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La mairie de Bouéni, objet d’un rapport accablant

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Outre le déficit abyssal, c’est le fonctionnement de la mairie de Bouéni qui pose question dans le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes.

Déficit de quatre millions d’euros en 2022, dysfonctionnements dans nombre de domaines, un non-respect des règles de mise en concurrence dans les marchés publics, dérives financières importantes sur deux opérations d’équipements sportifs, la Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte accable la commune de Bouéni dans son dernier rapportDes constatations similaires, dans d’autres collectivités mahoraises, ont déjà débouché sur des enquêtes judiciaires.

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Le maire de Bouéni, Mouslim Abdourahamane (ici lors d’une visite de Gérald Darmanin à Bouéni en janvier 2023), n’a pas souhaité réagir.

Est-ce que le gendarme des comptes publics va entraîner une nouvelle enquête judiciaire contre un élu mahorais ? La Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte n’est, en effet, pas tendre du tout au sujet du fonctionnement de la commune de Bouéni, administrée par Mouslim Abdourahamane* depuis 2014. Son dernier rapport, rendu public le 12 décembre, traite des défaillances dans les achats publics opérés par la collectivité locale du sud de l’île. Elle souligne clairement l’absence de procédures internes, contribuant à un mauvais fonctionnement dans de nombreux domaines, et particulièrement à un non-respect systématique des règles de mise en concurrence. « La commune fractionne ses achats, ne tient pas de liste des marchés qu’elle passe et certaines (de ces marchés) attribués sont contestables », est ainsi relevé. Bouéni est épinglée sur deux opérations jugées « majeures » par la Chambre, le terrain de football de Mzouazia et la réhabilitation du plateau sportif de Bouéni.

Dédié à l’une des meilleures équipes de l’île, le premier (qui inclut la construction de vestiaires et d’un club house) devait coûter 820.000 euros. Finalement, la facture est montée à 1,8 million d’euros avec la moitié en autofinancement. La maîtrise d’œuvre globale est, par exemple, passée de 77.900 à 170.000 euros. Finalement, celle relative à la sécurisation (la clôture autour du terrain) a été attribuée à un autre cabinet. La Chambre régionale confirme qu’un changement a dû s’opérer après le décès du maître d’œuvre, mais s’interroge sur l’absence d’une nouvelle mise en concurrence dans l’attribution du marché suivant. Pour le deuxième équipement, la réhabilitation a duré deux ans, de 2019 à 2021. Le coût initial était de 950.000 euros, sauf que la commune a changé ses plans et a dû intégrer la couverture qui lui a coûté 2,3 millions d’euros au final. « Il ressort clairement des termes du marché de maîtrise d’œuvre que la commune savait dès 2019 qu’elle allait couvrir le plateau », relèvent pourtant les sages. Résultat, le sol souple a dû être fait par deux fois, provoquant un surcoût de 170.000 euros.

La CRC observe l’absence de marché global pour des prestations récurrentes telles que les locations de véhicules, les débroussaillages et élagages, de même que l’extension et la rénovation de l’éclairage public, ou encore la sécurisation des caniveaux. Concernant le fractionnement des marchés, des cas sont relevés sur la construction d’un parking à la mairie de Bouéni pour une enveloppe financière de 138.000 euros, la rénovation des services techniques pour 131.730 euros et 102.000 euros pour aménager un distributeur de billets à Majiméouni. La CRS relève l’existence d’avenants et de lettres de commandes directes au profit de plusieurs bureaux d’études alors que ceux-ci avaient préalablement été mis en concurrence. Une action qui a eu pour conséquence le franchissement du seuil de 90.000 euros. Cela concerne l’aménagement du front de mer dHagnoundrou qui a coûté 121.600 euros à la commune, mais aussi la construction d’un réfectoire dans une école élémentaire à Bouéni d’un montant de 160.000 euros, la rénovation d’une école maternelle à Moinatrindri couplée d’une construction d’un réfectoire pour 120.000 euros. En outre, durant la période observée, 2018 à 2022, la commune de Bouéni aurait confié des commandes d’un montant de 172.000 euros et 400.000 euros dans le marché des espaces verts à deux entreprises, mais elle a été incapable de fournir les justificatifs de mise en concurrence.

« Ni lettres de motivation ni CV »

Le train de vie à la mairie est aussi dans le viseur. La Chambre pointe ainsi des charges de personnel qui ont augmenté de 55 %, passant de 2,9 millions d’euros à 4,5 millions d’euros par an, entre 2018 et 2021. « L’augmentation de la masse salariale est corrélée à une augmentation régulière du nombre d’équivalent temps plein travaillés (ETPT)13, qui passent de 112 en 2018 à 145 en 2021 », fait remarquer l’instance. Celle-ci se pose également des questions sur le recrutement puisque certains dossiers d’agents « ne comportent ni lettres de motivation, ni CV ». Le choix de l’ex-directeur administratif et financier, par exemple, n’est pas justifié dans son dossier. Le contractuel est pourtant apprécié, car « sa rémunération a progressé de 25% » entre janvier 2018 et juillet 2022, et qu’il a perçu 13.186 euros en tant qu’indemnité de congés pays à son départ. Selon la CRC, qui a refait le calcul, le montant maximal était pourtant de 2.292 euros.

Le versement d’indemnités horaires pour travaux supplémentaires (IHTS) pose question. Entre 2018 et 2021, la commune a versé 70.000 euros à ce titre, soit l’équivalent de 3.800 heures. Pire, neuf cadres de catégorie A de la municipalité y ont le droit (pour 11.000 euros) alors qu’ils sont sensés être exclus du dispositif. Pareil pour les voitures de fonction ou de service. Le directeur général des services et un conseiller technique du maire avaient des véhicules de fonction, alors que seul le premier en avait le droit. En janvier 2021, cinq agents bénéficiaient de véhicules de service « avec remisage permanent à domicile », ce qui peut être considéré comme un avantage en nature.

Le maire lui-même, qui fait déjà l’objet d’une enquête judiciaire pour ses précédentes fonctions au syndicat des Eaux de Mayotte, n’est pas épargné lorsque ses frais de représentations sont évoqués. Le chargé de mission du Département de Mayotte touche une indemnité mensuelle pour frais de représentation d’un montant de 500 euros, en plus de ses émoluments de maire (15.250 euros bruts annuels). « Pourtant, la commune lui met à disposition les moyens lui permettant de remplir son office, pour un montant moyen annuel de l’ordre de 8.000 euros. Elle prend en charge ses frais de communication ainsi que ceux liés à ses déplacements, en classe intermédiaire ou premium », rappelle la Chambre, ajoutant n’avoir vu aucun justificatif lié aux frais de représentation.

Un déficit budgétaire abyssal en 2022

La CRC indique en parallèle que la lecture des documents budgétaires (en sa possession) ne reflète pas fidèlement la situation et qu’elle a constaté de nombreuses charges non enregistrées. L’autre énormité soulevée par les magistrats est la récurrente difficulté de trésorerie conduisant à des retards de paiement « anormalement élevés pour des fournisseurs » qui révèlent la dégradation des finances de Bouéni. Ainsi, après moultes corrections, le déficit s’avère être finalement de quatre millions d’euros pour l’année 2022. Il est noté un manque de procédures formalisées, notamment de règlement budgétaire et financier. Un manque estimé « fortement préjudiciable à la gestion courante comme au pilotage de grands projets ». Compte tenu de cette situation qu’elle n’hésite pas de qualifier de préoccupante, la Chambre gionale des comptes estime que le maire de Bouéni, Mouslim Abdourahamane doit convoquer son conseil municipal et le tenir informé de ces affaires, et ce, dans les délais et formes prescrits par la réglementation.

Ce qui n’est pas une mince affaire, puisque l’absentéisme au conseil y est récurrent. De nombreuses délégations ont été attribuées au maire, notamment le recrutement des agents. « Lorsque le maire prend des décisions en vertu des délégations accordées, il est tenu d’en rendre compte à chacune des réunions obligatoires du conseil municipal19. Aucun compte rendu n’a été réalisé par le maire », constate le rapport.

Si la situation décrite par la Chambre régionale des comptes est peu encourageante, elle pourrait même intéresser la justice. On se souvient que les irrégularités dans les marchés publics avaient fait l’objet de poursuites judiciaires et mêmes de condamnations des ex-maires de Tsingoni, Ibrahim Boinahéry et Mohamed Bacar, ainsi que l’ancien élu de Chirongui, Andhanouni Saïd.

*Mouslim Abdourahamane n’a pas souhaité s’exprimer.

Une hausse des prix attendue faute de passage par la mer Rouge

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Première compagnie de fret maritime sur le port de Longoni, CMA CGM ne veut plus que ses porte-conteneurs ne passent par la mer Rouge.

Mayotte devrait subir les conséquences de la guerre israélo-palestinienne et des attaques des navires marchands en mer Rouge par les rebelles yéménites Houthis. CMA CGM, le géant français du transport de conteneurs et le premier à fréquenter le port de Longoni, a décidé de ne plus faire transiter ses navires par le canal de Suez, ce samedi.

Le consommateur mahorais n’a vraiment pas de chance par les temps qui courent. Son insularité, doublé de son trop grand éloignement de la métropole et son défaut d’un aéroport capable d’accueillir des avions cargo vont encore avoir raison de son porte-monnaie. La nouvelle est tombée ce samedi, et s’est répandue comme une traînée de poudre sur les médias numériques et les réseaux sociaux. Par un communiqué repris par différentes agences de presse (dont l’AFP et Reuters), le premier transporteur français de conteneurs, troisième géant mondial du secteur, la compagnie marseillaise CMA CGM a annoncé l’arrêt immédiat du transit de ses navires par le canal de Suez. Une décision passée, pour le moment en tout cas, quasi inaperçue pour beaucoup d’opérateurs économiques mahorais. Et pourtant, elle est très lourde en termes de conséquences pour le pouvoir d’achat des habitants du 101ème département français.

Tous les prix à la consommation sont appelés à augmenter dans un très court à venir. En effet, les marchandises en provenance d’Europe ne pourront plus être acheminés par cette voie maritime qu’est le canal de Suez reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge, donc à l’océan Indien. Un raccourci synonyme de gain de temps et de moindre coût pour le fret de marchandises transporté par bateau. Joint par nos soins, le directeur de CMA CGM Mayotte (actuellement hors territoire) indique ne pas être officiellement informé de cette nouvelle et se dit « non habilité à la commenter et à nous répondre », tandis que la maison mère à Marseille n’est pas plus bavarde.

Rallonge des délais d’acheminement

De leurs côtés, plusieurs transitaires locaux contactés par nos soins ont affirmé avoir appris la nouvelle à travers les médias, notamment les journaux télévisés du samedi soir et la journée de dimanche. « C’est une nouvelle crise qui s’annonce pour les Mahorais et qui ne manquera pas de constituer une aubaine pour les grands distributeurs. Mais, il en sera autant pour les petits commerçants, tous ceux qui opèrent dans l’alimentation générale », n’a pas caché l’un de ces transitaires. « Cette décision de CMA CGM aura un gros impact sur les prix de l’ensemble des produits importés de métropole et d’Europe. Qu’ils le veuillent ou non, tous les intervenants dans cette chaîne seront obligés de réviser à la hausse les tarifs de leurs prestations », rajoute un second transitaire opérant au port de Longoni. Selon ses explications, ce changement de routes maritimes imposé par les attaques incessantes des rebelles ménites (alliés à l’Iran) en solidarité avec les combattants du Hamas dans la bande de Gaza, oblige désormais les porteconteneurs à contourner le Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud) via l’océan Atlantique, en longeant les côtes ouest-africaines. « Cela va bien entendu augmenter les délais d’acheminement des marchandises, de quinze jours au mieux, sinon d’un mois. Un temps qui va s’additionner à celui déjà trop long du traitement du fret à destination de Mayotte, à Maurice ou à La Réunion. »

Un autre transitaire installé à Mamoudzou nous déclare : « c’est encore ceux de notre profession qui vont se retrouver face à nos clients et supporter leurs remontrances sans pouvoir se défendre ». À la Chambre de commerce et d’industrie de Mayotte (CCIM), cette nouvelle crise qui s’annonce est prise très au sérieux. Elle indique que le principal territoire d’importateur de La Réunion n’est autre que Mayotte et qu’il s’agit quasiment de produits importés de l’Hexagone ou d’Europe qui sont réexpédiés dans notre département. L’incidence sur les prix paraît donc inévitable. « Combien de ménages vont pouvoir se payer le luxe de manger de la viande européenne dans pareilles conditions ? », interroge un opérateur économique du sud de l’île. Il est convaincu que le marché mahorais qui bénéficie de certaines protections européennes et nationales doit s’ouvrir à des importations limitées (à certains produits) de pays Est-Africains tels que l’Afrique du Sud et le Zimbabwe s’agissant de produits de première nécessité comme la viande.

« C’est une aberration économique et sociale que celle consistant à importer de si loin des denrées alimentaires disponibles à bas près dans la région », souligne-t-il, avant de faire remarquer au passage que ces mêmes produits sont exportés couramment au sein du marché européen dans le strict respect des normes sanitaires imposées par l’UE.

Un carrefour commercial majeur

La décision de CMA CGM de suspendre, avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre, le transit de ses navires par la mer Rouge est intervenue au lendemain de celle du danois Maersk et de l’allemand Hapag-Lloyd, le vendredi 15 décembre. Elle a été suivie par un autre poids lourd du secteur, l’italo-suisse Mediterranean Shopping Company (MSC), après que deux navires (Platinium III et Al-Jasrah) de la marine marchande – battant pavillon libérien – aient été la cible de drones d’attaque et de missiles lancés par les rebelles Houthis. Près de 20.000 navires empruntent chaque année cette voie maritime reliant l’océan Indien à la mer Méditerranée via le Canal de Suez d’une part et le détroit de Bab Al-Mandab (extrémité sud du Yémen au bord de la mer Rouge) d’autre part. C’est une route commerciale majeure (40 % du commerce international) qui profite au commerce est/ouest pour toute sorte de denrées y compris les hydrocarbures. Le transit par le Canal de Suez permet en effet à des milliers de navires de raccourcir leurs trajets en évitant de contourner le continent africain ce qui leur occasionne des coûts supplémentaires.

Nouvel incendie de la casse sur les hauteurs de Kawéni

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La casse de voitures à proximité de l’entreprise d’Éric Bunga, dans les hauteurs de Kawéni, a été incendiée, ce lundi 18 décembre, vers 17h. En arrivant sur site, les pompiers ont dû opérer un demi-tour car des groupes les ont caillassés. C’est sous escorte des gendarmes qu’ils ont pu retourner sur place et circonscrire le feu.

Le lieu est victime régulièrement d’incendies volontaires, puisqu’il se trouve entre Majicavo-Koropa et Kawéni, sur le passage des bandes.

Hausse de 27% du chiffre d’affaires de entreprises mahoraises en 2021

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D’après un nouveau rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), en 2021, les 5.910 unités légales mahoraises marchandes non agricoles et non financières (les entreprises, N.D.L.R.) du secteur formel ont créé 830 millions d’euros de valeur ajoutée pour un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros. Les investissements de ces entreprises, majoritairement de petite taille (sept sur dix n’ont aucun salarié), s’élèvent à 360 millions d’euros. L’activité économique de Mayotte est majoritairement portée par des entreprises de 10 à 249 salariés en réalisant 58 % du chiffre d’affaires. Les secteurs du commerce, de la construction, de l’industrie et des services aux entreprises créent les deux tiers de la valeur ajoutée du secteur formel. Pour cette année-là, l’activité économique de l’île dépasse largement son niveau d’avant-crise sanitaire, avec une hausse du chiffre d’affaires de 27% par rapport à 2019. De son côté, le secteur informel rassemble un nombre d’unités économiques comparable à celui du secteur formel et génère un nombre significatif d’emplois, même si son poids économique est limité, avec 162 millions d’euros de chiffre d’affaires et une valeur ajoutée de 54 millions d’euros. Une bonne partie de ces entreprises informelles, 40 %, sont concentrées à Mamoudzou et Koungou. Elles sont majoritaires dans le commerce avec les douka et les marchés sur la voie publique, mais aussi dans les services avec les brochettis ou les taxis. En 2021, 8.220 personnes travaillaient dans le secteur informel.

« Une initiative majeure pour la régularisation foncière » à Dembéni

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La commune de Dembéni officialisera mercredi, via son pôle foncier, la régularisation de plusieurs parcelles appartenant à ses administrés. Une nouvelle mesure pour « résoudre de longues années d’occupation informelle en procurant une sécurité juridique aux résidents » promet la mairie. Pour se faire, des levées topographiques et des procès-verbaux de bornage vont être effectués, afin de garantir la reconnaissance légale des droits de propriété. Les résidents concernés sont d’ores et déjà invités à se rapprocher du pôle foncier de la mairie de Dembéni afin d’obtenir toutes les informations nécessaires.

Une enquête ouverte après l’homicide de Ouangani

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Un jeune homme de 21 ans a perdu la vie, vendredi dernier sur les coups de 17h, en marge d’affrontements sur un chemin escarpé entre Chiconi et Ouangani. Le conflit qui préoccupait le centre de l’île impliquait cette fois des bandes rivales de Kahani et Barakani. Une enquête est diligentée, confirme le parquet, ce lundi.

Miréréni et Combani toujours en proie à la violence

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Tout au long du week-end et pendant une bonne partie de l’après-midi du lundi 18 décembre, la présence des gendarmes a été requise afin de contenir les rixes entre bandes -parfois armées- de Miréréni et Combani. Des barrages ont notamment été démantelés dans la nuit de samedi à dimanche entre Miréréni et Vahibé. Trois pelotons de gendarmerie et une partie de l’antenne du GIGN étaient à pied d’œuvre lors de ces événements, malheureusement de plus en plus fréquents.

Crise de l’eau : la retenue collinaire de Combani proche des 10%

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La retenue collinaire de Combani est à 9,94% de ses capacités, ce lundi 18 décembre.

Les précipitations de ces derniers jours ont permis aux deux retenues collinaires de Dzoumogné et Combani de connaître un rehaussement de leurs niveaux. A Combani, le bassin est à 9,94% de ses capacités, indique la préfecture de Mayotte dans son dernier Cons’eau, ce lundi. Le niveau était de 5,1%, la semaine dernière. Pour la retenue du nord, on est passé de 15 à 22%. L’an dernier, à la même période et alors que l’île commençait à connaître la sécheresse, elle était à 33% (contre 51% à Combani).

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Concernant la consommation, la préfecture annonce qu’elle est de 27.400 m3 par jour. Celle-ci pourrait toutefois se réduire avec la fermeture des établissements scolaires le temps des vacances, l’arrêt d’une partie des chantiers pendant la trêve des fêtes de fin d’année et les départs en vacances. Alors que les tours d’eau ont permis d’économiser trois milliards de mètres cubes d’eau depuis le 1er janvier, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, lors de la présentation de Christophe Lotigié, le nouveau préfet de l’eau, a admis « qu’on est peut-être en train d’inverser la tendance ». Invitant toujours à l’économie de la ressource pour que les retenues continuent de se remplir, l’heure serait maintenant à « débattre des conditions d’un retour en arrière sur les tours d’eau ».

Piste longue : le tarmac entre deux îles

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Christophe Masson est délégué de la direction du transport aérien de la Direction Générale à l’Aviation Civile (DGAC) à la piste longue.

Initialement prévue en Petite-Terre, la piste longue a finalement été envisagée au Nord. Les études comparatives pour savoir qui de Pamandzi ou de Bouyouni M’tsangamouji verra naître le projet touchent bientôt à leurs fins. Entre impact économique, agricole ou encore environnemental, l’État devrait prendre une décision au début de l’année 2024 pour un début des travaux en 2026.  

Pamandzi ou Bouyouni M’tsangamouji ? La question sera bientôt tranchée. Les études comparatives des deux options de piste longue arrivent bientôt à leur terme. “Nous sommes en train de faire l’assemblage du puzzle afin d’avoir des résultats fiables. L’étude socio-économique est en train d’être achevée, c’est là qu’on va retrouver les coûts des deux projets et les délais de réalisation”, affirme Christophe Masson, délégué de la direction du transport aérien de la Direction Générale à l’Aviation Civile (DGAC) à la piste longue, qui affirme que tous les éléments seront rassemblés d’ici la fin du mois. Huit sujets ont été étudiés à la fois dans l’optique de la réalisation d’une piste longue à Pamandzi et de celle de la construction d’un nouvel aéroport à Bouyouni Mtsangamouji. 

Ce seront les comparaisons issues des résultats de ces différentes études qui permettront à l’État de faire un choix entre les deux projets en début d’année 2024, après avoir consulté les collectivités et la population. L’aspect socio-économique, environnemental, celui des risques naturels, de la desserte ou encore de la ressource en eau ont été pris en compte.  

Le délégué à la piste longue insiste sur la nécessité d’effectuer ces études et d’en attendre leurs conclusions avant toute spéculation : “Il peut y avoir des préjugés faux sur certains éléments. Par exemple, beaucoup pense que s’il n’y a plus d’aéroport en Petite-Terre, il n’y aura plus de trafic sur la barge. Nos études sur la desserte montrent que c’est totalement faux : le trafic généré par l’aéroport sur la barge est d’à peine 10%. C’est pour cela qu’il est important qu’on délivre tous les résultats.” 

“Emmanuel Macron s’est engagé pour une piste longue à Pamandzi”

Le projet d’une piste longue dans le but de développer le territoire de Mayotte remonte à plusieurs années. Cette infrastructure était initialement prévue à Pamandzi, avec un scénario voulant la création d’une nouvelle piste sur le lagon, s’accrochant à l’extrémité sud de la piste actuelle pour s’étendre vers le nord sur une longueur de 2.600 mètres. Mais en 2022, une nouvelle analyse des sites d’implantation a fait entrer le secteur Bouyouni M’tsangamouji dans la course. Une option qui nécessiterait la construction d’un aéroport à neuf.  

“Le président Emmanuel Macron s’est engagé en octobre 2019, lors de son voyage officiel à Mayotte, à faire une piste longue à l’aéroport Marcel Henry à Pamandzi. Ce n’est pas pour qu’aujourd’hui on se retrouve à tergiverser pour faire autre chose”, insiste Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale de Dzaoudzi-Labattoir, qui tient absolument à ce que le chef de l’État tienne son engagement. Elle rappelle les investissements qui ont été faits en lien avec l’aéroport de Petite-Terre, comme l’hôtel Ibis par exemple, ou encore l’agrandissement de l’aérogare en cours. “Plusieurs entrepreneurs ont investi en lien avec le désenclavement de Mayotte, en lien avec l’aéroport. À quoi vont-ils servir si on ne fait pas la piste longue à Pamandzi ?”, interroge-t-elle. 

 Les retombées économiques non négligeables pour le Nord 

Également sur le plan économique, le maire de M’tsangamouji, Maanrifa Ibrahima Saïd, estime que la construction d’un aéroport dans le Nord, où se trouve le port de Longoni, pourrait être un réel atout pour l’économie de l’ensemble du territoire. “Imaginez les retombées économiques qu’il peut y avoir par rapport aux investisseurs, que ce soit du point de vue portuaire ou aéroportuaire”, estime celui qui considère que cette potentielle proximité pourrait permettre le développement du commerce par exemple.  

“On ne peut pas me dire qu’on est en insuffisance alimentaire, ici, à Mayotte, puis prendre son grenier pour le détruire afin de construire un aéroport, avance Maymounati Moussa Ahamadi. En effet, pour construire un aéroport à Bouyouni M’tsangamouji, il faudrait réquisitionner une grande quantité de foncier agricole. “Je suis conscient qu’il y a des terrains agricoles qui seront impactés. Mais il va y avoir d’autres avantages pour la population au niveau des retombées économiques. Quand on veut développer un territoire, il y a des avantages et des inconvénients peu importe le site, peu importe le projet”, déclare, de son côté, Maanrifa Ibrahima Saïd. 

Sur ce genre de sujet, il n’est pas forcément évident de trancher et il est nécessaire d’attendre les résultats des études. “On pressent que l’impact agricole va être plus fort sur Bouyouni M’tsangamouji, car le projet nécessite des surfaces de foncier dans un secteur agricole. Je dis bien ‘’on pressent’’ car il ne faut pas oublier que sur Pamandzi, ce n’est pas qu’une piste dans le lagon, il faut aussi des terrains pour aller chercher les matériaux, et ces terrains là sont aussi utilisés pour l’agriculture actuellement”, analyse Christophe Masson. 

Une piste longue avant toutes choses

Sur d’autres thèmes, il est néanmoins plus facile de s’exprimer. “On le sait depuis le début et c’est clair, le site de Pamandzi est le plus exposé aux risques naturels. Mais ça n’est pas le seul facteur qui sera pris en compte”, précise le délégué à la piste longue. En effet, le volcan sous-marin Fani Maore menace plus fortement Petite-Terre de risques de tsunami et d’affaissement dans le lagon. “Il y a un immense corridor volcanique de plus de 2.200 volcans qui s’étend de l’archipel des Comores jusqu’à Madagascar. Vous croyez vraiment que la Grande-Terre va être épargnée s’ils entrent en éruption ?”, rétorque l’élue de Petite-Terre. Concernant l’impact environnemental du projet à Pamandzi, qui semble plus important de par le fait de devoir construire à même le lagon, Maymounati Moussa Ahamadi affirme que la technologie doit permettre de préserver la biodiversité : “En tant qu’élue, je suis soucieuse du respect de l’environnement. […] Quand on veut vraiment le protéger, on sait le faire. […] Quand on a voulu agrandir le port, on a déplacé les coraux, on ne les a pas tués. Avec les technologies que nous avons, nous savons faire.” 

Si le maire Maanrifa Ibrahima Saïd aimerait évidemment qu’un aéroport soit érigé dans le Nord, il veut surtout que Mayotte soit enfin dotée de cette piste et que le choix du site ne soit pas encore repoussé après de longues années d’attente : “Le plus important, c’est que le projet de piste longue voit le jour.” 

Les conseillers départementaux de Mayotte vont saisir le parquet national antiterroriste

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Le parquet national terroriste, situé au nord de Paris, va être saisi par les conseillers départementaux mahorais au sujet de l'insécurité.

Sur proposition du conseiller départemental du canton de Sada-Chirongui, Soula Saïd-Souffou, le conseil départemental de Mayotte va saisir le parquet national antiterroriste, situé à Paris, après la flambée de faits de violences lors des dernières semaines. Membre du groupe d’opposition à l’assemblée, l’élu sadois estime dans une motion inscrite in extremis à l’ordre du jour de l’assemblée plénière, ce lundi matin, que le « mode opératoire » des bandes « a évolué », tendant vers « la commission d’actes de terrorisme ». De plus, selon ce dernier, les politiques sont en première ligne. Il se fie par exemple à « la diffusion de messages haineux envers la France sur les réseaux sociaux »« l’incendie criminel de la mairie de Koungou, du siège de l’intercommunalité de la Petite-Terre, de permanences d’élus, d’un camion de la gendarmerie nationale et de plusieurs véhicules officiels appartenant, notamment, à des responsables politiques de premier plan » ou encore « les appels répétés au meurtre visant les Mahorais à travers des vidéos explicites ». Il s’en remet ainsi au droit : « en cas de commission d’un acte terroriste la minorité de son auteur s’écrase devant la gravité des faits. Pourquoi ce n’est pas appliqué sur le territoire de Mayotte ? », questionne le conseiller départemental.

Le président du conseil départemental, Ben Issa Ousseni, ne voit pas d’un bon œil cette saisine. Il s’est même abstenu de voter la motion, soulignant l’effet négatif qu’elle pourrait avoir sur l’image de Mayotte. « On doit lutter contre la violence, mais je ne remonterai pas en haut lieu pour faire croire qu’il y a des terroristes sur mon territoire, nous devons faire attention à notre communication », a-t-il déclaré, ce lundi.

Ikibal Boinali parmi les lauréats des Talents de l’Outre-mer

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Cérémonie récompensant les personnalités ultramarines, les dixièmes Talents de l’Outre-mer étaient organisés, au musée du Quai Branly, à Paris, jeudi soir. Le Comité d’action sociale en faveur des originaires des départements d’Outre-mer en métropole (Casodom) y a décerné 48 trophées dans des domaines aussi variés comme la culture, les arts, l’économie, la médecine, la politique, l’ingénierie ou le management.

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Seul Mahorais de la liste, Ikibal Boinali, 28 ans, fait partie des sept récompensés dans la catégorie arts, droit, science po, gestion publique et économie. Celui qui est directeur financier adjoint à la chambre de commerce et de l’industrie (CCI) de Mayotte a exercé à New York comme auditeur senior chez KPMG, l’un des quatre grands groupes mondiaux d’audit et de conseil. Mayotte Hebdo lui avait d’ailleurs consacré un portrait en mai 2022.

Un mort retrouvé à Ouangani, ce vendredi

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Vendredi après-midi, des rixes ont eu lieu entre des jeunes de Kahani et Barakani, rapportent nos confrères de Mayotte La 1ère. En marge des affrontements, le corps d’un jeune homme de 21 ans a été retrouvé dans un chemin entre de Chiconi et Ouangani. Toujours selon La 1ère, celui-ci serait bien connu des services de la gendarmerie.

Insécurité : Mansour Kamardine demande « un traitement avec rigueur »

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Le député de Mayotte, Mansour Kamardine, a souhaité réagir après les deux derniers faits divers mortels qui ont marqué l’île. Il y a eu la mort d’un jeune de 17 ans à Kawéni, le 10 décembre, puis celle d’un autre de 21 ans, à Ouangani, vendredi. « Depuis quatre semaines, les rixes, les descentes en ville et dans les villages de bandes de jeunes criminelles, toujours composées de dizaines de personnes, parfois composées par des centaines de voyous, prêts à tout pour détruire et tuer, plongent les habitants de Mayotte dans la terreur. Les citoyens eux-mêmes doivent intervenir, de plus en plus souvent, face à la faiblesse du dispositif des forces de l’ordre dont je salue l’abnégation et l’engagement courageux », fait remarquer le député.

« J’appelle les autorités à traiter avec rigueur la situation à Mayotte en renonçant à la pitié pour les criminels par pitié pour les honnêtes gens et à déployer de nouveaux effectifs pour faire face à la dégradation de la situation avant que le territoire ne bascule totalement dans la guerre civile », émet-il comme souhait. La loi Immigration et intégration étant discutée, ce lundi, en commission mixte paritaire (sept sénateurs et sept députés), il demande aussi « des mesures législatives tenant compte de la réalité et des spécificités de Mayotte doivent être incluses dans le texte. L’aile gauche de la minorité présidentielle portera une immense responsabilité en cas d’échec ».

Un deuxième concours pour trouver des greffiers à Mayotte

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Un concours propre à Mayotte a été reconduit pour la deuxième année consécutive, afin d’attirer les Mahorais à passer des concours de la fonction publique et avoir la garantie, à l’issue d’une scolarité à l’École nationale des greffes de Dijon (Côte-d’Or), d’être affecté au sein d’une juridiction mahoraise (au tribunal judiciaire ou à la chambre d’appel). Les inscriptions sont actuellement ouvertes jusqu’au 12 janvier 2024 23 heures 59 (heure de Paris) via le lien suivant à Devenez greffier à Mayotte (lajusticerecrute.fr).

Il y a le concours qui s’adresse aux titulaires d’un titre, d’un bac+2 (minimum) ou d’une qualification reconnue équivalente à l’un de ces titres ou diplômes, tandis que l’interne s’adresse aux personnes pouvant justifier de quatre années (au moins) de services publics. Les épreuves écrites se dérouleront les 3 et 4 avril 2024 au siège de la chambre d’appel de Mamoudzou. Suite aux résultats d’admissibilité connus le 28 mai 2024, une épreuve orale se déroulera du 17 au 21 juin 2024. L’admission finale sera connue le 1er juillet 2024.

Le Mozambique resserre ses liens économiques avec Mayotte 

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Mayotte et son voisin, le Mozambique, ont décidé d’ouvrir une nouvelle page dans leurs relations économiques bilatérales. Pour la deuxième fois consécutive, une délégation est arrivée sur le sol mahorais ce mercredi après-midi par le vol de Kenya Airways. Composée de cinq personnes (dont quatre opérateurs économiques chinois et un Mozambicain), ils viennent prospecter des opportunités d’investissement, dans des secteurs porteurs tels que l’énergie, l’habitat ou le transport maritime. Ils ont été accueillis à l’aéroport Marcel Henry par une délégation de femmes leaders mahoraises et des entrepreneurs locaux. Leur agenda, plutôt assez chargé, porte sur six jours (du 13 au 19 décembre) sur le territoire, dans un cadre exclusivement d’échanges économiques privés. « Cette délégation, conduite par des représentants de la CTA (équivalent de l’ADIE à Mayotte) et Afil commercial, marque une étape cruciale dans le renforcement des liens économiques entre nos deux pays », fait remarquer Ibrahim Bacar, homme d’affaires et ancien conseiller général de Bouéni. Il explique que l’objectif principal de ce déplacement d’acteurs économiques Mozambicains à Mayotte vise à approfondir les échanges et établir des partenariats stratégiques dans les secteurs du BTP, l’agriculture, le tourisme et le transport de marchandises. Les discussions préalables à ce déplacement ont porté sur la création d’une agence de contrôle et de certification de produits aux normes européennes depuis le Mozambique, la création d’un fonds d’investissement destiné à stimuler les opportunités économique (déjà existantes) entre les deux pays.

La partie mahoraise indique qu’une autre délégation, plus officielle celle-là, est attendue dans le département l’année prochaine. Composée de membres du gouvernement mozambicain et d’autres acteurs économiques, elle viendra formaliser des accords de coopération durables entre les deux pays. De leur côté, les Mozambicains ont indiqué que leur déplacement sur le territoire était validé par l’État français et fait suite à un forum économique tenu à l’ambassade de France à Maputo sur les échanges économiques France-Mozambique. 

Maounga Aloa devient Miss Koko dans une ambiance de fête

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Miss Koko Chirongui, Maounga Aloa, a remporté le titre de Miss Koko Mayotte 2023. Elle a remporté ainsi de nombreux cadeaux, comme une parure en argent, et aura désormais des missions de représentativité lors d’événements.

Le sacre de Miss Koko a eu lieu ce samedi, au M’haju, dans la commune de Bandrélé. Sept candidates se sont disputé le titre lors d’un événement visant à sensibiliser la population sur les problématiques touchant les personnes âgées. Dans une ambiance festive, Miss Koko Chirongui est devenue la nouvelle Miss Koko Mayotte 2023.

Pas de top 15 pour Houdayifa Chibaco

Lors du prime, samedi soir, Ève Gilles est devenue la Miss France 2024. La jeune femme, qui a des origines réunionnaises, était la représentante du Nord-Pas-de-Calais. Celle de Mayotte, Houdayifa Chibaco, a vu son parcours s’arrêter aux portes du top 15. La jeune femme de M’tsangamouji est la première à représenter l’île au concours national depuis 2021, faute de comité en place, l’année dernière.

En détention après le lynchage d’un homme à Ongojou

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Les juges du tribunal de Mamoudzou, qui étaient partis pour juger les quatre auteurs présumés pour « violences en réunion » en comparution immédiate, ont finalement demandé, après audience, l’ouverture d’une information judiciaire, vendredi. La victime, un villageois d’Ongojou, a eu trente jours d’ITT.

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Un nouveau préfet qui sera en charge de « la sortie de crise »

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Christophe Lotigié remplace Gilles Cantal au poste de préfet délégué auprès du préfet de Mayotte en charge de l’eau.

Alors que la mission de Gilles Cantal s’achève ce vendredi soir, Christophe Lotigié prend la suite. L’ancien sous-préfet de Saint-Laurent-du Maroni aura pour mission de continuer de superviser la distribution générale de bouteilles d’eau sur l’île, s’assurer que les investissements promis suivent leur cours et « gérer la sortie de crise », annonce le préfet de Mayotte, Thierry Suquet.

Mayotte subit une pénurie d’eau depuis des mois due à la fois à la sécheresse et également en raison d’un manque criant d’infrastructures. A la préfecture de Mayotte, un poste a été créé il y a plus de six mois pour une supervision quotidienne du sujet, notamment des mesures à mesure sur le problème s’amplifiait.

Quel a été le rôle de Gilles Cantal ?

Arrivé en juillet, Gilles Cantal était préfet délégué auprès du préfet de Mayotte pour la gestion de l’eau. Issu de la réserve préfectorale, un corps d’anciens préfets ou sous-préfets volontaires pour des missions temporaires, il est venu prêter main forte alors que la crise de l’eau s’aggravait sur le territoire. « Disposer d’un fonctionnaire de très haut niveau pour s’occuper et suivre ces dossiers à mes côtés est un élément essentiel dans la réponse que l’État pouvait apporter en termes de structuration », explique Thierry Suquet, le préfet de Mayotte, ce vendredi matin. Celui-ci loue « son sens du dialogue et de l’écoute » et le voit comme un rouage essentiel dans les échanges entre services de l’État, le syndicat Les Eaux de Mayotte, la Société mahoraise des eaux, les collectivités locales ou la sécurité civile en charge de la distribution. Et ce n’est pas une mince affaire, poursuit le préfet. « Les relations de long terme entre le syndicat et la SMAE ont toujours été empoisonnées par des questions de dettes réciproques, de comptabilité. Il y a un travail qui a été mené et facilité par le fait qu’on a injecté un peu d’argent pour un certain nombre de sujets », glisse le représentant de l’État, avant d’ajouter que « les choses sont remises à plat ». La mission arrivant à son terme, ce vendredi, Gilles Cantal a été ému en évoquant « les hommes et les femmes de ce territoire » et en se souvenant des premières distributions d’eau dans les écoles.

Qui est Christophe Lotigié ?

Dans la réserve préfectorale comme son prédécesseur, Christophe Lotigié était jusqu’à quelques mois encore, sous-préfet de Saint-Laurent-du Maroni en Guyane. Il a une grande connaissance des Outre-mer pour avoir travaillé à Wallis-et-Futuna, en Polynésie, en même temps que Gilles Cantal, et dans les Antilles pendant le cyclone Irma, en 2017. Sa première semaine a été l’occasion d’un tuilage avec son prédécesseur. « J’ai consacré les premiers jours à prendre les contacts avec les différents interlocuteurs publics et privés. Dès [cette semaine], je me rends sur le terrain, dans les communes, les centres de distribution », indique le nouveau préfet de l’eau, qui sera là dans un temps plus court puisqu’il a été nommé jusqu’au 29 février. « Ça ne s’arrête pas parce que la crise, on est encore dedans », prévient toutefois Thierry Suquet, qui a remercié les deux préfets pour leur volontariat.

Où en est la production d’eau potable ?

Parmi les missions du préfet de l’eau, il y a l’augmentation de la ressource en eau et donc le pilotage hebdomadaire de la revue de de projets. Aujourd’hui, Gilles Cantal estime que les travaux (les forages, les captages de rivières, l’interconnexion nord/sud, celle de Petite-Terre/Grande-Terre et l’usine de dessalement qui arrive à 4.700 m3 par jour) ont permis d’ajouter « un peu moins de 5.000 m3 quotidiens ». A cela s’ajoutent les travaux pour trouver les fuites sur un réseau fragilisé par les coupures. « On estime à 2.000 m2 par jour le gain à la fin du mois de décembre », poursuit celui qui repart à la retraite.

A moyen ou long terme, l’usine de dessalement d’Ironi Bé devrait fonctionner « début 2025 ». Concernant la déclaration d’utilité publique (DUP) de la troisième retenue collinaire d’Ourovéni, une enquête préalable a été lancée, assure la préfecture.

Peut-on espérer une sortie de crise ?

La préfecture de Mayotte n’en fait pas un gros mot, même si elle invite toujours à l’économie de la ressource. « Pour la première fois, on fait un constat qu’on est peut-être en train d’inverser la tendance. On va commencer à débattre des conditions d’un retour en arrière sur les tours d’eau », estime Thierry Suquet. Il rappelle que cela passe par un effort à maintenir pour continuer à ne pas faire des prélèvements dans les retenues collinaires. En effet, celles-ci ont besoin d’être remplies au sortir de la saison des pluies pour retrouver leur usage habituel. Mais cette sortie de crise est clairement envisagée comme l’une des missions du remplaçant de Gilles Cantal. « On compte sur lui pour gérer la sortie de crise », assure le préfet de Mayotte. Car dès la fin de la distribution des bouteilles d’eau, il faudra par exemple s’assurer du démontage de la base vie de Longoni.

La mission de Christophe Lotigié est courte, mais elle verra « un expert de haut niveau en charge de l’eau » prendre la suite, notamment pour suivre la construction des infrastructures et les engagements pris par l’État.

« On voit une grande fatigue de tout le monde »

Interrogé sur l’insécurité, le préfet de Mayotte a rappelé que le ministère de l’Intérieur et de l’Outremer a envoyé des renforts de gendarmerie et de police. « J’ai demandé à police et à la gendarmerie d’être présentes sur le terrain à la fois pour protéger la population, mais aussi désamorcer la situation », tient-il à rappeler, évoquant aussi qu’il souhaite « la garantie de la libre circulation ». « On voit une grande fatigue de tout le monde. Les vacances scolaires feront probablement du bien », reconnait Thierry Suquet. Il demande que les services publics continuent pour « ne pas laisser le terrain aux bandes ».

La commission environnement de Mayotte lance l’alerte

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Aujourd’hui, il y a seulement quatre stations d’épuration sur l’île.

Le conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de Mayotte a transmis aux élus du département, jeudi 14 décembre, plusieurs recommandations pour assainir d’urgence l’île. Après un an de recherches, le bilan est catastrophique.

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La commission environnement, cadre de vie et tourisme a transmis une trentaine de recommandations pour assainir l’île. « On ne peut pas parler d’eau, sans parler d’assainissement », insiste Amélie Springer, architecte et membre de la commission.

« Seulement 18 % du territoire urbanisé, villages et gros bourgs, sont raccordables à un réseau collectif d’assainissement. Et quand on est raccordé, l’eau est mal traitée », fulmine Amélie Springer, architecte et membre de la commission environnement du conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement à Mayotte. Le schéma directeur d’assainissement des eaux usées (SDAEU) de 2015 prévoyait que plus de 53% de ce territoire serait raccordable à l’horizon 2030.

Ce jeudi, la commission a signé, après un an de recherches, une auto-saisine. Le document recueille près d’une trentaine de recommandations au sujet du système d’assainissement de l’île, déjà transmis aux élus du Département.

Parmi ces préconisations, la commission évoque la création d’un office de l’eau (prévu pour 2024). « Dans tous les autres départements, il y a un agent de l’eau. Mayotte n’en a pas malgré tous ses problèmes auxquels elle est confrontée », commence à lister la conseillère, également vice-présidente de l’Ordre des architectes La Réunion-Mayotte.

Un manque de contrôles

« On a besoin de formations, de montée en compétences des techniciens. » La commission recommande de développer les Services publics d’assainissement non collectif (Spanc), constitués de personnes formées pour contrôler les installations individuelles et les ventes. Ils sont aussi chargés de collaborer avec les services d’instruction de permis de construire dont l’obtention dépend de la présence d’un système. « Mais ils sont en train de se mettre en place », détaille le chargé de mission environnement, Namoudine Ibrahim, qui souhaiterait qu’ils se généralisent dans toutes les communes et intercommunalités (auxquelles reviendra la gestion de l’eau en 2026). La Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) ne disposait, au moment des auditions pour cette enquête 2023, que d’une personne en charge de toute la zone.

Elle recommande aussi plusieurs mesures pour améliorer les systèmes de traitement de l’eau « vétustes et sous-dimensionnés » afin d’éviter les saturations, informer la population de leur fonctionnement et usage des eaux usées qui ne doivent pas être jetées, chercher des traitements expérimentaux adaptés à l’île. Comme réfléchir à un usage agricole des boues d’épuration, se servir des mangroves et des roseaux qui filtrent les eaux usées traitées, évacuer par bateau sur un autre site etc.

« Toute agglomération de plus de 10.000 habitants devrait avoir une station d’épuration. Aujourd’hui, il y en a quatre sur l’île qui risquent d’être très rapidement saturées », poursuit Amélie Springer, alors que la démographie de l’île explose. La station Baobab, à Mamoudzou, pourrait être dans ce sens étendue. Sur son réseau, des remontées d’eaux souillées se constatent déjà.

Réseaux inexistants ou mal raccordés

« Les ouvrages ont été conçus sans partenariat avec le syndicat des eaux et avec des sous-dimensions ainsi que des défauts de fonctionnements. Ils ne remplissent pas 100 % de leurs capacités », rend compte Chadia Saidali, responsable finances de l’Agence d’attractivité et de développement touristique de Mayotte (AaDTM). Au cours de cette année, cette autre conseillère s’est déplacée pour voir comment les eaux usées sont traitées.

« Il y a des zones classées en assainissement collectif, où il devrait y avoir un réseau mais où il n’y en a pas alors qu’y sont situées des maisons individuelles », illustre Namoudine Ibrahim. « Les gens trouvent des systèmes D, font des épandages qui ne respectent pas la réglementation. Ces eaux usées risquent de se répandre dans la nappe phréatique artificielle. » À Chiconi, les réseaux débordent sur les routes. La population se connecte à un réseau qui n’est, lui, pas connecté à la station. Et quand ce ne sont pas les routes, c’est aussi le lagon qui reçoit les eaux usées.

« On retrouve des fosses septiques en dessous des maisons. Ce qui complique les contrôles et les vidanges », déroule Chadi Saidali. « Beaucoup sont pleines et débordent. Or, une fosse jamais vidangée peut causer des problèmes d’insalubrité et l’effondrement de l’habitat. Il faut pousser les foyers à en construire à distance légale (N.D.L.R. la fosse et son traitement doivent être à un minimum de trois mètres de distance de la limite de la propriété)»

Il faut compter au moins 6.000 euros de construction. Le raccordement, lui, entre 2.000 et 7.000 euros. Sans compter les habitats ne disposant pas de fosses. Sur cet aspect, la commission recommande d’instaurer des aides financières. Sans diagnostic assainissement, il est pourtant interdit de louer ou de vendre son bien.

« Et on ne fait juste qu’effleurer le problème »

« C’est comme une patate chaude. Personne ne veut la toucher parce que sinon, il faudrait s’expliquer sur les défaillances », exprime Abdallah Saïd, autre conseiller. Pour cette année d’enquête, la commission dit s’être heurtée à « des portes bloquées » auprès des organismes pour obtenir des données et explique avoir dû s’appuyer sur des sources anonymes. Le conseil a d’ailleurs essayé de récupérer également des données cartographiques auprès des Eaux de Mayotte. Sans succès. « C’est très difficile d’obtenir des données récentes », indique Noumoudine Ibrahim.

La commission insiste sur l’importance d’un diagnostic global. L’éruption sous-marine d’un nouveau volcan, Fani Maroé, aurait, par exemple, pu provoquer des fissures et des déplacements des tuyaux d’équipements collectifs.

« Ça fait un an que l’on travaille dessus. Et on ne fait juste qu’effleurer le problème », lance Amélie Springer. « On sait qu’en creusant, on trouvera certainement des choses plus catastrophiques. Le souci c’est que l’assainissement, c’est sous terre. Personne ne le voit. Et la population n’est pas sensibilisée au sujet. » Or, les conséquences d’une inaction seront, selon la commission, eux, bien visibles : une aggravation des remontées d’eaux usées au moment des pluies, une saturation des stations d’épuration, un « n’importe quoi » général quant aux initiatives de chacun pour se raccorder et se créer une fausse, des risques pour la biodiversité, mais aussi pour la santé avec le développement de maladies.

« On utilise tous les canaux pour se faire entendre : la presse, les associations intégrées au conseil… », appuie Amélie Springer. « On est sur un système D qui ne va pas tenir. J’espère que, comme l’urgence de l’eau dont on est au courant depuis des années, on ne mettra pas plusieurs années à reconnaître politiquement l’urgence de l’assainissement. »

Le conseil, en tant qu’assemblée consultative, émet des avis, mais ils n’ont aucune obligation d’être suivis.

Va-t-on vers une version mahoraise des « 500 frères » ?

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Un appel au rassemblement et à la création d’un collectif nommé « les 500 frères de Mayotte » circule activement sur les réseaux sociaux. Décryptage de ce mouvement guyanais dont s’inspirent les auteurs et qui est né lors de l’année 2017 en raison de l’insécurité sur le département français d’Amérique du Sud.

Combattre les « voyous », œuvrer « ensemble pour la paix » ou encore « la solidarité » et « le bien-être » sur l’île aux parfums sont les maîtres-mots d’un message anonyme relayé sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Un appel au rassemblement et par la même occasion au décalquage d’un collectif bien connu en Guyane Française circule sur les réseaux sociaux.

Selon le ou les auteurs, les hommes doivent s’emparer de la situation, descendre dans les rues, et calmer les ardeurs des assaillants qui caillassent tout ce qui bouge sur les routes de Mayotte. Rendez-vous est donné à ceux qui veulent « prendre la situation en main» dimanche, à 9h, au rond-point de Dzoumogné, sur la place de la République à Mamoudzou et au carrefour de Chirongui.

Un mouvement social 100% Guyanais

Le 11 février 2017 un trentenaire est tué par arme à feu, dans la cité Eau Lisette, un quartier du chef-lieu de la Guyane, Cayenne. Un mort de plus en Guyane française, où les armes à feu circulent à grande échelle. Une mort surtout « gratuite » : le défunt avait été agressé pour sa chaîne en or, dans une laverie. Un collectif s’organise et descend dans les rues masqué et habillé de noir pour protester contre l’insécurité. Il se nommera plus tard « les 500 frères contre la délinquance ».

Le 17 mars 2017, Ségolène Royal, alors ministre de l’Écologie, se trouve en Guyane pour défendre la protection du milieu marin de la région des Caraïbes dans le cadre de la conférence internationale sur la convention de Carthagène. Dans l’enceinte de la collectivité territoriale de Guyane, les échanges avec les pays représentés, dont les États-Unis et la République dominicaine, tournent courts. Plusieurs dizaines d’hommes, vêtus de T-shirts noirs, visages dissimulés derrière des cagoules, s’introduisent manu militari dans l’assemblée plénière et interpellent la ministre. Il s’agit là aussi des « 500 frères », également nommé « 500 frères contre la délinquance ». Le collectif demande à Ségolène Royal d’agir pour « arrêter la violence » qui gangrène le département. Le matin-même, les consulats des deux pays voisins, le Brésil et le Suriname, ont été bloqués. Car les « 500 frères » demandent aussi aux autorités de « rapatrier leurs délinquants ».

Quelques jours plus tard, le collectif, qui se veut non violent, donc sans armes, rallie à sa cause des syndicats, d’autres collectifs, mais aussi des organisations professionnelles portant des revendications sur le développement du territoire, la santé ou encore l’éducation. L’union des travailleurs guyanais lance un appel à la grève générale. « Nou gon ké sa », scandent les manifestants. Un slogan largement repris, lorsque le collectif « Pou la Gwiyann dékolé », notamment emmené par le député actuel de la deuxième circonscription de Guyane, Davy Rimane, bloque les principales villes du département aux côtés des « 500 frères ».

L’Accord de Guyane

A la fin du mois de mars, des manifestations historiques en termes de nombre de participants, sont menées à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent. Les collectifs mobilisés sollicitent la venue de ministres de « haut niveau ».

Ils obtiennent celle d’Ericka Bareigts, à l’époque ministre des Outre-mer. L’État et la collectif « Pou la Gwiyann dékolé » paraphent le 21 avril 2017 l’Accord de Guyane, un accord historique mettant fin aux barrages routiers et au sein duquel le premier promet trois milliards d’euros dans le cadre d’un plan additionnel. Le texte est publié au journal officiel. Un accord dont plusieurs mesures n’ont toujours pas été appliquées six ans plus tard.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes