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La gauche mahoraise sous une seule bannière ?

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Omar Simba (à droite), en compagnie d'Alhamidi Aboubacar, veut constituer une grande formation sociale après les dernières élections marquées par le recul de la droite mahoraise.

Omar Simba sur les traces de son maître à penser Jean-Luc Mélenchon ? Quoi qu’il en soit, il fait sa rentrée politique cette semaine avec un appel à l’adresse des mouvements locaux s’inspirant de la gauche nationale en vue de constituer une grande formation sociale capable de bâtir un nouveau projet social sur l’île et regagner le terrain perdu au profit de la droite lors des deux derniers scrutins (présidentiel et législative) de cette année.

Flash Info : Omar Simba, vous êtes le premier à faire votre rentrée politique cet été. À cette occasion, vous lancez un appel à la construction d’une nouvelle force de gauche unifiée sur le territoire, pouvez-vous nous en dire plus ?

Omar Simba : En effet, c’est un message que j’ai adressé aussitôt après l’élection présidentielle, il m’a paru opportun de lancer un appel à tous les mouvements politiques se réclamant de la gauche pour nous rencontrer et impulser une vraie force politique de gauche sur le territoire. Force est de constater ces derniers temps un manque réel de ce côté-là. Nous observons une très forte droitisation de la politique à Mayotte, au point de consacrer une dominance de l’extrême droite à la dernière présidentielle, au 1er comme au 2ème tour. Les résultats des législatives nous ont aussi donné deux élus que je qualifie de droite puisque Mansour Kamardine est un représentant du parti Les Républicains et Estelle Youssouffa, sur certains thèmes, a mené campagne sur un ton plus que de droite. Il nous faut donc un mouvement qui puisse porter une vision de gauche sur des sujets récurrents que nous entendons ici et là dans certaines manifestations et discours sur Mayotte. C’est en particulier le cas en ce qui concerne l’égalité sociale, l’égalité de droits, la lutte contre la pauvreté, très criante dans cette île, etc. Il nous faut des hommes et des femmes dévoués pour porter ces combats, les faire aboutir concrètement dans notre société et faire avancer notre département.

FI : Question importante : la gauche a-t-elle réellement existée dans l’opinion mahoraise ?   

O.S. : Oui, bien sûr ! À une époque, il y a eu ici un parti communiste rénové (PCR) et un parti Socialiste (PS). Il y a actuellement un parti social mahorais (PSM), un mouvement des radicaux de gauche (MRG). Des sympathisants sont là pour défendre les idéaux de la gauche. Mon idée est donc que nous puissions nous retrouver ensemble et construire une maison commune, à l’instar de ce qu’a fait la NUPES (nouvelle union populaire écologique et sociale) à l’échelle nationale, le regroupement des principaux partis de gauche autour d’un projet politique commun. Nous avons vu le résultat très intéressant obtenu !

FI : Il y a tout de même un paradoxe dans ce que vous nous dites là, lorsqu’on sait que la départementalisation en Outre-mer fut une œuvre de forces de gauche, alors qu’ici c’est plutôt la droite qui en est porteuse et la met progressivement en place, comment justifiez-vous cela ?

O.S. : Je ne partage pas trop cette affirmation selon laquelle la départementalisation de Mayotte est une œuvre exclusive de la droite. Je rappelle que si effectivement elle s’est produite sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il y a eu cependant au préalable un long travail fondamental réalisé par le gouvernement de Lionel Jospin. Il ne faut donc pas oublier tous ces apports qui ont conduit vers la consultation référendaire organisée sous Sarkozy en 2009. C’est donc la gauche qui a scellé les accords ayant conduit Mayotte au statut de DOM (département d’Outre-mer), il faut lui reconnaître tout ce qu’elle a fait pour notre île. Ici, les gens ont toujours tendance à dire que cette île n’avance que lorsque la droite est pouvoir, alors que c’est faux ! La droite est au pouvoir en France depuis Nicolas Sarkozy et pourtant, Mayotte n’avance pas au rythme souhaité par ses habitants et pire encore, nous constatons même un certain recul depuis quelques années. En dehors de cette seule départementalisation que tout le monde s’accorde à dire que c’est une coquille vide, j’aimerais bien que l’on me dresse un bilan de ce que cette droite a réalisé pour ce territoire. Ce serait peut-être l’objet d’un autre débat qui pourrait être intéressant.

FI : Si coquille vide il y a, cela sous-entend qu’il y a un large espace à remplir. Alors quel serait le projet de cette future union des forces locales de gauche pour combler ce vide ?

O.S. : Vous savez, il appartient avant tout à l’ensemble des Mahoraises et des Mahorais et non seulement aux composants de cette future force de gauche que nous voulons créer de contribuer à combler ce vide. Il sera d’autant plus facile à le combler dans la mesure où nos concitoyens ont déjà déterminé ses contours, à savoir davantage de droit commun, d’égalité sociale, d’égalité de droits et de développement économique. Il n’est pas nécessaire de sortir de l’ENA (école nationale d’administration) pour connaître les revendications légitimes de nos populations. Ce qui reste, c’est une réelle volonté politique de nos gouvernants actuels d’accéder à ces demandes mahoraises. C’est aussi simple que ça !

FI : Le propre de la politique et de la démocratie consiste à se battre en permanence pour arriver à des résultats. Dans le cas présent, quels seraient pour vous les contours de ce combat et de ce projet politique ?    

O.S. : Mayotte ne fait que combattre depuis l’époque du TOM des Comores (territoire d’Outre- mer), à commencer par le simple droit d’exister en tant que tel dans notre environnement régional immédiat. Nous n’avons jamais cessé de combattre quand même semble-t-il, nos cris ne sont pas toujours entendus par les décideurs. Il est certain que nous aurions eu plus d’écoute de la part d’un gouvernement NUPES si nos camarades étaient au pouvoir puisque l’idée de Jean-Luc Mélenchon était d’apporter l’égalité partout sur l’ensemble du territoire français, en Hexagone comme dans les Outre-mer. Par conséquent, je dirais que ce combat pour notre île ne doit pas s’arrêter qu’à Mamoudzou. Il nous faut véhiculer nos doléances partout où c’est nécessaire, nous devons avoir de bons alliés à Paris pour amplifier le travail réalisé localement. Nous pouvons déplorer le fait que les alliés dont dispose Mayotte aujourd’hui à Paris ne soient pas d’une grande aide. Seuls les relais locaux des partis LR et La Renaissance pourront dire aux Mahorais s’ils disposent de sérieux alliés au sein de grands cercles de décisions parisiens, je ne peux pas répondre à leur place. En revanche, je pense que nous devons absolument avoir de bons alliés à notre écoute qui iront au charbon avec nous et pour moi, ce sont les élus de la NUPES !

FI : Pour être concret, une appartenance à la mouvance NUPES apportera quoi de plus à Mayotte ?

O.S. : Si nous lisons bien le projet politique présenté par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et la forme retravaillée pour les législatives, nous nous apercevons que Mayotte se retrouve pleinement dedans. Il est question d’égalité sociale, d’éducation, de développement économique et de développement durable, d’exploitation de la mer, ainsi de suite. Tout ce en quoi aspire Mayotte est dans ce projet, ce qui pour moi aurait pu impulser un vrai développement ici dans notre territoire. Tout a été pensé, il n’y avait pas besoin de rajouter grand-chose. Ce qui est appréciable dans ce mouvement politique, c’est que les projets sont bâtis de façon communautaire avec un apport de chaque composant de la mouvance. Il s’agit donc à mes yeux d’un projet qui ressemble aux Mahorais et qui rassemblerait sûrement les Mahorais.

FI : D’aucuns observent que la France n’a jamais confié sa gouvernance à des extrêmes, quels soient de gauche ou droite. Ne serait-ce pas inconsidéré de vouloir arrimer le développement de Mayotte à long terme sur une logique comme celle de la Nupes ?    

O.S. : Je ne vois pas en quoi la Nupes peut être qualifiée de force d’extrême gauche, pas plus d’ailleurs que la France insoumise (FI) de Jean-Luc Mélenchon. Je rappelle que la Nupes rassemble notamment le parti socialiste, Europe Écologie-Les verts, le parti communiste français. Si je devais vous suivre, cela équivaudrait à penser que toute force n’appartenant pas à la mouvance présidentielle est à qualifier d’extrémiste, c’est un point de vue que je ne partage absolument pas. Cette force comporte dew personnes suffisamment intelligentes pour prétendre à gouverner la France.

FI : Comment voyez-vous l’avenir économique de Mayotte ? Comment faire pour inverser la tendance négative de ces vingt dernières années ?   

O.S. : Les besoins de Mayotte en matière de développement économique sont effectivement énormes car il n’y a pas de réels investissements consentis depuis plusieurs décennies. Il faut investir énormément sur de grands chantiers publics pour relancer l’activité économique et non pas se contenter de quelques rares constructions scolaires ou rénovations ici et là, ce qui n’est pas grand-chose. Ce qu’il nous faut sur ce territoire, ce sont de grands et ambitieux chantiers comme La Réunion sait en avoir, de sorte que quand l’un se termine, l’autre démarre. C’est de cette façon que nous arriverons à impulser un vrai développement économique. La construction de la piste longue de l’aéroport est évoquée depuis de nombreuses années, ce serait assurément un grand chantier, mais démarrera-t-il vraiment un jour ? Je n’en sais rien… Il n’y a pas de nouvelles routes à proprement parler : quand est-ce que nous effectuerons le contournement de Mamoudzou ? Ailleurs, nous en comptons déjà plusieurs ! Comment voulez-vous lancer un développement économique sérieux dans un pays où il vous faut passer cinq heures pour parcourir 15 kilomètres ? Soyons sérieux ! Il y a beaucoup de choses à accomplir, et elles peuvent-être réalisées à court terme. Mais comment faire pour éviter à un entrepreneur de ne pas perdre tout son temps sur la route ? Force est de constater aujourd’hui que nous ne sommes pas dans une logique de grands travaux, mais encore dans des minuscules investissements publics pour ne pas dire des miettes. Ce n’est pas comme ça que nous allons pouvoir développer l’ile.

FI : Qu’est-ce qui bloque cette doctrine de grands travaux à Mayotte selon vous ?

O.S. : Je ne pense pas que le problème provienne du manque d’ingénierie comme nous nous plaisons souvent à l’avancer localement. L’ingénierie, ce n’est rien d’autre que de la compétence, lorsque tu ne l’as pas, il te suffit de l’acheter ailleurs. À présent que nous sommes dans un vaste marché européen, rien ne nous interdit de l’importer, y compris en dehors de la métropole, puisque nous arrivons à le faire avec les médecins. Je reste convaincu que la réalité est une absence de volonté politique au niveau de ceux qui gouvernent la France pour développer Mayotte. Il faut arrêter de répéter à tue-tête qu’il faut des Mahorais pour développer l’île. Il faut des investissements lourds, privés et publics, pour impulser un vrai développement économique.

FI : Y a-t-il suffisamment de niches et de projets pour asseoir véritablement un développement cohérent de Mayotte dans le long terme ?

O.S. : Bien entendu ! Il y a matière pour entreprendre un vrai développement économique sur cette île. J’ai cité tout à l’heure l’aéroport et la piste longue, les routes de contournement de l’île, mais il y a aussi tout ce qui est lié à l’économie bleue à développer à partir de la mer, etc. Les projets ne manquent pas : il faut juste s’accorder sur le principe de les lancer et planifier leur réalisation dans un espace de 15 à 30 ans. C’est de cette façon que nous procédons ailleurs, alors pourquoi ne saurions-nous pas faire de même ?

FI : L’actualité nous ramène sur un problème récurrent : celui de la jeunesse en générale et de la délinquance juvénile en particulier. Qu’est-ce qui peut-être fait pour mieux encadrer cette jeunesse et corriger au plus vite cette dérive à la violence pour en faire une force positive au service du développement que vous évoquez ?

O.S. : Vous avez raison, la jeunesse de Mayotte comme de tout territoire devrait constituer une force et des opportunités de développement contrairement à ce qui se passe en ce moment chez nous où nos jeunes font peur, parce qu’ils ont été délaissés durant de nombreuses années, n’ont pas été éduqués ou pas assez… Ils se retrouvent dans les rues, et pour certains depuis très très jeune, ils n’ont rien connu d’autre que cette rue. Il est impératif d’investir conséquemment dans la formation pour les sortir de la rue, parce-que celle-ci n’éduque pas et ne forme pas, sans quoi il n’y aura pas de paix sociale dans l’île. Nous réclamons sans cesse davantage de forces de l’ordre pour faire face à cette délinquance, c’est une bonne chose car la violence atteint des niveaux inacceptables, mais ce ne sera jamais suffisant pour régler le problème. Les solutions viendront aussi de ces investissements massifs dans l’éducation et la formation. C’est ainsi qu’il sera possible à cette jeunesse de constituer une vraie force de développement structurée et non l’inverse.

FI : Pour finir, que préconise la gauche mahoraise en matière de relations et de coopération avec nos voisins immédiats, après le bruit consécutif à cette affaire de jumelage entre Mamoudzou et des communes comoriennes ?

O.S. : Ce qui est sûr et certain c’est qu’il est clair dans l’esprit de chaque Mahorais que notre territoire est une partie intégrante de la République française et de l’Union européenne. Aucun doute à ce sujet dans nos têtes ! Après, que ce choix ne soit pas accepté de l’autre côté de l’archipel, c’est une autre chose. Ils ont la liberté d’accepter ou de refuser. Aujourd’hui, c’est d’abord ici, chez nous, en France, que l’État doit être clair avec ses ressortissants du département de Mayotte et affirmer là où c’est nécessaire leur appartenance à la nation française. Je peux comprendre nos concitoyens qui estiment que la seule départementalisation ne suffit pas ! Notre pays doit plus souvent monter au créneau auprès des instances internationales, telles que l’Organisation des Nations Unies) pour le clamer haut et fort et défendre son territoire. J’ai l’intime sentiment que ce qu’elle fait est insuffisant. Je trouve ridicule qu’au niveau local nous en arrivions à nous chamailler sur ce sujet, parce que du côté de nos voisins un tel a dit ceci ou cela. Notre défense incombe à l’État français et c’est à lui de défendre sa souveraineté sur Mayotte auprès de l’ONU ou de toute autre entité. C’est l’une des plus grandes puissances de ce monde : sa voix porte et compte, et ce n’est pas rien. Ensuite si des relations politiques s’avèrent compliquées entre nous et nos voisins, ce n’est pas cela qui doit nous arrêter de dénicher d’autres formes de coopération. À chaque fois que nous aurons la certitude de tirer profit d’un aspect donné de coopération entre les deux parties, nous devons nous y engager et essayer de parvenir à quelque chose. Il y a plein de domaines, autres que la politique, dans lesquels le besoin de coopération est réel entre nous pour améliorer le quotidien des populations. Que je sache, l’Union des Comores n’est pas habitée que par des politiciens, il y a également des habitants qui ont des besoins énormes de part de d’autre de l’archipel pour que nous réussissions à mettre en place un vrai projet de co-développement au bénéfice de nos populations respectives.

Le périscolaire : un nouvel enjeu fédérateur à Mayotte

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Les grands acteurs de l’éducation et du développement économique ont animés ce séminaire dont le recteur Gilles Halbout, Madi Madi Souf, le président de l’association des maires, Bibi Chanfi, élue au développement économique au sein du conseil départemental, et Madi Velou, septième vice-président en charge de l’action sociale.

Un grand séminaire s’est tenu dans la salle Samuel Paty du rectorat, ce jeudi 18 août. Son thème était le développement de l’offre de périscolaire à Mayotte. Initié par le conseil départemental, cette rencontre a réuni autour de la table les grands acteurs de l’éducation tels que l’Education nationale, bien sûr, mais aussi les élus des communes, la CSSM, la Deal, ainsi que les associations de parents d’élèves. L’animation était assurée par Nadia Toumji, directrice associée du cabinet Verso Consulting auquel le conseil départemental a fait appel pour dresser un diagnostic de l’état du périscolaire à Mayotte et envisager des solutions de développement viables stratégiquement et économiquement.

Constatant le gros retard dont souffre Mayotte en termes d’accueil et d’activités périscolaires, le conseil départemental a décidé de « prendre le taureau par les cornes ». Pour cela, il a fait appel au cabinet Verso consulting pour établir un plan de développement dans ce domaine qui respecte les objectifs du Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Ce cabinet a donc dressé un état des lieux du périscolaire à Mayotte et établi des perspectives de développement chiffrées. Ne pouvant assumer tout seul cette tâche titanesque, aussi bien techniquement que financièrement, le Département a organisé, ce jeudi 18 août, un séminaire de gouvernance partenariale au rectorat afin d’informer les acteurs concernés de ses projets et de solliciter une participation collégiale.

Le département de Mayotte a invité les grands acteurs du monde éducatif et associatif à venir assister à ce séminaire.

« L’objectif est d’unir nos forces afin de dépasser la traditionnelle logique de séparation des dispositifs et des compétences qui constitue souvent un frein », affirme le recteur Gilles Halbout, persuadé que le développement du périscolaire sur le territoire contribuera à réduire les actes de violences chez les jeunes. Même si, selon lui, « tout est encore à faire à Mayotte dans ce domaine », cette initiative du conseil départemental suscite son enthousiasme. Les enjeux du périscolaires sont, selon, lui multiples. Ils touchent à la fois le bien-être de l’enfant, l’attractivité du territoire, la dynamisation de la vie culturelle et sportive au sein des communes, le renforcement du tissu associatif, le travail sur le vivre-ensemble et les valeurs de la République et le développement économique via la création de nouveaux emplois.

Un développement qui prend en compte les spécificités locales

Le cabinet Verso consulting a établi trois grands axes pour mettre en place ce plan de développement. Les offres devront être qualitatives et répondre aux standards nationaux, tout en s’adaptant aux contraintes spécifiquement locales, comme le problème des transports scolaires, le manque d’infrastructures d’accueil, de cantines, la démographie galopante et les rotations qui ont toujours cours dans certains établissements du premier degré. « Les spécificités socio-culturelles seront également prises en compte », ajoute Nadia Toumji.
Le diagnostic dressé en 2020 démontre notamment un manque d’activités pendant la pause méridienne, un manque de professionnalisation des animateurs et un manque de locaux pour accueillir les enfants. « Le partenariat est la clé pour répondre à ces enjeux », estime Madi Velou, le septième vice-président en charge des actions sociales au sein du Département. Le plan de développement du périscolaire préconise donc une implication forte des communes via leur projet éducatif territorial (PEDT), une généralisation de l’offre à l’ensemble des établissements scolaires, la mise en place de cantines, une offre diversifiée et de qualité ainsi que la création d’un parcours de carrière valorisant pour les animateurs. Une feuille de route a d’ores et déjà été établie pour tenter de répondre à ces enjeux avec des pistes de financement. Cette dernière question reste toutefois encore en cours de réflexion.

Anne-Sophie Delarue, déléguée adjointe au continuum éducatif au sein de la Drajes, a insisté sur le rôle de cadrage de sa structure au sein du plan de développement de l’offre de périscolaire.

Par ailleurs, certains élus communaux insistent sur l’importance d’aller vers les enfants en errance pour les inciter à s’inscrire à ces activités afin de les réinsérer dans le tissu social. « Ce n’est que comme cela qu’on arrivera à sauver nos enfants », estime une élue de la commune de Pamandzi. Les familles seront également beaucoup sollicitées car, comme le rappelle Gilles Halbout, « sans les familles, on ne peut rien faire ! ». La délégation régionale académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports (Drajes) est chargée de cadrer légalement les activités périscolaires et d’accompagner les structures qui souhaitent s’impliquer dans ce domaine. Elle s’assure notamment de la sécurité des enfants, de la cohérence des activités avec les projets d’école et de la professionnalisation des animateurs. « L’adaptation des modèles existants au contexte local ainsi que l’innovation sont au cœur de nos préoccupations », affirme Mme Delarue, la directrice de la Drajes. Cette structure sera également chargée d’aider les communes à mettre en place leur PEDT.

Un financement estimé à 835 millions d’euros

Ce plan de développement de l’offre périscolaire est estimé à 835 millions d’euros. « C’est ambitieux, mais réalisable si toutes les ressources du territoire sont mobilisées », estime Madi Velou. Pour lui, le plus grand investissement concerne la restauration scolaire qui devra faire l’objet d’une concertation avec les maires, mais également la région et le rectorat. 220 millions d’euros seront consacrés au recrutement de professionnels et à la montée en compétences des agents déjà en poste. Le cabinet Verso Consulting insiste sur le potentiel socio-économique de ce plan qui permettra la création de 8.000 nouveaux emplois sur une période de cinq ans.

 

La tuberculose à Mayotte de 2015 à 2020

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À Mayotte, 42 cas de tuberculose ont été déclarés en 2020 et le taux de déclaration standardisé sur l’âge était de 17.8 cas pour 100.000 habitants selon un communiqué de Santé Publique France envoyé ce mercredi 17 août. Après la hausse observée en 2015 (45.6 cas pour 100.000 hab.), le taux de déclaration de la maladie semblait poursuivre sa décroissance atteignant 20 cas pour 100.000 habitants en 2017. Celui-ci est repartie à la hausse en 2018 (36.7 cas pour 100.000 hab.) puis a poursuivi sa diminution jusqu’en 2020 où le taux de déclaration enregistré est le plus faible des six années précédentes.

En 2020, Mayotte était le deuxième territoire comptabilisant le taux de déclaration le plus élevé, derrière la Guyane et avant l’Île-de-France. Le taux de déclaration dans le 101ème département était en diminution, en 2020 et se situait au-dessus du taux de déclaration de la métropole.

Les cas ayant recours au système de soins de façon spontanée représentaient 84.6% des cas déclarés, en hausse par rapport aux trois dernières années. Sur la période 2015-2020, 8% des cas de tuberculose maladie déclarés ont été diagnostiqués dans le cadre d’une action de dépistage. En effet, dans toutes les classes d’âge, le diagnostic dans le cadre d’un recours spontané aux soins est majoritaire dans toutes les classes d’âges excepté chez les 5-14 ans, où la majorité des cas ont été diagnostiqués dans le cadre d’une enquête autour d’un cas.

En 2020, 177 (74%) avaient une forme pulmonaire et 63 (26%) une forme exclusivement extra-pulmonaire. Parmi les formes pulmonaires (avec ou sans localisation extra-pulmonaire), 97 (55%) avaient une microscopie positive. En 2020, 10 formes méningées ou miliaires ont été diagnostiquées, aucune parmi les cas âgés de moins de 15 ans.

Revalorisation anticipée des prestations sociales

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Dans le cadre de la loi pour le pouvoir d’achat, une revalorisation anticipée de 4% des prestations sociales a été votée par le Parlement le 3 août. Celle-ci vise à compenser la montée des prix due à l’inflation en 2022 et s’ajoute à la hausse de 1.1% survenue en janvier 2022. -Le différentiel des droits de juillet sera versé rétroactivement au mois de septembre avec les droits du mois d’août.

L’ensemble des prestations Famille applicables à Mayotte sont revalorisées de 4%, sauf l’aide au logement au taux de 3.5% : allocations familiales (Af), complément familial (Cf), allocation de rentrée de scolaire (ARS), prime pour l’activité (PPA), revenu de solidarité active (RSA), allocation adulte handicapée (AAH) et allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH).

L’ensemble des prestations Vieillesse versées dans le 101ème département sont également revues à la hausse, de l’ordre de 4% : retraite personnelle, pension de réversion, allocation de solidarité aux personnes âgées, allocation veuvage. Idem pour la pension d’invalidité ainsi que pour les rentes d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

Tous les assurés du régime général percevant les prestations citées ci-dessus bénéficient de cette revalorisation. À noter que le versement est automatique, aucune démarche n’est à effectuer auprès de la caisse de sécurité sociale de Mayotte. Les paiements seront réalisés aux dates habituelles de versement de chaque prestation. Exemple : le 8 septembre pour les pensions de retraite.

Séminaire de mise en place d’une gouvernance partenariale afin de soutenir le plan de développement du périscolaire

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Le rectorat, le conseil départemental et l’association des maires de Mayotte s’associent pour l’organisation d’un séminaire de mise en place d’une gouvernance partenariale afin de soutenir le plan de développement du périscolaire, le jeudi 18 août à 9h, salle Samuel PATY du rectorat.

Le Département initie le projet, avec le soutien des partenaires, de réaliser un état des lieux, de fixer des orientations stratégiques et d’élaborer une feuille de route concertée et partagée avec l’ensemble des parties prenantes de l’offre de périscolaire à Mayotte. Des rencontres s’en sont suivies, tout au long du premier semestre 2022, proposées par le responsable de l’académie, Gilles Halbout, à chacun des maires, dans le but de finaliser ensemble leurs « projets éducatifs territoriaux ».

Le projet éducatif territorial (PEDT) formalise une démarche permettant aux collectivités territoriales volontaires de proposer à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après l’école, organisant ainsi, dans le respect des compétences de chacun, la complémentarité des temps éducatifs.

Il s’agit d’un projet d’envergure qui vise à offrir les meilleures conditions de réussite à la jeunesse, à développer et à structurer une filière économique tout en soutenant l’ensemble des partenaires institutionnels et la société civile impliqués par cette compétence.

Sont conviés à cette présentation du plan de développement de l’offre périscolaire l’ensemble des acteurs des politiques éducatives du territoire (les maires, la caisse de sécurité sociale de Mayotte, les services de l’État, le centre national de la fonction publique territorial, Pôle emploi, la mission locale, les représentants des parents d’élèves, les représentants des fédérations populaires, les représentants du mouvement sportif, les acteurs de l’accompagnement sur le territoire).

Première édition des journées du vivre-ensemble à Mamoudzou

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Mamoudzou organise la première édition des Journées du vivre-ensemble les vendredi 19 et samedi 20 août 2022. Cosmopolite, la commune abrite de nombreuses communautés ainsi qu’une population riche de cultures variées. En organisant cet événement, la ville chef-lieu propose aux différentes communautés de se rencontrer et de se faire connaître.

Le temps fort de ces journées sera la conférence « Mieux comprendre la société mahoraise », animée par l’auteur et conférencier Salim Mouhoutar et l’historien et archiviste Inssa De N’Guizijou. Le sport, vecteur de valeurs fédératrice et de fraternité, joue un rôle déterminant et favorise la cohésion. À l’occasion de cette première édition, la ville inaugurera l’école municipale de l’excellence sportive de Mamoudzou. Enfin, vivre-ensemble est également synonyme de respect de l’autre et de son environnement. Évoluer dans un espace public propre contribue à la santé publique et à la protection de la biodiversité.

Vendredi 19 août : conférence sur le thème « Mieux comprendre la société mahoraise », animée par l’auteur et conférencier Salim Mouhoutar et l’historien et archiviste Inssa De N’Guizijou, à 9h à la MJC de Mamoudzou, clôture de la matinée par une prière œcuménique à 11h30, puis inauguration de l’école municipale de l’excellence sportive à 15h à la MJC de M’Tsapéré. Samedi 20 août : nettoyage collectif du front de mer et plantation de l’arbre du vivre-ensemble à partir de 7h à côté du parc Mahabou.

Des émeutes ont éclaté à Kawéni, ce mercredi

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Les premiers affrontements ont eu lieu, vers 11h, à proximité des pompiers.

Des barrages enflammés ont compliqué le passage des véhicules par Kawéni, ce mercredi. En fin de matinée, une opération de la police aux frontières a mis le feu aux poudres et déclenché la réaction de plusieurs centaines de jeunes.

Les fumées des grenades lacrymogènes ont rempli l’air de Kawéni, ce mercredi. En réaction à une nuée d’interpellations de personnes en situation irrégulière de la part de la police aux frontières, des jeunes de Kawéni s’en sont pris aux forces de l’ordre. « Ils n’ont pas supporté ces interpellations. Ils ont enflammé des poubelles et du mobilier urbain qu’ils ont placés sur plusieurs points de la chaussée », indique le commissaire Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale (DTPN). Celui-ci dénombre « 300 émeutiers » au plus fort des affrontements, qui ont débuté devant le bâtiment des pompiers, vers 11h. À court de grenades lacrymogènes, les policiers ont alors dû redescendre vers le rond-point SFR pour attendre des nouvelles munitions arrivant de Petite-Terre. Pendant ce temps, « les émeutiers ont pulvérisé les vitres des voitures garées sur le parking de l’espace Corralium », raconte le commissaire.

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Les policiers ont dû faire face à plusieurs centaines de jeunes.

Les résidus des barrages bloquent la circulation

Ces affrontements n’ont pas été sans conséquences sur le trafic routier de l’île. Une déviation a été rapidement mise en place aux ronds-points Méga et SFR pour éviter que les automobilistes soient pris entre deux feux. Le rétablissement de la circulation a été d’autant plus difficile que le mélange déchets-mobilier urbain a fortement détérioré la route et nécessité l’intervention des pompiers.

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Le mélange déchets-mobilier urbain a endommagé la chaussée, retardant la remise en circulation sur la route nationale.

Aucune interpellation n’a pu être effectuée lors des premières rixes, mais elles pourraient être nombreuses dans les jours à venir, estiment les policiers.

 

Estelle Youssouffa demande « de reprendre le terrain »

La députée de la première circonscription de Mayotte a réagi par un communiqué aux récentes émeutes de Kawéni et à l’incendie des bâtiments de la communauté de communes de Petite-Terre (voir par ailleurs). Elle demande au gouvernement français « de ramener par tous les moyens l’ordre public et la paix à Mayotte : nous ne pouvons plus endurer cette terreur, la peur doit changer de camp et la République reprendre le terrain laissé aux voyous ».

Concernant le deuxième fait, elle souhaite « une réponse forte et concrète de l’État face à la destruction cette nuit des bureaux de l’intercommunalité de Petite-Terre »« La population est toujours quasiment seule face aux vandales qui opèrent dans l’impunité totale, parfois à quelques dizaines de mètres des bâtiments des forces de police et de gendarmerie », fait-elle remarquer.

 

Place Zakia Madi : les réfugiés africains délogés par la police

Depuis samedi dernier, plusieurs familles de ressortissants africains s’installent de manière régulière sur la place Zakia Madi, à Mamoudzou (voir Flash Infos de mercredi). Originaires pour la plupart d’Afrique de l’Est, ils dénoncent leurs conditions de vie et demandent un meilleur traitement de la part des autorités françaises. Ce mercredi, vers 15h, une nouvelle intervention policière a permis de libérer la place. Toutefois, à chaque fois, les réfugiés finissent par y revenir.

Inscription du « mawlida shenge » au patrimoine culturel immatériel, « une chance énorme »

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Le "mawlida shenge" est inscrit au patrimoine culturel immatériel du ministère de la culture depuis le 27 juin 2022.

Le 27 juin dernier, la direction générale des patrimoines et de l’architecture du ministère de la Culture a inscrit le « mawlida shenge » (une pratique sociale et spirituelle de tradition soufie comprenant toute une organisation sociale, du chant, de la musique, de la danse pouvant aller jusqu’à la transe) à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Une grande première pour le 101ème département et surtout une immense fierté pour ceux qui ont porté cette reconnaissance à l’échelle nationale. Entretien avec Zouhourya Mouayad Ben, la quatrième vice-présidente du conseil départemental en charge des sports, de la culture et de la jeunesse, et Abdoul Karim Saïd, le directeur du Muma (Musée de Mayotte).

Flash Infos : Le « mawlida shenge » a rejoint fin juin la liste du patrimoine culturel immatériel. Comment s’est déroulée cette démarche ? Et pourquoi avoir proposé cette pratique sociale et spirituelle de tradition soufie ?

Abdoul Karim Saïd : Tout a commencé en 2019 sur une idée de Thomas Mouzard, chargé de mission pour le patrimoine culturel immatériel au ministère de la Culture, qui est venu en mission à Mayotte dans le but de nous sensibiliser les principaux intéressés à cet enjeu et à l’inscription. Il a alors formé une quinzaine de personnes. Une semaine plus tard, il a contacté Éric Alendroit qui a l’habitude de travailler avec La Réunion et qui a déjà inscrit « le maloya » par le passé, pour lui proposer d’inclure dans ses formations des agents de Mayotte. Il est ensuite venu deux fois sur le territoire pour la rédaction des fiches. Celle du « mawlida shenge », rédigée par Achoura Boinaïdi, la cheffe de service en charge de la recherche et de la conservation au Muma, a duré un an et demi en comptant une dizaine d’aller-retour entre nous et les personnes filtres et a été déposée en novembre 2021. Puis, nous avons reçu un avis favorable au début de l’année 2022.

Zouhourya Mouayad Ben : Cette nomination est une très bonne nouvelle pour Mayotte dans son ensemble. Les Mahorais l’attendaient depuis longtemps puisque c’est une manière d’honorer nos anciens. En recevant la notification, j’ai immédiatement pensé à nos parents et à nos grands-parents qui ont pratiqué ce chant et cette danse religieux. Je suis très émue rien qu’en en parlant, c’est magnifique… C’est tout simplement une chance énorme dans le sens où cela permet de parler de l’île autrement que sous la coupe de la violence et de l’immigration clandestine.

FI : Il s’agit ici du premier élément du patrimoine de l’île à figure dans la liste du PCI du ministère de la culture. Concrètement, qu’est-ce que cela peut changer pour Mayotte ?

Z. M. B. : Il y a cette reconnaissance aussi bien à l’échelle nationale que régionale dans le sens où nous apportons notre richesse culturelle à la France. Il y aura un peu plus de visibilité pour notre territoire. Les potentiels touristes qui chercheront notre destination sur Internet apprendront que le « mawlida shenge » est une pratique culturelle et spirituelle de Mayotte qui rassemblent des hommes et des femmes, même s’il y a une petite séparation entre les deux groupes. Assurément, cela va nous apporter une ouverture vers l’internationale !

FI : Plus largement, le département a-t-il l’ambition de présenter d’autres dossiers dans un avenir plus ou moins proche ?

Z. M. B. : Nous avons au sein du Département d’autres dossiers en cours, notamment celui concernant le lagon qui est l’un des plus beaux du monde. Même si nous rencontrons quelques difficultés, il se trouve déjà entre les mains du ministère de la culture.

A. K. S. : Au niveau du Muma, nous comptons présenter prochainement le « debaa » (un mélange de danse, de musique et de chant traditionnels pratiqué exclusivement par les femmes). Nous sommes actuellement à 80% de la rédaction. C’est un travail de longue haleine, cela ne se fait pas en un claquement de doigts puisqu’il faut répondre à un cahier des charges précis dans lequel nous revenons sur l’historique de la pratique, sur sa fonction, sur son rôle, sur les différentes communautés mobilisées, celles qui la jouent et celles qui en bénéficient. Sans oublier les faiblesses et les risques de disparition. Il y a énormément de rubriques à renseigner, il faut que tout soit cohérent !

Toute personne intéressée peut présenter une fiche, des gens comme vous et moi, des associations, des praticiens… C’est le cas pour le « mbiwi » qui est actuellement en phase d’études et le « shigoma » qui est en cours de rédaction.

Z. M. B. : Nous avons énormément de chants et de danses qui ne demandent qu’à être valorisés et à être reconnus aux yeux de tous !

L’intercommunalité de Petite-Terre incendiée, mercredi matin

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Les trois préfabriqués n’ont pas résisté au feu. Les serrures des bâtiments adjacents ont même fondu à cause de la chaleur.

Trois préfabriqués sont partis en fumée, tôt ce mercredi matin, sur le site principal de la communauté de communes de Petite-Terre. Situés près du stade de Pamandzi, les locaux ont été également fouillés pendant la nuit. Une plainte a été déposée à la gendarmerie, par le président de la collectivité, Saïd Omar Oili.

Les préfabriqués complètement éventrés témoignent de la violence du feu. Dans la nuit de mardi à mercredi, un incendie a ravagé les trois locaux de la communauté de communes de Petite-Terre. Le bureau du directeur du cabinet, celui du Spanc (service public d’assainissement non collectif) et les services techniques étaient côte à côte sur le site principal de l’intercommunalité. Il ne reste que du mobilier calciné aujourd’hui. Un incendie dont l’origine pourrait être volontaire : d’autres bâtiments ayant été visités au cours de la même nuit. La gendarmerie scientifique était présente toute la matinée pour déterminer les causes et retrouver des indices menant à d’éventuels auteurs.

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Les barreaux du service des finances ont été sciés pendant la nuit.

Une plainte déposée le matin-même

Sur les portes d’autres services, des traces d’effractions ont été relevés, mais sans confirmation que les cambrioleurs aient pu y entrer. Seul le bureau des finances et de la commande publique a été assurément fouillé. « Ils ont scié les barreaux », explique Denis Chopin, le directeur général des services de la collectivité. Il confirme que son président, Saïd Omar Oili, a bien déposé plainte le matin-même à la gendarmerie.

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La gendarmerie a procédé aux constatations, toute la matinée, ce mercredi.

Ce n’est pas la première fois que le site est sujet aux cambriolages. Le directeur général des services déplore le vol de son ordinateur portable il y a quinze jours. S’il n’y a pas de gardiens, des caméras de surveillance sont censées dissuader les intrusions dans les locaux. Les services municipaux de Pamandzi, en contrebas, sont aussi régulièrement ciblés, regrettent les agents.

En attendant qu’une solution soit trouvée, le personnel pénalisé par l’incendie, et dont une partie est encore en vacances, partagera d’autres locaux de l’intercommunalité, annonce le directeur.

 

« Un sabotage » estime le président de l’association des maires

Lui-même membre de la communauté de communes en tant que maire de Pamandzi, Madi Madi Souf a réagi avec sa casquette de président de l’association des maires. Il « condamne avec gravité l’incendie volontaire », parlant même de « sabotage ». Il reconnaît que « la Petite-Terre vit des moments très difficiles ces derniers temps », rappelant le cambriolage récent d’une bijouterie, les vols au magasin Azad et de la soixantaine de voitures endommagés dans sa ville, la semaine dernière. « Cette situation chaotique, peut-être orchestrée par une bande de voyous qui s’amuse à semer la terreur chez nous, impacte fortement la vie quotidienne des gens et ne doit pas rester impunie », fait-il valoir.

Chiconi FM-TV arrive sur la TNT

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Après neuf ans d’existence, l’association Chiconi FM monte d’un cran avec la création d’une chaîne de télévision émise sur la TNT. Elle se veut différente des autres en jouant sur la proximité avec la population. Chiconi FM-TV est désormais accessible sur le canal 10 de la TNT.

Depuis ce 16 août, Chiconi FM-TV vient s’ajouter aux deux autres chaînes locales. Il s’agit d’un projet datant de 2017 qui se concrétise après que l’association a répondu à un appel à projets de l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. « C’était en juin 2021 et en décembre de la même année, nous avons eu les autorisations pour diffuser sur la TNT », précise Adolph Marssel, le président de l’association Chiconi FM. En réalité, la chaîne est déjà diffusée en continu sur le site www.chiconifm.fr. Passer sur la TNT est la réalisation d’un rêve pour les huit membres actifs de la structure. Cependant, il faut s’attendre à quelques chamboulements. « Depuis que nous sommes passés sur la TNT, nous sommes obligés de diffuser de manière craquée sur le site car il faut répartir le débit. C’est-à-dire que ceux qui regardent sur le web verront une image pas nette », avertit celui qui occupe également le poste de responsable de la programmation. Il assure cependant travailler d’arrache-pied pour y remédier.

Pour Adolph Marssel et ses collaborateurs, l’objectif est de se différencier des autres chaînes locales en étant proche de la population. « Nous irons à sa rencontre, nous échangerons avec elle pour lui proposer des contenus qui lui correspondent », assure-t-il. Et pour cela, il est primordial pour lui de proposer des programmes entièrement en shimaoré et en kibushi. Il s’agirait d’une première sur le territoire puisqu’aucune autre chaîne ne le fait. « Nous aurons des émissions de divertissement, centrés sur la culture mahoraise », précise Adolph Marssel. Et pour financer le tout, Chiconi FM-TV aura besoin de 40.000 euros par an.

Neuf ans au service des auditeurs mahorais

Si la chaîne de télévision est nouvelle, Chiconi FM existe depuis mars 2013. Au début, la radio était exclusivement diffusée sur le site de l’association et sur ses réseaux sociaux. « Nous sommes la première radio web de Mayotte ! » selon son président. Fort de leur succès, les membres de la structure veulent aller encore plus loin et entrent dans la cour des grands. « Nous avons vu les choses évoluer, la population était en demande et cela nous a incités à nous développer », se rappelle le président. En 2015, ils répondent à un appel à projets pour orienter la diffusion de la radio vers la voie hertzienne. Il a fallu attendre deux ans pour que le CSA de l’époque donne les autorisations d’émettre. En 2017, Chiconi FM arrive sur les ondes à travers la fréquence 104.5, mais seulement du côté ouest de Mayotte, au nord et au sud. « Pour le reste du territoire, ça va venir. Nous serons prochainement diffusés du côté de Mamoudzou, Dembéni, Pamandzi », annonce Adolph Marssel.

Avec la création de la chaîne de télévision, c’est deux fois de plus de travail pour toute l’équipe, mais ils assurent ne pas être inquiets. « Nous nous entourons de bonnes personnes, des gens de confiance. En plus, il n’y a pas de surcharge de travail grâce à la technologie. Nous avons des jeunes motivés qui nous font part de leur savoir-faire », indique le représentant de l’association. En effet, tout est programmé à l’avance et la diffusion se fait toute seule, que ce soit en radio ou en télé. Prochaine étape ? Négocier avec les opérateurs présents à Mayotte pour qu’ils intègrent Chiconi FM-TV dans leurs listes de chaînes.

Mort de Faïd Souhaïli : le Cesem salue « un fervent défenseur du monde associatif »

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Le conseil économique, social, et environnemental de Mayotte (Cesem) a tenu à réagir au décès de notre confrère et ancien collègue Faîd Souhaïli, survenu dans la nuit de samedi à dimanche (voir Flash Infos de mardi). « Monsieur Abdou Dahalani, président du conseil économique, social et environnemental de Mayotte, ainsi que les membres de l’institution, partagent le profond chagrin des Mahoraises et Mahorais avec la disparition de Faïd Souhaïli. Père de famille, journaliste aux talents unanimement salués par la profession et fervent défenseur du monde associatif, il nous lègue ses grandes qualités humaines », loue l’instance mahoraise.

L’association Le Regard du Cœur organise un défilé sur le thème du mariage

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Le samedi 20 août, à 15h, à l’école Longoni primaire, aura lieu un défilé sur l’évolution du mariage à Mayotte. En effet, durant les deux mois de vacances, une centaine de jeunes venant des quatre coins de l’île a été mobilisée autour de la thématique « Mariage d’hier et d’aujourd’hui ; entre tradition et modernité ». L’objectif était de faire réfléchir et prendre conscience des origines et influences multiples de notre culture. Mais également de réaliser qu’une culture n’est pas figée, sinon elle disparaît.

Basée à Longoni et existante depuis 2016, l’association a pour principal but de faire découvrir la richesse du patrimoine naturel et culturel de Mayotte aux habitants afin de se l’approprier pour mieux la protéger. Ainsi, elle s’occupe des jeunes pendant les vacances scolaires et hors vacances scolaires en favorisant leur épanouissement tout en les incitant à la protection de leur environnement. La structure a mis en place, cette année, le projet « Lire et s’exprimer ». Il s’agit d’un projet en trois phases : séjour de vacances pour les 6-13 ans, cours d’alphabétisation pour 30 parents et un accompagnement scolaire pour 24 enfants de 6 à 10 ans. Le théâtre, le chant, la danse, la photographie sont les disciplines qu’on peut y retrouver.

Kheyra Attoumani est devenue Miss Salouva 2022

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Absent depuis 2019, le concours de Miss Salouva a repris ses droits, samedi dernier, sur le parvis du comité de tourisme de Mamoudzou. Dans cette nouvelle édition, les huit jeunes femmes ont passé davantage de temps ensemble pour apprendre à se connaître et préparer les quatre tableaux mettant en valeur le vêtement typique de la femme mahoraise. Parmi elles, c’est Kheyra Attoumani, âgée de 20 ans et originaire de Mamoudzou, qui prend la suite de Rowena Montchéry, détentrice exceptionnellement du titre pendant trois ans à cause de la crise sanitaire. Mounia Radjabou, 21 ans et représentant de M’Tsamboro, est sa première dauphine. Étudiante domiciliée à Chiconi, Radhua Rachid prend la troisième place du concours.

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Le réseau d’eau coupé à Dzaoudzi, ce mercredi matin

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Plusieurs quartiers ou rues de Dzaoudzi sont concernés par une interruption du réseau potable, ce mercredi, de 9h à 14h. Celle-ci permettra aux agents de la SMAE « de réaliser des travaux d’entretien sur le réservoir 1500 de Pamandzi », annonce la société mahoraise des eaux, via un communiqué. Le quartier de La Vigie, la rue de l’Antenne, la route de Moya, la rue de la Cetam et la rue Darssalama connaîtront une coupure.

L’entreprise conseille aux usagers de « veiller à la fermeture de tous les robinets de l’habitation et de laisser couler l’eau durant les premières minutes tout doucement », de « laisser couler l’eau ensuite jusqu’à ce qu’elle soit claire (en la récupérant dans un récipient pour un usage autre qu’alimentaire) » et de « faire bouillir l’eau pour des usages alimentaires (boissons, cuisine) dans la première demi-journée suivant la remise en eau ».

Des réfugiés campent sur la place publique à Mamoudzou pour montrer leur souffrance

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Depuis le samedi 13 août, des réfugiés d’origine africaine campent sur la place Zakia Madi à Mamoudzou. Des hommes et des femmes accompagnés de leurs enfants vivent sur cet espace iconique pour mettre en lumière leur désarroi et leurs conditions de vie.

Les enfants courent et jouent ensemble, pendant que leurs mères font la vaisselle et que les pères les surveillent, assis sur un muret non loin. Cette scène a l’air banale, sauf que ce n’est pas le cas puisqu’elle ne se déroule pas dans l’intimité d’un foyer, mais sur une place publique à Mamoudzou. La place Zakia Madi, dans la commune chef-lieu, a été transformée en camping sauvage depuis le week-end dernier par des réfugiés et des demandeurs d’asile africains. Les femmes plus âgées sont allongées sur des matelas délabrés, installés à même le sol. Certaines somnolent pendant que les autres veillent sur un nourrisson d’à peine trois semaines, endormi sur une natte verte. Sa mère dit n’avoir nulle part où aller… Et même si elle sait que ces conditions sont dangereuses pour un nouveau-né, elle préfère rester avec sa communauté et dormir dehors. Les hommes discutent à l’écart pendant que d’autres femmes sont « parties chercher à manger » pour les enfants, indiquent-ils. En réalité, elles sont parties demander un peu d’argent aux passants afin d’acheter de quoi se nourrir.

Certains toquent aux portes pour pouvoir faire une toilette. Ceux qui peuvent se le permettre payent les 50 centimes nécessaires pour utiliser les toilettes publiques situés à côté de la place. Quant aux enfants… « On creuse un trou pour qu’ils puissent faire leurs besoins puis on le recouvre », avoue Jacques, l’un des pères. Encore insouciants, les enfants ne semblent pas réaliser la dureté de la vie qu’ils mènent. Ils rient aux éclats et jouent au loup comme des jeunes de leur âge, à une différence près : ils n’ont plus de toit où s’abriter. Ces réfugiés et demandeurs d’asile vivent de cette manière depuis des jours, quand ils ont décidé de camper dans ce lieu public, pour mettre en évidence leurs conditions de vie. Selon eux-mêmes, ils seraient 200 à camper sur cet endroit. Un chiffre impossible à confirmer puisqu’en journée ils s’éparpillent pour chercher de quoi survivre.

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Rejetés, traités comme des poubelles

Ces personnes viennent de différents pays de l’Afrique de l’Est. Beaucoup sont à Mayotte depuis plusieurs années, mais leur situation n’évolue de manière positive. « Je suis arrivé à Mayotte en 2017 et je n’ai jamais eu le droit de travailler. Je bricole à gauche à droite, mais rien de concret », raconte Shabani qui campe également sur la place Zakia Madi avec sa femme. Ce dernier n’a plus aucun espoir, il ne compte plus sur les associations humanitaires censées les aider. À l’image de nombreux réfugiés et demandeurs d’asile, Shabani et sa femme étaient auparavant aidés par Solidarité Mayotte. Ils étaient logés quelques mois et recevaient 30 euros par mois pour vivre. « Comment voulez-vous que nous vivions avec un euro par jour ? », s’indigne-t-il. Contactée à plusieurs reprises, l’association n’a pas donné suite à nos sollicitations. De son côté, le jeune homme désire juste avoir l’autorisation de travailler pour pouvoir aller de l’avant.

Shabani, Jacques et tous leurs amis tiennent le même discours : ils se disent victimes de racisme. « Nous sommes victimes de racisme dans les associations, quand nous cherchons du travail, et même dans les taxis ! Les gens ne veulent pas s‘asseoir à côté de nous », affirme Jacques qui dit regretter parfois d’être venu à Mayotte. « Ici nous sommes rejetés, traités comme des poubelles », ajoute-t-il, avec une pointe de déception dans sa voix.

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Régularisé, Jacques travaille désormais dans une entreprise connue à Mayotte. S’il est dans la rue, c’est purement par solidarité. L’objectif selon eux est de faire valoir leurs droits. « Nous voulons savoir pourquoi nous ne sommes pas traités de la même manière que les réfugiés qui sont dans les autres départements de France ou en Europe ? Nous discutons avec eux et nous réalisons qu’ici nous sommes considérés différemment », insiste Jacques. L’exemple flagrant est le traitement consacré aux mineurs. Beaucoup d’entre eux ne vont pas à l’école car les démarches d’inscription sont fastidieuses. « Quand nous voulons les inscrire, on nous demande leurs actes de naissances, mais nous avons tout laissé chez nous et aujourd’hui en tant que demandeur d’asile, nous n’avons pas le droit d’avoir de contact avec notre pays d’origine », explique Serge, un père de famille. Et lorsque certains ont la chance d’être inscrits, ils ne peuvent pas se rendre à l’école par manque de moyens. « Les fournitures scolaires de mon fils coûtent plus de 80 euros ! Je n’ai pas l’argent pour les lui acheter. Je ne sais pas s’il ira à l’école à la rentrée », continue Serge.

Les campeurs sont décidés à rester sur la place Zakia Madi de manière indéterminée jusqu’à ce que les autorités trouvent une solution. La police nationale a essayé de les déloger à plusieurs reprises, en vain.

Réouverture partielle de la pharmacie des Badamiers : le combat continue

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Suite à la suppression de son officine de l’annuaire de l’ordre des pharmaciens le 6 juillet dernier, Mirasse Gataa, la pharmacienne titulaire de la pharmacie des Badamiers, s’était résolue à fermer définitivement boutique le 15 juillet. Cependant, devant le désarroi de ses huit salariés et de sa propre situation financière délétère, elle a finalement décidé de rouvrir en se spécialisant dans la parapharmacie et la santé naturelle dès le 1er août. En parallèle, elle s’est résolue à reprendre le combat auprès de l’agence régionale de santé pour récupérer une nouvelle licence.

Dans notre édition du 18 juillet dernier, nous avions informé nos lecteurs de la fermeture définitive de la pharmacie des Badamiers située en Petite-Terre. La suppression de l’officine de l’annuaire de l’ordre des pharmaciens ayant engendré une interdiction de vendre des médicaments. Mirasse Gataa n’a alors pas vu d’autres solutions à l’époque que de fermer définitivement boutique. « Après réflexion et une fois le coup dur encaissé, j’ai finalement résolu de rouvrir en me spécialisant dans la parapharmacie et la santé naturelle le 1er août dernier. En effet, une fermeture totale de l’établissement aurait mis mes huit salariés au chômage total et ne m’aurait pas permis de conserver mon local », confie-t-elle. La vente des médicaments représentait toutefois 70% de son activité et le manque à gagner pour la pharmacie des Badamiers est énorme ! La pharmacienne titulaire a pourtant décidé, une fois passé le premier mouvement de découragement, de rouvrir son établissement tout en continuant à se battre pour récupérer sa licence auprès de l’agence régionale de santé

Encore quatre mois à attendre pour statuer du sort de la pharmacie des Badamiers

Après sa fermeture le 15 juillet dernier, elle a enfin reçu la réponse tant attendue de l’ARS concernant son dossier de demande de récupération de licence. L’institution de santé publique lui a expliqué que, comme l’ordre des pharmaciens avait radié son officine de son annuaire, il était caduc et qu’il fallait donc reprendre la procédure depuis le début ! Un véritable cauchemar kafkaïen ! La jeune femme ne s’est toutefois pas laissé démonter par la nouvelle et a réclamé une attestation de carrière auprès de l’ordre afin de pouvoir déposer une fois de plus son dossier auprès de l’ARS.

Entre temps en effet, d’autres pharmaciens ont profité de la situation pour déposer eux aussi des demandes de créations d’officine à Labattoir, qui doivent donc être examinées par l’ARS. La création d’officine obéissant à un quota strict de population (une pour 7.000 habitants), la place occupée jadis par la pharmacie des Badamiers fait l’objet de convoitise. Mirasse Gataa doit donc attendre encore quatre mois la réponse de l’ARS pour savoir si elle pourra récupérer sa licence et pouvoir à nouveau vendre des médicaments. En attendant, elle fait « contre mauvaise fortune bon cœur ». « Nous organisons également des ateliers de sensibilisation à la santé avec nos patients pour conserver une stimulation intellectuelle », précise la jeune femme qui a fait une demande de chômage partiel pour ses huit salariés auprès de la préfecture et est encore à ce jour en attente d’une réponse.

La pharmacie des Badamiers n’aura donc finalement complètement fermé ses portes qu’une dizaine de jours, le temps de rendre les médicaments aux grossistes et de détruire ceux qui ne pouvaient pas être restitués. En tout cas, un nouvel espoir se dessine pour l’établissement. Reste à savoir si l’ARS ne décidera pas d’accorder la licence remise en jeu à un autre pharmacien souhaitant créer une nouvelle officine à Labattoir… Affaire à suivre donc !

Moins de touristes étrangers, mais plus de fréquentation par rapport à juin 2021

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Une enquête menée auprès de professionnels du tourisme par l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte dresse la conjoncture de ce secteur d’activité pour le mois de juin 2022. Si la fréquentation des établissements est supérieure par rapport à l’année précédente, la clientèle étrangère semble plus réticente à l’idée de rejoindre le 101ème département.

Dans le cadre d’une enquête menée auprès de cinquante professionnels du tourisme de l’île (31% du panel interrogé), l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte dresse la conjoncture de ce secteur pour le mois de juin. Cette note permet d’évaluer la fréquentation et l’activité, mais aussi de déterminer l’origine et la typologie de la clientèle, sans oublier de faire un point sur les réservations à venir.

96%. Sur les cinquante structures interrogées, 96% déclarent avoir été ouvertes au cours du mois de juin, synonyme de début de saison touristique. « Les professionnels du tourisme affichent un bon taux d’ouverture », indique dans sa note l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte. Seules deux d’entre elles se trouvaient en reprise ou en lancement d’activité au moment de l’enquête.

62%. La fréquentation est jugée supérieure ou égale par 62% des répondants par rapport au mois de juin 2021. Sans grande surprise, ce sont les hébergements qui s’en sortent le mieux (supérieure à 42%) parmi les répondants. Toutefois, l’ensemble des professionnels du tourisme ne jouissent pas du même sentiment. En effet, la position géographique sur le territoire peut jouer des tours : 100% de ceux situés dans la communauté d’agglomération du grand nord déplore une récession… « Cela s’explique par une forte vague d’insécurité dans le nord de l’île au cours du mois dernier. »

Par ailleurs, l’heure est à l’optimisme en comparaison à la même période en 2019. Les intercommunalités de la 3CO et de Petite-Terre sont les territoires qui affichent les plus fortes hausses : 80% pour l’un et 70% pour l’autre ! « Nous pouvons observer une fréquentation supérieure pour 75% des activités, 60% des restaurants et 56% des hébergements. »

73%. Qui dit plus de fréquentation, dit plus de boulot. En d’autres termes, 73% des professionnels estiment avoir eu une activité supérieure ou équivalente à celle du mois de juin 2021. Encore une fois, les hébergements tirent leur épingle du jeu (supérieure à 41%), contre 30% dans son ensemble. Par contre, le panier moyen n’évolue pas d’un iota chez 59% des touristes. Signe que l’inflation provoquée par le conflit en Ukraine se ressent bel et bien dans le porte-monnaie.

41%. C’est le pourcentage de répondants qui avouent ne pas avoir vu de touristes étrangers dans leur établissement au moment du questionnaire. « Ce chiffre traduit le fait que [cette] clientèle a encore du mal à se diffuser chez tous les professionnels du territoire », prévient l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte. Plus largement, les Réunionnais (-36%) et les métropolitains (-31%) boycottent également la destination. Heureusement, la hausse des individuels (+31%) et des locaux (+26%) permet de pallier l’absence de ce public originaire de l’extérieur de l’île.

25%. Un quart de la clientèle ayant fréquenté le panel est mahoraise ! Suivie de près par celles en provenance de métropole (24%) et de La Réunion (23%). Loin derrière, nous retrouvons l’archipel des Comores (7%), l’Île Maurice (7%), Madagascar (7%) et le reste du monde (7%). Information importante qui caractérise le tourisme à Mayotte depuis la nuit des temps : nous recensons principalement deux types de clientèles. La première est affinitaire (des proches ou des amis de personnes installées à Mayotte) (38%) et la seconde est sur le territoire pour un motif d’affaires (37%).

78%. Le niveau de réservations en août ne s’avère pas très élevé lors du pointage de juin (38% des professionnels le juge faible et 40% le caractérise comme moyen). « Cela s’explique surtout par le fait que la clientèle s’y prend de plus en plus tard, principalement pour les activités et la restauration », précise l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte à l’occasion de cette enquête. « Les mois à venir permettront de dire si cette tendance se confirme. »

50%. Selon l’agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte, les structures essayent de s’adapter aux nouveaux comportements de leur clientèle : réservations et annulations de dernière minute, baisse de la durée des séjours… Le climat autour de l’insécurité, surtout dans le nord de l’île comme dit précédemment, n’a pas permis à certains d’exercer pleinement leur activité. « Presque un professionnel sur deux a connu des difficultés de recrutement en ce début de saison touristique. » Conséquence : les professions les plus touchées sont celles de la restauration (71% des répondants) et les prestataires (57%).

Chez Mangrove Environnement, « je me sens vraiment bien ici, je m’amuse tout en travaillant »

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En passant par un service civique au sein de l’association Mangrove Environnement, Ridjali Hilda et Saïd Grondin ont le temps de peaufiner leurs projets professionnels.

En service civique depuis moins d’un an chez Mangrove Environnement, une association qui a pour objectif d’aménager et de protéger la mangrove du front de mer et ces alentours, Saïd Grondin, 20 ans, et Ridjali Hilda, 19 ans, participent à la sensibilisation des ces écosystèmes, chacun à leur manière. Outre l’acquisition de compétences, cette expérience leur permet de mettre un pied dans la vie active. Retrouvez tous les mercredis notre série sur les petites mains des associations ou des entreprises sociales et solidaires.

Située à Tsimkoura, l’association Mangrove Environnement œuvre pour la protection des mangroves et donne l’opportunité aux jeunes d’engranger de l’expérience sous la forme de service civique. C’est le cas de Saïd Grondin, âgé de 20 ans, et Ridjali Hilda, 19 ans. D’un naturel timide, le premier est rentré dans la structure il y a un an. Après avoir effectué son certificat d’aptitude professionnelle Construction bois au lycée de Chirongui, il avait envisagé d’effectuer une formation dans le transport, un projet qui n’a pas abouti pour des raisons financières. « J’ai découvert l’association grâce à mon oncle Saïd Boina car je cherchais du travail. Pour moi, le service civique permet de ne pas s’ennuyer en restant à la maison », avoue-t-il.

Content de travailler dans un cadre associatif, il effectue différentes missions. « Nous allons ramasser les déchets dans la mangrove, nous plantons des palétuviers et nous proposons également des prestations kayak. Je me sens vraiment bien ici, je m’amuse tout en travaillant », déclare le jeune homme. Cette façon ludique de faire de la protection de l’environnement lui plaît. Accompagnés de plusieurs camarades dans cette expérience professionnelle, ils se soutiennent mutuellement.

« Ici, on apprend beaucoup de choses »

Détentrice d’un baccalauréat professionnel en gestion et administration, Ridjali Hilda a également rejoint Mangrove Environnement il y a un an. Elle s’y occupe de la partie administrative. « Plusieurs personnes m’évoquaient de l’association. Une amie m’a parlé des différentes activités que nous pouvons faire ici et je me suis dit pourquoi ne pas aller voir », affirme la jeune demoiselle, elle aussi en contrat service civique. Reconnaissante, elle est consciente des différentes compétences qu’elle a pu acquérir et qui lui seront favorables dans l’avenir. « Je gère les devis, les factures et je réponds au mail. Ici, nous apprenons beaucoup de choses concernant la mangrove, mais aussi dans l’agriculture », dit-elle.

À la fin de son contrat, Ridjali Hilda a déjà une idée de quoi son avenir sera fait. « Je compte passer une formation de secrétaire médicale à Passamaïnty », avoue la jeune femme. Preuve que de la mangrove, de jolis parcours de vie peuvent émerger.

La culture pour lutter contre la violence des jeunes à Mayotte

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Forces de propositions dans le domaine culturel, socioculturel et socioéducatif, les centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa) de Mayotte veulent reconquérir l’espace laissé vide dans la prise en charge et l’encadrement de la jeunesse sur l’île. À la lumière des récentes assises sur la parentalité dont les actes viennent d’être publiés, ils veulent offrir une nouvelle alternative contre la délinquance juvénile sur notre territoire. Archimède Saïd, l’un de ses fondateurs, dresse un bilan de trente années d’activité en faveur de la citoyenneté.

Flash Infos : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer les Ceméa au début de l’année 1992 ?

Archimède Saïd : Il faut savoir qu’avant la création des Ceméa sur ce territoire en mars 1992, il y avait dans notre île une pratique foisonnante d’activités culturelles, socioculturelles et socioéducatives. Toutefois, il était évident pour beaucoup d’acteurs parmi nous et pour des responsables d’organisations locales que tout cela manquait de coordination et d’harmonisation. Il était donc nécessaire que nous nous dotions d’un outil fédérateur capable de nous permettre de devenir une force de propositions. Et c’est comme cela que nous avons choisi de créer les centres à Mayotte pour en faire un outil de développement au service de la population et nous permettre dans le même temps de former les cadres de nos différentes associations dans diverses structures réunionnaises, afin qu’elles puissent, principalement, conduire des actions de qualité à organiser sur le territoire.

FI : Il en a résulté pas mal de choses en matière de formations qualifiantes, entre autres les brevets d’animateurs (Bafa), quel bilan exhaustif pourrait-on dresser ?

A. S. : Il est très intéressant de noter au passage qu’en 1992, les formateurs de passages dans nos structures étaient payés par l’administration à l’issue de leurs prestations. Aujourd’hui, c’est le phénomène inverse qui se produit. Non seulement ils paient eux-mêmes leurs déplacements à Mayotte, mais en plus, ils revendiquent davantage de possibilités de former nos jeunes dans les domaines de l’animation et socioculturel. Nos formations étant ouvertes aux personnes âgées de 17 à 99 ans, cela ouvre véritablement à la citoyenneté, permet un grand brassage entre les jeunes et les adultes. De sorte que ce qui manque aux jeunes dans leurs foyers, ou les notions que les parents n’ont pas réussi à leur inculquer à la maison, ils le retrouvent dans nos espaces de formation via les groupes d’adultes, de pères ou de mères, qui ne sont pas leurs propres parents. C’est très important pour nous car nous assistons aujourd’hui à un phénomène inattendu : des parents viennent négocier pour inscrire leurs enfants à nos formations et proposent de payer plus lorsqu’ils apprennent que nous sommes contraints de respecter des quotas de quarante admissions. En comparaison de nos débuts, pour nous, c’est tout simplement magique ! À l’époque, les parents nous opposaient un refus catégorique à payer pour permettre à leurs enfants de venir participer à des jeux.

FI : En un mot, les actions des Ceméa ont-elles modifié la perception du jeu dans les mentalités locales ?

A. S. : Oui, tout à fait ! À présent, les parents comprennent que jouer est un tremplin qui permet une ouverture d’esprit de leurs enfants, la confrontation entre les jeunes est purement intellectuelle, ils ne ressentent pas le besoin de s’opposer physiquement à coup de bâtons ou de pierres pour se comprendre. Nos actions développent tout ce qui est sociocognitif chez ces jeunes-là et pas que. Je donnerai l’exemple d’un ancien élu local, pratiquant religieux, qui s’est longtemps opposé aux actions des Ceméa à Mayotte et associations similaires au motif qu’elles regroupaient aux mêmes endroits des personnes de sexe différent. Quelques années plus tard, nous avons retrouvé cette personne qui est venue inscrire sa propre femme pour une formation avec des hommes, avec les autres personnes. Cela illustre parfaitement le mouvement qui s’opère dans l’esprit de notre population par rapport aux activités de nos associations.

FI : Malgré un fort développement de vos actions, des aspects essentiels de notre culture se perdent progressivement, c’est le cas des contes qui instauraient jadis un lien fort entre les petits-enfants et leurs grands-parents.

A. S. : Je partage parfaitement ce point de vue, il y a un phénomène d’érosion dans la mise en place, l’accompagnement et le portage des activités culturelles. Contrairement à l’époque de feu Colo Mangara, aujourd’hui, il y a de moins en moins d’adultes et d’anciens qui suivent ces associations. Dans nos villages et quartiers, il y a très peu de conteurs, très peu de vieux conteurs, très peu de grand-mères qui se soucient de cette activité complémentaire dans l’éducation de leurs petits-enfants. Le défaut vient des parents qui ont encore tendance à croire que c’est l’école qui peut tout faire, qu’il suffit d’y amener les enfants pour que l’institution s’en occupe, qu’elle va les former et qu’ils seront moins bêtes que nous, leurs parents. Il y a des associations et des jeunes qui pratiquent l’activité de conteur, mais les portages ne sont pas suffisants. Nous constatons de plus en plus en plus de formations d’animateurs, le nombre de professionnels et de bénévoles croît, mais nous n’avons pas assez de structures qui portent de manière objective le sens des actions.

FI : Comment expliquez-vous que les choses aillent si mal chez nos jeunes alors même que les collectivités locales multiplient les moyens et les personnels dédiés ?

A. S. : Je prendrai l’exemple des mairies où nous avons maintenant des animateurs au sein d’une très large partie d’entre elles, sauf que leurs employeurs et leurs responsables ne pensent pas qu’ils doivent organiser le rythme de leurs activités. À tel point que ces animateurs ne sont à leurs postes que de 8h à 14h au moment où les enfants sont en cours et les adolescents en formation. C’est-à-dire qu’ils débauchent lorsque les jeunes ont besoin d’eux pour les encadrer et les occuper. La nature ayant horreur du vide, nos enfants se retrouvent dans la rue, livrés à eux-mêmes, ils s’autogèrent et ne pratiquent aucune activité. Résultat des courses : des actes de violence et de vandalisme dans certaines localités. Je pense que pour que ces jeunes réussissent ces activités complémentaires de l’école, nous avons besoin de ces acteurs au moment où les parents ne sont pas avec leurs enfants, et que ces derniers ne sont pas à l’école. C’est là où nous gagnerons quelque chose de positif sur le terrain. Ils ne trouveront personne qui leur proposera d’aller casser des véhicules ou des bâtiments, mais plutôt un encadrement pour des activités utiles au développement de projets personnels. La violence de nos jeunes provient du fait qu’ils ne pensent pas à leur avenir et à la nécessité de le préparer. Pour eux, le futur proche, c’est maintenant, c’est aujourd’hui, mais ils ne pensent pas à l’avenir à proprement parler. Ils ne le penseront qu’avec les éducateurs et les animateurs qui seront à côté d’eux.

FI : En se basant justement sur le capital constitué par vos actions passées, qu’envisagez-vous pour inverser la tendance et peser positivement au profit de l’avenir de Mayotte ?

A. S. : Je reste convaincu qu’il y a d’énormes possibilités pour transformer positivement l’avenir de Mayotte. Il y a un bel avenir pour nos actions, pour la population, et c’est même pour cette raison que les Ceméa entendent jouer à nouveau leur carte de force de propositions vis-à-vis de leurs partenaires institutionnels. Nous allons nous rapprocher encore une fois des différents responsables pour constituer un vrai noyau dur dans le but de pouvoir porter des actions, de leur donner du sens et ne pas juste sortir des propositions sur propositions ou des actions qui n’aboutissent pas ou ne se réalisent pas totalement. Les centres ont beaucoup d’idées en faveur de Mayotte, envisagent beaucoup de projets, mais ils veulent se lancer dans des actions qui seront portées par des hommes et des femmes de bonne volonté. Donc, retrouvons-nous et donnons du sens à la façon de les porter, de les suivre, d’associer les intéressés, la population dans son ensemble, les jeunes en particulier, les élus de nos différentes collectivités pour que cela fonctionne dans l’avenir.

Les jeunes conseillers départementaux reçus au Département

Ce vendredi 12 août, journée internationale de la jeunesse, ont été accueillis les jeunes conseillers départementaux de Mayotte au conseil départemental, par les services en présence du président de la ligue de l’enseignement, Bacar Achiraf. L’ordre du jour portait sur la présentation de l’institution, les élus, les missions départementales et régionales ainsi que ses services.

L’équipe leur a présenté la délibération du 7 juin dernier, relative à la signature d’une convention de partenariat entre le conseil départemental, le rectorat et la ligue de l’enseignement. Celle-ci fait référence à l’article 55 de la loi « égalité et citoyenneté » qui inscrit la possibilité pour les collectivités territoriales, de créer un conseil de jeunes pour les moins de 30 ans.

L’objet de la convention est de permettre aux 26 jeunes représentants élus de découvrir et d’être acteur du processus démocratique, de comprendre le fonctionnement du conseil départemental et plus largement des institutions de la République, d’être sensibilisés aux notions de démocratie et d’intérêt général, de représenter l’ensemble des collégiens, de s’exprimer, de débattre, de défendre des idées et de faire des propositions au conseil départemental de Mayotte, mais aussi de participer à la réalisation des projets d’intérêt pour Mayotte. Cette rencontre d’échange riche en découverte a été clôturée par une visite et présentation des lieux.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes