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660 professionnels de santé des Outre-mer, dont Mayotte, signent un appel commun pour la vaccination

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Avec covidurgenceoutremer.com, ces médecins et praticiens veulent contrer la désinformation et convaincre les populations réticentes à se faire vacciner, alors que la quatrième vague fait des ravages en Martinique et en Guadeloupe.

Ils étaient 35 au début du mois. Au 13 août, la pétition “covidurgenceoutremer.com” réunissait plus de 660 signatures de professionnels de santé issus de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique, de La Réunion, de Saint-Martin, de Mayotte mais aussi de France métropolitaine, autour d’un même message : “Guadeloupéens, Guyanais, Martiniquais, Réunionnais : il est urgent de vous faire vacciner !”

Il s’agit d’un site Internet produit par la Guadeloupe à destination des habitants d’Outre-mer avec l’idée d’expliquer grâce à des vidéos très simples le fonctionnement du virus, du vaccin, et les manières de se protéger”, précise Jocelyn Nothomb, chirurgien et directeur médical de crise au CHM qui souhaite associer Mayotte à cette initiative ultramarine. “Nous avons apprécié la manière dont l’information est transmise avec une plus grande localisation. Car pour toucher une population, il faut que le message la touche.”

Un appel qui fait ainsi écho à la “catastrophe sanitaire dans laquelle nous sommes”, alors que les Antilles, où la vaccination peine à convaincre, sont frappées par une quatrième vague de Covid-19 sans précédent. Avec un taux d’incidence qui frôle les 2.000 cas pour 100.000 habitants, la Guadeloupe a commencé à effectuer depuis lundi le tri des patients en réanimation dès l’âge de 50 ans. Comme en Martinique, également saturée par l’afflux de patients, la couverture vaccinale complète se hisse péniblement au-dessus des 20%. Et dans ces deux départements, aucun des patients hospitalisés en juillet ne présentait de schéma vaccinal complet. Or, “le nombre de patients infectés dans nos territoires connaît une progression très inquiétante dans le sillage de la Martinique”, explique la pétition diffusée en ligne.

Face à ce constat, ces plus de 600 scientifiques, praticiens hospitaliers et libéraux, pharmaciens, professionnels de santé, chercheurs et organismes professionnels ont répondu à l’appel afin de “permettre aux nôtres de vaincre leurs peurs, la désinformation, les fake news, et les contre-vérité scientifiques abondamment répandues”. “Nos populations ont un risque majeur de développer des formes sévères de Covid-19 en raison des prévalences élevées de surpoids/obésité, diabète, hypertension artérielle, et aussi de l’existence d’une proportion importante de personnes âgées de plus de 60 ans”, développent-ils.

petition-outre-mer-covid-vaccinationRarissimes effets secondaires graves non toxiques”

Pour contrer la méfiance anti-vaccins, les professionnels, qui assurent avoir eux-mêmes reçu leurs doses, déboutent aussi certains arguments erronés. Ainsi, ils affirment que “tous les vaccins anti-Covid-19 autorisés ont suivi toutes les étapes scientifiques leur permettant d’être homologués par les agences des médicaments nationales et internationales” et “ont une efficacité rarement obtenue avec d’autres vaccins, en particulier les vaccins à « ARN messager », contre la survenue de formes sévères, d’hospitalisations et décès”. Ils rappellent également qu’après “plus d’un milliard de personnes complètement vaccinées dans le monde et huit mois de recul”, les injections s’accompagnent de “rarissimes effets secondaires graves non toxiques”. Enfin, ces vaccins “permettront d’éviter durablement des hospitalisations, notamment en réanimation, des décès, des séquelles respiratoires, des douleurs et autres”. “Le maximum d’êtres humains doit être vacciné afin d’éviter l’émergence de variants plus redoutables que ceux qui circulent actuellement”, concluent-ils.

À Mayotte, ils sont au moins sept à avoir rejoint l’appel, malgré une situation sanitaire davantage sous contrôle. D’après le dernier bulletin de l’agence régionale de santé, le taux d’incidence a toutefois grimpé à 22,2 sur la semaine du 7 au 13 août 2021, avec 62 nouveaux cas, soit déjà deux fois plus qu’au début du mois. “Certes la situation est calme, mais il n’y a pas de raison que l’on fasse mieux que d’autres départements, qui sont mieux vaccinés que nous et qui ont aussi été touchés par une vague de variant sud-africain”, met en garde Jocelyn Nothomb.

C’est pour encourager plus de gens à se vacciner, pour éviter un confinement, et même pour les jeunes qui devront rentrer à la maison dès qu’il y a un cas dans une classe”, explique Thierry Pelourdeau, le chef du service radiologie du CHM, qui fait partie des signataires. Le praticien de 60 ans a lui-même contracté le virus anglais il y a quelques mois, malgré ses deux injections Pfizer. “J’ai fait une forme mineure, le vaccin a tenu sa promesse. J’aurais dû faire une forme grave, d’autant que je suis hypertendu, j’avais donc une comorbidité”, raconte celui pour qui la vaccination reste le meilleur moyen d’éradiquer les maladies. “Nous n’avons pas de médication efficace, nous avons progressé dans le traitement en réa. Mais quand on en arrive là, cela reste un peu la loterie…”

Danseuse malvoyante, Fabienne Haustant partage sa passion avec les jeunes mahorais en difficulté

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Fabienne Haustant est une danseuse professionnelle pas comme les autres. Malvoyante, quasiment aveugle, elle danse pour prouver qu’elle ne vaut pas moins que les autres. La danse l’a sauvée et elle partage sa passion à travers ses ateliers appelés « Danse les yeux fermés » en région parisienne. Présente à Mayotte pour une durée de deux semaines, elle travaille auprès des jeunes suivis par protection de l’enfance en vue de tourner un clip vidéo et monter un spectacle en collaboration avec le chanteur M’toro Chamou.

« Je suis née en dansant et je mourrai en dansant. » Ces quelques mots résument toute la vie de Fabienne Haustant. Âgée aujourd’hui de 48 ans, la danse l’a sauvée des clichés que l’on peut avoir sur les personnes déficientes. « Je refusais que mon handicap m’empêche de faire ce que je voulais faire. J’ai commencé à danser professionnellement sans que les gens sachent que j’ai un handicap parce qu’à partir du moment où ils savent qu’on en a un, ils ont leurs propres croyances et pensent qu’on ne sait rien faire », relate-t-elle. Fabienne a démontré le contraire en devenant danseuse professionnelle.

Reconnue dans toute la France, elle a participé à plusieurs émissions télévisées et a voyagé dans le monde pour transmettre sa passion. Depuis 2012, elle a créé son association « Danse les yeux fermés » destinée à tous ceux qui veulent aller dans son monde. « Ça peut être n’importe qui. J’ai eu des enfants autistes, des enfants en fauteuil, des enfants difficiles qui étaient placés dans des centres éducatifs fermés », détaille la danseuse qui se sent plus proche des jeunes, en raison de son enfance compliquée. Danser les yeux fermés permet à ses apprentis d’être en introspection afin de mieux trouver leur voie. Fabienne Haustant n’échangerait sa place pour rien puisque comme elle aime si bien le dire sur le ton de l’humour, « c’est une bigleuse qui fait danser les gens voyants, c’est assez ironique ! »

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La protection de l’enfance à Mayotte, son nouveau défi

Fabienne Haustant a été approchée par la protection judiciaire de la jeunesse pour travailler avec les jeunes de l’ensemble de la protection de l’enfance de Mayotte qui sont placés, mais également ceux qui sont encadrés dans des structures telles que Mlézi Maorais, Messo, Maecha na Ounono ou encore Apprentis d’auteuil. La PJJ a en parallèle contacté le chanteur M’toro Chamou pour une collaboration avec la danseuse. « M’toro Chamou a fait une chanson qui parle de la protection de l’enfance, elle prévient les violences et la radicalisation. Et moi, je vais monter un spectacle avec les enfants et faire un clip qui sera prêt pour septembre », annonce, impatiente, Fabienne Haustant. Le vidéo clip sera tourné à Mamoudzou pour mettre en valeur la commune chef-lieu de l’île.

Mais avant le jour J, l’artiste rencontre les jeunes par petits groupes afin de mieux les connaitre et travailler avec eux. « Je ne juge pas pour savoir comment ils dansent, ce qui m’intéresse c’est l’unité qu’on va avoir. On sera 50 à faire le clip et le spectacle, on devra être unis », précise l’artiste. Par la suite, ces jeunes, qui sont sous la responsabilité de la justice, qui sont placés, et parfois délinquants, porteront le message de la protection de l’enfance. « Le concept danse les yeux fermés a marché avec des jeunes très violents, en centres éducatifs fermés, alors il n’y a pas de raison que ça ne marche pas avec ceux de Mayotte », estime Fabienne Haustant, qui porte beaucoup d’espoir en ce projet.

Les jeunes mahorais du talent

Depuis son arrivée à Mayotte, la danseuse passe ses journées avec ses nouveaux apprentis et elle est impressionnée par leur talent. « Ils me disent qu’ils ne savent pas danser, mais en réalité, ils savent danser ! Ici, c’est une île à talents », martèle Fabienne, qui prend un malin plaisir à partager sa passion avec ces jeunes qui n’ont jamais vécu une expérience similaire. « Je commence les ateliers avec de la musique classique, ensuite des chansons qu’ils n’entendent pas, pour voir comment ils réagissent et enfin, je termine par une musique de M’toro Chamou. Et les jeunes sont contents, ils font sans broncher », se réjouit-elle. Tout cela les yeux bandés pour qu’ils réalisent que même s’ils ne voient pas, ils restent les mêmes. « Si le monde donnait confiance aux jeunes de Mayotte comme j’ai pu leur donner, vous auriez des têtes pensantes. Ils ont besoin d’être soutenus et compris par l’adulte. Ce sont des soleils qui brillent et c’est à nous de les aider à les faire briller », poursuit-elle avec l’envie de mener à bien son projet avec ces jeunes comme pour prouver que même s’ils sont souvent stigmatisés et non protégés, ces enfants sont également la richesse de Mayotte.

40 services civiques recrutés par Mlézi Maoré pour le dispositif « Réussite éducative »

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À partir du 1er septembre, l’association Mlézi Maoré lance le dispositif « Réussite éducative » qui consiste, en lien avec le rectorat, à suivre 120 enfants scolarisés dans la commune de Mamoudzou par 40 services civiques. Plusieurs objectifs se dégagent de ce projet : travail sur l’estime de soi, aide au devoir, réalisation d’activités sportives et accompagnement de la famille.

Dans sa lutte perpétuelle contre toutes les formes d’exclusion, Mlézi Maoré lance un nouveau dispositif intitulé « Réussite éducative ». « Pas mal de jeunes rencontrent des difficultés dans leur scolarité, mais aussi dans la réalisation d’activités culturelles, pédagogiques et sportives », part du constat Dahalani M’Houmadi, le directeur de la structure. Freiné par les répercussions de la crise sanitaire, le projet prend un an de retard pour finalement voir le jour à partir de ce 1er septembre.

Alors concrètement, comment doit s’articuler ce programme ambitieux, « une grande première sur le territoire » ? La structure compte bien plancher sur quatre volets prioritaires « pour accompagner 120 enfants, âgés de 6 à 13 ans et scolarisés dans la commune de Mamoudzou, durant toute l’année scolaire ». L’un des premiers objectifs est de travailler sur la confiance en soi dans le but qu’ils puissent « réaliser leurs aspirations » et « rêver à des métiers qui semblent inaccessibles au premier abord ». Il y a aussi l’aide aux devoirs classiques. « L’idée n’est pas de refaire l’école après l’école », prévient Dahalani M’Houmadi. Mais plutôt de bûcher sur un point bien particulier, comme les mathématiques ou le français, selon les retours des différents enseignants. Le tout dans un environnement sain, tel qu’une MJC, car bien souvent « leurs conditions de logement ne sont pas propices » à l’instruction.

Un volontaire pour 3 ou 4 enfants

Indépendamment de l’aspect scolaire, Mlézi Maoré accorde une grande importance aux loisirs, synonyme d’épanouissement et d’ouverture aux autres. « Nous allons nouer des partenariats avec les clubs sportifs du coin, de football et de basket-ball par exemple, pour y inscrire les enfants suivis. » Sans oublier l’accompagnement personnalisé des parents, « lorsqu’ils sont présents », dans toutes leurs démarches administratives et sociales. « Les problématiques ne sont pas uniquement liées à l’enfant. Il faut absolument épauler les familles dans ce processus. »

Pour épauler tout ce monde de « manière qualitative », l’association est actuellement en phase de recrutement pour embaucher 40 services civiques. Seuls critères de sélection ? Être en possession du baccalauréat au minimum et en capacité d’intervenir auprès de ce public. Chaque volontaire aura alors à sa charge un groupe de trois ou quatre enfants, sous la supervision de deux coordinateurs salariés, pour que les résultats soient efficients et surtout à la hauteur des espérances du dispositif. « Le but est vraiment de noter une évolution positive entre l’entrée et la sortie et de débloquer des situations », insiste pour finir Dahalani M’Houmadi. Comme la découverte d’un métier ou d’un sport bien spécifique dans l’espoir de créer des vocations. Signe que leur réussite éducative serait bel et bien une réalité.

Si vous souhaitez candidater, envoyez votre CV et votre lettre de motivation à service.civique@mlezi-maore.com.

L’offre de soins à Mayotte prend son envol avec l’avion sanitaire et l’Héli-SMUR

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Les évacuations sanitaires rythment le quotidien du centre hospitalier de Mayotte. C’est donc tout naturellement que l’agence régionale de santé a signé un contrat de cinq ans pour pérenniser sa collaboration avec l’avion et l’hélicoptère sanitaires. Les deux appareils, présentés ce mercredi à la presse, sont devenus indispensables pour sauver des vies.

764. C’est le nombre de patients évacués grâce à l’avion sanitaire entre janvier et juillet 2021. Un chiffre qui démontre l’importance de cet appareil pour l’hôpital de Mayotte. « Nous avons presque oublié comment ça se passait avant », déclare Dominque Voynet, la directrice de l’agence régionale de santé du territoire. L’oiseau volant a été mis en service le 25 mai 2020, en pleine crise sanitaire, à une période critique pour le CHM qui était débordé. L’appareil, un Embraer 145 du groupe Regourd Aviation, a su depuis se rendre indispensable. Équipé de deux civières, il est prêt à décoller à tout moment pour emmener les malades à La Réunion. « L’avion a sauvé des vies ! Il a permis à des personnes en situation précaire d’accéder dans des délais raisonnables à des soins adaptés à la gravité de leur situation réduisant le risque de graves séquelles, mais aussi de libérer des lits à l’hôpital et d’alléger le fardeau des équipes », cite pour exemple l’ancienne ministre.

L’avion sanitaire n’est pas le seul a avoir fait son entrée dans le système de santé mahorais. L’ARS s’est également dotée d’un hélicoptère, plus précisément un Héli-SMUR qui a également toute son importance. « Il est équipé de bouteilles d’oxygène, d’un respirateur, de pouce seringue, comme une ambulance. Cet appareil est spécifique, on ne peut pas faire de transport de passagers, c’est uniquement pour les transferts médicaux d’urgence », indique Benoit Varlet, pilote Héli-SMUR 976 et chef de base dlilagon Mayotte. L’hélicoptère mis à disposition permet surtout de gagner du temps. S’il faut compter plusieurs heures pour transporter par voie terrestre un patient jusqu’à l’hôpital de Mamoudzou, l’engin permet de le faire en seulement quelques minutes par les airs.

Un contrat à six millions d’euros par an

Les deux appareils permettent de sauver des vies, mais tout cela a un coût. S’agissant de l’avion, « il a fallu convaincre le ministère des solidarités et de la santé, car c’est une affaire de six millions d’euros par an », révèle la directrice de l’ARS. Et cela pour une durée de cinq années puisqu’après un an de service, l’agence conforte ce nouveau système d’évacuation sanitaire en renouvelant le contrat qui le lie à l’avion sanitaire. « Nous sommes équipés en termes de maintenance localement puisque nous avons une base secondaire technique à Mayotte que nous allons encore étoffer. Tout est mis en place pour une opération longue durée », précise Alain Regourd, le président du groupe Regourd Aviation, présent sur le territoire à l’occasion de cette présentation.

Cette collaboration restera marquée dans l’histoire de l’agence régionale de santé de l’île puisque Mayotte est le premier département à être équipé d’un tel appareil pour des évacuations sanitaires. « Les autres départements d’Outre-mer et la Corse nous regardent avec beaucoup d’envie et le ministère regarde de très près ce qu’il se passe ici », assure avec fierté Dominique Voynet. La pérennisation de l’avion sanitaire peut être considéré comme une volonté de l’ARS de ne pas vouloir développer le système de santé mahorais, mais sa directrice s’en défend. « Notre objectif est de renforcer l’offre de soins à Mayotte, d’offrir davantage de spécialités, et de lits d’accueil d’urgence, de réanimation, et de réponses à des spécialités. Le deuxième hôpital va nous y aider. Nous ne sommes pas en train de baisser les bras, nous sommes au contraire en train de passer dans une phase très active dans cet investissement de l’hôpital », rassure Dominique Voynet. En ce sens, une équipe d’experts nommée par le ministre de la santé viendra la semaine prochaine pour sélectionner le terrain sur lequel se trouvera le deuxième hôpital. L’établissement sera opérationnel dans une dizaine d’années, alors l’avion et l’hélicoptère sanitaire feront partie du paysage aérien mahorais pour un petit bout de temps.

Le budget déséquilibré de la ville de Pamandzi pointé du doigt par la cour des comptes

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La chambre régionale des comptes de Mayotte a publié ce mercredi 18 août un avis budgétaire dans lequel elle constate que le budget primitif 2021 de la commune de Pamandzi n’a pas été voté en équilibre réel, en raison d’un déficit de 2.056.388 euros pour la section de fonctionnement. Pour combler ce trou béant, elle préconise la mise en œuvre d’un plan de redressement sur trois ans pour la période 2021-2023.

Tout commence le 12 juillet lorsque le secrétaire général de la préfecture saisit la chambre régionale des comptes de Mayotte pour l’avertir d’un défaut d’équilibre réel du budget primitif 2021 de la commune de Pamandzi, voté le 14 juin. La première information qui en ressort : la municipalité a les yeux plus gros que le ventre. En effet, la section de fonctionnement affiche un trou dans la caisse de l’ordre de 2.056.388 euros.

Ainsi en application de l’article L. 1612-5 du code général des collectivités territoriales : « Lorsque le budget d’une collectivité territoriale n’est pas voté en équilibre réel, la chambre régionale des comptes […] le constate et propose à la collectivité territoriale […] les mesures nécessaires au rétablissement de l’équilibre budgétaire et demande à l’organe délibérant une nouvelle délibération. » Eu égard à l’importance du déficit à résorber et du peu de marges de manœuvre sur les dépenses de fonctionnement à court terme, les Sages prône la mise en œuvre d’un plan de redressement sur trois ans pour la période 2021 à 2023 afin de revoir à la baisse le train de vie de la ville.

Mais pas que. Pour réduire drastiquement la voilure, la cour des comptes recommande d’augmenter les produits issus de la taxe foncière de 3% par an en 2022 et en 2023. Pour cette année, le manque à gagner s’élève à 1.434.982 euros par rapport aux estimations. Un coup dur auquel s’ajoute l’invalidité de la prévision de 350.000 euros correspondant au remboursement attendu par l’État au titre des dépenses liées à la crise sanitaire. « La commune n’étant pas en mesure de justifier de l’attribution de cette subvention exceptionnelle ni même des frais ayant effectivement été engagés à ce titre, celle-ci ne peut être retenue. »

Réduction des effectifs

Autre préconisation et non des moindres : s’attaquer à la masse salariale qui pèse un peu plus de huit millions d’euros. Selon la juridiction financière de l’ordre administratif, il apparaît indispensable d’économiser un million d’euros d’ici deux ans. Comment s’y prendre dans ces conditions pour dégager des marges de manoeuvre ? Une fenêtre de tir existe avec les 86 contrats à durée déterminée, qui représentent un budget de 1.6 million d’euros en année pleine, dont certains arrivent à échéance d’ici la fin de l’exercice en cours. Un effort de 2% par an doit par ailleurs être réalisé sur les charges à caractère général et les autres charges de gestion courante.

Et pour arriver à passer d’un déficit de 2.056.388 euros à 103.586 euros en 2023, la rigueur s’impose ! « Le rétablissement de l’équilibre budgétaire de la commune passe également par une amélioration de la fiabilité de ses comptes et notamment de la bonne tenue de sa comptabilité d’engagement et du suivi des restes à réaliser en dépenses et en recettes », insistent les experts. Avant d’ajouter que Pamandzi devra également suivre de manière plus étroite ses recettes de fonctionnement et s’assurer en lien avec le comptable public de leur encaissement effectif après émission des titres correspondants. Sans oublier la bonne application des clauses de révision dans ses baux. Reste au conseil municipal de prendre une nouvelle délibération rectifiant le budget initial dans un délai d’un mois. Alors au boulot messieurs-dames.

Vol Paris-Mayotte dérouté pour “sabotage” : pas d’entrave selon le tribunal, le sursis pour les trois pompiers

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En octobre 2020, une grève des pompiers de l’aéroport de Dzaoudzi avait chahuté l’arrivée d’un vol Air Austral en provenance de Paris, contraint à virer de bord en urgence en raison d’un manque de sécurité au sol. Après l’enquête de la gendarmerie, trois agents ont été mis en cause et renvoyés devant le tribunal, qui rendait sa décision ce mercredi.

Clap de fin dans l’affaire du vol Air Austral Paris-Mayotte, qui avait été dérouté le 1er octobre 2020, à cause du “sabotage” présumé des équipements par les pompiers grévistes. Mis en cause pour entrave à la navigation ou à la circulation d’un aéronef, vol aggravé du matériel du service de secours et incendie, en réunion et par effraction, et dégradation volontaire des véhicules de secours, trois pompiers de l’aéroport étaient jugés ce mercredi devant le tribunal correctionnel.

Et au terme d’une audience somme toute assez clémente, les trois soldats du feu ont finalement obtenu la relaxe pour l’entrave. Ils s’en sortent ainsi avec seulement quatre mois de prison assortis d’un sursis dans sa totalité pour le chef de vol. Pour l’un d’entre eux, le tribunal a requalifié la dégradation en contravention pour dégradation légère et il devra s’acquitter d’une amende de 100 euros. Tous ont bénéficié d’une non-inscription au bulletin n°2 du casier judiciaire.

Premier couac pour les grévistes

Un an après cet incident qui avait marqué l’opinion publique, obligeant les pilotes à dérouter en catastrophe le Dreamliner et ses 265 passagers vers La Réunion, cette décision aurait de quoi surprendre. Souvenez-vous : à l’époque, les pompiers de l’aéroport viennent d’entamer une grève illimitée (la veille) pour dénoncer notamment le manque de sécurité pour l’atterrissage des avions sur le tarmac de Dzaoudzi, géré par le délégataire Edeis.

Le 1er octobre, au petit matin, le chef du SSLIA (service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs) découvre avec surprise qu’on a saboté la serrure de son bureau… Ni une ni deux, il va vérifier les camions, et réalise que les postes radios et les clés ont été dérobés. Dans un camion, les fusibles ont même été enlevés, pour provoquer la panne. Panique à bord ! Car l’avion Air Austral en provenance de Roissy-Charles de Gaulle, censé atterrir à 7h15, ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. “Imaginez que l’avion tombe dans la mer faute de carburant ! Votre action fait peur : après 10.000 kilomètres depuis Roissy, j’apprends que je ne vais pas pouvoir atterrir parce que des gens ont décidé leur droit de grève ? Vous avez exposé 200 personnes à mourir d’une mort atroce”, a réprimandé le président Laurent Ben Kemoun à la lecture des faits.

Des “lanceurs d’alerte” ?

Que nenni ! assurent d’une même voix les prévenus, leurs avocats et même le procureur. D’une part, il semble peu probable que les réserves de l’appareil soient à sec après un vol Paris-Mayotte. “Lui avait la radio tout le long, si l’avion n’avait plus de carburant, ça se serait passé différemment”, tempère de plus l’une des robes noires en désignant son client. Surtout, l’intention des pompiers grévistes était, bien au contraire, que le Dreamliner atterrisse ! Objectif : prouver que l’aviation civile et le délégataire font fi des conditions de sécurité, l’un des fers de lance du mouvement social. “On s’est dit qu’ils allaient atterrir, car des fois ils atterrissent même si le niveau de sécurité n’est pas complet. Parfois, on a deux camions qui ne démarrent pas et ils atterrissent quand même !”, déblatère l’un des prévenus à la barre. Et de rappeler que le préavis de grève ayant été annoncé depuis déjà une ou deux semaines, le niveau de sécurité de Dzaoudzi était mécaniquement tombé à 5 au lieu des 8 ou 9 nécessaires pour les gros porteurs, faute d’un effectif suffisant. “L’avion ne devait pas décoller de Paris car le niveau de protection n’était pas assuré”, déroule le deuxième pompier.

D’accord pour la démonstration. Mais ce n’est pas tant pour ce minutieux argumentaire que les prévenus bénéficieront finalement d’une sanction légère. Non, en réalité, de l’aveu même du ministère public, qui cite en guise d’exemple un précédent en Guyane où un individu avait volontairement placé son hélicoptère en plein milieu du tarmac, le chef d’entrave n’est pas caractérisé. “Dans ce dossier, l’avion ne s’est pas posé pour des questions de sécurité”, note le procureur qui rappelle aussi le contexte particulier du droit de grève. Et n’hésite pas à qualifier les auteurs de “lanceurs d’alerte”. “Je ne suis pas certain que la méthode soit acceptable (…), mais je serai tenté de dire qu’en temps de grève, il y a toujours des gens qui sont embêtés.” Le magistrat du parquet retient toutefois le vol et la dégradation du véhicule, et requiert donc neuf mois de prison assortis d’un sursis simple.

Le pass Karibou pour vivre Mayotte intensément

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C’est une idée novatrice, comme Mayotte en voit souvent germer sur son sol. Grâce à un chéquier d’une soixantaine de bons, le pass Karibou propose à qui le veut de nombreux avantages en termes de loisirs, de restauration, de culture et de vie pratique. De quoi profiter de toutes les richesses de l’île aux parfums, tout en soutenant ses acteurs locaux.

Depuis maintenant plusieurs semaines, “pass” est devenu un mot et une préoccupation incontournable. Mais à Mayotte, c’en est un d’un autre genre qui commence à faire parler de lui depuis maintenant plusieurs mois : le pass Karibou. Le but ? “Découvrir, ou redécouvrir l’île”, explique Yann Segonds, l’un des deux porteurs du projet. Le tout grâce à un chéquier offrant plus de 1.000 euros supplémentaires à travers une soixantaine de bons, valables chez plus de 40 partenaires. Rien que ça.

Au programme : loisirs, restauration, culture et même vie pratique. “Cela va de la réduction de 100 euros lors de l’achat d’un scooter avec casque, chaîne, gants et carte grise inclus, jusqu’à 50 euros offerts sur les niveaux de plongée quel qu’il soit, des sushis, des cocktails offerts, des réductions sur l’artisanat local ou la location de pirogues traditionnelles, de la réalité virtuelle à domicile, des soins, des massages, des sorties bateaux, du paintball…” En clair, tout ce qui permet de profiter pleinement de l’île sous toutes ses facettes, tout en soutenant l’économie locale.

Le but n’est pas de tirer les prix vers le bas, mais vraiment de découvrir des choses que les gens n’auraient peut-être pas fait sans le pass”, développe encore Yann Segonds. “On considère vraiment que le tourisme est l’une des clés pour développer le territoire, mais on ne veut pas qu’il soit fait à n’importe quel prix, et surtout n’importe comment ou de façon trop intensive.” D’où la limite maximale fixée des 1.000 pass vendus à l’année.

Derrière cette idée novatrice, l’envie de Yann et Benoît, son associé, d’offrir une autre image de Mayotte. “Comme beaucoup, j’ai été émerveillé dès mon arrivée, il y a trois ans, de voir les richesses naturelles, culturelles et humaines de cette île”, introduit le premier, qui a invité le second à le rejoindre, il y a un peu plus d’un an. “En vivant ici, on s’est rendu compte que Mayotte n’était pas que ce qu’on entend sur elle, à propos de l’insécurité notamment. Alors on voulait lui rendre l’image qu’elle mérite, et on s’est dit que pour cela, il fallait valoriser les acteurs locaux !”

Alors, les deux associés commencent des enquêtes, des sondages, afin de créer le pass qui collerait au mieux aux attentes des Mahorais de tous les âges, nouveaux arrivants ou habitants de longue date et même touristes. “On a tout élaboré avec les personnes qui nous suivent sur les réseaux : le logo, le contenu du pass, son prix, le nombre de bons…” Une formule gagnante, puisque quelques mois plus tôt, les 100 premières pré-ventes se sont vendues en moins 48 heures. Parmi les acheteurs, des gens de 18 à plus de 60 ans, et “autant de Mahorais que de métropolitains”. Pari réussi, donc !

Et pour pousser à l’extrême cette idée d’un pass 100% Mahorais, les deux amis ont décidé de le faire imprimer directement sur place. Les pochettes d’emballage livrées avec le pass sont quant à elles confectionnés avec des tissus locaux, par des couturières locales. “Si on avait fait tout ça à l’extérieur, ça nous aurait coûté au moins quatre fois moins cher. Mais nous voulions rester fidèle à notre concept de soutenir et valoriser Mayotte !” Dans ce souci, une partie du chiffre d’affaires généré par la vente des pass Karibou sera reversée à une association mahoraise de préservation et de valorisation de la biodiversité mahoraise.

Crédit photo : Tanguy LAFON (@nova_cps sur Instagram)

 

Comment se procurer son pass Karibou ?

Pour vous procurer votre pass Karibou, rendez-vous sur le site https://passkaribou.fr/. Profitez du code promo “HEBDO” au moment du paiement pour bénéficier de 10 euros de réduction ! Les pass sont également disponibles à la vente chez certains partenaires. Entrepreneurs, comités ou associations ? N’hésitez pas à devenir vous-même revendeurs en envoyant un mail à l’adresse yann@passkaribou.fr.

Bilan positif pour le pacte de sauvegarde des tortues marines de Mayotte

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Les signataires du pacte de sauvegarde des tortues marines de Mayotte se sont réunis à la plage Moya ce mardi 17 août pour faire le bilan de leur collaboration initiée il y a huit mois. Le pacte proposé par la préfecture a pour le moment des retombées positives. Et depuis peu, les jeunes du service civique font partie des acteurs importants dans la lutte contre le braconnage.

En décembre 2020, les mêmes autorités s’étaient réunies au même endroit, à la plage Moya, pour présenter le pacte de sauvegarde des tortues marines de Mayotte. Huit mois plus tard, Oulanga na Nyamba, les Naturalistes, le préfet, les représentants du Département et de la communauté des communes de Petite-Terre viennent faire le bilan de leur collaboration. Et au vu des premiers retours, les résultats s’annoncent plutôt satisfaisants. « Nous avons pu mettre en place une équipe fabuleuse, motivée et très présente. Nous sommes à une centaine d’interventions sur le terrain, de jour comme de nuit. Nous avons réussi à trois reprises à apercevoir des braconniers et six ont été interpellés », se réjouit Jeanne Wagner, la directrice de la première des deux associations citées.

Et si cela a été possible, c’est notamment grâce aux nouvelles recrues. Le pacte a permis à la structure environnementale de recruter huit jeunes qui se sont engagés dans le service civique. Ils ont été formés et sont opérationnels sur le terrain. « Nous ne pouvons que nous réjouir de les avoir, car grâce à eux, nous avons aidé la gendarmerie. Lorsqu’ils constatent un braconnage, ils appellent immédiatement les forces de l’ordre », explique Ali Mounir, coordinateur chargé de la protection des tortues. Les jeunes effectuent un travail exigeant, parfois risqué, mais nombreux sont ceux qui affirment vouloir continuer dans cette voie. « J’aime ce que je fais, parce que j’aime la nature. Et je veux m’engager dans la protection des tortues quand je finirai mon service civique », affirme Anthoumani l’un des leurs. « Les tortues sont des animaux protégés et il ne faut pas les tuer. Je veux continuer à faire passer ce message », affirme pour sa part Akidel, un autre dévoué pour cette noble cause. Conscient du travail réalisé, le préfet et les membres de l’association Oulanga na Naymba n’ont eu de cesse de les remercier pour leur engagement. Ces jeunes sont appuyés par les agents départementaux, les contrats PEC (parcours emploi compétences) et FONJEP (fonds jeunesse et éducation populaire). Au total, pas moins de 34 emplois aidés ont été embauchés grâce au pacte.

« L’avenir de la tortue, c’est un peu l’avenir de Mayotte »

Les associations de protection des tortues rappellent constamment l’importance de sensibiliser les Mahorais. Et pour cause, les plages de l’île jouent un rôle crucial dans la survie de ces espèces marines. « Mayotte est le sanctuaire des tortues dans la région. Aux Comores, elles ne pondent presque plus, à La Réunion non plus, à Madagascar, elles ont été beaucoup tuées. Mayotte a donc une grande responsabilité », rappelle Jeanne Wagner. Et le travail de sensibilisation doit commencer par une parfaite collaboration entre les différents partenaires du pacte. « Nous devons miser sur le partenariat et la complémentarité. Nous avons tous des compétences différentes, mais chacun a un rôle à jouer. Il faut que nous arrivions à coordonner nos actions », réitère le délégué du gouvernement Thierry Suquet.

Et s’il insiste sur cet aspect, c’est parce que les retombées peuvent être bénéfiques pour l’ensemble du territoire. Les tortues et le lagon de l’île sont un atout touristique à protéger absolument. « L’avenir de la tortue, cest un peu lavenir de Mayotte », insiste le préfet. Malgré le travail de sensibilisation des différents acteurs engagés dans ce combat, les chiffres du braconnage à Mayotte sont alarmants. « 10% des tortues qui viennent pondre sur nos plages sont tuées. Cest beaucoup trop. Et il ne s’agit que de la partie visible, parce quil y a celles qui sont enterrées et que nous ne voyons pas », rappelle la directrice d’Oulanga na Nyamba. Malgré cela, les associations notent une évolution des mentalités des Mahorais qui comprennent l’importance de préserver les tortues. Dans le cas contraire, elles peuvent compter sur la justice qui a changé son fusil d’épaule depuis quelques mois et n’hésite pas à envoyer en prison les braconniers.

Anjouan : les quotas dans le sens Comores-Mayotte inquiètent les voyageurs, à la veille de la rentrée

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La réouverture des frontières avec l’archipel voisin le 9 juillet dernier a provoqué un mouvement de foule après des mois de blocage lié à la crise sanitaire. Problème : dans l’autre sens, la préfecture impose un nombre restreint de passagers, tant pour la compagnie maritime SGTM que pour Ewa Air et AB Aviation.

Ça bouchonne de l’autre côté du bras de mer ! Alors que les élèves et le personnel de l’académie sont censés reprendre le chemin de l’école en début de semaine prochaine, plusieurs témoignages font état d’une situation problématique : des voyageurs mahorais venus profiter de l’ouverture des frontières et des vacances pour se rendre aux Comores voisines se sont vus refuser l’embarquement et se retrouvent le bec dans l’eau, sans date de retour. Ismaël*, un transporteur de Mayotte, devait ainsi s’envoler avec sa fille mercredi dernier. Depuis, il est toujours en attente d’une solution. “AB Aviation ne nous a donné aucune réponse, ni prise en charge”, raconte-t-il sous couvert d’anonymat. “Quand on s’est présenté à l’aéroport, l’armée nous a dégagés comme des malpropres, sur les ordres d’AB. C’est inadmissible ce qui se passe ici…”

Même son de cloche pour Kassim* qui devait pourtant retourner au travail dès le 9 août. “Déjà quand je suis allé à Maria Galanta à Mayotte, je voulais prendre un aller simple, et on m’a dit que je devais prendre un aller-retour, mais sans date de retour !”, retrace ce médecin avec consternation. S’il parvient à embarquer finalement à bord du navire, c’est dans le sens Anjouan-Mayotte que les choses se corsent. “Je vais pour acheter le billet retour, et on me dit ‘‘non, il y a un quota, vous ne pouvez pas rentrer avant le 28 septembre’’. Mais moi je suis médecin, j’ai des consultations !”, s’insurge ce voyageur qui est même revenu à la charge avec une attestation de son employeur, sans succès. Sa fille, venue de France, avec un passage par Mayotte, aura dû débourser quelque 700 euros de frais pour changer son billet et rentrer à Toulouse, via Moroni…

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230 places par semaine seulement

Mais que sont ces fameux quotas ? En réalité, les compagnies maritimes et aériennes ne sont pas vraiment responsables de cet imbroglio. Et si elle est quelque peu passée sous les radars, l’information a bel et bien été transmise via le compte Facebook de la préfecture de Mayotte, notamment. Dans un post daté du 12 juillet, l’administration indique qu’il “est fortement recommandé aux voyageurs de se préoccuper de leur billet retour, les capacités de voyage vers Mayotte étant limitées (180 places par voie aérienne et 150 par voie maritime chaque semaine)”. Dans une interview accordée à nos confrères du Journal de Mayotte, le directeur de la compagnie maritime SGTM Maria-Galanta Michel Labourdère déconseillait d’ailleurs de saisir cette opportunité de la réouverture des frontières pour partir en vacances : “Actuellement il y a des quotas sur les retours, en aérien comme en maritime. (…) Comme ils ne sont pas certains de pouvoir revenir, on dit bien à nos passagers qu’il serait prudent de reporter le voyage”.

C’est là toute l’absurdité de la situation : car les bateaux et les avions sont bien partis chargés à bloc du port et du tarmac, dans le sens inverse. Dans la même interview, la compagnie vantait d’ailleurs les capacités de son nouveau catamaran, le Maria-Galanta Express qui, avec ses “400 places contre 200 pour les anciens”, permettait de diminuer les rotations, normalement de “2 à 3 bateaux par jour en haute saison”. Dès lors, l’on pouvait donc naturellement s’attendre à quelques embouteillages en retour de vacances !

Test antigénique à l’arrivée

La raison de ces mesures restrictives n’est pas non plus un secret : en effet, en plus de leur test PCR au départ, les passagers en provenance des Comores, vaccinés ou non, doivent passer sous le coton-tige (antigénique) à leur arrivée à l’aéroport ou à la gare maritime de Mayotte. Or, pour mener à bien cette stratégie, il est indispensable de pouvoir réguler les flux… “C’est une question de logistique pour l’agence régionale de santé (ARS), qui doit pouvoir mobiliser des infirmiers et du personnel”, confirme Ayub Ingar, le directeur général de la compagnie Ewa Air, elle-même limitée à deux vols par semaine sur rotation, comme AB Aviation. Si l’explication se tient, difficile d’imaginer les centaines de Mahorais laisser passer sans bruit la date de la rentrée. “Notre agence à Moroni est envahie, surtout depuis cette semaine”, confirme Ayub Ingar.

*les prénoms ont été modifiés

Le projet de coopération commerciale entre Corsair et Air Austral pose question

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Dans un communiqué en date du 17 août, Corsair et Air Austral indiquent lancer un projet de coopération commerciale sur les routes entre la métropole et l’océan Indien pour faire face aux impacts de la crise Covid. Si les deux compagnies aériennes ne souhaitent pas divulguer davantage d’informations sur ce rapprochement, les internautes mahorais ont du mal à avaler la pilule.

L’effet d’une bombe. C’est le sentiment qui prédomine à la suite de la publication ce mardi 17 août d’un communiqué co-signé par Air Austral et Corsair, dans lequel les deux compagnies aériennes annoncent conclure un accord de coopération commerciale sur les routes entre la métropole et l’océan Indien, « dans un contexte de crise sanitaire persistante qui affecte durablement la rentabilité du secteur aérien ».

C’est un secret de polichinelle. Depuis plus d’un an et demi, la filière aéronautique subit de plein fouet les conséquences de la pandémie coriace de Covid-19. Alors pour relever la tête, il apparaît nécessaire de mettre de l’eau dans son vin. Autrement dit, d’entamer des discussions pour le moins étonnantes, dans le but de sceller un partenariat inédit entre Air Austral et Corsair. « Ce projet d’envergure permettra le déploiement d’une offre de services enrichie au bénéfice des passagers de l’océan Indien, tout en améliorant la rentabilité économique des opérations grâce à la mise en commun de moyens et mise en œuvre de synergies. » Un jargon qui peut laisser dubitatif tant les relations entre les deux compagnies ne transpiraient pas le bonheur par le passé…aerien-corsair-air-austral-cooperation

« Offre tarifaire élargie et plus compétitive »

Les tensions se seraient-elles alors apaisées entre les deux mastodontes régionaux de l’aviation, qui n’ont ni l’un ni l’autre souhaité s’étendre davantage sur la question ? Il semble que ce soit le cas à la lecture dudit communiqué. « Sur ces liaisons, Air Austral et Corsair en unissant leurs forces et leurs atouts respectifs, souhaitent développer une offre qui sera de nature à générer des avantages et bénéfices pour les clients : programme de vols renforcé, choix élargi et diversifié (accès à deux aéroports parisiens, diversité de créneaux horaires de départ et d’arrivée), connexions plus riches grâce aux réseaux cumulés des deux compagnies, offre tarifaire élargie et plus compétitive, et également une offre fret améliorée. » Alléchant sur le papier ! Et pourtant, ce mariage reposerait sur des fondements économiques, tant Air Austral se trouve en grande difficulté financière.

En effet, l’entreprise réunionnaise accuse un manque de recettes de près de 100 millions d’euros par rapport à l’estimation établie au tout début de la crise. Et ce, malgré un soutien financier sous la forme d’un prêt d’actionnaire en compte courant d’associé pour un montant de 15 millions d’euros et d’un emprunt obligataire simple de l’ordre de 25 millions d’euros. Huguette Bello, la présidente de la région Réunion, actionnaire majoritaire de la compagnie via la Sematra, avait d’ailleurs profité de l’inauguration des trois nouveaux Airbus 220-300 la semaine dernière pour rappeler à l’État « son devoir de solidarité nationale » envers Air Austral pour faire face à l’ogre Corsair.

Toujours est-il qu’un lien les unit aujourd’hui. Et cela ne semble pas au goût des Mahorais qui n’ont pas tardé à donner leur sentiment sur ce rapprochement volcanique. Certains font état non pas d’une « coopération » mais d’une « entente commerciale ». D’autres voient une manière de tuer dans l’œuf le projet Zéna Airlines porté par les frères Novou et dénoncent des « pratiques anticoncurrentielles ». Quels que soient les arguments portés par les uns et les autres, tous craignent un nouveau coup d’arrêt pour le transport aérien mahorais ou plutôt un monopole déguisé. Ayant anticipé ce genre de réactions, Air Austral et Corsair assurent que « ce projet de coopération commerciale préserve l’identité et l’indépendance des deux compagnies »… En signe de bonne foi, il doit encore être soumis à l’avis des instances représentatives du personnel et à l’autorité de la concurrence française. Avant de bel et bien prendre son envol.

La Meiitod d’Adrien

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À Mayotte, presque tout le monde sait qui il est et ce qu’il chante. Il faut dire qu’aucun autre artiste mahorais ne peut se targuer d’avoir le succès que Meiitod connaît aujourd’hui. Pour la sortie de son premier EP Silence, Adrien a tenu à venir faire une tournée à domicile, pour retrouver le public face auquel il a fait ses premiers pas sur scène, dix ans plus tôt.

Au bar où il vient de commander son café, les serveuses le reconnaissent immédiatement. Derrière le comptoir, les jeunes femmes rient, s’esclaffent, trépignent. Finalement, le pas hésitant et l’air timide, l’une d’entre elles s’avance vers Adrien. « Meiitod, je peux prendre une photo avec toi ? », interroge-t-elle, la voix chevrotante, le regard ému. Presque fier.

Ici, sur l’île où il a grandi, Meiitod n’est pas « que » le jeune chanteur a succès dont les derniers clips culminent à plusieurs millions de vues sur YouTube en seulement quelques mois. Ici, Meiitod est d’abord Adrien. Celui qui une dizaine d’années plutôt bidouillait le micro des écouteurs de son téléphone pour pouvoir enregistrer ses premiers morceaux, dans une case en tôle érigée sur les hauteurs de Bandrélé, avec sa bande de copains. Ceux-là qui dès le collège, lui ont donné le surnom dont il a fait son nom de scène. Depuis, sa carrière a connu une ascension fulgurante, sur le continent et en Afrique notamment, bien au-delà des frontières qu’impose l’océan à Mayotte. Son « petit bout de terre » dont il est devenu la fierté, l’ambassadeur. Le porte-voix.

« Ça fait du bien de pouvoir revenir ici, de profiter des retombées à la maison », glisse t-il derrière les lunettes fumées qui le quittent rarement. Arrivé sur l’île il y a quelques jours, Adrien est venu y donner une série de concerts pour la promotion de son premier EP, Silence, sorti en janvier dernier. « L’ambiance ici m’avait manqué. C’est avec le public mahorais que j’ai fait mes premières armes, et je dis souvent qu’il est plus difficile à conquérir ! »

« J’ai le sentiment de représenter Mayotte »

Petit à petit, Adrien se remémore ses débuts dans la musique, ses premières. « Quand j’étais plus jeune, il n’y a encore pas si longtemps, la musique était mal vue à Mayotte, en dehors des mariages, des événements traditionnelles ou religieux, elle a parfois même été diabolisée. » Il sourit en avalant une gorgée de café. « J’ai des souvenirs, quand j’étais petit, où quand des grands artistes venaient de métropole, les gens restaient assis devant la scène, les bras croisés, comme s’ils observaient, mais ça voulait pas dire qu’ils aiment pas, attention, ils n’avaient juste pas le réflexe de danser, d’applaudir. La culture du spectacle n’est pas très ancienne ici… »

Ici, cette île qu’il a quittée en 2014, à sa majorité, pour s’envoler poursuivre ses études à Montpellier où il vit encore aujourd’hui. Pour autant, son petit bout de terre n’est jamais loin, et il n’y a qu’à écouter ses paroles pour voir qu’Adrien porte la marque de Mayotte en son cœur. « Quand je chante en mahorais, je vois les gens sur YouTube demander ce que veulent dire telles ou telles phrases, quelle est la langue, d’où ça vient et des Mahorais leur répondent ! » Car plus Meiitod est sous le feu des projecteurs, plus l’île rayonne avec lui. « D’une certaine manière, et même si je ne le voulais pas, j’ai le sentiment de représenter Mayotte sur scène. Il y a des choses qui font partie de moi que j’ai acquises ici. Mayotte m’a construit, elle me suit », reconnaît Adrien sous le durag noir qui dissimule ses cheveux.

« Sur le plan musical, ça m’a malgré tout énormément aider de partir de Mayotte », concède t-il, le regard tourné vers son manager, Faz, qu’il a rencontré ici alors qu’ils étaient tout petits. « Au départ, je ne chantais quasiment qu’en mahorais et quand je suis arrivée en métropole, ça faisait déjà trois ans que je faisais des scènes activement à Mayotte. Alors j’ai voulu fermer ce projet pour en commencer un nouveau, pour essayer de transposer ça ailleurs. En commençant à chanter en français, j’ai réussi à franchir certaines barrières. » Puis, en 2019, un « déclic » opère, avec la sortie de son single Arrêt de bus : « J’ai fini par prendre conscience que je pouvais allier mon amour pour la musique et mon amour pour l’écriture. Avant, je dissociais beaucoup les deux, je faisais de la musique et j’écrivais à côté. Mais avec ce morceau j’ai commencé à avoir une approche plus littéraire. » Une révélation. À ce jour, le clip sorti il y a moins de deux ans affiche 3,6 millions de vues au compteur. Depuis, Adrien a signé avec le label de Maître Gims.

Et alors que sa carrière est en plein essor, Meiitod continue de voir toujours plus loin. « Maintenant, je vais pouvoir travailler avec de nouvelles personnes, et surtout, composer et écrire pour d’autres gens, c’est quelque chose que j’aime beaucoup faire », projette celui qui se décrit comme un grand fan de Jean-Jacques Goldman. « J’ai toujours admiré sa façon de se déguiser en quelque sorte, en écrivant pour d’autres artistes. C’est se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, jouer le marionnettiste, j’aimerais vraiment pouvoir faire ça, pour plein de personnes et dans plein de genres différents. » En attendant, dans un avenir plus proche, le jeune artiste planche déjà sur la sortie de son prochain album, prévue pour début 2022, voire fin 2021. Un nouveau chapitre qu’il écrira en gardant Mayotte au cœur, où il a profité de son séjour pour tourner plusieurs clips.

“On est prêt à se défendre” : le message des habitants de Mtsapéré en soutien à Chamsidine Boinali

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Ce week-end, les villageois de Mtsapéré ont protesté contre la garde à vue d’un jeune homme, qui s’était défendu contre ses agresseurs mercredi dernier. Réunis à nouveau devant le commissariat de Mamoudzou ce lundi, une vingtaine de personnes sont venues soutenir leur proche, cette fois pour déposer plainte. Pour l’instant, et dans l’attente de l’audition des différents témoins et de la victime, le parquet n’a pas engagé de poursuite.

15h pile. Son casque sous le bras, Chamsidine Boinali emboîte le pas à son avocat et traverse la rue en direction du commissariat, avec un dernier signe de la main vers le petit groupe de personnes venues le soutenir. Deux jours après la fin de sa garde à vue, le jeune homme s’est présenté cette fois-ci comme victime, pour porter plainte contre ses agresseurs.

Il y a un peu moins d’une semaine, mercredi en fin de journée, le trentenaire s’était retrouvé pris à partie par des délinquants à Mtsapéré. Menacé par cinq jeunes, d’après ses dires et ceux d’un témoin, la victime finit par user d’un couteau contre l’un de ses agresseurs. Un jour plus tard, il est placé en garde à vue, avant d’être relâché samedi en fin de journée. Mais face à cette situation, les habitants du village ont décidé de se rassembler le week-end dernier, pour protester contre cette interpellation, vécue comme une injustice. Ce lundi, pour la troisième fois, une vingtaine de personnes, parmi lesquelles des proches et des habitants du quartier, ont à nouveau souhaité afficher leur soutien devant le commissariat de Mamoudzou.

Heureusement qu’il avait son casque et qu’il sait se défendre, sinon, c’était lui qui y passait !”, souffle Balou, l’un de ses amis qui a déjà été entendu comme témoin et retrace les événements. Comme tous les jours, Chamsidine et ses amis se retrouvent vers 17h pour prendre le café vers le parking à Mtsapéré. “Il y a des jeunes qui avaient déjà essayé de voler un scooter, mais le propriétaire ne s’est pas laissé faire. Ensuite, ils ont trouvé un homme qui avait sa valise et s’apprêtait à voyager, là encore, il a riposté. Puis, ils ont essayé de s’attaquer à un automobiliste, et là, nous avons voulu riposter”, déroule le témoin.

Je n’avais pas d’autre solution”

Les jeunes prennent alors la poudre d’escampette… mais reviennent quelques minutes plus tard, avec des renforts. “On a vu une cinquantaine de jeunes arriver vers le plateau, et c’est là qu’il y en a quatre ou cinq qui se sont acharnés sur Chamou, ils avaient des bâtons, des cailloux, des barres de fer, des chumbos”, décrit-il. Au milieu de la cohue, la victime sort son couteau et plante l’un de ses agresseurs. “C’est un couteau multifonction, comme un couteau suisse pour ouvrir une bière. Depuis vingt ans que je l’ai, je n’ai jamais agressé personne avec… mais là, je n’avais pas d’autre solution”, assure pour sa part Chamsidine, joint par téléphone.

Ce lundi au commissariat, la tension est palpable et le message est clair : “maintenant, on est prêt à se défendre, quoi qu’il en soit, même si on meurt, on ne doit pas se laisser faire”, résume l’un des habitants. Un sentiment de devoir rendre justice soi-même qui tend à prendre de l’ampleur ces derniers mois à Mayotte, alors que la population déplore le manque de réponse des autorités judiciaires par rapport à l’insécurité. “Ce qui nous choque, c’est que ce sont toujours les mêmes jeunes, matin, midi et soir qui cassent nos voitures, dégradent nos biens, harcèlent nos enfants avec leurs chiens… Eux, quand ils font des bêtises, il n’y a pas de poursuite, en revanche quand on ne se laisse pas faire, c’est nous qui avons des problèmes”, résume Balou.

Contacté, le parquet explique n’avoir pas encore engagé de poursuite, en attendant de pouvoir entendre toutes les parties prenantes, et notamment la victime, dont le pronostic vital ce lundi n’était plus engagé. “Pour le moment, nous poursuivons l’enquête pour essayer de comprendre ce qu’il s’est passé, pour définir la responsabilité des uns et des autres et voir si le mis en cause est en situation de légitime défense ou si c’est lui qui attaque”, explique le procureur Yann Le Bris. Une enquête se poursuit en parallèle sur les violences qu’il dit avoir subies. La prudence est donc de mise dans cette affaire que l’on sait très observée par la population. “Si le juge le condamne, on est mort à Mayotte”, présage ainsi une habitante.

À une semaine de la rentrée à Mayotte, l’heure est à la révision des fondamentaux avec les stages de réussite

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Alors que la rentrée scolaire débute officiellement mardi prochain, des élèves du premier degré ont repris cette semaine le chemin des bancs de l’école dans le cadre des stages de réussite. L’occasion pour plusieurs d’entre eux de revoir quelques fondamentaux et de combler certaines lacunes pour celles et ceux qui intègrent les classes de CE1 ou de sixième. Immersion dans deux établissements de Passamaïnty.

« Le S, c’est comme le serpent ! » Face à un groupe de quatre bambins, Hamiyati Chytti mime la lettre avec ses doigts. « Maintenant, un peu plus difficile, vous allez me mettre le pion sur le F », demande la professeure de CP à l’école de Passamaïnty 3 Mhogoni. « Ne regardez pas les autres, faites-vous confiance ! » Depuis ce lundi, huit élèves prêts à faire leurs premiers pas en classe de CE1 la semaine prochaine participent à un stage de réussite, à raison de trois heures par jour. Un dispositif qui en complète d’autres mis en place tout au long de l’année, tels que l’aide au devoir et les activités pédagogiques complémentaires.

Direction ensuite Passamaïnty village où Jayf-Al-Din Boinaidi accueille de son côté sept futurs collégiens. « Ismaël, j’ai appelé ton papa hier pour lui dire que le cours commençait à 8h20. » Un message visiblement mal compris puisque le garçon se présente, sans masque, avec près d’une heure de retard. De quoi agacer l’enseignant au moment de lancer un atelier de lecture. D’autant plus que cette remise à niveau pour ces jeunes, « volontaires qui ont besoin de révisions », est une étape cruciale pour eux dans l’optique de se fondre rapidement dans le bain du second degré où l’autonomie prime. « L’idée ici consiste à consolider les acquis fondamentaux et à combler les lacunes, le tout dans une atmosphère sécurisante », précise l’enseignant, en prêtant attention à l’application des consignes données quelques minutes plus tôt.

« Éveiller les esprits avant la rentrée »

Car c’est bien là tout l’intérêt de ce stage de réussite, dont un premier se déroule au mois de juillet. L’objectif selon Mariama Abdou Kaphet, l’inspectrice de la circonscription Mamoudzou Sud, se résume à « éveiller les esprits avant la rentrée ». Et si ce rendez-vous concerne « des élèves fragiles issus de tous les niveaux », les CM2 semblent être priorisés au vu de l’échéance qui les attend. Ainsi, Jayf-Al-Din Boinaidi n’hésite pas à leur faire découvrir les rudiments du cahier de texte pour que les pré-adolescents soient prêts le jour J.

Présent ce matin-là pour s’assurer du bon déroulement de la semaine, le recteur Gilles Halbout insiste sur l’importance de « ne pas prendre de retard » auprès du corps enseignant mais aussi et surtout des écoliers. « En tout cas, vous êtes bien courageux », les félicite-t-il au fil de ses intrusions dans les différentes classes ouvertes spécialement pour l’occasion. « Cela leur permet de progresser », assure avec conviction Hamiyati Chytti, en particulier « les enfants défavorisés qui débarquent régulièrement, des écoles voisines en cours d’année ».

« Nous n’avons pas de limite financière »

Et pour le directeur de l’école élémentaire de Passamaïnty 3 Mhogoni, Laidine Said Bacar, il faudrait aller encore plus loin et mettre davantage le paquet sur ces rencontres en catimini, qui concernent une cinquantaine d’établissements scolaires sur l’ensemble du territoire. « En nombre réduit, nous travaillons très bien ! Nous pouvons amener les élèves dans la direction voulue. C’est juste dommage que ce dispositif soit un peu court dans le temps. » Un message entendu et approuvé par le responsable de l’académie, qui ne compte pas lésiner sur les moyens lorsqu’il s’agit d’éducation. « Nous payons tout, nous n’avons pas de limite financière. Mais nous ne pouvons pas forcer les enseignants à écourter leurs vacances. » Reste donc à trouver le bon équilibre pour que tout le monde y trouve son compte.

Combani et Miréréni se jettent la pierre

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Les habitants de Combani et Miréréni n’ont eu que quelques semaines de répit. Les rivalités qui opposent les jeunes de ces deux villages de la commune de Tsingoni ont une nouvelle fois entraîné des affrontements ce week-end. Les villageois des deux côtés campent sur leurs positions. Chaque camp accuse l’autre d’être à l’origine du problème.

« Ils étaient tellement nombreux… J’ai cru qu’ils allaient en finir avec Combani. » Djamal, habitant du village, a encore la voix tremblante lorsqu’il évoque l’après-midi et la nuit de terreur du dimanche 15 août. Des bandes rivales originaires de Combani et Miréréni se sont une nouvelle fois affrontées dans le quartier appelé Badjoni. Le secteur a été le théâtre d’une nouvelle scène de violences qui inquiète les citoyens. « Les jeunes étaient armés de machettes, de fusils de mer, de cailloux. Ils ont commencé à brûler la cour d’un riverain à côté. Nous sommes partis éteindre le feu, mais ils nous ont accueillis avec des pierres. Le soir, c’était pire, il y avait une vraie guérilla », décrit avec amertume Moller, qui a assisté à toute la scène depuis sa maison. Sur place à partir de 17h, les gendarmes départementaux et mobiles ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les foules jusqu’à 1h du matin, une fois la situation apaisée…

Cet énième affrontement semble trouver son origine quelques jours plus tôt selon les témoignages. « Ça a commencé depuis vendredi. Un groupe de jeunes de Miréréni étaient venus vers 12h avec des machettes et ils lançaient des pierres. Certains de Combani les ont repoussés. Ils ont aussi brûlé un véhicule de quelqu’un de Miréréni et à partir de là, tout a dégénéré », continue Moller. Une version corroborée, à quelques détails près. « Ce sont les jeunes de Combani qui sont montés jusqu’à la mosquée de Miréréni. Ensuite, ils ont été repoussés jusqu’au pont », insiste pour sa part une habitante de Miréréni qui souhaite garder l’anonymat pour éviter les représailles. Quoi qu’il en soit, le résultat est le même : des maisons et des boutiques vandalisées, des voitures incendiées et la population terrorisée de part et d’autre. Les conséquences sont lourdes et le ras-le-bol se fait ressentir. « On est fatigués, on en a marre. Il faut que ça cesse », martèle-t-elle, après plus d’un an d’agressions à répétition.

« Derrière tout cela, il y a des adultes qui les manipulent »

Les langues commencent à se délier à Miréréni tout comme à Combani, et une hypothèse revient de manière récurrente. « Ces jeunes se connaissent depuis longtemps, ils étaient ensemble et maintenant, ils ont été instrumentalisés. Je pense que derrière tout cela il y a des adultes qui les manipulent. Tout le monde les connaît : la mairie, la police, les habitants », affirme l’habitante de Miréréni. Même son de cloche du côté de Combani. « Ces jeunes sont encouragés par leurs parents. Ils les nourrissent avant d’aller se battre et leur donnent leur bénédiction », soutient de son côté Djamal. La situation serait d’ailleurs montée d’un cran puisque dimanche, les bandes rivales auraient été appuyées par des renforts venus d’autres communes. « Quand ils sont descendus à Combani, beaucoup de jeunes n’étaient pas de Miréréni. Je pense qu’ils ont été recrutés à droite à gauche », indique Moller. Rejoint par Djamal : « J’ai reconnu des délinquants de Doujani et Vahibé. » Difficile de confirmer de tels propos, d’autant plus que la gendarmerie ne laisse échapper pratiquement aucune information concernant les faits.

À qui la faute ?

Les habitants sont loin d’être unanimes quant à l’origine de cette escalade de violences, chacun prend la défense des jeunes de son village. Combani accuse Miréréni et vice-versa. « Si on dit à nos enfants d’arrêter, ils vont arrêter. Mais comment pouvons-nous leur demander cela s’ils se font tout le temps agresser ? Ce conflit s’arrêtera si Combani arrête. Mais comme ils n’ont rien à perdre, ils ne cesseront pas. Ils utilisent des jeunes qui sont déscolarisés, qui sont hors du système. Alors que chez nous, ce sont des jeunes qui vont à l’école. Il n’y a pas de bandes de délinquants à Miréréni, ça n’existe pas. Nous avons des enfants qui ne demandent qu’à aller à l’école tranquillement », défend l’habitante de Miréréni. Moller réfute cette hypothèse qui le met en colère. « Les gens de Miréréni accusent ceux de Combani alors comment se fait-il que ces guérillas se déroulent toujours chez nous ? Ce sont donc les gens de Combani qui cassent les choses chez eux ? Je n’ai jamais vu les jeunes de chez nous aller jusqu’à Miréréni pour se battre. Je ne dis pas que ceux de Combani sont innocents, il y a des délinquants partout, mais il y a aussi des parents qui n’assument pas. »

Si la journée de lundi s’est déroulée sans affrontements, le climat était tendu dans les deux villages. Tous savent que la guerre entre les bandes rivales n’est pas finie. Les habitants s’attendent à un nouvel épisode de violences.

Ressource en eau : une situation plus favorable qu’en 2020 mais la vigilance reste de mise au SMEAM

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Avec des taux de remplissage plutôt dans le vert pour les deux retenues collinaires, le syndicat des eaux aborde cette fin de saison sèche un peu plus serein que l’année dernière. Attention toutefois, car les capacités de production sont au maximum et les bons gestes restent indispensables pour préserver la ressource.

La même réunion un an plus tôt avait donné quelques sueurs froides. Ouf ! Cette fois-ci, il semblerait que Mayotte puisse peut-être échapper aux tours d’eau, avant l’arrivée salvatrice du kashkazi. C’est en substance le message qu’a fait passer le syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte (SMEAM), lors d’une réunion d’information avec les associations familiales et la presse vendredi, qui faisait suite au comité de pilotage lundi dernier. “La situation est plus favorable, mais il ne faut pas relâcher nos efforts”, met toutefois d’emblée en garde la vice-présidente en charge de l’eau potable Aminat Hariti.

Par rapport à la même période l’année dernière, les taux de remplissage de deux retenues collinaires affichent des niveaux nettement plus satisfaisants : 79,4% pour Combani (contre 72,6% en 2020) et 89,8% pour Dzoumogné (contre 61% en 2020). Le taux de remplissage à Combani frôle même les 92% si l’on exclut du calcul la réhausse, effectuée entre l’année dernière et cette année, et qui donne justement un peu plus de marge au territoire. En effet, ce sont – en partie – les travaux pour augmenter la capacité de stockage du bassin qui avaient conduit à maintenir un niveau relativement bas en 2020. Désormais opérationnelle, cette réhausse augmente de 250.000 mètres cubes le volume d’eau que peut recevoir la retenue de Combani. “Cela représente un mois d’approvisionnement pour la population, le mois qui nous avait manqué l’année dernière”, analyse Aminat Hariti.

L’autre bonne nouvelle ? Les prévisions de Météo France, qui laissent espérer un début des recharges à partir de mi-novembre, “sauf imprévu”. Le SMEAM estime donc possible d’assurer l’approvisionnement en eau potable pendant au moins toute la saison sèche et probablement jusqu’à la jonction avec la prochaine saison des pluies.

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Gare aux bactéries !

Alors, tout roule ? Pas tout à fait. “Nous sommes sauvés en termes de ressources, mais pas nécessairement en termes de production”, avertit la directrice de la SMAE, Françoise Fournial. Si les deux retenues sont au maximum de leurs capacités, une inconnue demeure quant à la qualité de l’eau, et donc la capacité réelle de production. D’autant que ces grands bassins ne viennent pas sans contraintes. Avec l’eau stagnante vient ainsi le risque de prolifération de cyanobactéries – des micro-organismes qui peuvent modifier la couleur et la surface de l’eau – qui libèrent alors des cyanotoxines, un sujet sur lequel l’agence régionale de santé (ARS) veille au grain. “En termes de qualité, il n’est pas impossible qu’on ne puisse pas utiliser toute cette eau intégralement”, explique Christophe Riegel, le responsable de la cellule eaux d’alimentation de l’ARS.

L’économie d’eau reste indispensable

Sans compter que le retour des vacanciers entraînera inévitablement de nouveaux pics de consommation. “Nous aurons du mal à absorber les pointes, et ce sont tous les petits gestes du quotidien qui vont nous permettre de garder un service constant pour tous les usagers”, souligne Françoise Fournial. Les bons réflexes : installer les kits fournis l’année dernière, éviter de surconsommer en lavant sa voiture par exemple, vérifier son compteur en cas de soupçon de fuite et faire remonter toute anomalie constatée. Sans quoi les restrictions préfectorales ne tarderont pas à tomber… et le spectre des coupures pourrait bien pointer le bout de son nez.

Bien sûr, les fuites des particuliers ne sont pas les seules à surveiller. Et justement, le SMEAM assure avoir mis les bouchées doubles depuis l’année dernière, en lançant notamment une grande campagne de recherche de fuites sur le département, qui a permis de générer des économies de 500.000 mètres cubes jour de production.

ressource-en-eau-smeam-2021De lourds investissements à mener

Quid de l’augmentation de la population, s’est alors enquise l’une des représentantes des associations familiales. Une étude commandée par la nouvelle équipe a montré l’important retard accusé par le syndicat en termes d’investissements, et un manque d’anticipation, concède sa vice-présidente. À moyen terme, quelques travaux sont d’ores et déjà dans les tuyaux : le forage de Mirereni, dont la livraison prévue fin octobre devrait apporter quelque 400 mètres cubes d’eau par jour ; celui de Kaweni La Jolie/Béja est attendu pour septembre, et la potabilisation de Kawé 2 est en phase de lancement de la maîtrise d’oeuvre. Malgré tout, “selon le schéma directeur, et les scenarii qui intègrent l’augmentation de la population, la situation sera en tension au moins jusqu’en 2025”, reconnaît Aminat Hariti.

Le SMEAM, lourdement endetté après des années d’une gestion calamiteuse, commence à peine à sortir la tête de l’eau, grâce notamment aux 15 millions d’euros octroyés par le conseil départemental. De quoi commencer à éponger une ardoise de 35 millions d’euros. “Des travaux sont faits avec l’AFD, nous avons aussi bénéficié du plan de convergence et du plan de relance, à hauteur de 11 millions d’euros”, liste ainsi Aminat Hariti. Des coups de pouce, qui, doublés d’une réduction de la voilure sur le train de vie des élus, permettent d’envisager un peu plus sereinement l’avenir. Et regagner la confiance des entreprises ?

À Sada, le maire s’attaque aux incivilités en partenariat avec le procureur de la République

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Pour faire face à la recrudescence de la délinquance dans la commune, le maire de Sada, Houssamoudine Abdallah, a décidé de prendre le taureau par les cornes et de s’appuyer sur le soutien du procureur de la République, Yann Le Bris, pour lutter contre ce fléau. En signant des conventions de rappel à l’ordre et de transaction, le premier magistrat a pour ambition de relever toutes les infractions et ainsi d’éviter la récidive.

Flash Infos : Vendredi, vous avez signé des conventions de rappel à l’ordre et de transaction avec le procureur de la République. Qui est à l’initiative de ce partenariat ? Et comment a-t-il été imaginé ?

Houssamoudine Abdallah : Depuis que nous avons pris nos quartiers à la mairie de Sada, l’ensemble du conseil municipal travaille d’arrache-pied sur la question sécuritaire. Dans un premier temps, nous avons fait le tour de l’ensemble des quartiers, dans lesquels nous avons pu observer la présence de marchands de sommeil mais aussi de jeunes qui traînent jusque tard dans la nuit. Face aux incivilités croissantes, nous avons reçu les parents des fauteurs de trouble.

Mais nous n’avions pas un cadre spécifique pour lutter contre ce fléau. Nous avons alors pris contact avec le procureur de la République, Yann Le Bris, pour bénéficier d’un certain nombre d’outils et ainsi intervenir efficacement en matière sécuritaire. Cela a abouti par la signature de deux conventions de rappel à l’ordre et de transaction.

FI : Vous dites qu’il s’agit d’une première pour lutter contre la délinquance à Mayotte. En quoi est-ce indispensable selon vous ?

H. A. : Nous avons ciblé toutes les difficultés en matière d’incivilité. À la différence de la Vigie en Petite-Terre ou de Koungou, nous n’avons pas de bangas à Sada. Donc nous rassemblons toute notre énergie pour nous attaquer aux marchands de sommeil. Nous avons, à titre d’exemple, mené des actions contre eux. Nous avons pris contact avec l’agence régionale de santé pour recenser tous les habitats indignes de la commune. La meilleure solution est de cadrer les choses et de suivre une procédure claire pour que ces initiatives portent leurs fruits.

Concrètement, ces conventions vont nous permettre de passer à la vitesse supérieure. Je m’explique : si un jeune sèche les cours ou est à l’origine d’actes délictueux, nous remplissons une fiche sur laquelle nous notons les différents méfaits en lien avec cet individu. Prévenu, le parquet nous précise alors si nous pouvons intervenir face à ces incivilités ! Nous le rencontrons avec ses parents puis nous envoyons un compte-rendu au procureur de la République.

Tous les trois mois, nous devrons dresser une série de statistiques pour remonter toutes les problématiques. Cela nous aidera par la suite à savoir si nous avons besoin de médiateurs, si nous devons revoir la famille, ou bien si des efforts sont à faire en termes d’éducation. Car nous nous rendons bien compte au fil des réunions que cela ne donne pas toujours les résultats escomptés ! La prévention a malheureusement ses limites… Mais désormais, avec l’appui de la justice, en cas de récidive, nous serons en capacité de porter plainte et de nous appuyer sur tous les faits.

sada-insecurite-convention-procureurFI : En résumé, ce que l’on appelle la troisième voie de la justice est une manière de relever systématiquement les petites infractions dans l’espoir d’éviter la récidive ou l’escalade criminelle. Comment comptez-vous y prendre ?

H. A. : Nous pouvons compter sur les rondes effectuées par la police municipale, sur des associations qui veillent à la tranquillité de la commune, mais aussi sur la bienveillance des uns et des autres par rapport aux problèmes de voisinage. Toute la population est aux aguets : les habitants n’hésitent pas à interpeller les élus et les agents de la mairie. Certains jeunes qui mettent en danger la population sont bien connus de nos services. Nous savons qu’ils se déplacent en vélo et avec des chiens ou qu’ils font appel à des personnes de l’extérieur pour commettre des dégâts. Ce genre de situations sont régulièrement relevées et dénoncées. Jusqu’alors, nous essayions de les rencontrer, mais comme je le disais, cela n’aboutit pas. Avec ce travail partenarial, nous avons l’occasion cette fois-ci d’aller plus loin !

Mayotte : une maison de santé pluridisciplinaire, le rêve du Dr Elhad Mohamadi

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Une nouvelle maison de santé pluridisciplinaire pour les Mahorais ? C’est le rêve du docteur Elhad Mohamadi. Ce médecin s’est lancé le défi d’apporter une offre de soins diversifiée et complète aux habitants de l’île grâce à cette structure qui sera située au centre de Mayotte. Il a présenté son projet de 3.5 millions d’euros vendredi dernier aux investisseurs et aux autorités politiques qui ont fait le déplacement jusqu’à l’Hôtel de ville de Ouangani.

C’est un parterre d’élus et d’investisseurs qui ont répondu à l’invitation du maire de Ouangani et du docteur Elhad Mohamadi, ce vendredi 13 août à la mairie de cette commune du centre de l’île. Leur présence était cruciale puisque le sujet du jour aura des conséquences directes sur les habitants du territoire. Le médecin généraliste a présenté la future maison de santé pluridisciplinaire (MSP) d’une superficie de 1.100 mètres carrés. Un projet rêvé, pensé et créé depuis 2018. Dès son arrivée à Mayotte il y a huit ans, le professionnel s’est rendu compte des difficultés que rencontrent les Mahorais pour se soigner. « Les délais de rendez-vous étaient extrêmement longs avec une offre très en deçà de ce que nous pouvons attendre d’un département français. Pour réaliser des examens complémentaires, les patients doivent se rendre jusqu’à Mamoudzou. Cela veut dire qu’il faut avoir un moyen de transport ou payer un taxi », relate le Dr Elhad Mohamadi. Aujourd’hui, la situation ne s’est pas améliorée, elle tend même à se dégrader.

Si l’on a tendance à parler de désert médical à Mayotte, la réalité serait bien pire. « Un désert médical se définit par un seuil critique de 250 médecins pour 100.000 habitants. À Mayotte, pour 256.000 habitants, il y avait en tout 244 médecins toutes spécialités confondues en 2019. Cela veut dire qu’il y avait 95 médecins pour 100.000 habitants, ce qui est très peu par rapport au seuil critique déterminé du désert médical », détaille en chiffres le Dr Elhad Mohamadi. Autrement dit, le cas de Mayotte est alarmant. Il est donc urgent pour le médecin de répondre à cette problématique. « Selon moi, cela devait passer par la création d’une structure pour limiter l’impact que représente le désert médical dans la zone. Nous savons très bien qu’un problème de santé a des retombées sociales et économiques », prévient-il.maison-sante-pluridisciplinaire-ouangani

La maison de santé pluridisciplinaire a pour objectif de proposer une offre de soins plus complète et variée. Les professionnels qui y travailleront ont déjà été contactés et nombreux sont ceux qui ont accepté de prendre part à cette aventure. « Il y aura des médecins généralistes, une pharmacie, un gynécologue, une annexe de prélèvements biologiques du laboratoire, une radiologie, des dentistes, une sage-femme, des kinésithérapeutes, une psychologue, des infirmiers », énumère le Dr Elhad Mohamadi. Autant de praticiens qui seront au service des 50.000 habitants de la zone du centre et centre-ouest de Mayotte. Mais nul doute que cette MSP sera prisée par une grande partie de la population de l’île.

Un soutien financier local

Pour mettre en route son projet, le Dr Elhad Mohamadi et son associé ont mis sur la table un apport financier d’une centaine de milliers d’euros et le foncier où sera construit l’établissement. Cela ne l’a pas empêché d’aller toquer aux portes des investisseurs. L’agence française de développement est la structure ayant par exemple apporté la plus grosse subvention. « L’AFD met 1.6 million d’euros sur 3.5 », annonce Yves Rajat, le directeur de l’institution financière publique. Un investissement qui permet de dynamiser le secteur de la santé à Mayotte. « Nous avons voulu investir dans cette MSP parce qu’il s’agit de la raison d’être de l’AFD, à savoir de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des habitants, ici à Mayotte comme partout ailleurs. Et il est clair qu’avec ce projet, nous nous inscrivons dans cette dynamique », continue le responsable local.

maison-sante-pluridisciplinaire-ouanganiLe Département a également apporté sa pierre à l’édifice avec une coquette somme de 500.000 euros. « Dès le début en 2018, ce projet a eu l’adhésion générale du conseil départemental sous la présidence de Soibahadine Ibrahim Ramadani », rappelle son successeur, Ben Issa Ousseni. Il se réjouit d’autant plus que la MSP sera bénéfique de manières différentes. « Elle va pallier le manque de professionnels de santé, mais il ne faut pas oublier l’angle économique. Cette maison de santé sera créatrice d’emplois », précise le nouveau chef de file de la collectivité. L’AFD et le conseil départemental sont les plus gros financeurs du projet, mais ils ne sont pas les seuls. Ils sont suivis par huit autres, en l’occurrence EDM, l’ARS, la 3CO, la ville de Ouangani, la Cress, la Caisse d’épargne ainsi que les entreprises Créa’Pépites et Tand’M. La construction de la maison de santé n’a pas encore commencé, mais le docteur Elhad Mohamadi espère la mettre en marche en décembre 2022.

Piste de Majimbini : à qui jeter la pierre ?

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Après les signalements des riverains et des associations au sujet de ce tronçon censé rallier la future carrière, le préfet a décidé de suspendre les travaux lancés par l’entreprise de bâtiment, Tetrama. Un emballement qui en dit long sur ce dossier sensible… et qui ne date pas d’hier.

Pilate, stop !” Le pas vif, Omar Rasta traverse les fourrés à la poursuite de l’un de ses deux bergers allemands, qui s’en est allé chercher des noises à quelques cabris de campagne. D’un coup, le petit sentier à flanc de colline laisse la place à la terre fraîchement retournée de la “piste sauvage” de Majimbini. Impossible de la louper. Les pieds s’enfoncent dans ce sol soudain meuble et rouge, qui contraste avec la forêt verdoyante aux alentours. “Avant, ici, c’était tout vert comme ça”, lance l’agriculteur dépité, en pointant du doigt les arbustes qui longent la large voie.

La piste, censée à terme rallier la future carrière de Majimbini, aura décidément fait couler beaucoup d’encre depuis le lancement des travaux par l’entreprise Tetrama, il y a une dizaine de jours. En cause : des infractions aux codes de l’environnement, forestier et de l’urbanisme commis sur cette parcelle classée et protégée, que dénoncent un collectif de riverains cultivateurs et la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE). Arbres abattus, défrichement, mais aussi le remblai d’un cours d’eau et les risques sanitaires dans cette zone humide qui abreuve les nappes phréatiques font partie des critiques soulevées par les défenseurs de l’environnement. “Majimbini, c’est le songe, et le songe demande beaucoup d’eau, ça veut bien dire qu’on est sur une zone capitale pour la ressource en eau de Mayotte !”, s’étrangle Ali Madi, le président de la FMAE, qui entend déposer plainte et se porter partie civile.

Suites judiciaires

Mercredi, c’est tout le gratin – DAAF, DEAL, conseil départemental, ONF, OFB – qui a fait le déplacement dans le cadre de la mission inter-service de l’eau et de la nature (MISEN) pour dresser les procès-verbaux en réponse à ces signalements. Dans la foulée, le préfet Thierry Suquet décidait alors de signer un arrêté de suspension des travaux immédiat, intégrant l’interdiction d’utiliser la piste, l’évacuation des engins, et le rétablissement immédiat de la continuité écologique du cours d’eau, sous peine d’une astreinte de 1.500 euros par jour en cas de non-respect. “Des suites judiciaires seront également engagées au titre du code de l’environnement et du code forestier”, précise le communiqué. “Nous sommes rassurés par cette décision que nous félicitons, toutefois, cette terre, à la première goutte de pluie, elle va se retrouver dans la rivière et dans le village de M’tsapéré, j’ai donc écrit au préfet pour demander des mesures d’urgence et de long terme pour stabiliser ce terrain”, soulève Ali Madi.

Tetrama répond aux accusations

Dans les faits, Tetrama avait interrompu les travaux un jour avant l’arrêté préfectoral mais nie avoir réagi en réponse à la mise en demeure dont elle aurait fait l’objet dès le week-end dernier. “Nous n’avons reçu aucun courrier, mais face à l’ampleur que cela prenait nous avons préféré arrêter”, assure Malik Kalfane, le gérant de l’entreprise, qui ne s’attendait pas à un tel retentissement. Sous le feu des critiques, Tetrama a souhaité répondre point par point aux accusations dont elle fait l’objet, dans l’attente qu’une enquête fasse la lumière sur l’affaire. “Nous avons mis un point d’honneur à éviter les arbres pour accéder au fameux site. Quant à la rivière, il n’y avait qu’un très faible débit d’eau qui n’a pas été modifié par le remblai”, explique le directeur, photo à l’appui. Et l’entrepreneur de mettre en avant les nombreux travaux bénéfiques effectués par Tetrama dans le secteur ces dernières années. “Nous avons refait les routes, il y avait des ponts écroulés pour mener à l’ancienne carrière ouverte pour la rocade, et nous avons fait le contournement, nous avons même ramassé toutes les carcasses de voitures, tout cela en accord avec l’ancienne équipe municipale !”, soupire-t-il.

La piste de la discorde

Alors pourquoi diable tout ce tintouin ? “Une carrière, c’est un projet très politique et beaucoup de gens dans les milieux économiques ne veulent pas la voir s’ouvrir, c’est normal, chacun veut préserver ses intérêts”, souffle Malik Kalfane. Il faut dire que la pomme de discorde ne date en effet pas d’hier. Déjà, en 2014, Jacques Martial Henry, alors conseiller départemental, dénonçait l’attitude des élus de l’hémycicle, qui avaient voté à la quasi-unanimité le cession d’une parcelle à l’entreprise. C’est grâce à ce bail emphytéotique avec contrat de fortage que Tetrama a obtenu ce terrain lui permettant de rallier la future carrière (elle avait déjà acquis une partie de la terre à exploiter 15 ans plus tôt). Concrètement, cette concession à durée limitée – de 18 ans pour la partie route et de 30 ans pour la partie carrière – lui permet d’exploiter le granulat moyennant une redevance par tonne de caillou extraite.

Deux millions d’euros déjà investis

Reste que le dossier contient plusieurs zones d’ombre. “À l’époque, il n’y a pas eu d’évaluation de domaine, pas eu d’étude d’impact, ni de consultation publique, c’est-à-dire que plusieurs procédures n’ont pas été respectées pour céder ce terrain”, avance Jacques Martial Henry, qui avait déposé un recours devant le tribunal administratif, sans succès. “Donc dire aujourd’hui que Tetrama n’a pas été autorisée, il faut vraiment être très prudent, je soupçonne qu’il y a eu autorisation, même si ces autorisations s’avèrent illégales.”

Interrogée au sujet de l’absence de permis de construire sur la piste de Majimbini, l’entreprise concernée ne se dédouane toutefois pas de toute responsabilité. “Peut-être que nous avons commis un faux pas, mais ce sera à l’enquête de le déterminer.” En attendant, l’heure tourne alors que Tetrama a déjà investi deux millions d’euros pour ce projet qui doit créer au moins cinquante emplois. “Cette carrière, elle se fera un jour. Par nous ou par un autre”, conclut Malik Kalfane.

Edeis, allié de Pamandzi, pour nettoyer le littoral près de l’aéroport

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Ce jeudi 12 août, Edeis, le délégataire de l’aéroport, a mené conjointement avec les services techniques de la ville de Pamandzi une opération de nettoyage le long de la clôture de la piste, côté littoral. Au total, pas moins d’1.5 tonne de déchets a été ramassée sur un périmètre de 600 mètres au cours de la matinée. Les deux partenaires ont déjà prévu de renouveler cette initiative de manière régulière.

« Vous n’avez pas remarqué que toutes les claquettes se trouvent au même endroit ?» Sous une chaleur de plomb, Bousry n’en perd pas son humour malgré la tâche ardue qui l’incombe ce jeudi 12 août. Entouré d’une quinzaine de ses collègues du service technique de la ville de Pamandzi et autant de l’entreprise Edeis, le délégataire de l’aéroport, l’agent au chapeau fleuri se démène comme un diable pour dénicher toutes les babioles englouties sous ses pieds. « C’est top de réaliser cette opération pour la commune », confie-t-il, large sourire aux lèvres, avant de connaître le résultat de ce dur labeur, à savoir 1.5 tonne collectée en l’espace de quelques heures.

À deux pas de la piste aéroportuaire et face à une vue idyllique sur Grande-Terre, le groupe balaie un périmètre de 600 mètres sur lequel les déchets s’accumulent en masse à cause des forts coefficients de marée des dernières semaines. « Il faut que les gens fassent davantage attention. Nous faisons leur boulot là », souffle désabusé Django, au moment de balancer son sac plastique par dessus la clôture afin d’être récupéré par un camion, direction la déchetterie de Petite-Terre. « Je ne m’attendais pas à en ramasser autant ! » Réfrigérateurs, bonbonnes de gaz, chaussures… Et une avalanche de bouteilles en plastique, dont le temps de décomposition peut prendre jusqu’à 1.000 ans.

La pêche et l’immigration en cause ?

D’où cette initiative de donner une cure de jouvence à cette partie du littoral, pourtant peu prisée par les promeneurs et les baigneurs en raison de sa difficulté d’accès. « Une partie est peut-être générée par les pêcheurs », émet comme hypothèse Olivier Capiaux, le directeur d’Edeis sur le territoire. « Mais nous ne pouvons pas non plus s’empêcher de penser aux effets de l’immigration clandestine. Certains déchets sont peut-être aussi l’objet de drames au large. » Deux possibilités qui restent encore à prouver tant la quantité rejetée par le lagon s’avère abyssale.

Pas question pour autant d’incriminer qui que ce soit. Le but de la démarche reste avant tout de mettre un coup de projecteur sur ce type d’action et de sensibiliser le plus grand nombre sur ce fléau qui gangrène l’île depuis de nombreuses années. « Il nous faut un système pédagogique qui va petit à petit pousser la population à prendre conscience et à faire évoluer les mentalités », persiste et signe Ibrahim Madi M’Dahoma, le premier adjoint de Pamandzi en charge de l’urbanisme, de l’aménagement et de la propreté. Avant de pointer du doigt la prolifération désastreuse de matériaux non putrescibles, délaissés par terre comme de vulgaires feuilles de manioc ou de cocotier. « Nous avons continué à faire comme avant », regrette-t-il, tout en assurant que la municipalité fait de la protection de l’environnement l’une des priorités de sa mandature. « Tous les jours, nous nous efforçons d’expliquer aux habitants la façon dont il faut jeter les ordures. »

Face à cette mission générationnelle, la ville peut compter sur un soutien de poids avec Edeis. « En tant qu’allié des territoires, nous nous devions d’apporter notre pierre à l’édifice », assure Olivier Capiaux. « Nous sommes sensibles à l’environnement. Nous avons un aéroport extramarin, il faut le protéger. Avec le projet de piste longue convergente, tout cela va de pair. » Alors pour montrer sa bonne foi, le délégataire promet de renouveler cette opération tous les trois ou six mois en fonction des besoins. Voire même de s’attaquer également à la plage de Moya 1, qui se trouve dans l’empreinte de l’infrastructure. Une belle promesse aux yeux de Bousry. « C’est une bonne nouvelle pour nos enfants avec l’espoir qu’ils ne se baignent plus dans cette saleté ambiante. »

L’ARS et la mairie de Koungou mettent les bouchées double pour vacciner la population

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La ville de Koungou enregistre le taux le plus bas de vaccination du département. L’agence régionale de santé et la mairie mettent donc les moyens pour rattraper le retard. Mise à disposition de bâtiments, des agents, campagne de communication, tout est mis en oeuvre pour inciter la population à se faire vacciner.

Situé à l’école élémentaire, le centre de vaccination de Koungou était bien calme ce jeudi après-midi. Une accalmie qui arrive après l’effervescence de la matinée. « Les deux premier jours, il y a avait beaucoup de monde, et ce matin aussi. Maintenant, c’est un peu plus tranquille », évoque l’une des agents postée à l’accueil. Ses collègues et elle ont été mis à disposition par la mairie de Koungou pour accueillir les personnes souhaitant se faire vacciner. Atsem (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), ils sont appuyés dans leur tâche par les médiateurs sanitaires embauchés par l’association Mlézi Maorais. Ils représentent les moyens humains apportés par la ville pour optimiser la stratégie de vaccination puisque pour l’instant les chiffres de la commune ne sont pas exemplaires. « À Mayotte, nous sommes à presque 26% de personnes vaccinées complètement, alors que sur la commune de Koungou, seulement 7% sont venues se faire vacciner », révèle Maxime Jean, docteur infectiologue à l’agence régionale de santé.

Plusieurs freins ont été identifiés par les différents acteurs du système de vaccination. En effet, Koungou est une commune très étendue. Installé dans le village du même nom, le centre de vaccination n’est pas forcément accessible aux habitants de Trévani, Kangani ou Longoni qui n’ont aucun moyen de locomotion. « Le centre communal d’action sociale a un véhicule et il est possible de lutiliser pour emmener les personnes âgées au centre de vaccination. Nous avons aussi évoqué le fait davoir des équipes mobiles pour aller dans les villages qui sont un peu éloignés dun jour à l’autre », annonce Maylis Pouny Fagalde, chargée de mission et coordinatrice des centres de vaccination dans la ville de Koungou. À cela va s’ajouter un nouveau centre de vaccination fixe dès mardi 17 août dans le village de Majicavo Koropa.

La PAF, un frein majeur à la vaccination des habitants

Le taux de vaccination très bas enregistré à Koungou s’explique également par un phénomène évoqué par de nombreux agents du centre de vaccination du village lors de la visite de la directrice de l’ARS ce jeudi après-midi. « Il y avait du monde et lorsque la PAF est arrivée, ils se sont tous éparpillés », affirme l’une des médiatrices. Des propos confirmés par son collègue encadrant, Rachid Madi Saïd. « Jai constaté qu’à Koungou une grande partie de la population est en situation irrégulière. Les personnes ont donc peur de venir quand elles voient la police et les gendarmes dans les parages. » Surprise d’entendre cela, Dominique Voynet affirme qu’elle « en touchera un mot au préfet ». Une petite phrase qui donne grand espoir au responsable du centre de vaccination de Koungou qui s’attend déjà à une grosse journée samedi.

« Il y avait besoin de renforcer les moyens »

Comme tous les autres, le centre de Koungou fait partie de la campagne vaccinale qui se décline en un système de rotation. « Nous avons cinq centres de vaccination gérés par lARS qui tournent de commune en commune. L’idée est de revenir dans chaque commune toutes les quatre semaines afin de faire la première dose pour les nouvelles personnes qui se présentent et injecter la deuxième à celles qui étaient venues quatre semaines avant », détaille Dominique Voynet. Une routine qui aide grandement l’ARS puisque « nous nous sommes rendus compte quil y avait besoin de renforcer les moyens, notamment à l’hôpital car nous y vaccinons très peu », précise la directrice de l’institution. À Koungou, au delà des moyens humains, la mairie a également mis à disposition ses bâtiments. La bibliothèque avait été réquisitionnée la semaine dernière, puis l’école élémentaire, et un autre établissement sera choisi à partir de la rentrée. « Nous avons voulu mettre laccent dans cette commune où il y a le moins de personnes vaccinées sur tout Mayotte. Nous avons mobilisé la mairie et notre idée est de rattraper le retard ici », insiste Dominique Voynet. Et la mission ne semble pas impossible selon l’ARS puisque le nombre de personnes ayant reçues une première dose à Koungou augmente de plus en plus.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes