Le conflit entre les sapeurs-pompiers et leur direction ne cesse de prendre de l’ampleur tel un feu de forêt en période de canicule. Raison principale du problème ? Le départ du colonel Fabrice Terrien, directeur du SDIS de Mayotte. Les grévistes refusent de négocier s’il reste en poste, mais la présidente du SDIS 976 n’entend pas céder à ce coup de pression.
Depuis le lundi 24 août, tous les sapeurs-pompiers de Mayotte ont débuté une grève illimitée. Leur mécontentement se concrétise en 23 revendications parmi lesquelles l’insécurité, les conditions de vie et de casernement mais surtout la gouvernance. Les soldats du feu veulent à tout prix le départ de leur directeur qui selon eux « travaille sans les Mahorais ». S’il ne part pas, ils ne négocieront pas. Revendication à laquelle la présidente du SDIS de Mayotte ne compte pas apporter de réponse positive. Le principal concerné, le colonel Fabrice Terrien, ne comprend pas cette hostilité puisqu’il estime qu’il a toujours eu de bonnes relations avec les syndicats des pompiers de l’île. Selon lui, la date fatidique serait le 10 mai dernier lorsque des individus se sont introduits dans la caserne de Kahani, ont dégradé le matériel et terrorisé les professionnels. Depuis ce jour, la colère des sapeurs-pompiers n’a cessé de croître et a fini par une grève illimitée qui mobilise 100% des agents du SDIS de Mayotte (hors cadres hauts placés). « Ils ont provoqué le bras de fer dans lequel on est aujourd’hui. Mais on ne peut pas paralyser tout le système pour obtenir 100% des demandes », déclare le colonel Terrien. Il affirme que la présidente et lui ont tout fait pour éviter d’arriver au point de non-retour dans lequel ils se trouvent en ce moment. Après le 10 mai, la direction a convoqué à deux reprises un CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). La première n’a pas lieu car les organisations syndicales ont refusé d’y siéger. La deuxième fois, les participants émettent « un avis favorable » à toutes les propositions faites par la direction. Mais quelques jours plus tard, elle reçoit un préavis de grève de la part des sapeurs-pompiers de Kahani où ils rajoutent de nouveaux éléments. « La présidente valide à nouveau tout sauf l’électrisation du portail de la caserne de Kahani et la question des effectifs car c’est la compétence de la préfecture », précise le colonel Terrien. Ce portail deviendra alors la principale source de discorde. Les sapeurs-pompiers veulent un portail électrique alors que la direction propose un portail anti-escalade qui se ferme manuellement. L’électrisation ferait tripler le prix selon le directeur du SDIS Mayotte. La direction essaye à deux reprises d’installer le portail mais les pompiers font barrage. « De mon point de vue, ils avaient déjà décidé qu’il y aurait un blocage », révèle le colonel Fabrice Terrien. Le 3 août, une grève commence à la caserne de Kahani puis se généralise dans toutes les casernes de l’île. Selon leur directeur, les grévistes « font la grève en dehors des règles de la grève. Ils procèdent à des entraves à la liberté du travail ».
Des propos diffamatoires ?
La tension entre les grévistes et leur directeur n’est pas au beau fixe et visiblement elle n’est pas prête de s’arranger. Les slogans que l’on peut lire sur les pancartes durant les manifestations sont sans appel. Le colonel Terrien est traité de dictateur, de menteur et d’harceleur. Des « propos diffamatoires », selon l’accusé. Il ne compte pas rester les bras croisés et a l’intention de porter plainte. « Ce sont des mots très forts repris par un nombre très important de personnes mais ça n’en fait pas une réalité. Quand vous voulez vous débarrasser de quelqu’un, vous finissez par construire des arguments ou des défauts inacceptables et vous les lui reprochez. Mais ça ne suffit pas de reprocher, ils doivent démontrer, porter plainte et la justice se chargera de moi. Je suis prêt à collaborer s’il le faut », déclare le colonel Fabrice Terrien. Ce dernier portera également plainte pour plusieurs dégradations du matériel, même si les grévistes affirment ne pas en être les auteurs. Malgré tout cela, le directeur du SDIS de Mayotte reconnaît les conditions de vie et de travail dans lesquelles se trouvent les sapeurs-pompiers de l’île. « C’est une réalité que les casernes sont en mauvais état, et il y a tout un tas de demandes sociales qui sont en suspens depuis longtemps. On le regrette, mais on dépense 800.000 euros pour renouveler le matériel et on va proposer de rajouter sur 5 ans quasiment 6 millions d’euros. » Un projet de rénovation et de reconstruction de la caserne de Kahani est également sur les rails. Un centre de formation sera aussi construit à côté. Mais cela suffira-t-il à calmer la colère des pompiers ? Affaire à suivre.
La situation reste bloquée entre le conseil départemental et les salariés de Matis, qui manifestaient aujourd’hui dans les locaux de la société à Kangani. En attendant, il y a urgence à trouver un cadre juridique pour lier la collectivité et les transporteurs, alors que le dernier avenant a pris fin au 31 juillet…
Bis repetita. Alors qu’une dizaine d’établissements, dont la rentrée avait été repoussée d’une semaine à cause des derniers travaux, vont enfin accueillir à nouveau leurs élèves ce lundi, ces derniers risquent fort de devoir y aller à pied. Ou tout du moins, par leurs propres moyens. En effet, les transporteurs entendent bien poursuivre la grève, et l’imbroglio autour du marché des transports semble toujours aussi inextricable. “Les élèves ne seront sûrement pas transportés dans de bonnes conditions, et que cela n’interpelle pas les élus devrait nous inquiéter”, raille Anli Djoumoi Siaka, secrétaire général de FO Transport.
C’est que la balle semble en effet dans le camp du conseil départemental. Pour rappel, ce noeud gordien a pour origine la fin de la délégation de service public qui lie la collectivité à deux sociétés titulaires, “Tama ya leo na meso” et Matis, depuis 2015. Ce marché qui devait se terminer en 2018, a déjà fait l’objet de deux avenants, alors que la loi n’en autorise normalement qu’un. Le dernier a pris fin le 31 juillet. Or, le Département n’a pas lancé à temps le nouvel appel d’offres, reporté donc pour 2021. Les candidats ont jusqu’au 1er septembre pour participer.
Les salariés de Matis restent en grève
Le hic ? C’est que les salariés de Matis voient rouge depuis que le conseil départemental a rédigé son nouvel appel d’offre le 25 juin dernier. Source du conflit : une petite clause indiquant que les salariés sont susceptibles d’être repris par la nouvelle entreprise délégataire. Les syndicats réclament que le transfert des salariés soit automatique et aussi de conserver leurs acquis, comme le treizième mois ou la prime d’ancienneté.
“Qu’allons-nous faire en août prochain ? C’est notre avenir qui se joue !”, tambourine le représentant de Force Ouvrière, qui craint de voir la prochaine DSP tailler à vif dans les effectifs. De son côté, le conseil départemental assure que la reprise des personnels fera partie des critères de sélection des offres. Que nenni !, rétorquent les as du champignon qui ont lancé un préavis de grève le 15 juillet dernier. Alors que les discussions avec le Département patinent, les 85 chauffeurs de Matis ne roulent plus depuis le 18 août. Une réunion jeudi dernier, à quelques jours de la rentrée, n’avait pas permis de les rassurer. “Aucune nouvelle rencontre n’a pour l’instant été prévue”, nous informe Anli Djoumoi Siaka.
Matis déboutée
Nouveau rebondissement ce mardi, avec la décision du tribunal administratif, qui a rejeté la demande de la société Matis. L’actuel délégataire avait en effet déposé un référé pour annuler la procédure de passation de marché public. “Un geste de solidarité avec leurs personnels”, salue le chauffeur syndicaliste. Surtout une façon de contester l’appel d’offres du conseil départemental, qu’elle accuse d’avoir manqué à son obligation de publicité et de mise en concurrence, notamment parce que “les documents de consultation comportent des informations sur l’organisation du service et le personnel qui y est affecté”. Des détails qui révèleraient “implicitement mais nécessairement une partie de son offre”, peut-on lire dans le jugement. “Le tribunal n’a pas statué sur le fonds du dossier, ni sur notre priorité à nous, les chauffeurs de bus”, précise le représentant syndical. Façon de lancer un “Ra Hachiri” à la tête de la collectivité.
Vide juridique
Mais ce n’est pas là le seul doute qui plane sur cette deuxième vague de rentrée scolaire. En effet, en l’absence d’avenant pour prolonger le marché actuel des transports, le conseil départemental a dû sortir de son chapeau une petite astuce pour poursuivre le lien avec les sociétés de transport : la “convention de gestion provisoire”. Un troisième avenant, en somme. Sans cela, depuis le 31 juillet, c’est le vide juridique entre le Département et les chauffeurs de bus dont certains ont quand même accepté de circuler lundi, assurant un service minimum pour la rentrée. La signature de ce bout de papier, déjà reportée dimanche dernier, doit avoir lieu ce samedi au conseil départemental lors de la commission permanente. Si tout se passe comme prévu…
Le député LR Mansour Kamardine ne mâche une nouvelle fois pas ses mots à l’égard de l’État, qui aurait une grande part de responsabilité dans la nouvelle crise de l’eau qui nous pend au nez. Le parlementaire n’en peut plus de voir les élus locaux se faire lyncher alors qu’ils ont les mains liées.
Flash Infos : Dans votre dernier communiqué, vous relatez que l’État a failli et doit demander à l’entreprise qu’il a payée rubis sur l’ongle en 2017 de fournir 5.300 mètres cubes jour prévus par le contrat imposé aux responsables locaux…
Mansour Kamardine : Le « plan eau » remonte à 2016. Mayotte avait été confrontée pour la première fois de son histoire à une véritable crise de l’eau. À la veille des échéances, le gouvernement avait promis de livrer des tankers d’eau mais c’était sans compter sur une opposition féroce des Réunionnais qui ne voulaient pas qu’on aille pomper de l’eau chez eux. Voilà pour le premier volet de la lutte contre cette crise. Et puis, il était prévu également un certain nombre d’investissements, parmi lesquels la construction d’une usine de dessalement en Petite-Terre de façon à pouvoir produire quelque chose comme 5.300 mètres cubes jour, assurant une auto-suffisance pour les Petits-Terriens. Compte tenu du fait qu’il s’agit d’une denrée sensible, l’État a décidé, contre l’avis du Sieam de l’époque, la passation sous le sceau de l’urgence de ce marché de construction de l’usine de dessalement, dans le cadre d’une opération conception/réalisation. Plus intéressant encore, cette opération a été décidée sans appel d’offre. C’est-à-dire que l’État a fait le choix de confier ce projet à l’opérateur historique de la distribution à Mayotte. Un choix étonnant car les règles du marché public prévoient la mise en concurrence des acteurs.
Cette réalisation devait être réceptionnée aux alentours de juin 2018. Pour un montant total de 8 millions d’euros, largement financée par les fonds européens. Deux ans après la date de réception des travaux, l’usine ne produit que 500 mètres cubes jour, soit un dixième. On est donc loin, loin, du compte ! Souvent dans les marchés, il y a des clauses permettant de prononcer des sanctions financières si l’opérateur ne satisfait pas à ses obligations de respect des délais. À ma connaissance, il n’y en a pas eu malgré ce retard.
FI : Mardi, vous avez rencontré le préfet pour évoquer la situation de la crise qui se profile, qu’est-il ressorti de votre rendez-vous ?
M. K. : J’ai proposé, par une application bête et mécanique de la loi du contrat, qu’à défaut d’une sanction pécuniaire prononcée, que l’on demande à l’opérateur, qui a failli à sa tâche, de nous livrer des tankers d’eau. Si je devais caricaturer, le préfet m’a répondu : « Vous les Mahorais, de quoi je me mêle, cet argent ce n’est pas vous qui l’avez payé ! ». Drôle de conception de l’utilisation des fonds publics… C’est ce qui me fait dire que l’État n’est pas à sa place dans cette affaire. On ne peut pas se laisser entendre dire que nous n’avons pas notre mot à dire et que nous devons laisser les choses se faire comme elles se font. S’agissant des investissements, je note que ce sont des fonds européens, destinés à améliorer la situation sociale quotidienne des populations de Mayotte. Sans eux, il n’y aurait pas eu de fonds européens. Même si ce n’est pas le budget direct des collectivités locales qui finance les opérations, c’est quand même le contribuable français, et donc mahorais, à travers la contribution de la France dans le budget européen, qui finance. Par conséquent, nous avons un droit de regard sur l’utilisation de cet argent ! Cette lecture des choses est inacceptable dans une démocratie, qui plus est avec un niveau de développement général comme le nôtre. Et surtout, je ne peux pas imaginer que l’État s’accroche à être le gestionnaire des fonds européens pour les utiliser dans ces conditions.
Autre chose qui choque, ces situations-là mériteraient que l’on vérifie la régularité de l’emploi de ces fonds. On a l’impression qu’il y a deux justices : quand un Mahorais se trompe, il est mis en examen, quand un fonctionnaire de l’État confond sa poche personnelle avec celle de l’État, il prend un vol bleu et bass. Tout cela crée des doutes et des interrogations.
FI : À l’échelle locale, il y a aussi eu des couacs, notamment du côté du Sieam, qui ont amené l’État à intervenir par le biais du préfet. Avec cette nouvelle élection et le changement de gouvernance, pensez-vous que cela peut changer la donne au niveau du syndicat pour aller encore plus vite et mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard accumulé ?
M. K. : Nous n’avons pas la même analyse ! Que le syndicat ne soit pas au top, c’est un secret de polichinelle. Que le syndicat n’ait pas été en mesure de consommer les 140 millions d’euros du plan d’urgence, c’est une lecture erronée. Les difficultés sont apparues le jour où le syndicat a exigé de son délégataire une relecture du contrat d’affermage. Et c’est à ce moment-là que toutes les tares du syndicat sont apparues au grand jour. Ça, c’est une réalité constante.
Si personne ne conteste la réalisation des travaux, le Sieam a commis l’erreur fatale de ne pas solliciter la mobilisation des fonds dans le délai imparti. Du coup, il se trouve en difficulté budgétaire, c’est-à-dire qu’il est en déficit. Le Sieam a demandé une dérogation, qui n’a pas été accordée. Tout simplement parce que l’État a commencé à faire de la politique lorsque le président a exigé des comptes au délégataire. Au lieu d’être à côté du syndicat, l’État a pris position face à lui. C’est la raison pour laquelle le préfet a répété à tous ceux qu’il croisait, qu’il ne verserait pas à un seul centime au Sieam tant que Bavi serait en responsabilité. Jean-François Colombet a décidé de ne pas financer le syndicat, et donc de le bloquer et de l’asphyxier.
Ceci explique que le délégué du gouvernement s’est fortement impliqué dans l’élection du nouveau bureau. Au point où l’on peut se demander s’il n’était pas lui-même candidat à la succession de Bavi. Ce sont des choses que l’on ne rencontre, malheureusement, qu’à Mayotte. Venir dire que le syndicat a failli, moi je me souscris en faux. Il y a sans doute des fautes à reprocher au syndicat, mais il y a aussi l’attitude de l’État à pointer du doigt, qui s’est immiscé dans l’action des élus. En disant cela, je ne dis pas que l’ancien président était bon, je dis simplement que l’État est sorti de son rôle naturel pour s’installer dans le fauteuil politique. Avec leur homme providentiel à la tête du syndicat, l’État mettra peut-être les bouchées doubles pour terminer les commandes. Parce que tous les marchés que le syndicat avait signé avec les entreprises en 2018-2019 pour réaliser les travaux ont été résiliés.
FI : Si l’État annonce mettre la main à la poche pour le développement de Mayotte, on a l’impression à vous entendre qu’il a du mal à laisser les autorités locales prendre la pleine gestion des dossiers…
M. K. : Regardez le plan de convergence, que j’appelle le plan de divergence. À titre d’exemple, il y a 500 millions d’euros pour le financement des constructions scolaires. Aucunes d’entre elles ne sont sorties de terre depuis sa signature. Pourquoi ? Parce qu’il y a une défiance de l’État vis-à-vis des élus locaux, qui sont considérés comme des voleurs, des corrompus. Alors pour contrôler l’utilisation de cette manne financière, tout est regroupé à la tête de la Deal. Mais cette dernière peut être comparée à la Fable de la Fontaine : la Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf. C’est-à-dire une Deal qui n’a pas les moyens et qui concentre toutes les maîtrises d’œuvre des collectivités. Conséquence : aucune école n’a vu le jour ! Je demande que l’État reconnaisse que ces opérations sont de la compétence exclusive des communes. Ainsi consommerons-nous les crédits alloués. Sinon en 2022, on viendra nous dire que les communes n’ont pas été à même de construire alors qu’en réalité, on ne leur en a jamais donnés les moyens. C’est exactement ce qu’il s’est passé au Sieam.
Autrement dit, on a des écritures budgétaires qui ne sont pas financées, mais qui permettent une communication purement politicienne pour dire « Voilà l’argent, mais les élus mahorais sont incompétents ». Or, les communes de Mayotte investissent depuis 40 ans dans l’ingénierie ! Le problème vient plutôt des Deal, qui ont juste un rôle de contrôle, de conception, d’accompagnement, et qui avec la décentralisation, ont perdu leurs compétences techniques.
FI : Concernant la construction de la troisième retenue collinaire, qui ferait un bien fou alors que les deux autres viennent seulement d’être reliées, cette affaire traîne en longueur depuis plusieurs années maintenant. À qui la faute ?
M. K. : Là encore, je vous renvoie au rapport que j’ai rédigé en juin 2019 sur la proposition de loi de développement économique et des infrastructures à Mayotte. Le terrain pressenti était au départ celui de la famille Bamana à Ourovéni. De son vivant, Younoussa avait donné son accord de principe. Puis, après sa mort, les relations intrafamiliales ont fait que les autorités du Sieam n’ont pas pu conclure dans des délais raisonnables. Toujours est-il qu’il y a un peu plus de 2 ans, le Sieam a pris une délibération demandant la déclaration d’utilité publique (DUP) sur la parcelle. La DUP est un arrêté préfectoral, une compétence exclusive de l’État. Deux ans plus tard, il n’a toujours pas été pris, pourquoi ? Dans cette histoire, ce n’est pas le Sieam qui est défaillant, puisqu’il a fait la démarche. On peut tout dire sur les élus, mais une chose est certaine : sans la DUP, il ne peut y avoir une poursuite des opérations !
Il faut sortir de ce schéma dans lequel l’État cherche à nous enfermer, à toujours pointer l’incompétence des élus alors qu’au fond, il ne veut pas mettre les moyens budgétaires et financiers nécessaires à la réalisation des infrastructures de développement et de rattrapage du territoire. On n’a pas la compétence absolue, on peut se tromper. Mais si on se trompe, l’État, qui se considère être le seul sachant, doit nous concerner et nous dire comment procéder. Les Mahorais ont bien compris le jeu, Mayotte accuse d’un énorme retard, il faut les moyens mais l’État ne veut pas les donner. Il veut juste capter les fonds européens destinés à Mayotte pour aller financer d’autres collectivités. Voilà la triste réalité ! C’est choquant et inacceptable surtout que la faute retombe ensuite sur les élus !
C’est dans un élan de jovialité qu’hier, Gilles Halbout, recteur de la région académique de Mayotte, a lancé sa campagne d’inspection des écoles dans les zones non-urbaines. La tournée a commencé dans la commune de Chirongui aux cotés du maire et de son escouade. Au programme ? La visite des écoles élémentaires et maternelles de Mramadoudou puis de Poroani. L’objectif était d’écouter les doléances des élus, du personnel enseignant et de faire un état des lieux de cette rentrée scolaire placée sous le signe de la Covid.
8h30. Posté devant l’hôtel de ville de Chirongui, le maire Andhanouni Saïd, accompagné de son équipe, accueille le recteur les bras grands ouverts. Celui-ci, à peine descendu de son carrosse ministériel, annonce gaiement sous masque : « Vous êtes la première commune non-urbaine que je visite. Vous êtes les chouchous. » Après de brèves salutations, s’ensuit dès 8h40 une réunion entre les élus et le recteur dans la salle de conférence de la mairie. Au cœur de la discussion ? Les difficultés que rencontre la municipalité notamment au niveau de la sécurité et aux problèmes d’effectifs. Même si la rentrée s’est déroulée dans de bonnes conditions, les élus craignent pour les jours à venir. « Nous avons besoin d’effectifs, il n’y a pas assez de place. La liste d’attente est remplie. Comment faire ? Nous vous demandons de l’aide car le rectorat a promis de participer à la construction des écoles », adresse au recteur Tahamida Ibrahim, l’adjointe au maire chargée de la scolarité et de la formation.
« Il y a urgence dans l’urgence », réplique Gilles Halbout. « Dans la continuité du plan annoncé par le président de la République, nous allons construire 800 salles de classes. Je m’engage à passer à la vitesse supérieure. L’épidémie a ralenti les choses », promet-il. Le recteur tient à rassurer les établissements en ce qui concerne la capacité d’accueil : « Il ne faut pas que cette question vienne dégrader tout le système scolaire, tout ce qui a déjà été fait. Donc il faut se projeter dans la durée car avec les locaux que nous avons actuellement, il est impossible d’accueillir tous les enfants. » Le rectorat propose de s’adapter, prendre des mesures alternatives pour acheminer cette année scolaire et préparer la rentrée 2021. « Le premier objectif est d’accueillir toutes les grandes sections. Ensuite, de prendre entre deux tiers à trois quarts des moyennes sections. Puis de faire venir la moitié des petites sections », réclame Gilles Halbout. Pour la question de la sécurisation des abords, « les infrastructures seront renforcées avec l’engagement de mon ministère ».
« C’est un modèle ! »
9h20. Fin de la réunion. Tout le groupe se mobilise en direction de l’école Said Vitta à Mramadoudou. Le recteur constate l’installation des points d’eau et les travaux en cours concernant une aire de jeu. Puis une visite éclair s’effectue à la demande du maire vers l’école maternelle située aux abords de l’élémentaire. 9h40. Le temps presse. Gilles Halbout est attendu à Sada pour 10h. L’escadron poursuit sa campagne à l’école maternelle de Poroani. Le recteur aperçoit le chantier du parcours de motricité pour les enfants et visite l’emplacement du futur dortoir, un projet qui tient à cœur à la municipalité. « Nous rencontrons un problème d’absentéisme les après-midis. Lorsque les parents viennent récupérer leurs enfants à 10h, ils ne reviennent plus car l’école est excentrée du village. Le trajet et la fatigue en sont les causes », explique Tahamida Ibrahim.
10h00. Le recteur est à la bourre. Une dernière étape l’attend, l’école élémentaire publique de Poroani 2. Un détour qui en vaut visiblement la peine tant il est subjugué par la qualité des installations et infrastructures : « C’est un modèle ! » Toutes les salles de classe sont climatisées, un réfectoire est à disposition des élèves, il y a trois points d’eau dispersés dans l’ensemble de l’établissement, de la verdure, de l’espace et les classes sont en sous-effectif. « Lors des réunions des directeurs de la circonscription de Sada, je me vante d’avoir la meilleure école de Mayotte », se réjouit Idaroussi Aminou Dada, le responsable. Dans le souci de vouloir constamment se développer, le directeur intègrera bientôt le numérique comme discipline à part entière avec la commande de plusieurs tablettes, le tout financé par la municipalité. C’est sous une excellente note que le recteur quitte les lieux en direction de Sada.
Au terme de cette visite, Gilles Halbout a tenu à saluer ses pairs : « J’ai senti une équipe municipale vraiment mobilisée car elle a placé l’éducation au cœur de ses priorités. Nous les suivons de près et sommes disposés à les aider ». Andhanouni Saïd est quant à lui satisfait par l’échange. « Le recteur a pu constater tout ce qui a été fait et ce qui est encore à faire. Nous espérons que les moyens continueront à être reversés pour que nous puissions développer davantage l’éducation de nos enfants. » Selon Tahamida Ibrahim, lors de leur dernière réunion, le recteur a proposé une aide financière, matérielle et humaine aux communes qui le souhaitent. « Il y en a qui n’en veulent pas, nous prenons. Nous ne voulons pas de jeunes descolarisés qui errent dans les rues. Nous mettrons en place tous les moyens nécessaires. »
Si à Chirongui les écoles sont prêtes, ce n’est pas le cas ailleurs
Hier, à l’école primaire de M’Gombani la décision fut sans appel. Le protocole sanitaire n’a pas été respecté, il était donc hors de question, autant pour les parents d’élèves que pour les enseignants, de laisser les enfants intégrer l’établissement. « Le protocole stipule qu’il faut procéder au nettoyage de fond en comble, avant et après l’arrivée des enfants », assène Abdou Ali Mlanao, directeur adjoint de l’école primaire. « Depuis lundi, l’école n’a pas été nettoyée, ni les salles ni la cour. Nous sommes arrivés choqués et horrifiés », s’emporte-t-il. Constat cuisant sur les locaux jugés « insalubres ». Les plaignants ont demandé à la mairie de remédier à ce problème pour que les cours puissent reprendre dans de meilleures conditions.
« Insalubres », un propos qui ne passe pas pour Yssad Mohamed Youssouf, directeur des affaires scolaires, qui trouve cela « tiré par les cheveux ». Il assure tout de même que c’est un manquement au niveau des salles de classes, mais « pour ce qui est des sanitaires, le gros point noir des écoles, le travail a été fait ». Le directeur des affaires scolaires de la mairie de Mamoudzou rappelle que cette école est parmi celles qui ont été « externalisées ». C’est-à-dire que la ville fait appel à des sociétés privées pour s’occuper de l’entretien. « C’est une méthode expérimentale que nous appliquons sur 5 écoles qui ont été sélectionnées. Les autres sont à la charge des mairies, par les agents communaux », souligne-t-il. Selon lui, le marché a été attribué à un prestataire avant la crise de la Covid. Celui-ci prévoyait un nettoyage 3 fois par semaine, le lundi, le mercredi et le vendredi. « Un avenant a été relancé, pour redéfinir les termes du contrat afin de pouvoir intervenir 5 fois par semaine, pour une désinfection et un nettoyage quotidien qui répondra au protocole ». Yssad Mohamed Youssouf assure que le nettoyage quotidien débute dès aujourd’hui.
Cette expérimentation compte s’appliquer sur l’ensemble des établissements scolaires. Une mesure dans l’espoir d’alléger le budget de maintenance de la ville. « C’est un test pour comparer le coût et la qualité de travail entre un prestataire et nos agents. » Un bilan sera fait par rapport aux 36 écoles que la municipalité compte intégrer dans le programme.
Ce mercredi, le tribunal judiciaire de Mamoudzou jugeait trois affaires de petite délinquance. Face à cette violence qui ne cesse de prendre de l’ampleur, la justice elle aussi exprimait son ras-le-bol.
“Vous êtes fiers de ce que vous avez fait devant cette petite fille ?”, tonne le président Laurent Ben Kemoun, tel un maître d’école exaspéré face à un élève turbulent. Mais pour cette rentrée au tribunal correctionnel de Mamoudzou, les faits dépassaient quelque peu les bousculades et vols de cartable. Il faut dire que le prévenu, arrivé flanqué d’une escorte de gendarmes mobiles, est déjà visé pour une affaire de viol qui lui vaut d’avoir passé les sept derniers mois à Majicavo. Cette fois-ci, il comparaissait pour un vol aggravé par deux circonstances commis le 5 avril 2019 à Koungou.
Ce matin-là, un père de famille amène sa fille à l’école en scooter. Sur le chemin, vers 7h, il tombe sur deux individus qui lui demandent d’abord deux euros. L’homme en hâte refuse. C’est alors que l’un des agresseurs agrippe son sac à dos, l’arrache, et prend la fuite avec son comparse. Quelques mètres plus loin, ils font le bilan des courses : 20 euros et un téléphone, qu’ils revendront plus tard dans la journée pour 70 euros. Dans sa déposition, la victime précise que le prévenu était muni d’une scie, qu’il a brandie sans pour autant tenter d’asséner un coup. Si la scie ainsi que l’ADN du voleur ont bien été retrouvés sur les lieux du méfait, le tribunal ne retiendra comme circonstances aggravantes que le vol en réunion et avec violence.
Le fléau de Mayotte
Une affaire somme toute assez banale donc, mais tristement symbolique de la recrudescence de faits de délinquance que Mayotte connaît depuis plusieurs mois. Et qui résonne tout particulièrement après un week-end chahuté par trois faits similaires dont une attaque sanglante d’un client du Jardin Maoré à N’gouja. Et c’est d’ailleurs le constat dressé par le substitut du procureur. “Cette délinquance, c’est le fléau de Mayotte. À la permanence, nous sommes constamment submergés d’appels par des citoyens ou des touristes qui ont subi des agressions. Ce grand sentiment d’insécurité, l’île n’en peut plus”, déplore Ludovic Folliet. Étant donné que le prévenu est déjà en détention dans une affaire pour viol, le parquet ne requiert toutefois qu’un sursis de six mois d’emprisonnement. Les juges seront moins cléments : le prévenu écope de quatre mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Retour à la case Majicavo, dans l’heure ou presque.
Une jeunesse sans repère
Et toute la matinée, c’est peu ou prou le même sketch qui va se jouer, entre des jeunes délinquants oisifs à peine majeurs et une justice désabusée. Un coup, le prévenu a tout juste 18 ans, scolarisé jusqu’en 3e, puis laissé sans orientation. Symbole d’une jeunesse en perte de repères, du genre qui se retrouve un matin d’avril 2020 à boire de l’alcool et à accepter de participer à un cambriolage d’un magasin à Mamoudzou. “Vous êtes jeune vous êtes face à un embranchement : soit vous chutez, soit vous changez de comportement, sinon vous allez finir à Majicavo”, lui prédit le procureur. Lui s’en sortira cette fois-ci un peu mieux que ses pairs, avec 140 heures de travaux d’intérêt général.
“Une réponse pénale sévère”
En effet, dans une dernière affaire de barricades et caillassages, les prévenus, absents à leur propre audience, écoperont d’une peine plus sévère que les réquisitions : un an de prison chacun, et un mandat d’arrêt pour le seul des trois déjà condamné par le passé. Les trois délinquants, âgés de 18 et 23 ans, avaient descendu 50 euros d’alcool à Nyambadao en avril dernier avant de commencer à lancer des pierres, sans trop savoir pourquoi, sans trop s’en souvenir après. Une nonchalance qui n’a pas joué en leur faveur. “Des gendarmes déjà essorés font face à ce genre d’événements tous les jours, et les dommages peuvent être très graves. Par le passé, certains y ont perdu un œil, des dents, ou ont dû être évasanés”, rappelle ainsi le procureur en référence au major de gendarmerie grièvement blessé le 6 juillet dernier. Pour ces faits potentiellement létaux, le ministère public demandait donc une “réponse pénale sévère”. Pour qu’enfin, “le citoyen se réapproprie l’espace public”.
La fédération d’associations organise régulièrement des opérations de sensibilisation aux quatre coins de l’île. À la rencontre de la jeune génération, qui écopera de la lourde tâche de préserver ses richesses naturelles menacées. Reportage.
C’est une matinée calme ce vendredi 21 août. La plage de Sohoa qui se réveille doucement semble n’accueillir que quelques badauds et pêcheurs de poulpe disséminés au loin, l’échine courbée. Mais c’est sans compter l’œil affûté de l’équipe de Mayotte Nature Environnement qui vient de faire rouler son camion pédagogique à quelques mètres de là. Coup d’œil à gauche, les mains sur les hanches, Théophile Kieffer avise un groupe de femmes assises autour de leurs bassines dans un coin reculé de la plage. “Tu veux bien leur demander si on peut leur emprunter les enfants quelques minutes ?”, demande-t-il à Ben Ali, le jeune service civique qui parle shimaoré. L’animateur nature originaire du Grand-Est en France métropolitaine et son acolyte local font un peu la paire.
Leur objectif ? Aller à la rencontre des jeunes générations pour les sensibiliser aux problématiques environnementales, qui sont légion à Mayotte. “Nous utilisons ce camion pédagogique pour aller discuter avec les enfants pour qu’ils comprennent qu’ils vivent dans un endroit magnifique à préserver, au risque de se prendre un retour de bâton. Et parfois, même les adultes se joignent à nous car ils sont intrigués”, déroule Théophile Kieffer. Cette action s’inscrit dans la démarche initiée par Mayotte Nature Environnement, une fédération d’associations née en 2011, et qui s’est donnée pour mission la production de connaissances, l’éducation et la réparation de l’environnement. Pour y parvenir, l’organisation, qui compte plus de 1.912 adhérents, organise des événements comme la Journée Mondiale des Zones Humides, la Journée Internationale des Forêts, la Fête de la Nature, ou encore la Semaine Européenne de Réduction des Déchets. Elle propose aussi des formations et un accompagnement pour ses adhérents.
Dans les classes ou à la plage
Autant d’actions qui viennent s’ajouter aux virées pédagogiques de Théophile Kieffer et Ben Ali. Parfois, le binôme se rend directement dans les salles de classes, Powerpoint et outils pédagogiques à l’appui, pour des sessions plus théoriques. “Le point positif, c’est qu’on peut revenir voir les mêmes enfants. La dernière fois, deux écolières s’étaient renseignées entre les séances. Elles sont revenues nous voir avec une carte en disant “c’est là la barrière de corail !”. Ça faisait chaud au cœur”, sourit ce Vosgien formé à l’éducation à l’environnement. “Mais c’est vrai que mon truc, c’est davantage la pédagogie active.” Et les enfants le lui rendent bien. À peine a-t-il demandé la permission à leurs mamans que la marmaille accourt entre les palmiers. Elle le suit avec curiosité en direction de la tortue en carton que Ben Ali vient de poser sur le sable. “J’ai peur !”, s’exclame une petite, en balayant du regard la plage à la recherche d’une échappatoire ou d’un bras auquel s’agripper. Pas d’inquiétude, lui assure-t-on. “On va même lui donner un nom !”, lance l’animateur. “Nevada”, répond une autre enfant du tac au tac. Confiante.
Vaincre la peur du lagon
Le ton est donné, et la petite troupe est prête pour la première activité senteurs. Les yeux bandés, chacun renifle à tour de rôle des bocaux qui renferment des parfums de l’île aux fleurs. “On a plusieurs outils pédagogiques dans le genre : l’idée c’est de leur faire découvrir des éléments présents à Mayotte, et à chaque fois qu’ils trouvent, on en profite pour glisser un peu de théorie”, décrit l’expert. Une façon aussi d’aborder les enjeux environnementaux qui se posent à Mayotte, comme la problématique des déchets, la déforestation, les menaces sur la barrière de corail…
Mais aujourd’hui, les enfants se lassent vite. Ils n’ont d’yeux que pour Nevada. Le concept de cette nouvelle animation : retrouver l’assassin de la tortue, façon enquête policière. Regroupés autour de feuilles plastifiées, et munis d’une loupe, la petite troupe suit avec attention les explications de Ben Ali. Au gré de leurs découvertes, ils apprennent aussi à différencier une tortue verte d’une tortue imbriquée. Et qu’ils peuvent apercevoir les deux dans le lagon, ici à Mayotte. “Mais on ne va pas dans la mer bleue, on ne va pas aux vagues !”, s’exclament-ils en coeur. Rares sont en effet ceux qui osent nager vers le large, ce qui explique d’ailleurs qu’ils connaissent encore mal toutes les richesses dont regorgent les eaux mahoraises. “Souvent, ils ont peur du lagon. Mais une fois qu’on leur explique, ils sont très intéressés”, confirme l’animateur de MNE. La preuve : une dizaine de minutes plus tard, le groupe s’était déplacé trente mètres plus loin, pour aller observer les poissons. Le sourire aux lèvres.
L’Insee aussi fait sa rentrée et publie sa dernière étude relative à la maternité à Mayotte. Après une baisse en 2018, le nombre de naissances en 2019 a rattrapé le niveau record de 2017. Si les mères étrangères représentent encore deux tiers des naissances, le nombre de mères mineurs est en baisse.
Le record de 2017 a été battu, à dix bambins près. 9.770 enfants sont nés à Mayotte en 2019, a dévoilé l’Insee. En 2018, ce chiffre avait connu une légère baisse, puisqu’ils étaient 170 de moins que l’année précédente à voir le jour. « La fécondité reste très élevée » et « nettement » plus forte qu’en Guyane et en métropole, observe l’institut de la statistique. En effet depuis 2015, le nombre de naissance oscille systématiquement entre 9.000 et 9.800. « Entre 2003 et 2014, il était nettement inférieur : entre 7 000 et 7 500 en moyenne chaque année. » Comme c’est le cas depuis 2016, les trois quarts de ces enfants sont nés de mères étrangères, essentiellement comoriennes (70 %) et, en bien moindre mesure, malgaches (4 %). À l’image de la tendance générale cette année-là, le nombre de naissances de mères comoriennes et malgaches avait faiblit en 2018, avant de repartir à la hausse dès l’an suivant. Si les naissances de mères de nationalité française « sont assez stables depuis 2015, (…) la moitié des enfants sont nés d’un père de nationalité étrangère », là encore, principalement comorienne. « Au final, 55 % des nouveau-nés de 2019 ont au moins un parent français et naissent ainsi Français », relève l’Insee. « C’est autant qu’en 2018, un peu moins qu’en 2016 et 2017 (58 %) et surtout qu’en 2014 (72 %). » Explication avancée par l’Insee : depuis 2012, la population étrangère a fortement augmenté sur le territoire.
430 mères mineures
Fait marquant : le nombre de mères mineures a baissé et représente aujourd’hui 4 % des naissances totales à Mayotte, mais demeure plus élevé qu’à La Réunion ou en métropole. En 2019, elles étaient 430 à donner la vie avant d’avoir atteint la majorité, contre 470 en 2017. « En particulier, 110 enfants sont nés de mères de 15 ans ou moins. La plupart de ces mineures ont accouché dans une maternité (92 % contre 95 % en 2018) », précise l’Insee. « La part de mères étrangères est la même parmi les mères mineures que parmi les majeures (trois quarts). » Autre profil étudié : les mères domiciliées à Mayotte mais qui accouchent en dehors de l’île. Après une forte augmentation entre 2014 et 2017, leur nombre s’est semble-t-il stabilisé : en 2019, elles étaient 300 dans ce cas. La moitié de ces mères ont accouché sur l’île Intense, l’autre moitié en métropole. Elles sont en moyenne plus âgées que celles restées accouché à Mayotte (32 ans en moyenne contre 29). Parmi elles, six sur dix sont natives de l’île aux parfums, deux sur dix de métropole et une sur dix de La Réunion. « Les naissances hors du département restent un phénomène marginal (3 % des naissances en 2019), mais représentent 10 % des naissances des mères françaises domiciliées à Mayotte », commente l’institut de la statistique et des études économiques.
Enfin, la mortalité infantile reste élevée et l’est d’ailleurs bien plus qu’en France hexagonale : en 2019, sur 1.000 enfants nés vivants, 8,5 n’atteignent pas l’âge d’un an, soit un taux de mortalité infantile bien plus important qu’en métropole (3,6 pour 1.000 habitants). Ici, l’espérance de vie s’établissait, l’année passée, à 75 ans, soit huit de moins qu’en métropole.
Depuis le 20 juillet, un mouvement de grève paralyse l’activité de Bourbon Distribution Mayotte. Salariés en colère et direction se renvoient continuellement la balle. Et aujourd’hui, la situation semble au point mort, en raison de l’écart salarial trop important entre les deux parties. Saisie du dossier, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi confirme la complexité des négociations.
Jeudi dernier. Alors que les 135 grévistes de Bourbon Distribution Mayotte, passé récemment sous le fleuron du groupe Bernard Hayot, manifestent dans les rues de Mamoudzou pour exprimer leur colère, la direction publie en simultané un communiqué de presse pour appeler à l’apaisement et à la reprise du travail. Un nouvel affront s’installe alors entre les deux parties, synonyme d’un énième rebondissement dans ce conflit commencé le 20 juillet. « J’ai essayé de rester discret pour ne pas envenimer la situation. Je suis plutôt taiseux au niveau des médias », concède Marc Berlioz, le directeur de la société, dont le son de la voix n’inspire pas la plus grande loquacité… Une volte-face qui s’explique par le statut-quo au niveau des pourparlers entre les deux parties.
Et comme bien souvent, c’est la question de la revalorisation salariale qui fait grincer des dents. « La CGT est revenue sur un certain nombre de points et en a maintenus cinq. Le plus important d’entre eux est l’augmentation des salaires de l’ordre de 150 euros par mois. Puis elle a décidé de revoir sa copie et de descendre ses doléances à 70 euros. Mais la direction a campé sur ses positions, établies lors des négociations annuelles obligatoires, à savoir une hausse de 23 euros », résume Charles Maheke-Ngamaha, directeur adjoint du travail et responsable de l’unité de contrôle à la Dieccte, suite à la première réunion de médiation en date du 21 août.
Des demandes à plusieurs millions d’euros
Cette proposition, Anissa Hadhurami, déléguée syndicale à la CGT-Ma, la compare à du vol. « On nous traite comme des animaux », s’indigne-t-elle. De son côté, Marc Berlioz préfère jouer la carte de la transparence pour justifier son montant. « On est allés au maximum de ce que l’on pouvait présenter. Les demandes du préavis de grève se chiffrent à plusieurs millions d’euros. On ne peut pas se retrouver dans des situations qui ne nous permettraient pas de maintenir nos prix. L’entreprise ne serait pas viable ! » Un écart abyssal qui ne risque pas de se réduire en un claquement de doigts à la vue de la position ferme des uns et des autres… Sans compter les tensions qui règnent au sein de l’enseigne à en croire le directeur : réception d’œufs pourris, pneus crevés ! « Il y a même eu un incendie criminel [il y a une dizaine de jours] dans notre entrepôt, qui est une installation classée pour la protection de l’environnement. Si celui-ci avait abouti, toute la zone Nel serait partie en fumée. » Des balivernes pour la représentante du personnel qui s’emporte à l’idée d’être pointée du doigt face à de telles accusations. « On n’a rien à avoir avec ça ! On n’est pas aux Comores, on est dans un État droit. »
Deuxième réunion de médiation avortée
Autre sujet de discorde ? Les entraves à l’encontre des salariés non-grévistes et des clients. « On distribuait des tracts pour sensibiliser la clientèle à notre mouvement », défend Anissa Hadhurami. Tandis que celles-ci avaient cessé, elles seraient à l’origine du report d’une seconde réunion avec la Dieccte prévue ce mardi matin, qui devait aboutir à l’annonce d’un avantage en nature étalé sur plusieurs mois. « On attendait ça aujourd’hui, mais la direction avait posé des préalables pour reprendre les discussions, à savoir que les syndicats arrêtent les blocages des sites. Voyant des caisses de Jumbo remplies de marchandises et la poursuite de ces derniers, elle a décidé de ne pas négocier sous la contrainte », relate Charles Maheke-Ngamaha, précisant au passage le déplacement de quatre membres du comité social et économique de l’entreprise, qui ont confirmé leur présence sur les lieux en question dans le seul but de dénoncer les recours à la sous-traitance. « Notre directeur, un dictateur qui se comporte comme un gamin, a recours aux intérimaires pour nous remplacer et étouffer le mouvement. » Un obstacle au bon fonctionnement de BDM difficilement vérifiable sans la présence d’un huissier sur place.
En se tirant dans les pattes avec une telle férocité depuis maintenant plus d’un mois, il apparaît compliqué d’envisager un terrain d’entente entre la hiérarchie et le syndicat. Si Marc Berlioz assure que « le dialogue reste ouvert », Anissa Hadhurami se montre quant à elle beaucoup plus catégorique dans ses propos. « On ne veut pas le voir, qu’on nous envoie quelqu’un d’autre. La lutte continue, on ne va rien lâcher ! ». Aujourd’hui, tout semble reposer sur les épaules du médiateur de la Dieccte pour faciliter la sortie de ce bras de fer.
Par la voix de son président Charles-Henri Mandallaz, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Mayotte (UMIH 976) tire la sonnette d’alarme. Les récents événements de violences qui ont frappé l’île et plus particulièrement deux établissements touristiques sont la goutte d’eau pour le secteur CHRD (cafés, hôtels, restaurants et discothèques), déjà rudement éprouvé par les mesures sanitaires liées à la Covid-19. Entretien.
Flash Infos : Deux agressions ont eu lieu le week-end dernier sur des clients d’hôtel, à Sakouli et au Jardin Maore de N’gouja; Quelques semaines plus tôt, c’est l’hôtel Trévani qui subissait des violences. Assiste-t-on là à un nouveau phénomène dans les violences qui frappent l’île ?
Charles-Henri Mandallaz : Plus aucun lieu ne bénéficie de passe-droit. Ces actes de violence ont d’abord visé les résidences personnelles des gens, ensuite les entreprises ont eu droit à leur lot de visites et maintenant, les établissements touristiques n’y échappent pas. D’abord Trévani, visé par une intrusion sur site avec des menaces. Ensuite ces agressions préoccupantes sur deux autres sites avec des blessures sérieuses. Ce week-end, il faut dire qu’il y a eu un vrai cumul dont les réseaux sociaux se sont fait l’écho et sur lequel nous déplorons a contrario le silence de la presse. Ce silence médiatique interpelle notre profession. Nous aimerions que ce sujet devienne le sujet numéro 1. Encore aujourd’hui, en pleine journée, on entend que des bandes rivales s’affrontent entre M’Tsapéré et Mamoudzou. C’est tout le temps, H24, et c’est intolérable pour un département français. Nous n’entendons pas négocier la sécurité, quel qu’en soit le prix, elle nous est due.
Il faut aussi arrêter de se mentir. C’est vrai qu’il y a quelques temps, on pouvait avoir la sensation que tout cela relevait du ressenti. Parce que Mayotte, c’est petit. Parce que tout le monde se connaît, que nécessairement, les nouvelles vont vite. Ce n’est plus le cas. Il faut aussi arrêter de jouer sur les mots : nous n’avons pas affaire à des actes d’incivilité, quand on assène un coup de chumbo à la figure de quelqu’un c’est un crime. Une étape a été franchie. Cela fait une vingtaine d’années que je suis à Mayotte et c’est vrai qu’on a toujours eu comme consigne d’éviter de se rendre seul à certains endroits, comme la plage de Soulou. Maintenant, vous avez des agressions au mont Choungui, à Saziley, au lac Dziani, à la plage du préfet… Aujourd’hui dès que l’on veut se rendre d’un point A à un point B, c’est toute une expédition. Alors les gens ne veulent plus sortir.
FI : Vous l’avez dit, le climat pour cette rentrée est pour le moins tendu. En plus des violences, la crise sanitaire fait planer des doutes sur la reprise des activités. Quel impact cela a-t-il sur votre profession ?
C-H. M. : Le contexte sanitaire pèse bien sûr sur la profession. Mayotte reste en orange, pour des raisons que nous avons du mal à comprendre. Et tout cela a un impact direct puisque de nombreux établissements ne peuvent toujours pas ouvrir ou conservent des interdictions. Les discothèques sont encore fermées, les soirées dansantes interdites. Ajoutez à cela les problèmes liés aux tests Covid, les histoires de septaine ou de quatorzaine à en perdre le fil, les documents à sortir pour effectuer le moindre voyage… Résultat, les séjours s’annulent les uns après les autres. Tout le monde tourne au ralenti forcé, avec au mieux 50% de son activité. Certains de nos adhérents ont cette petite chance d’être conventionnés avec des agents de l’État ou de la gendarmerie, qui assurent un minimum de remplissage. Mais quand vous ne pouvez pas faire le moindre événement, concert, séminaire ! Bien sûr que l’enveloppe du chiffre d’affaires s’amenuise. Nous n’avions donc vraiment pas besoin des images auxquelles nous avons eu droit ce week-end. La clientèle, pourtant forcée à la sédentarité pendant ces vacances 2020 un peu particulières, n’a pas envie de revenir au vu du contexte sécuritaire et nous ne l’avons pas retrouvée, même déconfinée. Quand vous voyez ce qu’on récolte avec un week-end entier de violences entre Majicavo et Kawéni, on ne peut pas vraiment lui en vouloir.
FI : Face à cette situation, quelles solutions envisagez-vous, à l’UMIH 976 ?
C-H. M. : Le gérant de l’hôtel Trévani avait déjà adressé un courrier à la préfecture pour signifier cet événement et dire que la situation était devenue intolérable. Nous lui avons emboîté le pas à l’UMIH début août pour lui apporter notre soutien et rappeler que toutes nos structures étaient susceptibles d’avoir à faire à ce genre d’événements déplorables. Enfin, hier, nous avons adressé un courrier à la Présidence de la République et aux directeurs de cabinet des ministères de l’Intérieur, de la Justice et des Outre-mer pour leur signifier ces derniers états de fait. Et lancer un appel au secours, tout bonnement. Nous n’avons pas encore de réponse, mais nous les attendons de pied ferme. Nous ne sommes pas des décideurs politiques, nous sommes des citoyens qui aimeraient avoir un peu de tranquillité, et des chefs d’entreprises qui souhaiteraient pouvoir évoluer dans un climat serein pour se développer sur le moyen et le long terme. Or, rien n’est moins sûr. C’est une volonté politique qu’il nous faut. Nous n’allons pas nous mettre tous à assurer notre propre sécurité, à devoir payer des services de gardiennage, que sais-je ! L’État est le garant de la sécurité sur l’île, il doit rétablir l’ordre républicain avec des solutions pérennes, pas des dispositifs de quinze jours. Et cela passe d’abord par une réponse sécuritaire pour permettre à tout le monde de souffler et ensuite penser tous les aspects sociaux. Mais là, nous n’avons plus le temps de passer de commission en commission, il y a urgence.
Ce lundi à Tsoundzou 1, tout le monde reprenait un peu le chemin de l’école. Et pour marquer le coup, le maire de Mamoudzou avait organisé une rentrée scolaire haute en couleurs à l’école primaire Foundi Adé, en présence du préfet Jean-François Colombet, fraîchement revenu de congés, et du recteur Gilles Halbout. L’occasion de faire le tour des nouvelles installations… et de saluer la réussite de cette rentrée un peu particulière, Covid-19 oblige.
Dès 13h20, une importante délégation patiente déjà en rang d’oignon devant les voitures garées du parking. Le petit gratin composé d’élus et de personnels d’administration profite d’un laps de temps en attendant le délégué du gouvernement et les derniers arrivés, pour enfiler les colliers de fleurs et reprendre des nouvelles. Quelques minutes plus tard, la voiture du représentant de l’État tourne finalement au bout de la rue. “Là, tout le monde est là !”, tape des mains le recteur Gilles Halbout, satisfait. La fine équipe, masques sur le nez et colliers autour du cou, peut alors entamer le tour du propriétaire.
Pause lavage de mains réglementaire
Et c’est du propre ! En haut des escaliers qui mènent à la cour, une première rangée de lavabos flambant neuve accueille les nouveaux arrivants. En tout, quatre nouvelles installations de ce type, préconisées par l’agence régionale de santé pour garantir le respect des gestes barrières, ont été disséminées dans l’établissement. La délégation passe son chemin pour s’arrêter dans une première salle. Les “bonjour les enfants” fusent de toutes parts avec des grands coucous de la main, mais la petite classe reste bien silencieuse, un peu intimidée par ces démonstrations. Sur le chemin du retour, premier stop aux lavabos, où des écoliers frottent vigoureusement leurs mains sous le regard avisé d’une accompagnatrice et les flashs crépitants des appareils photos. ”Là s’il y a un virus qui a résisté !…”, s’amuse le recteur devant l’application d’un enfant, arraché de la cour de récré pour un lavage des mains d’école.
Le choix de l’école
Ici, tout le monde est un peu bon élève. Il faut dire que le choix de cet établissement pour inaugurer la rentrée n’est pas complètement anodin. “J’ai demandé aux services de faire des propositions et c’est vrai que je suis aussi du village”, sourit d’abord le nouveau maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. Mais c’est aussi l’un des établissements qui a rouvert ses portes après le confinement pour deux semaines. “Oui, et pendant les vacances scolaires, une quarantaine d’enseignants sont restés mobilisés pour le dispositif des vacances apprenantes”, ajoute l’édile. Autant de bons points qui lui ont permis de gagner un cran d’avance sur d’autres établissements, moins chanceux. Comme par exemple Doujani 2, encore en travaux et qui n’a pas pu rouvrir ce lundi à cause des dégradations qu’elle a subies. “Doujani 2 ? Elle fait partie des premières écoles à être construites dans la commune !”, s’exclame le maire. “Donc il a fallu faire une rénovation totale, des plafonds, de la peinture…”. En comparaison, Foundi Adé est toute jeune. “On y a mis les pieds la première fois il y a trois ans, donc au niveau des sanitaires tout était déjà bien en place, il y avait déjà ce qu’il fallait pour le savon etc.”, explique la directrice du groupement scolaire.
Encore plusieurs défis pour la rentrée
Pour les établissements moins récents ou moins dotés qui n’ont pas encore pu rouvrir, le recteur se veut toutefois rassurant. “Il y a en effet encore une grosse quinzaine d’établissements fermés, mais les commandes sont passées et les travaux sont bientôt finis”, fait-il valoir. Quid des écoliers concernés ? “Nous allons faire un accompagnement, et pour les deux écoles qui doivent ouvrir dans deux semaines (à Kani-Kéli et Miréréni NDLR), nous allons lancer la continuité pédagogique”, développe-t-il en référence à l’enseignement dispensé à distance qui a déjà permis de limiter la casse scolaire pendant le confinement.
Mais d’autres défis pourraient bien assombrir le retour sur les bancs de l’école des quelque 100.000 élèves de l’île. La problématique du manque d’eau a déjà été identifiée, et le rectorat s’est procuré des citernes pour les écoles du premier degré, qui leur donnent 24h d’autonomie en cas de coupure. Quant à la grève des transporteurs, qui a empêché certains élèves de se rendre en classe ce matin “nous suivons cela avec attention, en restant en lien avec le conseil départemental”. Pour l’instant, des solutions ponctuelles ont été trouvées avec des sous-traitants. “Pour certains élèves, il y a donc eu zéro impact”, insiste Gille Halbout.
Enfin, sur les violences qui ont poussé certains élèves à exprimer leur inquiétude de revenir à l’école, notamment depuis les heurts entre Majicavo et Kawéni, rectorat comme préfecture assurent mettre les bouchées doubles. “C’est le plus important dispositif qu’on ait jamais mis en place à Mayotte, avec une présence dans les autocars, une sécurisation des hubs, une présence à proximité des lycées et des collèges et autour des itinéraires de transport scolaire”, déroule Jean-François Colombet. Et de conclure : “c’est vrai qu’on m’en avait parlé, de cette rentrée sous tensions. Mais finalement elle a été parfaitement préparée. Très belle journée, très sereine”.
Laurent Beaumont, président et fondateur de Yes We Cannette a tiré sa révérence, 5 ans après la création de l’épicerie solidaire qui propose aux familles aux revenus modestes d’obtenir des denrées alimentaires en échange de canettes ramassées dans les rues. Il revient sur le chemin parcouru, les objectifs atteints et l’association. Entretien.
Flash Infos : L’association a été créée il y a 5 ans, en partant du constat qu’il fallait préserver l’environnement de Mayotte. Quel bilan faites-vous de l’action de Yes We Can Nette ?
Laurent Beaumont : Début 2016, lorsque l’association a été fondée, la situation environnementale était alarmante. En 2020, elle l’est tout autant. Notre seule satisfaction à ce jour est d’avoir fait bouger les lignes sur le sujet en démontrant qu’il préoccupait tout le monde et que chacun peut jouer un rôle sur la question, en mode colibri ou en mode mastodonte. Des deux catégories, ce sont surtout les colibris qui se remuent aujourd’hui.
FI : Comment était né le concept de l’association ? Pouvez-vous rappeler comment elle fonctionne ?
L. B. : Cela peut surprendre mais Yes We Can Nette est un vrai conte de fée associatif ! Il était une fois, quatre copains autour d’une table qui se sont dits « et si « … et puis tout a commencé. Notre concept est né de l’observation que certaines associations s’épuisaient à nettoyer certains sites, dans un cycle sans fin… C’était un peu le tonneau des Danaïdes qui ne se vidait jamais. Sitôt nettoyés, les sites étaient à nouveau pollués par d’autres personnes. Cela va peut-être surprendre mais la vocation de Yes We Can Nette n’est pas de ramasser des canettes, ni autres choses d’ailleurs, mais de créer une démarche dans laquelle chaque acteur, chaque citoyen, chaque habitant prend ses responsabilités dans son cadre de vie environnemental. L’idée d’une contrepartie « sociale » via une alimentation moins chère ne doit pas faire oublier que beaucoup de citoyens apportent des canettes à l’association sans rien demander en retour. Ensuite, on s’est éloignés de la seule question des déchets, notamment en développant des laveries sociales. Aussi, aujourd’hui, notre démarche vise davantage à permettre à tous les citoyens d’être acteurs, vertueux et que la question sociale ne soit plus un obstacle.
FI : Les épiceries de M’Tsapéré et de Petite Terre ont fait l’objet de vols et d’actes de vandalisme. Cela a-t-il eu un impact sur votre engagement et votre décision de partir ? Et sur le moral des équipes de bénévoles ?
L. B. : Ma décision de quitter Mayotte repose sur des motivations familiales et personnelles, et n’est absolument pas liée à ces récentes exactions. Ces actes de vols et de vandalisme ont posé des difficultés en termes de fonctionnement pour les équipes techniques mais aussi pour les bénévoles.
On avait également perdu un véhicule en début d’année, entièrement ravagé par un acte de vandalisme totalement gratuit. Pour une petite association comme Yes We Can Nette, c’est une perte sèche, car nos moyens sont très limités. Voir son outil et son lieu de travail vandalisés est un vrai traumatisme pour les équipes engagées au quotidien sur leurs missions. La détermination de l’ensemble du conseil d’administration et de notre équipe technique n’a pas fléchi, bien au contraire. Les messages de solidarité de la part de nombreux militants nous ont fait chaud au cœur.
FI : Vous dites sur votre page Facebook que deux objectifs ont été atteints : changer les regards et les pratiques environnementales et prouver que la solution tient à la volonté de préserver l’île plutôt que “de faire de l’environnement un cynique secteur marchand”. Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par là ?
L. B. : On parle encore de Mayotte comme de l’île aux parfums. Mayotte est la fierté de ses habitants et nombre d’entre eux répondent présents pour lutter contre les agressions environnementales. Ils sont cependant impuissants lorsque des missions de service public ne sont pas assumées à la hauteur de ce que chaque citoyen est en droit d’attendre.
FI : Les problématiques des déchets et de la pollution restent très présentes à Mayotte. Sans action forte des autorités et des élus, l’action des associations peut-elle suffire face à l’ampleur des enjeux ?
L. B. : Mayotte s’est lancée dans une spectaculaire mutation à la fois économique et sociale qui s’accompagne de retombées environnementales très défavorables. Le secteur associatif joue un rôle clé dans la sensibilisation de toute la société mahoraise mais pendant longtemps on a opposé développement et environnement, et c’est là l’erreur à mon sens. Un engagement pragmatique de toutes les parties sur l’environnement ne pourra qu’être bénéfique pour tous les acteurs et sera source de retombées économiques et touristiques, mais surtout de sens pour une partie de la jeunesse locale qui cherche encore sa place sur notre île.
La communauté de communes de Petite-Terre vient de lancer le programme Service local d’intervention pour la maîtrise de l’énergie. L’idée est d’accompagner les ménages en situation de précarité énergétique dans le but de leur apporter des solutions adaptées pour réaliser des économies.
Grande première à Mayotte. La communauté de communes de Petite-Terre lance le programme Service local d’intervention pour la maîtrise de l’énergie, qui rentre dans le cadre du plan climat air énergie territorial. « Ce dispositif est très pertinent en matière de précarité énergétique », souligne Tchico Afaya Souffou, chargé de mission au sein de l’intercommunalité. Pour qu’il soit efficace, encore faut-il repérer les foyers modestes éligibles… Et à ce petit jeu-là, il souhaite s’appuyer sur les donneurs d’alerte, à l’instar des centres communaux d’action sociale (CCAS), « sur qui nous comptons fortement » et EDM, pour dénicher les ménages. Et les places sont chères pour cette première année puisque seuls 150 chanceux pourront en bénéficier dès le mois de septembre !
S’ensuit alors la réalisation de deux visites à domicile pour réaliser un diagnostic socio-technique et apporter des conseils d’usage et comportementaux en lien avec la réalité du logement et des équipements. Cette prise de contact est aussi l’occasion d’offrir des petits équipements économes en énergie/eau. « Une fois conseillés, ils reçoivent un kit comprenant une ampoule et des réducteurs de débit. » Mais le nerf de la guerre se joue surtout à partir de l’étape suivante, c’est-à-dire après la phase orientation. C’est à ce moment-là que « des organismes compétents reprennent les dossiers pour chercher des financements pour eux ». Un accompagnement adapté et sur-mesure en fonction de la situation de chacun pour par exemple recourir au fonds de solidarité logement ou au fonds national des aides à la pierre. D’où la signature d’une convention de partenariat avec Soliha (Solidaires pour l’Habitat), qui a déjà fait ses preuves en métropole à ce sujet-là.
Si sur le papier ce nouvel outil peut sembler lourd d’un point de vue administratif, il peut permettre de réduire considérablement la voilure des habitations sélectionnées. La communauté de communes de Petite-Terre espère d’ailleurs donner des idées aux autres collectivités ou encore le voir se développer sur l’ensemble du département. En cinq ans de fonctionnement, le programme SLIME a permis de repérer, diagnostiquer et orienter plus de 18.000 ménages en France et d’investir plus de 17 millions d’euros dans la lutte contre la précarité énergétique.
* Pour plus d’information sur le dispositif, les foyers intéressés peuvent contacter la communauté de communes de Petite-Terre par e-mail à environnement@cc-petiteterre.fr ou au 02.69.80.77.00, poste PCAET.
Hier, lundi 24 août, les sapeurs-pompiers de Mayotte ont enclenché la grève du ras-le-bol. Du conseil départemental de Mamoudzou jusqu’au SDIS (service départemental d’incendie et de secours) de Kaweni, les secouristes ont manifesté envers et contre toutes les difficultés qu’ils rencontrent aussi bien dans leurs casernes que dans les lieux d’intervention. Au cœur de revendications ? L’insécurité et le départ imminent du colonel Fabrice Terrien, directeur de SDIS de Mayotte.
« La raison pour laquelle nous descendons dans les rues, c’est pour revendiquer le départ du directeur, le colonel Fabrice Terrien, mais aussi pour faire comprendre aux autorités compétentes que la vie des pompiers est en jeu », clame Colo Bouchourani, président du syndicat autonome FA/SPP-PATS Mayotte (fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques spécialisés). « Nous sommes agressés, menacés matin, midi et soir. Avant, c’était dans les lieux d’intervention, maintenant c’est carrément dans nos casernes », raconte-t-il, rappelant au passage que certains de ses collègues ont été poignardés et caillassés.
« Ils attendent quoi ? Qu’un pompier trouve la mort pour qu’ils agissent ? », s’insurge le porte-parole du mouvement. Les soldats du feu veulent que leurs conditions de travail s’améliorent dans ce climat d’insécurité. « Nous demandons à ce que les pompiers aient des lieux de vie convenables, ce sont à l’heure actuelle des taudis. Nous voulons des caméras de surveillance et des murs qui sécurisent les sites au lieu des simples grillages comme à Kahani. Parfois même, c’est le néant comme à Pamandzi. »
Désormais, il n’est plus question d’exercer dans ces conditions sans que des mesures drastiques soient prises. « Ce n’est pas faute d’avoir prévenu. Nous avons envoyé des communiqués de presse aux élus et au préfet pour qu’une solution soit trouvée ». Selon le président du FA, après maintes relances, aucune mesure n’a été prise pour subvenir aux besoins des pompiers. « Mais le pire, c’est que derrière, nous sommes constamment harcelés par la direction », martèle-t-il. Une pression ne cesserait de prendre de l’ampleur depuis l’arrivée du directeur Fabrice Terrien, il y a maintenant « 1 an et 10 mois ».
« Terrien quitte les lieux ! »
C’est dans un élan de révolte que les pompiers arborent leurs pancartes « Terrien quitte les lieux ! » sous la chaleur du bitume. « Nous ne voulons plus continuer à travailler avec la direction actuelle parce qu’après quasiment 2 ans de silence, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y a aucun désir de nous aider », assure Colo Bouchourani. « À part publier des clichés de nos casernes, les juger insalubres, critiquer nos compétences et notre hygiène de vie, il n’a rien fait. » Les secouristes dénoncent également un manque de considération et un mépris profond du colonel Terrien envers eux. Ahmed Allaoui Abdoul-Karim, président du SNSPP (syndicat national des sapeurs-pompiers), va plus loin et fustige directement la présidente du service, Moinaecha Soumaila : « Elle est politiquement irresponsable. Elle n’a aucune compétence pour gérer un service. C’est la marionnette du directeur. Dehors elle aussi ! »
Une réunion se tient ce matin à 8h entre le directeur de cabinet de la préfecture et les quatre représentants des syndicats, à Dzaoudzi. « Nous ne souhaitons ni y voir la présidente, ni le directeur », assène le président de la SNSPP. Si cette rencontre ne s’avère pas concluante, la grève se poursuivra avec une nouvelle stratégie. « Tous les jours, nous procèderons autrement », prévient le président du FA. « Nous engageons le bras de fer jusqu’à l’exécution de nos revendications. Nous sommes prêts à en tirer les conséquences », ajoute-t-il. Hier, le président a estimé le nombre de grévistes entre 150 et 200. Il assure ils seront plus nombreux aujourd’hui car la rentrée scolaire a réquisitionné quelques parents qui devaient répondre à leurs obligations. Pour rappel, chaque caserne a une équipe minimum prête à intervenir en cas d’urgence. « Nous sommes là pour l’intérêt et la sécurité de la population, nous ne les abandonnerons pas », rassure le chef du syndicat autonome.
Alors qu’un torrent de violence s’abat sur l’îe, les secouristes sont dans l’incapacité de ve-nir en aide à la population par peur des hostilités. Témoin malheureux de l’attaque perpé-trée à Combani envers les agents du SMUR, les pompiers et la gendarmerie, Nourddine Mkadara, nous plonge au coeur de cette nuit cauchemardesque qui hante désormais le corps médical mahorais. Du haut de ces 7 années d’expériences au SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation) du centre hospitalier de Mayotte, l’ambulancier polyvalent de 40 ans nous livre les détails de l’intervention qui a failli lui coûter la vie.
Flash Info : Dans quelles conditions ont eu lieu l’agression ?
Nourddine Mkadara : C’était dans la nuit du samedi au dimanche 2 août, j’étais de garde. L’appel est déclenché à 1h du matin au sujet d’une agression à l’encontre de trois hommes dans le restau-rant « les artistes » à Combani. D’après les témoins, le passage à tabac résulte d’une pénurie de sandwich. Notre escouade, composée d’un médecin, d’une infirmière, et moi en tant que chauffeur, partait alors immédiatement à leur rescousse. Une fois sur place, les lieux étaient vides à cette heure tardive de la nuit, aucun danger n’était donc à présager. Dès lors, deux dames nous indi-quent l’emplacement des victimes. Avant que nous intervenions, j’ai souhaité faire une vérification des lieux afin de prévenir mes collègues en cas de danger. J’ai été le plus à même à le faire puisque j’habite le village.
Sur la scène du drame, c’était un bain de sang. Deux hommes ensanglantés, le premier assis sur une chaise, le second inconscient au sol et un autre avec des blessures mineures qui a pu rentrer chez lui. C’est à ce moment que je donne le feu vert à mon équipe pour initier les premiers soins. Cinq minutes plus tard, les gendarmes et deux VSAV (véhicule de secours et d’assistances aux victimes) arrivent. Logiquement, ils devaient être sur les lieux bien avant nous qui venions de Ma-moudzou puisque la caserne est à Kahani. Mais les pompiers avaient la consigne stricte de ne pas intervenir sans la brigade de la gendarmerie de Sada.
Il faut savoir que nous sommes des urgentistes non habilités à transporter des patients car notre véhicule est un 4X4 uniquement équipé du matériel médical. Une fois les blessés stabilisés, la prise en charge par les pompiers est enclenchée. Prêt à intervenir en cas de pépin, nous escor-tons les VSAV jusqu’au CHM.
À peine la première ambulance prête à partir, un bruit retentit. Des projectiles sont lancés en notre direction. Les assaillants, à visage découvert dans le premier acte, reviennent cette fois-ci cagou-lés, armés de pierres, de bâtons et de parpaings. Une dizaine de jeunes, âgé entre 12 et 15 ans. Ils saccagent le véhicule du SMUR et le second VSAV, le matériel médical détruit à même le sol. Le chauffeur est allé se réfugier au RSMA (régiment du service militaire adapté). Je suis resté im-puissant face à cette scène d’horreur. Gendarmes, pompiers et soignants, tous étions encerclés tout en étant caillassés. C’est à l’arrivée des renforts de la police municipale que les délinquants se sont enfuis. Bilan : le véhicule du SMUR est hors d’usage, idem pour celui de la gendarmerie.
FI : Quelle a été votre réaction à la suite de cet incident ?
N. M. : Le lendemain de l’incident, une réunion d’urgence s’est organisée entre le personnel soi-gnant, médecins, infirmiers, ambulanciers et l’équipe du SMUR. La direction en a été informée. Nous avons abordé la question des conditions de travail et l’absence de communication de la di-rectrice du CHM, Catherine Barbezieux.
J’ai demandé personnellement à la rencontrer, elle qui est restée muette vis-à-vis de ce drame alors même que les médias en parlent. Je souhaite pouvoir lui partager ces souvenirs horribles qui m’empêchent de dormir, qui sont les causes de mes cauchemars, de mon traumatisme. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. Sollicitée depuis la réunion du 3 août jusqu’à présent, elle n’a tou-jours pas daigné nous recevoir.
FI : Quelles sont vos revendications à l’heure actuelle ?
N. M. : Dans un premier temps, il y a un sévère manque de moyen. Les de 4×4 du SMUR sont hors d’usage, nous avons un vieux minibus qui a été équipé de manière à pouvoir continuer à ai-der les Mahorais. Cependant, étant donné la qualité des routes dans l’ensemble de l’île, il y a des zones inaccessibles dans lesquelles il est impossible d’intervenir. Donc nous voulons déjà les moyens d’être opérationnels. Ensuite, nous avons demandé à ce qu’il y ait les forces de l’ordre lors de chaque intervention afin de travailler en toute sérénité car il est inconcevable de se faire agres-ser dans l’exercice de notre fonction. C’est malheureux parce que dans ce métier, le temps sauve des vies. Dorénavant, il va falloir attendre que la zone soit sécurisée pour agir.
FI : Comment est l’atmosphère au sein du personnel hospitalier ?
N. M. : Sincèrement ? La peur règne ! Dès qu’un appel est dirigé vers nous, le premier réflexe est de s’informer sur le lieu. Tout le territoire représentant un risque, nous prenons notre courage à deux mains et nous lançons les gyrophares. Cependant, quand l’intervention fait suite à une agres-sion, nous faisons volte-face. Les sonneries du téléphone provoquent désormais une panique to-tale dans nos rangs. Malgré tout, nous sommes obligés de faire notre boulot, car les gens ont be-soin de notre aide. Il est hors de question d’abandonner la population. Des vies sont en jeu.
La situation est au point mort. Le conseil départemental et les chauffeurs de bus scolaire n’ont toujours pas trouvé de terrain d’entente. Coincés entre un cadre administratif flou et la peur de perdre leurs emplois, les 80 conducteurs de Matis ont annoncé ne pas rouler pour la rentrée.
Dimanche 23 août, la rentrée est demain. Mais les chauffeurs de bus, eux, ont prévu de ne pas répondre présents. À défaut d’un accord conclu à temps avec la collectivité, les 80 conducteurs de la société Matis, délégataire de service public, maintiennent leur mouvement de grève illimité annoncé le mois dernier. En d’autres termes, à l’heure où nous bouclons cette édition, les bus ne devraient pas rouler pour la rentrée. Mais à l’échelle du département, un élève sur deux utilise les transports dans le second degré.
Pourtant jeudi soir, élus et représentants syndicaux s’étaient rencontrés pour tenter de clarifier la situation. En vain. D’abord, les chauffeurs de bus réclament depuis plusieurs semaines que le Département s’engage à les transférer automatiquement à la nouvelle entreprise délégataire, et ce en maintenant leurs acquis antérieurs comme le treizième mois ou la prime d’ancienneté. Une clause en vigueur depuis 2010, mais effacé sans sommation du récent appel d’offre de marché public de transport scolaire. Une situation sur laquelle se prononcera le tribunal administratif mardi, après avoir été saisi en référé par la direction de Matis.
La même stratégie qu’en 2018 ?
Et si le conseil départemental cherche repreneur, c’est parce que son contrat passé avec l’entreprise réunionnaise a expiré… au 31 juillet dernier. Et aucun autre nouveau marché n’a été passé. Seule solution envisageable à ce stade : la signature d’une convention de gestion provisoire, qui permettrait d’apporter un cadre juridique en attendant qu’aboutisse l’appel d’offre en cours. Mais selon Anli Djoumoi Siaka, secrétaire général de FO Transport, le Département n’a, en l’état, « rien à proposer ». « Ils se foutent de notre gueule », tempêtait-il au sorti des négociations. « Nous, on ne roulera pas, et s’il faut que ça dure un, deux ou trois mois, ça durera un, deux ou trois mois ! » Autre problème de taille, si les chauffeurs prennent la route sans que ne soit conclu ladite convention, ils ne seront pas assurés en cas d’accident, à l’image des jets de pierre dont sont régulièrement victimes les chauffeurs de bus.
À ce stade, la paralysie de la situation n’est pas sans rappeler le conflit qui opposait le conseil départemental et les chauffeurs de Matis en 2018, suite à la réorganisation du marché du transport. Les bus avaient alors bloqué toutes les voies d’accès routier au Département. Une nouvelle opération escargot est-elle cette fois envisagée ? « Pas pour l’instant », rassure tout de même Siaka.
Alors que les syndicats des enseignants et les associations des parents d’élèves manifestent leurs craintes sur les conditions d’accueil de la rentrée 2020, le recteur de Mayotte se veut rassurant. La majorité des établissements du primaire et du secondaire seraient prêts à recevoir élèves et professeurs. Mais tous le savent, cette rentrée ne rendra pas de copie sans fautes.
C’est le jour J pour les élèves mahorais. À partir de ce lundi 24 août, ils retrouvent progressivement les bancs de l’école. Des écoles qui sont censées respecter les règles du nouveau protocole sanitaire de l’Éducation nationale. Celui-ci a été allégé, au grand dam des enseignants qui redoutent une recrudescence des cas positifs à la Covid-19 pour cette rentrée. Certaines règles ne seront plus de mise, notamment la fameuse distanciation physique. Dans les espaces clos, « elle n’est plus obligatoire lorsqu’elle n’est pas matériellement possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves », précise le protocole sanitaire. À l’extérieur, elle ne s’applique pas du tout. On pourrait croire que cet allègement a été pensé pour les établissements en sureffectif, à l’image de ceux de l’île. Les groupes de 10 à 15 élèves ne seront donc plus de rigueur, mais les enfants de plus de 11 ans devront porter un masque. Les professeurs aussi y sont contraints, sauf ceux des écoles maternelles et s’ils arrivent à garder une distance d’au moins un mètre. « Les personnels de l’Éducation nationale recevront des masques et du gel hydroalcoolique sera à disposition dans tous les établissements », annonce le recteur Gilles Halbout. Les élèves qui n’en n’ont pas pourront en bénéficier, mais « il appartient aux parents de fournir les masques à leurs enfants », rappelle le protocole sanitaire.
Des travaux en cours
Le plus gros enjeu de cette rentrée est probablement la mise aux normes des établissements scolaires pour assurer la sécurité sanitaire de tous. Pour cela, des travaux ont été entamés pendant les vacances scolaires et même bien avant pour certains. Un cabinet d’architecte a été mandaté par le rectorat de Mayotte pour aider les communes à faire l’état des lieux de leurs écoles et donner des directives pour les rénovations. Pour l’heure, il reste encore beaucoup à faire. « Les préconisations à court terme ont été suivies et tout est prêt. Les plus gros travaux sont lancés pour finir d’ici deux mois, mais ils n’empêcheront pas la rentrée », avance le recteur. Une affirmation à relativiser puisque plusieurs écoles ont d’ores et déjà annoncé le report de la rentrée à la semaine prochaine à cause de travaux non finis. Ces retards auraient-ils pu être évités si tous les établissements avaient rouvert au mois de mai ? Selon Gilles Halbout, « les collèges et lycées qui avaient ouvert en période de forte pandémie sont encore plus prêts maintenant. C’est la raison pour laquelle on voulait que les cours reprennent avant les vacances, c’était pour s’apprêter pour la rentrée ».
La sécurité au centre de tout
Les récents épisodes de violence qui se sont répétés sur l’ensemble du territoire et notamment à Majicavo et à Kawéni ne rassurent pas les parents d’élèves. « Au lycée Mamoudzou Nord, il y a beaucoup d’élèves qui viennent de la commune de Koungou, il ne faudrait pas qu’ils se retrouvent piégés par négligence des autorités », avertit Haïdar Attoumani Said, co-président de la FCPE (association de parents d’élèves). À ce sujet le recteur est clair, il n’est pas question de mettre un escadron de gendarmerie devant chaque établissement. Cependant, « on va adapter la présence de la gendarmerie et de la police en fonction de l’actualité. Les forces de l’ordre doivent nous dire quels sont les zones de tension et on aura des renforts », informe-t-il. La présence des équipes mobiles de sécurité (EMS) de l’Éducation nationale sera par ailleurs renforcée aux abords des établissements scolaires et sur les lieux de passage des bus. Les agents seront équipés de matraques, une nouveauté pour eux. Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils n’auront pas à les utiliser…
Une semaine après les violents affrontements qui ont secoué les communes de Mamoudzou et de Koungou pendant quatre jours, le nouveau maire de la ville chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaila revient pour Flash Infos sur la gestion de cet événement mais aussi sur les solutions futures et pérennes pour apaiser les tensions. Selon lui, il est indispensable de pourvoir mettre derrière les barreaux les mineurs coupables de crimes.
Flash Infos : Près de deux mois après votre élection à la tête de la mairie de Mamoudzou, vous venez de vivre une semaine intense avec plusieurs jours d’une extrême violence entre bandes rivales. Comment avez-vous géré la situation ?
Ambdilwahedou Soumaila : D’abord, je tiens à saluer la bonne coordination entre la police nationale, la gendarmerie nationale ainsi que les polices municipales de Mamoudzou et de Koungou. Nous avons fait en sorte que les deux groupes de jeunes ne se rencontrent pas à la limite des deux communes. Même si nous déplorons un mort, je pense que le bilan aurait pu être bien pire ! L’hélicoptère s’est notamment interposé pour que les affrontements ne soient pas aussi dramatiques que ce que nous avons connu.
Ensuite, dès le premier jour, il y a une mobilisation sur le terrain d’une grande partie des élus du conseil municipal de Mamoudzou pour faire de la médiation, qui a permis à une trentaine de jeunes de Kawéni de rendre les armes (chombos et couteaux) à la police nationale. Ils les ont déposées volontairement ! Le tissu associatif dans le village a également permis d’apaiser un peu les tensions.
FI : La réunion de dimanche avec les principales institutions de l’île a débouché sur l’organisation des assistes de la sécurité, des réunion fréquentes du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance. En quoi consistent-elles ?
A. S. : Le courrier qui a débouché de cette rencontre et que j’ai signé doit être envoyé dans les prochaines heures. L’idée est d’inviter le préfet, le président du conseil départemental, les quatre parlementaires, le président de l’associations des maires et les présidents des intercommunalités pour participer à une première réunion de préparation qui aura lieu le 22 septembre. Cette rencontre va jeter les bases et voir les modalités d’organisation de ces assises, qui devraient intervenir courant octobre.
Ce rendez-vous doit permettre à l’ensemble des victimes, souvent collatérales, de ces violences d’avoir un espace pour témoigner de ce qu’ils ont vécu ou de ce qu’ils vivent au quotidien. Ce serait déjà une belle victoire ! Certains d’entre eux ont été touchés au plus profond de leur chair. Après, la sécurité n’est pas l’affaire de tous, mais bien l’affaire de chacun. Je considère que chacun a une solution à apporter pour que nous puissions venir à bout de ces affrontements. Les élus, la société civile, l’ensemble des protagonistes… N’importe pourra apporte SA solution. Il y en a peut-être 300.000. Et à partir de là, il faudra retenir les plus pertinentes pour notre rapport que nous déposerons vraisemblablement au premier ministre au mois de novembre.
FI : À l’échelle municipale, que comptez-vous mettre en place pour tenter d’enrayer ces tensions ? Renforcement de la police municipale, soutien aux associations, déploiement de la vidéosurveillance, etc.
A. S. : Dans un premier temps, nous allons réactiver le conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance dans le but de réunir les associations – qui sont un élément très important à mes yeux -, les parents mais aussi les foundis et réfléchir tous ensemble aux premières actions que nous pourrions mettre en vigueur. Nous travaillons également sur le renforcement de l’éclairage public. Autre décision qui va intervenir très prochainement : nous allons allonger l’amplitude horaire des policiers municipaux jusqu’à 6h du matin, contre 4h actuellement. D’ailleurs, ils vont déménager d’ici la fin de l’année dans l’ancien bâtiment de la caisse de sécurité sociale de Mayotte, place Mariage, pour être encore plus près de la population. Idem pour tout le système de vidéosurveillance. Et d’ailleurs, nous allons accroître la capacité en termes de caméras, sachant que certaines d’entre elles étaient hors service, et les multiplier dans les quartiers isolés, avec le soutien financier de l’État.
FI : Plus largement, on a l’impression qu’aucune décision institutionnelle ne renverse la situation. Comment l’expliquez-vous ?
A. S. : Vous savez, les causes de la délinquance à Mayotte sont multiples : la bidonvilisation du territoire, la non-éducation des enfants, la perte de repère… Mais il faut aussi donner les moyens à la justice. Avec une seule maison d’arrêt sur l’île et seulement vingt places pour les mineurs, le magistrat est tout simplement démuni. Même s’il prend la décision d’incarcérer un jeune, où voulez-vous l’envoyer ? C’est normal que les forces de l’ordre reçoivent des moyens humains et financiers, ils sont là pour nous protéger, mais il ne faut pas non plus oublier l’appareil judiciaire pour que les décisions soient prises le plus rapidement possible. Et dans ce cas-là, il faut également avoir les espaces pour mettre hors d’état de nuire les jeunes qui sont des dangers pour la société. Après je n’ai pas la solution miracle, mais ce qui est sûr, c’est que tous ceux qui commettent des crimes doivent trouver place en prison !
Après la prairie humide d’Ambato à M’Tsangamouji, le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (GEPOMAY) entame un nouveau chantier d’insertion à Malamani en début de semaine prochaine avec l’association Mlezi Maoré. L’arrachage de plantes exotiques va ainsi favoriser le développement de la biodiversité et la protection du Crabier blanc. En phase de test, ce projet est amené à se multiplier sur d’autres communes.
Grande première pour le groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (GEPOMAY). Habituée à la mise en protection des espèces, l’association vient de terminer son premier chantier d’insertion avec Mlezi Maoré sur la prairie humide d’Ambato, à M’Tsangamouji, dont la restauration a permis un agrandissement du site de l’ordre de 150 mètres carrés pour le pâturage de zébus. Une opération ayant eu pour but de retirer les plantes invasives, notamment les plants de songes échappés des cultures, qui empêchent les autres plantes de se développer.
Bis repetita à partir de ce lundi derrière le Sodicash de Malamani sur la commune de Chirongui. Seule différence ? « Il s’agira principalement d’arrachage de plantes exotiques envahissantes, dont notamment le Senna alata », confie Lorraine Condon, la chargée de communication et vie associative de la structure coordinatrice. Un travail d’orfèvre attend l’équipe composée d’une dizaine de personnes, spécialisée dans la gestion des espaces verts, à quelques heures de s’attaquer à près d’un hectare. L’idée par la suite est la signature d’un bail rural entre le propriétaire du terrain et le GEPOMAY pour que l’agriculteur mette en place une rotation régulière des zébus pour favoriser la biodiversité. « C’est tout bénéfique pour l’éleveur car il va agrandir sa surface », ajoute-t-elle, précisant au passage que « le Conservatoire Botanique apporte son expertise sur la végétation et réalise une étude préalable d’identification des espèces ». Et par la suite, il assure un suivi pour « voir comment ça évolue ».
Tsararano et la baie de Bouéni dans le visieur
Ces interventions sont d’autant plus nécessaires que les zones humides de l’île sont en déclin… alors que ces espaces sont indispensables à l’être humain puisqu’ils procurent de l’eau et limitent les inondations ! Mais surtout, leurs nettoyages ont pour objectif de permettre au Crabier blanc, l’oiseau le plus menacé du territoire, qui a élu domicile dans cette lagune en 2018, de revenir s’installer dans les meilleures conditions. Sachant que cet oiseau se tient le plus souvent immobile en lisière, généralement un peu dissimulé, de la végétation aquatique, flottante ou dans l’eau peu profonde. Si le GEPOMAY vient seulement d’entamer son projet de restauration, l’association espère bien multiplier ces actions dans un avenir proche. « Cette année, nous sommes en phase de test, mais si cela fonctionne, nous allons le déployer sur les lieux où le Crabier blanc s’alimente, comme Tsararano ou la baie de Bouéni », conclut Lorraine Condon. Avec ces chantiers d’insertion, le groupement d’études et de protection des oiseaux de Mayotte répond parfaitement au programme européen Life Biodiv’OM (2018-2023) dont le but est de protéger la biodiversité sur cinq territoires ultramarins.
Entre les poussées de violence qui ont agité le nord de l’île il y a quelques jours et les derniers aménagements à peaufiner pour assurer le respect des gestes barrières, la rentrée s’annonce mouvementée.
C’est l’heure des derniers préparatifs. Mais alors que les quelques 100.000 élèves doivent reprendre le chemin de l’école ce lundi, de nombreuses inquiétudes et inconnues demeurent, sur fond de crise sanitaire et de poussées de violence. Cette semaine, c’était au tour des enseignants de faire leur pré-rentrée. Et certains ont fait l’amère expérience de retrouver des locaux pas tout à fait prêts. « Si l’école n’est toujours pas nettoyée lundi, moi je ne viendrais pas travailler ! », menace ainsi la maîtresse d’une classe de CP, à M’Gombani, en découvrant que l’établissement n’avait pas désinfecté depuis sa fermeture. Déjà, la ville de Mamoudzou a annoncé le report de la rentrée scolaire à l’école Doujani 2, au 31 août. En cause : une occupation illégale des locaux, et d’importantes dégradations et vols de matériels. Pas de retours en classes prévus non plus à l’école de M’tsangamouji 4 et à la maternelle du centre avant cette date, car les travaux de rénovation n’y sont pas terminés.
Il faut dire que les enjeux sont importants puisque la crainte d’une seconde vague plane sur cette rentrée. Or, le protocole sanitaire de l’Éducation nationale a été assoupli, surtout pour permettre à tous les élèves de retourner en classe. Impossible, dans les écoles déjà saturées de Mayotte, de limiter les groupes à 10 ou 15 élèves par classe, comme c’était le cas pour la reprise. Désormais, la distanciation physique d’un mètre n’est donc plus exigée, mais le port du masque reste obligatoire pour les adultes et les enfants de plus de 11 ans. Une décision qui inquiète en réalité les professionnels de l’éducation. « En revoyant les mesures de prévention à la baisse, le nouveau protocole sanitaire engage le risque de voir l’école contribuer à la relance épidémique et donc d’impacter à terme la possibilité d’accueillir les élèves en présentiel, au lieu d’organiser cet accueil de manière sécurisée, durable et pérenne », s’alarme ainsi la CGT Educ’Action.
Pas toujours de savon
Certes, des aménagements ont bien été entrepris pour permettre d’assurer le lavage des mains fréquent et le respect des gestes barrières. Pendant toutes les vacances, il a fallu charbonner pour installer des nouveaux sanitaires, récurer les locaux, livrer le savon. Mais des failles demeurent. À l’école primaire de M’gombani par exemple, l’une des trois du chef-lieu à avoir rouvert ses portes en juin pour deux semaines, la commune a bien installé quelques lavabos en plus. Mais l’enceinte manque toutefois toujours de sanitaires, au nombre de six pour 400 élèves. Et à côté des robinets, pas de trace de savon… Rien que sur la commune de Mamoudzou, 30% des points d’eau préconisés par l’ARS dans le cadre de crise sanitaire n’étaient pas encore opérationnels en milieu de semaine, même si la mairie assure travailler à pied d’oeuvre pour que tout soit prêt lundi.
La crainte des violences
Mais ce ne sont pas là les seules zones d’ombre de cette rentrée. Entre le risque d’une grève des transporteurs scolaires et les poussées de violence, qui ont éclaté le weekend dernier entre Majicavo et Kawéni, le retour en classe lundi prochain risque bien d’être tendu. Une rencontre entre le recteur et le commandant de la gendarmerie est d’ailleurs prévue pour mettre au point la politique de sécurité. Et les 39 agents des équipes mobiles de sécurité (EMS) de l’éducation seront postés aux abords des établissements dès lundi. Des dispositifs qui ne parviennent toutefois pas à rassurer parents comme élèves. « Sur la zone de Kangani jusqu’à Mamoudzou, les bus sont fréquemment caillassés, les chauffeurs sont agressés. Il faut donc qu’il y ait une vigilance très particulière sur ce circuit, quitte à mettre des gendarmes et policiers », insiste Haïdar Attoumani Said, le co-président de la Fédération du conseil des parents d’élèves (FCPE). Alors, prêts pour la rentrée ?
Parti d’un triste constat sur le quotidien infernal sur l’ile, trois jeunes, décident d’agir. Youssouf Chadhouli, Ybnou Ben Hamada et Adifane Noussourou créent le mouvement Challenge Tour Mayotte pour lutter contre les violences et l’insécurité. Un combat que même les instances politiques ont du mal à mener. Ces instigateurs optent pour une mesure thérapeutique dans l’espoir de soigner les maux de mahorais. Quel remède ? Le sport.
C’est avec un dévouement sans faille que les acteurs du Challenge Tour Mayotte (CTM) s’engagent dans la promotion des pratiques sportives. Chadhouli Youssouf, plus communément connu sous le nom de Chad, ancien militaire, aujourd’hui éducateur, est l’initiateur du projet. Avec lui, Adifane Noussourou et Ybnou Ben Hamada, des ex-footballeurs professionnels, sont tous aussi impliqués pour valoriser les bienfaits d’une activité physique régulière. « Nous sommes des sportifs, le bien-être prime avant tout. C’est notre manière de dénoncer la situation locale et d’inciter les gens à la pratique du sport », insiste Chad.
Dans un esprit de liberté, nos athlètes organisent des sessions de courses à pied dans les 4 coins de l’île. « L’idée est de traverser ces villes sans craindre de se faire agresser. Aujourd’hui, les gens ont peur d’aller courir à l’extérieur. » Pendant les excursions ? Quelques arrêts pour admirer le paysage, sensibiliser la population à toutes les formes de violences, favoriser l’échange intergénérationnel… « Il n’y a pas plus fédérateur que le sport, il permet de s’unir et d’agir ensemble », assure Chad. Déjà 3 étapes ont eu lieu et à chacune d’entre elles, le nombre de participants ne cesse de croître. La prochaine promet de faire passer le message.
Rendre hommage au défunt Mansoib Ahmed
Dimanche 23 août se tient la 4ème étape du Challenge Tour Mayotte. Cette marche ou course selon les envies est en l’honneur du défunt Mansoib Ahmed, agressé et décédé le 13 août dernier. Le mouvement social débute au Port de Longoni et doit s’achever à M’Tsapéré, lieu du drame. « Plus de 500 personnes sont attendues », estime l’éducateur. Selon lui, de Mamoudzou à Koungou, les communes et l’ensemble des associations sont mobilisées. « Les secouristes et les sapeurs-pompiers sont également de la partie », annonce-t-il. Récemment victimes d’acte de violence, ils rejoignent le rassemblement au même titre que l’association des personnels de justice de Mayotte.
D’ores et déjà plusieurs acteurs socio-politiques ont confirmé leur participation. Parmi eux, « le sénateur Thani Mohamed Soilihi et l’ancien président du conseil général, actuel conseiller départemental de Pamandzi, Daniel Zaidani ». Cependant, le collectif espère la participation des 17 maires actuels « pour marquer l’importance de ce mouvement social ». Pour l’heure, 14 élus répondent présents. « Pas moins de 12 partenariats sont en place », évoque Chadhouli Youssouf. Le RSMA (régiment du service militaire adapté), l’un d’entre eux, compte tenir un stand d’information pour orienter les jeunes qui souhaite s’engager dans l’armée. D’autres partenaires vont s’occuper des espaces de ravitaillement sur les grands axes de circulation. Une implication qui vise à faire prendre conscience de la gravité de la situation. Dès 6h, les manifestants du Challenge Tour Mayotte s’élanceront chacun à leur rythme et arboreront l’asphalte en prônant « Stop ! Violence – L’insécurité. Oui, la liberté de circulation ».
Pour prévenir d’éventuels débordements, un dispositif de sécurité est mis en place par la police municipale des communes concernées. En ce qui concerne les mesures sanitaires, les gestes barrières sont à appliquer et le port du masque est obligatoire. En cas de malaises ou d’incidents, des sapeurs-pompiers bénévoles, la Croix-Rouge et la société Ambulance Madiana 976 pourront intervenir tout le long du parcours.