L’équipe masculine senior du Vautour Club de Labattoir à l’entraînement, jeudi dernier.
Vautour club de Labattoir – Basket club de Mtsapéré… L’affiche est bien connue des fans de balle orange de l’île. En championnat, en coupe de Mayotte ou de la ligue, ce match cent fois joué réserve toujours son lot d’actions mémorables. Nouvelle échéance pour les deux cadors du basket mahorais : les finales de playoffs du championnat pré-national masculin mardi (aller) et vendredi (retour). Mais quelle est donc la recette de leur succès, de leur longévité au top niveau ? Nous avons posé la question aux deux équipes.
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Naouirou « Papana » Issoufali occupe le poste de coach au BCM depuis 2008.
Ahmed Saïd Salime, dit « Jordan Henri », est l’un des leaders du club de Labattoir.
Vingt heures, en fin de semaine dernière… Labattoir s’anime à nouveau. Les familles ont rompu le jeûne et les enfants réinvestissent les rues de la ville. Au fond d’une impasse, encadrée de quelques stands où se négocient des bricoles, on accède au plateau sportif. Les ballons rebondissent, claquent dans les filets des paniers. Sur le bitume, une flopée de gaillards court, shootent et défendent en appliquant les consignes de leur coach. L’un d’eux enchaîne les paniers en contre-attaque. Quand l’entraîneur crie « plus que trois secondes ! », c’est encore lui qui – démarqué – reçoit la balle et plante un tir bonifié depuis le coin gauche. A quarante-et-une piges, Ahmed Saïd Salim, dit « Jordan Henri », est probablement l’une des figures les plus emblématiques du Vautour club de Labattoir – qu’il a intégré à l’âge de sept ans. Et c’est peut-être bien là le secret. « Tu ne peux pas intégrer Vautour sans faire l’école : on part du baby-basket jusqu’en senior. Les fruits viennent de tout en bas, et montent petit à petit », estime le basketteur élu sportif mahorais de la décennie 2010-2019. Rifki Saïd, Omar Youssouf, Ahamadi Hamza… L’équipe repose sur des joueurs cadres, mais aussi sur un public fervent et fidèle. « Vautour, ce n’’est pas un club, c’est une famille ! », clame Henri. « Si Vautour joue, c’est tout Labattoir qui quitte la maison et vient remplir la salle ! » Reste à voir si le sixième homme (le surnom du public au basket) suffira à faire pencher la balance, ce mardi, pour le match aller de la finale des playoffs du championnat pré-national masculin face au Basket club de M’tsapéré (BCM) – l’autre équipe phare de l’île.
« Se comporter comme un club pro »
« Malgré notre petitesse, on essaye de se comporter comme un club pro. Forcément, ça attire les bons joueurs ! », renseigne Naouirou « Papana » Issoufali, coach de BCM depuis 2008 et artisan des exploits qui en ont fait l’équipe masculine de la décennie. Des entraînements structurés – trois par semaine – sous la coupe de coachs diplômés, un conseil d’administration d’une dizaine de personnes… « C’est un ensemble de petites choses qui font qu’on arrive à ce niveau-là », résume-t-il, vantant lui aussi les mérites de son public. « On a le soutien inconditionnel de nos supporters. Il nous est arrivé de faire des collectes de dons pour pouvoir partir en stage, et le village a toujours répondu présent. Forcément ça nous motive ! » BCM ou Vautour : lorsque le buzzer final retentira dans la salle vendredi prochain (ou le 1er mai en cas de troisième match), c’est toute une organisation, une famille, un village qui seront sacrés champions de Mayotte.
Ce mardi 25 avril, à 18h30, BC M’tsapéré-Vautour club de Labattoir au plateau Baobab. Vendredi 28 avril, 18h, Vautour club de Labattoir-BC M’tsapéré, au plateau sportif de Labattoir. Si troisième match, lundi 1er mai, 16h, Vautour club de Labattoir-BC M’tsapéré, au plateau sportif de Labattoir.
Véritable institution hôtelière de Mayotte, l’hôtel Caribou a su s’enraciner sur l’île au lagon pour l’enrichir. L’établissement se distingue notamment par ses nombreux partenariats en faveur des équipes locales et par ses initiatives dans le domaine du sport.
Ancien sportif et passionné de sport à jamais, Bruno Garcia, gérant du Caribou, aide de nombreuses équipes locales. En football, le TCO Mamoudzou, le FC Mtsapéré ou l’AJC Kawéni peuvent compter sur le soutien financier de l’hôtel situé place Mariage, ainsi que des équipes de réinsertion, et quelques clubs de basket. L’ambition de Bruno Garcia, « faire connaître Mayotte à travers le sport. Il y a un grand potentiel. Nous avons besoin de considération, car nous n’avons pas de structures adaptées à nos sportifs. Les demandes d’aides et de subventions n’aboutissent jamais, les entrepreneurs ont donc un rôle à jouer dans le sport. »
Ainsi, l’établissement sponsorise divers évènements sportifs et culturels de l’île, tels que la venue des athlètes Nasrane Bacar et Patricia Girard, des basketteurs Florent Piétrus et Benoît Gomis, ou, plus récemment, du trophée de la Coupe du Monde de rugby. Mais le Caribou est aussi l’un des partenaires des concours de beauté Miss Excellence Mayotte, Ambassadeurs Mayotte, Miss salouva
ou Miss Koko. Prochaine étape, « inciter les entreprises et les élus des municipalités et du Département à aider les sportifs via des partenariats, pour qu’ils évoluent à Mayotte puis en métropole. »
Clap Productions
Spots, bourses et opérations bénévoles, l’entreprise Clap Productions n’en finit plus de participer à la société de l’île au lagon, tout en portant haut les couleurs de l’audiovisuel mahorais, un support idéal pour des considérations sociales.
« Pourquoi on n’est pas sélectionnés en entreprise citoyenne ? », questionnait Jacqueline Djoumoi-Guez,
directrice de Clap Productions et nommée dans la catégorie manager l’année dernière. Parce que c’est pour cette année ! L’agence audiovisuelle a su se démarquer dans le paysage mahorais, ces dernières années, en privilégiant les projets sociétaux. « Je fais très peu de projets de divertissement ou des pubs à but consumériste et capitaliste. Je veux traiter de parentalité, d’intergénérationnalité, des droits des femmes, qui me tiennent particulièrement à cœur », explique la directrice. Chaque année, en effet, Clap émet des spots TV bénévoles pour sensibiliser aux droits des femmes, lors de la journée internationale leur étant consacrée.
Mais ce n’est pas tout. L’entreprise finance également une bourse d’étude de 1500 euros à destination de quatre jeunes par an, qui choisissent la voie de l’audiovisuel pour financer leurs caméras, micros, et autres logiciels de montage. Innover socialement, un credo que la société a aussi décliné via la série « Colocs », victime de critiques de la part de la population mahoraise. Pas de quoi décourager l’entrepreneuse et ses équipes, qui se lancent désormais dans la conquête numérique des jeunes de l’île au lagon.
Tand’M
Tand’M est un cabinet d’architectes qui a imaginé et dessiné le nouvel office de tourisme de Petite Terre. Un bâtiment entièrement conçu dans le respect de l’environnement, avec des matériaux recyclés ou éthiques écologiques.
Déjà vainqueur de la catégorie « Entreprises » lors de la quatrième édition des Trophées de l’environnement, Tand’M fera-t-il le doublé lors des Trophées de l’entreprise ? Il faut dire que le cabinet d’architectes ne cesse de piloter des projets sur l’île au lagon. Dernier en date, une école primaire de 24 classes à Trévani, pour laquelle l’agence a été retenue par la ville de Koungou.
Au fil des ans, les architectes de Tand’M ont saisi la nécessité de construire de manière écoresponsable. L’office de tourisme de Petite Terre, déjà construit, en est la preuve. Les professionnels ont proposé un bâtiment respectueux de son environnement et peu énergivore. Le choix des matériaux a été essentiel dans cette démarche. Par exemple, « le bardage est composé d’écailles en
plastique recyclés, symbole de la revalorisation des déchets que l’on trouve malheureusement en masse sur
les plages de Mayotte », indique Mathieu Cozon, l’un des architectes du cabinet. Les professionnels ont également affirmé leur volonté de lutter contre le gaspillage et ont créé une carte de l’île en moquette de pierres concassées, impropres à la construction.
La revalorisation des plastiques en matériaux de construction, qui est aussi prônée par l’agence,
permettra de limiter les exportations de déchets vers l’Europe et les importations de nouveaux matériaux sur l’île, réduisant ainsi l’énergie grise des bâtiments.
Terre de rose
Depuis 2017, Asman Houdjati, la fondatrice de Terre de rose, propose des produits uniques, fabriqués à Mayotte, par elle-même. Bougies de massage, parfums, huiles essentielles et bien d’autres, qui plongent les clients dans un monde parfumé. La gérante est également très engagée dans la cause humanitaire puisqu’elle n’hésite pas à offrir des cadeaux ou une partie de sa recette à ceux qui en ont besoin.
Tout a commencé au moment de la crise sanitaire. Asman Houdjati veut apporter sa pierre à l’édifice et aider le personnel du centre hospitalier de Mayotte. Elle fait donc ce qu’elle fait de mieux. Elle fabrique des bougies de massage qu’elle emballe comme des bonbons et les offre à ceux qui sont au front mais qu’on oublie souvent. « Je voulais absolument que ça soit d’abord pour les femmes de ménage parce que personne ne pensait à elles. J’en ai aussi donné à ceux qui travaillent dans le service réanimation », explique-t-elle. Elle a également donné un lot de bougies aux sapeurspompiers de Mayotte. Asman Houdjati ne s’arrête pas là. Lors d’octobre rose, elle a confectionné des coffrets, et « je reversais 10 euros à l’association AMALCA pour chaque coffret », précise-t-elle.
L’engagement de la gérante de Terre de rose va au-delà des associations. Elle milite également pour la protection de l’environnement à sa manière. « Je vends des diffuseurs à 29 euros et lorsque le client revient avec le flacon vide, je lui fais une réduction de 10 euros. Je fais du recyclage à mon humble niveau. » Asman Houdjati a encore de nombreux projets citoyens qu’elle souhaite réaliser dans les prochains mois, mais elle se dit déjà fière de ce qu’elle a accompli.
Madora
La marque est connue pour ses produits de beauté, de cosmétiques et ses parfums. Mais ce que l’on ne sait pas, c’est qu’elle est également très engagée dans le milieu associatif. Elle soutient diverses associations en finançant leurs projets ou en offrant des cadeaux.
Donner un coup de pouce à ceux qui en ont besoin, c’est l’un des principes de Marcel Rinaldy, le propriétaire de Madora. L’entreprise a de ce fait établi un budget annuel d’environ 50 000€, uniquement consacré aux associations. Celles-ci sont nombreuses. On compte parmi elles : Kawéni nouvelle aire consacré à l’insertion socio-professionnel, Redeca, le collectif 1015, Petit espoir
et bien d’autres. Madora travaille également en partenariat avec les Apprentis d’Auteuil. « On
soutient toutes les demandes de lots qui nous sont faites suffisamment en amont par toutes les associations
», rappelle Marcel Rinaldy. Récemment, il a offert près de 1000 cadeaux aux Femmes Leaders de Mayotte. Sur l’année 2022, toutes associations confondues, les lots donnés s’élèvent à 2500.
Cependant, le chef d’entreprise ne se limite pas seulement aux associations. Pour rappel, la marque
avait soutenu financièrement le projet de la série FBI Mayotte. « Dès qu’on voit la jeunesse mahoraise avec un projet cohérent, on essaye d’être derrière eux. Et dès qu’on voit un projet avec des femmes, on les aide aussi parce que Madora est destiné aux femmes », ajoute le gérant. De plus, Madora propose des stages et des contrats de travail aux jeunes en décrochage scolaire ou éloignés de l’emploi, qui sont suivis par les associations, afin de leur permettre de prendre leur vie en mains.
L'urbanisme et de la construction sont au cœur de ce nouveau webinaire organisé la délégation de Mayotte à Paris (DMP).
La délégation de Mayotte à Paris organise la sixième édition de son webinaire Mayottejobs, ce mercredi, à 17h. L’objectif : informer les Mahorais de l’Hexagone des opportunités d’emploi à Mayotte dans le domaine de l’urbanisme et de la construction, pour mieux leur donner envie de revenir !
Comment attirer les talents à Mayotte ? Comment faire revenir les jeunes Mahorais partis se former à La Réunion ou dans l’Hexagone ? Autant de questions qui animent les dirigeants des principaux pourvoyeurs d’emploi de l’île, qui peinent à dénicher les compétences dont ils ont pourtant grandement besoin… un cluster de l’emploi et du recrutement est même en gestation. Le secteur de l’habitat – particulièrement en tension – n’échappe pas à la règle et a grand soif de main d’œuvre qualifiée. En réponse à cette problématique, la délégation de Mayotte à Paris organise, ce mercredi, la sixième édition de son webinaire Mayottejobs, consacrée aux métiers de l’urbanisme et de la construction. « Il s’agit de faire une photographie de l’emploi à Mayotte, dans ce secteur », renseigne Darouèche Chadouli, en charge de la communication et de la culture à la délégation de Mayotte à Paris (DMP). « La délégation est en position idéale pour faire le lien entre la communauté mahoraise de l’Hexagone et les acteurs économiques de l’île, en particulier sur la question de l’emploi. »
La parole donnée aux grands acteurs du recrutement
Deux interventions sont ainsi prévues : l’une d’Elena Provian, directrice des ressources humaines de la Colas pour la zone Océan Indien & Antilles Guyane, et l’autre de Mohamed Soilihi Ahmed Fadul, le vice-président d’Action Logement Mayotte. La parole sera également donnée aux grands acteurs du recrutement sur l’île, partenaires de l’opération – Pôle emploi, le Centre régional information jeunesse (Crij), la Mission locale ou encore Ranstad et Maestria Recrutement. Les échanges se concentreront sur les métiers liés à l’habitat, en explorant les besoins, les pistes de création d’emploi et d’embauche pour les entreprises, ainsi que les aides des corps d’État et les chambres consulaires. Les questions de formation, de reconversion et les besoins réels en compétences et en main-d’œuvre seront également abordés lors de cette rencontre virtuelle.
Une cinquantaine de personnes ont déjà prévu de participer au webinaire, qui peut encore accueillir du monde.
Lien pour s’inscrire au webinaire : forms.office.com/r/dAcNAuqMuC
Maladie vectorielle dangereuse pour la santé, le paludisme (dont c’est la journée mondiale de lutte ce mardi) est présent à Mayotte, tout comme la dengue. Avec la saison des pluies, l’Agence régionale de santé a d’ailleurs relancé une campagne de sensibilisation à la lutte antivectorielle.
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Le paludisme de plus en plus actif à Mayotte
Le 25 avril, c’est la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Cette maladie vectorielle débute, chez une personne non immunisée, de huit à trente jours après la piqûre infectante. Elle commence avec de la fièvre et peut, ou non, s’accompagner de maux de tête, douleurs musculaires, d’un affaiblissement, de vomissements, de diarrhées et de toux. On peut également observer une alternance de cycles de tremblements, fièvre et transpiration intense. Aucun traitement durable n’a encore été trouvé.
En ce qui concerne Mayotte, le paludisme est toujours présent. Ces deux dernières années, entre le 1er janvier 2021 et le 31 décembre 2022, 53 cas importés (les malades ayant attrapé la maladie à l’extérieur du territoire) ont été signalés. Aucun chiffre n’a encore été communiqué pour 2023 dans un département qui tente de l’éliminer depuis 2014.
La dengue toujours suivie de près
Alors que les cas d’infection au paludisme augmentent, de moins en moins de cas de dengue aussi importés sont signalés. C’est aussi une maladie vectorielle qui se transmet par piqûre de moustique. Même si la plupart du temps elle est asymptomatique, la forme habituelle se manifeste par une fièvre brutale associée à des douleurs et une éruption cutanée. Dans de rares cas, des complications graves et parfois mortelles peuvent survenir. Les symptômes qui doivent alerter : fièvre, maux de tête, douleurs articulaires et/ou musculaires, sensation de grande fatigue et éruptions cutanées.
Il n’existe aujourd’hui aucun traitement spécifique ni aucun vaccin pour combattre cette maladie. En 2020, une épidémie majeure de dengue a touché Mayotte, avec plus de 4.305 cas documentés. Depuis 2021, la déclaration de cas reste faible, mais la maladie suscite toujours une attention particulière de l’Agence régionale de santé.
La sensibilisation continue
Pour combattre justement le développement de maladies comme la dengue ou le paludisme, l’ARS Mayotte a de nouveau lancé une campagne de sensibilisation auprès de la population, sur les maladies vectorielles. Leur objectif : réduire la quantité de moustiques en détruisant les gîtes larvaires. Elle estime « le risque modéré » dans son dernier bilan de sa campagne de porte-à-porte (près de 2.000 domiciles visités chaque semaine), ce vendredi 21 avril.
L’agence rappelle que pour se protéger contre les maladies vectorielles, il faut « utiliser de l’insecticide, rester dans des endroits fermés et climatisés ». A l’extérieur, il faut « éviter les eaux stagnantes, vider les récipients contenant de l’eau, couvrir les réservoirs d’eau hors d’usage, changer l’eau des plantes et fleurs chaque semaine et vérifier le bon écoulement des gouttières ».
Afin de ne pas prendre de risques en allant dans des zones où le paludisme est actif, elle conseille aussi de consulter son médecin avant le départ.
Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a tenu sa première conférence de presse au sujet de l'opération Wuambushu, à Tsoundzou 1, ce lundi après-midi.
Ce lundi après-midi, à Tsoundzou 1, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet a souhaité s’exprimer sur l’opération Wuambushu. Au cours d’une conférence de presse, il est revenu sur les thèmes de la sécurité publique, de l’habitat informel et des relations diplomatiques avec les Comores. Il a estimé qu’« aujourd’hui, on est sur ce qu’on voulait faire, c’est-à-dire être présent avec des renforts en nombre important ». Une présence justifiée pour pouvoir intervenir « là où il y en a besoin ».
Le délégué du gouvernement a également averti que les opérations allaient « continuer à monter en puissance » au cours de cette semaine et des semaines à venir. Et il a souhaité se montré volontaire : « ce qui est sûr, c’est que les opérations que nous menons aujourd’hui, de lutte contre la délinquance et de lutte contre l’habitat insalubre, avec leurs conséquences sur l’immigration clandestine, on ne les arrêtera pas ».
La communauté d’agglomération de Dembéni – Mamoudzou informe par un communiqué que compte tenu de la situation actuelle, la Cadema invite ses usagers à consulter régulièrement la page d’accueil du site internet : https://caribus.mobilite.yt/ pour rester informés. La sécurité des voyageurs étant une priorité, le trafic des navettes risque d’être fortement perturbé cet après-midi ainsi que le mois à venir. Les informations pratiques sur la circulation des navettes seront actualisées tous les jours.
Depuis ce week-end, plusieurs affrontements ont éclaté à Tsoundzou 1 et 2 entre les forces de l’ordre et des bandes de jeunes. Une quarantaine d’entre eux, armés de machettes et de pierres, s’en prennent aux automobilistes en raison de l’imminence des opérations décasages et des expulsions en cours de personnes en situation irrégulière. Dimanche soir, par exemple, ce sont les habitants des quartiers à proximité de la route nationale qui ont été menacés et des commerces saccagés. La police municipale et la police municipale sont intervenues à maintes reprises pour repousser les assaillants sur les hauteurs. C’était à nouveau le cas, ce lundi matin, dès 5h. Quelques heures plus tard, en milieu de matinée, c’est un véhicule de type poids lourd de l’entreprise MAP (Maore assainissement propreté) qui a été incendié et un nouveau barrage de déchets installé au carrefour du Tsoundzou 1. L’intervention des forces de l’ordre sur site a permis de faire reculer le groupe d’individus, qui est désormais perché en hauteur derrière le collège Kwalé. Une opération de sécurisation est en cours pour faciliter l’intervention des services techniques, des pompiers et de la population. Une autre partie des policiers est partie en direction de Kwalé.
L’opération « Wuambushu » provoque les critiques de syndicats, d’associations et de partis politiques. D’autres, notamment les élus locaux, ont choisi de soutenir l’initiative du gouvernement.
Les grandes manœuvres à Mayotte contre l’immigration illégale suscitent l’attention des médias nationaux et également des partis politiques. Une partie d’entre eux, ainsi que des syndicats, ont rappelé leurs positions via des communiqués.
Des lieux sont réquisitionnés pour servir de locaux de rétention administrative, comme ici la MJC de M’tsapéré qui pourrait accueillir quarante personnes jusqu’à la fin du mois de juin.
Les Républicains : un soutien de la part de la fédération locale
« Lors des questions au Gouvernement la semaine dernière au Sénat, l’État, par le biais de son ministre délégué aux Outre-Mer a pour la première fois pris la parole est confirmé l’opération dite « Wuambushu » visant à lutter contre l’immigration clandestine et détruire les bidonvilles. Jusqu’alors, le gouvernement n’avait jamais confirmé cette affaire. Le parti Les Républicains – Fédération de Mayotte – a depuis longtemps demandé, notamment par la voie (voix) de Monsieur Mansour Kamardine, député de Mayotte, une telle mesure. Aujourd’hui, force est de constater que nous avons enfin été entendus et nous ne pouvons que nous en réjouir. Nous tenons ici à affirmer de manière la plus solennelle que nous soutenons activement cette opération et invitons le gouvernement à l’amplifier et à la pérenniser au-delà de ces deux mois programmés. Aussi, à chaque fois que le gouvernement proposera des mesures ou des actions qui vont dans le sens des attentes et besoins des Mahorais pour garantir le développement de notre jeune département, dans quelque domaine que ce soit, nous lui apporterons notre soutien.
Par ailleurs, notre Fédération tient à préciser qu’elle a toujours été force de proposition, et que les différentes solutions ou alternatives proposées par notre parti au gouvernement concernant les sujets liés à l’immigration clandestine et à l’insécurité restent inchangées : la destruction des bidonvilles, qui constituent des zones de non-droit ou sévies toutes formes de violences (trafiques de drogues, proxénétisme, meurtres, prostitution, …) avec une insalubrité déplorable qui peuvent avoir des conséquences écologiques, environnementales et sanitaires irréversibles pour le territoire de Mayotte et sa population ; la récupération et la restitution de tous les terrains qui ont été expropriés à l’État, au Département, aux communes et aux mahorais ; l’expulsion systématique et aucune régularisation pour les personnes rentrées en situation irrégulières sur le territoire ; l’ouverture sur tout le reste du territoire national des titres de séjour délivré par la Préfecture de Mayotte ; la sécurisation de nos frontières maritimes ; le respect et l’acceptation définitive par les Comores de l’appartenance de Mayotte à la République Française ; le traitement des demandes d’asile et de séjour directement depuis le pays d’origine ; le respect par le gouvernement comorien sur les accords mutuels cosignés avec la France sur la lutte contre l’immigration clandestine ; la mise en place pour Mayotte par le gouvernement, d’un moratoire de cinq ans sur l’instruction et la délivrance des titres de séjour et demandes d’asile.
Il est temps que Mayotte retrouve un visage digne d’un vrai département français. La prolifération des cases en tôle avec une population entière en situation irrégulière contribue au sous-développement de notre territoire. La reconduite aux frontières par le biais de l’opération Wuambushu permettra à Mayotte de se stabiliser afin d’asseoir un vrai développement. Pour nous, l’opération n’est pas une haine contre les étrangers, mais une lutte pour améliorer les conditions de chacun dans le respect des lois qui régissent notre nation. Les Mahorais sont actuellement des populations de seconde zone sur leur propre territoire. Il est temps que cela change. La politique du grand remplacement doit cesser. La Fédération Les Républicains de Mayotte réaffirme tout son soutien à cette opération et aux mahorais, et sa détermination à lutter efficacement contre l’immigration clandestine. Les territoires de l’Outre-mer font la grandeur de la France, ils font partis de la République française et doivent être considérés et respectés par tous. »
Europe Écologie-Les Verts : EELV exige l’arrêt immédiat de l’opération Wuambushu
« Mayotte 101ème département français, depuis 2011, vit au rythme des annonces et des promesses de l’Etat français, alors que les situations sociales, économiques, sanitaires, institutionnelles, environnementales et sécuritaires demeurent chaotiques. Un important retard de moyens structurels associés à une précarité qui s’est généralisée, fait qu’aujourd’hui Mayotte connaît des tensions communautaires qui ne cessent de s’agrandir attisées par le pouvoir et les conflits autour de la problématique migratoire. Face à cette réalité, le Ministre Gérald Darmanin prévoit le 21 avril 2023 une opération de destructions massives de bidonvilles, de décasage et d’expulsions «d’étrangers en situations irrégulières », après le ramadan, sous le nom de code : Wuambushu.
Des forces de l’ordre et leurs unités d’élite sont massivement mobilisées pour permettre l’expulsion de 250 à 280 personnes par jour. Avec une mise en scène à grand spectacle, minutieusement orchestrée, tout laisse à penser que le ministre de l’Intérieur compte faire de Mayotte une terre d’expérimentation sécuritaire ! Pourtant cette stratégie du tout sécuritaire n’a fait que prouver qu’elle était inefficace et injuste pour ramener la paix et la sécurité sur place et elle est un nouvel aveu de la politique hors sol réalisée par ce gouvernement.
Nous ne pouvons accepter que la violence constitue la seule réponse à la situation de ce territoire. Nous estimons que le sous-développement est entretenu à Mayotte depuis longtemps par l’Etat français, comme il est maintenu dans de nombreux autres territoires ultramarins. Les flux migratoires vers Mayotte ne peuvent être détachés de la pauvreté des Comores et de Madagascar, de la mauvaise qualité des services publics de santé et d’éducation de ces pays voisins. Nous condamnons donc cette opération violente qui participe à stigmatiser des populations démunies, en distillant la haine et qui entrainera des violations massives des droits humains. Nous sollicitons la mise en place immédiate d’un plan Marshall pour l’archipel afin de réhabiliter les services publics à Mayotte et de soutenir ce développement dans les îles des Comores.
En conséquence, EELV exige l’arrêt immédiat de l’opération et demande la mise en place dans l’urgence d’une commission parlementaire. Celle-ci aurait pour mission d’évaluer la situation dans sa globalité, de faire des préconisations adaptées à la situation actuelle de crise et de dégager un accord-cadre avec l’État des Comores. »
CGT, FSU et Solidaires : contre l’opération et pour un meilleur accès aux droits
« Nos organisations syndicales CGT, FSU et l’Union syndicale Solidaires s’inquiètent fortement de l’opération Wuambushu, organisée par Gérald Darmanin et validée par Emmanuel Macron, prévue à Mayotte à partir du 21 avril. Cette opération prévoit de détruire massivement des habitats précaires et de multiplier les arrestations et les expulsions quotidiennes jusqu’à plusieurs centaines de personnes migrantes issues des îles voisines. Les destructions visent 5.000 personnes dans 1.000 « bangas », soit 10 % des habitats en tôles dans lesquels vit la moitié de la population de Mayotte. Nous craignons, à l’instar de nombreuses organisations internationales et nationales (CNCDH, UNICEF, LDH notamment) la multiplication des violences et des atteintes aux droits.
Or la situation à Mayotte, département français d’environ 300 000 habitants est déjà catastrophique : 80 % des habitant-es vivent sous le seuil de pauvreté et de nombreuses mesures d’exception sont la règle : le manque d’écoles oblige à accueillir les enfants par demi-journées et plus de 6000 enfants ne sont pas scolarisés ; des milliers d’enfants sont enfermé-es en centres et locaux de rétention administrative (CRA et LRA) et certain-es ont été expulsé-es vers les Comores malgré plusieurs condamnations de la Cour européenne des droits de l’Homme, des mineur-es revenant de l’école se sont retrouvé-es sans logement et ne sachant pas où leurs parents se trouvaient, ceux-ci faisant l’objet d’éloignements expéditifs et abusifs.
Dans un rapport d’information, la commission des affaires sociales du Sénat parle d’un « système de soins à bout de souffle » : à Mayotte 45 % des habitants de plus de 15 ans déclarent avoir dû renoncer à des soins en 2019, la protection universelle maladie (PUMa) n’y est pas applicable, ni la complémentaire CMU-C, le nombre de lits disponibles est très en-deçà des ratios (à peine 40 % de la moyenne hexagonal) et l’Aide Médicale d’État, système de santé pour les personnes sans papiers ne s’applique à Mayotte. L’accès aux demandes d’asile est très compliqué et 86% des demandes d’asile sont rejetées. 10 avocats pour 100.000 habitants, contre 103 pour 100.000 en métropole. Plus de 20.000 le nombre de personnes ayant perdu la vie en tentant la traversée depuis les îles voisines depuis 1995, année de l’entrée en vigueur du « visa Balladur » (qui restreint la circulation vers Mayotte depuis les Comores et qui ne donne pas la possibilité de se rendre à La Réunion ou dans l’Hexagone). Des bacheliers titulaires de ce visa ou sans papiers sont privés d’étude en métropole. Plus de 1.800 habitations détruites, ce qui concerne plus de 8.500 personnes, depuis la fin de l’année 2020. L’accès aux droits est mis à mal par l’absence de moyens humains et matériels.
La CGT, la FSU et l’Union syndicale Solidaires appellent le gouvernement à arrêter toutes les mesures répressives. Ce qu’il faut à Mayotte c’est l’égalité des droits (y compris pour les étrangers) et d’accès aux services publics et de réels moyens pour la santé, l’éducation et le logement pour l’ensemble de la population. »
Vous souhaitez vous installer en agriculture ? Rendez-vous le mardi 25 avril prochain dès 9h, à la salle du conseil, dans les locaux de la CCSUD (Ancienne Mairie de Bandrélé) – Communauté de Communes du Sud de Mayotte. Une réunion est organisée à destination des personnes qui souhaitent s’installer et développer une exploitation viable, vivable et durable.
Nous aborderons les étapes indispensables à l’installation, les aides financières existantes, les modalités pour la maitrise foncière et les dynamiques de filières sur le territoire notamment. Inscriptions et information au 0639633339, au 0639259285 ou pai.mayotte@outlook.f
Jean-Marc Battigello, directeur régional, a présenté le bilan d’activité 2022 de Bpifrance La Réunion-Mayotte. Il est revenu sur l’accompagnement des entreprises de son territoire par Bpifrance dans un contexte de relance, avec des soutiens prioritaires à l’industrie, à l’innovation technologique et à la transition énergétique et environnementale. En 2022, Bpifrance La Réunion-Mayotte a soutenu 746 entreprises à hauteur de 286 M€, permettant de mobiliser 618 M€ de financements publics et privés.
Une croissance de +9 % est à noter du financement moyen et long terme en Réunion-Mayotte, avec 127 M€ injectés dans 174 entreprises pour financer des projets de développement. Les Prêts Sans Garantie, produit phare du réseau de la banque, représentent 70 M€ (+ 15% par rapport à 2021) décaissés en faveur de 163 projets de développement, dont 1,4 M€ de Prêts Climat qui ont permis de financer des projets améliorant l’impact environnemental et énergétique des entreprises. Reprise de la dynamique du financement court terme (+24%) avec 122 M€ déployés. Aussi, une baisse de l’activité de Garantie en 2022 en Réunion-Mayotte. Le nombre d’entreprises bénéficiaires est lui en hausse de +19%.
L’Apec, (Association pour l’emploi des cadres), réaffirme sa présence sur l’ensemble des territoires ultramarins et propose désormais ses services de conseils aux jeunes diplômés et cadres mahorais. L’Apec se mobilise également pour que les TPE-PME de l’île, confrontées à de très fortes difficultés de recrutements, trouvent les compétences dont elles ont besoin pour se développer.
Durant deux jours, les équipes de l’Apec sont allés à la rencontre des différents acteurs de l’écosystème local. Au cours de cette visite, l’Apec a échangé avec Pôle Emploi, le Medef, la Cci et la FMBTP (Fédération mahoraise du bâtiment et travaux publics) afin de mieux comprendre leurs enjeux et leurs besoins en recrutements de cadres. « Nous réaffirmons notre volonté de favoriser la recherche d’emploi, la mobilité professionnelle et la formation des jeunes diplômé.es et cadres mahorais et d’aider les entreprises de l’île à recruter les compétences qu’elles recherchent. Cette visite à Mayotte est une occasion unique de mieux comprendre les enjeux locaux pour mieux y répondre », note Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec.
L’Apec Réunion Mayotte renforce ses équipes. Afin de répondre aux enjeux de l’emploi cadre du territoire, les équipes de l’Apec se renforcent. Azim AKBARALY, consultant en développement professionnel, et Lauriane TARLEY, conseillère clients, rejoignent les équipes d’Indira CAMALON, afin d’accompagner au mieux les jeunes diplômé.es et cadres, y compris les publics les plus éloignés de l’emploi, et les entreprises de La Réunion et de Mayotte.
Après de nombreuses alertes d’habitants sur le développement d’un réseau impliquant des prostituées malgaches, la gendarmerie de Mayotte a lancé un vaste coup de filet ces derniers mois. « Les premières investigations confirmaient que les voyages de ces jeunes femmes vers Mayotte étaient financés par une femme qui les hébergeaient à leur arrivée, moyennant remboursement du voyage et paiement d’un loyer, tout en les encourageant à se prostituer pour y parvenir », annoncent les militaires sur leur page Facebook. Il y a deux mois, la tenancière était interpellée en compagnie de sept jeunes femmes malgaches dont cinq en situation irrégulière.
Quatre gérants d’établissements du sud du département, à Chirongui et Bandrélé, liés à ce trafic ont été aussi identifiés. Ils ont été interpellés, dans la nuit de samedi à dimanche, « au terme d’investigations minutieuses effectuées dans le cadre d’une seconde enquête préliminaire, grâce à 66 militaires de la section de recherches, de la compagnie de Koungou et des escadrons déplacés, appuyés par l’équipe cynophile ». Ils sont actuellement en garde à vue et entendus par les gendarmes.
Ce dimanche midi, des bandes de jeunes ont barré la route nationale à Tsoundzou 1, au niveau du stade en travaux. Les forces de l’ordre sont arrivées rapidement. Police municipale, police nationale, puis des CRS ont été dépêchés sur place. Sous l’avalanche de pierres, ils ont rapidement repoussé les agresseurs vers l’intérieur des terres, le long de la vallée de la Kwalé. Des dizaines de grenades lacrymogènes ou de désencerclement ont été tirées. Le stationnement des forces de l’ordre au carrefour du stade a permis la réouverture de la route en début d’après-midi.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, avait promis une grande opération aux Mahorais. Ici en août 2022, à Dzaoudzi, aux côtés de Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer, et Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte.
Flash Infos : Qu’attendez-vous de cette opération ?
Safina Soula : Alors personnellement, j’attends beaucoup de choses. Je suis peut-être naïve, inquiète aussi, mais j’ai besoin de cette opération pour qu’on voit appliquer nos revendications de 2018. L’État s’est décidé à y aller, on ne peut plus et on ne doit plus faire machine arrière. On attend concrètement que la population [présente à Mayotte de manière irrégulière] soit renvoyée chez elle. Il y a une surpopulation qui est évidente. Anjouan est une île à côté, où il y a une situation de pauvreté. Mais on doit sauver celle qui est ici. Si on continue dans cette voie, à les laisser s’installer ici, on va créer d’autres conflits dans le futur. Avec 80% de naissances d’enfants qui ne sont pas Français, Mayotte dans quinze ou vingt ans sera une île comorienne.
F.I. : Comment voyez-vous Mayotte dans trois mois ? Et que pensez des chiffres annoncés (1.000 cases démolies et 10.000 expulsés en deux mois) ?
S.S. : Aucune idée. Ce n’est rien du tout 1.000 cases. J’aurais préféré un plan global, raser toutes les cases en tôle existantes. Ça, au moins, on comprendrait. Raser une petite moitié juste pour nous amadouiller un peu, ça ne servira à rien. Il faut se donner des objectifs réalisables, la France peut le faire. Il faut que la réponse soit à la hauteur de la population française de Mayotte. Sur l’idée initiale de 20.000 expulsions, je pense qu’ils auraient pu maintenir cette fermeté.
F.I. : Vous savez qu’au cours de précédentes opérations de décasage, des bandes s’en sont pris aux Mahorais. Est-ce que ça ne vous inquiète pas ?
S.S. : Je ne crains pas cette opération. Je l’ai voulue, je l’ai demandée, je la soutiendrai jusqu’au bout. Des débordements, il y en aura. Des menaces, il y en a et il y en aura toujours. Ça montre de quel côté est la violence. Pour la France, il faut qu’elle montre qu’elle est là. On parle du Raid, de 1.000 gendarmes et policiers. Il ne faut pas oublier que la France est une puissance mondiale. Si cette opération foire, ça sera la honte pour elle, on va dire qu’elle n’est même pas capable de sauver l’une de ses terres.
F.I. : Pour en venir aux flux migratoires, Madagascar et les Comores font partie des pays les plus pauvres du monde. Peu importe les opérations, est-ce que ces flux vont tout simplement continuer à exister ?
S.S. : Non, je ne pense pas. C’est vrai que Mayotte attire, c’est la France et même l’Europe. Il faut aider ces territoires à se développer. Dans le cas des Comores, il faut que la France soit plus ferme, en leur disant qu’elles sont responsables de leur population. Il faut des sanctions à l’égard des autorités comoriennes. Elles ne peuvent pas continuer à s’assoir sur l’argent français (N.D.L.R. la France verse 150 millions d’euros sur trois ans dans le cadre du dernier accord de coopération régionale) et pousser sa population à l’exil. Il faudra que les Comores construisent des écoles, qu’elles soignent sa propre population.
F.I. : Concernant les Comores justement, est-ce qu’il n’y a pas une éternelle posture avec Mayotte (lire par ailleurs) ?
S.S. : Diplomatiquement, ils sont en train de chasser l’ambassade de France. Pourquoi ? Parce que la France maintient une opération chez elle ? Le problème est que la France se rabaisse par rapport aux Comores, ça a souvent été comme ça. On n’est pas d’accord, il est temps que les autorités comoriennes récupèrent ses compatriotes. Il faut les aider à s’installer là-bas et que les instances internationales mettent le pouvoir comorien face à responsabilités. C’est trop facile d’accuser les Mahorais de tous les maux, alors qu’on inverse les rôles. Ce sont nous les victimes. Je rappelle qu’on ne va plus dans nos champs parce qu’on a peur.
S.S. : La France a les moyens de fermer sa frontière, elle n’est pas si grande que ça. Sur la marine nationale, dans l’océan Indien, elle est aujourd’hui basée à La Réunion. Il faut nous doter des mêmes moyens. Si on a déjà des gros bateaux, on pourra dissuader les arrivants. Ce ne sont pas des petits kwassas qui vont emmerder le monde. Il faut également qu’on sanctionne financièrement ceux qui sont complices de cette immigration. On doit aussi être présent aux Comores pour qu’on soit sûr que les personnes soient bien renvoyées.
F.I. : Dans l’immigration illégale, il y a aussi des Mahorais qui en profitent. Quel est votre avis là-dessus ?
S.S. : Vous parlez des marchands de sommeil. Nous, on demande des sanctions contre ces gens-là. On a fait des propositions à la préfecture de Mayotte. Il faut responsabiliser ceux qui donnent des faux papiers. Il faut aussi impliquer les mairies, qu’elles confirment les attestations d’hébergement qui sont présentées à la préfecture de Mayotte.
F.I. : Est-ce que vous comprenez que votre volonté d’expulser les immigrés ne soit pas toujours comprise ?
S.S. : On demande qu’il y ait une immigration contrôlée, choisie. On ne doit pas nous traiter de raciste, de xénophobe ou d’extrême-droite. Je suis désolé, par moments, on doit tenir des discours réalistes, on n’est pas dans un film. Mayotte est dans une situation compliquée. Pour nous, cette opération est nécessaire pour son développement économique. L’île a besoin d’une élite, des hôpitaux, des universités pour le futur de nos enfants. Je rappelle que ce ne sont pas les Mahorais qui attaquent la population, ce ne sont pas les Mahorais qui attaquent les écoles. On veut nous diaboliser en disant qu’on n’aime pas notre frère comorien, mais est-ce qu’il nous aime lui ?
F.I. : Justement, on a l’impression que ce développement se met en marche, mais qu’il y a deux sociétés qui cohabitent et le vivent différemment.
S.S. : Effectivement, il y a deux communautés qui n’arrivent pas à s’entendre. L’État peut mettre tous les moyens qu’il veut, tant que la population comorienne arrivera ici, on ne pourra rien faire. On le voit dans nos écoles. Beaucoup d’enfants scolarisés ne sont pas Français, l’hôpital est devenu un hôpital pour soigner les Comoriens. Les Mahorais ne vont plus dans les dispensaires. Pareil pour nos enfants qu’on doit envoyer à La Réunion ou en métropole.
F.I. : On a cette impression que les Comoriens nés ici se retrouvent dans une impasse administrative. Qu’est-ce que vous préconisez ?
S.S. : Aujourd’hui, on donne des papiers où il est écrit République française de Mayotte. C’est ce que j’appelle des « demi-papiers ». Il faut qu’on donne des vrais à celui qui peut étudier ailleurs, qu’il ait sa chance dans un autre département français, qu’il puisse suivre une vraie formation. A La Réunion, il y a beaucoup de d’offres dans les métiers du bâtiment, pareil en métropole. On peut envoyer ces gamins-là, qu’ils ne soient pas bloqués ici.
F.I. : Vous avez sans doute entendu les critiques émanant de la communauté comorienne ?
S.S. : L’opinion comorienne, c’est une opinion truquée, de bandits, basée sur de l’argent et de la manipulation. Ils se contentent de demander à la France de les héberger, alors qu’à Mayotte, on n’a pas les structures d’accueil suffisantes. Il faut remettre dans son contexte, ils sont arrivés et se sont accaparé les terrains d’autrui. Il faut qu’on récupère notre foncier, nos champs. Aujourd’hui, on veut récupérer notre dû.
F.I. : Les associations d’aide aux droits des étrangers sont critiquées de manière virulente à Mayotte. Qu’est-ce que vous leur reprochez ?
S.S. : Je trouve qu’elles sont hypocrites. Elles ne veulent pas que la situation change, c’est ce qu’il les fait vivre. Elles ont besoin que le système perdure. Parmi la population mahoraise, on a des pauvres aussi. Pourquoi on ne s’occupe pas d’eux ? Je ne crois pas dans le bien-fondé de ces associations.
F.I. : Est-ce qu’elles ne sont pas contre cette opération parce qu’elles pensent qu’elle ne va pas régler le problème ? Que si on détruit les bidonvilles ici, il y en aura d’autres ailleurs.
S.S. : On a besoin de notre territoire. Nous, on est ici toute notre vie. Ils ne sont que de passage. Ils peuvent difficilement nous dire ce que l’on doit faire. Pour moi, il faut au contraire que l’État demande des comptes à ces associations-là sur ce qu’elles font.
Jeudi 27 avril, à partir de 9h, rassemblement des collectifs locaux au terrain de foot de Chirongui pour soutenir l’opération Wuambushu.
Gérald Darmanin veut s’attaquer à l’islamisme radical
Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, est sorti du silence au sujet de l’opération, dans les colonnes du Figaro, ce vendredi. Outre des éléments de contexte pour expliquer l’origine de cette opération, il a rappelé quels effectifs ont été envoyés à Mayotte : « Quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS8, spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, au total 510 membres des forces de l’ordre ». Ce n’est pas tout, il affirme dans les colonnes du quotidien classé à droite que « les notes de renseignements évoquent la volonté d’expansion de l’islamisme radical, notamment à Mayotte, une terre d’islam modéré ». Au sujet des décasages, il promet que « les Mahorais ne sauraient être délaissés : ils ne sont pas des « sous-Français ». Ces « bangas » (sic) servent aussi de refuges aux bandes criminelles, parallèlement au recel d’objets volés et à tous les trafics, d’armes, de drogue. Nous allons détruire l’écosystème de ces bandes criminelles, qui utilisent les migrants, et mettre fin aux complicités qui existent au sein même du territoire mahorais ». Il fait ainsi référence aux fausses déclarations de paternités et « aux faux documents en tout genre ».
Des menaces sur les réseaux sociaux
A quelques jours de l’opération, des menaces contre la population mahoraise ont circulé sur les réseaux sociaux. C’est le cas par exemple avec le post d’un jeune Anjouanais qui a été abondamment relayé. « Si vous voulez vous battre contre nous, vous pouvez venir. S’il n’y avait pas la police qui vous protège avec vos bouches de chien, on viendrait vous tuer », éructe-il à l’écran, à grand renfort d’insultes. La police mahoraise indique qu’une enquête judiciaire a été confiée au groupe d’investigations spécialisées (GIS) de la police judiciaire de Mayotte. Le détenteur du compte incriminé a été interpellé et placé en garde à vue, le mardi 18 avril. Un autre jeune homme a été également placé en garde à vue, le lendemain, après s’être rendu au commissariat. « Entendus, ils reconnaissaient l’intégralité des faits : la propriété du compte pour le premier et les propos incitant à la violence pour le second », rapporte la police. Ils ont été jugés en comparution immédiate, ce vendredi. L’auteur des propos a été condamné à 280 heures de travaux d’intérêt général. Le Parquet, qui demandait six mois de prison ferme, a fait appel de la décision.
Les trois médaillés d’or de 2019, dont le judoka Rudolphe Méchin, défendront à nouveau Mayotte.
Du 25 août au 3 septembre prochain, se tiendra la onzième édition des Jeux des Îles de l’Océan Indien, à Madagascar. La rédaction se mobilise en préparation de l’événement en vous proposant régulièrement des articles sur le sujet. Et l’enjeu est de taille, Mayotte sera représentée dans 19 disciplines, un record ! Fahdédine Madi Ali, le directeur du Comité régional olympique et sportif (Cros) de Mayotte, est optimiste quant à nos chances de médailles.
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L’ex-lanceur de javelot, Fahdédine Madi Ali, est le directeur du Comité régional olympique et sportif (Cros) de Mayotte depuis 2022.
Au tennis de table, Kilomo Vitta remet son titre en jeu lui aussi.
Flash Infos : Dans quelles disciplines défendrons-nous nos couleurs à Madagascar, et comment celles-ci ont été choisies ?
Fahdédine Madi Ali : Aujourd’hui, nous comptons faire concourir Mayotte dans 19 disciplines (voir encadré) – ce qui représente environ 465 athlètes. Cela dit, nous avons fixé des conditions de participation : au-delà d’exister sur le territoire, nous avons demandé à chaque discipline de présenter un programme de préparation incluant au moins une compétition à l’échelle de l’océan Indien, pour se confronter à d’autres équipes. L’idée n’est pas d’envoyer des touristes à Madagascar. Nous n’exigeons pas non plus que tout le monde ramène une médaille d’or, mais que chacun soit en condition de représenter dignement les couleurs de Mayotte ! Notez que nous incluons dans ces 19 disciplines le volley-ball et le beach-volley, qui ont communiqué sur le fait qu’ils n’enverraient pas d’équipes, mais qui pour l’heure ne nous ont pas adressé de courrier officiel en ce sens.
F.I. : Comment le Cros prépare-t-il ces Jeux ?
F.M.A. : L’île organisatrice – en l’occurrence Madagascar – met en place un Coji (Comité d’organisation des Jeux des Îles) qui supervise tout : règlements techniques et généraux, préparation de l’événement, etc. Notre rôle est de relayer les informations du Coji à l’échelle du territoire. Au niveau de Mayotte, nous avons mis en place un comité de pilotage composé de l’ensemble des présidents de ligues des disciplines qui figurent aux Jeux. A partir de là, chacun a pu décider de se présenter ou non : en fonction du niveau sportif, de la structuration de la discipline à l’échelle du territoire, ou des moyens. Je prends l’exemple de la voile, qui s’est vite retirée, ayant conscience de ne pas être suffisamment préparée.
F.I. : Quelles sont les ambitions de résultats pour cette édition malgache ?
F.M.A. : Je ne vais pas m’avancer sur le nombre de médailles, mais l’objectif est de toujours faire mieux qu’aux Jeux précédents. Le classement se fait au nombre de médailles d’or, et en 2019 nous en avons décroché trois. Nos champions de la dernière édition seront là pour défendre leur titre : Rudolphe Méchin en judo, Kilomo Vitta en tennis de table et Ali Soultoini au lancer de javelot. A ceux-là, s’ajoutent des jeunes qui arrivent en force et qui, pour certains, ont fait leurs preuves au niveau national. On compte sur eux pour faire monter le nombre de médailles. En athlétisme, on a de très bons éléments qui peuvent prétendre à plusieurs médailles. Au niveau du basket, c’est également très prometteur… Et puis nous concourrons dans de nouvelles disciplines : l’haltérophilie, par exemple, s’est structurée avec la création d’une ligue mahoraise, et sera représentée aux Jeux. Dans l’ensemble, nous sommes très optimistes !
F.M.A. : Pendant les Jeux de Madagascar ! C’est à ce moment-là que se tiendra le vote
La liste des 19 disciplines où Mayotte pourrait concourir
Selon le Cros (Comité régional olympique et sportif) de Mayotte, la délégation mahoraise devrait concourir dans les disciplines suivantes à Madagascar :
Athlétisme
Badminton (première participation)
Basketball 3×3 (première participation)
Basketball 5×5
Beach soccer (première participation)
Beach-volley (première participation)
Cyclisme
Football
Haltérophilie (première participation)
Handball
Judo
Karaté (première participation)
Kick-boxing (première participation)
Pétanque (première participation)
Rugby à 7
Taekwondo (première participation)
Tennis
Tennis de table
Volley-ball
Wikipédia attribue déjà les Jeux des Îles 2027 à Mayotte
Sur la page Wikipédia consacrée aux Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), surprise ! La liste des différentes éditions qui y est dressée attribue d’ores et déjà la douzième (2027) à Mayotte ! Pour rappel, Wikipédia est une encyclopédie participative ; elle se nourrit des contributions des internautes. Visiblement, l’un d’eux – visionnaire ou petit blagueur – n’a pas patienté jusqu’à la délibération finale du conseil international des Jeux pour nous décerner la tant attendue organisation des JIOI 2027.
Gaëlle Lefer Sauvage et Cendrine Mercier, toutes deux enseignantes-chercheuses respectivement au Centre universitaire de formation et de recherches de Mayotte et au Centre de recherche en éducation de Nantes, sont membres de l’équipe de l’étude sur l’insertion professionnelle et de la construction vocationnelle des jeunes en situation de handicap.
Des chercheurs du centre universitaire de formation et de recherches (CUFR) de Mayotte ont initié le projet MayMobPro (Mayotte mobilité professionnelle) dans l’objectif de traiter le sujet de l’insertion professionnelle et de la construction vocationnelle des jeunes en situation de handicap en lycée professionnel. Lancé en 2020, ce projet d’étude, qui a pour but d’aboutir à des pistes de réflexion, arrive à son terme.
Pendant deux ans, les élèves du dispositif Ulis ont réalisé un film sur leur parcours de formation et leurs stages.
Selon des études, le choix de carrière et la construction de l’identité professionnelle sont des mécanismes longs, plus prononcés pour les jeunes en situation de handicap. Le projet MayMobPro a vu le jour dans le but d’étudier le comportement de ces jeunes et de comprendre leur projection dans le monde professionnel. Afin de mener ce projet, financé par la Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap (FIRAH), les adolescents du dispositif Ulis (Unité localisée d’inclusion scolaire) en lycée professionnel ont été suivi lors de leurs stages, de leurs ateliers et de leur formation professionnelle. « On regarde comment ils se construisent », explique Gaëlle Lefer Sauvage, enseignante-chercheuse au CUFR, à l’origine de cette étude.
Une valorisation du travail
La méthode de recherche est particulière, « car nous sommes en même temps sur une méthode expérimentale, où l’on teste une application de vidéo montage et en même temps, sur une méthode très immersive, quasiment anthropologique », ajoute-t-elle. En effet, pour cette étude, des outils numériques ont été utilisés. Ce choix se justifie par le fait que ces outils participent « à une vraie compensation pour des difficultés ou problèmes d’accessibilité à des besoins pour certains enfants », complète la chercheuse.
Après une présentation des outils et un accompagnement à la prise en main, pendant deux ans, des lycéens en situation de handicap se sont donc filmés pendant leur formation professionnelle et pendant leur stage respectif, avec comme ambition la valorisation de leur travail en milieu professionnel. Pour Cendrine Mercier, enseignante-chercheuse au centre de recherche en éducation de Nantes (CREN) et membre de l’équipe sur cette étude, la vidéo permet « d’avoir une trace et de travailler la trace active. C’est une richesse de leur proposer des images d’eux en action, ils vont donc pouvoir travailler sur quelque chose de très mouvant ». Ce travail leur permettra, entre autres, de mieux comprendre les compétences acquises et développées au travers de leurs gestes. Cinq élèves, issus du dispositif Ulis en lycée professionnel, ont donc réalisé chacun un film sur leurs parcours scolaire respectif. Cette approche de vidéo montage a également été ouverte à d’autres élèves et enseignants, un effet boule de neige qui « finalement, créer un engrenage pris au niveau du lycée », remarque la chercheuse du CUFR.
« Trouver un sens commun à l’école et au travail »
Afin de mener à bien cette étude, et en parallèle au travail d’alternance filmique – situation où le réalisateur est aussi acteur, spectateur et monteur critique – des entretiens avec les familles ont également été menées. En complément, des enquêtes ont été menés en février dernier. Le troisième axe de travail, celui guidé par Cendrine Mercier, spécialiste des usages numériques et bien-être des jeunes, est un temps de dialogue entre deux espaces, l’école et la famille. Familles, jeunes, associations (Mlezi et Messo – partenaires de l’étude), tuteurs de stage, un total de 19 personnes, se sont récemment rassemblées pour « trouver un sens commun à l’école et au travail, rassembler les attentes, espoirs et craintes de chacun », note-t-elle.
Présentation des capsules vidéo de chaque élève, ateliers facilitateurs d’échanges sur une base de petits jeux pour lever les différentes barrières – celle de la langue, notamment – ont rythmé l’atelier participatif. « Je pense que les jeunes étaient fiers d’eux et l’enseignant aussi », confie Gaëlle Lefer Sauvage. Cendrine Mercier quant à elle, explique qu’en fin de réunion, « une élève lève la main et lance, « moi je voulais juste dire que je suis contente de savoir que l’on peut travailler tous ensemble ». Finalement, elle a résumé en quelques mots, ce qu’on devrait tous faire depuis longtemps ».
Et la suite de projet d’étude ? « La rédaction de nos recherches, qui donneront lieu à des pistes de réflexions, mais aussi aideront au maximum les équipes à voir les points de difficultés », argumente l’enseignante du CUFR. Tout au long de l’étude et afin de permettre une continuité dans les actions, une personne ressource – par ailleurs enseignant spécialisé – avait été désignée. Cette personne pourra être le relais, porter le projet et continuer les actions menées. « Le participatif, c’est super important, cela montre que l’on n’abandonne jamais personne », concède l’enseignante-chercheuse nantaise. Cette étude permettra dans l’avenir une potentielle ouverture vers d’autres établissements et la formation d’autres enseignants.
Fer de lance de la renaissance de la filière de la brique de terre compressée, Dipak emploie quatre salariés à temps plein.
La filière de la brique de terre compressée (BTC) renaît à Mayotte, sous l’impulsion d’une nouvelle génération de producteurs. Parmi eux, Danjée Goulamhoussein, originaire de Pamandzi, a créé son unité de production en juin 2021 : une auto-entreprise rapidement transformée en SARL pour pouvoir embaucher du personnel, et suivre la cadence des commandes. Dipak emploie aujourd’hui 4 salariés à temps plein – recrutés sans diplômes et formés en interne – et produit jusqu’à 600 briques par jour. Les briques de Dipak alimentent les chantiers du rectorat (collège de Boueni M’titi à Labattoir, extension du collège de Mtsangamouji) et de la Sim (Les Mawas, le domaine de Khristal) : « des projets à haute qualité environnementale ! », précise l’entrepreneur.
En effet, la terre excavée des chantiers est réutilisée pour façonner les dizaines de milliers de briques de terre compressé, qui sont réintégrées directement aux projets. Une habile réponse au phénomène d’envasement du lagon, principalement causé par les tas de terre des chantiers. La BTC entre dès lors dans une économie circulaire, car réutilisable sur place à l’infini. Un mur
de briques en fin de vie peut être broyé et réintroduit dans la chaîne de fabrication sans qu’il ne soit nécessaire de l’exporter hors de l’île pour le retraiter. Prochain axe de travail pour Dipak : les pavés autobloquants. « On a trop imperméabilisé les sols, si bien que même quand il pleut, l’eau ne pénètre pas les nappes phréatiques. Le pavé a vocation à répondre à cette problématique », renseigne
Danjée Goulamhoussein.
Habit’âme
Habit’âme œuvre pour la revalorisation des déchets plastiques en matériaux de construction et objets d’ameublement accessibles à tous. Dix embauches sont prévues pour l’année 2023.
Décidés à répondre à la triple problématique du logement insalubre, de la prolifération des déchets et du manque de formation pour les jeunes de l’île, cinq porteurs de projet – trois architectes, un enseignant d’histoire-géographie et une contrôleuse de gestion – se sont associés pour créer
Habit’âme : une entreprise d’économie sociale et solidaire de revalorisation des déchets plastiques en matériaux en construction, qui favorise l’insertion des jeunes éloignés de l’emploi. Concrètement, il s’agit de faire fondre bouchons de bouteilles et pots de yaourts pour en faire des meubles et matériaux de construction revendus à un tarif social.
L’année 2022 aura permis à Habit’âme de sceller les partenariats nécessaires pour lancer véritablement son activité. La collecte ses déchets s’effectuent ainsi avec le concours de Citeo, de Mayco, de la Laiterie de Mayotte, ou encore des associations Nayma, Wenka Culture. D’autre part, les financements débloqués par l’entreprise permettront de créer dix postes d’ici la fin d’année
2023 : six en insertion et deux encadrants techniques pour la partie production, un ingénieur et un technicien pour la partie recherche et développement. Les premières machines d’Habit’âme contribueront au recyclage de 100 tonnes de plastique par an. « Si cette phase expérimentale est concluante, on augmentera nos capacités progressivement jusqu’à 1.000 tonnes », renseigne Dominique Hannah, qui précise que les premiers objets made-in Habit’âme seront mis sur le marché avant la fin de l’année 2023. La société s’est également activée sur le volet de la sensibilisation. L’action « Les bouchons de Mayotte », lancée via la cité éducative de Petite Terre, invite les classes à collecter
un maximum de bouchons de bouteilles en plastique, sous forme de concours.
Kaza
Créer de l’emploi en donnant une seconde vie au matériel informatique usagé… C’est ce qu’a fait Kaza en 2022 ! L’association de Barakani – créée en 2011 – prouve une nouvelle fois son attachement à la question de l’insertion sociale et économique par le numérique.
Engagée depuis plusieurs années dans l’animation de proximité et la médiation numérique, Kaza
s’est lancée un nouveau défi en 2022. Via son dispositif ACI (ateliers et chantiers d’insertion), l’association collecte des équipements informatiques usagés qu’elle achemine dans ses ateliers à Barakani. Là-bas, le matériel est reconditionné et contrôlé avant d’être redistribué à titre gracieux – ou pour une somme symbolique – aux particuliers les plus défavorisés. Cette nouvelle activité a permis à Kaza d’embaucher cinq jeunes demandeurs d’emploi, accompagnés vers le monde du travail grâce à un encadrement technique spécifique. Les jeunes apprennent à collecter, conditionner, contrôler et revendre le matériel informatique. « Cet ACI a une double utilité : sociale et écologique », plaide El-Mahamoudou Chaib, le vice-président de l’association. En allongeant la durée de vie d’un ordinateur de quatre à huit ans, un ordinateur reconditionné permet d’économiser près de 500 kilogrammes de CO², 3.500 litres d’eau et d’autres minerais précieux. Selon Kaza, la réutilisation de 1.000 ordinateurs permet la pérennisation d’un emploi.
En parallèle, l’association devrait bientôt recevoir son bus numérique itinérant – financé via un appel à projets gouvernemental – équipé de cinq postes. Voué à sillonner la 3CO (Communauté de communes du centre-ouest), le bus permettra « d’accompagner les démarches essentielles de la vie quotidienne d’un public en difficulté face au numérique », indique le vice-président.
R2D2
Avec sa ressourcerie, R2D2 (Recyclage et ressourcerie pour le développement durable de Mayotte) ambitionne de revaloriser mobilier et équipements électriques au profit des populations mahoraises les plus fragiles.
L’association R2D2 naît d’une idée de la Socodem – entreprise spécialiste de l’électroménager et de l’ameublement – qui souhaite alors faire quelque chose des produits retournés par ses clients, ou reçus défectueux et invendables en l’état. L’idée est simple : collecter, revaloriser et revendre à bas prix meubles et équipements électriques, au profit des populations les plus défavorisées. « Une phase test réalisée en décembre dernier nous a permis de valider notre modèle. Nous souhaitions voir si la population était réceptive et prête à acheter des produits d’occasion. Cela s’est très bien passé », renseigne Nousrat Bousry, chargée de mission développement durable chez R2D2, qui supervise le projet. Préfinancé par la Socodem et subventionné par le Gal-Est Mahorais à hauteur de 62.000€, le projet pilote de ressourcerie porté par R2D2 fonctionne ainsi : les produits sont collectés via des dons de distributeurs tels que la Socodem, ou par apport volontaire de la population locale. Ils sont ensuite revalorisés – éventuellement réparés – dans l’atelier R2D2 situé à Kangani, avant d’être revendu à tarif réduit dans des boutiques partenaires. Si l’activité se pérennise, R2D2 prévoit de
recruter entre trois et cinq personnes dans les deux prochaines années.
Uzuri wa Dzia
Créée en 2018, la coopérative Uzuri wa Dzia participe à la structuration de la filière laitière locale, et se distingue par une politique de recrutement favorisant l’insertion des talents locaux.
En 2018, alors que la Daaf (Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt) souhaite structurer et moderniser la filière laitière de l’île, sept éleveurs s’associent et donnent naissance à la coopérative Uzuri Wa Dzia. Chacun a son exploitation, dont Uzuri wa Dzia se charge de collecter, transformer et vendre le lait. « On tourne à 300 litres par jour environ », renseigne Abdillah
Boinaidi, le président. Lait pasteurisé, lait caillé mais aussi yaourts… 70 % des produits de la coopérative s’écoulent par le biais de la vente directe (manzarakas, marchés locaux), le reste dans les magasins du groupe Sodifram. « Nos produits plaisent. Aujourd’hui, la demande est bien
supérieure à l’offre ! », observe le président. Alors, pour suivre la cadence, Uzuri wa Dzia ambitionne de booster sa production, et espère installer de nouveaux exploitants dans les trois prochaines années, une fois le foncier maîtrisé avec le concours de l’Epfam (Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte). De quoi ouvrir de nouvelles perspectives de recrutement au sein
même de la coopérative, aujourd’hui forte de cinq salariés en CDI… d’autant plus qu’Uzuri wa Dzia favorise l’insertion de ses stagiaires et apprentis. « Notre ingénieure agronome a fait son stage de fin d’études chez nous. De la même façon, nos trois apprentis seront recrutés en CDI à l’issue de leur formation », se ravit Abdillah Boinaidi.
Alors que son porte-parole a indiqué que le pays n’accueillerait pas des reconduites, le président comorien a lui fait savoir qu’il privilégiait la voie des négociations tout en appelant Paris à tenir compte de la position de l’archipel sur la question de Mayotte. Deux discours différents qui suscitent déjà incompréhension.
Sujet qui domine l’actualité ces temps-ci, l’opération Wuambushu s’est à nouveau invitée dans le discours qu’a prononcé le président de l’Union des Comores, samedi. Le chef de l’État comorien, adressait à ses concitoyens les vœux de l’Aïd-el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan pour les musulmans. A cette occasion, Azali Assoumani est revenu sur le projet de l’État français qui a dépêché plus d’une centaine de policiers à Mayotte pour débarrasser l’île des bidonvilles, des délinquants et de l’immigration, à l’origine selon certains de l’insécurité y régnant. Le problème Moroni s’oppose à cette vaste opération et l’a déjà fait savoir. Dans son allocution de ce 22 avril, le dirigeant comorien a encore une fois fait part de son souhait de vouloir continuer les négociations afin de trouver une solution. « En ce qui concerne les évènements de Mayotte, je tiens à vous assurer mes chers compatriotes des quatre îles que la voie choisie par le gouvernement est celle du dialogue avec notre partenaire la France. J’ose espérer que la partie française tiendra compte de la position du gouvernement comorien sur le différend territorial qui oppose la France aux Comores », a-t-il déclaré, à la mosquée de Mitsoudje, son fief en présence des membres du gouvernement venus accomplir la prière de l’Aïd.
Aucune circulaire envoyée aux compagnies
Azali Assoumani a dit privilégier « la recherche de perspectives nouvelles pour trouver une solution à ce contentieux désagréable qui dure depuis plus d’une quarantaine d’années dans le respect des intérêts de nos deux pays amis ». Quelques jours plus tôt, pourtant, le porte-parole du gouvernement comorien, Houmed Msaidié, a confié à de nombreux médias que les autorités comoriennes ne comptaient pas accueillir sur leur territoire les expulsés que le ministère de l’Intérieur français voudrait renvoyer à Anjouan, dans le cadre de l’opération Wuambushu. Mais cette déclaration peine à convaincre la société civile. Surtout parce qu’aucune circulaire n’a été adressée aux compagnies qui transportent les Comoriens expulsés de Mayotte. Alors qu’en 2018, lorsque Moroni voulait s’opposer à l’arrivée des Comoriens des autres îles, le ministère des Transports de l’époque avait officiellement publié une décision. Un acte qui a conduit à une escalade diplomatique entre la France et les Comores. « La déclaration de Msaidie n’est pas claire. Sauf si c’est le terme Wuambushu qui pose problème. Car pas plus tard que vendredi dernier, le bateau en provenance de Mayotte était plein de ressortissants expulsés. Les gens continuent d’être renvoyés avant même que cette opération ne soit annoncée. Tant que la compagnie ne sera pas notifiée formellement, ce sera de la poudre de perlimpinpin », taclait un membre de la société civile comorienne. Ce dernier n’a pas réussi à cacher son incompréhension et trouve qu’il y a une contradiction entre ce discours du gouvernement et la politique qu’il mène sur le plan intérieur.
Marche interdite
En effet, les autorités ont interdit une marche pacifique qui devait avoir lieu, vendredi, dont le but était de dénoncer Wuambushu. Probablement en raison de l’itinéraire. Les craintes de voir les manifestants s’arrêter devant l’ambassade de France à Moroni qui se trouve sur le chemin aurait motivé cette décision. Pour le moment, l’opinion attend l’issue des tractations en cours qui selon de nombreux observateurs permettront à chaque partie de tirer son épingle du jeu comme ce fut le cas en 2018. En 2019, malgré les irrégularités relevées après sa réélection contestée, Azali Assoumani a effectué sa première visite à Paris où il a signé l’accord cadre de 150 millions d’euros. Dans celui-ci, l’État comorien s’est engagé à empêcher ses ressortissants de se rendre à Mayotte via les kwassa-kwassa. Quant à l’opération, rien ne semble pouvoir empêcher son exécution. Depuis une semaine, les gendarmes envoyés en renfort de Paris dont des éléments du CRS 8 ont commencé à prendre quartier.
A part la destruction des logements précaires, policiers et gendarmes ont reçu l’ordre de mater les délinquants tout en expulsant d’avril à juin 10.000 personnes en situation irrégulière.
La Fédération départementale de la Ligue de l’enseignement de Mayotte en partenariat avec le conseil départemental et la Drajes organise l’élection du président ou présidente du conseil départemental des jeunes, le samedi 29 avril, dans l’hémicycle Bamana. Installée pour la première fois en 2016 par la Fédération Ligue de l’enseignement de Mayotte, en partenariat avec le Conseil départemental de Mayotte et les municipalités, sur la base du volontariat des jeunes, le Conseil départementale des jeunes (CDJ) constitue un lieu d’expression, d’engagement et d’action de formation à la citoyenneté. Les conseillers départementaux jeunes sont les représentants de leurs homologues du Département. Le conseil est composé de jeunes de 13 à 16 ans issus des comités jeunes et conseils municipaux des jeunes, des juniors asso ou des délégués de classe…. Il permet aux jeunes de s’exprimer, de faire connaître leurs idées et de réaliser des projets avec l’appui du Conseil départemental. Le CDJ est aussi un moyen de faire des jeunes des acteurs de la vie locale, d’être des citoyens et de les amener à mieux connaître l’institution départementale, son rôle et son fonctionnement. Après avoir organisé la sélection des jeunes dans tout le département, nous allons procéder à l’élection du président ou de la présidente de la nouvelle mandature 2023-2025.
A travers ce dispositif du Conseil départemental des jeunes (CDJ), la Fédération départementale de la Ligue de l’enseignement permet aux jeunes du territoire de découvrir les valeurs de l’engagement, pour cela des projets seront menés par les jeunes au niveau départemental et international.
Le club de natation et water-polo mahorais, Aquatic’nage Mayotte s’est récemment déplacé sur l’île de la Réunion dans le cadre d’une rencontre inter-îles. Les jeunes nageurs mahorais, habitués à l’eau libre du lagon, se sont confrontés amicalement à leurs homologues réunionnais du club NSDR, dans la piscine olympique (bassin de 50 mètres) du Chaudron. Les poloïstes ont eux participé à un mini-tournoi contre quatre clubs (ASPTT, NSDR, Tampon, Saint-Paul) à la piscine du Butor, duquel ils sont arrivés en quatrième place. Une grande satisfaction pour le fondateur du club, Alain Baron : « c’est une première rencontre très encourageante. Nous savons maintenant que nous sommes au niveau et espérons réitérer ce type d’échanges régulièrement », indique-t-il.