Risques naturels : À l’école de M’ronabéja, « on ne peut même pas construire de préau »

Les écoles situées dans les villages côtiers sont pour la plupart soumises aux risques d’inondation et de submersion. Mais lorsque le danger est trop élevé, cela peut bloquer les financements de rénovation. C’est ce qui arrive à l’école primaire de M’ronabéja, dans la commune de Kani-Kéli.

Dans la commune de Kani-Kéli, la plupart des écoles sont à risque d’inondation ou de submersion, étant situées dans des villages côtiers. Mais celle de M’ronabéja en paye particulièrement les frais. Située entre deux ravines et à même pas 100 mètres de la mer, l’école est à risque fort d’inondation et très fort de submersion. En effet, le terrain de l’école est particulièrement plat, au même niveau que la mer, et une des ravines se trouve seulement à quelques pas. “Quand il pleut, c’est tellement plat qu’on a des problèmes au niveau de l’évacuation des eaux”, commente Ahmed Djanfar, chef du service Aménagement et urbanisme à la mairie de Kani-Kéli.

Le risque est tel que le plan pluriannuel d’investissement (PPI) de la Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte (Dealm), ne prévoit plus de financement pour les travaux de rénovation dans cette école. “On avait un de nos bâtiments qui était vétuste. On l’a détruit et on voulait le reconstruire. Mais on n’a pas pu avoir les financements alors on ne l’a pas fait”, explique Ahmed Djanfar, en nous montrant un bout de terrain couvert d’herbe dans la cour de l’école. “On ne peut même pas construire de préau”, ajoute-t-il, désignant cette fois l’arbre qui permet aux 140 élèves de Mronabéja de trouver un peu d’ombre. En attendant, la commune ne peut que financer quelques réparations ici et là, quand le besoin est urgent.

Un déménagement inévitable

Impossible donc de rénover ou d’agrandir l’école, dont les premières fondations ont été posées dans les années 1980, avant d’être étendues au début des années 2000. À l’époque, le risque existait déjà, mais ces critères étaient peu connus et entraient encore moins en ligne de compte de manière systématique dans les projets. C’est depuis une dizaine d’années environ que le problème a commencé à se poser, avec la réalisation des premiers diagnostics. De mémoire, Ahmed Djanfar affirme que l’école n’a encore jamais subi d’inondation. “En 2022, le village a été inondé, mais l’école a été épargnée”, se souvient-il. Ce n’est donc pas tant le risque d’inondation et de submersion en lui-même qui remet en question la capacité d’accueil de l’école à court terme, mais l’impossibilité de l’agrandir en raison de ces risques.

Quoiqu’il en soit, avec la montée du niveau de la mer induit par le dérèglement climatique et le recul du trait de côte inévitable, l’école primaire du village et ses deux bâtiments sont condamnés à déménager. “Il faut délocaliser l’école. On a désigné un site entre M’ronabéja et Passi-Kéli,  mais il faut l’arbitrage des élus municipaux pour entamer les procédures de maîtrise foncière”, relate le directeur de l’aménagement, qui reconnaît qu’il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre du point de vue foncier. En attendant, les élèves resteront sur le site, et si leur nombre augmente, il faudra peut-être passer aux emplois du temps alternés, comme à Mamoudzou. “Mais on aimerait éviter”, assure Ahmed Djanfar.

Si lors des premiers diagnostics, la situation était présentée comme urgente, la faible augmentation du nombre d’élèves dans le village permet de relativiser le risque pour l’instant. Heureusement, car la future école ne pourra voir le jour que dans plusieurs années.

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