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Plusieurs jeunes tuent un père de famille à M’tsapéré

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Comme un goût de déjà-vu. Dans la nuit de mardi à mercredi, à M'tsapéré, les forces de l’ordre qui tentaient de disperser les participants d’un mourengué ont finalement été attaquées sur le remblai. Quelques heures plus tôt, la même scène se jouait à Combani.

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Au moins une dizaine de jeunes ont molesté à mort un homme de 35 ans ce lundi soir à M’tsapéré. Un premier suspect aurait déjà été identifié comme meneur. Ce jeune majeur est un délinquant notoire, puisqu’il avait déjà été enfermé à Majicavo pour des faits de violences.  

Moins d’un mois après le meurtre d’un retraité à Chiconi, un nouveau drame a secoué Mayotte ce lundi soir. Entre 21 et 22 heures, un père de famille de Doujani qui rejoignait son domicile à pieds a été battu à morts par 15 à 20 jeunes, visages masqués, venus semer la terreur dans les rues de M’tsapéré. Visiblement prise pour cible au hasard, la victime âgée de 35 ans aurait tenté de prendre la fuite en voyant d’autres passants se disperser en courant, l’air affolé, mais ses agresseurs, armés de bâtons et de chombo, l’ont alors rattrapé pour rouer l’homme de coups. Lourdement blessé, il aurait ensuite réussi à rejoindre le remblai, où des automobilistes, qui cherchaient à échapper à la même bande, l’auraient pris en charge et conduit à l’hôpital. Il y décèdera quelques minutes plus tard.  

Selon nos informations, plusieurs témoins, spontanément conduits au commissariat par la famille du défunt, étaient entendus par les enquêteurs mardi après-midi. Ces auditions auraient permis d’identifier au moins l’un des meneurs de la bande de M’tsapéré, un jeune – mais majeur – délinquant notoire, déjà enfermé à Majicavo pour des faits similaires. La police a également indiqué mardi soir qu’un homme venait d’être interpellé, sans toutefois préciser s’il s’agissait ou non du même mise en cause. Son degré d’implication dans l’affaire demeure encore à préciser. Une piste sérieuse, et particulièrement précieuse, puisqu’aucun mis en cause n’a été interpellé au moment des faits.

Ce soir-là, les effectifs de police ne sont arrivés sur place qu’à 23 heures. « On nous a demandé depuis plusieurs semaines de ne pas intervenir lorsque des bandes foutent le bordel, sauf lorsque la population est prise à partie », confie une source syndicale. « C’est une façon de les laisser se calmer puisqu’à chaque fois qu’on intervient, les caillassages repartent de plus belle. » Ainsi, les escadrons ont dû attendre l’arrivée des pompiers, venus secourir un jeune délinquant blessé, avant d’être autorisés à débarquer. « Une fois sur place, les bandes s’étaient déjà dispersées, il n’y avait plus que quelques jeunes de M’tsapéré qui tournaient dans le quartier » mais qui, en l’absence de flagrant délit ou de toute autre preuve, n’ont pu être arrêtés.

Si les forces de l’ordre redoutent une riposte dans les jours à venir, les habitants de M’tsapéré qui ont assisté à ces scènes de violences attestent qu’il ne s’agissait pas d’affrontements entre bandes rivales issues de villages différents, mais bel et bien d’un seul et même groupe constitué par une quinzaine d’individus venus du quartier de Mandzarsoa. « Lundi soir, des voisins ont vu des jeunes boire et fumer ensemble dans le quartier, ils se préparaient à nous attaquer nous, citoyens, et pas un groupe rival », atteste le cousin de l’homme décédé. Quoi qu’il en soit, la BAC est de nouveau intervenue dans le quartier mardi midi afin de disperser un attroupement en cours. Lors de sa patrouille, la brigade anticriminalité a par ailleurs surpris, là encore, à Mandzarsoa, des jeunes en train de préparer des cocktails molotov, avant de prendre la fuite en apercevant le véhicule de police.

Le maire active la cellule de crise

Au lendemain du meurtre, le nouveau maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila (LR), s’est rendu au chevet de la famille du défunt, avant de s’entretenir avec le commissaire de police du chef-lieu. L’élu, qui a appelé les jeunes du quartier au calme, a activé dans le même temps la cellule de crise communale, qui vise à prendre rapidement des décisions adaptées en concertation avec les forces de l’ordre et la préfecture. « Nous avons besoin d’une ville apaisée. Nous allons créer les conditions pour dans les semaines, dans les mois à venir, nous allons essayer d’apporter des réponses aux attentes nombreuses et légitimes de nos jeunes et que la répression et la justice puissent suivre dans les prochains jours et être à la hauteur de ces actes ignobles », a-t-il déclaré lors de son déplacement à M’tsapéré.

Le premier élu de Mamoudzou a par ailleurs révélé que plusieurs escadrons de gendarmerie et de police maintenaient une présence sur la zone depuis mardi après-midi, et projette de faire durer le dispositif toute la semaine. Il prévoit également de réactiver le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance dans les prochains jours.

Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, a quant à lui fait part de son « immense tristesse face à ce drame de la violence expéditive ». « Le plan de sortie de crise adopté juste avant la survenue du Covid- 19 et la mise en place effective des groupes de médiation citoyenne que nous finançons sont des pistes sérieuses mais qui devront sans nul doute être complétées de mesures supplémentaires », a-t-il fait part.

Les syndicats de police ont par ailleurs tenu à rappeler que depuis un an, ils militent pour que soient déployées des opérations d’intervention coordonnées, dites « SLIC », entre les différents services de police et de gendarmerie, et diligentée par le procureur. De quoi mutualiser les moyens et intervenir sur un secteur précis avant même que les bandes n’aient le temps d’y commencer leur méfait. « Mais nous n’avons jamais eu aucune réponse des institutions », regrette un représentant syndical sous couvert d’anonymat. « Je pense que c’est pour des raisons politiques, car ce genre de missions risqueraient encore de faire parler de Mayotte et de ternir l’image des autorités et de la préfecture. Du coup pour le moment, on ne mène pas vraiment d’opérations efficaces. » Un avis partagé par la famille de l’homme abattu lundi soir : « Moi, ça ne me suffira pas de savoir qui a fait ça, je veux comprendre comment le système a pu créer ces monstres qui tuent des gens sans histoires. Je me demande si l’État ne fait pas exprès de laisser pourrir la situation pour empêcher les Mahorais de réfléchir et de faire évoluer le territoire… » Si les proches de la victime estiment que les forces de l’ordre ont manqué de réactivité, ils ont par ailleurs expliqué être pleinement favorables à l’autopsie du corps. Mais pour que celle-ci ait lieu, un médecin-légiste devra être envoyé à Mayotte depuis l’île de La Réunion.

Des Mahorais tournent un clip contre les violences

Le mois dernier, quatre Mahorais ont tourné et diffusé un clip musical afin de dénoncer les violences qui agitent le département. Disponible sur YouTube et sur toutes les plateformes de streaming, le son Mahoré Yatru, de Bodo, Zedcee, N.A.S.S. et N Pro Game affiche déjà plus de 35.000 vues.

 

 

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