Une marche blanche s’est tenue, ce dimanche, à Dembéni, pour promouvoir la paix et la fraternité entre les quartiers. Avec les épisodes de violences que la commune a rencontré la semaine dernière, la Ville a souhaité réunir différents acteurs pour instaurer la réconciliation, et est allée voir les victimes des violences. Ces rencontres et ces échanges ont permis de dégager un protocole de sortie de crise signé par les délégations villageoises, la municipalité́, la gendarmerie, le collège d’Iloni et le Grand cadi de Mayotte. L’établissement scolaire, qui n’a pas pu ouvrir de mardi à samedi, pourrait voir le retour des élèves, ce lundi.
Le nouveau poste de police à Passamaïnty, « une aubaine pour le canton »

Vendredi dernier, à Passamaïnty, des élus municipaux et départementaux ont inauguré un poste avancé pour la police municipale du chef-lieu, dans les anciens locaux de la Croix-Rouge. Celui-ci doit permettre une meilleure couverture du sud de Mamoudzou.
Pas de doute, la sécurité est un enjeu central à Mamoudzou. Même si les résultats concrets des annonces faites par Emmanuel Macron en termes de lutte contre l’insécurité – avec, entre autres, une doctrine de la police de la sécurité du quotidien – ont tardé à voir le jour sur l’île, deux nouveaux postes avancés de la police municipale entreront prochainement en service dans le chef-lieu. Le premier, situé dans les anciens locaux de la Croix-Rouge à Passamaïnty, a été inauguré vendredi dernier.
« Mayotte et Mamoudzou sont confrontés à un défi majeur en termes de tranquillité publique. Un des premiers défis, au-delà des moyens humains et matériels, reste notre capacité à répondre rapidement en cas d’alerte », résumait Saïd Malidi Mlimi, conseiller municipal de Mamoudzou en charge de la prévention et de la délinquance. Au terme de travaux entamés au début de l’année 2023 dont le coût frôle les 400.000 euros, 15 des 57 agents de la police municipale seront affectés dans ces locaux flambants neufs.
« Essentiel sur ce terrain où l’adversité est quotidienne »
Au cours de l’inauguration et du traditionnel coupé de ruban, le commissaire Hervé Derache, nouveau directeur de la police nationale de Mayotte, a eu l’occasion de se présenter et de féliciter « une décentralisation des services municipaux de police dans le cœur de ville ». Selon le DTPN, un des principaux objectifs des services de police est d’installer une politique de prévention permettant d’empêcher les passages à l’acte. « C’est essentiel sur ce terrain où l’adversité est quotidienne ».
Outre une meilleure répartition des effectifs, ce poste avancé va permettre une plus grande célérité des interventions de la police dans un contexte préoccupant. El Anrif Hassani, conseiller départemental de Mamoudzou 1, a ainsi annoncé que deux personnes avaient été « sauvagement agressées » dans la semaine, à Passamaînty. Une des victimes, grièvement blessée au bras par arme blanche, a été évacuée sanitairement vers la Réunion. « Cette présence de la police de proximité est une aubaine pour le canton [de Mamoudzou 1] et les Mahorais qui affluent chaque jour sur Mamoudzou », a-t-il déclaré.
Dès fin février, un autre poste avancé est attendu en haut des Hauts-Vallons. Il s’agira du deuxième de ce type dans le secteur. Une brigade de six policiers municipaux avait déjà été installée dans la mairie annexe de Kaweni en 2021.
Saison des cyclones : « Nous pouvons lancer une alerte en une dizaine de minutes »

La saison cyclonique a commencé dans l’océan Indien. À cette occasion, une conférence de presse s’est tenue ce vendredi afin de présenter les prévisions météorologiques relatives aux cyclones pour les mois à venir ainsi que les dispositifs de sécurité prévus en cas de cyclone à Mayotte.
Le mois de décembre marque le début de la saison cyclonique. Cette année, Mayotte ne devrait pas en faire les frais. « Il y a une probabilité de 70 % pour que l’activité cyclonique soit inférieure à la normale », explique Céline Jauffret, directrice interrégionale de Météo-France océan Indien, ce vendredi, lors d’une conférence de presse dédiée, à la Case Rocher, à Dzaoudzi. Cette année, deux épisodes climatiques sont combinés : l’épisode El Niño, un phénomène récurrent dans l’océan Pacifique qui vient modifier la circulation des vents et les précipitations, et la phase positive du Dipôle de l’océan Indien, caractérisée par des températures de surface de la mer supérieures à la moyenne et des précipitations plus intenses.
Cette combinaison engendre un contexte rendant plus difficile la genèse des tempêtes tropicales dans la région. La saison cyclonique pourrait même être en retard. De janvier à avril, l’activité cyclonique devrait se développer notamment au nord ou au nord-est des Mascareignes, et sa trajectoire, évoluer, pour s’orienter vers le sud ou le sud-est.
« Mayotte est généralement épargnée »
L’année dernière, Mayotte n’avait subi que des effets indirects du cyclone Cheneso qui a frappé Madagascar. L’île avait alors été balayée par des vents de plus de 100 km/h et animée par de fortes précipitations, sans pour autant que cela n’inverse la tendance sèche ayant conduit au manque d’eau. « Les cyclones perdent en intensité quand ils passent par les terres. Classiquement, dans la région, ils suivent une trajectoire est-ouest. Mayotte est donc généralement épargnée car Madagascar fait tampon et subit malheureusement les dégâts », explique la responsable de l’antenne Météo France de Mayotte, Floriane Ben Hassen, qui ajoute que la petite taille de l’île joue également en sa faveur.
Mais, les deux météorologues tiennent à le rappeler : un risque réduit ne signifie pas une absence de risque. C’est pour cela que Marie Grosgeorges, la directrice du cabinet du préfet de Mayotte, a présenté le dispositif de sécurité prévu en cas d’alerte cyclonique. Le plan Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile) cyclone prévoit différents seuils d’alerte : la pré-alerte, lorsqu’il y a une menace potentielle au-delà de 24h, et qui recommande surtout de se tenir informé et d’être vigilant ; l’alerte orange, lorsque le danger est prévu dans les 24h, durant laquelle les établissements scolaires doivent fermer, la population sécuriser ses habitations et se préparer à une éventuelle évacuation ; l’alerte rouge prévient, elle, d’un danger imminent et il faut alors rester absolument à l’abris, et enfin l’alerte violette, qui prévient d’un cyclone exceptionnellement dangereux et pendant laquelle il faut rester confiné.
Une alerte téléphonique quasi-instantanée
Le dispositif FR-Alert a également été présenté. Expérimenté l’année dernière, il s’agit d’un système d’alerte qui passe par les opérateurs téléphoniques afin de prévenir la population d’un danger imminent et des recommandations à suivre. C’est la préfecture qui est chargée d’écrire le message et de cibler la zone géographique à prévenir. « Nous sommes dans la capacité de lancer cette alerte en une dizaine de minutes », précise Marie Grosgeorges. « Les messages peuvent aussi être écrits en shimaoré et en kibushi pour être sûr que tout le monde comprenne bien l’information. »
L’importance de faire un point sur les dispositifs d’alerte en début de saison cyclonique a été soulignée par le préfet de Mayotte, Thierry Suquet : « Il nous faut, à l’avance, faire passer les messages importants auprès de la population, qui vont nous permettre de se protéger et de prendre, le cas échéant, des dispositions, et de maîtriser ce qu’il se passe. Si on attend le dernier moment, c’est trop tard. »
Mayotte n’a connu que trois épisodes cycloniques marquant depuis 2014. Le dernier en date est le cyclone Belna, en 2019, qui était finalement passé plus loin de l’île que prévu mais qui avait conduit à l’évacuation de plusieurs milliers de personnes de manière préventive. Le dernier cyclone majeur est Kimsy, qui a frappé l’île en 1984 et détruit les habitations de 25.000 habitants se retrouvant sans-abris.
Un point sur les pluies et sur l’eau
Cette conférence de presse a également été l’occasion de faire un point sur les pluies prévues. Les prochaines semaines devraient être similaires aux dernières, avec des pluies à la mi-journée et des orages venus de la mer. « On n’a pas de signe d’installation de pluies généralisées massives d’ici Noël pour l’instant », constate Floriane Ben Hassen, la responsable de l’antenne Météo France de Mayotte. Puis, pendant trois mois, Mayotte devrait connaître des précipitations au-dessus des normales, en moyenne sur la période.
Thierry Suquet a profité que le sujet des pluies soit abordé pour s’exprimer sur la question de l’eau. Il indique, dans un premier temps, qu’il faut poursuivre les efforts d’économie d’eau, car ces dernières se plafonnent. Une nécessité pour que les tours d’eau demeurent tels quels. Il s’est voulu rassurant, dans un deuxième temps, sur les efforts entrepris depuis le début de la crise. « Nous sommes en train de toucher les dividendes des travaux d’urgence que nous avons mis en place », a-t-il dit, au sujet des forages et de l’usine de dessalement, qui a augmenté sa capacité de production.
De nouvelles perturbations des barges en perspective

Des actions perturbatrices des mouvements de barges entre Petite-Terre et Grande-Terre sont à craindre pour les prochaines jours et semaines. Le collectif des agents du STM (Service des transports maritimes) fait planner la menace dans un courrier adressé au président du département de Mayotte, Ben Issa Ousseni, et à sa directrice générale des services, Christine Ayache.
Les usagers des barges du STM (Service des transports maritimes) ne sont pas à l’abri d’une énième saute d’humeur de la part du personnel navigant. Ce service du Département de Mayotte cumule depuis de longues années une kyrielle de problèmes divers et variés, plus ou moins insolubles pour certains en raison d’un manque manifeste de volonté politique à le faire. En milieu de semaine dernière, un collectif d’agents a adressé aux médias locaux la copie d’un courrier daté du 27 novembre adressé au président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, et à sa directrice générale des services (DGS), Christine Ayache. Ce courrier dont des copies auraient été envoyées au procureur de la République, au préfet de Mayotte, à la direction régionale des Affaires maritimes, aux parlementaires mahorais et même aux médias nationaux, fait état de harcèlement au sein de ce service sans plus de détails. Des faits que le collectif aurait signalé à l’autorité dans un précédent courrier daté du 8 novembre. Un délai de réponse de quinze jours aurait été donné au Département, lequel n’a pas jugé bon de réagir. « Nous sommes au regret de vous annoncer que compte tenu de votre indifférence et mépris à notre égard, nous sommes dans l’obligation de nous exprimer par d’autres actions et agir en conséquence conformément à nos précédents écrits », notent les membres du collectif des agents du STM. Au passage, il n’a pas manqué de rappeler les mouvements de débrayage dont il fut à l’initiative plus tôt cette année, sans qu’ils n’aient produit les résultats escomptés, en particulier l’amélioration du dialogue et des conditions de travail. « Nous vous informons dès lors, que nous allons adresser aux autorités compétentes, à toute la population mahoraise via les médias locaux et/ou nationaux pour les informer de notre intention de faire une cessation collective de travail à durée illimitée dans les prochains jours afin de faire entendre toutes nos revendications », annoncent sans détour les auteurs du courrier et rappellent au président du conseil départemental et à sa DGS que leur mouvement ne manquera pas d’engendrer des conséquences sur la continuité territoriale et perturber l’économie locale.
De nouvelles barges sans formation spécifique
Dans les rangs des conseillers départementaux, presque tout le monde se défend d’avoir eu vent d’un tel courrier, mais nombreux sont les élus qui admettent l’existence d’un malaise profond au sein du personnel du STM. Cependant, l’on se garde bien de donner un avis particulier car « ce dossier relève de la compétence exclusive du vice-président Ali Omar qui ne consent aucun conseil ni remarque quelconque pouvant provenir d’un collègue. Le souci est que cette affaire du STM est une poudrière qui pend au nez de tous les conseillers départementaux », se hasarde en confidence un membre de la majorité de Ben Issa Ousseni. Cette source bien informée explique que les difficultés que traverse le STM sont légion et la colère du personnel des barges est légitime.
Elle remet sur le tapis les difficultés techniques et matériels ayant conduit au retrait du permis de naviguer des barges par les Affaires maritimes. Au premier rang des problèmes qu’elle soulève, il y a la formation continue des agents. « Comment expliquer que dans un domaine aussi encadré que la navigation maritime, où les textes et règlements évoluent en permanence, il n’y est concrètement aucun plan de formation établi ? Le département réalise des efforts financiers considérables pour rajeunir la flotte de barges mais le personnel préposé à les piloter manque cruellement de qualification. » Outre les bizarreries internes à la gestion du personnel et à leur carrière, l’on apprend que le chantier naval mauricien qui fabrique ces barges n’entretiendrait pas des meilleurs relations avec son client. « Il faut savoir que ces barges sont livrées à Mayotte sans les pilotes du STM n’aient bénéficié d’une formation particulière au préalable. Résultat des courses, nous avons des embarcations neuves qui sont gravement endommagées au niveau de leur coque, parce que nos pilotes ne savent pas les manœuvrer », dénonce l’élu départemental. L’entourage du président du Département affirme ne pas avoir eu connaissance du courrier du collectif des agents du STM et d’une partie des problèmes soulevés. Il s’étonne de la stratégie de communication choisie par le collectif en direction des médias plutôt que de favoriser un dialogue direct avec l’exécutif du département.
En revanche, il est admis un seul problème au sein du personnel, la nécessité d’affecter un responsable en particulier, pour incompatibilité entre sa mission au sein du STM et ses fonctions électives exercées ailleurs en dehors du département. Cette double casquette ne serait pas sans incidence dans la bonne marche du service.
Les étudiants de Tsararano mobilisés contre le sida

Dans la cour du lycée de Dembéni, à Tsararano, les élèves s’approchent volontiers des stands pour récupérer des préservatifs, ce vendredi matin. En cette journée mondiale de lutte contre le sida, lycéens et professeurs sont pleinement mobilisés sur la question, notamment grâce à l’action portée par les étudiants en deuxième année du BTS SP3S (Services et prestations des secteurs sanitaire et social).
« C’est tabou », « ce sont des choses déplacées », concèdent les élèves de seconde dans une salle du premier étage du lycée de Dembéni, à Tsararano, quand ils sont amenés à parler sexualité. Pourtant, quand on leur demande les risques de ne se pas protéger lors d’une relation sexuelle. « Imaginons que je suis avec mon copain et que je vais coucher avec lui pour la première fois. Ce n’est pas mieux d’en parler avant ? », interroge alors Maiylia, la jeune femme est étudiante en BTS SP3. Cette formation dispensée dans l’établissement depuis trois ans forme les élèves au sanitaire et social, mais davantage sur le volet administratif. ; Avec ses camarades de promotion, ils ont préparé l’événement depuis deux mois, invitations de partenaires, communiqués de presse pour les médias locaux, animation d’un atelier et même réalisation d’un court-métrage. « Les questions les plus récurrentes sont de savoir où se procurer des préservatifs et comment les utiliser », indique Danourya Halidi, elle aussi étudiante en BTS.
Des associations participantes
Dans la cour, trois associations (Mlezi Maore, Fahamou Maecha et Nariké M’sada) distribuent des préservatifs et répondent aux questions à des jeunes principalement en seconde. « On a choisi ce public parce qu’ils sont nouveaux dans l’établissement, alors que les autres sont déjà sensibilisés », fait remarquer Tsy Hoi Ho, professeur en médico-social. En alternance, les élèves passent d’ateliers en ateliers, avec parfois des rires étouffés quand les représentants de l’association Horizon Santé s’aident de modèles en plastique pour montrer comment mettre un préservatif masculin, puis un autre féminin. « Ce n’est pas la peine de mettre les deux en même temps », précise l’intervenant aux élèves peu au fait du deuxième.
Les élèves de BTS SP3S viennent ensuite les chercher pour que tous les secondes puissent avoir la même information. Destinés à travailler dans le domaine du social ou de la santé, les étudiants savent bien l’importance de sensibiliser à la lutte contre le sida sur un territoire où le nombre de personnes atteintes du VIH (virus de l’immunodéficience humaine) augmente chaque année.
Ce lundi après-midi, au lycée de Dembéni, à Tsararano, les élèves enchaînent avec un autre événement, la tenue du Téléthon. Au programme, des conférences et des ateliers payants (un euro ou cinquante centimes d’euros) pour récolter des fonds pour la recherche.
Contre l’insécurité, un appel à la mobilisation lancé par le maire de Mamoudzou

Face aux difficultés rencontrées par ses agents pour aller au travail en raison des caillassages et des barrages, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, lance un « appel général à la mobilisation », ce mercredi 6 décembre. Le premier magistrat de la ville déplore dans un communiqué « la banalisation de la violence ». L’insécurité se traduit notamment par des effets économiques néfastes dans le chef-lieu, selon son premier magistrat. « Des entreprises hésitent à répondre aux marchés publics de crainte que leur matériel soit dégradé, volé ou détruit. Des chefs d’entreprise voient leur chiffre d’affaires et leur activité baisser car les routes et les usagers sont pris en otage par les délinquants », souligne-t-il.
Pour afficher leur mécontentement et parler d’une même voix, les agents ont rendez-vous, ce mercredi, au stade de Cavani. « Un service minimum sera maintenu de façon à ce que les missions régaliennes de police, l’enregistrement des décès et des naissances, les services liés à la propreté urbaine, la voirie, l’éclairage public ou à la distribution des bouteilles d’eau puissent se poursuivre a minima », fait valoir la municipalité.
Salime M’déré jugé en février pour provocation à la commission d’atteintes à la vie

Le 24 avril 2023, au début de l’opération Wuambushu, le premier vice-président du Département de Mayotte s’était emporté verbalement sur le plateau télévisé de Mayotte La 1ère . En parlant des bandes qui s’attaquaient à la population et aux forces de l’ordre, Salime M’déré avait suggéré qu’« il faut peut-être en tuer », avant de présenter ses excuses après l’émission. Des propos dont il devra répondre au tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion le 1er février 2024, annonce le Journal de l’île de La Réunion.
La tension était palpable dans les premiers jours de l’opération Wuambushu, des bandes de jeunes s’en prenaient aux automobilistes, aux policiers et gendarmes pourtant en nombre sur l’île. A Tsoundzou 1, des individus en combinaison blanche semaient la terreur, aidés par des caïds locaux. Dans ce contexte, Salime M’déré était intervenu au journal télévisé de Mayotte La 1ère, le 24 avril 2023. Le premier vice-président du conseil départemental de Mayotte s’était alors emporté et avait déclaré à propos des auteurs de faits sur la voie publique : « A un moment donné, il faut peut-être en tuer », ajoutant : « et je pèse mes mots », n’écoutant pas la présentatrice qui condamnait rapidement ces propos. Car c’est cette phrase qui vaut à l’élu d’être poursuivi en correctionnelle pour « incitation à la haine et en raison de leur origine » et pour « provocation à la commission d’atteintes à la vie ». Le Journal de l’île de La Réunion annonce qu’iI devrait être jugé à Saint-Denis de La Réunion en février prochain. « Mes propos – qui sont à la hauteur de ma passion pour cette île – ont dépassé ma pensée et je m’excuse bien volontiers s’ils ont pu heurter », avait réagi l’intéressé sur Facebook, dès le lendemain.
L’affaire délocalisée à La Réunion
Yann Le Bris, procureur de la République, s’est autosaisi dans cette affaire, alors que des associations comme la Ligue des droits de l’Homme ont fait un signalement à la justice. Premier président de la collectivité départementale mahoraise, il sera jugé à La Réunion et pas à Mayotte, par souci « d’impartialité », rapporte le journal réunionnais. Il devra répondre de deux faits, « provocation à la commission d’atteintes volontaires à la vie » et pour « provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation ou une race ». La procureure de Saint-Denis, Véronique Denizot, a retenu comme circonstance aggravante que les propos ont été tenus alors qu’il est élu.
La ligue des droits de l’Homme, SOS Racisme et le député de Saint-Denis (La France insoumise) Thomas Porte seront parties civiles à l’audience.
Les Comores victimes d’une épidémie non identifiée
Les centres hospitaliers communautaires continuent à accueillir des patients qui présentent presque les mêmes symptômes, notamment de la fièvre. Les autorités sanitaires invitent la population à adopter les mesures barrières de la période Covid-19 renforçant les craintes d’un retour de la pandémie.
Pour certains, elle ressemble au paludisme. Mais après analyse, les résultats sortent négatifs dans la majorité des cas. Pourtant, les signes apparents sont similaires à ceux de cette maladie très présente dans les zones tropicales comme dans l’archipel des Comores : fièvre, toux, courbatures. Plus étonnant, les enfants ne sont pas épargnés. Depuis deux semaines, les hôpitaux comoriens sont pris d’assaut par des patients souffrant de maux de tête, rhume entre autres. L’apparition de cette mystérieuse épidémie soulève des questions. « Au début, j’ai commencé à tousser puis à ressentir des douleurs partout, surtout les articulations. Je ne sentais même pas mon corps. Le problème à l’hôpital les lits sont pleins. Je suis donc rentré chez moi », a raconté, Saïd, étudiant en licence 3 à l’Université des Comores qui a dû écourter ses cours de ce jeudi afin de pouvoir rentrer à la maison pour se reposer. La bonne nouvelle, les laborantins ont confirmé qu’il avait le paludisme. Si au moins ce diagnostic était le même pour tous ceux qui avaient les mêmes symptômes, l’inquiétude ne serait pas aussi grande. Mais, ce n’est pas le cas.
Nausée, fatigue
Badriat a passé trois jours au lit se dopant de Doliprane, pensant qu’elle avait attrapé le paludisme. Et à la surprise générale, lorsque les agents communautaires sont venus précéder au test (gouttes épaisses) le résultat s’est révélé négatif. « Courbatures, toux, rhume comme si un camion t’avait écrasé. C’est insupportable », a témoigné pour sa part Mariam, dont la voix résume tout ce qu’elle endure depuis dimanche dernier. Ibrahim lui est cloitré à la maison cela fait quatre jours et espère se rendre au bureau ce vendredi. « La fièvre est passée, mais les nausées et la fatigue sont toujours là », a ajouté ce développeur de sites web qui a pu s’en sortir grâce aux bains de plantes jugés très efficaces pour lutter contre la dengue. Approché, un haut cadre de la direction de la santé a indiqué que les investigations étaient en cours. On dit aussi que des échantillons sont envoyés à l’extérieur pour déterminer l’origine de cette épidémie qui visiblement touche les pays de la région à l’instar de la Grande île. A Madagascar, la ministre de la Santé a appelé il y a quatre jours la population à prendre ses précautions en adoptant les gestes barrières de la période du Covid-19, comme le port des masques et le lavage des mains avec du savon. Pour éviter la contamination, la même consigne a été donnée par la direction nationale de la santé dans un communiqué publié mardi. « Nous tenons, en outre, à rassurer la population que des dispositions sont prises pour identifier via des prélèvements, l’origine de ce phénomène inhabituel. Mais en attendant, nous conseillons de procéder uniquement à un traitement symptomatique à base de fortifiants et des antalgiques », recommande la déclaration des autorités sanitaires.
Le même communiqué reconnaît que les patients présentent une grippe tantôt avec fièvres et de la toux, tantôt une gastro-entérite fébrile avec des gouttes épaisses positives.
Un séminaire sur les femmes et l’entreprenariat
L’association Femmes d’Avenir – Women & Opportunities (N.D.L.R. « Femmes et opportunités » en anglais), organise un séminaire intitulé Femmes en Action le 5 décembre de 8h30 à 11h dans les locaux de Mayan’art à M’gombani, Mamoudzou. Ce séminaire est l’occasion pour l’association créée en 2021 de se présenter davantage auprès du public. Il y aura également des échanges, des débats et des présentations de différents projets. Femme d’Avenir est une association de femmes entrepreneuses, porteuses de projets, créée à la suite du constat de la nécessité de fédérer ces dernières. Ce séminaire est ouvert à tous et pourra également être suivi en par visioconférence.
Sida : une matinée de dépistages au centre hospitalier de Mayotte
Pendant la journée internationale de lutte contre le sida, ce vendredi 1er décembre, le centre hospitalier de Mayotte (CHM) organise un dépistage gratuit et anonyme, de 8h à midi. L’enjeu est d’autant plus important que parmi les régions françaises, Mayotte présente le nombre de découvertes de séropositivité au VIH le plus élevé, selon Santé publique France en 2022.
Le territoire présente toutefois un taux de dépistage moyen. La majorité des cas relevés sont des femmes, parce que le test est obligatoire avant l’accouchement. Aucune variation notable concernant le mode de contamination parmi les découvertes de séropositivité n’avait été observée entre 2016 et 2011. La grande majorité des personnes découvrant leur séropositivité a été contaminée par voie hétérosexuelle.
Un appel à projets pour l’alimentation durable
Afin d’accompagner de nouvelles initiatives au niveau territorial ou national en faveur d’une alimentation saine et durable, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire lance un appel à projets en partenariat avec le ministère de la Santé et de la Prévention, le ministère des Solidarités et des Familles et l’Agence de la transition écologique (Ademe). Le dispositif soutiendra des projets s’inscrivant dans les orientations de la future Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc). Cet appel à projet, lancé le 27 novembre et se clôturant le 15 janvier 2024, comporte un premier volet visant à poursuivre le soutien à l’émergence de nouveaux projets alimentaires territoriaux (PAT). Un second volet vise à déployer des actions couvrant les différentes dimensions de l’alimentation et de la nutrition saines et durables. Une enveloppe budgétaire de 2.840.000 euros viendra soutenir les projets lauréats dont la liste sera dévoilée au printemps 2024. Pour plus d’informations, il est possible de consulter le site suivant : agriculture.gouv.fr/alimentation-nutrition-et-climat-lancement-dun-appel-projets-2023-2024.
UNSS : 70 collégiens s’affrontent au second Open golf à Combani
L’Union nationale du sport scolaire (UNSS) organisait, ce mercredi, le second Open golf scolaire au Golf des Ylangs à Combani. C’est la seconde année que cette activité est programmée par le service régional de Mayotte. 70 jeunes golfeurs, issus de collèges de M’tsamboro, Tsingoni et Doujani ont pu jouer toute la journée et profiter du parcours. Deux formules de jeu étaient proposées, la formule greensome pour les équipes établissements débutant l’activité et la formule foursome réservé à la section sportive du collège de Doujani. Les équipes sont composées de cinq jeunes, quatre joueurs et un jeune arbitre. L’équipe doit être composée d’au moins une fille. Le nombre de jeunes filles joueuses était de trente ce mercredi, presque la parité !
La prochaine compétition se déroulera le 21 février 2024 au Golf des Ylangs. Elle sera qualificative pour le championnat de France scolaire en juin 2024. Une compétition sport partagé, sera proposée. Les équipes seront composées d’un jeune en situation de handicap avec un jeune « valide ». Les objectifs sont clairs à travers la pratique de cette activité réduire les inégalités, intégrer l’ensemble des élèves des communautés scolaires, permettre à tous la pratique sportive et tendre vers l’égalité fille, garçon. Ce projet ne pourrait se développer sans le partenariat qui a été signé avec le club du Golf des Ylangs. Le développement de la pratique chez les jeunes et surtout les jeunes Mahorais est un objectif majeur des membres du bureau.
Des incendies en série dans le village de M’ramadoudou
Dans la soirée du mercredi 29 novembre, et pendant une bonne partie de la nuit, les pompiers ont été mobilisés sur une série d’incendies. Un de leur camion a été la cible de caillassages.
Nuit mouvementée à M’ramadoudou (commune de Chirongui). Depuis le début de la semaine, des villageois sont vent debout contre l’installation durable d’un homme dans leur commune. Ce dernier est accusé de prendre part à un trafic de drogues et d’abriter une activité de prostitution, entraînant un lot de désagréments et de nuisances pour les riverains. Dans un communiqué transmis à la presse, le neveu d’une habitante du village, potentiellement victime collatérale de ce différend, déplore une escalade dans la violence dans la nuit du 29 au 30 novembre.
Selon le lanceur d’alerte, la maison de cette septuagénaire « ayant de lourdes pathologies » a été visée par « un acte odieux de destruction ». « Cette action délibérée, minutieusement orchestrée suite aux récents évènement dans le village, perpétrée par des individus utilisant des moyens dangereux de terreur tels que l’incendie, est inacceptable et constitue une menace d’une extrême gravité pour la sécurité des personnes et la préservation des biens », estime-t-il.
Deux véhicules incendiés
Les auteurs auraient été identifiés et une plainte a été déposée à la gendarmerie de M’zouazia. Contactés, les pompiers n’ont pas été appelés pour une intervention dans l’habitation. Les soldats du feu ont toutefois été sollicités pour deux incendies distincts déclenchés dans le village au cours de la même soirée. Deux véhicules, dont un hors d’usage, ont brûlé.
Un autre feu jugé dangereux a été signalé vers 21h par les gendarmes dans la commune de Dembéni. Parti du quartier Kawéni pour se rendre sur place, un camion de pompier a essuyé plusieurs caillassages à hauteur du carrefour entre la RN2 et la RN3. La vitre d’une portière a été brisée.
Attaque d’un bus du CHM : l’hypothèse d’un tir d’arme à feu écartée
Les images des impacts trouvés sur un bus du centre hospitalier de Mayotte, attaqué récemment à Dembéni, avaient suscité de nombreuses réactions, laissant penser qu’il s’agissait d’un tir d’arme à feu. « Avec l’accord du procureur, le préfet de Mayotte peut maintenant indiquer avec la plus grande certitude qu’il ne s’agit pas d’un impact d’arme à feu, les analyses de la police technique et scientifique sont formelles », « rassure » la préfecture de Mayotte dans un communiqué. La nature exacte du projectile n’a cependant pas pu être déterminée avec précision et fera « l’objet d’investigations plus poussées par les services d’enquêtes », ajoutent les services de l’État.
Un nouveau guide sur la faune sous-marine
Le Conseil départemental annonce la parution d’un nouvel ouvrage : « Étoiles de mer, oursins et autres échinodermes de Mayotte et sa région ». Ce guide est une nouvelle publication consacrée à la biodiversité marine du lagon mahorais. Ce projet est le résultat du travail du scientifique Frédéric Ducarme, qui a consacré quatre années à répertorier les 137 espèces présentées dans cet ouvrage. Financé par le Conseil départemental, le guide est édité par l’association Les Naturalistes. L’ouvrage invite à explorer les étoiles de mer, les oursins, ainsi que d’autres spécimens tels que les concombres de mer, les ophiures et les crinoïdes de Mayotte.
Assises de l’industrie : Comment réussir à industrialiser Mayotte ?
Le prix du gazole baisse de dix centimes
Ce mois de décembre, les prix de l’ensemble des produits pétroliers baissent, ce qui est expliqué par la diminution des cours moyens mondiaux des produits pétroliers (10,6 % pour le gazole et 1,27 % pour l’essence) et par l’affaiblissement du dollar par rapport l’euro (-1,8 % par rapport au mois de novembre 2023). Ainsi, les prix à la pompe baissent respectivement de deux centimes pour l’essence, et de dix centimes pour le gazole. Concernant la bouteille de gaz de 12 kg, le prix reste stable et s’établit ainsi à 25,00 €. Comme le prévoit la réglementation, le préfet fixe mensuellement les prix maximums du supercarburant sans plomb, du gazole routier et maritime, du mélange détaxé, du pétrole lampant et du gaz de pétrole liquéfié. Compte tenu de ces différents éléments les prix maximums applicables à Mayotte seront les suivants au 1er décembre : le supercarburant sans plomb à 1,8 euro le litre ; le gazole à 1,58 euro le litre (contre 1,68 le mois dernier) ; le pétrole lampant à 1,16 euro le litre ; le mélange détaxé à 1,25 euro le litre et enfin le gazole maritime à 1,18 euro le litre.
Crise de l’eau : la coupure repoussée à 14h à Trévani ce vendredi
La Société mahoraise des eaux a prévenu, jeudi soir, les usagers du village de Trévani que le niveau d’eau dans le réservoir qui les alimente était très bas et certains quartiers connaîtront des manques d’eau voire de pression du fait de cette situation. Le réservoir devait se recharger dans le courant de la nuit pour un retour à la normale au lever du jour. En compensation, la fermeture du service sera reportée à 14h au lieu de 10h, ce vendredi.
Coconi au cœur de l’innovation et de la visite ministérielle

Lauréat de l’appel à projets « France Relance 2030 », le pôle d’innovation intégré de Mayotte (P2IM) va continuer à se développer grâce à une enveloppe de 1,5 million d’euros. Ce mercredi, au pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi, le ministre chargé des Outremers, Philippe Vigier, a eu le droit à un point d’étape du projet, ainsi que des visites du laboratoire et du jardin. Ensuite, il a rencontré des acteurs du monde culturel à Kawéni (voir encadré).
C’est en connaisseur que Philippe Vigier est rentré dans le laboratoire du pôle d’excellence rurale (PER) de Coconi, mercredi matin. « Ça, c’est une centrifugeuse. Elle fait combien de tours–minute ? », demande le ministre chargé de l’Outremer, biologiste de profession. Comme d’autres représentants de l’État, du Département de Mayotte, de l’Adim (l’Agence de développement et de l’innovation de Mayotte, qui porte le projet du PER), le membre du gouvernement était dans le centre de l’île pour faire le point sur l’appel à projet « France Relance 2030 » remporté par le pôle d’innovation intégré de Mayotte en mars dernier.
Ce P2IM, c’est en fait la partie recherche du PER, un laboratoire réparti sur plusieurs salles dans lequel une équipe travaille sur la faune et la flore de l’île, dans ce qui est « le berceau de l’agriculture mahoraise », comme l’ont rappelé Youssouf Ambdi et Ben Issa Ousseni, respectivement maire de Ouangani et président du conseil départemental de Mayotte. L’an dernier, les premières machines ont été installées pour aider la recherche dans les domaines de la cosmétopée et la pharmacopée, deux domaines dans lequel l’île a de sérieux arguments. « Sur ces marchés, il ne faut pas être bon, il faut être excellent », rappelle Fahoullia Mohammadi. La déléguée à la recherche et à l’innovation au rectorat de Mayotte loue l’aide apportée par Cosmetic Valley (un pôle dédié au développement de la filière), représenté ce jour-là, par son directeur général, Christophe Masson.
Relancer l’aquaculture
L’enveloppe de 1.515.000 euros qui accompagne le lauréat est un sérieux coup de pouce pour le P2IM. « Elle va nous permettre de développer la communication à l’international, d’acheter du matériel et d’organiser des visites de scientifiques », explique Madi Madi Halidi, chef de projet innovation à l’Adim. Parmi le matériel justement, le projet le plus couteux est la plateforme immergée. Celle-ci servira à faire des tests de croissance. « On a pour objectif de relancer l’aquaculture. Il y a déjà eu des essais, mais ça été abandonné faute de modèle économique stable », rappelle l’employé de l’Adim à Philippe Vigier, qui prend des notes.
Curieux à la fois du laboratoire et du jardin dans lequel se mêlent les productions de l’île, le ministre a semblé ravi de cette visite, qui dépassait cette fois le volet sécuritaire devenu plus que prégnant sur l’île. Il a promis de ne pas laisser Mayotte « sur le bord de la route » et rappelé l’importance de « mobiliser les financements » pour que ce type de projet prospère.
La culture en conclusion d’une visite rapide

Alors que la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, était au même moment à La Réunion, Philippe Vigier a rencontré les acteurs culturels mahorais, mercredi midi, à la MJC de Kawéni. Plusieurs représentants d’associations, le pôle culturel de Chirongui, des élus de la mairie de Mamoudzou et du Département de Mayotte ont assisté à cet échange à bâtons rompus. Le ministre délégué a laissé chacun exprimer ses doléances. Fatima Ousseni par exemple, de l’association Zangoma, a demandé que l’État n’oublie pas la culture qui répondrait à plusieurs maux de la société mahoraise. Décrit comme « créateur d’emplois », le secteur répondrait aussi au manque d’attractivité et à l’oisiveté de la jeunesse. Sophie Huvet, la directrice de l’association Hip-hop évolution, et Lisa Patin, directrice du pôle culturel de Chirongui, ont rappelé que l’absence de statut d’intermittent du spectacle sur le territoire pénalisait les structures pour embaucher des artistes ou des techniciens. Le ministre a répondu qu’il allait voir ça de son côté, enjoignant ces interlocuteurs à essayer de décrocher le label scène nationale pour à la fois faire rayonner la culture sur le territoire et permettre de générer de nouveaux financements étatiques.
Concernant les moyens financiers justement, Philippe Vigier n’a pas hésité de rappeler au Département qu’il devait faire sa part. A cela, Nadjayedine Sidi, conseiller départemental du canton de Mamoudzou a répliqué que la collectivité n’avait pas les moyens financiers pour assurer toutes ses compétences dévolues autant à des départements qu’à des régions. Il n’en fallait pas plus pour énerver les acteurs culturels à sa gauche. En effet, beaucoup attendent depuis des années des subventions promises par le Département.
« Comme tous les Malgaches, nous sommes vraiment attristés »
Alors que le dénouement de l’élection présidentielle approche à Madagascar, Youssouf Thany, président de la fédération des associations malgaches, revient sur le projet de « Maison de Coopération » pour une meilleure représentation des ressortissants à Mayotte et regrette l’image renvoyé par le pays au cours du scrutin dont les résultats définitifs tomberont le lundi 4 décembre.
Flash Infos : Quel est l’historique de la fédération et son rôle ?
Youssouf Thany : Notre activité a démarré en 2014. Bien avant, il y avait une sorte de plateforme réunissant toutes les associations malgaches. L’idée était d’en faire une seule association, une fédération, et d’avoir un organisme moral qui représente la communauté malgache. C’est ce qui s’est passé. J’ai eu la chance d’être nommé président à l’époque. Aujourd’hui, je souhaite céder ma place. Cette fédération est d’abord un espace commun où l’on se rencontre et où l’on réalise des activités inter-associatives. Certains membres organisent leurs propres événements, comme l’association des ressortissants de Majunga. Nous avons aussi des activités communes, comme pendant la fête nationale (N.D.L.R. le 26 juin). On propose également des actions humanitaires. En 2022, on a notamment aidé la population malgache qui a souffert du kéré.
F.I. : Où en est le projet d’une Maison de la coopération censée faire office de consulat à Mayotte ?
Y.T. : Depuis quelques temps, on me dit qu’un appel d’offres a été renouvelé pour qu’un agent de Mayotte soit en poste à l’ambassade de France à Madagascar, au sein du bureau de la coopération décentralisée. C’est cet agent qui doit mettre en place une Maison de la coopération à Mayotte, mais cela n’est pas encore finalisé. L’idée est simplement d’avoir une représentation du gouvernement. Auparavant, on pensait qu’installer un consulat avec pignon sur rue était impossible étant donné les problèmes diplomatiques entre Madagascar et Mayotte. Mais Madagascar soutient Mayotte, sans le faire ouvertement. Le pays cherche surtout l’aide des Comores pour récupérer les îles Éparses. Aujourd’hui, ce qu’on nous propose, c’est de faire une « Maison de Madagascar » au sein de laquelle une personne serait en charge des affaires courantes, notamment récupérer un extrait de naissance, organiser le vote pour la présidentielle… Il faudrait que cette personne soit nommée par l’Ambassade de France.
F.I. : Le 4 décembre, la Haute cour constitutionnelle devrait confirmer la réélection d’Andry Rajoelina à la présidence du pays. Comment avez-vous vécu cette campagne présidentielle ?
F.I. : Comme tous les Malgaches, nous sommes vraiment attristés. On parle de Madagascar comme un pays sujet à des démêlés. On a voté, mais beaucoup ne reconnaissent pas le président qui est là. Ce n’est pas à nous de déterminer si l’élection s’est déroulée dans les règles, mais le fait que le pays ne soit pas stable nous gêne. Ça freine tout investissement étranger nécessaire pour que le pays avance. Le collectif des candidats dit qu’il y a eu des magouilles et qu’il ne reconnaît pas ce vote…
F.I. : Craignez-vous des émeutes une fois que les résultats seront annoncés ?
F.I. : Je ne pense pas qu’il y aura des dérapages. Les événements se passent uniquement à Antananarivo. Peut-être qu’il y aura des échauffourées à Tana, mais cela ne touchera pas les Provinces, qui sont presque toutes acquises à la cause d’Andry Rajoelina. Je pense que c’est toujours le nombre qui l’emporte. Mais bon, après ce vote, si la victoire d’Andry Rajoelina est confirmée, certains vont crier.
F.I. : Avez-vous senti que la diaspora était sensible à cette élection et ses enjeux ?
F.I. : Le problème qu’il y a, c’est la guéguerre entre les personnes qui vivent sur les côtes et celles qui viennent des Hauts-Plateaux. C’est d’ailleurs pour ce motif que l’association qui représente les ressortissants d’Antananarivo a quitté la fédération.
Le maire de Chirongui défait une troisième fois au tribunal

Le conflit opposant Bihaki Daouda et les élus Les Républicains du conseil municipal de Chirongui a abouti une nouvelle fois à une ordonnance du tribunal administratif de Mayotte datant de ce mercredi. Celle-ci demande au maire d’organiser un nouveau conseil dans les quinze jours afin d’aborder et voter deux points concernant la délégation des compétences générales du maire et l’embauche d’un collaborateur du maire.

« Il est enjoint au maire de la commune de Chirongui de réunir le conseil municipal, d’inscrire à l’ordre du jour les questions détaillées au point 2 et de les soumettre au vote après débat, dans un délai de quinze jours à compter de la notification de la présente ordonnance et sous astreinte de 1.000 euros par jour de retard », acte le juge Gilles Cornevaux. Ce mercredi, c’est la deuxième fois que le tribunal administratif de Mayotte est amené à statuer sur « les questions détaillées au point 2 » (le conseil d’État avait confirmé la première décision du tribunal en avril 2023), soient la délégation des compétences générales du maire et la création d’un poste de collaborateur du maire. La première est contestée par les conseillers municipaux Les Républicains, car Bihaki Daouda a fait le choix en 2022, quelques mois après l’élection organisée en raison des déboires judiciaires de l’ex-maire Andhanouni Saïd, de reprendre les délégations données à des adjoints Les Républicains. Une décision politique qu’il justifie par l’éclatement de « sa majorité macédoine » composée d’élus de son parti Maesha, d’élus d’opposition proches de l’ex-maire Roukia Lihadji et de quelques LR issus de l’ancienne majorité dans laquelle Bihaki Daouda se trouvait en 2020. Ces derniers, non-contents d’être dépossédés de leurs délégations, ont reformé un bloc majoritaire LR au sein du conseil et ont décidé de passer par les tribunaux pour récupérer leurs pouvoirs.
Quant au poste de collaborateur du maire, les LR protestent contre sa création en raison de la taille de Chirongui (moins de 10.000 habitants officiellement). « Le maire est un cadre de la fonction publique et a donc les facultés intellectuelles pour ne pas en avoir besoin », estimait Youssouf Abdallah, l’ex-maire par intérim, lors d’un précédent article. S’il n’est pas interdit pour Bihaki Daouda d’avoir un collaborateur de cabinet (surtout que les LR avaient soutenu la création du poste du temps d’Andhanouni Saïd), il faut que le poste soit approuvé par le conseil municipal.
Pas de votes le 8 avril
Dans moins de quinze jours donc, le maire doit donc convoquer un nouveau conseil et soumettre les deux points aux voix, chose qu’il n’a pas faite le 8 avril, lors d’un précédent conseil. La précédente ordonnance du tribunal administratif lui demandant « de traiter la question », il estimait que cette expression vague le dispensait de soumettre ces deux points aux voix. « Ce qui n’est au demeurant pas contesté par la défense qui se borne à faire valoir que ces deux points ont été inscrits à l’ordre du jour et auraient fait l’objet d’un débat, dont le sérieux peut au surplus questionner compte tenu de la durée de la séance (N.D.LR. elle s’est terminée précipitamment dans un climat houleux). Dans ces conditions, l’ordonnance n°2205210 du 16 novembre 2022 ne peut être regardée comme ayant été entièrement exécutée », constate finalement le juge. Celui-ci a fixé une astreinte de 1.000 euros par jour de retard si le conseil n’a pas lieu dans les quinze prochains jours.
Retour donc à la case départ pour le maire qui n’aura sans doute pas de majorité pour garder toutes ses compétences et son collaborateur de cabinet