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Diffamation de Kwezi FM et Patrick Varela à l’encontre de la CCI : les bisbilles du port débarquent au tribunal

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La Chambre de commerce et d’industrie accuse le patron de Kwezi et un prestataire, usager du port de plaisance, de diffamation pour des propos tenus en décembre 2017 et février 2018. L’établissement qui gère le port de plaisance demande 10.001 euros pour son préjudice moral. Le tribunal doit rendre sa décision mercredi prochain.

On pourrait croire que l’eau a coulé sous les ponts, surtout depuis que la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte a remporté, en bonne et due forme, le marché pour la gestion du port de plaisance de Mamoudzou, en février dernier. Que nenni ! Ce mercredi s’ouvrait au tribunal correctionnel le procès en diffamation qui oppose la CCI, partie civile dans le dossier, à Patrick Millan, directeur de Kwezi FM et Patrick Varela, usager du port – qui détient aujourd’hui le catamaran Éole 1er. La pomme de la discorde ? Des faits de diffamation, datant de décembre 2017 et février 2018.

À l’époque, Patrick Varela, qui offrait déjà des prestations sur le lagon via ses quatre bateaux, s’était rendu à deux reprises sur le plateau de Kwezi FM pour dénoncer une situation jugée “inacceptable”. Tarifs “illégaux” et exorbitants, pas d’investissement dans l’infrastructure, apparemment vétuste, absence de sanitaires corrects, voire même menaces contre les usagers… Pire, la CCI, gestionnaire du port depuis sa création en 1995, ne disposait en réalité plus de contrat : sa DSP (délégation de service public), ayant pris fin en 2011, faisait l’objet chaque année de petits avenants d’un an – huit, tout de même ! – dans l’attente d’un nouvel appel d’offres. Bref, la tempête faisait rage, et ce, jusque dans les studios de Kwezi. Problème pour Patrick Millan : diffusées en direct, ces émissions “Temps de parole” ont par la suite été mises en ligne, et c’est notamment pour cette raison que le patron de la chaîne est poursuivi dans cette affaire.

“Personne ne viendra m’attaquer”

Parmi les 15 passages balancés sur la toile et qui ont fait l’objet d’une poursuite, l’on retrouve ainsi pêle-mêle : “on ne peut pas laisser des gens comme ça, ce sont des voyous”, “c’est avenant, sur avenant, c’est un délit de favoritisme entre le conseil départemental et la CCI”, “pour moi, ce n’est pas nous les voleurs, les 690.000 euros en trois ans, on ne sait pas où ils sont passés”, “ils rackettent et menacent les gens”, ou encore, “on peut venir m’attaquer, mais personne ne viendra m’attaquer, vous le savez…

Manque de pot, la CCI a bien décidé d’engager des poursuites, qui ont donc abouti ce mercredi à une audience en correctionnelle. Maître Benoît Derieux, conseil de l’établissement délégataire, a rassemblé six imputations distinctes, pouvant relever de la diffamation : le délit de favoritisme ; les infractions supposées ; l’absence de prestation en échange du paiement des redevances ; la mise en danger de la vie d’autrui par l’état du ponton ; le “racket”, des plaisanciers ; et la “gestion erratique” du personnel. Et la Chambre d’argumenter, comme elle l’avait d’ailleurs déjà fait par le passé, que les avenants successifs ne permettaient pas des investissements d’envergure, ou encore qu’une poignée de prestataires refusaient de payer la redevance. “Si le fait de venir demander à M. Varela de payer sa redevance s’apparente à du racket, Monsieur a un problème de vocabulaire”, raille l’avocat, qui demande 10.000 euros au capitaine d’Eole 1er et un euro symbolique ainsi que la suppression des vidéos en ce qui concerne Patrick Millan.

 

Des tarifs “entachés d’illégalité

 

À charge désormais pour l’intéressé d’apporter les preuves de ce qu’il a avancé… Une mission ardue, qui plus est quand les accusations formulées sont parfois graves. Mais le prévenu n’en démord pas : “Je n’ai aucune animosité contre la CCI, mais quand je vois des gens qui sont malhonnêtes…”, commence à se défendre le chef d’entreprise, les bras tannés par des années de soleil et d’écume. “C’est inadmissible, c’est un comportement de voyou, je ne sais même pas si voyou est le bon terme, mais c’est inacceptable”, réitère-t-il à la barre. “Mais est-ce qu’il y a eu une condamnation pénale, par exemple pour le délit de favoritisme, le détournement de fonds, la mise en danger de la vie d’autrui ?…”, l’interroge le président. Il aura fallu une courte suspension d’audience pour s’en assurer : un employé du port a en effet écopé de 5.000 euros d’amende pour abus de confiance… au préjudice de la CCI. “Cela ne rend pas la CCI auteure ou complice de ces faits-là”, balaie Maître Derieux.

 

Top départ

 

Maître Nadjim Ahamada pour la défense de Patrick Millan aura bien tenté de plaider la prescription, et Maître Yanis Souhaïli, le conseil de Patrick Varela, son rôle de lanceur d’alerte… Difficile de prouver chacune des six imputations proférées. Et ce, malgré une note de l’avocat de la CCI lui-même reconnaissant des tarifs “entachés d’illégalité”, différentes attestations des plaisanciers, ou encore les huit années qu’il aura fallu au conseil départemental pour renouveler l’appel d’offres. “Vous avez compris, quelle est la limite entre la liberté d’expression et la diffamation ?”, a demandé un assesseur au prévenu. “Si, j’ai compris qu’en gros, il faut se taire”, lâche Patrick Varela avec amertume. L’affaire est mise en délibéré et le verdict doit être rendu mercredi prochain. En attendant, le prestataire ne cache pas ses velléités de départ. “Je quitte Mayotte parce qu’on m’a écrasé, on m’a affaibli.” Hissez la grand-voile ! Heureusement que le capitaine n’a vendu que trois de ses quatre bateaux…

Abdullah Mikidadi brigue la présidence du Département coûte que coûte

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Abdullah Mikidadi est un candidat qui n’a pas froid aux yeux. Il se présente dans le canton de M’tsamboro dans le seul objectif d’être le nouveau président du Département. Candidat sans étiquette, il s’inscrit dans la mouvance « Mouvement pour le développement du canton de M’tsamboro » avec son binôme Antufiya Hamidi. Il promet notamment d’attribuer à Mayotte toutes ses compétences régionales pour un réel développement économique.

Flash Infos : Pour quelles raisons vous présentez-vous à ces élections cantonales ?

Abdullah Mikidadi : Ce n’est pas la première fois que je me présente à des élections locales. Je me suis présenté aux municipales de 2008 et de 2014. Cette fois-ci, je suis candidat aux cantonales car j’ai l’intention d’aller plus loin et de briguer la présidence de la prochaine mandature du conseil départemental. J’estime que Mayotte traverse une crise institutionnelle. L’île n’a pas pu avoir toutes ses compétences, une partie a été confisquée par l’État. Mayotte est un DROM (département et région d’Outre-mer) mais en réalité il manque le R. Il faut que nous ayons deux chambres : une départementale et une régionale. Le conseil départemental a une compétence sociale. La région a une compétence de développement économique. Ce que nous n’avons pas ! Donc il faut commencer par là. Il faut que l’État nous rende les compétences qu’il nous a confisquées. Et tout transfert de compétences est accompagné par les moyens, c’est la loi. Il faut simplement faire appliquer les lois et c’est le rôle des élus, notamment du président du Département, de sonner l’alarme.

FI : Estimez-vous donc que si cela n’a pas été fait c’est par manque de volonté politique ?

A. M. : Par manque de volonté politique oui, et surtout pas manque de courage des élus locaux ! Si nous ne réclamons pas notre dû, quelqu’un qui n’a pas l’habitude de payer ses dettes ne le fera pas. Nous avons absolument besoin de cette compétence régionale pour le développement de Mayotte. Je vous donne un exemple : aujourd’hui, nous sommes en train de créer le « Grand Paris ». Est-ce que ce Grand Paris est porté par un Département en particulier ? Non ! C’est la région Île-de-France qui le développe. C’est la même chose pour Mayotte, il faut que nous nous dotions de la région pour développer l’économie de Mayotte. Il faut mettre les choses dans l’ordre.

FI : Comment pouvez-vous nous garantir que vous allez mettre les choses dans l’ordre si vous êtes élus ?

A. M. : Une fois élu, je remettrai en cause le GIP et dirai à l’État que nous voulons être une région à part entière. Au moment de la départementalisation, ils ont fait une expérience à Mayotte sur l’assemblée unique. Ils ont mis une assemblée à compétences régionales et départementales. Force est de constater que cela n’a pas fonctionné. Au lieu de rectifier le tir, on nous le laisse. Il faut absolument enlever cette assemblée unique et faire comme dans les autres territoires. C’est ce que je vais demander en premier lieu. Puisque cela fonctionne ailleurs, cela fonctionnera chez nous. Aujourd’hui, nous nous trouvons avec une préfecture qui est la plus puissante de France. C’est une réalité et cela ne doit plus durer.

FI : Dans votre profession de foi, vous parlez de Mayotte dans sa globalité mais jamais de votre canton alors que pour siéger au Département, il faut d’abord être élu dans son canton. Est-ce réellement une bonne stratégie ?

A.M : Pour quelqu’un qui aspire à être président du Département, j’étais obligé d’aller dans ce sens-là. Je ne veux pas botter en touche mon canton, mais il y a tellement à faire au niveau départemental ! Lorsque les choses seront en règle au niveau du territoire, à ce moment-là tous les projets découleront dans tous les cantons. Concernant mon canton, il est la porte d’entrée pour l’Afrique et l’Arabie. Un port maritime est donc indispensable à M’tsamboro. Je vais dans le sens du désenclavement pour développer le tourisme, et le port de M’tsamboro est essentiel pour cela. Nous ne sommes qu’à 70 kilomètres d’Anjouan : en deux heures de temps, nous pouvons y passer le week-end. Dar Es Salam est à 400 kilomètres, en cinq heures, nous y sommes en bateau. Nous avons donc besoin d’un port. De manière générale, le Nord doit être développé parce qu’il est complètement oublié. Vous avez vu le plan de relance ? Il n’y a aucun projet pour cette partie de l’île alors que le développement doit être équilibré partout.

FI : Vous briguez déjà la présidence du Département, n’êtes-vous pas en train de mettre la charrue avant les bœufs ?

A. M. : Non, parce que depuis Monsieur Bamana, la présidence s’est toujours jouée à la roulette russe… Certains se sont retrouvés « président » sans l’avoir demandé. Cela été le cas de Said Omar Oili, qui voulait juste être vice-président. Vous avez vu les conséquences…. Quand vous n’avez pas préparé les orientations du pays et que vous n’avez pas eu le temps d’établir un vrai cabinet digne de ce nom qui va vous accompagner pour atteindre vos objectifs, rien ne va ! Cela a été la même chose pour Monsieur Douchna et Monsieur Zaïdani. Pour ce dernier son poste s’est carrément joué dans la cuisine de la maman de Roukia Lahadji. Je vous assure, je connais bien le dossier. Donc si le destin de notre île se joue comme cela, ne vous étonnez pas après du résultat. Il faut donc se préparer en avance et mettre des orientations pour être à la hauteur de cette tâche et de ce grand défi qui nous attend. On ne s’y prépare pas au dernier moment.

FI : Êtes-vous sûr que les alliances politiques vous permettront d’accéder à la présidence du Département ?

A. M. : J’en appelle à la responsabilité de chacun. Aujourd’hui, Mayotte est à genou. La population va donner une mandature de six ans pour avoir une équipe compétente, capable de relever le défi. Il faut que les futurs élus comprennent cela et ne votent pas par copinage. Nous ne pouvons pas mettre n’importe qui à la présidence et passer encore six ans à se demander s’il y a un pilote dans l’avion. Nous voulons faire une rupture avec le passé. La prochaine mandature doit être une nouvelle ère pour Mayotte !

FI : Vous évoquez également la création d’un nouvel aéroport en Grande-Terre. Le foncier étant un problème sur le territoire, où le placerez-vous ?

A. M. : Deux études ont été réalisées : l’une à Bandrélé, l’autre à Majicavo. Les deux ont été validées à l’époque mais ont ensuite été mises à l’écart. Je ne dis pas qu’il faut fermer l’aéroport de Petite-Terre, au contraire. Il servira pour les vols de moins de trois heures. Mais il faut faire un grand aéroport en Grande-Terre, ce qui permettra d’avoir une synergie entre les deux aéroports. Le nouvel aéroport favorisera la concurrence et d’autres compagnies viendront. À Mayotte, il n’y a pas de tourisme parce que nous n’avons pas réussi le désenclavement. La ligne Mayotte-Paris est trop chère parce qu’il y a les lobbies réunionnais. Les Réunionnais sont conscients des avantages géographiques de Mayotte et de la beauté de notre lagon. Nous pouvons facilement leur faire concurrence sur le domaine du tourisme. Quand le billet Mayotte-Paris sera à 300 euros, nous pourrons enfin parler de tourisme.

Concours d’éloquence : Mayotte est bourrée de talents

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Ce mercredi 9 juin à Kwalé avait lieu la finale du concours d’éloquence. Les 18 finalistes se sont réunis tôt le matin pour s’entraîner avant d’entamer la dernière ligne droite. Contrairement à la dernière édition, celle de cette année marque l’entrée en scène des collégiens, invités eux aussi à s’exprimer.

concours-eloquence-mayotte-talentsMercredi, 8h. Les 18 finalistes du concours d’éloquence se retrouvent dans l’amphithéâtre du collège de Kwalé. Scolarisés à Dembéni, Majicavo, Sada, Kahani ou encore Petite-Terre, ils viennent défendre les couleurs de leurs écoles. Position, gestuelle, portée de la voix… Jusqu’à la dernière minute, les élèves passent au crible les ultimes détails avec leurs enseignants, reconvertis en coachs pour l’occasion. Le stress monte d’un cran ! Débarque alors la présentatrice, sûre d’elle et vêtue de bleu, pour lancer officiellement la cérémonie. Plus moyen de faire marche arrière.

Les premiers affrontements commencent avec les collégiens, invités à participer cette année. Sur scène, ils sont deux par thématique. L’un doit défendre le oui, l’autre le non. Les textes sont percutants : les sujets d’actualité, le Covid, l’amour, le monde d’après… Chacun leur tour, ils prennent d’assaut l’espace, sous les yeux fiers de leurs professeurs. Présent pour l’événement, le recteur se montre tout bonnement subjugué par la qualité des pitchs. « Tous les candidats sont impressionnants », déclare Gilles Halbout, entre deux prestations. Puis vient le tour des lycéens. À ce moment-là, ils troquent leur costume d’élèves pour prendre celui de jeunes hommes et de jeunes femmes. L’objectif, coûte que coûte ? Faire passer des messages et convaincre le jury !

 

Mina Chamouine, alias Black Panther

 

Les six finalistes du lycée doivent incarner ou définir une personne. Qu’elle soit réelle ou fictive, vivante ou décédée, masculine ou féminine. Certains partent dans l’espace, avec Thomas Pesquet, tandis que d’autres creusent derrière l’image d’intellectuel de Voltaire. Grande gagnante du concours d’éloquence 2021, Mina Chamouine se voit attribuer le personnage de Black Panther, incarné par le prince T’Challa du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée, et créé par l’univers cinématrographique Marvel. « Ce n’est pas seulement un super héros, c’est un symbole », énonce-t-elle.

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Pour obtenir la plus haute marche du podium, pas besoin de parler très fort ou de faire des mises en scène extravagantes. La jeune fille marque notamment les esprits en soulevant l’une de ses caractéristiques, à savoir sa couleur de peau, une grande première pour un super-héro. Et surtout une représentation forte aux yeux des enfants noirs. Selon elle, le réduire à « juste un super-héros » est un manque de respect à l’art et le catalogue à une simple distraction alors qu’il peut être bien plus que cela… Un discours touchant qui fait mouche auprès des membres du jury !

 

Une réussite à tous les niveaux

 

Dans la salle, l’ambiance est à la fête. Tour à tour, les amis respectifs des participants font du bruit en guise de soutien à leur camarade. Une fois les prestations terminées, les jeunes tombent sous les louanges du public pour leur implication et le lourd travail fourni dans le but d’arriver à un tel résultat. « Vous pouvez prétendre à des concours d’éloquence au niveau national », leur glisse Alba, journaliste à Mayotte la 1ère et membre du jury. De quoi mettre des sourires sur les visages de ces courageux collégiens et lycéens, qu’ils repartent ou non avec un collier à fleurs, symbole de leur victoire.

Enseignement des langues mahoraises à l’école, une nouvelle étape franchie

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C’est un combat que mènent les fervents défenseurs du shimaoré et du kibushi depuis des années. L’enseignement des langues mahoraises à l’école n’est plus qu’un rêve. Le Département, le rectorat, le CUFR et l’association Shimé ont signé une convention régissant les règles à suivre pour que les élèves du premier degré puissent apprendre ces langues régionales dans les établissements scolaires.

Dans la salle DRH du conseil départemental, le recteur annonce la couleur. « Jéjé, wa fétché ! » Des mots shimaoré prononcés ce mardi matin par Gilles Halbout comme pour poser le contexte de sa venue. Réunis autour de la même table, le représentant de l’académie, le président du Département, celui de l’association Shimé et le directeur ad-joint du centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) s’apprêtent à signer une convention historique pour l’île. Désormais, le shimaoré et le kibushi, les deux langues régionales du territoire, pourront être enseignées de manière formelle dans les écoles du premier degré de Mayotte.

Une première victoire pour Rastami Spelo, président de l’association Shimé, qui n’a ja-mais cessé de prôner la valorisation de ces deux langues. « J’y ai toujours cru… L’État a mis fin aux inégalités en reconnaissant nos langues régionales. Je vais me battre encore et encore pour l’acceptation du shimaoré et du kibushi à l’école laïque de notre République », prévient-il à l’assemblée et notamment aux autres signataires de la convention. Malgré cette avancée inédite pour l’apprentissage du shimaoré et du kibushi, Rastami Spelo reste sur ses gardes. Selon lui « en France la manière de faire est de discourir, donner tout ce qu’il faut et ne pas faire ». Mais il n’a pas l’intention de baisser les bras après plus de 20 ans de combat.

Son association qui a longtemps été soutenue par la collectivité pourra désormais compter également sur le soutien de l’Éducation nationale. Cette nouvelle étape peut être franchie grâce à la réunion de nouvelles conditions. « On ne peut pas apprendre une langue sans avoir réfléchi à la manière de l’écrire et la parler correctement. C’est désormais possible avec tout le travail qui a été fait par le conseil départemental, les associations et les chercheurs qui ont travaillé à la formalisation de ces langues régionales », décline Gilles Halbout. Cela est également rendu possible depuis la promulgation de la loi du 21 mai 2021 qui reconnaît, protège et promeut les langues régionales.

 

Formation obligatoire des enseignants

 

La signature de la convention n’est que le début d’un long processus pour que tous les enfants puissent apprendre le shimaoré et le kibushi à l’école. Avant d’arriver à cette ultime étape, il faut en premier lieu former les enseignants. Parler une langue est une chose, mais maîtriser tous ses rouages et pouvoir la transmettre en est une autre. De plus, un certain nombre d’enseignants de l’île n’en parlent aucune des deux, il est donc primordial de les former. « Il faut qu’on ait des formateurs aguerris et qu’on soit carrés sur les règles grammaticales et orthographiques… Il y a un travail sur le long terme à faire et nous aurons besoin des associations, pour que tous nos enseignants s’acculturent avec ces langues et qu’un très grand nombre d’entre eux puissent les enseigner », explique le recteur de Mayotte.

Et cela passera notamment par le centre universitaire de formation et de recherche de Dembeni qui devra préparer les futurs professeurs des écoles. « Dès l’année prochaine, en septembre, on va réfléchir à l’introduction de modules d’initiation des langues régionales dans nos maquettes à destination des enseignants du premier degré dans un premier temps », annonce Abal Kassim Cheik Ahmed, directeur adjoint de l’établissement. Il faudra donc attendre encore quelques années avant que l’enseignement du shimaoré et du kibushi se fasse à grande échelle. Pour l’heure, l’Éducation nationale mènera des expériences dès la rentrée scolaire de 2021. « Pour amplifier tout cela, il nous faut du matériel pédagogique, des manuels et tout cela va prendre un peu de temps. Notre objectif est de commencer par les petites classes et que l’on puisse continuer dans le second de-gré comme cela se fait dans les autres établissements du territoire national », souhaite Gilles Halbout.

 

Un travail de longue haleine

 

Quelques enseignants pratiquent déjà le bilinguisme dans certaines écoles de l’île, mais ces cas sont anecdotiques. Les élèves de Mayotte n’apprendront pas les deux langues régionales du jour au lendemain, car elles manquent encore une certaine structure. La graphie du shimaoré et du kibushi a été adoptée il y a tout juste un an, après de longues années de débat. Mais il ne s’agissait que de la partie émergée de l’iceberg. « Beaucoup rester à faire, il convient notamment de continuer à œuvrer pour [leur] codification en les dotant d’une orthographe et d’une grammaire officielle », précise Soibahadine Ibrahim Ramadani. Et pour y parvenir, lors de la dernière commission permanente du conseil départemental, le président a proposé la création de l’institut des langues et de civilisation de Mayotte. « Il assumera la mission d’académie des langues et fixera ainsi les normes régissant les langues mahoraises », précise le responsable de la collectivité pour encore quelques jours. Gare à ceux qui écorcheront d’une manière ou d’une autre le shimaoré et le kibushi !

Nettoyer l’île de Mayotte pour sensibiliser les jeunes aux questions environnementales

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L’association Coup de Pouce mène des actions de nettoyage sur l’île depuis six mois. Ce mardi 8 juin et pour la troisième fois, c’est la plage de l’étoile qui a été choisie. Encore une fois, petits et grands se sont réunis pour nettoyer et rendre à leur île sa beauté.

« Je comprends pas pourquoi les gens jettent tout ça », soupire Faidati, du haut de ses 11 ans, en ramassant un pantalon rempli de sable sur la plage de l’étoile. Âgés de 8 à 15 ans, ils sont une vingtaine de jeunes à être venus prêter main forte à l’action de Coup de Pouce. « C’est important pour moi de les éduquer sur les questions environnementales », explique Ziko, l’animateur à l’initiative de ce nettoyage pour le compte de l’association de Kawéni. Si les trois premiers mois ont été consacrés à la prévention dans le but d’aller au devant des habitants, les trois suivants ont permis de passer la seconde. « Il n’en reste plus que trois ! », s’exclame Ziko, visiblement fier d’avoir pu monter une action d’une telle ampleur avec une trentaine de personnes chaque semaine.

 

La jeunesse au cœur de l’action

 

Par groupe de deux, les jeunes attrapent un sac poubelle et commencent le ramassage. Armés de gants, ils récupèrent tout ce qu’ils trouvent sur leur chemin ! Cannettes, sacs de riz, vêtements, pièces de moto… Rien ne leur échappe. Sourire aux lèvres, tous sont ravis de participer à une action mettant en valeur leur île. Inscrits à l’école associative de Coup de Pouce, les enfants et les adolescents du jour vivent cet événement comme une sortie scolaire. « Pendant le goûter, certains d’entre eux jettent encore les emballages… Je leur explique que s’ils font ça, nos actions sont inutiles ! Petit à petit, cela commence à rentrer dans leurs têtes », détaille Ziko en bon pédagogue. Si quelques-uns comprennent le message et font désormais très attention au recyclage, d’autres gardent toutefois leurs mauvaises habitudes.

 

La sensibilisation avant tout

 

Mais une autre frustration guette les membres de l’association. En effet, le ramassage des sacs poubelles, offerts par la municipalité, laisse parfois à désirer. Conséquence : les déchets jonchent les bords de la route pendant plusieurs jours… « Dans certains quartiers, comme dans les hauts de Kawéni ou de Majikavo, il n’y a pas de route pour que les camions puissent y accéder. Du coup, les habitants laissent leurs poubelles dehors », constate Ziko. Raison de plus pour avertir la population et lui parler de ces actions écologiques. « Cette après-midi, on va aller faire le tour du quartier, pour expliquer aux gens ce qu’on a fait. » Aux yeux de l’animateur, l’éducation représente un volet tout aussi important que le nettoyage en lui-même. Sans toutefois oublier de remercier ses petits bras pour la mission accomplie. « On a ramassé 11 sachets ! », s’écrient d’une seule et même voix Famidati et Kalatoun, heureuses du travail fourni dans la matinée.

Des actions de nettoyage certes, mais qui mettent du baume au cœur aux participants et aux personnes qui viennent profiter de ces endroits, notamment les plages. Si les déchets continuent de s’accumuler, de plus en plus de jeunes se sentent concernés par les questions environnementales. Une première bataille de gagnée pour l’association Coup de Pouce !

Fatima Tricoire, coach mahoraise qui vous redonne goût à la vie à la suite d’une maladie

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Du haut de ses 45 ans, Fatima Tricoire a un parcours de vie des plus atypiques. À la suite d’une maladie rare et invalidante diagnostiquée à 37 ans, la Mahoraise fonde RNS coaching et vient d’inaugurer la Maison du Second Souffle à Paris pour proposer des ateliers aux plus démunis. Entretien.

Flash Infos : Le week-end dernier, vous avez inauguré la Maison du Second Souffle, qui vient en complément de votre société dénommée RNS Coaching. Quel est le concept de votre projet ?

Fatima Tricoire : Cela fait trois ans que j’ai ouvert mon cabinet à Neuilly-sur-Seine, où j’apporte principalement mon expertise à des cadres supérieurs qui traversent des grands défis, qu’ils soient d’ordre personnel, professionnel ou social. À travers ce public, l’objectif est d’attirer des entreprises pour les sensibiliser sur le handicap invisible. Avec la Maison du Second Souffle, un projet accompagné par le président de l’association des directeurs des organismes de mutualité francophone, Bruno Huss, qui en est aussi le parrain, je fonctionne avec des partenaires pour la subventionner et accueillir d’autres intervenants sans que les bénéficiaires n’aient à payer les ateliers. Cela marche comme du mécénat !

C’est un lieu que je loue une fois par mois pendant deux heures. Aujourd’hui, je cible le 93 car c’est là je réside et surtout là où des branches de la population sont oubliés, ce que l’on appelle les classes d’en bas. À titre d’exemple, lorsque je me rends dans les entreprises, de nombreux salariés m’accostent, notamment les femmes de ménage, pour me dire qu’elles n’osent pas parler de leur malaise. Ce sont ces personnes oubliées à qui s’adresse la Maison du Second Souffle. À termes, l’idée serait de réussir à essaimer ce type de maison un peu partout en France.

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FI : Ce projet est intervenu à la suite d’une maladie rare et invalidante que l’on vous a diagnostiqué à 37 ans….

F. T. : Mon arrêt maladie a durée presque 14 mois ! Pendant la convalescence, je me suis retrouvée seule face à mes problèmes, même si heureusement j’étais entourée de mes proches. Mais je n’avais plus du tout de vie sociale ou professionnelle. Je me suis complètement renfermée dans ma maladie et me suis retrouvée en complet décalage avec le monde extérieur que l’on ne comprend plus. Cela a été une épreuve catastrophique… Au cours de ma cours réinsertion professionnelle, j’avais du mal à retrouver ma place, je ne parlais plus le même langage que mes collègues. Il y avait comme une cassure : les ambitions d’antan ne l’étaient plus. Cela a suscité une frustration incroyable, qui a provoqué des rechutes.

Suite à cela, je suis allée voir des psychologues. C’était la descente aux enfers… Jusqu’au jour où j’ai rencontre cette thérapeute qui m’a proposé du coaching et qui m’a rendu mon pouvoir. En d’autres termes, je suis redevenue actrice de ma vie ! J’ai alors décidé de me former et de me certifier dans la santé mentale, physique et sociale. J’ai suivi un parcours à l’institut Curry à Paris qui avait mis en place des ateliers à destination de personnes qui sortaient de la maladie.

Mais le coaching a un prix : il fallait compter 100 euros par semaine pendant trois mois ! Je me suis alors promis que quand je serais plus à l’aise avec RNS Coaching, je souhaitais créer un lieu chaleureux et ludique pour parler de la vulnérabilité et de la résilience. C’est désormais chose faite (rires).

FI : Vous avez quitté Mayotte très jeune, à l’âge de 19 ans pour poursuivre vos études. Or, de nombreux étudiants mahorais subissent une forme de stress et de dépression à ce moment-là et peuvent avoir besoin de coaching en raison de l’éloignement avec leur île natale. Cette Maison du Second Souffle pourrait-elle par exemple en accueillir certains ? Mais aussi s’exporter directement dans le 101ème département ?

F. T. : Complètement ! J’ai souhaité solliciter des partenaires à Mayotte par le passé, mais je ne savais pas à quelles portes toquer. Personne n’a pas pris la mesure de ce que le coaching pouvait apporter aux étudiants… Je suis alors rentrée en contact avec Bruno Huss, qui travaille beaucoup avec la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress) de Mayotte, pour venir en aide aux jeunes, notamment sur Marseille où l’on touche des compatriotes comoriens et mahorais. La Maison est ouverte à tous ! Je peux organiser des ateliers spécifiques, que ce soit pour les Mahorais ou les autres habitants de l’Outre-mer. J’avais eu l’occasion d’être sollicitée par la délégation de Mayotte à Paris pour évoquer RNS Coaching à l’occasion de la journée de la femme, mais une semaine plus tard, on rentrait en plein Covid-19… Cela a mis un petit coup de frein à une éventuelle collaboration.

Mais je me déplacerai volontiers dans le 101ème département. Je suis ouverte à toutes propositions à partir du moment où j’accompagne et aide untel ou untel à aller mieux. Je demande juste que les choses soient bien organisées. Mon frère qui vit toujours sur le territoire m’a dit de rentrer en contact avec différents partenaires sur place, mais je n’ai pas encore eu le temps en raison de l’inauguration. Désormais, j’ai le temps de me consacrer à tous les projets qui pourront m’être proposés. Une femme m’a également appelé pour avoir plus d’informations sur la Maison du Second Souffle qu’elle aimerait mettre en place à Mayotte. Très bien, mais je souhaiterais garder la main, car j’ai tout de même une formation spécifique. Dans tous les cas, j’attends avec impatience de servir mon île !

Vous pouvez contacter Fatima Tricoire par téléphone au 06.09.33.93.11 ou par email contact@rns-coaching.fr ou en vous rendant directement sur son site Internet rns-coaching.fr

Journée mondiale de l’océan : 40 millions d’euros pour la recherche française

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Ce mardi 8 juin 2021, le centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) ont lancé officiellement le programme prioritaire de recherche (PPR) “Océan et climat”, pour financer des projets scientifiques structurants sur l’analyse des zones maritimes. Avec 11km2 de zone économique exclusive, dont 97% relèvent des Outre-mer, la France doit être “moteur de la recherche”.

Bonne nouvelle pour nos coraux ! Ce mardi, la planète bleue était mise à l’honneur à l’occasion de la journée mondiale de l’océan. Une date spéciale qui a signé en France le lancement d’un vaste programme de recherche, annoncé il y a maintenant deux ans par la président de la République Emmanuel Macron. Piloté par le CNRS et l’Ifremer, ce PPR (programme prioritaire de recherche), appelé “Océan et climat”, sera doté d’une enveloppe de 40 millions d’euros. Ces fonds permettront aux deux institutions de financer plusieurs appels à projet dans le domaine de la recherche, sur une période de six ans, entre 2021 et 2027, avec trois axes principaux : la prévision de la réponse de l’océan aux changements climatiques, l’exploitation durable dans une vue de préservation de sa biodiversité, et la réduction de la pollution océanique.

Il convient de rappeler qu’avec 11 km2, la France constitue le deuxième État en termes de zone économique exclusive (ZEE)”, a rappelé lors d’une conférence de presse le directeur général délégué à la science du CNRS, Alain Schuhl. “Présente dans la plupart des mers du globe, la France doit rester moteur au niveau de la recherche mondiale”, a-t-il poursuivi. Ajoutons à cela que 97% de ces territoires marins relèvent des Outre-mer. Et avec sa ZEE de 74.000 km2, Mayotte, qui offre à la France une voie d’accès stratégique au canal du Mozambique et à l’océan Indien, n’est d’ailleurs pas en reste. Pas étonnant que l’Outre-mer constitue ainsi à lui seul l’une des quatre zones ciblées par ce nouveau PPR, avec l’océan profond, les océans polaires et les écosystèmes côtiers de métropole.

 

Les sept défis du grand bleu

 

Objectif pour les équipes scientifiques qui souhaiteraient postuler à ces appels à projet : relever les sept défis élaborés par le conseil scientifique du PPR. Avec, en haut de la pile, une question qui intéresse tout particulièrement les Outre-mer : les impacts des phénomènes extrêmes liés au changement climatique. À Mayotte, la protection du lagon et de sa barrière de corail de 140 km, premier rempart contre d’éventuels cyclones ou tsunamis, découle naturellement de ce premier défi.

Mais ce n’est pas la seule piste de réflexion scientifique qui pourrait bien intéresser notre petit caillou de l’océan Indien. Parmi les autres défis qui trouvent une résonance particulière pour l’île au lagon, l’on notera aussi la nécessité de caractériser l’“exposome” océanique pour protéger les écosystèmes marins, c’est-à-dire l’exposition aux polluants ; le développement des programmes d’observation et de modélisation pour mieux cartographier les océans ; l’amélioration de la protection et de la résilience des milieux marins via notamment les aires marines protégées (AMP) – le parc naturel marin de Mayotte est l’une des plus grandes AMP françaises ; l’exploitation des ressources basée sur la science de la durabilité – et enfin le partage de ces découvertes avec le grand public.

 

Focus sur les changements d’origine humaine

 

Un domaine brille par son absence – et c’est bien dommage, alors que des scientifiques se passionnent pour le nouveau volcan sous-marin à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Mayotte : la sismologie. “Ce programme se focalisant sur l’anticipation des changements globaux d’origine anthropique impactant les océans, les géosciences relatives à la tectonique ou à la sismologie ne sont pas incluses dans le périmètre de ce programme”, peut-on lire dans la feuille de route du PPR. Enfin, il faut noter que si toutes les équipes de recherche françaises, en métropole comme dans les Outre-mer, peuvent répondre, les projets présentés doivent, compte tenu de l’enveloppe allouée, être structurants. Sorti ce mardi, le premier appel à projet doit rester ouvert jusqu’à la mi-novembre, pour un lancement des financements début 2022. Gageons que les équipes sélectionnées orienteront (parfois) leur microscope en direction de Mayotte !

À Moinatrindri, une victoire écologique qui inspire le territoire

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Fort d’une vingtaine d’années de travail collectif et acharné, l’ancien padza situé sur les hauteurs de Moinatrindri est aujourd’hui un exemple de végétalisation. Une victoire inspirante pour les associations qui se sont réunies ce week-end sur le site pour participer à sa préservation et comprendre les clés de sa réussite.

Au sens propre comme au figuré, l’investissement des habitants de Moinatrindri porte aujourd’hui ses fruits. Pour constater ce succès et le reproduire, un panel d’associations environnementales se sont réunies ce week-end au Parc botanique de Mdoumbajou, situé sur les hauteurs du village. Un lieu autrefois désertique qui constitue désormais un exemple de biodiversité. Co-organisée par la FMAE (fédération mahoraise des associations environnementale), le Parc marin, et l’ACEEM (association culturelle, environnementale et éducative de Moinatrindri), l’événement remplit deux objectifs: « présenter le site et participer à sa préservation« , résume Haoussi Boinahedja, le président de l’ACEEM.

 

Aux arbres citoyens

 

Perché sur sa petite estrade, le gaillard n’a pas besoin de micro pour s’adresser à l’assemblée. « Nous allons nous répartir en plusieurs groupes pour aider à l’entretien des pieds que nous avons déjà plantés. Ensuite, nous organiserons une tournée pour vous présenter le site« , annonce-t-il face à une foule jeune et motivée. Bambous sous le bras et sac d’engrais sur les épaules, les troupes s’élancent. En première ligne : les Ambassadeurs du lagon dispatchés dans les associations dans le cadre de services civiques. À charge pour les membres fondateurs de l’ACEEM de les orienter sur le site. « Nous allons répartir les bambous autour des pieds, puis déverser de l’engrais. À terme, ces espèces produiront du fruit à pain. L’idée, c’est d’être le plus bio possible« , insiste Oihabi Daoulabou, un habitué du site. Des étincelles dans les yeux, l’homme se galvanise face à la mobilisation des bénévoles. « Quand je pense qu’il n’y avait que des padzas ici, je suis fier de voir le chemin parcouru« , reconnaît-il.

« On entend à nouveau le chant des oiseaux »

L’histoire de ce succès commence par une catastrophe : « Il y a environ 20 ans, une tempête a ravagé la forêt. Il ne restait plus qu’une terre glissante sur laquelle aucun arbre ne pouvait pousser. Nous avons dû procéder étape par étape« , rembobine Oihabi. La première de toute : trouver une espèce capable d’encaisser la chaleur caniculaire. « La Daaf a galéré pendant des années sans y arriver« , glisse-t-on du côté des bénévoles de l’ACEEM. Une espèce est finalement sélectionnée grâce aux conseils des experts du lycée agricole de Coconi : l’acacia. Un allié endémique qu’il faut utiliser avec parcimonie… »Les feuilles mortes de l’acacia permettent d’enrichir le sol. Ses racines le maintiennent. Mais il peut aussi être envahissant. Il faut donc trouver un équilibre en ajoutant d’autres espèces tout en supprimant progressivement les arbres qui ne sont plus nécessaires« , résume un ancien de l’ACEEM.

Le sol stabilisé et recouvert de feuilles, la forêt offre désormais un terrain fertile pour la biodiversité. Citrons, mangues, oranges, bananes, noix de coco… les hauteurs de Moinatrindri retrouvent des couleurs. « Nous entendons à nouveau le chant des oiseaux« , se réjouit Oihabi. Lui qui utilisait dans son enfance le sol glissant et farineux comme un toboggan n’a cependant rien oublié de l’effort qu’il a fallu déployer. « Nous nous sommes relayés tous les jours pendant des années pour monter des jerricanes d’eau. Les femmes ont joué un rôle primordial. Tous les week-end, le village se réunissait avec les enfants dans la forêt pour l’entretenir et conclure la matinée par un petit voulé« , se remémore-t-il.

 

Agir pour la jeunesse

 

Toujours présentes 20 ans plus tard, les bouénis du village attendent les bénévoles au pied de la colline. « Si on m’avait dit à l’époque que nous en serions à ce stade aujourd’hui, je ne l’aurais pas cru« , s’émeut une mère de famille de 62 ans. Le regard porté sur le bébé qu’elle tient dans ses bras, elle répète inlassablement : « On fait ça pour eux. Pour qu’il puisse profiter d’un tel lieu et en prendre soin à leur tour. »

Possédé par le conseil départemental mais attribué à l’ACEEM, le site offre désormais de belles perspectives. Pour les anciennes du village, la crainte d’un investissement des lieux par des visiteurs non désirés n’est pas à l’ordre du jour. « Nous sommes régulièrement sur le terrain. Des gens ont déjà essayé de poser un matelas pour commencer à s’installer. Nous leur avons dit dès le départ qu’il fallait partir car nous ne pouvons pas risquer de gâcher nos efforts« , expliquent-elles à tour de rôle. Investir le terrain, le préserver, et agir à la racine pour ne pas s’exposer à une situation hors de contrôle, tels sont les principes à priori adoptés par les habitants pour pérenniser leur victoire.

 

Un exemple pour Mayotte

 

Au terme d’une matinée bien remplie, chacun repart dans sa commune avec de l’optimisme dans les idées. « Nous venons de Bandrélé. Une partie de la mangrove est en voie de disparition. Ce genre d’initiative nous aide à réfléchir sur les projets à mettre en place pour reboiser à notre tour« , explique-t-on du côté de l’association 976 Sud Prévention. Avant d’ajouter : « Nous travaillons aussi dans la lutte contre la délinquance. Le lien social et la cohésion autour de ce lieu sont un exemple pour nous comme pour le reste de l’île. »

Plus qu’un atout pour le territoire, l’initiative constitue également un espoir dans la préservation du lagon. En permettant à l’eau de pluie de s’infiltrer dans les nappes phréatiques plutôt que de se glisser vers le récif, ce dernier gagne en résilience. « L’envasement provoqué par les coulées de boue perturbe l’équilibre du récif corallien. Celui-ci abrite de nombreuses espèces qui sont également impactées. À terme, ce sont les ressources halieutiques qui sont menacées« , résume le Parc marin par la voix de sa chargée de mission « Mobilisation citoyenne« . Sur les chemins du Parc Botanique comme sur les chemins de la paix sociale, Moinatrindri montre la bonne voie.

Avec le Park Numérique, l’acculturation digitale devient réalité à Mayotte

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La semaine dernière, le Park Numérique a organisé une formation à la cité des métiers. Le but : former des ambassadeurs pour apporter du savoir à l’acculturation digitale dans le 101ème département, auprès d’un large public de bénéficiaires. Et ainsi faire monter en compétence le territoire dans l’espoir de générer de l’emploi.

« Il y a deux semaines, j’ai garé le bus dans la cour de l’école élémentaire de Majicavo. En deux jours, pas moins de 250 élèves ont été sensibilisés sur la manière dont on peut étudier avec une tablette », glisse d’un air nostalgique Fatima. Avec son bolide, la conseillère numérique à la cité des métiers sillonne les quatre coins de l’île depuis le 5 avril. « Regardez, on a cinq boîtiers 4G sur le côté et une télé interactive au fond », s’empresse de compléter Faira, sa collègue, au moment d’ouvrir les portes du « camion ». Mais encore leur fallait-il un certain bagage technique pour apporter tout leur savoir-faire à l’acculturation digitale. C’est tout l’objet de la formation dispensée à sept personnes la semaine dernière par le Park Numérique, lauréat en fin d’année dernière de l’appel à projets Innovation Mayotte 2020 lancé par le conseil départemental. Qui a dans la foulée créé son entité sur l’île aux parfums.

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Son ambition : faire du numérique un levier d’apprentissage et d’insertion professionnelle pour tous les publics dans le 101ème département. Pour cela, il apparaît essentiel d’« avoir des ambassadeurs auprès des bénéficiaires », précise Grégory Guillou, le référent en Martinique, présent sur le territoire durant la session de cinq jours. « On nous a appris à mieux nous connaître et à avoir en tête un programme d’accompagnement », complète Faira, encore agréablement marquée par son coaching en neuro-éducation. Mais pas seulement. « On a approfondi nos connaissances sur la robotique et la programmation. » Essentiel sachant que celles-ci sont imposées par l’Éducation nationale depuis 2016. D’où les récentes interventions dans les établissements scolaires.

 

Diffuser de l’essaimage

 

Pour réussir le pari de la lutte contre l’illectronisme, de la continuité pédagogique ou encore de la dématérialisation, le Park Numérique a une approche dite en escalier : sensibilisation, détection, montée en compétences, formation qualifiante, pré-qualifiante et certifiante… « On a noué des partenariats avec Action Logement et Mlézi Maoré et on va intégrer le cluster numérique », confie Pascal Pierre-Louis, le président de la fédération, avant d’annoncer la signature d’une convention avec le Carif-Oref dans le but d’installer une école du numérique, comme c’est déjà le cas dans d’autres territoires métropolitains et ultramarins. « On va diffuser de l’essaimage à partir de 6 ans ! Sans oublier de faire en sorte que les parents ne soient pas trop décrochés. »

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Responsable de la cité des métiers à Koungou, Abdou affiche, lui aussi, un large sourire à la sortie de cette formation. Une belle reconversion pour cet ancien militaire. « Le système Félin (fantassin à équipements et liaisons intégrés) m’a poussé vers la numérique », souligne le quadragénaire, passionné par les nouvelles technologies, qui s’attèle désormais à aider ses interlocuteurs à se réorienter et à mettre un pied dans le monde du travail. À l’instar des autres formés, il a bien conscience de la tâche qui l’attend puisque la France recherche pas moins de 100.000 développeurs. « Si on fait bien monter en compétences le territoire, on peut générer de l’emploi et de l’entrepreneuriat sur le marché africain », conclut Grégory Guillou. Et peut-être, par la même occasion, façonner les pépites de demain.

Ouverture imminente d’une école hôtelière de prestige à Mayotte

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La prochaine rentrée scolaire 2021 sera marquée par l’ouverture d’un établissement hôtelier et de tourisme à Mayotte. Et ce n’est autre que la prestigieuse école Vatel qui accueillera des élèves mahorais. Le projet initié par une jeune mahoraise a pour objectif de donner un coup d’accélérateur au tourisme dans le 101ème département.

Les écoles Vatel sont implantées dans une trentaine de pays dans le monde. On en compte actuellement 55 et Mayotte accueillera la 56ème en septembre 2021. Le groupe Vatel a remporté le prix de « meilleure école hôtelière » lors de la 17ème Worldwide Hospitality Awards. Sa renommée n’est plus à prouver, sa venue dans le 101ème département est donc une chance indéniable pour ses futurs étudiants.

À l’origine de cette idée, Rania Saïd, une ancienne élève mahoraise formée dans une école Vatel à Maurice. Après avoir obtenu son master, la jeune femme a travaillé dans le domaine de l’hôtellerie sur l’île voisine, avant de rentrer à Mayotte il y a trois ans. Elle réalise alors que sur le territoire, « la qualité n’y est pas », en ce qui concerne le tourisme. Rania Saïd veut changer la donne et décide de prendre les choses en mains en s’associant avec son mari. « À Mayotte, nous avons quelques formations au tourisme et à l’hôtellerie, mais les élèves sont formés sur des postes opérationnels. Je pense qu’il faut que nous ayons plus de managers dans le tourisme à Mayotte pour booster le secteur », explique-t-elle.

Ni une ni deux, l’entrepreneure décide d’ouvrir sa propre école sous la franchise Vatel. Un gage de qualité, selon elle. « Nous allons former des cadres et dirigeants du secteur de l’hôtellerie et du tourisme qui pourront travailler partout dans le monde, puisque le diplôme est reconnu dans plusieurs pays. La formation que nous allons proposer aux Mahorais est de qualité et jusqu’à maintenant, il fallait quitter le territoire pour en bénéficier », soutient Rania Saïd. Mieux encore, la porteuse de projet entend bien inverser cette tendance, puisque des personnes qui ne résident pas à Mayotte souhaitent intégrer sa future école.

 

Beaucoup d’appelés, peu d’élus

 

Mais attention, les places sont chères. Implanté dans les Hauts-Vallons, l’établissement pourra accueillir deux classes de 15 élèves. Chacun devra donc mériter son entrée. Minimum requis : le baccalauréat. À partir de cette base commune, la sélection se fera alors en plusieurs étapes. « Il y aura des tests d’anglais, de personnalité, ou encore des tests psychotechniques que chaque candidat devra passer. Ceux qui les auront réussis pourront accéder à la phase d’entretien durant laquelle nous pourrons sonder la motivation de la personne. Celui ou celle qui passera toutes ces étapes pourra ensuite être intégré dans l’école », indique Rania Said. S’en suivront ensuite trois ans de formation pour avoir un bachelor ou cinq ans pour obtenir un master.

Tout cela, à condition d’en avoir les moyens, bien sûr ! Car l’inscription dans cette école privée revient à la coquette somme de 7.000 euros. De quoi en faire réfléchir plus d’un… Mais la gérante se veut rassurante : les élèves pourront bénéficier de certaines aides. « En deuxième année, les élèves peuvent postuler dans toutes les écoles Vatel du monde. S’ils partent, le conseil départemental peut prendre en charge l’année scolaire passée à l’étranger. Pour la troisième année, si l’étudiant trouve une entreprise qui accepte de l’embaucher après le diplôme, nous pourrons mettre un dispositif spécial pour qu’il n’ait pas à payer l’école. » L’intérêt est de rendre la formation accessible à un public qui n’aurait pas forcément les moyens de payer l’école.

Une chose est sûre, ceux qui auront la chance d’être formés dans cet établissement bénéficieront d’une immersion totale dans le monde de l’hôtellerie et du tourisme dès la première année. Les stages alternés seront obligatoires pour que les élèves soient prêts à l’embauche dès la sortie d’école. « Le principe de Vatel est d’allier la théorie et la pratique. Il y aura deux semaines de cours et deux semaines de stage pendant six mois. Et ensuite, quatre mois de stage dans un hôtel, pour la première année », précise Rania Saïd. Cette dernière a déjà signé avec des partenaires à Mayotte qui accueilleront les stagiaires. Ils ont tout intérêt à les accepter puisque ces futurs cadres sont probablement l’avenir du développement touristique à Mayotte. « Avec cette école, nous pourrons rehausser le niveau du tourisme chez nous dans cinq à dix ans », espère Rania Saïd. Et c’est bien tout le mal que l’on souhaite à l’île aux parfums.

Les inscriptions se font par mail à admissions@valet.yt ou par téléphone au 06.92.42.49.57

Un quart des policiers confrontés à des idées suicidaires : Mayotte ne fait pas exception

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Menée auprès de 6.000 agents, une étude de la Mutuelle des forces de sécurité, (MGP), rappelle les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés ces fonctionnaires. Plus de 1.100 policiers se sont suicidés ces 25 dernières années, soit 50% de plus que le reste de la population. Le 101ème département a ainsi perdu deux de ses agents, entre 2020 et 2021.

Depuis le 1er janvier 2021, 16 policiers se sont donnés la mort. Parmi eux, un agent du 101ème département, formateur au centre de tir dont le corps sans vie avait été découvert fin janvier par la police aux frontières (PAF), en Petite-Terre. “Il y a eu une enquête mais on ne sait pas vraiment pourquoi il s’est suicidé. Tout le monde pense que c’était lié à sa vie privée, car c’était quelqu’un de bien structuré, de sportif, il ne laissait pas transparaître de faiblesse… Mais on ne sait jamais vraiment”, soupire Bacar Attoumani, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale.

Pour les policiers, il est toujours difficile de faire la part des choses entre vie professionnelle et vie privée. Une réalité qui vient d’être étayée par une étude de la Mutuelle des forces de sécurité (MGP), dont les résultats ont été publiés ce lundi par le site de Franceinfo et le journal Le Monde. La mutuelle, qui a interrogé 6.000 agents entre février et mars 2021 a mis en lumière les difficultés de la profession. Ainsi, un quart des policiers a des pensées suicidaires et 40% d’entre eux sont en détresse psychologique. Soit bien plus que la moyenne nationale, et ce, alors même que les policiers français sont en meilleure santé que l’ensemble de la population. Mais ils souffrent parallèlement d’hypertension et de problèmes de dos à cause de leur équipement, des “conditions d’exercice du travail” qui influent sur leur santé mentale, souligne l’étude. Les jeunes entre 30 et 35 ans sont les plus touchés, et considèrent manquer “de temps pour accomplir leurs tâches et avoir des difficultés à jongler entre vie privée et professionnelle”, rapporte Franceinfo.

 

La problématique propre à l’institution

 

Alors que la France compte plus de 150.000 policiers, le panel de 6.246 fonctionnaires qui ont répondu au questionnaire, constitué en majorité d’hommes, de plus de 45 ans, en couple et ayant plus de 20 ans d’ancienneté, donne “une photographie représentative du policier moyen”, juge Le Monde. Si les agents en poste à Mayotte ne figurent pas forcément parmi les personnes interrogées, les syndicats de police locaux que nous avons contactés confirment ces résultats. “Le risque est réel à Mayotte car cette problématique ne concerne pas que la métropole mais bien l’institution”, abonde Bacar Attoumani.

Les difficultés identifiées par l’enquête de la MGP, comme les conditions de travail, les tensions avec la population, les rapports avec les collègues et la hiérarchie qui “aggravent le phénomène” de détresse psychologique, se vérifient en effet sur l’île aux parfums. “On dit souvent que les collègues se suicident à cause de leurs problèmes persos, c’est en tout cas ce qui est déclaré par le ministère ou la hiérarchie directe, mais souvent ces problèmes rencontrés au travail finissent par être ramenés à la maison. C’est très compliqué de faire la part des choses”, confirme Aldric Jamey, délégué départemental d’Alternative Police. Selon le représentant, le manque d’effectifs et de moyens, “peu importe l’endroit”, pèse dans la balance. “Je parle par exemple d’avoir un véhicule ou du matériel adaptés. Des choses toutes simples, comme les problèmes de dos que nous pouvons avoir à cause du ceinturon et du poids de l’arme d’un côté de la hanche”, relève-t-il.

 

Isolement, manque de suivi psychologique

 

Autre constat, également partagé par l’étude : la nécessité d’un suivi psychologique, qui manque cruellement, qui plus est à Mayotte. “Nous avons une seule psychologue qui n’est pas là tout le temps, et c’est très difficile d’effectuer le suivi, face à des collègues qui n’osent pas passer le pas, il y a une peur d’exprimer son mal-être”, poursuit Aldric Jamey. Si des dispositifs comme les numéros verts, existent ou ont existé par le passé, leur efficacité semble par ailleurs limitée. “Dès qu’il est possible d’être identifié, cela constitue un frein, et ici les gens se connaissent, c’est petit”, explique Bacar Attoumani, qui souligne aussi le manque d’accompagnement pour les nouvelles recrues, dès lors qu’il s’agit de trouver un logement ou une école pour les enfants. “Il y a une problématique d’isolement, les gens peuvent avoir du mal à s’adapter à Mayotte, ce qui pousse certains collègues au départ.” Sans compter les défis sécuritaires du 101ème département, qui fait face à “une montée de la violence”.

 

Des effectifs sous pression

 

Outre ce manque d’accompagnement, des dissensions peuvent naître entre les agents et leur hiérarchie. “Nous avons des situations où le commandement se désolidarise de la base, et commande uniquement avec la politique du chiffre, qui est d’ailleurs toujours présente, quel que soit le service”, rappelle Aldric Jamey. Sans surprise à Mayotte, la lutte contre l’immigration clandestine est particulièrement exposée à cette pression. Avec des effets en cascade pour les autres services. “Quand on demande aux effectifs de la CDI (compagnie départementale d’intervention) de faire de la LIC, ce sont autant de véhicules de police et d’agents réquisitionnés, qui vont être enlevés de Mamoudzou pour aller en Petite-Terre et au centre de rétention administrative (CRA)”, poursuit le syndicaliste.

Reste une spécificité locale : “les Mahorais, ceux qui sont issus de la culture musulmane peuvent écarter la possibilité du suicide, au regard de leur éducation”, analyse Bacar Attoumani. Ce qui n’a pas empêché le 101ème département de connaître lui aussi deux suicides de policiers en moins d’un an, l’un en avril 2020, agent à la police aux frontières (PAF) et l’autre en janvier 2021, formateur aux techniques et à la sécurité en intervention (FTSI). De son côté, la MGP rappelle que plus de 1.100 policiers se sont suicidés ces 25 dernières années, soit 44 suicides par an en moyenne. C’est 50% de plus que le reste de la population. “Il faudrait qu’il y en ait zéro”, signe Aldric Jamey.

Les embouteillages nuisent à votre santé mentale et votre vie sociale

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Les embouteillages font pleinement partie de la vie des habitants de Mayotte. Matin, midi ou en fin de journée, ils sont constamment présents dans certaines zones de l’île. Faute d’alternatives pour y échapper, les Mahorais s’y habituent, non sans conséquences sur leur santé mentale. Stress, épuisement émotionnel, fatigue constante… Les embouteillages ont des effets néfastes sur les automobilistes, et, par ricochet, sur toute la société.

Le constat est sans appel. « J’accompagne de plus en plus de patients qui sont victimes de la congestion routière à Mayotte. Cela a un impact sur leur santé mentale et leur vie sociale. » Il y a quelques années, le psychologue et sophro-analyste Fayum Ambdi n’aurait peut-être pas prononcé cette phrase. Aujourd’hui, impossible d’échapper à cette partie de son quotidien : c’est indéniable, Mayotte suffoque sous les embouteillages. Les communes de Mamoudzou, Koungou et Dembéni sont les principales concernées par ce fléau. Omar, habitant de Dzoumogné qui travaille à Kawéni en fait les frais. « Je me souviens qu’en 2017 les bouchons commençaient vers les Hauts-Vallons, aujourd’hui, je tombe dessus depuis Trévani », soupire-t-il. Une situation qui influe sur son organisation puisqu’il est désormais obligé de se réveiller de plus en plus tôt. « Quand j’ai des réunions à 8h ou 9h du matin, je me réveille à 3h30 et je pars de chez moi vers 4h45. Et même ainsi, je n’échappe pas aux embouteillages. Je passe 2h30 pour faire le trajet de chez moi jusqu’à Kaweni », continue-t-il. Seul avantage : Omar est son propre patron et peut aménager son emploi du temps.

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Parmi ses camarades d’infortune matinale, les mains cramponnées à leur volant au milieu des files de voitures, rares sont ceux à avoir cette chance. À l’exemple de Nasrine, habitante de Mzouazia qui bosse à M’tsapéré. Sa routine du matin est chronométrée à la minute près. « Je me réveille à 3h, et pars de chez moi au plus tard à 4h15 pour espérer arriver au travail à l’heure à 7h30. Si je perds ne serait-ce que 5 minutes chez moi, je passe beaucoup plus de temps dans les embouteillages », martèle la jeune femme. Chaque matin, Nasrine passe pratiquement 3h sur la route. Difficile d’imaginer plus ? Et pourtant ! Si les embouteillages du matin sont une chose, ceux de la fin de journée se révèlent au moins aussi pénibles. « Je finis à 16h30 et je n’arrive pas chez moi avant 18h. C’est frustrant parce que quand je pars de la maison il fait nuit et quand je rentre il fait nuit », s’agace Nasrine. De son côté, Omar préfère prolonger ses journées de travail afin de ne pas subir les bouchons. « Des fois je finis à 16h ou 17h mais je reste à Kawéni jusqu’à 19h avant de rentrer pour ne pas vivre la même situation du matin. »

« Cette situation me désole, j’ai envie de crier, ça joue sur mon mental. »

Passer des heures et des heures sur la route, coincé dans les embouteillages, joue sur le moral des Mahorais. Ras-le-bol, fatigue, colère, stress, les automobilistes de Mayotte sont sujets à de nombreux maux. « Cette situation me désole, j’ai envie de crier, ça joue sur mon mental », réalise Omar. De quoi irriter particulièrement ce père de famille, qui perd un temps précieux. « Quand je rentre, je m’endors immédiatement. Je n’ai même pas le temps de jouer avec les enfants parce que je sais que je dois me réveiller à 3h du matin. » Christophe, habitant d’Ironi travaillant à Mamoudzou, a parfaitement conscience des conséquences psychologiques que provoquent les embouteillages sur lui. « C’est fatiguant psychologiquement parce qu’on sait que c’est récurrent. On sait que du lundi au vendredi, on va vivre la même chose. » Problème : cette prévisibilité, presque rassurante, a même perdu en précision. « Il y a deux à trois ans, on savait que les bouchons commençaient à une certaine heure, à des endroits précis. Maintenant ,ce n’est plus prévisible, on peut tomber dessus à n’importe quelle heure, n’importe où, c’est encore plus frustrant et je suis donc moins patient », explique-t-il.

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La vie sociale n’est pas en reste. La fatigue et le stress cumulés à cause de l’engorgement des routes restreint les envies des automobilistes. « Après le travail, je n’ai pas envie d’aller boire un verre, ni de faire des rencontres ni de voir mes amis. Ma vie sociale est limitée parce qu’une grande partie de mon énergie est prise dans les bouchons », poursuit Christophe. Le week-end reste l’unique moment de répit, mais, trop fatigués, certains préfèrent récupérer les heures de sommeil perdues. Pas de grasse matinée pour Nasrine qui se réveille automatiquement à 3h du matin, réglée comme une horloge. Pour autant, celle-ci s’efforce de mener une vie saine. « En dehors du travail, je n’ai pas de vie sociale. C’est toujours voiture, boulot, dodo. Alors le week-end, même si je suis fatiguée, j’essaye de profiter de mes proches au maximum. » Un équilibre absolument nécessaire pour ne pas sombrer dans la dépression.

 

La santé mentale de toute la population mahoraise en danger

 

Car les risques existent. Le psychologue Fayum Ambdi a étudié les conséquences des embouteillages et il en a dégagé plusieurs pistes. Le stress est le premier effet néfaste sur le psychique. « Les personnes qui sont constamment dans les embouteillages stressent quotidiennement. Mentalement, elles sont sous tension et quand elles sortent des bouchons elles doivent avoir envie d’exploser », analyse le professionnel. Et plus la durée du trajet est longue, plus le stress augmente en intensité. Une fois arrivée au travail, la personne qui a subi les embouteillages est « plus susceptible de s’énerver pour la moindre chose », précise le psychologue. Le stress peut engendrer d’autres réactions, notamment physiologiques. Transpiration, tremblements, panique figurent parmi les éléments qui peuvent vous indiquer un état de stress. « J’ai eu des patients qui m’ont expliqué qu’à chaque fois qu’ils entraient dans les embouteillages, ils avaient des crispations et des picotements. Ce sont en réalité des angoisses installées au sein du corps de la personne parce qu’elle n’en peut plus », complète Fayum Ambdi.

À cela s’ajoute le phénomène d’épuisement émotionnel généré par l’épuisement du corps. Arrêter et redémarrer une voiture durant plus de deux heures est éprouvant physiquement, et le manque de sommeil chez les plupart des automobilistes n’arrange pas la situation. « Le corps ne se repose pas assez. Plus la durée du trajet augmente, plus les facteurs de détresse psychologique augmentent, c’est-à-dire, la dépression et l’épuisement. Cela s’accompagne aussi d’une réduction du bien-être mental et physique », éclaire le spécialiste.Les embouteillages ne sont pas à prendre à la légère, parce qu’ils peuvent avoir un impact considérable sur toute la société. « Cette congestion routière peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale publique de tout le territoire parce que si on n’est pas bien, on n’a pas forcément envie d’aller vers les autres et cela influe sur le bien-être des familles, de la vie sociale, en bref, la santé de la société est impactée », prévient le psychologue.

Des solutions pour effacer ce mal-être existent. Fayum Ambdi préconise de consulter un psychologue qui aidera à trouver des astuces pour atténuer cette situation d’inconfort. On peut aussi faire des exercices de respiration ou écouter de la musique lorsque l’on se trouve piégé dans les bouchons. Il est également recommandé de faire le trajet avec des personnes que l’on apprécie. Mais tout cela n’est qu’un petit pansement sur une grosse plaie. « Tant que les services publics ne remédieront pas à ce fléau, il n’y aura pas de solution optimale et notre société sera de plus en plus malade. Un fléau ne se combat pas tout seul de son côté, mais de manière collective », lance le professionnel. Les prochains élus départementaux n’ont plus d’excuses pour ne pas désengorger les routes de l’île. Il en va du bien-être de toute la société mahoraise.

? Les Sportifs de la Décennie 2010-2019 : Henri et Abouchirou Soultoini au bout du suspens

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Ce samedi, la Somapresse a révélé le nom des Sportifs de la Décennie 2010-2019, après deux semaines de vote sur son site internet. Le basketteur Ahmed Saïd Salime alias Henri et la handballeuse Abouchirou Saïd ont été plébiscités dans les deux catégories phares. Jeanine Assani Issouf, Toifilou Maoulida, Sébastien Synave, Sébastien Rière, le Combani Handball, le BC M’tsapéré et le Centre Multisports de M’roalé sont les autres lauréats.

C’était une cérémonie tout-à-fait particulière. D’abord pour son contexte d’organisation, en ces temps de crise sanitaire. La remise des trophées du Sportif de la décennie 2010-2019 s’est déroulée en comité réduit, sans public, mais tout de même en présence des nommés et de leur accompagnant : une première depuis la création de l’événement en 2009.
Le tout dans le respect d’un protocole sanitaire strict mis en place par la Société Mahoraise de Presse, l’organisateur, et Mayotte La 1ère, l’hôte de la cérémonie. « L’espace était divisé en deux, avec les nommés sur la partie basse de la cour extérieur, et les accompagnants sur la partie haute de la cour« , détaille Nassem Zidini, chargé de l’événementiel à la Somapresse. « Avec également des chaises séparées d’1,50 mètres les unes des autres de manière à respecter la distanciation sociale. Ou encore, pour la partie buffet, des assiettes déjà confectionnés pour les invités. » C’était une cérémonie particulière, ensuite, pour la singularité de l’élection.

En effet, depuis 2009, l’événement le Sportif de l’année récompense les meilleurs sportifs mahorais de l’année civile écoulée. Cette fois-ci, elle mettait en lumière les meilleurs sportifs mahorais de la décennie passée : la décennie 2010-2019. Les 40 nommés se sont mis sur leur 31 et ont majoritairement répondu à l’invitation de la Somapresse.

 

9 lauréats et 32 nommés médaillés

 

Ils ont pu, tour à tour, recevoir les médailles ainsi que le trophée créés par 3Découpe, artisan local reconnu sur l’île. Anli Julien le gérant, ayant notamment été retenu pour la Grande exposition du fabriqué en France, en janvier 2020 à l’Élysée. Concernant les lauréats, le Combani Handball Club, huit fois titré lors des dix derniers championnats a été élu Équipe féminine de la décennie, tandis que le Basket Club M’tsapéré, auteur de sextuplé historique en 2014 a été élu Équipe masculine de la décennie.

Sébastien Rière, président du Comité Territorial de Rugby de Mayotte de 2002 à 2020 et vice-président de la Fédération française de rugby en charge de l’Outre-mer au cours du dernier mandat, a été élu Dirigeant de la décennie. Sébastien Synave, entraîneur du Racing Club Mamoudzou est l’Entraineur de la décennie après avoir formé et coaché Jannot Bacar, sélectionné en équipe des Comores pour des championnats du monde, Myriam M’lazahahé, sélectionnée en équipe de France pour des championnats d’Europe, ou encore Hafidhou Attoumani, qualifié pour des finales de championnats de France.

Jeanine Assani Issouf, multiple championne de France et première mahoraise qualifiée et ayant participé à des Jeux Olympiques, a été élue Mahopolitaine de la décennie. Toifilou Maoulida footballeur professionnel de 1997 à 2018, est le Mahopolitain de la décennie. Abouchirou Soultoini, handballeuse tsingonienne, arbitre, entraîneuse, éducatrice sportive, un temps élue chargée des sports dans sa localité, a été élue Sportive de la décennie.

« Encore des réflexions à mener pour améliorer l’événement »

Enfin, Ahmed Saïd Salime, basketteur labattoirien, membre cadre des trois sélections pour les Jeux des îles de l’océan Indien en 2011, 2015 et 2019, pour deux médailles d’argent, a été sacré Sportif de la décennie. La cérémonie diffusée en direct à la télé et sur internet sur Mayotte La 1ère avait débuté avec la remise du prix MDPH Handisport attribué au Centre Multisports de M’roalé, pour toutes ses actions au bénéfice des personnes en situation de handicap.

La Société Mahoraise de Presse poursuit ainsi son travail de valorisation des sportifs mahorais, avec le soutien de partenaires privés, mais également celui de partenaires institutionnels tels que la Jeunesse et sport État (Drajes), le Département de Mayotte ou encore le Comité régional olympique et sportif (Cros) de Mayotte, représenté samedi soir par ses vice-présidents Hakim Ali Abdou et Mohamed Ahmada Tostao, et son président Madi Vita.

« L’événement Le Sportif de l’année est un événement que le CROS Mayotte soutient depuis la première édition en 2009. Un événement qui met en lumière le sport mahorais, les sportifs mahorais, un événement qui valorise et qui récompense tous ces bénévoles, qu’ils soient entraîneurs, dirigeants, athlètes : le mouvement sportif mahorais ne peut que le soutenir« , explique ce dernier. Pour Nassem Zidini, il ne s’agit plus véritablement de se demander si l’événement a un avenir, mais plutôt de se demander comment continuer de l’améliorer.

« Le Sportif de l’année a tellement évolué entre la première édition et cette douzième cérémonie ! Malgré cela, il y a encore des réflexions à mener pour l’améliorer et en faire un événement encore plus plaisant à suivre, notamment pour les internautes et téléspectateurs. Des idées ont déjà émergé de la part des nommés et invités même, samedi soir pendant et après la cérémonie… Nous allons y réfléchir à la Somapresse pour les prochaines éditions. Nous allons y réfléchir à la Somapresse, échanger avec nos partenaires. Nous sommes satisfaits de cette cérémonie et confiants pour la suite.« 

Au lycée de Tsararano, premier internat d’excellence à Mayotte

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Le lycée de Tsararano a rejoint la liste des 253 établissements français retenus lors de la campagne de labellisation “internat d’excellence”. Une fierté pour le premier internat de ce type dans le 101ème département français.

Chambre simple ou triple, cantine scolaire, salle de jeux et de détente ou encore vue sur le lagon, bienvenue à l’internat de Dembéni. Ouvert en 2018, l’établissement d’une capacité de 116 places accueille cette année un peu plus de 80 élèves. Il y a une quinzaine de jours, il a reçu sa labellisation “internat d’excellence”. Un label gage de qualité en termes d’éducation et de pédagogie, soutenu par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, lequel avait souhaité la création d’une telle structure d’excellence dans chaque département français, à destination des élèves à fort potentiel.

 

Un projet académique

 

Le projet “internat d’excellence” est avant tout porté par l’État et l’académie. En effet, le lycée de Tsararano fait aujourd’hui partie des 253 établissements français retenus lors de cette campagne. “Aujourd’hui, nous redécouvrons les vertus de l’internat, un concept qui est longtemps tombé en désuétude”, souligne Stéphane Planchand, conseiller technique du recteur. Un idéal partagé par Gilles Halbout. “L’internat de Dembéni permet à chacun de mener à bien un parcours d’excellence dans les meilleures conditions, en sécurité et préservé des longues heures de transport scolaire. L’internat reste plus globalement un formidable outil d’égalité des chances que nous entendons développer : aux 116 places de Dembeni, s’ajouteront, dans un futur le plus proche possible, les 400 places des internats de Kawéni, de Chirongui et du futur lycée de Longoni« , assure-t-il.

“Former l’élite mahoraise de demain”

Pour Michel Toumoulin, proviseur du lycée de Dembéni, l’objectif de ce projet est avant tout la promotion des talents et la valorisation des mérites sur le plan intellectuel mais aussi collectif. “C’est un vrai projet d’équipe. Les niveaux des internes vont de la seconde à la terminale et dès la rentrée prochaine, nous accueillerons des étudiants du CUFR ou de la CPGE de Sada. C’est un public très diversifié qui s’enrichira mutuellement, à coup sûr.

 

L’internat ? Les élèves en parle

 

L’internat d’excellence permet aux jeunes filles en classe sport de conjuguer parcours d’excellence sportif et scolaire. Des lycéens en section football en témoignent. Comme Issie, jeune habitante de Koungou en classe de seconde générale, pour qui cette possibilité de loger à proximité de son établissement constitue un gain de temps considérable. “Avant, je prenais le bus à 5h, j’arrivais souvent en retard à cause des bouchons. J’étais très fatiguée et je n’arrivais pas à suivre le rythme des cours et des entraînements. Aujourd’hui, grâce à l’internat je me couche tôt et je me lève une heure plus tard. Au début, mes proches me manquaient, mais maintenant j’ai bien vu que c’était la meilleure des solutions pour moi afin de mener de front football et études”, confie-t-elle.

Ses camarades, reconvertis en guides le temps d’une journée, rapportent les mêmes problèmes de transports qui les ont amenés à l’internat afin de retrouver un peu de sérénité au quotidien. Chaïma, étudiante de classe de première Sciences et Technologies de Laboratoire évoque quant à elle le plaisir de pouvoir se rendre à l’entraînement tous les soirs sans pour autant rogner un temps précieux sur ses études, mais encore le cadre donné par les horaires de l’internat. Plus question de traîner une fois la nuit tombée !

Parler d’éducation avec l’association Coup de Pouce et les Ceméa

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Des ateliers d’échanges entre parents sont organisés chaque semaine par l’association Coup de Pouce, en partenariat avec les Céméa. Tournée vers l’accompagnement des jeunes, l’association de Kawéni profite de ces moments pour aborder l’éducation des enfants et les conflits qui peuvent subvenir au sein du cocon familial. Et depuis 2016, une quinzaine de parents est présente à chaque séance.

Tous les vendredis, c’est le même rituel. Les parents de Kawéni se retrouvent dans les locaux de l’association Coup de Pouce pour échanger sur le thème de l’éducation. “Ils parlent de leur vie quotidienne, de l’éducation, de leurs méthodes”, déroule Halima Moussa Combo, membre de la structure. Installés autour de la table, une quinzaine de pères et de mères regardent des films, tournés par les Ceméa (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active), représentant des scènes de vie familiale quotidienne. À chaque fin de projection, un débat est lancé, sur la manière dont le parent a réagi et sur comment eux-mêmes auraient réagi. Chacun donne son point de vue, sa manière de penser. “Ils sont inquiets pour la sécurité et l’éducation de leurs enfants et en venant ici, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls”, souligne Halima, fière de réunir depuis 2016 des parents dans ces ateliers et de voir que les choses bougent, petit à petit.

 

Des échanges qui portent leur fruit

 

Le partenariat entre l’association Coup de Pouce et les Ceméa est né il y a bientôt cinq ans. Depuis, de réels changements ont pu être observés à Kawéni. “Beaucoup de jeunes ont lâché leurs bêtises et font maintenant des formations avec l’association”, note Amini Ousseni, formateur auprès de l’association. Initialement, cette action avait été mise en place après le constat par les médiateurs de Coup de Pouce de l’existence de nombreux conflits entre les jeunes et les parents. Pour que les participants se sentent libres de partager leurs expériences, les groupes ne devaient pas dépasser les quinze participants, avaient-ils jugé. C’est encore la configuration qui fait loi ce vendredi. Comme chaque semaine, différents parents sont présents pour aborder les questions qui les taraudent : l’autorité, les relations pères-filles… Il n’y a pas de tabou entre ces murs, et certains parents utilisent les conseils de leurs pairs pour essayer de faire changer les choses sous leur toit.

 

Une association proche de la population

 

Les ateliers du vendredi ne sont qu’une petite partie des actions menées par l’association. En plus des formations proposées aux jeunes, Coup de Pouce est très proche des habitants du quartier. Ils nettoient ensemble les rues et organisent même des brocantes, pour éviter que du matériel inutilisé s’entasse chez les habitants de Kawéni alors qu’il pourrait servir à d’autres. Les membres de l’association et les Kawéniens sont donc très proches. Un lien de confiance s’est tissé entre eux et permet aussi cette libération de la parole. Cette semaine, l’atelier se termine en chanson. Samuel, animateur de l’association mais aussi chanteur, entame des notes a capella, à destination de ces pères et mères de famille. Qui repartent le cœur léger, un sourire aux lèvres après ce spectacle inopiné. Et avant de retrouver leur foyer, des idées plein la tête.

Avec la pose de la première pierre, la Technopole (bientôt) une réalité pour Mayotte

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La Chambre de commerce et d’industrie, le Département et leurs partenaires ont posé ce jeudi la première pierre de ce campus d’innovation, censé accompagner la croissance des entreprises et faire rayonner l’île au-delà de son lagon.

Casque orange vissé sur le crâne, les deux gaillards de la Colas prennent la pose, bras croisés à côté de leur muret qui fait face au lagon. “Alors il est beau, hein ?”, se targuent-ils en bombant le torse. Un parpaing bancal boude un peu le reste de la structure, se permet-on de leur signaler. “Ah, mais ça, c’était pour la photo, en dessous, la partie qui est bien, c’est nous qui l’avons faite.” Cinq minutes plus tôt, les caméras immortalisaient en effet la pose de la première pierre de la Technopole, lançant officiellement les travaux pour ce chantier d’envergure. Un projet de longue haleine, qui date au moins de 2018 avec une étude conjointe de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et l’Agence française de développement (AFD).

Trois ans plus tard, ce travail partenarial, qui a reçu le concours du Département, de l’État, de l’Europe, du centre universitaire de formation et de recherche (CUFR), de l’Agence de développement et d’innovation (ADIM), de la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) et bien sûr de la ville de Dembéni, hôte de l’infrastructure, sort enfin de terre. “Ce projet ardemment souhaité devient une réalité. Aujourd’hui, nous faisons ensemble le pari de l’innovation et de l’avenir”, a salué le maire de la commune Moudjibou Saidi, en rappelant sa volonté de “faire de notre ville une alternative à Mamoudzou pour désengorger de manière pérenne et efficace le chef-lieu”. Après l’annonce du campus connecté et l’inauguration à quelques semaines d’intervalle du nouveau pôle de formation de la CCI, la deuxième ville de Mayotte marque une fois de plus son ambition de devenir un hub universitaire.

 

Future Silicon Valley de Mayotte

 

Il faut dire que le terrain trouvé pour accueillir la Technopole est plutôt bien choisi. Situé en haut d’une longue pente qui prend son départ à l’Hôtel de ville, le site surplombe l’île aux parfums, avec une vue imprenable sur le lagon. “Je vous invite à vous tourner vers votre droite, pour admirer ce beau paysage, cette belle vue qui probablement va inspirer toutes celles et ceux qui vont travailler ici”, a prédit le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani. “Cette Technopole sera la future Silicon Valley de Mayotte.

Il faudra sûrement quelques années pour s’en assurer, mais l’affaire semble sur de bons rails. Avec son venturelab, ses espaces de coworking et d’événementiel, ses laboratoires de recherche, l’infrastructure a pour objectif de faire de Mayotte une “terre d’industrie”, et un territoire “leader en recherche et développement et en innovation dans le canal du Mozambique”, a souligné Nadine Hafidou, secrétaire du bureau de la CCI. Avec un accent mis sur quatre domaines stratégiques : l’agro-transformation, les activités marines, les technologies de l’information et de la communication (TIC), et les services aux entreprises (stratégies d’innovation, aide dans la recherche de financements, ou l’élaboration d’un business model…).

 

Création de richesses et rayonnement régional

 

Un vrai défi pour le département, qui compte 98% d’entreprises avec moins de cinq salariés, 63% spécialisées dans le commerce qui emploient moins de un salarié et 5% dans l’industrie qui concentre 25% des salariés du privé. “Face à ce constat qui fait de Mayotte un territoire de consommation, nous avons compris que l’industrie était notre meilleur atout pour la création de richesses tout en résorbant le chômage de masse qui gangrène le territoire”, a poursuivi la cheffe d’entreprise.

Coût de l’opération : 16,3 millions d’euros, dont 12,8 millions rien que pour les travaux. Le projet a notamment bénéficié des fonds européens via le Feder et du contrat plan État-Région (CPER), ainsi que d’un coup de pouce du Département de 3 millions d’euros. Il faudra maintenant deux ou trois ans pour que les premiers entrepreneurs, étudiants ou enseignants chercheurs investissent les lieux. Et que, d’un coup d’œil au-dessus de leur écran vers l’horizon, ils fassent de cette “petite Mayotte”, la “tête de pont du rayonnement de la France et de l’Europe dans cette partie du monde”, se prend à rêver Soibahadine Ibrahim Ramadani.

Lancement de la 27ème édition du Festival de l’image sous-marine de Mayotte

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Le festival est un lieu de rencontre, de partage et d’échanges pour tous les amoureux de la mer. Son objectif principal est la sensibilisation du public le plus large possible à l’environnement marin, ainsi qu’à la nécessité de sa préservation. Le FISM met en avant la sauvegarde et le respect de l’environnement, et s’articule depuis sa création, autour de plusieurs concours ouverts à tous : enfants et adultes, initiés et novices, passionnés ou simples curieux.

Malgré la crise sanitaire, les quatre concours ont bien eu lieu en 2020. Le lundi 3 mai et le samedi 29 mai, les gagnants du concours de dessin destiné aux jeunes (deux catégories : moins de 12 ans et plus de 12 ans), ont pu profiter de leur baptême de plongée. Ce sont 23 heureux gagnants qui ont exploré les fonds marins du lagon en embarquant à bord du catamaran O’Bulles Croisière et également avec les équipes du club Nautilus Plongée. Un moment particulier et inoubliable pour ces enfants qui, pour la plupart, découvrait la richesse du lagon de Mayotte.

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Cette année encore, le Festival de l’image sous-marine, pour sa 27ème édition, se déroulera à Mamoudzou du 7 au 10 octobre. Pour cette nouvelle édition, quatre concours sont lancés :
un concours de dessin réservé aux jeunes (deux catégories : moins de 12 ans et plus de 12 ans) ;
un concours de photographie au sein de deux catégories « amateur et expert » ; un concours de film (grand format 52’, petit format 26’, clip de moins de 3’, scolaire) ; un concours de musique : sur le thème de la mer bien-sûr.

L’inscription aux différents concours est gratuite. Vous pouvez vous inscrire et récupérer le règlement directement sur : le site officiel du FISM soireesdelimagesousmarine.fr ou sur la page Facebook « Festival de l’image sous-marine de Mayotte ». Date limite des concours : le vendredi 20 août à 18h (photos et films) et le mardi 6 juillet à 18h (dessin et musique).

Compagnie Zena Airlines : « Nous avancerons avec ou sans le Département de Mayotte»

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Le projet de compagnie aérienne mahoraise continue son bonhomme de chemin et les prochains mois s’annoncent rythmés et riches en bonnes nouvelles. Mais il va falloir encore prendre quelque peu son mal en patience. D’ici le lancement officiel de Zena Airlines, les frères Novou espèrent convaincre la future majorité du Département de mettre la main à la poche et font déjà face à la concurrence d’Air Austral et d’Ewa Air.

Flash Infos : En décembre dernier, vous aviez dévoilé dans nos colonnes votre intention de lancer une compagnie aérienne mahoraise. Où en est l’état d’avancement du projet Zena Airlines ?

Régis Novou : Nous allons déposer les statuts dans le courant de la semaine prochaine. La structure juridique sera créée d’ici une quinzaine de jours. Nous pourrons alors lancer la phase de certification durant l’été. Sur l’équipe de six responsables désignés, nous en avons déjà trois qui vont nous aider à porter le projet auprès de l’aviation civile. Vers la fin du mois d’août, nous serons en capacité de déposer la demande de CTA (certificat de transporteur aérien). Nous allons en parallèle rédiger nos manuels, en conformité avec la réglementation.

Dans le même temps, nous discutons avec des loueurs d’avion, qui nous ont envoyé des propositions très intéressantes. Le point concernant la location de deux appareils est bien avancé ! Le plan de flotte est prévu à moyen terme. Il pourra évoluer en fonction de la réalisation de la piste longue et du calendrier établi. Nous prévoyons de contractualiser les avions aux alentours de septembre, histoire de modifier les cabines selon notre business plan. Nous avons reçu la garantie que cette étape ne prendrait que trois mois. Pour finir, nous débuterons la campagne de recrutement des équipages vers la fin de l’année. Il faudra alors compter un peu plus de deux mois pour compléter leur cycle de formation.

Nous avons fait, entre guillemets, une pause dans nos démarches. Comme vous l’avez vu, nous sollicitons une participation du conseil départemental. Mais attention, ce n’est pas pour un financement en soi. En termes de capitalisation, nous pouvons mener à bien notre projet avec des fonds privés. Mais nous souhaitons les intégrer pour nous assurer que la stratégie de la compagnie restera à Mayotte. Même si nous sommes les gérants, nous restons avant tout les employés des actionnaires… Si la collectivité mettait la main à la poche, elle serait alors en mesure de rajouter du capital le jour où un investisseur privé voudrait détenir la majorité de Zena Airlines. Nous discuterons avec le nouveau bureau après les élections départementales pour voir si nous avancerons ensemble ou non.

FI : Mardi dernier se tenait la dernière commission permanente du Département pour cette mandature. Le collectif des citoyens de Mayotte 2018 a semé le trouble en pleine séance pour réclamer la subvention du projet Zena Airlines. Comment avez-vous vécu cet épisode ?

R. N. : Ce mouvement ne vient pas de notre fait. Nous n’en sommes en aucun cas les instigateurs. D’ailleurs, nous avons été avertis le matin-même à 9h. Les membres du collectif souhaitaient avoir l’avis des élus. Je comprends leur impatience ! Dans le cadre de réunions que nous avons pu avoir ensemble, on nous a interrogés à plusieurs reprises sur la position du conseil départemental… Pour tout vous dire, nous en sommes à la troisième demande de subvention. On nous a demandé des éléments complémentaires que nous avons fournis en début d’année. Malheureusement, quand nous voulons rencontrer les élus, tout le monde est occupé… Donc nous avançons sans le Département pour le moment. Et visiblement, c’est là que le collectif n’a pas apprécié. Et il est allé leur demander des comptes.

Je pense que les politiques n’ont pas réalisé à quel point la desserte aérienne est un sujet vital pour les Mahorais. D’une part, parce qu’une grande majorité des habitants a de la famille ailleurs. Et d’autre part parce qu’il y a aussi la question des soins médicaux. Cela concerne donc tout le monde ! Nous voyons le soutien populaire à notre égard sur les réseaux sociaux. On nous relance quotidiennement sur la volonté de nous donner un coup de pouce financier via un crowdfunding. Nous sommes en train de nous renseigner pour que cela soit possible, mais d’un point de vue légal, nous ne pouvons pas être à l’origine de cette initiative. Nous essayons de faire le nécessaire pour que ce soit réalisable, histoire que les Mahorais s’accaparent le projet. Nous sommes très attendus par la population. Ce que nous voulons faire leur parle, et cela nous galvanise. Cela nous conforte dans notre idée d’aller au bout de ce long périple !

FI : Le Journal de Mayotte a relayé ce jeudi matin une information qui risque de faire grincer des dents : Air Austral a décidé de positionner Ewa Air sur les lignes régionales que vous convoitez, comment réagissez-vous à cette tentative d’intimidation ?

R. N. : En tant que citoyen, je trouve que ce positionnement sur Pierrefonds est une très bonne chose. Cela permettrait aux voyageurs de choisir de ne pas forcément partir de Roland-Garros et ainsi d’éviter les embouteillages dans le Nord de l’île. Maintenant, si Ewa Air décide d’allier les actes à la parole, très bien. Le client sera capable de comparer les deux produits, comme les prestations à bord. Quand je travaillais pour la compagnie aérienne, elle n’avait pas l’opportunité d’en fournir. En tant que challenger, nous essaierons de tirer le service vers le haut. Et encore une fois, ce sont les habitants de Mayotte qui vont en sortir gagnants !

Mais il y a aussi l’annonce d’Air Austral de proposer des dessertes à Marseille, comme nous souhaitons le faire. C’est aussi une bonne nouvelle ! Il y aura la garantie pour les Mahorais de ne plus voyager sur une seule ligne, avec une seule compagnie aérienne. C’est un petit peu le but que nous recherchions quand nous nous sommes lancés dans cette aventure : apporter de la concurrence sur le trafic aérien et proposer une guerre d’image et de services saine.

Les chauffeurs de bus ne veulent plus conduire « la peur au ventre » à Mayotte

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Ce jeudi 3 juin, les directions des transports scolaires ont décidé de suspendre l’activité des bus pour manque de matériel sur le réseau. Depuis près d’une semaine, plusieurs bus subissent des caillassages à répétition, mettant en danger les élèves et les chauffeurs. Les instances représentatives du personnel ont donc été réunis à Sohoa par la direction pour exprimer leur avis sur le futur.

Des pierres visibles à travers les fenêtres… Des élèves en panique… Puis le bruit d’une vitre qui se casse, suivi d’une autre et d’une autre. Et des cris. Voilà ce à quoi doivent s’attendre chaque jour les élèves et les chauffeurs de bus sur la route des établissements scolaires. « Ça fait des années que ça dure !”, s’exaspère Yasmina Mabouroukou, membre du conseil syndical CFDT. “Les chauffeurs partent travailler avec la peur au ventre”, assure la jeune femme. Selon elle, les chauffeurs s’écrivent tous les soirs pour dire s’ils sont rentrés sains et saufs. “Ils en viennent à avoir peur de ne pas rentrer chez eux le soir.
La situation d’insécurité dans laquelle ils se trouvent en a poussés plus d’un au burn out, voire à la reconversion. Pourtant, tous déclarent aimer leur métier et ne pas forcément avoir envie d’arrêter. Mais les dangers auxquels ils doivent faire face quotidiennement ne cessent d’augmenter. Entre les routes mal éclairées, les arrêts de bus guère plus lumineux, les nouveaux ralentisseurs dans des zones à risques comme à Vahibé et une jeunesse désoeuvrée et frustrée, les chauffeurs n’y trouvent plus leur compte.

 

Des actes de délinquance à répétition

 

Cette fois-ci, c’est un incident particulier qui a poussé la direction à suspendre l’activité des transporteurs. Après le caillassage de plusieurs bus à Kahani lundi, des représailles ont eu lieu le lendemain à Chiconi. L’une des pierres a traversé le pare-brise du véhicule et a blessé l’un des élèves. Touché à la tête, il serait toujours dans un état critique au centre hospitalier. Au grand désespoir des transporteurs, cet acte n’était malheureusement pas isolé. À la rentrée dernière, le 10 mai, une chauffeure s’est retrouvée avec un couteau sous la gorge, alors qu’un jeune homme s’était glissé à l’intérieur du bus pendant que les élèves descendaient. Ces incidents sont devenus monnaie courante pour les transporteurs, totalement dépassés par la situation.

 

La volonté de conduire en sécurité

 

Tout ce qu’on demande, c’est plus de sécurité, pas en mettant la police partout, mais en réglant le problème sociétal qui existe à Mayotte vis-à-vis de la jeunesse”, préconise Yasmine Mabouroukou. Les transporteurs réclament de “réelles solutions” de la part de l’État. “Les professeurs et nous, sommes en contact direct avec la jeunesse mahoraise”, souligne Amir, chauffeur scolaire. Face à cette jeunesse désœuvrée, les conducteurs se veulent force de propositions. Force est de constater que l’ajout de médiateurs n’a pas arrangé cette situation périlleuse et stressante. “Ce sont les premiers à partir quand il y a un problème, et les chauffeurs se retrouvent seuls, dépassés”, se désole la membre du conseil syndical CFDT.
Leurs doléances ? Des structures pour s’occuper des jeunes et une implication réelle de l’État sur les questions de sécurité des transports. “Ce ne sont pas que des enfants d’immigrés ou des jeunes qui sont dans la précarité. Mais bel et bien l’ensemble de la jeunesse mahoraise”, analyse la jeune femme, qui se questionne sur la rentrée prochaine et les conditions de travail qui les attendent. Avant de se projeter aussi loin dans le temps, quid du présent ? À l’heure où nous écrivons ces lignes, la suspension des lignes pourrait être reconduite ce jour par les syndicats. Conséquences : de nombreux élèves pourraient à nouveau ne pas être en capacité de rejoindre leurs établissements scolaires. Le concours d’éloquence qui devait se tenir hier a lui aussi été reporté au 9 juin.

FBI Mayotte : Naftal Dylan joue désormais dans la cours des grands

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On ne le présente plus. Naftal Dylan, producteur, scénariste et réalisateur de la série FBI Mayotte, a fait un bond en avant. Parti d’une série diffusée sur les réseaux sociaux, il est aujourd’hui passé à un autre niveau. Il y aura bel et bien une saison entière de la série policière, mais Naftal Dylan n’est pas au bout de ses peines. Les partenaires financiers se multiplient, mais le Département censé soutenir la culture est aux abonnés absents.

Flash Infos : Depuis la diffusion du dernier épisode de FBI Mayotte sur les réseaux sociaux, que s’est-il passé ?

Naftal Dylan : Le projet a bien évolué. Nous avons signé avec la préfecture de Mayotte qui devient officiellement notre plus important partenaire. L’équipe du préfet m’a dit qu’ils sont contents de voir la réalisation d’un tel projet chez nous. Ils sont prêts à travailler avec moi. Ils estiment que le territoire a besoin de ce genre de projet pour encourager les jeunes talents. Je suis également en négociation avec d’autres gros partenaires, à l’exemple de Marcel Rinaldy. Il m’a dit qu’il encourage les initiatives des jeunes talents mahorais afin de développer l’île. Je dois maintenant écrire mon scénario afin de pouvoir inclure certains de ses produits. Je comprends sa démarche et c’est tout à fait possible. J’ai aussi beaucoup de partenaires qui vont m’aider sur la logistique, notamment pour la location des voitures, les scènes en hélicoptère, ou encore la prise en charge des personnes qui vont travailler avec nous. L’office du tourisme de Petite-Terre fera aussi partie des nôtres. La Cadema et la mairie de Mamoudzou, avec qui je suis en négociation, sont très intéressés. J’espère que d’autres offices de tourisme et intercommunalités suivront aussi.

FI : Tous ces financeurs seront-ils suffisants pour couvrir tous les frais de la série ?

N. D. : Pour le moment, cela ne suffira pas. J’ai fait appel au conseil départemental qui est l’instituion qui pourrait me donner le plus gros budget, mais pour l’instant, je n’ai pas eu de retour. Le cinéma est nouveau pour tout le monde, alors je prendrai le temps qu’il faut pour leur expliquer les enjeux et la positivité d’un tel projet pour l’île. Un tournage n’est pas facile, il y a plein de choses à payer, toute une logistique, chaque centime sera déboursé à bon escient. Je vais travailler avec une vingtaine de personnes, c’est conséquent ! J’ai bon espoir qu’ils reviennent vers moi et qu’ils me soutiennent sur ce projet pour le bien de Mayotte puisque finalement, je mets en avant la culture mahoraise, l’île, la gastronomie.

FI : Quelles seront vos alternatives si le conseil départemental ne revient pas sur sa décision ?

N. D. : J’espère avant tout que les élus verront l’intérêt de ce projet et tout l’engouement qu’il y a derrière. Certains candidtas aux cantonales me promettent de me soutenir s’ils sont élus… Je ne sais pas si c’est vrai ou pas, mais il y a une petite lueur d’espoir. Malgré tout, je ne suis pas naïf… Je continue à toquer aux portes de tout le monde. Je ne baisserai pas les bras et je chercherai des partenaires ailleurs. Je ferai tout pour atteindre mes objectifs. Sans la subvention du conseil départemental, cela prendra beaucoup plus de temps, mais je crois fermement à l’aboutissement de ce projet.

FI : Quel est le stade d’avancement de la série FBI Mayotte actuellement ?

N. D. : Nous sommes à la phase d’écriture du scénario, nous avons fini de rédiger l’épisode 4. Nous allons proposer une saison de 10 épisodes de 30 minutes. Et la série sera diffusée à la télé.

FI : Qu’y-aura-t’il dans cette nouvelle saison ?

N. D. : Il y aura beaucoup de rebondissements, de suspens, d’actions et surtout beaucoup de surprises. Je ne peux entrer dans les détails, mais des surprises il y en aura ! Je souhaite également tourner dans les pays de la région, notamment aux Comores et à Madgascar. Mais cela dépendra du budget que j’aurai parce que tous ces déplacements sont coûteux. Nous allons aussi voir l’arrivée de nouveaux acteurs. Je reçois pleins de messages de personnes qui veulent jouer dans la série. Je vais d’ailleurs lancer le casting dès que le scénario sera bien ficelé. Nous espérons tout finir cette année pour une diffusion courant 2022.

FI : Le secteur du cinéma est encore très peu développé à Mayotte, n’êtes-vous pas freiné par certaines contraintes sur l’île ?

N. D. : Mon associé et moi avons un rêve et nous nous disons que rien n’est impossible. Il fallait que nous nous lancions et nous l’avons fait avec notre vision, sans savoir ce qui nous attendait. Nous n’avons aucune certitude que cela va fonctionner, nous devons juste travailler et essayer d’atteindre nos objectifs. Par rapport à FBI Mayotte, nous puisons notre inspiration dans la vie de tous les jours. J’ai grandi ici, je connais le territoire, j’ai des souvenirs qui m’inspirent. Je n’invente rien, je raconte simplement la vie des Mahorais.

FI : Avez-vous d’autres projets en cours ?

N. D. : Je suis en train de préparer des émissions télé. Je prévois aussi prochainement le retour de Zana za mahorais, pour la troisième édition. Mon objectif est de faire de grosses productions de séries et d’émissions afin de développer le secteur du divertissement à Mayotte et par la même occasion créer de l’emploi. Parce que si nous faisons uniquement FBI Mayotte, mon équipe ne travaillera que de temps en temps, et ce n’est pas ce que voulons.

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