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Réforme de la fonction publique : 200 enseignants dans la rue

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Ce mercredi, près de 200 enseignants se sont rassemblés sur la place de la République pour exprimer leur indignation face au projet de loi sur la réforme de la fonction publique. Les représentants syndicaux ont dénoncé l’embauche de contractuels, qui n’ont pas le statut de fonctionnaire, mais aussi la précarisation du métier.

Le projet de loi de transformation de la fonction publique était présenté ce mercredi 27 mars en Conseil des ministres. Opposées, les instances syndicales ont appelé à battre le pavé. Pas loin de 200 enseignants ont rejoint le mouvement à côté du marché couvert de Mamoudzou pour entamer une marche en direction de la préfecture. « Nous avons choisi cette date car nous voulons alerter symboliquement sur la gravité de cette réforme qui remet en cause les statuts. Le gouvernement veut mettre en place une fonction publique contractualisée encore plus précarisée. Il n’y aurait alors plus de CDD et de CDI, mais ce serait des contrats de chantier », s’alarmait mercredi Henri Nouri, du SNES-FSU. « Nous allons nous retrouver avec un système entre les mains des managers, qui décideraient des promotions sur la base d’une évaluation à la tête du client. »

« La richesse de ceux qui n’ont rien »

Pour les syndicats, une telle évolution pourrait avoir des répercussions dramatiques, face aux difficultés du territoire à attirer de nouveaux professeurs. En effet, dans le milieu scolaire, les départs sont plus fréquents que les arrivées. D’autant plus qu’entre 2014 et aujourd’hui, il n’y aurait eu que 950 titularisations dans le premier degré par voie de concours externes ou internes, et que 650 contractuels seraient toujours dans l’attente d’un dénouement similaire. « Si cette loi passe, nous risquons de tomber dans un puits sans fond alors que tout le monde dénonce la qualité du système éducatif à Mayotte », s’insurgeait Rivo Rakotondravelo, du SNUipp.

Or, le territoire a besoin de stabilité pour se développer, comme le rappelait Quentin Sedes, de la CGT Educ’Action. « L’enseignement n’est pas un job que nous faisons six mois ou un an, nous avons besoin de nous inscrire dans la durée pour être efficace, mais aussi d’être formés et d’avoir des perspectives de carrière. Avec ce projet de loi, nous allons avoir encore davantage de turnover, ce qui serait une catastrophe éducative. » Et pour lui, les premiers lésés seront les enfants, sachant que 50 % de la population mahoraise à moins de 17 ans. « Le service public est la richesse de ceux qui n’ont rien. »

Une hausse de l’indexation promise en… 2016

Pour fidéliser le corps enseignant et rendre la destination de Mayotte attractive, les représentants syndicaux ont pointé une augmentation du taux d’indexation des salaires, mise en place en 2013, et qu’ils jugent trop faible. « Il faut qu’il soit au minimum au même niveau que celui de La Réunion puisque Mayotte sert bien souvent de tremplin pour s’y rendre« , insistait Henri Nouri, reprenant une vieille revendication. Une réunion de revoyure était initialement prévue en 2017 mais elle n’a jamais eu lieu, dénoncent les syndicats. « Trois ans plus tard, nous avons l’obligation de nous engager dans la rue pour pousser les politiques à respecter leurs engagements« , martelait Rivo Rakotondravelo, du Snuipp. Sans oublier le plan de construction des écoles d’un budget de 100 millions d’euros qui se fait toujours attendre. « Si l’État s’enferme dans des explications qui ne nous semblent pas valables, c’est son choix. Mais qu’on ne nous dise pas que ce sont des choix indépendants de sa volonté. Le choix politique à faire à Mayotte est simple : développer et investir dans les services publics ! », concluait Henri Nouri.

Les coupures d’eau « pas dues » à la grève

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Depuis lundi soir, plusieurs communes de l’île subissent des coupures d’eau intempestives. Selon nos informations, la grève de la Sogea et de la Smae, filiales du groupe Vinci spécialisées dans les travaux publics, les réseaux secs, les réseaux humides, l’éclairage public, ou encore les lignes électriques, mais aussi dans la production et la distribution d’eau potable, ne serait pas à l’origine de ce dysfonctionnement. Ce sont plutôt les fortes pluies qui ont entraîné la fermeture des filtres de traitement.

« Suite aux fortes pluies d’aujourd’hui, une dégradation de l’eau brute a contraint à réduire la production des usines de l’Ourovénie et de Bouyouni. Un manque d’eau est à prévoir ce soir dans les communes de Chiconi (village de chiconi), Ouangani, Sada, Chirongui, Koungou ainsi que Mamoudzou (villages de Kawéni, Doujani et Mtsapéré, quartier Mandzarsoua) », annonçait lundi un communiqué de la Smae. Toutefois, le retour à la normale prévu durant la nuit n’avait toujours pas eu lieu ce mardi matin… « Ça n’a rien à voir avec le mouvement social, notre objectif n’est pas d’impacter la population », assurait mardi Anli Soumaila, délégué syndical à Sogea. « Les responsables assurent le service minimum, ces coupures ne sont en aucun cas dues à un problème de sous-effectif. »  De quoi faire taire les rumeurs qui courent sur une relation de cause à effet entre la grève des agents et l’absence d’écoulement d’eau dans certains robinets.

En début d’après-midi, un nouveau communiqué précisait que « la situation dans le centre et le sud [était] rétablie », mais que « les réservoirs alimentés par la station de Bouyouni n’[avaient] pas atteint leurs niveaux habituels. » D’autres perturbations étaient encore à prévoir à Koungou, Pamandzi, Mamoudzou (village de Kawéni, Doujani, Mtsapéré, Balamanga, Passamainty Niambotiti, Cavani sud, Bonovo Mtsapéré, Ambassadeur Mtsapéré, Cavani, 100 villas, 16 villas, Saharingué, 10 Vats, Tamarins Haut et Bas, Vétiver).

Des rivières abondantes et des filtres bouchés

Pour bien comprendre, il faut savoir que l’eau des rivières arrive dans des bassins où du polychlorure d’aluminium 18 est ajouté dans le but de retenir la boue. La procédure permet alors de former des flocs, c’est-à-dire l’ensemble des particules solides sur lesquelles viennent s’agglomérer des impuretés. Cette phase de traitement permet de différencier l’eau claire de celle qui est impropre et qui part ensuite dans les filtres, puis dans le réservoir tampon. À l’intérieur de ce réservoir, l’eau se mélange à du chlore désinfectant, avant d’être envoyée dans le réservoir de distribution. « Les fortes pluies n’arrangent pas les choses car l’eau des rivières colmate les filtres. Si les normes de teneur en boue ne sont pas respectées, ils se bloquent obligatoirement. Et par conséquent, le niveau des réservoirs baisse », avançait dans la journée l’un des agents de l’unité de production de Bouyouni, absent au moment des faits. Avant de donner une explication technique : « quand la floculation fonctionne mal, nous remarquons qu’il peut y avoir un surdosage, par exemple. » En d’autres termes, il s’agirait davantage d’un problème de traitement que d’une manœuvre syndicale, pourtant déjà utilisée lors du mouvement social de 2005.

Ultimatum de la direction aux grévistes

En effet, depuis plus de deux semaines, le patronat et le personnel sont en conflit. Les syndicalistes de la Smae et de la Sogea réclament une augmentation de 250 euros bruts par mois pour les salaires inférieurs à 2.000 euros. Une demande restée vaine jusqu’alors. Sauf que les pourparlers ont pris une nouvelle tournure ce lundi avec une proposition de la direction qui n’excède pas 35 euros. Un montant inacceptable pour Anli Soumaila. « Nous sommes très loin du montant exigé à la base et en plus, il n’est même plus question d’un échelonnage sur trois ans », regrette le syndicaliste. Durant ces dernières négociations, le directeur adjoint de Sogea et Smae chez Vinci, Frédéric Guillem, a également posé un ultimatum aux grévistes : soit ils devaient accepter le montant de 35 euros d’augmentation salariale avant le soir même à minuit, soit les agents de la Sogea se retrouveraient sous la menace d’un licenciement économique. Les salariés ont alors décidé de prendre leur supérieur au mot et de présenter ce mercredi une liste d’une soixantaine de collaborateurs prêts à se voir renvoyer, pour mettre leur direction au défi de passer à l’acte. Contacté, Frédéric Guillem était injoignable mardi pour répondre à nos questions.

Un peu plus de deux semaines après le début de le mouvement, les négociations semblent stagner. Et si en plus les fortes pluies s’y mettent, elles aussi, la distribution des eaux risque de s’enliser un peu plus.

25 tonnes d’aide humanitaire envoyée au Mozambique

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Ce lundi matin, Le Tonnerre, porte-hélicoptères amphibie de la classe Mistral, a pénétré dans le lagon pour charger 25 tonnes d’aides délivrées par la Croix-Rouge, avant de se diriger vers le Mozambique, suite au passage du cyclone Idai. Une opération éclair qui a permis de mettre en lumière toute l’ingénierie navale française.

Il est 7h ce matin lorsqu’un énorme amas d’acier transperce l’entrée du lagon. Ce n’est autre que Le Tonnerre, porte-hélicoptères amphibie de la classe Mistral de la marine nationale. Long de 199 mètres et large de 32 mètres, ce navire stationne à 2,5 kilomètres des côtes mahoraises en position dynamique (il se stabilise avec ses propres moteurs et ne jette pas l’ancre). »Nous étions intégrés à l’opération de l’Union européenne, Atalante, dans l’océan Indien, qui a pour but de lutter contre la piraterie, lorsque nous avons reçu l’ordre du contrôleur opérationnel et des autorités politiques le 23 mars de venir à Mayotte », explique l’aspirant Marine, qui opère sur le porte-hélicoptère. Depuis le quai Issoufali, quelques officiers débarqués sur la terre ferme s’empressent de charger ce lundi les cargaisons de la Croix-Rouge dans un engin de débarquement amphibie rapide (EDAR). Les conducteurs des imposants camions militaires enchaînent les manœuvres, tout en essayant de perturber le moins possible les allées et venues des barges successives. En seulement quelques heures, pas moins de 25 tonnes de matériel de première nécessité de la Croix-Rouge, soit 80 palettes, rejoignent le navire, anciennement appelé bâtiment de projection et de commandement. En plus des 80 tonnes déjà parties la semaine dernière depuis l’entrepôt de La Réunion avec la frégate de surveillance Nivôse. Le tout coordonné par la plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien. « La France est le seul pays à avoir ces capacités de stockage dans la zone. Régulièrement, la PIROI est engagée pour apporter de l’aide à Madagascar et aux autres pays voisins », souligne Dominique Sorain, le préfet.

Arrivée prévue au Mozambique le 28 mars

Selon toute vraisemblance, « nous devrions atteindre le Mozambique le 28 mars », confie le commandant et capitaine de vaisseau Ludovic Poitou. En ligne de mire, une mission qui ressemble sensiblement à celle effectuée en septembre 2017 à Saint-Martin après le passage du cyclone Irma. « Ultra-polyvalent, le Tonnerre est capable de porter assistance aux populations sinistrées, mais il est aussi et surtout en mesure de contribuer à la livraison du fret humanitaire, de mener des opérations de déblaiement et de réhabilitation sommaire des habitations et d’apporter un soutien médical. » En effet, le navire dispose à son bord de 69 lits médicalisables, deux blocs opératoires, une salle d’analyses ou encore un cabinet dentaire, ainsi que de cinq médecins. Mais aussi d’un bâtiment de commandement où il est possible d’installer 200 postes de travail et de conduire des opérations à terre ou en mer. « Nous allons travailler avec les ONG présentes sur place et l’ambassade de France pour coordonner notre activité dans le pays », précise l’aspirant Marine. « Si besoin, nous pourrons mettre notre hôpital à disposition. »

L’intérêt d’un navire comme Le Tonnerre est qu’il peut acheminer l’aide en utilisant ses moyens amphibies et en s’affranchissant, si nécessaire, de toutes les infrastructures portuaires, qui pourraient endommagées sur la côte. Un atout particulière utile, alors que Beira, la quatrième plus grande ville du Mozambique, est d’ores et déjà détruite à 90 %… « Nous allons nous adapter en fonction des besoins et livrer ce matériel au plus près », conclut le capitaine de vaisseau Ludovic Poitou.

Un sacré stage de fin d’étude…

Aux 200 équipages de la marine nationale et des trente instructeurs dépêchés pour la mission s’ajoutent 130 élèves en troisième année de l’école navale. Parmi eux, les enseignes de vaisseau Augustin, Hubert et Anne-Victoire, tout juste 22 ans, en mission Jeanne d’Arc (formation des officiers de la marine en dernière année). « Cette mission opérationnelle représente une concrétisation de l’engagement pris il y a deux ans », pour la jeune Anne-Victoire. Partis fin février de Toulon, ils mettent en application pendant cinq mois tous les apprentissages de ces deux dernières années. Le but est de les intégrer à tous les postes-clés du Tonnerre. « En fonction du programme du bateau, nous prenons les responsabilités qui correspondent aux postes occupés, comme la manœuvre ou encore le chemin à emprunter », explique le premier des deux jeunes hommes.

En parallèle, les étudiants mènent également une autre mission humanitaire, via une association créée il y a 18 ans par des élèves officiers en troisième année à l’école navale. Le but ? Récolter des dons en France avant de partir les distribuer aux populations dans le besoin durant les différentes escales. Du matériel paramédical et de puériculture, mais aussi des jeux, des jouets, des vêtements et des affaires de sports ont notamment été récoltés avant le départ. « Nous avons donné 300 kilos de livres à l’Institut français de Djibouti pour promouvoir la francophonie », indique le président de l’association. Vu le changement de mission, certaines palettes initialement prévues pour Madagascar vont être redirigées vers le Mozambique « pour apporter une modeste contribution ». Viendront ensuite Le Cap et la côte Est américaine…

Top départ de la course de pneus

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Ils roulent à Mayotte depuis plusieurs décennies. La traditionnelle course de pneus revient dans cinq communes de l’île du 23 mars au 10 juin, avant la grande finale à Mamoudzou.

C’est l’évènement emblématique de Mayotte. Et pour cause : la course de pneus s’y tient depuis 36 ans. Le premier parcours de l’édition 2019 s’ouvre ce samedi à Pamandzi. Puis, jusqu’au 10 juin, chaque intercommunalité organisera sa course, avant la grande finale le 29 juin à Mamoudzou. Avant 2015, la compétition se déroulait exclusivement dans le chef-lieu, privant de nombreux habitants excentrés de ce rendez-vous pourtant incontournable. Depuis, 1.500 enfants peuvent participer à ce qu’on qualifie désormais de championnat : 300 concourent à chacune des cinq courses intercommunales, à l’issue desquelles les vingt premières filles et les vingt premiers garçons accèdent à la dernière épreuve où ils seront amenés par l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) de Mayotte, partenaire de l’évènement depuis cinq ans. Quelque 400 jeunes de Mamoudzou courront également lors de cette finale.

En 36 ans, les pneus ont déjà bien roulé. Loin est le temps où, pour être sélectionnés, les enfants n’avaient qu’à être assez petits pour passer sous une toise d’1m40. Un système un peu « injuste« , reconnaît ce jeudi Laurent Mounier, directeur de l’agence Angalia organisatrice de la course. Depuis, les inscriptions se sont formalisées : elles se font en mairie, dans les MJC et les centres périscolaires, mais n’en restent pas moins ouvertes aux jeunes déscolarisés. Tous les participants doivent être nés entre 2007 et 2009 et fournir un justificatif de naissance, une autorisation parentale ainsi qu’une fiche sanitaire et une copie du carnet de santé, afin d’être assurés. Sur décision de leurs élus, Kani-Kéli, Tsingoni et Koungou ne participent pas au championnat, mais les enfants y résidant sont libres de s’inscrire auprès d’une autre commune.

« Le championnat fait partie des rares projets réalisés à ce jour au sein des intercommunalités et qui permet d’impulser une mutualisation des moyens humains et matériels« , souligne l’organisation. Au fil des ans, les communes se l’approprient. Six mois avant le jour J, les six villes organisatrices (Pamandzi, Mtsamboro, Bandrélé, Sada, Dembéni et Mamoudzou) élaborent un parcours, étudient la mise en place des moyens, l’encadrement des participants, la sécurité et évidemment, la collation distribuée aux coureurs avant et après l’épreuve. Un travail qui mobilise quatre service au sein de chaque commune : le service politique de la Ville, le service animation, le service technique et la police municipale.

Et puis, il faut trouver les pneus. Chaque année, la plupart d’entre eux sont directement récupérés ça-et-là, aux bords des routes, des rivières, et même dans la mangrove. Après la course, la majorité des pneus sont récupérés par les villes avant d’être déchiquetés et recyclés.

Le calendrier du championnat

Pamandzi : samedi 23 mars à 15h

Mstamboro : samedi 30 mars à 10h

Bandrélé : jeudi 2 mai à 10h

Sada : samedi 8 juin à 10h

Dembéni : lundi 10 juin à 10h

Mamoudzou (grande finale) : samedi 29 juin

La saisie de stupéfiants multipliée par 4,5 en 2018

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En 2018, les douanes de Mayotte ont multiplié les contrôles sur l’ensemble du territoire afin de lutter contre toutes les formes de contrebande et les flux financiers illicites. L’accent a notamment été mis sur la lutte contre la contrebande de tabac avec une progression des saisies de 6,5% en un an.

Des résultats de saisies en hausse par rapport  à l’année dernière. Mercredi, la Direction régionale des douanes de Mayotte a présenté ses résultats sur l’année 2018. « C’est un travail contraignant, fastidieux mais la mobilisation des douaniers reste intacte. Ce travail est une nécessité pour le département« , assure le préfet de Mayotte, Dominique Sorain.

« La douane s’est engagée dans une triple mission de protection de nos concitoyens, de soutien économique des opérateurs du commerce international et de perception fiscale« , assure Jacques Brablé, directeur régional des douanes. Elle s’est donc focalisée sur les trafics illicites et notamment le tabac de contrebande. Les saisies de ces produits – sous forme de cartouches de cigarettes ou de tabac brut – sont passées de 3,1 tonnes en 2017 à 3,3 tonnes en 2018, soit une progression de 6,5 % sur le territoire contre 241,1 tonne au niveau national (+1,2%).

Les saisies de cannabis (herbe et résine) ont été multipliées par 4,5 entre 2017 et 2018, passant de 60 à 276 kg. En 2018, quelque 97,4 tonnes de stupéfiants ont été saisies sur le territoire national et en haute mer, soit une progression de 47,4%, et 49,1 tonnes ont été saisies à l’étranger sur renseignement de la douane française (+ 45,3%).

En matière de fraude financière, les manquements à l’obligation de déclarer à la douane le transport de sommes supérieures ou égales à 10.000 euros ont donné lieu à douze constatations en 2018 contre six en 2017, pour un montant total intercepté de 244.000 € (au lieu de 147.000 € en 2017).

La contrefaçon dans le viseur

Depuis quelques années, la France est particulièrement touchée par la contrefaçon, notamment au regard de ses savoir-faire et de la renommée de certaines de ses productions. Pour contrer ce phénomène, les douanes de Mayotte ont réalisé un « focus particulier » sur les risques encourus par les fraudeurs et les dangers pour les utilisateurs de marchandises contrefaisantes. Pas moins de 16.465 articles de contrefaçons ou non-conformes aux normes ont été saisis en 2018 (19.193 médicaments, 10.419 vêtements, 1.092 accessoires personnels et 2.370 chaussures) contre 19.493 en 2017 – 5,4 millions d’articles au niveau national –, « mais cette baisse est la conséquence directe des sept semaines de blocage du port, où sont réalisées la grande majorité des saisies dans des conteneurs, pendant le mouvement social du printemps 2018« , explique Jacques Brablé. « C’est un trafic – un point sur lequel je voulais insister – qui peut également mettre en péril la santé des consommateurs, mais aussi l’économie légale et la création. Il faut rappeler que l’acte d’achat de contrefaçon n’est jamais anodin et peut le mettre en danger« , déplore le préfet.

Sur les questions de santé, à Mayotte, les autorités s’inquiètent de l’engouement de nombreuses femmes pour les produits dermatologiques éclaircissants. En effet, ces produits cosmétiques et autres crèmes sont susceptibles de contenir, selon les cas, des métaux lourds, des allergènes puissants, des solvants nocifs ou des substances cancérigènes. « Outre le risque dermatologique, l’utilisateur de n’importe quel type d’article contrefaisant peut être soumis à des risques électrique, auditif, toxique, d’explosion ou de blessure« , déclare un contrôleur de la brigade nautique des douanes de Mayotte.

Renforcer la protection des entreprises

Dans le cadre de sa mission économique, la douane a renforcé sa relation avec les entreprises dans des objectifs de transparence, de simplification et de dématérialisation. La douane s’attache donc à sensibiliser le consommateur mais également à avertir les entreprises détentrices des droits de propriété. « Nous souhaitons les inciter à renforcer leur niveau de protection contre ce fléau qui met en péril leurs investissements dans l’innovation et menace, par conséquent, leur activité, l’économie et les emplois« .

Et d’ajouter qu' »elle a été l’une des premières administrations à mettre en œuvre la loi pour un État au service d’une société de confiance [dite loi ESSOC, ndlr]. Elle sécurise la chaîne logistique et protège les entreprises contre la concurrence déloyale, concourant ainsi à l’attractivité du territoire mahorais« . Selon le directeur, déposer une demande d’intervention auprès de la douane constituerait déjà un premier rempart contre la contrefaçon.

« L’achat d’une contrefaçon n’est jamais une bonne affaire pour le consommateur, elle ne profite au final qu’aux réseaux d’économie souterraine et de criminalité organisée. N’oublions jamais que sans acheteurs, il n’y aurait pas de vendeurs !« , conclut le directeur régional des douanes.

L’exportation de viande et lait cru bientôt interdite

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La circulation de la fièvre de Vallée du Rift, une maladie animale d’origine virale, se poursuit. Depuis fin novembre 2018, 60 foyers animaux ont été identifiés et 101 cas humains ont été signalés. La direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Mayotte a annoncé qu’un arrêté est en cours de rédaction pour interdire l’exportation de viande et de lait cru.

« Nous ne voyons pas que des euros s’envoler, il s’agit également d’une année de reproduction qui tombe à l’eau en seulement deux mois. Ça touche l’affect ! », confie, la gorge serrée, Laetitia Vannesson, directrice de l’exploitation agricole du lycée de Coconi. En poste depuis quatre ans sur Mayotte, l’agricultrice vit sa première fièvre de la Vallée du Rift. Son premier avortement de vache remonte à la mi-janvier. « Nous avons alors procédé à des analyses de sang et avons contacté l’ARS dès (réception, ndlr) des premiers éléments. » Les symptômes chez les bêtes touchées par l’épidémie dans son élevage bovin, composée d’une vingtaine de vaches laitières, sont multiples : écoulements nasaux, absence d’appétit, déplacements difficiles, douleurs articulaires… Pendant un mois, cinq autres cas se manifestent. « Nous devons alors porter des gants, des lunettes et un masque lorsque nous sommes au contact de vaches contaminées et d’avortons pour éviter les projections sur les muqueuses. » En effet, la fièvre de la Vallée du Rift peut bel et bien se transmettre de l’animal malade à l’Homme. Depuis le 20 février, elle constate un retour à la normale mais poursuit tout de même des cures préventives de vitamines C et d’anti-inflammatoires. « À l’exception d’une ou deux vaches, la plupart d’entre elles sont redevenues jolies et ont retrouvé un bon poil. » Avant de préciser : « tant que nous serons encore en saison des pluies, il y aura un risque. C’est pourquoi je continue de les protéger avec des anti-parasitaires externes. »

27.000 euros de pertes

De plus, cette épidémie est catastrophique d’un point de vue financier. Elle évalue à 27.000 euros la perte de son chiffre d’affaires durant cette période. « J’ai transmis un dossier au préfet pour donner une idée du montant de l’indemnisation à accorder aux éleveurs. » Mais ce n’est pas tout, il faut également avoir en tête les conséquences dramatiques sur sa production laitière.  « Avant, je produisais au minimum 85 litres par jour. Aujourd’hui, j’atteins à peine les 65 litres… » L’impact sur la lactation des vaches et la diminution du concentré – qui permet à la vache de produire davantage – sont en effet à prendre en compte, tout comme le travail supplémentaire de pasteurisation pour cailler le lait. « C’est grave pour la filière ! »

Communication auprès des grands cadis

Depuis l’apparition des premiers cas en novembre dernier, la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Mayotte a recensé 60 foyers animaux identifiés (8 nouveaux la semaine dernière), dont 49 foyers bovins et 11 petits ruminants, pour 21 éleveurs impactés. Principalement localisés dans le centre et le nord-ouest de l’île (8 à Ouangani, 18 à Tsingoni…). « Il peut y avoir plusieurs animaux dans un seul et même foyer mais tous ne sont pas systématiquement contaminés », relativise Josette Mussard, de la DAAF. « Et les bêtes sont soignées et non pas abattues. » Toutefois, pour éviter un plus grand risque sanitaire, la direction générale de l’alimentation prépare un arrêt, dans le but d’interdire l’exportation de viande et de lait cru, qui devrait sortir dans la semaine, et un compte-rendu détaillé. « Nous allons également mener une campagne de communication (spots publicitaires et télévisuels) auprès des grands cadis au sujet de la consommation et de l’abattage pendant le ramadan (du 5 mai au 4 juin, ndlr). » Pour rappel, un arrêté d’interdiction de commercialisation du lait non traité thermiquement est déjà en vigueur depuis le 27 février.

Des hommes âgés d’une quarantaine d’années

En parallèle, la cellule de veille et d’urgences sanitaires de l’Agence régional de santé océan Indien signale à ce jour 101 cas humain de fièvre de la Vallée du Rift, près de 60 % des cas se situant à Chiconi et à Tsingoni. « Beaucoup de personnes ont des formes mineures de l’épidémie qui se traitent en ambulatoire et ne nécessitent pas d’hospitalisation », tempère Geneviève Dennetiere, la médecin-responsable de la plateforme depuis un an. Parmi les malades ayant pu être interrogés, près de 80 % déclarent avoir été « en contact proche avec des animaux ». Statistiquement, la plupart d’entre eux sont des hommes et ont entre 38 et 40 ans (même si cela va de 27 à 64 ans). La maladie se manifeste, bien souvent, par un syndrome grippal : forte fièvre, douleurs musculaires, maux de tête. « Ils récupèrent en seulement quelques jours mais une fatigue résiduelle peut se ressentir durant une à deux semaines », confie la spécialiste. Dans 3 à 4 % des cas, il peut y avoir, en théorie, des risques neurologiques, oculaires et hémorragiques. « Mais nous n’avons pas eu de tels cas pour l’instant sur le territoire. » Si le nombre hebdomadaire de nouveaux cas humains est en diminution « depuis une quinzaine de jours », la cellule reste en alerte. Même si la transmission interhumaine est impossible, l’épidémie peut courir encore un bout de temps en fonction de l’évolution de la maladie chez les animaux.

Recommandation pour se protéger de la maladie

« Il est important d’insister sur la prévention, surtout que lorsqu’on est encore fragile », confie Geneviève Dennetiere. Pour les éleveurs et les personnes en contact avec les animaux, il est indispensable de se laver avec du savon après contact avec des ruminants domestiques (bovins, ovins, caprins), de ne pas manipuler sans protection des animaux malades ou ayant avorté, ni les produits d’avortements ou les carcasses, de porter obligatoirement des gants, des lunettes couvrantes et surtout un masque pour l’abattage de tout animal. En effet, les animaux infectés peuvent ne présenter aucun signe alors qu’ils peuvent transmettre le virus. Pour l’alimentation, il est recommandé de faire bouillir le lait, de ne pas consommer de lait caillé sauf s’il a été bouilli puis caillé par ferments lactiques, de se laver les mains après découpe de la viande, de ne pas consommer de viande crue, de ne pas consommer la viande d’un animal malade. Pour se protéger des piqûres de moustiques, il est important d’éliminer les gîtes larvaires, de vider tous les récipients qui peuvent contenir de l’eau mais aussi d’utiliser moustiquaires et produits répulsifs.

Le rectorat souhaite renforcer le dépistage dès le primaire

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Pour faire face aux besoins importants dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap et/ou de perte d’autonomie à Mayotte, le conseil départemental a organisé un séminaire sur le développement du médico-social dans le département. Pour le rectorat, il s’agit tout d’abord de « renforcer » les collaborations afin de proposer des réponses adaptées au profit des jeunes accompagnés.

Au mois d’octobre dernier, le gouvernement a lancé une grande concertation à propos de l’école inclusive afin d’évaluer la capacité des établissements scolaires à accueillir les élèves porteurs de handicap. Lors de son intervention dans l’hémicycle Younoussa Bamana lundi, Azzedine Frahetia, inspecteur de l’Éducation nationale en charge de la scolarisation des élèves en situation de handicap à Mayotte, est revenu sur les enjeux de la collaboration entre le rectorat de Mayotte et le secteur médico-social. « On nous demande, à nous acteurs du médico-social et de l’Éducation nationale, de viser l’inclusion des jeunes, ce qui se traduit concrètement par ce que je qualifierais de +désinstitutionalisation+ des établissements médico-sociaux« .

Pour le rectorat, il y a également une volonté d’intégrer les jeunes porteurs de handicap dans les écoles lambda. »Nous appelons cela des unités d’enseignements. […] Aujourd’hui, la politique est de faire scolariser ces jeunes à l’extérieur de l’établissement médico-social, dans les établissements scolaires ordinaires« , précise l’inspecteur de l’Éducation nationale.

Or, à Mayotte, les professionnels sont confrontés à un problème d’adaptation des établissements. « La réalité du département nous rattrape assez vite. Tout l’enjeu pour le rectorat, avec la collaboration des établissements médico-sociaux, est de trouver des lieux d’implantation d’unité externalisées afin de permettre à des enfants scolarisés en IME de bénéficier de l’inclusion scolaire. Nous allons s’atteler à y travailler ces prochaines années« , confirme l’inspecteur Azzedine Frahetia.

« Prévention et dépistage dès le primaire »

Il faut également faire face au déficit de place dans les établissements, amplifié par l’expansion démographique « galopante » de la population mahoraise. Pour endiguer ce phénomène, le président de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH)** de Mayotte, Ali Debré Combo, a évoqué lundi matin une démarche de « réponse accompagnée pour tous ». L’objectif est de proposer une solution individualisée à chaque personne, ce qui nécessite un partenariat fort entre les acteurs du médico-social et les personnels de l’Éducation,  afin d’identifier au mieux les besoins des personnes. Les évolutions attendues portent sur l’organisation des institutions concernées, les pratiques professionnelles, les coopérations et échanges d’informations entre les acteurs concernés.

Autre point à améliorer : le dépistage des cas de handicap ou de perte d’autonomie chez les plus jeunes. Tests psychotechniques, évaluant l’agilité et les réflexes, doivent ainsi permettre de déceler les éventuelles difficultés des écoliers. « Nous avons 1,1% de jeunes bénéficiant d’un Projet personnalisé de scolarisation (PPS) – acte écrit qui sert à définir les besoins particuliers d’un enfant en situation de handicap au cours de sa scolarité – donc reconnu par la MDPH, alors qu’en métropole ce pourcentage s’élève à 2,2%« . Un écart qu’une bonne information et une plus grande sensibilisation pourrait réduire, selon Azzedine Frahtia. Pour ce faire, l’académie de Mayotte a créé un protocole d’expérimentation de dépistage des jeunes dès la grande section de maternelle. « Nous avons prévu de l’évaluer le 12 avril prochain afin de voir si cette expérimentation est concluante. Si elle l’est, elle sera généralisée l’année prochaine« , annonce l’inspecteur de l’Éducation nationale. « Ce dépistage doit arriver le plus précocement possible pour que ces jeunes n’aient pas un parcours de scolarisation chaotique. Nous voulons l’organiser dès le primaire« .

* Le secteur médico-social est un ensemble de services et d’établissements intervenant sur l’ensemble des parcours de vie, avec un suivi et un accompagnement des enfants et des adultes en situation de handicap ou d’exclusion sociale.

**Le transfert de la MDPH au rectorat est acté. Son budget est d’ores et déjà transféré dans le budget de l’Éducation nationale.

Rectorat : les projets 2019 dans le médico-social

Un IME de 54 places et une extension du Diat (Dispositif expérimental d’accueil temporaire) de 20 places sont en cours de réalisation. « L’Éducation nationale va accompagner cette création. À l’heure actuelle, je ne connais pas le nombre de postes d’enseignants qui seront mis à disposition. Il appartient à l’ARS (Agence régionale de santé) de saisir le rectorat sur ce sujet« . En outre, le rectorat souhaite poursuivre ses formations à destination des enseignants spécialisés sur les questions de handicap. « Nous avons 42% d’enseignants titulaires du Certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive (Cappei) à Mayotte, ce qui est tout à fait honorable. Nous allons essayer d’augmenter ce pourcentage« . L’ambition, pour le rectorat, est d’arriver à une couverture de 80% sur les cinq prochaines années, « ce qui serait tout à fait remarquable pour notre territoire« . 

La couleuvre de Mayotte en voie de disparition ?

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Pour le second Café des Naturalistes de Mayotte de l’année 2019, l’association a décidé de faire un focus sur une espèce victime de sa réputation : la couleuvre de Mayotte. Une espèce endémique – c’est-à-dire qu’on ne la trouve qu’à Mayotte – aujourd’hui menacée par la destruction de son habitat naturel au profit du développement urbain ou encore par l’importation d’espèces invasives prédatrices.

Le principe du Café des Naturalistes de Mayotte reste dans la continuité de ce qui était proposé par l’association auparavant : des conférences scientifiques pour le grand public à une exception près. « Nous voulions donner un côté interactif à ces conférences qui avaient un format assez solennel. Le but est de pouvoir échanger avec le public en temps réel, dans un endroit un peu moins conventionnel qu’un amphithéâtre« , explique Rémy Eudeline, professeur des Science de la vie et de la Terre (SVT), membre du conseil d’administration des Naturalistes de Mayotte et herpétologiste (chargé d’étudier les reptiles et les amphibiens). Pour ce second Café des Naturalistes, l’association a décidé de se pencher sur une espèce qui serait en voie de disparition : la couleuvre de Mayotte.

« À Mayotte, il existe plus d’une vingtaine de reptiles et amphibiens et parmi toutes ces espèces, nous nous sommes rendu compte que les couleuvres de Mayotte – endémiques* au 101ème département français – étaient très rares et de moins en moins nombreuses sur le territoire« , assure Rémy Eudeline. Une constatation faite grâce aux données des Naturalistes mais également des sciences participatives. « Aujourd’hui, après de nombreuses études, nous sommes arrivés à 38 observations de couleuvres de Mayotte – dont cinq individus morts – sur l’île aux parfums. C’est un nombre très faible« . Au regard de la rareté de l’espèce et de sa possible disparition, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l’a classée en « danger critique d’extinction« .

L’Homme reste le plus dangereux pour la couleuvre de Mayotte

Cette extinction est due à la croissance de la population mahoraise qui augmente, depuis quelques années, de manière exponentielle, ce qui augmente le nombre d’infrastructures urbaines dans le département. Selon l’herpétologiste, l’espèce serait donc menacée notamment par la destruction ou la fragmentation de son habitat au profit du développement urbain ou agricole.  « La plupart des espèces endémiques de Mayotte dépendent souvent des forêts primaires en bon état. Les brûlis ou tout autre aménagement pour créer des parcelles provoquent énormément de dégâts sur la  faune et la flore. C’est une espèce qui a tendance à fuir l’Homme donc plus il y aura de zones construites moins elle aura d’espace pour se reproduire. »

Les Naturistes parlent également de l’importation d’espèces invasives prédatrices comme élément pouvant menacer la survie de la couleuvre. Parmi ces espèces, au-delà de l’effet néfaste que l’Homme a son environnement naturel, les chats et les rats seraient une autre raison pouvant expliquer la disparition de ces couleuvres « mais nous soupçonnons principalement la civette indienne (mammifère appartenant à la famille carnivores des Viverridae, ndlr) d’être à l’origine de la disparition des couleuvres de Mayotte. Toutefois, le plus dangereux reste l’Homme puisqu’il la craint et préfère la tuer« .

L’association souhaite donc sensibiliser la population. La préservation des milieux adaptés – connus des Naturalistes – est essentielle à la survie de l’espèce à Mayotte. « Nous avons des données sur des îlots : Mbouzi et Bandrélé et sur Petite-Terre. Nous savons que la couleuvre de Mayotte est notamment implantée à ces trois endroits. Elle se trouve principalement dans des forêts humides« , confirme le professeur de SVT. Et d’ajouter que « ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il faut arrêter de la tuer et essayer plutôt de l’observer. Nous manquons encore de données. La population doit nous aider à récolter un maximum d’informations sur cette espèce. Nous en tirerons des conclusions afin d’y apporter des réponses et des solutions à sa disparition.« 

Réalisation d’un Atlas et guide

Afin de remédier au manque de données, les Naturalistes de Mayotte réalisent actuellement un Atlas de la distribution de toutes les espèces de reptiles et d’amphibiens à Mayotte, en partenariat avec le Muséum de Munich et l’éditeur Biotope Édition. « Nous avons réussi à avoir un financement européen de 50.000 euros ainsi qu’un financement venu des États-Unis, du fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF), entre 10.000 et 20.000 euros, afin d’étendre le projet à la zone des Comores« , annonce Rémy Eudeline. Un livre élaboré après avoir constaté la situation « préoccupante » dans laquelle se trouvait la couleuvre de Mayotte sur le territoire. « Nous avons la chance à Mayotte d’avoir un chercheur de l’Université de Munich qui a fait sa thèse sur les reptiles et amphibiens de l’archipel des Comores. Il faut maintenant que notre collaboration soit efficace pour endiguer cette extinction !« 

*Cette espèce est unique au 101ème département

Issa Issa Abdou: « Mayotte n’est pas La Réunion »

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Le centre hospitalier de Mayotte retrouve son indépendance. En 2016, le CHM et le centre hospitalier universitaire de La Réunion avaient été contraints de mutualiser leurs moyens au sein d’un groupement hospitalier de territoire (GHT), prévu par la loi pour la modernisation du système de santé. Une perte d’autonomie pour le 101ème département, qui avait obtenu une sortie temporaire du dispositif pour une durée d’un an, entre 2017 et 2018. Le 8 mars dernier, l’agence de santé Océan Indien (ARS OI) annonçait un nouvel accord de sortie de Mayotte de ce groupement territorial pour une durée indéterminée. Un soulagement pour Issa Issa Abdou, président du conseil de surveillance du CHM, dont la demande de prolongation d’un an avait été initialement refusée.

Flash Infos : Pourquoi le groupement hospitalier de territoire entre Mayotte et La Réunion pose-t-il problème ?

Issa Issa Abdou : Le GHT parle « du » territoire, mais c’est une aberration de considérer que Mayotte et La Réunion sont le même territoire. À titre d’exemple, la distance entre ces deux îles est la même que celle qui sépare Paris de Rakka ! Mayotte n’est pas La Réunion, elle n’avait rien à faire dans ce GHT. D’abord, nous demandons à des agents qui ne gagnent pas le même salaire de faire le même travail : ici, l’indexation des salaires est de 40 %, contre 53 % à La Réunion, c’est quelque chose d’inimaginable ! Il y a aussi le fait de centraliser les achats des deux établissements. C’est-à-dire que si nous n’étions pas sortis du GHT, La Réunion aurait passé elle-même les commandes pour le CHM, en fonction des besoins quotidiens de cet établissement qui se trouve à 1.500 km de là… Il fallait que nous sortions de là, pour moi c’est une victoire, d’autant plus que c’était une demande de l’intersyndicale lors des mouvements sociaux et ça nous permet de tenir jusqu’à l’ouverture de l’ARS Mayotte.

FI : Elle sera justement créée en 2020 et d’ici le mois de septembre prochain, une convention sera signée entre le CHM et le CHU, qui deviendra le GHT Réunion. Qu’est-ce cela changera ?

I.I.A : Avec cette nouvelle sortie à durée indéterminée, l’ARS Mayotte ne pourra que constater la sortie définitive du CHM du groupement. Ce qui signifie que demain, avec l’ouverture du libéral, des maisons de santé et d’autres établissements que le CHM, nous allons pouvoir faire un nouveau groupement uniquement sur le territoire de Mayotte. C’est ce que nous voulons, cette autonomie, et dire aux Mahorais que tout ne se décide pas à La Réunion. Aujourd’hui, le fonds d’investissement régional verse 72 millions à l’ARS OI, donc ils sont distribués à tout l’Océan Indien. Sauf que 90 % de cette somme va à La Réunion et seulement 10 % à Mayotte. Or avec notre propre ARS, nous en obtiendrons plus. Cette affaire là nous a lésés, nous l’avons échappé belle.

FI : Est-ce la fin de la coopération entre l’île intense et l’île aux parfums dans le domaine de la santé ?

I.I.A : Nous ne voulons pas du GHT, mais pour autant la collaboration avec La Réunion continue et c’est une nécessité. Nous avons beaucoup à prendre et à apprendre de La Réunion et réciproquement. Ne serait-ce que pour les evasan (évacuation sanitaire, ndlr), les conventions doivent continuer car c’est un sujet qui nous lie fortement. Aussi, lors des barrages par exemple, nous avons dû faire appel à des volontaires et des stagiaires de La Réunion et heureusement d’ailleurs ! De même pour la pédiatrie : La Réunion a les médecins et la technicité pour, nous avons besoin de cette collaboration et les conventions vont continuer. La coopération, oui, mais le GHT, non, parce que nous ne sommes pas un même territoire. Mais rien n’empêche d’avoir une liaison. Nous avons besoin l’un de l’autre, mais autrement, chacun avec ses droits.

Il harcèle son ex-conjointe après avoir tenté de la tuer

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Un Mahorais, actuellement détenu en métropole, a été jugé mercredi, à Kawéni, pour des faits de harcèlement à l’encontre de son ancienne conjointe. Déjà condamné pour tentative d’homicide envers cette même personne, l’homme envoyait à sa fille des courriers « très suggestifs« .

La peine est lourde, à la hauteur de l’affaire jugée. Saïd C.* a été condamné à deux ans d’emprisonnement, 6.000 euros de dommages et intérêts à verser à son ex-compagne et a été déchu de son autorité parentale. Par visioconférence depuis la prison où il est détenu en métropole, il comparaissait mercredi devant le tribunal d’instance de Kawéni pour « harcèlement d’une personne étant ou ayant été conjoint sans incapacité : dégradation des conditions de vie entrainant une altération de la santé« . Des faits commis de 2013 à 2016.

En 2013 justement, sa compagne d’alors, Sabine G.* annonce à son compagnon la fin de leur relation. Sur fond d’alcool, une dispute d’une violence inouïe éclate. Saïd assène à son ancienne concubine 11 coups de couteau. Sans blessure grave, elle décide de mettre le feu aux affaires du Mahorais, devant leur domicile conjugale à M’tsapéré. Fou de rage, Saïd pousse Sabine dans les flammes. Le pire est évité, mais leur fille de quatre ans assiste à la scène spectaculaire.

Des lettres et des dessins inappropriés

Traumatisé, la mère de famille porte plainte. Deux ans plus tard, Saïd écope de 15 ans de réclusion pour tentative d’homicide. Il est envoyé au centre de détention de Roanne, dans le département de la Loire. Un soulagement de courte durée. Depuis sa prison, le condamné écrit des lettres qu’il envoie à sa fille. Elles sont nombreuses, et « posent problème« , selon les mots du président de l’audience, Pascal Bouvart. Dans ces courriers, le détenu explique à son enfant que ce qu’elle a vu n’est qu’un « accident » dont sa mère est la « responsable« . Cette mère qu’il qualifie d’ « incapable« , de « dépravée« , d’ « alcoolique« . Mais le pire est encore à venir.

Au gré des missives, Saïd explique à son enfant qu’il a refait sa vie et rencontré l’amour. Cette femme qu’il aime, il la dessine dans une de ses lettres. Seins nus. « Une suggestion sexuelle manifeste à destination d’une enfant« , commentera le procureur. Puis, c’est un second dessin dérangeant qu’il envoie à nouveau : un homme mettant le feu à un arbre, « ce qui fait fâcheusement écho à la tentative d’homicide« , relève le président lors de l’audience. « Je voulais dire qu’il fallait pas brûler d’arbre », se défend le prévenu. « C’est pour l’environnement, on vit avec la forêt« . Le procès prend des dimensions ubuesques. Devant sa caméra, Saïd dévoile un nouveau tableau qu’il a peint pour sa fille : cette fois, un paysage mahorais. « Rangez-moi ça« , lui ordonne le président. « Ça ne vaut même pas cinq euros !« 

La cour hallucinée

Déjà au début de l’audience, Pascal Bouvart s’amusait d’un courrier envoyé par l’avocate de l’accusé la veille au soir, « à une heure où l’on ne travaille plus« , exigeant le renvoi du procès. Le jour J, la magistrate, démissionnaire, n’apparaît pas sur l’écran aux côtés de son client. Il réitère la demande de renvoi. La cour délibère et la lui refuse, jugeant que « le délai de préparation de la défense a été largement respecté« . Saïd, qui se défend seul, acquiesce avant de demander, encore une fois que l’audience soit reportée. De plus en plus, les rires fusent dans la salle.

Lorsque le président développe les antécédents judiciaires de l’accusé – parmi lesquels vol, violences conjugales, travail dissimulé et conduite en état d’ivresse –, le prévenu l’interrompt : « C’est pas à l’ordre du jour, j’aimerais qu’on passe à autre chose ! » « C’est encore à moi d’en décider« , réplique immédiatement Pascal Bouvart. Dès que celui-ci lui pose une question, Saïd répond par une autre, dispensant ça-et-là des cours de droit et leçons de morale. Quand le président s’interrompt pour laisser la parole à la partie civile, l’accusé lui lance « Vous pouvez poursuivre« .

Finalement, Saïd laisse la parole à l’avocate de son ex-conjointe. « En trois ans, ma cliente n’a jamais retrouvé le calme« , introduit-elle, insistant sur la détresse de Sabine, toujours suivi psychologiquement et en proie à une sinistrose. »Ces courriers lui sont clairement adressés, et non à sa fille« . Quand la parole revient à l’accusé, qualifié de « pervers » par la magistrate, celui-ci poursuit sa défense alambiquée : « Elle a eu un enfant (il y a cinq mois, ndlr). Quelqu’un qui est mal ne fait pas d’enfant. C’est une menteuse !« 

Des arguments auxquels la cour s’est montré peu sensible. Après avoir retiré la parole au prévenu afin de suspendre l’audience, elle a finalement décidé de doubler la peine d’emprisonnement d’un an requise par le procureur, et d’accorder l’intégralité des dommages et intérêts demandés par la partie civile. Avant que l’appel vidéo ne soit interrompu, le condamné, qui tentait encore de se défendre, a promis de faire appel.

* Noms d’emprunt

Loto du patrimoine 2019: mauvais tirage pour Mayotte

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Les premiers sites emblématiques du Loto du patrimoine viennent d’être révélés. Toutes les régions de France sont d’ores-et-dejà assurées de recevoir des fonds pour la rénovation d’au moins un de leurs monuments historiques. Toutes, à l’exception de Mayotte où aucun dossier n’a encore été déposé. Pourtant en 2018, le dispositif avait permis au 101ème département de récolter 600.000 euros pour l’entretien de l’usine sucrière de Soulou.

Comme souvent, Mayotte reste sur le banc de touche. Alors que les 18 monuments emblématiques à rénover dans le cadre du Loto du patrimoine 2019 ont été dévoilés ce week-end, l’île aux parfums est la seule région de France à ne pas figurer parmi la sélection. Dans tous les autres DOM ainsi qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, six sites en péril sont concernés au total, dont deux à La Réunion. Tous ont été sélectionnés selon plusieurs critères : l’intérêt patrimonial, l’état de l’édifice, l’impact du projet sur son territoire, le degré de maturité de l’opération, la situation socio-économique de la région, la nature des propriétaire et la protection des édifices déjà de vigueur, comme par exemple le classement au titre des monuments historiques  .

Contactée par la rédaction, la Fondation du patrimoine, organisatrice du dispositif, certifie qu’à ce jour « aucun projet mahorais n’a fait l’objet d’un signalement sur la plateforme de la mission Bern (le Loto étant piloté par l’animateur télé, missionné par le gouvernement pour la préservation du patrimoine, ndlr) ». Pourtant, n’importe quel habitant de Mayotte – et même d’ailleurs – peut déposer un dossier en ligne afin de signaler tout site local en péril sur le site https://www.missionbern.fr/. Depuis l’ouverture de la plateforme il y a un mois, 1.000 projets ont déjà été enregistrés à l’échelle nationale.

Cette abstention des Mahorais est-elle dûe à un manque d’intérêt des habitants ou à un manque de communication autour du dispositif ? « En tous cas, pas à un manque de besoins« , relève un internaute sur Twitter, qui cite notamment la maison des gardiens de Saziley, la mosquée de Tsingoni, plus vieille de France encore en activité et les ruines de la mosquée de Polé, la première à avoir été construite sur l’île, autour du XVème siècle.

Une banqueroute en demi-teinte

Mais tout n’est peut-être pas encore perdu pour Mayotte. Alors que le dépôt des dossiers devait être clos le 28 février dernier, « devant l’abondance des projets qui continuent d’arriver, nous avons pris la décision de laisser la plateforme ouverte encore quelques temps« , explique Laurence Levy, directrice presse de la Fondation du patrimoine, sans toutefois mentionner de date précise.

Car si les 18 monuments emblématiques verront leurs rénovations être intégralement prises en charge par le Loto du patrimoine et le ministère de la Culture, 100 autres projets de maillage dévoilés courant juin, profiteront d’un soutien financier partiel, adapté notamment à l’état de chaque édifice. En 2018, 251 dossiers sur 3.000 avaient été retenus.

Un an plus tôt, la première édition du Loto du patrimoine avait ainsi permis à Mayotte de récolter plusieurs centaines de milliers d’euros pour la rénovation de l’usine sucrière de Soulou, figurant parmi les 18 projets emblématiques d’alors. Une dotation de 100.000 euros avait été accordée pour la première phase des travaux de restauration de l’entrepôt, du débarcadère et des sentiers. Puis, il a été « exceptionnellement » décidé que le projet serait accompagné sur plusieurs années, ce qui se traduira entre 2019 et 2020, par le versement de 500.000 euros supplémentaires. Objectif à terme : faire du site classé monument historique « un centre d’interprétation du patrimoine culturel » autour duquel s’articulerait « un parcours pédagogique sur la mangrove et la production sucrière« , déroule Laurence Levy.

Interrogée par Flash Infos quant à l’absence de Mayotte parmi les monuments emblématiques de cette année, la direction régionale des affaires culturelles n’a pas souhaité communiquer car elle ne s’était « pas encore entretenue avec le ministère de la Culture (partenaire du Loto du patrimoine, ndlr) ».

Au fait, comment ça marche ?

En 2018, année de son lancement, le Loto du patrimoine avait permis de récolter entre 40 et 50 millions d’euros, grâce à un concept bien connus des Anglais et des Italiens mais inédit en France : utiliser une partie de l’argent des jeux de hasard pour financer la rénovations de monuments culturels et historiques. Comme l’année dernière, dès le mois de septembre, des jeux à gratter dédiés seront ainsi mis en vente. Pour 15 euros le ticket, les participants pourront tenter de gagner 1,5 million d’euros, tandis qu’une partie des recettes sera directement reversée aux 118 monuments retenus. En 2019, le Loto du patrimoine revient avec deux nouveautés. D’abord, un autre jeu de grattage à l’effigie des monuments emblématiques et au prix plus accessible de trois euros, pour un gain de 30.000 euros. Enfin, le ttirage du Super Loto déjà organisé lors de la première édition se déroulera cette fois à la date symbollique du 14 juillet. En jeu : 13 millions d’euros pour le gagnant, et bien d’autres pour le patrimoine français.

Le président Soibahadine en garde à vue pour prise illégale d’intérêt

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Ce lundi matin, une dizaine de personnes, dont le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, et des hauts responsables administratifs ont été placés en garde vue, sous l’autorité du juge d’instruction, pour prise illégal d’intérêt. Plusieurs hypothèses peuvent découler de cette affaire.

Stupeur ce lundi matin lorsque la toile s’est enflammée en apprenant le placement en garde à vue, entre 7h05 et 10h10, du président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, et de plusieurs hauts responsables administratifs de la collectivité. En tout, « une dizaine de personnes sont concernées« , assure Camille Miansoni, le procureur de la République à Mayotte. Ce sont des gardes à vue prises sous l’autorité du juge d’instruction. « Les plaintes remontent à 2016 et le dossier a été ouvert en 2017« , poursuit-il. « Pour la durée des gardes à vue, nous sommes sur des délais de droit commun, c’est-à-dire maximum 24 heures, renouvelables une fois.« 

L’affaire porte sur les conditions de recrutement de certains administratifs. « Prise illégale d’intérêt« , complète Camillie Miansoni. En ligne de mire : la mise en place du nouvel organigramme du Département en 2016 et la nomination des directeurs.

Les suites potentielles sont au nombre de deux. Soit, les gardes à vue sont levées. Soit, les personnes sont déférées devant le juge pour être mises en examen. « Elles pourront alors se voir reprocher un certain nombre de choses de manière officielle, avec la possibilité d’un interrogatoire et des charges pourront leur être présentées« , détaille le procureur. Dans le cadre d’une mise en examen, deux options se présenteraient. Un placement en détention provisoire pourrait avoir lieu, « si nécessaire« , avec un débat devant le juge des libertés et de la détention. Autre option, un placement sous contrôle judiciaire pouvant comporter plusieurs obligations, comme « le fait de pointer ou de verser un cautionnement qui permet de ne pas aller en détention durant la suite des investigations« .

D’ici quelques semaines ou quelques mois, « le juge appréciera sur réquisition du procureur le bien fondé ou non d’envoyer quelqu’un devant le tribunal« , explique Camille Miansoni. Il peut donc y avoir une évolution de l’instruction. « Mais c’est vraiment à l’appréciation au cas par cas. » En tout cas, selon le procureur, nous nous dirigeons plutôt vers la fin judiciaire. Affaire à suivre…

De l’eau dans le gaz chez SOGEA et SMAE ?

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L’UI CFDT a décidé de déposer un préavis de grève au sein des entités SOGEA et SMAE, qui prend effet à partir de ce lundi à 7h, pour une durée illimité. Les principales revendications portent sur le manque de dialogue avec la direction et l’éternel problème des salaires. Toutefois, il est encore trop tôt pour savoir si les citoyens rencontreront des problèmes sur leur réseau de distribution d’eau potable.

« Tant que la direction ne bougera pas, nous camperons sur nos positions », prévient Ousseni Balahachi, secrétaire général de la CFDT de Mayotte. Une grande majorité des salariés de SOGEA et de la SMAE, filiales du groupe Vinci spécialisées dans les travaux publics, les réseaux secs, les réseaux humides, l’éclairage public, ou encore les lignes électriques, mais aussi dans la production et la distribution d’eau potable, en ont semble-t-il ras-le-bol. « À chaque fois qu’un préavis de grève est lancé, cela sous-entend que nous devons avoir des négociations préalables. Mais cela reste au bon vouloir des responsables qui les mettent en place alors que nous étions ouverts à la discussion pour éviter la mise à exécution de nos menaces… » Malheureusement, la direction a préféré jouer la politique de « la chaise vide » et faire « la sourde oreille » plutôt que d’entamer un quelconque dialogue.

Parmi les points de discordance, un sujet revient régulièrement sur le tapis sur l’île aux parfums, quelque soit l’entreprise : celui de la discrimination. En effet, pour Ousseni Balahachi, « les postes à responsabilités sont octroyés à des personnes extérieures plutôt qu’aux salariés locaux alors que nous avons des compétences ». Autre problématique, les sanctions et les licenciements abusifs. « Des agents ont été renvoyés pour je ne sais quelle raison », s’insurge-t-il. « Pourtant, d’autres ont commis des fautes graves ! Les mêmes règles ne sont pas appliquées à tous les salariés, comme les horaires par exemple. » Selon lui, la direction recherche la petite bête pour licencier certains d’entre eux à tour de bras.

De plus, la hiérarchie n’aurait pas respecté ses engagements lors du dernier mouvement social alors que des accords avaient été signés en interne. Au sujet de la revalorisation salariale, Ousseni Balahachi explique qu’un point sera fait ce lundi avec les salariés grévistes pour connaître leurs doléances. D’autres revendications émergent comme la transparence sur les informations données aux salariés, mais aussi le besoin de considération. Toujours est-il que cette mobilisation a de fortes chances de créer quelques soucis aux habitants mahorais… « Nous ne dévoilerons rien car il s’agit d’une question stratégique », confie le représentant syndical. Mais il est forte possible que des coupures d’eau soient réalisées dans la journée et/ou les jours suivant pour que la population gronde et fasse monter la pression à la direction…

Jane Rose May Jaquin, mahoraise dans l’âme

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On la connaît pour ses prestations scéniques, notamment lors des élections de Miss Mayotte, pour son influence sur les réseaux sociaux et pour sa joie de vivre, Jane Rose May Jaquin, alias « Tatie Jane » comme on aime l’appeler, se livre dans Mayotte et moi et ses souvenirs ne manquent pas.

« C’est important pour moi de mettre mon nom en entier », indique Jane Rose May Jaquin. « Je m’appelle vraiment Jane Rose May et je suis très fière d’avoir le May de Mayotte dans mon prénom, preuve que je devais vraiment venir ici ». La jeune femme née à La Réunion est arrivée sur l’île aux parfums à l’âge de six ans. Elle y passera toute son enfance avant de quitter le territoire pour poursuivre ses études en métropole. Officiellement, Jane Rose May Jaquin est revenue vivre à Mayotte depuis un an. Mais en réalité, elle n’a jamais réellement quitté l’île, cette dernière effectuant fréquemment des allers-retours. « Un besoin de revenir » pour celle qui n’était pas épanouie à Paris. « Il me manquait quelque chose ». Un choix mûrement réfléchi afin d’être au service de son île, mais aussi une certaine manière de faire son deuil après le décès de sa mère qui avait tant chéri l’île aux parfums. « Tous mes repères, toutes mes références c’est Mayotte », confie la jeune femme.

Depuis le mois dernier la jeune femme est digital influencer à la tête de sa propre entreprise. Une structure éponyme qui propose une mission toute récente à Mayotte : la production de contenu numérique dans le but d’influencer les comportements. « Aujourd’hui je vis avec les réseaux sociaux », commente la chef d’entreprise qui reconnaît que sur le territoire, quelques rares agences procèdent au community management. À Mayotte, le réseau social numéro un reste Facebook pour la majorité de la population, suivi de près par Snapchat pour la jeunesse, puis Instagram. « Par exemple, pendant les grèves 2018, la page Facebook Infos Routes Mayotte (qui compte aujourd’hui plus de 41 000 abonnés, ndlr) était le premier site d’information ». L’impact des réseaux sociaux sur l’île aux parfums n’est pas à négliger. Un bon levier touristique également, souligne « Tatie Jane » qui doit son nom à sa communauté de followers. En effet, cette dernière déplore l’image trop négative assimilée à Mayotte. L’outrepasser au travers des réseaux sociaux et redorer le blason de l’île aux parfums fait partie des objectifs de la digital influencer. « Être présent sur les réseaux sociaux aujourd’hui à Mayotte c’est le moyen le plus efficace de vendre son île », souligne-t-elle. Un moyen qui permet de « vendre l’île comme on a envie qu’elle soit vendue ». Photos, vidéos, montages et la maîtrise de l’anglais sont un réel plus exhorte la digital influencer pour une ouverture à l’international.

Métissage et identité mahoraise

« On me demande souvent de quelles origines je suis et je ne réponds jamais à cette question », explique Jane Rose May Jaquin. « Je n’aime pas cette question, pour qui que ce soit. Elle nous catégorise et nous met tout de suite dans des cases ». Une stigmatisation sur des « origines non choisies », ajoute celle qui répond généralement qu’elle est « Française, née sur une île française, de parents français et qui habite aujourd’hui sur une île française ». « Être métis à Mayotte c’est poser les pieds dans le plat. Il faut déjà définir ce que c’est qu’être Mahorais », explique la jeune femme. « Ma mère était Mahoraise. Une mzungu, mais elle était Mahoraise », précise Jane Rose May Jaquin. « Tellement mahoraise qu’elle ne voulait pas laisser le shimaoré, langue orale, se perdre ». En effet, Martine Jaquin faisait partie des fondateurs de l’association culturelle Shimé. Une force pour sa fille qui prône le métissage en prenant pour exemple le 44ème président des États-Unis, Barack Obama qui a réussi « à rassembler autour de lui des noirs américains et des blancs américains ». Jane Rose May Jaquin reste persuadée que le métissage à Mayotte est « fédérateur et a de l’avenir ». Un message d’espoir pour tous les enfants métis de Mayotte et plus largement tous les ultramarins qu’elles considèrent également comme des métis de par leur double culture avec la France.

Mon endroit favori

« Mon endroit favori n’existe plus. C’était le carrefour de Dzoumogné. C’était notre terrain de jeu. Il n’avait rien à voir avec celui qui existe aujourd’hui. Avant il y avait un grand badamier sous lequel il y avait tout le monde : les joueurs de dominos, les gens du marché, les enfants, etc. On passait notre vie là. Une locomotive se trouvait devant et notre terrain de jeu c’était toute la zone du collège. C’est le plus emblématique pour moi avec la cheminée et les vestiges de l’ancienne usine ».

Mon meilleur souvenir à Mayotte

« À huit ans, ma mère ne voulait pas que je me fasse percer les oreilles, mais moi je voulais les avoir percées comme toutes mes copines. J’ai donc comploté avec ma maman de Dzoumogné, Chafanti. On s’est retrouvées chez la coco d’en face avec un fil, une aiguille et de l’alcool. Elle m’a percé les deux oreilles. Ça s’est plus tard infecté. C’était une autopunition, mais j’ai compris ma bêtise derrière. J’ai fini par avoir les oreilles percées pour mon anniversaire suivant ».

Ma photo marquante

« Nous cuisinions beaucoup avec Coco Maecha. C’est elle qui, avec ma maman, m’a donné le goût d’une cuisine familiale qui se partage. Je n’ai jamais su cuisiner pour une ou deux personnes et ça a été galère de m’adapter pendant mes années d’études ! Elle a toujours fêté le maoulida et choisir cette photo qui a été prise par ma maman sur le vif a été une évidence. C’est un moment unique de transmission intergénérationnel et culturel, j’espère que mes enfants aussi connaîtront ces échanges ».

Ma bonne idée pour Mayotte

« Qu’on arrête les beaux discours de solidarité, de cohésion et qu’on les mette vraiment en pratique dans notre quotidien, du lever au coucher. On manque de bienveillance envers soi et envers les autres, dans tous les domaines et pour tout le monde. C’est vrai que nous avons un contexte géopolitique compliqué, mais si on place l’humain au centre de tout, beaucoup de choses pourraient être mieux vécues ».

L’efficacité du corps médical à Mayotte

« Les médecins à Mayotte ne sont pas assez valorisés », déplore Jane Rose May Jaquin qui confie que sa mère a été soignée au CHM jusqu’à son dernier souffle. « Ayant vécu cette expérience malheureuse, je sais que le personnel du CHM, l’ARS et toutes les structures autour de la santé à Mayotte font un travail formidable », indique-t-elle avant de rajouter « qu’il ne faut pas oublier toutes ces personnes qui ont une vocation et qui exercent un métier humain ». « Mayotte est une île sur laquelle il fait bon vivre, au point que ma mère décide de venir se faire soigner ici et de terminer ses jours ici ».

Bientôt une formation pour les officiers d’état civil

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Le décret d’application de l’évolution du droit du sol à Mayotte est entré en vigueur depuis le 1er mars. La priorité est de former tous les agents territoriaux en charge de l’état civil pour harmoniser les pratiques entre les officiers. Une session de formation est prévue dans le courant du mois de mars pour les mettre à la page.

Avant le 1er mars, toute personne née à Mayotte pouvait, sous réserve d’un certain nombre de conditions, demander la nationalité française à sa majorité, si elle avait résidé sur le territoire durant cinq années. Depuis cette date, les enfants nés à Mayotte de parents étrangers en situation irrégulière ne pourront plus prétendre à la nationalité française comme auparavant, sauf si l’un des deux parents peut présenter tous les documents permettant justifier de sa résidence ininterrompue en France depuis plus de trois mois en situation régulière à la date de la naissance. Si les pièces produites sont en règle, l’officier de l’état civil appose la mention prévue à l’article 2495 du code civil en marge de l’acte de naissance de l’enfant. En cas de refus, les parents peuvent contester et envoyer un recours au procureur de la République, Camille Miansoni, dans un délai de deux mois, qui estimera si les conditions légales sont remplies ou non. Pour que ce genre de situation se produise le moins possible, « il est nécessaire que l’information donnée aux personnes qui veulent déclarer la régularité de leur séjour en même temps que leur enfant soit correcte« , concède Pablo Rieu, substitut du procureur de Mayotte.

Dans cette optique-là, une grande formation invitant l’ensemble des agents en charge de l’état civil va être organisée dans le courant du mois de mars, avec l’appui du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) : « le procureur de la République ouvrira les débats et nous espérons également la participation du sénateur Thani, qui est à l’origine de ce changement (le décret est porté par le gouvernement en application de l’amendement législatif du sénateur, ndlr.). » En effet, un certain flou s’invite dans l’équation, notamment pour les demandes de nationalités qui ont été envoyées avant l’entrée en vigueur mais qui sont arrivées après… Tout comme il faudra une véritable uniformité des officiers d’état civil lors de la réception des documents. « Nous sommes encore sur une phase de démarrage, rassure Pablo Rieu. Nous allons ajuster les informations et harmoniser les pratiques entre les agents.« 

En tout cas, le parquet est en contact régulier avec le ministère de la Justice par rapport aux circulaires qui doivent sortir dans les prochains jours et qui préciseront les conditions de délivrance et de souscription des demandes de nationalité. Une chose est sûre, ce décret d’application de l’évolution du droit du sol à Mayotte va permettre, en lien avec le centre hospitalier, de lutter encore davantage contre les reconnaissances frauduleuses, qui ont été mises en œuvre sur l’île aux parfums avant d’être intégrés à l’échelle nationale. Un dispositif de signalement en temps réel qui a déjà fait ses preuves puisque Pablo Rieu a constaté « une baisse de 30 % des reconnaissances sur Mamoudzou en 2018 par rapport à 2017« .

La proposition de loi de programme pour juin ?

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Dans un communiqué du 5 février, le député Les Républicains Mansour Kamardine annonçait vouloir déposer une proposition de loi de programme pour Mayotte en 2019. Celle-ci sera construite autour du développement des infrastructures, de l’égalité sociale, du rattrapage des dotations aux collectivités et de la préservation de l’environnement. Une première lecture est espérée avant le mois de juin.

L’idée de cette loi de programme a germé dans la tête de Mansour Kamardine (LR) lors du vote du rétablissement à cinq jours du délai d’intervention de saisine du juge des libertés et de la détention administrative, fin janvier. « Beaucoup de mes collègues ont dénoncé le retard économique et social de Mayotte », explique le député Les Républicains. L’élu de l’Assemblée nationale s’est alors engagé dans ce combat. Au fil de ses réflexions, quatre axes prioritaires se sont dégagés.

Le premier volet évoque le développement des infrastructures, notamment la piste longue, le troisième quai au port de Longoni, la mise à niveau du réseau routier ou encore la connexion haut débit pour tous. « Il est inacceptable que nous réfléchissions à des plans d’aménagement et qu’un seul fonctionnaire de la direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) puisse bloquer les projets comme bon lui semble », peste-t-il. Candidate aux Jeux des îles de 2027, Mayotte a besoin de mener une politique ambitieuse en termes d’équipements sportifs pour prétendre à l’organisation.

Le deuxième volet s’attarde sur la préservation de l’environnement. « Nous avons énormément d’espaces à protéger, comme le lagon, la faune et la flore, mais l’action publique est assez timorée… » Pour Mansour Kamardine, le territoire doit remettre au goût du jour le vaste programme ambitieux sur les énergies renouvelables qui avait été abandonné du jour au lendemain à la fin des années 2000. « Nous pouvons le regretter alors qu’il y a une réelle opportunité à saisir », insiste-t-il. Doit-on rappeler que Mayotte jouit d’un ensoleillement de près de 365 jours par an ? Ainsi, le député regrette que l’île aux parfums ne soit pas davantage intégrée dans le plan global de lutte contre le réchauffement climatique.

Le troisième volet entend définir un agenda clair vers l’égalité sociale. « C’est une honte de constater le niveau social ici. L’État refuse d’améliorer le sort de nos retraités, qui se retrouvent à vivre avec 200 euros par mois… », s’insurge-t-il. Avant d’ajouter : « Il y a un réel effort à réaliser au niveau des allocations sociales qui sont de 50 % inférieures à celles de l’Hexagone, de l’égalité salariale mais aussi de l’extension de tous les dispositifs qui existent en métropole. En clair, il faut mettre en place un plan de rattrapage de ces minima sociaux. » Pour rappel, plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté alors qu’en même temps, le panier moyen coûte 73 % plus cher que la moyenne nationale… « Nous ne pouvons plus fermer les yeux, cette politique conduit les Mahorais à l’exode massif pour laisser la place aux étrangers et aux clandestins », interpelle-t-il.

Enfin, le quatrième volet concerne les dotations de l’État. « Les budgets de nos collectivités sont à peu près à 60 % en dessous de ceux de métropole et des Outre-mer », rappelle-t-il. Le calcul est simple : lorsque les autres touchent un euro, Mayotte n’empoche que quarante centimes… « Le Département, les intercommunalités et les communes ont besoin de bénéficier de moyens budgétaires plus importants pour continuer leurs politiques d’équipement et d’amélioration du cadre de vie. »

Soutenu par Les Républicains, Mansour Kamardine pense que la France Insoumise et le parti Socialiste le suivront dans sa démarche, mais il rappelle qu’« elle sera ouverte à tous les groupes de l’Assemblée nationale […] Il y a eu un consensus sur l’état d’indigence dans lequel se trouve Mayotte. » Cette prise de conscience sera-t-elle suffisante ? Réponse peu avant juin pour savoir si cette proposition de loi de programme sera bel et bien examinée.

La colère gagne les sapeurs-pompiers

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Ce mercredi, le syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels appelle tout le personnel au centre de secours de Kawéni dans la matinée pour évoquer le projet du directeur auquel il n’adhère pas. L’idée est d’échanger et de prendre une décision sur la suite à donner à cette mobilisation.

« Soit le directeur se remet dans les rangs, soit il peut aller demander une nouvelle affectation à la préfecture« , s’insurge Ahmed Allaoui, le président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels. « En seulement quatre mois de présence, il a adressé une synthèse au Département qui ne reflète en rien la réalité du terrain. » Dans son rapport, le directeur aurait dénoncé le manque d’expérience et de technicité des sapeurs-pompiers mahorais et aurait recommandé l’envoi d’un contingent de forces spéciales pour une durée de trois ans, dans le but de redresser la barre. « Écrire cela est une insulte à notre égard alors que nous avons fonctionné à plein temps durant les grèves de l’an dernier« , peste Ahmed Allaoui. Pour exprimer son mécontentement, le syndicat convie tout le personnel ce mercredi au centre de secours de Kawéni à 9h pour évoquer ce projet, « auquel nous n’adhérons pas« .

Mais ce n’est pas tout. Le syndicat exige une mutuelle labellisée pour couvrir les soldats du feu en cas d’arrêt maladie. « Il n’y a qu’à Mayotte que ça n’existe pas ! Nous ne demandons pas la lune« , déplore Ahmed Allaoui. Avant de lister les agressions, les violences, les insultes et les intrusions dans les casernes. « Un individu s’est introduit dans la chambre des filles à Longoni et des biens ont été dérobés à Chirongui… » Pour éradiquer ces fléaux, Ahmed Allaoui requiert l’activation du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail mais aussi une politique d’habillement digne de ce nom. « Comment est-il possible de garder une certaine hygiène corporelle avec deux pantalons et trois tee-shirts pour une année ?« , s’interroge-t-il. Enfin, il souhaite un traitement d’égalité concernant le versement de l’indemnité d’administration et de technicité. « Ceux dans les bureaux la reçoivent alors que nous jouons notre vie.« 

En fonction des retours de cette mobilisation, le syndicat décidera de la suite à donner. Un préavis de grève ? « Nous n’excluons rien !« , répond d’emblée Ahmed Allaoui. En tout cas, le divorce entre les sapeurs-pompiers et sa direction semble consommé.

A Mayotte, les droits sociaux en « ordre de marche »

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Le directeur de la Mission de coordination des organismes d’Outre-mer (Micor), Jean-Yves Casano, était en déplacement dans le 101ème département français du 24 février au 2 mars. L’occasion pour lui de faire un diagnostic de l’état d’avancée des dossiers gérés par la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM) et surtout de bien « cranter » les projets importants pour l’avenir.

« Une différence est faite entre la métropole et Mayotte« , explique en préambule le directeur de la mission de coordination des organismes outre-mer, Jean-Yves Casano. En déplacement pendant une semaine sur le sol mahorais, le représentant du Micor a notamment abordé le sujet de l’exonération du « ticket modérateur sous condition de ressources« *. Il s’est également penché sur l’avenir du parcours de soins à Mayotte. « Nous avançons sur un certain nombre d’évolutions législatives ou réglementaires qui sont attendues sur le territoire depuis quelques temps déjà« , assure-t-il.

Selon lui, la question des droits sociaux à Mayotte est un sujet « complexe » puisque de nombreux cas de renoncement aux droits persistent, par méconnaissance.  « C’est une problématique qui n’existe pas qu’à Mayotte, mais également en métropole. Nous avons l’enjeu de développer les communications et les stratégies marketing qui vont nous permettre, demain, de pousser l’information vers tous les assurés qui en ont besoin« , confirme le directeur de coordination. La trajectoire de l’évolution du financement des crèches sera également tracée. « Nous avons un travail qui est fait actuellement sur l’Allocation adulte handicapé (AAH) et l’Allocation enfant  handicapé (AEH). Sur le cours terme, ce sont les grandes avancées attendues pour 2019/2020« , atteste Ymane Alihamidi-Chanfi, la directrice de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM).

Dans les années à venir, d’autres projets se mettront en place et principalement « Pajemploi » – destinée à simplifier les formalités administratives pour les parents employeurs qui font garder leur(s) enfant(s) par une assistante maternelle agréée ou une garde d’enfants à domicile – en 2021.

« Mayotte en ordre de marche« 

Cependant, à Mayotte, un problème de divergence des droits demeure. « Notre rôle à nous, institution, est de s’assurer qu’il y ait bien une conscience du droit afin d’éviter le non-recours au droit, ce qui n’est actuellement pas forcément le cas« , annonce Ymane Alihamidi-Chanfi.

Une différence est donc faite entre la métropole et Mayotte liée au fait que le régime sur l’île aux parfums est basé sur la jeunesse. « Il y a 50 ou 60 ans d’écart avec la métropole« , déplore Ymane Alihamidi-Chanfi. « Cela veut dire qu’il faut progressivement que nous allions vers cette convergence des droits qui sera prochainement réalisée« , affirme le directeur de missions. Un plan pour l’avenir de Mayotte a également été élaboré. « Il y a tout un ensemble d’autres réflexions qui sont menées pour que, à une échéance qui pour moi reste encore un peu  imprécise, il y ait une stricte égalité des droits et des devoirs. Les ministères suivent de très près les projets menés. Nous devons mettre Mayotte en ordre de marche« , indique Jean-Yves Casano.

Et de se dire « rassuré sur la capacité à porter les projets et les réformes, c’est un bilan extrêmement positif. Il faut encore que les caisses soient au rendez-vous des outils et des évolutions, d’analyses des moyens utiles à proximité pour que chaque acteur dans cet organisme soit en capacité de mener à bien sa mission« . Selon la CSSM, les préoccupations sur le territoire sont « évidemment dans la ligne de mire » des directeurs généraux des Caisses nationales. « La CSSM est un organisme qui est très jeune à Mayotte au regard de ce qui existe en métropole et dans les autres territoires ultramarins. Pour autant, il y a une montée en puissance du pilotage et de la gestion de projets et de communication« , souligne la directrice de la CSSM.

Une branche famille

En outre, au regard du contexte particulier de Mayotte, la CSSM bénéficie d’une branche famille qui est propre au territoire. Comparativement à la population servie pour la branche maladie, Mayotte a près de 187.000 bénéficiaires de la sécurité sociale pour seulement 22.000 allocataires dans le département.

Afin d’analyser les spécificités du territoire et adapter au mieux la stratégie de la CSSM, l’organisme a décidé de faire appel à un sociologue afin d’avoir une analyse sociologique précise sur l’accès aux droits. Parmi les éléments retenus, le sociologue a identifié que le non-recours aux droits pouvait « certainement »  s’expliquer du fait de démarches compliquées pour un montant parfois dérisoire. D’autres cas expliquent le faible taux de versement des prestations, comme le fait d’avoir des ruptures de droits. « Une personne peut avoir des droits à des prestations pendant un certain temps et puis, pour X raison, ne perçoit plus les droits« , explique Jean-Yves Casano. Enfin, le critère d’exigibilité de 15 ans de résidence régulière à Mayotte fixe des règles différentes de celle de la métropole.  Effectivement, en métropole, la population peut être affiliée à la CSSM au titre du régime de l’assurance maladie dès trois mois de résidence régulière en France. « Dès le départ, nous avons cette distorsion« , soutien la directrice de la CSSM. « Je serai de nouveau en visite en mai ou juin de cette année. Dans mon plan de charges, j’ai au moins 40%, si ce n’est pas 50%, pour développer Mayotte. C’est ici où il y a le plus de projets nouveaux et je serai présent pour les réaliser« , conclut le directeur de la mission de coordination des organismes outre-mer.

 

*Il s’agit de la prise en charge par l’assuré de la dépense appelée « ticket modérateur » dont le montant varie en fonction de la nature des soins ou de la qualité du bénéficiaire.

Chaos à Air Austral: des retards…simultanés

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En moins de 24 heures, la compagnie aérienne a dû faire face à plusieurs problèmes techniques sur deux de ses Boeing. Alors que l’un a fait demi-tour en plein vol pour rentrer à Paris, l’autre s’est retrouvé immobilisé une nuit à l’aéroport de Dzaoudzi, où ont été contraints de dormir des dizaines de passagers, sur des lits de camp ou dans les fauteuils de la salle d’embarquement.

Vent de panique dans le cockpit. Aux alentours de 2h du matin, dans la nuit de mercredi à jeudi, un dreamliner d’Air Austral parti de Paris quatre heures plus tôt vers Dzaoudzi, fait demi-tour alors qu’il survole le sud de l’Italie. L’équipe navigante ne dit rien aux passagers, tandis qu’ils voient la nouvelle trajectoire se dessiner sur leurs écrans. C’est l’incompréhension dans la cabine. Finalement, « Nous avons été informés par un message du commandant de bord un bon moment après avoir fait demi-tour« , raconte une passagère, contactée par téléphone ce jeudi. « Il nous ont seulement parlé d’un problème technique« .

Quelques heures après ce demi-tour et un atterrissage contraint, Air Austral expliquait à nos confrères du Journal de Mayotte qu’un problème moteur signalé par un voyant avait nécessité, en plein vol, l’intervention électronique du commandant de bord. Mais celle-ci n’aurait pas suffi. Comme le veut la procédure, le Boeing a été contraint de rentrer à Paris où il a été immobilisé pour réparation. Après quoi l’avion n’a pas pu repartir immédiatement, temps de repos réglementaire oblige. Un décollage dans l’après-midi n’était pas plus envisageable, dans la mesure où les passagers auraient été contraints de débarquer de nuit, à une heure où ils n’auraient trouvé ni taxi, ni barge, ni solution d’hébergement.

Alors, vers 4h du matin, jeudi, des bons d’hôtel ont été distribués à tous les voyageurs du vol UU976. Ceux-ci ignoraient alors encore quand ils repartiraient, sachant seulement qu’ils devaient libérer leur chambre pour 11h45. « Beaucoup [d’entre nous, ndlr] étaient très mécontents du manque de communication« , commente Aurore, seule avec son bébé de huit mois dont elle ne pouvait récupérer la poussette, restée en soute.

Pendant plusieurs heures, « j’appelle la réception de l’hôtel, ils ne savent rien », témoigne la jeune femme. Enfin à 7h30, sa famille – dont les coordonnées ne figuraient pas sur cette réservation – reçoit un texto d’Air Austral : elle apprend que le décollage est reporté au soir même, départ de Paris à 20h20. Faute de places disponibles, tous les passagers n’ont pas pu bénéficier de ce départ.

De salle d’embarquement à salle d’hébergement

Autre aéroport, autre chaos. À quelque 8.000 km de là, cette même nuit, c’est le logement qui pose problème à beaucoup de voyageurs, les hôtels de l’île affichant complet en cette période de vacances. Dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Dzaoudzi, dès 23h, des lits de camp servent de couche aux dizaines de personnes qui n’ont pas pu rentrer chez elles.

Pourtant ce matin-là, les choses ne s’annonçaient pas si mal. Mercredi, le vol UU275, prévu à 15h15 au départ de Mayotte et à destination de La Réunion était seulement « retardé« , en raison, là encore, d’un problème technique, indiquait le personnel aux passagers.

La réparation nécessite une pièce qui, l’espère l’équipage, doit arriver dans la matinée. Durée du retard estimée : une heure, puis deux, à la fin desquelles l’annonce est sans cesse réitérée tout au long de la journée. En salle d’embarquement, des agents déambulent pour tenter de répondre aux questions des passagers. Sous l’énervement, le ton monte parfois, racontent certains d’entre eux.

À 19h30, douche froide. Le vol est reporté au lendemain, annonce une voix dans l’aéroport. Certains rentrent chez eux, appellent des proches, pendant que les autres élisent déjà domicile dans l’espace VIP. « C’est le gros bordel« , tweete l’un d’eux, « Nous sommes pris en otages« , poste un autre. À 3h30 du matin, plusieurs portables se mettent à sonner : le vol, finalement, sera assuré le lendemain à 14h. Cette fois, tout se passe comme prévu.

En raison de ces perturbations, deux autres départs à destination de l’île intense et de Paris ont été reportés du 28 février à ce vendredi. Par la suite, les vols devraient reprendre leur activité normale.

Quid du dédommagement ?

Air Austral a d’ores et déjà entièrement pris en charge les frais de relogement de ses voyageurs à Paris. Néanmoins, le ministère de la transition écologique et solidaire indique que lorsque la destination est atteinte trois heures ou plus après l’heure d’arrivée prévue, « l’indemnisation forfaitaire accordée est de 250 euros pour les trajets de 1.500 km ou moins » (applicable pour Mayotte – La Réunion) et « 400 euros pour tous les vols intracommunautaires [en zone européenne, ndlr] de plus de 1.500 kilomètres« .

Concernant les passagers qui font le choix de ne pas prendre l’avion de remplacement proposé, le ministère explique que « si le retard au départ est d’au moins 5 heures, et seulement si le passager renonce à son voyage, il est en droit de se faire rembourser son billet« .

Contactée à plusieurs reprises par la rédaction de Flash Infos, la compagnie Air Austral n’a pas donné suite à nos appels.

Larguez les sismomètres !

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Six sismomètres ont été déployés cette semaine au large de Mayotte, à grande profondeur. Cette opération est une des multiples missions scientifiques qui s’échelonneront sur les prochains mois afin de « mieux comprendre le phénomène » d’essaim de séismes qui frappe l’île depuis le 10 mai dernier, explique la préfecture. Détails.

Une première étape vient d’être franchie cette semaine, qui devrait permettre de « mieux comprendre le phénomène » de l’essaim de séismes ainsi « qu’avoir des résultats plus poussés« , a promis le directeur de cabinet de la préfecture lors d’une conférence de presse mercredi. Ainsi, deux ingénieurs et un sismologue de l’Institut physique du globe de Paris (IPGP) ont passé leur journée de samedi dernier en mer afin de larguer six sismomètres au large de Mayotte. Les appareils, déployés « tout autour » de la zone de l’essaim, sont situés entre 1.600 et 3.600 mètres de profondeur, explique le sismologue Wayne Crawford. Ils n’ont pas vocation à transmettre des données en temps réel mais seront « repêchés » dans six mois et livreront à ce moment-là leurs résultats.

Cette mission constitue l’une des pierres angulaires d’un projet plus vaste ayant pour finalité la triangulation des ondes sismiques. Pour ce faire, trois opérations sont nécessaires : le développement du réseau de sismomètres en mer, mais aussi sur les terres de Mayotte ainsi que l’installation d’appareils aux Glorieuses *. Du 4 au 8 mars, donc, une équipe de l’École et observatoire des sciences de la Terre (CNRS / Université de Strasbourg) interviendra à Mayotte pour conforter le système de sismomètres à terre de l’île et, entre mars et mai, des rotations de missions scientifiques permettront l’installation sur les îles Glorieuses d’une nouvelle station géophysique.

L’enjeu de cette triangulation est de collecter  des données plus précises afin de mieux localiser l’essaim, les « failles en jeu« , voire la chambre magmatique, détaille encore Wayne Crawford – mais éventuellement aussi d’expliquer d’autres phénomènes telles que les remontées de gaz récemment rapportées par les pêcheurs, complète Étienne Guillet, le directeur de cabinet de la préfecture. Sur zone samedi, les scientifiques ont, en tout cas, témoigné qu’ils n’avaient rien vu de tel ce jour-là, que la « zone était très calme« . Une campagne océanographique à bord du navire Marion Dufresne et en partenariat avec l’Ifremer afin « d’observer les fonds marins, de détecter et de quantifier d’éventuels dégazages liés à un volcan sous-marin » est en cours de discussion, a d’ailleurs annoncé le CNRS vendredi dernier par voie de communiqué.

« Quand tout sera installé« , ce système de triangulation automatisé permettra d’obtenir en temps réel des données sur la magnitude et la localisation des secousses, à l’image de ce que l’on trouve actuellement sur les sites internationaux, souligne Frédéric Tronel, le directeur du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) à Mayotte. Le réseau qui est en train d’être installé aux alentours de Mayotte sera cependant plus précis.

Les trois missions d’instrumentalisation, d’un montant de 420.000 euros, coordonnées par le CNRS, sont intégralement financées par l’État. L’ensemble de ces projets impliquent 11 laboratoires et 44 chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens qui planchent âprement sur le phénomène en cours à Mayotte.

L’île se déplace toujours

Les dernières données collectées montrent que l’île aux parfums, qui bouge de manière importante depuis juin dernier, poursuit son déplacement vers l’Est et son affaissement. « Après 10 mois d’évènements« , le territoire s’est ainsi déplacé vers l’Est de 12 à 14 cm et s’est affaissé de 10 cm, a indiqué Frédéric Tronel, le directeur du BRGM à Mayotte. Le mouvement tectonique régional « naturel » implique un déplacement de l’île d’environ 2 cm par an, ce qui n’explique pas en totalité les 12 à 14 cm observés ces 10 derniers mois. Et si le déplacement de l’île peut se concevoir, l’affaissement est, en revanche, un phénomène inédit. Cependant, « on peut supposer qu’à l’arrêt de l’essaim de séismes, on ait un phénomène inverse » de l’affaissement et que l’île retrouve donc son niveau initial sur ce point, a précisé Frédéric Tronel.

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