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L’amicale des Bretons de Mayotte fête la saint Patrick

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Le samedi 18 Mars, au restaurant le Mekong de Pamandzi, l’Amicale des bretons de Mayotte se réunit pour fêter la Saint- Patrick. Au programme de la soirée, un repas et une soirée Karaoké.

 

Pour l’association, cet évènement est l’occasion de réunir ses adhérents et les curieux. A l’occasion de la Saint Patrick, ce samedi 18 mars, l’amicale des Bretons de Mayotte organise au restaurant Le Mekong à Pamandzi un grand repas suivi d’une soirée karaoké. Créée en 2005, l’association a pour but d’accueillir les nouveaux arrivants et de promouvoir la Bretagne à Mayotte par l’organisation de représentations et rassemblements. Mais l’objectif de l’association est aussi de développer les échanges culturels et économiques entre la Bretagne et Mayotte. L’Amicale aide les nouveaux arrivants à s’intégrer plus facilement dans leur nouvel environnement. Pour tous les membres, il s’agit de ne pas totalement couper le lien avec leurs « racines » tout en créant un réseau amical qui peut se prolonger dans la vie professionnelle. L’Amicale des Bretons de Mayotte est aussi créé dans l’optique d’un véritable échange interculturel entre la Bretagne et Mayotte.

 

A ce titre, l’association a créé un logo qui symbolise cette volonté d’échange puisqu’elle représente l’identité des cultures mahoraises (avec une Hippocampe) et bretonnes (avec une hermine). Mais l’association s’active aussi toute l’année pour proposer des activités à ses adhérents: randonnées, sorties bateau et découverte du patrimoine naturel mahorais.

Les faits divers de la semaine : cambriolages, interpellation, abus de confiance …

Un des caïds de Tanafou enfin attrapé

La police a interpellé cette semaine « un des membres les plus importants de la bande de Tanafou » qui avait été particulièrement active ces derniers mois (vols, cambriolages, agressions, coupeurs de routes, etc.). Cette intervention était conduite dans le cadre d’une commission rogatoire.

 

Deux individus interpellés en possession de 44 t-shirts du lycée de Petite-Terre

La brigade anticriminelle a procédé à l’arrestation jeudi dernier à Kaweni de 2 individus en possession de matériel et de chaussures neuves de chantier, 44 t-shirts bleus estampillés « Lycee Petite Terre » et divers objets provenant de cambriolages. Lors de la palpation, ils étaient également porteurs d’un cutter et d’un chumbo.

 

Abus de confiance: la secrétaire d’un cabinet d’avocat placée en garde à vue

La secrétaire d’un cabinet d’avocat a été placée en garde à vue cette semaine dans le cadre d’une enquête conduite par les policiers de la sûreté urbaine du commissariat de Mamoudzou, après que celle-ci ait volé une enveloppe contenant 500 € destinée au cabinet en règlement de prestations. Pour masquer son forfait, elle a établi une fausse requête en divorce qu’elle a remise à la cliente.

 

La Croix-Rouge cambriolée

Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, l’organisme la Croix-Rouge a été victime d’un vol avec effraction dans ses locaux à Passamaïnty. Le portail et la grille de protection d’accès aux bureaux du centre de la croix rouge de Passamaïnty ont été arrachés permettant aux voleurs de dérober du matériel informatique. 

 

Le 1er salon des cocos et bacocos verra le jour en septembre

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Alors que le salon des seniors s’est achevé il y a quelques jours à La Réunion, Mayotte a annoncé ce mercredi, qu’elle ouvrira à son tour son premier salon des cocos et des bacocos, en septembre prochain. L’initiative, portée par l’organisme de formation Somahazi et la FMAPAR (fédération mahoraise des associations des personnes âgées et des retraités), entend donner la parole à ce public souvent oublié.

 

Les personnes âgées seront mises à l’honneur dimanche 3 septembre 2017 au comité du tourisme, à travers le 1er salon des cocos et des bacocos. Les exposants seront les acteurs engagés dans le bien-être des + de 50 dans le territoire, principalement les associations, qui sont au nombre de 24 à Mayotte. Le salon s’articulera autour de huit thématiques, nommées “dago” (maison en mahorais). La santé, les assurances, l’emploi, l’habitat, le tourisme, le service à la personne, et les démarches administratives. Que ce soit du côté des organisateurs (Somahazi, FMAPA R, et conseil Départemental) ou des partenaires tels que l’ARS et la CSSM , tous s’accordent à dire que ce sont les aînés qui créeront ce salon. “On organise ce salon avec eux, et non pas pour eux. Ils seront maîtres de ce salon, on ne fera qu’aider”, rassure Mirhane Abdallah, membre de Somahazi. Une manière de redonner un peu d’autonomie à ces seniors, qui profiteront de cette occasion pour présenter leur savoir-faire, (couture ou encore massage), mais surtout de leur donner de la visibilité. “Les personnes âgées ne sont pas reconnues ici à Mayotte malheureusement. Pourtant, certaines font face à une grande précarité. Que ce soit au niveau de la santé, de l’habitat, ou des revenus”, explique Bacar Hadurami, président de la FMAPA R. Financée par le conseil Départemental, cette initiative devrait s’étendre à l’avenir sur plusieurs jours, si la première édition est concluante

Enquête – « C’est la faute de l’État ! » Vraiment ?

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Pénurie d’eau à Mayotte? « C’est la faute à l’État ! » Grèves récurrentes et interminables ? « C’est la faute à l’État ! » Vie chère ? « C’est la faute à l’État ! » Mayotte va mal ? « C’est la faute à l’État !  » Oui, mais est-ce vraiment toujours le cas ? Si l’État français n’est certes pas irréprochable dans la situation difficile dans laquelle se trouve l’île aux parfums, peut-on objectivement tout lui mettre sur le dos ? Et si, de temps en temps, Mayotte se regardait en face ? Tâchons de dénouer la responsabilité des uns… et celle des autres.

 

« Sans responsabilités, on se sent le corps léger », nous dit un proverbe chinois. Inutile d’en dire plus. Les dernières semaines l’ont montré. Le manque d’eau ? C’est la faute de l’État. Les grèves interminables ? C’est aussi la faute de l’État. Les écoles primaires surchargées et en piteux état ? C’est évidemment la faute de l’État. Le manque d’argent ? Cela va de soi, c’est la faute à l’État ! Bref : la liste des reproches imputables à l’État est longue et contient la quasi-totalité des problèmes de Mayotte. Oui, mais est-ce vrai… pour de vrai ? Ou en tout cas, l’est-ce à chaque fois ? Si cet État a évidemment sa part, voire même la totalité, de la responsabilité sur certains points – on pense notamment à la sécurité, à la défense de la propriété privée, ou à l’immigration clandestine, sur lesquelles il est le seul à avoir agir -, l’accuser à tort et à travers relève parfois plus de la mauvaise foi et de la facilité que de la réalité.

Petite revue en six points des idées reçues à Mayotte sur les torts de Paris. Où l’on découvre que les responsabilités ne sont pas toujours là où elles ont l’air d’être.

 

« L’État n’entretient même pas les routes ! »

C’est le problème que vivent chaque jour des milliers d’automobilistes de Mayotte. L’état de certaines routes n’a, par endroit, pas grand-chose à envier à celles de nos voisins. Entre les trous, les chaussées noyées à la saison des pluies, et les nombreux déchets naturels (ou pas) qui se retrouvent dessus faute d’entretien des abords, les routes de Mayotte ne fleurent pas bon les trajets cheveux aux vents. « Mais que fait l’État ? », est-on donc en droit de se demander. Et bien… bien plus que ce qu’il serait en droit de faire.

Pour bien comprendre, il faut savoir que, à Mayotte comme ailleurs, la compétence de la voirie est partagée entre différentes collectivités. L’État – au travers de la Deal – s’occupe ainsi des routes nationales, le Département des routes départementales, et les communes des voies communales. À chacun son problème en somme. Oui, sauf que chez nous, le Conseil départemental, faute de budget et d’agents en nombre suffisant (« seulement » 3000 employés), délègue l’entretien à la Deal. En somme : la Deal met à disposition ses agents, son matériel, mais aussi son expertise, en soumettant chaque année des interventions que le Département est libre ou non d’accepter. Celles-ci sont faites en fonction des moyens que le Département souhaite allouer à l’entretien de ses 140km de routes départementales, mais aussi ses agents et son matériel. Le tout… gracieusement. Rien pourtant n’oblige ce satané État à prendre en charge une compétence dont il n’a pas la responsabilité. 

Mieux : L’Etat n’est en théorie responsable du nettoyage des caniveaux que pour ceux qui bordent ses routes; pourtant il l’effectue aussi parfois au bord des routes départementales et des voies communales.  « Lorsqu’on a des situations très critiques, si la commune ne peut pas entretenir ses caniveaux et que cela risque de dégrader nos ouvrages routiers, nous prenons la décision d’intervenir à leur place, même si ce n’est pas notre rôle », expliquait le chef du service Infrastructure, sécurité et transports à la Deal, dans une enquête sur le sujet parue dans Mayotte Hebdo n°739.

Finalement, si les routes départementales et communales sont par endroit en bon état, et bien c’est en bonne partie grâce à l’État. Comme quoi…

 

 

« L’État ne fait rien pour qu’on ait de l’eau ! »

C’est le sujet – grave – qui fait parler depuis trois mois : la pénurie d’eau. Ou plutôt, le manque d’anticipation face à cette pénurie qui devait arriver un jour ou l’autre. Pourtant, s’il est vrai qu’un plan d’urgence aurait pu être mis en place dès le début de la crise et non pas sur sa fin, l’anticipation à long terme du besoin des populations n’est pas celle de l’État. C’est celle des communes, à travers le syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM). Et les prévisions étaient déjà éloquentes il y a 10 ans déjà. 

Le président de Mayotte Nature Environnement, Chamssidine Houlam, en témoignait dans Mayotte Hebdo n°781 : « Sur une estimation de consommation moyenne de 150 litres par jour et par habitant, c’est-à-dire sans tenir compte d’une trop grosse du niveau de vie de la population (la consommation moyenne en métropole varie entre 150 et 200 litres par jour et par habitant, N.D.L.R), et en intégrant la retenue collinaire d’Ourovéni qui était alors déjà prévue, la quantité d’eau disponible dans nos extrapolations était déjà insuffisante. »

Alors, certes, il sera toujours possible d’imputer cette inaction aux difficultés budgétaires des communes. Quoi que… pas tout à fait. Dans la séance de question au Gouvernement, à l’Assemblée nationale, du mercredi 8 février, la ministre des outre-mer Éricka Bareigts a tenu à rappeler que de nombreux moyens étaient mis à dispositions des acteurs locaux. Elle a ainsi rappelé que « 400000€ de crédits d’études pour la troisième retenue collinaire n’ont été consommés qu’à hauteur d’un tiers. De même, 14 millions d’euros dédiés à l’adduction en eau potable des fonds européens sont encore totalement disponibles. Aucun projet n’a encore été engagé! » Le tout en concluant : « J’invite les acteurs locaux compétents à pleinement se saisir des opportunités qui leur sont offertes. »

Finalement, l’argent, il y en a parfois. Encore faut-il aller le chercher.

 

 

« La vie est chère à cause de l’État ! »

Revendication récurrente : le coût de la vie à Mayotte ! Il est vrai qu’il est bien plus élevé que dans l’Hexagone. Le prix de certains produits est même effarant ! « L’État se fout de nous ! », entend-on ainsi régulièrement. C’est oublier un peu vite, que la principale taxe d’État, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), n’est pas appliquée dans les outre-mer. S’y substitue en revanche le fameux octroi de mer, censé protéger les productions locales, mais qui dans les faits s’applique à tous les produits arrivant sur l’île, même s’ils ne sont de toute façon pas produits ici. Et les taux d’octroi de mer sont fixés par… le Conseil départemental jusqu’à présent, et bientôt les communes. Deux octrois de mer existent : 2,50% maximum pour le taux régional, et libre pour l’octroi de mer général.

Pour ce dernier, les taux n’ont aucune commune mesure avec les autres départements d’outre-mer. Jugez par vous-mêmes : quand, à la Martinique, en Guadeloupe, en Guyane ou à La Réunion, la plupart des taux oscillent entre 4% et 8%, avec toutefois des variations sur certains produits allant jusqu’à 30% ou 60%, ils peuvent grimper à Mayotte jusqu’à 130%, et sont généralement à deux chiffres!

Dans le détail, en se penchant sur les différents taux on découvre que ceux votés à Mayotte sont… largement, très largement supérieurs, à ceux  votés dans les autres départements d’outre-mer. Quelques exemples… qui se passent de commentaires. 

 

« L’État ne donne pas de sous ! »

Entendons-nous bien, l’État n’est pas irréprochable sur ce point-là. Une preuve : si Éricka Bareigts a bien emmené avec elle, lors de sa visite à Mayotte, 42 millions d’euros emmenés dans la valise d’Éricka Bareigts destinés à l’aide sociale à l’enfance, il ne s’agissait pas d’un cadeau, mais d’un rattrapage sur neuf ans. Presque une décennie durant laquelle le Département, qui a cette compétence, avait dû s’asseoir dessus. Compte tenu du contexte migratoire et démographique de l’île aux parfums, autant dire que la mission était bien délicate à assumer. Cela dit, tout ne peut tenir à l’argent donné par l’État, et les collectivités locales ne sont pas exemptes d’une bonne gestion de leurs ressources. Et c’est là que le bât blesse parfois.

Dans son rapport sur la départementalisation de janvier 2016 sobrement intitulé « Une réforme mal préparée, des actions prioritaires à conduire », la Cour des comptes note les différents manquements de l’État dans la préparation de ce changement de statut, mais n’absout pour autant pas le Département de ses responsabilités. Ainsi elle remarque que « Le Département n’a pas su adapter en temps opportun ses structures pour assurer pleinement ses nouvelles compétences. »

Le rapport consacre par la suite une large partie aux effectifs de la collectivité, qualifiés de « Pléthoriques » quant à ceux affectés aux missions de soutien, « Au détriment » des missions d’intervention et des domaines stratégiques. « Les services du Département, est-il écrit, comprenaient au 31 décembre 2014, pas moins d’une trentaine de directions regroupées en cinq pôles opérationnels correspondant aux grandes missions de la collectivité, et deux pôles de soutien. À cette date, hors agent mis à disposition d’autres organismes contre remboursement et hors contrats aidés, le Département rémunérait 2762 agents. » Et de poursuivre « Avec 659 agents à eux deux, les pôles ressources-moyens généraux et finances concentrent 23,9% des agents du département ». Problème : « Les fonctions ressources-soutiens d’un département représentant habituellement de 10 à 15% des effectifs » et « La direction logistique et moyens, notoirement en sureffectif, compte à elle seule 424 agents. » À l’inverse, « Le pôle action sociale ne représente que 24% des effectifs, bien qu’il porte l’une des principales compétences. » Mention spéciale est accordée au service des barges et qui emploie « À lui seul, 284 agents », soit 10,3% des effectifs.

Par ailleurs, la Cour des comptes s’étonnait alors qu’en janvier 2016, 101 agents soient affectés à la justice cadiale, « Alors même que les missions des cadis ont été supprimées » et que « En dépit de leur demande, les 21 cadis et leurs agents n’ont toujours pas fait l’objet d’une réaffectation. » Si le statut des cadis est en train d’évoluer (voir Mayotte Hebdo n°782) vers celui de médiateur social, le Département a, jusqu’à ce changement, continué « À rémunérer des agents qui n’exercent aucune mission » : deux millions d’euros de masse salariale.

Dommage – voire très dommage lorsqu’est évoqué le manque de financements : la collectivité n’est pas en mesure d’exploiter la manne des financements européens autant qu’elle le pourrait. Une des raisons, mentionnée dans le rapport : « Au moment où le territoire accède au statut de région ultrapériphérique de l’Union européenne et devient éligible aux fonds européens structurels et d’investissement, force est de constater que la direction des affaires européennes, qui a vocation à servir de courroie de transmission entre la collectivité et l’Europe, compte seulement six agents. »

Un constat que n’arrange pas l’organisation de ce service puisque « Elle est insérée au sein du pôle économie et développement durable au lieu d’avoir un caractère transversal qui étendrait son champ d’intervention à l’aménagement du territoire, la formation ou l’action sociale. De même, la gestion des crédits et le suivi du contrat de plan État-région (toute d même 444 millions d’euros pour la période 2008-2014 et 378 millions d’euros pour 2015-2020, N.D.L.R) ne sont pas clairement identifiés dans l’organisation actuelle. » Et de conclure « Compte tenu des enjeux stratégiques que représentent l’éligibilité aux fonds européens et CPER pour le territoire, le Département devrait être doté de services mieux positionnés  et d’effectifs renforcés pour assurer le suivi effectif des dossiers relevant de ces domaines. »

Vraisemblablement, les effectifs « pléthoriques » de notre département ne sont donc pas affectés aux services les plus pertinents pour récupérer une partie de la poule aux œufs d’or. De quoi expliquer pour partie le déficit budgétaire de l’institution qui n’a, d’ailleurs, pas jugé nécessaire de tailler dans cette énorme masse salariale lorsque la Chambre régionale des comptes, en août dernier, a préconisé sa mise sous tutelle. Décision peu surprenante puisqu’en 2009 déjà, suite à une convention de restructuration financière avec l’État, le Département avait lancé un audit de ses services pour remédier « À de nombreuses carences dans l’organisation de sa fonction financière », comme l’explique le rapport de la Cour des comptes. Les conclusions rendues début 2012 ont confirmé et précisé les constats établis en ce sens. « Pourtant, note toujours ce même rapport, en dépit d’une réorganisation récente et importante, seules quelques améliorations mineures  ont été constatées. » Plus récemment, en 2015, et malgré les nombreuses remarques et constats sur son fonctionnement et ses effectifs, « Le coût des services du Département a été encore renchéri récemment parla décision de la collectivité d’étendre la « surrémunération » à ses agents. » Bonne volonté, vraiment ?

Enfin, n’oublions pas les communes qui, si elles sont elles aussi soumises à des contraintes budgétaires extrêmes, laissent parfois passer des financements. Ce fût le cas en janvier dernier. Dans le cadre de la Ligne budgétaire unique – un fond de l’État mis à disposition des communes d’outre-mer -,  les communes peuvent se voir rembourser une partie des coûts engendrés par l’aménagement de leur territoire. Or, à la date butoir du 31 décembre 2016, certaines communes mahoraises n’ont tout simplement pas ramené les dossiers. Et ce, malgré les relances… de la préfecture. Dix millions consacrés à Mayotte sont ainsi repartis vers la métropole.

Fines gâchettes et dents broyeuses : les balistes

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La saison des pluies est aussi celle de la reproduction des poissons-baliste, craints des plongeurs pour le zèle qu’ils mettent à protéger leurs œufs le temps de l’incubation. Penchons-nous sur ces étonnants poissons anguleux aux motifs déconcertants qu’on dit peints par Picasso… 

 

Les balistes sont parmi les poissons les plus faciles à observer des récifs coralliens. Tout d’abord, ils sont relativement courants : il est presque impossible d’aller à l’eau à Mayotte sans en croiser au moins un, notamment le fameux baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus), qui aime les tout petits fonds des platiers, ou en plongée le baliste bleu aux dents rouges (Odonus niger), qui adore les tombants profonds. On compte 20 espèces à Mayotte (sur 40 dans le monde), avec une silhouette semblable mais des couleurs extrêmement variées, et occupant tous les milieux. Ensuite, ils sont peu farouches : ce sont des poissons robustes et téméraires, qui n’ont pas très peur des humains, et apprécient même parfois de les suivre dans l’espoir que l’on déplace une grosse pierre sous laquelle le baliste pourra trouver de petits animaux à dévorer. Enfin, les balistes sont faciles à reconnaître : de gros poissons trapus, aplatis sur les côtés, de forme élevée et anguleuse (parfois carrément en losange), avec des yeux placés presque au sommet du corps, et des joues très étendues pour une bouche ridiculement petite. 

 

Les scientifiques ajouteront un détail, qui leur vaut leur nom : les balistes possèdent au sommet et au bas du corps une grosse épine dure, qu’ils peuvent dresser en cas de menace ou pour la parade nuptiale. L’épine supérieure possède un mécanisme de verrouillage assez perfectionné et semblable à une gâchette de fusil : c’est de là que vient leur nom anglais de « triggerfish », mais aussi leur nom français, emprunté à une machine de guerre du Moyen-Âge (on connaît encore le mot « balistique », science des projectiles). Ces épines, non pointues, semblent avoir plusieurs usages : on a vu des balistes attrapés par un prédateur lui empêcher de fermer la bouche en tendant ces deux épines à la manière d’un bâton. Mais ils l’érigent aussi la nuit : les balistes dorment dans des cavités rocheuses, la tête la première, et ils s’y bloquent au moyen de leurs épines, empêchant un éventuel prédateur de les déloger en les tirant par l’arrière. 


Un beau baliste vermiculé (Pseudobalistes fuscus) juvénile, épine rentrée.

Les balistes sont en fait moins proches de l’arbalète médiévale que du tank : ce sont des poissons relativement patauds, lourdauds, mais particulièrement robustes et capables de s’attaquer aux blindages les plus solides. Vous ne les verrez jamais surgir tels des carangues pour happer en un éclair un petit poisson dans l’eau : les balistes nagent par ondulations de leurs nageoires supérieure et inférieure, à un train de sénateur, et n’accélèrent que brièvement, en cas d’urgence. En revanche, leur mâchoire, pourvue de grosses dents arrondies et tournées vers l’avant, peut éclater presque sans efforts les coquilles des coquillages, les carapaces des crabes, le squelette des étoiles de mer ou même les piquants des oursins. C’est principalement à cause d’eux que tous ces animaux vivent souvent cachés la journée ! Rien ne leur résiste, et quand ils mâchent un oursin-crayon géant comme vous le feriez d’une poignée de chips, les craquements peuvent être assourdissants sous l’eau. Ils peuvent même s’attaquer directement à la roche pour atteindre une proie cachée dans un trou, et les plus gros sont capables de soulever des pierres pour découvrir ce qui se cache en-dessous. Le plus puissant est sans doute le baliste titan (Balistoides viridescens), qui peut parfois approcher un mètre de long, et est célèbre pour la force de sa redoutable morsure. 

 

Mais ne vous inquiétez pas : les balistes ne sont pas des mangeurs d’hommes. Le seul risque, nous l’avions vu dans l’article du 14 Février, est quand ils surveillent leurs œufs dans le nid, pourchassant les intrus : il arrive alors qu’un plongeur un peu trop curieux subisse une morsure, parfois aussi sérieuse que celle d’un gros chien, mais en dehors de la couvaison ils préfèrent fuir face à un humain que se battre, même s’ils tentent parfois des postures d’intimidation – qui ne sont généralement que du bluff. L’observateur averti saura donc s’éloigner prudemment du nid dès que le baliste lève sa gâchette : il n’y a aucune poignée de dollars à gagner à jouer les cow-boys sous-marins. 

 

Vol en réunion à la sortie d’un magasin à Mamoudzou

Un client sortait du magasin avenue de l’Europe à Mamoudzou lorsqu’il a été encerclé par 5 individus. L’un lui tenait les bras pendant que les autres lui dérobaient son portefeuille dans sa poche. Les voleurs sont toujours recherchés.

 

Vol à la roulotte : il dérobe une enveloppe contenant 4 200 €

Un automobiliste bloqué dans le trafic routier dans la zone industrielle de Kaweni a été victime d’un vol à la roulotte le 13 mars dernier. Un individu a ouvert la portière et a dérobé une enveloppe posée sur les jambes du conducteur. Cette dernière contenait 4 200 € destinés à être déposés à la banque. Le délinquant est actuellement recherché. Ce fait divers rappelle l’importance de verrouiller ses portières lorsque l’on circule dans sa voiture et lorsque le trafic routier est ralenti.

 

D’handicapé à handicapable

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Ambdi Ousséni-Coco est un jeune mahorais qui a grandi en métropole. Devenu paraplégique à la suite d’un accident de plongée en 2012, il combat à présent les préjugés liés au handicap. Pour cela, il va réaliser un tour de l’île de Mayotte en fauteuil roulant du 20 au 31 mars. Mayotte Hebdo est parti à sa rencontre dans les locaux de l’ACE afin qu’il nous parle de son parcours. 

 

Ambdi Ousséni-Coco, surnommé « Docteur Léo », est un jeune homme de 27 ans ambitieux. Et plein de bonne volonté. Devenu paraplégique à la suite d’un accident de plongée en 2012, il vit aujourd’hui à Hamjago, village situé dans le Nord de l’île. 

 

Ambdi Ousséni-Coco estime qu’il a eu deux vies : l’une, passée, lorsqu’il était encore valide, et celle d’aujourd’hui. 

 

Sa première vie de valide 

 

Ambdi était animateur et artiste de hip-hop/reggae, et commençait à se faire connaître auprès du grand public. Il raconte: « En 2009, j’étais animateur et je m’épanouissais dans mon métier. J’avais commencé à écrire un morceau de musique sur la discrimination où je défendais la cause des handicapés, sans forcément prendre le sujet au sérieux. En 2012, j’ai décidé de reprendre ce titre avec d’autres artistes ». Peu de temps après survient son accident de plongée, qui le rendra paraplégique. Pour le jeune homme,  »il n’y a pas de hasard, ce qui est arrivé devait arriver. Cet accident n’est pas une coïncidence. » 

 

Sa deuxième vie « d’handicapable » 

 

A la suite de son accident, Ambdi a passé six mois dans un Centre de réadaptation à Lay Saint Christophe (54), près de Nancy. Il est tombé dans une forte dépression, d’autant que l’ambiance négative qui régnait autour de lui au centre ne l’aidait pas à surmonter cette difficile épreuve.

En juillet 2013, le jeune homme décide alors de rentrer à Mayotte auprès de sa famille et de ses proches.  »C’est là que je découvre ce que c’est que d’être handicapé. Tu deviens visible et à la fois invisible, tu existes mais tu n’existes pas, les yeux sont constamment rivés sur toi. J’ai alors découvert la solitude. » De ce fait, Ambdi ne voulait pas sortir de chez lui, honteux d’être handicapé. Mais grâce à son kinésithérapeute, le jeune homme trouve la force de franchir le cap. 

 

Néanmoins, le jeune homme voulait retourner en métropole mais après une multitude d’imprévus, il comprit que sa place était ici, auprès de ses proches, sur l’île.

 

 »Il faut donner un sens à sa vie », estime Ambdi, qui, entouré de sa famille et de ses amis, trouve la force de devenir un « handicapable ». En effet, il explique que  »ce n’est pas parce que je suis en fauteuil roulant que je ne suis capable de rien. Bien sûr j’ai besoin d’aide si je veux attraper quelque chose qui se trouve dans un placard en hauteur, mais je suis capable de beaucoup d’autres choses. La preuve aujourd’hui, je vais faire le tour de l’île en fauteuil roulant (du 20 au 31 mars, ndlr) ». 

 

Tour de Mayotte en fauteuil roulant 

 

Un projet né l’année dernière, et destiné à sensibiliser la population mahoraise sur le problème de l’accessibilité aux handicapés sur l’île. Ambdi contacte à ce titre Handicap International, qui ne lui répond pas. Heureusement, il reçoit le soutien de l’association ACE (Apprendre et Construire Ensemble). Il considère aujourd’hui cette association comme sa deuxième famille. 

« Le sens de ma vie, c’est faire le tour de l’île pour montrer non pas l’handicapé mais l’handicapable que je suis. Mayotte est en souffrance et si je peux contribuer à la faire évoluer, j’y consacrerai toute ma vie ». Le jeune homme plein d’enthousiasme aimerait que ce tour de l’île fasse du bruit dans le monde entier. Ambdi n’a aucune appréhension en ce qui concerne les quelques 150 kilomètres qui l’attendent. Sa famille et ses amis seront ainsi présents pour l’épauler et lui donner le courage d’avancer et de dépasser ses limites.  »Je ne suis pas sportif, je m’entraîne un minimum », explique-t-il. »Je sais que je vais être essoufflé et fatigué et que ça va être dur, mais mes proches seront là. Un de mes amis dit que tous unis on va plus loin, et il a totalement raison ».

C’est la solidarité qui va primer dans cette épreuve qui débute le 20 mars. »Houdhayati (présidente de l’Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales) et Asmine (assistance sociale du CCAS de Bandrélé) s’occupent de nous trouver des familles pour nous héberger dans les villages-étapes », précise-t-il. 

Ambdi ne perd jamais espoir et continue d’avancer sur son ambitieuse lancée. Dans le futur, il souhaite mettre en place un nouveau projet nommé « TMF Show ». Le concept? « Docteur Léo » ne souhaite pas encore le dévoiler. Mais avec le temps…

 

Portrait chinois :

Si je devais être un sentiment,  je serai l’amour.

Si je devais être un sport, je serai l’athlétisme.

Si je devais être un animal, je serai un aigle.

Si je devais être une chanson, je serai  »Elle en vaut la peine », d’Ambdi et Souf.

Si je devais être une citation, je serai « La maladie se soigne, le handicap s’adapte »

Si je devais être une personnalité, je serai Usain Bolt.

TME 2017 : La cérémonie a tenu ses promesses

La 5ème édition des Trophées mahorais de l’entreprise (TME) se déroulait samedi 11 mars à la piscine de Koropa. Le gratin du monde de l’entreprise s’est rassemblé pour connaitre les heureux lauréats, dans une soirée placée sous le signe de l’espoir. 

Aboutie. S’il fallait résumer en un mot la cérémonie des 5èmes trophées mahorais de l’entreprise (TME), c’est le terme qui vient tout de suite à l’esprit. Samedi dernier, ils étaient 300 invités, le gratin du monde de l’entreprise mahoraise, pour assister à l’évènement de l’année dans le monde professionnel îlien. 

 

Amuse-bouches, champagne, buffet, rien n’était trop beau pour les privilégiés du soir à la piscine de Koropa. Premiers contacts ou retrouvailles, les échanges entre acteurs de la vie économique mahoraise allaient bon train. Business ou sujets extra-professionnels s’entrechoquaient dans les conversations.

 

Une fois les derniers participants arrivés, les premiers discours ont pu être entamés. Comme le veut la tradition, Laurent Canavate, directeur de publication et fondateur de Mayotte Hebdo, a introduit la soirée en souhaitant la bienvenue à l’audience. Il en a profité pour féliciter chacun des nominés de cette cinquième édition et remercier le public de sa présence.

 

Ces quelques mots étaient aussi l’occasion pour le patron de la Somapresse de rappeler l’historique de la création des TME. L’événement a été créé en 2012, alors que le contexte économique morose et les signes de la crise se faisaient sentir à Mayotte. « Nous voulions apporter un coup de projecteur sur des entreprises innovantes, dynamiques, citoyennes et jeunes, afin de les valoriser », a rappellé Laurent Canavate. 

 

Les invités d’honneur se sont ensuite succédés au pupitre: Hélène Geoffroy, secrétaire d’Etat à la Ville, Jamel Mekkaoui, directeur de l’Insee Mayotte, Ousséni Ben Issa, 7ème vice-président du conseil départemental en charge des finances, du développement économique et du tourisme, le sénateur Thani, Michel Piriou, secrétaire général adjoint des affaires régionales au sein de la préfecture et Safdar Ballou, gérant de l’enseigne du même nom. 

Hélène Geoffroy a tenu à affirmer le soutien de l’Etat envers les entreprises mahoraises dans l’accompagnement des entreprises. Un propos appuyé par Michel Piriou, qui a rappelé la contribution de l’Etat au contrat de Plan Etat-Région 2014-2020: 193 millions d’euros, dont 20 à 30M€ dédiés aux entreprises.

 

Qui dit accompagnement des entreprises dit développement du secteur privé. Alors que Jamel Mekkaoui a rappelé que la création de richesses à Mayotte dépendait aujourd’hui beaucoup du secteur public, Ousséni Ben Issa a estimé qu’il fallait trouver les moyens pour que le monde privé soit « plus attractif » que le monde administratif aux yeux des étudiants. « L’indexation n’existe pas dans le privé », a-t-il rappelé. Le directeur de l’Insee a toutefois indiqué « qu’il existait un vrai dynamisme dans les secteurs du bâtiment et du commerce. De plus, un grand nombre de secteurs d’activités n’ont pas encore été explorés. » S’appuyant également sur les fonds européens (« L’enveloppe du Feder-Fonds européen de développement régional- est de 150 M€, dont 1/3 est consacrée l’accompagnement des entreprises »), Michel Piriou a estimé que « Mayotte devrait décoller et devenir une place forte pour l’activité ». 

 

La remise des trophées a débuté avec la catégorie Jeune entreprise. Le prix a été décerné dans cette catégorie à Big Réparation. Cette société créée en 2011 est spécialisée dans la réparation et de recyclage d’équipements électroménagers. Le gérant, Hazali Chouanybou, se bat depuis cinq ans pour limiter l’impact environnemental des déchets électroménagers sur Mayotte.

 

MAP s’est quant à elle vue remettre le prix de l’entreprise citoyenne pour son engagement au quotidien pour Mayotte. Dans son activité tout d’abord: l’assainissement. Mais aussi sur la question de la jeunesse. L’entreprise n’hésite ainsi pas à recruter en priorité des jeunes en difficulté.

 

Dans la catégorie entreprise innovante, c’est Austral 360 qui a obtenu le Graal. Portée par Patrice Roux et Denis Liger, cette société a pour ambition de réaliser, sur l’île aux parfums, des vidéos à 360 degrés utilisant les dernières technologies de pointe dans le domaine de la réalité virtuelle. 

 

Le prix de l’économie sociale et solidaire, un nouveau trophée cette année, a par ailleurs été attribué à Tifaki Hazi. Structure d’insertion par l’activité économique, contribuant activement au développement social et solidaire de l’île, Tifaki Hazi existe sur le territoire de Mayotte depuis 1998. En 2016, l’association a accompagné 336 demandeurs d’emploi, qu’elle a placés dans 197 entreprises et chez des particuliers. 

 

MIM (Maintenance industrielle mahoraise) a de son côté remporté le prix de l’entreprise dynamique. Un beau succès pour cette entreprise qui fête ses 20 ans cette année. C’est ainsi que, de son cœur de métier historique – la manutention – MIM s’est peu à peu diversifiée. Vente et location de véhicules lourds, BTP, services : autant de domaines conquis par MIM, avec toujours le même état d’esprit, à savoir le sérieux dans la démarche. 

 

Le prix spécial du jury a été décerné à Moïse Issoufali, pour qui l’entreprenariat est une histoire de famille. Sa famille d’origine indienne s’est installée à Mayotte en 1865. Son père, Paul, a créé dans les années 1960 la première agence de représentation aérienne. Moïse, déjà à l’époque, prêtait main-forte à son père et aux cinq salariés de l’agence. Aujourd’hui à la tête du groupe Issoufali (représentation de compagnies aériennes et Handling), il reste très attaché à Mayotte. 

 

Enfin, Yacine Chouabia, président du directoire et directeur général d’EDM, a été désigné « Manager de l’année ». Trois ans après son arrivée à la tête d’Électricité de Mayotte (EDM) Yacine Chouabia, ingénieur de formation et titulaire de deux Master of Business, respectivement de la London Business School et de l’université de Columbia, à New-York, a su insuffler son souffle à l’entreprise, à la fois à travers le lancement de grands projets en termes de production d’énergie, mais aussi via des actions à destination des particuliers et des collectivités. 

Yacine Chouabia a profité de la remise du prix pour délivrer un message d’espoir à tous les acteurs de l’économie mahoraise, en citant ces quelques mots de l’ancien boxeur Mohamed Ali: « Impossible n’est pas une fatalité, c’est un défi. Impossible est une chance. Impossible est provisoire. Impossible n’est rien ». 

 

 

Sada veut s’inspirer de Saint-Leu pour sa future piscine municipale

Jeudi dernier, le député-maire de saint-Leu Thierry Robert a rencontré, Anchya Bamana, maire de Sada. L’élue est actuellement en visite à La Réunion pour s’inspirer de l’expérience réunionnaise des maires en matière de construction d’équipements structurants. Son objectif : construire dans un futur proche la première piscine municipale de Mayotte. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est orientée vers la Ville de Saint-Leu qui possède une piscine municipale de dernière génération. Le député-maire a tenu à recevoir Anchya Bamana sur le lieu même de la piscine à Stella afin de lui faire visiter l’équipement. Lors des échanges entre les deux maires, il a été convenu que Saint-Leu ferait profiter de son expertise et de son expérience à la ville de Sada, dont le nom viendrait du mot “m’sada” qui veut dire “entraide”. Pour Thierry Robert, “les collectivités d’Outre-mer doivent être capables de s’entraider pour gagner en efficacité ! Il n’y a pas de petits ou grands territoires et cette coopération inter-îles démontre une réelle volonté de viser une démarche de co-développement entre nos collectivités. Si mon expérience communale peut participer au développement de Sada, j’en suis très heureux”

La saison des pluies revient la semaine prochaine

Ce n’est pas flagrant mais “on est en pleine saison des pluies”, a rappelé Bertrand Laviec, le délégué départemental de Météo France, interrogé hier par téléphone.

 

Depuis début mars, le talweg de mousson a effectivement une influence sur notre pluviométrie, pluviométrie qui reste toutefois mesurée puisque les mois de mars, avril et mai sont toujours plus secs que les mois précédents. D’où l’impression tenace que la saison des pluies n’a pas débuté. En outre, elle est perturbée par les différents phénomènes météorologiques qui se sont succédés dans l’océan Indien. Le dernier en date, le cyclone Enawo, l’a déréglée également. “Mais la saison des pluies devrait revenir à la normale” dès aujourd’hui, a confirmé Bertrand Laviec. La vigilance fortes pluies qui a été activée ces derniers jours est en réalité une “vigilance multicritères” a encore expliqué le délégué départemental de Météo-France : s’il n’a effectivement pas beaucoup plu, il y a eu une forte houle et énormément de vent, avec des pointes à 90 km/h, “les vents les plus forts en mars jamais enregistrés”, a-t-il déclaré. Autre phénomène notable ces deux derniers jours, l’activité électrique et le nombre d’impacts de foudre enregistrés dans la zone du nord du canal du Mozambique, avec plus de 200 000 impacts dont 1088 dans la zone des 100 km autour de Mayotte. Et sur notre territoire, zéro impact. À n’y rien comprendre, avoue Bertrand Laviec, qui y perd son latin. Quoi qu’il en soit, la vigilance fortes pluies devrait être levée aujourd’hui.

Enquête : Mayotte roule-t-elle toujours pour les cadis ?

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“Cadi : juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses. Le cadi est un juge de paix et un notaire, réglant les problèmes de vie quotidienne : mariages, divorces répudiations, successions, héritages, etc.”

Les pancartes sont passées de couleurs. Sur certaines d’entre elles, on ne distingue plus que le contour des lettres usées par le temps et les intempéries : “Tribunal des cadis”, peut-on y lire. Toute une institution pour Mayotte. Un pan d’histoire, un pan de culture, surtout. L’acte de cession de Mayotte à la France n’a-t-il pas été rédigé par le cadi Omar Aboubacar ? Si. Preuve de l’importance que ces juges musulmans ont eue dans la société locale. C’était hier encore.

Lorsqu’Ibrahim a épousé Aïrata, il y a 19 ans, c’est en effet le cadi qui a officialisé l’union. Plus tard, alors que son père venait de mourir et qu’un différend agitait la famille sur une question d’héritage foncier, c’est le cadi qui a tranché. Idem lorsque sa femme a voulu divorcer : la séparation a été prononcée par le cadi, là encore. Nous étions à l’aube des années 2000, et le droit commun français cohabitait alors avec le droit coutumier, respectant ainsi la déclaration du commandant Passot en 1841 : “La France s’engage à respecter les coutumes et traditions des Mahorais.” Dans les tribunaux de justice cadiale, le cadi reçoit les uns et les autres, conseille, tranche, et son greffier rédige les actes officiels. En somme, écouté et respecté, le cadi est au centre du fonctionnement de la société. Certes, leur activité judiciaire diminue au fur et à mesure que l’application du droit commun progresse ; certes, les Mahorais s’en remettent de plus en plus à la justice républicaine, mais leur importance demeure réelle. Ils sont encore un repère dans cette société en pleine mutation.

Mieux : malgré un certain nombre de reproches quant à sa formation et son objectivité, l’État français confie à l’administration cadiale des tâches d’importance, comme celle du suivi de l’état civil. Un lourd, très lourd dossier, allant de pair avec la départementalisation à venir.

Celle-ci arrive un soir de 2011. Au 31 mars, Mayotte devient le 101ème département français. De fait, une seule justice doit être appliquée. Le glas de la justice cadiale a sonné. Les cadis n’ont plus de rôle officiel ni juridique. Après cinq siècles, leur importance n’a de cesse de s’amenuiser, leurs attributions aussi. Tout en restant des agents du Conseil départemental (depuis 2004, ils étaient avant cette date rémunérés par l’État même), ces notables ancestraux commencent à tomber en désuétude.

Une société partagée

Dans un sondage que nous avons lancé sur les réseaux sociaux, la société mahoraise est partagée. Si, pour un peu plus d’un tiers (35 %) d’entre elle, les cadis n’ont plus aucune importance et “N’ont plus de raisons d’être”, les votants sont presque tout aussi nombreux (33 %) à considérer que les cadis restent des référents moraux aux conseils parfois avisés. Une vingtaine de pourcents considèrent même qu’ils demeurent malgré tout des références très importantes dans leur vie. Enfin, 10 % des participants déclarent regretter la disparition des cadis, jugeant “Les instances de la République pas toujours adaptées à Mayotte.” En somme : une société partagée sur la question. Une société en pleine évolution. Mais de quel attachement s’agit-il exactement ?

“Un attachement avant tout culturel”, explique Abdou, mahorais de 26 ans. “Les cadis sont une sorte de référence morale traditionnelle”, complète Abdallah, deux ans de moins, qui précise : “Pour notre génération, il n’est plus question de se référer à la loi musulmane à laquelle les cadis se rattachent, mais les personnages sont encore respectés. Disons que nous ne prenons pas leurs paroles comme argent comptant, mais ils tiennent quand même un rôle de sage, en quelque sorte.” Un rôle de conseil ? “Oui voilà, ils peuvent apporter une sagesse et des conseils.”

Pour le cadre quarantenaire Ibrahim, qui comme nous l’avons vu plus haut, avait eu recours à plusieurs reprises à la tradition des cadis, les choses ont changé. Il en témoigne sans gêne : “La société a évolué aujourd’hui, et tant mieux. Je respecte les cadis et leur autorité, le repère traditionnel qu’ils représentent pour Mayotte, mais je crois qu’une large majorité de la population se satisfait du droit commun. Il est peut-être plus équitable, moins centré sur la tradition, la religion. Les choses évoluent, c’est normal. De nos jours, la religion a moins de poids, les gens sont moins contraints de faire avec. Si les cadis ne représentent plus la même autorité juridique, ils gardent quand même une place importante, je crois. Mais surtout d’un point de vue culturel.” Et de conclure en comparant à la référence morale que peut encore, chez les chrétiens, représenter le prêtre : “En Occident, tout le monde préfère avoir une justice séparée de la religion. Cela n’empêche pas de respecter l’homme religieux et parfois de lui demander conseil, ou lui parler. Mais en considérant ses paroles comme ce qu’elles sont : une autre vision des choses, qui n’est pas forcément une vérité absolue.”

 

Le retour du cadi ?

 

Une conception de l’autorité morale qui a évolué, donc, mais à laquelle la population semble toutefois garder une forme d’attachement. Partant de ce constat, le Département a souhaité “réhabiliter” l’instance cadiale, en lui donnant une mission plus adaptée aux évolutions de la société. Point de départ de ce changement de cap : la flambée de violence qui a frappé Mayotte l’an dernier. “Il a paru évident aux élus que les jeunes étaient en pleine perte de repère. La société change, les jeunes prennent de mauvaises habitudes, encore plus ici qu’en métropole. On voit des comportements à Mayotte que l’on ne voit nulle par ailleurs en France”, explique Younoussa Abaine, qui coordonne l’action des cadis pour le Conseil départemental. En mai 2016, une mission est donc mise en place par le Département afin que les cadis opèrent une médiation et participent, avec leurs compétences, à apaiser les tensions. Cette mission se transformera ensuite en Direction de la médiation, de la conciliation, et du règlement des conflits, dont Younoussa Abaine est le directeur général. L’idée est là : utiliser la figure morale du cadi, encore bien présente, pour faire de la médiation. Les anciens juges musulmans sont donc en passe de devenir des médiateurs sociaux. Dès ce mois-ci, la nouvelle Direction devrait être opérationnelle : “À Mayotte, reprend Younoussa Abaine, il est particulièrement important pour les jeunes de garder un socle de référence morale.” Si, évidemment, les jeunes sont au centre de la démarche, ce rôle de médiation touchera à des domaines bien plus larges. “Tout type de conflits peut faire l’objet d’une médiation”, précise Younoussa Abaine. Différend foncier, problèmes de voisinage, etc., les cadis seront des intermédiaires directs avec pour but désormais, non de rendre la justice, mais d’éviter d’y avoir recours si cela peut être évité. Conciliation, conseils, médiation : les cadis du 21ème siècle sont en train de naître.

 

►Lors de la marche citoyenne du mois d’avril dernier, faisant suite à l’assassinat d’un père de famille, les cadis faisaient partie du mouvement, appelant à la paix.

 

“En plein dans le rôle du cadi”

 

Mais les cadis, justement, que pensentils de ce renouveau – pour ne pas dire rafraîchissement – de leurs fonctions ? “Les cadis ne sont pas juste des représentants religieux. Ils sont avant tout des représentants de la société. Ils sont pleinement dans leur mission ancestrale car c’est ce qu’ils font déjà depuis des siècles”, commente Ali Ben Kassim, greffier au tribunal du Grand cadi, à Mamoudzou. “Il est important que la société garde ses repères. Lorsque les cadis ont commencé à être dévalorisés sur le plan institutionnel, qu’est-ce qui a pris leur place ? La délinquance. C’était une erreur de les laisser de côté, car ils ont encore un rôle à jouer dans la vie des Mahorais. Un rôle de régulateur, de maintien de l’équilibre social.”

 

Une satisfaction, donc, qui fait suite à un regret. Celui qui a été vécu comme un abandon par la France lorsque, après s’être appuyée sur les cadis et leur aura auprès de la population, l’État les a laissés de côté. Le greffier le raconte : “Les cadis ont toujours fait partie de Mayotte française. Nous nous sommes toujours appuyés les uns sur les autres. Ils en étaient les référents. Nous avons oeuvré côte à côte, avec une envie de vivre ensemble. Les cadis avaient un rôle et ils ont accompli un travail noble, un travail de cohésion sociale. Que la France puisse les oublier ensuite comme elle l’a fait a été ressenti comme une trahison des valeurs de Mayotte.” Et d’espérer que “Nous travaillerons de nouveau main dans la main. Mais si l’on veut effacer notre histoire, alors cela ne mènera à rien. Certes, les choses doivent se faire dans les règles d’aujourd’hui – et les cadis font en sorte de respecter cela -, mais pour que notre action soit efficace, il faut que nous puissions aussi agir comme nous en avons l’habitude. Alors là, oui, notre médiation peut avoir des effets importants.”

 

De leur constat, d’ailleurs, la population n’aurait jamais tout à fait oublié la justice cadiale. En 2011, le journal Libération mettait l’accent sur leur la désertification des tribunaux cadiaux à la veille de la départementalisation. Un phénomène qui, selon Ali Ben Kassim, n’aurait pas duré : “La première année du département, c’est vrai, beaucoup moins de Mahorais sont venus nous voir. Mais dès l’année suivante, les consultations ont repris. Les gens se sont rendu compte que le tribunal de la République n’était pas toujours adapté.” Pudeur, délai d’attente, demande de conseils, plus grande liberté de s’exprimer devant un cadi : il est vrai que durant notre entretien d’environ une heure avec le greffier, plusieurs personnes sont venues solliciter un rendez-vous avec le Grand cadi.

 

►Les cadis de Mayotte conviés par les élus du Département. S’ils n’ont plus de reconnaissance juridique, ils restent des intervenants privilégiés auprès de la population.

 

Mayotte : laboratoire de l’Europe ?

 

Pour autant, doit-on considérer que, même s’il s’agit désormais de médiation sociale, le recours à une autorité religieuse soit aujourd’hui bien perçu ? “Nous ne sommes pas focalisés sur le droit musulman, poursuit Ali Ben Kassim. L’État ne doit pas nous considérer comme des imams de Syrie ou d’ailleurs. Le rôle du cadi est surtout celui de conseil, et l’islam de Mayotte est à prendre en exemple.”

D’ailleurs, le centre universitaire a inauguré l’an dernier, conformément à la demande du Ministère de l’Éducation, un diplôme universitaire Valeurs de la république et islam, dont la promotion était constituée justement des cadis et de leurs greffiers. Preuve, finalement, d’une confiance de nouveau accordée.

 

Ainsi donc, l’intégration des cadis dans un rôle de médiation sociale, de manière tout à fait officielle, pourrait être un modèle de cohabitation entre islam et République ? “Dans ce territoire musulman à 90 %, à une époque où l’on conceptualise un islam de France, et où l’on essaye de le coordonner, Mayotte peut être un laboratoire pour la métropole, et même l’Europe, se réjouit le directeur Younoussa Abaine. Ici, comme au ministère de l’Intérieur, on pense que l’islam de Mayotte est un islam tolérant qui peut aider à la cohésion sociale.”

À ce titre, il est vrai que le 101ème département français est invité régulièrement à participer à des colloques et forums sur les questions de dimension religieuse et de dialogues interculturels. Dernier en date : le Forum mondial 2016 de la démocratie, durant lequel Younoussa Abaine est intervenu pour aborder le projet de direction départementale intégrant les cadis.

D’ailleurs, le responsable est très confiant sur cette nouvelle responsabilité sociale donnée aux dignitaires religieux. Il le dit sans détour : “On ne peut pas se plaindre. L’État tient compte de nous, nous sommes invités à toutes les réunions.

Nous sommes respectés justement parce que nous prenons nos responsabilités, et que notre direction souhaite prendre toute sa part et apporter sa contribution dans le travail que mènent l’État et les communes. Le monde dans lequel nous vivons le montre : chacun doit prendre sa place, contribuer à améliorer la situation, échanger avec les autres. C’est une nécessité.”

►Les résultats de notre sondage lancé sur les réseaux sociaux. Il en ressort un attachement à la fonction des cadis, même s’il semble plus s’agir d’attachement culturel.

 

Mais au fait, comment devient-on cadi ?

Mayotte compte 21 cadis. Ces hauts dignitaires religieux, aux fonctions également juridiques, ont connu ces dernières années une baisse de leur influence. Départementalisation, occidentalisation de la société, arrivée de la justice de droit commun ont amenuisé les responsabilités qu’ils ont pu tenir, jusqu’à ce que le département choisisse de les remettre au goût du jour en en faisant des médiateurs sociaux. Mais au fait, comment devient-on cadis ? “Traditionnellement, dans chaque village, avant de devenir cadi, une personne était avant tout pressentie pour le devenir”, indique-t-on à la Direction de la médiation, de la conciliation, et du règlement des conflits, qui détaille : “La personne en question était pressentie pour sa noblesse, c’est-à-dire sa connaissance religieuse, et son aura dans le village.” Plus tard, lorsque l’État, à travers la préfecture, s’est chargé du recrutement des cadis, il était nécessaire de passer un examen. Les cadis étaient alors recrutés sur concours, et investis par le préfet, après avis du Procureur de la République et d’une commission présidée par le président du Tribunal supérieur d’appel et composée de quatre personnalités religieuses, désignées par le préfet et le Grand cadi. Depuis la décentralisation de 2004, et la reprise en main des tribunaux cadiaux par le Conseil départemental, “Nous sommes revenus à un mode de recrutement basé sur les connaissances religieuses, diplôme à l’appui, d’universités étrangères par exemple”, explique la Direction de la médiation. Étrangères mais pas seulement. Rappelons que cette année, le premier diplôme universitaire Valeurs de la République et Islam a été inauguré par le centre universitaire de Dembéni. Cette année d’ailleurs, celui-ci est renouvelé, de manière plus large : Valeurs de la République et religions. Toutefois, si “Les candidats cadis ne manquent pas”, comme l’explique le Département, “Peu de recrutement ont eu lieu ces dernières années, faute de budget.” Conséquence : certains cadis sont partis à la retraite sans être remplacés. Une situation qui évoluera peutêtre avec leur nouveau rôle de médiateurs sociaux.

 

Les vols en provenance et à destination de Madagascar annulés

Le cyclone Enawo a frappé mardi à la mi journée les côtes du Nord-Est de Madagascar. Formé dans l’océan Indien, le cyclone se situe dans la région d’Antalaha. Il est accompagné de pluies diluviennes et de vents soufflant en rafales jusqu’à 290 km/h, qui ont causé de lourd dégâts sur l’île. A Mayotte, tous les vols en provenance et à destination de Antsiranana, Majunga ou encore Tananarive ont été annulés, en attendant la fin de l’épisode dépressionnaire. « Tout le Nord de l’île de Madagascar est totalement impossible d’accès » commente Yves Christophe, directeur de l’aéroport de Mayotte. Tout décollage est donc interdit, et les vols reportés. Cependant, les autres vols à destination de métropole ou encore des Comores ou de la Réunion sont maintenus. Si Mayotte n’a pas été touché par le cyclone, il faut rester de la plus grande prudence, puisque le vent qui nous vient du cyclone Enawo, est un vent de travers. Il peut donc entraver les décollages et les atterrissages s’il venait à s’intensifier sur l’île. Mayotte semble pour l’instant préservée.

Les inégalités entre hommes et femmes se réduisent à Mayotte

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C’est la bonne nouvelle en cette Journée de la femme : une étude de l’Insee Mayotte montre que les inégalités entre les hommes et les femmes se réduisent. Présentations.

 

Si le dernier recensement de la population date de 2012, l’Insee de Mayotte continue à en extraire de nombreuses statistiques et tendances. La dernière en date, rendue publique hier, concerne les inégalités entre hommes et femmes dans le 101ème département. Bonne nouvelle à l’occasion de cette Journée de la femme : ces inégalités se réduisent, et ce dès la scolarisation.

 

On apprend en effet que, selon les données de 2012, la majorité des élèves scolarisés sont des filles : 59 % contre 57 % de garçons. Une mince différence, certes, mais à mettre en regard avec l’évolution de la situation. Dix ans avant, en effet, les filles étaient moins scolarisées que les garçons, et dans un écart d’une autre proportion : 46 % de filles contre 54 % de garçons. Plus parlant encore : le taux de scolarisation des filles de 18 ans a fait un bond en avant de 18 points, atteignant 42 %, alors que celui des garçons n’a progressé que de quatre points, pour atteindre 66 %.

 

Des chiffres confirmés par ceux de la rentrée scolaire 2015, puisque les filles représentaient la moitié des collégiens, et 60 % des effectifs des filières générales et technologiques en lycée. Ainsi, puisque les taux de réussite entre filles et garçons sont équivalents, on peut dire que 60 % de nos bacheliers sont… désormais des bachelières.

 

Également, l’espérance de scolarisation à 15 ans s’est allongée de sept mois entre 2002 et 2012, malgré la baisse du nombre de redoublements, qui réduit de fait le nombre d’années avant de parvenir au diplôme. En somme : il s’agit d’un allongement de la durée des études, signe d’une instruction plus approfondie.

 

Enfin, si, toutes catégories d’âges confondues, les femmes ont plus de difficultés à l’écrit (en français) que les hommes, cette différence tient à un déficit de scolarisation des anciennes générations. Les jeunes femmes de 16 à 19 ans ont en effet un peu moins de problèmes à l’écrit que les garçons (40 % contre 44 %).

 

Un meilleur accès à l’emploi

 

Les inégalités ne se réduisent pas que durant la scolarisation. C’est la seconde bonne nouvelle de cette étude. Les femmes bénéficient également d’un meilleur accès à l’emploi qu’auparavant. Entre 2009 et 2016, la population en emploi à Mayotte a augmenté de 10200 personnes. Plus de la moitié d’entre elles sont des femmes : 6900. Depuis cette année 2009, l’emploi croît d’ailleurs constamment pour les femmes, alors qu’il stagne pour les hommes depuis 2014. Mieux : en 2016, 29 % des femmes ont un emploi, soit une hausse de six points par rapport en 2009, leur permettant de représenter désormais 43 % de la population occupant un emploi. En revanche, cette amélioration ne veut pas dire que tout va bien. En effet le chômage ne les épargne pas. Elles sont en effet plus touchées par celui-ci (33 %) que les hommes (23 %), même si la différence entre les deux s’est réduite de moitié depuis 2009. Le portrait-robot de la femme en emploi à Mayotte est celui d’une salariée (85 %) dans la fonction publique (48 %) ou dans le secteur privé (44 %). Également, les femmes sont davantage contraintes au temps partiel et aux contrats courts. Vingt pour cent des femmes qui occupent un emploi travaillent en effet à temps partiel : plus qu’en métropole (15 %), et bien plus que les hommes (4 %). Pour plus de huit femmes sur dix travaillant à temps partiel, il s’agit d’un choix contraint. Elles sont également plus sujettes aux emplois de courte durée : 49 % contre 27 % des hommes. Des progrès dans la réduction des inégalités, donc, mais aussi des efforts à poursuivre.

 

Journée de la femme : un cabinet accompagne les entrepreneuses

Pour marquer la journée de la femme du 8 M ars 2017, le Cabinet Mahorais de Conseil accorde une attention particulière aux femmes qu’il a accompagnées dans leur parcours entrepreneurial, grâce au soutien de l’État notamment, dans le cadre des dispositifs ACCRE /PIJ. “La femme mahoraise occupe une place importante dans la société, pas uniquement sur les plans politiques et sociaux. Elles contribuent également au développement économique de l’île par la création d’activité et d’emploi en parallèle”, explique Moinamaoulida M’Colo-Mari, chargée de mission en création et développement d’entreprise. C’est pour cette raison que le cabinet tient à valoriser les femmes entrepreneures pendant une semaine, non seulement pour les faire connaître, mais aussi pour susciter l’envie d’autres femmes à créer leur propre emploi. “Elles ont osé l’aventure pour vivre d’une passion, quitté leur job pour devenir leur propre patron, décidé de développer une idée de business ou de se lancer sur un marché concurrentiel… Elles sont audacieuses, enthousiastes, passionnées mais aussi lucides face aux difficultés”, conclut Moinamaoulida M’Colo-Mari.

13 cas de radicalisation à Mayotte

Le journal le Monde a publié le 3 mars dernier, les derniers chiffres de la radicalisation religieuse notamment islamiste, en France. A Mayotte 13 cas ont été signalés à ce jour. Néanmoins, le département est moins impacté proportionnellement à sa population par rapport à sa voisine La Réunion ou la région parisienne. Le journal du soir a publié les chiffres du ministère de l’intérieur et de l’Insee à travers des infographies qu’elle a réalisé pour illustrer le sujet.

Cambriolages à la chaîne à Mamoudzou

Ces dernières 24 ou 48h, de nombreux cambriolages d’entreprises ou services publics ont été signalés dans le chef-lieu.

 

Un des cambrioleurs de la bibliothèque de Kavani en garde à vue

L’un des auteurs présumés du vol commis avec effraction le 23 décembre dernier au préjudice de la bibliothèque départementale, a été récemment interpellé. Une dizaine de jeunes munis de barres de fer et accompagnés de chiens avaient pénétré dans le bâtiment par une porte et avaient dérobé deux ordinateurs. L’individu arrêté par la police a été placé en garde à vue et a reconnu partiellement les faits.

 

6 cambrioleurs présumés d’un resto-bar, interpellés

Dans la nuit de dimanche à lundi, la police a arrêté 6 auteurs présumés d’une effraction commise dans un restaurant-bar de Mamoudzou. Confondus par la vidéosurveillance de l’établissement, ils ont été placés en garde à vue.

 

Effraction dans l’entrepôt d’un magasin de produits d’entretien ménager

L’entrepôt d’une société de vente de produits d’entretien ménager situé à Kaweni a été cambriolé durant la nuit de dimanche à lundi. Le ou les auteurs se sont introduits dans les lieux en arrachant une grille, dérobant des chaussures de sécurité et divers petits matériels. Ils sont toujours recherchés.

 

Tentative de vol à l’atelier de menuiserie du conseil départemental

La menuiserie Mawana Madi de Kaweni appartenant au département a été victime d’une tentative de cambriolage. Le ou les auteurs ont tenté de pénétrer dans les lieux en arrachant la grille d’entrée. Reste à savoir si ce sont les mêmes individus qui ont commis le vol dans l’entreprise citée plus haut.

Vers la fin du blocage du port de Longoni

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Alors que le port de Longoni est bloqué depuis une semaine par une trentaine de salariés (sur 98) de Mayotte Channel Gateway (MCG), un accord a été trouvé ce matin avec la direction pour une sortie de crise.

 

« La plupart de nos revendications ont été accordées par la direction », a indiqué ce matin Mdéré Ali, délégué syndical Ud FO. « Nous avons pu obtenir le rétablissement des primes pour certains agents, avec une rétroactivité depuis 2014. » Les deux parties devraient signer dans quelques minutes un protocole de sortie de crise, en présence du directeur de la Dieccte (direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) et d’un inspecteur du travail. Les grévistes sont tous des anciens salariés de la CCI qui ont été repris par MCG lors du transfert de la délégation de service public (DSP) en 2013. Les négociations ont porté sur l’application de l’annexe 14 de la DSP, qui concerne le cadre juridique du transfert du personnel du port et la politique de gestion des ressources humaines. Si elles étaient tombées d’accord la semaine dernière sur l’application du supplément familial ou sur les congés bonifiés, les deux parties n’étaient pas encore parvenues à s’entendre sur la question des primes.

Le prince Albert II de Monaco en visite a Mayotte

Le Prince Albert II (Albert Alexandre Louis Pierre Grimaldi) de Monaco a réalisé une visite éclaire à Mayotte vendredi dernier. Il a profité de son retour de Madagascar où il a rencontré les autorités malgaches dans le cadre de sa fondation engagée dans la protection de l’environnement, pour faire escale dans le 101ème département. A l’occasion d’un cocktail donné en son honneur par le préfet à la case Rocher Ali Combo Debré Conseiller départemental du Canton de Mamoudzou 3 a représenté le président du conseil départemental de Mayotte, aux côtés du sénateur Thani et du député Ibrahim Aboubacar.

Quand les poissons vont à la pêche : les prédateurs embusqués

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Tous les poissons ne sont pas végétariens, loin de là… Mais tous les carnassiers ne sont pas des requins : loin des majestueux rois des mers, certains préfèrent se cacher pour chasser à l’affût.

 

Les Hommes ont élaboré au fil des millénaires des techniques de pêche toujours plus habiles et variées pour tirer parti des généreuses ressources de la mer. Chacune d’elles s’inspire consciemment ou non d’une méthode existant dans la nature : un analogue du filet est ainsi utilisé par de nombreux filtreurs (crinoïdes, hydraires, gorgones ou même baleines), le harpon est présent chez les espadons ou les « cônes » (des coquillages carnivores), et la mer ne nous a pas attendus pour inventer des méthodes aussi high-tech que la pêche électrique (avec les raies torpilles), à l’explosif (stomatopodes et crevettes-pistolet) ou bien-sûr au poison… Oui, mais la pêche à la ligne, alors ?

 

Plusieurs familles de poissons ont abandonné leur silhouette fuselée et leur agilité aquatique pour devenir des prédateurs embusqués. Impeccablement dissimulés sur (voire dans) le substrat, ils attirent tels des plantes carnivores des proies naïves jusque vers leur énorme bouche barbelée de dents effilées, pour les gober d’un seul coup vif et précis. Ce type de stratégie a en fait émergé chez plusieurs groupes de poissons peu apparentés. Le plus caractéristique est l’ordre des Lophiiformes, qui contient les baudroies, dont la lotte qu’on trouve en Métropole (Lophius pescatorius), mais aussi les poissons-lanterne des abysses, ou encore, dans le lagon mahorais, les antennaires. Tous ces poissons, d’allure souvent difforme et à l’apparence mimétique de leur environnement, ont pour caractéristique d’avoir la première épine de la nageoire dorsale indépendante et très allongée, formant une fine tige appelée « illicium », au bout de laquelle danse un leurre. C’est cet appât qui permettra au poisson d’attirer des proies jusqu’à sa portée, où une brusque ouverture de son énorme bouche créera une forte dépression dans l’eau, aspirant l’imprudente. On ne voit que rarement les antennaires, car les sept espèces mahoraises sont toutes parfaitement mimétiques des éponges ou des colonies de corail mort : seuls les plongeurs expérimentés savent – parfois – les repérer.

 

Cette même technique de chasse se retrouve chez les uranoscopes, qui constituent pourtant une famille éloignée puisqu’ils sont apparentés aux « vives » que l’on rencontre en Méditerranée (sous-ordre des trachinoïdes). On n’en connaît qu’une seule espèce à Mayotte: Uranoscopus sulphureus. Ce poisson trapu et patibulaire vit presque entièrement enterré dans le sable, ne laissant dépasser que ses deux yeux légèrement surélevés et tournés vers le haut, comme son énorme bouche en U inversé. Tout son visage est ainsi en position dorsale, et son nom scientifique signifie d’ailleurs « qui contemple le ciel » (en anglais « stargazer »). Ce mode de vie des uranoscopes en fait quasiment les seuls poissons à respirer entièrement par la bouche. Eux aussi agitent un leurre près de leur gueule pour attirer les proies, mais il s’agit cette fois d’une excroissance de la gencive inférieure, en forme de ver – exactement comme à la pêche ! Et si la proie à capturer s’avère difficile, l’uranoscope peut lui envoyer une décharge de 50 volts pour l’étourdir avant de l’avaler. Contre les éventuels prédateurs, il préférera cependant utiliser les éperons venimeux situés à ses aisselles.

►Voyez-vous le poisson-pierre (Synanceia verrucosa), bien dissimulé sur le fond ?

 Mais le champion des piqûres reste le terrible poisson-pierre (Synanceia verrucosa). Lui aussi a une tête démesurée et monstrueuse, la bouche tournée verticalement et un camouflage à toute épreuve. Peu de baigneurs en ont déjà repéré un tant leur peau reproduit fidèlement les algues et débris marins en tous genres. Sans leurre, le poisson-pierre doit compter sur l’extraordinaire rapidité de son attaque pour capturer ses proies. Et comme il ne peut pas s’ensabler aussi bien que l’uranoscope, il assure sa défense par un venin redoutable, le plus puissant de tous les poissons ! Cette espèce a plusieurs bons imitateurs chez ses cousins, à savoir les rascasses et poissons-scorpions (comme Scorpaenopsis diabolus), au venin douloureux mais moins dangereux. Le vrai poisson-pierre demeure (apparemment) rare à Mayotte.

Le récif a des yeux : les poissons-papillons

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Après les poissons-perroquets, penchons-nous sur les plus élégants des butineurs de corail : les poissons-papillons. 

 

Les Hommes aiment s’approprier la mer en nommant ses créatures d’après celles de la terre : on trouve ainsi des poissons-perroquets, des poissons porc-épic ou encore des poissons-éperviers, et bien sûr les poissons-papillons. Ceux-ci ne volent pourtant pas plus que les poissons-perroquets ou tout autre poisson à nom d’oiseau : cette spécificité est réservée au petit groupe des exocets (les fameux « poissons volants »), très éloigné. Cependant, plusieurs traits rapprochent nos petits poissons tropicaux des insectes lépidoptères, même si ces deux groupes ne risquent pas de se rencontrer bien souvent… 

 

Les poissons-papillons ont d’abord pour eux leurs couleurs vives : sur leur corps aplati et plus ou moins triangulaire, on note trois dominantes, qui sont le blanc perle, le noir et le jaune poussin. Le plus souvent, les poissons-papillons ont les flancs argentés, striés de bandes noires (l’une d’elle barre souvent l’œil), et les nageoires jaune vif. Cependant, la répartition de ces couleurs varie suivant les espèces, et la dominante peut être le jaune ou une autre couleur. Ainsi, certains y ajoutent des touches d’orange comme le poisson-papillon malgache (Chaetodon madagaskarensis), de rouge comme le poisson-papillon triangulaire (Chaetodon triangulum), ou encore de bleu comme le très beau poisson-papillon à trois bandes (Chaetodon trifasciatus). 

 

Autre point commun avec les butineurs terrestres, de nombreuses espèces de poissons-papillons arborent des ocelles sur le corps, c’est-à-dire des sortes d’yeux géants tatoués sur la peau, et dont on dit qu’ils peuvent effrayer un prédateur naïf. Le poisson-papillon de Bennett (Chaetodon bennetti) est par exemple jaune uni avec un énorme disque noir cerclé de bleu électrique sur le côté. Le poisson-papillon à larme (Chaetodon interruptus) a un motif similaire sans le bleu, et chez certains l’ocelle n’est qu’un petit point noir sur la queue ou le dos (comme le papillon cocher Chaetodon auriga). En fait, la majorité des poissons-papillons n’a pas vraiment d’ocelle, mais la famille a gagné son nom commun sur le modèle de l’espèce des Caraïbes, le bien nommé « Poisson-papillon à quatre yeux » (Chaetodon capistratus), absent de l’Indo-Pacifique. Ce dernier porte pour sa part un œil beaucoup plus convaincant sur chaque flanc. 


► Poisson-papillon cocher (Chaetodon auriga), un poisson-papillon particulièrement typique

Un autre trait commun qui rapprocherait ces poissons de leurs homonymes terrestres est leur manière de « butiner » le corail. En effet, même s’ils sont dépourvus de la trompe enroulée des lépidoptères, la plupart des poissons-papillons sont munis d’une bouche fine et allongée, qui leur permet d’aller fouiller dans les nombreuses anfractuosités du corail. Chez les papillons-pincettes (genre Forcipiger), la bouche peut ainsi être presque aussi longue que le reste du corps ! Les poissons-papillons ont généralement un régime assez opportuniste avec leurs dents en forme de petites brosses, et se nourrissent principalement d’animaux minuscules qu’ils vont débusquer dans les petits trous du récif ; cependant certain, comme le papillon à trois bandes, se nourrissent aussi des polypes du corail. Dans tous les cas, ce mode de nutrition les oblige à passer du temps à virevolter le nez tourné vers le corail, et donne souvent un tableau sous-marin aussi réjouissant que contrasté, rehaussant le bleu de la mer de quelques notes de feu dansantes. 

 

Contrairement aux perroquets ou aux demoiselles, les poissons-papillons forment des couples fidèles, souvent inséparables : il n’est donc pas rare de les croiser par couples solidaires et complices, notamment les papillons-pincettes et les papillons à trois bandes. Si un baigneur s’amuse à les effrayer, ils peuvent s’enfuir en un éclair dans des directions différentes, mais une fois rassurés ils chercheront tout de suite leur compagnon, avec une touchante inquiétude. 

 

Il existe une grande diversité de poissons-papillons : la famille des Chaetodontidae compte 130 espèces dans le monde, dont 28 à Mayotte. Dans le lagon mahorais, 21 espèces appartiennent au seul genre Chaetodon, qui contient l’écrasante majorité des espèces de la famille, mais on trouve aussi deux poissons-pincettes (Forcipiger) et trois poissons-cochers (Heniochus), à ne pas confondre avec l’« idole des Maures » (Zanclus cornutus) auquel ils ressemblent beaucoup… Un tourbillon de formes et de noms qui vous donnera peut-être envie de prendre une minute pour papillonner dans le livre des Poissons de Mayotte après votre prochain tour sous l’eau !

 

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