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Violente agression du réceptionniste de l’hôtel Sakouli en 2016 : six ans ferme pour trois prévenus

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Ils avaient violemment menacé et séquestré un employé de l’établissement lors d’un vol en 2016. Trois des prévenus ont écopé de peines de six ans de prison ferme. Un quatrième, évaporé, a pris sept ans avec mandat d’arrêt.

Dans la bande, il y a Bandumuni, les épaules voûtées sous son t-shirt vert. L’Infirmier, avec ses bras massifs résolument croisés et son air revêche. Et un troisième, que l’on nommera ici “17”, pour le numéro floqué sur son maillot de foot aux couleurs du FC Barcelone. Absents à l’audience, deux autres prévenus se sont évaporés dans la nature : l’un a disparu quand son contrôle judiciaire a pris le relai de la détention provisoire, l’autre n’a jamais été retrouvé…

Ce mercredi, ces cinq individus étaient renvoyés devant le tribunal correctionnel, pour répondre d’une violente attaque à l’hôtel Sakouli en 2016. On leur reproche notamment des faits de vol avec violence en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail de cinq jours, et de séquestration avec libération volontaire. Leur victime : le réceptionniste de l’établissement, entre autres, lequel s’est constitué partie civile pour ce procès.

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Un épisode traumatisant pour l’employé

Pour cause, c’est en effet une vraie nuit d’angoisse que l’employé aura vécu ce 16 juin 2016 à Bandrélé. Il est aux alentours de minuit quand il aperçoit deux silhouettes qui se rapprochent de l’hôtel. Comprenant leurs intentions, l’homme court en direction du bungalow du directeur pour l’avertir. “J’ai crié”, se souvient-il à la barre, dans un témoignage à peine audible, qu’il entrecoupe de silences encore chargés d’émotion. Après cette nuit-là, qui a ravivé des épisodes de violence de son enfance, le réceptionniste a perdu le sommeil pendant deux ans, et ne peut plus exercer son métier à cause de son traumatisme.

Arrivé sur le parking, il est rattrapé par ses agresseurs. L’un pose un couteau sous sa gorge, et l’emmène vers la piscine. Et là, horreur ! Ce ne sont pas deux, mais au moins huit voleurs que l’agent d’accueil a devant lui, occupés à fouiller les lieux. Sous la menace, son téléphone déjà entre leurs mains, il est contraint de leur indiquer où se trouvent les objets de valeur et l’argent, avant d’être ligoté. L’équipe peut alors tranquillement poursuivre son méfait. Avec un joli butin à la clé : un ordinateur, des enceintes, de l’argent – 4.100 euros en numéraire, d’après les comptes de la directrice de l’hôtel le lendemain -, une caisse, et les clés d’un scooter et d’une voiture Peugeot. C’est dans cette voiture qu’ils fileront, en embarquant à bord leur victime, encore ligotée. Avant que l’un d’eux finisse par la relâcher aux abords de l’antenne en forme de palmier.

“Des faits criminels”

Malgré ces faits d’une extrême gravité, les juges se retrouvent face à un mur obstiné de mensonges et de déni. “Ce sont des faits de vol avec arme, correctionnalisés en opportunité, mais ce sont des faits criminels”, insiste d’ailleurs la procureure dans son réquisitoire. “Au moment où j’étais en garde à vue, on me mettait sous pression, même si je disais la vérité, il me disait qu’il allait me taser, mais il y a des faits dans ce que vous avez dit que je n’ai pas commis”, soutient mordicus Bandumuni, pourtant confondu par son ADN et ses empreintes retrouvées dans la voiture.

Le prévenu n’aura de cesse de revenir sur ses déclarations pendant sa garde à vue, comme pendant l’instruction. Poussant même la magistrate du parquet à intervenir une fois de manière intempestive, visiblement agacée : “Mais c’est vous, qui avez dit que vous étiez le chauffeur !” Même attitude pour ses comparses, qui iront jusqu’à imaginer la présence d’une autre bande sur les lieux avant eux. “J’ai dit qu’il était là, mais en détention, je me suis rendu compte qu’il n’était pas là”, marmonne le numéro 17 en désignant L’Infirmier. “Le gardien, je ne sais pas, je l’ai pas vu, après je ne sais pas s’il s’est passé des choses avant qu’on arrive sur les lieux.” Clou du spectacle avec L’Infirmier : “Il y a une personne qui ment dans ces faits-là, soit c’est les gendarmes, soit c’est la justice.” “Mais pas vous ?”, raille la présidente.

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Un “Jamel Comedy Club

Cet entêtement fada serait presque comique s’il ne s’agissait de faits aussi graves. “Ces gens-là jouent bien leur rôle de comiques, on les voit bien jouer dans un Jamel Comedy Club”, salue ainsi, ironique, l’avocat de la partie civile Maître Abdel Latuf Ibrahim. Mais le conseil du réceptionniste n’est pas dupe. “Ils se présentent comme des gens simples qui n’ont jamais rien fait alors qu’ils ont été défendus par la plupart des avocats de Mayotte, moi-même j’en ai défendus pour certains des autres faits que vous avez exposés, et ce ne sont pas des enfants de chœur », dénonce-t-il. Passés en 2017 devant la cour d’Assises pour mineurs, les trois gaillards écoulent des peines pour des faits criminels, notamment de vol en bande organisée, prise d’otage, ou encore agression sexuelle.

Face à leur personnalité “à tendance psychopathique”, et leur acharnement à ne pas se remettre en question, le parquet requiert six ans de prison pour les trois prévenus présents, des mandats d’arrêt pour les deux autres et sept ans de prison pour celui accusé de surcroît de récidive. “Vous vous êtes moqués du tribunal”, lâche la magistrate. Les juges iront dans son sens. Seule surprise : la relaxe d’un des prévenus non comparants. L’autre, en récidive, écope de sept ans de prison avec mandat d’arrêt. Les trois comparants de six ans de prison ferme, interdiction de porter une arme pendant dix ans, et interdiction de territoire français de dix ans pour l’un d’eux. Les quatre coupables devront par ailleurs verser la somme de 6.000 euros à la victime pour son préjudice moral, et 171,53 euros pour son téléphone portable, volé dans la foulée.

Laurent Seurin, le nouveau commandant de la compagnie de gendarmerie départementale

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Après 30 ans de carrière dans la gendarmerie mobile et plusieurs opérations extérieures en Afghanistan, en Irak et au Kosovo, le chef d’escadron Laurent Seurin a pris officiellement ce mercredi 6 octobre le commandement de la compagnie de gendarmerie départementale de Koungou, créée par décret le 1er août dernier, qui réunit toutes les brigades territoriales autonomes. Un échelon intermédiaire qui doit permettre de faire le lien entre la gendarmerie de terrain et l’état-major. Entretien.

Flash Infos : Depuis le 2 août, vous êtes le premier chef de la compagnie de gendarmerie départementale. Quel votre rôle exact ?

Laurent Seurin : Jusqu’au 1er août dernier, il n’y avait pas de compagnie : les unités étaient commandées par un officier satellite au niveau du commandant de la gendarmerie. Mais nous nous sommes vite aperçus qu’il fallait un chef, notamment sur Grande-Terre, pour commander les cinq brigades et le PSIG (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie), sachant que celle de Pamandzi est directement sous la coupe du colonel Capelle. Il fallait donc un échelon intermédiaire de commandement de coordination pour justement pallier toutes les problématiques d’ordre public, gagner en réactivité, mais aussi identifier un chef unique auprès des commandants des unités.

Je suis directement rattaché sous les ordres du colonel Capelle, qui est LE commandant de cette compagnie. Il est mon chef direct, mais aussi celui de toutes les unités qui composent la gendarmerie de Mayotte, à savoir la brigade nautique, la section hélicoptère, la section de recherche, le budget soutien/finances, l’état-major – tous les services RH et formation que nous trouvons dans n’importe quelle entreprise… Ce sont forcément des points d’appui supplémentaires pour moi car je vais parfois en avoir besoin pour les opérations qui vont dépasser le cadre de mes compétences.

FI : Quels sont vos objectifs de mission en termes de chiffres ?

L. S. : Je ne suis pas un ayatollah, si je puis dire, de la politique du chiffre. Ce que je veux ? C’est remettre un chef, que je représente, au profit et en soutien de mes unités. Elles doivent savoir que je suis leur appui pour les défendre et pour les guider. Et non le contraire ! Le seul résultat que je recherche, c’est de créer plus de dynamique avec la population. Il ne faut pas oublier que nous sommes à son service. Mayotte, ce n’est pas uniquement de la délinquance, loin de là. Il n’y a pas besoin de venir ici pour en trouver… Il y a énormément de points positifs que je découvre de jour en jour.

Je souhaite que cet échelon de commandement soit aussi un lien plus précis et plus évident pour les habitants. Je suis là pour faire tampon entre la gendarmerie de terrain, une brigade par exemple, et l’état-major tel qu’il est. Si au bout de deux, trois ou quatre ans, je m’aperçois que cela a marché, d’ailleurs je suis persuadé que cela marchera, je serai le plus heureux ! Nous sommes là pour rassurer les individus qui se lèvent tôt le matin pour aller travailler et qui ont besoin de sécurité, un droit constitutionnel, et pour dissuader les fauteurs de troubles ou les remettre entre les mains de la justice.

FI : Comment allez-vous procéder quotidiennement ? Quel profil de commandant allez-vous endosser ?

L. S. : Je ne suis pas un homme de bureau, même si cela accapare une bonne partie de mon temps et de mon énergie. En effet, je dois gérer, à l’image d’un chef d’entreprise, la formation de mon personnel pour qu’il soit encore plus efficace sur le terrain et qu’il puisse travailler en toute sécurité. C’est mon fer de lance, à Mayotte comme ailleurs : rien ne vaut la vie d’un gendarme ! Je dois également traiter leurs carrières, sous la houlette du colonel Capelle, et assurer leur avenir, leur avancement, leur notation, etc. En ce qui me concerne, j’ai réellement la volonté de me déplacer, le plus possible, au contact de mes unités élémentaires, que ce soit à Sada, M’Zouazia, Dembéni, Koungou ou M’Tsamboro, et de mes effectifs pour connaître leurs problématiques sur le terrain.

À mon sens, nous ne pouvons pas commander si nous ne voyons pas le quotidien de nos hommes. Je suis un ancien sous-officier, je suis passé par tous les grades. Même si j’arrive à 54 ans vers la fin de ma carrière, j’ai apprécié les chefs qui prenaient le temps d’aller voir leurs hommes pour relever leurs appréhensions et les rassurer. L’opérationnel est aussi l’une des fonctions qui incombe à un commandant de compagnie : la gestion des troubles à l’ordre public, la gestion d’une opération sur le terrain, que ce soit de la lutte contre de la délinquance routière ou de la délinquance liée aux stupéfiants… Le chef se doit d’être présent pour accompagner ses troupes qui apprécient quand la hiérarchie met les mains dans le cambouis. De jour comme de nuit !

FI : À travers vos différentes remontées de terrain, aurez-vous la main sur un éventuel renforcement des effectifs ?

L. S. : Exactement ! Être le chef de toute la Grande-Terre, mais aussi de la brigade de Pamandzi, me permet de réaliser, ce que nous appelons, des bascules de force. Si par exemple, la brigade de Sada est un peu « cul par dessus tête » comme nous disons dans le jargon, je suis en capacité d’envoyer des forces de Dembéni, de Koungou, ou encore le peloton d’intervention sur un événement pour lui prêter main forte. Auparavant, c’était compliqué à mettre en place. Désormais, la problématique me revient directement.

FI : Dans ce cas de figure, il s’agit d’une opération tiroir à un instant T. Aurez-vous éventuellement également le pouvoir pour grossir les rangs depuis l’extérieur du territoire ?

L. S. : L’augmentation des effectifs n’est pas à l’ordre du jour ! Les brigades sont dimensionnées telles qu’elles le sont aujourd’hui, avec environ 500 militaires en poste. Il n’y a pas de prévision envisagée à court terme. Mais il ne faut pas oublier une présence de gendarmes mobiles appelés à se succéder tous les trois mois. Nous avons un groupement tactique de gendarmerie qui commande deux escadrons et demi sur place, qui servent à tenir le terrain et à renforcer les unités locales. Ils constituent une réelle plus-value car ils ont un maillage territorial et un contact avec la population. Le fait de montrer régulièrement du « bleu » rassure les gens !

Grève interprofessionnelle du 5 octobre : l’écho résonne (un peu) à Mayotte

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À l’appel de l’intersyndicale nationale, les salariés du public comme du privé ont répondu présents pour protéger les salaires et l’emploi et s’opposer aux réformes de l’assurance chômage et des retraites. Dans le 101ème département, l’égalité, le droit commun et la sécurité ont étoffé la liste des revendications.

Encore un tour, encore un tour !”, crie Said Ali Saindou en agitant son drapeau rouge en tête de cortège. “Il faut qu’ils sachent qu’on est là”, ajoute le technicien mécanicien à EDM, sur le pont depuis 6h30 pour cette journée de mobilisation interprofessionnelle. “On”, c’est la foule derrière lui : une bonne centaine de personnes, la plupart aux couleurs de la CGT Mayotte, réunie ce mardi matin au rond-point Passot, à côté de la Place de la République. “Les raisons pour lesquelles on est là, c’est toujours les mêmes : la sécurité, les salaires, les retraites, le SMIC… Aujourd’hui, on ne peut plus rester les bras croisés”, insiste le gréviste.

C’est à l’appel d’une intersyndicale nationale, composée de la CGT, FO, Solidaires, FSU, et des organisations pour les jeunes (Fidl, MNL, Unef et UNL), que les grévistes, du privé comme du public, ont répondu présents ce mardi. D’après le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez, 160 rassemblements étaient prévus dans toute la France. Objectif de la mobilisation : défendre les emplois, les salaires, mais surtout rappeler une opposition farouche aux réformes des retraites et de l’assurance chômage. Cette dernière, entrée en vigueur le vendredi 1er octobre, après avoir été suspendue à deux reprises par le Conseil d’État dans le contexte de crise sanitaire, continue de cristalliser les critiques, qui y voient une précarisation des futurs chômeurs à cause du nouveau mode de calcul de l’indemnisation et de l’allongement de la période d’affiliation permettant l’ouverture de droits. La réforme des retraites, mise de côté à cause du Covid-19, pourrait elle aussi refaire surface en 2022, au grand dam des syndicats.

Le long chemin de Mayotte vers l’égalité sociale

Mais à Mayotte, la manifestation du jour a fait quelques pas de côté par rapport au mouvement national, spécificités locales obligent. Car en matière d’égalité sociale, le 101ème département a encore plus de chemin à parcourir que les travailleurs de l’Hexagone. “La chose qu’on demande, c’est simplement le droit commun ! Nous devons nous battre pour l’égalité, refuser tout ce qui est discriminatoire dans notre département. Il faut qu’on avance, il faut développer Mayotte !”, clame dans le micro le secrétaire général de la CGT-Ma Salim Nahouda. Dans le viseur du syndicat : l’application des conventions collectives nationales, du code de la sécurité sociale, la réhausse des retraites et bien sûr l’alignement sur le SMIC national dès janvier 2022 – le SMIC horaire brut à Mayotte est aujourd’hui de 7.91 euros contre 10.48 euros pour le reste de la France. La marche, entamée place de la République a ainsi pris le chemin de la préfecture de Grande-Terre, pour remettre cette liste de doléances au secrétaire général.

La CGT mène la danse

Si ces revendications concernent toute la population de Mayotte, force est de constater que l’intersyndicale n’aura pas brassé large ce mardi. Majoritaires, les drapeaux rouges de la CGT flottent aux côtés de quelques bannières du syndicat SUD Solidaires, un peu moins nombreux dans le cortège. Pour Said Ali Saindou, l’absence des autres syndicats s’explique par le contexte particulièrement tendu des derniers jours sur l’île aux parfums. “Entre les embouteillages et la sécurité, les gens ont peur de se déplacer”, fait-il valoir. “Les autres syndicats ont d’abord hésité, ensuite ils ont dit que les adhérents viendraient par eux-mêmes… mais finalement, ils n’ont pas appelé”, constate Bruno Deziles, le représentant de la CGT Éduc’action.

“Non au salaire de la peur”

Derrière leur délégué, des membres de l’Éducation nationale, qui manifestaient déjà le 23 septembre dernier pour revendiquer entre autres l’indexation des enseignants affectés à Mayotte au niveau de La Réunion, ont à nouveau pris le chemin de la rue. Au milieu de la foule, quelques pancartes brandies par des personnels du lycée de Kahani s’érigent ainsi pour rappeler le climat d’insécurité permanente qui plane sur l’établissement. “Non au salaire de la peur, oui à l’île du bonheur”, écrivent-ils.

Dans le cortège, chacun vient aussi défendre un peu son bout de gras. “On est là pour soutenir le mouvement national et revendiquer les spécificités de Mayotte”, lance Mogne Mounir Moussa, le secrétaire départemental du syndicat SUD à La Poste. Lui demande un centre financier spécifique ne dépendant plus de La Réunion, ainsi qu’une indemnité différentielle pour rehausser les salaires.

Enfin, sans surprise, le thème de la sécurité s’est une fois de plus invité dans les conversations. “Ça fait deux fois que des querelles Cavani/Kawéni éclatent, car ils sont dans la même aile de la prison”, soupire Ibroihima Condro Mouhamadi, le représentant CGT pénitentiaire, qui déplore la surpopulation carcérale face à des effectifs et des moyens insuffisants. “Il y a des voyous qui viennent devant la prison et lancent des pierres, après les gendarmes envoient des gaz lacrymogènes et ça monte jusqu’en détention !” Preuve que les quatre murs de l’établissement ne le coupent pas entièrement du monde extérieur… “Avec les bangas décasés à Koungou la semaine dernière, ils ont commencé à en construire à côté de la prison. C’est des bombes à retardement !”, alerte-t-il.

Pandora Papers : Le fils du président comorien, Azali Assoumani cité par l’Icji

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Nour El Fath Azali, serait propriétaire d’une société basée aux Émirats Arabes Unis. Celui qui, depuis juillet 2019, occupe le poste de conseiller privé du président de l’Union des Comores, reste la seule personnalité politique de la zone Océan Indien figurant sur la liste du consortium international des journalistes d’investigation.

L’information a été révélée ce mardi, 5 octobre sur la toile. Se croyant épargnés jusque-là par les « Pandora Papers« , les Comoriens viennent de découvrir que le fils de leur président, Nour El Fath Azali, apparaît dans les documents divulgués par l’Icji. Il est, selon les révélations du Consortium International des Journalistes d’Investigations, propriétaire d’une société répondant au nom d’Olifants Ltd, une entreprise enregistrée et établie aux Émirats Arabes Unis. Sur le site du consortium, ni les objectifs de la société ni son domaine d’intervention ne sont en revanche précisés. Seule information révélée : « entre 2018 et 2019, Olifants Ltd a reçu des factures quand Nour El Fath Azali est devenu conseiller de son père, Azali Assoumani, quatre mois après sa réélection de 2019, toujours contestée jusqu’à présent par l’opposition ».

Contacté, l’intéressé a livré sa version. « J’avais certes ouvert cette société aux Émirats Arabes Unis, d’ailleurs rien ne m’interdit de le faire mais j’ai tout arrêté en 2019. Rien ne prouve le contraire. J’ai pris cette décision lorsque j’ai senti que j’allais être nommé« , a répondu Nour El Fath Azali, dans un entretien téléphonique qu’il nous a accordé ce mardi.

Gestion des risques

Il a précisé au passage qu’Olifants Ltd a été créée en 2018, pour fournir des conseils dans des domaines tels que l’audit, la gestion de risques entre autres.
Interrogé par un média partenaire du consortium Icji, Nour El Fath Azali a reconnu avoir ouvert l’entreprise avant de rejoindre le cabinet de son père. Rappelons qu’avant de travailler aux côtés de son père, ce dernier qui est titulaire d’une maitrise en administration des affaires obtenue aux USA, a exercé dans une banque de la place. Lors de cet entretien, il a fait savoir qu’il voulait se spécialiser dans les conseils à travers cette société. Et que celle-ci, avait fermé en 2019. «  Les Émirats Arabes Unis sont le centre du monde« , expliquait-il toujours à ce média pour justifier son choix d’enregistrer son entreprise dans ce pays du Golfe, très prisé pour ses avantages fiscaux.

Depuis ce 3 octobre, une enquête publiée après deux ans de travail par un consortium composé de 600 journalistes d’investigation a fait l’effet d’une bombe. L’ICIJ a pu éplucher près de 12 millions de documents confidentiels issus de 14 cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshores dans des paradis fiscaux. Au total 330 politiciens sont concernés par ces révélations. En Afrique, de nombreux chefs d’État en exercice comme le président congolais, Denis Sassous Nguesso, le Gabonais, Ali Bongo Odimba, ou encore le Kenyan, Uhuru Kenyatta sont cités. Tous ces dirigeants ont un point en commun : Ils ont dissimulé des richesses et des biens dans des paradis fiscaux. Dans la zone de l’Afrique de l’Est, deux pays sont pour l’instant épinglés, le Kenya et les Comores. A Moroni, aucun politicien n’a réagi, pas même les opposants au régime, qui pourtant ont été toujours prompts à commenter l’actualité. Idem pour la présidence qui visiblement préfère laisser le vent passer.

Football : Héros de la Coupe de France, Houssame Boinali croit en l’avenir des joueurs mahorais

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Demi-finaliste malheureux de la dernière édition de la Coupe de France avec son club du GFA Rumilly Vallières, Houssame Boinali est revenu quatre jours à Mayotte, du jeudi 30 septembre au dimanche 3 octobre. Un séjour au cours duquel il a pu longuement échanger avec pléthore de footballeurs et de dirigeants et revenir sur sa carrière de joueur semi-professionnel. Selon le latéral droit, le 101ème département regorge de talents. Encore faut-il que les jeunes puissent s’entraîner dans de bonnes conditions. Entretien.

Flash Infos : Vous rentrez tout juste d’un séjour de quatre jours à Mayotte. Quels souvenirs gardez-vous de votre passage sur l’île aux parfums ?

Houssame Boinali : L’accueil à l’aéroport, sans aucun doute ! Un très très bon souvenir… Quand le comité régional olympique et sportif m’a proposé de venir, je n’ai pas hésité une seconde. Au contraire, j’ai sauté sur l’occasion, je tenais réellement à venir rencontrer la population. C’était très marquant. Cela avait une autre saveur que lors de mon passage en juin, qui était plus un retour aux sources.

FI : Une belle entrée en la matière avant votre déplacement à M’Tsangamouji, votre village natal, non ?

H. B. : C’était un grand moment de partage que je n’oublierai jamais. Franchement, je ne m’y attendais pas du tout ! Je pensais qu’il y aurait simplement quelques élus de la commune et les membres de ma famille… Mais tout le village était là. C’était un peu la même émotion que celle ressentie lors de la demi-finale de la Coupe de France. S’il n’y avait pas eu de convoi exceptionnel de la police municipale, je pense que je ne serais jamais arrivé à destination (rires). C’était très touchant, cela me donne encore plus de motivation pour me battre. Je les en remercie, c’était magique !

FI : Vous comparez la ferveur de Mayotte à celle de la Coupe de France, c’est fort ! Justement, racontez votre épopée fantastique qui a mené votre club, le GFA Rumilly Vallières jusqu’en demi-finale contre Monaco en avril dernier.

H. B. : En Nationale 2, la saison était déjà arrêtée à cause du Covid-19. Avec mes coéquipiers, nous savions que la Coupe de France était notre seule chance de continuer à jouer au football. Nous nous sommes attachés à cette philosophie. Nous avons disputé chaque match comme s’il s’agissait d’une finale. Nous avions une équipe solidaire, qui vivait très bien ensemble, avec un fin technicien à nos côtés pour nous guider. Il y avait une concurrence très saine entre nous !

FI : Tout au long de ce parcours extraordinaire, vous en avez profité pour dégager une image positive de Mayotte et faire parler du 101ème département en bien.

H. B. : À la fin de chaque match, je sortais le drapeau de Mayotte pour célébrer la victoire. C’était une manière d’apporter mon soutien à la population en cette période de crise sanitaire, mais aussi de montrer à la France entière que Mayotte, ce n’est pas seulement des épisodes d’insécurité qui font les gros titres. D’ailleurs, les collègues me poussaient même à aller le chercher lorsque je l’oubliais ! Dans le football, la superstition tient un rôle important. Il était tout simplement devenu notre porte-bonheur ! Grâce à cette visibilité, des milliers de Mahorais ont suivi notre parcours. J’ai reçu de nombreux messages de proches, mais aussi d’inconnus. Ça m’a poussé à me surpasser.

FI : Au-delà de l’effervescence, vous avez visité lors de votre venue l’école de Dembéni, labellisée Génération 2024, ou encore rencontré les sections sportives féminine et masculine. Quels messages avez-vous voulu leur adresser ?

H. B. : Tous ces jeunes ont dégagé de l’envie et de la motivation. À travers nos échanges, j’ai essayé de leur transmettre ma « petite » expérience de Mahorais de 25 ans, qui a fait ses cartons pour suivre sa femme qui voulait rentrer en métropole en 2019. Tout est question de détermination : il faut toujours y croire, se donner les moyens de réussir et surtout bien gérer son temps. À Mayotte, il y a énormément d’aléas qui rentrent en jeu. Il faut savoir être exigeant avec soi-même et éviter les mauvaises fréquentations. Sachant cela, l’entraînement est le seul moyen pour atteindre ses objectifs.

J’ai été agréablement surpris par les sections sportives, notamment celle des féminines qui est en train de se structurer. De ce point de vue-là, je suis très fier du travail formidable réalisé par la ligue. D’ailleurs, mes dirigeants qui m’accompagnaient durant ce voyage ont même repéré deux ou trois filles. Cette expérience permet d’acquérir un bagage assez solide pour la suite. Toujours est-il que c’est la répétition du geste qui joue dans la progression.

FI : Justement, pour continuer à progresser, il faut aussi avoir des conditions d’entraînement dignes de ce nom afin d’atteindre le haut niveau…

H. B. : Tout à fait ! Le point négatif dans tout cela, ce sont vraiment les terrains et les infrastructures. Cela laisse un goût de (il se coupe)… À Mayotte, nous sommes vraiment en retard. L’État doit vraiment faire un effort. D’autant plus que le comité régional olympique et sportif et la ligue de football s’investissent et sont à fond derrière les athlètes. Malheureusement, ils n’ont pas la main sur tous ces travaux. C’est un gros frein dans la progression de ces jeunes qui ont un réel talent. Physiquement, ils dégagent quelque chose de plus, quelque chose d’inné. Si nous arrivons à gommer ces problèmes structurants, nous pourrions accélérer leur percée au plus haut niveau…

À nous ensuite, joueurs professionnels et semi-professionnels, de les accompagner lorsqu’ils débarquent en métropole, de les motiver, de leur faire comprendre que nous sommes passés par cet inconnu, de les orienter, de les aider à trouver un club, etc. Pourquoi ne pas créer une association en Hexagone pour les soutenir ? Nous devons faire cette démarche et travailler tous ensemble. Personnellement, je suis prêt à m’investir !

FI : À vous écouter, votre après-carrière semble toute tracée.

H. B. : Disons que cette venue à Mayotte m’a également permis de réfléchir à la suite. J’ai la volonté de passer mes diplômes d’entraîneur dans le but d’amener les jeunes au plus haut niveau. J’ai cette vocation de la transmission. Pour finir, j’aimerais adresser un dernier mot à la population : pour reprendre une pratique sportive, quelle qu’elle soit, j’encourage les jeunes mahorais à se faire vacciner ! La saison a repris, il est l’heure de reprendre une vie normale et sportive le plus rapidement possible.

Les 4.143 artisans de Mayotte appelés à élire leur prochain président

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Le 14 octobre prochain, les 4.143 artisans enregistrés à la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte devront élire leur potentiel futur président ainsi que leurs vices-présidents pour un mandat de cinq ans. Quatre listes se présentent pour le premier tour et les tractations vont bon train.

Il y a cinq ans, les jeux étaient faits avant-même l’élection de la nouvelle présidence de la chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) de Mayotte puisqu’une seule liste s’était présentée. Cette année, l’enjeu est tout autre car quatre listes ont été approuvées par la préfecture. Si chacune d’elle comporte 35 candidats, seulement 25 d’entre eux peuvent siéger à la CMA. Les 10 autres restant constituent la réserve en cas de désistement ou de radiation. Les 4.143 artisans électeurs enregistrés pourront mettre leur bulletin dans les urnes le 14 octobre dans l’un des cinq bureaux de vote de l’île. Ils trouveront leur carte électorale sur place. Et ceux qui ne peuvent pas s’y rendre pourront faire une procuration à un autre artisan, à condition qu’il soit inscrit dans la même commune d’inscription et recensé dans la même catégorie.

Les élections auront lieu de 8h30 à 16h dans l’une des communes de chaque intercommunalité : soit Bandrélé, Dzaoudzi-Labattoir, Koungou, Mamoudzou et Sada. Avec pas moins de 1.400 électeurs, auxquels s’ajoutent ceux de Dembeni, la ville chef-lieu risque de subir quelques encombrements du côté de l’Hôtel de ville où se déroulera le scrutin. De quoi donner des sueurs froides à moins de dix jours de la date fatidique : « il y a peut-être un problème parce que ce sera en semaine, alors on se demande bien où vont se garer les gens… », relève Jean-Denis Larroze, le secrétaire général de la CMA de Mayotte.

Des élections qui ne mobilisent pas

Un casse-tête chinois en théorie qui pourrait bien ne pas se ressentir dans la pratique tant les élections à la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte ne défraient pas la chronique ! « Généralement, le taux de participation tourne entre 15 et 20% », indique Jean-Denis Larroze. Un taux qui reste assez bas, mais qui n’étonne pas… Le secrétaire général de la CMA accuse l’organisation ministérielle, qui oblige la tenue des élections un jour de travail. Or à Mayotte, les longues distances et le mode de déplacement sont bien souvent un problème.

Se pose alors la question du vote électronique, méthode utilisée dans la plupart des départements français. Mais selon Jean-Denis Larroze, cela ne ferait pas augmenter le taux de participation. « Ce n’est pas la meilleure option pour Mayotte puisqu’on manquerait d’équipement… Seulement 40% des artisans ont un ordinateur. Et puis, il y a aussi la problématique de compréhension du système. Je ne suis pas sûr que les mamas brochettis sachent comment faire », suppose-t-il.

Un titre convoité

À l’issue de ce premier tour, les principaux intéressés connaîtront le nom de la liste gagnante dès le lendemain. S’en suivra ensuite un mois de tractation et de coalition pour choisir le président, les vices-présidents, ainsi que l’intégralité du bureau de la chambre des métiers et de l’artisanat de l’île. Une assemblée générale constitutive est prévue le 12 novembre pour Mayotte. Il s’agit en réalité d’un deuxième tour en interne puisque seuls les 25 élus pourront choisir le président. Si la tête de liste est généralement le grand favori, quelques surprises de dernière minute pourraient chambouler les pronostics. « J’ai déjà vu le numéro deux de la liste se présenter à la présidence », se remémore le secrétaire général de la CMA. L’heureux élu devra ensuite s’envoler pour Paris et participer à l’élection du président de l’organisation nationale. Qui sait ? Peut-être que Mayotte se portera candidate.

Piste longue de Mayotte : inauguration de la Maison du projet à Pamandzi, une “étape historique”

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Comme prévu, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) a inauguré ce lundi à Pamandzi la nouvelle Maison du projet pour la piste longue. Un bâtiment dédié, censé permettre à tous d’obtenir des informations et d’échanger sur cette infrastructure majeure pour les habitants de Mayotte.

Le projet de la piste longue a désormais pignon sur rue. C’est à Pamandzi, non loin de l’aéroport et dans les anciens locaux de Mayotte la 1ère qu’a été inaugurée ce lundi la “Maison du projet”, un “lien et une incarnation pour échanger directement avec la maîtrise d’ouvrage”, a décrit Christophe Masson, le délégué de la direction générale de l’aviation civile (DGAC), qui a pris ses fonctions depuis un mois pour suivre les avancées du projet. “Monsieur Piste longue” y tiendra notamment une permanence hebdomadaire et des salles dédiées présenteront les dernières informations relatives à cet aménagement structurant pour le territoire.

La Maison du projet se veut d’abord un signal fort, une première vitrine de la piste longue, qui dès demain (mardi), ouvrira ses portes aux habitants”, a présenté Damien Cazé, le directeur général de l’aviation civile, devant les élus municipaux, les conseillers départementaux, le préfet et des représentants du monde économique. Une façon de rendre le projet “chaque jour plus concret”, alors qu’il est en phase “opérationnelle”, a-t-il assuré. “Il faut abandonner les polémiques stériles”, a complété le préfet Thierry Suquet. Histoire de définitivement clouer le bec aux mauvaises langues qui douteraient de l’engagement de l’État en la matière.

Gages de cette bonne volonté, une équipe d’une centaine de personnes travaille d’ores-et-déjà sur la piste longue, laquelle est chapeautée par un porte-parole et délégué attitré en la personne de Christophe Masson. Enfin, 3.2 millions d’euros sont déjà mobilisés par l’État et le conseil départemental pour la réalisation des travaux préparatoires. “Il n’y a pas besoin de faire un premier coup de pioche pour se persuader que des hommes et des femmes y travaillent”, a insisté le locataire de la Case Rocher.

Une piste longue un peu plus courte

Objectif pour les prochaines semaines : le choix du meilleur scénario, qui doit être acté d’ici à la fin de l’année. Pour rappel, deux possibilités sont sur la table : soit allonger la piste au sud pour rejoindre la piste convergente ; soit construire une piste convergente plus longue, prenant appui directement sur l’extrémité sud de la piste actuelle. À noter qu’à l’issue du troisième comité de pilotage du 30 septembre dernier, les conclusions de l’étude opérationnelle ont démontré que la longueur de la piste pourrait être réduite du fait de l’amélioration des performances des nouvelles générations d’aéronefs. “Il faut prendre en considération l’évolution des flottes”, a confirmé Damien Cazé à l’occasion de l’inauguration.

Un bon point pour le lagon, qui ne manquera pas d’être impacté par ces travaux pharaoniques. “C’est le plus gros projet d’aéroport porté en France et en Europe, il n’y a d’ailleurs pas d’autre exemple de piste que l’on reconstruit, qui plus est sur le domaine maritime”, a souligné le directeur de la DGAC. Outre les performances aéronautiques et l’environnement, ce sont aussi les risques naturels, amplifiés par l’apparition du volcan au large de Mayotte, les disponibilités des ressources et les retombées économiques qu’il s’agit de prendre en compte avant d’entamer le chantier. Le processus d’enquête publique doit être entamé mi-2022 pour un démarrage des travaux en 2023.

Les leçons du passé

D’où l’importance de consulter les riverains, sans quoi “vous allez au devant de grandes difficultés, on le voit dans d’autres projets d’aéroports en métropole ou dans les Outre-mer”, a souligné Damien Cazé. Les précédents de Notre-Dame-des-Landes, et plus récemment du quatrième terminal de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, abandonné en février dernier, auront laissé des traces. Pour autant, si la population est attendue à la Maison du projet, pas sûr qu’elle ait vraiment son mot à dire, notamment quant au scénario de piste à privilégier… “La Maison du projet doit permettre de continuer à donner son avis, mais (le choix de la piste) c’est un objet technique extrêmement complexe et il faut déjà que ce soit réalisable”, a nuancé le préfet Thierry Suquet.

Le lieu dédié accueillera donc chaque jour les curieux, tandis que des réunions publiques et des stands itinérants permettront d’aller à la rencontre des habitants de Petite-Terre comme de Grande-Terre, qui seront eux-même touchés par les activités d’extraction. Une lettre d’information sera par ailleurs publiée tous les deux mois, et un site Internet ainsi qu’une page Facebook transmettent les dernières actualités. Tout cela doit par ailleurs être surveillé de près par une “garante de la concertation”, Renée Aupetit, désignée par la Commission nationale du débat public.

C’est notre fierté de prendre part à ce moment historique”, a salué le maire de Pamandzi et président de l’association des maires Madi Madi Souf qui a rappelé l’enjeu de “cette infrastructure majeure pour le désenclavement aérien de Mayotte”. “La piste à elle seule ne suffit pas, Monsieur le Préfet, et il nous faut notre propre compagnie pour pouvoir jouir de cet ouvrage”, a ajouté dans un appel du pied le conseiller départemental de Labattoir et vice-président chargé de l’administration générale, des transports et de la transition écologique Ali Omar. Soit dit en passant !

Des rôdeurs nocturnes pour veiller sur l’île de Mayotte

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La montée de la violence à Mayotte pousse les habitants à se faire justice ou à trouver des solutions par leurs propres moyens. C’est en ce sens que Kamardine Ahmed a imaginé « les rôdeurs nocturnes ». Une association qui aura pour mission de sécuriser les routes de Mayotte grâce à des bénévoles implantés sur les quatre coins de l’île.

On ne compte plus le nombre d’agressions qui ont lieu chaque semaine sur le territoire. La population de Mayotte manifeste un réel ras-le-bol qui pousse certains à imaginer de nouvelles solutions pour en finir avec ce climat d’insécurité. Parmi ces personnes se trouve Kamardine Ahmed. C’est dans l’intérêt de ses enfants et de ceux des autres que le père de famille a imaginé « les rôdeurs nocturnes ».

les-rodeurs-nocturnesEncore en phase d’élaboration, ce mouvement a pour objectif de « protéger aussi bien les automobilistes que les sorties d’école », indique Kamardine Ahmed. Le penseur du projet dit s’inspirer des « 500 Frères », un collectif créé en Guyane en 2017 alors que la violence était à son paroxysme dans cet autre département d’Outre-mer. À la différence de leurs homologues guyanais, les rôdeurs nocturnes acceptent également les femmes. Le seul critère à respecter est l’âge. « J’aimerais qu’il y ait des gens assez matures, donc nous prendrons des bénévoles qui ont plus de 25 ans », précise Kamardine Ahmed, impatient d’apporter la paix et la sérénité dans le 101ème département.

Ces personnes devront effectuer des rondes dans certains quartiers et villages sensibles de l’île à partir de la tombée de la nuit jusqu’au petit matin. « Je me suis rendu compte que la majorité des délits commis sur les routes se déroulent le soir ou à l’aube. Mais cela ne nous empêchera pas de circuler également en journée », indique l’initiateur du projet. Ce dernier refuse de dévoiler toute sa stratégie pour « garder l’effet de surprise », mais il l’assure, il a pensé et élaboré son idée durant de longs mois avant de l’annoncer. Parmi les stratégies qu’il souhaite mettre en place figure la formation des bénévoles. « Il faut s’attendre à ce qu’il y ait des accrochages ou des agressions, c’est la raison pour laquelle tous ceux qui veulent intégrer le projet devront se soumettre à des stages, des tests et des exercices de simulation avant d’aller sur le terrain. Je ne veux pas de gens qui n’arrivent pas à se contrôler. » Kamardine Ahmed veut éviter d’en arriver à une situation similaire à celle des trois hommes de Petite-Terre accusés d’avoir séquestré et tué un jeune homme prétendu délinquant.

« L’idée n’est pas de se transformer en milice »

Simple citoyen, Kamardine Ahmed appelle d’autres habitants lambdas comme lui à l’aider pour lutter contre le fléau de la délinquance à Mayotte. Il sait donc que les membres de l’association devront respecter les limites. « L’idée n’est pas de se transformer en milice, mais de monter une organisation qui soit approuvée par les autorités. Nous n’oublions pas que nous sommes dans un pays de droit et que nous ne pouvons pas nous positionner au-dessus des lois. » Pour cela, il souhaite s’allier aux forces de l’ordre. « Nous leur tendons la main et nous espérons qu’elles vont l’accepter. » Pour Kamardine Ahmed, cette collaboration est aujourd’hui nécessaire puisque le lien entre la population, la police et la gendarmerie serait rompu selon lui. « Nous allons jouer la carte de la proximité pour restaurer cette confiance qui s’est perdue », précise le père de famille. Il a notamment pour ambition d’intégrer les habitants de chaque village et quartier de l’île dans sa politique de reconquête en demandant des informations auprès de ceux qui connaissent mieux leurs territoires, et en les responsabilisant.

Des limites à ne pas franchir

Si l’initiative de Kamardine Ahmed est louable, elle doit prendre en compte les lois de la République. « Il existe un dispositif en France qui permet uniquement à la population d’avoir un rôle de surveillance, cela ne va pas au-delà. Et quand les personnes constatent un fait, elles doivent alerter les forces de l’ordre », indique Elad Chakrina, avocat. Ce dispositif place le maire de la commune dans laquelle il se déploie au centre de l’organisation pour qu’il puisse encadrer la participation. « La gendarmerie ou la police, le maire et les citoyens doivent travailler main dans la main pour que l’action puisse être menée à bien. Et la préfecture doit avoir les rapports qui dressent une analyse de la situation et les solutions à apporter avant de signer le protocole », précise l’avocat. Selon lui, il faudrait également des référents connus par les forces de l’ordre et les communes respectives pour faciliter les échanges.

Les bénévoles qui voudront devenir des rôdeurs nocturnes doivent être sensibilisés à la question de la responsabilité pénale en cas d’agression. « Si une personne se fait taper dessus, dans le cadre de la légitime défense elle peut se défendre mais ne peut pas utiliser une force trop importante ou disproportionnée », rappelle Elad Chakrina. C’est là tout l’enjeu puisque la légitime défense est très limitée en droit. Les futurs rôdeurs nocturnes devront donc redoubler de vigilance pour ne pas se faire justice et éviter que la situation se retourne contre eux. Plus facile à dire qu’à faire !

Solidaire à la mobilisation générale, la Croix-Rouge veut aussi alerter sur les spécificités locales à Mayotte

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L’organisation syndicale Force Ouvrière de la Croix-Rouge rejoint le grand mouvement national de ce mardi 5 octobre qui se décline dans le 101ème département. Un acte solidaire pour défendre l’intérêt général des salariés de l’association fondée par Henry Dunant, mais aussi les spécificités du territoire.

Quelque deux mois après l’inauguration du tout nouveau siège mahorais de la Croix-Rouge, en présence du directeur général de l’association, Jean-Christophe Combe, le vaisseau amiral vacille, façon de parler ! Non pas à cause de mauvaises marées ou de vents contraires, mais plutôt en raison de l’appel à la mobilisation prévue ce mardi 5 octobre, contre les réformes envisagées par le gouvernement, notamment des retraites et de l’assurance chômage. « Plus de 50% des salariés prévoient de répondre présents », annonce Farouk Riziki, le délégué du personnel. De nouvelles règles auxquelles n’échappe pas « notre branche d’activité », le secteur social et médico-social.

Si l’organisation syndicale Force Ouvrière se montre solidaire avec le national, elle souhaite aussi défendre son bout de gras. « Nous sommes autant impactés ici qu’en France métropolitaine », poursuit le responsable informatique et le coordinateur logistique. Peut-être même plus d’ailleurs. À titre d’exemple : la vie chère dans le 101ème département, même si le salaire minimum de croissance a été revalorisé de 2.2% le 1er octobre dernier. Et justement, c’est là que le bât blesse. Malgré cette hausse non négligeable, « les positions 1, 2 et 3 de la grille de classification se retrouvent en dessous du SMIC », s’indigne le trésorier adjoint, qui revendique une « rémunération décente ». D’où le souhait d’appliquer en bonne et due forme le code de travail et de demander l’extension de l’indemnité Ségur, soit 183 euros nets pour tous, pour ne pas se sentir lésé.

La reconnaissance des frais kilométriques

Voilà pour la partie visible de l’iceberg. Car d’autres spécificités locales s’avèrent plus subtiles… « Certaines décisions prises à l’échelle nationale ne reflètent pas la réalité du terrain », insiste Farouk Riziki. À l’instar de la reconnaissance des frais kilométriques. « Il n’y a pas de prise en compte des embouteillages et de l’état des routes. […] Si nous utilisons notre véhicule personnel, cela nous revient beaucoup plus cher qu’en métropole. » Une souffrance matérielle qui s’ajoute aux contraintes générées par le Covid-19, comme le passe sanitaire obligatoire. « À l’heure d’aujourd’hui, nous n’avons pas recensé de suspension », tempère toutefois Mélissa Codiamoutou, la secrétaire adjointe. Mais face à ce dilemme, certains employés préfèrent réaliser un test antigénique tous les deux ou trois jours plutôt que de se faire piquer.

Une charge de travail importante

Un contexte sanitaire également marqué par une « forte période de transition avec une restructuration importante qui a forcément chamboulé les pratiques » avant la nomination en août dernier de Kadafi Attoumani à la tête de la direction de la Croix-Rouge à Mayotte. Si les deux représentants syndicaux louent son investissement et son attention depuis sa prise de poste, ils espèrent une passation de pouvoir aussi rapide que possible avec le directeur adjoint du pôle Outre-mer. Contactée au sujet de ce mouvement de grève, la direction n’a pas donné suite. « Nous sommes une organisation assez marquante, avec des besoins grandissants. Même si nous avons connu des périodes plus tendues, notamment durant les confinements, la charge de travail reste très importante », résume Mélissa Codiamoutou. Il suffit de se rapprocher de l’aide alimentaire, de l’équipe mobile sociale ou du service de soins infirmiers à domicile, soumis à rude épreuve depuis un an et demi, pour comprendre l’expectative. « Nous avons une réunion de comité d’entreprise mercredi, je pense que le débat s’y invitera », prévient Farouk Riziki. Histoire de ne pas finir le bec dans l’eau.

Circulation : Le tribunal administratif suspend l’expérimentation du maire de Mamoudzou

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L'arrêté instaurant la circulation alternée à Mamoudzou est prévu ce mercredi 31 mai. Il devrait rentrer en vigueur le 19 juin.

Le 17 septembre dernier, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla annonçait en grande pompe la mise en place d’une circulation alternée ainsi que l’interdiction de déplacement pour les véhicules de plus de 15 ans. Saisi par un citoyen, le tribunal administratif a décidé de suspendre l’exécution de l’arrêté pour des raisons à la fois surprenantes et évidentes.

Victoire pour les automobilistes ! Dans une requête enregistrée le 29 septembre dernier, un citoyen a demandé au juge des référés d’ordonner la suspension de l’exécution de l’arrêté du maire de la ville chef-lieu, Ambdilwahedou Soumaïla, portant circulation alternée les lundis et mardis de 4h à 20h sur une partie de la commune (Mamoudzou ville, Kawéni, M’Tsapéré et Passamaïnty) et interdiction de déplacement pour les véhicules de plus de 15 ans à compter du 1er octobre. Le couperet est tombé trois jours plus tard : le tribunal administratif a mis un coup d’arrêt aussi brutal qu’inattendu à l’expérimentation désirée par la commune jusqu’à la fin de l’année.

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Dans son ordonnance, Gil Cornevaux a rappelé que « les articles L.411-1 à L.411-5 du code de la route ne sont pas applicables à Mayotte ». Autrement dit, le premier magistrat n’a pas le pouvoir de police de la circulation et du stationnement sur les voies ouvertes à la circulation publique à l’intérieur des agglomérations. Échec cuisant pour celui qui avait fondé ses interdictions sur le fait que « plus de la moitié des emplois [sur] Mamoudzou est occupée par des résidents d’autres communes du département ». Et de plaider pour sa défense que plus de 11.000 personnes utilisent quotidiennement leur véhicule personnel pour se rendre à leur travail, à l’origine d’engorgements permanents.

Taxis, points d’arrêts, parking relais…

Autrement problème relatif à l’arrêté : l’absence de mesure spécifique, comme s’était engagée à prendre la municipalité, pour mettre en place un parcours de déplacements de taxis – dont l’octroi de licences dépend des services de l’État – ainsi que la localisation des points d’arrêts. De plus, « aucun parking relais n’a été prévu aux entrées de ville pour que les personnes venant de l’extérieur du secteur défini puissent déposer leurs véhicules et disposer d’un moyen alternatif de déplacement à l’intérieur du périmètre d’interdiction de circulation ». Dans ces conditions, les habitants de Bandrélé qui souhaiteraient rejoindre la ville de Koungou seraient obligés de faire tout le tour de l’île par la côte sud, ouest et nord… « Cette circulation sur d’autres axes routiers allongerait excessivement inutilement leur temps de trajet », a évoqué Gil Cornevaux. Conséquence : « Il y a lieu de retenir que les éléments qui ressortent des pièces du dossier mettent en exergue l’absence totale de solutions sérieuses alternatives ou complémentaires en remplacement des restrictions de circulation et de déplacements. »

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Autant de constats qui ont poussé le juge de référés à donner raison au requérant. Dans sa requête, il soutenait entre autres que cette expérimentation portait une atteinte excessive à la liberté de circulation et qu’elle était entachée d’un détournement de pouvoir. Face à cette suspension, la commune de Mamoudzou a immédiatement réagi sur les réseaux sociaux. « Restant persuadé du bien-fondé de l’arrêté sur les plans économique, environnemental et sanitaire, la ville manifeste la volonté de faire appel de l’ordonnance du juge des référés. Par conséquent, la circulation habituelle est maintenue dans l’attente des suites de la procédure. » À charge de revanche, donc.

Jeunes renversés à Passamaïnty : d’une rumeur d’homicide à des blessures involontaires, une affaire très sensible

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L’histoire de l’homme qui s’est retourné vendredi contre ses agresseurs a une fois de plus défrayé la chronique, rappelant le débat sur la tentation de se faire justice soi-même alors que la population de Mayotte, excédée, se sent souvent abandonnée par les services de l’Etat.

Je te jure, je suis passé ce soir au commissariat, ils étaient au moins 1.000 !” Vendredi soir, l’histoire de l’agression d’un homme qui se serait retourné contre ses agresseurs est sur toutes les lèvres.

Nous vous la racontions en ces termes vendredi matin : vers 11h ce jour-là, le père de famille assiste impuissant à l’agression de sa femme non loin du Douka Bé de Passamaïnty. En tentant de s’interposer, il est lui-même passé à tabac par la bande, avant qu’elle ne s’enfuie à bicyclette. Excédé, il les poursuit avec son véhicule, accroche un scooter en stationnement avant de percuter deux jeunes de plein fouet quelques mètres plus loin.

Blessés, les individus âgés de 15 et 21 ans sont pris en charge par les secours et admis au CHM de Mamoudzou, pour une fracture du fémur et une plaie du scalp. Le conducteur du véhicule est conduit au commissariat du Mamoudzou pour les besoins de l’enquête.

Mais au cours de la journée, plusieurs versions de cette altercation circulent… jusqu’à une rumeur évoquant la mort de l’un des deux jeunes, qui sera démentie plus tard dans la journée par le procureur. Fort heureusement, aucun pronostic vital n’a été engagé selon les propos rapportés par nos confrères du Journal de Mayotte. Ainsi, la qualification de tentative de meurtre initialement retenue a été révisée en “blessures involontaires”, dans la soirée de vendredi.

Applaudi et soutenu par la population

Dans le même temps, l’affaire enfle sur les réseaux sociaux, alors que l’homme est encore en garde à vue. Et les messages de soutien se multiplient sur la toile : “Il doit être décoré de la médaille d’honneur” ; “il va y avoir de plus en plus d’affaires de ce genre au tribunal car les Mahorais ont tout perdu” ; “que la femme de ce brave homme se fasse connaître pour qu’on cotise tous pour lui payer le meilleur avocat, il a la population derrière lui, que ce couple le sache” ; “un acte héroïque d’un pauvre citoyen excédé, il mérite une récompense”, peut-on lire dans les commentaires.

Le soir, une centaine d’habitants se mobilisent devant le commissariat, pour exiger la libération de celui que certains qualifient même de “héros”. Une cagnotte en ligne est également lancée pour l’aider dans ses démarches, ainsi qu’un appel à manifester devant le Douka Bé le lendemain, samedi.

L’homme sera finalement relâché vers 20h30, acclamé par la foule réunie en soutien. Signe que le sujet demeure extrêmement sensible pour le 101ème département confronté à une violence chronique, qui a de plus connu une nouvelle escalade la semaine passée avec les affrontements de Koungou le lundi, le débat continuait d’alimenter largement les conversations tout le weekend. Nous reviendrons sur les suites de cette affaire dans nos prochaines éditions.

Promouvoir l’éveil et la créativité des 3-10 ans avec la Zaza box

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En novembre 2020, Louwazna Allaoui a décidé de se lancer dans une toute nouvelle aventure entrepreneuriale. Maman de deux jeunes enfants, elle a décidé de créer la première box éducative inspirée des îles. Son ambition ? Éveiller les enfants au monde qui les entoure au travers de thématiques et d’activités insolites.

Une box éducative qui se veut créative. Voilà qui résume bien la Zaza Box. Passionnée par son rôle de maman, Louwazna Allaoui s’est beaucoup documentée à la naissance de ses enfants afin de leur offrir une éducation riche et variée à l’image de son métissage. “Cette box est destinée aux enfants des îles et d’ailleurs afin qu’ils prennent conscience dès leur plus jeune âge de la richesse de leur patrimoine culturel et qu’ils soient fiers de leurs racines”, confie l’entrepreneure. Tous les deux mois, une box inédite permettra aux bambins âgés de trois à dix ans de découvrir un nouveau territoire d’Outre-mer. À l’intérieur de celle-ci, l’enfant découvrira trois éléments différents !

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La lecture au service de l’apprentissage

Le “Zaza Mag”. Un petit fascicule avec une histoire illustrée, une rubrique culture générale, un escape game, un focus sur l’Histoire et la culture, mais aussi quelques rubriques gastronomiques. Quoi de mieux pour s’immerger dans la culture insulaire ? “Je rédige moi-même les histoires”, précise la créatrice de la Zaza Box. “J’ai imaginé deux personnages, que les enfants pourront retrouver à chaque nouveau numéro. L’objectif du Zaza Mag est à la fois de promouvoir la tolérance, le respect, mais aussi l’héritage multiculturel des territoires d’Outre-mer.” Petit bonus : le Zaza Mag, entièrement dessiné à la main, offre aux enfants selon leurs âges, trois niveaux de lecture. Au bas des pages, ils retrouveront également des QR Code qu’ils pourront scanner avec leurs parents afin d’écouter les histoires en podcast.

promouvoir-eveil-creativite-3-10-ans-zaza-boxDans une société où la surconsommation est poussée à son paroxysme, quoi de mieux de renouer avec les activités manuelles ? Pour cela, il y a le Zaza Kit ! Une activité de création “do it yourself” expliquée pas à pas avec tout le matériel disponible afin de réaliser de superbes chefs d’œuvres. Par ailleurs, les “Zaza Kids” comme les appelle Louwazna Allaoui, découvriront dans chaque nouvelle box un “Zaza Toy”, un cadeau surprise en lien avec la thématique de la Zaza Box du moment.

Où retrouver la Zaza box ?

Mi-novembre 2021, la Zaza Box prendra son envol. Pour se la procurer, il faudra se rendre sur la plateforme sécurisée et dédiée à la vente du produit. “Nous nous limitons à une cible mais pas à un seul territoire. Nos livraisons seront assurées vers Mayotte, Maurice, La Réunion, l’Union des Comores, la Nouvelle-Calédonie, la métropole ou encore Dubaï et le Canada où nous avons reçu des précommandes”, explique l’entrepreneure qui se définit comme une enfant des îles. L’objectif pour la toute jeune entreprise est de toucher un large public tout autour du monde. De plus, soucieuse de l’environnement, la créatrice a pensé à des boxs 100% recyclables et recyclées en vente à l’unité, mais aussi à l’abonnement. De quoi ravir tous les moina zaza d’ici et d’ailleurs.

Entre La Vigie et Cetam, le collège Bouéni M’Titi accueille la 3ème classe défense de Mayotte

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Après K2 et Dembéni, c’est au tour du collège de Dzaoudzi-Labattoir d’accueillir un dispositif “classe défense et sécurité globale”, grâce à un nouveau partenariat entre le rectorat et les Fazsoi, les forces armées de la zone sud de l’océan Indien. Sept élèves de troisième ont déjà été sélectionnés pour participer à ce projet pédagogique, censé renforcer le lien armée-Nation.

Derrière les grilles qui encerclent le collège de Bouéni M’Titi en Petite-Terre, il y a d’un côté le quartier de La Vigie, de l’autre Cetam. Tout un symbole alors que s’ouvre la troisième classe défense de Mayotte, en pleine période d’hypertension sécuritaire dans le 101ème département. Car si les violences se concentrent ces temps-ci sur Koungou et Miréréni/Combani, la Petite-Terre n’est pas épargnée pour autant. “Nous avons eu ici trois homicides”, introduit le maire de Dzaoudzi-Labattoir Said Omar Oili en référence aux affrontements meurtriers entre les deux quartiers les plus pauvres de la commune, en janvier dernier. Avant de dérouler un pamphlet contre la “petite politique politicienne”, et d’en appeler à la “solidarité”, valeur de notre République “que l’on a tendance à oublier à Mayotte”. “Le préambule de la Constitution dit que les hommes – pas les hommes blancs, les hommes noirs, les Comoriens – naissent libres et égaux en droit”, insiste-t-il. Comme en campagne !

Le cible de ces beaux discours ? Les “citoyens en devenir” que constitue le petit groupe de sept élèves de troisième de la nouvelle classe défense de Mayotte. Après Dembéni et K2, c’est en effet au tour du collège Bouéni M’Titi d’intégrer ce dispositif issu du plan égalité des chances du ministère des Armées, et qui met en œuvre un projet pédagogique et éducatif interdisciplinaire, en lien avec la défense et la sécurité. Objectif : favoriser les ponts armées-Nation-jeunesse, renforcer l’enseignement de défense et participer à la lutte contre le décrochage scolaire. Pour cette troisième classe défense, le rectorat a signé un nouveau partenariat avec les Fazsoi (forces armées de la zone sud de l’océan Indien), ce vendredi, en présence du principal de l’établissement, du maire de Dzaoudzi-Labattoir, des militaires, des enseignants et des élèves sélectionnés.

“Les guerres intervillages n’ont pas leur place sur un bateau”

Tous les Fazsoi contribuent à cette action pour essayer de maintenir ce lien armée/Nation, primordial après la disparition du service militaire, qui avait cette particularité de brasser socialement toute une classe d’âge, et de permettre de comprendre les valeurs de la République”, souligne le capitaine Patrick Musique, commandant de la base navale de Mayotte, un brin nostalgique. “Quand on vit 24h/24 sur un bateau avec des gens qui viennent d’horizons différents – c’est un état d’esprit qui doit être mené à Mayotte – les guerres intervillages n’ont pas leur place”, ajoute le représentant de l’institut des hautes études de défense nationale. Une action qui trouve du sens à Mayotte, département non seulement éloigné et isolé du reste du territoire national, mais aussi et surtout en proie à une délinquance juvénile qui cible souvent les forces de l’ordre et les représentations de l’État. “On veut développer ce dispositif pour continuer le lien entre l’école et les forces de l’ordre, les forces de sécurité, l’armée ; et pour briser cette image de l’Éducation nationale d’un côté, les forces armées, la gendarmerie, la police de l’autre”, développe le recteur Gilles Halbout.

Des élèves en décrochage

Mais derrière cette nouvelle classe défense, il y a surtout l’engagement des enseignants pour leurs élèves, triés sur le volet. La sélection, qui doit répondre aux critères de l’armée – la situation administrative entre en comptes notamment – et ceux de l’académie, se base aussi sur le volontariat et la motivation. “Il y en a deux par exemple qui veulent être gendarmes”, présente Mme Cordier, la professeure principale de cette classe parcours de troisième. “Ce sont des élèves que je connais bien, je les ai eus en classe, je les suis depuis longtemps”, poursuit-elle. “L’idée, c’est de choisir des élèves qui ont des difficultés, parfois en décrochage scolaire… bon, sur les classes parcours, c’est déjà le profil et ils sont 27 pas que sept.” Ces origines sociales précaires “ne leur donnent pas les mêmes chances que tout le monde au départ”, et les éloignent d’autant plus des valeurs de la République. “C’est très abstrait pour eux, ils les connaissent, “liberté, égalité, fraternité”, la Marseillaise, etc. Mais ils ne savent pas ce qu’il y a derrière”, analyse l’enseignante d’Histoire.

Avec cette nouvelle option, le petit groupe va suivre le programme scolaire classique tout en bénéficiant d’activités supplémentaires, une fois par mois, en lien avec les Fazsoi, pour les “accoutumer aux missions de la Marine” : enseignement, matelotage, participation en mer aux activités antipollution ou encore aux cérémonies dans l’espace public se glisseront ainsi dans leur agenda. Avec l’espoir qu’à leur retour en classe, ces happy few se chargent de transmettre à leur tour à leurs camarades les valeurs de discipline et d’exemplarité ainsi acquises.

Les dernières inondations d’Acoua classées état de catastrophe naturelle

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La mesure était très attendue par les sinistrés des inondations d’Acoua et la ville. Depuis le 28 septembre, les fortes pluies de février 2021 qui ont engendré des dommages considérables dans cette commune du nord-ouest de l’île sont classées en état de catastrophe naturelle par un arrêté interministériel. Les habitants peuvent désormais espérer une indemnisation.

Sept mois après les inondations d’Acoua, les murs de la maison de Kaoutara Hazali, habitante du village, sont encore infiltrés d’eau. Son domicile nécessite des travaux colossaux : les cloisons doivent être réparées, les portes remplacées. Malgré l’urgence de la situation, la mère de famille prend son temps. Pour la simple et bonne raison qu’elle doit tout payer avec ses économies, comme toute la population de la commune… « Les assurances refusent d’assurer nos maisons car nous sommes sur une zone inondable et inconstructible », déclare-t-elle. Suite aux dernières inondations d’Acoua, Kaoutara a quasiment tout perdu. Heureusement, elle a pu compter sur les dons et la générosité de son entourage pour racheter le plus important. Si elle a également reçu une somme de 400 euros de la part du conseil départemental, cela reste insuffisant pour remettre son domicile en état.

Cependant, la donne pourrait changer pour Kaoutara et toutes les victimes des inondations de février. Un arrêté interministériel publié le 28 septembre déclare cet évènement en état de catastrophe naturelle. C’est la commune qui en a fait la demande au gouvernement au début du mois de mars dernier. « Cet arrêté va permettre aux habitants assurés de faire valoir leurs droits auprès de leurs assureurs, parce qu’ils refusaient de les indemniser tant que les inondations n’étaient pas classées état de catastrophe naturelle », indique Hanaffi Marib, le maire d’Acoua. Cela sera donc possible pour les voitures qui sont pour la plupart assurées, mais pas pour les maisons qui ne le sont pas. Cela étant, cette décision gouvernementale prévoit une autre solution pour les propriétaires. « Nous avons demandé que ceux qui ne sont pas assurés soient aussi aidés. Désormais, chacun doit constituer un dossier, ceux qui l’ont fait pourront être indemnisés », précise le premier magistrat. Un fonds de secours devrait être débloqué en ce sens pour permettre à la commune d’indemniser en partie les habitants et de réparer les dégâts causés.

Trouver des solutions pérennes

L’indemnisation est une chose, mais Acoua est de plus en plus exposé aux risques d’inondations. La saison des pluies approche et un drame comparable à celui de février de cette année n’est pas épargné. La mairie cherche alors des solutions plus pérennes pour éviter les dégâts en cas d’intempéries. « La commune a demandé un déblocage de fonds de secours pour réaliser des travaux afin de canaliser l’eau dans les caniveaux pour qu’elle ne déborde pas en cas de fortes pluies et ainsi éviter au maximum les inondations », explique Hanaffi Marib. « Les caniveaux sont sous dimensionnés et ne correspondent plus à la réalité de la commune », poursuit Bacar Youssouf, le directeur général des services de la mairie. Le maire n’a pas encore reçu la confirmation du déblocage de ce fonds de secours, mais il a bon espoir.

Un autre problème se pose à Acoua. La multiplication des constructions au fil des années respecte rarement les lois de la nature… La mangrove de la commune a été défrichée, et certains habitants ont érigé leurs maisons sur une zone non constructible et inondable. « Nous devons aménager la ville, nous avons du foncier dans les hauteurs. Nous sommes en train de réfléchir pour y construire des logements et ainsi pouvoir reloger les habitants qui sont dans les zones à risques », annonce le DGS d’Acoua. Sauf qu’il s’agira d’appartements à louer, et certains habitants ne sont pas prêts à quitter leurs grandes maisons qui leur appartiennent, pour un plus petit appartement qu’ils devront louer. « Si on me demande de partir, je n’accepterai pas de prendre un T1 alors que j’ai un T4. Et je n’ai pas envie de louer. Je préfère encore rester dans la galère ! » assure Kaoutara. Mais selon les dires du maire, il arrivera un moment où les citoyens n’auront plus d’autres choix. « Nous serons obligés de les déloger parce que nous ne pouvons pas les laisser en danger. » Quoi qu’il en soit, cela n’arrivera pas avant quelques années puisque le projet de relogement est encore en phase d’étude. En attendant, il ne reste plus qu’à espérer que les prochaines inondations, s’il y en a, ne fassent pas plus de dégâts.

Incendie à la mairie de Koungou : Mayotte et ses élus “debout” pour dire non à la violence

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Après les violents événements de lundi soir, une centaine de personnes, majoritairement des élus et des agents des collectivités, se sont donné rendez-vous à Koungou pour une marche symbolique. L’occasion de témoigner la solidarité du territoire envers la ville sinistrée, et de rappeler le ras-le-bol général face à une délinquance chronique.

Il est 9h25, et les minutes s’étirent sur le parking de La Poste à Koungou. Rendez-vous y était pris ce jeudi à 9h à l’appel des maires et des élus du département, pour “Mayotte Debout”, une journée de mobilisation générale en réaction aux “actes d’une violence inadmissible” survenus deux jours plus tôt dans la commune. “Les élus avaient oublié les écharpes, donc un agent communal a dû se dépêcher de les ramener !”, rigole-t-on au milieu d’un brouhaha de commérages, pour expliquer le retard. Dans tous les groupes, chacun arrange en effet à la hâte les rubans bleu-blanc-rouges bistournés, avant d’épousseter d’une petite tape de la main l’épaulette d’un costume. Ah, un groupe arrive enfin en provenance de la route nationale ! Ce sont les quelque huit adjoints au maire de Mamoudzou – lequel est hors territoire – et la quarantaine d’agents qui ont été invités à prendre part à ce moment solennel.

C’est parti ! Le drapeau bien à plat sur le veston, une dizaine d’élus en rang d’oignon – parmi lesquels le président de l’association des maires Madi Madi Souf et la conseillère départementale Echati Issa – prennent la tête du cortège, en direction de la mairie, victime d’un incendie lors des échauffourées de lundi soir. Plus d’une centaine de marcheurs les suivent au pas, sans d’autre bruit que le bourdonnement des conversations. “Nous attendions entre 100 et 150 personnes, des gens des communes et de l’association des maires. Et aussi des administrés qui en ont marre de cette sauvagerie”, précise Alain Manteau, le directeur général des services de Koungou, en pole position pour gérer cette crise en l’absence du maire Assani Saindou Bamcolo, encore en déplacement ce jeudi.

Sous un climat rendu d’autant plus pesant par les lourds nuages noirs qui assombrissent l’horizon, chacun est ainsi venu ici témoigner sa solidarité envers la commune sinistrée. “Ce qui est arrivé à Koungou est arrivé à notre intercommunalité, nous sommes là par solidarité car ce qui s’est passé c’est inimaginable, inadmissible pour notre République”, affirme le maire de Mtsamboro Laïthidine Ben Saïd, accompagné lui aussi de “tous les agents”, pour “donner du baume au cœur à la population de Koungou”.

Un acte prémédité ?

Arrivés en haut de la colline où trône l’Hôtel de ville, les curieux observent la façade noircie par les flammes, la mine sombre. “Ils ont fait exprès d’attaquer la mairie”, hochent de la tête d’un air persuadé deux habitants de Majicavo qui travaillent à Koungou. Une certitude confirmée par le maire de Pamandzi et président de l’association des maires Madi Madi Souf. “On m’a expliqué que des gens étaient même montés sur le toit pour mettre le feu. C’est une vraie volonté de nuire, ils bloquaient d’ailleurs les routes pour empêcher les pompiers de venir, donc c’était prémédité, comme on dit dans le jargon”, souligne-t-il. Un acte d’autant plus insupportable pour toutes les personnes présentes, qu’avec “les collègues de Koungou, c’est l’institution française qui a été atteinte”, ajoute le président.

Un symbole, mais aussi et surtout une “goutte d’eau qui fait déborder le vase”. Lequel semble plus que plein au vu des discours du jour. “C’est avec tristesse que nous nous réunissons aujourd’hui. Au Département, nous nous engageons pour accompagner la commune de Koungou pour reconstruire notre mairie”, commence la conseillère départementale, avant de s’interrompre visiblement ébranlée.

De Tsingoni à Koungou, le même ras-le-bol

Sous le chapiteau qui protège l’assistance d’une pluie insidieuse, l’émotion est palpable. Le ras-le-bol aussi, à en croire les cris d’une aînée excédée dans le micro, qui supplantent le bruit lointain des tractopelles encore à l’œuvre sur le lieu-dit de Carobolé, en contrebas de la mairie. L’opération de destruction de ces cases en tôle avait mis le feu aux poudres, lundi. “On est fatigués, parce qu’on travaille pour Mayotte, pour que nos enfants aillent de l’avant et on voit au contraire les clandestins qui font la loi. On ne dort plus dans nos maisons, on met des grilles partout”, nous traduit une femme dans la foule.

Lui, il vient de Combani, son fils s’est fait couper le bras, parce que la veille il avait dit aux gens de Miréréni, s’ils ne voulaient pas faire la paix, de rester chez eux”, déroule cette employée de la mairie de Tsingoni, bien au fait des affrontements interminables qui enflamment sa ville. “Je veux partir en métropole, j’ai peur pour les enfants”, explique cette mère de famille. “Mon fils a 11 ans, il va rentrer en 6ème et je ne veux pas qu’il aille au collège de Tsingoni. Déjà quand il veut aller faire du foot au terrain jusqu’à 18h, je ne suis pas tranquille…”, souffle-t-elle. Avant de répéter, comme pour s’en convaincre : “Non je l’ai dit au maire, je veux partir en métropole.

 

Pour l’Hôtel de ville, l’occasion d’un vrai coup de neuf

S’il est encore un peu tôt pour évaluer l’ampleur des dégâts, il faudra tout de même “quelques mois pour remettre en état” la mairie de Koungou, explique le directeur général des services Alain Manteau. Les experts sont d’ores et déjà venus faire les premières constatations cette semaine, à la fois pour protéger la structure alors que la saison des pluies approche et pour chiffrer la remise en état. La charpente et le toit ont notamment “beaucoup souffert”. Or, “tous les câbles passaient par les combles”, développe-t-il. Les services de la mairie vont donc être délocalisés plusieurs mois entre la mairie annexe de Majicavo et des modulaires qui vont être installés. “Il y avait un projet d’extension, car le bâtiment est vieux de plus de 15 ans, et ne répondait plus aux besoins. Donc nous réfléchissons à rester un peu plus longtemps dans ces modulaires, pour pouvoir enchaîner directement sur le gros projet”, ajoute-t-il.

À Sada, les terrasses se mettent au vert

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Depuis six mois, Mako a transformé sa terrasse en potager. Aidée par l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte et le centre communal d’action sociale de Sada, l’assistante maternelle de profession est devenue jardinière amateure. Une opportunité de consommer des produits locaux et de saison, sans pesticides.

Tous les jours, de bonne heure et de bonne humeur, Mako se rend sur sa terrasse. “Je prends plaisir à monter de bon matin à 5h. Je reste sur mon toit quarante-cinq minutes à une heure pour m’occuper de mes plantations”, confie la jardinière en herbe. Dans les bacs en bois, tomates et salades poussent sous le soleil de Sada. “J’avais déjà cette idée d’utiliser ma terrasse comme potager”, confie Mako. Avant d’ajouter : « j’avais parlé de cela à mes amis et mes voisins et par le bouche à oreille, les salariés de l’Epfam sont venus à ma rencontre pour me proposer de participer au projet d’expérimentation des toitures végétalisées.

Une véritable opportunité pour l’assistante maternelle qui se dit ravie des conseils et du suivi que la structure lui a apporté. “J’ai été très bien accompagnée par Claire Colliaux qui est chargée de mission agriculture urbaine. Nos échanges étaient aisés et les choses se sont mises en place facilement”, confie la jardinière. En rejoignant ce programme, Mako a pu bénéficier d’une aide à l’installation de son jardin potager grâce à des aménagements financés par l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte, la préfecture, le conseil départemental, l’Union européenne, Leader France et le groupe d’actions locales Ouest Grand Sud de Mayotte. Bacs de jardinage, filets de protection, étanchéité du toit terrasse, accès et sécurisation de celui-ci, mais aussi installation d’une citerne de récupération des eaux de pluies ou encore financement d’un appareil de mesure de l’hygrométrie, autant d’outils que Mako et deux autres familles sadoises participantes au projet ont pu recevoir.

Un espace d’expérimentation

C’est une arlésienne : le foncier est rare à Mayotte. En utilisant les toits terrasses comme lieu de production d’une agriculture vivrière, l’Epfam fait le pari d’apporter plus de “vert” en ville. En se lançant dans ce projet, les jardiniers amateurs ont accepté de réaliser un suivi précis pendant trois ans de leurs récoltes, de noter leurs quantités ou encore de faire état des maladies que les plantes peuvent attraper. Sur leurs terrasses, des bacs de différentes formes et contenances accueillent les légumes. Certains sont au soleil, d’autres à l’ombre et jour après jour, leurs propriétaires analysent la productivité de ceux-ci. De quoi réaliser un véritable guide sur l’agriculture urbaine qui pourra par la suite servir aux Mahorais souhaitant tenter l’expérience.

Un travail d’équipe

Au départ, tout est parti d’une mésaventure qui est arrivée à Mako ou plus précisément à ses lapins. “Ma fille s’est rendue au marché pour acheter de la salade pour ses lapins. Lorsqu’elle a donné cette salade soit disant bio à ses animaux, ils sont morts et l’eau dans laquelle nous avons rincé la salade ensuite afin de vérifier ce qui avait pu les tuer était orange !”, s’exclame la mère de famille. Un épisode qu’elle n’est pas prête d’oublier et qui lui a donné l’envie de cultiver ses propres légumes. Aujourd’hui, les tomates qu’elle consomme au quotidien et dont les enfants qu’elle garde raffolent, poussent sans aucun intrant. De l’eau, de la terre, du soleil et c’est tout !

Plantés dans des bacs confectionnés par des jeunes en insertion du centre communal d’action sociale de Sada, les cultures fleurissent sous le regard attentif de la maîtresse de maison. “Je n’avais jamais fait d’agriculture avant. J’ai d’abord commencé par planter des fleurs pour égailler ma cour et aujourd’hui, je plante toujours plus d’essences différentes. J’ai également suivi avec le programme de l’Epfam trois demi-journées de formation avec un intervenant du CFPPA (centre de formation professionnelle et de promotion agricole) de Coconi”, confie l’assistante maternelle. À l’heure actuelle, Mako récolte trois kilos de tomates cerises par jour ! De quoi rassasier toute la famille mais aussi les voisins et les curieux qu’elle invite avec grand plaisir à faire visiter son potager.

Installation de cinq nouveaux magistrats au tribunal judiciaire de Mamoudzou

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Le tribunal judiciaire de Mamoudzou fait sa rentrée. Ce jeudi 30 septembre, cinq nouveaux magistrats ont été présentés au sein de l’établissement. Ils viennent renforcer l’effectif, mais malgré cette arrivée, l’équipe de magistrats n’est toujours pas au complet à Mayotte.

Parés de leur robe traditionnellement noire et de leur ceinture moirée bleue, les cinq nouveaux magistrats écoutent attentivement le discours de bienvenue du président du tribunal judiciaire de Mamoudzou, Laurent Ben Kemoun. L’un d’eux est affecté au parquet pour épauler le procureur de la République et ses substituts. Les quatre autres sont des magistrats du siège, en d’autres termes, ce sont les juges classiques. Ils viennent renforcer l’équipe de la magistrature de la juridiction qui compte au total quatre juges au parquet plus le procureur et seize au siège.

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Cependant, l’arrivée de nouvelles troupes ne comble pas le manque de personnel. « Ces effectifs ne sont bien évidemment pas suffisants, il faudrait au moins que nous soyons au complet… Mais il manque un poste au siège et un autre au parquet », indique Laurent Ben Kemoun. Cette problématique en emmène une autre puisque les postes vacants ne facilitent pas les missions des juges qui sont déjà submergés par la charge de travail. « Je peux comprendre ceux qui disent que les délais des affaires sont longs. Mais nous faisons un énorme travail pour réduire ce temps, surtout en matière correctionnel et à l’état civil où nous travaillons pour rebooster le service », ajoute le président du tribunal. Un discours à l’opposé de celui du procureur de la République, Yann Le Bris, qui estime que le temps d’attente n’est pas plus long à Mayotte qu’ailleurs. « Ici, vous êtes jugés dans un délai de trois mois, ce sont des délais tout à fait raisonnables, ils sont même très courts par rapport à ceux que nous pouvons trouver en métropole. »

Mayotte, la meilleure école

Julie Vignard, juge au siège pénale et coordinatrice du tribunal de police, a fait le choix de quitter quinze ans de vie professionnelle à Paris et en région parisienne pour Mayotte. Elle a fréquenté les grands établissements tels que le tribunal judiciaire de Bobigny, elle a été directrice de détention stagiaire au centre pénitentiaire de Fresnes et conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation au sein de la maison d’arrêt de Fleury-Merogis ou encore celle de Nanterre. « Je suis venue à Mayotte pour le challenge. Je voulais avoir une expérience qui est presque de l’ordre d’une expérience à l’étranger en étant à Mayotte », confie-t-elle. Le département est surtout une occasion pour la juge et ses collègues d’accélérer leurs carrières. « Ici, tout va plus vite qu’en métropole, on nous confie des responsabilités plus rapidement, ce qui n’est pas pour me déplaire », sourit-elle. Même son de cloche pour Max Goldminc, magistrat au parquet. Pour lui, le territoire mahorais « est la meilleure école parce que c’est peut-être la plus difficile des tribunaux de France ». « Mon espoir c’est que quand je quitterai le parquet de Mamoudzou, je sois devenu tout terrain », ajoute-t-il.

Cela fait maintenant un mois que ces représentants de la justice ont pris leurs fonctions sur l’île, et ils ont déjà relevé les spécificités mahoraises avec lesquelles ils doivent composer. Des particularités bien loin de leurs habitudes métropolitaines. « Ici, nous voyons des contentieux comme le braconnage de tortues que nous n’avons pas à Paris. Et puis, il y des choses plus folkloriques que nous mettent en avant les justiciables comme les envoutements et les djinns », raconte Julie Vignard. La barrière de la langue et la compréhension du système judiciaire français peuvent être un frein pour ces magistrats qui entament leur première expérience dans un territoire partagé entre deux cultures. « Nous avons une population pénale qui est pour une large partie étrangère. Au-delà de nationalité, je parle en termes de culture et d’appréhension de la justice. Nous ne sommes pas toujours sûrs que les justiciables ont bien conscience de l’endroit où ils se trouvent et de la raison pour laquelle ils sont là », souligne Max Goldminc.

Des projets structurants

Cette rentrée des magistrats est l’occasion pour le tribunal judiciaire d’afficher ses objectifs. La réduction des délais de jugements fait ainsi partie des priorités. « Nous devons également sortir le maximum d’affaires aux assises et arriver à les traiter malgré notre sous-effectif. Nous allons aussi continuer la rénovation des locaux car nous en avons bien besoin », affirme Laurent Ben Kemoun. D’autres projets sont en cours, notamment la médecine légale qui est en phase de construction depuis plusieurs mois. L’objectif est d’améliorer les conditions d’accueil de toutes les victimes dans les services de soin pour qu’elles soient reçues « avec dignité, professionnalisme et rapidité », renchérit le procureur. « Nous avons obtenu à ce titre, en deux étapes au mois de mai et en septembre de cette année, l’équivalent de presque deux millions d’euros pour mettre en place un institut médico-légal en concertation avec le CHM et l’ARS », annonce Yann Le Bris. Des projets et des nouveaux arrivants qui donnent un second souffle au système judiciaire à Mayotte.

Hawa : « Si nous arrivons à mettre deux personnes dans un seul et même véhicule, ce serait déjà une belle victoire ! »

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Ce vendredi 1er octobre prend effet l’arrêté de voirie du 17 septembre portant circulation alternée à Mamoudzou ainsi que l’interdiction de déplacement de tous les véhicules âgés de plus de 15 ans. Pour Bruno Brouard-Foster, le directeur d’Hawa Mayotte, l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air sur le 101ème département, il s’agit d’une mesure forte qui devrait permettre de réduire les émissions de particules fines. Entretien.

Flash Infos : Comment avez-vous accueilli les deux mesures du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, à savoir la mise en place d’une circulation alternée les lundis et mardis pour les usagers extérieurs à la ville chef-lieu et l’interdiction de déplacement des véhicules de plus de 15 ans ?

Bruno Brouard-Foster : J’avais été contacté pour participer à la conférence de presse du vendredi 17 septembre au cours de laquelle j’ai été amené à prendre la parole pour répondre aux questions des journalistes. J’ai été surpris de cette annonce, car je n’étais pas du tout averti ! J’ai informé l’auditoire qu’il s’agissait de mesures fortes, qui sont en principe décidées par les préfectures lors de dépassement de seuil de pollution. En tant qu’association agréée de surveillance de la qualité de l’air sur Mayotte, nous les soutenons, même si nous n’avons pas été consultés sur l’arrêté. Nous avons simplement fourni les mesures à la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou et à la ville chef-lieu.

FI : Sur le principe, vous êtes donc conquis par cette décision…

B. B-F. : La démarche des plaques paires et impaires, ça ne se fait plus. C’est un peu old school… Depuis, il y a ce que nous appelons la vignette Crit’Air, mise en place par le ministère de la Transition écologique. N’importe quel automobiliste peut la réclamer ! Cela permet de gérer les véhicules plus ou moins polluants, en fonction du type de carburant utilisé et des caractéristiques du constructeur. Après, si l’arrêté est bien appliqué et respecté, cela voudra dire qu’il y aura moitié moins de voitures, donc cela va forcément diminuer par deux les émissions : c’est mathématique.

À Mayotte, nous savons que les véhicules neufs ne sont pas très entretenus et dégagent rapidement de la fumée toxique. Donc imaginez les plus anciens, qui sont dans un sale état et qui auraient sans aucun doute des vignettes 4 ou 5. Pour la qualité de l’air, c’est une action qui va sur le principe permettre de réduire la pollution sur les axes routiers. Alors oui effectivement, cela a un impact pour l’économie, mais à un moment donné il faut savoir prendre des décisions impopulaires !

FI : Jusqu’à quel niveau, pouvons-nous envisager une amélioration de la qualité de l’air ?

B. B-F. : Nous avons une station de surveillance à Kawéni Nord qui se situe entre Imprimah et EDM. Nous allons pouvoir mesurer concrètement s’il y a une diminution ou non de la pollution. Lors du premier confinement en mars 2020, nous avons pu noter au cours des trois premières semaines, quand aucune voiture ne circulait, un abaissement de l’ordre de 30% des particules fines PM10. Il faut savoir qu’entre Koungou et Passamaïnty, nous consommons deux fois plus que la normale en raison des embouteillages, soit 13 ou 14 litres au 100… Sans compter la climatisation.

FI : À Mayotte, le défi de la pollution semble perdu d’avance entre le retard des politiques publiques et les habitudes.

B. B-F. : Nous demandons de réaliser en 10 ans ce qui a été accompli en 50 ans en Hexagone. Pour rappel, le covoiturage a mis 30 ans à se mettre en place… Ici, nous vivons à 100 à l’heure la surconsommation. De ce côté-là, nous ne pouvons pas demander aux Mahorais de tout abandonner du jour au lendemain. En sachant que seulement 25% des foyers ont une voiture, contre 80% à La Réunion. Il faut savoir que Mayotte est l’un des départements dans lequel nous marchons le plus. Nous ne sommes pas encore dans la phase de mutualisation des moyens comme en métropole.

Quelles solutions s’offrent à nous alors ? Au Japon par exemple, le prix des contrôles techniques est tellement prohibitif que les habitants préfèrent changer de voiture. À Mayotte, il faudrait dans un premier temps qu’ils soient bien réalisés et respectés… Et ensuite que des contrôles de pollution soient réalisés. En soi, cette interdiction sur les véhicules de plus de 15 ans va surtout toucher de plein fouet une population qui n’est pas aisée et qui n’a pas forcément la possibilité d’investir dans du neuf. Mais ce qui pêche avant tout sur le territoire, c’est le manque d’espace pour construire de nouvelles routes… Alors si nous arrivons à mettre deux personnes dans un seul et même véhicule, ce serait déjà une belle victoire !

Avec les décasages, des parcours scolaires chamboulés à Mayotte

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Depuis maintenant un an, la préfecture de Mayotte s’est lancée dans une nouvelle mission de destruction des habitats informels dans le cadre de la loi Elan. 955 habitations ont été détruites depuis le début de l’année. Des centaines de familles se sont retrouvées démunies, sans aucune solution pérenne de relogement. Parmi elles, des enfants scolarisés qui doivent jongler entre les décasages et leur scolarité. Une partie d’entre eux est suivie par les autorités, mais le système n’est pas sans failles.

Démolir les cases en tôles et proposer des hébergements d’urgence, telle est la politique du gouvernement depuis un an à Mayotte. Rien qu’en 2021, les services de l’État recensent pas moins de 955 habitations détruites ! Et au moins autant de familles désemparées… Conséquence : « énormément d’enfants ont été déscolarisés à la suite de ces opérations », dénonce Pauline Le Liard, chargée de projet régional à la Cimade. Difficile dans ce marasme de quantifier l’adverbe « énormément » puisque ni le rectorat ni la préfecture, et encore moins les associations partenaires, ne sont en mesure de communiquer les statistiques sur le nombre d’enfants scolarisés qui ont été relogés, expulsés ou qui ont tout bonnement disparu avec leurs parents. Personne ne peut non plus informer sur le nombre d’élèves qui ont pu poursuivre leur scolarité, et encore moins ceux qui ont eu une année scolaire interrompue ou perturbée.

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Pourtant, un dispositif de suivi existe bel et bien pour assurer la continuité de la scolarisation de ces enfants qui ont perdu leurs maisons. « Normalement, le service de la cohésion sociale fait une enquête avant le décasage auprès des familles pour voir qui a des enfants et où ils sont scolarisés. Les conclusions nous sont envoyées quand l’enfant ou la famille est relogée autre part. Cette procédure nous permet d’anticiper la scolarisation », défend le recteur Gilles Halbout. Mais tout ne se passe pas toujours comme prévu… En effet, certaines familles refusent les propositions de relogement. Ce qui complique considérablement la tâche des institutions ! « Les familles refusent ces lieux puisqu’ils ne sont pas du tout adaptés à la composition familiale du ménage ni au lieu de scolarisation », soutient la représentante de la Cimade. Alors elles n’ont d’autre choix que de trouver des solutions par leurs propres moyens, dans l’intérêt de leur progéniture. « Ce que nous avons vu lors des précédents décasages c’est que globalement les familles trouvent toujours un point de chute pour leurs enfants pas loin », révèle le responsable de l’académie.

Le grand flou pour les enfants des familles en situation irrégulière

Mais qu’en est-il des parents qui sont en situation irrégulière et qui sont expulsés ou se sont évaporés dans la nature ? « Ceux-là, nous ne les voyons pas », admet Gilles Halbout. Pourtant avant chaque opération de destruction, l’association pour la condition féminine et l’aide aux victimes (ACFAV) mène des enquêtes sociales pour recenser le nombre de familles présentes et notamment les enfants scolarisés. Mais ces enquêtes sociales doivent être améliorées selon Lydia Barneoud, la présidente de l’association Haki Za Wanatsa, qui promeut et défend les droits de l’enfant. « Nous avons proposé en mars dernier que figurent sur les enquêtes les établissements scolaires d’origine des enfants. Cela a été confirmé récemment par la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités et cela permettra, nous l’espérons, un meilleur suivi de ces élèves par les services du rectorat. » Car pour l’instant, « c’est au petit bonheur la chance » ! « Les professeurs réalisent à travers les absences que tel élève habitait dans le quartier détruit », ajoute-t-elle. De son côté, le recteur se veut rassurant, notamment pour les parents qui sont renvoyés dans leur pays d’origine. « Actuellement, nous travaillons avec les associations dans une logique de coopération pour que quand des familles sont en irrégularité et qu’elles doivent partir, nous essayons de leur trouver un bon système éducatif là-bas. »

Absence de suivi psychologique

Quid alors du suivi psychologique ? Car le décasage est sans conteste une situation éprouvante et d’une violence mentale considérable pour les adultes, et plus encore pour les enfants. Or, ceux qui ont la chance de retrouver les bancs de l’école n’en bénéficient pas à Mayotte… « Les enseignants en parlent, mais il n’y a pas de suivi particulier », reconnaît le recteur. « Les professionnels sur le terrain nous remontent des gros soucis car des élèves arrivent traumatisés. La scolarisation va être interrompue, bafouée ou pleine d’obstacles », précise Pauline Le Liard de la Cimade. Une réalité qui n’étonne personne, mais qui doit trouver des solutions.

L’association Haki Za Wanatsa œuvre en ce sens. « Nous travaillons avec l’ensemble des partenaires pour faire en sorte de ne pas pénaliser doublement ces enfants, dont on oublie souvent que la majorité n’a rien fait d’autre que de naître au mauvais endroit. Il en va de l’ambiance en milieu scolaire, mais aussi au dehors. C’est une question d’intérêt général. En cela, permettre leur suivi effectif, au-delà d’être un devoir légal et moral, est aussi crucial, pour l’avenir de l’île », déroule Lydia Barneoud. « Nous défendons le droit des enfants à ne pas être séparés de leur famille en cas d’éloignement, et celui, s’ils ont vocation à rester, de poursuivre leur scolarité, dans les meilleures conditions possibles. Au-delà du droit, il s’agit aussi de ne pas alimenter les tensions, ce qui n’a pour seul effet que d’ajouter du chaos à la situation déjà bien complexe et éprouvante pour tous sur le territoire. » Des principes que nul n’est censé ignorer, en théorie. En pratique, partagée entre l’envie d’en finir avec les bidonvilles et le respect des droits de l’enfant, la préfecture doit encore régler sa balance pour trouver le juste milieu.

Cavale en Toyota volée de Soulou à Bouéni : jusqu’à 5 ans de prison pour une bande qui avait terrorisé des habitants de Mayotte

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Une bande comparaissait ce mercredi au tribunal pour avoir dépouillé des promeneurs à Soulou puis, quelques jours plus tard, cambriolé à deux reprises la même famille, à Bouéni, en 2016. Des faits qui rappellent les heures sombres du banditisme à Mayotte, quand les coupeurs de route s’attaquaient à la population.

Ils avaient dépouillé, volé, cambriolé et traumatisé au moins 11 victimes, entre le 17 et le 21 décembre 2016. Pire encore, au terme de cette cavale, c’est une même famille qui avait reçu la visite impromptue de la bande, deux nuits de suite… Cinq prévenus étaient appelés à comparaître ce mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou, pour des faits de vol avec violence, vol ou tentative de vol par effraction, violence commise en réunion et destruction du bien d’autrui en réunion. Quatre étaient présents à l’audience, le cinquième n’ayant pas été interpellé. Et malgré de maigres tentatives d’excuses à la barre, difficilement entendables au vu de ce joli palmarès, ils ont tous écopés de peines de prison ferme, allant jusqu’à six ans pour les plus impliqués.

Leur aventure crapuleuse commence le 17 décembre, à Tsingoni, sur le chemin qui mène à la cascade de Soulou. Ils y guettent les badauds de retour de la plage. Un petit groupe finit par tomber dans leurs griffes. Sous la menace de trois individus, armés d’un bâton et de deux machettes, les promeneurs sont dépouillés, leurs sacs vidés et fouillés. L’un des agresseurs demande s’il reste du monde sur la plage, et les victimes répondent par la négative. Manque de bol, un couple arrive sur ces entrefaites… Ce qui leur vaudra de passer eux aussi à la casserole. Mais les bandits voient rouge. Pour la peine, ils gratifient l’un des membres du premier groupe d’un coup de chumbo, du plat de la lame, sur l’épaule. En tout, l’opération dure près de 30 minutes, auxquelles il faudra ajouter pour les victimes des jours d’ITT et des nuits d’angoisse, causés par le stress post-traumatique.

Course poursuite en Toyota

Sans surprise, à leur sortie de la forêt, la Toyota Corolla du groupe manque à l’appel. “Ce véhicule sera le fil rouge de cette affaire”, souligne la présidente à la lecture des faits. Car deux jours seulement après cette première exaction, les larrons récidivent à quelques kilomètres de là, dans la commune de Bouéni. Ils sont cinq désormais, parqués dans la petite Toyota volée, devant une plutôt belle bâtisse. “Vous vous êtes dits que c’était une belle maison, donc ça devait être des métropolitains et que vous alliez la cambrioler”, dénonce l’avocate des parties civiles, Me Kassurati Mattoir. Ils pénètrent à la nuit tombée dans l’habitation endormie, font leurs affaires sans bruit, mais sont finalement repérés. Pris en chasse par le fils des victimes, ils se retournent contre lui à coups de caillasses et de coups de machettes dans les vitres.

Mais ce n’est pas tout ! Le lendemain, rebelote, dans la même maison. Car la bande insatiable a avisé un petit coffre-fort dans la chambre parentale le soir du premier cambriolage. “J’ai entendu un bruit, boom ! Comme si l’on avait jeté quelque chose de lourd”, raconte la femme à la barre, qui s’est soudainement retrouvée nez à nez avec trois individus armés de couteau et de machettes, chez elle. Elle crie avant d’être saisie par le cou et menacée de mort. “J’ai supplié, ‘‘s’il-vous-plaît, ne tuez pas mon mari, tuez-moi à la place””, sanglote la victime à l’audience, encore chamboulée après cinq années de procédure. Son mari, déjà malade à l’époque, n’aura lui pas survécu assez longtemps pour témoigner à la barre. “Mon père n’est plus là, son état de santé s’est aggravé depuis ces événements”, souffle le fils endeuillé.

“Ils peuvent faire leur peine aux Comores”

Du côté des prévenus, c’est plutôt profil bas. “Si je fais le bilan des cinq années en prison, j’ai gâché ma vie et je suis le seul responsable”, tente ainsi l’un d’entre eux. Mais les quatre bougres peinent à amadouer, d’autant plus ceux qui traînent un casier judiciaire fourni… ou qui tentent d’obtenir du juge leur transfert à La Réunion ou en métropole. Mauvaise pioche selon l’avocate des parties civiles. “Je rappelle que tous ces gentils Messieurs sont en situation irrégulière sur le territoire, ils peuvent faire leur peine aux Comores, ils verront si c’est si dur, la détention à Mayotte”, raille-t-elle au moment de faire sa plaidoirie. Pas plus convaincue par leurs excuses, prononcées “parce qu’il y a des conséquences néfastes sur leur propre vie, et en niant les conséquences sur celle des victimes”.

Le parquet a requis des peines entre trois et six ans de prison. Les juges iront plus ou moins dans le même sens, en condamnant ceux ayant participé aux trois séries de faits à cinq ans d’emprisonnement, et les deux autres à respectivement 30 mois et quatre ans ferme.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes