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Un réseau Orange pas perturbé par les coupures sur les câbles sous-marins

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Orange assure une connectivité stable malgré les perturbations liées aux coupures sur le réseau international de câbles survenues ces derniers mois. La direction d’Orange Mayotte confirme que ses services restent opérationnels sur l’île, offrant à ses abonnés une connexion fiable même en cas d’incidents réseau. « Orange a en effet fait le choix de souscrire à des capacités de bande passante supplémentaires afin de disposer d’une infrastructure dimensionnée pour faire face aux perturbations pouvant toucher des câbles sous-marins », fait remarquer l’opérateur de téléphonie mobile.

Sécurité routière : des projets à soumettre avant le 15 mars

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Dans le cadre du Plan départemental d’action de sécurité routière (PDASR), la préfecture de Mayotte lance un appel à projets pour l’année 2024. Les entités locales, publique et privée, sont invitées à proposer des initiatives innovantes en matière de prévention routière. Les organisations intéressées ont jusqu’au 15 mars pour soumettre leur dossier. Les projets éligibles couvrent divers domaines prioritaires, notamment la sécurité des deux-roues motorisés, la lutte contre les comportements à risques tels que la conduite sous l’influence de l’alcool, des stupéfiants, ou la vitesse excessive, ainsi que la promotion des nouveaux modes de mobilité douce tels que les vélos électriques, les trottinettes électriques et la marche. De plus, les actions visant à sensibiliser les jeunes à la sécurité routière et à réduire les risques professionnels liés à la route sont également encouragées.

Les candidats ont la possibilité de postuler avec ou sans demande de financement. Dans le second cas, une procédure simplifiée est mise en place, nécessitant simplement le remplissage de la fiche d’action locale. Pour ceux qui sollicitent un financement, ils doivent préparer un dossier complet. Comprenant toutes les informations requises telles que le descriptif du projet, le budget prévisionnel, et les partenaires impliqués. Les dossiers doivent être soumis à l’adresse de la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm de Mayotte) ou par voie électronique : ibrahim.salim@developpement-durable.gouv.fr

« L’humanitaire à coup de primes », ces propos d’Estelle Youssouffa qui ne passent pas

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Sur les plateaux télévisés, la députée Estelle Youssouffa a pris pour cible des enseignants, les qualifiant de « chasseurs de primes ».

Invitée sur plusieurs plateaux télévisés, après l’annonce du gouvernement de vouloir supprimer le droit du sol à Mayotte, la députée mahoraise Estelle Youssouffa a fustigé les enseignants sur la chaîne Cnews, le 13 février. Selon elle, les délinquants à Mayotte « sont éduqués par le chevalier blanc de service, l’enseignant qui vient se faire de l’humanitaire à coup de primes à Mayotte plutôt que d’aller le faire en Afrique. Qui le bassine de grandes idées en lui disant tu auras tes papiers. (…) ils deviennent des bêtes sauvages », s’est-elle exclamée. 

« Dans le contexte de tensions que nous connaissons, il n’est pas très responsable de votre part de vous en prendre aux personnels enseignants de l’île. Nous sommes d’autant plus surpris que nous sommes disposés à dialoguer avec vous, mais que vous n’avez pas cherché à prendre notre attache avant de vous exprimer sur des sujets qui nous touchent de près », répondent Anssifoudine Port-Saïd et Henri Nouri. Les co-secrétaires départementaux FSU Mayotte indiquent que « la physionomie des enseignants dans le premier degré ne correspond pas à votre description tendancieuse ». Ils rappellent que la profession n’est pas épargnée par l’insécurité sur l’île, qui s’invite souvent aux abords des établissements. « Depuis 2018, nous avons exercé notre droit de retrait dans de nombreux établissements à la suite d’agressions de bandes armées », précisent-ils, citant les derniers exemples des collèges de Koungou et de M’gombani. Ils ajoutent qu’ils souhaitent « que les élèves que nous avons formés, puissent avoir les moyens règlementaires de continuer leurs études en métropole ».

Sur les primes, le syndicat rappelle que « beaucoup [d’enseignants] n’en perçoivent plus depuis longtemps » et qu’elles ne sont plus un facteur d’attractivité. En outre, « dans le premier degré, nous attirons votre attention sur le fait que, de plus en plus de collègues recrutés et formés localement demandent à quitter l’île. […] Enfin, au lieu de faire du prof bashing, en tant que députée de la nation, vous n’êtes pas sans ignorer que le métier d’enseignant n’attire plus et qu’une des raisons majeures en est la faiblesse des salaires pour des personnes diplômées bien souvent à bac +5. Ce problème national a des répercussions sur Mayotte », soutiennent les secrétaires départementaux. Ils indiquent ne pas vouloir passer ce genre de propos et demandent des excuses publiques de la part de la députée.

« Des rêves d’exotisme confortable »

Sur sa page Facebook, la députée a été plus nuancée, mais n’a pas souhaité faire d’excuses pour autant. « Loin de moi, l’idée de vous heurter sinon de rappeler quelques faits. Vous n’ignorez pas la position de certains (nombreux) enseignants à Mayotte qui s’engagent (c’est leur droit le plus strict) pour aider les jeunes sans papiers. Ces enseignants sont de passage sur l’île, avec des rêves d’exotisme confortable (pourquoi garder son poste et ses primes au lieu de partir directement l’humanitaire aux Comores si tel est l’objectif ? Venir à Mayotte pour des motifs financiers n’est pas honteux mais il faut admettre que c’est un élément clef de la prise de décision de venir) », réitère-t-elle. Sur la question des primes (indemnité de sujétion géographique), elle se mélange un peu en disant se battre pour que celles-ci aient le taux d’indexation mahorais (40%) à égalité avec La Réunion (53%). Elle affirme que cette prime « entraîne une différence de traitement avec les contractuels qui sont la majorité des enseignants à Mayotte (N.D.L.R. il y a bien une majorité de contractuels dans le second degré, mais pas pour le premier) ». En réalité, les professeurs à Mayotte ont le droit à la même indexation qu’ils soient titulaires ou contractuels, comme les autres fonctionnaires de l’île. L’ISG est bien une prime réservée aux professeurs titulaires, tandis que les contractuels recrutés à l’extérieur de Mayotte bénéficient d’une prime d’installation.

« Au-delà de ces échanges d’arguments qui ne nous mettront probablement pas d’accord, vous savez comme moi que l’Éducation nationale se disloque et qu’elle est à Mayotte en très grande difficulté avec une mission écrasante : mon mandat est de me battre au Parlement pour vous donner les moyens et les conditions de travailler dignement et en sécurité. Ce que je fais de mon mieux. Même pour ceux qui me critiquent ou se retrouvent victimes des bourreaux qu’ils ont naïvement contribué à protéger », ajoute-elle. « Nous avons en commun un engagement quotidien pour construire l’avenir et je veux vous dire ma sincère gratitude pour votre travail dont je ne peux qu’imaginer la difficulté », concède-t-elle, se disant en conclusion être à l’écoute des enseignants.

« Même après la crise, il faudra du temps pour se relever »

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Carla Baltus, présidente du Medef Mayotte, déplore les conséquences économiques d’un « manque de visibilité » dans la crise que traverse Mayotte. Un grand nombre d’entreprises implantées sur l’île, pour un total de 5.000 salariés concernés, souhaitent recourir à l’activité partielle. Seulement, tout le monde ne sera pas éligible.

Assises de Mayotte : « C’était eux ou c’était nous » : deux hommes jugés pour tentative de meurtre

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Huit ans après les faits, deux jeunes hommes sont jugés pour avoir tenté de tuer, en groupe, un adolescent, le 28 janvier 2016. Le procès, devant la cour d’assises de Mayotte, a débuté ce lundi et se clôturera mercredi. Les circonstances de l’agression qui a eu lieu à Mamoudzou restent floues.

« Ça sert à quoi une hache monsieur ? ». Nathalie Brun, la présidente de la cour d’assises à Mamoudzou, hausse le ton, ce lundi 19 février, en réponse à l’un des deux accusés qui confie avoir été traversé par la rage, mais prétend ne pas avoir eu l’intention de tuer. Les faits remontent au 28 janvier 2016, vers 21 heures, dans le quartier de Barakani, à Mamoudzou, non loin du commissariat. Ce qui pourrait être une quinzaine voire une trentaine d’individus, dont les deux accusés, guettent les alentours après une réunion organisée par des « mamas ». L’une d’entre elles étant celle du second. Selon plusieurs témoignages et l’enquêteur chargé de l’enquête, elles auraient demandé à défendre le quartier en réaction à des événements survenus plus tôt.

Mais ce soir-là, trois jeunes hommes issus de Kawéni descendent la route vers la place Dinahou. Ils sont vite repérés et encerclés. L’un des trois protagonistes, âgé de 15 ans et un mois à l’époque et habitant du quartier Recto verso, est projeté et traîné au sol, tandis que ses deux comparses parviennent à fuir. L’adolescent reçoit notamment des coups de marteau dans le dos et à la poitrine, et deux coups de hache sur la tête. Le troisième atterrit sur sa main, qu’il place devant lui pour se protéger.

« Je n’étais pas tout seul »

Dans un contexte déjà tendu de violences urbaines, explique l’enquêteur de l’époque, la police fait usage de gaz lacrymogènes. Le groupe riposte en caillassant avant de se disperser. La victime, partie civile de ce procès mais qui n’est pas présente lors de l’audience, se dirige en sang vers le centre hospitalier de Mayotte, avant de s’évanouir. L’affaire est confiée aux enquêteurs deux jours après. Selon le certificat médical, le pronostic vital de la victime est engagé à cause de quatre plaies commises à l’arme blanche. Elle ne sort de l’hôpital qu’un mois après [mise à jour], une plaie crânienne suturée sur 23 centimètres ainsi que des difficultés pour parler. Paralysée au niveau des membres supérieurs, sur le côté droit, à la suite de son agression, elle écope de 25 jours d’incapacité temporaire totale de travailler (ITT), puis de 30. À ce jour, « le total n’est pas encore consolidé », informe son avocat.

Le premier accusé, à l’origine d’au moins un coup de hache et qui a tout juste atteint la majorité, s’enfuit après les faits. Il est finalement retrouvé par les autorités, « avec un marteau », renseigne l’enquêteur. L’interpelé était déjà connu des services dans une affaire de stupéfiants et a été jugé depuis pour une agression au tournevis survenue pendant sa cavale. « Je n’étais pas tout seul. On était nombreux », répète-t-il à la barre, concernant le déroulé de la soirée, droit sur ses jambes, les yeux légèrement rougis mais le regard fixe sur les membres de la cour, « prêt à être juger et tourner la page ».

« Je tiens à la sérénité des débats »

« Tu ne sais rien ! », s’exclame-t-il à un moment. Tutoyant la présidente, il ne comprend pas pourquoi il a besoin de répondre aux questions alors que les auditions sont lues. « Je tiens à la sérénité des débats », répond la présidente à l’avocat général, représentant des intérêts de la société, qui estime que la cour s’est déjà bien assez justifiée. Tandis que la présidente prend le temps d’expliquer l’importance de l’oralité des débats.

« C’[était] eux, ou c’[était] nous », déclare néanmoins l’accusé, d’une voix rauque, persuadé que ces trois jeunes, dont l’un était armé d’un marteau, venaient pour se battre et qu’il s’agissait alors de se défendre. « Vous dites pourtant que le marteau est resté dans une poche de son pantalon », réagit la présidente. La victime, elle, explique, dans son audition lue durant l’audience, ne pas être au courant de rivalités entre bandes et avoir simplement voulu se rendre dans un commerce.

Le second accusé, reconnaît, lui, être présent sur les lieux ce 28 janvier mais ne pas avoir vu d’armes ni d’avoir été actif dans l’agression qui s’y est déroulée, expose ce trentenaire calmement. Le procès se poursuit jusqu’à mercredi.

Zone des Badamiers : « On doit essayer de travailler avec les possibilités existantes »

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La zone d’activité économique des Badamiers, en Petite-Terre, prend du retard à cause d’une maîtrise foncière compliquée.

Un récent article au sujet de la future zone d’activité économique des Badamiers à Labattoir (portée par l’intercommunalité de Petite-Terre) a suscité une réaction de l’Epfam (Établissement public foncier et aménagement de Mayotte). Son directeur, Yves-Michel Daunar, fait une mise au point.

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Yves-Michel Daunar, le directeur de l’Epfam. Photo d’archives

Flash Info : Pourriez-vous nous éclairer sur les missions dévolues à votre établissement ?

Yves-Michel Daunar : L’établissement intervient de façon multiple, dans beaucoup de domaines. Le premier, c’est donc celui de l’aménagement. Nous sommes là pour accompagner les collectivités, en fonction des projets qu’elles souhaitent mettre en œuvre sur le territoire, les accompagner dans le processus d’aménagement. Aménager, c’est quoi ? C’est élaborer le projet dans un cadre un peu collaboratif, en concertation avec les populations. Et une fois que le projet est accepté, validé et décidé, c’est trouver les moyens de  financements nécessaires à sa mise en œuvre, et ce n’est pas tout, c’est mobiliser l’ensemble des ressources qui ne sont pas que financières. Habituellement, les projets que nous portons sont généralement qualifiés d’intérêt général. Le plus important est de savoir si le projet est nécessaire ou pas ! Il peut être multiple et varié, un hôpital, un aéroport, des logements, etc… Et donc, si c’est nécessaire, nous devons trouver un foncier pour cela tout en sachant que l’objectif n’est pas de trouver un foncier sur le haut des monts Choungui ou Bénara, c’est disposer d’un foncier à proximité des lieux déjà bâtis, construits et occupés sur lesquels l’investissement pour la viabilisation peut être globalement maîtrisé en fonction aussi de la nature des lieux et des activités désirés.

FI : Quelles sont les conditions préalables à l’Epfam pour intervenir sur ce foncier ?

Y-M.D. : Il y a deux conditions essentielles à remplir pour y parvenir, rencontrer les propriétaires pour échanger, savoir s’ils sont vendeurs ou pas, s’ils sont porteurs de projets ou pas. Si on n’arrive pas à trouver un accord amiable pour acheter ce foncier, c’est à dire oui je suis disposé à vendre et à prix raisonnable, aujourd’hui, si on me dit 1.000 euros le mètre carré, je suis prêt, mais derrière l’opération, vous qui arrivez en tant qu’entrepreneur, est-ce que vous êtes prêt à l’acheter à cette hauteur, en sachant que c’est à travers de ces frais de viabilisation que je paie les salaires de l’établissement ? Je ne pense pas ! Donc, il faut trouver un juste équilibre par rapport à ce qui sera possible en termes de revente, sachant que nous allons rajouter une plus-value eu égard à la transformation qui sera opérée sur ce foncier. Dans la mesure où nous sommes un établissement public d’État, nous ne sommes pas là pour réaliser de plus-value ni bénéfice, la seule obligation que nous avons est simplement d’équilibrer nos opérations entre ce qui est possible dans l’acquisition et la revente. Nous partons sur la base que nous avons pu bénéficier d’un certain nombre de financements qui font que le coût réel de l’aménagement n’est pas celui qui est répercuté. Autrement dit, il ne s’agit pas d’acheter un foncier à n’importe quel prix, mais qu’il faut le maîtriser, sinon il n’y a pas de projet, pas de politique de développement, de logement ni d’aménagement. À Mayotte, on a l’exemple du Smiam (N.D.L.R. syndicat mixte d’investissement pour l’aménagement de Mayotte) qui a longtemps aménagé le territoire et fait un certain nombre d’opérations très rapidement. Les conséquences ne sont pas négligeables ; aujourd’hui, encore les problématiques foncières ne sont toujours pas réglées en raison de constructions réalisées sur du foncier non maîtrisé. Nous, nous sommes partis sur la démarche inverse consistant à d’abord maîtriser le foncier avant de réaliser des travaux. Nous nous interdisons de faire des travaux sur du foncier qui ne serait pas maîtrisé par l’établissement ; éventuellement, avec des accords de collectivités qui seraient propriétaires, or, on sait qu’en dehors du conseil départemental (42 à 46% du territoire dont 92% situés en zone naturelle ou agricole), ces collectivités mahoraises ne possèdent en réalité que 3% du territoire.

F.I. : Certaines personnes s’interrogent sur le choix du foncier des Badamiers plutôt qu’un autre ?

Y-M.D. :  La zone agricole, nous savons qu’il faut la préserver pour faire nourrir la population, tandis que la zone naturelle, il faut aussi la préserver pour avoir de l’eau. Par conséquent, à un moment donné, il faut se dire qu’on doit essayer de travailler avec les possibilités existantes, à savoir du foncier généralement privé, ce que je regrette forcément. Et même lorsqu’il n’est pas privé et qu’il appartient au Département de Mayotte, on rencontre des difficultés qu’il faut maîtriser, parce qu’on a ici la notion de propriétaires coutumiers alors que nous sommes aujourd’hui dans un État de droit et que cette notion n’a pas à rentrer en ligne de compte. Le propriétaire, c’est le Département ! Je ne sais pas distinguer un occupant coutumier qui n’a pas de titre. Éventuellement, en vertu de la loi Létchimy, aurait-il droit à une indemnisation ? De mémoire, le domaine foncier privé du Département n’est pas soumis actuellement à un exercice de régularisation, mais je peux me tromper.

Comores : De nouveaux décès liés au choléra, des enfants parmi les victimes

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Durant la toute première semaine de l’épidémie, l’âge moyen des contaminés par la maladie était de 34 ans, selon le bulletin sanitaire publié le 8 février, par le ministère comorien de la Santé. Mais désormais, les patients jeunes affluent dans les hôpitaux a révélé une pédiatre, à travers un message audio diffusé sur les plateformes numériques. Deux enfants de 4 et 10 ans sont décédés en l’espace de deux jours.

Jusque-là épargnés, les enfants tout comme les adultes sont touchés dorénavant par l’épidémie de choléra, qui sévit aux Comores, depuis le 2 février. En moins de quarante-huit heures, le ministère de la Santé a confirmé le décès d’un jeune de 15 ans, puis d’un enfant de 4 ans, dont la mort a été annoncée, jeudi soir. De samedi à lundi, une petite fille de 10 ans et un jeune de 25 ans sont venus s’ajouter à la liste des victimes qui s’élèvent à six. Face à la situation, la responsable du service pédiatre de l’hôpital El-Maarouf, à Moroni, a lancé une alerte. Dans un message audio qu’elle a envoyé dans un groupe WhatsApp, la docteure Mohamed Saidi Yacine, qui a reconnu qu’elle en était bien l’auteure, appelle ceux qui écouteraient le vocal à prendre les choses au sérieux. « Nous vivons une vague de choléra ces temps-ci. La maladie touche même les enfants qui continuent d’affluer. Je lance cet appel pour que vous m’aidiez à sensibiliser le maximum. Je peux vous assurer que l’épidémie est là et fait des ravages », a alerté la pédiatre contactée par nos soins, vendredi. La médecin a regretté la disparition du môme de 4 ans, qui s’est malheureusement déshydraté pendant la nuit du jeudi où il a été admis à l’hôpital, avant de succomber, a-t-on appris. « Nous avons tout fait pour le réanimer, sans succès. Donc si quelqu’un constate qu’il a de la diarrhée, ou qu’il vomit, il doit se présenter sans perdre du temps à l’hôpital », a-t-elle vivement recommandé, dans son audio de cinq minutes. Lundi, le centre de Samba, au nord de la capitale, qui accueille les malades rattrapés par le choléra, comptait 22 patients au total.

83 cas confirmés

Depuis le 2 févier jusqu’à ce lundi, on constate une flambée des cas. Par exemple, en seize jours, les cas contacts sont passés de 3 à 241, pendant que les cas confirmés s’élèvent à 83 contre 16 recensés une semaine plus tôt. Selon le bulletin publié ce week-end, le nombre de cas augmente surtout en Grande Comore, plus particulièrement dans le district du centre de Moroni. Le ministère comorien de la Santé a identifié cinq districts à risque de transmission de la maladie dont quatre à la Grande Comore et un à Moheli. Sur 121 tests réalisés, 83 se sont révélés positifs. Au niveau de la tranche d’âge, toutes les catégories sont touchées alors qu’au tout début de l’épidémie, l’âge moyen était de 34,5 ans, d’après la cheffe du service pédiatrie dont l’audio a fait le tour des réseaux sociaux, de Facebook, jusqu’à X (ex-Twitter). La docteure Mohamed Saidi Yacine nous a confié que les patients jeunes qu’ils reçoivent sont des enfants de 6 ans et plus et ils viennent parfois dans un état grave. « Nous recevons des cas sévères. Or, je sais que des Comoriens nient l’existence de la maladie aux Comores. Je ne fais pas cette audio pour vous faire peur, mais étant membre du personnel soignant, j’ai le devoir de vous sensibiliser. Soyons unis pour vaincre cette maladie qui est capable d’entrainer la mort en quelques heures », a averti la pédiatre, qui appelle la population à éviter en cette période les légumes crus, tout en invitant les gens à adopter les mesures de protection, notamment le lavage régulier des mains avec de l’eau savonnée.

Déni, complot

Les autorités ont annoncé vouloir incessamment organiser une caravane de sensibilisation, poursuivre par géolocalisation la dynamique spatiale de la maladie, ou encore désinfecter les véhicules des particuliers qui transportent des patients dans les sites. Le ministère de l’Éducation compte présenter au gouvernement un plan de contingence. Une opération de désinfection a déjà été réalisée dans douze établissements scolaires dont trois écoles publiques. La maladie a été importée pour la première fois par des passagers venus d’un bateau en provenance de la Tanzanie, le 30 janvier. Une partie d’entre eux était directement admise à l’hôpital après que les résultats des analyses se sont avérés positifs.

Les autres ne présentant aucun signe bénéficiaient d’un suivi depuis le bateau et ont été autorisés à rejoindre la terre ferme, quelques jours plus tard. Si le pays déplore officiellement six décès en deux semaines d’intervalle, dont trois morts en moins 48 heures, les médecins grâce au traitement disponible en revanche sont parvenus à guérir 55 patients. Mais cela ne signifie pour autant que la population ait pris les choses au sérieux, dans la mesure où certains citoyens sont encore dans le déni, pensant que le choléra n’est qu’un mensonge, un complot ourdi par le gouvernement d’Azali Assoumani pour masquer la crise politique actuelle entre autres. Une thèse dangereuse qui prend de l’ampleur, alertent les médecins.

Sénat : « Quand vous dites que les Comores respectent leur part du contrat, c’est faux »

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Thani Mohamed Soilihi a vivement critiqué le plan de développement France-Comores lors d’une audition sénatoriale, le jeudi 15 février.

Ce jeudi 15 février, le plan de développement France-Comores en place depuis 2019 a eu droit à un court bilan de la part de l’Agence française de développement (AFD) devant le Sénat. Le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi a tenu à réagir, pointant du doigt l’inefficacité de cet accord.

Le plan de développement France-Comores est venu, ce jeudi, sur la table de l’audition du directeur du département des trois océans de l’Agence française de développement (AFD), Charles Trottmann, par le Sénat, dans le cadre du rapport d’information sur la coopération et l’intégration régionales des Outre-mer. Ce plan établit une aide au développement des Comores de 150 millions d’euros de la part de la France en échange d’un effort des Comores au niveau des réadmissions des ressortissants comoriens soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Présente dans l’archipel voisin,c’est l’AFD qui est l’outil financier en charge de l’exécution de cet accord.

La question a été posée par le sénateur de Guyane, Georges Patient, qui a qualifié l’opération menée depuis 2019 d’« échec » : « Je sais que la totalité des fonds na pas encore été versée, mais ceux qui lont été, avez-vous un contrôle, des indicateurs pour évaluer les résultats ? »

Charles Trottmann a commencé par défendre les premiers résultats de ce plan de développement, prévu pour jusqu’à 2028 ou 2029. « En 2018, 2019, au moment où ce plan France-Comores est élaboré, on était dans une situation de crise totale avec les Comores qui refusaient de reprendre leurs ressortissants qui étaient sous OQTF », rappelle-t-il. Sur ce point, il affirme que désormais, l’Union des Comores est « irréprochable », reprenant 25.000 ressortissants comoriens par an sans laisser-passer consulaire. « Les Comores n’ont jamais fait défaut sur cette partie de leur obligation », soutient-il.

Cinq hôpitaux et cinquante écoles construits ou rénovés

En revanche, il admet que la prévention des départs est davantage à travailler. Car ce plan de développement a en effet pour but de contribuer à endiguer l’immigration clandestine en partance de l’Union des Comores vers Mayotte en agissant sur les causes profondes de cette dernière. Ainsi, une équipe d’une quinzaine de personnes de l’AFD ainsi qu’une cinquantaine de collaborateurs d’Expertise France, qui met en œuvre un tiers du programme, travaillent par exemple sur la rénovation de cinq hôpitaux, sur la construction ou rénovation de cinquante écoles ainsi que sur la formation professionnelle de 8.000 personnes.

« Quand vous dites que les Comores respectent leur part du contrat, cest faux », commence à répondre le sénateur mahorais Thani Mohamed Soilihi lors de l’audition, arguant que la situation migratoire à Mayotte n’a jamais été aussi préoccupante. Il affirme que l’Union des Comores fait un « chantage à la bombe migratoire » au département français. « Désormais, des Africains des grands plateaux, qui ne connaissent pas forcément Mayotte, viennent aux Comores et on leur dit : « Non, en fait, il y a un eldorado là bas, allez-y ». Et cest comme ça quon se retrouve avec un flux aussi massif de migrants qui navaient pas lhabitude, jusqu’à présent, de venir à Mayotte », argumente le sénateur. Pour lui, le fait que l’Union des Comores accepte d’accueillir 25.000 de ses concitoyens expulsés de Mayotte par an est tout simplement un devoir, et non un service rendu à la France.

« Azali Assoumani se moque de nous »

Les mots du sénateurs sont forts, sûrement déçu après avoir encouragé ce plan de développement en 2019 : il est question de « 150 millions [d’euros] foutus à la poubelle », ou encore d’« Azali Assoumani [qui] se moque de nous ». Pour y remédier, Thani Mohamed Soilihi préconise que la France passe par un autre pays et que les migrants qui viennent à Mayotte de façon irrégulière soient amenés par avion vers ce pays pour y formuler leur demande de séjour ou de statut de réfugié à partir de là-bas, quitte à faire intervenir des Organisations non gouvernementales (ONG) dans le processus. Il veut ainsi s’inspirer de l’accord récent signé entre le Rwanda et le Royaume-Uni. La France, elle, s’engagerait à les accompagner « de façon humaine, condition dont ils ne bénéficient pas aujourd’hui, puisque c’est dans des kwassa-kwassa qu’ils risquent leur vie tous les jours ».

De son côté, le sénateur Saïd Omar Oili n’a rien ajouté sur le sujet, jugeant que pour une fois, il était pleinement d’accord avec son homologue.

La Russie soutient les revendications comoriennes

Dans une interview pour le journal comorien Al-Watwan parue le vendredi 16 février, l’ambassadeur russe à Madagascar, Andrey Andreev, a affirmé « le soutien continu de la Russie au droit légitime des Comores à restaurer la souveraineté sur l’île de Mayotte ». La Russie est en effet dans une démarche de renforcement des liens avec l’Union des Comores, pays avec lequel les échanges se multiplient au fil des années, avec, par exemple, des conférences sur le développement touristique, de l’assistance humanitaire ou encore l’octroi de bourses d’études pour les étudiants comoriens en Russie. Dans l’interview, il est également question de développer la coopération dans le secteur de l’agriculture par exemple, très important aux Comores. Une stratégie qui semble s’insérer dans celle plus globale d’étendre l’influence de la Russie en Afrique. C’est ainsi qu’au cours de l’interview, l’ambassadeur Andrey Andreev a insisté sur le droit des pays africains à choisir leurs partenaires internationaux librement.

1.000 personnes marchent en soutien des deux Sadois condamnés

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Ce lundi, près d’un millier de personnes ont marché entre Sada et Chiconi en soutien aux deux barragistes condamnés à quatre années de prison ferme dans l’affaire du caillassage de la brigade de gendarmerie de Sada. Les participants, partis de la boulangerie de Sada, ont traversé le barrage dit « ChiSa » [pour « Chiconi » et « Sada »] au carrefour de Chiconi avant de réaliser une boucle dans le village. Une marche de près de cinq kilomètres organisée « pour la paix, pour la solidarité de l’ensemble des habitants de Sada et de Chiconi qui veulent manifester leur soutien à la famille qui est naturellement affectée par cette décision de justice », selon Saïd Kambi, un des représentants des Forces vives. Les marcheurs se sont quittés sur les coups de 10h30 au niveau du barrage, après un long moment de recueillement.

La crise à Mayotte sur la table de la ministre Marie Guévenoux

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Marie Guévenoux (ici à Mamoudzou, le 11 février), la nouvelle ministre déléguée à l'Outremer, a reçu plusieurs élus mahorais, ce lundi 19 février.

Les premiers jours de la nouvelle ministre déléguée à l’Outremer, Marie Guévenoux, sont largement consacrés à Mayotte, du fait du mouvement social qui paralyse l’île depuis quatre semaines. Ce lundi 19 février, alors qu’elle a été chargée d’élaborer le projet de loi Mayotte qui doit être présenté le 22 mai en conseil des ministres, elle a rencontré plusieurs élus de l’île aux parfums. Elle s’est entretenue avec les deux députés, Estelle Youssouffa et Mansour Kamardine, tous deux favorables à la suppression du droit du sol à Mayotte proposée par le gouvernement.

Elle a également échangé avec les sénateurs Thani Mohamed Soilihi et Saïd Omar Oili, qui ont eux-mêmes pu s’entretenir récemment avec le Premier ministre, Gabriel Attal. Porteur d’une feuille de route rédigée par les Forces vives, Ben Issa Ousseni a eu le droit à un entretien lui aussi. Le président du conseil départemental de Mayotte était accompagné du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla.

Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla (au centre), et le président du conseil départemental de Mayotte, Ben Issa Ousseni (à sa gauche), ont pu rencontrer la ministre.

« La ministre déléguée chargée des Outre-mer a pu échanger sur la méthode et sur le calendrier d’élaboration du projet de loi de Mayotte, qui devra être présenté le 22 mai en conseil des ministres. Des réunions de concertation se tiendront, sous l’égide du préfet d’une part et lors des déplacements de la ministre à Mayotte d’autre part », explique le ministère.

Le nouveau préfet présent

Alors que le départ de Thierry Suquet n’est plus qu’une question de jours, son remplaçant au poste de préfet de Mayotte était présent aux côtés de la ministre. Celle-ci « a rappelé la nécessité du rétablissement à très court terme de l’ordre public et celle du maintien d’une paix civile durable ».

François-Xavier Bieuville a ainsi « des objectifs clairs et identifiés en matière de sécurisation et d’action de sécurité publique ». Il y a d’abord la conduite du démantèlement du camp du stade de Cavani dont la suite « sera réalisée dans les prochains jours pour répondre aux préoccupations du territoire ». Il devra aussi mettre en place une opération Wuambushu 2, dont le calendrier n’a pas été donné.

Selon le ministère, « Marie Guévenoux se rendra sur l’île dans le prolongement de l’installation du nouveau préfet de Mayotte », dont l’arrivée sur place est prévue le samedi 24 février.

Fin du droit du sol : « Les Mahorais ont accueilli très positivement cette proposition »

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Dans un entretien accordé au journal l’Humanité et publié ce lundi, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté de supprimer le droit du sol à Mayotte. Le chef de l’État ajoute que la proposition est « accueillie très positivement par les Mahorais, quelles que soient leurs sensibilités politiques ».

L’annonce faite sur le tarmac de l’aéroport mahorais, le dimanche 11 février, avait fait grand bruit. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outremer, a promis la fin du droit du sol à Mayotte et celle du titre de séjour territorialisé. Il avait soutenu que le président de la République y était favorable. Aux journalistes de l’Humanité, à l’occasion de l’entrée au Panthéon des résistants Missak et Mélinée Manouchian, Emmanuel Macron confirme la démarche dans un entretien paru ce lundi 19 février. A une question sur l’atteinte au principe fondateur de la nation française, il rétorque « qu’il ne faut pas se focaliser uniquement sur le droit du sol. C’est un département français au cœur des Comores. Des familles y circulent et arrivent en France, via Mayotte, où elles ont accès à des prestations complètement décorrélées de la réalité socio-économique de l’archipel. Cela provoque un énorme appel d’air ». Parmi les raisons avancées, il fait remarquer que « Mayotte est la première maternité de France, avec des femmes qui viennent y accoucher pour faire des petits Français ». Il cite également « l’arrivée massive de personnes en provenance de Tanzanie et d’autres pays », même si ces dernières demandent davantage le statut de réfugiés que de bénéficier d’un quelconque droit du sol.

« Pas une attaque à la République indivisible »

Il clame que la suppression de ce droit à Mayotte « n’est pas une attaque à la République indivisible, car la Constitution la reconnaît aussi comme plurielle et décentralisée ». Il rappelle ainsi qu’un régime dérogatoire est possible dans les territoires ultramarins. En effet, le droit du sol est déjà limité à Mayotte aux enfants dont au moins l’un des deux parents est présent de manière régulière sur le territoire mahorais, trois mois avant la naissance. Cependant, et alors même que la modification de 2018 n’a pas donné de résultats probants, « il est légitime de poser cette question car les Mahorais souffrent. Ils ont d’ailleurs accueilli très positivement cette proposition, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Nous devons casser le phénomène migratoire à Mayotte, au risque d’un effondrement des services publics sur l’île », estime le président, avant de prévenir, alors que la droite et l’extrême-droite la réclame, que cette restriction « ne signifie pas de le faire pour le reste du pays ».

Emmanuel Macron n’évoque pas la fracture que cette annonce suscite au sein de son camp, tout comme celle créée avec la loi Immigration et Intégration. Il ne parle pas non plus de la fin du titre de séjour territorialisé, la mesure davantage attendue par les Forces vives, qui entraîne un blocage de l’île depuis quatre semaines maintenant.

« Je ne dis pas que j’ai tout réussi »

L’interview très politique du journal de gauche s’est concentré sur le rapport de forces entre le président de la République et celle qui a été battue au second tour de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen. Les journalistes de l’Humanité rappellent que la montée des inégalités joue un rôle dans l’ascension des extrêmes. « Je ne dis pas que j’ai tout réussi. Nous avons tous des responsabilités, mais la caricature que vous faites de ma politique est fausse. Les chiffres le prouvent », se défend le chef de l’État, qui dit avoir augmenté « de façon inédite » les budgets de l’Éducation nationale, de la santé, de la justice et de la sécurité. Il a reconnu, cependant, qu’il a été élu deux fois « dans un contexte où il n’y a plus de grandes manifestations comme en 2002 ». « C’est la société qui a normalisé et banalisé l’extrême droite. Elle est invitée sur tous les plateaux de télévision depuis plus de dix ans. Je sais aussi la responsabilité qui est la mienne pour essayer de porter le projet démocrate et républicain, en prenant en compte la pluralité des opinions », fait-il valoir.

Barrages : La « vie normale » ne reprendra pas de sitôt

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Les barrages n’ont été que provisoirement mis de côté, ce vendredi, comme ici à Tsingoni.

« La vie normale va reprendre », assuraient les représentants des Forces vives de Mayotte au sortir d’une assemblée générale avec les référents des barrages, vendredi. C’était sans compter sur une décision de justice, rendue le même jour au tribunal correctionnel de Mamoudzou, qui a envoyé derrière les barreaux deux meneurs du barrage de Chiconi (voir par ailleurs). Les barrages n’ont donc finalement pas été « mis de côté ».

Les « Forces vives » ont probablement mis la charrue avant les bœufs en annonçant, vendredi soir, à l’issue d’une assemblée générale avec les référents des barrages, la suspension du blocage des routes de l’île. Après quatre heures de réunion, Abdou Badirou, un des porte-paroles du mouvement, estimait ce soir-là que la vie allait « reprendre » et que les gens pourraient circuler le soir-même. Le collectif jouait alors la carte l’apaisement après avoir « expertisé » et « décortiqué » le courrier de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, qui concrétisait les annonces faites lors de son déplacement à Mayotte, le dimanche 11 février. L’apaisement n’a pas duré. Le même jour, la justice a condamné à quatre ans de prison deux hommes – considérés comme des « leaders » du barrage de Chisa – reconnus coupables d’avoir commandité l’attaque de la brigade de gendarmerie de Sada (voir par ailleurs). « La population n’est pas d’accord [avec cette décision de justice, N.D.L.R.], les barragistes ont pris la décision d’un commun accord de ramener tous les barrages sur les routes de Mayotte », a décrété, samedi, Abdou Badirou. Une décision prise, à l’en croire, d’un commun accord avec « la base » du mouvement social.

La « base » réclame des mesures concrètes

Vendredi, la réunion entre leaders des « Forces vives » et barragistes avait pourtant mis en exergue des désaccords au sujet de la suite du mouvement, au cours d’une assemblée générale qui aura duré plus de quatre heures, dans le marché couvert de Tsararano (commune de Dembéni). Des participants plus exigeants que les leaders du mouvement social n’avaient pas l’intention de courber l’échine après réception du courrier ministériel, jugé peu convaincant sur les sujets sécuritaires. « La base ne veut pas lever tant qu’on n’a pas eu au minima l’état d’urgence sécuritaire », a argué un habitant de Dembéni.

Il y aurait d’ailleurs eu un premier vote à main levée, peu avant 16h, à l’issue duquel le vote « pour » le maintien des barrages l’aurait emporté. Mais les dirigeants du mouvement ont décidé de remettre le couvert après de vifs échanges. Entraînant le départ précipité d’une trentaine de personnes.

Une nouvelle visite ministérielle

Abdou Badirou estimait alors que « le gouvernement avait pris des engagements », dont celui de l’organisation d’un deuxième déplacement à Mayotte de la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Prévue dans « un mois », cette visite ministérielle permettra de « voir l’évolution des actions mises en place », selon le porte-parole. Une attention toute particulière est portée sur le sujet, sensible, du démantèlement du camp au stade Cavani. L’opération est censée se terminer dans quinze jours, si l’on s’en fie aux déclarations de Gérald Darmanin, qui prévoyait un démantèlement en deux mois.

« En tant que responsables, nous sommes conscients que cela ne va pas plaire à tout le monde, mais nous devons aussi faire confiance à ceux qui ont besoin de travailler davantage », avait conclu, vendredi, Safina Soula. C’était sans se douter que les barragistes ne l’entendraient pas de cette oreille, et reprendraient de plus belle leurs actions le soir-même.

Le transport scolaire reprend uniquement sur le nord de l’île

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La reprise du transport scolaire ne se fait que dans le nord de Mayotte, une zone où il n'y a pas de barrages liés au mouvement social.

Le réseau HalO’ signale que le ramassage demeure perturbé ce lundi 19 février, en raison de douze barrages sur divers axes routiers de l’île. Néanmoins, certaines lignes fonctionnent dans la zone Nord, permettant à ce jour le ramassage des élèves. En raison de contraintes techniques et de ravitaillement en carburant, Transdev envisageait ce week-end seulement 69% des services opérationnels, ce lundi, jour annoncé de la levée des barrages. La reprise était annoncée comme progressive selon les transporteurs.

Le maintien des barrages dans le sud, le centre et l’ouest de Mayotte a changé les plans.

Athlétisme : pas de médailles pour les Mahorais au championnat de France

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Deux sportifs représentaient Mayotte au championnat national d’athlétisme en salle, ce week-end. Le hurdler du Racing club de Mamoudzou, Raphaël Mohamed, est en forme sur la distance du 60m haies. Le 20 janvier, le jeune homme d’Hagnoundrou avait réalisé son meilleur temps sur un 60m en salle avec 7’’02, à Aubière (Puy-de-Dôme). La semaine d’après, il avait remporté le meeting de Nantes (Loire-Atlantique) en réalisant un temps de 7’’73 sur le 60m haies, égalant son record personnel. A Miramas (Bouches-du-Rhône), ce dimanche, il n’a pas pu faire mieux que 7’’91 dans sa série, soit le treizième temps au cumulé. Le titre a finalement été remporté par Wilhem Belocian (7’’44), champion d’Europe de la distance en 2021, au nez de Just Kwaou-Mathey (7’’45).

Au 60m femmes, Nasrane Bacar n’a pas pu se qualifier pour la finale, ce samedi. La triple championne de l’épreuve (2014, 2019 et 2023) a réalisé un temps de 7’’49, le quatrième de sa série. La première série étant plus rapide, l’athlète originaire de Bandrélé, licenciée à l’Entente bassin athlétisme La Teste-de-Buch/Gujan-Mestras (Gironde), termine au onzième rang au cumulé. Orlann Olière remporte le titre de championne de France, deux semaines avant sa participation aux championnats du monde de la discipline à Glasgow (Écosse).

Des interpellations liées à des callaissages à Mamoudzou, Tsoundzou et Majicavo

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Les affrontements entre bandes de différents villages de Mamoudzou continuent. Le compte X de la police nationale indiquait que, samedi soir à Mamoudzou et M’tsapéré, « les policiers ont dû faire face à plusieurs groupes d’individus violents commettant des exactions dont des caillassages contre les automobilistes et les forces de l’ordre. Malgré leur parfaite connaissance de l’environnement où prendre la fuite, deux d’entre eux ont été interpellés par la brigade anticriminalité ». La veille, des rixes entre Tsoundzou 1 et Passamaïnty avaient également eu lieu.

Vendredi, la gendarmerie a communiqué sur l’interpellation de neuf individus en lien avec des caillassages sur les forces de l’ordre, à Tsararano et Majicavo. Cinq d’entre eux ont été placés en garde-à-vue, tandis que les quatre autres sont des étrangers en situation irrégulière « qui ont fait l’objet de procédure d’éloignement ».

L’association des maires réagit au départ du préfet Thierry Suquet

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L’entente n’était pas si cordiale entre le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, et le président de l’association des maires de Mayotte, Madi Madi Souf. Par courrier interposé, les deux hommes avaient exprimé leurs différends sur fond d’insécurité. Le maire de Pamandzi avait joint sa signature à celles des seize autres maires, le 16 décembre, dans un communiqué rassemblant une série de mesures. Ils estimaient alors que l’État « n’assurait plus totalement » sa mission de protection des biens et des personnes, avant une marche organisée à Mamoudzou, le 18 décembre. Le préfet avait répondu, le 26 janvier, en rappelant que les dispositifs déjà mis en place par les services de l’Etat « recoupent largement les demandes exprimées ». Il indiquait que 1,8 milliard d’euros ont été consacrés à des projets liés à la sécurité à Mayotte en 2023 (dont l’opération Wuambushu). Pour lutter contre la délinquance, il en appelait à la mobilisation des élus « dans toute la mesure de vos compétences et de vos moyens ».

Malgré cette prise de bec, le président de l’association des maires a reconnu que celui qui deviendra préfet du Vaucluse, dans deux semaines, « n’a pas chômé dans ces fonctions. Les défis à relever et les chantiers à poursuivre restaient immenses dans ce département qu’on qualifie, certainement à raison, de département hors normes et de toutes les crises ». Le maire de Pamandzi dit garder « l’image d’un grand serviteur de l’Etat qui nous a le plus souvent associé dans les travaux et les grands dossiers impliquant nos collectivités locales », lui souhaitant « bon vent et pleins de succès et de réussites dans ses nouvelles fonctions ».

Le nouveau préfet à partir du 27 février, François-Xavier Bieuville, a le droit à un message de bienvenue. Madi Madi Souf lui assure « de notre disponibilité à travailler de concert et en bonne intelligence pour l’intérêt de cette île ».

Nadjim Baridoiti échoue à devenir Mister France 2024

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Le samedi 17 février, le théâtre André Malraux de RueilMalmaison (Hauts-de-Seine) s’est illuminé de mille feux pour accueillir l’édition 2024 du concours Mister France. L’événement a réuni 31 candidats venus des quatre coins de la France pour briguer le titre tant convoité. Parmi eux, Nadjim Baridoiti, fier représentant de Mayotte, a défendu les couleurs de son île.

La soirée s’est déroulée sous l’œil attentif d’un jury composé de sept personnalités influentes, présidé par Xavier de Fontenay, fils de Geneviève de Fontenay, figure emblématique du concours Miss France. Les critères de sélection étaient clairs : les participants devaient être âgés entre 18 et 30 ans, au moment de leur inscription avec quelques exceptions, mesurer au moins 1m75, être célibataires et sans enfant.

Au terme d’une compétition féroce où charme, élégance et charisme étaient de mise, c’est finalement Charles Stamper, représentant de la région Rhône-Alpes, qui a été couronné Mister France 2024. Il succède ainsi à Lisandre Van Muylders, qui avait remporté le titre en 2023,

juste devant le Mahorais Djassim Ahamada.

Nadjim Baridoiti, bien que n’ayant pas décroché le titre suprême, a néanmoins su captiver l’attention du public et du jury par sa prestance et sa carrure de 2,08 mètres.

« Je ne suis pas un délinquant, je n’ai jamais blessé personne »

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Dine Omar a été condamné, ce vendredi, pour une série de vols commis sur une période s’étendant du 11 juillet 2023 au 15 janvier 2024. Ce délinquant de Passamaïnty, déjà condamné par le passé, est renvoyé en prison pour trois ans de plus.

Attaque de la gendarmerie : « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point »

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Le procès de « Maddou » et « Alger », les deux barragistes du carrefour Chisa, a été particulièrement suivi, ce vendredi soir, au tribunal correctionnel de Mamoudzou.

Deux habitants de Sada, Maddoudine Abdou et Mohamadi « Alger » Attoumani, ont été condamnés à quatre ans de prison ferme, vendredi soir. Le tribunal correctionnel de Mamoudzou a jugé que les deux hommes, pourtant membres du collectif de défense de leur village, étaient bien les instigateurs de l’attaque à coups de pierres et de cocktails molotov de la brigade locale, les 28 et 29 janvier.

Les matins des 29 et 30 janvier, les habitants de Sada ont découvert leurs véhicules cassés ou incendiés, des pierres et des restes de poubelles qui jonchaient les environs de la brigade territoriale de gendarmerie, les lieux ont été transformés deux nuits durant en zone de guerre. A chaque fois, entre une cinquantaine et une centaine de jeunes ont participé aux attaques à coups de pierres, de cocktails molotov, de projectiles en fer et de bacs enflammés. Les gendarmes, qu’ils soient mobiles ou départementaux, ont été choqués par la violence de l’attaque.

Depuis, l’enquête de la gendarmerie a déjà permis d’identifier une partie des auteurs. Le plus jeune a 12 ans, d’autres sont majeurs et ont été condamnés, ces dernières semaines par le tribunal correctionnel de Mamoudzou. Au cours de leurs auditions, un élément troublant est revenu à plusieurs reprises, la présence d’hommes plus âgés et des promesses d’argent pour passer à l’acte. Les enquêteurs n’ont alors pas eu de mal à en identifier deux (un troisième a été interpellé, puis rapidement relâché), Maddoudine Abdou et Mohamadi « Alger » Attoumani. Les deux hommes plutôt respectés à Sada, par ailleurs membres du collectif de défense de Sada et actifs sur le barrage de Chisa, ont été interpellés, mercredi matin, dans leur village.

« Sous l’effet de la colère »

Le premier, âgé de 34 ans et CPE au lycée de Kahani, a été désigné par les jeunes comme étant celui qui avait fixé le rendez-vous au niveau de Bandrani. Il était décrit comme porteur d’une cagoule noire et d’une arme de poing. La perquisition, le jour même de son interpellation, permet de retrouver un couteau de chasse, trois pistolets d’alarme, un pistolet à bille, des munitions et deux cagoules. Un autre couteau et un poing américain sont dénichés dans sa voiture. « Il y en avait jusque dans la chambre des enfants », fait remarquer le procureur de la République, Yann Le Bris. Auditionné à cinq reprises, l’homme a nié à chaque fois connaître les assaillants de la brigade. Ce n’est qu’à la sixième fois qu’il a fini par avouer. « J’ai fait ça sous l’effet de la colère. Le préfet venait d’annoncer la levée des barrages », confirme-t-il, à la barre. Le samedi 27 janvier, il s’attendait en effet à voir débarquer les forces de l’ordre, augmentant la tension sur son barrage. En voyant des jeunes qu’il connaissait à proximité, il s’est approché pour discuter. « Si on avait un problème sur les barrages, on aurait besoin de leur aide », indique-t-il, au tribunal. Le journal des appels, tout comme les messages gardés sur les téléphones (alors que les adultes avaient demandé qu’ils soient effacés), confirment son rôle d’organisateur. « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point », regrette-il. Au sujet de l’arsenal utilisé les deux nuits par les jeunes de Sada et Chiconi, il nie avoir demandé qu’ils soient armés, « mais je savais qu’ils n’allaient pas venir les mains vides ». Il conteste cependant les trois témoignages qui affirment qu’il serait lui-même l’un des lanceurs de pierres. Un autre témoignage a aidé les inspecteurs. L’une des gendarmes, il en connait personnellement plusieurs, l’avait trouvé trop bienveillant avant les attaques, lorsqu’ils se croisaient sur les barrages. Surtout, juste après la première, vers 8h, soit cinq heures après les faits, il l’a appelé « angoissé et incohérent » pour dire qu’une rumeur le liait à l’assaut, et que surtout, il ne fallait pas y croire. « J’étais paniqué », reconnaît-il.

Son compère, celui qui est surnommé « Alger » est un peu plus âgé. Solidement bâti, l’homme de 47 ans a toujours nié avoir été là, contrairement à ce que disent les auteurs des violences. Selon plusieurs d’entre eux, il serait arrivé en voiture en début de soirée, aurait changé ses vêtements et mis une cagoule noire avec un liseré blanc. Son rôle a alors été de guider les jeunes assaillants en les prévenant à chaque fois des mouvements des gendarmes. Le chauffeur de camions se défend et affirme que ses fonctions dans le collectif de défense font de lui « une cible » pour ces jeunes. Le soir des faits, il dit être resté avec sa femme. Concernant la cagoule avec le liseret blanc et son pistolet d’alarme apportés par sa famille à la brigade (les habitants de son quartier ont empêché la perquisition de son domicile), il se montre évasif.

« Les conséquences de votre initiative malheureuse »

« Habitants de Sada, sachez que les dégradations de vos maisons et vos véhicules, le bus brûlé, ce n’était pas voulu. Ce n’était que des dommages collatéraux. C’était la gendarmerie qui était visée depuis le début », fait remarquer Yann Le Bris, lors des réquisitions. Plusieurs éléments le convainquent de la culpabilité des deux prévenus. Il y a la téléphonie et les cagoules retrouvées chez les deux hommes. Il rappelle que les différents témoignages sont identiques alors que les jeunes « n’ont jamais eu l’occasion de se concerter ». Comme « Maddou » l’a indiqué lui-même, le mobile se trouverait dans la décision du préfet de lever les barrages. « Le barrage représente un symbole. C’est son barrage. Cela lui fait perdre la raison. » A ce titre et alors qu’une quarantaine de personnes des Forces vives sont dans la salle, il indique qu’il ne « porte aucun jugement sur les barrages. Ce n’est pas mon sujet ». Il a, à plusieurs reprises, tenté de s’adresser au public rarement aussi nombreux. « Ils ont pu constater les conséquences de votre initiative malheureuse », souligne-t-il, par exemple, en s’adressant aux deux pères de famille. Sur le fait de ne pas les poursuivre en tant que complices, il explique qu’ils sont autant responsables que les jeunes auteurs du caillassage des gendarmes, puisqu’ils en sont à l’initiative. Cela aurait pu déboucher sur des réquisitions plus lourdes. Mais en raison de leurs profils et des regrets exprimés par « Maddou », qui passe l’audience avec les mains sur son visage, il demande une peine similaire à la plus lourde déjà prononcée dans ce dossier, à savoir celle d’un jeune de 20 ans envoyé pour quatre ans à la prison de Majicavo-Koropa.

Le défenseur de Maddoudine Abdou, maître Jean-Baptiste Kondé, réplique en estimant qu’il y a « des failles » dans les dires du procureur. L’argent promis par les adultes aux plus jeunes n’a jamais été retrouvé, alors que cela a été évoqué plusieurs fois. Il n’y a pas non plus d’images de vidéosurveillance qui confirme la présence de son client lors de l’attaque. Selon lui, les messages trouvés montrent bien un lien entre « Maddou » et les auteurs du caillassage, mais à aucun moment, les textes ne mentionnent la gendarmerie. Il demande à ce que le tribunal ne suive pas les réquisitions, tout comme il souhaite qu’une possible condamnation ne soit pas inscrite au casier judiciaire et l’empêche de travailler dans l’éducation. Pour maître Askani Moussa, la constance d’« Alger » quand il dit qu’il n’était pas là joue en sa faveur. Selon l’avocat, il « n’y a pas de preuves » contre lui, simplement les déclarations des uns et des autres. Que la réputation de son client n’est plus à faire. « Vous avez parlez des habitants qui sont victimes. Mais comment expliquer que ces habitants sont amenés ici à les défendre ? », questionne-t-il. Il le décrit comme pacifiste et non-violent, oubliant qu’« Alger » se disait, en garde à vue, « prêt à défendre son île, même en utilisant la violence ». Maître Askani Moussa demande sa relaxe.

Le tribunal correctionnel a cependant jugé que la matérialité des faits était constatée et a reconnu les deux hommes coupables des destructions des biens d’autrui et des violences aggravées sur les gendarmes présents ce soir-là. La provocation à un attroupement armé a aussi été retenue contre « Maddou ». Les deux hommes ont été condamnés à quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt. La centaine de soutiens encore présents a quitté alors le tribunal judiciaire de Mamoudzou, vendredi soir, avec un air dépité. Les avocats ont laissé entendre qu’ils pourraient faire rapidement appel.

Le circuit « encrassé » de traitement des déchets doit reprendre ce lundi

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Si les camions poubelles étaient autorisés à passer les barrages, comme ici à Tsararano lundi dernier, ils se retrouvaient néanmoins souvent bloqués.
Le Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam 976) a alerté maintes et maintes fois sur les conséquences qu’ont les barrages sur le ramassage des ordures ménagères. Mercredi dernier, le syndicat et son prestataire, la Star Uruhafu, avaient même pris la décision de suspendre la collecte. Avec l’assouplissement des blocages annoncé ce vendredi, le syndicat a travaillé ce week-end pour permettre à ses camions de reprendre la route dès ce lundi, en espérant que la levée soit bel et bien toujours effective.

Avec la mise en place des barrages il y a quatre semaines, évacuer les déchets des villages mahorais était devenu un réel parcours du combattant, malgré une charte des Forces vives intimant aux barragistes de laisser passer les camions poubelle. Certains prestataires des collectes, après des jours et des jours de trajets semés d’embûches pour essayer de garder le territoire propre, on jeté l’éponge la semaine dernière. On nous confirme ce vendredi matin, que, depuis mercredi, la Star Urahafu avait décidé de suspendre la collecte des ordures, avec le soutien de son commanditaire, le Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam 976), tant que l’île était bloquée. « On est paralysé par ce mouvement, il y a des barrages de partout. On ne nous laisse pas passer, nos collaborateurs ne peuvent pas venir travailler », appuyait Sébastien Suchy, directeur de la Star Uruhafu.

Des engins saccagés, des réparateurs bloqués

« Même si nos camions poubelles passent, ce n’est pas le cas tout le temps. Selon les barrages, il faut négocier, et parfois les véhicules sont trop gros pour traverser les barrières mises en place. Et nos autres collaborateurs, qui eux, ne sont pas à bord de ces camions, ne peuvent pas venir assurer leurs missions. C’est tout l’écosystème du traitement des déchets qui est impacté », justifiait le directeur du syndicat, Chanoor Cassam, qui a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises depuis le début du mouvement. Les agents qui devaient venir œuvrer sur l’installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND), mieux connu comme le centre d’enfouissement de Dzoumogné, ou sur les quatre quais de transfert de l’île se déplacent à bord de leurs véhicules personnels, ce qui a entraîné leur refoulage systématique aux barrages. Pour rappel, une fois collectés, les déchets sont acheminés vers les différents quais pour être centralisés avant d’être tous rassemblés au centre de Dzoumogné, où ils sont enfouis.

« Si tout le personnel n’est pas là ou en appui, c’est tout le système de gestion des déchets qui se rouille et s’encrasse », insistait le directeur du syndicat. C’est pour cela que le Sidevam a mis en place « des gros moyens » à travers un dispositif de navettes entre chaque barrage pour ses collaborateurs. Mais ça n’a pas suffit à assurer la présence habituelle sur les différents sites de traitement des déchets. Cette désertion a laissé ces différents lieux en proie à des actes de vandalisme et plusieurs engins se sont retrouvés saccagés. « Les centres ont malheureusement été livrés à des délinquants qui sont venus dépouiller les engins, siphonner le carburant ou encore récupérer les batteries », déplore Chanoor Cassam. Les réparations demandaient l’intervention de techniciens, eux-mêmes bloqués jusqu’à ce vendredi par les protestataires en place sur les routes depuis un mois.

Des camions de retour ce lundi

Le syndicat et ses prestataires sont d’ores et déjà prêts à reprendre leur mission, mais la priorité est mise sur le désencombrement des quais de transfert, surchargés depuis plusieurs jours et en incapacité d’accueillir de nouveaux déchets avant d’avoir été évacués vers Dzoumogné et son ISDND. L’assouplissement des barrages annoncé ce vendredi par les Forces vives, s’il est respecté par l’ensemble des barragistes, n’est donc pas synonyme d’un retour sans délais à une fréquence de collectes normale dans l’ensemble des territoires. « Pour Petite-Terre, ce sera encore plus compliqué, car le centre est surchargé. On n’a jamais réussi, pas une fois, à barger un camion de déchets depuis le blocage de la barge. Donc la Petite-Terre ne fait qu’accumuler des déchets et n’a pas pu être soulagée », avertissait Chanoor Cassam, ce vendredi.

Le lendemain, après avoir pris connaissance de l’assouplissement des barrages annoncé ce vendredi par les Forces vives, ce dernier nous indique que le Sidevam s’attèle dès dimanche au commencement de l’évacuation des différents quais de transfert afin que les camions poubelle puisse reprendre la route dès lundi. « On va décharger les quais et reprendre la collecte en même temps. On va mobiliser de plus en plus de moyens. Mais il faudra attendre au moins deux semaines pour retrouver un circuit de gestion des déchets normal », déclare le directeur du Sidevam ce samedi matin. Dimanche, au vue du contexte d’incertitude sur l’effectivité de la levée des blocages, il nous indique qu’une reprise de la collecte ce lundi reste prévue, mais qu’il faudra s’attendre à des complications.

En attendant, le directeur du syndicat a émis plusieurs recommandations en direction de la population. Pour les détritus présentant un risque d’attirer les nuisibles, bien les sceller dans un sac poubelle et les déposer au point de collecte de son village. Mais il est important d’essayer d’en réduire la quantité en privilégiant des repas qui ne laissent pas de résidus et en évitant le gaspillage alimentaire. Pour les déchets emballage, qui, s’ils sont propres, n’attirent pas les insectes ou les rats, il est préférable de les stocker chez soi, le temps que les points de collecte déjà remplis soient vidés et que le ramassage puisse reprendre un rythme de croisière. Chanoor Cassam estime que cette période peut être l’occasion pour tout le monde de prendre l’habitude de bien trier ses déchets, les emballages se retrouvant encore trop souvent au centre d’enfouissement de Dzoumogné au lieu d’être recyclés.

Une école de Sada fermée en raison des déchets

Les parents d’élèves de l’école Sada Bandrani ont eu la désagréable surprise de trouver portes closes, vendredi 9 février et en début de semaine dernière. Les déchets qui s’accumulent à proximité ont poussé l’équipe pédagogique à fermer l’établissement, au grand dam de la mairie qui assure contenir le problème. Car, comme toutes les communes mahoraises, Sada n’est pas épargnée par des montagnes de déchets qui s’accumulent dans ses rues, le ramassage étant perturbé par les barrages dans les quatre coins de l’île. Le maire de Sada, Houssamoudine Abdallah, qui rappelle que la municipalité a souhaité continuer à ouvrir ses écoles en dépit du mouvement social, concède que les riverains se plaignent des odeurs. Toutefois, celui qui est par ailleurs président du Sidevam assure que sa municipalité est au courant du problème et envoie un agent asperger régulièrement les déchets de produits pour éviter qu’ils n’attirent les rats.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes