Du 9 au 11 décembre, Christian Chenel, directeur des admissions et concours de la chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France et opérateur du concours de la banque commune d’épreuves (BCE) a rendu visite à la première promotion de la classe préparatoire économique et commerciale voie générale (ECG) du lycée de Sada.
19 grandes écoles de management et 3 écoles associées, 9 759 candidats, 2 600 boursiers et 5 942 places ouvertes, voici en quelques chiffres en quoi consiste la banque commune d’épreuves (BCE). À Mayotte, comme partout ailleurs en France, les étudiants en deuxième année de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) pourront se présenter aux concours de cette prestigieuse banque d’épreuves. “À la rentrée 2021 nous avons accueilli seize élèves en première année de CPGE économique et commerciale voie générale (ECG)”, se félicite Jean-Pierre Redjekra, proviseur au lycée de Sada. Huit filles et huit garçons, pour représenter l’élite de l’île aux parfums. S’ils découvriront dès l’année prochaine les joies de la préparation des concours aux grandes écoles, pour l’heure, le climat était à la découverte, la discussion et la présentation des diverses modalités des concours.
Les outre-mers aussi ont du talent
En visite pour trois jours dans le 101e département, Christian Chenel, directeur des admissions et concours de la chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France et opérateur du concours de la banque commune d’épreuves (BCE) avait pour objectif de présenter aux élèves les grandes écoles de management françaises. Pour cela il était accompagné d’une délégation composée de Virginie Charton, responsable des sujets BCE et des oraux HEC, mais aussi Myriam Merat, directrice des Admissions et Concours INSEEC Grande Ecole Campus Paris- Lyon – Bordeaux ainsi que Mickaël Colin, chargé de la promotion internationale Brest Business School.
Au lycée de Sada, l’équipe de professionnels a pu dialoguer avec les étudiants en CPGE ECG, puis leurs professeurs, leurs chefs d’établissement mais aussi leurs parents. Des entretiens mis en place pour rassurer les futurs candidats aux concours et leurs familles. En effet, si bien souvent les parents s’inquiètent à l’idée de voir leurs enfants quitter le nid, le financement d’un cursus parfois très onéreux peut également être un frein. “Nous souhaitons accompagner au mieux nos élèves vers la réussite. Ils se sont montrés très enthousiastes à l’issue de cette rencontre et nous poursuivrons les échanges sur des thématiques transversales grâce à des visioconférences qui viendront ponctuer l’année”, affirme Jean-Pierre Redjekra. Dès l’année prochaine le proviseur espère accueillir vingt-quatre élèves au sein de la seconde promotion de classe préparatoire ECG. Un objectif ambitieux mais qui on l’espère pourra être atteint sur l’île où savoir et ylang-ylang poussent côte à côte…
Le collectif de l’intersyndicale de Mayotte a publié lundi 13 décembre une offre spéciale “avion Jumeaux”. En effet, les fans de football volontaires ont pu acheter en se présentant le jour-même à l’agence Issoufali, leur vol vers Paris à coût réduit. Au total, soixante places ont été négociées par le club de supporters de Mayotte à 1185,83 euros. Le départ vers Paris aura lieu le 17 décembre et le retour à Mayotte le 21 décembre.
La communauté de communes du sud et les communes de Bandrélé, Bouéni, Chirongui, et Kani-Kéli, annoncent la date du prochain marché agricole et d’artisanat du Sud, samedi 18 décembre à Majimeouni dans la commune de Bouéni. Dans une démarche de valorisation des producteurs et artisans du territoire, les collectivités du sud continuent la mise en place des marchés évènementiels, chaque dernier samedi du mois. Exceptionnellement, pour adapter l’organisation de l’événement et proposer des produits pour les fêtes de fin d’année, ce marché de décembre se déroulera le troisième samedi du mois. Cet événement est cofinancé par la communauté de commune du sud ainsi que l’agence nationale de la cohésion des territoires. Il est organisé de manière collaborative, avec l’intercommunalité, les communes et surtout grâce aux exposants du sud. Le dernier marché agricole et d’artisanat du sud de l’année se déroulera ainsi au carrefour de Majimeouni le 18 décembre de 8h à 13h. Comme lors de chaque édition, les clients découvriront de nombreux exposants de produits locaux, fruits, légumes, plants, sel et épices… mais aussi des produits d’artisanat comme de la décoration, des ustensiles de cuisine ou encore de la broderie. Les acheteurs pourront également se restaurer avec des produits traditionnels, plats, jus, gâteaux et achards.
La Mahoraise des eaux informe sa clientèle que, grâce aux actions entreprises, le taux de manganèse dans l’eau a significativement diminué sur une grande partie du secteur impacté par l’augmentation du taux de manganèse dans la retenue collinaire de Dzoumogné. Toutefois, ce taux dépasse encore par moment la référence de qualité. La SMAE va donc procéder au nettoyage des réservoirs alimentés par l’usine de production d’eau potable de Bouyouni afin de continuer à améliorer la qualité de l’eau. Cette première phase de nettoyage, qui se déroulera du 14 décembre 2021 au 4 janvier 2022 inclus, vise en particulier à débarrasser de ces réservoirs les résidus potentiels de manganèse. Ces opérations de nettoyage vont alors induire des coupures d’eau. Les secteurs concernés le 14 décembre à partir de 13h jusqu’à 7h du latin le lendemain seront : Mtsangadoua, Mtsamboro, Hamjago, Mtsahara, Handrema, Mtsangamboua, Bandraboua, Dzoumogné, Bouyouni, Longoni Village, Kangani, Trevani, Koungou, Majicavo 1 et 2, Hauts Vallons, Kawéni Village, Cavani, Mandzarsoa, Doujani, Ambassadeur, Passamainty-Ngambo Titi, Labattoir. Jeudi 16 décembre de 8h à 13h la coupure d’eau concernera le village de Bouyouni. À noter que la distribution d’eau sera maintenue pour les activités économiques quand cela est possible ainsi que pour les usagers prioritaires
Donner à chacun toutes les clés pour fabriquer et entretenir un jardin sur son toit, telle est la vocation du site « Cultive ton toit 976 », élaboré par l’EPFAM et accessible à l’adresse www.opam.yt/cultive_ton_toit_976.html. Un manque cruel de terrains disponibles et de nombreux toits plats inexploités… ces deux éléments caractéristiques de la ville mahoraise ont poussé l’EPFAM à initier une expérimentation de végétalisation de 3 toitures à Sada. Le projet expérimental, lancé au mois de mai 2021 pour 3 ans, doit permettre d’acquérir un meilleur bagage en matière d’agriculture urbaine à Mayotte et de promouvoir des méthodes efficaces à l’échelle de tout le département. C’est dans cette optique que le site internet cultive ton toit 976, pensé comme un guide en ligne, a été conçu. En se basant sur l’expérience en cours à Sada, ce site internet met à disposition toutes les données et outils pour créer et entretenir un potager sur sa toiture. Y sont proposés des fiches méthodes, des témoignages et des tutoriels pour que chacun puisse reproduire l’expérience chez soi. Alors envie de vous mettre au vert ?
Les 17 et 18 décembre 2021 à Bandraboua, l’association MAFOUMBOUNI (TV-Mafoumbouni) organise la première édition du festival « Jeunes Talents Mahorais » Machaka Mchakiki. Un événement financé par la DRAJES de Mayotte et la commune de Bandraboua. L’objectif ? Promouvoir le théâtre amateur, valoriser les jeunes talents mais aussi la liberté d’expression dans la société mahoraise. “Ouvert à toutes et à tous, ce festival est notre premier rendez-vous qui permettra l’accès à la culture aux plus jeunes. L’intérêt du séminaire est de proposer aux personnes qui nous suivent des réflexions sur l’enjeu de l’humour dans sur notre île pour parler autrement des problèmes du quotidien, notamment en échangeant avec des personnalités”, expliquent les organisateurs. Les spectateurs pourront assister le 17 décembre de 15h à 17h à des ateliers dédiés aux plus petits et ainsi leur faire découvrir dans un cadre ludique la peinture, le théâtre et l’écriture d’histoires. Le 18 décembre de 17h à 20h le public pourra se rendre à la soirée du rire « Machaka Mchakiki », pour assister à un spectacle mêlant théâtre, stand up, chant et danse. Intéressés ? Alors rendez-vous place remblai à Bandraboua avec votre masque et votre passe sanitaire.
Le dernier conseil municipal de Chirongui qui s’est tenu le 12 décembre a été quelque peu mouvementé. La majorité a voté pour la résiliation du contrat qui déléguait la gestion du cinéma à l’association Ciné Musafiri pour cause de manquement. Une version contestée par les responsables de l’association qui comptent saisir les juges. En attendant, à partir de janvier 2022, le cinéma sera directement géré par la commune.
« Ils nous ont virés. » C’est à travers ces mots, le visage dépité, que le directeur de l’association Ciné Musafiri annonce la nouvelle à ses employés. Tous se sont rendus à l’hôtel de ville de Chirongui où s’est tenu le conseil municipal qui a statué sur leur sort. Habituellement ouvert au public, les représentants de la municipalité n’ont pas autorisé la dizaine de personnes à entrer dans les locaux de la mairie pour cause de restriction sanitaire. Seuls le directeur et le président de l’association on pu assister à la séance et plaider leur cause, mais cela n’a pas été suffisant. Après des échanges animés entre le maire, sa directrice du pôle culturel d’un côté, l’opposition et les représentants de l’association de l’autre, la majorité de l’équipe municipale a voté en faveur de la résiliation du contrat de délégation de service public qui liait Ciné Musafiri et la ville de Chirongui et qui a été établi sous la mandature de l’ancienne maire Roukia Lahadji. « Ce qu’ils ont voté est plutôt une déchéance abusive qui s’appuie sur des faits inexacts et qui semble avoir été préparée d’avance. On est stupéfaits mais on l’avait vu venir depuis quelques semaines. L’idée est de nous remplacer tout simplement en s’appuyant sur des bases fausses », assène Anthony Boché, le directeur de l’association Ciné Musafiri. Faux ! Conteste l’autre partie. Selon le maire Andhanouni Saïd et son équipe, des manquements graves ont été relevés et c’est ce qui les a poussés à prendre cette décision. « Ils ont confondu deux choses, les comptes comptables en matière de bilan et le compte de gestion d’exploitation. Ils devaient présenter le dernier, mais ils se sont trompés. De plus, ils ont communiqué le bilan des comptes tardivement, au lieu que ça soit au mois de mars ça a été fait en novembre », explique Mouhamadi Toumbou-Dani, directeur de la communication de la mairie de Chirongui. Ciné Musafiri conteste vivement cette version. Selon le directeur, il n’a jamais été question du mois de mars, mais bien de novembre. « Ils nous ont dit que la date limite était le 20 novembre, on a déposé les résultats des comptes le 16 novembre », répond Anthony Boché, preuve à l’appui.
Prochaine séquence, les tribunaux
Malgré l’argumentaire de l’association, le maire campe sur ses positions et tous ses adjoints ont voté en faveur de la résiliation du contrat de 5 ans alors qu’il reste encore trois ans à effectuer. Cependant, la bataille ne s’arrête pas là puisque Anthonyé Boché a d’ores et déjà annoncé qu’ils porteront l’affaire en justice. « Ils ont pris une décision abusive et illégale. On va porter plainte sur le fait que la déchéance est basée sur des faits inexacts. On peut aussi s’appuyer sur le fait que pendant deux ans des réunions auraient dû avoir lieu contractuellement, ce qui n’a pas été le cas pourtant ce n’est pas faute de les avoir réclamées. On a un tas d’arguments, ce n’est pas très compliqué. » Et c’est ce que redoute l’opposition de la municipalité de Chirongui qui a voté contre la résiliation du contrat, mais leurs voix n’ont pas suffit. « Il s’agit de rompre un contrat de délégation de service public, on a vu par expérience qu’à chaque fois que le délégataire attaque en justice ça coûte très cher à la collectivité. Pourquoi ne pas se mettre autour de la table pour discuter et trouver une solution ? », S’interroge Ismaila Mderemane Saheva, élu de l’opposition. Il pense que l’association a été lésée et il affirme ne pas avoir été convaincu par les arguments du maire qu’il juge « trop légers ».
La mairie de Chirongui dans les métiers du cinéma ?
Le choix de la conciliation n’est pas une option pour Andhanouni Saïd puisqu’il souhaite que sa municipalité gère directement le cinéma. « C’est une décision politique, maintenant il y a le temps de sa mise en place. Tout est prévu pour reprendre la nouvelle politique culturelle de notre commune le plus rapidement possible. Les démarches ont été entamées en amont pour que la population ne soit pas lésée », assure le directeur de communication de la ville. Problème, gérer un cinéma est un métier à part entière qui ne s’improvise pas et pour l’instant la mairie n’a pas les professionnels requis pour cela. « N’avez-vous pas retenu la leçon avec le conseil départemental qui a voulu gérer le cinéma Alpajoe à Mamoudzou ? Regardez où on en est maintenant ! » S’indigne l’élu de l’opposition. Mais la commune se veut rassurante, elle assure que la programmation ne sera pas perturbée. Arrivera-t-elle à respecter sa promesse ? Pourra-t-elle suivre la cadence établie depuis deux ans ? Réponse en janvier 2022.
Les joueurs du Basket club M’tsapéré ont tenu leurs supporters en haleine jusqu’à la dernière minute du match qui les opposait au BC Dynosien. Après leur victoire serrée, toute l’équipe est de retour à Mayotte ce lundi 13 décembre. Et c’est une foule en liesse qui les a accueillis dans leur village.
Petit ou grand, femme ou homme, les supporters venus acclamer les joueurs du BCM étaient de tous bords cet après-midi à la place sénat de M’tsapéré. Tous se sont habillés en rouge pour affirmer leur soutien et fierté. L’équipe a entamé un cortège à l’entrée du village jusqu’à la place du rassemblement tout en chantant et dansant le chigoma, l’une des danses traditionnelles mahoraises. Si les sportifs s’attendaient à un accueil chaleureux, la réalité dépasse tout ce qu’ils avaient imaginé. « C’est une autre dimension ! Tous les Mtsapérois se sont mobilisés pour nous, c’est incroyable ! Je pense que toute équipe aimerait avoir un tel accueil » s’émerveille Madi Aboubacar, capitaine du BCM. « On est tellement chanceux d’avoir des supporters comme les nôtres. Tout le monde est là, nos mamans, nos petits frères. Ça nous fait plaisir devoir toutes les générations réunies », ajoute Bourhane Mohamadi, le dirigeant du basket club M’tsapéré.
1 de 6
Une longue attente qui valait la peine
Le vol qu’a pris l’équipe de basket depuis La Réunion devait atterrir à Pamandzi à 12h25. Mais faute de place de parking sur le tarmac de l’aéroport de Mayotte, l’avion a été obligé de patienter dans les airs avant qu’une place se libère. Conséquence, celui qui transportait les sportifs est arrivé avec près d’une heure de retard et cela a chamboulé le programme. Attendus à 14h à M’tsapéré, ils sont arrivés à 15h30. « Je les attends depuis 12h ! Mais je n’ai pas songé une seule fois à partir parce qu’ils méritent qu’on soit là pour eux », lance une supportrice. Les personnes âgées, notamment les femmes, habillées de leur salouva Zena M’déré se sont mises à l’ombre et ne se mêlent pas à la foule. Mais elles ne sont pas moins fières du résultat sportif de ceux qu’elles appellent leurs enfants. « Ils nous ont honorés en gagnant ce match. Nous devions leur rendre la pareille en les accueillant comme ils le méritent », soutient une autre femme.
Les joueurs ont profité de ce moment de joie avec leur entourage. Après quelques jours de repos, ils vont reprendre les entraînements pour continuer le championnat de France. Le Basket club M’tsapéré devra jouer fin janvier, mais il connaitra son adversaire seulement au milieu du mois de janvier. Quoi qu’il en soit, le capitaine se dit confiant, ils feront vibrer une nouvelle fois Mayotte.
La promotion de la culture a été l’une des rares réussites de la précédente mandature du Conseil départemental. Mais, dans ce secteur ou dans celui des sports, le manque d’infrastructures pénalise encore et toujours les associations, artistes et athlètes mahorais.
L’identité mahoraise, faite de multiples racines et construite par de nombreuses épreuves et luttes communes, est la substantifique moelle de Mayotte et de sa culture unique. Cette dernière, Soibahadine Ibrahim Ramadani l’évoquait dans son Plan de mandature 2015, assurant qu’il fallait « réaffirmer l’identité mahoraise par la promotion de la culture, de la recherche et du sport« . L’objectif de l’ancien président du Conseil départemental était notamment d’éveiller les nouvelles générations à leur histoire. Malgré quelques petites avancées sur ce point, on ne peut que déplorer l’oubli total dans lequel tombent de nombreux auteurs mahorais, délaissés par les jeunes. Néanmoins, le succès de la publication de la bande dessinée Mayotte, rencontre de peuples et de civilisations, signée Nassur Attoumani, est une grande fierté pour les anciens élus, qui voulaient ardemment un ouvrage de vulgarisation sur l’histoire de leur île.
Le « schéma départemental du livre et de la lecture publique« , pour changer, a en outre permis l’avènement d’un salon du livre ayant tenu deux éditions, en 2017 et 2019. Le Conseil départemental, ces dernières années, a aussi été à l’origine de nombreuses manifestations culturelles, avec au cœur de ces derniers une promotion de la culture mahoraise. Cependant, la salle de spectacle « à dimension départementale et à vocation événementielle » figurant dans les grands projets de la mandature manque toujours à l’appel, malgré des fonds européens alloués à ce projet. Le MuMa (musée de Mayotte), quant à lui, a souffert de la crise sanitaire ces deux dernières années, et n’a pu accueillir autant de public que souhaité. Il faut d’ailleurs noter le bon fonctionnement de l’Office culturel départemental, mis en place par l’ancienne mandature.
Les graines d’athlètes font du surplace
Du côté des terrains et autres gymnases, tout est moins rose, et moins vert. Les associations et clubs sportifs déplorent l’état des pelouses du département, et le « manque criant de structures et d’encadrement » que déplorait Soibahadine Ibrahim Ramadani n’a pas été comblé durant les six années de sa présidence. Le dossier du stade de Cavani est en ce sens alarmant. Le Conseil départemental a en effet perdu l’enveloppe du Centre National pour le Développement du Sport, soit 4,42 millions d’euros, à cause de l’absence de réalisation de travaux dans les délais et du non-respect des procédures d’attribution de marchés. Le centre de formation de sportifs de haut niveau, quant à lui, se perd dans la multitude de schémas du Plan, même si un CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive) a été créé en 2018.
Cette même année, des Assises du sport ont été tenues par le Département. Et, alors que le document prévoyait initialement la candidature de Mayotte pour les Jeux des Îles de l’Océan Indien (JIOI) 2023, cette dernière a eu lieu pour l’édition des JIOI 2027, avec de bons espoirs de réussite. Mais, pour organiser ces Jeux, les infrastructures seront essentielles, à l’heure où les sportifs mahorais sont plus talentueux que jamais. Comment expliquer que les parcours des Jumeaux de Mzouazia cette année ou du FC Mtsapéré la saison dernière en Coupe de France de football ne permettent pas à ces clubs de jouer sur le sol mahorais ? C’est d’autant plus incompréhensible que le Conseil départemental souhaiter que les sportifs de l’île puissent « rivaliser avec les homologues de la région« …
Enfin, la science n’est pas parvenue au niveau souhaité par le Conseil départemental lors de son élection en 2015. « La présente mandature fera de la recherche un pilier de son action pour construire Mayotte de demain« , pouvait-on lire dans les pages du Plan de mandature. Le centre de recherche et de documentation scientifique n’est malheureusement jamais sorti de terre, et le Centre Universitaire de Dembéni est le seul à avoir une dimension de recherche plus ou moins dynamique.
Dans tous les secteurs de la vie mahoraise, le Conseil départemental version 2015-2021 a agi, mais a également connu de nombreux échecs, pénalisant moins les élus que le peuple de Mayotte. Lors de son discours de vœux pour l’année 2016, Soibahadine Ibrahim Ramadani, quelques mois après l’élection, déclarait : « Je souhaite indiquer que si les quatre autres DOM ont attendu près de 50 ans pour accéder à l’égalité sociale, je suis convaincu qu’il faudra infiniment moins de temps aux Mahorais pour parvenir à l’égalité réelle au sein de la République« . Le temps, malheureusement, passe bien lentement pour les Mahorais, qui ne savent pas si ces six années de mandature passaient ou stagnaient.
Le but de cette sensibilisation parrainée par le ministère de la Justice et qui, s’étalera sur une période de trois semaines, est de faire découvrir aux entreprises, les différents mécanismes mis en place par les tribunaux de commerce pour les accompagner en cas de difficultés.
Abdou Moustoifa
« Entreprise en difficulté : comment faire face ? » C’est le thème retenu par le ministère de la justice qui, depuis le 7 décembre, mène une campagne d’information sur la « justice commerciale« . Cette sensibilisation digitale répond à un objectif spécifique : Faire connaitre aux entrepreneurs en difficultés les dispositifs d’accompagnement qu’offrent le tribunal de commerce et le tribunal judiciaire. Il n’est en effet un secret pour personne que les entreprises confrontées à des difficultés financières le plus souvent, peinent à se relever si elles ne bénéficient pas à temps d’un soutien. C’est dans cette optique que le ministère de la Justice a lancé une campagne axée sur les avantages de la justice commerciale et qui s’achèvera le 23 décembre prochain. Celle-ci tournera essentiellement autour de ces deux mécanismes qui ont déjà fait leurs preuves : D’abord la prévention des difficultés en mettant œuvre des procédures amiables comme le mandat ad hoc et la conciliation. Puis, le soutien aux entreprises à travers des procédures de sauvegarde et des mesures de redressement avant que la situation n’atteigne un seuil critique. Parmi les avantages de cette alternative, l’entreprise arrive non seulement à maintenir les activités, mais elle parvient également à sauver les emplois. Pour démontrer l’efficacité de cette méthode, le ministère a donné la parole à trois chefs d’entreprises qui ont pu se relever après avoir bénéficié l’accompagnement de la justice. Dans trois vidéos mises en ligne sur le site du ministère de la justice commerciale, Olivier Piquet, directeur général du groupe Lise Charmel, Stéphane Milan, chef du réstaurant Le Trévise et Caroline Sirch, président d’Ideal ont tous partagé leur expérience.
Apurement des créances
Considérés comme les principaux piliers de ces plans de redressement, les tribunaux de commerce eux, s’appuient sur des entretiens de prévention-détection au sein de la juridiction. Les personnes qui exercent des activités commerciales ou artisanales peuvent se tourner vers les juges consulaires, issus du monde de l’entreprise. De leur côté, les entrepreneurs travaillant dans les autres secteurs d’activité à l’instar de l’agriculture sont dirigés vers les tribunaux judiciaires où, siègent des magistrats statutaires et dans certains territoires, des juges consulaires. Dans son communiqué de presse du 8 décembre, le ministère a également mis en avant les dispositifs de sortie de crise. Ces mesures « exceptionnelles« , visent à aider les entreprises à surmonter les difficultés économiques liées à la crise sanitaire du covid. Les procédures à l’amiable ouvrent par exemple la voie à une renégociation des dettes des petites entreprises. « Il est possible de demander au président de tribunal sursoir l’exigibilité des créances en procédure de conciliation« , lit-on, dans le même communiqué. Un autre mécanisme de sortie de crise adopté en 2021, permet aussi aux entrepreneurs de bénéficier d’un apurement des créances sur une période maximale de 10 ans dans le cas d’une sauvegarde. Avant, la procédure durait 6 mois voire plus s’agissant d’un redressement judiciaire. Ce timing a été raccourci. L’entreprise peut en seulement trois mois obtenir ce plan d’apurement. La seule condition posée ? C’est la présentation d’une comptabilité conforme.
Samedi 11 décembre avait lieu la journée de la jeunesse sur le thème du sport-santé à Passamainty. Un événement organisé par l’union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) dans le cadre de la commission de la jeunesse et des sports de l’océan Indien (CJSOI). Créée en 1988, la CJSOI regroupe sept pays/îles membres : les Comores, Djibouti, Madagascar, l’île Maurice, Mayotte, la Réunion et les Seychelles. Son but ? Promouvoir l’amitié et la fraternité entre les jeunes des pays partenaires et favoriser le développement de la coopération régionale, du sport et de la jeunesse. Pour cela, elle met en place des échanges de jeunes et de sportifs âgés de moins de dix huit ans dans le cadre des jeux de la CJSOI. Par ailleurs, l’institution mène des actions pour la jeunesse dans chaque pays membre. Initialement prévu du 16 au 25 juillet 2021, les douzièmes jeux de la CJSOI auront lieu du 4 au 11 décembre 2022 à Maurice. Mayotte sera composée d’une délégation d’environ cent cinquante jeunes, encadrants, juges, arbitres, présidents de fédération. Au programme, diverses disciplines sportives comme l’athlétisme, le beach handball, le futsal, la pétanque, le tennis, le tennis de table ou encore la voile. Alors si vous avez raté l’événement de samedi, à vos baskets et rendez-vous l’année prochaine !
L’entreprise électricité de Mayotte (EDM) annonce le lancement imminent d’une enquête de satisfaction auprès des mahorais. Pour ce faire, le professionnel de l’énergie a mandaté la société Synthèses, spécialisée en études marketing. L’objectif de cette démarche ? Identifier, mesurer et hiérarchiser les leviers de satisfaction des usagers afin d’améliorer l’expérience et de répondre aux besoins. “Déterminer les critères qui concourent le plus à la satisfaction des clients, évaluer le taux de satisfaction par processus, outils mis en place et dans sa globalité, recueillir le ressenti des clients sur les actions mises en place durant l’exercice précédent, recueillir les attentes des clients mais aussi, le ressenti de ceux-ci vis-à-vis de propositions d’actions à venir, prioriser les activités à améliorer pour accroître la satisfaction des mahorais”, tel sera le travail de Synthèses au travers de cette enquête. Afin de mener à bien cette étude, chaque client d’EDM est susceptible d’être contacté pour donner son avis. Le fournisseur d’électricité de l’île prie alors sa clientèle de bien vouloir accorder quelques minutes de son temps à l’entreprise Synthèses s’ils reçoivent un appel, un mail ou un SMS venant de cette société.
Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, prend acte des propositions formulées par les élus guadeloupéens pour répondre aux demandes du collectif. Comme il l’avait précisé lors de son déplacement en Guadeloupe le 29 novembre 2021, nombre de ces revendications concernent les compétences des collectivités territoriales. Le ministre se félicite ainsi que les élus y répondent dans le respect des périmètres de chacune d’entre elles. Le représentant du gouvernement, rappelle également la disponibilité des services de l’Etat pour accompagner les élus dans ces réflexions. Dans un communiqué, il formule diverses réponses aux problématiques formulées par les habitants de la Guadeloupe. “Le ministre des Outre-mer confirme que l’Etat est prêt à subventionner des investissements dans des infrastructures d’eau potable et d’assainissement dans le cadre d’un contrat de progrès avec le SMEAG. De plus, conformément au mandat donné par le ministre des Outre-mer au préfet de la Guadeloupe, Alexandre Rochatte, une réunion avec les maires du territoire, en présence des services de l’Etat concernés, a été organisée le 7 décembre afin d’évoquer les premières pistes de travail pour élaborer un plan pour la jeunesse guadeloupéenne. Par ailleurs, l’amélioration de l’habitat est une priorité du gouvernement, à travers la réhabilitation du parc social et du parc privé. Enfin, la pédagogie et le dialogue promus dans les établissements de santé font leurs preuves : 281 personnes ont d’ores et déjà régularisé leur situation sur les 3 dernières semaines.” Sur l’ensemble de ces priorités, Sébastien Lecornu veut réaffirmer la “main tendue de l’Etat pour dialoguer, sur des bases claires et conformes aux compétences de chacun, avec les collectivités territoriales” afin de répondre collectivement aux enjeux du territoire.
Sur l’île aux parfums, les épidémies de grippe surviennent généralement durant la saison chaude et humide, entre les mois de décembre et mars. Cette année, la surveillance confirme une circulation du virus grippal relativement précoce. En effet la direction régionale de Santé publique France dénombre 323 échantillons positifs depuis août 2021. A l’heure actuelle le Centre hospitalier de Mayotte (CHM) note quant à lui une diminution du nombre de passages aux urgences pour « infection respiratoire aiguë basse » chez les personnes de plus de quinze ans. Depuis la semaine trente-sept de l’épidémie, dix cas graves ont été admis en réanimation et un décès a été enregistré en semaine quarante-six. L’agence régionale de Santé mène alors une stratégie de surveillance qui repose sur le test des patients hospitalisés avec des symptômes respiratoires. Entre le 11 août et le 6 décembre 2021, 323 cas confirmés de grippe A ont été détectés à Mayotte. En semaine quarante-huit, la moitié des patients avaient moins de vingt-huit ans, alors que jusqu’à la semaine quarante-trois, la majorité des cas confirmés étaient des enfants de moins de dix ans. Bien que le nombre de patients contaminés par le virus de la grippe semble baisser, Santé publique France martèle, “Dans le contexte de la Covid-19, il est particulièrement important de se faire vacciner contre la grippe et de respecter les gestes barrières qui permettent de limiter la circulation des virus.”
Le 24 novembre 2021, la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Mayotte (DEAL) accompagnée par la police intercommunale de l’environnement de la CCSUD, a procédé au contrôle de pistes illégales réalisées sans autorisation environnementale à Nyambadao sur la commune de Bandrélé. Ce contrôle s’inscrit dans le cadre du plan d’actions de la mission interservice de l’eau et de la nature de Mayotte (MISEN). La réalisation de ces importants travaux de terrassement sur environ cinq hectares provoque des dégradations multiples de l’environnement. Défrichement, atteinte à l’habitat d’espèces protégées, absence de gestion des eaux pluviales… Le tout provoque une érosion des sols qui augmente le ruissellement et le risque d’inondation. Par ailleurs, ce processus contribue à l’envasement du lagon en détruisant les écosystèmes favorables à la faune et la flore de celui-ci. L’ouverture de ces pistes provoque une urbanisation illégale dans des secteurs non autorisés. Des sanctions administratives sont d’ores et déjà engagées au titre du code de l’environnement et des actions de surveillance sont régulièrement menées par les services de l’État, afin de préserver le patrimoine naturel de l’île et la ressource en eau.
Jérôme Millet et Tahamida Ibrahim ont inauguré vendredi matin le 1er tiers-lieu numérique à la Ligue de l’Enseignement.
Vendredi matin, le sous-préfet Jérôme Millet et Tahamida Ibrahim, la 2ème vice-présidente du conseil départemental en charge des finances et des affaires européennes, ont inauguré le 1er tiers-lieu numérique dans les locaux de la Ligue de l’Enseignement de Mayotte, situé à cavani (rue Soweto).
L’Etat poursuit sa volonté de créer des services de proximité dédiés au numérique. Après l’inauguration de 2 Maisons France Service dans les locaux de la poste à Dzoumogné et à Kaweni en début de semaine dernière, le vendredi s’est vu quant à lui inaugurer le 1er tiers-lieu numérique dans les locaux de La Ligue de l’Enseignement à Cavani-Mamoudzou. Cette dernière est une fédération d’associations laïques et indépendantes qui oeuvrent pour l’éducation populaire. Elle regroupe, à travers 103 fédérations départementales, plus de 20 000 associations locales présentes dans 24 000 communes et représentant en tout 1,6 millions d’adhérents au national. Les objectifs de la Ligue de l’Enseignement sont de lutter contre l’analphabétisme, d’assurer le droit à la formation et à l’éducation et de proposer des activités culturelles et sportives aux citoyens qui peinent à y avoir accès par des voies privées.
Lutter contre la fracture numérique
L’une des priorités actuelles de l’Etat étant de lutter contre l’illectronisme afin de passer au « tout numérique », il était logique qu’il commence par implanter un 1er tiers-lieu numérique dans les locaux de cette fédération départementale située à Cavani-Mamoudzou. « Les tiers-lieux sont des espaces physiques, de nouveaux lieux de liens sociaux, de l’émancipation et des initiatives collectives développées grâce au déploiement du numérique sur le territoire », ont expliqué les officiels au cours de la cérémonie d’inauguration de vendredi dernier qui a réuni un nombreux public. Preuve que ce genre d’initiative plaît à la population, ce qui n’est guère étonnant puisque son objectif est justement de favoriser le vivre-ensemble, la connaissance, la réduction des inégalités, la créativité et le développement des projets collectifs. Tout un programme !
Un public nombreux était présent à cette inauguration.
Tahamida Ibrahim a souligné, au cours de cette cérémonie, l’importance fondamentale de tels lieux en France et tout particulièrement sur le territoire mahorais. « La société tend de plus en plus vers le numérique. L’administration devient une e-administration, certains services se dématérialisent. Cette réalité incite le conseil départemental à œuvrer chaque jour pour que cette transformation soit efficace et bénéfique pour tous les Mahorais », a-t-elle déclaré. Cette efficacité passe par l’accessibilité aux infrastructures de haut débit, mais aussi par le développement des usages professionnels. Le but est que les Mahorais ne souffrent plus d’illectronisme et de réduire ainsi la fracture numérique.
Ces lieux d’apprentissage numérique, quelque soient leurs noms, se répandent de plus en plus sur le territoire national et arrivent peu à peu dans le 101ème département où ils rencontrent un franc succès. Ils sont installés dans des lieux connus et déjà largement fréquentés par la population et contribuent à étendre le réseau des services de proximité axés sur le numérique que le Gouvernement s’ingénie à mettre en place depuis quelques années, que ce soit dans l’hexagone ou dans les outre-mer.
Photo 1 : Jérôme Millet et Tahamida Ibrahim ont inauguré vendredi matin le 1er tiers-lieu numérique à la Ligue de l’Enseignement.
Photo 2 : un public nombreux était présent à cette inauguration.
Les 26 conseillers départementaux élus en 2015, qui ont dû éponger un déficit de plusieurs dizaines de millions d’euros lors de leur mandature, n’ont pu mener à bien les « chantiers de demain », des projets d’envergure ayant pour but de changer le visage et l’avenir de l’île au lagon.
Il y a six ans, Mayotte n’était pas la même que celle d’aujourd’hui, en coulisses du moins. L’île au lagon n’a en effet pas connu de grandes révolutions socio-économiques durant cette demi-douzaine d’années, continuant d’enregistrer une démographie exponentielle sans parvenir à résorber la misère que connaissent encore trop d’habitants. En 2015, le produit intérieur brut du tout jeune 101ème département français était de 2 milliards d’euros, et est passé à 2,4 milliards en 2018, dernières données dont nous disposons. Cette hausse non négligeable, toutefois, ancre encore Mayotte à la place du bon dernier en France. Le PIB par habitant, d’un peu plus de 9380 euros, est là encore le plus faible du pays. Concrètement, ces chiffres soulignent la précarité économique serrant la gorge de la majorité du peuple mahorais. Plus des trois quarts de ce dernier (77% en 2018) vivent sous le seuil de pauvreté, et 30% sont au chômage, un score proche du triple de celui de métropole.
1 de 3
De nombreuses différences existaient néanmoins dans l’organisation et l’administration de l’île, en témoignent par exemple les intercommunalités, « en cours de création » en 2015. Le département était encore en construction, comme le rappelait Soibahadine Ibrahim Ramadani, fraîchement élu à la présidence du Conseil. « Le Département de Mayotte demeure un chantier inachevé, affirmait-il dans son propos introductif. Il nous faut inscrire notre institution au rendez-vous du développement de notre territoire. Avec ces orientations, une ère nouvelle doit s’ouvrir pour Mayotte […] et inscrire notre territoire dans le mouvement vers la modernité et le développement. » Malheureusement, sans orientations, point d’ère nouvelle pour l’île. Car l’ancien président ne peut se targuer d’avoir mené ses grands projets.
48 millions d’euros de déficit
Il faut dire que les espoirs de la mandature se sont heurtés à des restrictions budgétaires significatives. À son élection, Soibahadine Ibrahim Ramadani accuse un déficit de 48 millions d’euros au budget de la collectivité, « hérité de la précédente mandature« , chiffre qu’il ne cesse de ressasser dans le Plan de 2015, comme pour se défendre de ses échecs. Jusqu’à l’année 2020, le Conseil départemental, pressé par l’Etat français, s’acharne à éponger cette dette et agit logiquement beaucoup moins pour le développement de l’île. Ce déficit, résorbé en 2021, est néanmoins à mettre au crédit des anciens élus, qui expliquent que « les droits de mutation à titre onéreux [taxes sur les ventes immobilières, NDLR] ont impacté positivement les finances de la collectivité, passant de 2,4 millions d’euros à la fin 2014 à 54,7 millions d’euros en 2020. »
Cette mesure et bien d’autres, qui ont été menées par le Conseil départemental tout au long de son mandat, ont conduit ce dernier à fonctionner sous un régime d’austérité. Mais les améliorations institutionnelles et quotidiennes attendues par les Mahorais en ont naturellement pâti. Et ce malgré la bonne volonté faussement affichée par le CD, qui se savait déjà condamné au manque de moyens, dans son Plan de mandature : « C’est dire toute l’importance de ce document, qui constitue le seul document de référence de nos diverses politiques publiques« . Les 93 pages du cahier sont ainsi submergées de formules abstraites, de phrases à rallonge mais sans fond, de « schémas départementaux » n’ayant rien de concret.
Un pont Grande Terre – Petite Terre
Les projets concrets, parce qu’ils existent dans le document, se résument à une poignée de chantiers de demain. Pour certains, leur folie est telle qu’ils paraissent encore être des utopies, à l’aune de l’année 2022. Deux d’entre eux se démarquent particulièrement dans leur gigantisme. Le premier d’entre eux est la fameuse voie de contournement de Mamoudzou par le haut, qui permettrait d’éviter les sempiternels bouchons de Kawéni et les ronds-points de Mamoudzou et Cavani. Selon certaines ébauches de l’époque, cette nouvelle route devait débuter à l’entrée de Kawéni au nord, pour déboucher sur l’un des deux ronds-points de Doujani. Si le projet est évidemment séduisant, autant pour les habitants de la commune que pour celles et ceux y travaillant quotidiennement, le chantier estimé à plus de 900 millions d’euros ne s’est encore jamais ouvert. Seuls deux comités de pilotage ont eu lieu en décembre 2020 et en octobre 2021.
Il est un autre projet d’ampleur qui aurait satisfait les habitants de Mayotte, et plus particulièrement ceux de Petite Terre, excédés du service aléatoire du STM. Il s’agit tout bonnement d’un pont reliant les deux îles mahoraises. Estimé à 200 millions d’euros, l’ouvrage devait principalement être financé par les fonds européens, que le CD ne cesse de réclamer, et notamment par le Programme Opérationnel FEDER. Les associations défendant la préservation de l’environnement, depuis le début de l’évocation du projet, montent néanmoins au créneau, comme pour le projet de piste longue à l’aéroport international de Dzaoudzi. Parmi les autres « chantiers de demain » de 2015, on compte un centre de recherche et de documentation scientifique, un centre de formation de haut niveau, dont l’appel d’offres n’a été publié que cet été, ou encore une salle de dimension départementale, pour les événements culturels ou sportifs. « Ça fait 20 ans qu’ils disent qu’elle arrive« , nous avait récemment déclaré la chanteuse Lima Wild. Quant à la cité administrative départementale, à Kawéni, elle a été annulée, malgré de fortes sommes engagées dans les études de projet.
Ont seulement été menés à bien le recensement régulier de la population, bien que de sérieux biais existent dans la méthode de l’INSEE, et le recalcul de la dotation globale de fonctionnement. Cette dernière atteint désormais 262 euros par habitant, contre 220€ en Guadeloupe, 165€ en Martinique, 270€ en Guyane, 338€ à Saint-Pierre-et-Miquelon, 212€ à La Réunion, 321 à Wallis-et-Futuna, 269€ en Nouvelle Calédonie et 275€ en Polynésie française. En 2015, elle n’était que de 138€ par habitant à Mayotte, contre 366€ en moyenne dans les autres régions et collectivités d’outre-mer. Le bilan du Conseil départemental, sur ses grands projets, n’est donc pas tout noir. Mais force est de constater, quasiment sept ans plus tard, que le compte n’y est pas.
Samedi 11 décembre, Mayotte célébrait la journée mondiale du climat à Bandrélé. Une édition 2021, sur le thème du changement climatique, organisée par la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), l’association 976 sud prévention et la mairie de Bandrélé.
Rappeler la menace du réchauffement de la planète et la nécessité d’agir pour en limiter les effets, tel est l’objectif de la journée mondiale du climat. Un événement fêté chaque année au début du mois de décembre aux quatre coins du globe. Tables rondes, ateliers, stands et visites de la mangrove, les protecteurs du climat novices ou initiés ont pu célébrer cette journée comme il se doit. “Notre souhait est de créer un observatoire du changement climatique à Mayotte », affirme le président de la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE), Ali Madi. Durant deux heures les participants ont débattu des enjeux d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques sur l’île aux parfums, lors d’ateliers à la mairie de Bandrélé. Pendant ce temps-là, un second groupe suivait Manrifa Moustoifa Ali, chargé de mission sensibilisation et appui à la biodiversité au comité français de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
1 de 3
Une addition salée pour le climat à Mayotte ?
Sur les pas de Manrifa Moustoifa Ali, les curieux viennent visiter le site de production du sel de Bandrélé. Une sortie en lien avec la thématique du jour car la zone exploitée pour sa ressource en sel s’érode d’année en année.
Mais alors est-ce la production de sel qui est responsable de cela ? Et surtout comment est-il fabriqué ? A Mayotte, les mamas shingo, détiennent un savoir-faire qu’elles se transmettent de mères en filles. Pour fabriquer cet or blanc, elles prélèvent de la vase dans la mangrove qu’elles rincent abondamment. Puis, elles font chauffer l’eau qu’elles ont recueilli, ce qui provoque une évaporation et fait apparaître les cristaux de sel. Bien que cette fabrication ancestrale ne nécessite pas de produits chimiques ou des rejets toxiques, la terre dépourvue de sel se retrouve amassée sous forme de dunes tout autour du lieu où les mamas shingo prélèvent la vase. “A force d’extraire de la vase on voit apparaître une dépression, un trou au milieu de la mangrove. Ensuite quand la marée l’eau rentre mais elle n’arrive plus à s’échapper à marée basse et stagne”, explique en bon professeur le chargé de mission de l’UICN. Bien que la production de sel soit en partie responsable de cette détérioration, les marées viennent également participer à l’érosion du site.
Pour remédier à cela, l’association 976 sud prévention a fait appel aux experts de l’UICN pour réaliser des recherches et un diagnostic. “L’étude va consister à faire la topographie du site pour modéliser la circulation de l’eau. Ainsi, nous pourrons savoir si nous pouvons déplacer la terre et où la déplacer pour ne pas créer des dommages supplémentaires dans la zone”, détaille Manrifa Moustoifa Ali. Cartographie du site, étude de la concentration en sel, mais aussi de l’intensité des vagues, dès lors que les associations auront obtenu les autorisations du Conservatoire du littoral, propriétaire de la zone, les scientifiques débuteront leur travail de fourmi.
Aujourd’hui encore peu d’études sont réalisées sur le climat et l’impact du changement climatique à Mayotte. En revanche, les dommages de l’activité humaine sur les milieux naturels s’avèrent quant à eux indéniables et il est urgent d’agir pour préserver ce patrimoine exceptionnel…
Décolonial, antifasciste et toujours révolutionnaire, Youssouf Moussa, figure historique, conserve ses engagements et son verbe haut. A l’heure où le bilan de la départementalisation se révèle douteux, son regard aide à comprendre les soubresauts d’une île en perte de repères. Éternel indépendantiste, le secrétaire général de la fédération mahoraise du Front Démocratique (FD) reste fidèle à son combat historique : réintégrer Mayotte dans son environnement géographique, culturel… et national.
Flash Infos : Quel regard portez-vous sur la situation de l’île 10 ans après sa départementalisation ?
Youssouf Moussa : On peut dire que la départementalisation n’a pas du tout résolu les problèmes des Mahorais. Avant, nous n’avions pas d’ordures dans les rues. Les gens s’en occupaient eux-mêmes. Aujourd’hui, on attend que la mairie s’en charge. Bien souvent, les ordures ne sont d’ailleurs pas ramassées. On a dévirilisé les Mahorais. Tout ce qu’ils savaient faire, ils l’ont abandonné. Ils attendent que la France leur donne à manger et fasse tout pour eux. L’assistanat a pris racine au sein de la société mahoraise. C’est un drame. Les Mahorais ont oublié qu’eux-mêmes peuvent agir pour leur situation. Avant, il n’y avait pas d’inactifs à Mayotte. Pendant la période des labours, tout le monde était aux champs. Pendant la période des récoltes aussi. Tous les travaux, à la maison ou ailleurs, les gens les faisaient eux-même.
FI : Quel était la position du FD pendant le référendum concernant la départementalisation ?
Y.M. : Il n’était pas possible de s’exprimer à l’époque. Aucun espace ne permettant de le faire. En ces circonstances, nous avons déclaré que nous étions contre l’organisation de cette consultation et préconisions le boycott. En même temps, nous allions à la rencontre des indécis pour leur expliquer le sens de notre position. Vraiment, il n’y avait pas de place pour faire de la propagande. C’était terrible. Tout était fermé comme un robinet. On ne pouvait pas dire quoi que ce soit de contradictoire. Même les syndicalistes qui avaient leurs propres problèmes. On leur disait: « Vous ne dites rien ! Vous attendez la fin du référendum« . Il n’y avait pas d’espace d’expression. Pas du tout.
FI : Aujourd’hui, quel est votre diagnostic quant à l’insécurité sur l’île ?
Y.M. : Je cite souvent l’exemple de Kaweni. Il y a toujours eu beaucoup de souffrance et de problèmes dans cette zone. Miraculeusement, toutes les richesses de Mayotte ont été mises à leur pied. Comment voulez-vous que la population réagisse ? Quand des investissements sont réalisés, il faut veiller à ce que les gens autour aient d’abord le minimum pour vivre. Sinon, ils seront obligés d’aller se servir où ils peuvent. On a délesté le sort de ces gens et bâti en face d’eux un monde inaccessible.
FI : Et que répondez-vous à ceux qui pensent que l’insécurité est due à l’immigration comorienne ?
Y.M. : C’est facile à dire… C’est ce que dit Eric Zemmour et c’est ce que dira Marine le Pen en arrivant ici. Partout c’est comme ça ! Quand ça va mal, on accuse les étrangers. Pourtant, l’essentiel des travaux sont réalisés par les Anjouanais à Mayotte. Dans la construction des maisons SIM, le propriétaire de l’entreprise est un Mahorais, mais tous les ouvriers sont des Anjouanais ou des Grands Comoriens qui réalisent le boulot que les Mahorais ne veulent pas faire. Et dans la plupart des cas, il s’agit de « clandestins« .
FI – Quelle est selon-vous la stratégie de la France vis-à-vis de cette situation de crise ?
Y.M. : Je pense que les Mahorais eux-mêmes se rendent compte que la France poursuit des objectifs qui ne sont pas forcément les leurs. La France a des objectifs stratégiques dans la zone. Elle profite du désarroi des Mahorais pour militariser l’île, multiplier les radars et les forces de l’ordre. Cette situation arrange la France qui souhaite conserver une position solide dans la région. Les autorités comoriennes n’ont d’ailleurs jamais été libres de décider ce qui était bon pour leur pays.
FI – Vous avez milité toute votre vie pour l’intégration de Mayotte au sein de l’ensemble comorien. Comment passer le flambeau à la jeunesse ?
Y.M. : D’abord, il faut que la France admette son erreur. Elle doit reconnaître que démembrer les Comores n’était pas une bonne affaire. Ni pour les Comoriens, ni pour elle-même. Il faut ensuite que les Mahorais se rendent compte que la France défend avant tout ses intérêts. Ils le constatent d’ailleurs tous les jours quand on voit le retard accumulé dans les infrastructures vitales comme l’usine de dessalement de Petite Terre par exemple. Bien avant le référendum sur la départementalisation, nous disions aux Mahorais : « Ne croyez pas que vos problèmes seront résolus si Mayotte devient un département français. Sachez que vos intérêts ne sont pas forcément les intérêts de la France. Elle défendra avant tout les siens. Les vôtres suivront après, s’il y a un créneau« . D’ailleurs, ce qui a été réalisé depuis les années 1980 en termes d’investissements est le fruit de réclamations des blancs.
FI- C’est-à-dire ?
Y.M. : Prenons l’exemple de l’hôpital. Dans les années 1980, la femme du Préfet a fait un accident. On l’a mise dans cette baraque et elle s’est retrouvée dans la saleté. C’est à partir de ce moment qu’ils ont décidé de construire un véritable hôpital. Ensuite, nous avons eu de plus en plus de fonctionnaires qui se sont installés et qui ont dit : « On ne peut pas vivre comme des chèvres et des poules« . Ils ont revendiqué des infrastructures. C’est pour ça qu’on a fait les 100 villas à Cavani et d’autres structures également. Tout ça car les Blancs exigeaient un logement correct. Franchement, ça a été décisif. Autre exemple à Labattoir. L’arrivée de l’électricité est relativement récente. Pendant tout un temps il n’y avait qu’un cable qui arrivait jusqu’à la mosquée du vendredi car un blanc qui habitait par là-bas voulait l’électricité. En 1973, je suis venu ici en vacances et il n’y avait toujours pas d’électricité. La France a complètement oublié que lorsqu’on occupe un pays, il faut au minimum s’en occuper. Les députés français l’ont eux-mêmes reconnus lors des débats pendant la période des référendums des années 70 en admettant : « Nous n’avons rien fait dans ce pays« .
FI – Aujourd’hui, qu’auraient pu être les Comores si Mayotte n’était pas française ?
Y.M. : On ne peut pas vraiment le savoir car les choses ont été tellement chamboulées… Si on se réfère à d’autres territoires qui ont vécu la même situation, il est possible de construire quelque chose de viable. Rappelons que les Comores ne sont pas les seules responsables de leur situation. Nous avons vécu 12 ans avec des mercenaires français. Nous avons un pays qui proclame son indépendance le 6 juillet, et subit un coup d’État le 3 août avec le débarquement de mercenaires. Trois ans plus tard, encore un autre coup d’État avec des mercenaires. Non, la France n’a pas laissé aux Comores la possibilité de construire quelque chose. Il y a une part de responsabilité des gouvernements comoriens, mais lors qu’Ahmed Abdallah a par exemple voulu se débarrasser des mercenaires, et ben ils l’ont assassiné. Paradoxalement, c’est aussi la France qui a créé pour la première fois une entité politique comorienne… Sous sa coupe ! Tant qu’il s’agissait du territoire français des Comores, pas de problème. Mais dès que les Comoriens ont voulu changer, les soucis sont arrivés. La France n’a pas laissé aux Comores la possibilité de construire un état viable. Les membres des Nations Unies ont admis les Comores en tant que pays composé de quatre îles. C’était clair, mais La France n’en n’a pas tenu compte.
FI – Quel message aimeriez-vous laisser aux futures générations ?
Y.M. : J’aimerais qu’ils comprennent qu’on ne peut pas se développer en se basant sur des aides et des secours. Il faut travailler, s’investir et faire les choses de soi-même. Les investissements qui se font à Mayotte viennent de l’extérieur. Les profits vont donc aussi à l’extérieur. C’est une société capitaliste, mais il n’y a pas un capitalisme local. C’est un capitalisme externe qui est venu se greffer sur une société arriérée. Forcément, il y a des ruptures qui se font. FI – Vous a-t-on déjà proposé un poste ou des avantages pour vous faire reculer sur vos convictions ? Non, mais il est vrai que la propagande du MPM racontait que l’on me proposait des trucs et que je les refusais. En réalité, on ne m’a jamais rien proposé. Même lorsque nous demandions de l’aide au sein du collège dans lequel j’enseignais. Mairie, préfecture, direction de l’enseignement… Personne n’a levé le petit doigt malgré l’activité de l’établissement qui récupérait les exclus du collège public. On nous disait : vous êtes des indépendantistes. FI – Et si vous on vous avait proposé quelque chose… ? Ça dépend. Si vous me proposez quelque chose pour que j’adhère à vos idées, non je ne peux pas.
Le samedi 11 décembre 2021 à Bandrélé se tiendra la deuxième édition de la journée mondiale du climat. Un événement organisé par la fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) avec l’aide de la mairie de Bandrélé et de l’association 976 sud prévention. Cet événement, qui a normalement lieu le 8 décembre de chaque année, a été créé par des organisations non gouvernementales internationales et est célébré dans le monde entier. Pour l’occasion, la FMAE prévoit une journée sur le thème du changement climatique. Au programme ? De nombreuses animations et activités sont proposées afin de mettre en évidence la mobilisation citoyenne mahoraise face aux enjeux de l’environnement et du dérèglement climatique. Visites de terrain, stands, tables rondes, actions de nettoyage, sensibilisation à l’écosystème complexe de la mangrove, chants traditionnels… Petits et grands pourront venir découvrir ou redécouvrir les richesses du patrimoine naturel mahorais. Cette année encore la fédération mahoraise des associations environnementales souhaite réunir les différents acteurs de l’île afin de mettre en lumière les mouvements de lutte pour le climat.