Un hôpital de campagne, avec une capacité d'une quarantaine de lits, est en train d'être monté à Cavani.
Afin de suppléer le centre hospitalier de Mayotte (CHM), dans la gestion post-cyclone Chido, un hôpital de campagne est en cours d’installation sur le stade de Cavani. Il devrait accueillir ses premiers patients dès ce mardi 24 décembre et être pleinement opérationnel dès le lendemain.
« Cet hôpital aura toutes les fonctionnalités d’un hôpital classique avec des capacités chirurgicales, de prise en charge de maternité, de soins traumatiques, un laboratoire », explique François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte, lors de la visite, ce lundi matin. Les tentes déjà montées, les 90 pompiers et membres de la Sécurité civile (dont une cinquantaine de soignants) doivent désormais installer tout l’équipement. L’Escrim (Elément de Sécurité civile rapide d’intervention médicale) doit commencer à suppléer le centre hospitalier de Mayotte (CHM), qui fonctionne « à 25-30% » selon le préfet, dès ce mardi 24 décembre. Une quarantaine de lits y seront installés, avec la possibilité d’augmenter en fonction des besoins. « Il a vocation à accueillir tous les blessés liés aux cyclones », précise Sergio Albarello. Le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, ainsi que le préfet, espèrent ainsi que le CHM récupère « son flux habituel » de patients.
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Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, accompagné de Sergio Albarello, le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, visitent les installations, ce lundi matin.
Les 90 pompiers et membres de la Sécurité civile ont apporté tout le matériel nécessaire au fonctionnement de cet hôpital dédié à la prise en charge des blessés du cyclone Chido.
Chaque tente a une fonction particulière. Ici, le box des infirmiers.
Des blocs opératoires sont aussi installés.
La pièce réservée au staff. Une cinquantaine de soignants assureront leurs tâches dans cet hôpital.
L'Escrim (Elément de Sécurité civile rapide d'intervention médicale) comporte également un laboratoire.
Les pompiers continuent d'installer le matériel, ce lundi.
L’opérateur Orange annonce avoir fait un don de 4.000 cartes SIM. Celles-ci seront distribuées par la Croix-Rouge française depuis ce lundi 23 décembre. « Cette initiative vise à soutenir les populations les plus démunies en leur offrant un accès à la communication à l’information », indique l’opérateur. Son directeur général pour l’entité La Réunion-Mayotte, André Martin, déclare : « Nous sommes profondément touchés par la catastrophe qu’a subi le département de Mayotte et nous souhaitons apporter notre aide à ceux qui en ont le plus besoin. Ce don facilitera les échanges entre la population de Mayotte et leurs proches. Toutes nos équipes sont fortement mobilisées pour rétablir notre réseau mobile le plus rapidement possible ». Avec ces cartes, les bénéficiaires pourront passer gratuitement leurs appels (hors international et numéros spéciaux), envoyer leurs SMS de façon illimitée et profiter de 5 Go d’internet, jusqu’au 19 janvier 2025.
Une campagne de dons a aussi été lancée auprès des salariés du groupe. Ils s’ajouteront aux 350.000 euros que versera la Fondation Orange.
Jeudi 19 décembre, une convention entre Electricité de Mayotte (EDM) et Electricité de France (EDF) groupe a été signée pour entériner le partenariat entre les deux entités dans le cadre de la reconstruction du réseau électrique post Chido.
Pour soutenir les agents EDM dans la reconstruction du réseau électrique de Mayotte, le groupe EDF a déclenché la Force d’Intervention Rapide de l’Electricité (FIRE), experte des aléas climatiques et de la réparation du réseau de distribution. Depuis mercredi 18 décembre, trois agents ont atterri à Mayotte. Ce lundi, 45 autres spécialistes arrivent sur le territoire. L’objectif : renforcer les équipes EDM pour faire face aux conséquences du cyclone sur le réseau.
Pour Samir El Hadi, responsable du service Réseau : « Aux compétences techniques des agents EDM et à leur connaissance du terrain, vient s’ajouter l’expertise de la Force d’Intervention Rapide de l’Electricité autour des aléas climatiques. Cette complémentarité nous permet de poursuivre plus efficacement la phase de diagnostic.»
Dans la direction de la rénovation urbaine, les architectes organisent leur visite dans chaque centre d’hébergement.
Depuis le début de la semaine dernière, une trentaine d’architectes s’activent de façon bénévole pour analyser les risques sur les bâtiments des centres d’hébergement d’urgence et faire remonter les informations aux pouvoirs publics.
La routine est désormais bien établie. Ce samedi, à 9h, comme chaque matin, les architectes se retrouvent à la direction de la rénovation urbaine de la municipalité de Mamoudzou, place Mariage, à Mamoudzou. C’est ici qu’ils ont installé leur cellule de crise. Ici, s’organisent les missions du jour. « Nous, on va à Tsoundzou, deux voitures partent maintenant, une va à l’école élémentaire, une autre à la maternelle », détaille Camille Panaye, architecte. Une trentaine de ses confrères de Mayotte ont créé un groupe pour réaliser des études de diagnostic du bâti des écoles de Mamoudzou où sont réfugiés des victimes du cyclone Chido. « À la Ville, on m’a parlé du besoin de diagnostiquer le bâti, je me suis dit que ça rentrait dans mes cordes et que je pouvais réunir une équipe autour de moi », contextualise Kévan Fatih, directeur adjoint de la rénovation urbaine de Mamoudzou et architecte.
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Les professionnels diagnostiquent les bâtiments, mais se préparent dans des bureaux qui eux-mêmes n’ont pas été diagnostiqués.
L’école élémentaire de Tsoundzou, au sud de la commune de Mamoudzou, héberge entre 120 et 150 personnes.
Kévan Fatih, Rémi Noulin et Hedia Jelassi, architectes qui s’investissent au quotidien pour diagnostiquer le bâti.
Carte des établissements à la main, grilles d’analyse, l’équipe du jour prépare la prochaine visite. Le lieu où ils se regroupent n’a lui même pas été diagnostiqué comme l’atteste le plafond qui tombe et menace de s’effondrer par endroit. « On regarde les conditions de couchage des personnes hébergées , les risques sur les structures auquel ils sont exposés, mais aussi les risques sanitaires », présente Camille Panaye.
Gilets jaunes sur le dos, trois architectes se rendent à l’école élémentaire de Tsoundzou. Ici, la toiture a bien tenu. Entre 120 et 150 personnes y vivent dont une centaine d’enfants. Le trio d’architectes se renseignent sur les conditions de vie. « Les enfants ont le droit à plusieurs collations par jour, compotes, pain au chocolat, sardines », explique Moinouroi Abdouraquib, personne ressource du centre, agente de la mairie, normalement rattachée au service des finances. Une à deux grandes bouteilles d’eau par jour sont distribuées par famille. « Les toilettes sont bouchées. Les gens vont à la rivière pour faire leurs besoins. La crainte c’est les prochaines épidémies. » « On va demander à faire livrer un bac à eau pour la récupérer et l’utiliser pour les toilettes », leur fait savoir Rémi Noulin, architecte. La communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) donne aux écoles des cuves d’un mètre-cube. « Cette école a bien tenu, ce n’est pas représentatif des centres. Les autres qu’on a visité, il y a bien plus de dégâts », poursuit le professionnel.
Transmettre les besoins
En plus de diagnostiquer les bâtiments, les architectes font remonter les besoins en termes de santé à l’Agenre régionale de santé (l’ARS) et la Croix Rouge.« Si une personne a une maladie chronique, par exemple une maman diabétique, mais qu’elle n’a plus son traitement, on transmet l’information. » Les architectes aident les associations de santé, ces dernières n’ont pas assez de personnel pour aller maintenant dans tous les centres. Dans l’école élémentaire, une petite fille a mal au ventre, « on va faire remonter l’information. Nous n’avons pas le droit de donner des médicaments », précise Kévan Fatih.
Alors que l’équipe a pour l’instant visité onze centres d’hébergement, celui de Tsoundzou 2 est le mieux tenu. «Parce qu’il y a moins de gens, la toiture est restée et c’est propre », détaille Camille Panaye. Sur d’autres sites qui peuvent accueillir jusqu’à 2.000 personnes, des familles ont le droit qu’à une bouteille d’eau par jour et par famille. En même temps que de notifier « le poteau tombé là », les vérifications serviront aussi au rectorat de savoir les moyens à mettre en œuvre pour les travaux.
Une fois le tour du bâtiment terminé, les architectes reviennent dans les locaux de la direction urbaine pour faire la synthèse de leur évaluation. « Nous l’envoyons ensuite au rectorat, à l’ARS, à La Croix Rouge. »
Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental de Mayotte, remercie tous ceux qui apportent leur aide à son territoire, depuis les passage du cyclone Chido.
Le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni, a remercié toutes les personnes qui viennent en aide à son territoire, après le passage du cyclone Chido, le 14 décembre.
À la suite du passage dévastateur du cyclone Chido qui a frappé Mayotte, “je tiens, au nom de l’ensemble de la population mahoraise, à exprimer ma gratitude sincère et émue”, écrit-il.
Il remercie : “les présidents des départements et des régions de France, les maires et les municipalités qui ont, très rapidement, apporté leur soutien institutionnel et parfois financier ». Mais aussi “toutes les personnes, qu’elles soient des citoyens, des associations ou des entreprises, qui ont manifesté leur solidarité par des dons ou des messages de soutien.”
“Votre aide précieuse, représente une source d’espoir pour notre population qui fait face à des pertes considérables, tant humaines que matérielles. Cela illustre les liens forts qui unissent Mayotte à la République et au reste de la France”, remercie-t-il.
“L’une des crises les plus graves de son histoire »
“Mayotte traverse l’une des crises les plus graves de son histoire”, a relaté lliBen Ben Issa Ousseni, dans une lettre adressée au Premier ministre François Bayrou, le 16 décembre. “Les conséquences du passage du cyclone Chido sur notre territoire sont d’une gravité inédite et exceptionnelle”, face à cette situation alarmante, il sollicite le “déclenchement rapide de l’état d’urgence. pour garantir la sécurité des personnes et des biens et renforcer les moyens des secours locaux et ceux dépêchés sur place, et d’assurer la coordination des interventions.” Ben Issa Ousseni demandait aussi la reconnaissance de l’état de “catastrophe naturelle indispensable pour activer les dispositifs d’aide d’urgence et engager la reconstruction du territoire de manière durable.” Entre temps, l’état de calamité naturelle exceptionnelle a été décrété à Mayotte le 18 décembre.
Il évoque la réouverture récente de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, cinq ans après l’incendie qui l’a ravagé. “C’est avec une énergie comparable, et peut-être supérieure, que Mayotte devra être reconstruite après ce cyclone dévastateur”, a-t-il écrit au Premier ministre. Cela suppose selon lui de mettre en place des dispositifs législatifs et réglementaires spécifiques.
Une citerne d’eau potable a été installée dans le centre d’Acoua, ce vendredi.C’est
Le nord de Mayotte porte les stigmates du passage de Chido, qui a ravagé l’archipel, le samedi 14 décembre. Six jours après, le moral est touché, alors que l’eau, la nourriture, l’électricité et le réseau de téléphonie manquent toujours.
Le restaurant La Marine, à Acoua, est méconnaissable, après le passage du cyclone Chido, le 14 décembre.
Le lycée du Nord, à M’tsangadoua, compte de nombreux dégâts. Il était sur la trajectoire de l’œil du cyclone.
Zouhourya Mouayad Ben, la conseillère départementale du canton de M’tsamboro, est désemparée. Son secteur est livré à lui-même.
Au Coco Beach, on essaye de mettre en lien les familles. Le restaurant d’Hamjago est l’un des rares avoir de l’électricité et Internet.
A la mosquée d’Handréma, le puits sert à alimenter une bonne partie du village.
La maison d’Ahamadi Boura, dans le village à l’extrême-nord de Grande-Terre, a été saccagé par le cyclone Chido. La famille a juste eu le temps de se réfugier à l’étage inférieur.
À Vahibé, les cases en tôles ont été remises sur pied, faute de mieux.
« On est les plus touchés et on s’occupera de nous en dernier », regrette Zouhourya Mouayad Ben. Devant dormir sur la terrasse de sa voisine, la quatrième vice-présidente du conseil départemental de Mayotte, sillonne de long en large son canton de M’tsamboro depuis le passage du cyclone Chido, le 14 décembre, pour y connaître les besoins. Et ils sont nombreux dans cette partie de Grande-Terre d’autant plus isolée du reste que les communications y sont quasiment impossibles, ces six derniers jours. Sur les hauteurs, quelques abonnés Orange y captent des brides de réseau. Comme le reste de Mayotte, on y trouve un paysage désolé, une végétation autrefois luxuriante comme passée à la tondeuse, des toits en tôles jetés par terre par la force du vent. Parmi les communes de ce secteur, Acoua et Bandraboua présentent les plus gros dégâts. Le lycée du Nord, par exemple, dans le village de M’tsangadoua, a plusieurs de ses bâtiments éventrés, des morceaux de bois jonchent le sol. Les sapeurs-pompiers de Paris s’activent pour reboucher les toits, non pas pour la rentrée, mais pour accueillir des militaires. Ce sont les seuls, avec l’équipe qui déblaye le chemin vers la station de pompage de M’tsangamouji, que nous verrons, ce vendredi.
Car le sentiment qui prédomine de ce côté-ci de Grande-Terre, c’est l’abandon. « Il n’y a pas assez de nourriture », s’inquiète la vice-présidente du Département, qui a été un peu rassurée d’apprendre qu’une citerne d’eau potable a été apportée dans le centre du village d’Acoua. Tous les habitants croisés disent craindre d’arriver au bout de leurs provisions, quand une partie a déjà dû être jetée faute de réfrigérateur alimenté en électricité. Ahamadi Boura, qui tient un commerce et un restaurant à Handréma, montre des rayons vides dans l’un et les dégâts dans le deuxième. Du fait du manque s’informations et d’essence (la station-service de Dzoumogné était ouverte ce vendredi), les habitants du Nord ne savent s’il faut prendre la route pour faire leurs courses.
Pour ceux qui n’arrivent pas avoir de leurs proches dans le Nord, le mot d’ordre est d’aller au Coco Beach. Le restaurant d’Hamjago fait, en effet, fonctionner son groupe électrogène plusieurs fois par jour, et dispose de deux antennes Starlink pour une connexion Internet par satellite. 500 connexions sont assurées ainsi chaque jour. Un tableau sert même d’avis de recherche pour les familles inquiètes. « On a vu personne. Il n’y a pas assez de gendarmes, pas de pompiers. Heureusement qu’on a de la cohésion », fait remarquer Ronan Michanoud, l’un des cogérants et professeur d’EPS au lycée de Dzoumogné.
L’eau des rivières et des puits
Plus au sud, la commune de Tsingoni vit elle aussi l’isolement. Les habitants sans eau trouvent la parade en se rendant à la rivière Soulou, faisant remonter des souvenirs d’autrefois aux plus anciens.Alors que pour d’autres, c’est une vraie nouveauté. « C’est la première fois que je fais ça », concède Ilias, devant sa compagne Nathalie. Les jeunes époux nettoient leurs vêtements directement dans la rivière, les deux pieds dans l’eau. Bacari Soulaimana, 54 ans, a décidé lui aussi d’aller à la rivière pour y remplir des bidons. Comme beaucoup d’habitants de ce qui est considéré comme le grenier mahorais, il cultive son champ et possède quelques bœufs (une partie sont morts pendant le cyclone). « Il ne reste rien. Heureusement que j’y ai mis une voiture rouge, sinon, on ne pourrait même pas distinguer mon terrain de celui du voisin », explique le cinquantenaire. Dans d’autres communes, le problème de l’eau se règle avec les puits, c’est le cas dans le centre de M’Tsangamouji ou à Handréma. Dans ce dernier, la pompe du puits de la mosquée fonctionne à plein régime. Particulièrement touché, ce village a vu beaucoup de toits en tôles tombés ou des vieilles maisons SIM en briques s’écrouler en partie.
Sur la route de Mamoudzou, il y a un autre village qui partage ce sentiment d’abandon, c’est Vahibé. La partie la plus excentrée du chef-lieu n’a vu personne, même dans l’école primaire Vahibé 2 qui servait d’hébergement d’urgence et qui a été ravagée par le cyclone. Livrés à eux-mêmes, les réfugiés ont donc entrepris de retourner dans les bidonvilles où les cases sont réapparues, ces derniers jours. « Les gens ont peur. Des portes ont été forcées par des délinquants. Ils n’ont ni à manger ni à boire », raconte Bounyamine. Le lycéen de 17 ans a lui aussi rejoint le bidonville avec sa famille. Il vient rendre visite à ses amis restés à l’école. Ce sera l’un des seuls à le faire ce jour-là.
Peu de morts selon les habitants
Avec moins d’habitat précaire par rapport aux communes plus peuplées, les villages du nord comptent peu de décès, racontent ses habitants. Tout le monde a en tête la mort d’une fillette à Bouyouni. Pour Zouhourya Mouayad Ben, il y a eu deux morts dans le village d’Acoua. À Hamjago, l’un des gardiens de la mosquée confirme qu’il n’y a pas eu de cérémonie d’enterrement depuis deux semaines. Même à Vahibé, les habitants du bidonville disent qu’il n’y a pas eu de morts à leur connaissance.
Des machines se sont retrouvées expulsés par les vents du cyclone
Durement éprouvé par le cyclone, le Centre hospitalier de Mayotte fonctionne de manière dégradée depuis le passage du cyclone Chido. Endommagés, plusieurs parties de l’hôpital sont fermées.
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Des préfabriqués ont été éventrés
Les médecins du services de médecine polyvalente, Dimitri Kornblum et Margaux Froidefond
Une aile de la maternité n’a plus d’électricité
Roger Serhal, chef du service de chirurgie obstétrique.
Une semaine après le cyclone, les séquelles du CHM sont encore bien visibles, bâtiments aux toits soufflés dont il ne reste que la charpente, préfabriqués éventrés, amas de bois au sol. Aussitôt après la catastrophe, il a fallu tout mettre en oeuvre pour assurer un service minimum. Un groupe électrogène de secours a rapidement été branché pour alimenter l’hôpital.Les informaticiens ont tout de suite été mobilisés pour rétablir les logiciels. L’informatique tient un rôle indispensable “pour gérer les évacuations sanitaires, les entrées aux urgences. Si les systèmes informatiques ne fonctionnent pas, c’est tout l’hôpital qui ne fonctionne pas”, renseigne Rodrigue informaticien aux infrastructures réseaux de l’établissement. Alors que le data center de Mayotte où sont stockées les données du Centre hospitalier de Mayotte a pris l’eau , les équipes des services informatiques s’activent nuit et jour pour permettre de retrouver le fonctionnement pré cyclone. “Une cellule de crise a été montée, nous dormons sur place”, explique-t-il.
Dans la maternité, l’aile qui accueillait les femmes enceintes hospitalisées a été fermée car il n’y a plus d’électricité. Les sage-femmes utilisent la lampe torche de leur portable pour étudier les dossiers. “Entre 40 et 50 % du service n’est pas fonctionnel, les chambres sont endommagées”, détaille Roger Serhal, chef du service de chirurgie obstétrique. Quinze lits sont actuellement disponibles au lieu de 35 habituellement. Conséquence, le personnel peut prendre en charge moins de patientes. Une situation problématique alors que le CHM est la plus importante maternité d’Europe, en 2023 elle a enregistré 10.200 naissances.
Au-delà des services de traumatologie, des urgences ou encore de chirurgie, celui de médecine polyvalente est aussi débordé. “Nous avons doublé le nombre de lits”, souligne Dimitri Kornblum, médecin du service. Une situation qui est le résultat d’un manque d’accès de soins, la plupart des dispensaires ont été fermés pendant plusieurs jours. “Désormais sans toit, des personnes ne peuvent pas être soignées chez elles”.
Un risque d’épidémie
Surtout, le médecin craint les prochaines semaines : “Nous allons voir des décompensations de personnes avec des maladies chroniques car elles n’auront plus accès aux soins et à leurs médicaments”. Plus inquiétant, après le saccage du cyclone, le “risque d’une épidémie se pose”, selon le soignant. En cas de famine ou de dénutrition, la population est plus susceptible de “faire des infections sévères”, le manque d’eau potable présente également une menace, la population se retrouve à consommer des eaux stagnantes. “Le choléra pourrait revenir”, craint-il. Pour soulager le CHM, un hôpital de campagne vient de s’installer au centre de Mamoudzou, il compte 90 soignants qui assureront des soins en en traumatologie, réanimation et néonatologie.
Le dispensaire de Kahani ne fonctionne actuellement que grâce à deux petits groupes électrogènes en attendant d’avoir un générateur de secours fonctionnel.
Ce n’est que quatre jours après le passage du cyclone Chido que le personnel du dispensaire de Kahani, à Ouangani, ont enfin pu accéder à des groupes électrogènes. L’établissement subit également des coupures d’eau et des pénuries de médicaments.
“Le soir, on s’occupe des patients avec les frontales pendant deux heures, puis on doit coincer des lampes de poches entre notre cou et notre épaule pour continuer quand elles n’ont plus de batterie”. Cette scène ubuesque, c’est une infirmière du dispensaire de Kahani qui nous la décrit, ce vendredi matin. Là-bas, le générateur de secours est tombé en panne le jour du cyclone, samedi dernier. “On chargeait les lampes frontales avec les ordinateurs portables qui avaient encore de la batterie”, décrit Sarah*, une autre infirmière de l’établissement de santé situé dans la commune de Ouangani. Ce n’est que mercredi, soit quatre jours après le passage de Chido, que deux petits groupes électrogènes ont été amenés. Si cela a pu permettre de brancher des lampes et des appareils médicaux, ce n’est pas suffisant pour les besoins de l’établissement, qui a mis en place des cycles d’alimentation en attendant que le véritable générateur adapté soit fini d’installer.
Le dispensaire n’est pas non plus alimenté continuellement en eau, subissant de nombreuses coupures. Les soignants s’en sont résolus à récupérer de l’eau de pluie, et font des réserves dès qu’elle revient un peu au robinet. Pendant ce temps, la citerne d’eau potable fuit depuis la tempête. Un médecin a même tenté de la reboucher avec un fruit à pain, illustration du manque profond de moyens dont le dispensaire dispose.
“30 secondes d’autonomie”
Côté communication, le personnel n’a pu véritablement établir le contact avec le Centre Hospitalier de Mayotte que mardi soir, ne possédant qu’un téléphone satellite avec “30 secondes d’autonomie”, nous indique-t-on. Ce vendredi matin, les membres du personnel ayant du réseau avec Orange s’occupent de faire le lien. “La police municipale n’est toujours pas venue nous voir”, indique Adrien Cussac, médecin chef du dispensaire, ce vendredi matin.
Un véritable isolement ressenti par l’ensemble de l’équipe, dont la plupart travaille chaque jour depuis le passage du cyclone. Ce jour-là, la permanence de soin transformée en accueil d’urgence a immédiatement été inondée au moment de la tempête. “Le premier patient arrivé était un père qui s’est profondément blessé au pied en allant chercher ses enfants. Il s’est effondré devant nous. À peine pris en charge, il est reparti à la recherche de ses enfants”, raconte le médecin chef, présent chaque jour à son poste depuis la catastrophe. “Nous n’avons pas eu de mort ici. Nous avons pu assurer la médecine aiguë. Désormais, la médecine classique reprend, mais nous avons beaucoup de personnes qui se blessent en reconstruisant leur case avec les tôles ou les clous”, ajoute celui qui a réorganisé le service en suivant les protocoles de gestion de flux de Médecins Sans Frontière. Pour l’heure, il n’y a pas de cadre administratif pour l’épauler et le dispensaire n’a pas assez de médicaments pour tout le monde, notamment d’antibiotiques.
Une cellule de crise le jeudi avant Chido
Adrien Cussac affirme que c’est grâce à une cellule de crise organisée par des urgentistes le jeudi pendant la nuit, avant le cyclone, qui permet encore au dispensaire de tourner. “Du matériel, des médicaments, un urgentiste et un réanimateur ont été envoyés dans chaque dispensaire la veille du cyclone”, indique celui qui attend une première livraison de médicaments depuis le passage de Chido ce vendredi. Le stockage de pharmacie générale à Longoni ayant subi des dégâts, ils n’ont pas pu être ravitaillés avant.
Si le flux n’est pas si important que cela au dispensaire, les conditions actuelles de travail rendent la mission du personnel extrêmement difficile. Certains patients ont dû être renvoyés à domicile, faute de matériel, même si un suivi reste assuré.
Thomas Jacinto entre le mot de passe pour se connecter à son antenne Starlink dans les téléphones des habitants.
Alors que le réseau mobile ne revient qu’au compte goutte dans l’ouest de l’île, des habitants partagent leur antenne Starlink avec la population, pour leur permettre de donner des nouvelles et rester informés.
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Plusieurs centaines de personnes viennent se connecter par jour depuis cette prise d'initiative, sur la place Sicotram, à Chiconi.
L’antenne Starlink est posée sur la voiture de Thomas Jacinto et est alimenté par le groupe électrogène de l’épicerie voisine.
À Sada, l’entreprise Electro Rapide a ouvert ses portes au Starlink d’Etienne Mouillet, pour que la population puisse se connecter à internet.
« Ça c’est mon quotidien depuis dimanche », décrit Thomas Jacinto, en désignant l’attroupement présent sur la place Sicotram, à Chiconi, à côté du front de mer. Ce jeudi, une centaine de personnes est présente pour profiter d’une connexion internet. Car Thomas Jacinto et Amandine Aubert ont Starlink, un dispositif créé par Elon Musk permettant d’accéder à internet directement avec une connexion satellite. « On a pensé à rentrer l’antenne pendant le cyclone, puis elle a dû résister à la pluie », indique son propriétaire, qui n’a plus de toit. Ce jeudi, installé sur le toit de leur voiture, l’antenne est alimentée par le groupe électrogène de l’épicerie Amboirou-Market, qui en retour peut faire payer ses clients par carte.
L’idée de partager gratuitement leur accès à internet est venue dès dimanche à ces habitants, voyant que l’ouest de l’île restait sans communication. Cet après-midi-là, Thomas Jacinto a noté 200 connexions de personnes venues pour rassurer leurs proches restés sans nouvelle depuis le passage de Chido. « C’était un moment intense, on était coupé du monde depuis plus de 24 heures », explique-t-il. « C’était un déluge de larmes et de rires, la place était chargée en émotion », raconte Amandine Aubert, qui a eu la sensation que les minutes duraient des heures pendant cette coupure.
Jusqu’à 400 connexions mardi
Le couple a décidé de revenir chaque après-midi. 300 connexions ce lundi, 400 le mardi, de gens parfois venus de Combani pour se connecter. « Maintenant ça permet aux gens de s’informer et de moins rester dans le brouillard », explique Thomas Jacinto. Pour éviter que le réseau sature et les mouvements de foule, il a néanmoins instauré un système de rationnement à environ 100 connexions par sessions. Les bienfaiteurs restant tout l’après-midi sur place, chacun peut profiter du réseau sur une session de une heure, puis le mot de passe change pour permettre aux autres d’en bénéficier. Une logistique qui fonctionne bien pour l’instant, chacun respectant cette routine. Ce jeudi après-midi, Safia* est venue de Mangajou : « Je voulais donner des nouvelles à mes proches ». Une autre habitante vient aussi pallier le manque de réseau. « J’ai un peu de connexion avec Orange maintenant, mais ça ne marche pas très bien, alors je suis venue ici », indique-t-elle. Thomas Jacinto est heureux de voir la place Sicotram occupée : « Ça met un peu de vie, les gens sont rassemblés. »
Le même type d’initiative s’est lancé à Sada. Etienne Mouillet, détenteur également d’une antenne Stralink tourne dans la zone depuis lundi pour en faire profiter la population. “C’est nécessaire pour tout le monde. Surtout les premiers jours, il n’y avait rien pour pouvoir avertir les familles”, explique-t-il. Le problème était de pouvoir l’alimenter en électricité. Il l’a d’abord installé à Mangajou, mais depuis, il la laisse dans les locaux de l’entreprise Electro Rapide. “Ici l’électricité est stable, il y a des locaux pour se poser”, décrit-il, le remerciant de mettre à disposition leurs locaux. En effet, moins de monde qu’à Chiconi, mais une salle de réunion calme, où naviguent une vingtaine de personnes. Pour Etienne Mouillet, même si les proches sont maintenant prévenus, il est important de maintenir la communication avec l’extérieur : “On espère pouvoir favoriser la coordination, car pour l’instant on a l’impression que c’est compliqué.”
Le quartier informel de Mavadzani, à Majicavo-Koropa, commence à se reconstruire.
Ce mercredi, quatre jours après le passage du cyclone Chido, les habitants du bidonville de Mavadzani, à Majicavo-Koropa, dans la commune de Koungou, n’ont toujours pas vu d’autorité venir s’enquérir de leur état. Des maisons détruites, pas d’eau, pas de nourriture… Les besoins sont grands.
Un des relogements temporaires de Massimoni n’a plus de murs.
La plupart des habitants n’ont plus de toit et dorment à ciel ouvert.
Les enfants demandent de l’eau et de la nourriture.
À l’entrée du bidonville de Mavadzani, au niveau de Massimoni, la résidence où ont été relogés provisoirement les habitants du quartier récemment décasé n’a tenu qu’en partie. Un des appartements n’a plus de murs. Mais une bonne partie des cases détruites par le cyclone Chido samedi dernier se dresse de nouveau. « On récupère des tôles par-ci par-là », raconte Fayad, ajoutant que certains puisent dans leurs économies pour en acheter des nouvelles à une vingtaine d’euros la pièce.
Dans le quartier informel du village de Majicavo Koropa, la problématique du toit sur la tête se résorbe légèrement, pendant que l’accès à l’eau inquiète l’ensemble des habitants. “Il y a l’eau du puits à Massimoni, mais il y a de la boue dedans, on ne peut pas la boire”, répète une petite fille, qui se tient d’appliquer la consigne donnée par ses parents qui craignent qu’elle tombe malade. Quatre jours après le passage de Chido, ils attendent la distribution d’eau. “C’est très dur avec ma grossesse”, indique une femme enceinte. La nourriture manque aussi, surtout aux enfants qui ont faim. “Je n’ai plus de lait pour mon bébé”, déplore une mère, son enfant de deux mois dans les bras.
« On a faim »
Les enfants, qui ont pour la plupart passés le cyclone sous les tôles, s’amusent un peu avec notre appareil photo. Quelques sourires, mais le manque de nourriture ne se fait pas oublier. “On a faim”, disent-ils régulièrement. « Je n’ai plus de vêtements, ils se sont tous envolés. Mon papa est en train de réparer notre maison », décrit Naïssa. Une autre fillette de 14 ans raconte qu’elle n’a pas d’endroit pour dormir pour l’instant. « Notre maison est détruite », regrette celle qui est inquiète de ne plus avoir de cahier pour aller à l’école.
Fayad est désabusé. Depuis le cyclone, il n’a toujours pas vu un pompier, ce mercredi : « Personne n’est venu nous voir ». Plusieurs riverains confirment que depuis samedi, ils n’ont pas vu d’autorité venir s’enquérir du sort des habitants. Un homme nous indique néanmoins avoir aperçu quelques gendarmes le mardi. Une absence qui leur fait redouter d’être laissés de côté. « Il faut que l’aide arrive jusqu’ici, on est des êtres humains quand même », demande le jeune homme. Pas de tension pour l’instant, ni de pillage entre les habitants. Si chacun se concentre sur la réparation de sa propre maison, il y a quand même de l’entraide. « Mais ce n’est pas assez », tranche Assani, qui, comme d’autres riverains ayant une maison en dur, a ouvert sa porte à des habitants du bidonville, le temps qu’on vienne s’occuper d’eux.
Avec la possibilité de prendre jusqu'à 30 litres d’essence, ce mercredi, la station-service de Kaweni a vu de nombreux automobilistes ou de scootéristes affluer.
Dans son dernier point, ce mercredi midi, la préfecture de Mayotte alerte sur les problèmes de circulation à Mamoudzou, qui perturbent le travail des secours.
Essence, réseau téléphonique, supermarchés ouverts, la tentation est grande pour les sinistrés du cyclone Chido d’aller jusqu’au chef-lieu de Mayotte, Mamoudzou. Pourtant, François-Xavier Bieuville, qui a vu ses prérogatives renforcées, demande à la population de limiter ses déplacements. « Le préfet attend de la population qu’elle limite ses déplacements au strict nécessaire, et qu’elle ne se relende notamment pas à Mamoudzou. L’engorgement des voies de communication empêche la bonne circulation des forces de l’ordre, de secours et des services concourant à la gestion de crise », rappelle-t-il. Depuis la station-service de Kawéni, une file d’attente de plusieurs heures s’est formée, ce mercredi, bloquant une partie du village au nord de Mayotte. En effet, les stations essence de Petite-Terre et de Kawéni étaient partiellement ouvertes au public de 7h à 17h. Deux consignes étaient à respecter. « Les usagers sont limités à un plein de trente litres », tandis que « le remplissage des bidons et jerricans est interdit ».
Le service des barges a été très partiellement rétabli pour permettre d’acheminer les secours et les personnels essentiels entre Grande-Terre et Petite-Terre. « Les barges ne transportent pas de passagers pour l’instant », est-il toutefois précisé.
L’eau pour 50% de la population
Sur les deux îles, les réseaux d’eau, d’électricité et de téléphonie sont en train d’être progressivement remis. Pour le premier, « la SMAE (Société mahoraise des eaux) a prévu de pouvoir approvisionner en eau 50% de la population d’ici ce mercredi soir ». Ce sera « 75% de la population d’ici la fin de la semaine ». Pour éliminer la présence potentielle de bactéries, l’Agence régionale de santé (ARS) recommande de faire bouillir l’eau pendant trois minutes avant de la consommer. Ce mercredi, des premières distributions de bouteilles d’eau ont également débuté. Concernant l’électricité, « les dégâts sont immenses. Les renforts reçus comportent en priorité du matériel destiné à la réparation électrique et les experts capable de la mener », fait remarquer la préfecture de Mayotte. Les quartiers alimentés en sous-terrain ont été les premiers à recevoir le courant, comme récemment le quartier de Cavani sud, dans la commune de Mamoudzou.
Enfin, le réseau de téléphonie est toujours. « Les efforts des techniciens ont permis de rétablir plusieurs infrastructures de l’opérateur Orange. C’est le réseau qui fonctionne le mieux à ce stade. Le réseau SFR est très endommagé, notamment le câble sous-marin entre Petite-Terre et Grande-Terre, 95% du réseau mobile est impacté et 5% des clients seulement sont couverts », est-il détaillé.
Une cellule d’urgence médico-psychologique
La préfecture de Mayotte annonce « qu’une cellule d’urgence médico-psychologique est ouverte et peut être contactée par toutes celles et ceux qui en ressentent le besoin », depuis ce mercredi. Elle est joignable au +331 44 49 24 30, de 10h à 22h, en français et en shimaoré. La création de cette cellule s’ajoute celle déjà existante d’information au public (CIP). Elle reste « activée pour répondre aux interrogations de la population, en dehors de toutes urgences ». Il faut appeler le 09 70 80 90 40.
L’Élysée a annoncé mardi soir la venue du président de la République Emmanuel Macron ce jeudi à Mayotte. Une fois le gouvernement formé, le nouveau Premier ministre, François Bayrou, viendra également sur place.
De nombreuses associations se mobilisent pour récolter des fonds.
Depuis ce lundi, la solidarité s’organise pour aider Mayotte dévastée depuis le cyclone. Plusieurs ONG et associations ont lancé des cagnottes pour venir en aide aux habitants, ont voici quelques-unes.
Le Secours Populaire
Le Secours populaire français a lancé un appel aux dons financiers et à la mobilisation de tous pour venir en aide aux populations. Une aide financière de 100 000 euros a déjà été débloquée et l’association travaille avec des partenaires mahorais afin d’apporter un soutien d’urgence aux sinistrés, qui s’inscrira dans la durée.
La Croix Rouge
La Croix-Rouge française a également lancé un appel aux dons. Sur le territoire mahorais, elle compte 300 bénévoles et 130 salariés.
La Fondation de France
La Fondation de France se mobilise également. Forte de son expérience dans les Antilles en 2017 (cyclones Irma, José et Maria) et en s’appuyant sur ses partenaires locaux dans l’Océan Indien, la Fondation déploie des actions de première nécessité pour venir en aide aux victimes (mise à l’abri, soutien psychologique, …). Son directeur Alexandre Giraud a déclaré lundi à La Provence avoir déjà « 700.000 euros ont déjà été collectés »
: De nombreuses personnalités ont réagit aux dégâts provoqués à Mayotte par le cyclone Chido.
De nombreuses personnalités ont écrit des messages de soutien à destination de la population mahoraise. Tout le monde ne pourra pas les lire tout de suite, en raison de l’absence de réseau sur la majorité de l’île.
Parmi la classe politique, tout le monde est allé de sa déclaration de soutien face aux dégâts provoqués par le cyclone Chido sur X (ex-Twitter). “Le cyclone Chido a très durement frappé notre île de Mayotte. Mon cœur est avec toutes les mahoraises et mahorais”, écrit le ministre Thani Mohamed-Soilihi, ce samedi, après le passage de la tempête. De son côté, Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National (RN) à l’Assemblée nationale rédige le même jour : “Mayotte qui vit déjà de multiples drames est aujourd’hui ravagée par un cyclone. La solidarité nationale doit être exemplaire pour nos compatriotes mahorais dont certains ont tout perdu”. De son côté, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a également affiché son soutien : “J’ai une pensée émue pour les habitants de Mayotte, frappés par un cyclone dévastateur. Nous devons préparer nos sociétés aux effets du changement climatique. La France est responsable des bidonvilles présents sur l’île. Le cyclone détruit, le sous-développement tue.” Le président du groupe Les Républicains a lui aussi adressé un mot aux compatriotes mahorais : “La solidarité nationale doit être à leurs côtés sur l’ensemble de l’archipel.”
Du Prince de Monaco au Pape
Le joueur de football mahorais Toifilou Maoulida a remercié l’ensemble de sa communauté sur X pour ses messages et publie régulièrement des informations sur les cagnottes existantes pour soutenir Mayotte : “Toutes mes pensées pour mes proches ainsi que le peuple mahorais.” Du soutien également de Monaco, de la part du Prince Albert, qui a écrit au président Emmanuel Macron : “Ma Famille et la population monégasque se joignent à moi pour vous exprimer notre sincère solidarité. Nos pensées vont avant tout aux victimes et aux disparus, ainsi qu’à leurs proches.” En visite en Corse, ce dimanche, le pape François a appelé à prier pour notre île : « Prions pour les victimes du cyclone qui ces dernières heures a frappé l’archipel de Mayotte. Je soutiens par l’esprit ceux qui ont été touchés par cette tragédie. » De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé les musulmans de métropole à « se mobiliser et à venir en aide aux sinistrés ».
Dans l’archipel voisin, le président de l’Union des Comores, Assoumani Azali, a décrété un deuil national, sans sortir de sa logique de revendication. « Un deuil national d’une semaine est décrété sur l’ensemble du territoire national, du lundi 16 au dimanche 22 décembre 2024 inclus, suite au passage du cyclone Chido qui a fait de nombreuses victimes et d’énormes dégâts matériels sur l’archipel des Comores, principalement à Mayotte. »
Une partie encore sans réseau
Nous sommes souvent sollicités pour avoir des proches aux quatre coins du département. Nous tentons de donner autant de nouvelles que nous avons, même si nous aussi nous rencontrons des soucis de réseau mobile, internet et électrique, comme une majeure partie de l’île. En effet, sur 67 antennes SFR, 59 ont été endommagées. Du côté d’Orange, ce sont 51 antennes sur 54 qui ont été touchées. Si certains s’organisent depuis toute l’île pour se rendre à Mamoudzou, où il y a le plus de chance d’avoir du réseau, il faut savoir que l’essence commence à se faire rare dans les réservoirs et que les stations service n’ont pas encore ouvert pour les particuliers. C’est pour cela que certains n’ont pas encore pu joindre leurs proches.
François-Xavier Bieuville, préfet de Mayotte, a désormais des pouvoirs étendus.
Afin de gérer la crise post-cyclone Chido, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, a vu ses pouvoirs renforcés, ce mardi.
Trois jours après le passage du cyclone Chido, François-Xavier Bieuville gère davantage l’urgence à Mayotte où une bonne partie des habitants manquent soit d’eau, soit d’électricité ou de réseau téléphonique, voire les deux ou les trois à la fois. Le préfet de Mayotte a, en effet, vu ses prérogatives étendues en vertu d’un renforcement de la loi 27 de la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi). Cela implique « l’élargissement de l’autorité du préfet sur l’ensemble des services déconcentrés des administrations civiles de l’Etat et établissements publics de l’Etat ayant un champ d’action territorial ».
Dans les mesures en vigueur, un couvre-feu commence ce mardi, à 22h et jusqu’à 4h. Selon nos informations, le préfet de Mayotte s’est montré favorable en interne à l’instauration de l’état d’urgence, (celui-ci « ouvre des dispositions spéciales en matière d’assignation à résidence, de visite domiciliaire ou de création de périmètre de protection »), mais ça a été pour le moment écarté.
Parmi les mesures que l’Etat a lancé, il y a trois recensements. Celui des victimes qui est compliqué par le fait que beaucoup ont été enterrées rapidement selon le rite musulman ou n’ont pas été retrouvées. Le recensement des besoins sanitaires sera également fait, sachant que l’hôpital de Mamoudzou fonctionne en mode dégradé. Enfin, une liste d’hébergements d’urgence va être faite pour proposer aux habitants les plus fragiles et sans solution « des bâtiments durables ».
L’état de catastrophe naturelle en passe d’être reconnu
Le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre « une procédure accélérée de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle ». Cela passera par un recueil rapide des demandes communales de reconnaissance, ce qui reste compliqué en raison des problèmes de communication dans l’archipel. Surtout, « seuls 10% de biens sont assurés à Mayotte ». En outre, des expertises techniques pour les demandes communales sont simplifiées afin de pouvoir être réalisées rapidement.
Des crédits de secours d’extrême urgence vont être débloqués pour « aider financièrement les sinistrés se trouvant dans une situation de grande difficulté ». Il est aussi question « d’aides réservées aux particuliers (300 € par personne)».
Suite au passage dévastateur du cyclone Chido sur l’île de Mayotte, les équipes de SFR déploient travaillent à rétablir les communications. La tempête a causé des dégâts sur 88% du réseau SFR, qui précise dans un communiqué que 59 antennes sur 67 sont actuellement hors service. Face à cette situation, l’opérateur a mobilisé immédiatement des équipes techniques et coordonne ses actions avec les autorités locales pour prioriser la remise en service des sites stratégiques.
Pour les clients mobile SFR Mayotte, la compagnie a décidé la gratuité et l’utilisation illimitée des services de téléphonie dans les zones fonctionnelles (appels et SMS vers Mayotte, La Réunion et la métropole et internet illimité) ; pour les clients BOX de SFR Mayotte, la gratuité des appels depuis leur ligne fixe vers Mayotte, La Réunion et la métropole ; pour les clients la Carte SFR Réunion, la gratuité des appels et SMS vers Mayotte dès ce mercredi 18 décembre ; et pour les clients BOX SFR Réunion, depuis leur ligne fixe, gratuité des appels vers Mayotte. Le tout jusqu’à nouvel ordre.
La compagnie organise également une collecte de produits alimentaires et d’hygiène auprès de ses collaborateurs pour venir en aide à la population.
Emmanuel Macron se rendra à Mayotte dans les prochains jours..
Les ministres de l’Intérieur et de l’outre mer démissionnaires, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet ont tenu une conférence de presse lundi soir à La Réunion. Ils ont fait le point sur l’aide qui sera apportée.
Le président à Mayotte
Le président de la République, Emmanuel Macron a annoncé lundi soir sur X se rendre à Mayotte “dans les prochains jours” et il va décréter “un deuil national”.
Les obstacles de l’acheminement jusqu’à Mayotte
Depuis La Réunion, Bruno Retailleau, le ministre de l’Interieur a expliqué les difficultés auxquelles les pouvoirs publics font face pour pouvoir acheminer de l’aide. A l’aéroport, la tour de contrôle de l’aéroport est détruite et le système de balises signalétiques est fortement endommagé. Ce qui signifie que les avions peuvent pour l’instant “atterrir que de jour”. D’ici quelques jours, les autorités espèrent pouvoir rétablir le trafic nocturne à l’aéroport pour permettre de renforcer le pont aérien entre La Réunion et Mayotte.
Concernant le transport maritime, si les “terminaux portuaires de Longoni ont souffert, ils sont aptes à rouvrir aux navires importants”, annonce le ministre de l’Intérieur.
Pour transporter les marchandises et le matériel jusqu’à Grande Terre, deux barges à fond plat peuvent à nouveau circuler et une troisième sera fonctionnel à partir du milieu de la semaine prochaine.
L’eau et la nourriture
Pour le retour de l’eau sur le territoire, l’usine de dessalement de Petite-Terre a été « remise en route », annonce Bruno Retailleau. Hier soir, il précisait que d’ici 48 heures, « les usines d’eau potables fonctionneront à hauteur de 50% des capacités ». Dans une semaine, selon le préfet de Mayotte, la capacité d’approvisionnement en eau atteindra 95 % .
À partir de ce mardi, 20 tonnes d’eau et d’alimentation seront envoyées à Mayotte chaque jour. Un porte-conteneurs de la compagnie CMA CGM partira également ce mercredi pour arriver ce week-end sur l’île, « il comptera entre 100 et 150 conteneurs de nourriture et eau », explique le préfet de La Réunion, Patrice Latron qui supervise le pont aérien.
Par ailleurs, un dispositif de traitement de l’eau a commencé a être envoyé, il sera opérationnel à partir de jeudi, il permettra de produire entre 200 à 250 m3 d’eau par jour.
L’hôpital
Le Centre hospitalier de Mayotte a été touché, la toiture a été très endommagée. « Il pleut dans certains services », raconte Bruno Retailleau. Les services comme celui de réanimation qui a été impacté reprennent progressivement, l’activité a repris « entre 40-45 % ».
L’hôpital sera renforcé par un hôpital de campagne installé à partir de jeudi, 90 personnes le feront fonctionner. Des services de traumatologie, réanimation et néonatologie seront aménagés.
Les renforts humains
D’ici la fin de la semaine, 1.200 personnes au total seront arrivés sur l’île pour les secours, dont 800 sapeur-pompiers. Ils effectuent entre autres des missions de reconnaissance, déblaiement et de traitement des eaux. Quatre-cent gendarmes supplémentaires vont arriver prochainement. Un couvre-feu est décrété à partir de ce mardi soir. «Il n’y a pas eu d’actes violents pour l’instant, juste un conteneur ouvert était éventré sur la voie publique et des gens sont venus se servir », illustre Bruno Retailleau.
Dédommagements
Alors que de nombreuses maisons en dur ont perdu leur toit, des bâches seront envoyées pour les protéger. Des tentes seront aussi acheminées. Pour les cadres de l’Etat qui ont perdu leurs maisons, des modulaires seront envoyés de la métropole.
Seuls 10% des Mahorais disposent d’une assurance, ce qui complique le dédommagement de la catastrophe naturelle. Toutefois, un fond d’urgence sera débloqué pour permettre une prise en charge.
Le ministère de l’intérieur a annoncé ce mardi matin la mise en place d’un couvre-feu dès ce mardi soir. De 22h à 4h du matin, il est interdit de sortir. Une décision qui a été prise pour des raisons de sécurité, afin d’éviter les pillages dans un contexte de pénurie d’eau et de nourriture.
Ce lundi, il restait encore quelques produits frais livrés vendredi dernier au Sodifram de Hauts Vallons, à Mamoudzou.
Le magasin Sodifram du quartier de Hauts Vallons, à Mamoudzou, a rouvert dès le lendemain du cyclone, pour permettre à la population de tenir. Une certaine logistique a été mise en place pour tenter de garantir des ressources à tout le monde.
Ce lundi matin, quelques habitants sont attroupés devant le Sodifram de Hauts Vallons, dans la commune de Mamoudzou, qui a rouvert dès dimanche, au lendemain du passage du cyclone Chido. Face au manque d’eau et de nourriture, tous espèrent pouvoir faire quelques stocks. Heureusement, Ramzi Boukhris, qui gère le magasin, avait reçu des livraisons vendredi. “On a de quoi tenir quatre ou cinq jours même sans nouvelle livraison au dépôt”, affirme-t-il en nous montrant son rayon frais, dans lequel on peut encore trouver de la viande, des huîtres et des fruits.
Ramzi Boukhris, qui gère le magasin, a mis en place des limites d’achat sur les produits de première nécessité.
Un sac de riz, un kilo de sucre, quatre litres de lait, un pack d’eau, quatre boîtes de tomates pelées par client… Pour essayer qu’il y en ai assez pour tout le monde, des limites d’achat ont été instaurées sur les produits de premières nécessité. C’est ce qu’est venu chercher Zakaria Loutfi, un habitant du quartier : “Je suis venu prendre l’essentiel pour les enfants : des yaourts, du lait, du riz aussi.” Face aux limites, pas de débordement. “Les gens sont compréhensifs”, assure le gérant du supermarché.
Les chèques acceptés
Si le magasin a assez d’électricité pour éclairer la moitié de ses locaux, les paiements par carte bancaire ne peuvent néanmoins plus être acceptés, et certaines caisses ne fonctionnent plus. “On accepte le paiement en espèce et aussi par chèque”, précise Ramzi Boukhris, qui espère être à nouveau livré ce mardi.
À la caisse, les paniers sont remplis de nourriture pour enfant, de lait, d’eau, de riz et de boîtes de conserve.
Concernant les pillages, il ne cache pas qu’il y a eu des essais de jeunes tentant de profiter de la situation. “On a du mal à avoir des agents de sécurité. On n’a pas encore réussi à joindre tous nos employés au téléphone, mais la police fait des tours régulièrement, ça a évité le pire”, rassure-t-il.
Mounaiyati montre le quartier Bandrajou, à Kaweni, où elle vivait avec sa mère et ses sœurs. En attendant, elles vivent dans le lycée des Lumières transformé en centre d’hébergement.
Sans eau, sans électricité pour une bonne partie et même largement sans réseau téléphonique, Mayotte continue de vivre des jours compliqués depuis le passage du cyclone Chido, samedi matin. Ce lundi, à Kawéni, c’est l’urgence de refaire son toit, trouver du carburant, à manger ou à boire qui domine.
En journée, beaucoup de femmes et d’enfants vivent dans les centres d’hébergement comme celui du lycée des Lumières, où il n’y a pas d’eau dans les sanitaires et la mairie de Mamoudzou surchargée passe peu.
Kamal Nadhoim est venu aider sa cousine et son mari à refaire leur case en tôles dans le quartier Bandrajou, à Kaweni.
Kamal Nadhoim est venu aider sa cousine et son mari à refaire leur case en tôles dans le quartier Bandrajou, à Kaweni.
Des centaines de personnes ont espéré avoir du carburant à la station-service de Kaweni, mais seuls les véhicules des forces de l’ordre ont pu faire le plein.
« On se demande ce que fait l’Etat, ce que font les mairies », désespère Marie, enseignante au lycée des Lumières, alors que plusieurs ministres étaient au même moment sur le sol mahorais pour constater les dégâts du cyclone Chido (les médias mahorais n’étaient pas invités à couvrir ce déplacement). Ce lundi, dans le lycée devenu centre d’hébergement d’urgence, elle tente de joindre par téléphone la cellule de crise en métropole, qui la renvoie finalement vers la mairie de Mamoudzou et son répondeur. 2.000 personnes vivent là et y ont trouvé refuge, même tardivement. « On est arrivés vers 13h(N.D.L.R. le cyclone au stade « tropical intense » a frappé Mayotte dans la matinée). Notre maison est toute détruite, il ne reste rien, on n’a plus de papiers », raconte Rouaidat Attoumane, une mère de famille comorienne de six enfants, qui vit dans le quartier informel qui domine l’établissement scolaire. Dans leur fuite, son mari s’est blessé au pied et a dû être emmené à l’hôpital. Également dans ce centre, Mounaiyati Abdou montre dans quelle salle de classe, elle s’est installée avec sa famille. L’adolescente de 17 ans aussi vit dans le quartier juste au-dessus et qui ne ressemble plus qu’à un amas de tôles sur la colline. Plusieurs hommes sont en train de remonter des cases à la hâte. Ce n’est pas le cas pour sa famille. « On n’est que de filles », dit celle qui est scolarisée au lycée Younoussa-Bamana, un autre établissement de Mamoudzou. Elle et sa mère avaient entendu, à la radio, la veille du cyclone, qu’elle pouvait se rendre dans ce centre où on trouve pratiquement que des femmes et des enfants, ce lundi après-midi. Pas de traces d’agents municipaux. Aucune eau ni aucune nourriture n’ont été distribuées depuis la veille.
Pas d’essence
Plus loin, Kamal Nadhoim plante des clous dans la charpente d’une future case en tôles. Habitant de Lazerevouni, un autre quartier de Kaweni, il est venu aider sa cousine et sa famille, puisque sa maison a tenu, contrairement à l’ensemble des cases en tôles du plus grand village de Mayotte. Ce Grand-Comorien de 36 ans se dit incapable « de savoir où dormir ou trouver de la nourriture ». Sur les décès dans Kaweni, il dit en connaître trois, dont un mécanicien de ce quartier.
Autre scène de galère vue sur la route nationale 1, des centaines de personnes attendent désespérément à la station-service de Kawéni. Il y a quelques minutes, une distribution a eu lieu, mais elle n’a pas duré très longtemps. Au grand dam de Wamze, un habitant de Bouéni de 51 ans. Celui-ci a fait deux heures et quarante minutes de route depuis son village à l’autre bout de Grande-Terre. « J’espérais avoir de l’essence. On a des denrées alimentaires qui sont en train de pourir. Je suis là depuis 10h. Total est là à nous dire qu’ils sont en train de réparer. Finalement, il y a que les forces de l’ordre qui sont arrivées et qui ont pu se servir. Pourtant, on ne les a pas vu après le cyclone », se désole-t-il, bidon à la main.
Cette fois-ci, il repart bredouille, mais il est prêt à retenter demain. « On n’a plus le choix. »