À Mtsangadoua, dans la commune d’Acoua, alors que le soleil se couche, Marie Mcolo se prépare à rompre le jeûne d’une journée du mois de Ramadan. Près de trois mois après le passage du cyclone, elle est confrontée au manque de certains aliments.
Sous la lueur du crépuscule, quelques chants religieux résonnent au sein de la mosquée du vendredi de Mtsangadoua, dans la commune d’Acoua. Marie Mcolo, mère de quatre enfants, s’active en cuisine avant l’heure de la rupture prévue à 18 h 20 : « On va faire des bérégés, à ma manière, car il manque des ingrédients depuis le cyclone », raconte-t-elle en pétrissant sa pâte sur son plan de travail. Appelé aussi couscoumas ou encore mardoufs au sein des îles des Comores, ces sortes de pain se confectionnent avec du beurre clarifié.
Près de trois mois après le passage du cyclone Chido qui a ravagé Mayotte, l’approvisionnement en denrées alimentaires est toujours perturbé. Les ingrédients se font rares, aussi bien sur les marchés qu’en grande surface. Le vendredi 28 février, à la veille du mois de Ramadan, l’arrivée de conteneurs de bananes a provoqué un important embouteillage sur la route départementale. « Je n’ai pas réussi à y aller, mais il paraît que les bananes étaient déjà pourries. Moi, j’ai eu des songes, mais je les ai rendus car elles aussi pourrissaient », témoigne-t-elle.
Sous le bruit du ventilateur, Marie admet ne pas avoir souffert du cyclone. « Je n’ai manqué de rien, j’avais un groupe électrogène. » Son fils lui apporte alors 20 kilos de farine que son père a réussi à dénicher. « Bien sûr, on va partager, je ne vais pas garder tout ça pour moi. » rappelle-t-elle. Cette farine sera ensuite partagée avec ses proches famille et ses voisins.
L’heure du repas approche. Marie explique : « Chez moi, on mange tous dans la même assiette, personne n’a d’assiette individuelle. » La fille cadette récupère la natte ou les jeûneurs du jour s’essayeront. Le repas est dressé à même le sol. Des songes ont pu être récupérés dans les champs, ainsi que quelques bananes, pour un moment de partage et de spiritualité.
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.