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Mayotte, bouclier sanitaire des pays européens au large de l’Afrique de l’Est

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Située à l’entrée du canal de Mozambique, Mayotte est encadrée au Nord par l’Union des Comores, au Sud par Madagascar, et à l’Ouest par l’Afrique de l’Est  (zone des Grands Lacs, des pays bordant le Canal du Mozambique). En raison de son niveau de développement économique et social, le 101ème département de France entraîne une attractivité certaine pour de nombreuses populations de cette région et plus particulièrement, des îles voisines des Comores et de Madagascar. Ce flux d’immigration est rendu plus aisé par la situation géographique de Mayotte, située à 70 km de l’île d’Anjouan et à proximité des côtes africaines et de Madagascar dont les côtes les plus proches se trouvent à 350 km des côtes mahoraises. Toutes ces populations sont tentées par un pouvoir d’achat plus élevé.

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L’auteur et conférencier Salim Mouhoutar rappelle que ce n’est pas la première fois que des maladies sont « importées » des îles voisines.

Un territoire fragile

Du fait de sa situation géographique en zone tropicale, de différences climatiques, socio-économiques ou culturelles et de l’influence des échanges avec les pays voisins, notamment de la zone des Grands lacs, des pays bordant le Canal du Mozambique, des pays arabes), Mayotte est confrontée à des risques spécifiques, différents de ceux habituellement rencontrés dans la France hexagonale. En particulier les risques infectieux sont latents. Il s’agit des maladies vectorielles transmises par les moustiques ou par les rats tels que la dengue, le paludisme, le chikungunya, la fièvre de la vallée du Rift, la leptospirose, les maladies entériques et les parasitoses intestinales.

Ces risques sont aggravés du fait de la forte précarité (77% de la population vit sous le seuil de pauvreté), les insuffisances en matière d’équipements en infrastructures, d’assainissement des eaux usées qui nécessiteraient un investissement de l’ordre de plusieurs millions d’euros, d’accès à l’eau potable avec 30 % des ménages qui n’ont pas accès à l’eau et de collecte et traitement des déchets qui ne sont pas suffisamment organisés, et surtout par l’habitat insalubre. Plus de 40 % de l’ensemble du parc de logement est en situation précaire et 35 % des résidences principales sont situées dans des quartiers insalubres. A Mamoudzou, comme sur d’autres communes, une ceinture de bidonvilles s’étend sur toutes les hauteurs de la ville.

L’environnement reste un problème majeur à Mayotte. En effet, l’arrivée de produits de consommation « manufacturés » sur l’île (cannettes, emballages…), le maintien d’un comportement à risque des individus en matière d’élimination de ces déchets non biodégradables, et l’absence d’une politique de gestion efficace de ces déchets, fragilisent l’environnement. Le défaut d’assainissement et d’entretien du réseau pluvial dans les communes fait que les déchets jetés dans les caniveaux entravent la bonne circulation des eaux pluviales et forment des barrages assimilables à des gîtes larvaires. Enfin, il convient de signaler que la population qui n’a pas accès à un point d’eau individuel dans la maison ou dans la cour, n’a d’autres choix que de disposer chez eux des récipients pour collecter l’eau de pluie, et constituent ainsi de très nombreux gîtes larvaires. Ce contexte géographique et climatique, associé à l’insuffisance des infrastructures vitales entrainent la population à adopter des comportements qui fragilisent sa santé.

Une île sous pression

Dans ce contexte de fragilité, la proximité de cette première terre européenne au large de l’Afrique de l’Est impose une grande vigilance vis-à-vis des épidémies qui sévissent dans ces pays. Il ne s’agit pas ici d’affoler la population, mais il faut demeurer attentif à la réapparition à Mayotte de certaines pathologies. Cette situation peut être liée aux conditions désastreuses d’hygiène que connaissent dans l’île, des personne majoritairement issues d’une immigration étrangère très mal contrôlée, en dépit de l’irritation croissante de la population.

A titre d’illustration, en 1998, alors que le choléra faisait son apparition sur l’île de la Grande Comores, des cas ont été déclarés à Moheli et à Madagascar où l’épidémie aurait touché fin avril 2000, plus de 25.000 personnes. Après la survenue de quelque cas entre mai et juin 1999, l’épidémie de choléra s’est réellement étendue sur l’île d’Anjouan en novembre 1999. C’est dans cette situation que sont survenus à Mayotte les cas de choléra entre février et avril 2000. En effet, le 3 mai 2000, la direction des affaires sanitaires de Mayotte (la Dass) avait signalé à la Direction générale de la Santé (DGS), la survenue de quatre cas de choléra, dont deux vivant sous le même toit et répartis entre les villes de Labattoir, Mamoudzou et Sada. Ces cas de choléra avaient nécessité l’organisation d’une grande campagne de vaccinations pour l’ensemble de la population. Par ailleurs, en 2007, lors de l’apparition d’une vague d’épidémie de choléra à la Grande Comore et à Mohéli, les mesures de prévention d’une épidémie ont été activées à Mayotte entre mai et octobre 2007.

Et enfin, les Comores connaissent et sont touchées depuis plusieurs semaines par une épidémie de Choléra dont l’évolution est surveillée sur l’île par les autorités sanitaires. A l’heure actuelle, seul un cas de choléra a été déclaré à Mayotte. Il convient en tout cas de rester vigilant et de respecter des précautions d’usage, notamment en matière d’hygiène car le choléra se propage très facilement avec l’insalubrité. D’autres exemples, en 2007, apparaissent aussi les premiers cas humains de fièvre de la Vallée du Rift. Deux autres cas ont été détectés en 2009. C’est le transport clandestin d’animaux (zébus, cabris) en provenance des Comores qui a été le risque majeur d’importation de cette maladie animale transmissible à l’homme. La circulation du virus a été détectée dans le cheptel mahorais.

Alors que Mayotte est en phase d’éradication du paludisme, l’île assiste depuis 2018 à une reprise de la transmission de la maladie à partir des cas exclusivement importés (80 cas en 2023). Cette situation montre que le risque de reprise d’épidémies de paludisme n’est pas à écarter, en dépit de l’intensification des actions de lutte anti-vectorielle conduites par les autorités sanitaires. Enfin, la proximité de Madagascar, où la peste connaît des épidémies récurrentes, maintient un risque supplémentaire sur Mayotte. Alors que la lèpre a quasiment disparu de l’Outre-mer, des cas sont quelquefois diagnostiqués dans l’île, faisant de Mayotte le territoire français au plus haut niveau endémique. L’ensemble de ces menaces pèse sur Mayotte, qui tente de jouer le rôle de bouclier sanitaire des pays européens nécessite le renforcement de la veille dans toute ses dimensions sur la zone océan Indien et canal du Mozambique.

Pour la population, la prévention

Même si le terme choléra est bien connu des Mahorais, il n’est pas traduit dans les langues locales à l’exemple du paludisme (wadé wa dréréma), de la lèpre (wénéfu) ou de la variole (pelembé). Selon la tradition orale, le village de Caroni, qui était située entre Tsimkoura et Mzoizia, a été rayé de la carte de Mayotte à cause de la variole. Cette maladie a fait de nombreuses victimes dans les plantations, en 1875 et l’épidémie a causé 2.300 morts en 1898. Perçu le plus souvent comme la maladie de la pauvreté, de la saleté, le choléra est une maladie qui vient rompre les règles élémentaires de bienséances. Il interroge certains pratiques à domicile, notamment les rites funéraires en cas de décès de choléra, le rapport à la nourriture, le rapport à l’eau dans les foyers et dans les mosquées et le rapport au propre et au sale.

Les rites funéraires vont être mis à l’épreuve du choléra. Ils seront en déphasage avec les rites funéraires accomplis par les musulmans, mais non contraire aux principes religieux. Les rites funéraires observés à Mayotte, qui sont à la base, codifiés par la religion, seront dérogés. Cette dérogation trouve sa justification d’une part, dans le Coran qui commande à l’Homme de protéger et de préserver sa propre vie et celle d’autrui (C2/195), et d’autre part dans le concept islamique de la « Al-darura » qui prend en considération l’intérêt de l’Homme et qui soutient que le droit d’une personne vivante prime sur celui d’une personne morte.

L’acte de manger : comme l’indique le proverbe mahorais « Mla wéké mfa wéfé », l’acte de manger pendant le « futari » en cette période de ramadan est reconnu socialement. Il est ritualisé par la présence de plusieurs participants. Il doit insister sur le lavage préalable des mains à l’eau et au savon ou avec du gel hydro alcoolique avant de manger, mais aussi au lavage des fruits avant toute consommation et surtout à protéger les repas contre les mouches.

L’eau pour la consommation et pour les ablutions : Au-delà de la satisfaction d’un besoin physiologique (aliment), l’eau apparait comme un élément de convivialité et d’accueil : « Caribou unwé mwana maji ». Elle symbolise l’accueil et la paix dans le rituel de réception. Elle est un signe d’hospitalité. L’eau est donc au cœur de la lubrification des relations sociales dans le quotidien de chaque Mahorais. Dans ce contexte, mais aussi pour les ablutions, c’est-à-dire le lavage cinq fois par jour, avant chaque prière « wudu », il faut utiliser exclusivement de l’eau potable et éviter d’utiliser de l’eau de puits, de rivière pour la consommation mais aussi des birika des mosquées pour les ablutions.

En conclusion, Il convient d’insister sur le rôle majeur de la prévention. Outre l’hygiène individuelle indispensable, notamment le lavage des mains de chaque citoyen de Mayotte avant de manger et après avoir été aux toilettes, l’élimination des déchets ménagers et l’utilisation de toilettes bien protégées pour éviter que les matières fécales ne soient pas rejetées dans les cours d’eau et dans le lagon permettront de limiter considérablement les risques d’épidémie de choléra dans notre département, mais aussi l’extension d’autres pathologies liées à l’hygiène et à l’assainissement. Le territoire atypique de Mayotte a plus que jamais besoin d’un soutien et d’un accompagnement de la part des autorités nationales, départementales, communales voire régionales.

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