Rubin, directeur d’AVM. 

Aucune rupture de stock depuis le début d’année 

Les missions principales d’AVM sont l’accompagnement technique des éleveurs, la centralisation des abattages et la commercialisation, la modernisation des bâtiments ou encore la valorisation de la production locale. Pour le moment, AVM, qui compte sept salariés et un directeur général, travaille avec onze éleveurs mahorais –  tous indépendants – possédant des exploitations de petites et moyennes tailles et majoritairement implantés dans le sud et le centre de l’île. 

« Depuis le 1er janvier, nous sommes à 58 tonnes de poulet et nous espérons passer le cap des 70 tonnes à la fin de l’année », a annoncé Rémi Delassus, coordinateur du projet au sein d’AVM. Et d’ajouter : « Grâce au développement de l’activité, aucune rupture de stock n’est à déplorer depuis le début de l’année. Les exploitations sont réduites pour augmenter la qualité des produits ». D’ici 2025, « Mon Pouleti » pourrait embaucher entre 80 et 100 personnes et travailler avec près de 30 éleveurs, c’est en tout cas le souhait du directeur d’AVM. 

Un nouvel abattoir

Fin 2017, la société a investi dans un camion frigorifique et dans du matériel de conditionnement des volailles. Pour autant, l’entreprise n’est actuellement pas en mesure de répondre à la forte demande de consommation de la population du 101ème  département français – très friande de Mabawas – ainsi qu’au développement du marché des poulets découpés. Pour y remédier, AVM a décidé de créer « un abattoir moderne » à Kahani. Les travaux débuteront dans le courant de l’année 2019 pour s’achever à l’horizon 2020. 

« Nous avons eu le permis de construire en juillet dernier », s’est félicité Rémi Delassus. Avec ce nouvel outil de production, l’organisme pourra prétendre à l’abattage, à la découpe, à la transformation et au conditionnement des volailles et dès lors, suivre l’évolution de la demande. Il permettra aussi de débuter la vente de charcuterie. D’une superficie 1 300m² pour une capacité de 5000 volailles, un magasin sera aussi construit pour effectuer de la vente sur place et « toucher le plus grand nombre ». 

Deux qualités de poulet 

Fin 2016, le groupement de professionnels AVM avait validé deux cahiers des charges pour régir deux modes d’élevages différents, donnant ainsi naissance à deux types de poulets commercialisés. De ces deux produits de « Mon Pouleti », le plus vendu est « incontestablement » le « Classique ». Élevé pendant 56 jours et pesant entre 1.1 et 1.4 kilo, il est vendu entre 7 et 8.50 euros le kilo à Mayotte. Le second se démarque du premier par sa qualité de production. En effet, il est élevé en plein air pendant 80 jours et fait entre 1.6 et 1.9 kilo. De « Qualité supérieure », les commerçants peuvent le vendre jusqu’à 9.50 euros le kilo. Mais la marque commercialise également des morceaux plus humbles, comme les abats. Tous ces produits se retrouvent dans les restaurants, snacks, pizzerias mais aussi, « de façon plus occasionnelle », dans la cantine du lycée de Sada.

 

 

 

Tir sportif : une réglementation plus restrictive

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Alors que l’Association Sportive de Tir de Mayotte (ASTM) vient d’entamer sa 35ème saison, un décret du 29 juin « relatif au régime de la fabrication, du commerce, de l’acquisition et de la détention des armes » la contraint à faire évoluer sa réglementation. Une réforme « bienvenue », qui va permettre de mieux sécuriser la pratique de cette activité de loisir, selon Michel Gobbo, président de l’ASTM. 

Il y a du changement pour l’Association Sportive de Tir de Mayotte (ASTM) en cette période de rentrée. En effet, un décret du 29 juin vient modifier les règles régissant cette pratique sportive aux lourdes contraintes sécuritaires. Entré en vigueur au 1er août 2018, ce décret relatif à la fabrication, au commerce, à l’acquisition et à la détention d’armes vise notamment à « renforcer la sécurité publique ». Sont visés par ses dispositions les détenteurs légaux d’armes (chasseurs, tireurs sportifs, collectionneurs, etc.), les professionnels procédant à leur fabrication, commerce, transfert, import-export, les administrations de l’État, les musées ainsi que les fédérations et associations sportives ou de chasse. L’ASTM et ses 80 adhérents sont donc directement concernés. Le stand de tir utilisé par l’association – le site historique du DLEM (Détachement de la Légion Étrangère à Mayotte) aux Badamiers, en Petite-Terre, est d’ores et déjà surveillé en permanence pour permettre aux adhérents, personnes civiles ou issues des forces de l’ordre, de s’entraîner en toute sécurité. Sur le site, la proximité de l’aéroport impose en outre une surveillance et une communication permanente entre le club et la tour de contrôle, afin de se conformer à l’interdiction de tir durant les phases de décollage et d’atterrissage des avions. Pour le président de l’ASTM, Michel Gobbo, la mise en place de cette nouvelle réforme va nécessiter beaucoup de travail, notamment au niveau administratif. Pour autant, « ce décret de loi est bienvenu, vu le contexte actuel – national et à Mayotte, c’était tout à fait logique qu’on adapte la réglementation », assure-t-il. 

Parmi les principaux changements introduits par le décret : la possibilité d’effectuer un contrôle renforcé des postulants au moment de leur demande d’adhésion. Ainsi, « d’ici fin septembre, les présidents de club devraient pouvoir interroger le fichier des interdits de détention d’arme », explique Michel Gobbo. Jusqu’ici, leur pouvoir de vérification se limitait à la consultation du bulletin n°3 du casier judiciaire*. Ce contrôle en amont apparaît d’autant plus utile à la lueur des derniers événements, tels ces cas d’auteurs d’acte terroriste, pour certains fichés S, et malgré tout habitués des stands de tir. Outre un casier vierge, tout aspirant licencié doit fournir un certificat médical attestant de son aptitude à pratiquer le tir, ne pas avoir été pris en charge par un établissement psychiatrique ou, le cas échéant, avoir été libéré totalement de traitement et de suivi, et enfin, fournir une pièce d’identité et un justificatif de domicile valides. 

Des plus petits calibres pour les « invités »

En plus du contrôle du fichier des interdits de port d’armes, d’autres modifications ont été apportées à la réglementation antérieure. Il en est ainsi par exemple de certains fusils à pompe, qui passent de la catégorie C (soumise à une simple déclaration) à la catégorie B (soumise à autorisation préfectorale), et de la liste des armes autorisées pour les personnes débutantes, dites « invitées » pour une séance d’initiation ponctuelle – et gratuite – au stand de tir. Ces dernières ne pourront désormais plus tirer qu’avec des armes de calibre 22 long rifle. Le maniement de plus gros calibres pouvant en effet accroître le risque d’accidents, par exemple lorsqu’un tireur inexpérimenté n’anticipe pas le recul d’une arme, il est désormais réservé aux licenciés. 

Le temps de mettre en œuvre tous ces changements, « la saison 2018/2019 a été surnommée saison blanche », indique Michel Gobbo, qui annonce qu’à son terme, l’ASTM sera « un club purement FFT (Fédération Française de Tir ndlr) ». D’autres nouveautés, non imposées par la loi, devraient également voir le jour au cours de l’année, comme une formation pour tous les adhérents sur le nettoyage et l’entretien des armes ou la mise en place d’un concours amical entre les différentes unités qui fréquentent le club, où pourront se rencontrer police, gendarmerie et adhérents lambda. Enfin, l’ASTM a adressé une demande à la préfecture pour faire modifier les règles relatives à l’acheminement des munitions, aujourd’hui aussi restrictives que celles utilisées dans le cadre de l’import-export. Pour l’instant, le club se fournit auprès d’armureries basées en métropole, mais difficilement, les armes ne pouvant transiter que par voie aérienne. Malgré l’importante dimension sécuritaire qui entoure la pratique du tir sportif, « le club est avant tout un lieu de détente », insiste Michel Gobbo, qui souhaite que les séances d’entraînement soient autant d’occasions pour les différents corps de métier des forces de sécurité de se rencontrer dans un cadre extérieur à celui des interventions. 

*Le bulletin n° 3 ne comporte que les condamnations pour crime ou délit à un emprisonnement de plus de deux ans, sans aucun sursis (ou dont le sursis a été entièrement révoqué), les peines de prison inférieures à deux ans, les interdictions, déchéances ou incapacités sans sursis pendant leur durée, les peines de suivi socio-judiciaire ou d’interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs pendant la durée de la mesure.

De plus en plus d’adhérents

L’association, qui existe depuis 1983, connaît une recrudescence du nombre d’adhésions ces dernières années. « Il y a trois ans, nous étions trente, d’ici peu, nous devrions être une centaine », se réjouit son président Michel Gobbo. Douaniers, policiers, gendarmes, mais aussi des personnes de la société civile, issues de tous les corps de métier, sont inscrits à l’ASTM. Les profils viennent pour 50% des forces de l’ordre, qui se rendent au stand pour s’entraîner. Pour les autres – dont plusieurs femmes, même si elles restent encore peu nombreuses – il s’agit avant tout d’un loisir. Le but de l’association n’est pas de former des sportifs de haut niveau. En revanche, et surtout à Mayotte, « l’insécurité joue, surtout pour les femmes. Je ne dirais pas que c’est le but premier de leur venue, mais il y a un instinct d’autodéfense qui est là », reconnaît le président. Pour information, le pas de tir du stand des Badamiers est ouvert aux adhérents tous les samedis, l’adhésion annuelle coûte 310 euros. Plus d’informations à cette adresse : astm.secretaire@gmail.com

 

Air Austral | Vol Paris/Mayotte : l’expulsion musclée d’un passager fait polémique

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Le vol Paris-CDG/Mayotte du lundi 17 septembre, qui accusait plusieurs heures de retard dans la soirée, a finalement été annulé dans la nuit par la compagnie portugaise HiFly (qui l’assurait pour le compte d’Air Austral). En cause, selon la compagnie : le comportement « virulent » d’un passager excédé par l’attente. L’équipage a fait appel à la PAF (police aux frontières) pour le faire évacuer manu militari, sous le regard médusé des autres passagers.

Les images se sont propagées comme une traînée de poudre. Un passager d’une trentaine d’années, vigoureusement maîtrisé et menotté par des agents de la police aux frontières à bord d’un avion à l’arrêt, le tee-shirt en lambeaux : voici la scène filmée par un des passagers du vol Paris/Mayotte du lundi 17 septembre, affrété par la compagnie portugaise HiFly, pour le compte d’Air Austral. Des images abondamment partagées sur les réseaux sociaux ce mardi, et qui ne sont pas sans rappeler les expulsions musclées pratiquées aux États-Unis pour cause de surbooking.

La scène s’est déroulée dans la nuit de lundi à mardi, entre 2h et 3h du matin, à bord de l’A-330 d’HiFly, sur le tarmac de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Les passagers, qui devaient embarquer à 20h10 pour décoller une heure plus tard, ont finalement dû attendre pas moins de cinq heures après qu’on leur a signalé un premier retard de l’avion, en provenance de Bruxelles. Contacté par Flash Infos, l’un d’entre eux, Zico, raconte : « À 20h, on nous annonce deux heures de retard. Nous croisons les bras et attendons jusqu’à 22h. À 23h, toujours rien (…) Finalement, vers 2h du matin, on commence à nous embarquer. Un métropolitain qui était avec nous a haussé le ton pour dire qu’il voulait être indemnisé tout de suite », détaille-t-il. Puis, l’embarquement se déroule néanmoins, selon ce passager, sans problème notable. Or, une fois dans l’appareil, des policiers de la PAF, appelés par l’équipage, interviennent à bord pour faire descendre l’homme. Celui-ci refuse. « Puis, nous avons vu un débarquement de huit nouveaux policiers appelés en renfort. Là, ça m’a choqué. Ils ont mis dix minutes pour le menotter », raconte encore le témoin, qui ajoute que ça « chahutait dans l’avion ».  Un autre passager, Amine, explique de son côté que l’homme appréhendé n’était « absolument pas méchant » et n’a « manqué de respect à personne ». Il avait certes « un peu bu » mais n’était selon lui pas ivre, et aurait simplement parlé « plus fort que les autres » dans la zone d’embarquement, afin d’obtenir une attestation de retard que plusieurs autres passagers réclamaient par ailleurs. Une fois dans l’avion, « il était très sage et n’a rien dit », rapporte encore ce témoin. « Quand les policiers ont voulu le débarquer, il ne s’est pas laissé faire, je pense que tout le monde l’aurait fait (…) Nous nous sommes tous levés pour dire que ce n’était pas juste et qu’il n’avait rien fait de mal », explique-t-il encore.

Un passager « virulent » et « alcoolisé »,  selon Air Austral

Une fois le passager débarqué, les choses ne s’arrangent pas pour autant. « À 02h45, le commandant de bord nous annonce que le vol a été annulé et qu’il faut descendre de l’avion », explique l’autre passager, Zico. Jointe par téléphone, la compagnie assure qu’un nouvel équipage a été mobilisé et est en route pour Paris – conformément à la législation en vigueur sur le repos des personnels – afin d’assurer le vol en fin d’après-midi ou en début de soirée mardi. Face au tollé provoqué par l’incident, la compagnie s’est fendue d’un communiqué pour expliquer que l’annulation du vol avait été décidée « à la demande de l’équipage de la compagnie portugaise conformément aux procédures liées à [ses] règles de sécurité, et ce, en raison d’un incident survenu avec un passager à bord ».  Au téléphone, la compagnie évoque un « passager turbulent qui était, semblerait-il, sous l’emprise de l’alcool » et qui aurait effectivement demandé à obtenir une « attestation de retard » avant même le décollage, ce qui ne peut être fait qu’une fois l’horaire de départ réel connu, précise-t-on. Après l’évacuation, l’équipage d’HiFly aurait donc décidé d’annuler le vol malgré tout, en raison du climat de « tensions » qui régnait toujours à bord et d’un « mouvement de mécontentement général « chez les passagers, explique Air Austral, qui assure avoir « immédiatement diligenté une enquête auprès de la compagnie HiFly pour faire toute la lumière sur cet incident regrettable ».

Autre point de crispation : la prise en charge des voyageurs au sol, gérée cette fois par Air Austral. Alors que des passagers indiquent avoir dû passer la nuit à l’aéroport, à dormir parfois à-même le sol (voir photo), et dénoncent le manque de communication de la part de la compagnie, cette dernière admet des difficultés et explique avoir fait face à un « manque de capacité d’hébergements » aux abords de l’aéroport. « Au bout de quelques heures, nous avons pu trouver quelques solutions pour les familles », indique-t-on néanmoins chez Air Austral. Et d’ajouter dans son communiqué que « la compagnie présente d’ores et déjà ses excuses aux passagers ayant subi ces désagréments indépendants de sa volonté. Elle rappelle également que la sécurité reste sa priorité absolue ». Les passagers pourront faire un courrier de réclamation dans le but d’être indemnisés à la suite de cet incident, rappelle Air Austral. En début d’après-midi, les deux passagers interrogés affirmaient avoir reçu un formulaire de la compagnie leur demandant d’attester que l’individu débarqué était responsable de l’annulation du vol. Contactée à ce sujet, la compagnie n’était pas joignable, mardi après-midi, pour nous confirmer l’existence de ce document. « Je ne le signerai pas et nous avons demandé aux autres passagers de ne pas le signer non plus », assure Zico, qui a d’ores et déjà lancé une pétition pour dénoncer la mauvaise gestion de la compagnie. 

La compagnie Air Austral a réagi ce mercredi matin et indique avoir bel et bien distribué ce document aux passagers, mais qu’il s’agit d’une simple attestation d’annulation de vol et qu’il ne leur a pas été demandé de la signer.

 

►L’attestation d’annulation de vol fournie aux passagers

Des agents du Conseil départemental en grève

Les agents de la Direction des politiques scolaires et universitaires (DPS U) du Conseil départemental ont décidé de se mettre en grève ce lundi matin. Ils revendiquent principalement “de meilleures conditions de travail” et demandent “une meilleure considération des agents”, un “vrai logiciel” de gestion des bourses ou encore la “sécurité autour et dans les locaux” de la DPS U. Ce service du Conseil départemental est chargé du dispositif d’aides dont bénéficient les étudiants et lycéens mahorais qui poursuivent leurs études hors de Mayotte. Il a connu de nombreux problèmes ces dernières années, notamment dans le paiement des compléments – frais supplémentaires liés à l’éloignement des étudiants – et des bourses. En 2018, un nouveau logiciel devait être créé et un développeur recruté. Or, ces deux projets n’auraient toujours pas, à ce jour, été menés à terme. Résultat : “Les jeunes risquent de ne pas percevoir leurs bourses pendant un bon bout de temps”, a déploré un agent de la DPSU au journal France Mayotte matin. Autres problèmes : l’obsolescence du mobilier et le manque de matériel informatique. Le dispositif émane d’une politique départementale qui coûte chaque année plus de 10 millions d’euros.

Accident mortel sur la route de Tahiti Plage

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Dans la nuit du 16 au 17 septembre, un accident impliquant un véhicule sur la route départementale 5 de Tahiti Plage dans la commune de Sada a eu lieu vers 1h15 du matin. Le véhicule – volé la veille par trois individus – aurait fait deux tonneaux avant de traverser la chaussée. Le conducteur est décédé sur le coup. Quant aux deux autres passagers, légèrement blessés, ils ont été transportés au CHM dans la nuit. 

« Les causes de l’accident restent encore à déterminer », selon la gendarmerie. Un accident est survenu dans la nuit de dimanche à lundi dans la commune de Sada, plus précisément sur la route de Tahiti Plage sur la départementale 5. Contacté par Flash Infos, le colonel de gendarmerie Philippe Leclercq a expliqué que la police faisait état « a priori » de la mise en cause d’un seul véhicule dont « nous supposons que le conducteur a perdu le contrôle ». Arrivés sur les lieux quelques minutes après le drame, les gendarmes ainsi que les sapeurs-pompiers ont constaté que le conducteur de la voiture était mort « sur le coup ». Aucun autre élément sur la victime n’a été apporté par le colonel Leclercq. « Nous aurons [les informations] sans doute un peu plus tard ». Les deux autres passagers étaient « légèrement blessés » mais surtout « choqués ». Ils ont été transportés au Centre hospitalier de Mamoudzou (CHM) dans la nuit. 

D’après les premiers éléments de l’enquête, la voiture aurait fait deux tonneaux avant de traverser la chaussée et de s’immobiliser de l’autre côté de la route. « Nous sommes en train de procéder à différents examens sur le corps de la victime notamment pour analyser son taux d’alcoolémie au moment des faits. Actuellement, nous ne pouvons pas être affirmatifs sur les circonstances mais la perte de contrôle du véhicule pourrait en être la cause. Il est certain que, dans ce secteur, les virages sont nombreux. »

Une voiture volée la veille ?

« Un fait particulier, même très particulier » : la voiture en question « a été signalée volée » la veille – dans la nuit du samedi au dimanche – de l’accident dans la commune de Dembéni. « Suite à une agression à la sortie de Tsararano, trois individus ont volé ma voiture. C’est une Peugeot 406 HDI Break bleu ciel. Son immatriculation : CZ – 767 – VS dans le 34. Le capot est cabossé », pouvait-on lire dimanche dans une annonce postée sur la page Facebook de « Infos Routes Mayotte ». Trois auto-stoppeurs auraient donc commis un « car-jacking » (vol de voiture accompagné de menaces ou de violences). « Nous sommes en train de procéder à un certain nombre de vérifications pour savoir si les trois personnes accidentées dont celle décédée seraient, je parle bien au conditionnel, les auteurs de ce vol. Ce n’est qu’une hypothèse actuellement », a conclu le colonel de gendarmerie Philippe Leclercq. 

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes