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Clap de fin pour le premier suivi des pollutions chimiques en continuum terre-mer à Mayotte

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Depuis l’année 2009, le parc naturel marin de Mayotte suit les pollutions chimiques dans le lagon. En 2018, le projet en continuum terre-mer voit le jour en lien avec le BRGM. Pendant quatre ans, les équipes à terre et en mer ont analysé les polluants présents dans les eaux de l’île aux parfums.

Bisphénol, caféine, paraben, phytosanitaire, anti-inflammatoire, édulcorant, hydrocarbure… Au total, 60 molécules polluantes ont été identifiées dans trois bassins versants et leurs masses d’eau littorales associées au cœur du 101ème département. L’office français de la biodiversité (OFB), le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) ont travaillé main dans la main afin de réaliser cette étude durant quatre années. “La dernière campagne de terrain s’achève cette semaine et nous aurons les résultats finaux d’ici deux ou trois mois”, explique Clément Lelabousse, docteur en océanographie et chargé de mission au sein du Parc naturel marin de Mayotte. Mais alors quel bilan les scientifiques pourront-ils tirer de ces travaux de recherche ?

Des molécules jamais identifiées

Si des projets comme celui-ci ont déjà eu lieu à divers endroits en France, ce programme permettra une innovation majeure pour le territoire. “Sur un tout petit territoire comme Mayotte, tout ce qui se passe à terre a des répercussions en mer”, témoigne l’océanographe. L’objectif de la mission ? Améliorer les connaissances relatives aux pressions qui s’exercent sur les masses d’eau mahoraises, mais aussi sur le comportement de ces substances sur les milieux naturels. “Nous menons des travaux de recherche et de développement sur les polluants afin d’élargir le spectre de ceux présents sur l’île.”

Si certaines molécules identifiées n’étonnent personne, d’autres issues de produits phytosanitaires notamment sont interdites à la vente et continuent à polluer les eaux turquoises du lagon. “Cette étude nous servira d’outil pour présenter aux institutions et aux pouvoirs publics la réalité du terrain et des substances utilisées à Mayotte”, affirme Clément Lelabousse. Un bon moyen de faire changer les choses et d’engendrer une prise de conscience collective.

Une problématique de santé publique

“60 molécules ce n’est pas énorme. Dans l’estuaire de la Seine, entre 600 et 6000 substances différentes ont été identifiées. La problématique ici est le taux de concentration de certains polluants.” Lors des différentes campagnes sur le terrain, les équipes compétentes ont réalisé des prélèvements ponctuels dans les cours d’eau, les estuaires, à l’intérieur et à l’extérieur du lagon. “En complément des échantillonnages réalisés à un instant T, nous avons utilisé la technique d’échantillonneurs passifs intégratifs (EIP) qui permet d’avoir une idée de la concentration en polluant des masses d’eau sur une période plus longue”, détaille le chargé de mission. Envoyés dans des laboratoires métropolitains, les prélèvements pourraient aider à déterminer l’impact de ces produits chimiques sur la biodiversité.

Sans grande surprise, les premières pistes pointent du doigt le manque d’assainissement sur l’île, mais aussi des pratiques comme les lavages de voitures ou les lessives en rivière. Pour connaître l’intégralité des résultats, il faudra encore un peu de patience avant qu’ils ne soient intégralement publiés. Sans jouer les lanceurs d’alerte, les personnels chargés de cette mission espèrent que des changements de comportements soient opérés et que la nature mahoraise puisse couler des jours heureux…

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