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Crise de l’eau : des coupures techniques à Koungou et Mamoudzou

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La Société mahoraise des eaux (SMAE) éprouve des difficultés depuis une semaine maintenant à faire fonctionner pleinement ses usines de potabilisation. Ce lundi, des coupures techniques de l’alimentation en eau ont dû être appliquées pour faire remonter le niveau du réservoir de Maji-Haut. Les secteurs Majicavo-Koropa et M’tsapéré, qui devaient être coupés à 14h, l’ont été une heure plus tôt. A l’inverse, l’ouverture pour les secteurs Koungou Village, Kawéni Village et Passamaïnty Ngnambo Titi a été reporté à 17h.

À Hamouro, 137 cases informelles démolies ce lundi

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Entre 200 et 220 personnes logeaient dans les habitations insalubres des hauteurs du village d'Hamouro.

Le deuxième volet de l’opération de démolition du bidonville d’Hamouro s’est déroulé, ce lundi 4 mars. Un total de 55 familles ont été délogées manu militari dans les hauteurs de ce village de la commune de Bandrélé.

Ce lundi matin, sur la place du marché d’Hamouro, des ordinateurs portables et des feuilles de renseignement remplaçaient les fruits et légumes vendus d’ordinaire par les producteurs. L’opération « décasage » des hauteurs de ce village de Bandrélé, prévue à la fin du mois de janvier puis reportée en raison des barrages, a débuté dans la matinée, sur les coups de 7h. Et, comme le veut la procédure, des associations se sont relayées sur place dès vendredi pour tenter d’identifier les 18 familles relogeables. Ce qui constituait déjà un maigre fragment des 55 familles recensées sur le site (voir la carte), soit « entre 200 et 220 personnes », selon le préfet François-Xavier Bieuville.

Le quota de familles finalement abritées à l’issue de l’opération est quant à lui marginale : trois ont accepté la proposition formulée par une des trois associations, l’Acfav (Association pour la condition féminine et l’aide aux victimes), Mlezi et Coallia. « Ça dépend vraiment des périmètres, parfois elles [les familles délogées] acceptent, parfois elles n’acceptent pas », constate Psylvia Dewas, experte chargée de la résorption de l’habitat illégal auprès du préfet de Mayotte.

Une assistante sociale, qui souhaite garder l’anonymat, explique que souvent, quand des opérations dites de résorption de l’habitat insalubre sont annoncées, « la plupart des familles quittent le site avant le jour du décasage ». « Certaines sont hébergées par des proches. Celles qui sont en règle administrativement refusent souvent la proposition d’hébergement car cette dernière est éloignée du lieu de scolarisation de leurs enfants. Il est très difficile de scolariser les enfants dans une autre commune. »

Une opération en août 2023

Quoi qu’il en soit, pour le nouveau préfet de Mayotte installé dans ses fonctions, le 27 février, le premier décasage de l’année est un « choc de sécurité et d’autorité avec de la fermeté et de la justice ». En contrebas de la route nationale qui traverse le village, une première phase de l’opération de démolition avait entraîné la destruction de 81 cases en tôles le 14 août 2023. Cette fois, les employés de Colas, sollicités par les services de l’Etat, ont manié la pelleteuse sur une zone « naturelle et agricole non viabilisée » plus escarpée qui a fait l’objet d’un rapport d’enquête d’insalubrité de l’ARS dressé à l’issue d’une visite le 17 mars 2023.

Au total, 137 cases en tôles supplémentaires ont été radiées du paysage, ce lundi. Une évacuation jugée nécessaire en raison de l’insalubrité desdites habitations informelles, mais aussi des problématiques d’insécurité afférents à l’emplacement géographique de ce bidonville. L’adjudant-chef Said Douair, de la brigade territoriale autonome de M’zouazia, alertait ainsi dans un rapport écrit en mars 2023 sur les « connexions entre les jeunes de Hamouro et ceux de Nyambadao [village de Bandrélé au sud de la plage de Sakouli] » qui dérivent souvent « en rixes générant des troubles à l’ordre public ». Plus encore, des faits de vols avec violence et armes blanche et des jets de projectile auraient été déplorés dans cette zone régulièrement empruntée par des randonneurs puisqu’elle constitue le point de départ conduisant au mont Bénara.

Les projets de la mairie de Bandrélé

Au nord du village, au niveau de l’école primaire, la mairie de Bandrélé porte un projet visant à créer 150 logements. La libération des parcelles occupées était donc un des enjeux majeurs de cette opération.  D’après Abdou Maoulida, adjoint au maire en charge de la prévention, une première tranche de 38 logements verra le jour prochainement. « On attend que la pluie cesse pour faire les aménagements de voirie, on ne peut pas construire des logements sans voirie. Cette opération va nous donner une bouffée d’oxygène car sans cette opération rien ne pourrait se réaliser », a salué ce dernier.

D’après le préfet de Mayotte, neuf opérations de résorption de l’habitat insalubre auront lieu en 2024 à Mayotte, en plus de celles enregistrées au cours de Wuambushu 2, dont le démarrage est prévu en avril.

VIDEO. « De nombreux sacs-poubelle sont entrés en décomposition »

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Nassoury Abdallah travaille depuis une vingtaine d’années à la collecte des déchets. Il arrive que les éboueurs doivent ramasser les ordures directement à la main, n’ayant pas été mises dans des sacs-poubelle.

Pendant un mois de barrages, le ramassage des ordures ménagères a été rendu difficile. Entre agents qui ne pouvaient pas se rendre sur leur lieu de travail, camions qui ne passaient pas toujours les barrières et quais de transfert surchargés, les sacs-poubelle ont eu le temps de pousser dans les rues de Mayotte. Nous avons suivi l’équipe du centre du Sidevam du Sud, à M’ramadoudou, dans la commune de Chirongui, ce lundi, lors d’une collecte qui tente d’effacer les traces de cette période. 

C’est à bord de « Cyborg » que nous arpentons les rues de Chirongui, ce lundi matin. À M’ramadoudou, c’est ainsi que les agents de collecte du Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (Sidevam) surnomment un de leurs camions, le plus vieux du réseau encore présent sur l’île. « Ça fait huit ans qu’on l’a et il tient toujours », assure Hafhui Attibou, responsable de la collecte du secteur Sud, à propos du véhicule de 19 tonnes.

De la robustesse, il en faut pour s’attaquer aux sacs poubelles qui jonchent les rues de la commune. Après un mois de routes bloquées et de ramassage des déchets freiné, les tas d’ordures sont légion. À l’approche du camion poubelle au niveau de leur maison, les habitants qui viennent directement jeter leurs sacs dans la benne sont fréquents. Certains enfants, missionnés par leurs parents, paraissent plus petits que le contenant qu’ils apportent aux éboueurs. D’autres les interpellent quand les collecteurs ne ramassent pas certains déchets. Car les agents que nous suivons ce lundi profitent de la levée des barrages pour tenter d’en débarrasser les rues le plus possible, mais, « Cyborg » bloquant la circulation, certains sacs qui avaient été jetés à même le sol sont laissés derrière. D’autres, du Sidevam ou des services techniques de la Ville, pourront prendre le temps de passer après et de balayer la même journée, disposant de camions plateau de 3,5 tonnes moins encombrants.

La reprise a été difficile pour les éboueurs à la levée des barrages. « Le premier jour, c’était la catastrophe, car il y avait vraiment beaucoup, beaucoup de sacs-poubelle. Les bacs étaient très lourds. Mais on s’organise quartier par quartier et on ramasse », insiste Nassoury Abdallah, qui a une vingtaine d’années de métier derrière lui et qui tire des bennes toujours aussi lourdes ce lundi. Abali, qui conduit le camion, descend régulièrement donner un coup de main à ses co-équipiers à l’arrière, afin de maximiser la collecte. « Il y a des déchets qui ont été jetés directement sur le sol, sans être mis dans des sacs », décrit-il une fois au volant. « Vous voyez ce tas d’ordures ? Les agents en ont déjà enlevé la moitié la semaine dernière », souligne de son côté Hafhui Attibou, en désignant un amoncellement de sacs sur le bord de la chaussée dans une des rues de M’ramadoudou.

Un retour à la normale dans un mois

« La reprise se passe doucement, dans le sens où on répartit la quasi-totalité de nos matériaux roulants », explique Abdourahim Saïd, directeur de la collecte pour tout le réseau du Sidevam, qui donne pour exemple les camions habituellement réservés à la déchetterie mobile qui servent actuellement au ramassage des ordures ménagères.

Si dans certains secteurs de Mayotte, comme le centre, les rues ont retrouvé à peu près le même visage qu’avant, dans le sud et le nord de Grande-Terre, qui ont été barrés plus longtemps, il va falloir attendre encore un peu avant que les déchets quittent les trottoirs à un rythme de croisière. « On ne peut pas tout résorber à l’instant T. Avec le temps passé dehors, le contenu de nombreux sacs-poubelle est entré en décomposition. On ne peut pas demander à des humains de s’en occuper, ce travail doit être fait par des machines », observe le directeur de collecte, avant de préciser qu’à l’échelle de l’île, un retour à la normale ne sera possible que d’ici un mois.

Joue également dans l’équation l’état des quais de transfert, où les ordures se retrouvent après avoir été collectées dans les rues, avant d’être envoyées à l’enfouissement dans l’Installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) de Dzoumogné. À l’image de celui de Malamani, ils débordent, faute d’avoir pu être désencombrés vers le centre d’enfouissement dans le Nord pendant que les routes étaient bloquées. Peut-être seront-ils délestés par les aigrettes, qu’on observe en train de picorer les sacs du dépotoir aux abords du quai de Malamani.

Des bourses irrégulières pour les étudiantes expatriées de l’Ifsi de Mamoudzou

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Les étudiantes envoyées dans des Ifsi (Institut de formation en soins infirmiers) partenaires en métropole font régulièrement état de versements de bourse irréguliers qui les pénalisent. Photo d’illustration

Chaque année, les étudiants en soins infirmiers de Mayotte contraints de partir dans l’Hexagone, faut de place dans l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Mamoudzou, subissent des irrégularités et retards au niveau de la bourse que le Département leur verse en échange de leur retour à Mayotte après leurs études. En ce début d’année, plusieurs élèves nous affirment être restées deux mois sans versement.

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Innovation : Dans le transport de bagages, « Midzo Fly » prend son envol

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De gauche à droite, Jean Gouadain, directeur de cabinet du directeur général de l'aviation civile, Gervais Gaudière, directeur général du service technique de l'aviation civile, Soiyiff Mzé, créateur de « Midzo Fly », Damien Caze, directeur général de l'aviation civile, Feyçoil Mouhoussoune, responsable de Mayotte In Tech, et Christophe Boquen, délégué à Mayotte de la direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Il a du talent et des idées novatrices qui font la renommée de Mayotte sur le plan national. « Midzo Fly », le dernier concept inventé par Soiyiff Mzé a été primé à Paris par l’Agence Innovation Transport (AIT). Bagages, colis, paquets sanitaires, tout pourra être livré directement aux clients à leurs propriétaires via des moyens de transport appropriés. 

Déjà lauréat du « trophée de l’innovation » en août 2023, organisé par l’Agence du développement et de l’innovation de Mayotte (Adim), Soyiff Mzé marque à nouveau un grand coup avec un nouveau projet, « Midzo Fly », qui lui vaut une reconnaissance nationale. Fort de son premier exploit, il a répondu à un appel à projet national lancé par l’Agence Innovation Transport (AIT), regroupant différents services de l’État tels que la direction générale de l’aviation civile (DGAC), la direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer (Dealm), le ministère de la Transition écologique, pour ne citer que ceux-là. Une candidature qui s’inscrit dans le programme « Propulse » de cette agence. Le manque de disponibilité en matière de transports, et plus spécifiquement de transport de bagages pour les voyageurs, a donné au jeune homme l’idée de concevoir un projet de desserte à l’échelle de tout le territoire. Ce qui n’est pour l’instant n’est qu’un projet sur le papier pourrait se matérialiser d’ici la fin 2024, et vient d’être primé à Paris la semaine dernière, dans la catégorie « multimodal », par les plus hautes autorités de l’aviation civile française, faisant la fierté de son porteur, de ses soutiens et du délégué à Mayotte du ministère chargé des transports.

« Revenu de métropole récemment, je me suis trouvé très chargé à l’aéroport de Pamandzi et contraint de faire appel à un membre de ma famille pour venir m’aider sur place », explique Soiyiff Mzé. Si elle n’est pas traumatisante, cette expérience n’en demeure pas moins un sujet d’interrogations diverses et variées dans l’esprit du jeune homme qui a trouvé anormal qu’un passager ne puisse se déplacer d’un point A (l’aéroport) vers un point B (domicile), ou inversement sans que cela ne soit une véritable contrainte. Certes, des moyens de transports sont disponibles à l’extérieur de l’aérogare (bien qu’il ne s’agisse pas de transports en commun), « mais ici, il fait tellement chaud que la moindre petite valise à la main devient source de transpiration, les roulettes commencent à casser sous les innombrables trous qui marquent la chaussée. C’est de là que m’est venu l’idée de mettre en place un système palliatif au profit de nouveaux arrivants à Mayotte », fait remarquer Soiyiff Mzé. Il rajoute : « en me penchant sur le problème des embouteillages sur l’île, j’ai constaté que tout le monde prenait sa voiture pour aller chaque fois au même endroit, aux mêmes heures pour aller récupérer des personnes générant au passage des blocages sur des routes non extensibles, perdant deux à trois heures en cherchant à prendre la barge ». Il a longuement poursuivi sa réflexion sur cette situation pour arriver à la conclusion que le transport des bagages était la principale source de difficultés pour les personnes désireuses de prendre l’avion.

S’adapter au contexte local

Il lui a paru évident que la récupération des leurs bagages et colis – par une tierce personne – permettrait aux voyageurs (épuisés par dix heures de vol entre Paris et Dzaoudzi) de se libérer de tous tracas pour se rendre plus vite à leur domiciles ou lieux de travail avec l’assurance que leurs effets leur seront livrés plus tard. Le dispositif imaginé à travers ce projet « Midzo fly » repose sur le principe de dépendre au minimum de la route pour gagner du temps. « Il existe de nombreuses possibilités pour cela sur l’île, notamment le lagon très peu exploité en termes de circulation de personnes et de biens. C’est aussi le cas pour l’aérien où il n’y a personne. Ce que je prévois de mettre en place c’est un transport multimodal. En fait, en fonction des commandes de mes clients, je saurai comment procéder et combien de temps cela va me prendre pour livrer les colis, bagages et autres. Il s’agira de recourir au moyen de transport le plus adapté (pas forcément le plus rapide), drones (plus de cent kilos), barques dédiées, des vélos cargo facilement utilisables sur les pistes cyclables en zone urbaine et qui ont le grand avantage d’être électroniques et donc non polluant ».

La préservation de l’environnement est un élément remarquable et séduisant dans ce projet. Pour les déplacements sur route, il est programmé une mutualisation de véhicules hybrides et électroniques. « Notre objectif est vraiment de rester dans le propre en sortant autant que possible de cette dépendance aux axes routiers. Au port de Longoni, il y a chaque semaine plus de vingt véhicules importés. Certes, on ne peut empêcher personne de s’acheter une voiture, mais à un tel rythme, Mayotte ne va pas tarder à connaître de sérieux problèmes de pollution de l’air. On peut se féliciter de l’arrivée prochaine des transports en communs avec le Caribus pour l’agglomération de Mamoudzou et Dembéni, mais il y a la Petite-Terre et les autres régions de la Grande-Terre qui nécessitent une réflexion et des solutions pour leurs cas spécifiques. »

La capacité du projet mahorais à être transposé sur d’autres territoires, régionaux, nationaux et même à l’international fut un élément incontestable dans sa sélection par le jury de l’Agence Innovation Transport. En effet, si Mayotte est un terrain pilote pour tester ce principe de transport multimodal, « Midzo Fly » peut parfaitement prendre forme ailleurs, à Madagascar ou en Tanzanie, d’autres pays d’Afrique centrale partageant des difficultés de transport de marchandises similaires à notre île. Il appartiendra alors au jeune prodige mahorais de monter des partenariats efficaces avec des ressortissants de ces pays, « tout un consensus d’entreprises et de porteurs de projets qui nous permettront de partir un jour à l’export si nous le décidons, tout en sachant que le but principalement recherché est une adaptation à l’environnement local en réponse à un besoin de transport », précise avec fierté Soiyiff Mzé.

Un exemple pour les jeunes Mahorais

Pour émerger, le projet « Midzo Fly » a bénéficié localement d’un accompagnement important signale Christophe Boquen, le délégué à Mayotte de la direction générale de l’aviation civile (DGAC). L’ex-préfet de Mayotte, Thierry Suquet (qui a été séduit par la qualité, l’analyse et le talent du projet), la Dealm, le cluster aérien, l’Adim et Mayotte In Tech l’ont également assuré de leur soutien. Celui-ci est poursuivi jusqu’à Paris où Feyçoil Mouhoussoune et Christophe Boquen ont assisté à la remise du prix à Soiyiff Mzé par Denis Thuriot, maire de Nevers et Président du jury intermodalité et multimodalités du programme Propulse de l’Agence Innovation Transport (AIT).

« Outre cette remise de prix, il va pouvoir participer à un atelier de travail durant lequel il lui sera expliqué le déroulé de l’accompagnement dont il va bénéficier jusqu’à la réalisation de son projet. L’AIT ne lui accordera pas de soutien financier directement, en revanche, des conseils gratuits lui seront apportés pour structurer son projet sur le plan administratif, professionnel et technique. Par exemple, s’agissant des drones, le type précis adapté à ce projet Midzo Fly, ou encore le type de vélo cargo et les autres moyens de transports terrestres », souligne le délégué de l’aviation civile à Mayotte. Il forme le vœu que l’exemple de Soiyiff Mzé soit suivi par un grand nombre de jeunes Mahorais, pour faire émerger parmi eux des idées et des talents susceptibles d’être présentés chaque année au programme Propulse de l’AIT. Pour cela, les différents services engagés dans cette dynamique entendent œuvrer pour inciter au moins une candidature locale chaque année.

L’interruption volontaire de grossesse inscrite désormais dans la Constitution

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L'article 34 de la Constitution française consacre désormais la liberté du recours à l'avortement, suite à un vote du Congrès, ce lundi 4 mars.

Les votes de l’Assemblée nationale et du Sénat ne laissaient guère de doutes quant à la décision du Congrès réuni ce lundi, au château de Versailles. L’ensemble des parlementaires a approuvé la modification de l’article 34 de la Constitution, permettant l’inscription du recours à l’avortement dans la Constitution française. 780 d’entre eux ont voté pour, tandis que 72 ont préféré s’opposer au projet de loi. Les 3/5e des voix nécessaires (512) sont donc dépassées. Ainsi adopté, le changement permet de rajouter dans le texte la phrase : « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse [IVG] ».

Première présidente d’un Congrès, Yaël Braun-Pivet a ouvert la séance, vers 15h40 (heure de Paris) en évoquant « un nouveau pas pour les droits de la femme ». « La France est à l’avant-garde, elle est à sa place », fait remarquer celle qui préside d’habitude l’Assemblée nationale. Rendant un hommage appuyé à l’avocate Gisèle Halimi à Simone Veil, le Premier ministre Gabriel Attal a fait part de « sa fierté » de prendre part à ce vote. « Son courage est un modèle », encense le chef du gouvernent à propos de l’ancienne ministre de la Santé, qui a fait dépénaliser l’avortement en 1974. « Nous disons aux femmes que votre corps vous appartient et personne ne peut en disposer à votre place », a-t-il annoncé, quelques minutes avant le vote.

Le barrage de Ngwézi levé pour l’instant

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Un des derniers barrages encore en place, celui du carrefour Ngwézi, dans la commune de Chirongui, a été levé jeudi soir. Ce samedi, vers midi, si plus rien de laisse penser qu’une forteresse de barrières se levait sur la route deux jours avant, quelques barragistes sont sur le côté de la chaussée, sous une tonnelle à l’abris de la pluie. « On a levé le barrage car après les échanges avec le préfet, on attend de voir si des actions concrètes vont être mises en place », nous indique l’un d’eux, en train de préparer un barbecue pour les barragistes de Ngwézi, qui seront assez courageux pour affronter la pluie. Sans grandes convictions, les manifestants semblent vouloir laisser sa chance au nouveau préfet, François-Xavier Bieuville. Le barrage levé ne signifie pas la fin de la lutte pour ces derniers. Notre interlocuteur affirme qu’ils seront plusieurs chaque jour, à l’emplacement de l’ancien portail qui barrait le passage, à attendre de voir ce que le gouvernement va mettre en place. Selon les actions entreprises, le barrage pourrait bien réapparaitre. « Si on doit remettre les barrages en place, on aura une nouvelle stratégie », indique le barragiste sans plus de détail.

Plus tard dans l’après-midi, quelques barragistes de Longoni les ont rejoint pour le voulé. Ces derniers suivent la même logique : lever les barrages pour laisser une chance à l’État de faire son travail. « On espère qu’en conséquence, la rentrée sera calme, que les moyens seront mis en place pour que ce soit le cas », indique un des militants venus du Nord, qui redoute ce moment souvent synonyme d’un regain de délinquance. Ce samedi, les différentes personnes présentes ont convenu d’un prochain rendez-vous convivial, le 10 mars au même endroit, autour d’un repas auquel sont conviés tous les barragistes, mais surtout tous les membres de la population qui souhaitent se mobiliser.

Les prix des carburants augmentent en mars

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Fixés par arrêté préfectoral, les prix des carburants sur l’île ont connu une légère augmentation, ce vendredi 1er mars. « Pour le mois de mars 2024, la hausse des prix des carburants s’explique par une hausse des cours moyens mondiaux de certains produits pétroliers (+4,70 % pour le gazole et +10,30 % pour l’essence) et une hausse du dollar par rapport l’euro (+1,36 % par rapport au mois de février 2024) », confirme justement la préfecture de Mayotte.

Le supercarburant sans plomb (l’essence) passe de 1,76 euro par litre à 1,83 euro/litre, soit une augmentation de sept centimes par rapport au mois de février. Pour le gazole, il faudra débourser 1,57 euro/litre, contre 1,53 euro/litre au mois de février, soit une augmentation de quatre centimes. Mais c’est le mélange détaxé qui connaît la plus forte hausse avec 18 centimes de plus (1,28 euro par litre désormais).

Quant au pétrole lampant (1,13 euro/litre) et au gazole marin (1,16 euro/litre), ils connaissent une légère augmentation. En ce mois de ramadan, le prix d’une bouteille de gaz de douze kilogrammes reste inchangé (25 euros).

Maore Jazz : « Les enfants du jazz » en avant-première le 5 mars

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Les enfants du jazz, de nouvelles stars ? Une avant-première de l’émission du même nom, pour Mayotte Première, sera diffusée le 5 mars, à partir de 13 heures, dans la salle de délibération du conseil départemental de Mayotte, à Mamoudzou. L’occasion d’y voir jouer huit jeunes âgés entre 7 et 15 ans sélectionnés par l’équipe Maore Jazz et issus des quatre coins de Mayotte, pour constituer ce groupe de musique. Le spectacle filmé par l’équipe de télévision offre un mélange, surtout, de jazz et d’autres styles issus de la région océan Indien et d’Afrique. Une remise des diplômes et de chèques pour gratifier les enfants ainsi qu’un cocktail de clôture de cérémonie auront lieu à l’issue du visionnage. Pour les autres, l’émission « Les enfants du jazz » sera diffusée sur le petit écran le 6 mars, à 20 h 50, et le 10 mars, à 11 h 30.

Hébergement d’urgence sans permis : le maire de Mamoudzou veut aller plus loin

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Comment reloger, dans l’urgence, les personnes en situation régulière décasées lors des opérations de résorption de l’habitat insalubre ? Le Sénat a voté, mercredi, le projet de loi sur la rénovation de l’habitat dégradé, qui augmentera le délai de flagrance pour les signalements d’installation illégale à Mayotte et en Guyane, en le passant de 48 heures à 96 heures. Dans un courrier adressé aux parlementaires de Mayotte, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, rappelle également que le gouvernement a déposé un amendement spécifique à Mayotte et à la Guyane ((les sénateurs mahorais ont rédigé un amendement similaire) afin de permettre aux opérateurs locaux d’y construire des logements sans demander un permis de construire (amendement qui a été adopté), une simple déclaration préalable suffira. Une dérogation qui concerne, à Mayotte, les personnes publiques, l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) ou encore les bailleurs sociaux tels que la SIM (Société immobilière de Mayotte) ou Action logement. Car, comme le rappelle le maire de Mamoudzou, cette simplification visera à « construire au plus vite des logements devant servir à de l’hébergement d’urgence ou pour reloger temporairement des personnes dans le cadre de travaux d’aménagement (ZAC, RHI) ». Seulement, pour l’édile, « force est de constater qu’il [cet amendement] ne suffira pas tout seul à faciliter la construction de logements à Mayotte ». Ambdilwahedou Soumaïla réclame ainsi aux parlementaires de défendre auprès du gouvernement « l’augmentation de la dotation de la politique du logement en doublant la ligne budgétaire unique (LBU) » et la « simplification et l’accélération des instructions relevant de l’Etat (études d’impact, le contrôle de l’égalité, la programmation de logements sociaux,… ». « Ce n’est qu’à ces conditions que le territoire pourra relever efficacement le défi de la résorption de l’habitat insalubre et indigne et parfaire sa reconquête foncière », conclut-il.

VIDEO. Planter des arbres pour que l’eau jaillisse à M’bouanatsa

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Moussa Nassim, président de l’association Jardins de M’tsangamouji, qui elle même travaille sur le reforestation, a participé à la session de reboisement à M’bouanatsa.

Ce samedi, la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) a organisé une première matinée de plantation d’arbres le long de la rivière du village de M’bouanatsa, à Bouéni. Plusieurs vont avoir lieu dans l’année avec comme but, à terme, que les agriculteurs puissent de nouveau avoir de l’eau à la rivière.

« Attention aux érythrines, ça pique », lance Issimainla Mari aux personnes venues planter des arbres le long de la rivière de M’bouanatsa, dans la commune de Bouéni. C’est lui qui coordonne le projet de reboisement et de remobilisation de la ressource en eau dans le bassin versant de M’bouanatsa, pour la Fédération mahoraise des associations environnementale (FMAE). Ce samedi, ils sont une petite vingtaine à prêter main forte à la nature. « Avant, tous les agriculteurs du village venaient capter l’eau ici pour leurs cultures. Mais à cause de la déforestation, le cours d’eau s’est asséché », déplore le coordinateur.

Les arbres ont un rôle essentiel pour la sauvegarde de la ressource en eau. Tout d’abord, l’ombre qu’ils forment aide à garder l’humidité et protège les cours d’eau de l’évaporation. Leurs racines permettent également une meilleure infiltration de la pluie dans les sols. Conscient de la nécessité de leur présence, Ourfane Ali Mari, président du Groupement intercommunal des agriculteurs du Sud de Mayotte, a tenu à ce que son organisme soit partenaire de l’opération. « Le réchauffement climatique amène de nouvelles pratiques aux agriculteurs. Il faut les aider à maîtriser l’agroforesterie », estime-t-il entre deux coups de machettes destinés aux lianes qui l’empêchent de planter son arbre.

Des discussions compliquées avec les propriétaires

Si Daniel Attoumani, membre de la famille propriétaire de la parcelle reboisée ce jour, a accepté volontiers l’opération, au point d’avoir commencé à planter des arbustes de lui-même, tous ceux qui exploitent le foncier aux abords de la rivière ne sont pas aussi faciles à convaincre. « Les discussions sont parfois un peu compliquées avec les propriétaires foncier. Pour l’instant, la plupart ont seulement accepté qu’on plante des arbres fruitiers », confie Naïlane-Attoumane Attibou, secrétaire général de la FMAE. Or, pour faire une couverture végétale efficace le long la rivière, il faut varier les espèces adaptées au projet, et toutes ne sont pas fruitières.

« Ce sont des actions à encourager. Il y a une nécessité de synergie entre les différents acteurs pour pouvoir créer quelque chose de consistant », indique, à propos du travail entre agriculteurs et associations environnementales, Abdoul Kamardine, conseiller départemental du canton de M’tsamboro, qui a contribué au financement du projet.

Une deuxième opération dans l’année

Une fois les trous de quelques dizaines de centimètres creusés dans le sol en pente, des arbres miniatures sont plantés, en espérant qu’ils survivront à la saison des pluies. « En général il y a 40% de mortalité à cette période », indique Issimainla Mari. « Moi, je vais suivre et venir arroser. Cela permettra de voir quels arbres tiennent ou non », avance Daniel Attoumani.

Environ 250 arbres seront plantés pendant l’opération, dont la session de plantation de samedi n’était que la première. Une deuxième aura lieu au cours de l’année et une troisième en début d’année prochaine. Si la forêt va connaitre une nouvelle vivacité, l’ancien point de captage va également faire peau neuve . « Le but est qu’à terme, dans quelques années, les agriculteurs puissent à nouveau utiliser l’eau de la rivière. Donc nous allons aussi remettre le point de captage en état », détaille le coordinateur du projet, qui ajoute que sa dernière phase sera consacrée à la sensibilisation, notamment des scolaires.

Mlezi Maore : « Plutôt que nous « combattre », j’invite la population à nous connaître »

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Déléguée à la recherche et à l’innovation au rectorat de Mayotte, Fahoullia Mohamadi est devenue la présidente de Mlezi Maore, il y a plus de six mois.

Une crise de l’eau, des finances en berne, un mouvement social qui la prend en grippe, Mlezi Maore n’a pas connu des mois faciles. Dans un entretien, Fahoullia Mouhamadi, la présidente, et Hugues Makengo, le directeur, réfutent l’image d’« usine à délinquants » qu’on lui colle parfois. Car, si une quarantaine de jeunes lui sont confiés chaque année par la protection judiciaire de la jeunesse, l’association œuvre bien davantage dans le handicap et le social.

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Cuisinier, menuisier,… les jeunes placés pensent à l’avenir

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Le directeur des hébergements éducatifs à Mlezi Maore depuis dix mois, Thierry Lande, et l’éducateur auxiliaire Zaïdou Attoumani discutent avec les jeunes devant la villa de l’EPE à Tsoundzou.

L’établissement de placement éducatif (EPE) Dago accompagne des mineurs condamnés ou en instance de jugement. Parmi ses missions, figure la tentative de préparer « l’après » malgré les entraves administratives. 

« Il n’y a pas de délinquant à Mayotte », déclare d’un ton ferme Abdel*, assis autour d’une table avec d’autres jeunes placés par la justice, comme lui, au Dago. Un établissement de placement éducatif (EPE) en alternative à la prison (quartier pour mineurs de la maison d’arrêt de Majicavo), soit l’unique hébergement d’urgence en la matière à Mayotte quasiment complet. « Il y a des assassins ou des voleurs. Des gens qui galèrent parce qu’ils ont faim, qui volent et revendent pour manger. Et il y a des gens qui n’ont rien à faire et foutent la merde sur les routes. » Le directeur des hébergements éducatifs, Thierry Lande, acquiesce : « Il n’y a pas de délinquant, mais des jeunes qui sont dans un processus de délinquance ». Ou de « désistance » : en sortie de ce processus.

Perché en hauteur, entre des murs pour se protéger de l’extérieur, cet établissement basé à Tsoundzou depuis 2015 loge et nourrit onze adolescents confiés sous ordonnance de placement provisoire par le juge (douze étant la capacité maximale de l’agrément). Ils ont été jugés coupables de crimes ou de délits, ou bien sont en instance de jugement, et sont encadrés par les éducateurs de l’association SOS Mlezi Maore sur une durée classique de six mois, avant leur majorité.

Ils s’occupent de leur santé, travaillent sur leur lien avec la famille, la reconnaissance des faits, leur éducation au quotidien tel que l’hygiène et l’autonomie, mettent aussi en place des activités (musique, randonnées, sorties plages). Tout en prenant soin de respecter les possibilités de sortie car certains quartiers peuvent leur être interdits pour leur sécurité. Mais les vingt-deux éducateurs en poste travaillent aussi sur leurs scolarité et projets professionnels pour préparer leur réinsertion et surtout, éviter la récidive.

« Je ne veux pas gâcher ma vie »

Si les jeunes ne se sentent pas forcément coupables, souhaiteraient rejoindre leur famille et se plaignent des règles du lieu, « ici c’est la galère, on ne peut pas utiliser notre téléphone et faut demander pour écouter la musique », critique l’un deux, ils ont bien conscience de leur chance de ne pas être en prison. « Je ne veux pas gâcher ma vie », lâche par exemple Abdel. « Je veux rentrer chez moi et devenir menuisier ». Quand Ibrahim explique vouloir devenir chef cuisinier, une réflexion qu’il a eu une fois placé en discutant avec son éducatrice référente. « Je suis une autre personne. Avant, je me fâchais tout le temps », confie-t-il.

Saïd, lui, autre jeune assis à côté, sorti de détention par la protection judiciaire de la jeunesse, souhaite travailler à la barge « depuis tout petit » et passer le permis bateau. Grâce à un partenariat avec l’école maritime en Petite-Terre, il pourra, les démarches terminées, réaliser un stage de cinq à six semaines là-bas afin d’obtenir une qualification. Un éducateur se chargeant des allers-retours.

Sur le même système, sur les onze jeunes âgés entre 13 et 17 ans, trois sont en formation grâce au projet Daraja (le pont, la passerelle en français) développé par le centre d’accueil de jour des Apprentis d’Auteuil Mayotte. Seulement un jeune sur onze est scolarisé. « Moi, on m’a dit que ça ne sert à rien de faire beaucoup d’études », explique par exemple Wayan, qui projette de réaliser des podcasts.

« Dès qu’ils ont 18 ans, on n’a plus la main »

« La majorité pense à leur avenir », pointe la cheffe de service Binty Youssouf. Les ruptures scolaires ne sont pas uniquement liées à un manque de volonté, il y a aussi un travail de l’équipe pour prendre contact avec les écoles et les rescolariser. « Mais c’est parfois compliqué de les convaincre quand il y a eu des violences, de la bagarre, des absences. On tente tant que la place est maintenue. »

Un professeur spécialisé détaché par l’inspection académique intervient tous les jours, sauf les week-ends, pour évaluer leurs compétences et donner des cours. « L’année dernière, on a accueilli un jeune de 16 ans, né ici, qui n’est jamais allé à l’école », raconte-t-elle. « Les parents ont peur de sortir d’où ils habitent et d’être attrapés par la police aux frontières. »

En tant que mineurs, les jeunes, qu’ils aient ou non la carte d’identité française, peuvent étudier partout. Excepté au régiment du service militaire adapté (RSMA). « Mais à 18 ans, nous, on n’a plus la main. Parfois c’est frustrant », poursuit la cheffe de service. Surtout lorsqu’un jeune « a trouvé un but », est inscrit dans une école, mais ne pourra pas passer le diplôme. « Il y en a un qui a passé le bac mais n’a pas pu étudier car il n’avait pas la carte d’identité », a-t-elle appris d’un éducateur de la protection de la jeunesse qui lui, continue de suivre le jeune, même après la sortie de placement. Pour ces raisons, l’équipe accompagne aussi les parents en leur donnant les renseignements nécessaires. « Mais il y a autre chose de primordial : qu’ils aient des parents. Un encadrement digne pour rentrer dans le droit chemin. »

« On n’a pas fait des études pour faire du gardiennage »

« Une fois dehors, il n’y a plus de cadre. La plupart retombent en récidive. » Zaïdou Attoumani, auxiliaire éducateur, estime que c’est du 50/50. « Quand on annonce aux jeunes qu’ils vont partir, on lit la tristesse sur leurs visages. Ils savent ce qui les attendent dehors, un gars qu’ils ont tapé et qui va se venger. Ils réalisent tout le confort d’ici au moment de partir », prenant pour exemple des jeunes qui, quand ils sont venus, sont allés faire des courses pour acheter des vêtements avec un éducateur. « Tout le monde n’a pas un petit-déjeuner, un déjeuner et un dîner tous les jours », ici préparé par Miriam, la maîtresse de maison. « Mais il y en a qui s’en sortent, tout dépend du jeune. »

« Il y a ceux qui étaient là au mauvais moment, ceux qui ont participé dans le groupe. Mais ce sont des jeunes avant tout. À nous de les mettre en confiance et leur donner l’opportunité d’une main tendue », reprend la cheffe de service. « On n’est pas là pour les encourager, on n’a pas fait des études pour faire du gardiennage. Même si un ou deux réussissent à s’en sortir, ce sera déjà ça, et moins de jeunes dans la rue à faire des bêtises. »

*Par mesure de sécurité pour ces jeunes, tous les noms ont été modifiés.

Le directeur souhaite « une politique plus préventive »

Flash Infos : Quels sont les objectifs, concernant la jeunesse « en voie de délinquance », pour l’année 2024 ?

Thierry Lande : Mlezi Maore accueille 20 jeunes placés en mesures judiciaires pénales sur l’ensemble du territoire sur les deux établissements du pénal : l’EPE Dago et le Centre éducatif renforcé (CER) ouvert en 2018. On va augmenter, on aura 24 jeunes. Pendant l’opération Wambushu, on avait augmenté aussi.

On souhaite travailler davantage sur l’insertion avec un accent sur l’apprentissage aux métiers, du savoir, l’intégration sociale qui passe forcément par la voie professionnelle. On va essayer d’être encore plus performant et d’inventer de nouveaux dispositifs comme on est en train de l’initier avec la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) qu’on va appeler « Tremplin insertion chantiers ». La mise au travail du jeune doit permettre de le refocaliser sur ses objectifs de vie et d’intégration à l’autre car ça demandera un travail plus collectif.

F.I. : Est-ce qu’on peut aussi imaginer plus de partenariats pour des stages ?

T.L. : Oui, on souhaite travailler plus au sein des territoires locaux car nos hébergements éducatifs que je pilote doivent s’intégrer dans le territoire et avoir une intégration positive des jeunes dans le village ou dans la ville. Aller au centre social, aller davantage dans les structures médicosociales, éducatives du droit commun.

F.I. : Votre avis concernant la jeunesse en général ?

T.L. : Elle demande plus de prévention, bien en amont d’arriver dans un établissement avec une rupture familiale et locale. Nous nous sommes malheureusement sur des établissements curatifs. Il est déjà presque trop tard. Les jeunes arrivent à l’aboutissement d’un processus qui est la judiciarisation de leurs affaires que ce soit au pénal ou au civil (donc des enfants qui ont été en danger). Je pense aussi qu’il faudrait davantage travailler sur des placements à domicile. Même si cela est déjà conséquent : Mlezi Mahore a en situation d’accompagnement plus de 400 mineurs par mandat judiciaire du juge des enfants à domicile.

Pour ses écoles, Kani-Kéli dépense sans compter

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Parmi les plus petites communes de l’île, Kani-Kéli se distinguent par une politique d’investissements conséquents.

La Chambre régionale des comptes La Réunion-Mayotte a publié son rapport sur la gestion de la municipalité de Kani-Kéli, ce jeudi. La commune du sud de Mayotte est l’une des rares à fournir des repas et à ne pas avoir recours à la rotation dans ses salles de classe. Cependant, les investissements importants plombent son budget, estiment les magistrats-instructeurs.

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Le maire de Kani-Kéli, Rachadi Abdou, lors d’une visite de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outremer, le 1er janvier 2023.

« Entre 2018 et 2022, la commune de Kani-Kéli a consacré près du tiers de ses dépenses d’investissement dans ses écoles. Elle a privilégié la rénovation de salles de classes et la construction de réfectoires et de terrains de sports à l’intérieur de leur enceinte. Les écoles de la commune figurent parmi les mieux équipées et entretenues de l’archipel », constatent les magistrats de la Chambre régionale des comptes, dans un rapport rendu public ce jeudi. Oui, mais à quel prix ? Il est fort au vu des constatations. Sur la période indiquée, l’une des plus petites communes de Mayotte (5.507 habitants au recensement de 2017, seule Acoua est plus petite) a dépensé 31 millions d’euros en investissements, soit 1.123 euros par habitant. La CRC note par exemple que seules Mamoudzou (22,4 millions d’euros) et Koungou (15,7 millions d’euros) ont investi davantage que Kani-Kéli (8,9 millions d’euros) en 2022.

Si cette dernière peut compter sur des subventions pour ses dépenses, elle doit aussi faire appel régulièrement à son fonds de roulement. « Le fonds de roulement net global (FRNG) est négatif et se dégrade à compter de 2019, alors que le besoin en fonds de roulement est positif, ce qui signifie que la commune ne dispose pas de suffisamment de ressources à court terme pour financer son cycle d’exploitation, ni à plus long terme pour financer son investissement. De fait, la commune connaît des difficultés de trésorerie et recourt régulièrement aux ordres de paiement pour payer ses fournisseurs », relève la Chambre, qui prévoit des difficultés pour l’équipe de Rachadi Abdou (maire depuis 2020, à la suite d’Ahmed Soilihi) pour investir à l’avenir. Les charges de gestion et à caractère général augmentant en 2023 et 2024, « la commune ne sera pas en mesure de maintenir un niveau aussi élevé de dépenses d’équipements qu’au cours de la période antérieure et devra les prioriser en fonction du niveau de financement obtenu », préviennent les magistrats.

Des conditions restrictives d’inscription scolaire

Dans les points positifs, il est mentionné que Kani-Kéli est la première commune de l’île (en 2015) qui a distribué des repas chauds dans ses écoles. « Près de 80 % des enfants en bénéficient aujourd’hui, nombre en constante augmentation d’année en année », est-il noté. Il n’y a pas non plus de système de rotation mis en place dans les écoles, contrairement aux autres communes de l’île. L’effectif des classes, même s’il y est en augmentation, ne nécessite pas de pousser les murs des sept écoles publiques. Selon la Chambre, toutefois, les conditions imposées pour les inscriptions scolaires peuvent exclure des enfants du système. « La commune applique des conditions plus restrictives que celles prévues par les textes en vigueur : elle permet l’attestation d’hébergement sur l’honneur uniquement en remplacement du justificatif de domicile pour les personnes hébergées, mais elle exige alors des justificatifs d’identité et de domicile de l’hébergeant », fait remarquer la CRC. Sur le même sujet, la municipalité ne tient pas de liste des enfants soumis à l’obligation scolaire (entre 3 et 16 ans), en contradiction du code de l’éducation.

Pareil pour les activités périscolaires, la Chambre régionale des comptes relève que « la commune n’en a pas mis en place, alors qu’elles sont pourtant obligatoires depuis 2013 ».

Fortes pluies : Mayotte passe en vigilance orange dans la nuit de dimanche à lundi

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De fortes pluies et des orages sont attendus, dans la nuit de dimanche à lundi.

A partir de minuit, dans la nuit de ce dimanche à lundi, le département de Mayotte sera placé en vigilance orange pour les fortes pluies et des orages. « La situation météorologique sur Mayotte est susceptible de se dégrader durant la seconde partie de nuit prochaine, en raison d’un système dépressionnaire tropical qui traversera la partie Nord de Madagascar au cours de la nuit prochaine en direction du littoral Nord-ouest malgache », indique Météo-France. « Ce phénomène est susceptible de provoquer localement d’importantes pluies, de manière localisée, avec des précipitations pouvant atteindre jusqu’à 100 à 150 mm durant les prochaines 24 heures. »

La préfecture de Mayotte préconise donc de rester prudents dans vos déplacements et ne vous déplacez qu’en cas de nécessité, ne franchissez pas, à pied ou en voiture, les ravines ou les rivières en crue ou qui peuvent l’être soudainement, ainsi que les radiers submergés, évitez d’entreprendre un sport ou un loisir de pleine nature, tenez les enfants à distance des caniveaux, ravines et rivières qui peuvent à tout moment déborder, signalez votre départ, votre destination et votre arrivée à vos proches, prévoyez des moyens d’éclairage de secours et faites une réserve d’eau potable, faites attention à l’eau du robinet : ne pas oublier qu’elle peut rester impropre à la consommation au moins 48 h après l’arrêt des pluies.

Dans tous les cas, si la situation de votre domicile l’exige (zone inondable, bordure de ravine…), prenez toutes les précautions nécessaires à la sauvegarde de vos biens face à la montée des eaux, préparez-vous à l’évacuation éventuelle de celui-ci, facilitez le travail des sauveteurs qui vous proposent une évacuation et soyez attentifs à leurs conseils, évitez d’utiliser le téléphone fixe et les appareils électriques, ne vous abritez pas sous les arbres, n’hésitez pas à vous arrêter dans un lieu sûr. Vous pouvez rester dans votre véhicule qui vous assure une bonne protection contre les effets de la foudre, rangez ou fixez les objets sensibles aux effets du vent ou susceptibles d’être endommagés, signalez sans attendre les départs de feux dont vous pourriez être témoins et soyez prudents dans vos déplacements.

Crise de l’eau : des coupures d’eau à cause de travaux à l’usine d’Ourovéni

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Le centre et le sud de Grande-Terre connaît des coupures d'eau à cause de travaux d'entretien à l'usine de potabilisation d'Ourovéni.

L’usine de potabilisation d’Ourovéni nécessite des travaux d’entretien, ce dimanche. De par sa capacité importante (10.000 m3 d’eau produite chaque jour), le réseau d’eau dans le centre et le sud de Grande-Terre est grandement handicapé par l’arrêt de la production. Vers 13h30, la Société mahoraise des eaux (SMAE) informait qu’il y avait des coupures dans les communes de Chiconi, Ouangani, Sada, Chirongui, Bouéni, Kani-Kéli, Dembéni et Bandrélé. « Les réservoirs de tête sont vides ou à niveau très bas à cette heure pour permettre de maintenir la distribution d’eau en attendant la reprise de la production et le remplissage des réservoirs de tête », confirmait la SMAE en début d’après-midi. Autre mauvaise nouvelle, « cette opération d’entretien nécessitant plusieurs heures d’arrêt de la production, il n’est pas possible de prévoir l’heure de la remise de la distribution d’eau pour les villages en ouverture ce jour par rapport au planning ».

La veille déjà, des soucis de production avaient entrainé des coupures techniques à Majicavo-Koropa, Koungou, M’tsapéré et Kangani, en début d’après-midi, la remise en eau étant espéré pour le dimanche matin.

Les prix des carburants augmentent en mars

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Tous les carburants enregistrent une augmentation pour le mois de mars.

Fixés par arrêté préfectoral, les prix des carburants sur l’île ont connu une légère augmentation, ce vendredi 1er mars. « Pour le mois de mars 2024, la hausse des prix des carburants s’explique par une hausse des cours moyens mondiaux de certains produits pétroliers (+4,70 % pour le gazole et +10,30 % pour l’essence) et une hausse du dollar par rapport l’euro (+1,36 % par rapport au mois de février 2024) », confirme justement la préfecture de Mayotte.

Le supercarburant sans plomb (l’essence) passe de 1,76 euro par litre à 1,83 euro/litre, soit une augmentation de sept centimes par rapport au mois de février. Pour le gazole, il faudra débourser 1,57 euro/litre, contre 1,53 euro/litre au mois de février, soit une augmentation de quatre centimes. Mais c’est le mélange détaxé qui connaît la plus forte hausse avec 18 centimes de plus (1,28 euro par litre désormais).

Quant au pétrole lampant (1,13 euro/litre) et au gazole marin (1,16 euro/litre), ils connaissent une légère augmentation. En ce mois de ramadan, le prix d’une bouteille de gaz de douze kilogrammes reste inchangé (25 euros).

Mamoudzou : la campagne de subventions des associations se clôture bientôt

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La mairie de Mamoudzou propose des subventions aux associations qui créent du lien social dans les villages et quartier.

Chaque année, la ville de Mamoudzou organise une campagne de subventions afin d’apporter un soutien financier aux associations qui aident à développer les activités de proximité dans les villages et quartiers. Les candidats doivent s’inscrire sur le site mamoudzou.yt et remplir une série de démarches. Tout se fait en ligne, aucun dossier papier n’est considéré comme recevable. Dans un communiqué, la ville de Mamoudzou rappelle aux associations que la campagne de subventions pour l’année 2024 a été prolongée et que la plateforme de dépôt des demandes est ouverte jusqu’au dimanche 3 mars 2024. Aucun dossier ne sera accepté après cette date.

Des « bagnes » dans les îles Éparses ? Une « chouette idée », ricane le Canard Enchaîné

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Le 6 février, Ben Issa Ousseni a proposé au procureur de la République de Mayotte d'envoyer les délinquants dans les îles Eparses.

Après un premier article sulfureux consacré à l’appel d’offres lancé par le département de Mayotte en décembre – pour acquérir une vedette destinée au président et construire une Maison départementale avec pour objectif de « loger l’exécutif » – le Canard Enchaîné revient, dans son édition du 28 février, sur un échange à bâtons rompus entre Ben Issa Ousseni et le procureur de la République, Yann le Bris. L’entretien a eu lieu le 6 février en marge d’un rassemblement devant le tribunal judiciaire de Mamoudzou. Il s’est tenu à huis clos, en présence du maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila, mais un extrait a été diffusé sur Facebook par Zaïdou Bamana. Goguenard, le journal tourne en dérision une des propositions mise sur la table ce jour-là par le président du Conseil départemental et titre : « A Mayotte, la tentation des colonies pénitentiaires ».

Car Ben Issa Ousséni a entre autres suggéré d’envoyer les délinquants de l’île aux parfums vers les îles Glorieuses ou sur l’île Europa, dans les îles Éparses, où ils pourraient bénéficier d’un « encadrement militaire ». Le journal satirique se fend d’un rapide rappel géographique, estimant que BIO proposait en fait de restaurer le bagne, même s’il n’a pas prononcé ce mot : « les premières se situent à 247 km de Mayotte, entre Madagascar et les Comores, un atoll composé de deux bancs de sable de 7km² avec quelques palmiers, une piste et une station météo. A plus de deux milles bornes de Mamoudzou, Europa fait elle partie des îles Éparses de l’Océan Indien. L’endroit est peuplé de nuées de moustiques et cerné par des bancs de requins ». En bref, pour le Canard Enchaîné, il s’agit-là d’une « chouette idée ». Peut-être un peu trop ambitieuse, dira-t-on.

Retour autorisé des manzaraka et des pool parties

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Les manzaraka sont de nouveau autorisés par la préfecture de Mayotte, ce vendredi 1er mars. Ils avaient été interdits pour réduire la consommation en eau.

La préfecture de Mayotte continue de desserrer la vis grâce à une saison des pluies particulièrement abondante qui a permis de remplir à la fois les cours d’eau et les retenues collinaires. À partir de ce vendredi 1er mars, une douzaine d’interdictions préfectorales deviennent caduques. Pas d’annonce pour les tours d’eau, en revanche, les capacités de production d’eau potable ne permettant pas un retour à la normale.

« Les débits en rivière sont élevés, les nappes phréatiques sont rechargées et les retenues collinaires sont remplies », constate la préfecture de Mayotte, dans un communiqué, ce vendredi, faisant état d’une levée de plusieurs interdictions. Le comité de suivi de la ressource en eau (CSRE) estime désormais qu’elles n’ont plus lieu d’être. Cela inclut le lavage des véhicules hors des stations de lavage professionnelles équipées d’un système de recyclage de l’eau ; les manzaraka (cérémonie du grand mariage) et les manifestations de type « pool party ».

Tout ce qui est lavage des trottoirs, des bâtiments, façades, terrasses, cours, murs de clôture, des embarcations, motorisées ou non, par tout moyen branché sur le réseau public, ou le rinçage des personnes au retour d’une sortie en mer, est de nouveau autorisé. C’est la même chose pour l’arrosage des pelouses, espaces verts, jardins d’agrément, des massifs fleuris, des espaces sportifs de toute nature (hors irrigation agricole), des jardins potagers, le remplissage et le maintien à niveau des piscines privées. Et l’appoint en eau des bassins individuels dans les établissements recevant du public.

Enfin, l’usage d’eau potable « à des fins d’épreuves réglementaires nécessitant un volume d’eau supérieur à 5 m³ ou pour réaliser des exercices incendies » et « pour l’avitaillement des navires de commerce » est lui aussi possible.

Une production insuffisante

En revanche, le CSRE n’indique pas de changements des tours d’eau qui rythment toujours le quotidien des Mahorais. Depuis le lundi 15 février, le calendrier en vigueur (quand les usines de potabilisation ne rencontrent pas de problèmes techniques liés notamment à la turbidité de l’eau) est désormais de deux jours avec de l’eau et un jour sans. La zone industrielle de Kawéni (secteur 4) est la seule à connaître des coupures nocturnes toute la semaine. Récemment, l’ex-préfet de Mayotte, Thierry Suquet, avait laissé entendre que le rythme passerait « dans quelques semaines » à une coupure par semaine, prévenant cependant qu’il ne fallait pas à s’attendre à davantage. Malgré les nouveaux forages, captages de rivières et les travaux sur le réseau, la Société mahoraise des eaux (SMAE) n’est pas en capacité de produire assez d’eau potable pour répondre aux besoins quotidiens estimés « entre 44.000 et 46.000 m3 ».

Celui qui deviendra préfet du Vaucluse, ce lundi, indiquait que les coupures seraient inévitables tant que l’usine de dessalement d’Ironi Bé et ses 10.000 m3 produits théoriquement par jour n’était pas sur pied, en 2025.

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes