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Atteinte sexuelle sur mineures à Mayotte : l’homme aux bonbons prend six ans ferme

L’inconnu qui alpague les fillettes dans la rue n’est pas une légende urbaine… Le tribunal correctionnel a jugé sévèrement un individu qui avait abusé de deux fillettes en 2015.

Elle triture son voile kaki avec nervosité et sa voix de frêle petite fille porte difficilement dans la salle d’audience. Mais quand la juge lui demande d’identifier l’homme qui se tient assis sur le banc des accusés, juste derrière elle, son timide “ewa” ne fait pas de doute. C’est bien lui qui, en 2015, l’a emmenée dans sa case, et l’a allongée sur une natte pour lui passer la main sous ses vêtements. Cinq ans plus tard, le prévenu devait répondre devant le tribunal des faits d’atteinte sexuelle sur deux mineures âgées à l’époque de six et huit ans respectivement, auxquelles il a aussi montré des images à caractère pornographique et qu’il a photographiées.

Tout éclate quand la mère d’une des fillettes apprend que son enfant est la cible des moqueries de ses camarades : le bruit court qu’elle se rend chez un homme du quartier et repart avec de l’argent. Ses petits frères lui demandent de leur donner ces bonbons qui sortent d’on ne sait où… Peu à peu, les parents comprennent ce qui se trame à quelques pas de chez eux. À force d’interroger les deux enfants, ils parviennent à reconnaître cet inconnu sur le trajet de la mosquée. Ils tentent d’abord d’obtenir des explications, avant de finalement prévenir la police.

50 centimes ou quelques bonbons

D’après le récit des deux filles aux policiers, l’individu les aurait d’abord abordées dans la rue, en leur demandant d’aller chercher une pâtisserie. Puis il les aurait emmenées chez lui, et aurait indiqué à la plus âgée de faire le guet… pendant qu’il déshabillait sa jeune victime. Selon l’aînée, le rituel se serait répété plus d’une fois. Et à chaque fois, l’homme les aurait laissées repartir avec une pièce de 20 ou de 50 centimes ou quelques bonbons, explique aujourd’hui la mère à la barre.

À toutes les étapes de la procédure, le prévenu n’aura de cesse de nier les faits. Mais les éléments du dossier ne plaident pas en sa faveur. Les deux victimes l’ont identifié et ont aussi reconnu des photographies de l’intérieur de sa maison. Sans parler des traits évocateurs que la plus jeune a dessinés devant les policiers pour leur décrire la scène… Si les examens médicaux ont exclu l’hypothèse du viol, les pièces jointes au dossier suffiront ce mercredi à convaincre le tribunal correctionnel des faits d’atteinte sexuelle reprochés au prévenu. Il écope donc de six ans de prison ferme – il en a déjà effectués trois en détention provisoire – et devra s’acquitter de 8.000 euros pour chacune des parties civiles.

Économie : Ces femmes mahoraises qui osent entreprendre

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Le cabinet mahorais de conseil a décidé de mettre les femmes entrepreneures ma-horaises à l’honneur. Un café débat a été organisé en ce sens, au salon de thé Dix thé na tchai, le 23 octobre dernier. L’occasion pour ces femmes de raconter leurs parcours et conseiller celles qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat.

Le taux de création d’entreprises par des femmes est nettement supérieur à Mayotte si l’on compare à la moyenne nationale. Et il faut rester dans cette tendance en encoura-geant celles qui se sont déjà lancées et celles qui sont encore hésitantes. Le cabinet ma-horais de conseil a récemment organisé le “café des femmes entrepreneures”. L’occasion pour ces cheffes d’entreprise de partager leur savoir-faire ainsi que leurs parcours. “L’ob-jectif est de faire participer ces femmes avec celles qui sont en train de créer leur boîte. Cela leur permettra de créer un réseau”, précise Jean-Pierre Rigante, directeur de projet au sein du cabinet de conseil.

Elles exercent dans différents domaines, mais partagent toutes la même envie de se dé-passer et d’investir dans leurs propres entreprises. À l’image de Anturia Ali. Du haut de ses 28 ans, elle est à la tête de deux entreprises. May Car, une société de location et vente de véhicules, et Easy Net, magasin de produits d’hygiène et entretien. Cela fait 3 ans qu’Anturia est auto-entrepreneur. Cette voie était comme une évidence pour elle. “Quand j’étais étudiante, je ne me voyais pas travailler pour quelqu’un. Je ne voulais pas perdre de temps à travailler pour quelqu’un, alors que je pourrais le consacrer à créer mon entreprise”, raconte-t-elle. Elle n’a cependant pas eu le soutien espéré de sa famille qui était réticente. “Cela a été un choc pour ma mère. Quand je lui ai parlé du prêt pour Easy Net, elle est tombée des nues parce qu’elle a un côté très religieux et elle ne voulait pas que je meure en ayant des dettes parce que c’est interdit dans notre religion”, sourit Antu-ria. Aujourd’hui, sa mère a dépassé cette crainte et est fière du parcours de sa fille.

Si pour May Car, Anturia s’est associée à des professionnels qui étaient déjà dans le mi-lieu, elle est seule à avoir investi dans sa nouvelle société Easy Net qui a tout juste un an. “Et je ne compte pas m’arrêter là ! J’ai plein d’autres projets”, rétorque-t-elle. Anturia Ali est cependant consciente des sacrifices qu’elle doit faire pour atteindre ses objectifs. Mère d’un bébé de 8 mois, elle ne cesse de se remettre en question. “Parfois, je suis perdue. Je me demande même ce que je fais là. Pour mon entourage, je ne suis jamais présente, mais c’est un choix de vie et j’arrive à m’organiser.” Et si elle devait donner un seul conseil à toutes celles qui n’osent pas entreprendre… “N’ayez pas peur de l’échec. Si on échoue, cela servira de leçon pour la prochaine fois, mais ce n’est pas dramatique. On peut tou-jours se relever”, clame Anturia en pensant à son modèle Steve Jobs qui a échoué et qui a visiblement réussi à se relever.

“Quand on n’a pas ses propres fonds a début, c’est difficile”

Naoumi Abdul Kader fait également partie de ces femmes qui ont osé dépasser leur craintes afin de créer leurs entreprises. Elle est arrivée à Mayotte en 2014 après ses études, dans l’espoir d’ouvrir un restaurant. Cela a toujours été un rêve pour elle, mais Naoumi est confrontée à la dure réalité du marché. “Quand on n’a pas ses propres fonds au début, c’est difficile”, déclare-t-elle. À cela s’ajoute la paperasse et toute l’organisation que nécessite un tel établissement. Alors Naoumi choisit de changer de stratégie. “J’ai dé-cidé d’ouvrir ma propre boutique de prêt-à-porter pour femmes rondes au début parce que, mo-même étant ronde, j’ai remarqué que nous avions beaucoup de difficultés à nous habiller en magasin.” La création d’une boutique est également plus facile selon elle, alors elle investit toutes ses économies dans son magasin Xara, ouvert en 2016.

Mais son envie d’être un jour patron de son propre restaurant ne s’estompe pas, bien au contraire. Grâce à l’expérience qu’elle a acquis avec sa boutique de prêt-à-porter, Naoumi a finalement pu réaliser son rêve. Son salon de thé et restaurant appelé Dix the na tchai a vu le jour il y a un an. Elle emploie 5 salariés et bénéficie également de l’aide incondition-nel de sa mère, qui n’était pourtant pas convaincue par les projets de sa fille. “Elle me con-seillait plutôt d’investir mon argent dans une voiture ou une maison. Elle pensait que mon entreprise n’allait pas fonctionner. Mais je lui ai expliqué que c’est en trébuchant qu’on ap-prend à mieux marcher”, philosophe-t-elle. Aujourd’hui, l’entrepreneure de 30 ans ne se repose pas sur ses lauriers. Chaque jour est un nouveau challenge pour elle.

Diffamation : Air Austral demande un euro symbolique pour des accusations d’abus de position dominante

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En plein retour de Corsair dans le ciel de Mayotte, une affaire de presse rappelle les conditions qui avaient poussé la compagnie à annuler ses dessertes, deux ans auparavant. Les Nouvelles de Mayotte sont accusées par Air Austral de diffamation pour un article publié en 2018.

Quand on parle à Mayotte des prix d’Air Austral, il n’est pas rare que les noms d’oiseau fusent… Mais pour s’être pris au jeu, le journal Les Nouvelles de Mayotte, pourrait bien y perdre quelques petites plumes. Ce mercredi, la publication passait devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou, pour un article écrit en octobre 2018, jugé diffamatoire par la compagnie aérienne réunionnaise.

Deux passages sont mis en cause : un premier où nos confrères accusent Air Austral de “verrouiller le ciel mahorais”, via des lobbys à Madagascar et à Maurice, “des manoeuvres qui brillent par leur obscurité”, peut-on lire. “Il s’agit de faits délictuels, donc l’article laisse entendre qu’Air Austral a des pratiques interdites, or dans la définition de la diffamation, l’insinuation fait partie des possibilités”, analyse Maître Morel, avocat de la compagnie entendu ce mercredi à la barre. Mais le journal ne s’est pas arrêté là. Plus bas, il dénonce encore le “silence suspect des élus et des pouvoirs publics qui se gardent bien de taper sur Air Austral”, et prédit que “le client mahorais restera pendant longtemps pigeon d’Air Austral qui freine des quatre fers sur le projet de piste longue”. Des accusations que la principale intéressée juge sans fondement et pour lesquelles elle demande donc un euro symbolique, ainsi que la publication de la décision du tribunal dans un journal réunionnais. L’affaire a été mise en délibéré et le choix du tribunal sera rendu public le 25 novembre prochain.

Il y a deux ans, le départ de Corsair

Pour chasser les nuages dans cette affaire, il faut bien rappeler quelques éléments de contexte. En 2018, la signature d’un partenariat stratégique entre Air Madagascar et Air Austral avait plus ou moins poussé Corsair, principale concurrente d’Air Austral sur l’axe Réunion-Mayotte, à voler vers d’autres cieux. L’État malgache avait en effet annulé les droits de trafic accordés à la compagnie entre les aéroports de Saint Denis-Roland Garros et Antananarivo-Ivato. Ce qui par voie de ricochet, mettait fin aux trajets de Corsair jusqu’à Dzaoudzi – notamment en raison des contraintes techniques posées par la piste courte pour ses avions – au grand dam des Mahorais.

“Cette desserte poussait Air Austral à s’aligner sur les prix de la concurrence […] et aujourd’hui, il suffit d’aller sur les réseaux pour savoir que tout le monde trouve cela trop cher”, rembobine Maître Yanis Souhaïli, avocat de la défense. L’affaire avait même attiré l’oeil de l’Autorité de la Concurrence. Son enquête, ouverte en 2018, s’était toutefois soldée sur un classement sans suite, après une perquisition des locaux d’Air Austral. À noter que depuis, Air Madagascar a évincé Air Austral de son capital.

Reste que le sujet est encore cruellement d’actualité. Deux ans plus tard, Corsair signe son grand retour sur l’île au lagon, avec des promesses commerciales à faire bondir sa concurrente réunionnaise. Comptez par exemple 158 euros pour un vol Mayotte – La Réunion, sans bagage, pour ses premiers tarifs promotionnels… Pourvu que ça dure !

Violences à Mayotte : un observatoire pour « abandonner cette pente suicidaire »

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Alors que les Assises de la sécurité doivent se tenir en début de semaine prochaine, un autre événement non moins important s’est déroulé ce mercredi au siège du conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement. Plusieurs acteurs institutionnels ont décidé d’installer un Observatoire des violences dans le but de mener une étude préalable et d’orienter des actions par le biais de son conseil scientifique dans le but d’améliorer la prévention, l’accompagnement et la répression.

Savoir nommer pour mieux appréhender… C’est en quelque sorte le credo de l’Observatoire des violences, présenté officiellement ce mercredi dans les locaux du conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement. Autour de la table, plusieurs acteurs bien connus du territoire, comme le rectorat, l’agence régionale de santé, le Département et la fédération des conseils de parents d’élèves. « C’est une initiative collective », souligne en introduction Bacar Achiraf, président de la commission éducation au CCEE. Dont les premières discussions remontent au mois de février, précise Mouhoutar Salim, le directeur général adjoint de l’ARS. « J’ai eu la lourde tâche de réfléchir à ce que nous allions faire. »

À la différence des Assises de la sécurité organisées en début de semaine prochaine, dont l’objectif est d’élaborer un document avec des propositions concrètes à remonter à Paris, l’idée consiste ici à « caractériser les violences qui sont plurielles », indique Gilles Halbout, le recteur. Une manière de ne pas rester les bras ballants, à « attendre [continuellement] l’intervention des forces de l’ordre », et surtout de « regarder le passé pour se projeter vers l’avenir ». En clair, il s’agit de mettre des mots forts sur ces maux qui gangrènent le quotidien des Mahorais. En d’autres termes, il est grand temps « que la parole des uns et des autres se libère et se formalise ».

Le dernier maillon de la chaîne de violences

Pour donner des pistes de travail, des chercheurs, des experts et des écrivains se sont penchés de près sur le sujet pour disposer d’un premier regard pluridisciplinaire. Parmi les éléments évoqués : les transformations sociétales ; le tableau d’une jeunesse violentée ; le management interculturel dans les rapports de force entre le système de répression collectif et l’institution judiciaire ; le mourengué : un fait social presque total ; le décrochage scolaire : du décrochage institutionnel au décrochage parental ; la violence institutionnelle : un rempart contre un accompagnement collectif.

Un tour d’horizon sur certaines violences considérées comme les causes des actes de délinquance observés jusque dans l’espace public. Ces actes délictueux sont le dernier maillon de la chaîne de violences, symbole d’une société à bout de souffle, qui comprend les violences conjugales, les violences parentales, les viols, les violences économiques, les violences institutionnelles et les violences interculturelles. « Ces textes sont les premières pierres d’une réflexion », se réjouit le responsable de l’académie, qui enfile alors son costume d’ancien mathématicien. « Une fois que nous nous sommes posés les bonnes questions, nous avons fait les deux tiers du chemin. » Limpide comme une formule mathématique.

Le lien immigration/violence est réel

Chaque intervenant prêche alors pour sa paroisse, ou plutôt pour son champ d’action. À l’instar d’Issa Issa Abdou, le 4ème vice-président du conseil départemental, qui rappelle que « la question de l’insécurité relève des missions régaliennes de l’État ». Sans toutefois omettre le rôle primordial de la prévention, comme les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance. L’élu en charge du social à la collectivité n’hésite pas à mettre les deux pieds dans le plat. « Nos efforts sont sapés par l’immigration. Il faut le dire clairement, [son] lien avec les violences est réel. » Et à ses yeux, le désengorgement de l’île aux parfums doit être une priorité. Dans son viseur ? Le devenir des quelque 4.000 mineurs isolés, laissés pour compte sur le territoire. « Adrien Taquet [le secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance, en visite la semaine dernière dans le 101ème département, ndlr] a botté en touche sur [leur] répartition », regrette-t-il. Une déception d’autant plus forte que les jeunes de moins de 18 ans représenteraient environ 63% des auteurs d’infractions non identifiés et non interpellés en zone police, soit le triple de la moyenne nationale. Et que les outils destinés à les encadrer et à les accompagner sont saturés puisque l’aide sociale à l’enfance ne propose que 200 places…

Face à ce constat, Zalifa Assani, la présidente de la FCPE, met en exergue la sphère de la parentalité, sujette aux violences familiales et conjugales. Dont les effets pervers se répercutent « sur les résultats scolaires » des enfants, bien souvent pointés du doigt lors d’affrontements entre bandes rivales. « Il faut que les Mahorais aient des fondations et [celles-ci] sont notre culture », poursuit-elle pour imager la croisée des chemins face à laquelle la société se confronte, à savoir la tradition et la modernité. « Pour certains parents, c’est compliqué de se positionner ! »

« Ne pas uniquement faire du verbiage »

De belles promesses de réflexion donc. Mais l’Observatoire des violences n’est-il pas un énième support qui risque de tomber aux oubliettes ? Que nenni selon les différents acteurs. « Nous ne voulons pas uniquement faire du verbiage. Nous voulons tirer des recommandations », assure Bacar Achiraf. Preuve en est avec la création début décembre d’un conseil scientifique, composé de juristes, de psychologues, d’anthropologues, d’universitaires et de personnalités publiques, « pour veiller à ce que cette production » soit gravée dans le marbre, certifie Mouhoutar Salim. Et de nombreuses rencontres doivent se dérouler régulièrement au cours des 15 prochains mois, à l’image des Assises de la jeunesse, prévues fin janvier, début février. « Une étape de perspectives », rajoute Gilles Halbout, qui dévoile alors les pistes de travail : la prévention, l’accompagnement et la répression.

Et grâce aux futures données et chiffres récoltés par les acteurs de terrain, le conseil de la culture, de l’éducation et l’environnement sera alors en mesure d’apporter son expertise. « Analyser pour agir », plaide Ali Said Attoumani, le préfigurateur du conseil scientifique, qui juge nécessaire de réaliser une autopsie de 2011 à nos jours. « Nous disons tout et son contraire… » Mais pour lui, il apparaît essentiel d’« utiliser notre identité territoriale pour abandonner cette pente suicidaire ». Et une fois le calme revenu, « l’Observatoire est là pour éclairer le chemin des 25 prochaines années ». Et ainsi ne pas reproduire les erreurs antérieures…

François-Xavier Bellamy veut “faire entendre la voix des Mahorais jusqu’à Paris et Bruxelles”

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Laïcité, immigration, développement économique… Le député européen Les Républicains François-Xavier Bellamy, en visite d’une semaine sur l’île aux parfums, revient sur l’actualité européenne et nationale, qui trouve un écho jusqu’à Mayotte. Avec en ligne de mire, l’immigration clandestine, sujet majeur dans le 101ème département et qui arrive justement sur les bureaux des parlementaires de Bruxelles.

Flash Infos : Pouvez-vous expliquer les raisons de votre venue à Mayotte aujourd’hui ?

François-Xavier Bellamy : Le grand regret que nous avons eu pour la campagne des élections européennes c’est de ne pas avoir eu le temps de faire le déplacement dans les Outre-mer. Mais j’avais pris l’engagement de venir pendant la mandature. Ces territoires font partie de la France, Mayotte est un département français, et à ce titre, aussi, un territoire européen. Et il me paraît très important d’être présent sur le terrain. Qui plus est ici, sachant toutes les problématiques spécifiques de cette île sur des sujets qui sont aussi très liés à l’Europe. Je pense, bien sûr, à la question migratoire, qui arrive justement sur la table à Bruxelles, avec les discussions sur le nouveau pacte migratoire de la commission européenne. Mon choix s’est aussi porté sur Mayotte pour ce premier voyage dans les Outre-mer car, d’après la statistique officielle, il s’agit de la région la plus pauvre d’Europe. Donc je ne pouvais faire l’impasse sur cette visite, pour voir sur le terrain quelles réponses étaient attendues par la population. Enfin, c’est une manière de pouvoir porter le témoignage en métropole et aussi en Europe du potentiel extraordinaire que représente ce département pour le développement futur du pays et de l’Union européenne. Mayotte aujourd’hui fait face aux questions les plus urgentes. Certes, tous les Outre-mer ont leurs atouts, leurs difficultés. Mais sur la question de la sécurité, sur la question du développement économique, sur la question migratoire, Mayotte est à la croisée des chemins.

FI : Dans un entretien que vous avez accordé au Point en réaction aux polémiques liées à la mort de Samuel Paty, vous dites que “notre problème, c’est la rencontre de l’islam avec un monde pétri de christianisme”. Justement, Mayotte, le plus jeune département français, a une population à 90% musulmane. Comment pensez-vous que l’on puisse conjuguer cette appartenance nationale et cette culture spécifique ?

F-X. B. : Quand nous abordons l’attentat qui a visé Samuel Paty, il y a en toile de fond cette idée de la laïcité. Notre histoire républicaine, avec son idée de la laïcité et de la liberté, se fonde sur l’Histoire de la France et de sa propre maturation. Je crois que Mayotte illustre très bien cette richesse née du temps que les sociétés passent à construire leur équilibre et leurs principes. En France, cette idée de la laïcité est difficile à partager : je l’ai vécu moi-même, en tant que professeur de philosophie en terminale. J’ai enseigné pendant dix ans comme jeune professeur dans des établissements avec une population très majoritairement issue de l’immigration, et je peux vous dire qu’il n’est pas simple de partager et de faire comprendre ce principe à des jeunes qui sont marqués par un islam venu du Maghreb notamment et qui n’intègrent pas cette notion. Ici, à Mayotte, ce que j’ai trouvé très marquant dans ma rencontre avec le Cadi à la mosquée de Tsingoni, c’est de voir à quel point cet équilibre s’est construit depuis longtemps. Quand le conseil cadial demande de plus un État fort dans ses missions régaliennes, et travaille main dans la main avec le Département et les parlementaires, cela renforce cet équilibre. Or je l’ai dit et je le répète, tout l’enjeu c’est de garantir à la majorité des musulmans qui veulent pratiquer paisiblement leur religion de pouvoir le faire dans le cadre de notre vie républicaine. Je pense qu’à ce titre, nous pouvons donc apprendre de cet équilibre qui s’est créé à Mayotte au fil du temps.

FI : Cet équilibre aujourd’hui est mis à mal, comme l’évoquait le Grand Cadi, par ces vagues d’immigration que nous connaissons depuis plusieurs années à Mayotte. Partagez-vous cette analyse ?

F-X. B. : Tout à fait ! Nous le constatons ici à Mayotte comme en métropole : pour réussir le défi de cet équilibre, et j’ai déjà eu l’occasion de le souligner dans le débat public, il nous faut absolument apporter des réponses fortes sur le sujet migratoire. Nous ne réussirons pas à préserver l’équilibre de notre société si nous n’absorbons pas cette immigration massive qui met en péril toute possibilité d’intégration et d’assimilation. Et le sujet est bien évidemment central ici et nous n’avons pas le droit de tourner le dos, de feindre de ne pas voir ce que vivent les Mahorais, victimes de cette situation d’mmigration incontrôlée qui pénalise toutes les dimensions de l’activité et de la vie sociale. La situation est littéralement intenable. Il y a urgence à déterminer une bonne fois pour toute une politique migratoire pour mettre fin à ces flux incontrôlés.

FI : Ce sujet de l’immigration clandestine figure d’ailleurs au coeur de votre visite, puisque vous prévoyez notamment de visiter le CRA.

F-X. B. : En effet, nous avons beaucoup travaillé sur la question migratoire avec le préfet évidemment, et avec le député Mansour Kamardine, qui porte régulièrement ce combat à Paris. Nous allons visiter le centre de rétention administrative et nous allons aussi aller sur le terrain avec la police aux frontières, pour voir concrètement le travail qui est mené. Ce sujet, comme je l’évoquais, arrive sur le bureau des parlementaires européens, nous commençons à travailler sur le nouveau schéma migratoire de la commission européenne. Or, il y a pour moi deux sujets majeurs : savoir comment conduire efficacement ceux qui sont entrés illégalement sur le territoire français d’une part ; mais aussi, d’autre part, savoir comment éviter tout simplement le franchissement de la frontière, comment dissuader les candidats de l’immigration clandestine. Nous savons qu’il s’agit d’une clé pour rétablir un équilibre, et ici, pour protéger la population mahoraise contre cette tension et cette violence que crée une immigration incontrôlée. Enfin, il y a un enjeu crucial : celui de préserver les personnes victimes du trafic des passeurs. Ce business énorme profite de la misère des gens, il faut que cela cesse. Nous ne pouvons pas laisser prospérer plus longtemps une situation qui ne profite qu’aux trafiquants et aux passeurs. La France est une grande puissance et l’Europe est capable de déterminer les actions efficaces pour la maîtrise de nos frontières.

FI : Outre cette question migratoire, il y a d’autres sujets de débat à Bruxelles qui ont un impact direct sur Mayotte, région ultrapériphérique d’Europe. C’est le cas pour la possible réduction du budget du programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) pour la période 2021-2027 qui, si elle était adoptée, aurait des conséquences directes pour les agriculteurs et les éleveurs ultramarins. À Mayotte, le manque à gagner est estimé à 800.000 euros… Comment défendez-vous le territoire en tant que député européen ?

F-X. B. : Je me suis justement mobilisé avec des députés de tous les bords politiques pour dénoncer cette baisse inacceptable du budget du POSEI, aujourd’hui négociée au conseil européen et qui fragiliserait profondément les Outre-mer. Les RUP ont un rôle à jouer dans le développement de l’Europe, elles ont des problèmes spécifiques, et il faut leur apporter une aide spécifique. À la commission de la pêche que je préside, nous défendons aussi d’octroyer des moyens spécifiques pour les RUP. Nous le constatons à Mayotte, la départementalisation a fait rentrer le territoire dans les règles européennes alors que la pêche mahoraise n’était pas encore au niveau de ces exigences, en termes de matériel, de formation. Cela suppose donc de donner les moyens aux pêcheurs mahorais de s’équiper et d’investir pour pouvoir répondre à ces nouvelles exigences. L’idéal d’égalité implique aussi d’accorder une attention particulière à ceux qui ont des besoins particuliers. C’est tout le sujet du budget du POSEI, qui est encore en discussion entre le conseil et le parlement, et c’est aussi l’une des raison de ma venue à Mayotte, pour porter ce message de manière plus forte à Bruxelles. L’Europe aujourd’hui paraît encore éloignée des citoyens français et encore plus peut-être ici, à Mayotte. Il faut que nous arrivions à créer ce lien, à nous rencontrer entre élus nationaux, locaux et européens. J’ai rencontré le maire de Mamoudzou, j’ai échangé avec ses services, je vais pouvoir rencontrer le président du Département et j’entretiens un lien particulier avec Mansour Kamardine. C’est important que les Mahorais sachent que ce contact s’établit pour pouvoir servir la cause de leur département, de leur île, jusqu’à Paris et à Bruxelles pour que leur voix soit entendue.

Larissa Salim Bé, une miss qui excelle

Elle a été élue le 31 octobre à Ouangani. Larissa Salim Bé est la nouvelle miss excellence Mayotte et a tout pour plaire. Elle est sans aucun doute belle et intelligente, mais sa dou-ceur teintée d’une certaine ambition font d’elle une miss unique en son genre.

Tirée à 4 épingles dès le matin, maquillage impeccable, port de tête royal… Larissa Salim Bé a tout ce que l’on attend d’une miss. Elle porte fièrement son écharpe ainsi que sa couronne. Mais ce sont ses yeux en amande et sa douce voix qui charment son public. Élue Miss excel-lence Mayotte 2020 samedi dernier, la jeune femme de 22 ans ne le réalise toujours pas. “Je sais que je suis la nouvelle miss, mais je ne m’en rends pas compte jusqu’à ce que les gens de-mandent à prendre des photos avec moi. En réalité, rien a changé sauf le nombre d’abonnées sur les réseaux sociaux”, rit-elle. Pourtant, cette aventure a été un réel défi pour Larissa qui se définit comme étant de nature timide. Les deux semaines de découverte et de prépara-tion se sont plutôt bien déroulées, mais la confrontation face au public le jour de l’élection a été stressante pour elle. “J’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai fait car ma famille m’a soutenue. Elle l’a toujours fait”, raconte Larissa. C’est également grâce à sa famille qu’elle s’est inscrite à l’élection cette année. La jeune femme hésitait à tenter sa chance depuis ses 17 ans. Aujourd’hui, elle ne regrette pas sa décision, même si elle admet avoir eu quelques doutes au début de la compétition. “La première fois que j’ai vu les autres candidates, j’ai été bluffée. Elles étaient toutes très belles et je ne pensais pas du tout que j’allais gagner.”

Elle ne le savait pas, mais Larissa avait déjà conquis les coeurs des partenaires de l’évène-ment. Son regard rieur, sa prestance et son éloquence en ont séduit plus d’un. “Larissa a tout pour elle. Elle est aussi plus mature que les autres candidates et cela compte énormément. Les filles ont rencontré tous nos partenaires et ils devaient choisir leurs favorites. Larissa était à chaque fois en tête du classement”, dévoile Némati Toumbou Dani, présidente du comité Miss excellence Mayotte. Malgré tout, la nouvelle reine de beauté garde les pieds sur terre. Dans sa famille, elle reste la même grande soeur et la même fille. Cela n’empêche pas une certaine admiration de la part de ses petites soeurs. “L’une d’elles m’a dit pour la première fois qu’elle veut être comme moi quand elle sera grande. Cela m’a touchée et m’encourage à faire de mon mieux”, sourit-elle.

“Je suis intelligente et j’ai des ambitions »

Avant d’être élue miss excellence Mayotte, Larissa partageait son temps entre son travail d’hôtesse d’accueil à la mairie de Poroani et son rôle de bénévole en tant qu’assistante sco-laire. Malgré l’année de règne qui se profile devant elle, la passionnée de pâtisserie n’envi-sage en aucun cas de quitter ses fonctions respectives. “J’arriverai à tout faire. J’ai des pa-trons très compréhensifs”, dit-elle. Larissa n’a pas l’intention d’être une simple jolie femme que l’on admire. Elle veut profiter de son titre pour s’engager davantage dans l’éducation des enfants à Mayotte. “J’ai rencontré des jeunes qui sont au collège et qui ne savent pas écrire. Il y a une réelle inégalité entre les élèves et c’est ce que je veux combattre.” Bac scientifique en poche, suivi de deux années d’études en Staps (sciences et techniques des activités phy-siques et sportives), Larissa compte reprendre ses études après son année de miss et enta-mer une licence de Sciences de la vie et de la terre au CUFR de Dembeni pour devenir profes-seur. “L’éducation est un thème qui me tient réellement à coeur”, déclare-t-elle.

Ses engagements et ses ambitions lui permettront-elle de faire la différence le 16 janvier lors de l’élection nationale de Miss excellence France en Alsace ? Probablement, mais ce qui lui importe particulièrement est l’image qu’elle donnera de son île natale. “J’ai hâte et j’ai envie de rentrer avec un titre ou être au moins sur le podium pour montrer qu’à Mayotte on a aussi de belles femmes intelligentes.” Larissa est consciente qu’elle devra faire face aux éternels détracteurs qui mènent un combat sans fin contre les concours de beauté. Cependant, elle reste très sereine. “Lorsque l’on est élue miss, ce n’est pas juste pour être belle. On défend des causes et je vais prouver que je ne suis pas qu’une jolie fille. Je suis intelligente et j’ai des am-bitions”, clame-t-elle haut et fort. La jeune femme timide semble laisser peu à peu place à la femme forte et déterminée qui se cache en Larissa Salim Bé.

Visite de François-Xavier Bellamy : échange symbolique avec le Grand Cadi de Mayotte, en plein débat sur la laïcité

Le député européen, professeur de philosophie et catholique pratiquant ne cache pas ses positions au sujet de l’islamisme radical en France. En plein débat sur les séparatismes et alors que le pays déplore à nouveau deux attentats terroristes, le parlementaire a souhaité rencontrer Hamada Mahamoud Sanda, le Grand Cadi à Tsingoni.

Arrivé dimanche sur le territoire, c’est à la mosquée de Tsingoni que le député européen Les Républicains François-Xavier Bellamy a entamé officiellement son programme de visites ce mardi matin. Et le lieu choisi pour donner ce coup d’envoi n’a rien d’anodin, alors que l’attentat à Conflans-Sainte-Honorine contre l’enseignant Samuel Paty, et l’attaque au couteau de la basilique de Nice ont remis la question de la laïcité au coeur du débat national. Cette semaine, le projet de loi du gouvernement contre les séparatismes arrive d’ailleurs devant le Conseil d’État, pour une présentation en conseil des ministres le 9 décembre prochain. La dernière mouture du texte devrait sortir durcie par les récents événements.

Et c’est donc dans cette mosquée, la plus ancienne de France encore en activité, que le député européen et catholique pratiquant a pu échanger sur la place de la religion à Mayotte, département français où plus de 90% de la population est musulmane. “J’aurais aimé Monsieur le Grand Cadi, que vous parliez de la religion, dans le contexte actuel, où des gens tuent en France”, a introduit le député Mansour Kamardine en voyant arriver Hamada Mahamoud Sanda dans la petite salle de prière, historique pour Mayotte.

Un Islam synonyme de cohésion sociale

“Nous sommes nés sur une terre que nous considérons comme musulmane, c’est dans notre culture, notre vie, mais que nous croyons ou que nous ne croyons pas, nous vivons ici tous ensemble, et chacun peut faire ce qui lui plaît”, a répondu le Grand Cadi. “Nous n’avons rien à voir avec ce qui se passe ailleurs, au contraire, cela nous blesse car c’est contraire à notre vision”, a-t-il poursuivi avant d’expliquer le rôle clé du conseil cadial à Mayotte, qui doit justement veiller au respect du vivre ensemble et à la cohésion sociale. Or, ces missions sont mises à mal par les flux migratoires, fait encore savoir le responsable religieux. La récente manifestation de musulmans chiites à Mamoudzou pour célébrer l’anniversaire de la mort de l’Imam Hussein, petit-fils du prophète, avait provoqué un tollé dans la population mahoraise, à majorité sunnite. “Nous avons laissé Mayotte se transformer en passoire.”

L’immigration dans le viseur

Une thématique migratoire qui est aussi chère à François-Xavier Bellamy. En réaction aux attentats, le député européen dénonçait ainsi sur les antennes de Sud Radio “le flux migratoire délirant qui entre toujours dans notre pays”. “La parole que vous portez est importante, et nous avons tous notre rôle à jouer pour dire qu’aucune religion authentique ne peut passer par la violence”, a-t-il salué.

Violences à Koungou : cent jeunes et un fou poussent la population à bout

Malgré l’action des médiateurs, les tensions entre bandes rivales de Trévani et Koungou ont à nouveau débouché sur des affrontements ce week-end. Des violences qui ne datent pas d’hier et interviennent quelques jours avant la tenue tant attendue des Assises de la sécurité.

“C’était une intervention à part”, précise d’emblée la gendarmerie. N’empêche que l’image de cet homme fragile psychologiquement, agitant un chumbo devant l’un de ses agents dimanche après-midi, a presque valeur de symbole pour les habitants de Koungou, éprouvés après un week-end de violences. Face à ce cas psy qui “menaçait la population”, un gendarme a alors dû sortir son arme, viser et tirer. Blessé, à l’épaule, l’homme sera emmené au CHM puis placé en garde à vue.

Depuis vendredi, la commune du nord de l’île est à nouveau le théâtre d’affrontements entre bandes rivales de Koungou et de Trévani. Des tensions “qui durent depuis des mois”, explique la gendarmerie, et ont débouché, pour “quelques faits anodins” sur de nouvelles échauffourées ce vendredi. D’abord au niveau du collège de Koungou, une centaine de jeunes ont notamment incendié un arrêt de bus, détruit des éclairages publics. Jusqu’à 1h du matin, la portion de route de Longoni à Majicavo restait difficilement praticable à cause de quelques petits groupes cachés dans les fourrés. Rebelote dans la nuit de samedi à dimanche et dimanche soir, où les agressions d’automobilistes et les barrages poussaient la gendarmerie à envoyer quelque 65 gendarmes, deux véhicules blindés et l’hélicoptère pour mettre fin aux exactions. Aux alentours de minuit, le calme était enfin revenu. Quelques blessés étaient alors à déplorer, notamment un cameraman de l’équipe de tournage du film Le Destin de Mo.

Koungou, capitale de la délinquance ?

Face à une situation qui ne date pas d’hier, la population demande désormais des comptes. “Depuis 19h30, j’ai entendu 2 déflagrations. Plus de 30 minutes que l’hélicoptère tourne au-dessus du ciel. Bienvenue dans la commune de Koungou, capitale de la délinquance !”, s’est agacé un internaute, qui assure sur la toile avoir déjà dû dormir dans sa voiture dans la nuit de samedi à dimanche. Un autre n’a pas hésité à prendre à parti le maire pour dénoncer le manque de réponses des autorités.

12 médiateurs sur le terrain

Contacté, Assani Saindou Bamcolo déplore “ces violences qui sont un drame pour tous à Mayotte”. “Souvent, nous menons un travail avec les jeunes grâce aux médiateurs et aux associations, et nous pouvons alors éviter d’en arriver jusque-là, et ces fois-là, nous n’en parlons pas forcément”, défend Alain Manteau, directeur général des services à la mairie. Environ une quinzaine de médiateurs de la municipalité vont régulièrement à la rencontre des jeunes de la commune, insiste-t-il.

Mais lorsque les choses dégénèrent, comme cela a été le cas ce week-end, la mairie assure être prête à resserrer les vis. “Nous faisons des rappels à la loi, et nous n’hésiterons pas à recourir aux mesures annoncées par le préfet sur la non reconduite des titres de séjour pour les parents des jeunes impliqués”, poursuit-il, en référence aux propos tenus par le délégué du gouvernement en réponse aux violences qui avaient agité la commune de Combani en septembre.

Des enfants entre 13 et 15 ans

Reste que le bilan des courses sera maigre, ce week-end, côté interpellations : deux jeunes seront arrêtés en marge des affrontements de Koungou pour avoir tenté de cambrioler une maison, et deux autres en Petite-Terre, qui, en situation irrégulière, seront envoyés au CRA avec une obligation de quitter le territoire. “Nous avons vraiment affaire à des enfants, entre 13 et 15 ans, qui sont des diables en groupe et des agneaux tout seuls”, décrit encore la gendarmerie. “Ces jeunes-là sont à la limite de l’âge en dessous duquel nous ne pouvons pas les placer en garde à vue.” Pour les prochains jours, les autorités misent donc sur une surveillance accrue entre Koungou et Longoni, grâce à l’action conjointe des médiateurs, des associations, de la police municipale et de la gendarmerie. “Pour être sûr que les braises ne repartent pas en feu”, souffle Alain Manteau.

 

Chez Wam, la nouvelle adresse gastronomique de l’aéroport de Mayotte

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Samedi, Farida inaugurait son restaurant dans l’un des farés de l’enceinte de l’aéroport. Une nouvelle adresse qui vient augmenter l’offre de restauration de ce lieu de passage et surtout qui vient concrétiser un projet vieux de 4 ans. 

À l’aéroport, l’attente peut parfois être très longue, surtout en cas de retard… Et dans ce cas-là, les passagers se ruent sur la cafétaria pour se vider l’esprit. Depuis samedi dernier, une nouvelle adresse permet de penser à autre chose en se rendant « Chez Wam ». Une inauguration teintée par les nouvelles mesures sanitaires annoncées quelques jours plus tôt par le président de la République, Emmanuel Macron, suivies par celles du préfet, Jean-François Colombet. « Pas mal de monde s’est désité », admet Farida, qui n’en garde pas moins le sourire puisqu’elle a pu compter sur la présence et le soutien du maire de Pamandzi, Madi Madi Souf, et du directeur d’Edeis, le délégataire de l’aéroport, Olivier Capiaux.

Un lancement en petit comité qui n’en reste pas moins une grande occasion pour l’entrepreneuse. Dont le projet remonte à 2016 ! « En Petite-Terre, nous n’avons pas grande chose pour les enfant. Le seul endroit où nous pouvons nous balader en toute sécurité, c’est dans cette enceinte », souligne celle qui a grandi à La Réunion et qui est revenue sur l’île aux parfums en 2007. L’idée d’ouvrir un glacier germe alors dans sa tête. Une idée qui se transforme rapidement en un snack pour proposer des petits-déjeuners et des repas le midi. Durant 4 longues années, Farida bataille pour voir son rêve enfin se réaliser, en faisant en sorte « de ne pas trop marcher sur les plats de bande des concurrents ». « Il y a eu les démarches… L’administration, ce n’est pas toujours évident ! » Une attente interminable qui a failli la faire abandonner et se délocaliser sur Dzaoudzi, avant de remporter l’appel d’offres d’Edeis pour aménager l’un des trois farés.

Petits-déjeuners et traditions locales

Aujourd’hui, la maman de Malia, 9 ans, et de Lenny, 15 ans, se réjouit de faire découvrir les spécialités de Mayotte aux voyageurs qui foulent le tarmac quotidiennement. « Je suis les mêmes horaires que l’aéroport. Demain [mardi 3 novembre], l’enregistrement est à 8h15 donc je serai sur place dès 7h ! » L’heure parfaite pour déguster des pâtisseries typiques, que bon nombre d’habitants ont oublié. Pendant que des traditions locales comme le mtsolola, le pilao ou le thon en sauce avec du combava mijotent. « J’aimerais vraiment valoriser les produits de l’île. » Une volonté retranscrite sur son panneau de bienvenu sur lequel on peut lire : « Éveillez vos papilles au gré de parfums et d’épices d’ici et d’ailleurs… » Et en guise de gourmandise, quoi de mieux que de se goinfrer d’une glace à l’italienne ? Avant que la quarantenaire ne se décide à les fabriquer elle-même… d’ici un an ou deux.

Cerise sur le gâteau, la quarantenaire vit cette nouvelle aventure avec l’ensemble de sa famille. À l’image d’une entreprise familiale. Sa sœur et son mari s’occupent de la communication et de la publicité tandis que sa mère et son fils mettent la main à la pâte en cuisine. « Ma maman me soutient inconditionnellement et me répète tous les jours de ne pas lâcher », glisse Farida, les larmes aux yeux. En n’oubliant pas non plus de remercier la Bred, qui « a cru en mon projet avant moi-même » et Edeis, qui « m’a beaucoup soutenu ». Mais aussi l’adjoint au maire de Pamandzi, qui « m’a aidée à planter des fleurs pour embellir le site ». Pas de soute, en vous rendant « Chez Wam », vous risquez de tomber sous le charme de la cuisine et du personnage.

 

 

Un grand soulagement pour les restaurateurs de Mayotte

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Le dispositif annoncé par le préfet Jean François Colombet vendredi dernier est accueilli de manière très positive par les restaurateurs de l’île. Ils ont évité le pire et se sentent chanceux de pouvoir exercer leur métier, malgré quelques contraintes.

C’est un grand ouf de soulagement que soufflent les restaurateurs de Mayotte. Ils sont autorisés à accueillir des clients au sein de leurs établissements, contrairement à leurs confrères métropolitains qui sont contraints de fermer les portes de leurs restaurants une nouvelle fois. “Quand le préfet nous a convoqués pour la réunion de travail avant de prendre ses décisions, j’étais quasiment sûr qu’on allait être confinés et qu’on serait obligés de fermer ou qu’on aurait au moins un couvre-feu à 21h. J’ai été extrêmement surpris et je suis sorti de cette rencontre très satisfait par les mesures qui ne sont pas si dramatiques que ça”, raconte Charles-Henri Mandallaz, président de l’Union des métier de l’industrie et de l’hôtellerie (UMIH) et propriétaire de l’établissement L’orient Express à Kawéni. Les restaurants et bars fonctionneront de la même manière à une condition : ils devront fermer à 22h30 tous les vendredis et samedis. Les bars qui ouvrent généralement jusqu’à 2h du matin sont les plus concernés par cette mesure, mais leurs propriétaires essayent de relativiser et comprennent la décision du préfet. “Le week-end est notre meilleure période de travail… La fin de soirée à 22h30 va tomber comme un couperet qui sonne le glas de l’ambiance précisément au moment où elle commence. Pour autant, nous mesurons la chance de pouvoir continuer à travailler à l’heure où certains sont fermés, comme nos confrères exploitants des discothèques”, relate Frank Ibanez, propriétaire du restaurant/bar Le tour du monde en Petite-Terre. Pour rappel, la musique dansante est également interdite et chaque professionnel qui ne respectera pas toutes ces mesures ne bénéficiera plus des fonds de solidarité ni des mesures du chômage partiel. “Les sanctions me paraissent normales parce que lorsqu’il y a des règles, il faut les respecter. Il est impératif que chacun d’entre nous joue le jeu, sinon on ne s’en sortira pas”, lance le président de l’UMIH.

Une réorganisation difficile à mettre en place

Les services de restaurations devront s’organiser autrement pour optimiser les tables et limiter la casse. « Ceux qui le peuvent pourront débuter le service plus tôt et être plus rapide”, selon Charles-Henri Mandallaz. Cela semble plus facile à dire qu’à faire à en croire Frank Ibanez. “Cette mesure va nous affecter directement sur le chiffre d’affaires et plus particulièrement celui des bars d’ambiance. Mais se réorganiser n’est pas aisé, on ne servira pas l’apéritif à 16h. Je pense que les clients vont s’adapter naturellement à ces contraintes horaires.” Les restaurateurs devront également accentuer leurs efforts et mettre en avant la livraison à domicile et la vente à emporter qui ont été fortement développées pendant le confinement. Ils n’ont pas le droit à l’erreur, ils savent que dans deux semaines le préfet pourrait annoncer un reconfinement de l’île et la situation serait dramatique pour eux. “Si on revenait en arrière, beaucoup d’entre nous risquent de jeter l’éponge, parce qu’outre l’aspect financier, il y a aussi l’aspect de l’usure psychologique. Cette année 2020 est catastrophique à Mayotte. En plus de la Covid-19, on a l’insécurité qui brise nos soirées de travail parce que les gens n’osent pas sortir, et maintenant la crise de l’eau”, explique le président de l’UMIH. Les professionnels de la restauration sont donc prêts à tout mettre en oeuvre pour faire respecter les mesures dans les créneaux de travail qui leur sont impartis. Ils retiennent déjà leur souffle jusqu’aux prochaines annonces du préfet de Mayotte.

Deux semaines d’effort pour éviter le reconfinement à Mayotte

Ses annonces étaient très attendues par les Mahorais. Le préfet Jean-François Colombet a précisé vendredi dernier que Mayotte ne sera pas reconfinée. Un dispositif pour éviter d’aggraver la situation sanitaire de l’île est cependant mis en place à compter de ce lundi 2 novembre.

« Non, Mayotte ne sera pas confinée dans les prochains jours. » Ces mots prononcés par Jean-François Colombet, vendredi sur le plateau télé de Mayotte la 1ère ont rassuré la population. Suite aux annonces du président de la République et du premier ministre mercredi et jeudi derniers, les Mahorais ont retenu leur souffle, le spectre d’un éventuel reconfinement menaçant l’île. Le territoire ne sera finalement pas confiné, mais il est en période probatoire de deux semaines. « Si la situation évolue favorablement, je serais peut-être mené à alléger le dispositif. Si la situation reste stable, on gardera ce dispositif. Si la situation s’aggrave, nous aggraverons le dispositif et je pourrais être mené à solliciter du gouvernement que nous soyons placés en confinement », détaille-t-il.

En quoi consiste ce dispositif ?

Les rassemblements familiaux et privés de plus de 6 personnes sont interdits. Le préfet a mis l’accent sur les manzarakas, les voulés, les soirées plage, ainsi que les maoulidas. Théoriquement, toutes ces festivités étaient déjà interdites sur le territoire, mais force est de constater que la mesure n’était pas respectée. « Dès lundi, nous allons mettre en place un plan de contrôle et rappeler qu’il peut y avoir une amende de 135 euros », précise Jean-François Colombet. Les boîtes de nuit restent toujours fermées. Des mesures plus strictes ont cependant été prises pour les restaurants et les bars. Ils sont tenus de fermer à 22h30 les vendredis et samedis. La vente d’alcool est également interdite de 18h30 à 6h du matin. « Il y aura des contrôles et des fermetures administratifs pour ceux qui ne se comportent pas en professionnel. Et je demanderai à ce que ces professionnels ne puissent plus bénéficier du fonds de solidarité et des mesures du chômage partiel », menace le locataire de la Case Rocher.

Les voyages sont plus réglementés. La liaison aérienne entre Mayotte, l’île de La Réunion et la métropole est maintenue car « avec des passagers dans l’avion, vous financez les frais du fret », souligne le représentant du gouvernement. La politique des tests n’a pour l’instant pas changée. Tous ceux qui souhaitent se rendre à Mayotte depuis la métropole seront soumis à un test PCR, ce qui n’est pas le cas des voyageurs partant de Mayotte. En revanche, les autorités compétentes seront plus vigilantes sur les attestations. « Nous allons lutter contre la contrefaçon de quelques attestations dont nous savons qu’elles sont fausses, particulièrement pendant la période de décembre où de nombreuses personnes vont revenir à Mayotte », annonce le préfet. Autrement dit, il faudra un motif impérieux solide et valable pour pouvoir voyager. Les mosquées, quant à elles, pourront accueillir du public à conditions de respecter les gestes barrières. Elles devront faire des marquages au sol, fournir du gel hydroalcoolique, et les pratiquants devront porter un masque. Quant aux enterrements, ils sont limités à 30 personnes comme en métropole.

Port du masque à partir de 6 ans

Le port du masque est désormais obligatoire sur l’ensemble du territoire, et ce à partir de 6 ans. Ce qui signifie que les élèves du primaire seront contraints d’en porter. Le rectorat a récemment reçu 1,5 million masques jetables et en tissus. 47.000 seront dédiés aux enfants, même si ce sont les parents qui doivent en fournir. Le recteur de Mayotte fait savoir que des masque adaptés aux plus petits sont en cours de commande, cela permettra d’aider les écoles primaires. En dehors des masques, le dispositif dans les établissements scolaires n’a pas grandement changé, mais Gilles Halbout juge nécessaire de faire un rappel sur les gestes barrières et la communication pour qu’il n’y ait pas de clusters au sein de l’Éducation nationale. Si le brassage de élèves est à éviter, à Mayotte la mission s’avérera plus compliquée. « On va faire au mieux, mais on sait que ça ne sera pas possible. On nous préconise de réserver une salle par classe, mais chez nous ça ne sera pas possible parce que les établissements sont très chargés”, rappelle Gilles Halbout. L’idée de différer les heures des débuts des cours avait été évoquée au niveau national mais encore une fois, la mesure n’est pas applicable chez nous. Selon le recteur, « ici un tiers des élèves ne peuvent aller à l’école qu’avec le transport scolaire. Quand un bus arrive il y a tous les niveaux et on ne peut pas stocker les élèves en entendant l’heure de leur rentrée ».

Le préfet, la directrice de l’ARS et le recteur feront un point tous les jeudis afin de statuer sur l’évolution de l’épidémie. Il ne reste plus qu’à espérer qu’elle évoluera de manière positive d’ici deux semaines, auquel cas nous entreront probablement en confinement.

 

Mayotte : Bilan étape pour les premières rencontres scientifiques sur le volcan deux ans après les secousses

Une journée d’échanges avait lieu ce vendredi au lycée Mamoudzou-Nord. L’occasion de faire le point sur les avancées scientifiques, mais aussi d’échanger sur le vécu des habitants, deux ans après les secousses qui avaient terrorisé la population.

C’est un moment que beaucoup attendaient. Dans le cadre de la semaine du volcan, avaient lieu ce vendredi au lycée Mamoudzou-Nord de Kawéni les premières rencontres scientifiques sur le phénomène. Objectif de la journée : faire un point sur les avancées de la recherche et échanger avec la population, profondément marquée il y a deux ans par un essaim de séismes dont elle ignorait alors tout des causes.

« Je me souviens que certains collègues ont dormi dans leur voiture de crainte que là où ils vivaient, cela s’effondre. Des nuits où l’ensemble de la population dormait dehors », retrace un enseignant de Kani-Kéli face aux scientifiques du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et du réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (Revosima), au recteur Gilles Halbout, à la délégation interministérielle aux risques majeurs d’Outre-mer mais aussi à une poignée d’élèves venus assister à cette rencontre inédite.

Asseoir une culture du risque

« Ce sont des choses normales dans l’histoire de la terre », introduit Frédéric Mortier, le délégué interministériel, en rappelant que d’autres territoires français, en Polynésie ou dans les Antilles connaissaient ce genre de phénomènes géologiques. « Mais justement, Mayotte jusqu’à présent avait été assez préservée de ces aléas, et depuis quelques années, nous assistons à ces mouvements de terrains et ces séismes », poursuit-il. D’où l’importance selon lui « de préparer les citoyens que vous serez pour asseoir cette culture du risque et vivre avec ces risques naturels ».

Prévention et avancées de la recherche

Fort heureusement, en deux ans, les choses ont déjà bien bougé ! Et pas que sur le sol de Mayotte, désormais régulièrement secoué par ces séismes plus ou moins rapprochés. Côté prévention, les dispositifs se mettent doucement en place : c’est ainsi que la première sirène d’alerte a été inaugurée cette semaine à Dembéni, à laquelle devront s’ajouter 23 autres sur l’ensemble du territoire d’ici juillet 2021. Un travail est aussi en train d’être mené sur les parcours d’évacuation. Et Mayotte devrait être un territoire pilote pour déployer un système d’alerte des personnes par téléphone, déroule le délégué ministériel.

Côté recherches, aussi, les missions scientifiques se sont poursuivies à un rythme soutenu à bord notamment du Marion Dufresne. Depuis la découverte du volcan à 50km des côtes mahoraises, un réseau de surveillance a été mis en place, le REVOSIMA, qui suit de près cette activité géologique nouvelle avec le BRGM. Principale source d’inquiétude : le risque de tsunami qui a ainsi pu être analysé. « S’il y a mouvement sous-marin, cela peut provoquer un phénomène de submersion. […] Même si nous verrons qu’il s’agira en réalité de manifestations modestes », développe Frédéric Mortier. Une connaissance rendue possible par un travail de modélisation des risques précis, mené par Anne Le Friant de l’Institut de physique du globe et Nicolas Taillefert du BRGM.

Préparer la jeunesse

Aux cartes scientifiques, censées expliquer le phénomène à l’audience, s’ajoutent les dessins d’enfants, tout aussi évocateurs. « En 2018, qui d’entre nous ici n’a pas eu peur ? Qui n’a pas été traumatisé ? Qui n’a pas eu cette sensation de la fin ? C’est ce qu’ils ont vécu », raconte une professeure des écoles à Sada. Très vite, il a fallu s’organiser pendant que la réponse institutionnelle tentait de se formaliser. « Après le séisme, nous avons eu quelques explications de la préfecture, mais je ne peux pas dire que c’était immédiat », témoigne encore cette enseignante, qui s’est donc accordée avec l’équipe pédagogique pour mettre en place un plan de mise en sûreté. Un travail indispensable pour préparer les élèves à l’éventualité d’une catastrophe… mais aussi, qui sait, pour faire naître des vocations. « Aujourd’hui, les enfants me disent ‘‘moi quand je serai grand, je serai comme Said Hachim!’’ », s’amuse cette maîtresse. Un beau compliment pour le géographe du conseil départemental. Et surtout un signe positif pour l’avenir de Mayotte.

Mayotte : Somahazi, la voie du win-win pour les entreprises et les jeunes

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La semaine dernière, Somahazi, le centre de formation d’apprentis, a accueilli 198 candidats pour ses deux nouvelles formations commerciales. Une opportunité pour les jeunes de mettre un pied dans le monde de l’entreprise pendant un an. Et surtout une occasion unique de démontrer que la voie de l’apprentissage mérite de se développer sur Mayotte.

« C’est un bon format pour les jeunes et surtout, c’est à moindre coût pour les entreprises. » Lorsqu’il s’agit de défendre la voie de l’apprentissage, Maxime de Bricourt, directeur des opérations chez Somahazi, sort l’artillerie lourde et démontre par A plus B ses bienfaits. À l’image de ce qu’il attendait des 198 personnes, âgées de 18 à 29 ans et originaires des quatre coins de l’île, qui ont répondu à l’appel de la campagne de recrutement lancée la semaine dernière pour rejoindre les deux nouvelles formations commerciales. Parmi eux, des bacheliers, des titulaires d’un BTS ou d’un CAP, ou bien encore des non-diplômés sortis du système scolaire très tôt, trop tôt… « Des supers candidats, motivés à s’en sortir et à travailler. »

Tablettes en mains, ils enchaînent les tests de compréhension écrite et de mathématiques avant de prendre part à un entretien individuel. Idéal pour se vendre car les places pour devenir employé de commerce en magasin et agent magasinier sont chères. « Au départ, nous avions prévu de retenir 30 élèves, puis finalement, nous sommes passés à 45. » Une sélection qui sonne alors comme le début d’une grande aventure. Avec au programme des ateliers de théâtre et d’improvisation mais aussi de mise en valeur de leur lettre de motivation et de leur CV pour « qu’ils aient tous les outils pour être performants et épanouis ». Car ce sont eux qui devront faire leurs preuves face aux futurs employeurs. Avec un seul mot d’ordre en tête : réussir à les convaincre de leur offrir une chance et d’être tutorés, sachant que les heureux élus seront épaulés par un formateur relais.

Prise en charge à 100% par l’État

Mais encore faut-il que les entreprises jouent le jeu pour les accueillir 3 semaines par mois pendant un an. « Nous avons fait un travail pédagogique auprès [d’elles] en octobre pour lever les freins [de ce dispositif] », confie Maxime de Bricourt, qui a conscience que de nombreuses sociétés mahoraises n’ont jamais expérimenté l’apprentissage, notamment les petites structures qui font de la vente dans les villages. Une voie méconnue donc, dorénavant favorisée par le plan de relance du gouvernement. « L’État assure 100% de la prise en charge pour chaque contrat signé avant le 28 février », souligne Chrystel de Bricourt, la directrice associée de Somahazi avec Mirhane Abdallah, qui précise que de nombreux jeunes abandonnent les formations proposées sur l’île, faute de rémunération. D’où ses va-et-vient à Paris une fois par trimestre pour plaider en faveur du 101ème département. « Mayotte va peut-être bénéficier d’un décret spécial. J’attends un retour de la direction générale des Outre-mer que j’ai rencontrée la semaine dernière. »

« Nous voulons être les promoteurs de l’apprentissage, qui est balbutiant mais hyper adapté au territoire », assure-t-elle. Et pour cela, l’entrepreneuse compte s’appuyer sur son expérience à la tête de Dagoni Services, qui est une référence depuis plusieurs années, et passer à la vitesse supérieure. Comme en témoigne le lancement d’ici un mois ou deux du projet d’assistante ressources humaines. « Au-delà de l’aide financière, les entreprises vont aider ces jeunes à sortir d’un horizon moribond. C’est une situation win-win. » Avec toujours en ligne de mire un seul et même objectif : faire décrocher aux apprentis un contrat à durée indéterminée à la fin de leur apprentissage !

 

Bodo : un nouvel album 100% made in Mayotte

Roho qui signifie coeur est le titre du nouvel album de Bodo. Il sort ce vendredi 30 octobre et fera certainement parler de lui. Des sonorités africaines, comoriennes, mahoraises qui accompagnent des sujets chers à Bodo. Le chanteur parle de la relation entre Mayotte et les Comores, de la situation sociale sur l’île ou encore de l’amour. Cet album est un melting-pot des inspirations de l’artiste.

Flash Infos : Pourquoi avoir appelé votre album “Roho” ?

 Bodo : J’ai appelé l’album Roho parce que j’estime que le coeur est le moteur de tout être humain. À travers cet album, je voulais dégager tous les sentiments qu’un coeur peut ressentir : le bonheur, l’amour, la joie, la tristesse, etc.

FI : Quels types de sonorités peut-on retrouver dans album ?

 B. : Dans cet album, j’ai mis en avant l’afro mgodro, c’est-à-dire que j’ai pris les sonorités africaines et je les ai mélangées avec du mgodro. On a aussi les rythmiques de l’Afrique de l’est, le bongoflava, de l’afro house. La couleur de l’album est presque basée sur l’Afrique. On retrouve aussi quelques rythmiques caribéennes, un peu de zouk et bien sûr du rap parce que j’ai commencé avec le rap.

FI : Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré pour ce projet ?

 B. : Dans mes chansons, je parle beaucoup d’amour mais aussi de la société, de la vie de tous les jours des Mahorais. Les artistes ne sont pas là que pour divertir ou parler d’amour. On doit aussi parler de ce qui ne va pas et proposer des solutions.

FI : Vous considérez-vous comme étant un artiste engagé ?

 B. : Oui, on peut dire ça ! Mais ma mission principale est de faire en sorte que tout le monde s’aime. Dans mes chansons, je demande aux gens d’arrêter de se détester, de s’unir, de s’aider parce qu’ensemble, on peut aller plus loin. Il y a un titre dans l’album qui s’appelle “Wana wa masiwani” (enfants des îles) où je parle de la situation des 4 îles de l’archipel des Comores. J’ai invité 4 artistes et chacun donne son avis sur la situation.

FI : Vous n’avez pas peur de parler d’une situation encore bien délicate pour les Mahorais ?

 B. : J’ai toujours évité de prendre position, mais je pense qu’il est temps que j’intervienne. Et je pense être bien placé pour le faire, parce que je suis né à Mayotte, mon père est de Pamandzi et ma mère vient de Mohéli. Je ne l’ai jamais dit mais je suis le fruit d’une union entre un Mahorais et une Comorienne et on ne peut pas me demander de choisir entre mon père et ma mère. C’est un message pour les deux communautés, chacune doit respecter l’autre, même s’il y a eu divorce.

FI : Comment s’est déroulée la préparation de l’album ?

 B. : Cela fait 2 ans que je prépare cet album. J’ai écrit tous mes textes. Je suis auteur, compositeur, interprète. C’est un projet 100% made in Mayotte. J’ai tout enregistré ici, et tous mes clips sont également tournés sur l’île. Je travaille avec des jeunes talents mahorais qui sont l’avenir de Mayotte. Mon dernier clip a été réalisé par Naftal Dylan. Je travaille avec un ingénieur du son formé par le collectif 10/15 de Petite-Terre.

FI : Vous avez tout enregistré à Mayotte alors que souvent les chanteurs partent à l’extérieur pour réaliser leur projet. Comment avez-vous fait ?

 B. : Les artistes mahorais ont tendance à partir à La Réunion, à Madagascar ou en métropole pour enregistrer, parce qu’on n’a pas tout ce qu’il faut ici. Par exemple, on n’a même pas d’ingénieurs du son. Nous, on a eu la chance d’avoir eu un jeune qui a bénéficié d’une formation avec le collectif 10/15 qui me l’a mis à disposition.

FI : Comment financez-vous ce projet ?

 B. : L’ensemble du projet doit coûter 60.000 euros. C’est le budget qu’on a estimé pour atteindre notre objectif qui est le disque d’or. Actuellement, on est à 20.000 euros et on doit rassembler 40.000 euros pour développer la stratégie et atteindre les 50.000 ventes nécessaires pour le disque d’or. On a demandé des subventions au conseil départemental, à l’intercommunalité de Petite-Terre, à la marie de Pamandzi, à celle de Labattoir, et à l’office culturel de Petite-Terre, parce que c’est un projet de Petit-Terriens. Je suis aussi en co-production avec le collectif 10/15, on partage les dépenses.

FI : À Mayotte, on n’a pas encore cette culture d’acheter de la musique, quel est votre stratégie pour obtenir le disque d’or ?

 B. : On ne vise pas que Mayotte. On s’attaque aussi aux marchés régional et national. On sait qu’à La Réunion, il y a une grosse communauté mahoraise. On cherche à avoir des points de vente dans toute la France, et on opère une stratégie pour chacun. Par exemple, Madora sera un point de vente, et à chaque achat de l’album, il y aura un parfum offert. On mise aussi sur notre communication et la qualité de mes clips.

FI : Arrivez-vous à vivre de votre musique ?

 B. : Non, j’ai un autre métier à côté. Actuellement, il est impossible de vivre de sa musique à Mayotte, c’est la raison pour laquelle nos grands artistes tels que M’Toro Chamou ou Baco vivent à l’extérieur. Mais j’aime tellement ce que je fais que je continue dans le but un jour de pouvoir vivre de ma passion.

FI : Quel est la suite pour vous ?

 B. : On continue nos actions, on va sortir des clips de haute qualité. Mon équipe et moi souhaitons mettre en place une tournée, mais avec la situation sanitaire on ne sait pas encore comment on va s’y prendre. Il s’agira en premier lieu d’une tournée locale, ensuite une autre dans la région (Madagascar, Réunion, Maurice, Comores) et enfin une à l’échelle nationale. Mais tout dépend de ma communauté, j’ai besoin qu’elle me soutienne. C’est la communauté qui donne une visibilité à l’artiste.

Mayotte : Trois mois de prison avec sursis pour des cigarettes de contrebande et un panneau solaire volé

En octobre dernier, 2.800 cartouches de cigarettes et six kilos de bangué étaient interceptés par les gendarmes de Mayotte. Des arrivées de marchandises qui continuent à alimenter de petits business locaux, comme en atteste cette affaire, jugée au tribunal de Mamoudzou mercredi.

Il n’y a pas de petits profits. C’est sans doute ce qu’a pensé l’auteur de ce larcin quand il a “trouvé” dans son champ deux cartons de cigarettes de la marque comorienne Coelacanthe, un jour de juillet 2019. Son butin ? 190 cartouches pour un pactole estimé à 2.000 euros. Le tribunal de Mamoudzou lui a rappelé ce mercredi qu’il valait mieux, parfois, y penser à deux fois. Surtout lorsqu’on possède chez soi, en plus, un panneau solaire volé…

Droit à la barre, le prévenu tente pourtant de jouer les honnêtes hommes : “À ma grande surprise, j’ai vu ces deux cartons de cigarettes !”. “Il y a de quoi être surpris !”, rétorque la présidente avec un sarcasme à peine dissimulé. Qui n’ébranle toutefois pas cet habitant de Bandrélé, bien campé sur sa version des faits. S’il a pris les cartons pour les ramener à la maison, c’était dans l’objectif d’empêcher leur propriétaire de remettre la main dessus, retrace-t-il, non sans y mettre de la conviction. “Ah, donc vous vouliez bien les voler !”, s’exclame la juge. “Je voulais juste savoir qui était le propriétaire…”, se défend-t-il tant bien que mal.

Complice de contrebande

Reste qu’en entreposant sous son toit ces cigarettes arrivées des Comores en kwassas, cet homme de la terre se rendait complice d’importation en contrebande de marchandise prohibée. Un délit puni de trois ans d’emprisonnement et d’une amende équivalente à deux fois le prix des produits importés illégalement, rappelle le substitut du procureur.

Or, il semblerait bien que le prévenu ait profité de sa jolie trouvaille, même s’il le nie aujourd’hui face au tribunal. “Ma femme m’a dit que c’était dangereux ce que je faisais, et j’étais d’accord, j’avais même peur d’en parler à mes amis, encore plus de les vendre.” Mais la juge coupe court. “Je vais interrompre votre petite histoire, votre voisin a dit qu’il voyait des gens aller et venir pour vous acheter des cigarettes, tout le village le savait”, dénonce-t-elle.

Business illégal

Résultat, quand la gendarmerie débarque un jour pour une toute autre histoire, ses agents découvrent ce petit commerce effectué sous le manteau. Manque de pot, les gendarmes trouvent aussi dans sa case un panneau solaire, que l’homme assure avoir acheté, mais qui avait été volé, se rendant alors coupable de recel. Face à ces éléments et au refus du prévenu de reconnaître les faits, le procureur n’hésite pas à requérir trois mois de prison avec sursis et 4.000 euros d’amende, “pour lui passer l’envie de s’adonner à ce genre de business”. “Ce sont aussi ces activités illégales qui participent du climat général d’insécurité que nous connaissons à Mayotte, en encourageant les vols”, tacle-t-il. Verdict du tribunal : trois mois d’emprisonnement avec sursis et 360 euros à reverser à la société victime du vol de son panneau solaire, qui s’était constituée partie civile.

Les produits de contrebande continuent d’arriver fréquemment sur les plages du Mayotte, acheminés depuis les Comores voisines ou le continent africain dans les embarcations de fortune qui transportent passagers et marchandises en tout genre. Le 23 octobre dernier, la préfecture de Mayotte annonçait avoir intercepté pas moins de 2.800 cartouches de cigarettes et 6kg de bangué en une semaine.

 

 

 

Confinement acte 2 : Quelles « adaptations » pour le sport mahorais ?

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Un grand point d’interrogation plane au-dessus des sportifs mahorais. Les différentes fédérations nationales vont chacune de leur communiqué depuis mercredi soir et la dernière allocution d’Emmanuel Macron. Le président de la République a annoncé un nouveau confinement en précisant toutefois que des adaptations seront faites pour l’Outre-mer. Reste à savoir lesquelles…

À quelle sauce, cette fois-ci, le mouvement sportif mahorais sera-t-il mangé ? Sur le plan national, le confinement du printemps dernier avait contraint toutes les fédérations sportives à suspendre leurs activités. Celles-ci avaient dû attendre de longues semaines avant de commencer à voir le bout du tunnel. C’est Roxana Maracineanu, ministre des Sports qui, en juin dernier, s’est placée en éclaireuse avec l’annonce d’une reprise progressive des activités sportives. Les pratiquants pouvaient dès lors entreprendre un retour à la normale, à l’exception des sports collectifs et ceux de contacts qui avaient dû patienter jusqu’au mois de juillet. Et tandis que le sport renaissait sur le territoire français, la Guyane et Mayotte, toujours en état d’urgence sanitaire, devaient continuer de prendre leur mal en patience. Pour les Mahorais, la situation s’est globalement décantée en septembre dernier.

Un communiqué du préfet de Mayotte, Jean-François Colombet a officialisé la levée de l’état d’urgence et la possibilité pour les ligues et comités de réactiver leurs activités et ce, sous toutes leurs formes : loisirs comme compétitives. Suite à cela, une réunion d’échanges et d’informations regroupant le mouvement sportif mahorais d’un côté, la Jeunesse et sport et l’ARS Mayotte de l’autre, est venue apporter des éclaircissements sur les modalités de reprise. Depuis, les clubs ont repris peu à peu le chemin des entraînements. La Ligue mahoraise de football a relancé ses compétitions avec la Coupe régionale de France et les Coupes de Mayotte, tandis que les principales ligues et principaux comités sportifs mahorais s’apprêtaient à l’imiter…

« Les dispositions s’appliquent uniquement sur le territoire métropolitain »

Mais voilà, dans son intervention télévisée mercredi soir, Emmanuel Macron s’est positionné pour un nouveau confinement général, face au regain national du virus. La décision du chef de l’État entre en vigueur ce vendredi à minuit. Les fédérations sportives nationales n’ont pas tardé à réagir, en tête desquelles la Fédération française de football. « À la suite de l’annonce par le président de la République des mesures sanitaires de confinement pour lutter contre la pandémie de Covid-19, la FFF a pris la décision de suspendre l’ensemble des compétitions de Ligues, de Districts, des championnats nationaux du National 3, du National 2, de la D2 féminine, des Coupes de France masculine et féminine, et des championnats nationaux de jeunes (féminins et masculins) jusqu’au mardi 1er décembre. […] Le monde du football se doit de participer à l’effort collectif pour lutter contre la deuxième vague de cette épidémie », a communiqué la plus grande fédération sportive de France.

Toutefois, le président français a indiqué que des adaptations du confinement seront apportées pour l’Outre-mer. Cela s’est vite vérifié. Ce jeudi après-midi, quelques heures seulement après les déclarations de la 3F, le président de la Ligue de football amateur, Marc Debarbat, s’est exprimé à son tour, en assurant que « les dispositions relatives à l’arrêt des compétitions de football au niveau amateur s’appliquent uniquement sur le territoire métropolitain ».

Le mouvement sportif français alerte Macron

Autrement dit, les rencontres de football prévues ce week-end sur l’île dans le cadre de la Coupe régionale de France et des Coupes de Mayotte sont, à ce jour, maintenues. Si les différentes fédérations s’inspirent du football, les ligues et comités sportifs mahorais peuvent espérer être épargnés par ce second acte du confinement. À moins que la préfecture n’en décide autrement. En effet, depuis les premières annonces de reprise des activités sportives, les arrêtés municipaux et préfectoraux ont toujours prévalu sur les décisions fédérales.

Un paramètre qui agace d’ailleurs au plus haut point et a fait l’objet d’une lettre ouverte du mouvement sportif français au président de la République. Dans cette lettre intitulée « SOS : Sport en détresse » et signée par 95 fédérations sportives membres du Comité national olympique et sportif français (Cnosf), le mouvement sportif français affirme avoir « établi les protocoles sanitaires les plus exigeants, validés par les ministères tant des Sports que de la Santé ainsi que par le Haut conseil de la santé publique et la Cellule interministérielle de crise ».

Il regrette que « malgré tous ces efforts, nos compétitions et manifestations programmées ou reprogrammées sont annulées, souvent à la dernière minute et en raison d’une application excessive et injustifiée des mesures sanitaires par les autorités locales. […] Les décisions très disparates des préfectures et des ARS, à situations similaires, tuent le sport à petit feu », s’émeuvent les signataires. Le mouvement sportif mahorais est désormais suspendu à la réaction de la préfecture attendue ce vendredi, et croise les doigts pour une décision en faveur du maintien de ses activités.

La future couronne de Miss Excellence visible en avant-première à Mzuri Sana

Le concours de Miss Excellence Mayotte 2020 se tient ce samedi au plateau de Ouangani. Six candidates – Larissa Salime Be, Lysiana Bacar, Hafna Colo, Youmna Karani, Choukriya Alhadi, Nasrat Abdallah – sont en lice pour succéder à Nouroulaini Payet et représenter Mayotte le 16 janvier 2021 à Soultzmatt.

Symbole de cet événement ? La couronne spécialement confectionnée par le bijoutier et horloger Mzuri Sana. Un travail d’orfèvre d’une durée de 15 jours réalisé dans l’atelier des artisans, Issouf Matroifi et Mohamed Toufaïl. « L’établissement est fier d’avoir dessiné ce précieux accessoire qui ornera la coiffure de notre nouvelle Miss Excellence », se réjouit Sylvain Arnoux, le gérant. Composée d’argent 925 et d’une pierre précieuse pour un effet des plus brillant, la couronne est ornée de fleurs d’ylang, de feuilles de palmiers et de bangas, associées à la finesse du filigrane. Un mélange d’élégance et de tradition mahoraise : « Nous avons voulu réaliser quelque chose de typique, qui représente notre savoir-faire et celui de Mayotte. »

Et si vous piétinez d’impatience de la découvrir, rendez-vous chez le bijoutier Mzuri Sana, au rez-de-chaussée du centre Baobab à Mamoudzou, jusqu’à ce vendredi. Aucun doute, vous en ressortirez avec des étoiles plein les yeux. « Ca a l’air d’avoir un franc succès quand nous voyons les retours sur les réseaux sociaux. C’est très positif et le comité semble ravi. Il y a du passage à la boutique, les curieux sont très heureux de pouvoir la voir. » Malheureusement, impossible de l’essayer… Ce privilège est uniquement réservé à la future reine de beauté.

Mayotte : La première sirène d’alerte inaugurée à Dembéni deux ans après les secousses

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Les missions d’étude du volcan responsable des séismes de 2018 ont mis en évidence le risque de tsunami qui menace Mayotte. Pour s’en prémunir, 24 systèmes d’alerte doivent être installés dans les 17 communes de l’île d’ici 2021.

Les curieux tournent une tête étonnée avant de dégainer leur téléphone portable pour enregistrer la scène. Un son retentissant sort des hauts parleurs de la mosquée de Dembéni, qui n’a rien d’habituel… ni de vraiment agréable. Ce mardi était inaugurée la première sirène d’alerte en cas de risque de tsunami, dans cette commune de Grande-Terre, la première à avoir accepté l’installation du dispositif. “Cette sirène va permettre que la population et que les Dembéniens soient au courant si un risque se présente”, se félicite le maire de la ville, Moudjibou Saidi. “On espère que ça ne va pas sonner”, ajoute-t-il, avec un brin d’optimisme.

Car le risque est réel : depuis la découverte du volcan au large des côtes mahoraises en 2018, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et le comité de suivi de la crise sismo-volcanique ont averti sur ce danger. Les séismes, l’effondrement de la chambre magmatique ou encore un glissement de terrain dû à une instabilité des récifs pourraient projeter la déferlante directement sur Mayotte.

Enclenchée par un SMS de la préfecture

Alors, comment s’en prémunir ? D’abord, en alertant. “Aujourd’hui, c’est une étape”, salue le préfet, Jean-François Colombet. En tout, 24 équipements du genre devront être disséminés sur le territoire, soit un peu plus d’un par commune, d’ici le mois de juillet 2021. Munis de batteries pour une autonomie d’une semaine “en cas de gros pépin”, ils sont enclenchés par un SMS envoyé depuis un téléphone de la préfecture.

Et c’est donc la ville de Dembéni qui a accepté de se jeter à l’eau la première. Il faut dire qu’entre sa situation géographique au coeur de la vallée, et la possibilité de placer les capteurs en hauteur dans la mosquée pour recevoir le signal, le lieu était bien choisi. Même si le territoire de Petite-Terre est davantage exposé aux risques, d’après les études scientifiques.

Au moins 25.000 euros chaque

“Ici, avec la topographie de la zone, nous avons une portée de 2 à 2,5km”, explique Thomas Iborra, responsable chez Mayotte Alarme et Automatisme, qui a été sélectionné par la préfecture pour proposer ces systèmes d’alerte, appelés SAIP (systèmes d’alerte et d’information des populations). Coût de l’attirail : 25.000 euros, à la louche. Un petit budget qui peut rapidement être multiplié par deux en fonction des zones. “Ce sera le cas s’il faut l’accrocher en haut d’un pylône, ou mettre des relais téléphoniques au centre de l’île pour recevoir le signal”, poursuit le spécialiste.

Adopter les bons réflexes

Mais cet investissement salvateur ne pourra se suffire à lui-même. Parmi les deux autres axes du plan de prévention, figurent la préparation des populations pour leur “conférer les bons réflexes”, précise le préfet, et la définition des itinéraires de fuite. À ce sujet, une collaboration avec l’université de Montpellier, financée exclusivement par l’État, doit dessiner les meilleurs échappatoires en cas d’alerte. Et le tout devrait être fignolé en même temps que les sirènes, dès l’année prochaine. “Alors un, deux, trois, vous êtes prêt ?”, lance Jean-François Colombet, un doigt sur le smartphone. On croise les nôtres !

Carole Lambert : “Exister c’est se montrer, accepter qu’il y ait des films, des livres qui parlent de Mayotte”

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Carole Lambert – dont le dernier long métrage est Gueule d’ange, avec Marion Cotillard – est la productrice du film Le destin de Mo, actuellement en tournage sur l’île. Elle revient ici sur les coulisses d’une aventure pas comme les autres, qui doit jongler avec les difficultés du territoire et surtout, avec les susceptibilités de chacun. À l’instar de celle du conseil départemental qui a refusé de subventionner le film. Elle rappelle, pourtant, qu’il s’agit bien là de la première réalisation cinématographique sur l’île.

Flash Infos : Après avoir décidé d’adapter le roman Tropique de la violence au cinéma, que s’est-il passé pour enfin, aujourd’hui, en être au tournage ?

Carole Lambert : D’abord, Nathacha Appanah nous a fait confiance en nous cédant les droits de son livre, c’était une belle victoire ! S’en est suivi un processus plutôt classique d’écriture du film comme nous souhaitions le faire. Mais ce que nous imaginons dans ce processus doit être confronté à la réalité et en l’occurrence, à Mayotte. C’est un territoire que nous ne connaissions pas du tout et il nous fallait faire ce travail car son importance est immense dans le livre, au-delà du cadre, c’est presque un personnage à part entière. Nous sommes donc venus assez tôt sentir, voir, ressentir cette île.

Je crois que nous sommes tombés amoureux de l’endroit, dans toute sa complexité. Il en est ressorti une sorte d’évidence. Nous nous sommes dit que ça allait être très difficile, très compliqué mais qu’il fallait absolument faire ce film ici. Une fois que nous sommes portés par cette évidence, malgré les difficultés, nous pouvons mettre tout en œuvre pour parvenir à ce que nous voulions et c’est ce que nous avons fait. Ça a marché ! Nous sommes hyper heureux… Même si nous ne sommes pas vraiment au bout de nos galères !

FI : Comprenez-vous malgré tout la décision du conseil départemental de ne pas vous subventionner ?

C. L. : Non. Il y a quand même des financements européens très conséquents sur cette île, de l’argent censé être dédié à la culture et qui n’est pas utilisé… C’est très dommage de manière générale, et de notre côté je le déplore encore plus car justement, nous faisons l’effort d’être le plus possible dans la véracité, ne pas être dans la caricature. Si nous l’avions fait ailleurs en trichant, j’aurais compris qu’on nous mette des bâtons dans les roues, mais malgré toutes les difficultés, nous avons décidé d’enraciner coûte que coûte ce projet dans le territoire. Nous ne trichons pas, nous venons pour de vrai. Nous avons fait trois mois de casting sur place pour trouver des enfants de l’île, il y a une quinzaine de Mahorais dans notre équipe technique que nous formons aux différents métiers… Le but c’est de partager le plus possible avec les Mahorais l’histoire du premier film de cinéma à Mayotte, nous ne faisons pas un film de blancs dans notre coin. Donc non, je ne comprends pas cette absence de soutien. Ils ont eu peur que nous donnions une mauvaise image mais en réalité c’est nous qui avons été jugés sans que d’efforts soient faits pour comprendre le projet. Je pense qu’il faut accueillir les gens qui veulent parler de cette île, c’est nécessaire à son développement.

FI : Qu’est-ce qui, dès les repérages, vous a fait comprendre que ça allait être compliqué mais qu’il fallait coûte que coûte le réaliser à Mayotte ?

C. L. : Le fait que Mayotte soit la France sans l’être vraiment nous interpelle, nous intéresse, il nous fallait comprendre cela, ce que cela voulait dire. C’est quelque chose qui ressort dans le livre mais aussi dans les discours des gens sur place. Nous sommes aussi sur un territoire incroyablement beau et qui n’a jamais été montré au cinéma… C’est forcément un défi très excitant !

Dans le même temps, beaucoup de personnes ne voulaient pas vraiment de nous ici, ou plutôt du film. On nous reprochait très souvent d’avoir un projet qui allait donner une mauvaise image de Mayotte. Et ce n’est pas du tout l’idée. Pour nous, mauvaise ou pas, il fallait de toute façon donner une image. Parce que dans l’inconscient de la majorité des métropolitains, Mayotte n’existe quasiment pas, ils ne connaissent pas son histoire, c’est une réalité. Être dans le déni de cela ici contribue selon moi à ce que Mayotte continue à ne pas exister en métropole. À un moment donné, exister c’est se montrer, accepter qu’il y ait des films, des livres qui en parlent. Il n’y a pas de fiction ici et je suis convaincu que la fiction peut combattre beaucoup de choses, en véhiculer énormément. C’est cela notre travail, essayer à travers l’art de parler de sujets réels de la société, qui permettent de les faire rentrer dans le débat public, de les aborder de manière moins frontale, moins politique.

Nous ne faisons pas de politique, nous avons juste envie de parler de Mayotte, de ce que vivent les Mahorais et oui, forcément, tout n’est pas rose mais il faut le montrer. Réussir à en parler c’est déjà trouver des bouts de solution.

FI : Comment avez-vous réussi à embarquer des jeunes dans cette aventure ?

C. L. : Nous avons fait beaucoup de casting sauvage et travaillons avec des jeunes de Vahibé, Cavani, Kawéni, Koungou. Nous avons organisé des ateliers pour bien expliquer que ce n’était pas que de l’amusement mais un véritable travail sur lequel beaucoup d’attentes reposent et qu’il fallait donc un certain engagement et du sérieux. S’engager sur un film c’est être là tous les jours, à l’heure, etc. Notre directrice de casting est également leur coach et les encadre parfaitement. Et il en ressort une envie, une formidable énergie, très émouvante et que j’ai rarement ressentie sur un plateau. C’est incroyable, ils sont d’une grande bienveillance, très respectueux, très polis… Pas du tout l’image de la jeunesse mahoraise que nous pouvons imaginer de loin.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien de Carole Lambert dans le n°933 de Mayotte Hebdo du vendredi 23 octobre.

 


Un bond en avant pour l’audiovisuel à Mayotte ?

“Je pense qu’on a à peu près rencontré tous ceux qui font de l’audiovisuel ici”, s’amuse Carole Lambert. “Il y a des choses, mais il faut se dire que c’est le début, qu’il faut persévérer. Dans le cadre du tournage, nous organisons une masterclass avec Dali Benssalah pour les options audiovisuel et théâtre au lycée Mamoudzou Nord. Car on est aussi là pour pour transmettre, partager”, poursuit la productrice. Alors, au-delà de susciter des vocations, le tournage de ce film pourrait-il être un déclic pour le secteur audiovisuel mahorais ? “Je n’aurais pas la prétention de dire que l’on va changer les choses mais il faut de toute façon essayer. Soutenons-nous les uns les autres et montrons que c’est possible”, répond Carole Lambert, qui voudrait convaincre ses confrères. “Je verrai comment ça se sera passé à la fin mais j’aimerais aussi inciter à venir ici. Montrer que oui, c’est peut-être un peu fou mais que ça en vaut la peine au vu de la beauté du territoire et de ses énergies”

Un cluster à la mairie de Mamoudzou mène à la fermeture des services

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La mairie de Mamoudzou n’est pas épargnée par les clusters qui se multiplient sur l’île. 5 agents ont contracté la Covid-19, ce qui a mené à la fermeture des bâtiments municipaux jusqu’au 2 novembre. Un service minimum est cependant assuré.

Ce mardi matin, à l’Hôtel de ville de Mamoudzou, on pouvait entendre les mouches voler. Les locaux ont été vidés de ses agents et des usagers à cause de la fermeture de différents services. Le 26 octobre, la commune chef-lieu annonçait l’apparition de « quelques cas à la Covid-19 au sein des agents municipaux ». Il s’agit en réalité de 5 personnes qui travaillent dans trois services différents. Il a été difficile pour l’Agence régionale de santé et la mairie de trouver un lien entre elles. Mais après une recherche plus avancée, l’ARS a découvert que ces agents municipaux ont contracté le virus « lors d’un petit-déjeuner » selon la cheffe de service de veille et sécurité sanitaire de l’institution sanitaire. « Maintenant, nous pouvons parler de cluster, dès lors que 3 cas ont un lien entre eux », précise-t-elle. Une liste de cas contacts a été établie et chacun a reçu un message pour effectuer un test dans les 7 jours. Aujourd’hui, l’ARS se veut rassurante et indique que « la situation est maîtrisée car la trentaine de cas contacts a été testé négatif. La mairie de Mamoudzou n’a rien d’exceptionnel par rapport à nos situations à risque ».

Éviter la propagation du virus

Si seulement 3 services sont touchés par les cas positifs, la mairie de Mamoudzou a décidé de fermer ses portes au public et de favoriser le télétravail afin de protéger le personnel et les visiteurs. « Nous avons fermé pratiquement tous les services, car nous avons 1.080 agents et ils sont amenés à naviguer de bâtiment en bâtiment administratif de la ville et l’Hôtel de ville. Ces flux d’agents peuvent contribuer à la propagation du virus », explique Olivier Chauveau, directeur de communication de la commune. Tous sont soumis à une septaine jusqu’au 2 novembre inclus. Seuls les services de l’état civil, des urgences techniques et administratives reçoivent du public.

Des administrés surpris par la fermeture

Durant le premier jour de fermeture, les usagers ont été surpris de trouver porte close à l’Hôtel de ville. « Je suis venu pour une procuration et on me dit de revenir mardi prochain. Ça ne m’arrange pas, car c’est urgent », se plaint un jeune homme devant le bâtiment. Non loin de là se trouvent deux jeunes filles qui regardent à travers les baies vitrées, dans l’espoir qu’un agent ouvre les portes. Après de longues minutes d’attente, elles repartent déçues. « On doit revenir la semaine prochaine. Je ne sais même pas pourquoi ils ont fermé », regrette l’une d’elle. Rares sont ceux qui étaient au courant de la nouvelle. « J’ai entendu à la radio que la mairie de Mamoudzou fermait ses portes, mais qu’il y avait des numéros où on pouvait appeler. Alors je l’ai fait, je me suis renseignée avant de venir », explique une mère venue déclarer la naissance de sa fille.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes