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Transports | Mamoudzou mise sur le covoiturage

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Dans le cadre de la Semaine européenne de la mobilité (SEM), la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (CADEMA) et la ville de Mamoudzou organisent, du 19 au 22 septembre prochains, plusieurs actions pour promouvoir les modes de déplacement alternatifs à la voiture à Mamoudzou. Durant ces trois jours, le parking « croisiéristes », à la barge, sera gratuit toute la journée pour encourager  l’émergence du covoiturage dans la capitale.

« Chaque jour, ce sont 9 000 véhicules qui traversent Mamoudzou ». Lors de son discours sur la présentation de la Semaine européenne de la mobilité (SEM), vendredi, le directeur développement durable de Mamoudzou, Sidi Hamada Moukou, a insisté sur l’importance de « favoriser une prise de conscience collective » sur la nécessité d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre dans le 101ème département. Pour y parvenir, la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (CADEMA) ainsi que la ville de Mamoudzou vont organiser trois jours d’actions, du 19 au 22 septembre prochains, intitulés « Mix and move », afin de promouvoir « les bonnes pratiques en matière de transports ». L’accent sera donc mis sur les solutions de transports partagés comme le covoiturage, l’auto-partage ou encore les deux-roues en libre-service. Actuellement, la CADEMA concentre près de deux tiers des déplacements à Mayotte et au vu du nombre de véhicules – en constante augmentation – la formation d’embouteillages est « inévitable » et « cela influe sur l’environnement et la santé de chacun ». 

Plusieurs actions sont donc prévues durant ces trois jours, comme la participation à la 4ème journée nationale de la qualité de l’air le 19 septembre ou l’organisation d’une grande balade « modes actifs » du rond-point du Baobab au rond-point Commandant Passot pour « apprendre à circuler autrement », le samedi 22 septembre. Le public est invité à venir en vélo, en trottinette, à pieds… « Améliorer les modes actifs figurent parmi les priorités de la CADEMA », a expliqué Mohamed Hamissi, chef de projet Transport et déplacements à la communauté d’agglomération. Cette opération sera suivie de l’intervention d’un expert de l’Agence régionale de santé (ARS) sur les bienfaits de l’activité physique. Pour clôturer cette semaine de sensibilisation, une séance de fitness « Moovafrica », menée par l’association SUA, sera organisée. « À ce jour, cette discipline est la plus pratiquée dans l’océan Indien et est reconnue par le Ministère de la santé », a rappelé la ville de Mamoudzou. 

Un stationnement gratuit 

Pour arriver à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la ville de Mamoudzou a décidé de miser sur le covoiturage. « C’est une pratique en développement qui constitue un mode de déplacement nouveau, complémentaire des autres modes de transports et respectueux de l’environnement », a souligné la CADEMA. Si le principal intérêt du covoiturage reste pour ses utilisateurs la diminution des frais de déplacement (essence, stationnement ou encore contraventions), cette pratique permet surtout, à plus grande échelle, de réduire la circulation automobile et ses conséquences néfastes : embouteillages, pollution, bruit et accidents de la route. Il aurait également, d’après le service public de covoiturage au quotidien pour tous, un impact positif sur le stress et la fatigue. Dans cette optique, la ville va mettre à disposition les cinquante places du parking « croisiéristes », au niveau de la barge, pour évaluer la demande du public. Toute la journée, le stationnement sera gratuit, sous certaines conditions, pour « les personnes venant travailler la journée », dans la capitale. En effet, l’usager devra transporter au minimum deux passagers et devra arriver entre 7h30 et 8h30 pour ne repartir qu’après 15h30. « Nous fermerons le portillon du parking vers 9h. Les premiers arrivés seront les premiers servis », a annoncé Sony Chamsidine, de la CADEMA. Un macaron sera également distribué aux conducteurs. « Aujourd’hui, 20 millions de personnes pratiquent le covoiturage en métropole. Si nous constatons que cela ne marche pas, nous continuerons notre sensibilisation. Les actions ne sont pas imposées mais mises à l’essai », a conclu Sidi Hamada Moukou.

 

La télémédecine, un outil d’accès aux soins à Mayotte

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À partir du samedi 15 septembre, la télémédecine sera opérationnelle en France et dans les DROM-COM, une première. Au regard de l’évolution démographique médicale à Mayotte, cette nouvelle technique permettra notamment de réduire les inégalités d’accès à la santé. Mais les consultations pourraient rencontrer quelques problèmes.  

Consulter un médecin, un généraliste ou un spécialiste sans se déplacer, c’est bientôt possible. Dès samedi 15 septembre, la télémédecine sera mise en place en France et dans les DROM-COM, après qu’un accord a été trouvé entre l’Assurance maladie et les syndicats des médecins en juin dernier. Cette pratique médicale se caractérise par une consultation à distance effectuée grâce à un appel vidéo via Internet. Elle doit permettre « de faciliter la coopération entre les acteurs de santé, en organisant le partage d’informations, d’améliorer l’efficience du système médical et la qualité de vie des personnes, notamment celles atteintes de maladies chroniques – dont le nombre risque d’augmenter considérablement avec l’allongement de la durée de la vie ndlr – et de réduire les inégalités de l’accès à la santé, notamment dans des départements comme Mayotte », explique le docteur Claude Bronner, vice-président de la Fédération des médecins de France (FMF). Pour l’Agence régionale de santé (ARS) qui soutient financièrement ce projet, la télémédecine est « un levier de progrès » dans l’organisation des soins et « constitue une réponse pleine et entière » au développement de la santé à Mayotte. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle, parle carrément de « facteur-clé » dans le perfectionnement du système médical. 

Définie dès 1997 par l’OMS, cette téléconsultation coûtera au patient le même prix qu’un simple rendez-vous, soit 25 euros chez un généraliste et 30 euros chez un spécialiste. Pour être remboursé, le patient devra « téléconsulter » son généraliste ou un expert désigné par son médecin traitant. Une plateforme sécurisée à cet effet a été mise en place pour garantir le secret médical. Toutefois, pour bénéficier de cette nouvelle technologie de santé, encore faudra-t-il que le médecin traitant s’inscrive sur ce site dédié. 

L’accès aux soins augmente, mais…

Dans un territoire comme Mayotte, les conditions d’accès aux soins et aux avis de spécialistes sont « essentielles pour la réduction des inégalités. En effet, le 101ème département français est caractérisé par une faible densité en professions de santé et par une forte croissance démographique. La démographie médicale est également contrainte par un « turn-over important » et « un non-remplacement » des départs dans le secteur libéral. La télémédecine apparaît donc comme une réponse aux besoins du territoire mahorais, souvent rural et isolé. Elle pourrait aussi venir compléter la médecine traditionnelle.

Cependant, si cette nouvelle technique de consultation semble offrir une réponse à la problématique des déserts médicaux, pas sûr que sa réalisation se déroule sans accroc. Le faible équipement en matériel informatique caractéristique de Mayotte constitue un premier frein à sa mise en œuvre dans le département. Pour rappel, 80% de la population mahoraise vit en-dessous du seuil de pauvreté et ne dispose pas, de fait, des moyens de s’acheter un ordinateur. Au-delà du matériel, le futur patient devra également disposer d’une connexion internet, une gageure dans certaines zones rurales de l’île. Les  personnes âgées, quant à elles, ne seront pas forcément réceptives à cette nouvelle technologie. « Elles seront accompagnées et informées à ce sujet », promet Claude Bronner.

 

En projet depuis 2010

La télémédecine peut sembler futuriste, mais elle est déjà dans les esprits depuis de nombreuses années. En effet, cette pratique a été instituée par un décret du 10 octobre 2010, et intégrée dans le Code de la santé publique (CSP). La télémédecine y est alors clarifiée, légitimée et reconnue comme un acte médical à part entière. En 2011, le ministère de la Santé lance l’élaboration d’un plan stratégique national afin de la déployer sur l’ensemble du territoire, en prenant soin de favoriser les usages de terrain. Finalement, il aura fallu attendre plus de huit ans pour que la télémédecine soit mise en œuvre en France et dans les DROM-COM. 

 

Démographie | 9 760 naissances : encore un record

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Le nombre des naissances domiciliées  à  Mayotte en 2017 est tombé : 9 760 bébés sont nés l’an dernier. Un nouveau record, accompagné de quelques chiffres étonnants. Pour ne pas dire éloquents. 

C’est le grand rendez-vous de l’année : l’annonce par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du nombre de naissances de l’année précédente. Un chiffre attendu tant le développement de l’île est lié à sa jeunesse et aux politiques publiques qui en découlent, mais relativement prévisible d’année en année. Celle-ci n’échappe pas à la règle : ce sont 9 760 naissances de bébés dont la mère est domiciliée à Mayotte qui ont eu lieu en 2017, dont 70 % à Mamoudzou. Un nouveau record, donc – elles étaient au nombre de 9 500 en 2016 –, pour une situation « sans commune mesure » avec un autre territoire français, de l’aveu même de Jamel Mekkaoui, chef du service régional de l’Insee Mayotte. Une hausse de 3% par rapport à l’année précédente (soit 270 naissances de plus), derrière laquelle se cache toutefois un ralentissement de cette croissance. Entre 2014 et 2015, celle-ci était en effet de 23 %, et de 6 % entre 2015 et 2016.

Trois quarts de mères étrangères

Les données les plus intéressantes se dissimulent dans l’analyse de ce chiffre. Ainsi, on découvre que « trois quarts des mères domiciliées à Mayotte ayant eu un enfant en 2017 sont, comme en 2016 et au début des années 2000, de nationalité étrangère », détaille l’Insee. Si les mères de nationalité malgache sont 4 % à avoir donné naissance à un enfant en 2017, celles de nationalité comorienne sont 69 %. En revanche, la moitié des pères sont, eux, français. L’autre part de ces papas est « essentiellement de nationalité comorienne », précise le chef de service, qui rajoute que ce phénomène « n’est pas nouveau à Mayotte. »

En fin de compte, ce sont donc 58 % des nouveau-nés qui ont au moins un parent français, et seulement 19 % à avoir leurs deux parents de nationalité française (voir graphique 1).

De nouvelles données

 Au-delà de ces chiffres sans équivoque, l’Insee a pour la première fois objectivé l’âge des mères. Et la donnée est des plus intéressantes puisque ce ne sont pas moins de 470 enfants qui sont nés de mères mineures, soit 5% des naissances totales. Un taux plus élevé qu’à La Réunion – où il est de 2%  –, qu’en métropole – avec 0,4% –, mais comparable à celui de la Guyane et ses 6% de mères mineures. Dans le détail, 124 enfants sont nés d’une mère âgée de moins de 15 ans ou moins, dont deux d’une mère âgée de 12 ans, et onze d’une mère âgée de 13 ans (voir tableau 2).

Enfin, on note une augmentation du nombre d’accouchements hors Mayotte, au nombre de 300 en 2017, équitablement répartis entre l’Hexagone et La Réunion. Si le phénomène demeure contenu – il ne représente que 3% des naissances –, la tendance est toutefois à la hausse puisque ces naissances hors du département étaient d’un peu plus de 200 en 2016, et de quelque 170 en 2015. Un bond qui pourrait traduire « un phénomène en émergence », selon Jamel Mekkaoui, et auquel la saturation des infrastructures médicales n’est probablement pas étrangère.

 

Naissances vivantes domiciliées à Mayotte en 2017, selon la nationalité des parents (source : Insee).

 

En 2017, 470 bébés sont nés d’une mère mineure.

 

Transports Circulation routière : une étude à 60 000 euros

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Depuis lundi et jusqu’au 22 septembre, la Direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de Mayotte réalise, en coopération avec le bureau d’études Synthèses, une enquête de circulation routière (origine/destination) à dix-sept endroits différents sur le territoire. Son coût est estimé à 60 000 euros. 

Dix jours pour comprendre la circulation mahoraise. Depuis lundi et jusqu’au vendredi 22 septembre prochain, la Direction de l’Environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) de Mayotte, avec l’aide matérielle et humaine du bureau d’études Synthèses, effectue une enquête de circulation routière sur l’origine et la destination des automobilistes sur le territoire. À Mayotte, le transport intérieur s’organise notamment autour de Mamoudzou et ses environs, principal pôle économique du 101ème département français. Tous les jours, des milliers d’habitants parcourent des kilomètres jusqu’à la « capitale » – Mamoudzou – pour leur travail, leurs études, leurs courses ou encore leurs démarches administratives. Pourtant, nul besoin d’être un expert pour constater que les moyens de déplacements à Mayotte sont limités : les voitures particulières et les taxis collectifs, qui font office de transports en commun, sont les seules possibilités de transport. Les abords de Mamoudzou deviennent donc vite une zone de saturation du trafic routier. Pour améliorer cette situation, la DEAL , qui réalise un Plan global transport et déplacement (PGTD) à Mayotte « sur deux, voire trois ans » pour définir « l’ensemble des enjeux en matière de services et d’infrastructures à l’échelle du territoire » et un projet de transport collectif interurbain (TCI ), avait besoin de données plus concrètes et précises. « Même si le document (PGTD ndlr) est en train d’être finalisé, nous nous sommes rendu compte que nous manquions de données. L’enquête en cours va permettre d’avoir une lisibilité des déplacements des populations, ce que nous n’avons absolument pas actuellement », a expliqué Amir Ahmed, chargé de mission politique des déplacements à la DEAL . L’ensemble de l’étude devrait coûter près de 60 000 euros. « Nous avons recruté un bureau d’études, mais cela comprend également les publicités réalisées dans le cadre de l’appel d’offres et le rapport, qui sera rendu après analyse des exploitations des résultats à l’issue de cette semaine », a-t-il ajouté. 

La police en renfort 

Malgré quelques aménagements réalisés pour essayer de désengorger le trafic, le parc automobile n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Avec cette progression constante, le réseau routier, composé de 88 kilomètres de routes nationales et de 137 km de routes départementales, est constamment congestionné, notamment sur la route Longoni-Mamoudzou en raison de sa liaison entre les principaux pôles économiques comme le port ou la zone industrielle de Kawéni. Les axes routiers du sud de Mamoudzou ne dérogent pas à la règle. « Il est certain que nous ferons des ajustements, soit en infrastructures, soit au niveau des services pour adapter le trafic aux besoins de la population », a affirmé Amir Ahmed. L’enquête, définie par le décret du 27 février 2006 relatif aux enquêtes de circulation au bord des routes, consiste en un entretien « rapide » et « efficace » avec l’usager. « Nous avons identifié dix-sept axes majeurs de circulation où nous arrêterons les véhicules pour pouvoir les questionner », a annoncé le chargé de missions de la DEAL. L’endroit est « évidement » tenu secret « pour ne pas modifier les habitudes des usagers » et un calendrier a été établi pour alterner les points d’enquêtes d’un jour à l’autre. La police municipale sera également présente lors de cette enquête pour « sécuriser l’arrêt des véhicules », mais aucun contrôle du véhicule ou son conducteur ne sera effectué, a assuré la DEAL. 

 

 

Festival de Mayotte | Le fiasco de la première édition

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Du 31 août au 8 septembre s’est tenu le premier festival de Mayotte. Des festivités qui devaient avoir lieu dans les quatre coins de l’île. Après moult suppressions, des ateliers n’ont pu aboutir, un concert a été annulé. En fait, le festival n’a pas vraiment eu lieu. Explications.

Il avait été annoncé en grande pompe. Prévu du 31 août au 8 septembre, le premier festival de Mayotte avait tout pour plaire à son public : des ateliers pédagogiques avec des artistes définis, deux concerts dont l’un avec le mythique groupe de zouk antillais Kassav’ et l’artiste tanzanien Alikiba en têtes d’affiche et une belle brochette composée de nos artistes locaux. Seulement, les choses ont été tout autre. Le groupe Kassav’ n’a pu venir à Mayotte, idem pour l’artiste tanzanien et les ateliers prévus avec les artistes locaux ont connu quelques chamboulements. Par conséquent, le concert du vendredi 7 septembre, prévu à la place de la République à Mamoudzou n’a pas eu lieu, celui de clôture du lendemain a réuni tous les artistes locaux n’ayant pu participer aux festivités la veille. Mais que s’est-il passé ?

Tergiversations au Conseil départemental

La gestion de cet événement a été confiée à l’Office culturel départemental (OCD) – récemment crée -, sous la houlette du Département. Les couacs ont été nombreux. Si nombreux, qu’après l’annonce de la non-venue du groupe Kassav’ et de l’artiste tanzanien Ali Kiba pour faute de prise en charge, la Commission permanente devait se réunir en urgence samedi 8 septembre à 14h30 dans l’hémicycle Younoussa Bamana. À l’ordre du jour, décider de « l’organisation » du festival de Mayotte, a affirmé une source proche du dossier. Festival qui devait toucher à sa fin le soir même. La Commission ne s’est finalement pas tenue, le quorum n’étant pas atteint. Cette même source a indiqué que les artistes n’ont effectivement pu se rendre à Mayotte car ils n’ont pas reçu « leur cachet ». En outre, les acomptes forfaitaires n’ont pas été versés, les billets d’avion n’ont pas été réglés non plus.

L’OCD était effectivement en charge de l’organisation de l’événement, mais les budgets dédiés aux artistes n’auraient pas été validés par le Conseil départemental. Pourtant, lors de la conférence de presse du Festival de Mayotte qui s’était tenue le mardi 28 août au Jardin de l’Office culturel départemental, les membres organisateurs présents avaient évoqué un budget d’un peu moins de 300 000 €, alloué à cet évènement, comprenant les mesures sécuritaires drastiques et les défraiements des différents artistes, dont le « cachet ».

Autre couac qui divise le milieu artistique, la répartition des cachets pour les artistes locaux. « Comment on peut attribuer un « cachet » de 28 000 et 16 000 euros à des artistes qui font partie du conseil d’administration de l’office culturel départemental et verser 1 500 euros, voir 2 000 euros à d’autres qui font la même prestation », se demande un artiste profondément déçu. Une chose est sûre, la publication sur les réseaux sociaux du tableau faisant apparaître les différents montant des chachets attribués aux uns et autres risque de susciter l’indignation de nombreux artistes. Le Festival de Mayotte s’inscrit dans l’agenda culturel du Département jusqu’en 2021. Si cette première édition laisse perplexe, espérons que les prochaines seront meilleures. 

De plus en plus de morts par noyade à Mayotte

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Cinq décès par noyade à Mayotte en 2018

L’agence sanitaire Santé publique France vient de publier une enquête de recensement de toutes les noyades, quelle qu’en soit la cause, répertoriées entre le 1er juin et le 30 août derniers. L’étude dénombre 492 décès sur cette période, soit une centaine de plus qu’en 2015 à la même époque. À Mayotte, les pompiers ont dénombré pas moins de 5 noyades mortelles depuis janvier dernier. Un chiffre qui augmente par rapport à l’an dernier. 

Un peu plus d’un Français sur sept déclare ne pas savoir nager. Santé publique France, agence nationale de santé, a publié ce mardi une enquête intitulée « Noyades 2018 » recensant toutes les noyades, quelles soient intentionnelles ou accidentelles, suivies d’une prise en charge en milieu hospitalier ou d’un décès. L’enquête concerne toutes les noyades survenues entre le 1er juin et le 30 août dernier sur le territoire métropolitain et Outre-mer. L’agence constate notamment une forte augmentation des décès en 2018 par rapport à 2015. Sur la même période, le nombre d’hospitalisations et/ou de décès a plus que doublé avec 2 255 noyades* en 2018 contre 1 092 en 2015, soit 1 163 de plus en seulement trois ans. « Cette augmentation peut s’expliquer pour partie par les conditions climatiques en termes de températures et d’ensoleillement, particulièrement favorables à la baignade », indique Santé publique France. Ces noyades auraient été suivies de 492 décès (soit 22% du nombre total de morts durant cette période) dont 254 de manière accidentelle et 55 par intentionnalité (suicides ou agressions). Les causes des 183 autres décès ne sont, à ce jour, pas encore connues et pour lesquelles les investigations se poursuivent.  Entre le 27 juillet et le 9 août 2018, pas moins de 122 personnes sont mortes noyées en France, soit une moyenne de huit décès par jour, relève l’organisme dans un rapport du 16 août. 

Apprendre à nager, à tout âge

De manière générale, les tranches d’âges élevées sont les plus touchées par les cas de noyade. D’après le « baromètre santé 2016 », 95% des 15-24 ans ont déclaré savoir nager alors qu’ils n’étaient que 65% chez les 65-75 ans. Chez les 65 ans et plus, 213 noyades accidentelles ont eu lieu en juin, juillet et août derniers, dont 77 ont été suivies d’un décès. « Il est important de rappeler que l’apprentissage de la nage, facteur de prévention des noyades, peut se faire à tout âge. Cependant, il faut distinguer le fait de savoir nager en piscine (milieu ne comportant ni vague ni courant ndlr) et celui de savoir nager en milieu naturel (mer, lac, fleuve, etc) », insiste l’INPES. « Dans les autres classes d’âges, à ce stade de l’enquête, les évolutions pour les noyades accidentelles en 2018 par rapport à 2015 sont moins marquées », ajoute l’agence sanitaire. 

37 noyades en Outre-mer

L’enquête révèle également que l’Occitanie, dans le sud de la France, est la région où sont recensées le plus de noyades accidentelles avec 202 (soit 17%) dont 30 suivies d’un décès, devant Provence-Alpes-Côte d’Azur (182), La Nouvelle-Aquitaine (175) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (127). Pour l’Outre-mer, les noyades accidentelles sont plus complexes à comptabiliser « du fait d’une durée de consolidation et de validation des données plus longue qu’en métropole ». 

« Nous sommes confrontés à un certains nombre de contraintes vis-à-vis de la métropole. La distance est un frein à l’actualisation des données mais la collecte pose aussi problème car les sources manquent à Mayotte. Il faut aussi souligner que le recensement des noyades n’est pas la priorité du département », déplore Aymeric Ung, épidémiologiste et responsable de l’enquête « Noyades 2018 ». Malgré ces difficultés de recensement, le rapport dénombre en trois mois 37 cas de noyades accidentelles, dont 12 suivies de décès dans les Outre-mer. « Ce sont les seuls chiffres que nous avons à ce stade de l’enquête. Nous ne pouvons pas faire mieux que d’avoir des données nationales et régionales pour le moment », justifie Stéphanie Champion, de Santé publique France. « Il faudrait créer une enquête spéciale pour regrouper toutes les données de l’Outre-mer », ajoute Aymeric Ung. 

Contactés par Flash Infos, les pompiers de Mayotte auraient de leur côté comptabilisé 15 noyades dans le département en 2017. Parmi celles-ci, quatre ont été mortelles dont trois, survenues dans un milieu naturel et une dans une fosse septique. En comparaison, et alors qu’il reste un peu plus de trois mois avant la fin de l’année, le nombre de décès a déjà augmenté en 2018 avec cette fois, cinq noyades mortelles – toutes survenues en milieu naturel – sur les 15 recensées en 2018. Le fait que la baignade ne soit surveillée – à l’heure actuelle – sur aucune des plages du 101ème département augmente le facteur de risque, relève par ailleurs Aymeric Ung. 

Hausse du risque chez les plus jeunes

En France, la noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 15 ans. Face à ce constat, le ministère des Solidarités et de la Santé publique France mènent des actions de prévention des noyades et des accidents liés aux baignades et aux sports nautiques. « Il est sans doute hors de portée de vouloir changer le comportement des tout jeunes enfants, par nature curieux et immatures. Par contre, il faut faire comprendre aux parents qu’ente deux et quatre ans, on doit les surveiller sans cesse », a souligné l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). En effet, dans les trois quarts des cas, les parents sont à moins de vingt mètres de la piscine (77% des décès ont lieu dans une piscine familiale). L’INPES rappelle également qu’un enfant peut se noyer dans seulement vingt centimètres d’eau, en quelques minutes. 

Chez les enfants de moins de six ans, une « augmentation des noyades accidentelles » a été observée avec un nombre de 332 en 2018 contre 180 en 2015. Pourtant, dans ce cas présent, le nombre de décès n’est pas supérieur à celui de 2015 (22 en 2018 contre 23 en 2015). Tous les trois ans, l’agence sanitaire mène une enquête sur la période allant du 1er juin au 30 septembre. L’enquête n’est donc pas encore terminée et le rapport final sera publié au printemps 2019. 

*1 169 noyades accidentelles, 109 noyades intentionnelles et 977 d’origine encore indéterminée et en cours d’investigation.

 

De plus en plus de victimes 

Plusieurs événements tragiques concernant des Mahorais ont eu lieu récemment, sur le territoire ou en métropole. Le 8 juillet dernier, une petite fille de neuf ans et deux garçons de dix et treize ans – issus d’une même fratrie – originaires de M’stangamouji ont été retrouvés morts noyés à Chalon-sur-Saône. En début de soirée, les enfants étaient allés se rafraîchir au bord du lac des Prés-Saint-Jean alors que la baignade était interdite dans cette zone, en raison d’un à-pic situé à quelques mètres du rivage. Les deux plus petits ont glissé dans l’eau. Ne sachant pas nager, l’aîné est alors parti les secourir, en vain. 

Plus récemment, le 17 août, un autre événement dramatique est survenu, à Mayotte cette fois. Une demi-douzaine d’enfants et un adulte se trouvaient à bord d’une barque traditionnelle qui s’est renversée à une vingtaine de mètres du rivage à Iloni. Deux fillettes d’une dizaine d’années ont été retrouvées mortes noyées. Un plongeur de la brigade nautique avait été envoyé sur place pour repêcher une des deux fillettes. Prise en charge par les pompiers et le SMUR, la fillette n’a pas pu être réanimée. La seconde, elle, avait été amenée au dispensaire de Dembéni par des habitants avant l’arrivée des secours. Malheureusement, elle aussi a perdu la vie. 

 

Festival de Mayotte : les concerts de Kassav et Ali Kiba annulés

Grosse déception pour les fans du groupe antillais Kassav et de l’artiste tanzanien Ali Kiba. Les artistes, qui devaient assurer le show de clôture du tout premier Festival de Mayotte, ce samedi 8 septembre, ne seront finalement pas de la partie, a-t-on appris d’une source proche du dossier. Les raisons de cette annulation, encore floues, seront détaillées dans les prochaines éditions de Mayotte Hebdo & Flash Infos.

« On n’éduque pas les enfants avec un câble électrique ! »

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La mère d’un adolescent de 14 ans, poursuivie pour des violences répétées sur son fils, a été condamnée par défaut à un an de prison avec sursis mercredi au tribunal correctionnel de Mamoudzou. Fait rare, c’est l’adolescent qui a lui-même entrepris de dénoncer les faits et de porter plainte. 

 

Elle est absente de la salle d’audience. Son fils de 14 ans, lui, est bien là, assis sur les bancs du public. Une mère de famille a été condamnée mercredi à un an de prison avec sursis pour des « corrections » violentes et répétées commises sur son fils ayant entraîné une ITT (interruption totale de travail) de cinq jours. « Je ne veux plus vivre là car je suis maltraité ». C’est ainsi que ce jeune garçon décrira aux policiers sa situation lors de son dépôt de plainte en commissariat. Il s’y rendra de son propre chef après que sa mère a ordonné à son cousin, le 15 février dernier, de le frapper avec un câble électrique. Le témoignage de l’adolescent, qui présentait alors de nombreuses traces de coups sur les jambes et le bras gauche, est pris au sérieux par les enquêteurs. Lors de son audition, il explique que les « corrections » de ce type sont monnaie courante dans sa famille : un retour tardif à la maison, une vaisselle, des devoirs pas faits, tous les prétextes semblent bon pour infliger une raclée au garçon. Élève en CAP qui « aime aller au lycée », le jeune homme est arrivé avec sa mère à Mayotte depuis Mohéli il y a deux ans avec un visa spécial pour raison de santé. Son beau-père, qui vit avec sa mère, a été témoin de scènes de violence, qu’il a évoquées lors de son audition. « J’ai déjà vu ma femme donner des gifles à Mohamed »*, raconte-t-il. « J’ai entendu des cris mais je ne voulais pas en entendre plus ». Au cours de sa garde à vue, la mère explique de son côté que ce 15 février, elle avait « autorisé » son neveu à « corriger (son) fils avec un fouet », ou plutôt en l’occurrence, un câble électrique. « Je n’ai jamais levé la main sur mon fils, j’ai profité de ce que mon neveu était là », dira-t-elle encore, ajoutant : « Je ne regrette pas ce que j’ai fait car il le mérite, je ne voulais pas qu’il commette des délits ». La mère raconte aussi qu’elle envisage de renvoyer le garçon aux Comores chez sa mère, « si la justice ne le garde pas ». 

 

« Ce n’est pas une petite fessée, c’est un mode éducatif ! » 

 

Placé en famille d’accueil le temps de l’enquête, l’adolescent vit mal cette période. Il s’en veut d’avoir dénoncé sa propre mère et dit aux assistants sociaux que ses voisins l’accusent de vol. Pour Me Gibello Autran, qui représente le mineur, l’absence de la mère au procès est affligeante, tout autant que l’attitude du beau-père, « qui ne parle pas avec (l’adolescent) parce qu’il considère que c’est un enfant à problème ». L’avocate raconte qu’elle a expliqué à son jeune client « que ce n’était pas lui le coupable, qu’il avait raison de porter plainte contre sa mère », malgré le respect qui lui est dû. « En aucune façon un père ou une mère ne devrait prendre un fil électrique et frapper un enfant ! Ce n’est pas comme ça qu’on éduque les enfants. Ce n’est pas une petite fessée, c’est un mode éducatif ! », s’insurge-t-elle. L’absence de la mère démontre par ailleurs toute la « solitude de cet enfant, dont on peut se demander comment il éduquera ses propres enfants ». Le substitut du procureur, Pablo Rieu, abonde dans son sens. À l’appui de ses réquisitions, il fait également valoir les preuves issues des dossiers médicaux, qui font état de traces de coups récentes mais également anciennes, démontrant la récurrence des maltraitances. Fustigeant l’attitude de cette mère qui « fuit ses responsabilités », il requiert à son encontre un an d’emprisonnement avec sursis et la déchéance de l’autorité parentale, prévue à l’article 378 du Code civil. Le tribunal correctionnel n’a retenu que la première partie de cette proposition, laissant à la mère son autorité légale de parent. 

 

* Le prénom a été modifié.

 

France – Comores | Mansour Kamardine : « Chacun sur son île »

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Quelques jours après la rencontre entre les élus mahorais et la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le député Mansour Kamardine revient sur la teneur des débats, en particulier sur la question de la crise entre la France et les Comores. En ligne de mire : la volonté de faire admettre le choix de Mayotte sur la scène internationale. Entretien.

 

Mayotte Hebdo : Jeudi dernier, une rencontre a eu lieu réunissant les parlementaires de Mayotte, le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani, le préfet Dominique Sorain et la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Ont notamment été évoquées les tensions entre la France et l’Union des Comores au sujet de Mayotte. Qu’en ressort-il ?

Mansour Kamardine : En ces 43 années de conflit sur la question de Mayotte, c’est la première fois que des élus mahorais participent à une réunion avec le Quai d’Orsay pour évoquer cette problématique. Pour nous, Mahorais, contrairement à ce que pense le ministère des Affaires étrangères, ce n’est pas un contentieux dérisoire. Souvent, les gens se sont interrogés légitimement sur le pourquoi du comment on n’arrive pas à trouver un consensus alors que l’Allemagne et la France se sont payées deux guerres mondiales et ont tout de même fini par s’entendre. Nous ne sommes pas dans la même dimension. Certes, la France et l’Allemagne se sont fait la guerre deux fois, armées, violemment, mais si elles ont réussi à faire la paix, c’est parce qu’elles ont réussi à se mettre d’accord sur l’essentiel. Cet essentiel, c’est la souveraineté, les limites territoriales. La France reconnaît les limites territoriales de l’Allemagne, l’Allemagne reconnaît celles de la France, et donc les conditions sont réunies. Aujourd’hui, s’agissant de Mayotte, l’Union des Comores refuse de reconnaître les limites territoriales de la France et de l’Europe à Mayotte, donc les conditions ne sont pas réunies pour une réconciliation et la possibilité d’envisager une relation durable.

Nous considérons, contrairement à notre diplomatie, qu’il n’y a pas de contentieux à dépasser puisqu’à chaque fois que l’on a essayé de le faire, c’est lui qui nous a dépassés. Il faut donc aujourd’hui, non pas le dépasser, mais le régler. C’est ce que nous avons dit : que ce n’était pas un contentieux dérisoire, car il s’agit des principes de souveraineté, et qu’il est temps de le régler.

 

MH : Mais dans un jeu diplomatique à deux parties, la France et l’Union des Comores, comment faire entendre raison à la partie adverse ? 

MK : Vous avez remarqué que Mayotte n’est pas un territoire sans maîtres. Mayotte appartient à l’origine aux Mahorais. Anjouan appartient aux Anjouanais, Grande Comores aux Grands Comoriens, et Mohéli aux Mohéliens. Chacun sur son île, dans son île. Il y a des limites territoriales, et sur des îles, c’est la mer. Mayotte est fière de ce qu’elle est : une île française, parce que c’est le choix de sa population, et nous ne pouvons donc pas accepter qu’une autre île considère que Mayotte lui appartient. Nous nous sommes fait la guerre du temps des sultans batailleurs parce que nous refusions d’être colonisés par Anjouan ; la Grande Comore a fait la guerre à Anjouan pour refuser d’être colonisée ; Mohéli aussi, et ainsi de suite. C’est la France qui a mis un terme aux guerres des sultans batailleurs. Ensuite, nous nous sommes trouvés dans un contentieux administratif qui nous a été imposé, et le jour où les Comores ont décidé de devenir indépendantes, les Mahorais ont choisi de demeurer français. 

Alors, comment régler la question ? On ne peut pas imaginer que quand on est un pays qui a voix au conseil de sécurité de l’Onu et qui a la puissance de feu de notre diplomatie, il ne soit pas possible de trouver avec l’Union des Comores, qui demeure un pays ami, la possibilité de convenir d’un accord, et que la souveraineté française à Mayotte ne fasse plus l’objet d’une revendication ou d’une contestation. Il faut que la France s’engage dans une démarche qui permettra de solder ce problème en utilisant les voies diplomatiques qui existent. Nous soutenons les Comores à travers sa monnaie, à travers les organisations internationales, etc., donc je crois que nous avons la possibilité de le faire.

 

MH : Selon vous, les gouvernements français successifs ont manqué de volonté sur cette question ? 

MK : Encore une fois, nous n’avons jamais été dans une posture de règlement de crise, mais dans celle de dépassement. Il faut désormais que cela change pour régler cette crise.

 

MH : Le gouvernement vous a-t-il paru réceptif à cette volonté de règlement définitif de la crise ?

MK : C’est ce que nous vérifierons dans les jours, mois et années à venir. Nous avons souhaité que les Mahorais soient associés de manière quasi-systématique aux actions qui se déroulent sur la scène internationale. Il pourrait y avoir par exemple une délégation d’élus mahorais auprès de l’Onu, de l’Union africaine, et d’autres grands …/… 

…/… ensembles, pour aller expliquer ce qu’est Mayotte. Nous pensons que la France a un problème avec son passé colonial, et qu’elle n’a donc pas le courage de regarder un pays africain dans les yeux pour dire « Les Mahorais ont fait le choix de la France. » Alors qu’on y emmène et nous, nous le dirons en swahili s’il le faut, en anglais, ou en français. Nous considérons que nous sommes nos meilleurs avocats, mais encore faut-il que la France accepte de mettre à disposition sa diplomatie.

 

MH : Êtes-vous confiant sur une résolution prochaine de la crise actuelle ? 

MK : Nous avons donné notre point de vue, parlé de l’aspect historique de la question, et notamment du fait que Mayotte était française bien avant les autres îles. J’en profite pour ajouter un élément qui n’a jamais été versé au débat. On dit que les Comores sont indépendantes, et notamment suite à la déclaration unilatérale d’indépendance, mais je ferais remarquer que lors de la convocation de la Chambre des députés des Comores, qui a voté en faveur de cette déclaration le 5 juillet 1975, les quatre ou cinq parlementaires de Mayotte n’avaient pas été conviés. Ils n’y ont pas assisté. On a « oublié » de leur envoyer un avion pour venir les chercher, et donc il y a eu déclaration unilatérale d’indépendance des élus des trois îles, sans Mayotte. Mayotte a donc le droit de considérer qu’elle n’a jamais été associée à cette déclaration.

 

MH : On a l’impression que les élus Mahorais ont la volonté de prendre les choses en main, et notamment de faire comprendre à certains pays le choix de Mayotte. C’est une nouvelle façon de faire…

MK : Il s’agit d’une prise de conscience de la difficulté dans laquelle notre pays, la France, se trouve sur ce sujet. C’est une main tendue à notre gouvernement : les élus mahorais sont prêts à l’aider. Sans nous substituer à notre diplomatie, car nous n’avons pas son savoir-faire, nous pensons que nous pouvons être associés.

Jusqu’ici, la France a laissé toute la voie aux Comores pour livrer sa propre version sur la scène internationale. Et à chaque fois, notre diplomatie a été timorée, de peur d’être traitée de colonisateur. Nous, nous disons « non » : Mayotte n’est pas un pays colonisé, c’est un département français par la seule volonté de sa population. 

 

MH : Autre sujet abordé lors de cette rencontre : celui du toilettage institutionnel relatif aux compétences d’un département-région. Le terme fait peur à une partie de la population qui y voit une remise en cause du statut de Mayotte. Que pouvez-vous nous en dire ? 

MK : Moi je n’ai pas à expliquer ce qu’est ce toilettage institutionnel. Il y a un pilote sur le sujet à travers la personne du président du Conseil départemental. Je peux juste dire deux choses : nous avons unanimement convenu que ce toilettage ne doit pas être une fin en soi. Il ne doit pas être considéré comme le moteur sans lequel le développement de Mayotte ne peut se faire. Au contraire, nous considérons que nous avons, grâce à la loi Égalité réelle, un outil extrêmement intéressant pour accompagner le développement de Mayotte. La vraie question qui se pose est : « Quels sont les outils à notre disposition susceptibles d’accompagner et d’amplifier notre développement ? » La loi Égalité réelle a mis en place les contrats de convergence, qu’il faut bâtir. Nous sommes tous d’accord pour constater que 43 ans d’action n’ont pas été un franc succès, et que ce qui a été mis en place l’était certes avec l’accord des Mahorais, mais pas de leur initiative. Nous pensons qu’il est temps de changer de paradigme et de permettre aux Mahorais de donner leur vision de ce qui est bon pour Mayotte, et de demander à l’État d’accompagner. Si nous parvenons à nous entendre là-dessus, le gouvernement a proposé de mettre à disposition  quelqu’un pour nous accompagner dans cette réflexion.

Priorité doit être donnée aux infrastructures de développement : piste longue, routes, port de Longoni, numérique, etc. Sans la mobilité des personnes, des données et des marchandises, on ne pourra pas parler de développement économique. 

Ce n’est que lorsqu’on aura constaté que pour de telles ambitions, il faut modifier de manière substantielle les institutions actuelles, que nous pourrons envisager un toilettage institutionnel et des modifications à la marge, tels le nombre d’élus ou le mode de scrutin, par exemple. Mais s’il s’agit d’aller au-delà, alors il faudra revenir devant le peuple pour une consultation, comme nous l’avons fait cinq ou six fois déjà. C’est ce que j’appréhende sur cette question. Il y a un préalable : fabriquons le contrat de convergence, regardons ce qu’on peut y mettre, et demandons-nous s’il y a nécessité de toiletter. Pour appliquer le Code de la santé, le versement des retraites, et autres réformes sociales, il n’y a pas nécessité à le faire.

MH : À propos de la piste longue, le gouvernement a annoncé en juin dernier la reprise d’une étude en ce sens. Qu’en est-il ? 

MK : Le gouvernement a décidé une mission d’inspection. Elle est en cours. Elle a déjà rencontré les parlementaires, et est venue sur le territoire. Nous attendons ses conclusions. De  notre côté, les choses sont claires : nous ne pouvons pas aborder le développement de Mayotte sans une piste longue. Une piste non pas au service exclusif d’Air Austral, mais une piste qui permette à tous de se poser et de libéraliser l’espace aérien de Mayotte de manière à créer une concurrence. C’est un véritable hold-up dont sont victimes les Mahorais avec la tarification en cours.

 

 

Ramlati ali : « le point de vue mahorais a pu être entendu »

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Jeudi, le sénateur Hassani Abdallah (LREM), les députés Mansour Kamardine (LR), Ramlati Ali (LREM), le président du Conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani et le préfet de Mayotte, Dominique Sorain, ont rencontré la ministre des Outre-mer à Paris pour une réunion de travail centrée sur le fonctionnement du port de Longoni et l’avenir institutionnel du département. Au cours de leur déplacement, les élus mahorais ont également pu s’entretenir des relations diplomatiques avec les Comores avec des ambassadeurs africains. 

 

« On gagne toujours à expliquer l’histoire de Mayotte », estime la députée LREM de Mayotte Ramlati Ali. En déplacement à Paris avec d’autres élus mahorais en fin de semaine dernière pour rencontrer la ministre des Outre-mer Annick Girardin, la députée En Marche ! de la première circonscription de Mayotte a indiqué que ses collègues et elle avaient pu avoir, en marge de cette réunion de travail, une « rencontre très intéressante » à l’occasion de la conférence des ambassadeurs des États africains et avec le directeur de la zone Afrique, « dans la lignée » de la feuille de route France-Comores. « C’était la première fois depuis 1841 (date à laquelle Mayotte a été vendue à la France ndlr) que les élus mahorais rencontraient les ambassadeurs des pays africains », indique l’élue, qui se félicite de cette rencontre où les relations diplomatiques franco-comoriennes ont été évoquées. Face aux élus mahorais, une cinquantaine d’ambassadeurs des pays africains, dont certains soutiennent les revendications des Comores à Mayotte étaient présents. « À chaque fois, (les représentants des pays africains) entendent le point de vue comorien sur la situation, il fallait aussi qu’ils entendent le nôtre », estime l’élue. 

 

Contourner les procès en néocolonialisme 

 

Les responsables politiques mahorais, plus proches du terrain et fin connaisseurs de l’histoire de leur île, apparaissent aussi plus légitimes pour évoquer la question de la départementalisation devant des responsables étrangers. Autre avantage des élus mahorais sur d’autres représentants de l’État français, ils sont peu susceptibles d’être taxés de néocolonialisme par leurs interlocuteurs, fait valoir Ramlati Ali. Pour rappel, le président comorien, Azali Assoumani réaffirmait encore, le 9 août dernier, les revendications comoriennes sur le 101ème département français. Évoquant le référendum constitutionnel du 30 juillet qui est venu renforcer ses pouvoirs et qui lui permet désormais de briguer deux mandats consécutifs de cinq ans, le président Azali a déclaré mi-août que « tous les problèmes que nous avons eus dans ce référendum, leur seule cause reste notre opposition aux expulsions de Comoriens de leur propre pays, l’île de Mayotte. Et nous ne céderons pas. Je veux que ce pays se développe sans l’ancienne puissance coloniale… » Face à la crise diplomatique, les élus mahorais ont la volonté d’être associés au processus de diplomatie. La prochaine étape ? « Il faudrait que nous puissions rencontrer directement les chefs d’État africains qui seraient hostiles à ce que Mayotte reste française », espère la députée Ramlati Ali. 

 

Une collectivité unique, des compétences à clarifier 

 

À l’occasion de leur visite, les élus et le président du Conseil départemental ont rencontré la ministre des Outre-Mer Annick Girardin pour une réunion de travail consacrée à l’organisation du port de Longoni, à sa DSP (Délégation de service public), et à la question de l’évolution institutionnelle du 101ème département. Des questions institutionnelles que les derniers blocages avaient un peu laissées au second plan. »Concrètement, Mayotte est la première collectivité unique qui est censée représenter le département et la région », résume la députée Ramlati Ali. Or, « nous sommes arrivés sur (ce modèle) sans nous y préparer », regrette-t-elle, déplorant un flou sur la répartition des compétences entre la région et le département, ainsi que sur les budgets afférents. « L’évolution institutionnelle que le président (du Conseil départemental ndlr) appelle de ses vœux et que je soutiens, c’est qu’il faut qu’on évalue ce qui est fait, en termes d’obligations et de moyens ». Selon le président Soibahadine cité par nos confrères du Journal de Mayotte, à cet égard, « une lettre de mission sera confiée à un émissaire du ministère des Outre-Mer, qui rencontrera les forces vives du territoire. Ils devront s’exprimer sur l’avenir économique, social, culturel et environnemental de Mayotte. L’envoyé devra définir les outils juridiques et financiers nécessaires pour les mettre en oeuvre. Il faut clarifier les compétences et les ressources de Mayotte ».

 

Fermeture du bureau des étrangers

Alors que le Bureau des étrangers avait partiellement rouvert ses portes, le 30 août, ce dernier a été fermé lundi sur ordre du préfet de Mayotte, Dominique Sorain. Des « mamans mahoraises » membres des associations manifestantes, ont dormi devant l’établissement, bloquant l’accès au service aux personnes s’y présentant le lendemain matin. Le collectif des citoyens de Mayotte et le Comité de défense des intérêts de Mayotte (CODIM) bloquent en effet l’accès au lieu depuis un peu plus d’un mois maintenant. Jeudi dernier, trente deux personnes, dont des personnels de l’Éducation nationale et des personnes constituant un cas sanitaire problématique avaient pu renouveler leur titre de séjour. Le lendemain, c’est soixante cinq personnes qui ont pu le renouveler. Le bureau restera fermé jusqu’à nouvel ordre.

L’activité bancaire en augmentation à Mayotte

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L’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) vient de publier un « Panorama de l’activité bancaire dans les DOM et les collectivités d’outre-mer de la zone euros en 2017 ». Un rapport encourageant pour les banques ultramarines. À Mayotte, la conjoncture économique est porteuse malgré un niveau d’équipements bancaires inférieur à celui de l’hexagone. 

En 2017, seul sept établissements bancaires étaient installés à Mayotte, contre vingt à La Réunion*. Selon l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) « le paysage bancaire continue sa mutation dans les Départements français d’Amérique (DFA) et l’océan Indien et les projets de transformation des principaux groupes bancaires nationaux se poursuivent », en 2017. Un premier constat identique à  un précédent rapport de 2015. Intitulé « Panorama de l’activité bancaire dans les DOM et les collectivités d’outre-mer de la zone euros en 2017 », ce bilan fait donc état d’une convergence progressive des banques ultramarines vers un système plus métropolitain, abandonnant les établissements « exclusivement locaux » au profit de grands groupes bancaires « hexagonaux ou internationaux ». 

Pourtant, la densité des équipements bancaires dans les départements et collectivités d’outre-mer « reste en général inférieure à celle observée dans l’hexagone ». En effet, le nombre de « bancarisation » (comptes ordinaires par habitant) est largement plus élevé dans l’hexagone avec 1,25 compte bancaire par habitant contre 0,89 en moyenne pour les départements et les collectivités d’outre-mer (DCOM), à l’exception de Saint-Pierre-et-Miquelon, et seulement 0,29 dans le 101ème département français en 2017. Malgré ces chiffres, 42% des entrepreneurs à Mayotte ont ouvert un compte en banque l’année dernière selon une étude de l’association pour le droit à l’initiative économique (ADIE).

L’octroi de crédits augmente

Dans l’océan Indien (La Réunion et Mayotte), « en écho à un contexte plutôt favorable », l’activité des banques « renoue avec la croissance » avec une hausse de 5,4% sur un an (-0,3% en 2016) alors que la conjoncture économique est « mitigée dans la zone Antilles-Guyane ». Cette croissance s’explique notamment par la progression de l’encours de crédits (+4,5% en 2017 après +3,1% en 2016) et des crédits aux investissements des entreprises (+11,9%). La collecte des dépôts à la clientèle est également à la hausse de 5,4% en 2017, après une augmentation de 6,1% en 2016. 

En outre, le taux de créances douteuses des banques de l’océan Indien « poursuit son amélioration », passant de 6,0% en 2016 à 5,2% en 2017. Cependant, « le taux de créances douteuses reste plus élevé sur les DCOM que ceux observés pour la France entière (3,7% sur la base des données 2016) », souligne l’IEDOM. Une évolution due à une meilleure protection des banques installées à Mayotte, qui disposent désormais d’un niveau de couverture plus important que dans l’hexagone.

Une meilleure rentabilité

Dans les Départements français d’Amérique, le Produit national brut (PNB) des banques baisse de 0,9%, atteignant 659 millions d’euros en 2017. L’océan Indien enregistre « la même dynamique » avec -0,3%, soit 501 millions d’euros. En cause, les opérations avec la clientèle notamment. Pour autant, le résultat net des banques de la zone océan Indien augmente de 19 millions d’euros (+19,3%) « pour se porter à 117 millions d’euros » grâce à une diminution du montant des impôts. La hausse du PNB améliore donc « la plupart des indicateurs de rentabilité pour les deux zones », révèle l’Institut, avant d’ajouter : « la baisse du PNB conjuguée à la hausse assez marquée du résultat net a pour conséquence une hausse de la marge nette : +2,3 points dans les DFA et +3,8 points dans l’océan Indien ». Pour l’océan Indien, les niveaux de ces indicateurs sont « parmi les plus élevés des géographies étudiées », se félicite l’IEDOM.

*Vendredi 31 août, une nouvelle agence bancaire du Crédit Agricole a été inaugurée à Bandrélé, portant le nombre d’établissements bancaires installés à Mayotte à huit.

Immigration | Bureau des étrangers : 32 personnes reçues

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Hier, une nouvelle mesure prise par la préfecture a permis à un nombre réduit de personnes souhaitant régulariser leur situation auprès du bureau des étrangers de mettre à jour leur carte de séjour. Un tri sélectif des demandeurs était de rigueur.

Le bureau des étrangers de la préfecture ne fonctionne plus normalement depuis mars dernier. Période durant laquelle, grève et mobilisation sociale avaient cerné l’établissement, menant fin juillet, à sa fermeture totale. Le collectif des citoyens de Mayotte et le Comité de défense des intérêts de Mayotte bloquent en effet l’accès au lieu depuis maintenant un mois. Hier, devant le bureau des étrangers de la préfecture, les deux associations manifestaient une fois de plus leur mécontentement face à la décision de la préfecture d’une ouverture partielle bien ciblée. Étienne Guillet, directeur de cabinet du préfet, explicite cette nouvelle position prise pour faciliter les démarches d’un certain nombre d’usagers « qui vivent, de par la situation dans laquelle nous étions avec le service des étrangers fermé, avec une situation personnelle intenable ». Et d’ajouter : « Il s’agit de personnes avec des problèmes de santé qui peuvent remettre en cause leur vie, plus largement qui peuvent avoir d’autres aspects sanitaires avec lesquels il faut être vigilant. Des maladies pouvant être à l’origine d’épidémies par exemple ».

Le cas des étudiants étrangers pas à l’ordre du jour

En parallèle, le directeur de cabinet met en lumière le cas des enseignants « qui étaient en situation régulière avant d’être reçus ce matin dans le bureau des étrangers, mais ils avaient perdu la régularité de leur séjour puisque ce dernier étant fermé, leur titre était arrivé à expiration ». En effet, il s’agit d’enseignants qui étaient sur le territoire et qui ont procédé aux démarches « comme il le fallait » et « qui ont été acceptés sur ce territoire mais qui se sont retrouvés avec un titre de séjour périmé » a-t-il souligné. »Nous avons souhaité permettre à ces enseignants de retrouver la plénitude de leurs droits. Pouvoir enseigner tout simplement devant les élèves de Mayotte ». Si cette ouverture partielle reste très limitée, d’autres jours d’ouverture sont prévus car tous les cas urgents n’ont pas été traités, à savoir les cas sanitaires assez problématiques et les personnels de l’Éducation nationale qui ne pourront enseigner s’ils se retrouvent en situation irrégulière. En ce qui concerne l’affaire des étudiants étrangers, leur dossier n’est toujours pas à l’ordre du jour : « La décision n’a pas été prise par le préfet, ils ne seront donc pas reçus au bureau des étrangers », a conclu Étienne Guillet. 

 

Une ouverture partielle encouragée par Jean- Michel Blanquer

Lors de son passage sur l’île en début de semaine, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer avait insisté pour que le bureau des étrangers rouvre. « Le bureau des étrangers doit rouvrir dans les plus brefs délais, c’est le rôle du préfet et je lui fais confiance là-dessus », avait-il déclaré. Une allusion probable à la situation des professeurs sénégalais (voir notre article ici) clamant leur droit d’accès à un renouvellement de leur carte de séjour.

Dépistage du Sida : « Il faut cibler les personnes les plus exposées »

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Mercredi se tenait dans les locaux du SMIAM, à Mamoudzou, la cinquième édition de la Journée « VIH et Hépatites de Mayotte » chapeautée par l’association Nariké M’sada pour les personnes séropositives et la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). L’occasion pour les professionnels de santé de faire un point de situation sur le virus et les autres IST ainsi que de définir les perspectives d’évolution en matière de prévention et de prise en charge. 

Sida, hépatites, papillomavirus… « Il ne faut pas se cacher sur la réalité de ces infections à Mayotte ». Tel est le constat du docteur Anne Barbail, médecin et inspectrice de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Mayotte, invitée à intervenir lors de la cinquième édition de la journée d’informations et d’échanges « VIH et hépatites de Mayotte » qui s’est tenue mercredi dans les locaux du SMIAM, à Mamoudzou, sous l’égide de la COVERIH Réunion/Mayotte (Coordination régionale de la lutte contre l’infection due au VIH) . Ce point de situation organisé par l’association Nariké M’sada, qui œuvre pour les personnes séropositives et la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) a  réuni de nombreux professionnels de santé et institutionnels. Il ressort de leurs échanges qu’il existe des facteurs de risques spécifiques au  101ème département en matière d’IST : les partenaires multiples – avec la pratique de  la polygamie notamment – la précocité des relations sexuelles, un accès et un usage du préservatif restreint ou encore le manque de dépistages. À cet égard, « l’objectif est de dépister au plus tôt un VIH pour pouvoir favoriser un diagnostic rapide et un traitement rétroviral efficace », souligne l’inspectrice de l’ARS. Pour autant, « nous avons actuellement du retard en matière de diagnostic ». D’importants efforts restent donc à faire, notamment auprès des populations qui apparaissent les plus exposées au virus. 

Plusieurs méthodes complémentaires sont à disposition des personnels de santé et de la population pour dépister le virus du sida. À côté des tests sérologiques classiques réalisés en laboratoire, il existe des Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD) qui peuvent être effectués en établissement de santé, dans diverses structures de prévention ou à l’occasion de programmes de dépistage dits « communautaires ». Il  y a encore la possibilité d’avoir recours aux autotests, disponibles en France depuis 2015 – »Il y a une vraie demande » pour ces outils, selon le docteur Barbail –  mais dont l’usage reste encore très limité à Mayotte. L’entreprise pharmaceutique Copharmay a par exemple indiqué ne fournir qu’entre 4 et 6 autotests Mylan (entre 40 et 50 euros pièce) aux pharmacies mahoraises chaque mois.

« L’intérêt du TROD communautaire est d’aller vers les personnes les plus exposées, c’est ce vers quoi l’on doit tendre, notamment avec les associations », insiste le docteur Barbail. Les personnes prostituées, les usagers de drogues, les migrants ou les personnes précaires font partie de ces personnes particulièrement exposées au risque de transmission. En 2016, « les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes restaient majoritaires » dans les populations les plus exposées, selon les données recueillies par l’ARS. « 

Dédramatiser la maladie 

Pour le directeur de l’association Nariké M’sada, Moncef Mouhoudhoire, il ne faut pas négliger les chiffres : chaque année, une trentaine de nouvelles contaminations au VIH sont découvertes à Mayotte. C’est beaucoup, mais paradoxalement, cela signifie également que « l’action de dépistage fonctionne », relève-t-il. En outre, « Les choses commencent à changer à Mayotte, avec la transformation de l’ARS océan Indien en ARS  Mayotte autonome, ce qui devrait changer la donne en termes de financements » et permettre d’allouer plus de moyens à la lutte contre les IST, espère le directeur. S’il n’est pas question de nier la gravité de la maladie et ses répercussions, il apparaît nécessaire selon lui de la « dédramatiser », alors que les personnes séropositives font encore aujourd’hui l’objet de stigmatisations en tout genre. « La prise en charge médicale du VIH  à Mayotte fonctionne comme dans le reste de la France métropolitaine, et, comme nous sommes en France, les traitements – dont le coût moyen peut aller jusqu’à 1000 euros – sont remboursés », ce qui n’est pas le cas de nombreux  autres pays du globe, à l’instar des États-Unis, qui ne bénéficient pas d’un système de sécurité sociale tel que le nôtre, souligne-t-il.  Par ailleurs, « les personnes séropositives peuvent aujourd’hui avoir une vie normale à Mayotte (…) Elles ont une espérance de vie normale et ont la possibilité de faire des enfants « . Grâce aux progrès des traitements, les porteurs du virus peuvent également parvenir à ce qu’on appelle une « charge virale indétectable », une formule utilisée lorsque la quantité de virus présent dans le sang est très faible, réduisant par là-même les risques de transmission, jusqu’à permettre aux porteurs du virus de devenir,  à terme, « non-contaminant ». 

« L’infection Hépatite B  est majeure à Mayotte »

Le virus de l’hépatite B (VHB) se transmet principalement par voie sexuelle et sanguine. Il s’attaque aux cellules du foie et entraîne l’inflammation de cet organe. Pour Anne Barbail, médecin et inspectrice à l’Agence Régionale de Santé (ARS), « l’infection d’hépatite B est majeure à Mayotte, c’est pourquoi depuis 2012, nous insistons beaucoup sur la vaccination » notamment chez les nourrissons. Selon une enquête de Santé Publique France, le nombre de dépistages en France s’élevait en 2016 à 4,3 millions (+14% par rapport à 2013) avec 33 962 dépistages positifs (+6% par rapport à 2013) pour un total de 45 cas sur 100 000 habitants. Mayotte est à cet égard la région la plus concernée avec 344 cas pour 100 000 habitants, devant la Guyane (183) et l’Île-de-France (145). Sur l’ensemble du territoire, « Il y a une recrudescence des IST à laquelle Mayotte n’échappera sûrement pas », déplore l’inspectrice. 

 

L’illettrisme, fléau de Mayotte

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Les Journées nationales d’action contre l’illettrisme (JNAI) auront lieu du 8 au 15 septembre prochains. À Mayotte, le taux de l’illettrisme est nettement supérieur à la moyenne dans l’hexagone. Dans un courrier en date de lundi, Ben Youssouf  Chihabouddine, Président de la Commission de lutte contre l’illettrisme,  a interpellé le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en visite officielle sur l’île, pour dénoncer ces disparités. 

Plus de cinq jeunes mahorais sur dix en grande difficulté à l’écrit. Selon les derniers résultats de l’enquête nationale de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), en 2012, parmi les 109 000 personnes en âge de travailler, 58%  des habitants de Mayotte ne maîtrisaient pas les compétences de base à l’écrit en langue française. Compte-tenu d’un accès à l’enseignement plus tardif, les femmes étaient davantage en difficulté avec 63% contre 53% pour les hommes. « Les langues véhiculaires parlées à Mayotte sont différentes de la langue de scolarisation, ce qui peut créer un fossé avec la métropole par exemple », a regretté Éric Nedelec, coordonnateur national de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI). Le Président de la Commission de lutte contre l’illettrisme, Ben Youssouf Chihabouddine, a profité de la visite à Mayotte du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, pour l’interpeller sur ces chiffres inquiétants,  dans un courrier datant de lundi. Il a notamment évoqué « un problème (illettrisme et analphabétisme ndlr) aigu qui s’aggrave » prenant exemple sur la Journée de la défense et de la citoyenneté en 2015. « Les enquêtes […] ont fait ressortir que 75% des jeunes ont des difficultés de lecture à Mayotte ». Une situation alarmante qui nécessite des efforts « immenses et urgents » pour le département. Le Président de la Commission a également demandé « que soit intégré dans le plan de construction de Mayotte, un vaste programme de lutte contre l’illettrisme et l’analphabétisme orienté vers l’amélioration de l’employabilité de la population ». Enfin, il a rappelé la « volonté exprimée de Monsieur Le Président de la République de mieux accompagner Mayotte » pour « une amélioration rapide de la connaissance de la langue française et des savoirs de base de la population ».  

Pauvreté et illettrisme, même combat

Le ministre a, quant à lui, assuré lundi que le gouvernement avait pris « toute la mesure » des problèmes récurrents à Mayotte et a souligné que les « évaluations diagnostiques » devaient permettre aux enseignants de vérifier, dès le CP, l’acquisition des savoirs fondamentaux. Ces difficultés face à l’écrit et à la lecture « s’expliquent notamment par l’environnement économique et culturel, le contexte et l’histoire de l’île », a indiqué Éric Nedelec avant d’ajouter : « la plupart du temps, nous pouvons superposer la carte de la grande pauvreté et la carte de l’illettrisme. Là où il y a des poches de pauvreté, il y a un taux d’illettrisme qui peut être important même s’il ne faut pas faire de généralité », a remarqué le coordonateur national de l’ANLCI. En 2017, une plateforme partenariale a été mise en place à Mayotte, « même si la volonté était de la créer en 2015 », pour fédérer tous les acteurs de ce combat. Regrouper tous les acteurs, c’est aussi la mission des Journées nationales d’action contre l’illettrisme (JNAI) qui se dérouleront, cette année, du 8 au 15 septembre prochains. « L’illettrisme est un phénomène invisible. C’est donc un travail incessant d’informations et d’échanges avec la population pour le faire connaître, surtout dans les Outre-mer et à Mayotte en particulier », a expliqué Virginie Lamontagne, chargé de mission à l’ANLCI. Et d’ajouter que « diffuser un message est au cœur de notre campagne : on peut apprendre à tout âge. L’estime de soi, il faut travailler sur cette dimension ».

Une entreprise sur deux concernée par l’illettrisme

Selon une enquête du CSA, publiée le 8 septembre dernier, seul  un quart des employeurs est en mesure de déceler l’illettrisme, alors qu’il concerne une entreprise sur deux. Plus de 2.5 millions de personnes, soit 7% de la population âgée de 18 à 65 ans, étaient en situation d’illettrisme, en 2017, après avoir été scolarisées en France, selon l’ANLCI. Le pourcentage d’employeurs disposant des moyens nécessaires pour repérer ce phénomène, n’est que de 26%. Pourtant, 91% des entreprises assurent que la lutte contre l’illettrisme est un enjeu important.

 

Deux personnes déférées après les échauffourées de Musicale Plage

Quatre personnes avaient été interpellées lundi après les échauffourées et l’agression d’un gendarme survenues à proximité de Musicale Plage, à Bandrélé, dans la nuit de samedi à dimanche.

Deux d’entre elles ont été déférées devant un juge d’instruction hier pour l’ouverture d’une information judiciaire, a-t-on appris auprès du procureur de la République Camille Miansoni. L’un des individus présentés à la justice est poursuivi pour des faits de tentative de meurtre sur un agent de la force publique, l’autre pour vol aggravé, également à l’encontre d’un agent de la force publique. Leur placement en détention provisoire a été requis. La nuit du 25 août, deux gendarmes avaient été appelés en renfort par des agents d’une société de sécurité privée chargés d’encadrer la soirée « Black Out Beach Party » organisée à Musicale Plage.

Sous couvert d’anonymat, un agent de sécurité, avait indiqué à Flash Infos qu’n groupe de jeunes avait, ce soir-là, enfoncé une clôture, pour « semer le chaos » à l’intérieur du périmètre dédié à l’événement. Des gaz lacrymogènes ont notamment été tirés, nécessitant la prise en charge d’au moins une jeune femme par les services de secours. Puis, selon un communiqué de la gendarmerie, « vers deux heures du matin, une bagarre y a éclaté, entre une bande de jeunes individus et le service de sécurité ». La brigade de gendarmerie de M’zouazia dépêchée sur les lieux aurait alors été » immédiatement » prise à partie, « alors que les gendarmes tentaient de faire cesser les dégradations commises sur un véhicule par les mêmes fauteurs de trouble », indique la gendarmerie, qui ajoute qu’un individu, « profitant de l’obscurité », a asséné deux coups dans le dos d’un des militaires « à l’aide d’un tournevis au niveau de sa clavicule droite, alors qu’un autre parvenait à repousser ses agresseurs, qui tentaient de lui arracher un pistolet à impulsion électrique (taser ndlr) ». Le gendarme blessé est toujours sous observation au CHM. Ses jours ne sont pas en danger. 

 

« Je suis assez confiant » : le ministre optimiste pour l’avenir du système scolaire

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Deuxième et dernier jour de visite à Mayotte, mardi, pour le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Avant de décoller vers Paris en fin de matinée, l’homme politique s’est déclaré confiant quant à l’avenir du système scolaire mahorais. 

Après les visites d’établissements scolaires, celle au vice-rectorat, et l’inauguration de l’internat d’excellence, lundi, la journée d’hier était un peu le point d’orgue de la venue du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Point d’orgue, car c’est notamment la rencontre avec les représentants syndicaux qui était au programme. Enjeu de celle-ci : s’enquérir des revendications désormais bien connues : attractivité du territoire, formation des professeurs, rythmes scolaires, construction de nouveaux établissements, etc. Pas d’annonces puisque ce n’était pas là l’objet de cette visite  officielle, mais une satisfaction pour le ministre, qui a souligné des « échanges chaleureux, francs, authentiques et dirigés vers des solutions » avec les acteurs de l’éducation à Mayotte. De quoi faire avancer le grand chantier de l’éducation mahoraise ? Oui, selon le ministre, qui s’est déclaré « assez confiant » quant à l’avenir.

Et de s’appuyer sur le plan de développement pour Mayotte annoncé en mai dernier, les 500 millions d’euros qu’il réserve pour l’amélioration du système scolaire local, et la mise en place d’un rectorat de plein exercice dès cette année : « C’est pour cela que Stephan Martens a été nommé (…) L’objectif n’est pas de changer la pancarte du rectorat, mais de réellement hausser le niveau. Cela signifiera (…) des recrutements pour renforcer l’institution, des fonctionnalités qui vont se développer en matière de formation professionnelle et d’apprentissage, de formation initiale et continue des professeurs, pour le suivi des constructions, etc. », a-t-il commenté. Une transition qualifiée « d’emblématique du passage d’un cran à un autre. »

350 postes créés pour cette rentrée

Pour cette rentrée scolaire, « 350 postes ont été créés », a rappelé Jean-Michel Blanquer, en promettant une série de mesures à venir « pour améliorer l’attractivité et la gestion des ressources humaines ». Dans le détail, il s’agit d’amener la future académie « à avoir plus de profs titulaires » et « toujours mieux formés », notamment en privilégiant le pré-recrutement  pour « avoir le plus possible de professeurs titulaires mahorais. » 

Pour autant, malgré l’optimisme affiché, le ministre n’a pas nié les évidences du territoire : « Il y a des difficultés à Mayotte », a-t-il ainsi reconnu avant de poursuivre : « [Elles] sont importantes. Personne ne le nie. Nous avons aujourd’hui un diagnostic partagé sur les insuffisances des infrastructures, mais aussi face à l’énormité des défis que nous avons, dont le défi démographique. »

Autre défi soulevé : celui du niveau scolaire, désormais admis comme plus faible qu’ailleurs, avec un taux d’illettrisme encore élevé. « Le mot-clé est « pragmatisme », a-t-il assuré, en soulignant l’application de la mesure limitant les classes de CP et CE1 à 12, voire 15 élèves, mais aussi la mise en place dès 2019 de la scolarisation obligatoire dès trois ans partout en France, Mayotte comprise. Les classes de niveau, parfois suggérées, n’ont pas été exclues.  Leur pertinence devrait  être étudiée lors de l’élaboration du projet académique du futur rectorat, prévue pour cette fin d’année.

 

Du cas par cas pour les enseignants et les étudiants étrangers

 » Les situations de blocage dans un sens ou dans l’autre ne sont pas durables », a réagi hier le préfet Dominique Sorain à propos du blocage du service des étrangers de la préfecture, qui affecte notamment les professeurs et les étudiants étrangers. « Un travail au cas par cas sera fait dans les prochains jours. Sur la situation des enseignants étrangers, nous allons regarder leur situation (…) pour qu’ils puissent avoir les documents nécessaires à leur activité ici, à Mayotte. Pour les étudiants, cela sera en fonction de leur situation. L’examen sera fait avec le vice- rectorat pour déterminer la suite à donner à leurs demandes. »

 

Jean-Michel Blanquer : « Nous avons les moyens d’aller de l’avant à Mayotte »

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Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer est arrivé à Mayotte lundi matin pour une visite de 48 heures destinée à prendre contact avec les réalités de terrain des établissements scolaires du département. L’occasion, en cette période de rentrée, de saluer le « volontarisme politique » en la matière et le travail des équipes pédagogiques, ainsi que de rassurer sur les promesses budgétaires du « Plan d’action pour Mayotte » dont le contenu a été dévoilé en mai dernier. 

Classes surchargées, illettrisme, infrastructures vieillissantes, manque d’effectifs, de sécurité… En matière d’éducation, le plus jeune département de France a de nombreux défis à relever. Pour les appréhender et rencontrer ceux qui s’y attellent, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer effectue une visite de deux jours sur l’île aux parfums, débutée lundi matin. « Je sais depuis longtemps à quel point le système scolaire de Mayotte connaît de très grandes difficultés, en partie liées au sujet démographique. L’Éducation nationale doit être à la hauteur du défi qui est posé et c’est pour ça que je suis là. Je suis aussi venu pour accompagner toutes les actions que nous avons décidé de faire, dont la transformation du vice-rectorat en rectorat (de plein exercice ndlr) », a assuré le ministre dès son arrivée à l’aéroport. Première visite à son agenda : l’école élémentaire de Labattoir 6 Ali Said Fundi, en PetiteTerre. Avec pas moins de 500 élèves pour une vingtaine d’enseignants, cette école ouverte en 1997 a été sélectionnée car elle fonctionne depuis 2011 selon le système dit des « rotations ». Faute de place disponible pour accueillir tous les élèves en même temps, les journées de cours y sont divisées en deux. Certaines classes ont cours le matin, d’autres l’après-midi. Environ 30% des établissements scolaires de Mayotte ont adopté ce système destiné à gérer la surcharge d’élèves dans les classes. 

Ce lundi matin, la récréation a dû être avancée pour la venue du ministre. Une large banderole portant l’inscription « Caribou à Labattoir » et de nombreux drapeaux tricolores lui faisaient office de tapis rouge. Après avoir reçu son traditionnel collier de fleurs, Jean-Michel Blanquer a été accueilli par Saïd Omar Oili, le maire de Dzaoudzi-Labattoir. « Vous êtes venu pour vous rendre compte de la réalité », se réjouit ce dernier. Après avoir retracé l’historique de l’école, l’élu explique que « l’application des rythmes scolaires n’est pas évidente ici », et plaide pour un nouveau soutien financier à destination de la rénovation des locaux. Si Mayotte est le « territoire de tous les défis », c’est aussi « le plus pauvre et celui qui mérite le plus d’aide, car il a voulu rester français à tout prix ».

« Le plan de 500 millions d’euros va s’accomplir »

Après avoir rencontré les enseignants et s’être assis à la table des élèves en compagnie de la directrice, du nouveau recteur Stephan Martens et du préfet Dominique Sorain, le ministre a tenu à rassurer et à rappeler ses principaux objectifs. Évoquant les « taux d’illettrisme » importants à Mayotte, il a assuré que le gouvernement avait pris « toute la mesure » des problèmes récurrents dans le 101ème département. Et de rappeler les deux mesures phares de son programme : les classes de CP à douze élèves – « Ici comme dans toute la France je mets l’accent sur le CP et le CE1, cette période fatidique où les enfants apprennent à lire, à compter et à respecter autrui » – et « les évaluations diagnostiques » qui doivent permettre aux enseignants de vérifier, dès le CP, l’acquisition des savoirs fondamentaux. 

Sur le volet budgétaire, les 500 millions d’euros promis pour l’éducation lors de la présentation du Plan de rattrape et de développement pour Mayotte, dévoilé en mai dernier par la ministre des Outre-mers, Annick Girardin, « vont s’accomplir », a insisté Jean-Michel Blanquer, « ils sont en train de s’accomplir ».  À l’époque, la ministre avait en effet évoqué « un effort important (…) indispensable en faveur des constructions scolaires. Sur le quinquennat, [il y aura] près de 500 millions d’euros d’investissements, soit environ le double que lors du quinquennat précédent (…) Plus de 500 recrutements seront opérés [dans l’Éducation nationale], dont 150 en plus de ce qu’impose la progression des effectifs ». Interrogé sur la question des rotations, le ministre a voulu rappeler qu’elles ne « datent pas de cette rentrée » ajoutant que « nous avons les moyens d’aller de l’avant, cela marchera si l’on est unis ».

« Le bureau des étrangers doit rouvrir »

Depuis plusieurs semaines, le service des étrangers de la préfecture fait l’objet de blocages quotidiens à l’initiative de divers collectifs de citoyens qui s’opposent à l’octroi de titres de séjour à des étudiants étrangers. Ces étudiants, réunis en collectif, avaient interpellé la préfecture le mois dernier sur leur situation, dénonçant des retards dans l’examen de leur demande de visa à la suite de la fermeture du service des étrangers en mars. Bacheliers, certains d’entre eux se trouvent ainsi empêchés de poursuivre leurs études dans l’enseignement supérieur, faute de papiers pour s’inscrire. Interrogé sur cette situation, Jean-Michel Blanquer a estimé que « de façon générale, un blocage n’est jamais bon » avant de déclarer que « le bureau des étrangers doit rouvrir dans les plus brefs délais, c’est le rôle du préfet et je lui fais confiance là-dessus ». 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les néo-contractuels font leur rentrée

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Au programme pour la première journée, une conférence sur « l’éducation prioritaire et le contexte plurilinguisme », des interventions de professionnels de l’Éducation nationale et des ateliers destinés aux enseignants débutants. Au cours de la deuxième journée, était proposée une conférence intitulée « Connaître le système éducatif et ses attentes, ce que l’Éducation nationale attend des élèves du 21ème siècle, les gestes professionnels et la posture de l’enseignant ». 

L’ouverture de ce séminaire a été assurée par le nouveau recteur Stephan Martens. Plusieurs intervenants y ont participé, dont le directeur académique adjoint des services (DAASEN), chargé de mettre en œuvre la politique éducative du département, et des inspecteurs des différentes circonscriptions de l’Académie de Mayotte. Ce séminaire était animé par Richard Barbé, directeur de la formation pour les néo contractuels représentant le Département de la formation et de l’accompagnement des contractuels. Environ 200 néo-contractuels, tous degrés confondus, étaient présents. Les intervenants ont souhaité rappeler le contexte de plurilinguisme de Mayotte, et rassurer ces nouveaux enseignants avec la mise à disposition de plusieurs outils pédagogiques et de formations. Ils ont également souligné les efforts considérables fournis chaque année pour élever le niveau des élèves et assurer la qualité de l’enseignement dans le 101ème département. 

Laïcité : des conseils pour son application à Mayotte 

 » Je vis à Mayotte depuis trois ans, j’ai exercé le métier d’ingénieur pour une entreprise de Mayotte. J’ai décidé de me reconvertir en tant que professeur car je suis une personne pédagogue, et j’aime partager le savoir « , a confié Steven Rodrigues, qui s’apprête à faire sa première rentrée en tant qu’enseignant. La laïcité était au cœur des débats. Un rappel des obligations de neutralité des enseignants quant à leurs tenues, leurs postures et leur idéologie. La loi de 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises rappelle que les tenues de la vie quotidienne sont tolérées, comme par exemple le Kichali mahorais, ce voile coloré avec différents motifs porté par les jeunes filles et femmes de Mayotte. 

Le voile islamique noir – celui qui couvre les cheveux et les oreilles – est en revanche prohibé. Le port du boubou, une tenue blanche portée lors des cérémonies religieuses, est également interdit. En 2017, cinq cas d’atteinte à la laïcité ont été constatés sur l’année scolaire précédente. Le premier cas concerne des élèves qui ne voulaient pas dessiner des visages en cours d’art plastique et les quatre autre cas concernaient des enseignants. Un rappel a également été fait sur les discriminations entre collègues enseignants. Ces derniers sont tenus de signaler les cas d’abus et de non-respect des principes de la laïcité. Toutefois, il leur a été conseillé par exemple de ne pas exclure un élève qui porterait à l’école des tenues interdites par la loi, favoriser le dialogue avec l’élève et ses parents. « Les années précédentes ont été difficiles en termes de recrutement » Cette année 50 contractuels dans le premier degré et 250 contractuels dans le deuxième degré ont été recrutés pour renforcer les effectifs. « Cette année nous avons moins recruté car les contractuels des années précédentes ont vu leurs contrats se renouveler. L’enseignement à Mayotte progresse », a estimé Richard Barbé. Des conditions de diplôme sont requises pour pouvoir enseigner à Mayotte. Chaque niveau de diplôme a ses avantages. Les néo-contractuels qui détiennent une licence ou un master percevront ainsi un salaire net de 2 300 euros par mois, les 40% d’indexation étant inclus, sans compter les diverses primes et paiement d’heures supplémentaires. Afin d’attirer les nouveaux arrivants résidant hors de Mayotte un complément de rémunération de 8 000 euros est prévu. Ceux qui détiennent un diplôme de niveau master 2 ou plus percevront quant à eux un salaire net de 2 600 euros par mois, indexation incluse. Un complément de rémunération de 9 000 euros leur est par ailleurs destiné. « La campagne de recrutement a été lancée depuis quelques mois, les rémunérations intéressantes et la possibilité de faire carrière dans la fonction publique sont les raisons pour lesquelles les nouvelles recrues ont accepté de signer avec le vice-rectorat de Mayotte. Les années précédentes ont été difficiles en termes de recrutements de contractuels », admet-on au vice-rectorat.

Des ressources pédagogiques pour les enseignants 

Lors du séminaire, il a été rappelé que des ressources pédagogiques sont disponibles sur les différents sites du vice-rectorat et du ministère de l’Éducation nationale. Chaque enseignant bénéficiera par ailleurs d’une adresse mail de l’Académie de Mayotte. Cette adresse leur permettra de pouvoir accéder à des outils sur le site du Vice-rectorat et de l’Éducation nationale. 

 

Voici la liste des liens mis à leur disposition : 

www.ac-mayotte.fr 

www.education.gouv.fr 

https:/peda.ac-mayotte.fr 

www.edusol.education.fr 

www.ife.ens-lyon.fr/ife

 

Ousna Attoumani sacrée Miss Mayotte

Vendredi à Kani Bé, une nouvelle Miss Mayotte a été couronnée. Ousna Attoumani, sublime jeune femme de 20 ans, s’est vu remettre son écharpe par la Miss France 2018, Maëva Coucke, venue sur l’île aux parfums pour l’occasion. Après un baccalauréat littéraire et des études de LEA anglais et chinois (Langues étrangères appliquées), la jeune femme d’1m77 s’est tournée vers le tourisme et souhaite faire rayonner son île aux quatre coins du globe. Adepte du fitness, la jeune femme se passionne également pour le design et la mode. Ousna Attoumani succède à Vanylle Emasse, gagnante de l’édition 2017, qui lui a remis la couronne. La jeune femme, actuellement en voyage à La Réunion, participera à l’élection Miss France 2019 en décembre prochain. 

 

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes