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Un cruel manque culturel et sportif

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La promotion de la culture a été l’une des rares réussites de la précédente mandature du Conseil départemental. Mais, dans ce secteur ou dans celui des sports, le manque d’infrastructures pénalise encore et toujours les associations, artistes et athlètes mahorais.

L’identité mahoraise, faite de multiples racines et construite par de nombreuses épreuves et luttes communes, est la substantifique moelle de Mayotte et de sa culture unique. Cette dernière, Soibahadine Ibrahim Ramadani l’évoquait dans son Plan de mandature 2015, assurant qu’il fallait « réaffirmer l’identité mahoraise par la promotion de la culture, de la recherche et du sport« . L’objectif de l’ancien président du Conseil départemental était notamment d’éveiller les nouvelles générations à leur histoire. Malgré quelques petites avancées sur ce point, on ne peut que déplorer l’oubli total dans lequel tombent de nombreux auteurs mahorais, délaissés par les jeunes. Néanmoins, le succès de la publication de la bande dessinée Mayotte, rencontre de peuples et de civilisations, signée Nassur Attoumani, est une grande fierté pour les anciens élus, qui voulaient ardemment un ouvrage de vulgarisation sur l’histoire de leur île.

Le « schéma départemental du livre et de la lecture publique« , pour changer, a en outre permis l’avènement d’un salon du livre ayant tenu deux éditions, en 2017 et 2019. Le Conseil départemental, ces dernières années, a aussi été à l’origine de nombreuses manifestations culturelles, avec au cœur de ces derniers une promotion de la culture mahoraise. Cependant, la salle de spectacle « à dimension départementale et à vocation événementielle » figurant dans les grands projets de la mandature manque toujours à l’appel, malgré des fonds européens alloués à ce projet. Le MuMa (musée de Mayotte), quant à lui, a souffert de la crise sanitaire ces deux dernières années, et n’a pu accueillir autant de public que souhaité. Il faut d’ailleurs noter le bon fonctionnement de l’Office culturel départemental, mis en place par l’ancienne mandature.

Les graines d’athlètes font du surplace

Du côté des terrains et autres gymnases, tout est moins rose, et moins vert. Les associations et clubs sportifs déplorent l’état des pelouses du département, et le « manque criant de structures et d’encadrement » que déplorait Soibahadine Ibrahim Ramadani n’a pas été comblé durant les six années de sa présidence. Le dossier du stade de Cavani est en ce sens alarmant. Le Conseil départemental a en effet perdu l’enveloppe du Centre National pour le Développement du Sport, soit 4,42 millions d’euros, à cause de l’absence de réalisation de travaux dans les délais et du non-respect des procédures d’attribution de marchés. Le centre de formation de sportifs de haut niveau, quant à lui, se perd dans la multitude de schémas du Plan, même si un CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive) a été créé en 2018.

Cette même année, des Assises du sport ont été tenues par le Département. Et, alors que le document prévoyait initialement la candidature de Mayotte pour les Jeux des Îles de l’Océan Indien (JIOI) 2023, cette dernière a eu lieu pour l’édition des JIOI 2027, avec de bons espoirs de réussite. Mais, pour organiser ces Jeux, les infrastructures seront essentielles, à l’heure où les sportifs mahorais sont plus talentueux que jamais. Comment expliquer que les parcours des Jumeaux de Mzouazia cette année ou du FC Mtsapéré la saison dernière en Coupe de France de football ne permettent pas à ces clubs de jouer sur le sol mahorais ? C’est d’autant plus incompréhensible que le Conseil départemental souhaiter que les sportifs de l’île puissent « rivaliser avec les homologues de la région« …

Enfin, la science n’est pas parvenue au niveau souhaité par le Conseil départemental lors de son élection en 2015. « La présente mandature fera de la recherche un pilier de son action pour construire Mayotte de demain« , pouvait-on lire dans les pages du Plan de mandature. Le centre de recherche et de documentation scientifique n’est malheureusement jamais sorti de terre, et le Centre Universitaire de Dembéni est le seul à avoir une dimension de recherche plus ou moins dynamique.

Dans tous les secteurs de la vie mahoraise, le Conseil départemental version 2015-2021 a agi, mais a également connu de nombreux échecs, pénalisant moins les élus que le peuple de Mayotte. Lors de son discours de vœux pour l’année 2016, Soibahadine Ibrahim Ramadani, quelques mois après l’élection, déclarait : « Je souhaite indiquer que si les quatre autres DOM ont attendu près de 50 ans pour accéder à l’égalité sociale, je suis convaincu qu’il faudra infiniment moins de temps aux Mahorais pour parvenir à l’égalité réelle au sein de la République« . Le temps, malheureusement, passe bien lentement pour les Mahorais, qui ne savent pas si ces six années de mandature passaient ou stagnaient.

Une campagne d’information lancée en ligne au profit des entrepreneurs

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Le but de cette sensibilisation parrainée par le ministère de la Justice et qui, s’étalera sur une période de trois semaines, est de faire découvrir aux entreprises, les différents mécanismes mis en place par les tribunaux de commerce pour les accompagner en cas de difficultés.

Abdou Moustoifa

«  Entreprise en difficulté : comment faire face ?  » C’est le thème retenu par le ministère de la justice qui, depuis le 7 décembre, mène une campagne d’information sur la « justice commerciale« . Cette sensibilisation digitale répond à un objectif spécifique : Faire connaitre aux entrepreneurs en difficultés les dispositifs d’accompagnement qu’offrent le tribunal de commerce et le tribunal judiciaire. Il n’est en effet un secret pour personne que les entreprises confrontées à des difficultés financières le plus souvent, peinent à se relever si elles ne bénéficient pas à temps d’un soutien. C’est dans cette optique que le ministère de la Justice a lancé une campagne axée sur les avantages de la justice commerciale et qui s’achèvera le 23 décembre prochain. Celle-ci tournera essentiellement autour de ces deux mécanismes qui ont déjà fait leurs preuves : D’abord la prévention des difficultés en mettant œuvre des procédures amiables comme le mandat ad hoc et la conciliation. Puis, le soutien aux entreprises à travers des procédures de sauvegarde et des mesures de redressement avant que la situation n’atteigne un seuil critique. Parmi les avantages de cette alternative, l’entreprise arrive non seulement à maintenir les activités, mais elle parvient également à sauver les emplois. Pour démontrer l’efficacité de cette méthode, le ministère a donné la parole à trois chefs d’entreprises qui ont pu se relever après avoir bénéficié l’accompagnement de la justice. Dans trois vidéos mises en ligne sur le site du ministère de la justice commerciale, Olivier Piquet, directeur général du groupe Lise Charmel, Stéphane Milan, chef du réstaurant Le Trévise et Caroline Sirch, président d’Ideal ont tous partagé leur expérience.

Apurement des créances

Considérés comme les principaux piliers de ces plans de redressement, les tribunaux de commerce eux, s’appuient sur des entretiens de prévention-détection au sein de la juridiction. Les personnes qui exercent des activités commerciales ou artisanales peuvent se tourner vers les juges consulaires, issus du monde de l’entreprise. De leur côté, les entrepreneurs travaillant dans les autres secteurs d’activité à l’instar de l’agriculture sont dirigés vers les tribunaux judiciaires où, siègent des magistrats statutaires et dans certains territoires, des juges consulaires. Dans son communiqué de presse du 8 décembre, le ministère a également mis en avant les dispositifs de sortie de crise. Ces mesures « exceptionnelles« , visent à aider les entreprises à surmonter les difficultés économiques liées à la crise sanitaire du covid. Les procédures à l’amiable ouvrent par exemple la voie à une renégociation des dettes des petites entreprises. «  Il est possible de demander au président de tribunal sursoir l’exigibilité des créances en procédure de conciliation« , lit-on, dans le même communiqué. Un autre mécanisme de sortie de crise adopté en 2021, permet aussi aux entrepreneurs de bénéficier d’un apurement des créances sur une période maximale de 10 ans dans le cas d’une sauvegarde. Avant, la procédure durait 6 mois voire plus s’agissant d’un redressement judiciaire. Ce timing a été raccourci. L’entreprise peut en seulement trois mois obtenir ce plan d’apurement. La seule condition posée ? C’est la présentation d’une comptabilité conforme.

Journée de la jeunesse de l’océan Indien

Samedi 11 décembre avait lieu la journée de la jeunesse sur le thème du sport-santé à Passamainty. Un événement organisé par l’union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) dans le cadre de la commission de la jeunesse et des sports de l’océan Indien (CJSOI). Créée en 1988, la CJSOI regroupe sept pays/îles membres : les Comores, Djibouti, Madagascar, l’île Maurice, Mayotte, la Réunion et les Seychelles. Son but ? Promouvoir l’amitié et la fraternité entre les jeunes des pays partenaires et favoriser le développement de la coopération régionale, du sport et de la jeunesse. Pour cela, elle met en place des échanges de jeunes et de sportifs âgés de moins de dix huit ans dans le cadre des jeux de la CJSOI. Par ailleurs, l’institution mène des actions pour la jeunesse dans chaque pays membre. Initialement prévu du 16 au 25 juillet 2021, les douzièmes jeux de la CJSOI auront lieu du 4 au 11 décembre 2022 à Maurice. Mayotte sera composée d’une délégation d’environ cent cinquante jeunes, encadrants, juges, arbitres, présidents de fédération. Au programme, diverses disciplines sportives comme l’athlétisme, le beach handball, le futsal, la pétanque, le tennis, le tennis de table ou encore la voile. Alors si vous avez raté l’événement de samedi, à vos baskets et rendez-vous l’année prochaine !

EDM se tient au courant

L’entreprise électricité de Mayotte (EDM) annonce le lancement imminent d’une enquête de satisfaction auprès des mahorais. Pour ce faire, le professionnel de l’énergie a mandaté la société Synthèses, spécialisée en études marketing. L’objectif de cette démarche ? Identifier, mesurer et hiérarchiser les leviers de satisfaction des usagers afin d’améliorer l’expérience et de répondre aux besoins. “Déterminer les critères qui concourent le plus à la satisfaction des clients, évaluer le taux de satisfaction par processus, outils mis en place et dans sa globalité, recueillir le ressenti des clients sur les actions mises en place durant l’exercice précédent, recueillir les attentes des clients mais aussi, le ressenti de ceux-ci vis-à-vis de propositions d’actions à venir, prioriser les activités à améliorer pour accroître la satisfaction des mahorais”, tel sera le travail de Synthèses au travers de cette enquête. Afin de mener à bien cette étude, chaque client d’EDM est susceptible d’être contacté pour donner son avis. Le fournisseur d’électricité de l’île prie alors sa clientèle de bien vouloir accorder quelques minutes de son temps à l’entreprise Synthèses s’ils reçoivent un appel, un mail ou un SMS venant de cette société.

Sébastien Lecornu réaffirme la volonté de l’Etat de maintenir le dialogue avec les collectivités territoriales

Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, prend acte des propositions formulées par les élus guadeloupéens pour répondre aux demandes du collectif. Comme il l’avait précisé lors de son déplacement en Guadeloupe le 29 novembre 2021, nombre de ces revendications concernent les compétences des collectivités territoriales. Le ministre se félicite ainsi que les élus y répondent dans le respect des périmètres de chacune d’entre elles. Le représentant du gouvernement, rappelle également la disponibilité des services de l’Etat pour accompagner les élus dans ces réflexions. Dans un communiqué, il formule diverses réponses aux problématiques formulées par les habitants de la Guadeloupe. “Le ministre des Outre-mer confirme que l’Etat est prêt à subventionner des investissements dans des infrastructures d’eau potable et d’assainissement dans le cadre d’un contrat de progrès avec le SMEAG. De plus, conformément au mandat donné par le ministre des Outre-mer au préfet de la Guadeloupe, Alexandre Rochatte, une réunion avec les maires du territoire, en présence des services de l’Etat concernés, a été organisée le 7 décembre afin d’évoquer les premières pistes de travail pour élaborer un plan pour la jeunesse guadeloupéenne. Par ailleurs, l’amélioration de l’habitat est une priorité du gouvernement, à travers la réhabilitation du parc social et du parc privé. Enfin, la pédagogie et le dialogue promus dans les établissements de santé font leurs preuves : 281 personnes ont d’ores et déjà régularisé leur situation sur les 3 dernières semaines.” Sur l’ensemble de ces priorités, Sébastien Lecornu veut réaffirmer la “main tendue de l’Etat pour dialoguer, sur des bases claires et conformes aux compétences de chacun, avec les collectivités territoriales” afin de répondre collectivement aux enjeux du territoire.

Point sur l’épidémie de grippe à Mayotte

Sur l’île aux parfums, les épidémies de grippe surviennent généralement durant la saison chaude et humide, entre les mois de décembre et mars. Cette année, la surveillance confirme une circulation du virus grippal relativement précoce. En effet la direction régionale de Santé publique France dénombre 323 échantillons positifs depuis août 2021. A l’heure actuelle le Centre hospitalier de Mayotte (CHM) note quant à lui une diminution du nombre de passages aux urgences pour « infection respiratoire aiguë basse » chez les personnes de plus de quinze ans. Depuis la semaine trente-sept de l’épidémie, dix cas graves ont été admis en réanimation et un décès a été enregistré en semaine quarante-six. L’agence régionale de Santé mène alors une stratégie de surveillance qui repose sur le test des patients hospitalisés avec des symptômes respiratoires. Entre le 11 août et le 6 décembre 2021, 323 cas confirmés de grippe A ont été détectés à Mayotte. En semaine quarante-huit, la moitié des patients avaient moins de vingt-huit ans, alors que jusqu’à la semaine quarante-trois, la majorité des cas confirmés étaient des enfants de moins de dix ans. Bien que le nombre de patients contaminés par le virus de la grippe semble baisser, Santé publique France martèle, “Dans le contexte de la Covid-19, il est particulièrement important de se faire vacciner contre la grippe et de respecter les gestes barrières qui permettent de limiter la circulation des virus.”

Opération de contrôle de pistes illégales à Nyambadao

Le 24 novembre 2021, la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Mayotte (DEAL) accompagnée par la police intercommunale de l’environnement de la CCSUD, a procédé au contrôle de pistes illégales réalisées sans autorisation environnementale à Nyambadao sur la commune de Bandrélé. Ce contrôle s’inscrit dans le cadre du plan d’actions de la mission interservice de l’eau et de la nature de Mayotte (MISEN). La réalisation de ces importants travaux de terrassement sur environ cinq hectares provoque des dégradations multiples de l’environnement.  Défrichement, atteinte à l’habitat d’espèces protégées, absence de gestion des eaux pluviales… Le tout provoque une érosion des sols qui augmente le ruissellement et le risque d’inondation. Par ailleurs, ce processus contribue à l’envasement du lagon en détruisant les écosystèmes favorables à la faune et la flore de celui-ci. L’ouverture de ces pistes provoque une urbanisation illégale dans des secteurs non autorisés. Des sanctions administratives sont d’ores et déjà engagées au titre du code de l’environnement et des actions de surveillance sont régulièrement menées par les services de l’État, afin de préserver le patrimoine naturel de l’île et la ressource en eau.

Un 1er tiers-lieu numérique inauguré à la Ligue de l’Enseignement Mayotte

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Jérôme Millet et Tahamida Ibrahim ont inauguré vendredi matin le 1er tiers-lieu numérique à la Ligue de l’Enseignement.

Vendredi matin, le sous-préfet Jérôme Millet et Tahamida Ibrahim, la 2ème vice-présidente du conseil départemental en charge des finances et des affaires européennes, ont inauguré le 1er tiers-lieu numérique dans les locaux de la Ligue de l’Enseignement de Mayotte, situé à cavani (rue Soweto).

L’Etat poursuit sa volonté de créer des services de proximité dédiés au numérique. Après l’inauguration de 2 Maisons France Service dans les locaux de la poste à Dzoumogné et à Kaweni en début de semaine dernière, le vendredi s’est vu quant à lui inaugurer le 1er tiers-lieu numérique dans les locaux de La Ligue de l’Enseignement à Cavani-Mamoudzou. Cette dernière est une fédération d’associations laïques et indépendantes qui oeuvrent pour l’éducation populaire. Elle regroupe, à travers 103 fédérations départementales, plus de 20 000 associations locales présentes dans 24 000 communes et représentant en tout 1,6 millions d’adhérents au national. Les objectifs de la Ligue de l’Enseignement sont de lutter contre l’analphabétisme, d’assurer le droit à la formation et à l’éducation et de proposer des activités culturelles et sportives aux citoyens qui peinent à y avoir accès par des voies privées.

Lutter contre la fracture numérique

L’une des priorités actuelles de l’Etat étant de lutter contre l’illectronisme afin de passer au « tout numérique », il était logique qu’il commence par implanter un 1er tiers-lieu numérique dans les locaux de cette fédération départementale située à Cavani-Mamoudzou. « Les tiers-lieux sont des espaces physiques, de nouveaux lieux de liens sociaux, de l’émancipation et des initiatives collectives développées grâce au déploiement du numérique sur le territoire », ont expliqué les officiels au cours de la cérémonie d’inauguration de vendredi dernier qui a réuni un nombreux public. Preuve que ce genre d’initiative plaît à la population, ce qui n’est guère étonnant puisque son objectif est justement de favoriser le vivre-ensemble, la connaissance, la réduction des inégalités, la créativité et le développement des projets collectifs. Tout un programme !

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Un public nombreux était présent à cette inauguration.

Tahamida Ibrahim a souligné, au cours de cette cérémonie, l’importance fondamentale de tels lieux en France et tout particulièrement sur le territoire mahorais. « La société tend de plus en plus vers le numérique. L’administration devient une e-administration, certains services se dématérialisent. Cette réalité incite le conseil départemental à œuvrer chaque jour pour que cette transformation soit efficace et bénéfique pour tous les Mahorais », a-t-elle déclaré. Cette efficacité passe par l’accessibilité aux infrastructures de haut débit, mais aussi par le développement des usages professionnels. Le but est que les Mahorais ne souffrent plus d’illectronisme et de réduire ainsi la fracture numérique.

Ces lieux d’apprentissage numérique, quelque soient leurs noms, se répandent de plus en plus sur le territoire national et arrivent peu à peu dans le 101ème département où ils rencontrent un franc succès. Ils sont installés dans des lieux connus et déjà largement fréquentés par la population et contribuent à étendre le réseau des services de proximité axés sur le numérique que le Gouvernement s’ingénie à mettre en place depuis quelques années, que ce soit dans l’hexagone ou dans les outre-mer.

Photo 1 : Jérôme Millet et Tahamida Ibrahim ont inauguré vendredi matin le 1er tiers-lieu numérique à la Ligue de l’Enseignement.
Photo 2 : un public nombreux était présent à cette inauguration.

À Mayotte, les grands projets se font attendre

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Les 26 conseillers départementaux élus en 2015, qui ont dû éponger un déficit de plusieurs dizaines de millions d’euros lors de leur mandature, n’ont pu mener à bien les « chantiers de demain », des projets d’envergure ayant pour but de changer le visage et l’avenir de l’île au lagon.

Il y a six ans, Mayotte n’était pas la même que celle d’aujourd’hui, en coulisses du moins. L’île au lagon n’a en effet pas connu de grandes révolutions socio-économiques durant cette demi-douzaine d’années, continuant d’enregistrer une démographie exponentielle sans parvenir à résorber la misère que connaissent encore trop d’habitants. En 2015, le produit intérieur brut du tout jeune 101ème département français était de 2 milliards d’euros, et est passé à 2,4 milliards en 2018, dernières données dont nous disposons. Cette hausse non négligeable, toutefois, ancre encore Mayotte à la place du bon dernier en France. Le PIB par habitant, d’un peu plus de 9380 euros, est là encore le plus faible du pays. Concrètement, ces chiffres soulignent la précarité économique serrant la gorge de la majorité du peuple mahorais. Plus des trois quarts de ce dernier (77% en 2018) vivent sous le seuil de pauvreté, et 30% sont au chômage, un score proche du triple de celui de métropole.

De nombreuses différences existaient néanmoins dans l’organisation et l’administration de l’île, en témoignent par exemple les intercommunalités, « en cours de création » en 2015. Le département était encore en construction, comme le rappelait Soibahadine Ibrahim Ramadani, fraîchement élu à la présidence du Conseil. « Le Département de Mayotte demeure un chantier inachevé, affirmait-il dans son propos introductif. Il nous faut inscrire notre institution au rendez-vous du développement de notre territoire. Avec ces orientations, une ère nouvelle doit s’ouvrir pour Mayotte […] et inscrire notre territoire dans le mouvement vers la modernité et le développement. » Malheureusement, sans orientations, point d’ère nouvelle pour l’île. Car l’ancien président ne peut se targuer d’avoir mené ses grands projets.

48 millions d’euros de déficit

Il faut dire que les espoirs de la mandature se sont heurtés à des restrictions budgétaires significatives. À son élection, Soibahadine Ibrahim Ramadani accuse un déficit de 48 millions d’euros au budget de la collectivité, « hérité de la précédente mandature« , chiffre qu’il ne cesse de ressasser dans le Plan de 2015, comme pour se défendre de ses échecs. Jusqu’à l’année 2020, le Conseil départemental, pressé par l’Etat français, s’acharne à éponger cette dette et agit logiquement beaucoup moins pour le développement de l’île. Ce déficit, résorbé en 2021, est néanmoins à mettre au crédit des anciens élus, qui expliquent que « les droits de mutation à titre onéreux [taxes sur les ventes immobilières, NDLR] ont impacté positivement les finances de la collectivité, passant de 2,4 millions d’euros à la fin 2014 à 54,7 millions d’euros en 2020. »

Cette mesure et bien d’autres, qui ont été menées par le Conseil départemental tout au long de son mandat, ont conduit ce dernier à fonctionner sous un régime d’austérité. Mais les améliorations institutionnelles et quotidiennes attendues par les Mahorais en ont naturellement pâti. Et ce malgré la bonne volonté faussement affichée par le CD, qui se savait déjà condamné au manque de moyens, dans son Plan de mandature : « C’est dire toute l’importance de ce document, qui constitue le seul document de référence de nos diverses politiques publiques« . Les 93 pages du cahier sont ainsi submergées de formules abstraites, de phrases à rallonge mais sans fond, de « schémas départementaux » n’ayant rien de concret.

Un pont Grande Terre – Petite Terre

Les projets concrets, parce qu’ils existent dans le document, se résument à une poignée de chantiers de demain. Pour certains, leur folie est telle qu’ils paraissent encore être des utopies, à l’aune de l’année 2022. Deux d’entre eux se démarquent particulièrement dans leur gigantisme. Le premier d’entre eux est la fameuse voie de contournement de Mamoudzou par le haut, qui permettrait d’éviter les sempiternels bouchons de Kawéni et les ronds-points de Mamoudzou et Cavani. Selon certaines ébauches de l’époque, cette nouvelle route devait débuter à l’entrée de Kawéni au nord, pour déboucher sur l’un des deux ronds-points de Doujani. Si le projet est évidemment séduisant, autant pour les habitants de la commune que pour celles et ceux y travaillant quotidiennement, le chantier estimé à plus de 900 millions d’euros ne s’est encore jamais ouvert. Seuls deux comités de pilotage ont eu lieu en décembre 2020 et en octobre 2021.

Il est un autre projet d’ampleur qui aurait satisfait les habitants de Mayotte, et plus particulièrement ceux de Petite Terre, excédés du service aléatoire du STM. Il s’agit tout bonnement d’un pont reliant les deux îles mahoraises. Estimé à 200 millions d’euros, l’ouvrage devait principalement être financé par les fonds européens, que le CD ne cesse de réclamer, et notamment par le Programme Opérationnel FEDER. Les associations défendant la préservation de l’environnement, depuis le début de l’évocation du projet, montent néanmoins au créneau, comme pour le projet de piste longue à l’aéroport international de Dzaoudzi. Parmi les autres « chantiers de demain » de 2015, on compte un centre de recherche et de documentation scientifique, un centre de formation de haut niveau, dont l’appel d’offres n’a été publié que cet été, ou encore une salle de dimension départementale, pour les événements culturels ou sportifs. « Ça fait 20 ans qu’ils disent qu’elle arrive« , nous avait récemment déclaré la chanteuse Lima Wild. Quant à la cité administrative départementale, à Kawéni, elle a été annulée, malgré de fortes sommes engagées dans les études de projet.

Ont seulement été menés à bien le recensement régulier de la population, bien que de sérieux biais existent dans la méthode de l’INSEE, et le recalcul de la dotation globale de fonctionnement. Cette dernière atteint désormais 262 euros par habitant, contre 220€ en Guadeloupe, 165€ en Martinique, 270€ en Guyane, 338€ à Saint-Pierre-et-Miquelon, 212€ à La Réunion, 321 à Wallis-et-Futuna, 269€ en Nouvelle Calédonie et 275€ en Polynésie française. En 2015, elle n’était que de 138€ par habitant à Mayotte, contre 366€ en moyenne dans les autres régions et collectivités d’outre-mer. Le bilan du Conseil départemental, sur ses grands projets, n’est donc pas tout noir. Mais force est de constater, quasiment sept ans plus tard, que le compte n’y est pas.

Mayotte aussi fête le climat

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Samedi 11 décembre, Mayotte célébrait la journée mondiale du climat à Bandrélé. Une édition 2021, sur le thème du changement climatique, organisée par la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), l’association 976 sud prévention et la mairie de Bandrélé.

Rappeler la menace du réchauffement de la planète et la nécessité d’agir pour en limiter les effets, tel est l’objectif de la journée mondiale du climat. Un événement fêté chaque année au début du mois de décembre aux quatre coins du globe. Tables rondes, ateliers, stands et visites de la mangrove, les protecteurs du climat novices ou initiés ont pu célébrer cette journée comme il se doit. “Notre souhait est de créer un observatoire du changement climatique à Mayotte », affirme le président de la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), Ali Madi. Durant deux heures les participants ont débattu des enjeux d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques sur l’île aux parfums, lors d’ateliers à la mairie de Bandrélé. Pendant ce temps-là, un second groupe suivait Manrifa Moustoifa Ali, chargé de mission sensibilisation et appui à la biodiversité au comité français de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Une addition salée pour le climat à Mayotte ?

Sur les pas de Manrifa Moustoifa Ali, les curieux viennent visiter le site de production du sel de Bandrélé. Une sortie en lien avec la thématique du jour car la zone exploitée pour sa ressource en sel s’érode d’année en année.

Mais alors est-ce la production de sel qui est responsable de cela ? Et surtout comment est-il fabriqué ? A Mayotte, les mamas shingo, détiennent un savoir-faire qu’elles se transmettent de mères en filles. Pour fabriquer cet or blanc, elles prélèvent de la vase dans la mangrove qu’elles rincent abondamment. Puis, elles font chauffer l’eau qu’elles ont recueilli, ce qui provoque une évaporation et fait apparaître les cristaux de sel. Bien que cette fabrication ancestrale ne nécessite pas de produits chimiques ou des rejets toxiques, la terre dépourvue de sel se retrouve amassée sous forme de dunes tout autour du lieu où les mamas shingo prélèvent la vase. “A force d’extraire de la vase on voit apparaître une dépression, un trou au milieu de la mangrove. Ensuite quand la marée l’eau rentre mais elle n’arrive plus à s’échapper à marée basse et stagne”, explique en bon professeur le chargé de mission de l’UICN. Bien que la production de sel soit en partie responsable de cette détérioration, les marées viennent également participer à l’érosion du site.

Pour remédier à cela, l’association 976 sud prévention a fait appel aux experts de l’UICN pour réaliser des recherches et un diagnostic. “L’étude va consister à faire la topographie du site pour modéliser la circulation de l’eau. Ainsi, nous pourrons savoir si nous pouvons déplacer la terre et où la déplacer pour ne pas créer des dommages supplémentaires dans la zone”, détaille Manrifa Moustoifa Ali. Cartographie du site, étude de la concentration en sel, mais aussi de l’intensité des vagues, dès lors que les associations auront obtenu les autorisations du Conservatoire du littoral, propriétaire de la zone, les scientifiques débuteront leur travail de fourmi.

Aujourd’hui encore peu d’études sont réalisées sur le climat et l’impact du changement climatique à Mayotte. En revanche, les dommages de l’activité humaine sur les milieux naturels s’avèrent quant à eux indéniables et il est urgent d’agir pour préserver ce patrimoine exceptionnel…

Youssouf Moussa « la France profite du désarroi des mahorais pour militariser l’ile »

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Décolonial, antifasciste et toujours révolutionnaire, Youssouf Moussa, figure historique, conserve ses engagements et son verbe haut. A l’heure où le bilan de la départementalisation se révèle douteux, son regard aide à comprendre les soubresauts d’une île en perte de repères. Éternel indépendantiste, le secrétaire général de la fédération mahoraise du Front Démocratique (FD) reste fidèle à son combat historique : réintégrer Mayotte dans son environnement géographique, culturel… et national.

Flash Infos : Quel regard portez-vous sur la situation de l’île 10 ans après sa départementalisation ?

Youssouf Moussa : On peut dire que la départementalisation n’a pas du tout résolu les problèmes des Mahorais. Avant, nous n’avions pas d’ordures dans les rues. Les gens s’en occupaient eux-mêmes. Aujourd’hui, on attend que la mairie s’en charge. Bien souvent, les ordures ne sont d’ailleurs pas ramassées. On a dévirilisé les Mahorais. Tout ce qu’ils savaient faire, ils l’ont abandonné. Ils attendent que la France leur donne à manger et fasse tout pour eux. L’assistanat a pris racine au sein de la société mahoraise. C’est un drame. Les Mahorais ont oublié qu’eux-mêmes peuvent agir pour leur situation. Avant, il n’y avait pas d’inactifs à Mayotte. Pendant la période des labours, tout le monde était aux champs. Pendant la période des récoltes aussi. Tous les travaux, à la maison ou ailleurs, les gens les faisaient eux-même.

FI : Quel était la position du FD pendant le référendum concernant la départementalisation ?

Y.M. : Il n’était pas possible de s’exprimer à l’époque. Aucun espace ne permettant de le faire. En ces circonstances, nous avons déclaré que nous étions contre l’organisation de cette consultation et préconisions le boycott. En même temps, nous allions à la rencontre des indécis pour leur expliquer le sens de notre position. Vraiment, il n’y avait pas de place pour faire de la propagande. C’était terrible. Tout était fermé comme un robinet. On ne pouvait pas dire quoi que ce soit de contradictoire. Même les syndicalistes qui avaient leurs propres problèmes. On leur disait: « Vous ne dites rien ! Vous attendez la fin du référendum« . Il n’y avait pas d’espace d’expression. Pas du tout.

FI : Aujourd’hui, quel est votre diagnostic quant à l’insécurité sur l’île ?

Y.M. : Je cite souvent l’exemple de Kaweni. Il y a toujours eu beaucoup de souffrance et de problèmes dans cette zone. Miraculeusement, toutes les richesses de Mayotte ont été mises à leur pied. Comment voulez-vous que la population réagisse ? Quand des investissements sont réalisés, il faut veiller à ce que les gens autour aient d’abord le minimum pour vivre. Sinon, ils seront obligés d’aller se servir où ils peuvent. On a délesté le sort de ces gens et bâti en face d’eux un monde inaccessible.

FI : Et que répondez-vous à ceux qui pensent que l’insécurité est due à l’immigration comorienne ?

Y.M. : C’est facile à dire… C’est ce que dit Eric Zemmour et c’est ce que dira Marine le Pen en arrivant ici. Partout c’est comme ça ! Quand ça va mal, on accuse les étrangers. Pourtant, l’essentiel des travaux sont réalisés par les Anjouanais à Mayotte. Dans la construction des maisons SIM, le propriétaire de l’entreprise est un Mahorais, mais tous les ouvriers sont des Anjouanais ou des Grands Comoriens qui réalisent le boulot que les Mahorais ne veulent pas faire. Et dans la plupart des cas, il s’agit de « clandestins« .

FI – Quelle est selon-vous la stratégie de la France vis-à-vis de cette situation de crise ?

Y.M. : Je pense que les Mahorais eux-mêmes se rendent compte que la France poursuit des objectifs qui ne sont pas forcément les leurs. La France a des objectifs stratégiques dans la zone. Elle profite du désarroi des Mahorais pour militariser l’île, multiplier les radars et les forces de l’ordre. Cette situation arrange la France qui souhaite conserver une position solide dans la région. Les autorités comoriennes n’ont d’ailleurs jamais été libres de décider ce qui était bon pour leur pays.

FI – Vous avez milité toute votre vie pour l’intégration de Mayotte au sein de l’ensemble comorien. Comment passer le flambeau à la jeunesse ?

Y.M. : D’abord, il faut que la France admette son erreur. Elle doit reconnaître que démembrer les Comores n’était pas une bonne affaire. Ni pour les Comoriens, ni pour elle-même. Il faut ensuite que les Mahorais se rendent compte que la France défend avant tout ses intérêts. Ils le constatent d’ailleurs tous les jours quand on voit le retard accumulé dans les infrastructures vitales comme l’usine de dessalement de Petite Terre par exemple. Bien avant le référendum sur la départementalisation, nous disions aux Mahorais : « Ne croyez pas que vos problèmes seront résolus si Mayotte devient un département français. Sachez que vos intérêts ne sont pas forcément les intérêts de la France. Elle défendra avant tout les siens. Les vôtres suivront après, s’il y a un créneau« . D’ailleurs, ce qui a été réalisé depuis les années 1980 en termes d’investissements est le fruit de réclamations des blancs.

FI- C’est-à-dire ?

Y.M. : Prenons l’exemple de l’hôpital. Dans les années 1980, la femme du Préfet a fait un accident. On l’a mise dans cette baraque et elle s’est retrouvée dans la saleté. C’est à partir de ce moment qu’ils ont décidé de construire un véritable hôpital. Ensuite, nous avons eu de plus en plus de fonctionnaires qui se sont installés et qui ont dit : « On ne peut pas vivre comme des chèvres et des poules« . Ils ont revendiqué des infrastructures. C’est pour ça qu’on a fait les 100 villas à Cavani et d’autres structures également. Tout ça car les Blancs exigeaient un logement correct. Franchement, ça a été décisif. Autre exemple à Labattoir. L’arrivée de l’électricité est relativement récente. Pendant tout un temps il n’y avait qu’un cable qui arrivait jusqu’à la mosquée du vendredi car un blanc qui habitait par là-bas voulait l’électricité. En 1973, je suis venu ici en vacances et il n’y avait toujours pas d’électricité. La France a complètement oublié que lorsqu’on occupe un pays, il faut au minimum s’en occuper. Les députés français l’ont eux-mêmes reconnus lors des débats pendant la période des référendums des années 70 en admettant : « Nous n’avons rien fait dans ce pays« .

FI – Aujourd’hui, qu’auraient pu être les Comores si Mayotte n’était pas française ?

Y.M. : On ne peut pas vraiment le savoir car les choses ont été tellement chamboulées… Si on se réfère à d’autres territoires qui ont vécu la même situation, il est possible de construire quelque chose de viable. Rappelons que les Comores ne sont pas les seules responsables de leur situation. Nous avons vécu 12 ans avec des mercenaires français. Nous avons un pays qui proclame son indépendance le 6 juillet, et subit un coup d’État le 3 août avec le débarquement de mercenaires. Trois ans plus tard, encore un autre coup d’État avec des mercenaires. Non, la France n’a pas laissé aux Comores la possibilité de construire quelque chose. Il y a une part de responsabilité des gouvernements comoriens, mais lors qu’Ahmed Abdallah a par exemple voulu se débarrasser des mercenaires, et ben ils l’ont assassiné. Paradoxalement, c’est aussi la France qui a créé pour la première fois une entité politique comorienne… Sous sa coupe ! Tant qu’il s’agissait du territoire français des Comores, pas de problème. Mais dès que les Comoriens ont voulu changer, les soucis sont arrivés. La France n’a pas laissé aux Comores la possibilité de construire un état viable. Les membres des Nations Unies ont admis les Comores en tant que pays composé de quatre îles. C’était clair, mais La France n’en n’a pas tenu compte.

FI – Quel message aimeriez-vous laisser aux futures générations ?

Y.M. : J’aimerais qu’ils comprennent qu’on ne peut pas se développer en se basant sur des aides et des secours. Il faut travailler, s’investir et faire les choses de soi-même. Les investissements qui se font à Mayotte viennent de l’extérieur. Les profits vont donc aussi à l’extérieur. C’est une société capitaliste, mais il n’y a pas un capitalisme local. C’est un capitalisme externe qui est venu se greffer sur une société arriérée. Forcément, il y a des ruptures qui se font. FI – Vous a-t-on déjà proposé un poste ou des avantages pour vous faire reculer sur vos convictions ? Non, mais il est vrai que la propagande du MPM racontait que l’on me proposait des trucs et que je les refusais. En réalité, on ne m’a jamais rien proposé. Même lorsque nous demandions de l’aide au sein du collège dans lequel j’enseignais. Mairie, préfecture, direction de l’enseignement… Personne n’a levé le petit doigt malgré l’activité de l’établissement qui récupérait les exclus du collège public. On nous disait : vous êtes des indépendantistes. FI – Et si vous on vous avait proposé quelque chose… ? Ça dépend. Si vous me proposez quelque chose pour que j’adhère à vos idées, non je ne peux pas.

La journée mondiale du climat se décline à Mayotte

Le samedi 11 décembre 2021 à Bandrélé se tiendra la deuxième édition de la journée mondiale du climat. Un événement organisé par la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) avec l’aide de la mairie de Bandrélé et de l’association 976 sud prévention. Cet événement, qui a normalement lieu le 8 décembre de chaque année, a été créé par des organisations non gouvernementales internationales et est célébré dans le monde entier. Pour l’occasion, la FMAE prévoit une journée sur le thème du changement climatique. Au programme ? De nombreuses animations et activités sont proposées afin de mettre en évidence la mobilisation citoyenne mahoraise face aux enjeux de l’environnement et du dérèglement climatique. Visites de terrain, stands, tables rondes, actions de nettoyage, sensibilisation à l’écosystème complexe de la mangrove, chants traditionnels… Petits et grands pourront venir découvrir ou redécouvrir les richesses du patrimoine naturel mahorais. Cette année encore la fédération mahoraise des associations environnementales souhaite réunir les différents acteurs de l’île afin de mettre en lumière les mouvements de lutte pour le climat.

La fédération des associations mahoraises de métropole fête ses présidents

Le samedi 11 décembre 2021 à Paris, la fédération des associations mahoraises de métropole (FAMM), organise la 3 ème édition de la journée des présidents. Un événement où les responsables associatifs se réunissent pour définir ensemble les priorités pour la réussite et l’intégration des mahorais en hexagone. Divisée en deux parties, la journée débutera avec des sessions de sensibilisation et plus particulièrement la lutte contre l’isolement. L’après-midi, les présidents seront invités à réfléchir ensemble afin de faire remonter les problématiques qu’ils rencontrent dans leur activités. Le social, les étudiants, le ou encore le sport, seront les thématiques abordées. Après une année difficile dû au contexte sanitaire, les organisateurs de cette édition espèrent qu’elle sera l’occasion de renforcer les liens entre les associations, la FAMM et ses différents partenaires afin d’approfondir leurs collaborations mais aussi de repartir sur des bases encore plus solides.

Le groupe Nel sanctionné pour obstruction à l’instruction

L’Autorité de la concurrence a rendu le 9 décembre 2021 une décision par laquelle elle sanctionne, à hauteur de 100 000 euros, Mayotte Channel Gateway (MCG), qui gère et exploite le port de Longoni à Mayotte et sa société mère (Société Nel Import Export) pour ne pas avoir répondu à des demandes d’informations émanant des services d’instruction dans le cadre d’un dossier en cours. A la suite d’indices transmis par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), l’Autorité de la concurrence a ouvert une enquête concernant des pratiques mises en œuvre dans le port de Longoni. Après avoir réalisé des opérations de visite et saisie, notamment dans les locaux de MCG, l’Autorité s’est saisie d’office. Dans le cadre de l’instruction du dossier, les services compétents ont adressé une demande d’informations à MCG. Malgré plusieurs relances, un délai total de dix semaines et un double rappel des sanctions encourues en cas de non réponse, MCG est restée muette. “En refusant, en toute connaissance de cause, de répondre à une demande répétée de renseignements de l’Autorité, MCG a compromis l’efficacité de l’action des services d’instruction. Ce refus de réponse délibéré et répété est grave. Une entreprise qui se sait visée par une enquête a une obligation de collaboration active et loyale, et est tenue de répondre de manière diligente, complète et exacte à toute demande d’informations”, détaille l’Autorité à la concurrence dans un communiqué. Compte tenu de ces éléments, MCG et de sa société mère, la Société Nel Import Export se sont vues sanctionner d’un montant de 100 000 euros. L’Autorité de la concurrence a, par ailleurs, enjoint aux entreprises de fournir, sous un délai d’un mois, tous les éléments d’information et justificatifs en leur possession en réponse aux demandes adressées par les services d’instruction.

La formation des Sauveteurs en Mer enfin homologuée

A l’occasion de sa venue au Salon Nautique de Paris mardi 7 décembre, la Ministre de la Mer, Annick Girardin, s’est rendue sur le stand de la SNSM. Après avoir salué le travail quotidien des 9 000 bénévoles de l’association, elle a présenté l’arrêté sur l’homologation des formations des Sauveteurs en Mer. Depuis toujours, la formation des Sauveteurs en Mer repose sur le compagnonnage des anciens, la transmission des expertises en matière de navigation et de sauvetage étant capitale. Mais pour répondre à l’évolution du profil des sauveteurs, des pratiques de loisirs nautiques et aux exigences d’un environnement plus judiciarisé, la SNSM a inauguré un Pôle national de formation en 2011. Depuis, l’association a structuré des parcours de formation, mis au point des référentiels de formation, formé ses formateurs et développé son offre de stages. Grâce à cet arrêté la Ministre de la Mer confirme la reconnaissance des qualifications des sauveteurs au titre de certification professionnelle, soulignant ainsi le rôle de la SNSM à contribuer à l’employabilité au sein du secteur maritime. Ou quand un engagement bénévole offre une compétence professionnelle…

Guito narayanin : « la délinquance en col blanc est tolérée à Mayotte »

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Le patron d’IBS Guito Narayanin a réalisé une intervention remarquée ce jeudi sur le plateau de Kalaoidala au sujet de la crise de l’eau à Mayotte. Face à ce qu’il qualifie de « système mafieux » l’entrepreneur envisage désormais une action en justice groupée pour que « la vérité sorte« . Retour sur un débat mouvementé riche en propositions.

Flash infos : Afin de comprendre votre présence sur le plateau de Kalaoidala, expliquez-nous en quoi IBS est un acteur pertinent pour s’exprimer sur le sujet de la crise de l’eau à Mayotte ?

Guito Narayanin : A l’origine, je suis venu en tant que chef d’entreprise pour plaider la cause des entrepreneurs. Je fais travailler une cinquantaine de sous-traitants. Quand je vois leur misère sur les chantiers qui n’ont pas d’eau… c’est une catastrophe ! On leur demande de respecter les gestes barrières alors qu’ils n’ont pas d’eau. Or, alimenter un chantier en eau nécessite beaucoup de moyens. Je suis donc intervenu en tant qu’entrepreneur pour exprimer des solutions d’économies et rappeler la nécessité d’équiper les salariés afin de leur permettre de travailler correctement.

F.I. : Comment affrontez-vous ce problème sur vos chantiers ?

G.N. : Nous avons 4 véhicules de transport d’eau qui tournent à fond. Nous avons également un toit de 3500 m2 qui nous permet de stocker de l’eau et de remplir une partie des camions. C’est une installation réalisée sous notre propre initiative. Je pense que l’État devrait imposer dans les permis de construire un système de récupération d’eau avec une pompe de relevage pour les sites de plus de 200m2. Cela doit être financé par des fonds publics. Des enveloppes européennes sont d’ailleurs prévues pour ça dans le cadre des économies d’énergie ou du recyclage.

F.I. : Quelle est la part de responsabilité des différents acteurs en présence dans le dossier de crise de l’eau à Mayotte (SMAE, SMEAM, SOGEA) ?

G.N. : Je considère qu’il y a une responsabilité partagée entre l’Etat, le SMEAM et la SMAE. D’un point de vue légal, ce n’est pas normal qu’il y ait dans le conseil d’administration du SMEAM un avocat de SOGEA et de la SMAE en la personne de Yanis Souhaïli. Celui-ci est l’avocat du groupe Vinci. On devrait surveiller que les gens ne soient pas juge et partie. J’assume ces propos et je suis prêt à les défendre s’il m’attaque en diffamation. Cet homme défend ses clients avant l’intérêt de la population alors même qu’on attend de lui un travail d’intérêt public. C’est une confusion de genre inacceptable.
J’ai écrit une lettre au maire de SADA avant sa nomination pour dire « Vous envoyez le bras armé de Vinci et cela va générer un conflit d’intérêt ». Désormais, Yanis Souhaïli dédouane la SMAE alors que celle-ci touche plus de 8 millions d’euros pour une usine qui ne fonctionne pas. De 2017 à maintenant, cette usine n’a jamais produit plus de 2000m3 d’eau par jour, or le cahier des charges imposait 5000m3, dont 3000m3 pour Petite Terre et 2000m3 pour renvoyer sur Grande Terre. Aujourd’hui c’est toujours la Grande Terre qui envoie sur Petite Terre. C’est un scandale. La délinquance en col blanc est tolérée à Mayotte. Ce système mafieux ne peut plus perdurer. L’état doit faire son boulot.

F.I. : Qui est responsable de l’échec des deux principaux projets annoncés par l’État en 2017 : L’usine de dessalement et la 3ème retenue collinaire ?

G.N. : Si on regarde objectivement, le SMEAM est dévolu à cette organisation. Il y a eu certains problèmes avec les communes qui siègent là-dedans. Il faut rappeler l’importance du contrôle de légalité. Certaines choses inacceptables ont été acceptées. Il fallait remettre de l’ordre. Je suis le plus vieil élu des chambres de commerces de France. Je peux vous garantir qu’au sein de la chambre de commerce, le contrôle des comptes est rigoureux. Or ici, le contrôle de légalité n’a pas été performant.

F.I. Selon vous, où sont passés les millions d’euros déboursés par l’État en 2017 ?

G.N. : Il faut demander au PNF. Ils ont les outils et les moyens pour analyser ça. Moi je ne suis pas policier, je suis casseur de cailloux. Ils doivent trouver le corrupteur. Le PNF est payé par nos impôts pour ça. Ils ont accès à des dossiers que moi j’ai pas.

F.I. Vous évoquez à plusieurs reprises un système « mafieux« . Comment justifiez-vous un tel qualificatif ?

G.N. : Si on lance un appel d’offre et qu’on trouve quelqu’un capable de réaliser les travaux attendus pour 5 millions d’euros, il faut se demander où sont passés les 3,5 millions restants. Car je suis intimement convaincu que cette usine ne vaut pas ce prix. Il y a également une obligation de résultat. Quand on voit qu’il y a des produits toxiques dans l’eau, et que les gens sont taxés, où est l’obligation de résultat ? Si on me demande de livrer des cailloux, je livre des cailloux. Je dois respecter ce cahier des charges.

F.I. C’est une faute professionnelle ou un manque de rigueur… pas un système mafieux.

G.N. : C’est un système mafieux car ce manque de rigueur est toléré. Des plaintes devraient être déposées par toutes les institutions. Il y a un abus de confiance et de pouvoir ainsi qu’un défaut de respect du cahier des charges. Mon problème c’est que je n’ai accès à celui-ci. Mais ça m’étonnerait qu’un cahier des charges indique : « Faites de votre mieux. Si vous arrivez à nous sortir un peu d’eau c’est bien« . C’est en ce sens que je parle de responsabilité partagée.

F.I : Vous avez invité la population à une action en justice groupée financée par vos fonds propres. Au-delà de l’effet d’annonce, avez vous un calendrier d’action concret à proposer dans cet objectif ?

G.N. : J’ai en effet pris les devant. Nous avons déjà travaillé sur une bonne partie du dossier. Personnellement, je n’ai pas qualité à agir, mais les associations de défense de la population peuvent le faire. Je suis prêt à les financer sur mes deniers personnels. Quel qu’en soit le coût, je suis prêt à rassembler les meilleurs avocats de France sur ce dossier. Nous allons prendre les mêmes avocats qui ont gagné devant la Cise (Compagnie des eaux de la Réunion NDLR) qui a été condamnée à payer des bouteilles d’eau aux usagers. J’ai été contacté par plusieurs personnes depuis l’émission. Trois associations sont prêtes à se constituer. Il faut rappeler qu’il s’agit de bénévoles. Je peux comprendre qu’ils n’ont pas les moyens de mener ces actions. Raison pour laquelle je suis prêt à financer un procès une bonne fois pour toute pour que la vérité sorte.

F.I. : Soutenez-vous la proposition de Ousséni Balahachi de pratiquer la désobéissance civile en ne payant plus de factures ?

G.N. : Il y a un gros problème là-dedans. Théoriquement, la loi interdit de couper l’eau. A titre d’exemple, je connais quelqu’un qui a arrêté de payer ses factures. Une semaine après, il n’y avait qu’un filet d’eau de son robinet. Lorsqu’il a demandé une explication, on lui a répondu : « Vous n’avez pas payé vos factures donc voici le résultat« . Ils ont donc trouvé l’astuce : Ils ne ferment pas l’eau, mais réduisent le volume. C’est particulièrement malhonnête.

F.I. : Vous ne soutenez donc pas cette initiative…

G.N. : Non ! Je suis favorable. Cependant, s’ils continuent d’étrangler le débit, nous allons nous diriger vers une réaction comparable à la Guadeloupe. Ça va être la réponse de la rue.

F.I. : Quel est votre regard sur l’attitude de l’ARS qui peine à engager des mesures contraignantes alors que nous sommes dans une pandémie ?

G.N. : L’ARS ne remplit pas sa mission. Elle devrait avoir une action de régulation. Elle doit avoir une analyse générale et dire « vous ne pouvez pas donner de l’eau pourrie aux gens« . La manganèse est nocive pour la santé. C’est un véritable poison que l’on donne aux gens !
Au-delà des enjeux liés à la surpopulation, la crise de l’eau est aujourd’hui le résultat d’une défaillance des acteurs politiques et institutionnels. Comment expliquez-vous que l’on continue pourtant à pointer du doigt le consommateur sur le gaspillage ou l’utilisation des rampes d’eau dans les bidonvilles par exemple ?
Je suis militaire de formation. Je peux vous dire qu’il est plus facile de tirer sur une ambulance que sur un char d’assaut. Tirer sur des pauvres, des misérables qui n’ont pas de moyens de se défendre, c’est ce qu’il y a de plus facile. Le char d’assaut c’est la SMAE et le groupe Vinci qui pèse 43 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le petit Mahorais qui vole une mangue par contre, il dormira en prison. C’est vraiment tirer sur l’ambulance que d’accuser la population de surconsommer. Des mères de famille salissent les rivières pour laver leurs vêtements. Mais comment peuvent-elles faire si elles n’ont pas d’eau courante ? On se mord la queue. Le bas de la population paie toujours l’addition pendant que le haut boit des cocktails et fait des sorties en bateau. C’est une population qui n’est que de passage ici. Ils ne vivent pas à Mayotte. Moi, je m’y investis depuis 40 ans.

F.I. : N’y-a-t-il pas une attitude néocoloniale de la part des grands acteurs économiques qui continuent de réaliser des profits sur le dos d’une population précaire et plus vulnérable que dans l’hexagone ?

G.N. : Oui. Cette situation coloniale n’a plus sa place. L’autorité perd son autorité en se comportant ainsi. A Mayotte les gens n’ont plus de moyens. En tant qu’entrepreneur, je sais qu’une révolution est dangereuse. Alors ne poussez pas les gens là-dedans.

F.I. Comment expliquez-vous la capacité des Mahorais à accepter l’inacceptable ?

G.N. : C’est une culture. Le Mahorais n’est pas un violent. Quand je vois la gentillesse des Mahorais, je ne comprends pas comment cette population peut accepter autant de conneries. Ils ont une passivité légendaire. Ils ont mal partout, mais continuent de supporter la douleur. Si vous demandez « Comment ça va ? » à un Mahorais ou un Comorien, il répond toujours « Ça va, alhamdouli’Allah » même si son ventre est vide et que son enfant est à l’hôpital. Vous posez la même question à un blanc ou un Réunionnais, il évoquera 10 000 problèmes. C’est culturel.

Une maison France Services inauguré à la Poste de Kaweni

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C’est sans doute la dernière inauguration de France Services pour notre directeur régional de la poste. En effet, dans quelques semaines, il part pour la Guyane.

Une maison France Services a été inaugurée jeudi 9 décembre 2021 à la grande poste de Kawéni. La deuxième cette semaine après celle inaugurée mardi dernier à Dzoumogné. En tout, la poste héberge trois maisons France Services à Mayotte sur les dix réparties sur l’île. France Services est un accueil de proximité labellisé par l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) pour aider la population à effectuer ses démarches administratives. Les agents de France Services sont également là pour faciliter le passage au tout numérique.

« La proximité, c’est l’ADN de la Poste », a affirmé Gaëtan Longeau, directeur régional de la Poste de Mayotte lors de l’inauguration de la dernière maison France Services située dans les locaux de la grande poste de Kawéni. Les Maisons France Services ont été instaurées par l’Etat et font partie des nouveaux services de proximité mis à la disposition de la population. Cela fait quelques temps déjà que ces services ont commencé à arriver à Mayotte. Trois d’entre elles sont hébergées dans les locaux de la Poste : l’une située à Kani-Kéli, l’autre à Dzoumogné et enfin, la dernière en date, à Kawéni.

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Une belle plaque a été installée devant les locaux de la poste de Kaweni pour signaler la présence de France Services.

L’un des objectifs de France Services est notamment d’expliquer à ses usagers comment utiliser les sites internet de l’administration française, quel que soit le service demandé. A Mayotte, on dénombre neuf opérateurs historiques qui font partie de ce concept dont : la CSSM, la Poste, Pôle emploi, les ministères de l’intérieur et celui de la Justice et la direction régionale des finances publiques (DRFIP). Le réseau France Services a été mis en place pour concrétiser la volonté émise par le Gouvernement de rapprocher le service public des usagers.

Une inauguration en grandes pompes

Jeudi matin à Kawéni, les principaux officiels que la question concernait étaient présents. Le préfet Thierry Suquet, a fait un discours pour souligner l’utilité du concept de France Services mis en place par l’Etat, Gaëtan Longeau en a expliqué le fonctionnement, la maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla était là également puisque cette dernière Maison France Services a été inaugurée dans sa commune. Par ailleurs, Eric Lenoir, chef de projet outre-mer de l’ANCT, l’agence en charge de donner le label France Services, était venu spécialement à Mayotte pour cette inauguration-ci et celle de mardi dernier à Dzoumogné. Une preuve que les maisons France Services de Mayotte ne sont pas « des services au rabais » comme l’a souligné Gaëtan Longeau, puisqu’elles bénéficient de la même labellisation que partout ailleurs en France, hexagone et outre-mer compris.

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Le maire de Mamoudzou et le préfet ont pu visiter les locaux à l’occasion de cette inauguration.

Outre le fait de faciliter les démarches administratives de la population, France Services a également pour mission de leur expliquer la nouvelle manière de les effectuer, à savoir de manière numérique. « Pour les impôts par exemple, on tolère encore les déclarations papiers car on sait que les personnes âgées par exemple ont du mal à utiliser l’outil informatique. Mais dans quelques années, ce sera terminé, d’où l’importance d’apprendre aux gens à utiliser les outils numériques », a expliqué Gaëtan Longeau. Pour ce faire, la maison France Services de Kawéni s’est munie d’un ordinateur fixe et de trois tablettes. Deux agents de la poste spécialement formés pour répondre aux demandes de la population et sélectionnés en fonction de leur appétence particulière pour le numérique, sont là pour accueillir le public.

L’alimentation et l’activité physique au cœur des préoccupations de l’ARS

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Ce jeudi 9 décembre 2021 avait lieu la signature du programme mahorais alimentation, activité physique et santé (PMAAPS) dans les locaux de l’agence régionale de santé de Mayotte. L’objectif de cette déclinaison locale du programme national nutrition santé ? La prévention des maladies chroniques sur le territoire de l’île aux parfums, en promouvant une alimentation équilibrée et de qualité mais une activité physique régulière.

Une femme sur deux en situation d’obésité, un adulte sur dix atteint de diabète, un enfant sur dix souffrant de dénutrition… Voici les tristes chiffres avancés par le directeur de l’agence régionale de santé de Mayotte, Olivier Brahic. Sur l’île aux parfums, la précarité et la sédentarité font des ravages. “Nous sommes face à un problème de santé publique, l’une des priorités de l’ARS”, explique le signataire du programme. S’il n’y a pas si longtemps encore, les Mahorais avaient une alimentation variée et de saison, aujourd’hui la mondialisation et ses géants mettent à mal la santé des habitants de l’île. Les boissons sucrées, la friture, les pesticides, mais aussi le manque d’activité physique, sont les facteurs principaux de maladies chroniques qui touchent une population de plus en plus nombreuse et jeune.

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Trois ans pour sensibiliser

Un plan de prévention décliné en cinq axes entre 2021 et 2023, neuf objectifs et vingt-deux actions, mais qu’a-t-il dans le ventre ? “Avec le programme alimentation, activité physique et santé, notre enjeu principal n’est pas tant l’accès aux soins mais plutôt la prévention de ces pathologies”, détaille Olivier Brahic. Dans un premier temps, le programme s’intéresse à l’éducation à la santé afin d’apprendre aux enfants dès leur plus jeune âge à manger sainement et pratiquer une activité physique régulière. Puis, viennent les actions portant sur l’offre alimentaire et sportive, visant à améliorer la qualité et la diversité de l’offre alimentaire sur l’île, mais aussi à faciliter l’accès pour tous à une alimentation suffisante, et des pratiques physiques “sport-santé”. Enfin, en partenariat avec les institutions locales, le programme mahorais alimentation, activité physique et santé se penche sur le volet de la recherche et l’accompagnement des initiatives territoriales.

Des actions qui ont du poids

La lutte contre la précarité alimentaire, la structuration de la filière sport-santé, la protection du consommateur, l’accompagnement des professionnels mais aussi la mutualisation de nos compétences, voilà comment s’articule ce programme”, explique le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, avant de ratifier le PMAAPS. À ses côtés, Echati Issa, élue et membre de la commission sociale du conseil départemental de Mayotte, et Ymane Alihamidi-Chanfi, directrice de la caisse de sécurité sociale de Mayotte, toutes deux cosignataires du programme, rappellent “l’articulation forte de ce dispositif avec d’autres dispositifs locaux comme le plan de lutte contre la pauvreté.” Un programme qui a de grandes ambitions et qu’on espère bientôt voir peser dans les politiques locales.

Des séances de handisports organisés par les professeurs d’EPS au collège de Passamaïty

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A l’occasion de la journée nationale du handicap, qui s’est tenue vendredi dernier, Raphaël Massot, le coordinateur des professeurs d’EPS du collège Ouvoimoja de Passamainty, a organisé des séances d’handisport à destination de ses élèves valides en compagnie des autres professeurs d’EPS de son établissement. L’objectif était de faire comprendre aux collégiens les difficultés que peuvent rencontrer les personnes en situation de handicap lorsqu’ils se livrent à des activités sportives.

« C’était pas facile de tirer droit avec un bandeau sur les yeux », nous confie l’une des jeunes filles ayant participé à la séance de cécifoot, c’est-à-dire une séance de foot à destination des personnes non-voyantes. « Mais non, c’était facile ! », lâchent les garçons, toujours plus enclins à ne jamais avouer leurs difficultés. Pourtant, le professeur d’EPS qui a organisé la séance de foot en bandant les yeux de leurs élèves nous révèle que l’activité était loin de mettre à l’aise l’ensemble des collégiens et ce, malgré l’utilisation d’un « ballon à grelot », spécialement conçu pour le cécifoot et commandé par le collège Ouvoimoja pour ce genre de séance ou, dans certains cas, pour permettre aux véritables élèves non-voyants de se mêler aux élèves valides lors des séances de foot « classique ».

Bien sûr, ces séances de handisports à destination des élèves valides étaient adaptées à leur manque d’habitude des situations de handicap et les professeurs d’EPS ne leur ont pas « trop demandé ». Ainsi, lors des séances de cécifoot, l’objectif était simplement de viser et de faire tomber un plot et non de se livrer à un véritable match de foot. Les élèves travaillaient en outre en binôme, la personne sans bandeau sur les yeux étant chargé de guider celle qui en possédait un. Même chose pour le parcours et la course d’orientation à l’aveugle.

Les séances de sarbacane, une discipline spécifique au handisport, consistait à viser une cible en demeurant assis comme les personne qui ont perdu la mobilité de leurs jambes. Mais l’activité la plus complexe restait le basket fauteuil, car les personnes valides devaient au préalable apprendre à faire avancer le fauteuil, sans compter le caractère ludique et inhabituel de l’activité qui incitait bien des élèves, en particulier les « petits 6ème » à se laisser aller à leur enthousiasme et à se dissiper en oubliant bien souvent l’objectif de l’activité à savoir réussir à marquer des paniers.

Une sensibilisation réussie

« Ces séances ont particulièrement plu aux élèves, car cela les changeait des séances d’EPS habituelles », nous explique Raphaël Massot. L’excitation de la découverte et le caractère ludique des activités ont motivé les élèves en plus de les sensibiliser aux situations de handicap. Même si les personnes touchées constituent un nombre non négligeable au sein de la population mahoraises, rares sont pourtant les élèves présents ce vendredi dernier au collège de Passamaïnty à connaître dans leur entourage des personnes en situation de handicap. Pourtant, la sensibilisation a néanmoins porter ses fruits puisque bon nombre d’élèves interrogés nous ont expliqué qu’ils étaient ravis de savoir que faire du sport était possible pour ces personnes. Beaucoup pensent aux enfants qu’ils auront plus tard et sont conscients que certains d’entre eux rencontreront peut-être ce genre de difficulté. « La découverte du handisport nous permettra de mieux nous occuper de nos enfants plus tard, car tout le monde est susceptible d’avoir des enfants handicapés », nous ont affirmés plusieurs élèves de 3ème. Une sensibilisation réussie donc, pour la plus grande satisfaction des professeurs d’EPS du collège de Passamaîty qui ont conçu et mené ces séances.

Mayotte, un diamant qui reste brut

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Etant l’un des six points primordiaux de la précédente mandature du Conseil départemental, l’attractivité du territoire aurait dû s’accroître ces dernières années. Mais, entre un manque criant de tourisme et des fonds publics dépensés en métropole, le 101ème département français devra attendre pour améliorer son image. Et son développement.

Venez découvrir Mayotte la magnifique ! Située à quelques kilomètres de l’île de La Réunion, l’île aux parfums possède l’un des plus beaux lagons du monde, d’exceptionnelles forêts verdoyantes, des plages de sable fin… Et aucun touriste. Si les élus locaux adorent déplorer la délinquance, empêchant les voyageurs de prendre leurs billets pour Mayotte, ou l’absence de piste longue, les privant d’y poser leurs valises, leur responsabilité existe bel et bien. Pour « accroître l’attractivité du territoire« , le Conseil départemental de 2015 prévoyait tout d’abord un énième schéma, abordant la « planification de la politique immobilière du département« , qui devait démarrer au premier semestre de l’année 2016. Les actions, elles, sont trop rares, laissant l’amère impression que les intercommunalités proposent plus d’initiatives en faveur du tourisme que le Département et son Comité du tourisme, trônant sur la place de la République de Mamoudzou.

Des projets de transport sur les rails

Les anciens élus du département de Mayotte pourront néanmoins se féliciter d’avoir participé à l’inscription du lagon mahorais au patrimoine mondial de l’UNESCO. Malheureusement, cette dernière n’a pas eu lieu, du moins pas encore. Peu de choses sont à reprocher au CD sur ce terrain, qui a défendu son lagon en tenant nombre de réunions et multipliant les soutiens, à l’image du député européen de La Réunion, Younous Omarjee. Rien n’y a fait. Rien, c’est aussi le résultat des six années du CD dans le domaine des transports. Suivant un « schéma régional des infrastructures et des transports » issu de la précédente mandature, l’équipe de 2015 ambitionnait de faire émerger un réseau de transports en commun. L’absence de ce dernier pourra être apprécié par les conducteurs bloqués chaque jour dans les embouteillages de Mamoudzou.

En dehors du chef-lieu, des liaisons maritimes avaient aussi été envisagées par le Conseil départemental. Trois gares maritimes devaient en fait être construites, afin de proposer des lignes de bateau Longoni – Mamoudzou et Mamoudzou – Iloni, ce qui aurait sans doute désengorgé les routes de la région. Tout comme la voie de contournement de Mamoudzou et le pont Grande Terre – Petite Terre, déjà évoqués au début de ce dossier. Il est difficile de ne pas associer à ces échecs ceux du pôle multimodal de Mamoudzou, demeurant au statut de projet, et du Caribus, porté par la Communauté d’agglomérations Dembéni – Mamoudzou, pour une population qui n’a comme alternative à la voiture… Les taxis.

L’illusion du treni bilé, quant à elle, est bien l’œuvre du Département. En consacrant des centaines d’heures à ce projet, jugé impossible par nombre d’observateurs, les élus décrédibilisés se sont attiré les railleries de leur population. Enfin, l’aéroport international de Dzaoudzi, que Soibahadine Ibrahim Ramadani voulait « plateforme régionale d’accueil des touristes européens et internationaux« , long est encore le chemin, pour ne pas dire la piste.

12 millions pour un bâtiment à Paris XVI

C’est un fait, Mayotte a du mal à rayonner, à l’international comme en métropole, où la plupart de nos compatriotes ne sauraient même pas situer l’île sur un planisphère. Ce n’est pourtant pas faute d’y avoir mis les moyens. Début 2019, le Conseil départemental déménage sa Délégation de Mayotte à Paris dans le luxueux 16ème arrondissement, achetant pour l’occasion un ancien hôtel pour la modique somme de 12 millions d’euros. Une dépense de fonds publics à 8000 kilomètres de Mayotte qui passe mal, y compris dans les rangs du Conseil départemental. « Depuis notre élection, notre investiture, il n’y a pas d’investissements en termes d’aménagement, zéro investissement, rien, nada… » enrageait à l’époque Bichara Bouhari Payet, élue de Dembéni. Il y aura au moins eu ce déménagement, dans un bâtiment plus prestigieux qu’aucun autre à Mayotte, ce qui peut en dire long sur les élus locaux.

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Le Conseil départemental veut aussi briller sur le plan international, et qui d’autre que les voisins de Mayotte dans la région pour nouer des liens ? Le Plan de mandature 2015-2021 évoque en effet une coopération avec le Mozambique, la Tanzanie, Madagascar et les Comores. Ces relations d’ordre économique, culturel, sportif et scientifique devaient être financées par les fonds du Programme Opérationnel de Coopération Territoriale (POCTE). Les résultats sont en revanche trop insignifiants pour affirmer que ces fonds furent bien utilisés. Quant à l’intégration de Mayotte à la Commission de l’Océan Indien, elle n’est toujours pas d’actualité, malgré le désir du président de l’époque de mener à bien cette mission. Mayotte la magnifique restera donc, pour le moment du moins, ce diamant brut que ses dirigeants ont bien du mal à polir.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes