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Des rôdeurs nocturnes pour veiller sur l’île de Mayotte

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La montée de la violence à Mayotte pousse les habitants à se faire justice ou à trouver des solutions par leurs propres moyens. C’est en ce sens que Kamardine Ahmed a imaginé « les rôdeurs nocturnes ». Une association qui aura pour mission de sécuriser les routes de Mayotte grâce à des bénévoles implantés sur les quatre coins de l’île.

On ne compte plus le nombre d’agressions qui ont lieu chaque semaine sur le territoire. La population de Mayotte manifeste un réel ras-le-bol qui pousse certains à imaginer de nouvelles solutions pour en finir avec ce climat d’insécurité. Parmi ces personnes se trouve Kamardine Ahmed. C’est dans l’intérêt de ses enfants et de ceux des autres que le père de famille a imaginé « les rôdeurs nocturnes ».

les-rodeurs-nocturnesEncore en phase d’élaboration, ce mouvement a pour objectif de « protéger aussi bien les automobilistes que les sorties d’école », indique Kamardine Ahmed. Le penseur du projet dit s’inspirer des « 500 Frères », un collectif créé en Guyane en 2017 alors que la violence était à son paroxysme dans cet autre département d’Outre-mer. À la différence de leurs homologues guyanais, les rôdeurs nocturnes acceptent également les femmes. Le seul critère à respecter est l’âge. « J’aimerais qu’il y ait des gens assez matures, donc nous prendrons des bénévoles qui ont plus de 25 ans », précise Kamardine Ahmed, impatient d’apporter la paix et la sérénité dans le 101ème département.

Ces personnes devront effectuer des rondes dans certains quartiers et villages sensibles de l’île à partir de la tombée de la nuit jusqu’au petit matin. « Je me suis rendu compte que la majorité des délits commis sur les routes se déroulent le soir ou à l’aube. Mais cela ne nous empêchera pas de circuler également en journée », indique l’initiateur du projet. Ce dernier refuse de dévoiler toute sa stratégie pour « garder l’effet de surprise », mais il l’assure, il a pensé et élaboré son idée durant de longs mois avant de l’annoncer. Parmi les stratégies qu’il souhaite mettre en place figure la formation des bénévoles. « Il faut s’attendre à ce qu’il y ait des accrochages ou des agressions, c’est la raison pour laquelle tous ceux qui veulent intégrer le projet devront se soumettre à des stages, des tests et des exercices de simulation avant d’aller sur le terrain. Je ne veux pas de gens qui n’arrivent pas à se contrôler. » Kamardine Ahmed veut éviter d’en arriver à une situation similaire à celle des trois hommes de Petite-Terre accusés d’avoir séquestré et tué un jeune homme prétendu délinquant.

« L’idée n’est pas de se transformer en milice »

Simple citoyen, Kamardine Ahmed appelle d’autres habitants lambdas comme lui à l’aider pour lutter contre le fléau de la délinquance à Mayotte. Il sait donc que les membres de l’association devront respecter les limites. « L’idée n’est pas de se transformer en milice, mais de monter une organisation qui soit approuvée par les autorités. Nous n’oublions pas que nous sommes dans un pays de droit et que nous ne pouvons pas nous positionner au-dessus des lois. » Pour cela, il souhaite s’allier aux forces de l’ordre. « Nous leur tendons la main et nous espérons qu’elles vont l’accepter. » Pour Kamardine Ahmed, cette collaboration est aujourd’hui nécessaire puisque le lien entre la population, la police et la gendarmerie serait rompu selon lui. « Nous allons jouer la carte de la proximité pour restaurer cette confiance qui s’est perdue », précise le père de famille. Il a notamment pour ambition d’intégrer les habitants de chaque village et quartier de l’île dans sa politique de reconquête en demandant des informations auprès de ceux qui connaissent mieux leurs territoires, et en les responsabilisant.

Des limites à ne pas franchir

Si l’initiative de Kamardine Ahmed est louable, elle doit prendre en compte les lois de la République. « Il existe un dispositif en France qui permet uniquement à la population d’avoir un rôle de surveillance, cela ne va pas au-delà. Et quand les personnes constatent un fait, elles doivent alerter les forces de l’ordre », indique Elad Chakrina, avocat. Ce dispositif place le maire de la commune dans laquelle il se déploie au centre de l’organisation pour qu’il puisse encadrer la participation. « La gendarmerie ou la police, le maire et les citoyens doivent travailler main dans la main pour que l’action puisse être menée à bien. Et la préfecture doit avoir les rapports qui dressent une analyse de la situation et les solutions à apporter avant de signer le protocole », précise l’avocat. Selon lui, il faudrait également des référents connus par les forces de l’ordre et les communes respectives pour faciliter les échanges.

Les bénévoles qui voudront devenir des rôdeurs nocturnes doivent être sensibilisés à la question de la responsabilité pénale en cas d’agression. « Si une personne se fait taper dessus, dans le cadre de la légitime défense elle peut se défendre mais ne peut pas utiliser une force trop importante ou disproportionnée », rappelle Elad Chakrina. C’est là tout l’enjeu puisque la légitime défense est très limitée en droit. Les futurs rôdeurs nocturnes devront donc redoubler de vigilance pour ne pas se faire justice et éviter que la situation se retourne contre eux. Plus facile à dire qu’à faire !

Solidaire à la mobilisation générale, la Croix-Rouge veut aussi alerter sur les spécificités locales à Mayotte

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L’organisation syndicale Force Ouvrière de la Croix-Rouge rejoint le grand mouvement national de ce mardi 5 octobre qui se décline dans le 101ème département. Un acte solidaire pour défendre l’intérêt général des salariés de l’association fondée par Henry Dunant, mais aussi les spécificités du territoire.

Quelque deux mois après l’inauguration du tout nouveau siège mahorais de la Croix-Rouge, en présence du directeur général de l’association, Jean-Christophe Combe, le vaisseau amiral vacille, façon de parler ! Non pas à cause de mauvaises marées ou de vents contraires, mais plutôt en raison de l’appel à la mobilisation prévue ce mardi 5 octobre, contre les réformes envisagées par le gouvernement, notamment des retraites et de l’assurance chômage. « Plus de 50% des salariés prévoient de répondre présents », annonce Farouk Riziki, le délégué du personnel. De nouvelles règles auxquelles n’échappe pas « notre branche d’activité », le secteur social et médico-social.

Si l’organisation syndicale Force Ouvrière se montre solidaire avec le national, elle souhaite aussi défendre son bout de gras. « Nous sommes autant impactés ici qu’en France métropolitaine », poursuit le responsable informatique et le coordinateur logistique. Peut-être même plus d’ailleurs. À titre d’exemple : la vie chère dans le 101ème département, même si le salaire minimum de croissance a été revalorisé de 2.2% le 1er octobre dernier. Et justement, c’est là que le bât blesse. Malgré cette hausse non négligeable, « les positions 1, 2 et 3 de la grille de classification se retrouvent en dessous du SMIC », s’indigne le trésorier adjoint, qui revendique une « rémunération décente ». D’où le souhait d’appliquer en bonne et due forme le code de travail et de demander l’extension de l’indemnité Ségur, soit 183 euros nets pour tous, pour ne pas se sentir lésé.

La reconnaissance des frais kilométriques

Voilà pour la partie visible de l’iceberg. Car d’autres spécificités locales s’avèrent plus subtiles… « Certaines décisions prises à l’échelle nationale ne reflètent pas la réalité du terrain », insiste Farouk Riziki. À l’instar de la reconnaissance des frais kilométriques. « Il n’y a pas de prise en compte des embouteillages et de l’état des routes. […] Si nous utilisons notre véhicule personnel, cela nous revient beaucoup plus cher qu’en métropole. » Une souffrance matérielle qui s’ajoute aux contraintes générées par le Covid-19, comme le passe sanitaire obligatoire. « À l’heure d’aujourd’hui, nous n’avons pas recensé de suspension », tempère toutefois Mélissa Codiamoutou, la secrétaire adjointe. Mais face à ce dilemme, certains employés préfèrent réaliser un test antigénique tous les deux ou trois jours plutôt que de se faire piquer.

Une charge de travail importante

Un contexte sanitaire également marqué par une « forte période de transition avec une restructuration importante qui a forcément chamboulé les pratiques » avant la nomination en août dernier de Kadafi Attoumani à la tête de la direction de la Croix-Rouge à Mayotte. Si les deux représentants syndicaux louent son investissement et son attention depuis sa prise de poste, ils espèrent une passation de pouvoir aussi rapide que possible avec le directeur adjoint du pôle Outre-mer. Contactée au sujet de ce mouvement de grève, la direction n’a pas donné suite. « Nous sommes une organisation assez marquante, avec des besoins grandissants. Même si nous avons connu des périodes plus tendues, notamment durant les confinements, la charge de travail reste très importante », résume Mélissa Codiamoutou. Il suffit de se rapprocher de l’aide alimentaire, de l’équipe mobile sociale ou du service de soins infirmiers à domicile, soumis à rude épreuve depuis un an et demi, pour comprendre l’expectative. « Nous avons une réunion de comité d’entreprise mercredi, je pense que le débat s’y invitera », prévient Farouk Riziki. Histoire de ne pas finir le bec dans l’eau.

Circulation : Le tribunal administratif suspend l’expérimentation du maire de Mamoudzou

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L'arrêté instaurant la circulation alternée à Mamoudzou est prévu ce mercredi 31 mai. Il devrait rentrer en vigueur le 19 juin.

Le 17 septembre dernier, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla annonçait en grande pompe la mise en place d’une circulation alternée ainsi que l’interdiction de déplacement pour les véhicules de plus de 15 ans. Saisi par un citoyen, le tribunal administratif a décidé de suspendre l’exécution de l’arrêté pour des raisons à la fois surprenantes et évidentes.

Victoire pour les automobilistes ! Dans une requête enregistrée le 29 septembre dernier, un citoyen a demandé au juge des référés d’ordonner la suspension de l’exécution de l’arrêté du maire de la ville chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla, portant circulation alternée les lundis et mardis de 4h à 20h sur une partie de la commune (Mamoudzou ville, Kawéni, M’Tsapéré et Passamaïnty) et interdiction de déplacement pour les véhicules de plus de 15 ans à compter du 1er octobre. Le couperet est tombé trois jours plus tard : le tribunal administratif a mis un coup d’arrêt aussi brutal qu’inattendu à l’expérimentation désirée par la commune jusqu’à la fin de l’année.

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Dans son ordonnance, Gil Cornevaux a rappelé que « les articles L.411-1 à L.411-5 du code de la route ne sont pas applicables à Mayotte ». Autrement dit, le premier magistrat n’a pas le pouvoir de police de la circulation et du stationnement sur les voies ouvertes à la circulation publique à l’intérieur des agglomérations. Échec cuisant pour celui qui avait fondé ses interdictions sur le fait que « plus de la moitié des emplois [sur] Mamoudzou est occupée par des résidents d’autres communes du département ». Et de plaider pour sa défense que plus de 11.000 personnes utilisent quotidiennement leur véhicule personnel pour se rendre à leur travail, à l’origine d’engorgements permanents.

Taxis, points d’arrêts, parking relais…

Autrement problème relatif à l’arrêté : l’absence de mesure spécifique, comme s’était engagée à prendre la municipalité, pour mettre en place un parcours de déplacements de taxis – dont l’octroi de licences dépend des services de l’État – ainsi que la localisation des points d’arrêts. De plus, « aucun parking relais n’a été prévu aux entrées de ville pour que les personnes venant de l’extérieur du secteur défini puissent déposer leurs véhicules et disposer d’un moyen alternatif de déplacement à l’intérieur du périmètre d’interdiction de circulation ». Dans ces conditions, les habitants de Bandrélé qui souhaiteraient rejoindre la ville de Koungou seraient obligés de faire tout le tour de l’île par la côte sud, ouest et nord… « Cette circulation sur d’autres axes routiers allongerait excessivement inutilement leur temps de trajet », a évoqué Gil Cornevaux. Conséquence : « Il y a lieu de retenir que les éléments qui ressortent des pièces du dossier mettent en exergue l’absence totale de solutions sérieuses alternatives ou complémentaires en remplacement des restrictions de circulation et de déplacements. »

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Autant de constats qui ont poussé le juge de référés à donner raison au requérant. Dans sa requête, il soutenait entre autres que cette expérimentation portait une atteinte excessive à la liberté de circulation et qu’elle était entachée d’un détournement de pouvoir. Face à cette suspension, la commune de Mamoudzou a immédiatement réagi sur les réseaux sociaux. « Restant persuadé du bien-fondé de l’arrêté sur les plans économique, environnemental et sanitaire, la ville manifeste la volonté de faire appel de l’ordonnance du juge des référés. Par conséquent, la circulation habituelle est maintenue dans l’attente des suites de la procédure. » À charge de revanche, donc.

Jeunes renversés à Passamaïnty : d’une rumeur d’homicide à des blessures involontaires, une affaire très sensible

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L’histoire de l’homme qui s’est retourné vendredi contre ses agresseurs a une fois de plus défrayé la chronique, rappelant le débat sur la tentation de se faire justice soi-même alors que la population de Mayotte, excédée, se sent souvent abandonnée par les services de l’Etat.

Je te jure, je suis passé ce soir au commissariat, ils étaient au moins 1.000 !” Vendredi soir, l’histoire de l’agression d’un homme qui se serait retourné contre ses agresseurs est sur toutes les lèvres.

Nous vous la racontions en ces termes vendredi matin : vers 11h ce jour-là, le père de famille assiste impuissant à l’agression de sa femme non loin du Douka Bé de Passamaïnty. En tentant de s’interposer, il est lui-même passé à tabac par la bande, avant qu’elle ne s’enfuie à bicyclette. Excédé, il les poursuit avec son véhicule, accroche un scooter en stationnement avant de percuter deux jeunes de plein fouet quelques mètres plus loin.

Blessés, les individus âgés de 15 et 21 ans sont pris en charge par les secours et admis au CHM de Mamoudzou, pour une fracture du fémur et une plaie du scalp. Le conducteur du véhicule est conduit au commissariat du Mamoudzou pour les besoins de l’enquête.

Mais au cours de la journée, plusieurs versions de cette altercation circulent… jusqu’à une rumeur évoquant la mort de l’un des deux jeunes, qui sera démentie plus tard dans la journée par le procureur. Fort heureusement, aucun pronostic vital n’a été engagé selon les propos rapportés par nos confrères du Journal de Mayotte. Ainsi, la qualification de tentative de meurtre initialement retenue a été révisée en “blessures involontaires”, dans la soirée de vendredi.

Applaudi et soutenu par la population

Dans le même temps, l’affaire enfle sur les réseaux sociaux, alors que l’homme est encore en garde à vue. Et les messages de soutien se multiplient sur la toile : “Il doit être décoré de la médaille d’honneur” ; “il va y avoir de plus en plus d’affaires de ce genre au tribunal car les Mahorais ont tout perdu” ; “que la femme de ce brave homme se fasse connaître pour qu’on cotise tous pour lui payer le meilleur avocat, il a la population derrière lui, que ce couple le sache” ; “un acte héroïque d’un pauvre citoyen excédé, il mérite une récompense”, peut-on lire dans les commentaires.

Le soir, une centaine d’habitants se mobilisent devant le commissariat, pour exiger la libération de celui que certains qualifient même de “héros”. Une cagnotte en ligne est également lancée pour l’aider dans ses démarches, ainsi qu’un appel à manifester devant le Douka Bé le lendemain, samedi.

L’homme sera finalement relâché vers 20h30, acclamé par la foule réunie en soutien. Signe que le sujet demeure extrêmement sensible pour le 101ème département confronté à une violence chronique, qui a de plus connu une nouvelle escalade la semaine passée avec les affrontements de Koungou le lundi, le débat continuait d’alimenter largement les conversations tout le weekend. Nous reviendrons sur les suites de cette affaire dans nos prochaines éditions.

Promouvoir l’éveil et la créativité des 3-10 ans avec la Zaza box

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En novembre 2020, Louwazna Allaoui a décidé de se lancer dans une toute nouvelle aventure entrepreneuriale. Maman de deux jeunes enfants, elle a décidé de créer la première box éducative inspirée des îles. Son ambition ? Éveiller les enfants au monde qui les entoure au travers de thématiques et d’activités insolites.

Une box éducative qui se veut créative. Voilà qui résume bien la Zaza Box. Passionnée par son rôle de maman, Louwazna Allaoui s’est beaucoup documentée à la naissance de ses enfants afin de leur offrir une éducation riche et variée à l’image de son métissage. “Cette box est destinée aux enfants des îles et d’ailleurs afin qu’ils prennent conscience dès leur plus jeune âge de la richesse de leur patrimoine culturel et qu’ils soient fiers de leurs racines”, confie l’entrepreneure. Tous les deux mois, une box inédite permettra aux bambins âgés de trois à dix ans de découvrir un nouveau territoire d’Outre-mer. À l’intérieur de celle-ci, l’enfant découvrira trois éléments différents !

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La lecture au service de l’apprentissage

Le “Zaza Mag”. Un petit fascicule avec une histoire illustrée, une rubrique culture générale, un escape game, un focus sur l’Histoire et la culture, mais aussi quelques rubriques gastronomiques. Quoi de mieux pour s’immerger dans la culture insulaire ? “Je rédige moi-même les histoires”, précise la créatrice de la Zaza Box. “J’ai imaginé deux personnages, que les enfants pourront retrouver à chaque nouveau numéro. L’objectif du Zaza Mag est à la fois de promouvoir la tolérance, le respect, mais aussi l’héritage multiculturel des territoires d’Outre-mer.” Petit bonus : le Zaza Mag, entièrement dessiné à la main, offre aux enfants selon leurs âges, trois niveaux de lecture. Au bas des pages, ils retrouveront également des QR Code qu’ils pourront scanner avec leurs parents afin d’écouter les histoires en podcast.

promouvoir-eveil-creativite-3-10-ans-zaza-boxDans une société où la surconsommation est poussée à son paroxysme, quoi de mieux de renouer avec les activités manuelles ? Pour cela, il y a le Zaza Kit ! Une activité de création “do it yourself” expliquée pas à pas avec tout le matériel disponible afin de réaliser de superbes chefs d’œuvres. Par ailleurs, les “Zaza Kids” comme les appelle Louwazna Allaoui, découvriront dans chaque nouvelle box un “Zaza Toy”, un cadeau surprise en lien avec la thématique de la Zaza Box du moment.

Où retrouver la Zaza box ?

Mi-novembre 2021, la Zaza Box prendra son envol. Pour se la procurer, il faudra se rendre sur la plateforme sécurisée et dédiée à la vente du produit. “Nous nous limitons à une cible mais pas à un seul territoire. Nos livraisons seront assurées vers Mayotte, Maurice, La Réunion, l’Union des Comores, la Nouvelle-Calédonie, la métropole ou encore Dubaï et le Canada où nous avons reçu des précommandes”, explique l’entrepreneure qui se définit comme une enfant des îles. L’objectif pour la toute jeune entreprise est de toucher un large public tout autour du monde. De plus, soucieuse de l’environnement, la créatrice a pensé à des boxs 100% recyclables et recyclées en vente à l’unité, mais aussi à l’abonnement. De quoi ravir tous les moina zaza d’ici et d’ailleurs.

Entre La Vigie et Cetam, le collège Bouéni M’Titi accueille la 3ème classe défense de Mayotte

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Après K2 et Dembéni, c’est au tour du collège de Dzaoudzi-Labattoir d’accueillir un dispositif “classe défense et sécurité globale”, grâce à un nouveau partenariat entre le rectorat et les Fazsoi, les forces armées de la zone sud de l’océan Indien. Sept élèves de troisième ont déjà été sélectionnés pour participer à ce projet pédagogique, censé renforcer le lien armée-Nation.

Derrière les grilles qui encerclent le collège de Bouéni M’Titi en Petite-Terre, il y a d’un côté le quartier de La Vigie, de l’autre Cetam. Tout un symbole alors que s’ouvre la troisième classe défense de Mayotte, en pleine période d’hypertension sécuritaire dans le 101ème département. Car si les violences se concentrent ces temps-ci sur Koungou et Miréréni/Combani, la Petite-Terre n’est pas épargnée pour autant. “Nous avons eu ici trois homicides”, introduit le maire de Dzaoudzi-Labattoir Said Omar Oili en référence aux affrontements meurtriers entre les deux quartiers les plus pauvres de la commune, en janvier dernier. Avant de dérouler un pamphlet contre la “petite politique politicienne”, et d’en appeler à la “solidarité”, valeur de notre République “que l’on a tendance à oublier à Mayotte”. “Le préambule de la Constitution dit que les hommes – pas les hommes blancs, les hommes noirs, les Comoriens – naissent libres et égaux en droit”, insiste-t-il. Comme en campagne !

Le cible de ces beaux discours ? Les “citoyens en devenir” que constitue le petit groupe de sept élèves de troisième de la nouvelle classe défense de Mayotte. Après Dembéni et K2, c’est en effet au tour du collège Bouéni M’Titi d’intégrer ce dispositif issu du plan égalité des chances du ministère des Armées, et qui met en œuvre un projet pédagogique et éducatif interdisciplinaire, en lien avec la défense et la sécurité. Objectif : favoriser les ponts armées-Nation-jeunesse, renforcer l’enseignement de défense et participer à la lutte contre le décrochage scolaire. Pour cette troisième classe défense, le rectorat a signé un nouveau partenariat avec les Fazsoi (forces armées de la zone sud de l’océan Indien), ce vendredi, en présence du principal de l’établissement, du maire de Dzaoudzi-Labattoir, des militaires, des enseignants et des élèves sélectionnés.

“Les guerres intervillages n’ont pas leur place sur un bateau”

Tous les Fazsoi contribuent à cette action pour essayer de maintenir ce lien armée/Nation, primordial après la disparition du service militaire, qui avait cette particularité de brasser socialement toute une classe d’âge, et de permettre de comprendre les valeurs de la République”, souligne le capitaine Patrick Musique, commandant de la base navale de Mayotte, un brin nostalgique. “Quand on vit 24h/24 sur un bateau avec des gens qui viennent d’horizons différents – c’est un état d’esprit qui doit être mené à Mayotte – les guerres intervillages n’ont pas leur place”, ajoute le représentant de l’institut des hautes études de défense nationale. Une action qui trouve du sens à Mayotte, département non seulement éloigné et isolé du reste du territoire national, mais aussi et surtout en proie à une délinquance juvénile qui cible souvent les forces de l’ordre et les représentations de l’État. “On veut développer ce dispositif pour continuer le lien entre l’école et les forces de l’ordre, les forces de sécurité, l’armée ; et pour briser cette image de l’Éducation nationale d’un côté, les forces armées, la gendarmerie, la police de l’autre”, développe le recteur Gilles Halbout.

Des élèves en décrochage

Mais derrière cette nouvelle classe défense, il y a surtout l’engagement des enseignants pour leurs élèves, triés sur le volet. La sélection, qui doit répondre aux critères de l’armée – la situation administrative entre en comptes notamment – et ceux de l’académie, se base aussi sur le volontariat et la motivation. “Il y en a deux par exemple qui veulent être gendarmes”, présente Mme Cordier, la professeure principale de cette classe parcours de troisième. “Ce sont des élèves que je connais bien, je les ai eus en classe, je les suis depuis longtemps”, poursuit-elle. “L’idée, c’est de choisir des élèves qui ont des difficultés, parfois en décrochage scolaire… bon, sur les classes parcours, c’est déjà le profil et ils sont 27 pas que sept.” Ces origines sociales précaires “ne leur donnent pas les mêmes chances que tout le monde au départ”, et les éloignent d’autant plus des valeurs de la République. “C’est très abstrait pour eux, ils les connaissent, “liberté, égalité, fraternité”, la Marseillaise, etc. Mais ils ne savent pas ce qu’il y a derrière”, analyse l’enseignante d’Histoire.

Avec cette nouvelle option, le petit groupe va suivre le programme scolaire classique tout en bénéficiant d’activités supplémentaires, une fois par mois, en lien avec les Fazsoi, pour les “accoutumer aux missions de la Marine” : enseignement, matelotage, participation en mer aux activités antipollution ou encore aux cérémonies dans l’espace public se glisseront ainsi dans leur agenda. Avec l’espoir qu’à leur retour en classe, ces happy few se chargent de transmettre à leur tour à leurs camarades les valeurs de discipline et d’exemplarité ainsi acquises.

Les dernières inondations d’Acoua classées état de catastrophe naturelle

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La mesure était très attendue par les sinistrés des inondations d’Acoua et la ville. Depuis le 28 septembre, les fortes pluies de février 2021 qui ont engendré des dommages considérables dans cette commune du nord-ouest de l’île sont classées en état de catastrophe naturelle par un arrêté interministériel. Les habitants peuvent désormais espérer une indemnisation.

Sept mois après les inondations d’Acoua, les murs de la maison de Kaoutara Hazali, habitante du village, sont encore infiltrés d’eau. Son domicile nécessite des travaux colossaux : les cloisons doivent être réparées, les portes remplacées. Malgré l’urgence de la situation, la mère de famille prend son temps. Pour la simple et bonne raison qu’elle doit tout payer avec ses économies, comme toute la population de la commune… « Les assurances refusent d’assurer nos maisons car nous sommes sur une zone inondable et inconstructible », déclare-t-elle. Suite aux dernières inondations d’Acoua, Kaoutara a quasiment tout perdu. Heureusement, elle a pu compter sur les dons et la générosité de son entourage pour racheter le plus important. Si elle a également reçu une somme de 400 euros de la part du conseil départemental, cela reste insuffisant pour remettre son domicile en état.

Cependant, la donne pourrait changer pour Kaoutara et toutes les victimes des inondations de février. Un arrêté interministériel publié le 28 septembre déclare cet évènement en état de catastrophe naturelle. C’est la commune qui en a fait la demande au gouvernement au début du mois de mars dernier. « Cet arrêté va permettre aux habitants assurés de faire valoir leurs droits auprès de leurs assureurs, parce qu’ils refusaient de les indemniser tant que les inondations n’étaient pas classées état de catastrophe naturelle », indique Hanaffi Marib, le maire d’Acoua. Cela sera donc possible pour les voitures qui sont pour la plupart assurées, mais pas pour les maisons qui ne le sont pas. Cela étant, cette décision gouvernementale prévoit une autre solution pour les propriétaires. « Nous avons demandé que ceux qui ne sont pas assurés soient aussi aidés. Désormais, chacun doit constituer un dossier, ceux qui l’ont fait pourront être indemnisés », précise le premier magistrat. Un fonds de secours devrait être débloqué en ce sens pour permettre à la commune d’indemniser en partie les habitants et de réparer les dégâts causés.

Trouver des solutions pérennes

L’indemnisation est une chose, mais Acoua est de plus en plus exposé aux risques d’inondations. La saison des pluies approche et un drame comparable à celui de février de cette année n’est pas épargné. La mairie cherche alors des solutions plus pérennes pour éviter les dégâts en cas d’intempéries. « La commune a demandé un déblocage de fonds de secours pour réaliser des travaux afin de canaliser l’eau dans les caniveaux pour qu’elle ne déborde pas en cas de fortes pluies et ainsi éviter au maximum les inondations », explique Hanaffi Marib. « Les caniveaux sont sous dimensionnés et ne correspondent plus à la réalité de la commune », poursuit Bacar Youssouf, le directeur général des services de la mairie. Le maire n’a pas encore reçu la confirmation du déblocage de ce fonds de secours, mais il a bon espoir.

Un autre problème se pose à Acoua. La multiplication des constructions au fil des années respecte rarement les lois de la nature… La mangrove de la commune a été défrichée, et certains habitants ont érigé leurs maisons sur une zone non constructible et inondable. « Nous devons aménager la ville, nous avons du foncier dans les hauteurs. Nous sommes en train de réfléchir pour y construire des logements et ainsi pouvoir reloger les habitants qui sont dans les zones à risques », annonce le DGS d’Acoua. Sauf qu’il s’agira d’appartements à louer, et certains habitants ne sont pas prêts à quitter leurs grandes maisons qui leur appartiennent, pour un plus petit appartement qu’ils devront louer. « Si on me demande de partir, je n’accepterai pas de prendre un T1 alors que j’ai un T4. Et je n’ai pas envie de louer. Je préfère encore rester dans la galère ! » assure Kaoutara. Mais selon les dires du maire, il arrivera un moment où les citoyens n’auront plus d’autres choix. « Nous serons obligés de les déloger parce que nous ne pouvons pas les laisser en danger. » Quoi qu’il en soit, cela n’arrivera pas avant quelques années puisque le projet de relogement est encore en phase d’étude. En attendant, il ne reste plus qu’à espérer que les prochaines inondations, s’il y en a, ne fassent pas plus de dégâts.

Incendie à la mairie de Koungou : Mayotte et ses élus “debout” pour dire non à la violence

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Après les violents événements de lundi soir, une centaine de personnes, majoritairement des élus et des agents des collectivités, se sont donné rendez-vous à Koungou pour une marche symbolique. L’occasion de témoigner la solidarité du territoire envers la ville sinistrée, et de rappeler le ras-le-bol général face à une délinquance chronique.

Il est 9h25, et les minutes s’étirent sur le parking de La Poste à Koungou. Rendez-vous y était pris ce jeudi à 9h à l’appel des maires et des élus du département, pour “Mayotte Debout”, une journée de mobilisation générale en réaction aux “actes d’une violence inadmissible” survenus deux jours plus tôt dans la commune. “Les élus avaient oublié les écharpes, donc un agent communal a dû se dépêcher de les ramener !”, rigole-t-on au milieu d’un brouhaha de commérages, pour expliquer le retard. Dans tous les groupes, chacun arrange en effet à la hâte les rubans bleu-blanc-rouges bistournés, avant d’épousseter d’une petite tape de la main l’épaulette d’un costume. Ah, un groupe arrive enfin en provenance de la route nationale ! Ce sont les quelque huit adjoints au maire de Mamoudzou – lequel est hors territoire – et la quarantaine d’agents qui ont été invités à prendre part à ce moment solennel.

C’est parti ! Le drapeau bien à plat sur le veston, une dizaine d’élus en rang d’oignon – parmi lesquels le président de l’association des maires Madi Madi Souf et la conseillère départementale Echati Issa – prennent la tête du cortège, en direction de la mairie, victime d’un incendie lors des échauffourées de lundi soir. Plus d’une centaine de marcheurs les suivent au pas, sans d’autre bruit que le bourdonnement des conversations. “Nous attendions entre 100 et 150 personnes, des gens des communes et de l’association des maires. Et aussi des administrés qui en ont marre de cette sauvagerie”, précise Alain Manteau, le directeur général des services de Koungou, en pole position pour gérer cette crise en l’absence du maire Assani Saindou Bamcolo, encore en déplacement ce jeudi.

Sous un climat rendu d’autant plus pesant par les lourds nuages noirs qui assombrissent l’horizon, chacun est ainsi venu ici témoigner sa solidarité envers la commune sinistrée. “Ce qui est arrivé à Koungou est arrivé à notre intercommunalité, nous sommes là par solidarité car ce qui s’est passé c’est inimaginable, inadmissible pour notre République”, affirme le maire de Mtsamboro Laïthidine Ben Saïd, accompagné lui aussi de “tous les agents”, pour “donner du baume au cœur à la population de Koungou”.

Un acte prémédité ?

Arrivés en haut de la colline où trône l’Hôtel de ville, les curieux observent la façade noircie par les flammes, la mine sombre. “Ils ont fait exprès d’attaquer la mairie”, hochent de la tête d’un air persuadé deux habitants de Majicavo qui travaillent à Koungou. Une certitude confirmée par le maire de Pamandzi et président de l’association des maires Madi Madi Souf. “On m’a expliqué que des gens étaient même montés sur le toit pour mettre le feu. C’est une vraie volonté de nuire, ils bloquaient d’ailleurs les routes pour empêcher les pompiers de venir, donc c’était prémédité, comme on dit dans le jargon”, souligne-t-il. Un acte d’autant plus insupportable pour toutes les personnes présentes, qu’avec “les collègues de Koungou, c’est l’institution française qui a été atteinte”, ajoute le président.

Un symbole, mais aussi et surtout une “goutte d’eau qui fait déborder le vase”. Lequel semble plus que plein au vu des discours du jour. “C’est avec tristesse que nous nous réunissons aujourd’hui. Au Département, nous nous engageons pour accompagner la commune de Koungou pour reconstruire notre mairie”, commence la conseillère départementale, avant de s’interrompre visiblement ébranlée.

De Tsingoni à Koungou, le même ras-le-bol

Sous le chapiteau qui protège l’assistance d’une pluie insidieuse, l’émotion est palpable. Le ras-le-bol aussi, à en croire les cris d’une aînée excédée dans le micro, qui supplantent le bruit lointain des tractopelles encore à l’œuvre sur le lieu-dit de Carobolé, en contrebas de la mairie. L’opération de destruction de ces cases en tôle avait mis le feu aux poudres, lundi. “On est fatigués, parce qu’on travaille pour Mayotte, pour que nos enfants aillent de l’avant et on voit au contraire les clandestins qui font la loi. On ne dort plus dans nos maisons, on met des grilles partout”, nous traduit une femme dans la foule.

Lui, il vient de Combani, son fils s’est fait couper le bras, parce que la veille il avait dit aux gens de Miréréni, s’ils ne voulaient pas faire la paix, de rester chez eux”, déroule cette employée de la mairie de Tsingoni, bien au fait des affrontements interminables qui enflamment sa ville. “Je veux partir en métropole, j’ai peur pour les enfants”, explique cette mère de famille. “Mon fils a 11 ans, il va rentrer en 6ème et je ne veux pas qu’il aille au collège de Tsingoni. Déjà quand il veut aller faire du foot au terrain jusqu’à 18h, je ne suis pas tranquille…”, souffle-t-elle. Avant de répéter, comme pour s’en convaincre : “Non je l’ai dit au maire, je veux partir en métropole.

 

Pour l’Hôtel de ville, l’occasion d’un vrai coup de neuf

S’il est encore un peu tôt pour évaluer l’ampleur des dégâts, il faudra tout de même “quelques mois pour remettre en état” la mairie de Koungou, explique le directeur général des services Alain Manteau. Les experts sont d’ores et déjà venus faire les premières constatations cette semaine, à la fois pour protéger la structure alors que la saison des pluies approche et pour chiffrer la remise en état. La charpente et le toit ont notamment “beaucoup souffert”. Or, “tous les câbles passaient par les combles”, développe-t-il. Les services de la mairie vont donc être délocalisés plusieurs mois entre la mairie annexe de Majicavo et des modulaires qui vont être installés. “Il y avait un projet d’extension, car le bâtiment est vieux de plus de 15 ans, et ne répondait plus aux besoins. Donc nous réfléchissons à rester un peu plus longtemps dans ces modulaires, pour pouvoir enchaîner directement sur le gros projet”, ajoute-t-il.

À Sada, les terrasses se mettent au vert

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Depuis six mois, Mako a transformé sa terrasse en potager. Aidée par l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte et le centre communal d’action sociale de Sada, l’assistante maternelle de profession est devenue jardinière amateure. Une opportunité de consommer des produits locaux et de saison, sans pesticides.

Tous les jours, de bonne heure et de bonne humeur, Mako se rend sur sa terrasse. “Je prends plaisir à monter de bon matin à 5h. Je reste sur mon toit quarante-cinq minutes à une heure pour m’occuper de mes plantations”, confie la jardinière en herbe. Dans les bacs en bois, tomates et salades poussent sous le soleil de Sada. “J’avais déjà cette idée d’utiliser ma terrasse comme potager”, confie Mako. Avant d’ajouter : « j’avais parlé de cela à mes amis et mes voisins et par le bouche à oreille, les salariés de l’Epfam sont venus à ma rencontre pour me proposer de participer au projet d’expérimentation des toitures végétalisées.

Une véritable opportunité pour l’assistante maternelle qui se dit ravie des conseils et du suivi que la structure lui a apporté. “J’ai été très bien accompagnée par Claire Colliaux qui est chargée de mission agriculture urbaine. Nos échanges étaient aisés et les choses se sont mises en place facilement”, confie la jardinière. En rejoignant ce programme, Mako a pu bénéficier d’une aide à l’installation de son jardin potager grâce à des aménagements financés par l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte, la préfecture, le conseil départemental, l’Union européenne, Leader France et le groupe d’actions locales Ouest Grand Sud de Mayotte. Bacs de jardinage, filets de protection, étanchéité du toit terrasse, accès et sécurisation de celui-ci, mais aussi installation d’une citerne de récupération des eaux de pluies ou encore financement d’un appareil de mesure de l’hygrométrie, autant d’outils que Mako et deux autres familles sadoises participantes au projet ont pu recevoir.

Un espace d’expérimentation

C’est une arlésienne : le foncier est rare à Mayotte. En utilisant les toits terrasses comme lieu de production d’une agriculture vivrière, l’Epfam fait le pari d’apporter plus de “vert” en ville. En se lançant dans ce projet, les jardiniers amateurs ont accepté de réaliser un suivi précis pendant trois ans de leurs récoltes, de noter leurs quantités ou encore de faire état des maladies que les plantes peuvent attraper. Sur leurs terrasses, des bacs de différentes formes et contenances accueillent les légumes. Certains sont au soleil, d’autres à l’ombre et jour après jour, leurs propriétaires analysent la productivité de ceux-ci. De quoi réaliser un véritable guide sur l’agriculture urbaine qui pourra par la suite servir aux Mahorais souhaitant tenter l’expérience.

Un travail d’équipe

Au départ, tout est parti d’une mésaventure qui est arrivée à Mako ou plus précisément à ses lapins. “Ma fille s’est rendue au marché pour acheter de la salade pour ses lapins. Lorsqu’elle a donné cette salade soit disant bio à ses animaux, ils sont morts et l’eau dans laquelle nous avons rincé la salade ensuite afin de vérifier ce qui avait pu les tuer était orange !”, s’exclame la mère de famille. Un épisode qu’elle n’est pas prête d’oublier et qui lui a donné l’envie de cultiver ses propres légumes. Aujourd’hui, les tomates qu’elle consomme au quotidien et dont les enfants qu’elle garde raffolent, poussent sans aucun intrant. De l’eau, de la terre, du soleil et c’est tout !

Plantés dans des bacs confectionnés par des jeunes en insertion du centre communal d’action sociale de Sada, les cultures fleurissent sous le regard attentif de la maîtresse de maison. “Je n’avais jamais fait d’agriculture avant. J’ai d’abord commencé par planter des fleurs pour égailler ma cour et aujourd’hui, je plante toujours plus d’essences différentes. J’ai également suivi avec le programme de l’Epfam trois demi-journées de formation avec un intervenant du CFPPA (centre de formation professionnelle et de promotion agricole) de Coconi”, confie l’assistante maternelle. À l’heure actuelle, Mako récolte trois kilos de tomates cerises par jour ! De quoi rassasier toute la famille mais aussi les voisins et les curieux qu’elle invite avec grand plaisir à faire visiter son potager.

Installation de cinq nouveaux magistrats au tribunal judiciaire de Mamoudzou

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Le tribunal judiciaire de Mamoudzou fait sa rentrée. Ce jeudi 30 septembre, cinq nouveaux magistrats ont été présentés au sein de l’établissement. Ils viennent renforcer l’effectif, mais malgré cette arrivée, l’équipe de magistrats n’est toujours pas au complet à Mayotte.

Parés de leur robe traditionnellement noire et de leur ceinture moirée bleue, les cinq nouveaux magistrats écoutent attentivement le discours de bienvenue du président du tribunal judiciaire de Mamoudzou, Laurent Ben Kemoun. L’un d’eux est affecté au parquet pour épauler le procureur de la République et ses substituts. Les quatre autres sont des magistrats du siège, en d’autres termes, ce sont les juges classiques. Ils viennent renforcer l’équipe de la magistrature de la juridiction qui compte au total quatre juges au parquet plus le procureur et seize au siège.

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Cependant, l’arrivée de nouvelles troupes ne comble pas le manque de personnel. « Ces effectifs ne sont bien évidemment pas suffisants, il faudrait au moins que nous soyons au complet… Mais il manque un poste au siège et un autre au parquet », indique Laurent Ben Kemoun. Cette problématique en emmène une autre puisque les postes vacants ne facilitent pas les missions des juges qui sont déjà submergés par la charge de travail. « Je peux comprendre ceux qui disent que les délais des affaires sont longs. Mais nous faisons un énorme travail pour réduire ce temps, surtout en matière correctionnel et à l’état civil où nous travaillons pour rebooster le service », ajoute le président du tribunal. Un discours à l’opposé de celui du procureur de la République, Yann Le Bris, qui estime que le temps d’attente n’est pas plus long à Mayotte qu’ailleurs. « Ici, vous êtes jugés dans un délai de trois mois, ce sont des délais tout à fait raisonnables, ils sont même très courts par rapport à ceux que nous pouvons trouver en métropole. »

Mayotte, la meilleure école

Julie Vignard, juge au siège pénale et coordinatrice du tribunal de police, a fait le choix de quitter quinze ans de vie professionnelle à Paris et en région parisienne pour Mayotte. Elle a fréquenté les grands établissements tels que le tribunal judiciaire de Bobigny, elle a été directrice de détention stagiaire au centre pénitentiaire de Fresnes et conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation au sein de la maison d’arrêt de Fleury-Merogis ou encore celle de Nanterre. « Je suis venue à Mayotte pour le challenge. Je voulais avoir une expérience qui est presque de l’ordre d’une expérience à l’étranger en étant à Mayotte », confie-t-elle. Le département est surtout une occasion pour la juge et ses collègues d’accélérer leurs carrières. « Ici, tout va plus vite qu’en métropole, on nous confie des responsabilités plus rapidement, ce qui n’est pas pour me déplaire », sourit-elle. Même son de cloche pour Max Goldminc, magistrat au parquet. Pour lui, le territoire mahorais « est la meilleure école parce que c’est peut-être la plus difficile des tribunaux de France ». « Mon espoir c’est que quand je quitterai le parquet de Mamoudzou, je sois devenu tout terrain », ajoute-t-il.

Cela fait maintenant un mois que ces représentants de la justice ont pris leurs fonctions sur l’île, et ils ont déjà relevé les spécificités mahoraises avec lesquelles ils doivent composer. Des particularités bien loin de leurs habitudes métropolitaines. « Ici, nous voyons des contentieux comme le braconnage de tortues que nous n’avons pas à Paris. Et puis, il y des choses plus folkloriques que nous mettent en avant les justiciables comme les envoutements et les djinns », raconte Julie Vignard. La barrière de la langue et la compréhension du système judiciaire français peuvent être un frein pour ces magistrats qui entament leur première expérience dans un territoire partagé entre deux cultures. « Nous avons une population pénale qui est pour une large partie étrangère. Au-delà de nationalité, je parle en termes de culture et d’appréhension de la justice. Nous ne sommes pas toujours sûrs que les justiciables ont bien conscience de l’endroit où ils se trouvent et de la raison pour laquelle ils sont là », souligne Max Goldminc.

Des projets structurants

Cette rentrée des magistrats est l’occasion pour le tribunal judiciaire d’afficher ses objectifs. La réduction des délais de jugements fait ainsi partie des priorités. « Nous devons également sortir le maximum d’affaires aux assises et arriver à les traiter malgré notre sous-effectif. Nous allons aussi continuer la rénovation des locaux car nous en avons bien besoin », affirme Laurent Ben Kemoun. D’autres projets sont en cours, notamment la médecine légale qui est en phase de construction depuis plusieurs mois. L’objectif est d’améliorer les conditions d’accueil de toutes les victimes dans les services de soin pour qu’elles soient reçues « avec dignité, professionnalisme et rapidité », renchérit le procureur. « Nous avons obtenu à ce titre, en deux étapes au mois de mai et en septembre de cette année, l’équivalent de presque deux millions d’euros pour mettre en place un institut médico-légal en concertation avec le CHM et l’ARS », annonce Yann Le Bris. Des projets et des nouveaux arrivants qui donnent un second souffle au système judiciaire à Mayotte.

Hawa : « Si nous arrivons à mettre deux personnes dans un seul et même véhicule, ce serait déjà une belle victoire ! »

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Ce vendredi 1er octobre prend effet l’arrêté de voirie du 17 septembre portant circulation alternée à Mamoudzou ainsi que l’interdiction de déplacement de tous les véhicules âgés de plus de 15 ans. Pour Bruno Brouard-Foster, le directeur d’Hawa Mayotte, l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air sur le 101ème département, il s’agit d’une mesure forte qui devrait permettre de réduire les émissions de particules fines. Entretien.

Flash Infos : Comment avez-vous accueilli les deux mesures du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, à savoir la mise en place d’une circulation alternée les lundis et mardis pour les usagers extérieurs à la ville chef-lieu et l’interdiction de déplacement des véhicules de plus de 15 ans ?

Bruno Brouard-Foster : J’avais été contacté pour participer à la conférence de presse du vendredi 17 septembre au cours de laquelle j’ai été amené à prendre la parole pour répondre aux questions des journalistes. J’ai été surpris de cette annonce, car je n’étais pas du tout averti ! J’ai informé l’auditoire qu’il s’agissait de mesures fortes, qui sont en principe décidées par les préfectures lors de dépassement de seuil de pollution. En tant qu’association agréée de surveillance de la qualité de l’air sur Mayotte, nous les soutenons, même si nous n’avons pas été consultés sur l’arrêté. Nous avons simplement fourni les mesures à la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou et à la ville chef-lieu.

FI : Sur le principe, vous êtes donc conquis par cette décision…

B. B-F. : La démarche des plaques paires et impaires, ça ne se fait plus. C’est un peu old school… Depuis, il y a ce que nous appelons la vignette Crit’Air, mise en place par le ministère de la Transition écologique. N’importe quel automobiliste peut la réclamer ! Cela permet de gérer les véhicules plus ou moins polluants, en fonction du type de carburant utilisé et des caractéristiques du constructeur. Après, si l’arrêté est bien appliqué et respecté, cela voudra dire qu’il y aura moitié moins de voitures, donc cela va forcément diminuer par deux les émissions : c’est mathématique.

À Mayotte, nous savons que les véhicules neufs ne sont pas très entretenus et dégagent rapidement de la fumée toxique. Donc imaginez les plus anciens, qui sont dans un sale état et qui auraient sans aucun doute des vignettes 4 ou 5. Pour la qualité de l’air, c’est une action qui va sur le principe permettre de réduire la pollution sur les axes routiers. Alors oui effectivement, cela a un impact pour l’économie, mais à un moment donné il faut savoir prendre des décisions impopulaires !

FI : Jusqu’à quel niveau, pouvons-nous envisager une amélioration de la qualité de l’air ?

B. B-F. : Nous avons une station de surveillance à Kawéni Nord qui se situe entre Imprimah et EDM. Nous allons pouvoir mesurer concrètement s’il y a une diminution ou non de la pollution. Lors du premier confinement en mars 2020, nous avons pu noter au cours des trois premières semaines, quand aucune voiture ne circulait, un abaissement de l’ordre de 30% des particules fines PM10. Il faut savoir qu’entre Koungou et Passamaïnty, nous consommons deux fois plus que la normale en raison des embouteillages, soit 13 ou 14 litres au 100… Sans compter la climatisation.

FI : À Mayotte, le défi de la pollution semble perdu d’avance entre le retard des politiques publiques et les habitudes.

B. B-F. : Nous demandons de réaliser en 10 ans ce qui a été accompli en 50 ans en Hexagone. Pour rappel, le covoiturage a mis 30 ans à se mettre en place… Ici, nous vivons à 100 à l’heure la surconsommation. De ce côté-là, nous ne pouvons pas demander aux Mahorais de tout abandonner du jour au lendemain. En sachant que seulement 25% des foyers ont une voiture, contre 80% à La Réunion. Il faut savoir que Mayotte est l’un des départements dans lequel nous marchons le plus. Nous ne sommes pas encore dans la phase de mutualisation des moyens comme en métropole.

Quelles solutions s’offrent à nous alors ? Au Japon par exemple, le prix des contrôles techniques est tellement prohibitif que les habitants préfèrent changer de voiture. À Mayotte, il faudrait dans un premier temps qu’ils soient bien réalisés et respectés… Et ensuite que des contrôles de pollution soient réalisés. En soi, cette interdiction sur les véhicules de plus de 15 ans va surtout toucher de plein fouet une population qui n’est pas aisée et qui n’a pas forcément la possibilité d’investir dans du neuf. Mais ce qui pêche avant tout sur le territoire, c’est le manque d’espace pour construire de nouvelles routes… Alors si nous arrivons à mettre deux personnes dans un seul et même véhicule, ce serait déjà une belle victoire !

Avec les décasages, des parcours scolaires chamboulés à Mayotte

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Depuis maintenant un an, la préfecture de Mayotte s’est lancée dans une nouvelle mission de destruction des habitats informels dans le cadre de la loi Elan. 955 habitations ont été détruites depuis le début de l’année. Des centaines de familles se sont retrouvées démunies, sans aucune solution pérenne de relogement. Parmi elles, des enfants scolarisés qui doivent jongler entre les décasages et leur scolarité. Une partie d’entre eux est suivie par les autorités, mais le système n’est pas sans failles.

Démolir les cases en tôles et proposer des hébergements d’urgence, telle est la politique du gouvernement depuis un an à Mayotte. Rien qu’en 2021, les services de l’État recensent pas moins de 955 habitations détruites ! Et au moins autant de familles désemparées… Conséquence : « énormément d’enfants ont été déscolarisés à la suite de ces opérations », dénonce Pauline Le Liard, chargée de projet régional à la Cimade. Difficile dans ce marasme de quantifier l’adverbe « énormément » puisque ni le rectorat ni la préfecture, et encore moins les associations partenaires, ne sont en mesure de communiquer les statistiques sur le nombre d’enfants scolarisés qui ont été relogés, expulsés ou qui ont tout bonnement disparu avec leurs parents. Personne ne peut non plus informer sur le nombre d’élèves qui ont pu poursuivre leur scolarité, et encore moins ceux qui ont eu une année scolaire interrompue ou perturbée.

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Pourtant, un dispositif de suivi existe bel et bien pour assurer la continuité de la scolarisation de ces enfants qui ont perdu leurs maisons. « Normalement, le service de la cohésion sociale fait une enquête avant le décasage auprès des familles pour voir qui a des enfants et où ils sont scolarisés. Les conclusions nous sont envoyées quand l’enfant ou la famille est relogée autre part. Cette procédure nous permet d’anticiper la scolarisation », défend le recteur Gilles Halbout. Mais tout ne se passe pas toujours comme prévu… En effet, certaines familles refusent les propositions de relogement. Ce qui complique considérablement la tâche des institutions ! « Les familles refusent ces lieux puisqu’ils ne sont pas du tout adaptés à la composition familiale du ménage ni au lieu de scolarisation », soutient la représentante de la Cimade. Alors elles n’ont d’autre choix que de trouver des solutions par leurs propres moyens, dans l’intérêt de leur progéniture. « Ce que nous avons vu lors des précédents décasages c’est que globalement les familles trouvent toujours un point de chute pour leurs enfants pas loin », révèle le responsable de l’académie.

Le grand flou pour les enfants des familles en situation irrégulière

Mais qu’en est-il des parents qui sont en situation irrégulière et qui sont expulsés ou se sont évaporés dans la nature ? « Ceux-là, nous ne les voyons pas », admet Gilles Halbout. Pourtant avant chaque opération de destruction, l’association pour la condition féminine et l’aide aux victimes (ACFAV) mène des enquêtes sociales pour recenser le nombre de familles présentes et notamment les enfants scolarisés. Mais ces enquêtes sociales doivent être améliorées selon Lydia Barneoud, la présidente de l’association Haki Za Wanatsa, qui promeut et défend les droits de l’enfant. « Nous avons proposé en mars dernier que figurent sur les enquêtes les établissements scolaires d’origine des enfants. Cela a été confirmé récemment par la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités et cela permettra, nous l’espérons, un meilleur suivi de ces élèves par les services du rectorat. » Car pour l’instant, « c’est au petit bonheur la chance » ! « Les professeurs réalisent à travers les absences que tel élève habitait dans le quartier détruit », ajoute-t-elle. De son côté, le recteur se veut rassurant, notamment pour les parents qui sont renvoyés dans leur pays d’origine. « Actuellement, nous travaillons avec les associations dans une logique de coopération pour que quand des familles sont en irrégularité et qu’elles doivent partir, nous essayons de leur trouver un bon système éducatif là-bas. »

Absence de suivi psychologique

Quid alors du suivi psychologique ? Car le décasage est sans conteste une situation éprouvante et d’une violence mentale considérable pour les adultes, et plus encore pour les enfants. Or, ceux qui ont la chance de retrouver les bancs de l’école n’en bénéficient pas à Mayotte… « Les enseignants en parlent, mais il n’y a pas de suivi particulier », reconnaît le recteur. « Les professionnels sur le terrain nous remontent des gros soucis car des élèves arrivent traumatisés. La scolarisation va être interrompue, bafouée ou pleine d’obstacles », précise Pauline Le Liard de la Cimade. Une réalité qui n’étonne personne, mais qui doit trouver des solutions.

L’association Haki Za Wanatsa œuvre en ce sens. « Nous travaillons avec l’ensemble des partenaires pour faire en sorte de ne pas pénaliser doublement ces enfants, dont on oublie souvent que la majorité n’a rien fait d’autre que de naître au mauvais endroit. Il en va de l’ambiance en milieu scolaire, mais aussi au dehors. C’est une question d’intérêt général. En cela, permettre leur suivi effectif, au-delà d’être un devoir légal et moral, est aussi crucial, pour l’avenir de l’île », déroule Lydia Barneoud. « Nous défendons le droit des enfants à ne pas être séparés de leur famille en cas d’éloignement, et celui, s’ils ont vocation à rester, de poursuivre leur scolarité, dans les meilleures conditions possibles. Au-delà du droit, il s’agit aussi de ne pas alimenter les tensions, ce qui n’a pour seul effet que d’ajouter du chaos à la situation déjà bien complexe et éprouvante pour tous sur le territoire. » Des principes que nul n’est censé ignorer, en théorie. En pratique, partagée entre l’envie d’en finir avec les bidonvilles et le respect des droits de l’enfant, la préfecture doit encore régler sa balance pour trouver le juste milieu.

Cavale en Toyota volée de Soulou à Bouéni : jusqu’à 5 ans de prison pour une bande qui avait terrorisé des habitants de Mayotte

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Une bande comparaissait ce mercredi au tribunal pour avoir dépouillé des promeneurs à Soulou puis, quelques jours plus tard, cambriolé à deux reprises la même famille, à Bouéni, en 2016. Des faits qui rappellent les heures sombres du banditisme à Mayotte, quand les coupeurs de route s’attaquaient à la population.

Ils avaient dépouillé, volé, cambriolé et traumatisé au moins 11 victimes, entre le 17 et le 21 décembre 2016. Pire encore, au terme de cette cavale, c’est une même famille qui avait reçu la visite impromptue de la bande, deux nuits de suite… Cinq prévenus étaient appelés à comparaître ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, pour des faits de vol avec violence, vol ou tentative de vol par effraction, violence commise en réunion et destruction du bien d’autrui en réunion. Quatre étaient présents à l’audience, le cinquième n’ayant pas été interpellé. Et malgré de maigres tentatives d’excuses à la barre, difficilement entendables au vu de ce joli palmarès, ils ont tous écopés de peines de prison ferme, allant jusqu’à six ans pour les plus impliqués.

Leur aventure crapuleuse commence le 17 décembre, à Tsingoni, sur le chemin qui mène à la cascade de Soulou. Ils y guettent les badauds de retour de la plage. Un petit groupe finit par tomber dans leurs griffes. Sous la menace de trois individus, armés d’un bâton et de deux machettes, les promeneurs sont dépouillés, leurs sacs vidés et fouillés. L’un des agresseurs demande s’il reste du monde sur la plage, et les victimes répondent par la négative. Manque de bol, un couple arrive sur ces entrefaites… Ce qui leur vaudra de passer eux aussi à la casserole. Mais les bandits voient rouge. Pour la peine, ils gratifient l’un des membres du premier groupe d’un coup de chumbo, du plat de la lame, sur l’épaule. En tout, l’opération dure près de 30 minutes, auxquelles il faudra ajouter pour les victimes des jours d’ITT et des nuits d’angoisse, causés par le stress post-traumatique.

Course poursuite en Toyota

Sans surprise, à leur sortie de la forêt, la Toyota Corolla du groupe manque à l’appel. “Ce véhicule sera le fil rouge de cette affaire”, souligne la présidente à la lecture des faits. Car deux jours seulement après cette première exaction, les larrons récidivent à quelques kilomètres de là, dans la commune de Bouéni. Ils sont cinq désormais, parqués dans la petite Toyota volée, devant une plutôt belle bâtisse. “Vous vous êtes dits que c’était une belle maison, donc ça devait être des métropolitains et que vous alliez la cambrioler”, dénonce l’avocate des parties civiles, Me Kassurati Mattoir. Ils pénètrent à la nuit tombée dans l’habitation endormie, font leurs affaires sans bruit, mais sont finalement repérés. Pris en chasse par le fils des victimes, ils se retournent contre lui à coups de caillasses et de coups de machettes dans les vitres.

Mais ce n’est pas tout ! Le lendemain, rebelote, dans la même maison. Car la bande insatiable a avisé un petit coffre-fort dans la chambre parentale le soir du premier cambriolage. “J’ai entendu un bruit, boom ! Comme si l’on avait jeté quelque chose de lourd”, raconte la femme à la barre, qui s’est soudainement retrouvée nez à nez avec trois individus armés de couteau et de machettes, chez elle. Elle crie avant d’être saisie par le cou et menacée de mort. “J’ai supplié, ‘‘s’il-vous-plaît, ne tuez pas mon mari, tuez-moi à la place””, sanglote la victime à l’audience, encore chamboulée après cinq années de procédure. Son mari, déjà malade à l’époque, n’aura lui pas survécu assez longtemps pour témoigner à la barre. “Mon père n’est plus là, son état de santé s’est aggravé depuis ces événements”, souffle le fils endeuillé.

“Ils peuvent faire leur peine aux Comores”

Du côté des prévenus, c’est plutôt profil bas. “Si je fais le bilan des cinq années en prison, j’ai gâché ma vie et je suis le seul responsable”, tente ainsi l’un d’entre eux. Mais les quatre bougres peinent à amadouer, d’autant plus ceux qui traînent un casier judiciaire fourni… ou qui tentent d’obtenir du juge leur transfert à La Réunion ou en métropole. Mauvaise pioche selon l’avocate des parties civiles. “Je rappelle que tous ces gentils Messieurs sont en situation irrégulière sur le territoire, ils peuvent faire leur peine aux Comores, ils verront si c’est si dur, la détention à Mayotte”, raille-t-elle au moment de faire sa plaidoirie. Pas plus convaincue par leurs excuses, prononcées “parce qu’il y a des conséquences néfastes sur leur propre vie, et en niant les conséquences sur celle des victimes”.

Le parquet a requis des peines entre trois et six ans de prison. Les juges iront plus ou moins dans le même sens, en condamnant ceux ayant participé aux trois séries de faits à cinq ans d’emprisonnement, et les deux autres à respectivement 30 mois et quatre ans ferme.

Zaima Anika Anli Hely, couturière envers et contre tout

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Derrière la marque de vêtement Anika Exkiz se cache une couturière pleine de talent qui a fait le choix de poursuivre ses rêves. Zaima Anika Anli Hely est une femme mahoraise déterminée à tordre le cou aux clichés qu’il y a autour du métier de couturier. La créatrice de mode a créé son entreprise il y a moins d’un an et le succès tape déjà à sa porte.

Un rêve de petite fille que se réalise. C’est ce que vit Zaima Anika Anli Hely depuis des mois. La jeune femme mahoraise a déposé sa marque de vêtement Anika Exkiz il y a moins d’un an, et depuis son entreprise ne cesse de croître. Sollicitée de toute part, Anika vit un rêve éveillé, mais elle a dû passer par plusieurs étapes avant d’en arriver là. « Depuis toute petite, j’aimais la mode mais c’était juste une passion parce que je ne pensais pas que je pouvais en faire mon métier. Après mon bac, je me suis donc orientée vers l’architecture », raconte-t-elle. Zaima Anika Anli Hely poursuit ses études jusqu’à la cinquième année qu’elle ne valide pas. Elle essaye alors de se réorienter. Après plusieurs formations, elle décide finalement de rentrer à Mayotte et travaille un temps à La Poste. Bien loin de son premier amour : la couture.

Arrive alors soudainement le confinement du mois de mars 2020, période pendant laquelle Anika se retrouve sans emploi. « À ce moment-là, j’ai décidé de m’investir réellement dans la couture. J’ai cherché des subventions et j’ai déclaré mon entreprise en décembre 2020. » Tout s’accélère alors pour la styliste, qui est très présente sur les réseaux sociaux et qui n’hésite pas à partager ses créations. Elle est rapidement repérée pour présenter ses pièces dans des défilés de mode, notamment celui de l’élection de Miss Excellence Mayotte. La marque Anika Exkiz arrive alors à se faire une place dans le monde de la mode locale. « Je ne m’attendais pas à atteindre aussi vite le succès que j’ai maintenant ! Je pensais que ça allait prendre plus de temps, peut-être dans trois ans. Mais dès que j’ai mis les pieds à Mayotte, tout s’est accéléré », reconnaît la couturière. Cependant, le succès s’accompagne d’une certaine appréhension. « J’ai un peu peur parce que j’ai l’impression que ça va beaucoup trop vite, mais je n’ai pas le droit de reculer. »

« Pas un métier d’avenir »

Si la styliste vit aujourd’hui une véritable succès story, elle a dû batailler dur et s’affranchir des remarques des autres pour réussir. Anika a fait force de détermination pour ne pas écouter sa maman qui ne portait aucun espoir en son projet. « Ma mère ne me soutenait pas car elle n’y croyait pas », se souvient-elle. Avant de finalement réussir à lui faire changer d’avis ! « Elle est ma première source de motivation. Elle est beaucoup investie dans mon entreprise et je suis persuadée que sans elle, je ne serais pas à ce niveau-là », témoigne la créatrice. À tel point que son parcours est un exemple pour tous ceux qui veulent créer leur entreprise, mais qui se montrent encore hésitants. « Les métiers artisanaux sont souvent critiqués… Mais quand on est passionnés, il ne faut pas lâcher. On m’a toujours dit que couturière n’est pas un métier d’avenir et pourtant tout se passe bien pour moi. » Son secret ? Anika a tout simplement toqué à la porte de l’agence Créap’ Pépites, qui l’a accompagnée tout au long du processus, notamment pour les démarches administratives qui peuvent s’avérer fastidieuses.

Un style minimaliste et sophistiqué

Depuis, Anika cherche à se démarquer des autres créateurs mahorais, avec un style qu’elle définit de minimaliste et sophistiqué. « J’apporte de la pureté et du minimalisme dans la manière de s’habiller à Mayotte. Mais je mets toujours une touche locale en utilisant le tissu du nambawane », dévoile-t-elle. Sa marque de fabrique séduit et beaucoup sont prêts à payer le prix fort pour avoir une pièce de chez Anika Exkiz. Si la cheffe d’entreprise est consciente que sa gamme de prix est largement au-dessus de ce que les Mahorais dépensent en moyenne dans les vêtements, elle assume son choix. « Je me facture au juste prix. Mes clients ne sont pas des gens qui cherchent à trouver du moins cher, ils veulent une pièce qui a été créée avec passion et amour. » En plus de son atelier situé à Hamjago, la styliste veut grandir et ouvrir des magasins sur l’île « d’ici trois ans ». Il est important pour elle de développer son activité à Mayotte avant de peut-être, un jour, s’exporter à l’étranger. Et pour cela, elle a besoin de renfort. Elle est donc actuellement à la recherche d’un couturier qui pourra l’épauler dans sa conquête du monde. « Je suis prête à le ou la former parce que je suis passée par là », précise Anika. Alors si vous êtes passionné de couture et de mode, tentez votre chance !

La maison de l’entrepreneuriat, le lieu de tous les possibles pour les lycéens des Lumières

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Ouverte depuis le 20 septembre dernier, la maison de l’entrepreneuriat a été officiellement inaugurée ce mercredi au lycée des Lumières. Un lieu pour accompagner les élèves désireux de monter leur entreprise et susciter des vocations. Tous les partenaires du projet sont unanimes : le développement économique de l’île est entre les mains de la jeunesse. À elle de s’en saisir.

« Je sais vers qui me tourner si je veux monter une boîte. » Debout sur l’estrade de l’amphithéâtre du lycée des Lumières, Romain dégage un sacré self-contrôle face aux grands pontes économiques mahorais réunis ce mercredi 29 septembre à l’occasion de l’inauguration de la maison de l’entrepreneuriat. Invité à témoigner après avoir pris part à la première permanence de la Couveuse d’entreprises Oudjerebou, quelques jours plus tôt, le futur bachelier se dit « conquis » par cette rencontre même s’il n’a pas réellement pour ambition de passer le cap. À ses côtés, Zaim ressort lui aussi d’un échange constructif avec un agent de Pépite Mayotte, sur « la découverte des statuts et les aides pour financer les projets ». « Il y a des opportunités sur le territoire », lance convaincu l’étudiant en 2ème année de BTS commerce international.

L’idée de ce lieu inédit, aménagé par la classe de terminale de STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués), remonte au mois de juin. Une nouvelle initiative à mettre sur le dos de Patrick Loval, le proviseur de l’établissement scolaire. « Ce qui m’importe est l’efficacité dans le travail », martèle-t-il, au moment d’inviter les enseignants à « faire vivre cette maison de l’entrepreneuriat ». Son crédo ? « Il faut que les élèves déposent leurs idées d’entreprise, le vrai pouvoir est économique. Nous devons les aider à s’en saisir. Et si nous y arrivons, nous n’aurons pas perdu notre temps. » Un discours clair, net et précis !

« Une culture à développer dès le plus jeune âge »

Ce leitmotiv est largement relayé par les partenaires présents le jour J. « Lancez-vous : l’avenir de Mayotte vous appartient » ; « Votre destin est entre vos mains, créer c’est déjà avoir une idée » ; « L’entrepreneuriat est une culture à développer dès le plus jeune âge ». Tour à tour, Wirdani Djae de l’association pour le droit à l’initiative économique (ADIE), Charaf Boina d’Oudjerebou ou encore Isabelle Chevreuil de l’association Entreprendre pour apprendre prêchent la bonne parole. Et surtout les bienfaits de ce projet qui doit permettre « d’accompagner et de susciter l’envie d’entreprendre », résume Claudine Hoareau, la coordinatrice de la maison de l’entrepreneuriat au sein du lycée des Lumières. « Vous avez un bassin régional qui vous offre d’énormes perspectives. Attendez-vous à une perpétuelle formation et ouverture d’esprit, tout en vous adaptant », prévient pour sa part Hakim Nouridine qui a notamment lancé le label Greenfish.

Ambitieuse, la démarche pourrait bien en attirer plus d’un, des simples curieux aux plus adeptes. Peu importe les raisons, les différents ateliers proposés doivent avant tout poser les graines de l’entrepreneuriat dans les têtes de la nouvelle génération. Et lui donner les clés de la réussite. « Vous êtes le visage de ceux qui ont envie d’apprendre et de s’impliquer pour le territoire », se réjouit le recteur Gilles Halbout. Pas peu fier de pouvoir compter sur un nouveau rapprochement entre l’Éducation nationale et le monde économique du 101ème département. Toujours est-il que cette maison de l’entrepreneuriat verra vraisemblablement passer entre ses murs les chefs d’entreprise de demain.

Bilan d’une nuit de tensions à Koungou : trois interpellations, la mairie incendiée… et des habitants sous le choc

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L’image symbolique de l’Hôtel de ville en feu dans la soirée de lundi illustre la violence des affrontements dans la commune du nord de l’île, après le lancement d’une nouvelle opération de décasages au lieu-dit Carobolé. Au moins 200 individus ont participé aux échauffourées, d’après le préfet.

Il est un peu avant 9h, sur la route entre Majicavo et Koungou. Les restes d’un barrage encore fumant annoncent déjà la couleur. Un peu plus loin, dans la commune, théâtre des affrontements, le désordre règne, témoin de la violence des événements : partout sur le bitume, des cailloux de la taille d’un poing, des déchets carbonisés, des bennes renversées. Et les odeurs de brûlé et de poubelles qui prennent le nez, les yeux, la gorge. Une colonne de fumée noire s’échappe des hauteurs et des restes du bidonville de Carobolé à côté de la mairie. Mais il ne s’agit plus – heureusement – du bâtiment municipal, lui aussi envahi par les flammes en milieu de soirée, lundi.

Là, c’est impressionnant parce que c’est encore humide, mais la plupart des bureaux ont été épargnés. Je pense qu’environ un tiers du bâtiment a été touché”, décrit le patron du SDIS Olivier Neis, venu constater les dégâts ce mardi. “Hop, hop, hop !”, lance le pompier à l’attention d’un élu qui vient passer une tête par la porte d’entrée. “Je n’ai pas eu de blessé pour l’instant, il ne s’agit pas d’en avoir un maintenant !”, ajoute-t-il avec un regard inquiet pour la tôle instable de la toiture. Le feu, qui a pris depuis la façade arrière de la mairie, où des véhicules ont été incendiés par les fauteurs de trouble, a rejoint le toit et s’est propagé dans un patio central à l’intérieur de la structure. Un peu plus tôt, une tentative d’incendie avait été déjouée au niveau de la police municipale, qui n’en porte pas ou peu les stigmates ce mardi.

Pour les habitants, en revanche, le traumatisme est palpable. “J’ai été attaquée devant chez moi, hier c’était le jeu du chat et de la souris, avec les gamins et les gendarmes ! Et ils sont partis chez ma collègue l’ex-femme du maire, elle n’est pas bien ! Qu’est-ce qu’elle a à voir là-dedans !”, s’étrangle entre deux sanglots une conseillère municipale, dans la petite salle de la mairie annexe de Majicavo, où s’est tenue une réunion en présence d’élus, du préfet, du procureur et du président du conseil départemental. En effet, la rumeur avait rapidement circulé hier soir que l’ex-femme du maire avait été prise pour cible.

“C’était une insurrection”

On parle d’elle, mais il a dû y en avoir beaucoup d’autres ! Il n’y avait pas de limite, ils étaient là pour détruire, pour tout casser. Je pensais avoir vu le pire, aujourd’hui j’ai vu encore pire”, abonde Thomas Lévy, qui n’a pas pu rentrer chez lui lundi soir. Coincé entre deux barrages, littéralement encerclé, cet habitant de Trévani a cru y passer et a dû être escorté par les gendarmes pour échapper aux hordes d’assaillants… jeunes comme moins jeunes. “C’était pas comme d’habitude, des adolescents. C’était une insurrection. Hier, ils n’étaient pas une quarantaine, non, je les ai eus en face de moi, c’étaient les jeunes habituels mais aussi des femmes, des hommes. Ils m’ont couru après, ils étaient 80, 100 personnes !”, décrit cet habitué des trajets mouvementés sur l’axe Koungou-Mamoudzou.

200 individus estimés, 3 interpellations

Une estimation qui semble plutôt proche de la réalité. À Koungou ce mardi matin, le préfet Thierry Suquet confirme la présence d’environ 200 personnes “au plus fort” de la soirée. “Mais ce n’est pas une manifestation comme on a pu le lire, ce sont des violences urbaines avec des poches dispersées de 40, 50 personnes”, assure-t-il. Le déroulé établi par la gendarmerie évoque “plus d’une centaine d’individus très hostiles et très mobiles” vers 19h, qui ont dressé “des barricades enflammées à différents endroits du village sur la RN1” et ont caillassé et pillé les “automobilistes, blessant deux d’entre eux”. Ce mardi matin, à l’issue des affrontements, trois mineurs avaient par ailleurs été interpellés.

On voit bien qu’on dérange. Car avec ces opérations de décasage, nous luttons aussi contre la délinquance et l’immigration clandestine. La riposte se fait donc par ces guerres de territoires, de la part des délinquants”, réagit le préfet, qui entend poursuivre le calendrier des destructions. “La seule chose que cette situation renforce, c’est ma détermination.” De son côté, le procureur a invité tous les habitants victimes à porter plainte. Au total 200 grenades lacrymogène et cinq LBD ont été lancés, et les affrontements ont mobilisé près de 66 militaires, l’hélicoptère de la gendarmerie, deux blindés et 14 personnels de la police nationale.

 

Le monde politique en émoi : florilège de Paris à Mayotte

Preuve que le sujet est éminemment politique, surtout à la veille des élections présidentielles, les communiqués, de tous bords politiques ou presque, n’ont pas tardé à fuser. Sur Twitter lundi soir, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a ainsi condamné “les actes de violence inadmissibles qui ont eu lieu cette nuit à Koungou à Mayotte”. “Les forces de sécurité sont déterminées à rétablir l’ordre (…). Nous continuerons à lutter contre l’habitat illégal malgré ces actions”, a-t-il assuré. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a lui aussi réagi en apportant « tout son soutien au maire et aux agents municipaux de Koungou à Mayotte. Merci aux forces de sécurité mobilisées pour rétablir l’ordre républicain ». Une heure avant, le député Les Républicains Mansour Kamardine avait lui appelé “à la plus grande fermeté face aux délinquants et à une détermination sans faille dans la reconquête des territoires perdus”. Jamais loin à la veille d’un scrutin, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen s’est elle aussi fendue d’un tweet pour adresser son soutien “à nos compatriotes mahorais”. “Demain présidente, je ne les oublierai pas”, a-t-elle précisé. “Violence inouïe”, selon l’avocat Elad Chakrina, “attaques odieuses sur les symboles de la République”, pour Soula Said-Souffou du parti Le Temps d’Agir (LTA), “actes odieux”, juge le Rassemblement national 976, “scènes de guerre quotidienne”, dans les mots du conseiller départemental Daniel Zaïdani, ou encore “événements dramatiques” pour le président du Département Ben Issa Ousseni… Chacun y est aussi allé de sa plume dans le 101ème département, avec partout les mêmes messages de “fermeté” et appels à la “reconquête”. “Le président du Département et les élus locaux saisiront le président de la République à propos de ces évènements”, a par ailleurs annoncé le chef de l’exécutif.

Hydrothérapie : les enfants polyhandicapés refont surface

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Tous les mardis, une petite dizaine d’enfants polyhandicapés du centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) de Mlézi Maoré peuvent profiter d’une séance d’hydrothérapie sur la plage d’Iloni. L’occasion pour ces petits de 0 à 6 ans de se détendre et de barboter dans les eaux turquoises du lagon. Face à la demande, un second groupe doit voir le jour d’ici la fin de l’année.

Comme tous les mardis depuis plusieurs mois, Asma* se rend à sa séance d’hydrothérapie sur la plage d’Iloni. Pour la petite fille de cinq ans, cette baignade est un véritable bol d’air frais. “Tu nages ? Tu nages ?”, lui murmure sa mère tout sourire. Un moment de détente privilégié pour la maman et la fille. “Je pense que c’est important qu’elle participe à des activités comme celle-ci car dans l’eau, le cerveau est stimulé. Elle s’amuse et le soir quand on rentre à la maison, elle est très détendue et calme. Cela a vraiment un effet bénéfique sur elle, ça l’apaise”, raconte avec une certaine émotion Yasmina*. Comme elle, d’autres mères d’enfants en situation de handicap ainsi que des nounous participent à la session du jour aux côtés des thérapeutes du centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) de Mlézi Maoré.

Calme et douceur les maîtres mots

Pendant une heure, les enfants s’immergent dans l’eau du lagon. Certains ferment les yeux et se détendent complètement tandis que d’autres stimulés par le remous des vagues jouent avec le clapot. Un à un, les petits passent dans les bras des thérapeutes pour une séance de baignade. Tantôt avec Camille, éducatrice de jeunes enfants au sein du CAMSP, mais aussi avec Claire, ergothérapeute dans la même structure ou encore avec Alexandre, titulaire d’une licence Staps activité physique adaptée et d’un BNSSA (brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique). “Notre objectif n’est pas la rééducation, mais la détente de ces enfants polyhandicapés qui, naturellement avec l’eau, relâchent leurs muscles. Le but est de les stimuler pour garder l’autonomie et de ralentir la progression de leur maladie”, dévoile l’éducateur sportif, en même temps que de soutenir avec ses deux mains Rania*. Âgée de quatre ans, la fillette dégage un sentiment de zénitude et ne semble plus vouloir retourner sur la terre ferme. Un vrai poisson dans l’eau !

Le CAMSP au service des tout-petits

Au sein de ses deux structures situées à Mamoudzou et à Mtsangamouji, le centre d’action médico-sociale précoce suit une centaine d’enfants tout au long de l’année. « L’activité de notre structure consiste en un accompagnement des enfants de 0 à 6 ans porteurs de handicap, de retards de développement précoce, et/ou de troubles du comportement à travers un accompagnement pluridisciplinaire : ergothérapie, psychomotricité, orthophonie, accompagnement psychologique, social, éducatif », détaille Hélène Frach, la coordinatrice de la structure. Malheureusement aujourd’hui, le nombre de places est relativement limité. Conséquence : les listes d’attente s’allongent pour pouvoir participer aux séances d’hydrothérapie et plus généralement pour accéder à une prise en charge… Pour y remédier, un second groupe va voir le jour très prochainement pour permettre d’accueillir davantage de bambins. Par ailleurs, la structure souhaite également mettre en place des séances destinées aux enfants souffrant de troubles des fonctions motrices. Un projet qu’on espère voir à flot dans peu de temps.

* les prénoms ont été modifiés

Coopération régionale : Jane Jaquin, nouvelle ambassadrice de Mayotte à Zanzibar

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D’animatrice de concours de beauté à directrice de l’association Franco-Zanzibarite en Tanzanie, Jane Jaquin a un parcours professionnel éclectique. Cette touche à tout mahoraise a récemment été nommée par l’association France Volontaires pour représenter son île à Zanzibar. Sa mission consiste à favoriser les échanges entre l’île aux parfums et l’archipel tanzanien avec qui nous avons déjà plusieurs points en commun, notamment culturels.

Flash Infos : Que fait l’association Franco-Zanzibarite ?

Jane Jaquin : L’AFZ (association Franco-Zanzibarite) est une association de droit local dont la mission est de promouvoir la langue et la culture française. Elle constitue la seule implantation française dans ces domaines à Zanzibar et travaille en réseau avec les Alliances Françaises de Dar es Salaam et Arusha. Nous donnons des cours de français à tous et dans le contexte touristique de l’île, aux professionnels désireux d’accueillir les Français et de leur faire découvrir Zanzibar et sa riche culture.

FI : Quelles seront vos missions en tant qu’ambassadrice de Mayotte à travers cette association ?

J. J. : En tant que directrice de l’AFZ, sous statut de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI), je travaille avec le conseil d’administration au développement des activités pédagogiques et culturelles. Il va de soi que ce travail en tant qu’ambassadrice de Mayotte à Zanzibar sera accompagné d’une coopération avec notre département. Ma mission ainsi que celle de mes deux autres collègues mahoraises (trois mahoraises font du VSI en Tanzanie) en Tanzanie, est de développer les échanges avec Mayotte car nous avons à apprendre des uns et des autres, aussi bien sur le point linguistique que culturel.

FI : De quelles manières allez-vous mettre en valeur Mayotte ?

J. J? : Je fais systématiquement la promotion de mon île, quel que soit l’endroit où je me trouve, même à Mayotte ! Mon premier voyage en Tanzanie était avec Ousna Attoumani, alors Miss Mayotte. Nous étions invitées en tant qu’ambassadrices de Mayotte et nous étions heureuses de promouvoir notre département qui se trouve juste à côté. À présent, à travers les activités culturelles et pédagogiques que nous organisons à l’AFZ et avec les Alliances Françaises soutenues par l’Ambassade de France en Tanzanie, nous pouvons inviter des artistes et travailler avec eux, organiser des séjours culturels et linguistiques et des événements avec Mayotte et Zanzibar, faciliter les échanges entre les acteurs souhaitant aller dans les deux pays.

Il existe de nombreuses façons de valoriser notre île et c’est tous ensemble que nous y arriverons. Voilà pourquoi il est important aussi que nous soyons présents dans la région et que nous travaillions en réseau. Mes deux collègues mahoraises et moi sommes toutes des ambassadrices de Mayotte. Notre travail et les liens que nous créons ici font partie de notre mission de promotion du département. Et nous le faisons avec le soutien du conseil départemental, par le biais du dispositifde Volontariat de Solidarité Internationale avec France Volontaires.

FI : Qu’est-ce que cela va changer pour les Mahorais ? Peut-on espérer un meilleur échange culturel et économique entre Mayotte et Zanzibar ?

J. J. : J’y compte bien ! C’est ma mission ! Ce qui va changer concrètement c’est qu’il y a désormais une présence de compatriotes de référence sur le territoire. Vous pouvez prendre contact avec nous si vous venez en vacances, si vous avez un projet d’échanges, ou pour toute autre raison. L’AFZ est ouverte à tous et nous apprécions les échanges entre nos membres et les francophones. J’ai été très émue par l’histoire d’une dame venue faire du commerce et qui s’était retrouvée seule à Zanzibar lorsque Mayotte avait été remise en confinement. Lorsque vous partez à l’étranger, il y a des petites préparations et précautions à prendre, j’espère pouvoir guider les Mahoraises et Mahorais se rendant à Zanzibar. Je tiens vraiment à rappeler que partir c’est bien, partir préparée c’est mieux !

FI : Comment Mayotte peut-elle tirer des avantages de cette coopération ?

J. J. : Mayotte a tout à tirer de cette coopération. De par notre position dans le canal du Mozambique et cette richesse culturelle et linguistique que nous partageons avec la région. Il est temps que nous soyons représentés et connus puisque nous sommes le seul département français dans le canal du Mozambique. Nous sommes riches par cette double identité, nous avons autant à offrir qu’à recevoir. Mayotte et tous les Mahorais ne peuvent que tirer profit d’une ouverture sur la région. Nous parlons très souvent de nous ouvrir à l’international : l’international, j’y suis, et c’est à une heure de vol de la maison !

FI : Pourquoi est-ce important pour vous de représenter Mayotte en Tanzanie et plus précisément à Zanzibar ?

J. J. : Cela fait presque deux ans que j’étais partie seule sur le continent africain. Chaque Mahoraise et Mahorais qui part est une porte ouverte pour faire découvrir Mayotte, que l’on connaît mal dans la région. Je veux aussi donner envie aux Mahorais de découvrir les autres territoires. Nous avons très souvent peur de partir à l’étranger. J’ai fait une première expérience, montré que cela était possible et à présent je continue la promotion de Mayotte avec un accompagnement et un encadrement qui, je l’espère, sera aussi celui de nombreuses et nombreux d’entre nous. Représenter Mayotte, en soutien avec le conseil départemental, France Volontaires et les fonds européens, est une opportunité incroyable aussi bien sur le plan professionnel que personnel. Nous avons beaucoup à découvrir sur nous à Zanzibar et en Tanzanie, berceau du peuple swahili avec lequel nous partageons une histoire, une culture et une langue.

La nouvelle version 2.0 de la course de pneus de Mayotte sur la grille de départ

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L’agence de communication Angalia et Orange ont lancé ce mardi 28 septembre la deuxième version du jeu mobile officiel Course de Pneus. Découverte de lieux emblématiques, effets spéciaux, meilleure prise en main… Les nouveautés sont légion. Les deux partenaires ont même pour ambition d’exporter leur concept dans les îles voisines et souhaitent organiser une grande finale régionale.

20.000. C’est le nombre de téléchargements en 2020 de la première version de l’application mobile Course de Pneus. Une franche réussite, qui a dépassé les espérances, mais aussi et surtout les frontières. « Le jeu s’est exporté à l’extérieur du territoire : au Brésil, en Australie, aux États-Unis… C’est un envol à l’international », se réjouit Laurent Mounier, le gérant de l’agence de communication Angalia, à l’initiative de ce virage digital avec Orange pour répondre à la crise sanitaire.

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Vu l’engouement généré, les deux partenaires reviennent pour cette nouvelle édition avec des ambitions gonflées à bloc ! Création d’un nouveau circuit, découverte de trois lieux emblématiques de l’île – la barge, la mosquée de Tsingoni et les canons de l’ancienne résidence des gouverneurs en Petite-Terre -, bande sonore réalisée par Komo… « Nous avons amélioré l’ombrage des personnages et l’interaction pour apporter plus de fluidité à l’utilisateur », précise El-Farouk Adinani, le développeur informatique de Sirel 976, particulièrement fier de rejoindre cette aventure. Et les nouveautés ne manquent pas, telles que des « jumps » à gogo, des « passages secrets »… « C’est un jeu vidéo, il faut que ça reste fun », insiste Émeric Bigot, le responsable partenariats et sponsoring chez Orange, au moment de la démo ce mardi 28 septembre.

Une rencontre océan Indien

La compétition tant attendue débute dès le 1er octobre avec la phase de qualifications. Avant les 8ème de finale regroupant les cinquante meilleurs participants, qui se départageront pour atteindre la grande finale à huit prévue le 27 novembre et diffusée en Facebook live et sur Twitch, « la plateforme incontournable du jeu vidéo ». Mais ce n’est pas tout. En parallèle, « nous allons lancer un tournoi à La Réunion et à Madagascar », dans l’espoir de faire « rencontrer les trois meilleurs joueurs des trois régions » lors d’une présentation à distance made in océan Indien. « Cela pourrait être le démarrage d’un challenge online », se met à rêver Émeric Bigot.

Pour autant, cette digitalisation ne remet pas en cause l’essence même de cet événement créé par Jack Passe en 1984 puisque quatre dates sont d’ores et déjà cochées pour relancer en présentiel les championnats intercommunaux au cours des vacances de la Toussaint. Suivis de la confrontation générale « dans un lieu fermé » le 6 novembre. « Il n’y aura pas de rallyes sur la voie publique, c’est catégorique », prévient Laurent Mounier, qui envisage « un retour à la normale fin juin ». Pas de stress donc pour ceux qui s’inquiètent de son éventuelle disparition… « L’application n’a pas vocation à remplacer la course, au contraire », rassure Émeric Bigot.

En effet, l’idée consiste avant tout à faire briller la culture mahoraise sous tous ses angles et à transmettre un message positif au plus grand nombre. Pour cela, l’e-gaming et l’e-sport peuvent être deux canaux transversaux. D’où les futures pistes de développement déjà en réflexion, comme la création de nouveaux circuits sur Dzoumogné, Sada et Petite-Terre, ou encore la mise en place d’une version internationale et multijoueurs. Avant, pourquoi pas, d’organiser un grand prix de la course de pneus à l’occasion du lancement des Jeux olympiques de 2024 à Paris.

Koungou : climat pesant lundi à Carobolé pour la destruction de 350 cases en tôle

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Très tôt lundi 27 septembre 2021, tractopelles et engins de chantier ont débuté la démolition de 350 habitations de fortune au lieu-dit Carobolé dans la commune de Koungou. Une opération prévue depuis plusieurs mois mais qui a une fois encore surpris une partie des habitants. Certains assistaient, impuissants et incrédules, à la démolition de leurs maisons.

Fumée, bris de verre et tôles froissées… Il ne reste bientôt plus rien de l’habitat illégal qui constituait le quartier de Carobolé. Assis sur un muret, à l’abri du soleil et des nuages de poussière, Soirez et ses copains contemplent ce paysage dévasté, la mine sombre. “Ça fait mal”, lance le lycéen d’une voix rauque. Ses copains du collège de Kawéni hochent la tête. Toute la bande est comme sur pause, sans autre activité ce jour-là que d’assister au spectacle funeste des tractopelles en action. En raison des barrages et de caillassages dans la commune, ils n’ont pas pu prendre les transports scolaires et se rendre à l’école. Avertis de l’opération il y a un mois de cela, ils avaient tous préparé leurs affaires à l’avance pour le grand départ. Reste aujourd’hui un sentiment d’incompréhension, teinté d’injustice. “Nous allons aller vivre chez des cousins à Koungou. Mais ce n’est pas normal qu’on casse nos maisons. Pourquoi font-ils ça ?”, interrogent-ils, l’air amer.

À la demande de la commune de Koungou, une nouvelle opération de destruction d’habitats illégaux a débuté lundi 27 septembre au lieu-dit Carobolé, sur la base d’un arrêté loi Elan publié le 21 juin dernier. Elle doit se prolonger sur plusieurs semaines. Au total, pas de moins de 350 habitations de fortune doivent être réduites à néant, d’après la préfecture, soit un peu plus que le rapport initial de la gendarmerie en juin, qui chiffrait environ 200 habitations.

955 destructions en 2021

La préfecture de Mayotte rappelle que ce nouveau décasage fait suite aux 955 destructions de logements illégaux, intervenues depuis le début de l’année 2021. “Permettre aux Mahorais d’habiter des logements dignes n’est pas négociable. Cet impératif suppose de construire et nécessite de détruire. La destruction des bidonvilles n’est pas humainement facile à faire, mais c’est une décision fondée par le droit, c’est une demande forte de la population mahoraise, c’est une exigence de sécurité publique, de salubrité et de dignité humaine. Cette politique publique doit se poursuivre”, affirme le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. La municipalité promet pour sa part le lancement d’un important projet de construction de 500 logements sociaux, à la suite de cette intervention.

Par ailleurs, comme à chaque opération loi Elan, les occupants sont censés faire l’objet d’enquêtes sociales, effectuées par l’association pour la condition féminine et l’aide aux victimes (ACFAV), avec l’appui de la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités. Ceux-ci se voient alors proposer des solutions d’hébergement temporaire. D’après les chiffres communiqués, 282 propositions auraient déjà été acceptées. En outre, le centre communal d’action sociale (CCAS) de Koungou, la Croix-Rouge Française, les associations ACFAV et Mlézi Maoré assureront l’accompagnement des personnes qui le souhaitent dans la recherche d’hébergement et de logement.

“La commune a promis de construire des logements sociaux”

Si la promesse d’une vie plus digne à l’issue de ces opérations est louable, elle peine encore à convaincre sur place. Plusieurs témoins interrogés déplorent ainsi la faiblesse et l’inadéquation des solutions proposées. “Nous vivons un moment très triste”, confie Asma*, dont la sœur habitait le quartier. “Une association leur a donné une maison pour quelques jours à Tsoundzou, mais c’est temporaire et loin pour que les enfants puissent se rendre à l’école”, expose la riveraine. Même constat chez Mohamed, qui regarde abasourdi les bulldozers détruire son logement. “C’est une vraie maison en dur, avec six pièces. Une partie appartient à mon ex-femme et l’autre devait revenir à ma fille qui se marie bientôt. Je ne sais pas comment nous allons faire”, se désole-t-il. Sur les lieux depuis 4h du matin, il assure avoir demandé à plusieurs reprises à récupérer ses outils, encore entre les murs, en vain. “Je ne sais pas où je vais habiter. Je vis dans ce quartier depuis 1990”, soupire-t-il. “Il n’y a pas de solution à ce problème. La commune a promis de construire des logements sociaux, je serais ravi de pouvoir y habiter, mais est-ce que ce sera vraiment possible ?”, lâche-t-il, fixant au loin le tas de gravas qui fut jadis sa maison. Las, mais sans colère.

Quatre interpellations pour menaces et caillassages

Tous n’ont pas sa philosophie. Ni son discours apaisé, qui dénote avec la tension du jour, particulièrement palpable entre les engins de chantier et les camions de gendarmerie. En marge de l’opération, quatre individus ont été interpellés et placés en garde à vue ce lundi pour des menaces et des caillassages, d’après la préfecture. Par ailleurs, “plus d’une vingtaine d’étrangers en situation irrégulière ont été interpellés lors de la première journée de décasage et reconduits à la frontière”, détaille le communiqué. Un climat tendu, qui n’est pas sans rappeler le précédent de la Jamaïque, où l’interpellation d’étrangers en situation irrégulière en amont des démolitions avaient provoqué une vague de violences inouïe.

* le prénom a été modifié

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes