Attention, prudence. La circulation routière sera coupée dans les deux sens sur la route nationale 1 au point de repère 04+600, au niveau de la sortie d’agglomération de Majicavo Lamir en direction Koungou, dans la nuit du samedi 25 août à 20h00 et jusqu’au dimanche 26 août 05h00, « pour des travaux de mise en oeuvre des couches de roulement en béton bitumineux sur le chantier du giratoire de Majicavo Lamir », indique, par voie de communiqué, la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) de Mayotte. »Les usagers de la route sont invités à emprunter, en guise de déviation, les routes départementales n° 1 (Soulou – Combani), 2 (Dzoumogné – Soulou) et 3 (Combani – Passamainty). » Seuls les véhicules d’urgence, les véhicules prioritaires et de secours seront autorisés à passer selon les indications données sur le chantier. « La DEAL appelle les usagers de la route à la plus grande prudence, à la patience et au respect de la signalisation routière. Elle les remercie pour leur compréhension pour la gêne occasionnée. »
Profs en situation irrégulière
Le bureau des étrangers est bloqué depuis le mois dernier par le Comité des citoyens de Mayotte. Une situation qui contraint un bon nombre d’habitants à vivre dans l’illégalité. C’est le cas notamment de professeurs sénégalais n’ayant pu renouveler leur carte de séjour.
« Les autorités doivent savoir qu’on galère, qu’on souffre. On va limite devenir clandestins ». Désespéré Amadou Dione, professeur de lettres modernes à Kani-Kéli et membre associé du Laboratoire linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles de l’université Grenoble-Alpes, nous fait part de sa situation. Arrivé à Mayotte le 17 septembre 2017 avec une carte de séjour valable un an – renouvelable -, le professeur contractuel était loin de se douter qu’il pourrait un jour se retrouver en situation irrégulière. Ils sont une dizaine dans ce cas, explique-t-il, principalement des Sénégalais.
Amadou Dione s’est rendu à Mayotte avec une carte de séjour valable jusqu’en octobre 2017. Avant la date d’expiration, ce dernier effectue une première demande auprès du bureau des étrangers et obtient une autorisation provisoire de séjour (APS)*, valable trois mois. En février 2018, convoqué par la préfecture, le professeur doit s’y présenter afin de réaliser un relevé d’empreintes digitales en vue d’obtenir un titre de séjour. Ce dernier repart bredouille sans pouvoir s’entretenir avec qui que ce soit. S’ensuivra le grand mouvement social et la fermeture du bureau des étrangers, qui ne faciliteront pas la situation du professeur.
Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?
Ce dernier ne cesse d’effectuer des allers-retours entre la préfecture et le Vice-rectorat en quête d’une solution rapide. Le 7 juin dernier, ses empreintes digitales sont enfin relevées, ce qui correspond « normalement à l’avant-dernière étape » avant l’obtention de la carte de séjour. « Depuis ce jour, je n’ai eu aucune réponse. Je suis dos au mur. Personne ne répond à mes sollicitations ». Et de préciser : « J’appelle, ça ne répond pas. J’envoie des courriers, ça ne répond toujours pas. Il n’y a aucune communication, je ne sais pas où en est mon dossier ». Après son rendez-vous du 7 juin, Amadou Dione était censé recevoir une convocation de la préfecture pour finaliser sa demande de renouvellement.
En tout et pour tout, l’APS de Amadou Dione a été renouvelée trois fois. Toujours dans l’expectative, le contrat d’Amadou Dione en tant que professeur contractuel est pourtant reconduit pour l’année prochaine. Il doit mettre à jour les informations relatives à la date de fin de validité du titre de séjour afin de poursuivre son année au sein de l’Éducation nationale. Chose qu’il ne peut faire pour le moment. Son APS est valable jusqu’au 7 septembre prochain, qu’en sera-t-il si sa situation ne se débloque pas d’ici-là ? Amadou Dione redoute le pire. D’autres contractuels sénégalais sont dans la même situation que le professeur de lettres modernes, et pour certains, leur titre de séjour a déjà expiré.
Une page Facebook est en train de se mettre en place.
* Une autorisation provisoire de séjour (APS) d’une durée de 12 mois peut être délivrée à certains étudiants étrangers souhaitant compléter leur formation par une première expérience professionnelle ou justifiant d’un projet de création d’entreprise dans un domaine correspondant à leur formation. La durée de l’APS et son caractère renouvelable varient en application d’accords conclus par les autorités françaises avec certains pays.
L’entrepreneuriat au coeur du développement de Kawéni
Depuis lundi et jusqu’au 24 août, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Mayotte organise l’événement Boostin’ Kawéni pour les jeunes et les entreprises. En partenariat avec la mairie de Mamoudzou, ces quatre jours sont dédiés à l’échange au travers d’ateliers et de conférences destinés à « découvrir les ficelles de l’entrepreneuriat » et favoriser le développement du quartier de Kawéni.
Au premier regard, tout semble les opposer. Des jeunes âgés de 17 ans à 27 ans et des chefs d’entreprise de Kawéni sont réunis, depuis lundi et jusqu’au 24 août, pour échanger autour de l’entrepreneuriat et lancer des projets destinés à améliorer la vie du quartier. L’événement se tient à la Maison de l’entreprise, Place Mariage à Mamoudzou et à la Maison de projet de Kawéni. Connue pour ses nombreux bidonvilles et ses problèmes d’insécurité, l’agglomération est aussi un pôle économique et industriel en pleine mutation. « Nous nous sommes aperçus que la communication n’existait pas entre Kawéni-village et la partie entreprise. Nous voulions créer un événement rassemblant les différents acteurs du quartier pour les faire travailler sur un projet commun, qu’ils interagissent entre eux. Ce sont des rencontres entre des jeunes porteurs d’idées ou de projets d’entreprises et des entrepreneurs afin d’optimiser le potentiel de Kawéni », a expliqué, mardi, Alexandre Kesteloot, Directeur du développement économique, de l’innovation et de l’international à la CCI de Mayotte. Les deux premiers jours de l’événement étaient consacrés aux idées de chacun et à leur mise en forme afin d’aboutir à un projet structuré. « Nous sommes partis des problèmes rencontrés par les entreprises et les jeunes en recherche d’emploi pour mettre en place des solutions et des projets fiables sur le long terme », ajoute le directeur du développement économique à la CCI. Lundi, Carla Baltus, la Présidente du Medef, Feyçoil Mouhoussoune, gérant d’ETIC Services (conception web et digital), et Nadjayedine Sidi, adjoint au maire de Mamoudzou chargé notamment de la rénovation urbaine, étaient présents pour évoquer leur parcours et leur expérience devant les jeunes du village.
« Nous voulons développer notre quartier »
Cette première phase de travail a permis de cibler les difficultés de valorisation de Kawéni et de pérennisation des entreprises dans la zone commerciale. Plusieurs projets ont déjà émergés de ces ateliers, notamment celui de deux jeunes de 17 et 18 ans. « Nous aimerions chercher et fabriquer du Bitcoin (unité monétaire utilisée sur Internet, indépendante des réseaux bancaire et liée à un système de cryptage ndlr). Il y a quelques temps, nous en avons entendu parler et nous nous sommes intéressés à cette monnaie. Ce marché est fascinant et nous y avons pris goût. Aujourd’hui, nous avons envie de participer au développement de notre quartier et nous espérons l’aider grâce à notre projet ». D’autres propositions sont à l’étude comme une crèche combinant divers services comme de la préparation de repas et de la blanchisserie. Une idée qui pourrait permettre de « créer de l’emploi » et qui « semble tout à fait réalisable », selon le Directeur du développement économique de la CCI de Mayotte.
La seconde phase du programme, qui s’est déroulé mercredi et s’achève ce jeudi, est dédiée à la concrétisation des projets des jeunes. « Ils travaillent avec le Business model ‘canvas’ qui est un outil permettant de dresser un état des lieux du modèle économique d’une entreprise et d’analyser son potentiel. Cela peut paraître compliqué mais c’est en réalité assez facile et les jeunes se débrouillent très bien », a assuré Alexandre Kesteloot. Le projet sera réédité le semestre prochain, vraisemblablement en octobre, afin de « constituer un stock d’idées ».
Un challenge d’agriculture urbaine ?
Dans le même ordre d’idée, Laurent Georgeault, Responsable développement durable à la CCI de Mayotte et docteur de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est intervenu, mardi matin, pour parler d’économie circulaire et d’éco-gestion. « C’est une innovation de proximité permettant de créer de l’emploi. Nous y croyons beaucoup pour Kawéni et pour Mayotte en général. Je suis très content du retour et de l’écoute lors de cet atelier. Ils (les jeunes) ont assimilé l’utilité environnementale, sociale et économique d’adopter un tel modèle, de limiter la diffusion de déchets et la surconsommation de produits. Les jeunes présents aujourd’hui sont venus de leur plein gré sur leur temps de vacances. Ils ont la capacité de se projeter, ce qui est essentiel », a-t-il souligné. Il leur a également parlé de la possibilité de mettre en oeuvre des projets d’agriculture urbaine sur Kawéni. « En métropole, il existe de plus en plus d’agriculture réalisée sur les toits (en hydroponie ndlr). C’est une technique horticole très ancienne qui procède à une culture hors-sol. Pourquoi ne pas proposer un challenge d’agriculture urbaine, les entreprises financeraient quelques équipages ce qui développerait la relation entre les entreprises et la population ». Un concept relativement nouveau pour Mayotte mais déjà très utilisé en France métropolitaine qui pourrait mettre Kawéni et la ville de Mamoudzou au premier plan dans le domaine de l’agriculture sur le territoire.
« Dans la continuité du travail sur l’ANRU »
Élaborée par la CCI de Mayotte et la mairie de Mamoudzou, qui la finance également, l’opération « Boost’in Kawéni » a été élaborée dans « la continuité du travail sur l’ANRU (Agence nationale pour le renouvellement urbain) », selon Alexandre Kesteloot, Directeur du développement économique, de l’innovation et de l’international à la CCI de Mayotte. En effet, le 15 mai dernier, après la venue de la ministre des outre-mer, Annick Girardin, à Mayotte, le gouvernement avait présenté un plan d’action de l’État pour votre quotidien » aux habitants de Mayotte. Dans une des cinquante trois mesures exposées, l’État prévoyait notamment le développement des rénovations urbaines.
Une première pleine de promesses
L’élection Miss Prestige Mayotte 2018, organisée samedi soir à la MJC de Tsingoni est à marquer d’une pierre blanche. Il s’agissait en effet de la première édition d’un concours qui devrait s’installer dans le long terme sur l’île. En conférence de presse vendredi dernier, Némati Toumbou Dani, présidente du concours à l’initiative de l’événement avait annoncé la couleur, en promettant une soirée dédiée à la culture et aux traditions mahoraises.
Némati Toumbou Dani, présidente de Miss Prestige Mayotte, Zaïnoudine Antoyissa et Attoumani Harouna, vice-président et président de l’office du tourisme de la 3CO, aux côtés des présentatrices de l’élection, Anastasia Laguerra et Dayati Mistoihi, lors de l’ouverture de la soirée.
Le public n’a pas été déçu, avec un défilé des sept candidates sur le thème du manzaraka, une représentation du chigoma ou encore la prestation scénique de l’artiste Komo, aux rythmes du m’godro. Diffusée en direct sur la chaîne de télévision Mayotte La 1ère et sur le compte Facebook du média (la vidéo a suscité plus de 6 000 commentaires !), l’élection a vu le triomphe de Myriam Cassim.
La jeune femme originaire de M’tsangaboua est la toute première lauréate du concours Miss Prestige Mayotte… Mais la deuxième représentante de Mayotte au concours Miss Prestige National, succédant à Aechat Kamar, nommée Miss Prestige Mayotte 2017 à la suite d’un casting, l’organisation – alors naissante – n’ayant pas eu les moyens d’organiser une élection.
Une prochaine étape en métropole
Cette année, l’association Miss Prestige Mayotte a pu compter sur le soutien de la Communauté des communes du centre ouest (3CO ), comportant les communes de Sada, Chiconi, Ouangani, Tsingoni et M’tsangamouji. Celle-ci s’est engagée à financer et à accueillir l’événement en son sein, au moins jusqu’à la fin de sa mandature (2018-2021).
Miss Prestige Mayotte 2018 entourée de ses proches, sa mère notamment qui, selon la jeune femme, l’a toujours soutenu dans ses choix.
Némati Toumbou Dani a pu également compter sur le soutien du Conseil départemental de Mayotte, du Comité départemental du tourisme ou encore de nombreux partenaires privés. En janvier prochain en métropole, Myriam Cassim aura un sacré défi : celui de faire aussi bien que sa prédécesseure, élue 3ème dauphine de Miss Prestige National 2018. Cette écharpe de dauphine nationale remportée par Aechat Kamar lui permet d’intégrer le prestigieux concours Miss Model of the World, en novembre en Chine.
« Il s’agit d’un concours mondial, où Aechat représentera la France ! Depuis le début de l’histoire des Miss à Mayotte, aucune Mahoraise n’est allée aussi loin », souligne Némati Toumbou Dani. En attendant les prochaines éditions, la présidente de Miss Prestige Mayotte souhaite un meilleur parcours à sa nouvelle ambassadrice.
La chambre régionale des comptes étrille le SIEAM
Dans un rapport rendu public le 14 août, la Chambre régionale des comptes de Mayotte critique la situation financière et la gestion du SIEAM (Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte), de 2013 à aujourd’hui. La juridiction dénonce une gouvernance marquée par une forte concentration des pouvoirs du président, un pilotage lacunaire et une situation financière dégradée.
Comme les dernières pénuries d’eau potable l’ont montré, le Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM) est confronté à des difficultés majeures dans le 101ème département. Raison de plus pour améliorer sa gestion, jugée « lacunaire », et revenir à l’équilibre financier, fait valoir l’antenne régionale de la Cour des comptes dans un rapport daté du 28 mai, résultant d’un contrôle ouvert au printemps 2017. Selon ce rapport – consultable en ligne -, « l’établissement est confronté à des enjeux majeurs liés, d’une part, à l’augmentation de la population et à l’urbanisation croissante du territoire qui font peser des contraintes sur le dimensionnement des systèmes actuels d’alimentation en eau potable et d’assainissements ». Les difficultés rencontrées lors des pénuries de fin 2016 ont notamment fait apparaître « l’absence d’anticipation et de gestion des équipements au regard des besoins croissants » de la part de l’organisme, déplorent les auteurs du rapport. À cet égard, « le respect des échéances relatives aux investissements nécessaires our se conformer à la directive communautaire sur les réseaux d’eaux usées (DERU), dont le coût oscille entre 700 et 800 M€, paraît difficilement atteignable » , selon le rapport. Depuis 2008, c’est la société SMAE (Mahoraise des Eaux, ex-SOGEA) qui gère l’exploitation du service de l’eau potable. Fin août 2017, le syndicat avait informé le délégataire de sa volonté de renégocier les termes du contrat. Le recours aux organismes extérieurs va croissant, relève par ailleurs la chambre régionale des comptes.
Un président trop puissant ?
Si sa situation financière fait l’objet de nombreuses recommandations de la part de la Chambre, le premier axe d’amélioration concerne la gouvernance et le pilotage du syndicat. Une gouvernance « caractérisée par une forte concentration des pouvoirs du président », selon les auteurs du rapport. L’utilisation des délégations de fonction et de signatures reste d’après eux marginale, et « aucune délégation n’est accordée au directeur général des services, qui apparaît écarté de l’équipe de direction », ce qui est « contraire aux pratiques générales », relèvent-ils, ajoutant que « l’organe délibérant s’apparente à une chambre d’enregistrement ». En effet, l’ensemble des délibérations adoptées par le comité syndical du SIEAM – qui comprend 34 délégués – le serait à l’unanimité, en moyenne à… 96% ! Par ailleurs, des irrégularités, erreurs matérielles portant sur les dates ou les conditions de quorum par exemple, entacheraient plusieurs d’entre elles. Autant de dysfonctionnements susceptibles d’entraver la mise en oeuvre efficace des missions confiées au SIEAM et de peser sur sa situation financière. La gouvernance de l’établissement est normalement placée sous la surveillance de quinze commissions d’instruction mises en place en 2014, afin de « contrôler annuellement les comptes produits par le délégataire, joindre les rapports de contrôles aux comptes de la collectivité », selon une délibération de 2016. Or, malgré le caractère obligatoire de ces commissions, « au cours du contrôle, le syndicat n’a présenté aucun document permettant d’attester du fonctionnement effectif des commissions d’instruction ni de leur contribution au pilotage de ses politiques publiques », relève le rapport.Et d’ajouter que « sans le démontrer, le président précise que ces commissions se seraient réunies en moyenne huit fois par an ».
Un risque de cessation de paiements
Malgré des ressources en progression de plus de 30% depuis 2013 (provenant de recettes d’exploitation ou de fonds propres), la situation financière du SIEAM s’est dégradée, « notamment entre 2016 et 2017 », indique la Chambre régionale des comptes. Les capitaux propres du syndicat intercommunal – composés pour plus 60% de subventions publiques – ne lui permettent pas de faire face à ses échéances. Aussi, « le SIEAM a recours à des financements externes comme l’emprunt et des concours financiers de l’Etat et de l’Union européenne ». L’excédent brut d’exploitation (à 3,5M€ en 2013) et la capacité d’autofinancement (à 3,1M€ en 2013) se sont « détériorés au fil des années », accusant une baisse respective de 88 et 94% en quatre ans. Ils s’élevaient fin 2017 à 0,4M€ et 0,18M€ fin 2017. Si la trésorerie du SIEAM est « en apparence positive » s’élevant à 17M€ fin 2017 au regard des comptes de gestion, « cette situation masque la réalité », indique le rapport, qui évoque une évolution « préoccupante ». Le niveau réel de la trésorerie en 2013 serait ainsi de -8,3 M€ et négative à hauteur de – 18 M€ en décembre 2017. Des lacunes que la souscription d’emprunts ne parviennent pas à combler. Le 25 mai 2018, la trésorerie disponible était négative à hauteur de -3,4 M€. « Au vu de ce qui précède, le syndicat pourrait être confronté à une cessation de paiements », alerte les auteurs, qui préconisent l’établissement d’ordres de priorité de paiements pour limiter le montant des intérêts de retard. Parmi les autres recommandations de la chambre, on notera également la mise en place des dispositifs de contrôle interne et de contrôle de gestion, la limitation du nombre de participants aux missions pour réduire le niveau des frais de déplacement, ou encore, la mise en place d’un programme de maintenance préventive des équipements de traitement des eaux usées, dont seulement … 20 % des stations (STEP) seraient en bon état, selon un prestataire cité dans le rapport.
28% des ménages privés d’eau potable
En 2013, seules 13% des habitations, soit 5710 abonnés dont près de 80% résidant dans la commune de Mamoudzou disposaient d’un système d’assainissement collectif. « L’effort restant à accomplir est majeur », souligne le rapport. Et de 2013 à 2016, le nombre d’abonnés n’a progressé que « d’à peine 1%, passant de 36 685 à 40 008 ». Une partie de la population ne dispose toujours pas de l’accès à l’eau potable, et quelque 15 000 logements privés, soit 28% des ménages, sont privés d’eau courante. Des lacunes mises en exergue par la dernière vague de pénurie d’eau. « Le contexte de crise relatif à la pénurie de l’eau potable, qui a débuté fin 2016 avec la période de sécheresse, semble témoigner d’une prise en compte insuffisante de la problématique de la fourniture de l’eau », par le SIEAM. La Chambre rappelle à ce titre qu’un « plan d’urgence eau » avait été signé fin février 2017 entre le syndicat, l’Etat, et les principaux bailleurs financiers constitués par la Caisse des dépôts et l’Agence française pour le développement (AFD) pour un montant qui s’élève aujourd’hui à 90 M€
La culture mahoraise « au cœur du projet »
Il y avait Miss Mayotte, il y avait Miss Salouva ; Ce samedi, l’île au lagon s’apprête à accueillir une troisième ambassadrice : Miss Prestige Mayotte.
Au cours d’une soirée organisée par l’association portant le nom de l’événement, Naïma Mohamed, Suzanne M’colo, Hidaya Alifa Oussène, Myriam Cassim, Anaïs Garnier, Faïzina Saïd et Nadia Boyer tenteront de succéder à Aechat Kamar.
Cette dernière avait représenté Mayotte à l’élection Miss Prestige Nationale 2018 et terminé troisième dauphine. Ce qui lui vaut aujourd’hui d’intégrer le concours mondial « Miss Model of the World 2018 » (programmé en novembre prochain en Chine) en tant qu’ambassadrice de la France. « L’an dernier, nous n’avions pas les moyens d’organiser une élection. Cette année, je me suis rapproché d’Attoumani Harouna et de la Communauté des communes du centre ouest (3CO), qui ont immédiatement soutenu le projet », s’est réjoui Némati Toumbou Dani, présidente du Comité Miss Prestige Mayotte, en conférence de presse ce vendredi matin à l’hôtel Caribou. Pour Attoumani Harouna, président de l’office du tourisme de la 3CO, soutenir le projet semblait évident.
« Nous estimons que les communes via les intercommunalités doivent prendre l’île en mains, et cela passe par la mise en place d’événements de ce genre (…) Nous avons écouté et entendu les Mahorais qui demandaient la décentralisation des événements majeurs : nous sommes heureux d’accueillir à Tsingoni la première édition de Miss Prestige Mayotte, et avons vocation à l’accueillir chaque année dans notre intercommunalité, au moins jusque la fin de notre mandature qui court jusqu’à 2021. L’idée étant de faire le tour des communes de l’interco à chaque élection.
» Pour Aechat Kamar, si les trois principales élections de l’île valent la peine d’exister, l’élection Miss Prestige Mayotte doit tirer son épingle du jeu. « La valorisation de notre culture et de nos traditions mahoraises sera le cœur du projet. C’est pour cela qu’une jeune fille ne peut concourir si elle ne parle pas le shimaoré ou le kibushi. C’est pour cela qu’il n’y aura pas le défilé en maillot de bain comme elle existe dans l’élection Miss Mayotte (…) Nous préparons un show exceptionnel basé sur notre culture. C’est la première édition et c’est dès maintenant que nous devons faire la différence.
» A Némati Toumbou Dani de renchérir. « Nous ne vous dévoilerons pas le contenu du spectacle aujourd’hui mais je peux vous garantir que notre culture et nos traditions seront mis en lumière comme jamais elles ne l’ont été dans les précédentes élections de Miss à Mayotte. Je sais que nous sommes observés, attendus. Nous espérons être à la hauteur de l’attente. » L’élection Miss Prestige Mayotte débutera à 20h et sera diffusé en direct sur Mayotte 1ère télé. La lauréate représentera Mayotte à l’élection Miss Prestige Nationale 2019, en janvier prochain en métropole.
Un Foundi mortellement agressé à Labattoir
De la consternation et beaucoup de questions. Tels sont les sentiments qui prédominent après l’agression mortelle et encore inexpliquée de Mohamed Saïd Ali, surnommé Oustadh Tchaga, samedi soir à Labattoir, en Petite-Terre. Une enquête en flagrance a été ouverte pour retrouver le ou les auteurs du crime.
Les circonstances du drame sont encore très floues. Samedi soir, à Labattoir, « un homme religieux a été agressé alors qu’il rentrait chez lui », et a succombé à ses blessures, se bornait à indiquer, lundi, la gendarmerie de Mayotte, précisant qu’une enquête en flagrance avait été ouverte pour retrouver le, ou les auteurs de cet homicide. Pas plus de réponses du côté de la justice, le Parquet se refusant à communiquer à ce stade « prématuré » des investigations. La victime, Mohamed Saïd Ali, surnommée Oustadh Tchaga, aurait été frappée de « plusieurs coups de couteau », alors qu’il rentrait à son domicile, « un peu avant 20 heures », selon les informations de Mayotte La 1ère. Cet homme d’une soixantaine d’années, décrit comme « très pieu » et solitaire, était foundi à la mosquée de vendredi à Labattoir, en plus de ses fonctions d’agent de la mairie qu’il assurait depuis de nombreuses années. Il rentrait justement de la mosquée au moment de l’agression, selon certains témoins interrogés par la chaîne de télévision. Au lendemain du drame, plusieurs élus se sont manifestés pour dénoncer le crime et témoigner leur soutien à la famille du disparu. L’ancien président du Conseil départemental, Daniel Zaïdani, a ainsi adressé un communiqué dans lequel il se disait, entre autres, « révolté et choqué par la barbarie et la lâcheté de cet acte horrible ». Et d’ajouter que : « Aujourd’hui, c’est tout Mayotte qui est endeuillé. Pas seulement Labattoir. Pas seulement les musulmans ».
« Il n’avait que sa spiritualité à défendre »
Le maire de la commune, Said Omar Oili, indiquait pour sa part que « la municipalité de Dzaoudzi- Labattoir condamne avec force cet acte lâche et gratuit. Tout sera mis en oeuvre pour identifier le ou les auteurs de cet assassinat et seront traduits devant la justice ». « Nous exprimons toute notre solidarité et présentons nos condoléances à sa famille », a-t-il ajouté. Joint au téléphone, l’édile décrit un homme « très religieux », qui « n’élevait jamais la voix », « avait beaucoup d’adeptes » et « essayait de convaincre de sa vision de la religion sans créer d’animosités ». Chez le maire, c’est l’incompréhension qui domine. Il évoque encore un homme « très simple », au train de vie modeste et qui « n’avait que sa spiritualité à défendre ». Un portrait que vient confirmer Saïd Hamidi, imam à la mosquée de vendredi à Labattoir, où Oustadh Tchaga enseignait la religion, qu’il avait lui-même étudiée en Arabie saoudite et en Égypte, aux jeunes de la madrassa. « C’est une grande perte pour le village et pour la mosquée », confie-t-il, à propos de la disparition de cet homme qui « n’avait jamais eu une dispute ». Une marche blanche devait se tenir dimanche en sa mémoire, mais elle a été annulée à la demande de sa famille, qui a expliqué que le défunt n’aurait pas souhaité une telle démarche, selon l’imam de la mosquée de Labattoir, confirmant une information de la mairie.
La société Luvi placée en liquidation judiciaire
Les salariés de la société de communication Luvi ont révélé mardi, par voie de communiqué, la liquidation judiciaire de leur entreprise et de deux autres agences de communication, H2M et Archipel, également dirigées par Thierry Galarme, ex-patron du MEDEF de Mayotte et ancien président de la Médecine du Travail (Médétram). Ayant appris leur licenciement lundi, ces derniers s’inquiètent de leur avenir professionnel.
Une nouvelle aussi soudaine que brutale. « Depuis le 3 août, les trois agences de communication (Luvi, H2M et Archipel) sont en liquidation judiciaire… Sacré mauvaise nouvelle que les douze salariés ont appris hier aprèsmidi de leur ancien patron (accessoirement ancien patron du MEDEF) », écrivent dans un communiqué les salariés de la société de communication. C’est en ces termes qu’ils résument leur situation, des plus incertaines, ce mardi. « Ainsi c’est une bien triste page qui se tourne dans le monde de la communication à Mayotte… Soyez certains que l’ensemble de l’équipe aurait préféré avoir le temps de se retourner et notamment d’anticiper les fins de projets avec ses clients ». Et d’ajouter que « tous sont en recherche active d’emploi puisque remerciés sans aucune indemnité, ni même leurs congés payés et préavis ! » Contacté par Flash Infos, l’un des salariés a confirmé avoir été informé de son licenciement lundi, indiquant qu’il devrait encore travailler jusqu’à la fin de la semaine afin de clore les derniers dossiers en cours, avant de quitter définitivement l’entreprise. La liquidation judiciaire a été confirmée dans la journée par Thierry Galarme lui-même, qui indiquait que « le tribunal de commerce a rendu sa décision vendredi ». La décision en question serait pourtant datée du 27 juillet, précise l’ancien patron. Une simple « erreur matérielle » du greffe, commise « en période de vacances », et qui s’ajoute selon lui à une autre coquille portant sur le nom d’un des avocats, partie à la procédure collective. L’ensemble du personnel n’ayant pas pu être réuni au complet vendredi, le patron aurait attendu lundi pour annoncer la nouvelle.
« À partir de mai-juin, j’ai compris que les choses allaient aller de mal en pis », confie l’ancien DG à propos des trois agences qu’il dirigeait. « J’ai assuré les salaires jusqu’en juin et j’ai fait une déclaration de cessation de paiements le 21 (juin) ». Depuis lors, deux réunions ont été organisées, indique-t-il, pour informer les salariés des différents scénarios à envisager : sauvegarde, redressement, ou liquidation. Concernant les paiements, le mois de juillet sera pris en charge par l’AGS (le Régime de garantie des salaires), assure l’ex-patron, qui ajoute que les diverses indemnités des salariés pourront être payées au moment de la réalisation de l’actif (la cession des actifs de la société ndlr) et les divers paiements en attente.
Perte de gros clients, grèves et état de santé dégradé
Comment l’agence de publicité et de communication basée à La Réunion et ouverte à Mayotte en 2001 en est-elle arrivée là ? Son directeur général à Mayotte, qui l’a rejointe comme salarié en 2002 et en a pris la direction six ans plus tard, nous a expliqué que la société avait dû faire face à une série de difficultés de plusieurs ordres. La perte de plusieurs clients importants d’abord, comme SFR à la suite du rachat par Patrick Drahi de l’ex-filiale en télécoms de Vivendi, en 2014. « Il a procédé à de nombreux licenciements et à des mesures d’économie (avec l’internalisation de certains services) », explique Thierry Galarme, qui estime que le départ de l’opérateur de son portefeuille-client a coûté à Luvi pas moins de 900 000 euros de chiffre d’affaires. Autre perte, celle du groupe Cananga, après la fermeture de l’une de ses enseignes à Mayotte (Méga), ou encore le concessionnaire automobile SMCI. Autres difficultés, « les grèves de 2011et de 2018 » qui « nous ont fait beaucoup de mal » avec des campagnes de communication annulées et des salariés empêchés de se rendre au travail. Il évoque également un secteur – la communication – « sinistré au plan mondial depuis la crise de 2008 » et une « publicité classique » de plus en plus « concurrencée par le digital ». Puis, ajoute Thierry Galarme, « mon état de santé s’est dégradé, les magistrats le savent », sans entrer dans les détails. « Moi ça fait seize ans que je suis à Mayotte, ça fait seize ans que je m’occupe de Luvi », la principale de ses trois agences, qui employait huit personnes. Décrivant une situation « terrible à vivre », il dit avoir bon espoir que ses anciens salariés retrouvent du travail rapidement : « Ce sont tous des salariés qualifiés de grande valeur, que je peux recommander aux entreprises » assuret- il. Mis en cause par les administrateurs de la Médecine du Travail à Mayotte (Médétram) dont il était jusqu’à récemment président pour des « anomalies » financières qui s’élèveraient selon ces derniers à plusieurs centaines de milliers d’euros, Thierry Galarme nie toute anomalie et affirme que « les deux affaires sont distinctes ». Il assure également ne pas avoir été jusqu’ici convoqué par la justice à ce propos.
Douze salariés « disponibles à l’embauche! »
« Loin d’eux l’envie de se laisser abattre, (les salariés ndlr) souhaitent aujourd’hui faire part aux entreprises de Mayotte et de La Réunion de leur motivation à rebondir au plus vite. Ce sont donc douze personnes compétentes, motivées et professionnelles qui sont disponibles sur le marché du travail. Du directeur de clientèle, chargé de communication ou chargé de projets en passant par les directeurs artistiques, les graphistes webdesigner, le développeur, la photographe réalisatrice, l’assistante de direction ou encore la rédactrice en chef, les chargés d’événementiels et merchandiseurs ; tous sont en recherche active d’emploi puisque remerciés sans aucune indemnité, ni même leurs congés payés et préavis ! »
Transport maritime | Le conflit entre la SMART et la MCG perdure
Dimanche, le navire Julie Delmas a dû repartir du port de Longoni au Mozambique avec plus de quarante conteneurs frigorifiques et vingt tonnes de médicaments à son bord. Le quai 2, qui devait accueillir le navire, est resté bloqué pendant plusieurs jours par les agents de la Société mahoraise d’acconage représentation et transit (SMART ). Les salariés protestent contre Mayotte Channel Gateway (MCG), gestionnaire du port, qui tente selon eux de régenter toute l’activité portuaire de Longoni par le biais de leur filiale Manu-port.
Le conflit s’éternise. La CMA-CGM, leader mondial du transport maritime qui avait choisi de travailler avec Mayotte Channel Gateway (MCG) pour décharger le navire Julie Delmas, s’est vu dans l’obligation de le faire repartir du port de Longoni au Mozambique, dimanche, sans avoir pu décharger ses conteneurs sur l’île. En effet depuis plusieurs jours, les agents de la Société mahoraise d’acconage représentation et transit (SMART ) bloquent le quai 2, sur lequel devait accoster le porte-conteneurs, pour protester contre MCG délégataire du port. Ils dénoncent une volonté du gestionnaire de régenter toute l’activité portuaire et d’essayer d’effacer le seul manutentionnaire agréé (la SMART ) par le biais de leur filiale Manu-port alors que celle-ci s’est vu retirer son agrément de manutentionnaire le 17 juillet dernier. « MCG gestionnaire continue son activité contre l’avis de son autorité de tutelle. Il n’a pas à s’immiscer dans la manutention. Ce n’est en aucun cas son travail. La SMART est la seule à disposer d’un personnel qualifié et expérimenté », a expliqué Salim Nahouda, secrétaire général de la CGT -Ma, ce mardi matin en conférence de presse. Dans deux courriers du 17 et du 23 juillet derniers, le Conseil départemental avait signifié à la société Manu-port, dirigé par Ida Nel, l’abrogation de l’exercice de son activité de manutention, suite à l’avis défavorable donné par le Conseil portuaire. « J’ai demandé un certain nombre de pièces indispensables dans le cadre de l’examen du maintien de l’agrément, notamment les qualifications professionnelles de la société Manu-port et de son personnel […] En l’absence de toute réponse de la part de la société, j’ai décidé de procéder à l’abrogation immédiate de l’agrément », a annoncé le président du Conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani, dans le courrier daté du 23 juillet. De son côté, la MCG affirme que cette abrogation n’est pas du ressort du Conseil départemental mais du délégataire du port, à savoir la MCG elle-même, appartenant également à Ida Nel. Un conflit qui dure depuis près de deux ans et qui pénalise fortement la population mahoraise.
Cinq tonnes de médicaments en attente
Construit en 2002, le navire de près de 196 mètres de long transportait des conteneurs avec des marchandises et des produits périssables. Dans un communiqué, Ida Nel affirme que le Julie Delmas avait notamment à son bord « quarante-trois conteneurs frigorifiques dont treize urgents avec des denrées périssables destinés aux commerçants, vingt tonnes de médicaments et treize conteneurs de farine ». Selon la MCG, ce sont six cent conteneurs qui ont aussi été pris en otage par ce blocage, ce que dément la SMART . Pour la société, le navire était chargé d’une centaine de conteneurs seulement. Même si le chiffre exact n’est pas encore connu, de grandes difficultés d’approvisionnement pour les prochains jours, voire les prochaines semaines, sont à prévoir notamment pour les produits de première nécessité. « J’attendais cinq tonnes de médicaments avec une centaine de produits différents pour plus de trente fournisseurs. Ce blocage pénalise tout le département. Nous avons trois à quatre mois de stock mais il ne faudrait pas que cette situation dure », a expliqué Frédéric Turlan, président de la Médétram à Mayotte et responsable de la société pharmaceutique Copharmay. Le blocage pénalise surtout la population mahoraise en termes de retards et de surcoûts des livraisons. « La situation est dommageable pour les Mahorais car le coût de la desserte va augmenter. Nous sommes une entreprise privée, le coût final va se répercuter sur le client donc sur les Mahorais », avait rapporté Franck Magarian, vice-président Procurement ports & terminals de la CMA-CGM à nos confrères de Linfo.re. Ce blocage pose également problème en pleine période de manzarakas (festivités du mariage traditionnel mahorais). Ce mardi matin, la MCG a renforcé la sécurité au port pour éviter de nouveaux incidents. Pour le moment, personne ne peut encore dire si le Julie Delmas pourra ou non revenir accoster à Longoni d’autant plus que la compagnie CMA-CGM aurait déjà dérouté ses deux prochains navires. .
Plusieurs mois de conflit
En novembre dernier, les deux sociétés de manutention étaient déjà en conflit. En cause, l’ordre du déchargement de deux navires. Pour les salariés de la SMART , le positionnement, sur le deuxième quai, de trois grues utilisées exclusivement par MCG était une manière de bloquer l’accostage de leur navire. Le retard occasionné par ce blocage avait pénalisé l’économie du territoire à l’approche des fêtes de fin d’année.
DEAL : l’ex-secrétaire générale condamnée
L’ancienne secrétaire générale de la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de Mayotte, Brigitte Renaudin, a été condamnée mercredi dernier à trois mois de prison avec sursis et 8 000 euros d’amende, dont la moitié avec sursis. Elle était poursuivie pour faux et usages de faux, harcèlement moral, ainsi que pour avoir touché des primes indues et fait construire une piscine sans autorisation. L’ancienne responsable été reconnue partiellement coupable de faux et usage de faux, pour avoir rédigé une attestation au nom de l’adjoint au directeur de la DEAL, afin de percevoir une seconde tranche d’indemnités d’éloignement. Elle avait également demandé des indemnités forfaitaires pour changement de résidence alors que son conjoint vivait déjà à Mayotte. Des indemnités reconnues frauduleuses à hauteur de 8 378.68 euros. Cette somme devra être restituée à l’agent judiciaire de l’État. L’ex-secrétaire générale a toutefois été relaxée des faits de harcèlement moral et de concussion qui lui étaient reprochés. La construction d’une piscine dans sa résidence n’a pas été retenue non plus, ces faits étant prévus par des textes qui, à l’époque de la construction, n’étaient pas encore entrés en vigueur.
Grave accident de scooter à Dzaoudzi
Une femme a été admise dans un état grave au CHM dans la nuit de lundi à mardi à la suite d’une violente collision avec une voiture en Petite-Terre, a-t-on appris hier auprès du colonel Philippe Leclercq, commandant de la gendarmerie de Mayotte. La femme qui roulait en scooter sur le boulevard des crabes, à Dzaoudzi, a été percutée « par un véhicule qui roulait en sens inverse. Après l’accident, le conducteur s’est rendu coupable de délit de fuite », a précisé le colonel. L’état de santé de la conductrice du scooter est » très préoccupant » et « son pronostic vital est engagé », a-t-il ajouté. Grâce aux témoignages des personnes présentes lors de l’accident, le fuyard a pu être rapidement appréhendé par les militaires de la brigade de Pamandzi et se trouvait en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie mardi matin. Par ailleurs, « les investigations sont toujours en cours » pour déterminer son degré de responsabilité et les circonstances exactes du drame. Il y a une dizaine de jours, un enfant de six ans a succombé à ses blessures après avoir été fauché par une voiture à Coconi. Après cet autre accident, le conducteur avait également pris la fuite et avait pu être retrouvé par les forces de l’ordre quelques heures après les faits. Depuis le début de 2018, cela porte à deux le nombre de personnes tuées sur les routes du 101ème département, contre trois l’an dernier.
Comité local d’aide aux victimes : les associations « indispensables »
Une vingtaine de professionnels étaient réunis mardi matin dans les locaux de la DIECCTE pour discuter avec le préfet Dominique Sorain des orientations du nouveau comité local d’aide aux victimes (CLA V), institué par arrêté préfectoral le 9 juillet à Mayotte. Cet organisme a vocation à « faciliter la vie des victimes », grâce à une meilleure coordination des divers services dédiés à leur prise en charge dans le 101ème département.
Une vingtaine de professionnels, élus locaux, représentants de la magistrature, des forces de l’ordre, du centre hospitalier (CHM ) et des associations de défense des victimes étaient réunis ce mardi dans les locaux de la DIECCTE , à Mamoudzou, pour faire le point sur les missions du tout nouveau Comité local d’aide aux victimes de Mayotte (CLAV ). Institué par arrêté préfectoral le 9 juillet (voir Flash Infos du mardi 10 juillet), cet organisme constitue la déclinaison départementale du dispositif du même nom créé au lendemain de l’attentat de Nice, en 2016, pour la prise en charge des victimes d’actes terroristes. À l’origine strictement réservé à ce type de faits, son champ d’application a rapidement été élargi à tous les cas de figure pouvant nécessiter une aide aux victimes, comme les accidents collectifs, les infractions pénales ou encore les catastrophes naturelles. « L’objectif de la réunion d’aujourd’hui était d’installer le dispositif à Mayotte », a fait savoir le préfet Dominique Sorain à l’issue des débats qu’il animait ce mardi. Il a à plusieurs reprises insisté sur le « rôle indispensable » joué par les associations, ces précieux « intermédiaires » dans l’accompagnement des victimes. « Faciliter la vie » de ces dernières, tant dans leurs démarches administratives qu’en leur permettant, par exemple, d’accéder plus facilement à un appui psychologique constitue toute la raison d’être du nouveau comité, a indiqué le préfet. À cet effet, « Nous allons mettre en place un numéro au niveau préfectoral pour que les personnes puissent bénéficier d’un interlocuteur unique », a-t-il annoncé, appelant également les victimes à « porter plainte systématiquement », autant pour faire valoir leurs droits que pour permettre aux autorités de retrouver les responsables. Si la mise en oeuvre d’un annuaire partagé des services dédiés à la prise en charge des victimes fait partie de ses missions, le CLAV ne se limite pas à cette seule feuille de route. À terme, son but est d’améliorer la coordination des services pour accroître l’efficacité de la prise en charge des victimes. Une prochaine réunion de suivi, regroupant les mêmes acteurs que ceux rassemblés ce mardi, devra d’ailleurs se tenir courant octobre.
Les victimes, toutes les victimes
Financé par le Fonds interministériel mis en place dans le cadre du plan d’action pour l’avenir de Mayotte, le CLAV semble répondre à une forte attente chez les représentants des associations de terrain. « Le CIVIREVOS (Collectif des Citoyens Vigilants et Révoltés de Mayotte) était particulièrement demandeur. Au cours de nos rencontres avec les familles de victimes, nous avons vu qu’il y avait un vrai besoin, mais il a fallu que les gens se mobilisent », a souligné Foumo Silahi, président de cette association citoyenne de lutte contre la délinquance et l’insécurité, très active durant les grèves de février et mars derniers. À propos de la mise en place du comité, il a estimé que « ce (n’était) qu’une étape. Ce qui change, c’est qu’il y a un suivi pour les victimes », se réjouissant par ailleurs de pouvoir faire bénéficier son association de ce cadre légal élargi. Et de citer l’ancienne secrétaire d’État à l’aide aux victimes, Juliette Méadel. À l’initiative du dispositif, celle-ci voyait le CLAV comme un moyen d’éviter « d’ajouter de la douleur à la douleur ». Avec l’ACFAV (France Victimes à Mayotte), une autre association, représentant une catégorie de victimes parfois un peu oubliée, était également présente ce mardi : l’ADUR (Association des Usagers de la Route). Trésorier de cette structure créée en 2008 à Mayotte, Ali Noussoura s’est félicité de son côté « qu’une victime d’accident de la route puisse être considérée et acceptée au même titre qu’une victime d’agression », estimant qu’en dehors des attaques de coupeurs de routes, « les institutions judiciaires et les victimes d’accident de la route elles-mêmes ont parfois du mal à se considérer comme telles ». Face à la honte et au sentiment de culpabilité qu’elles ressentent parfois, « elles ont avant tout besoin d’écoute et de moyens », a-t-il insisté.
Commissions d’offices : les avocats de Mayotte en grève
Dénonçant des entraves à la confidentialité des entretiens avec leurs clients et des pressions exercées sur un avocat par un fonctionnaire de police, les avocats du barreau de Mayotte ont décidé, à la suite d’une assemblée générale extraordinaire lundi, de suspendre toutes les missions pénales pour les commissions d’office.
Lundi, les avocats de Mayotte se sont réunis en assemblée générale extraordinaire et ont voté unanimement la suspension de toutes les missions pénales pour les commissions d’office. « Je trouve cette pratique un peu curieuse et radicale. Avant de suspendre les missions pénales, il fallait peut-être que le bâtonnier vienne directement m’en parler. Je ne suis pas certain que Mayotte ait besoin de nouvelles grèves. Je ne pense pas que le département grandisse grâce à ça ! », a réagi, mardi, le Procureur de la République, Camille Miansoni. Dans un courrier daté du vendredi 13 juillet, le bâtonnier, Ahmed Idriss Adoum, lui faisait part de critiques émanant des avocats du barreau de Mayotte. Plusieurs d’entre eux l’auraient en effet alerté d’une violation, commise dans les locaux-mêmes du commissariat de police de Mamoudzou, des règles de confidentialité régissant l’entretien de la personne gardée à vue. D’après les témoignages recueillis, plusieurs entretiens se seraient tenus dans les geôles du commissariat – et non dans une salle dédiée ou dans un bureau – et auraient été filmés à l’aide d’une caméra fixée au mur, renvoyant image et son au poste de garde. « Mes confrères ont été avertis qu’il n’existait plus de local dédié aux entretiens et que seule la salle de geôle était utilisable. Nous avons écrit au Procureur pour dénoncer ces dysfonctionnements. C’est une violation de la confidentialité. C’est absolument inadmissible, mensonger et faux (…) C’est contraire aux principes posés par l’article 66-5 de la loi (du 31 décembre 1971, portant sur la réforme de certaines professions judiciaires et juridiques ndlr) », s’est agacé le bâtonnier Ahmed Idriss Adoum. « Nous n’avons jamais rien demandé de tel, et nous n’avons jamais été informés » de la présence de cette caméra, a ajouté de son côté Me Yanis Souhaili, avocat au barreau de Mayotte.
Un dispositif de sécurité, selon le procureur
Le Procureur a bel et bien confirmé la présence d’une caméra dans la salle de geôle, assurant toutefois que celle-ci était installée « dans un but de sécurisation des avocats, pour s’assurer de la bonne tenue de l’échange entre l’avocat et son client ». « La caméra ne renvoie que l’image et non le son », a-t-il par ailleurs indiqué, contredisant les affirmations du barreau. « J’ai entendu les revendications des avocats et j’ai pris une décision « , a-t-il ajouté, précisant que la caméra en question avait été coupée dès lundi soir, dans un souci d’apaisement. À ces premiers griefs s’ajoute un autre courrier du bâtonnier, adressé au procureur de la République mercredi 11 juillet, dénonçant des pressions de la part d’un fonctionnaire de police sur un avocat au cours d’auditions de garde à vue, les 4 et 10 juillet derniers. Ces faits se seraient déroulés dans les locaux de la police de Pamandzi, en Petite-Terre. « Lors d’un entretien avec un client, mon confrère a fait l’objet de pressions de la part d’un policier dont le comportement a entravé le droit du prévenu d’être assisté d’un avocat « , a affirmé le bâtonnier avant d’ajouter que « mon confrère n’aurait pas été autorisé à présenter des observations orales à l’issue des auditions de son client « . Le prévenu aurait également été auditionné sans la présence de son avocat durant près d’une demi-heure, toujours selon le courrier d’Ahmed Idriss Adoum. « Les incidents de procédure se règlent en examen devant le tribunal, pas en faisant des suspensions. L’incident a été acté et le dossier est disponible au Parquet « , a réagi le Procureur. Dans un troisième courrier daté de lundi, le Barreau de Mayotte se dit disposé à suspendre son mouvement de grève, sous réserve que « soit mis un terme à toutes formes de pressions sur les avocats lorsqu’ils assistent des personnes placées en garde à vue, ainsi qu’en toute autre circonstance. Nous attendons donc (la) réponse (du procureur) avant de prendre une décision « , indique le courrier.
Les chiffres de la délinquance à la baisse
À l’occasion d’une conférence de presse donnée en présence du préfet Dominique Sorain et du procureur Camille Miansoni, les chiffres de la délinquance au 1er semestre 2018 ont été dévoilés. Si la tendance est à la baisse, les autorités l’assurent : « La délinquance est encore trop importante dans le département ».
Les chiffres baissent, mais pas la préoccupation des autorités. Lors d’une conférence de presse en Petite-Terre en présence du gotha sécuritaire du département, les principaux indicateurs de l’insécurité à Mayotte ont été dévoilés. Malgré une baisse générale par rapport aux chiffres du 1er semestre 2017, le préfet Dominique Sorain est formel : « La délinquance est encore trop importante dans le département. Il serait déplacé vis-à-vis des victimes de violences que de se satisfaire de la situation. Le phénomène demeure, à juste titre, préoccupant pour les Mahorais, et nous continuons de mobiliser les moyens nécessaires pour le combattre ». Car si la délinquance baisse en termes d’indicateurs depuis 2016, son niveau est aujourd’hui semblable à celui de 2014. Une période où le phénomène était en hausse depuis le début des années 2010.
Selon les chiffres avancés par la Préfecture, la délinquance générale sur le 1er semestre 2018 est en baisse de -11,7 %. Soit 4128 faits constatés en 2018 contre 4677 sur la même période en 2017. Une baisse plus marquée en zone police (-392 faits), qui s’observe également en zone gendarmerie (-157). Le phénomène se constate autant sur les atteintes volontaires à l’intégrité physique (-8.6%), que sur les violences intrafamiliales (-15,8%), ainsi que sur les atteintes aux biens (-11.9%) et les cambriolages (-20.4%). Après une forte hausse en 2017, le nombre de personnes placées en garde à vue est aussi en diminution (-14.06%).
Des chiffres polémiques
Pour les autorités, ce phénomène s’explique notamment par le renforcement des effectifs et la mise en place de plusieurs dispositifs pour lutter contre l’insécurité. « Ces résultats peuvent trouver une explication dans la mise en place du plan de sécurisation des établissements et des transports scolaires et une mobilisation citoyenne renforcée », justifie-t-on du côté de la Préfecture. Également en cause : « la mise en place des collectifs de citoyens », martèle Dominique Sorain. Un travail de sensibilisation « qui ne remplace pas les missions des forces de l’ordre », précise-t-il néanmoins.
Conscientes du décalage entre ces chiffres et l’angoisse des Mahorais vis-à-vis de la criminalité, les autorités affichent une satisfaction empreinte de retenue. Pour autant, pas question de remettre en cause le bilan de ces indicateurs ou leur fiabilité. « Ces chiffres sont basés sur des faits constatés et vérifiés », insiste Dominique Sorain. « Il ne s’agit pas seulement du nombre de plaintes déposées mais aussi des appels téléphoniques passés auprès des forces de l’ordre », poursuit le commissaire Philippe Jos.
Ces justifications anticipent une critique récurrente quant aux chiffres de la délinquance. La baisse de cette dernière s’expliquant souvent, aux yeux de l’opinion publique, par une diminution des plaintes déposées. Les victimes préférant s’économiser un après-midi au commissariat, voire pire, se faisant justice eux-mêmes. « D’une part, je répète que les plaintes déposées ne sont pas les seuls indicateurs permettant d’élaborer ces chiffres. Aussi, nous n’avons pas d’intérêt à manipuler ces données, au contraire. Nous insistons et mettons en place tous les dispositifs nécessaires pour permettre aux victimes de porter plainte de façon systématique « , plaide le préfet. Un leitmotiv partagé par le procureur de la République : « Il faut porter plainte. Cela nous permet souvent de recouper des informations et de lier des affaires criminelles entre elles ». Pour autant, Dominique Sorain reconnaît « un changement dans les habitudes des Mahorais », susceptible de concourir à la baisse de la délinquance. « Dans la diminution des cambriolages par exemple, le phénomène peut malheureusement s’expliquer en raison de certaines familles qui vivent désormais cloîtrées chez elles derrière des barbelés et des barreaux. Mais ce n’est pas le seul paramètre à prendre en compte ».
Quid de l’immigration clandestine ?
Face à l’interdiction des reconduites à la frontière décrétée par le gouvernement comorien, la lutte contre l’immigration clandestine affronte aujourd’hui une problématique inédite. Ce qui n’empêche pas les dispositifs en place de continuer à fonctionner dans la mesure du possible. « Les forces de l’ordre ont délivré 5449 OQTF soit une baisse de -29,42 % par rapport au 1er semestre 2017 », avancent les autorités. « 97 kwassas ont été interceptés par les forces de l’ordre et la marine nationale contre 202 au 1 er semestre 2017. Enfin, 48 passeurs ont été interpellés et ont fait l’objet de poursuites judiciaires », poursuivent-elles.
Pour autant, difficile de comprendre l’utilité des placements en rétention dans la mesure où les procédures d’éloignement ne peuvent pas aboutir. Dans un communiqué du 6 juin, le syndicat de la magistrature interpellait les autorités sur ce point. « Depuis le début de la grève, en février 2018, le juge des libertés et de la détention du Tribunal de grande instance de Mamoudzou a été saisi à plus de sept cents reprises par la préfecture pour prolonger la rétention de personnes étrangères (…) Il est vain, en l’état actuel des relations avec les Comores, de continuer la politique d’interpellation des personnes étrangères en situation irrégulière puisque celles-ci seront immanquablement libérées ». Pour Dominique Sorain, la crise diplomatique avec les Comores ne peut pas, pour autant, empêcher le travail des forces de l’ordre dans la lutte contre l’immigration clandestine. « Une fois cette crise terminée, les individus soumis à une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) seront facilement identifiables et reconduits aux Comores. Il est impensable d’imaginer une interdiction définitive des éloignements des étrangers en situation irrégulière ». Pour autant, aucun signe d’apaisement n’est montré en ce sens du côté des Comores, où cette politique rencontre un franc succès populaire. Une source d’inquiétude pour les autorités mahoraises, notamment de par la volonté du président Azali d’inscrire cette politique dans la future Constitution comorienne, qui sera soumise à un référendum à la fin du mois.
De nouveaux dispositifs à venir
Prochainement, le groupe d’enquête sur la lutte contre l’immigration clandestine (GELIC) devrait entrer en fonctionnement. Une unité interservices, qui travaillera avec la DIECCTE sur le travail illégal, la DEAL pour les questions d’habitat, la caisse de sécurité sociale de Mayotte pour les fraudes sociales (CSSM) et la PAF (Police aux Frontières). Également au programme : le renforcement des effectifs. « Depuis le début de l’année, 58 policiers et 20 gendarmes supplémentaires sont en cours de déploiement sur le département, auquels s’ajoutent le maintien d’un escadron de gendarmes mobiles supplémentaire, et la création ou le renforcement des réserves et des services civiques », indiquent les autorités. De nouveaux dispositifs devraient également voir le jour avec la mise en service de la compagnie départementale d’intervention (CDI), de la brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ), de la brigade canine de la police nationale, et la mise en place de la Zone Sécuritaire Prioritaire (ZSP). Au total plus de 1000 policiers nationaux ou gendarmes devraient être présents de façon permanente sur l’île.
Politique Plan pour Mayotte : les mesures déjà en place
Le 15 mai dernier, la ministre des Outre-Mer Annick Girardin a pris toute une série d’engagements pour le 101ème département, rassemblés sous l’intitulé de « Plan d’action pour Mayotte ». Mercredi, le préfet a réuni les élus pour un premier « Comité stratégique de pilotage et de suivi » dudit plan. Une rencontre avec l’intersyndicale et les différents collectifs est également prévue, a-t-il confié, avant la fin du mois.
Les élus de Mayotte ont répondu présent. Ce mercredi, dans les locaux du vice-rectorat, ils étaient venus nombreux à l’invitation du préfet afin de passer en revue les 53 engagements du « Plan d’action pour l’avenir de Mayotte », dévoilé le 15 mai dernier par le gouvernement et complété par les préconisations des assises des Outre-Mer présentées au président de la République quelques semaines plus tard. Santé, logement, assainissement, sécurité, immigration clandestine, etc. aucune thématique importante propre à Mayotte n’a, assure-t-on, été oubliée. Élus nationaux, représentants du Conseil départemental, présidents d’intercommunalités, associations des maires et présidents de chambres consulaires présents ce mercredi seront appelés à se réunir ainsi régulièrement afin de « dresser l’état des lieux du Plan, d’en coordonner et d’en accélérer la conduite, et d’identifier les leviers d’action conjoints pouvant être mobilisés à courte échéance. » À peine sorti de la salle de réunion, le préfet Dominique Sorain a insisté sur la nécessaire « transparence » de cette démarche, ajoutant qu’un site internet, accessible à tous, devrait voir le jour sous peu pour permettre à la population de suivre les débats. » Ce projet, l’État ne le portera pas seul », a-t-il assuré, insistant sur l’implication des élus locaux et des syndicats et collectifs, qu’il rencontrera d’ici la fin du mois. « Je verrai tout le monde » a-t-il encore garanti.
Au total, le comité a abordé ce mercredi neuf points de développement stratégique, soit « en cours » de réalisation, soit déjà « en place » : sécurité, santé, solidarité nationale, école et formation, formation professionnelle, habitat, infrastructures, activité économique, ainsi que « certaines mesures spécifiques qui feront l’objet d’un suivi au plan national ». Tour d’horizon des mesures d’ores et déjà mises en place :
Des forces de sécurité renforcées
Concernant la lutte contre la délinquance et la « réponse au défi sécuritaire », certaines choses ont d’ores et déjà été mises en place. Ainsi du renforcement des effectifs, qui passeront au 15 septembre prochain à 1 050 policiers et gendarmes présents sur tout le territoire. À cette date, « seront arrivés depuis le début de l’année 58 policiers et 20 gendarmes supplémentaires », détaille le document récapitulatif du comité. Un troisième escadron de gendarmerie mobile sera maintenu et une réserve civile de la police nationale créée. La sécurisation des transports et des établissements scolaires se poursuit à travers des effectifs dédiés dans les bus scolaires, de nouveaux agents au sein des équipes mobiles de sécurité (EMS) et des médiateurs supplémentaires. Dans ce même ordre d’idée, de nouvelles structures ont vu le jour : en zone gendarmerie, un point d’accueil à Koungou après celui de Dembéni, afin d’aboutir à la création de brigades dans ces communes. En zone police, une compagnie départementale d’intervention et de renforcement de la brigade canine a été mise en place, ainsi qu’un comité départemental de prévention de la délinquance ou encore une Zone de Sécurité Prioritaire (ZSP) mixte. Le déploiement de la Police de sécurité du quotidien (PSQ) a été programmé ainsi que le doublement du budget du FIPD (fonds interministériel de prévention de la délinquance). Enfin, les mesures de lutte contre l’habitat illégal, pouvant aller jusqu’à la démolition, sont renforcées en lien avec les communes, indique le document.
Un état-major contre l’immigration clandestine
Dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine, le comité a rappelé la mise en place d’un état-major et d’un groupe d’enquête interservices dédiés. Il a fait état d’une politique orientée sur les réseaux pour « désorganiser les filières et maintenir la pression sur les passeurs », et a annoncé le renforcement des moyens d’interceptions en mer, avec la livraison de deux embarcations semi-rigides, prévue pour septembre. Le traitement du signal radar a également été amélioré, indique le document.
La solidarité nationale renforcée
Le 21 avril 2017, une convention a été signée entre l’État et le Conseil départemental pour la mise en œuvre d’un schéma départemental de l’enfance et de la famille. Entre l’État et le Conseil départemental, « des comités de pilotage (…) se tiennent régulièrement », a assuré le comité stratégique. En outre, cinq postes venant en renfort ont été actés en ingénierie sociale (RSA, handicap, enfance et famille), en ingénierie projet (contrôle et suivi des financements) et en ingénierie sportive (infrastructures, développement et accession au haut-niveau).
Éducation : plus de 300 postes supplémentaires
Ce premier comité stratégique a été marqué par l’arrivée du nouveau recteur de l’académie de Mayotte, Stéphan Martens, qui vient tout juste de succéder à Nathalie Costantini. C’est lui qui aura la charge, d’ici un an à 18 mois, de réorganiser le vice-rectorat pour en faire un rectorat de plein exercice. Pour l’heure, sont déjà en place des mesures visant à améliorer le niveau d’encadrement pédagogique. Pour ce faire, 335 postes supplémentaires sont prévus pour la prochaine rentrée ainsi que l’incitation à la tenue « d’enseignements à plusieurs maîtres dans une même classe », a rappelé le comité. Dans le même ordre d’idée, les établissements de plus de 1 400 élèves se voient dotés d’un deuxième poste de direction et le financement de « l’adaptation » de l’enseignement dispensé à Mayotte par le biais de la langue, d’actions de lutte contre le décrochage scolaire, ou encore d’utilisation du numérique est assuré, selon le comité.
Un effort sur le logement social
Concernant l’habitat, la production de logements sociaux a été l’un des points de développement prioritaires. Ainsi, « les crédits de la politique du logement ont été augmentés de 50%, portant le total des engagements à 30 millions d’euros pour l’année 2018 », a indiqué le comité. De plus, pour cette année, une programmation de 414 logements locatifs sociaux sont à l’instruction (avec la Société Immobilière de Mayotte – SIM). Parmi les autres mesures, le comité a cité les appels à projets, les aménagements du foncier et des opérations de résorption de l’habitat insalubre (RHI), « révélant des demandes de financements respectivement à hauteur de 4 millions d’euros et de 6,3 millions d’euros ».
Entreprises : des démarches facilitées
Les priorités pour développer l’activité économique à Mayotte se sont concentrées sur deux points : l’amélioration de la trésorerie des entreprises, condition de leur survie, et la facilitation de leurs démarches administratives. Ainsi, si des mesures de soutien à l’emploi et autres dispositifs de soutien de l’économie sont bien entendu à l’étude, la prolongation de deux mois du délai d’apurement des dettes fiscales et sociales est quant à elle d’ores et déjà en vigueur, afin de permettre aux entreprises et plus particulièrement aux start-up, de pérenniser leur activité. De même, la mise en place de prêts d’honneur à taux zéro pour les entreprises. Côté administratif, par exemple, les retards dus au blocage de l’activité économique (notamment pendant les diverses périodes de crise qu’a traversé Mayotte cette année) sont pris en compte.
Recyclage | À l’assaut des carcasses de Petite-Terre
En partenariat avec l’entreprise Enzo Recyclage, la Communauté de Communes de Petite-Terre lance l’opération « Bassi ulatsa ma gari ya ola » (« Arrêtons de jeter les voitures pourries »). L’objectif : éradiquer les carcasses de voitures dans la commune. Une action doublée d’une campagne de communication pour endiguer ce phénomène sur le long terme.
« La carcasse est rangée dans mon jardin. Je l’ai mise à l’écart des gosses qui jouaient dessus ». Dans le village de Labattoir, en Petite-Terre, un homme pointe du doigt une Renault Mégane qui n’est pas près de rouler à nouveau. Derrière lui : Soufou François, employé de l’entreprise Enzo Recyclage. Avec son collègue, il ceinture le toit du véhicule au moyen d’une chaine, non sans avoir au préalable brisé les vitres d’un coup sec. « On rigole pas ici », lâche-t-il sur le ton de la plaisanterie, des éclats de verre encore coincés dans ses vêtements. Quelques coups de levier plus tard, la Mégane s’envole sur la remorque d’Enzo Recyclage. Direction le garage d’un particulier, où le véhicule sera stocké avec d’autres carcasses, le temps qu’un 26 tonnes les transporte au siège d’Enzo Recyclage à Kawéni. Au final, ces carcasses seront compactées et envoyées en métropole, où elles pourront bénéficier d’une nouvelle vie.
« Arrêtons de jeter les voitures pourries »
« Cette opération elle fait partie d’un plan global consacré à la gestion des déchets de Petite-Terre, qui définit les grandes orientations jusqu’à 2020 », introduit Anissa Aboudou, directrice de l’Environnement et de la Biodiversité au sein de la Communauté de Communes de Petite-Terre. « Dans le cadre de notre objectif de réduction des déchets de 10%, nous avons lancé l’opération « Bassi ulatsa ma gari ya ola » pour endiguer un phénomène qui dure depuis trop longtemps dans la commune », poursuit-elle. Montant total de l’opération : 35 000 euros. Un prix qui comprend une campagne de communication de 2500 euros, ainsi qu’un tarif moyen de 100 euros par carcasse de voiture, variable selon leur taille. Au terme de ce mois de juillet, une centaines de carcasses de voitures devraient ainsi être rayées de la carte, à raison de six en moyenne par jour.
Malgré le succès de l’opération, celle-ci se heurte à des effets pervers. »Nous avons reçu plusieurs appels de particuliers souhaitant se débarrasser des carcasses qu’ils entreposaient chez eux. J’ai du rappeler qu’il ne s’agissait pas d’une opération vide-grenier mais du désenclavement de la voie publique », déplore Anissa Aboudou. Grâce à la campagne de communication, les autorités espèrent désormais que les particuliers ne céderont plus aux mauvaises habitudes. « Pour se débarrasser d’un véhicule, il faut contacter Enzo Recyclage au 02 69 63 78 68. L’entreprise se déplace gratuitement en Grande-Terre, mais il faut débourser 100 euros pour qu’elle le fasse en Petite-Terre ». Une somme non-négligeable, mais qui reste pourtant faible face à celle de l’amende prévue pour les particuliers abandonnant leur véhicule sur la voie publique. Pour rappel, la peine encourue pour ces faits est de 2 ans de prison et 65 000 euros d’amende minimum. À noter que si la priorité actuelle des autorités est de débarrasser la voie publique des carcasses de voitures identifiées au préalable, les moyens seront aussi renforcés à l’avenir pour s’attaquer aux futures voitures abandonnées.
Nuit de fête et d’émeutes à Mamoudzou
Après une soirée festive place de la République à l’occasion du Fescuma (festival culturel de Mamoudzou), des émeutes ont éclaté dans les rues du centre ville, générant plusieurs dégâts matériels et une interpellation. Un phénomène regrettable au vu du succès rencontré par le véritable événement de la soirée : la venue du rappeur Naza dans l’île aux parfums.
La fête n’aurait pu être plus intense. Sur la place de la République, plus d’un millier de festivaliers se sont réunis samedi soir dans une ambiance électrique. Si dans la foule les visages sont majoritairement juvéniles, beaucoup sont venus en famille pour profiter d’une programmation des plus appréciables. Dès 21h, M’toro Chamou enflamme la scène du Fescuma devant un public déjà tout acquis à son répertoire. Après les prestations de Rekman Seller et de Goulam, c’est au tour de la tête d’affiche de faire son entrée. Le célèbre » rappeur au cartable » Naza, et son single « MMM » aux 47 millions de vues.
« Mouiller le Maillot et Mailler »
Dans un tonnerre de cris et d’applaudissement, l’artiste enchaîne les classiques face à une foule déchaînée. » Moi Je vérifie », « La danse du matin », « Mignon garçon »… Autant de classiques qui cumulent plusieurs millions de vues sur Youtube. Entre les spectateurs focalisés sur le rythme, les forces de l’ordre circulent en uniforme comme en civil. Si aucun débordement majeur n’est pour l’heure constaté, policiers et agents de sécurité veillent au grain. Un dispositif de sécurité impressionnant quadrille la place pour s’étendre aux rues alentours. La présence massive des forces de l’ordre, équipées d’armes anti-émeute, se veut surtout dissuasive.
Mais pour l’heure, l’ambiance est plus dansante que violente. À tel point que même l’adjoint au maire, Sidi Nadjayedine, se prête au jeu. « On va faire un dernier refrain pour montrer à l’adjoint de quoi vous êtes capables. Faites un maximum de bruit, c’est grâce à lui si on est là », lance Naza à la foule. Le temps de quelques mesures où les spectateurs comme l’officiel dansent à l’envi, l’heure est maintenant aux adieux. « Mamoudzou, vous êtes beaucoup trop chauds », remercie l’artiste. Une prestation dont beaucoup déplorent la brièveté. Cela s’expliquant notamment en raison du modeste répertoire de Naza, ses principaux tubes étant bien souvent le fruit de featurings* réalisés avec d’autres artistes, absents ce samedi soir.
Ambiance lacrymo
Dès la fin du show, les spectateurs s’empressent de quitter la place de la République dans un mouvement de foule massif. D’emblée, de vastes groupes de jeunes se forment avant de courir en direction de la place de la Mairie. Ce qui provoque la crainte de nombreux individus apeurés par la scène. Résultat : tout le monde court, bien souvent par mimétisme. Une confusion générale qui ajoute une tension inutile à cette atmosphère déjà bien agitée.
Quelques minutes après la fin du concert, l’air est ainsi déjà chargé en gaz lacrymogène sur la place de la mairie. En cause : « Des groupes de jeunes, notamment de M’gombani et de Cavani ont profité des mouvements de foule pour s’affronter. Nous avons donc utilisé des grenades lacrymogènes afin de les disperser. De nombreux spectateurs rentrant à pied, il était important de dégager la chaussée pour éviter qu’ils ne se retrouvent pris entre bandes rivales », rembobine le capitaine Stéphane Cosseron, de la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP). Dans la rue du commerce, principal théâtre des violences de la soirée, quelques vitres de voitures portent encore les stigmates de l’événement. « Il s’agit principalement de dommages collatéraux causés par des tirs de pierres. Les jeunes s’abritant bien souvent derrière des voitures pour ne pas être atteints », explique le capitaine. Au total près d’une dizaine de plaintes liées à des dégradations ont été déposées, et une quarantaine de grenades lacrymogènes tirées. « Les jeunes se sont surtout attaqués entre eux. Ces violences ne visaient pas spécifiquement les forces de l’ordre ou les passants », insiste Stéphane Cosseron. À noter qu’une vitre d’un véhicule de police a été détruite durant la soirée.
Ne pas gâcher la fête
Pour les organisateurs, les forces de l’ordre, comme les spectateurs, pas question de gâcher l’esprit jovial de la soirée en raison de quelques débordements. » Vu le nombre de personnes présentes et le fait que la plupart rentraient à pied, il n’est pas surprenant d’avoir à faire des éléments incontrôlables. Mais dans les faits, il n’y a eu ni blessés ni de vols massifs », nuance le capitaine Cosseron. Au terme de la soirée, seul un seul individu sera interpellé. Bien que ces violences soient regrettables, la joie du public face à un événement aussi fédérateur reste ainsi le souvenir le plus solide dans la mémoire des festivaliers.
*Le terme featuring désigne le fait, pour un artiste, de figurer en invité sur l’album ou au concert d’un autre.
Trois enfants de Mtsangamouji morts noyés
Mayotte est en deuil. Trois enfants originaires de Mtsangamouji, dans le nord-ouest de l’île, sont morts noyés dimanche en Saône-et-Loire. Issus de la même fratrie, les trois enfants – une petite fille de neuf ans et deux garçons de dix et treize ans – cherchaient à se rafraîchir dans le lac des Prés-Saint-Jean, à Chalon-sur-Saône où ils résidaient. En début de soirée, les enfants seraient allés se tremper les jambes dans l’eau du lac. Selon l’antenne locale de France 3, la baignade était interdite dans la zone, en raison d’un à-pic situé à quelques mètres du rivage. Ne sachant pas nager, les deux plus petits auraient glissé et se seraient trouvés dans l’impossibilité de regagner le bord. Se portant à leur secours, l’aîné se serait également trouvé en difficulté. Des plongeurs du SDIS 71 ont été mobilisés pour les retrouver ainsi que le Samu, et près d’une quarantaine de sapeurs pompiers, précise France 3. Les trois corps sans vie ont été retrouvés une heure après le drame et leur décès a été confirmé vers 22 heures. « Ces enfants sont originaires de M’tsangamouji et sont issus de la grande famille mahoraise Attibou », a confirmé à Flash Infos Foumo Silahi, président du collectif de citoyens Civirevos Mayotte et cousin éloigné des trois jeunes victimes. « Je pense et j’espère que les corps vont pouvoir être rapatriés à Mayotte », a-t-il également confié.
Moringué : Mise aux poings !
Symbole d’une tradition aujourd’hui subversive, les moringués séduisent la jeunesse mahoraise qui se réapproprie cette pratique vieille de plusieurs siècles. Interdite à Mamoudzou durant le mois de Ramadan en raison de plusieurs débordements, cette expérience fédératrice demeure aussi violente que bon enfant. Immersion dans l’une de ces « bastons conviviales » à M’tsapéré, où le rythme des coups s’accorde avec celui des percussions.
« Tu vas voir ce que je vais lui mettre ! ». Regard vif, poings fermés, épaules hautes, un jeune homme s’apprête à rentrer dans le cercle des combattants. En ce weekend de mois sacré, la place de la mosquée de M’tsapéré prend des allures de ring de boxe. L’ambiance est électrique et le jeune homme tendu. S’il sort vaincu, tout le quartier en sera témoin. Mais pas de quoi l’impressionner : « Prends mes affaires », ordonne-t-il à son ami avant de s’élancer face à son outsider.
Premier round : premier direct du droit dans le visage de son adversaire. La foule se lève, crie et encourage les combattants. Certains tentent de s’approcher des lutteurs. Ils seront les premiers à essuyer les coups de shengwes d’un service d’ordre aussi informel que performant. Quelques uppercuts plus tard, le combat se termine sous les hourras de l’assemblée. Alors qu’un autre combattant attend son tour, beaucoup font mine de l’affronter en traversant le ring d’un air menaçant. Dans une démarche de cowboy à la fois hostile et séductrice, chacun y va de son petit moment de frime. Jusqu’à 2h du matin ce curieux ballet va mobiliser tout le quartier, au grand dam des autorités ayant interdit le rassemblement.
Malgré la violence des affrontements, les participants se prennent dans les bras une fois les hostilités terminées. En l’absence de vainqueur désigné, chacun repart avec le sentiment d’avoir remporté une petite victoire. « Ca faisait longtemps que je n’avais pas combattu, franchement ça fait du bien », glisse le jeune garçon en remettant son tee shirt. Plus qu’une simple baston, il s’agit là de perpétuer une tradition solidement ancrée la culture mahoraise : celle des moringués. Autrefois pratiqués pour résoudre les conflits de voisinage, ou pour prouver sa force face au public, ces combats sont aujourd’hui combattus par les autorités. Une motivation qui n’en demeure pas moins difficile à appliquer face à l’enracinement de cette tradition dans l’île aux parfums.
Un arrêté qui n’arrête pas les combats
Les ingrédients d’un bon moringué sont les suivants : de la musique, de la lumière, des combattants, deux arbitres, un staff pour la sécurité et une foule délimitant un cercle. Pour commencer cette recette épicée, c’est la jeunesse met la main à la pâte. 22h : une horde d’enfants remplace les bakokos en djellaba sur la place de la mosquée. Leur mission : trouver des percussions pour rameuter la foule.
Rapidement, jeunes filles et garçons s’unissent dans cet objectif commun. Si le spectacle de ces wanas lancés à toute allure prête à sourire, leur détermination force le respect. Armés de bouts de bois prélevés sur les branches alentours, leurs petites mains s’acharnent sur une carcasse métallique. Pour ce soir, celle-ci fera office de caisse claire. Reste à trouver la grosse caisse dont les basses raisonneront dans tout M’tsapéré. Une difficulté rapidement surmontée par jeune garçon à la motivation incontestable. « Poussez-vous ! », hurle-t-il en tirant une poubelle du double de sa taille.
L’orchestre bien rôdé, il est maintenant temps d’ajouter un autre ingrédient incontournable : la lumière. Problème : à peine la symphonie des poubelles entamée que le spot éclairant la place s’éteint soudainement. « Ils veulent empêcher le moringué à cause des débordements de ces derniers jours », accuse-t-on dans l’assemblée. Une référence aux débordements du 23 mai à Passamaïnty, où un policier avait perdu un œil suite à un jet de pierre. Le lendemain un arrêté signé par le maire de Mamoudzou stipulait l’interdiction des combats dans les communes du chef-lieu. Le début de plusieurs affrontements entre « mouringueurs » et forces de l’ordre, assistées par les collectifs de citoyens locaux. Bilan : un membre des collectifs de citoyen dans le coma, et plusieurs décasages en représailles. Mais pour ce soir, pas de débordements à l’horizon. Juste un évènement convivial qui tarde à démarrer.
« On croise de tout ici »
Alors que les enfants s’affrontent timidement sous le tintamarre des percussions, c’est au tour des adolescents de prendre le relais en termes d’organisation. Leur objectif : atteindre l’interrupteur du spot dans un petit local situé sur la place de la mosquée. Celui-ci étant fermé à clé, tout le quartier se relaie avec un manche en plastique pour attendre le fameux sésame par la fenêtre. Ici encore, la détermination de chacun est inébranlable. Alors qu’un jeune tente tant bien que mal d’enclencher l’interrupteur, deux autres l’éclairent avec la lumière de leur portable. Pour autant, la tâche se révèle plus difficile que prévu.
Après plus d’une heure de vaines tentatives, nombreux sont ceux qui commencent à s’impatienter. Mais alors que tout semble perdu, et que certains commencent à déguerpir, la place s’illumine d’un coup, sans prévenir. Hurlement général, les moringués peuvent officiellement commencer. En moins de 10 minutes, la place de la mosquée se remplit. Femmes et hommes forment spontanément un cercle pendant que les percussions redoublent d’intensité. Malgré leur honorable contribution, les enfants sont forcés de lâcher leurs instruments de fortune au profit de « musiciens » plus âgés. Pas vraiment rancunière, la jeunesse s’installe parmi les spectateurs dont la mixité saute aux yeux.
« On croise de tout ici », explique un habitant du quartier. « Vous pouvez rencontrer toutes les classes sociales, tous les âges et tous les sexes lors d’un moringué. J’ai vu des métropolitains, des Africains et même des Asiatiques y participer », poursuit-il. Un constat confirmé par la présence de nombreux métropolitains venus assister au spectacle. « Je suis à Mayotte depuis deux ans, mais c’est la première fois que j’assiste à un moringué. J’en entendais souvent parler, mais je n’avais jamais eu la motivation de m’y rendre, car cela se produit généralement tard dans la nuit. Ce soir, nous nous sommes enfin motivés avec des amis », se réjouit Cécile, une psychologue originaire d’Angers.
Pour encadrer les combats, deux arbitres informels prennent place au centre du ring improvisé. Leur mission ? « Retenir les combattants lorsque les esprits s’échauffent, ou que des coups non réglementaires sont donnés », explique un spectateur. Car en dépit de son aspect libertaire, les moringués répondent à plusieurs règles. Qu’il s’agisse d’un combat traditionnel organisé par des adultes en brousse, ou d’un rassemblement de jeunes moins encadrés, impossible de pratiquer des prises d’étranglement, voire d’assener des coups de pied. Autre souci organisationnel : veiller à ce que les spectateurs restent à leur place sans perturber le combat. Sur ce point, l’arme de dissuasion massive incarnée par les shengwes porte rapidement ses fruits.
« Pour moi c’est un jeu »
À observer le tableau de ces jeunes assoiffés d’uppercuts, un paradoxe saute aux yeux : malgré la violence du spectacle, l’ambiance est clairement bon enfant. Les spectateurs viennent parfois en famille et les moringués deviennent l’occasion de croiser le voisinage. « C’est l’attraction du ramadan », explique un amateur de cette discipline qui se poursuit néanmoins tout au long de l’année. Un esprit convivial confirmé par l’un des lutteurs du soir : « Pour moi c’est un jeu. Il n’y a pas de haine ni de colère dans les combats », martèle-t-il.
Au-delà de son esprit chaleureux, les moringués sont aussi l’occasion de bousculer les clichés. Loin de l’image fragile, vulnérable ou délicate associée à la gent féminine, celle-ci ne manque pas de rappeler son caractère combatif lors des affrontements. En témoigne l’intérêt porté par les spectateurs pour les batailles féminines. « Il s’agit des affrontements les plus violents ! », prévient Ben, un habitué de ce genre d’évènements. Un constat rapidement certifié quelques minutes plus tard par l’entrée de deux jeunes femmes dans le ring improvisé.
Salouva colorée pour l’une, jean et sweat à capuche pour l’autre, les combattantes se font face. Malgré leur complicité manifeste, la tension est palpable. Sans se quitter du regard, chacune sert son voile sur la tête. « C’est une veille technique pour empêcher qu’elles ne se tirent par les cheveux », glisse Ben. Dès le top départ lancé, une combattante se jette sur son adversaire qui se retrouve propulsée dans la foule. Celle-ci est en ébullition. Malgré l’intervention des arbitres et du service d’ordre, difficile de séparer les demoiselles. Pour autant, le combat se termine comme à l’habitué par un câlin réconciliateur, suivi d’autres combats plus intenses les uns que les autres. À l’image de ces deux jeunes femmes qui rentrent dans le cercle sous les vifs encouragements de leur groupe. Selon toute vraisemblance, elles sont les vedettes féminines de leur quartier. Si le respect est toujours là, chacune semble avoir tout de même un grief à régler avec l’autre. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas, redoublant d’excitation à l’orée du combat. Plusieurs groupes de garçons traversent le ring du soir en dansant et chantant. Cette partie de la soirée met le public en état de déchaînement. Tout aussi bref et intense que ceux des hommes, les combats entre femmes font l’unanimité. Et entre chaque round, de nouveaux passages de garçons dansant et chantant. Les deux demoiselles enchaînent les coups et les rounds avant de se toper brièvement dans la main. Il y a une déçue et une heureuse. Cette dernière, vêtue d’une jupe rouge comme lors d’une séance de shopping un samedi après-midi, va s’asseoir sur un banc à l’extérieur du cercle. Elle est rapidement rejointe par ses amis, hommes et femmes, qui la félicitent vivement. « Je l’ai eu », se confirme-t-elle à soi même et à son entourage. Dans le regard souriant, la satisfaction de s’être affirmée publiquement. Elle a gagné le respect.
À quelques mètres de là, ce sont désormais les hommes adultes qui prennent le relais. L’apogée de la soirée. Les coups y sont plus secs. Plus calculés et coordonnés aussi. Certains pratiquent vraisemblablement un sport de combat régulièrement, en plus du moringué. Quatre combats, puis cinq, pour autant de combattants. « Ceux-là savent bien se battre », confirme un spectateur. Le moringué va crescendo dans sa qualité athlétique, débutant en folklore traditionnel pour s’achever en discipline à part entière, ou tout au moins en une pratique qui s’en rapproche. Une coutume complète en somme. Une histoire mahoraise.
Il est deux heures du matin, les combats cessent. La place se vide rapidement. Les spectateurs et leur agitation laissent place au calme retrouvé. Seul le réverbère resté allumé témoigne du spectacle désormais achevé. Il éclairera pour le reste de la nuit les gradins improvisés devenus vides et la poussière remuée par les quelque 200 badauds qui s’étaient déplacés. Dans la nuit, les pots d’échappement des derniers scooters s’éloignent au loin dans la rue principale de Mtsapéré. Le moringué est terminé.
Prélèvement à la source : le 1er janvier, la donne change
Le 1er janvier prochain, le prélèvement à la source débarque dans la vie fiscale des Français. Mayotte n’échappe pas à la règle. Désormais, l’impôt sur le revenu sera retenu directement sur les salaires.
« Prélèvement à la source » : un terme technique qui interroge. Il a pourtant vocation à faciliter les choses. « Il s’agit d’une réforme des modalités du recouvrement de l’impôt qui se mettra en place à partir du 1er janvier 2019 », commente Robert Virgal, du pôle Gestion fiscale à la Direction générale des Finances publiques (DGFIP) de Mayotte, également correspondant pour le prélèvement à la source. Il poursuit : « Il consiste à prélever directement sur la feuille de paye des salariés l’impôt correspondant. Cela vise à rendre contemporaine la perception de l’impôt sur le revenu. »
Comment ? En retenant directement ledit impôt mensuellement sur les salaires. Le taux d’imposition sera calculé sur la base de la déclaration de cette année : « Ce taux sera communiqué à l’employeur de façon à ce que le prélèvement soit assuré sur le bulletin de paye du salarié. » Quant aux non-salariés – professions libérales ou indépendantes, par exemple –, ce sont des « acomptes contemporains » qui seront calculés : « [Ils] correspondent à l’équivalent d’impôt calculé en fonction des bénéfices réalisés à partir de la déclaration de cette année. La personne aura un peu plus de maîtrise sur les acomptes à prélever, puisqu’elle pourra en moduler le montant à la baisse ou à la hausse. »
Une possibilité valable également pour d’autres types de revenus : « C’est aussi valable pour les personnes ayant des revenus particuliers. On peut, par exemple, avoir un immeuble, mais ne plus en percevoir de revenus. Dans ce cas on peut décider d’arrêter les acomptes contemporains. »
Une réforme qui concerne tous les revenus…
Car la réforme ne concerne pas que les revenus du travail. Elle couvre en effet un champ plus vaste : pensions de retraite, indemnités chômage, rentes, etc. Dans ces cas-là, le prélèvement sera effectué par les caisses de réversion et organismes en charge du versement desdits revenus. « Tout ce qui est en surpaiement sera restitué. C’est la raison pour laquelle nous demandons un RIB au moment de la déclaration : pouvoir effectuer un remboursement s’il le faut », précise le responsable.
… et repose sur les entreprises
Des particuliers qui n’ont donc plus à se préoccuper du règlement de leurs impôts, celui-ci reposant désormais sur l’entreprise. Robert Virgal détaille : « Il faut que les employeurs s’inscrivent sur une plate-forme spécifique, intitulée « Plate-forme des entreprises », qui va nous permettre de communiquer les taux de prélèvement à la source à pratiquer. »
Toutefois, l’administration conseille aux particuliers de créer un compte sur le site internet impots.gouv.fr de façon à avoir une maîtrise du prélèvement à la source. Le contribuable pourra ainsi avoir l’information sur le taux qui lui est appliqué, mais aussi faire savoir, dans le mois, les changements de situation familiale, qui peuvent par exemple avoir un impact sur le taux de prélèvement : « Ces changements pourront être pris en compte par la DGFIP de manière régulière et rapide. »