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Facture faussement acquittée pour des subventions : deux prévenus au tribunal pour un projet d’abattoir

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Une élue du Gard et un éleveur de volailles mahorais à la barre, l’image est peu commune. Les deux étaient pourtant cités à comparaître ce mercredi au tribunal correctionnel dans une affaire de faux, escroquerie et abus de confiance.

L’abattoir est mort dans l’œuf, ou presque. De l’ambitieux projet de la SCEA La ferme de Kahani, né dans la tête d’un éleveur de volailles mahorais en 2009, ne seront sortis de terre guère plus qu’un sol et quelques parpaings. “Si, si, je vous assure, aujourd’hui il y a juste les quatre murs, toujours pas la chaîne d’abattage, il n’y a pas de chambre froide… On y est allées hier”, témoigne avec vigueur Maître Florence de Prato. Plus de dix ans après, le volumineux dossier a en revanche fini au tribunal correctionnel, sur fond d’escroquerie, faux et abus de confiance.

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Présente à l’audience ce mercredi, l’avocate au barreau de Nîmes a fait le chemin jusqu’à notre petit bout de France, pour défendre l’une de deux co-prévenus. La femme, maire d’un petit village du Gard, s’est trouvée bon gré mal gré embourbée dans cette sombre affaire. Comment diable ? En acquittant faussement la totalité d’une facture… sur laquelle sa société n’avait en réalité perçu qu’un acompte ! Ce qu’elle ignorait : le papier devait servir de preuve à un porteur de projets pour débloquer des subventions auprès de l’État et du conseil général (nous sommes alors en 2009). Au total, 62.996 euros répartis entre les deux institutions.

Le Département et l’État absents à l’audience

La première magistrate est donc poursuivie pour faux. Les faits reprochés à son co-prévenu sont plus lourds : lui doit répondre d’escroquerie pour avoir fourni le papier frauduleux en vue d’obtenir les subventions, mais aussi d’abus de confiance, car il n’aurait pas utilisé les fonds ainsi perçu pour la chaîne d’abattage, comme le prévoyaient les conventions signées avec ses financeurs. On lui reproche également d’avoir omis par la suite d’informer le conseil général et l’État de la vente des biens subventionnés à une autre société, de les avoir trompés pour obtenir la prorogation des conventions, et enfin d’avoir exercé un travail dissimulé. En 2011, se rendant compte de l’entourloupe, la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) de Mayotte envoie un courrier au procureur, mettant alors en branle la machine judiciaire. Ironiquement, ni le Département, ni la préfecture ou l’État n’étaient représentés ce mercredi à l’audience, les deux s’étant pourtant constitués partie civile au début de l’instruction.

“Je ne pensais pas gruger l’État”

Tout commence en réalité un peu plus tôt, en 2007. La femme, salariée dans une société qui vend des abattoirs clé en mains depuis 1947, rencontre l’éleveur lors d’un salon de l’agriculture. Le Mahorais a un projet fou – “le projet d’une vie”, dira-t-il aux juges – : monter le premier outil de Mayotte. Les deux entretiennent une relation commerciale qui aboutira deux ans plus tard. Après le versement d’un acompte de quelque 10.000 euros, l’entreprise, gérée à l’époque par son mari aujourd’hui décédé, lance la production de la chaîne. “Nous avons fait une facture le 9 octobre, le matériel était commandé, il avait été fabriqué”, retrace la Gardoise de 71 ans. Mais son client insiste pour qu’elle appose la mention “acquittée” sur le papier, afin lui dit-il, de débloquer les fonds nécessaires à la banque. Elle hésite, mais finit par accepter pour rendre “service”. Un geste commercial qu’elle croyait sans conséquence. “Je ne pensais pas du tout gruger l’État en faisant cela”, souffle-t-elle, visiblement chamboulée de se retrouver ainsi devant les magistrats.

Car la femme ignore tout à ce moment-là, des subventions obtenues par l’entrepreneur. Entre-temps, le patron du poulailler a en effet signé deux conventions avec le conseil général et l’État, pour un total de 101.687 euros. Des fonds fléchés pour la chaîne d’abattage et un camion frigorifique, notamment. Les textes prévoient en outre un délai de deux ans pour débuter le chantier, ainsi que l’échelonnement des versements en fonction des travaux. Et c’est là que le bât blesse : car avec entre 1.000 et 1.500 euros de revenus issus de son activité d’éleveur, difficile de lancer seul la construction. D’où sa requête auprès de son fournisseur, pour obtenir les premiers 60.000 euros… qu’il utilise alors pour le gros œuvre et le bâtiment censé accueillir l’outil déjà fabriqué.

“La chronique d’un désastre annoncé”

Par la suite, l’étau se resserre autour du petit éleveur, qui avait sous-évalué son projet. Lequel coûterait plutôt, d’après de nouvelles estimations, autour d’1.2 million d’euros, avance-t-il à l’audience. À titre d’exemple, AVM qui produit “Mon Pouleti”, inauguré en grande pompe il y a environ un mois, avait réuni 8 millions d’euros de la part du Département et de l’Union européenne… “C’était la chronique d’un désastre annoncé cet abattoir”, raille Maître de Prato dans sa plaidoirie, qui demande notamment la relaxe de sa cliente sur la base de l’absence d’intention.

Ici, on est à Mayotte, c’est un département assez spécifique où les porteurs de projets doivent se battre avec acharnement. Le peu de financements, ce sont les subventions publiques et les banques ne veulent pas s’engager tant que les fonds ne sont pas débloqués”, argumente pour sa part Me Kassurati Mattoir, pour défendre l’éleveur. Lequel n’a “jamais utilisé ces fonds à des fins personnelles”. La procureure Sarah M’Buta a requis une amende avec sursis d’une somme symbolique de 200 euros pour la prévenue, et ne s’oppose pas à la non-inscription au bulletin numéro 2 du casier judiciaire ni à l’absence d’inéligibilité. Pour l’éleveur, ses réquisitions s’élèvent à 10.000 euros d’amende assortie d’un sursis simple à hauteur de 8.000 euros. Et il en va de même pour sa société. L’affaire a été mise en délibéré, le tribunal rendra sa décision le 10 novembre.

Vatel, l’école de l’excellence hôtelière, fait sa rentrée à Mayotte

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Après des mois de préparation et de démarches administratives, la première école Vatel de Mayotte a ouvert ses portes. Huit élèves ont fait leur rentrée cette semaine, prêts à suivre trois ans de formation intense dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration. Ce mardi matin, ils ont rencontré les gérants d’hôtels et de restaurants qui sont déjà séduits par cette promotion unique sur l’île aux parfums.

Pantalons parfaitement repassés, chemises d’un blanc immaculé, talons pour les filles, chaussures de costumes pour les garçons… La première promotion de l’école Vatel Mayotte a, semble-t-il, immédiatement assimilé la première règle à respecter dans ce secteur d’activité. À savoir de dégager une image parfaite, raison pour laquelle tous sont tirés à quatre épingles pour passer les entretiens avec dix professionnels du tourisme de l’île. Les huit étudiants admis ont échangé ce mardi matin avec restaurateurs et hôteliers dans l’optique de trouver une structure qui acceptera de les prendre en stage.

Stressés par l’enjeu, les élèves ont pourtant montré une vraie force de caractère à en croire leurs interlocuteurs, manifestement séduits par ces entretiens. « La pré-sélection est costaud. Ils s’expriment parfaitement en français et ils sont tous motivés. Je ne m’attendais pas à ça ! », admet Tedd Le Bihan, le responsable de l’hôtel Hamaha Beach. En effet, la maîtrise de la langue de Molière s’avère être l’une des conditions sine qua non pour pouvoir intégrer Vatel… Car trop souvent, « les jeunes formés dans les lycées professionnels ont du mal avec le français et ce n’est pas acceptable dans ce domaine », souligne Rania Saïd, la directrice de l’école. Âgés de 18 à 23 ans, ils ont déjà tous la fibre professionnelle malgré leur manque d’expérience dans le milieu. « Nous sommes face à une génération qui est très mûre. Elle a vraiment du potentiel, c’est-à-dire qu’elle a une capacité à évoluer. L’école a fait une sélection très qualitative », se réjouit Daniel Martial Henry, le gérant de l’hôtel-restaurant Le Diwan.

Le choix du tourisme par passion et non par défaut

Les six filles et deux garçons de Vatel Mayotte ont chacun des objectifs professionnels différents et attendent beaucoup de leur passage dans cette école. « J’ai toujours été passionnée par le tourisme, mais je ne sais pas exactement quel métier je veux faire alors j’espère que cette formation va m’éclairer dans mon parcours », souhaite Léa Youssouf, du haut de ses 18 ans, consciente de la chance et de toutes les portes qui s’ouvriront à elle, après l’obtention de son diplôme. « J’étais juste en vacances à Mayotte… Lorsque j’ai su que Vatel allait s’installer ici, je suis restée pour passer les examens de sélection car je veux être manager d’un hôtel à l’international, et je sais qu’en passant par Vatel, j’aurai plus d’opportunités par la suite », dévoile Siti Boina, 22 ans. D’ici là, il lui faudra attendre encore trois ans, voire même cinq ans si elle se lance dans le master, avant d’être embauchée.

Mais son rêve risque bien de se réaliser plus tôt que prévu puisque ses camarades et elle pourront déjà vivre une expérience à l’étranger, dans un établissement étoilé, à l’issue de cette année scolaire ! Cela leur permettra de revenir ensuite à Mayotte avec plus d’assurance dans le but de « rehausser le niveau », selon Rania Saïd. Si le 101ème département veut devenir une région touristique à la hauteur de ses espérances, les struc-tures devront trouver une main d’œuvre plus qualitative. « Cette école va tout changer : je pense que mes confrères et moi n’attendions que cela », indique pour sa part le responsable de l’hôtel Hamaha Beach, ouvert la semaine dernière du côté de Kawéni.

Des rêves brisés, faute de moyens

Mais il ne faut pas croire, la sélection pour intégrer cette nouvelle structure formatrice a été rude. Sur la cinquantaine de candidats, seulement huit ont été retenus ! Rania Saïd et son équipe ont affiné le groupe à travers des tests et des entretiens. La brigade sélectionnée représente ni plus ni moins l’élite de la jeunesse mahoraise, qui souhaite s’engager dans le milieu du tourisme. Cependant, des perles rares n’ont pas pu intégrer l’école, faute de liquidités… « Ceux-là m’ont fait beaucoup de peine parce qu’ils avaient des dossiers solides, mais ne pouvaient pas payer leurs études », regrette amèrement la directrice.

Si certains ont pensé à demander un financement auprès du conseil départemental, cette option est tout bonnement impossible. Pour la simple et bonne raison que la collectivité ne peut financer une école sur son territoire. Dans ces conditions, « si un jeune mahorais veut faire une école Vatel, il doit aller à l’extérieur pour être aidé », raconte Rania Saïd. Une politique qui n’a pas de sens à ses yeux puisque « cela coûte plus cher au Département d’envoyer un étudiant à l’étranger que de financer deux étudiants à Mayotte ». « Cela doit changer parce que je ne veux pas que cela soit une école uniquement pour ceux qui ont les moyens », prévient-elle. La balle est dans le camp des élus.

Le collectif Mayotte en SousFrance demande la levée des motifs impérieux pour tous

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Le maintien des motifs impérieux pour les personnes non vaccinées a encore du mal à passer auprès de certains. Le collectif Mayotte en SousFrance vient de saisir le tribunal administratif de La Réunion pour faire annuler ou modifier le dernier arrêté interministériel qui maintient les motifs impérieux pour les non vaccinés et supprime l’obligation de test pour ceux qui sont vaccinés.

collectif-mayotte-sousfrance-demande-levee-motifs-imperieuxLe dernier arrêté interministériel concernant les conditions de voyage entre Mayotte, La Réunion et la métropole serait-il discriminatoire ? C’est du moins ce que pense le collectif Mayotte en SousFrance. « Le gouvernement a décidé d’adapter et de simplifier le dispositif des motifs impérieux justifiant les déplacements depuis et vers les Outre-mer, ainsi que les mesures de quarantaine », peut-on lire sur le site de l’agence régionale de santé de Mayotte. Les voyageurs ayant un schéma vaccinal complet sont désormais exemptés de toute contrainte. Ils n’étaient plus soumis aux motifs impérieux depuis le 9 juin, mais désormais ils sont aussi dispensés de l’auto-isolement et ne sont plus obligés de réaliser un test avant leur départ ou à leur arrivée. Alors que les conditions pour les personnes non vaccinées restent les mêmes. Elles doivent justifier leur déplacement par un motif impérieux, présenter un test PCR ou antigénique et observer une période d’isolement de sept jours.

C’est cette différence de traitement qui indigne le collectif Mayotte en SousFrance. Il a donc écrit une lettre ouverte, le 21 septembre dernier, aux préfets de l’île aux parfums et de l’île Bourbon « pour demander la levée des motifs impérieux pour tous ou son application à tous les passagers », indique le président du collectif, Zoubert Abdourahamane. N’ayant reçu aucune réponse de la part des deux représentants du gouvernement, le collectif a saisi le tribunal administratif de La réunion en référé-liberté afin qu’il puisse trancher. « Cet arrêté est clairement discriminatoire et nous ne pouvons pas l’accepter. Nous ne pouvons pas tout exiger des voyageurs non vaccinés et rien de ceux qui le sont », poursuit-il. Si le collectif s’appuie sur la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 contre les discriminations pour avoir gain de cause, rien n’est gagné ! L’avocat réunionnais Alex Vardin avait déjà saisi le tribunal administratif de La Réunion en référé-liberté demandant la suppression de la vaccination obligatoire pour voyager sans motif impérieux. Raté ! La juridiction a rejeté sa requête le 14 juin 2021. Un refus qui ne décourage pas pour autant le collectif mahorais. « Nous restons optimistes », rassure Zoubert Abdourahamane.

« Nous ne sommes pas anti-vaccin, nous sommes anti-passe sanitaire »

Le collectif Mayotte en SousFrance rejette également toute forme d’autorité qui ressemble de près ou de loin à un passe sanitaire. « Notre collectif est le seul de Mayotte qui se positionne clairement contre le passe sanitaire. À La Réunion, nous participons aux actions anti-passe sanitaire. Nous sommes contre parce qu’il nous prive de notre liberté de choisir et de disposer de notre propre corps », explique le président du collectif. Selon ce dernier, ce dispositif est tout simple-ment discriminatoire et divise la société. Malgré sa réticence flagrante, Zoubert Abdourahamane ne souhaite en aucun cas être catalogué d’anti-vax. « Nous ne sommes pas anti-vaccin, nous sommes anti-pass sanitaire. Chacun est libre de se faire vacciner ou pas, mais personne ne doit être obligé de le faire. Et vu comment les choses se déroulent en ce moment, cela devient une obligation », affirme le président de Mayotte en SousFrance. La fin de la gratuité des tests PCR et antigénique à compter du 15 octobre renforce sa vision de la discrimination. « Le gouvernement tente par des méthodes comme celle-ci d’imposer le vaccin. Ceux qui n’ont pas les moyens de payer les tests n’auront pas le choix que de se faire vacciner », regrette Zoubert Abdourahamane. Il attend donc la décision du tribunal administratif de La Réunion pour savoir si le collectif a raison ou pas. Mais il l’assure déjà : s’il ne tranche pas en leur faveur, ils continueront le combat !

Viol sur deux mineures : un fundi pédophile devant les Assises

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En pleine campagne #Wamitoo, un procès de deux jours s’ouvrait ce mardi à la cour d’Assises pour mineurs. Un professeur à l’école coranique est accusé d’avoir violé deux enfants qu’il hébergeait pendant plusieurs années.

160.000. C’est le nombre d’enfants qui subissent chaque année des violences sexuelles, et notamment l’inceste, d’après la commission indépendante chargée de ce sujet (la CIVISE). Et parmi ces nombreuses victimes – le chiffre reste d’ailleurs une estimation – rares sont celles et ceux qui osent aller jusqu’à en parler, encore moins porter plainte. Ce mardi, à la session de cour d’Assises de Mayotte, c’est donc un peu une exception qui a été portée à l’attention des jurés. Sans pour autant que l’affaire soit, en elle-même, particulièrement exceptionnelle.

Flanqué de quelques gendarmes, un homme d’une cinquantaine d’années comparaissait pour plusieurs séries de faits de viols sur mineures de moins de 15 ans, commis entre 2009 et 2016, entre 2016 et 2018, et entre 2017 et 2018, avec pour circonstance aggravante, son autorité de droit ou de fait sur ses victimes. Une audience qui aurait dû se dérouler à huis clos, étant donné l’âge des jeunes filles au moment des faits. Mais les parties civiles n’en ont finalement pas fait la demande. Actuellement en métropole, les victimes seront entendues en visioconférence pendant les deux jours du procès.

“Un matin, je n’avais plus de culotte”

À l’époque des faits, ces deux sœurs, nées à Madagascar d’un père mahorais et d’une mère malgache, étaient hébergées chez l’accusé. “Avant la mort de mon père, il voulait que je vienne à Mayotte, sa famille a donc arrangé ma venue et je suis arrivée en septembre 2009”, explique l’une d’elle, jointe à distance. Quelques semaines plus tard, elle pose ses bagages chez sa cousine. Son mari se montre alors “gentil”, “avenant”, “il me disait bienvenue, il avait l’air content que je sois là à la maison”, déroule la femme à l’écran.

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Mais très vite, le vernis craque. “Je me suis réveillée un matin, et je n’avais plus de culotte. Je me suis dit que c’était peut-être moi qui l’avait enlevée en allant aux toilettes, mais je ne m’en souvenais pas”, retrace-t-elle. Sur le qui-vive, l’enfant se rend compte que le cauchemar se répète, nuit après nuit. “Les autres fois, je l’ai senti enlever ma culotte, mais j’avais tellement peur, je n’ai pas réagi.” Au départ, l’homme se contente d’attouchements. Mais un jour, en pleine journée, la petite fille se retrouve seule avec lui. “Il m’a appelée, et il a dit qu’il voulait faire des choses. J’ai eu peur et je suis partie, mais il s’est énervé, il est venu me chercher en me disant que je ne devais plus faire ça, qu’il allait me frapper. Alors il m’a dit de m’allonger sur le lit, d’enlever mes vêtements. Et il a commencé la pénétration”, rapporte encore froidement la victime. Elle a alors 9 ou 10 ans.

Un crime presque incestueux

Au total, la jeune femme aura subi ces supplices pendant neuf années, entre ses 8 et 17 ans. Seul son départ en métropole mettra un terme à ce calvaire. À ce moment-là, la jeune bachelière échappe d’ailleurs de justesse à son bourreau, lequel espérait l’accompagner de l’autre côté du globe… “À la fin de la garde à vue, il tenait des propos comme quoi il était amoureux d’elle”, rapporte à la barre un policier de la section recherche de Mamoudzou, qui avait rédigé le procès-verbal. “Mais au début, il disait qu’il la considérait comme sa fille, car il l’avait élevée alors qu’elle était très jeune. Elle appelait sa femme “Maman”, développe-t-il.

L’amourette vire au drame

Une seule fois, un témoin l’aura surpris, allongé sur sa proie : la sœur de cette dernière, à son tour victime de ses pulsions pédophiles, à partir de 2017. Un jour, alors que le fundi est en voyage à Madagascar, l’adolescente entame une relation avec un garçon de son âge. À son retour, son violeur voit rouge et la frappe avec sa ceinture. Sa cousine, ameutée par les éclats de voix, débarque au milieu de la scène et prend son mari entre quatre yeux. “Elle n’est pas venue me voir le soir-même, mais le lendemain. Elle m’a juste dit que j’avais un lien de parenté avec ce jeune homme”, souffle la jeune fille. Une annonce qui mettra fin à leur brève idylle…

Interrogé sur ces faits, l’accusé botte en touche. “Il y a une part de vérité et une part de mensonge”, baragouine-t-il à la barre, en avançant que la victime essaye de protéger son amoureux. Cette relation qui l’avait mis en rogne, car, argumentera-t-il, elle aurait pu avoir des conséquences sur leur réputation, le garçon étant alors “mineur” ! CQFD… À plusieurs reprises, l’homme justifiera par ailleurs ses actes par des problèmes au sein de son couple. “Ma femme a créé le problème : un jour elle me dit qu’elle va à l’aéroport chercher cette fille, mais je ne travaillais pas, je n’avais pas les moyens de l’héberger”, se défend-il.

“Ce sera ta parole contre la sienne”

Du côté de la victime, ces viols répétés laissent des traces. Elle connaît des pensées suicidaires dès la classe de Seconde. L’un de ses amis, fils de gendarme, la pousse alors à porter plainte. Mais, “ce sera ta parole contre la sienne”, la met-il en garde. Un jour, elle décide alors de lancer un enregistrement sur son téléphone portable dans lequel l’accusé lui demande à plusieurs reprises des rapports sexuels.

Ce n’est finalement qu’en 2018 qu’elle osera sauter le pas. Pourquoi un si long silence ?, interrogent tour à tour les juges et les avocats. “Il était fundi, il enseignait à l’école coranique, il était bien vu de la société”, répond-elle à chacun. “J’avais peur qu’on ne me croit pas. J’avais compris comme quoi c’était de ma faute à moi.

Le procès doit encore durer une journée. Lancée le 8 septembre dernier, une campagne de sensibilisation et de lutte contre les violences sexuelles sur mineurs est actuellement menée par différents acteurs locaux, jusqu’au 20 novembre.

Milatsika, au carrefour des cultures

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Après l’annulation de l’édition 2020 pour cause de Covid, l’historique festival Milatsika revient du 14 au 16 octobre sur le plateau de Chiconi. Une 15ème édition qui, fidèle aux premières heures de l’événement, proposera une fois encore aux Mahorais d’ouvrir leurs horizons musicaux.

Dans le paysage culturel mahorais, Milatsika est un mastodonte. Il faut dire que le festival organise cette année sa 15ème édition. Du jamais vu sur le territoire pour un événement musical. Mélange de langue mahoraise et malgache, son nom résume à lui seul la philosophie de l’organisation : “milatsika”, terme kibushi se traduisant par “besoin de nous”, et qui, à Mayotte, signifie “notre tradition”, ou “notre culture”. De quoi symboliser le caractère cosmopolite de l’île, et des populations qui la peuplent.

Quand on va au Milatsika, toutes les catégories d’âge et d’origine y sont représentées : il y a des occidentaux, des Mahorais, des Malgaches, des Comoriens, des familles, des jeunes, des moins jeunes…”, sourit Del Zid, organisateur de la première heure. Preuve qu’en près de 20 ans, la formule inédite du festival a su (re)trouver son public année après année. “La démarche qui le sous-tend est de dépasser l’opposition fausse entre tradition et modernité en démontrant qu’une identité doit puiser à ses racines pour se construire dans la sphère contemporaine, à la façon d’un arbre qui croît et se ramifie”, défend fermement l’organisation qui entend dépasser “les clichés folkloriques”.

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Car sur le plateau de Chiconi, où est érigé chaque année la scène du Milatsika, la musique n’est pas qu’un simple support de danse. “À Mayotte, celle que l’on écoute et connaît revêt surtout un rôle de divertissement. Notre but n’est bien évidemment pas d’empêcher les gens de danser, mais avant tout de leur montrer que la musique permet de réfléchir, de méditer, de guérir l’âme par l’art”, développe encore Del Zid. “Et je pense qu’aujourd’hui le public a compris le principe : la majorité des gens qui viennent ne connaissent pas le programme, mais ils viennent quand même parce qu’ils savent qu’ils vont découvrir quelque chose de nouveau, sortir de leur zone de confort.” Le secret de la longévité du festival reposerait-il ici ?

Non, le seul secret, c’est la persévérance, la motivation”, balaye le musicien d’un revers de la main. De quoi raviver le douloureux souvenir de l’année 2011, où le mouvement de grève qui secoue alors l’île pousse l’organisation à annuler l’événement, laissant un déficit de 40 à 50.000 euros dans les caisses de l’association Milatsika. “On a cru devoir fermer définitivement boutique à ce moment-là”, retrace Del Zid, amer. “Mais nous avions déjà une image et un honneur à conserver, que nous avons construit édition après édition.” Alors, poussés par leur passion pour la musique et ce qu’elle véhicule, les cinq membres permanents de l’organisation parviennent finalement à sortir la tête de l’eau et reviennent finalement plus forts dès l’année suivante, grâce au concours des institutions locales que sont la direction des affaires culturelles ou le Département notamment. « Économiquement, un tel événement n’est pas rentable, il faut savoir s’accrocher. Mais maintenant, on sait qu’on est très attendu chaque année, alors on ne peut plus se permettre de décevoir”, conclut le père du rendez-vous culturel.

Une programmation éclectique

Du jeudi 14 au samedi 16 octobre, des artistes de tous les horizons se succèderont sur la scène du plateau de Chirongui, afin de proposer au public mahorais une large palette sonore et culturelle.

Jeudi 14 octobre, retrouvez Sisygambis à travers une performance vidéo-musicale “De la Méditerranée à l’océan Indien”. Sisygambis traverse des territoires que réunit la musique de transe, fil conducteur du parcours, de l’Égypte à Mayotte, de Zanzibar à Madagascar, via la Tanzanie, le Kenya, les Comores, le désert d’Arabie, la Malaisie, l’Australie… Le projet artistique joue d’une interaction entre musiques traditionnelles et électroniques, images de cultures ancestrales et contemporaines, via le fil rouge de rituels rares et puissants, l’espace des paysages, les détails de la vie quotidienne, la marque des gestes, la singularité des voix ordinaires ou extraordinaires, la beauté et la présence de ces hommes et de ces femmes, à l’autre bout de notre monde commun.

Vendredi 15 octobre, la place sera faite au local Bodostyle, finaliste du concours « jeune talent SFR » en 2008, il sort sa première mixtape intitulée Maore Yatru, produite par DJ H. Après plusieurs collaborations artistiques, il sort sa deuxième mixtape en 2011 intitulée Yangou Musique (ma musique). La sortie en 2013 de son premier album Mahabari (les nouvelles) ne fait que confirmer son talent à travers des répertoires intégrés dans un registre musical qui inclut rap, reggae one drop, mgodro et sega…. Son dernier album qui s’intitule Roho, une coproduction avec le collectif DIX-15, reste un projet authentique alliant l’afrobeat, le mgodro et la musique du monde.

Il sera suivi, le même jour, du groupe Cadavreski, aux multiples influences artistiques. Du rap-à-texte au disco, en passant par la chanson, Cadavreski se joue des genres, et les concerts s’enchaînent. Les plumes, les beats et les scratchs plus aiguisés que jamais, Cadavreski parcourt le monde pour distiller sa déferlante d’énergie, de bonne humeur et d’esprit, de poésie et d’amour-toujours…

Puis, la chanteuse, bassiste et percussionniste Manou Gallo viendra offrir au public mahorais son énergie irrésistible, doublée d’une puissance remarquable, faisant sa renommée à l’international. Sa façon de jouer de la basse est si unique que même des gens comme Manu Dibango, Mamady Keita, Wyclef Jean, Marcus Miller et Lucas van Meerwijk l’ont saluée.

Le Mahorais Lathéral viendra conclure ce deuxième soir avec ses rythmes traditionnels. Lauréat du concours « 9 semaines et un jour », édition 2007, Lathéral cultive le rythme mgodro accéléré, s’accommodant d’un mélange tradition et cuivres, donnant de nouvelles sonorités. Les textes souvent incisifs de ses chansons font une analyse pertinente de la situation politique et sociale dans les îles comoriennes et celle de Mayotte en particulier, ce qui lui a inspiré l’album “Mayotte Département ?

Vendredi 16 octobre, les Mahorais du groupe Talangu viendront ouvrir le dernier soir de festivités. Originaires de Chiconi, les six musiciens de la formation, passionnés de musique et d’écriture, orientent leur création vers le hip-hop, le reggae et la pop, en y ajoutant une touche de musique traditionnelle mahoraise.

Suivra la performance du légendaire Baco et son groupe Urban Plant, grand nom de la musique locale. Une invitation au voyage, dans un univers sonore où les genres sont décomposés et reconstruits et habillés de textes conscients et profonds, portés par une voix chaude et solaire.

Puis, tout droit venus d’Angers, le duo Bonbon Vodou fera vibrer sa voix douce marquée par la culture africaine et réunionnaise. Les deux pieds dans 20 pays, le binôme joue d’instruments glanés au gré des voyages, mais aussi d’un boxon hétéroclite d’objets quotidiens.

Ensuite, place à la Réunionnaise Queen Favie et son coffre puissant et aux textes ciselés. Ses lyrics affirment un engagement de tous les instants. Queen Favie, une artiste aux influences hip-hop, reggae, soul, afro, dub et trap, élève avec elle, les femmes au rang des reines. Elle raconte leurs histoires, leur redonnant courage et espoir, avec une énergie positive qui la caractérise si bien.

Enfin, le groupe mahorais Mwalim Klan se verra confier la mission de clôturer l’événement. Son style se veut original, innovant et authentique, marqué par le reggae et le shigoma. Une formule qui séduit, puisque ceux qui se définissent comme les messagers de Jah ont déjà fait les premières parties d’Alpha Blondy, The Wailers ou encore Tiken Jah Fakoli. Rien que ça…

Violences à Koungou : 28 personnes prises en charge par la cellule psychologique de l’ARS, une première pour Mayotte

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Face à l’intensité des affrontements qui ont provoqué l’incendie de la mairie de Koungou, la préfecture de Mayotte a demandé à l’agence régionale de santé de mettre en place une cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP). Un dispositif inédit pour le département, qui court encore pendant une semaine, grâce aux renforts de La Réunion.

Les blessures ne sont pas toujours physiques. À la suite des violents affrontements qui ont conduit à l’incendie de la mairie de Koungou dans la nuit du 27 au 28 septembre, la préfecture de Mayotte a demandé à l’agence régionale de santé (ARS) de monter au pied levé une cellule d’urgence médico-psychologique. En lien avec le centre hospitalier (CHM) et l’ARS de La Réunion, la CUMP a été mise en place quelques jours plus tard, à partir du 6 octobre, pour apporter un soutien aux victimes de ces violences, une “première” pour le département, a précisé le communiqué de l’ARS.

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C’est en effet une première sur le territoire de Mayotte, et cela n’arrive pas souvent. L’objectif n’est d’ailleurs pas de le faire pour toutes les violences, mais là le préfet a jugé qu’elle était nécessaire au vu de l’intensité des événements”, explique Tanguy Cholin, chef de service adjoint de la veille et sécurité sanitaire à l’ARS de Mayotte, qui chapeaute le dispositif. Une réponse aux nombreuses atteintes portées cette nuit-là et qui ont en effet laissé des stigmates douloureux : “Des personnes ont été menacées de mort, caillassées, parfois séquestrées… Nous avons identifié un certain nombre d’acteurs directement victimes, notamment des bénévoles de la Croix Rouge, des élus et des agents de la mairie de Koungou”, déroule le pilote de l’opération.

Une cinquantaine de victimes potentielles contactées

Pour ces derniers, le choc des événements peut conduire à une détresse psychologique plus ou moins sévère. “Notre but est de prévenir l’apparition d’un stress post-traumatique et surtout son maintien dans le temps”, développe Tanguy Cholin. Troubles du sommeil, de la concentration, crises d’anxiété figurent par exemple parmi les symptômes recensés. Au total, 28 patients ont d’ores-et-déjà été pris en charge entre mercredi et vendredi dernier, et 10 à 20 consultations individuelles sont programmées cette semaine. “Une cinquantaine de personnes avaient été contactées mais n’ont pas voulu consulter, car la question de l’urgence psychologique est toujours difficile à aborder”, rapporte aussi le responsable de la veille sanitaire.

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Pour mettre tout cela sur pied, il a fallu travailler de concert avec le SAMU de Mayotte et surtout celui de La Réunion, qui a fourni un renfort de huit personnels – psychiatres, psychologues et infirmiers -, embarqués au départ de Saint-Pierre Pierrefonds dès le 5 octobre. La semaine dernière, cette première rotation a fait le travail de terrain avec un point de ralliement à la Cité des Métiers de Koungou, en face de La Poste. Objectif : repérer les situations, organiser des prises en charge groupale, et programmer des rendez-vous individuels. Les consultations en privé ont lieu toute cette semaine au CHM, avec une deuxième rotation, pilotée cette fois par une équipe de quatre personnes.

Le nécessaire renfort de La Réunion

À la fin de la semaine, le reste des troupes prendra son vol retour vers La Réunion, “car le but d’une CUMP est d’intervenir en urgence”, insiste Tanguy Cholin. Le dispositif pourrait toutefois être amené à se répéter, la situation sécuritaire de Mayotte n’étant pas franchement en voie d’apaisement… Or, le département manque toujours de personnels, preuve en est de ce renfort spécial venu de l’île Bourbon. “Effectivement, aujourd’hui, le nombre de psychiatres ne permet pas de monter une équipe entièrement dédiée pour ces événements, mais nous avons une organisation au niveau zonale Mayotte/Réunion qui nous permet d’avoir des réponses sanitaires conjointes. Après, l’objectif est notamment de monter une CUMP à Mayotte, via de nouveaux recrutements qui sont en train de se faire”, confie-t-il. Pour assurer le suivi des patients identifiés, la CUMP s’est aussi mise en lien avec d’autres acteurs de terrains, qui seront chargés de prendre la suite après son départ.

Seul bémol du dispositif : étaient spécifiquement exclus de son champ d’intervention les personnes en détresse psychologique en lien avec le fait d’avoir perdu un toit du fait du décasage. Un choix qui peut interroger au vu de la violence symbolique de ces opérations pour les habitants ainsi délogés. “L’objectif de la CUMP n’est pas la prise en charge de ces personnes (…), en revanche elle a fait le lien avec les opérateurs du territoire quand elle le pouvait, et quand la situation s’y prêtait”, confirme le chef de service adjoint. Dans les faits, la CUMP s’est retrouvée avec des demandes de relogement sur les bras…

La fête de la tortue, une vitrine exceptionnelle pour préserver l’animal à carapace à Mayotte

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Samedi dernier, l’ensemble des acteurs mahorais s’engageant dans la préservation de la tortue marine à Mayotte était présents sur le parking Tiyoni à Sada. Une journée festive, culturelle, artisanale et ludique sur le thème de l’emblématique animal à carapace.

Parapluie et bottes en caoutchouc, rien ne pouvait arrêter la deuxième fête de la tortue à Sada ! De retour dans sa commune d’origine, malgré une météo maussade, l’association Oulanga Na Nyamba et ses partenaires accueillaient le grand public au détour de stands. Ateliers de sensibilisation, jeux éducatifs, exposition photo, la tortue était partout. Petits et grands ont pu se prêter au jeu et découvrir les méthodes d’observation, les gestes du quotidien pour préserver leur habitat, mais aussi leur cycle de vie ou encore les différentes espèces qui peuplent le lagon. Financée par le parc naturel marin de Mayotte et soutenue par la ville de Sada et la 3CO, la fête de la tortue a pour objectif de contribuer à la protection du patrimoine naturel mahorais.

Les acteurs de l’île au rendez-vous

Le recteur de l’académie de Mayotte, Gilles Halbout, a salué l’implication de l’association Oulanga Na Nyamba dans la sensibilisation des jeunes de l’île. L’adjointe au maire de Sada chargée de la culture, du patrimoine et du tourisme, Sitti Said, a quant à elle rappelé l’engagement du conseil municipal dans la protection des tortues sur l’île. « L’environnement est un sujet qui nous concerne tous. Nous devons tout mettre en œuvre pour le préserver”, a affirmé l’élue. Sous leurs tentes dressées pour l’occasion, le conseil départemental, le parc naturel marin, l’office de tourisme du Centre-Ouest, les associations RandoClean et Chanfi Terra ainsi que les Naturalistes ont échangé toute la matinée avec les jeunes écoliers des établissements scolaires.

Véritable vitrine des activités mises en place par l’association Oulanga Na Nyamba (ONN), la fête de la tortue s’inscrit également dans le projet “Nia Moja” ou “objectif commun”. Celui-ci vise à former des ambassadeurs de la protection des tortues marines “dans les associations, dans les villages et parmi les acteurs communaux et économiques”, déroule la directrice, Jeanne Wagner. “Depuis 1998, l’association Oulanga Na Nyamba s’engage activement pour la protection de l’environnement, “oulanga”, et en particulier celle des tortues marines, “nyamba”. À l’origine, Oulanga Na Nyamba a été créée pour alerter la population de Mayotte sur la problématique du braconnage des tortues marines. Depuis, et grâce à de nombreuses actions de sensibilisation, nous nous impliquons pour la préservation de l’exceptionnel patrimoine naturel mahorais”, détaillent les représentants de la structure environnementale. Aujourd’hui, l’association et ses partenaires orientent leur travail sur trois axes : la sensibilisation, la protection et la connaissance. Et espèrent ainsi faire changer les mentalités et permettre aux générations futures de jouir des richesses du lagon bleu turquoise.

Le CUFR reçoit deux millions d’euros pour développer son projet X-MEM

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Avec son projet X-MEM, le centre universitaire de formation et de recherche s’apprête à franchir le virage de la transformation numérique en proposant une pédagogie innovante pour que ses étudiants soient encore plus actifs au cours de leurs études supérieures. Grâce à cela, l’établissement réduit encore un peu plus son déficit d’image par rapport aux universités de plein exercice.

« Quand on joue, on gagne assez souvent. » Derrière cette phrase qui peut paraître un tantinet prétentieuse, le recteur Gilles Halbout veut surtout mettre en exergue les talents mahorais pour porter des projets victorieux au niveau national – le quatrième en un an et demi ! – en lien avec la transformation digitale. Le dernier en date se nomme X-MEM (extensible mobile éducation Mayotte) et est à l’initiative du centre universitaire de formation et de recherche. Le seul établissement d’Outre-mer parmi les 17 lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur », dévoilés vendredi dernier par le premier ministre, Jean Castex, en déplacement à Poitiers. « Le territoire répondait aux critères, nous sommes totalement compétents », insiste Fahoullia Mohamadi, la déléguée régionale académique à la recherche et à l’innovation. Rapidement rejointe par le directeur du CUFR, Aurélien Siri. « Ce n’est pas une surprise pour nous d’avoir été retenus. Ces deux dernières années ont montré que nous pouvions rivaliser avec la métropole. »

Une pédagogie innovante sur mobile

Fort de l’engouement suscité pour monter un dossier en béton, le groupe de travail rafle finalement la coquette somme de deux millions d’euros. De quoi permettre de « repenser les supports et la méthodologie », précise Frédéric Théodore, le directeur du centre de ressources informatiques. Cela passera, d’ici deux ou trois semestres, par le développement d’applications et de sites adaptables pour les téléphones. « Durant les confinements, nous nous sommes rendus compte que la moitié des visioconférences était suivie sur mobile. » Dans ces conditions, Aurélien Siri souhaite « rendre plus accessible les ressources et les outils pédagogiques » et « utiliser ce médium pour proposer de la pédagogie innovante ». Le but ? « Poser le même enseignement en présentiel et en distanciel » et ainsi faire face aux blocages intempestifs mais aussi aux grèves des transporteurs qui compliquent l’acheminement des étudiants jusqu’à Dembéni.

Un beau cadeau d’anniversaire

Pour Gilles Halbout, ce nouveau financement démontre encore une fois que « l’enseignement supérieur se développe » dans le 101ème département. « Nous nous dirigeons vers la normalisation ! » Une bien belle manière de célébrer le dixième anniversaire du CUFR prévu ce mardi, dont le chemin parcouru depuis sa création en 2011 reste tout à fait remarquable. « Il existe sur le territoire un terreau favorable à l’émergence de tels projets », se réjouit Aurélien Siri, fier de réduire petit à petit l’écart avec les universités de plein exercice. Alors pour s’assurer de continuer sur cette lancée et de structurer ce projet comme il se doit, le directeur promet le recrutement de forces vives, tels qu’un ingénieur des usages numériques. Fini le complexe d’infériorité : Mayotte joue désormais dans la cours des grands !

Pour le comité Miss Mayotte, « il n’a jamais été question de lingerie fine pour le défilé »

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Le défilé en lingerie qui a eu lieu lors de l’élection Miss Mayotte 2021 fait encore parler de lui. Dans notre numéro du 11 octobre 2021, Klervi Pigeard, la gérante de la marque Sunday, affirmait avoir fait les choses dans les règles en faisant défiler ses modèles dans de la lingerie fine. Un version que réfute Frank Servel, le délégué régional du comité Miss Mayotte.

Flash Infos : Pourquoi avez-vous fait appel à la marque Sunday pour faire un défilé de mode le soir de l’élection ?

Frank Servel : J’avais déjà une première marque qui était partenaire, qui habillait les candidates et je lui avais proposé un défilé de mode. Je souhaitais compléter cela avec une autre marque. On m’a parlé de Sunday parce que l’on m’a dit qu’il s’agissait d’une marque de maillots de bain et de tenues de sport. Elle a d’ailleurs habillé les candidates avec ses tenues de sport. Je lui ai proposé de faire un défilé, mais il n’a jamais été question de lingerie fine, nous n’étions pas au courant. Je n’ai rien à redire sur son show parce que nous voyons qu’il y a eu du travail, mais les tenues qu’elle a présentées ne peuvent pas passer dans le cadre d’une élection de Miss.

FI : Comment Klervi Pigeard a pu faire défiler ses modèles en lingerie le soir de l’élection sans que vous le sachiez ?

F. S. : Je lui ai fait totalement confiance parce que je savais qu’elle faisait des tenues de sports et les maillots de bain. Je n’ai pas vérifié le show qu’elle préparait. Nous avons discuté de tout, de la musique, du temps qui lui était accordé mais à aucun moment, elle ne m’a parlé de lingerie fine. Pour nous, cela a été une surprise totale ! Nous avons découvert cela le soir de l’élection pendant le défilé. La veille, quand nous avons fait la ré-pétition générale, elle a participé mais ses modèles n’étaient pas en tenue. Tout le monde l’a fait avec les tenues qui devaient être portées le soir de la cérémonie sauf Sunday. Il y a eu une erreur, nous aurions dû contrôler, nous ne l’avons pas fait. Mais je peux vous garantir que cela ne se reproduira plus, nous seront désormais très vigilants.

FI : Est-ce que cette erreur peut avoir des conséquences sur le comité Miss Mayotte ?

F. S. : Nous pouvons avoir une sanction de la part du comité Miss France, maintenant je ne sais pas laquelle. Nous attendons de voir… Dans tous les cas, notre intention n’était pas de choquer les Mahorais. Nous avons toujours respecté le public mahorais et je ne veux pas que l’on dise que nous l’avons pas respecté ce soir-là. De notre côté, nous avons entièrement été conformes aux conditions de l’élection régionale. Je n’ai jamais fait de show de lingerie fine à l’élection Miss Mayotte. Même les candidates défilent avec un paréo ou une jupette quand elles sont en maillots de bain. Il n’y a qu’à Mayotte que la société Miss France accepte que les filles fassent cela.

Sadaka, l’association qui veut éduquer les enfants à travers l’art à Mayotte

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L’art, un concept subtil perçu de manière subjective. Si l’on a souvent tendance à se référer à la peinture ou à la musique lorsque l’on parle d’art, il peut être exprimé de différentes manières. C’est dans cette optique que Julia Daka a créée l’association Sadaka. Elle a pour ambition d’éduquer les enfants de Mayotte à travers l’art afin que chacun puisse trouver sa voie.

Développer son côté artistique, créer, partager… C’est ce que veut offrir l’association Sadaka aux milliers d’enfants qui errent dans les rues de l’île aux parfums chaque jour sans réel objectif dans la vie. Sa fondatrice Julia Daka, elle-même Mahoraise, est touchée par le nombre de mineurs isolés à Mayotte et souhaite leur apporter un nouvel espoir en les initiant aux différentes formes d’art. « Nous voulons leur donner accès à l’éducation à travers l’art contemporain. Je ne parle pas que de peinture ou de sculpture, mais je fais également référence au design, à l’architecture, à l’artisanat, à la photographie, la mode et bien d’autres. » Tout cela dans le seul objectif d’offrir à ces enfants défavorisés une chance d’une vie meilleure. « J’aimerais leur ouvrir les portes des métiers auxquels ils n’ont pas accès à Mayotte », précise Julia Daka. Architecte, designer, photographe, artisan, styliste… Tant d’opportunités sont possibles pour ce public qui n’a souvent pas besoin de grand-chose pour y arriver. « Vous n’êtes pas obligé d’avoir un gros diplôme pour faire de l’architecture par exemple, nous pouvons commencer à en faire avec des micros confections, nous le voyons d’ailleurs à Mayotte quand des jeunes construisent les bangas », souligne la fondatrice de Sadaka.

Pour mener à bien tous ces projets, Julia Daka veut travailler avec des artistes de tous bords, origi-naires de Mayotte ou du reste du monde. Elle avait déjà fait un essai en juillet 2021 lorsqu’elle a fait venir des humoristes à Mayotte afin qu’ils initient les enfants à l’écriture d’un sketch. Une initiative qui avait séduit les jeunes participants. « Nous voulons que les enfants aient une nouvelle notion de leur propre identité, qu’ils puissent se découvrir eux-mêmes. Dans l’éducation l’art est aussi important que la lecture, les maths et les autres matières », soutient-elle.

Une résidence d’artistes pour créer et faire briller Mayotte

L’association Sadaka en est à ses débuts, mais sa créatrice a d’ores et déjà de grands projets pour elle. « Je veux monter une résidence d’artistes sur l’île. Je la vois comme un énorme bâtiment où il y aurait plusieurs ateliers, une partie exposition, une autre pour la confection, un workshop. Ce serait un lieu culturel, social et éducatif où les artistes de Mayotte, de l’océan Indien ou du reste du monde pourront travailler avec les enfants », détaille Julia Daka. Ce lieu d’échange et de création sera l’occasion pour les jeunes de Mayotte de découvrir un aspect d’eux qu’ils ignorent peut-être et fera rayonner la culture mahoraise à travers le monde par la même occasion.

Cependant cette résidence d’artistes ne verra pas le jour avant six à sept ans puisque la fondatrice de l’association, qui est aussi architecte, a l’ambition de dessiner elle-même le bâtiment avec d’autres collègues, et un projet d’une telle envergure nécessite beaucoup d’argent. En attendant, les enfants restent la priorité de Julia Daka et elle met petit à petit en place des résidences d’artistes nomades. « Nous nous installerons dans les MJC ou les centres culturels pour une durée de trois semaines, trois fois par an. Et à chaque fois, nous allons faire venir différents artistes et nous traiterons différentes thématiques. » L’association tiendra d’ailleurs sa première résidence nomade du 29 novembre au 21 décembre 2021 à Chirongui. Des photographes et designers de l’Hexagone auront pour mission de faire découvrir leurs professions aux jeunes. « Pour cet évènement, notre thématique est la mémoire des formes. Les artistes ont prévu de travailler avec les archives de l’île, les comptes, les histoires de famille, des portraits de personnes sur le territoire afin de les immortaliser », explique Julia Daka. Tout cela sera possible à condition d’arriver à lever les fonds nécessaires pour mener le projet à terme. Une cagnotte en ligne est disponible pour que chacun puisse faire un petit geste et permettre la réalisation du projet. Cette initiative de Julia Daka et de ses dix autres coéquipiers répartis à travers le monde ne résoudra pas la problématique des mineurs isolés qui sont laissés pour compte à Mayotte, mais elle aura au moins le mérite de leur donner un peu d’espoir… Du moins, le temps d’une session avec les artistes !

Pour aider l’association Sadaka, vous pouvez participer à la cagnotte en ligne en suivant le lien suivant : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/sadaka-art

Le conseil des prud’hommes de Mayotte ouvrira ses portes en janvier 2022 à Kawéni

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Il aura fallu trois ans après l’entrée en vigueur du code du travail en 2018, pour installer la juridiction, censée régler les litiges entre salariés et employeurs. Une mission interministérielle en déplacement à Mayotte la semaine dernière a validé la mise en place du conseil des prud’hommes dès l’année prochaine. Trente candidats doivent être désignés d’ici là.

Enfin ! L’installation tant attendue du futur conseil des prud’hommes de Mayotte aura bien lieu en janvier 2022, mettant fin au long processus d’entrée en application du code du travail dans la 101ème département. Une mission de représentants de la justice, du travail et de l’emploi et des Outre-mer était en déplacement sur le territoire la semaine dernière pour s’assurer que “tous les feux étaient au vert”, a présenté le préfet de Mayotte Thierry Suquet en conférence de presse vendredi.

conseil-prudhommes-mayotte-ouvrira-janvier-2022-kaweniEt ils le sont, d’après leurs conclusions. Le local est ainsi tout trouvé, dans les locaux de la PJJ, à deux pas du tribunal judiciaire de Kawéni. Seuls restent à désigner les 30 conseillers prud’homaux (15 proposés par les organisations salariées, 15 pour les organisations patronales), d’ici à décembre. Trente candidatures ont d’ores-et-déjà été soumises, parmi lesquelles certains actuels assesseurs du tribunal du Travail. Ces nouveaux juges non-professionnels bénéficieront ensuite d’un accompagnement en droit du travail, par le ministère du Travail, d’une formation avec l’École nationale de la magistrature et d’un stage dans un conseil des prud’hommes au national.

Sept ans pour passer au code du travail de droit commun

Nous aurons pris presque sept ans pour accompagner l’application du code du travail”, a retracé Dominique Ledemé, directeur du travail au ministère des Outre-mer qui a justement été chargé du dossier depuis ses débuts. Après la départementalisation en 2011, le passage au code du travail de droit commun au 1er janvier 2018 avait laissé un sentiment d’inachevé avec le report de l’entrée en vigueur du conseil des prud’hommes, remplacé le temps de la transition par un tribunal du Travail. En 2017, les partenaires sociaux avaient d’ailleurs refusé de nommer les assesseurs de cette juridiction, en signe de protestation.

La mission interministérielle est ainsi venue mettre un terme à cette attente, et “parachever l’installation du conseil des prud’hommes après plusieurs déplacements en 2018, 2019, 2020”, a indiqué Thierry Suquet. Le délégué du gouvernement a tenu à préciser que les délais avaient toutefois été respectés au vu des engagements. Et ce, alors que la crise du Covid-19 aurait pu rebattre les cartes. Au niveau national, une ordonnance a ainsi prolongé le mandat des conseillers au plus tard jusqu’au 31 décembre 2022. Se caler sur le rythme de désignation de l’Hexagone aurait pu retarder l’installation du conseil à début 2023. “Mais nous avons insisté pour que cela reste 2022, car dans la transposition du code du travail, il y avait des engagements pris au niveau des partenaires sociaux”, a expliqué Dominique Ledemé.

La mise en place de cette nouvelle juridiction, chargée de régler les conflits individuels entre employeurs et salariés liés au contrat de travail de droit privé, est une étape clé, tant pour l’entrée de Mayotte dans le droit commun, que dans l’histoire des prud’hommes. “Cela fait plus de 50 ans qu’il n’y avait pas eu de création de conseil de prud’hommes !”, a souligné le représentant du ministère. Celui de Mayotte deviendra ainsi le 8ème des Outre-mer, aux côtés de ceux Basse-Terre, Cayenne, Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, Saint-Denis et Saint-Pierre de La Réunion ainsi que Saint-Pierre-et-Miquelon.

Anna Ousseni, la nouvelle Miss Mayotte dans toute sa splendeur

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Elle a été élue le 6 octobre 2021. Âgée de 24 ans, Anna Ousseni succède à Anlia Charifa et de-vient Miss Mayotte 2021. La jeune femme réalise à peine ce qui lui arrive, elle qui vit un rêve éveillé depuis le soir de son élection. Elle est très fière d’avoir ramené la couronne dans son village de Sada, mais elle crée déjà la polémique, certains l’accusant de ne pas être Mahoraise. La lauréate répond à ses détracteurs et nous fait part de ses ambitions pour Mayotte dans cette interview exclusive.

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Flash Infos : Pourquoi vous êtes-vous présentée à l’élection de Miss Mayotte ?

Anna Ousseni :C’est une amie qui m’avait inscrite à Miss Réunion et j’ai fait le choix de représenter Mayotte parce que j’ai fait mon enfance ici et je me sentais plus légitime de représenter cette île. J’avais envie de gagner confiance en moi et de représenter Mayotte.

FI : Lorsque l’on a annoncé votre nom vous n’aviez pas l’air surprise… Étiez-vous certaine de gagner ?

A. O. : Après le passage de mon discours, j’avais confiance en moi parce que les autres candidates avaient bugué alors que j’avais réussi à me reprendre et à mieux répondre. On m’avait dit que le discours était très important et quand je suis passée, je me suis dit « c’est pour moi ». Je n’ai pas montré de réaction parce que j’étais quand-même un peu choquée et je ne savais pas comment réagir.

FI : De quelle manière vous vous êtes préparée pour participer à l’élection ?

A. O. : Je n’ai pas participé forcément pour gagner, mais je me suis dit que je devrais vivre cette aventure ne serait-ce que pour avoir un peu plus confiance en moi et gagner en visibilité. Je ne me suis pas mise de pression, je suis partie dans l’optique de faire des nouvelles rencontres. On m’avait déjà proposée de le faire des années auparavant, j’ai toujours refusé parce que je ne me sentais vraiment pas à l’aise devant la caméra ou devant un public. Je n’avais pas du tout con-fiance en moi. Ma famille m’a beaucoup encouragée, m’a rassurée et j’ai sauté le cap.

FI : Comment se sont passées les deux semaines de préparation avec les candidates et le comité Miss Mayotte ?

A. O. : Il y avait une bonne cohésion entre les filles, j’ai fait de superbes rencontres. Au début, j’avais peur que l’ambiance soit trop compétitive, mais finalement tout s’est très bien passé. Pareil avec le comité. Il y a eu quelques problèmes d’organisation, mais on a su gérer. Et je fonctionne toujours avec l’imprévu donc ça ne m’a pas plus dérangé que ça, je m’adapte.

FI : On reproche souvent aux Miss Mayotte de venir à Mayotte simplement pour se faire élire avant de repartir en métropole ou à La Réunion. Qu’allez-vous faire de votre année de règne ?

A. O. : Je vais rendre mon appartement à La Réunion et rentrer à Mayotte. J’ai plein de projets pour l’île et je veux rester ici. J’aimerais construire une station balnéaire ici. Mais je vais commencer doucement en créant une entreprise d’activités nautiques. C’est ce qui me passionne. J’avais déjà prévu de rester à Mayotte avant même de me présenter à l’élection. C’est ici que je veux développer mon projet professionnelle pour contribuer à la construction de l’île.

FI : La Miss Mayotte 2020, Anlia Charifa, figurait parmi les finalistes lors de la dernière élection de Miss France, pensez-vous pouvoir aller aussi loin ?

A. O. : Sans vouloir paraître prétentieuse, je vise le titre de Miss France ! Ou au moins le top 5. Je ne suis pas encore prête pour l’élection nationale. Je sais que ça demande beaucoup de préparation et il faut que je travaille sur l’éloquence, la culture générale, il y a beaucoup de travail à faire. Mais j’ai quelques points forts, notamment mon sourire et ma sociabilité. En revanche, j’ai aussi un point faible. J’ai du mal à prendre sur moi. Je sais que l’on exige beaucoup des candidates à l’élection de Miss France, alors que je n’ai pas l’habitude de devoir contrôler tous mes moindres faits et gestes. Ça va être difficile de rester toujours calme avec le sourire même si quelque chose me dérange. Je suis quelqu’un de très franc, quand quelque chose ne me plaît pas, je le dis…

FI : À chaque élection son lot de polémiques, cette année on vous reproche vos origines. Certains disent que vous n’êtes pas Mahoraise mais Comorienne. Qu’avez-vous à répondre à ces gens ?

A. O. : Je représente la diversité de Mayotte. La communauté comorienne est aussi présente à Mayotte. Je pense qu’il faut arrêter de vouloir des miss 100% Mahoraise, ce n’est pas possible parce que nous nous sommes tous mélangés. À La Réunion, il y a différentes communautés et tout le monde est libre de se présenter. Je ne comprends pas pourquoi à Mayotte on fait une polémique sur ça. J’invite aussi les Mahoraises à se présenter à l’élection comme j’ai eu le courage de le faire. Il y a des Mahoraises qui ont tous les critères, mais elles ne se lancent pas. Quant à ceux qui disent que je n’ai pas habité ici, que je sors de nulle part, ils ont tort ! J’ai fait ma scolarité à Mayotte, j’ai passé mon bac ici. Ce n’est qu’après que je suis partie à Bordeaux faire mon BTS puis ensuite à La Réunion pour ma licence. Quoi qu’il en soit, il y a des gens qui me soutiennent et qui savent que je suis aussi une fille d’ici.

Cycles épidémiques, plan d’urgence sanitaire, relance économique, vaccination : l’audition de Sébastien Lecornu face au Sénat

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Auditionné le vendredi 8 octobre par la mission commune d’information du Sénat destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu est revenu sur « les cycles épidémiques » dans les territoires ultramarins, sur le réhaussement du plan d’urgence sanitaire, sur les conséquences économiques « moins importantes » qu’en métropole et sur « l’échec » de la vaccination.

« La situation sanitaire est encore très préoccupante. La question du Covid-19 se conjugue toujours au présent dans les Outre-mer. » Auditionné ce vendredi 8 octobre par la mission commune d’information du Sénat destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités, Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, est revenu longuement sur l’évolution de la situation sanitaire dans les territoires ultramarins.

Tout d’abord, il a rappelé le décalage des cycles épidémiques par rapport à la métropole, en raison notamment des climats et des saisons. « Mayotte en est un premier exemple », a-t-il confié en préambule. Pour rappel, le 101ème département a subi une forte vague en début d’année, synonyme de six semaines de confinement. Situation que vit actuellement la Nouvelle-Calédonie, où il se trouvait en septaine au moment de cet entretien. « Ce rythme-là a rendu un stop-and-go, un système d’accordéon, dans la manière de gérer les choses qui a été très difficile à traiter, y compris dans la connexion avec l’Hexagone. » Mais surtout, cette crise « a réveillé les grandes fragilités du système hospitalier ». Qui a contraint l’envoi de pratiquement 8.000 professionnels de santé, dont 4.700 réservistes sanitaires, pour venir prêter mains fortes aux soignants locaux. Sans oublier le concours des armées et de la sécurité civile.

À la question du rapporteur Roger Karoutchi sur le rééquipement des installations sanitaires, Sébastien Lecornu a évoqué le déblocage, « rapidement », de 276 millions d’euros pour la restauration des capacités financières des centres hospitaliers et une enveloppe de 728 millions d’euros dédiée pour les investissements bâtimentaires. Un moyen d’enclencher une « remontada en matière d’offres de soins ». Pas un mot toutefois sur le projet de second hôpital prévu en Grande-Terre ! Parmi les autres promesses énoncées à la suite des prises de parole de Nassimah Dindar et Victoire Jasmin ? La révision du coefficient géographique des hôpitaux d’ici 2023 ainsi que la signature d’une petite dizaine de contrats locaux de santé afin de réduire les inégalités territoriales et sociales de santé.

6 milliards d’euros d’aides pour les Outre-mer

Autre préoccupation et non des moindres : les impacts économiques et sociaux. « Les effets de la crise à court ont été moins importants dans les Outre-mer qu’en métropole », a insisté l’ancien maire de Vernon. Notamment grâce à la « surreprésentation de la dépense publique ». Pour étayer son argumentaire, il a annoncé une baisse du produit intérieur brut comprise entre -3 et -6% dans les territoires ultramarins, contre -8% en Hexagone. Et a détaillé les chiffres de la politique du « quoiqu’il en coûte » : 3.5 milliards d’euros de prêts garantis par l’État, 1 milliard d’euros sur le fonds de solidarité, 830 millions d’euros de report de charges et 650 d’euros millions d’activités partielles. « Certains dispositifs sont encore adaptés à la réalité des économies. » Mais selon lui, cela a permis d’assainir beaucoup de secteurs d’activités – « nous avons fait preuve de discernement » – et d’accélérer certaines priorités, comme le BTP en Guyane, l’assainissement et l’eau potable en Guadeloupe, la transformation agricole à La Réunion et à Mayotte.

Toutefois, le faible taux de vaccination, que Sébastien Lecornu a comparé « en partie » à « un échec », inquiète toujours autant. « C’est un énorme cadenas pour réussir le plan de relance », a-t-il regretté. « En termes de moyens, le compte était là. Je n’ai pas de doute là-dessus. » À ses yeux, il s’agit davantage d’un « problème d’acceptabilité ». Avant de fustiger les fakes news et les discours ambigus : « Ce n’est pas sans enjeu, sans danger… » S’il ne s’est pas forcément montré « optimiste » sur l’évolution de l’épidémie dans les territoires récalcitrants, il a pointé l’importance de la sensibilisation « des élites culturelles, sociales, sportives, religieuses, et politiques » ainsi que « des différents groupes de médiation » pour faire évoluer les mentalités et balayer les doutes. « Nous ne ferons rien avec ceux qui font de la politique sur le dos de la vaccination », a-t-il mis en garde, histoire de renvoyer dans les cordes les détracteurs du gouvernement.

Un jeu de questions-réponses à bâton rompu qui aura duré au total un peu plus d’1h30 ! Si le ministre des Outre-mer a certainement apporté des éléments concrets aux sénateurs qui l’ont interpellé, on peut regretter le silence des parlementaires mahorais, qui ont brillé par leur absence… Dommage.

Saindou Attoumani devient le nouveau président de la société publique locale

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Le conseiller départemental du canton de Ouangani a pris vendredi ses nouvelles fonctions de président de la société publique locale, une structure qui, à Mayotte, a souffert d’une mauvaise réputation, sur laquelle l’homme politique entend tirer définitivement un trait.

Au début, personne ne pariait sur moi”, s’amuse aujourd’hui Saindou Attoumani. Pourtant, à l’été dernier, il devient, pour la première fois, conseiller départemental dans le canton de Ouangani. À l’origine, l’ancien directeur général des services par intérim à la mairie de Kani-Kéli n’était pas le binôme inscrit sur les listes aux côtés de Bibi Chanfi. Mais lorsque son partenaire initial se retire de la course à la présidence pour des raisons de santé, Saindou Attoumani décide de franchir le cap et se présente.

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Je n’avais jamais été élu jusqu’alors, mais j’ai toujours travaillé avec les mandatures municipales, je connais les rouages, l’administration, la population, alors je me suis dit que j’avais une expérience à apporter.” Un coup de poker gagnant pour l’homme issu du parti sortant lors des dernières municipales.

Désormais, et depuis ce vendredi 8 octobre, c’est un tout nouveau rôle qui lui est confié, en plus de ses fonctions politiques, puisque Saindou Attoumani vient d’être nommé président de la société publique locale, mieux connue sous le nom de SPL976, une structure juridique à disposition des collectivités – ses actionnaires – pour la gestion de leurs services publics . Une casquette supplémentaire qui lui permettra de mettre à profit ses dix années d’expérience en tant qu’économiste et sa formation technique dans le secteur du BTS.

1.5 million d’euros de dépenses

La tâche pourrait sembler délicate, tant l’image de la SPL a été entachée ces dernières années. En 2017, la cour des comptes épinglait les finances de la société publique locale, en constatant 1.5 million d’euros de dépense sur les fonds publics, dont 71% pour des charges de personnel alors qu’aucun chiffre d’affaires n’était alors réalisé. Plus récemment, en 2020, le tribunal administratif condamnait Daniel Zaïdani, ancien directeur général de la structure, à trois mois de prison avec sursis pour des faits d’atteinte à l’égalité des marchés publics.

Mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts et “les gens ne connaissent pas la situation actuelle de la SPL”, regrette Saindou Attoumani. Alors que la présidence précédente devait liquider la structure, elle réussit finalement à la sauver in extremis en négociant avec l’ancien président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, un accord cadre permettant de relancer ses activités.

Depuis, les projets pleuvent. Après la rénovation des anciens bureaux de la SIM, la SPL planche aujourd’hui sur le plateau couvert de M’Tsangamouji et celui de Chiconi, dont le démarrage des travaux est prévu pour l’année prochaine. Désormais, le nouveau président de la société pour les six années à venir entend accélérer le lancement de plusieurs chantiers “qui ne nécessitent pas d’études trop longues”, et cite en exemple les centres médico-sociaux de Dzoumogné, Koungou, Labattoir et Chirongui. Une politique qui fait déjà des adeptes : “Une ouverture d’actionnariat a été initiée par l’ancienne équipe et la commune de M’Tsamboro vient de délibérer pour intégrer la structure”, applaudit Saindou Attoumani. “Je vais tout faire pour intégrer l’interco’ centre ouest (3CO) et d’autres communes.” De quoi tirer un trait sur le passé tumultueux de la structure.

Sunday, la marque de lingerie qui fait le buzz depuis le soir de l’élection Miss Mayotte 2021, sort de son silence

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La soirée de l’élection de Miss Mayotte 2021 a été haute en couleurs. Le couronne-ment d’Anna Ousseni n’est pas le seul événement qui a marqué les esprits. Le défilé de mode de la marque Sunday a surpris les téléspectateurs et le public présent. Des femmes ont défilé en petite lingerie sur le podium ce soir-là, créant immédiatement la polémique.

sunday-marque-lingerie-buzz-election-miss-mayotte-2021Incompréhension, surprise, et parfois même indignation… C’est ce que suscite le défilé de lingerie de la marque Sunday lors de l’élection Miss Mayotte. On a pu voir des femmes en petite culotte, en soutien-gorge ou encore en body échancré marcher fièrement sur le catwalk. Il n’en fallait pas plus pour enflammer la toile. Les commentaires sur les réseaux sociaux se sont multipliés, mais tous ne sont pas négatifs. Certains soutiennent l’initiative de Klervi Pigeard, la gérante de Sunday, voyant là une ode à la liberté de la femme. En l’espace de quelques minutes, le buzz était lancé, pour le plus grand étonne-ment de Klervi Pigeard. « Le but recherché était de faire un show artistique qui représente les femmes de l’océan Indien. Je ne m’attendais pas à la polémique, mais je fais avec », se défend-t-elle.

Le comité Miss Mayotte, gênée par l’ampleur de la polémique, n’a pas souhaité faire de commentaire à ce sujet, mais de son côté, la représentante de la marque ne comprend pas cette réaction puisque tout aurait été fait dans les règles. « C’est l’organisation Miss Mayotte qui m’a contactée et m’a demandée de faire un show de lingerie. Ils savaient que je faisais de la lingerie, je n’allais pas faire défiler les filles en chaussons ! » Des filles qui n’étaient pas candidates au concours de beauté comme cela a été affirmé. Il s’agit de modèles qui travaillent avec Klervi Pigeard depuis le début.

« Le body qui fait la polémique est le must de ma collection »

La gérante de la marque Sunday ne s’attendait pas à faire autant de bruit puisque les tenues qui ont choqué la sensibilité de certains sont les plus convoitées par la gente féminine mahoraise. « Je ne pensais pas que l’on allait s’arrêter sur un body. Le body qui fait la polémique est le must de ma collection et je l’ai vendu à des Mahoraises », affirme la représentante de la marque. Accusée de ne pas respecter les mœurs mahoraises, Klervi Pigeard tient un tout autre discours. « Cela fait quatre ans que je suis à Mayotte, 18 ans que je suis en couple avec un Mahorais. Je baigne dans la culture mahoraise depuis tout ce temps. J’en connais les coutumes et les traditions et j’en prends compte » précise-t-elle.

Et si certains se consolent en pensant que les femmes qui ont défilé ne sont pas Mahoraises, ils ont tort. « Les filles qui ont défilé sont d’ici, ce sont des Mahoraises. Il y a aussi celles qui viennent des pays de la région comme Madagascar, et Maurice et toutes sont heureuses d’avoir participé à l’évènement. Elles assument ce qu’elles ont fait », soutient Klervi Pigeard. Cette dernière assume également son défilé de lingerie. « Si c’était à re-faire, je referais la même chose, mais je ne pense pas que le comité Miss Mayotte voudra encore de moi. »

100 millions d’euros pour « verdir » la communauté de communes de Petite-Terre

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Le président de la communauté de communes de Petite-Terre, Said Omar Oili, et le préfet, Thierry Suquet, ont signé ce jeudi 7 octobre le protocole d’engagement du contrat de relance et de transition écologique d’un montant de 100 millions d’euros. Composé de 49 actions dites « matures », ce programme s’inscrit pour les six prochaines années dans une logique de développement durable.

100 millions d’euros pour l’aménagement du territoire. Telle est l’essence même du contrat de relance et de transition écologique, dont le protocole d’engagement a été paraphé ce jeudi 7 octobre par le préfet, Thierry Suquet, et le président de la communauté de communes de Petite-Terre, Said Omar Oili. Une date à marquer d’une pierre blanche à entendre les deux protagonistes.

100-millions-euros-verdir-communaute-communes-petite-terreAu total, pas moins de 49 actions dites « matures » doivent se concrétiser d’ici 2026. Parmi les chantiers d’envergure : l’installation de l’éclairage public et du réseau de fibre optique, la revitalisation du quartier de La Vigie, la mise en place d’un système de vidéosurveillance, l’extension de la mairie de Dzaoudzi-Labattoir, la réalisation d’une halle à marée, la construction d’un quai de débarquement et d’une médiathèque, la création de l’éco-parc des Badamiers et d’un office de tourisme, l’aménagement du sentier des cratères, la réhabilitation de la piste d’accès à Moya, etc. D’autres projets, tels que la création de deux lignes de bus entre la gare maritime et l’aéroport ainsi que d’un pôle d’échange multimodal, viendront probablement se greffer au contrat dans les années à venir sous la forme d’avenants.

Trois axes stratégiques

Une démarche ambitieuse qui s’articule autour de trois axes stratégiques : offrir tous les services de base compatibles avec le statut d’un département français ; favoriser la création d’emploi au travers d’un développement économique raisonné et respectueux de l’environnement : garantir un cadre de vie harmonieux. « À son échelle, la communauté de communes de Petite-Terre est prête à relever ce défi et à mobiliser toute son énergie pour y parvenir », assure le maire de Dzaoudzi-Labattoir. « J’ai en tout cas la conviction profonde qu’avec le contrat de relance et de transition écologique, nous pourrons durablement transformer Petite-Terre pour en faire la pépite de Mayotte sur la période contractuelle de six ans qui s’ouvre. »

Une vision « stratégique » partagée par le délégué du gouvernement. Si les grandes orientations restent encore à finaliser d’ici la signature officielle prévue en décembre prochain, Thierry Suquet se réjouit de cette grande première dans le 101ème département. « Nous allons mettre en œuvre un programme qui a pour objectif de s’inscrire dans une logique de développement durable, avec des équipements compatibles avec la préservation de l’environnement et de la biodiversité, et qui traite du problème du réchauffement climatique et de l’érosion du littoral. »

Avec une telle manne financière, Said Omar Oili peut rêver grand : « Une opportunité et une chance pour rattraper notre retard. » De son côté, le préfet espère donner des idées aux autres collectivités ! « Je pense que l’exemple donné aujourd’hui par Petite-Terre sera suivi rapidement par d’autres [intercommunalités] avec qui nous avons déjà engagé le travail. » Ce n’est pas tous les jours qu’un tel chèque tombe du ciel…

Lycée de Kahani : les personnels lessivés à la veille des vacances demandent plus de moyens

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Deux semaines après les affrontements du 24 septembre, une quarantaine d’enseignants ont mis fin à leur droit de retrait, avec plusieurs propositions sur la table. Mais face à cette violence devenue presque quotidienne devant et dans le lycée, certains semblent prêts à jeter l’éponge.

Jeudi, 9h. Devant le portail du lycée de Kahani, un petit groupe d’employés s’échange les dernières informations avant de retourner au boulot. La veille, une nouvelle agression a eu lieu à quelques mètres de là, qui aurait pu une fois de plus tourner au vinaigre. “L’élève était juste allé s’abriter sous le faré parce qu’il pleuvait. Des jeunes sont venus le racketter, et il ne voulait pas, alors il a couru vers le lycée”, rapporte une membre du personnel. Armé d’un chumbo, l’un de ses agresseurs le poursuit jusqu’aux portes. Seule l’intervention courageuse d’un EMS aura permis d’éviter un drame. “Il a pris une chaise et il lui a dit “vas-y, viens” et le jeune a finalement pris la fuite”, poursuit la femme, visiblement lassée par ces scènes devenues quasi quotidiennes. “L’AED (assistante d’éducation) qui était là, elle vient d’arriver et elle veut déjà partir”, soupire-t-elle.

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Cette fois-ci, l’assaillant a pu être repoussé. Mais tous gardent en mémoire cette journée harassante du vendredi 24 septembre, où les attaques sporadiques se sont enchaînées du matin à la nuit tombée. Jusqu’à se propager au sein même du lycée, à en croire certains témoignages. “Je vois un jeune sur le hub avec une pierre dans la main, qui finalement la range dans sa poche et rentre dans le lycée. Je le course, pour me rendre compte que c’est un élève de Terminale, que j’ai eu deux ans plus tôt dans ma classe”, raconte par exemple Jérémie Saiseau, professeur de Français et secrétaire CGT.

“Ce qui arrivait sporadiquement en 2016 est devenu régulier”

Et ce n’est pas le seul exemple du genre. Dans un communiqué de presse à l’issue de l’assemblée générale du 4 octobre faisant suite aux événements, un collectif rapporte l’attaque d’un collègue au sein même de sa classe, cible de jets de cailloux par l’un de ses propres élèves… Un incident peut-être anecdotique mais qui étonne ces enseignants, habitués par le passé au calme et au respect au moins au sein des classes. “Une horde a essayé d’envahir la salle des profs, où trois collègues étaient enfermés. Je suis partie avertir les forces de l’ordre, qui m’ont dit qu’elles ne pouvaient pas entrer dans le lycée”, relate encore une autre enseignante, sous couvert d’anonymat. Contacté, le recteur assure donner son autorisation pour intervenir dans ce genre de situations.

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Les rivalités intervillages qui mettent à feu et à sang la commune de Tsingoni ne sont d’ailleurs pas pour rien dans ces affrontements. Car l’établissement accueille notamment des élèves de Miréréni et Combani… “On m’a dit que Kahani s’était allié à Miréréni contre Combani, donc ils cherchaient les jeunes de Combani”, expose la fonctionnaire de l’Éducation nationale. “J’étais enfermée dans une salle avec des élèves et j’ai vu des gamins avec des masques de carnaval sur la tête, des chumbos, des tessons de bouteille et un sabre s’avancer dans la rue”, poursuit l’enseignante titulaire, qui souhaite désormais quitter Mayotte face à cette violence devenue chronique. “Ce qui arrivait sporadiquement en 2016 est devenu régulier”, assure-t-elle.

Huit jours de retrait pour les enseignants

Face à ce nouveau déferlement de violences, le rectorat a bien réagi en décrétant la fermeture administrative du lycée pendant deux jours, avant une réouverture progressive des classes la semaine suivante. Trop peu, ont jugé certains enseignants traumatisés par cet énième caillassage. Une quarantaine a donc décidé d’entamer dès le mardi 28 septembre, jour de la réouverture, un droit de retrait qui s’est poursuivi pendant huit jours, pour dénoncer ce qu’ils qualifient de “danger grave et permanent”.

Dans leur viseur, notamment : les travaux répartis ça et là dans l’enceinte. “Il y a au moins quatre chantiers simultanés entre le bâtiment administratif, la salle des profs… Sans aucune sécurité”, liste ainsi Jérémie Saiseau. Bang ! Comme pour lui donner raison, un ballon vient s’exploser sur une maisonnette en chantier à côté du plateau sportif. L’alerte ayant été donnée dans le cadre du droit de retrait, une enquête a été menée, ramenant visiblement un peu d’ordre. “Là par exemple, il y avait un tas de déchets en tous genres, ça a été débarrassé. Ah tiens, ils ont aussi coupé des barres de fer qui dépassaient du mur”, décrit le représentant syndical au gré de ses déambulations. À ce sujet, le rectorat confirme bien une part de responsabilité, que les conclusions du CHSCT ont mises en lumière. “Sur la question des travaux, nous n’avons pas été assez vigilants, c’est vrai, il y avait des outils qui traînaient. Nous allons profiter de la reprise pour faire un rappel à l’ordre”, concède Gilles Halbout.

Un ratio adultes/jeunes déséquilibré

Mais ce ne sont pas là les seules demandes du collectif d’enseignants. Pour beaucoup, il faut prendre le problème à la racine, à savoir le manque de personnels face à des effectifs croissants. “Il y a un truc que je ne comprends pas : on sait que Kahani est l’un des lycées les plus problématiques de l’île, et pourtant on a rajouté cette année des classes de redoublants !”, pointe du doigt un contractuel, qui n’a lui pas choisi de se mettre en droit de retrait. En tout, ce sont quelque 250 élèves supplémentaires que l’établissement a reçu pour cette rentrée. De quoi déséquilibrer encore un peu plus les rapports de force. “En métropole, ils ont un AED pour 89 élèves, nous maintenant on doit être à un pour 160”, souffle Jérémie Saiseau. Des recrutements difficiles à opérer dans la mesure où les créations de ces postes de surveillants sont gelées, même au national. Le rectorat s’est donc engagé à recruter deux CPE adjoints. “C’est une manière de reconnaître les plus impliqués en leur proposant un poste en CDI, et par un jeu de chaise musicale, de recruter de nouveaux AED”, défend le responsable d’académie. “Par ailleurs, nous sommes passés de 240 PEC (parcours emploi compétences) et services civiques l’année dernière à plus de 400 cette rentrée, ce sont autant de renforts qui vont être visibles”, ajoute-t-il.

Lors de la semaine de retrait, quatre groupes de travail initiés à l’occasion des assemblées générales ont permis de faire émerger bien d’autres propositions, sur la sécurité, le lien avec les parents d’élèves, ou encore la place des élèves. “Il faut qu’il y ait une vie à l’intérieur du lycée. Il y a juste un CDI mais qui ne peut absolument pas accueillir tout le monde. On essaie d’impulser notamment une maison des lycéens. Il faudrait aussi une salle pour que les jeunes puissent faire de la musique”, suggère pêle-mêle un professeur, qui a participé à deux de ces ateliers de réflexion. “Il faut que le lycée vive et respire. Là ça ne vit pas, ça ne respire pas”, conclut-il.

Quand préservation de l’environnement rime avec éducation au lycée de Sada

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Entre janvier et juin 2021, les élèves de la Seconde Parcours du lycée de Sada ont réalisé un magazine intitulé “La pollution et la protection du lagon”. Un projet encadré par deux professeurs, Yann Legal et Ahmadou Fall. Au-delà de l’intérêt pédagogique, cette aventure a surtout été un moteur de sensibilisation.

Ne pas polluer ? Mais pourquoi donc ? C’est ce qu’ont cherché à comprendre les élèves de la classe de Seconde Parcours 2020-2021 du lycée de Sada. Pendant six mois, ils ont travaillé quatre heures par semaine à l’élaboration d’un journal environnemental afin de sensibiliser leurs lecteurs à la préservation de la faune et de la flore de Mayotte. Abordant tour à tour les thématiques de la pollution, des déchets plastiques, de la mangrove, des coraux ou encore des espèces qui peuplent le lagon. En une vingtaine de pages, ils ont pointé du doigt les problématiques et les enjeux auxquels sont soumis les espaces naturels mahorais. Aujourd’hui, le magazine tiré à cinquante exemplaires trône dans la bibliothèque de ses auteurs et sert également d’outils de travail à des enseignants de l’établissement scolaire.

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Une porte ouverte sur la connaissance

preservation-environnement-education-lycee-sadaTrès fier de ce projet, Ahmadou Fall revient sur les domaines dans lesquels les étudiants ont travaillé. “Les élèves de Seconde Parcours ont des difficultés sur le plan scolaire. Les amener à réaliser un travail de recherche documentaire et d’écriture a été un réel défi qu’ils ont relevé avec brio« , se réjouit le professeur documentaliste. Après avoir choisi la thématique de ce magazine avec son collègue de lettres, Yann Legal, ils ont laissé aux élèves le libre choix des titres et sous-titres du projet. Ils ont alors décidé de traiter deux termes diamétralement opposés “pollution” et “protection”. C’est ainsi que le journal est né.

En binôme, les élèves ont commencé leur enquête sur Internet. Chercher une information, vérifier ses sources, dénicher des images d’illustration puis mettre en page leurs articles… Les jeunes sont devenus de véritables journalistes en herbe ! “Notre objectif premier était de les sensibiliser, de leur apporter des connaissances et de leur faire prendre conscience des problématiques environnementales. Par la suite, ils ont appris à produire un travail de qualité tant dans la recherche d’informations que dans la qualité de leur expression écrite, mais aussi dans le respect de la propriété intellectuelle”, détaille Ahmadou Fall.

Susciter des vocations

Au détour de ce projet, les professeurs se sont rendu compte avec beaucoup de tristesse que la plupart de leurs élèves ne connaissaient pas ou peu le lagon. Impossible alors pour eux de penser aux conséquences que pouvait avoir leur comportement du quotidien sur cet écosystème fragile… “Nous leur avons expliqué qu’en jetant leurs déchets n’importe où, ceux-ci se retrouvaient directement dans l’estomac des poissons qu’ils consommaient”, précise le professeur documentaliste. À la fin de ce projet, les élèves ont assuré avoir modifié leur comportement et prennent aujourd’hui plaisir à se documenter sur le sujet. Au CDI du lycée, ils empruntent et lisent avec envie les ouvrages traitant de l’environnement à Mayotte. Et pour certains, la vocation que le projet a suscitée est toute autre, ils envisagent d’apprendre à nager pour aller découvrir de leurs propres yeux les richesses du plus beau lagon du monde.

Julia Daka, un modèle mahorais aux multiples facettes

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Mannequin, architecte, philanthrope… Du haut de ses 27 ans, Julia Daka a déjà plusieurs cordes à son arc. Cette Mahoraise a déjà commencé à conquérir le monde et elle n’est pas prête de s’arrêter de si tôt. Il y a quelques jours, elle est devenue la première mannequin mahoraise à défiler à la Fashion Week de Paris, un événement convoité par les plus grands top models du monde.

La Fashion Week, elle en rêvait, elle l’a fait ! Julia Daka ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’elle évoque ce moment crucial dans sa vie de mannequin. « C’était la première fois que je défilais pour un show aussi prestigieux », affirme-t-elle. Julia Daka a défilé pour la marque Ester Manas et depuis, ses photos font le tour des grands magazines de mode. « Tout le monde m’en parle, c’est complètement dingue ! », lance-t-elle encore ébahie. Si aujourd’hui, elle a réussi à accomplir cet exploit qui est le Graal pour tous les mannequins, c’est grâce au travail qu’elle a fourni durant plusieurs années.

julia-daka-modele-mahorais-multiples-facettesNée à Mayotte, Julia Daka a grandi à La Réunion dès l’âge de cinq ans. Elle a vécu quelques années dans un bidonville du Port avant de déménager dans un HLM avec sa grand-mère et ses nombreux cousins. Après son bac, elle décide de se lancer dans le mannequinat « parce que je ne savais pas quoi faire », admet-elle. Elle participe à des concours et finit par être repérée par la photographe russe installée à La Réunion Elena Iv-Skaya. « Elle m’a photographiée et j’ai partagé les photos sur mes réseaux sociaux. Elles ont ensuite fait le tour du monde. Le magazine New African Woman tombe dessus et les prend pour faire la double couverture de son numéro pour l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni », raconte Julia Daka. L’ascension continue alors pour la Mahoraise qui veut aller toujours plus loin.

Le modèle pose pour plusieurs enseignes, notamment pour la célèbre marque de lingerie Valege. Elle fait également des photos nue et assume complètement son choix. « Je suis la seule qui peut décider pour moi. Ma mère était choquée au début, mais je ne lui ai pas laissé le choix, elle a fini par accepter et aujourd’hui, elle est fière de moi », témoigne la professionnelle. Consciente du poids des traditions mahoraises et de l’Islam, Julia Daka prône une libération des mœurs. « Je respecte beaucoup ma culture et ma religion. Je suis toujours musulmane, je fais encore le ramadan et les douas (prières), mais je reste un individu à part entière qui essaye de se faire une place dans un monde de fous. Il faut briser tout cela, et faire évoluer nos traditions. Soyons femme dans notre entièreté ! » À 27 ans, la carrière de mannequin de Julia Daka a encore de longues années devant elle puisque la Fashion Week de Paris lui a ouvert de nouvelles portes.

L’architecture, son premier amour

Le mannequinat n’est pas la seule passion et profession de Julia. En réalité, son premier amour est l’architecture. Diplômée de l’Institut supérieur des arts appliqués (LISAA), une école privée parisienne, elle exerce aujourd’hui en tant qu’architecte designer. Et si la jeune femme est heureuse et fière de son accomplissement, tout n’a pas été toujours rose pour elle. Très tôt, la petite fille qu’elle était manifeste une rage que personne n’arrive à expliquer, pas même elle. « Je n’avais pas de bonnes notes à l’école, j’étais une élève turbulente », se souvient-elle. Ses enseignants ne lui prédisent pas un avenir brillant, mais la rencontre avec sa professeure d’arts plastiques vient changer le cours des événements. « Elle m’a offert un livre d’architecture et j’en suis tombée amoureuse. À 13 ans, j’ai su que je voulais être architecte », confie Julia Daka. Les années passent et les péripéties continuent.
La jeune adulte qu’elle était toque aux portes du conseil départemental de Mayotte pour financer ses études pendant quatre ans, la cinquième lui a été offerte par son école. Après un stage au sein du groupe de design suisse Big Game, et l’obtention de son diplôme, Julia Daka est désormais une architecte qui a soif de mettre son esprit créatif au service des autres. « J’ai envie de créer des espaces où les gens se sentent bien et pour cela, je veux installer mon propre studio. Il sera basé à Paris, mais je veux et je peux travailler avec des clients à Mayotte », assure-t-elle. Et comme ci cela ne suffisait pas, Julia Daka a créé il y a un an son association Sadaka pour permettre aux milliers d’enfants qui sont sans famille à Mayotte ou qui se cherchent encore, d’avoir accès à l’éducation à travers l’art. Elle veut leur donner un peu d’espoir et peut-être déclencher une passion qui les sauvera de la rue, comme cela a été le cas pour elle.

La ville de Mamoudzou et l’Adie unies pour régulariser les commerçants informels

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Il y a un an, le maire Ambdilwahedou Soumaila sortait un arrêté interdisant aux vendeurs à la sauvette de squatter le centre-ville de Mamoudzou. La commune semble déterminée à continuer son combat contre l’économie informelle puisqu’elle a signé ce mercredi à l’Hôtel de ville une convention avec l’association pour le droit à l’initiative économique (Adie) afin de régulariser les commerçants qui sont encore dans l’illégalité et qui vendent aux bords des routes.

Ils ne passent pas inaperçus, ces commerçants qui étalent leurs produits à même le sol aux bords des routes de Mamoudzou. De Tsoundzou à Kaweni, chacun a pris ses marques, depuis des années pour certains. Mais pour le maire de la commune chef-lieu, il est temps de redorer l’image de Mamoudzou et pour cela, les vendeurs ambulants doivent disparaître du paysage. Cependant, la ville refuse de faire les choses brusquement et joue la carte de la pédagogie. « Nous ne voulons pas virer les gens du jour au lendemain sans leur proposer d’alternatives », assure Munia Dinouraini, l’adjointe d’Ambdilwahedou Soumaïla en charge du développement économique, des marchés et foires et de l’occupation du domaine public.

ville-mamoudzou-adie-unies-regulariser-commercants-informelsL’alternative commence par la régularisation de ces personnes qui travaillent dans l’illégalité à travers un partenariat avec l’association pour le droit à l’initiative économique (Adie). « La signature de cette convention marque une phase expérimentale qui va courir jusqu’à fin décembre. Plusieurs villages de la commune de Mamoudzou son ciblés, tels que Tsoundzou 1 et 2, Passamaïnty, Doujani, Cavani et M’tsapéré », cite la benjamine du conseil municipal. Lancé par l’Adie en 2020, le dispositif « Tremplin » devra aider ces vendeurs à formaliser leur situation dans le but de créer leurs entreprises. Ceux qui entreront dans les normes pourront ensuite vendre dans les marchés paysans qui seront organisés par la ville. « Il y en aura dans quatre villages de Mamoudzou, à Cavani, à Tsoundzou, à Passamaïnty et à Vahibé. Nous devons les sensibiliser et les inciter à intégrer ces lieux où ils pourront vendre en toute sécurité », indique Munia Dinouraini. Tout cela en attendant le grand marché couvert de M’tsapéré prévu pour 2023, dans le meilleur des cas.

La difficile régularisation des vendeurs ambulants

Malgré la bonne volonté de la commune de Mamoudzou et de l’Adie, les contraintes sont nombreuses. La commune a entamé un processus d’identification des vendeurs ambulants… Si pour l’instant, environ 300 ont été identifiés, tous ne peuvent prétendre à la création de leur entreprise. « Selon l’Insee, sur l’ensemble des entreprises informelles à Mayotte, trois quarts des personnes sont de nationalité étrangère. Parmi eux, la moitié serait en situation régulière », rappelle Martin Khuu, conseiller à l’Adie. Toutefois, l’absence de chiffres précis pour le territoire communal de Mamoudzou complique un peu plus la donne. La ville choisit donc pour l’instant de fermer les yeux sur ces hommes et femmes en situation irrégulière qui vendent dans le chef-lieu et préfère se concentrer sur ceux qui ont la nationalité française ou au moins un titre de séjour leur permettant de travailler.

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Mais même pour eux, la tâche n’est pas aussi facile… « Souvent, les personnes ont une méconnaissance totale des démarches à suivre pour créer leur entreprise, pourtant ce n’est pas si compliqué », assure Ségolène Thomas, la directrice territoriale de l’Adie à Mayotte. Une simple carte de séjour suffit ! Encore faut-il que les vendeurs aient un numéro de sécurité sociale ou un compte bancaire, ce qui n’est pas toujours le cas. « Nous avons les outils qui permettent de faciliter la création d’entreprise. Il faut lever les freins administratifs en nous appuyant sur les acteurs compétents : la CSSM, le service des impôts, l’URSSAF », poursuit la directrice de l’Adie. De plus, durant les deux premières années, les entreprises sont exonérées de cotisations sociales, un critère non négligeable pour tout entrepreneur. Si la phase expérimentale de la ville de Mamoudzou et de l’Adie porte ses fruits, elle viendra augmenter les statistiques qui indiquent la création de plus de 1.000 entreprises en 2020 et ce malgré la crise sanitaire.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes