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La prison de Majicavo, soupape percée du territoire

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Surpopulation, précarité, violence… La récente mutinerie au centre pénitentiaire de Majicavo-Koropa, dimanche 27 mars, a mis en lumière les limites de cette institution qui cristallise les maux du territoire. Malgré l’investissement des acteurs locaux qui mobilisent de belles initiatives, sa situation reflète les stigmates d’une violence désormais généralisée. Le fruit d’une longue série d’échecs politiques et institutionnels qui dépassent les frontières des murs barbelés.

Difficile d’imaginer que ces jeunes hommes sont parmi les plus dangereux du territoire. Dans cette petite salle de cinéma improvisée au sein du centre pénitentiaire de Majicavo, l’ambiance est calme et attentive. En ce 15 mars, une trentaine de détenus sont présents pour visionner le film Tropique de la Violence et débattre avec son réalisateur Manuel Schapira. Le silence est religieux, l’attention imperturbable. Bien rangés en ligne, les détenus ne se dévissent pas de leur chaise en plastique. On se croirait presque dans une salle de classe où la discipline l’emporte sur les bavardages. Barreaux, gardiens, horaires strictes… Quelques détails rappellent vite la réalité derrière les miradors. Certains regards sont durs. Témoins de scènes que les meilleurs cinéastes ne pourraient restituer dans leur intensité. Des corps sont marqués par les cicatrices et les tatouages. De quoi intimider sans passer par la salle de musculation « Les tatouages, c’est pratique. Surtout quand tu n’as pas de bande. J’étais seul et stressé quand je suis arrivé. Alors j’en ai fait un, comme tout le monde », glisse entre deux scènes Spich, un détenu de 21 ans. A l’écran, Bruce et son gang de Kawéni cambriolent une maison. De quoi faire échos à son parcours : « Tu finis toujours par agir ainsi pour survivre. Comment faire si tu n’as aucune aide ? Moi je me suis fait choper cash pour vol. Aujourd’hui, j’assume mes conneries. Quelque part, je me considère aussi comme une victime, mais personne ne comprend cela ».

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D’une prison à l’autre

A quelques semaines d’une mutinerie historique, l’objectif de cette séance apparaît comme avant-gardiste : « Appliquer des dispositifs de prévention de la violence est une priorité nationale au regard des faits qui conduisent les individus en prison. Raison pour laquelle nous mettons en place des programmes pour échanger et travailler sur le sujet », résume Philippe Catherine, directeur adjoint du SPIP de Mayotte (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation de Mayotte). En partenariat avec le pôle culturel de Chirongui qui gère la projection et les débats, l’événement rencontre un intérêt certain auprès du public ciblé. « Sur les deux séances que nous avions prévues dans la journée, une soixantaine d’individus se sont inscrits. Nous avons procédé à une sélection. Quasiment tout le monde a répondu présent et personne ne s’est levé de sa chaise », se réjouit-il. Et pour cause. C’est la première fois depuis le confinement qu’un événement pareil est organisé dans la prison. L’occasion pour certains d’assister pour la première fois de leur vie à une séance de cinéma. Le film terminé, c’est au tour de Manuel Schapira d’être au cœur de l’attention. Mobilisé par la promotion du film dans l’Hexagone, le réalisateur reçoit les félicitations des détenus par téléphone. « C’est réaliste ! Ça décrit vraiment ce par quoi on est passé », lance un spectateur apparemment convaincu. Interrogé sur la différence entre l’enfermement social des jeunes de Kawéni et la prison de Majicavo, un détenu prend la parole. « La prison, ce n’est pas un manque de moyens contrairement à la vie à Kawéni, mais un manque de liberté. » Un sentiment partagé par Spich, à quelques nuances près : « Certains se sont habitués à la vie ici. Pas moi. Je mange mal. J’ai chopé des maladies qui me grattent sur tout le corps. Je n’ai pas de famille, pas d’amis, pas de liberté. Je passe mes journées à ne rien faire. Juste… attendre ».

Quand le vernis craque

Inauguré en deux étapes de 2014 à 2015, le centre pénitentiaire de Majicavo semble à première vue plus propre que certains établissements de métropole. Il l’est en tout cas indéniablement en comparaison à l’ancienne maison d’arrêt construite en 1995 sur le même site et entièrement détruite. Selon un rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) réalisé en 2016. « La destruction de l’ancienne maison d’arrêt, vétuste et exiguë, et la construction du nouveau centre, moderne et fonctionnel, ont indéniablement amélioré et assaini les conditions de détention. » Fini les cellules « suffocantes » sans moustiquaires, repas sans couverts « à même le sol, à quelques centimètres des WC » et salles d’eau « répugnantes » comme relevé par le CGLPL dans un précédent rapport de 2009. Problème, les nouvelles cellules fraîchement construites ont rapidement cédé au même mal que les précédentes, leur surpopulation. Capable de dépasser les 300% de sa capacité dans certains secteurs de l’ancienne prison, elle est aujourd’hui estimée à 156% selon les derniers chiffres fournis par le syndicat Force Ouvrière. « On peut se retrouver jusqu’à quatre ou cinq dans une cellule », déplore Spich. De quoi menacer l’équilibre du bâtiment qui pourrait rapidement ressembler à son prédécesseur. « Sa structure n’est pas faite pour accueillir autant de personnes. Cela génère des dysfonctionnements à plusieurs niveaux. Les systèmes d’évacuation des eaux usées sont saturés. Le personnel doit faire des rotations car l’odeur est insoutenable à certains endroits. Les chasses d’eau sont quotidiennement en panne. Les cuisines aussi. Ça va péter si on continue ainsi », déclarait dans nos colonnes le syndicaliste Salimou Assani, lors de l’émeute du 27 mars.

De la promiscuité naît la violence

Dans cette atmosphère de vase débordant, occuper les esprits et travailler à la réinsertion constituent une priorité. Plus qu’une distraction, l’objectif est d’apaiser les tensions qui peuvent découler de la monotonie. Un impératif justifié par les recommandations du CGLPL en 2016. « Lors de la visite, des tensions étaient perceptibles entre certaines personnes détenues, l’inactivité étant désignée comme un facteur aggravant de ces problèmes », peut-on lire dans le rapport. Malgré les réels progrès du SPIP pour combattre l’apathie, la violence constitue toujours un outil de compensation « Ici c’est dur. Tu ne peux pas rester gentil. Tu dois devenir violent pour te faire respecter », déplore « Africa », un autre détenu de 20 ans. Même constat pour Spitch. « Si tu es faible, tu es mort », résume-t-il. Cible prioritaire de l’ennui, les détenus sans-papiers sont majoritaires. Si certaines activités sont disponibles, plusieurs témoignages décrivent une inactivité particulière en raison de leur situation administrative. « Même si j’ai passé la majorité de ma vie à Mayotte, je n’ai pas de papiers. J’ai demandé à travailler ou suivre des formations mais ça n’a pas abouti », regrette Spich. D’ici quelques mois le jeune sera libérable, mais pas vraiment libre. « Quand j’aurais fini ma peine, ils vont m’expulser aux Comores où je ne connais personne. Dieu seul sait ce que je ferai après. » Comme beaucoup de familles en situation irrégulière, celle du jeune homme demeure intimidée par l’univers carcéral et ses légions d’uniformes. Aucune visite n’est donc envisagée durant toute sa détention.

Des alternatives limitées

Quid des solutions envisageables ? Le 12 mars dernier, Eric Dupond-Moretti annonçait la construction d’une nouvelle prison censée répondre à l’interminable problème de la surpopulation. Un maigre espoir au regard de l’échec rencontré par l’opération semblable conclue en 2015. Selon Marc Duranton, responsable des questions prison pour la Cimade, cette stratégie constitue « un argument générique ». « Face à la surpopulation carcérale, les pouvoirs publics veulent construire de nouveaux établissements pénitentiaires. Dans les faits, ça ne fonctionne pas. Plus on construit, plus la population pénale augmente », observe-t-il. En cause notamment, un manque d’investissement sur les origines structurelles de la délinquance : précarité, isolement et inégalités sociales. Des maux qui touchent particulièrement la jeunesse. « Le problème commence par la prévention et la lutte contre la déscolarisation. On peut également évoquer les MJC qui ne sont pas assez utilisées et les activités sportives qui sont insuffisantes », analyse Adrien*, un travailleur social habitué aux publics sensibles. Autre cause notable de la promiscuité, le manque d’alternatives à la prison dans le contexte mahorais. Impossible d’envisager une détention à domicile sous surveillance électronique pour des individus qui vivent parfois sans électricité. Un centre d’hébergement et de réinsertion sociale existe à Hajangua, mais ses capacités sont limitées : 16 personnes, toutes en situation régulière. Difficile également d’établir un contrôle judiciaire sur un territoire où, malgré le risque de noyade, les frontières demeurent transgressives en quelques coups de rame. Reste la possibilité de répartir les détenus sur le territoire national entre l’Hexagone et La Réunion. Une alternative rare, qui ne peut pas être envisagée comme une solution durable. S’agissant des mineurs, la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) dispose de deux structures outre les familles d’accueil : un EPE (établissement de placement éducatif) de douze places et un CER (centre éducatif renforcé) de huit places. Curieusement, l’un comme l’autre sont régulièrement en sous-effectif selon plusieurs sources. La raison évoquée concerne des lacunes de l’institution dans le traitement des dossiers en raison d’un « turn-over important et de postes clés dépourvus ou mal pourvus ».

Un avenir en péril ?

prison-majicavo-soupape-percee-territoireOutre les questions propres au déclassement du territoire, la question politique demeure également un enjeu à prendre en compte. Qu’il s’agisse des querelles mahoro-réunionnaises ou des préjugés sur le train de vie des détenus, nombreux sont les témoins qui évoquent des freins regrettables. « On sous-estime la difficulté pour un maire d’accepter une structure censée accueillir ce type de public », glisse un ancien salarié de la PJJ proche de ces questions. Face au culte de la répression et de l’exclusion, les politiques semblent attiser les braises d’une violence qui peinent à être étouffées par le monde carcéral. « Dès que le droit du sol a été modifié à Mayotte, nous sommes passé à quasiment 100% de dossiers de sans-papiers. Plus personne n’était régularisable Comment se projeter ? S’inscrire à la mission locale ? Rentrer dans un dispositif d’insertion ? » déplore-t-il. C’est ainsi que l’engrenage de la violence s’accélère : Isolement social, réduction des perspectives et des moyens de subsistance. Un parcours taillé vers la prison qui devient la soupape percée du département. Loin de tout discours angélique à l’égard d’individus qui ont parfois commis des actes graves, un changement de prise en charge apparaît comme nécessaire pour éviter le type d’épisode récemment vécu. Si pour certains détenus, les conditions de détention semblent plus vivables que leur quotidien à l’extérieur, difficile d’évaluer les conséquences réelles d’une vie derrière les barreaux sans l’avoir vécue. C’est en tout cas le sentiment qui se dégage du rapport du CGLPL qui déplore la « vox populi de l’île » concernant « l’expression politique et médiatique de « prison-hôtel cinq étoiles » ». Au-delà de sa capacité à retenir les individus dangereux, la prison répond à une mission de réinsertion sociale dans un objectif de cohésion. A Mayotte comme ailleurs sur le territoire national, elle ressemble de plus en plus à un centre de rétention administrative (CRA), avec supplément punitif. De quoi laisser dubitatif au regard des échecs déjà constatés au CRA de Pamandzi pour contenir l’immigration irrégulière et la violence censée en découler. Plus qu’un changement de paradigme, les solutions sont également à creuser en termes de prévention de l’exclusion sociale. Sans ces efforts, la nouvelle prison sera condamnée au même sort que les précédentes, crouler sous les délaissés du territoire.

*Prénom modifié

Le volcan sous-marin de Mayotte : un « terrain de jeu exceptionnel » pour les scientifiques

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Le Parc Marin de Mayotte vient de lancer son cycle de conférences à caractère pédagogique. La première s’est déroulée, ce jeudi 31 mars, à 18h, au restaurant La Croisette, et concernait l’impact du volcan sous-marin de Mayotte sur les écosystèmes profonds. Quatre experts de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et une scientifique du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) de Mayotte se sont succédé pour révéler au public le contenu de leurs dernières recherches.

On se souvient de l’émotion suscitée en 2018 par les nombreux séismes de magnitude dépassant parfois le niveau 5 sur l’échelle de Richter dont a été victime l’île aux parfums. Peu habitués à ce genre de secousses, un mouvement de panique avait saisi les Mahorais et incité les scientifiques à envoyer plusieurs missions en mer pour en comprendre l’origine. C’est alors que les spécialistes avaient découvert qu’un gigantesque volcan sous-marin était né à une cinquantaine de kilomètres des côtes de notre île. Ayant poussé de 800 mètres de hauteur et de 12 km d’envergure en un an, ce géant à la croissance ultrarapide est devenu un objet de curiosité scientifique mondiale. S’il est désormais établi qu’il y a peu de chance de le voir émerger de la mer un jour, l’île au lagon n’est cependant pas exempte de risques de tsunami auquel la préfecture tente de préparer le territoire.

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Pour le Parc Marin, en revanche, ce volcan est davantage un objet de curiosité que d’effroi. La structure a accueilli la semaine dernière quatre spécialistes de l’Ifremer pour commencer à étudier l’impact du volcan sous-marin sur les écosystèmes profonds. Souhaitant que la population puisse se tenir au courant des dernières avancées scientifiques en la matière, le Parc les a invités à tenir une première conférence, ce jeudi à la Croisette, même si pour l’instant, les scientifiques n’en sont souvent qu’au stade des hypothèses. Christophe Fontfreyde, le directeur du Parc Marin, déclare que « ce quatrième volcan actif de France est un terrain de jeu exceptionnel dont les scientifiques vont pouvoir tirer un grand nombre d’enseignements sur la biologie ».

Un impact sur la chimie de l’eau et potentiellement sur les espèces marines

Films et maquettes à l’appui, les scientifiques sont dans une démarche résolument pédagogique. Une bonne chose étant donnée la grande curiosité du public pour le phénomène. Plusieurs vidéos sont projetées entre les interventions dont Une mission scientifique à la découverte du volcan sous-marin, réalisé par Pascal Créségut pour l’Ifremer, ainsi que d’autres montrant des habitats explorés autour du volcan réalisées au cours de la mission GeoFLAMME 2021. Marjolaine Matabos et Pierre-Marie Sarradin, deux des experts en biologie des profondeurs commentent les images avant de répondre aux questions du public au cours de la table ronde qui s’ensuit.

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Etant donné la richesse des abysses en organismes vivants, les éruptions du volcan auront forcément un impact. Lequel ? La question est encore à l’étude. En effet, seuls les poissons évoluant en haut de la colonne d’eau ont été marqués pour l’instant et aucun changement dans leur comportement n’a été noté. « Ce qui va être véritablement intéressant, c’est de voir l’impact que va avoir le volcan sur les espèces évoluant en eaux profondes comme les poissons coralliens par exemple », déclare un autre expert de l’Ifremer, qui affirme que même si rien n’a encore été démontré, les éruptions sous-marines affecteront forcément la chimie de l’eau et auront un impact sous toutes les espèces évoluant dans les eaux profondes situées autour du volcan.

Les recherches ne font que démarrer et le volcan sous-marin de Mayotte a encore bien des secrets à livrer. Cette conférence avait surtout pour objectif de vulgariser les premières connaissances qu’ont acquises les scientifiques au terme de près de trois ans de recherches et de dissiper les interrogations du public notamment quant à la dangerosité éventuelle de ce volcan. Si les experts se veulent pour le moment rassurants, ils évoquent la tenue d’une prochaine conférence portée plus précisément sur ce sujet. Quant aux questions de connaissances pures, les hypothèses ne pourront être confirmées ou infirmées qu’au cours des prochaines missions scientifiques prévues en mer.  Le Marion Dufresne repartira d’ailleurs explorer les eaux profondes autour du volcan du 9 au 22 juillet prochain.

Prestations familiales : un retard considérable pour Mayotte

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Le régime de sécurité sociale est entièrement composé d’ordonnances en ce qui concerne Mayotte. Ainsi, les Mahorais n'ont pas accès à toutes les prestations familiales disponibles en France.

Dans un rapport rendu public le 21 mars, le haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) a établi un constat sur la situation des familles, des enfants et des personnes âgées vulnérables dans les départements et régions d’Outre-mer. Si des pistes en vue d’améliorer cette situation ont été proposées, Mayotte accuse encore un sacré retard vis-à-vis des autres territoires français.

Si les territoires ultramarins présentent un certain nombre de réalités communes par rapport à la métropole, plusieurs d’entre eux accusent plus de retard que d’autres, à l’instar de Mayotte, département français depuis seulement 2011, qui connaît un dynamisme démographique exceptionnel. Une situation liée à une fécondité élevée associée à une immigration importante de populations jeunes. Rien de bien nouveau de ce point de vue-là.

Ainsi, dans un rapport rendu public le 21 mars dernier, le haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge revient plus en détail sur les politiques familiales menées au cours des dernières décennies. Et à Mayotte, il faut noter qu’une partie des prestations versées en métropole ou dans les autres collectivités d’Outre-mer sont inexistantes (allocation de soutien familial, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation journalière de présence parentale, revenu de solidarité Outre-mer) ou sont servies avec des montants inférieurs (minoration drastique des allocations familiales à partir du troisième enfant, complément familial étendu sur le modèle ultramarin d’avant 2019, revenu de solidarité active et prime d’activité à 50%) et des conditions plus restrictives sur l’île aux parfums. « Le système des prestations légales reste aujourd’hui encore en deçà de celui applicable dans l’Hexagone et dans les autres Drom. »

Un calendrier ambitieux de convergence

Ces différences peuvent s’expliquer par la complexité de l’évolution des prestations sociales et familiales dans ce territoire, dont le régime de sécurité sociale est entièrement composé d’ordonnances, avec le risque permanent qu’un arbitrage interministériel décide ne pas étendre le nouveau dispositif pour des raisons diverses et variés (inadaptation au contexte local, trop coûteux, contraire aux objectifs de baisse de la natalité ou d’incitation au travail). Ainsi, le HCFEA recommande de définir « un calendrier précis et ambitieux de convergence » et de faire rentrer Mayotte « dans le droit commun ».

En conclusion, l’absence de certaines prestations, les conditions restrictives d’octroi de celles existantes ou leur faible montant font de Mayotte un cas à part où les bénéficiaires sont peu nombreux (22.735), ce qui représente 31.7% de l’ensemble de la population couverte par la caisse d’allocations familiales (88.343). Un chiffre relativement faible qui s’explique en raison de conditions exigibles plus restrictives. En effet, les familles étrangères doivent justifier d’une carte de résident de dix ans. A contrario, dans les autres départements, des cartes de séjour temporaire ou des autorisations provisoires de séjour de plus de trois mois suffisent. Néanmoins, la situation pourrait évoluer puisque l’ordonnance n°2021-1553 du 1er décembre 2021 prévoit un nouveau décret fixant les titres de séjour permettant d’ouvrir droit aux prestations familiales.

Arrêt cardio-respiratoire : des formations pour sauver des vies

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La Préfecture, l’Agence régionale de santé de Mayotte, le conseil départemental et la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, en collaboration avec l’association Sauv Life, organisaient du 28 mars au 1er avril, pour la première fois sur l’île, une semaine de sensibilisation sur l’arrêt cardio-respiratoire et les gestes qui sauvent.

Lors d’un arrêt cardio-respiratoire (AC), chaque minute passée sans intervention réduit les chances de survie de 10%. À Mayotte, 100% des personnes victimes d’un AC en dehors d’une structure médicale décèdent. Un enjeu de santé publique majeur, mais des gestes simples, que chacun peut réaliser, permettent de sauver des vies.

« En apprenant les bases des premiers secours, les Mahorais seront en capacité d’intervenir auprès d’une personne en situation de difficulté cardio-respiratoire », explique le président de l’association Sauv Life, docteur Lionel Lamhaut. Sa structure a invité cette semaine tous les publics à partir de 10 ans à se former au massage cardiaque.

« Vous placez vos mains comme-ci »

Vendredi 1er avril, dans les locaux de l’entreprise Électricité de Mayotte, les volontaires viennent apprendre les gestes qui sauvent. « Ça peut nous arriver n’importe où il faut pouvoir agir », affirme Assiati, employée du service public d’électricité. Avec sa collègue Faouzia, la mère de famille très concentrée s’applique à reproduire les mouvements indiqués par la formatrice. « Vous placez vos mains comme-ci », détaille-t-elle en positionnant ses mains sur le sternum du mannequin, « Puis, vous gardez un rythme constant et vous ne vous arrêtez pas de masser jusqu’à l’arrivée des secours », commente Inssa Boueni Safi, infirmière aux urgences depuis cinq ans.

« Et un, et deux, et trois », au son des instructeurs, les élèves du jour réalisent pas à pas leurs premiers gestes de secourisme. « Le message aujourd’hui, c’est que vous ne pouvez pas faire de mal. Le pire, c’est de ne rien faire. C’est la peur de mal faire qui tue », affirme l’urgentiste Lionel Lamhaut. Deuxième cause de mort en France, après le cancer, l’arrêt cardio-respiratoire n’est pas une pathologie à négliger.

ENCADRE Une application qui sauve des vies

L’application Sauv Life doit augmenter les chances de survie d’un arrêt cardiaque. Grâce à cet outil, l’utilisateur est géolocalisé et a accès à une carte des défibrillateurs autour de lui ce qui permet une intervention rapide de citoyens sauveteurs en attendant l’arrivée des services de secours. « Que vous soyez formés ou non, professionnel de santé ou non, vous pouvez aider une victime en téléchargeant cette application gratuite dédiée à une urgence vitale. »

Un dispositif déjà efficace dans les 71 autres départements déjà équipés. « Grâce à l’application et aux gestes qui sauvent, aujourd’hui, c’est un cœur qui repart un jour sur deux », affirme les représentants de Sauv Life. Une lueur d’espoir donc sur un territoire où les arrêts cardiaques surtout chez les plus jeunes font des centaines de victimes chaque année.

Un forum de l’excellence sportive organisé par la ville de Mamoudzou

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Les associations sportives de Mamoudzou ont été invitées à participer au premier forum de l’excellence sportive présidé par le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, et Toiyifou Ridjali, adjoint à l’excellence sportive et la vie associative. Ces rencontres s’intègrent dans la dynamique de développement de l’excellence sportive déclinée dans le projet de ville Mamoudzou 2030.

Ce premier forum a permis d’échanger sur plusieurs objectifs : rendre accessible l’excellence sportive grâce à la construction de nouveaux équipements sportifs dont des citystades, des plateaux multisports, une école de formation multisports, des bassins mobiles, des bassins aquatiques ; mettre en place le projet « Parcours de l’excellence sportive » afin de promouvoir et accompagner la pratique du sport de haut niveau (la ville propose également une aide à destination des jeunes sélectionnés pour intégrer le programme d’excellence sportive) ; créer une école multisports ouverte aux jeunes à partir de six ans dont une action principale serait l’apprentissage de la natation ; mettre en place plus d’événements sportifs afin d’encourager les rencontres régionales.

Daoud Saindou-Malidé aux contacts des associations mahoraises de Saint-Benoît

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En marge de son déplacement à La Réunion, le 6ème vice-président du Département, Daoud Saindou-Malidé a souhaité se rendre dans le quartier de Bras Fusil à Saint-Benoît pour y rencontrer les associations de terrain. La commune est particulièrement touchée par une flambée de violence depuis quelques mois, il paraissait donc important pour l’élu de prendre le pouls sur place.

Les représentants associatifs – tous investis dans le domaine de l’insertion et de l’animation – ont partagé leur constat concernant la présence de mineurs désœuvrés et sans occupation dans le quartier. La présidente de l’association Nouroulmadiniya a alerté sur le cas des jeunes envoyés à La Réunion, hébergés chez des proches et pourtant livrés à eux-mêmes.

L’association AISAJS a quant à elle fait part de ses difficultés à trouver un local et à trouver des interlocuteurs pour présenter ses projets. Le vice-président a écouté avec attention et a souhaité que le contact avec la municipalité soit facilité par l’intermédiaire de la délégation de Mayotte. Cette dernière s’est engagée à revenir rapidement pour recueillir les doléances des habitants et poursuivre le travail social engagé depuis plusieurs mois déjà dans le secteur.

Baisse de 15 centimes par litre sur le prix des produits pétroliers

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Les prix des produits pétroliers et du gaz à Mayotte sont fixés par l’État par arrêté préfectoral. Ainsi, le préfet vient de signer l’arrêté qui fixe les tarifs à partir du 1er avril 2022, à savoir : 1.74€/litre pour le supercarburant sans plomb, 1.51 €/litre pour le gazole, 1.20€/litre pour le pétrole lampant, 1.22€/litre pour le mélange détaxé, 1.14€/litre pour le Go marine et 29€ pour la bouteille de gaz de 12 kg.

Les prix indiqués ci-dessus prennent en compte, s’agissant du supercarburant sans plomb, du gazole, du mélange détaxé et du Go marine les dispositions du décret n°2022- 423 du 25 mars 2022 relatif à l’aide exceptionnelle à l’acquisition de carburants. En effet, pour faire face à la hausse importante des énergies induite par la crise actuelle, il a été prévu dans le plan de résilience une aide de 15 centimes d’euro hors taxe par litre de carburants pour les opérateurs pétroliers, qui doit être répercutée intégralement aux consommateurs finaux à partir du 1er avril, et ce pour quatre mois.

TotalEnergies Marketing Mayotte faisant partie des opérateurs qui ont signé la charte relative à cette aide exceptionnelle, les consommateurs mahorais bénéficieront, ainsi, de la remise de 15 centimes par litre pour les produits pétroliers précités. Par conséquent, ce sont ces prix (déjà remisés) qui seront affichés dans les stations-services de TotalEnergies.

Le Temps d’Agir alerte Bruno Le Maire sur les délais de paiement aux entreprises

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Dans un courrier adressé en date du 31 mars, le président du mouvement Le Temps d’Agir, Soula Said-Souffou, alerte le ministre l’Économie, des Finances et de la Relance, sur la situation critique des entreprises mahoraises. « La question des délais de paiement a été soulevée et portée à votre connaissance à de nombreuses reprises. » Si des efforts temporaires ont été consentis, la problématique demeure structurelle. Ce qui appelle à « des efforts à la hauteur des enjeux ».

Soula Said-Souffou invite donc le membre du gouvernement à bien vouloir renforcer les effectifs du Trésor public de Mayotte afin de permettre d’accélérer le paiement des mandats au bénéfice des sociétés qui sont extrêmement fragilisées par ces retards. « Il en va de la vie de nombreuses entreprises, de femmes et d’hommes qui contribuent, avec courage et dignité, au développement de notre jeune Département. »

Mouvement social : plusieurs services du conseil départemental en grève

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Avant la réunion avec Ali Omar, vice-président du conseil départemental, l'intersyndicale s'est retrouvée dans la cour de la collectivité à Mamoudzou.

L’intersyndicale du conseil départemental de Mayotte avait posé un préavis de grève pour la journée de jeudi. Si tous les services ne sont pas représentés, le mouvement traduit un mal-être chez certains agents et un dialogue devenu compliqué entre les élus départementaux et les syndicats.

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Haoussi Boinahedja, porte-parole de l’intersyndicale, espère mettre en place un calendrier pour régler les problèmes remontés par les services du CD.

Une nouvelle réunion avec Ali Omar, le vice-président du conseil départemental de Mayotte en charge de l’administration et de l’environnement, a fait avancer les choses, ce jeudi après-midi. Un dialogue social revenu à la normale pour le plus grand bonheur de l’intersyndicale qui appelait à la grève, ce jeudi, dans les services où le mal-être est le plus présent. “Ce n’est pas une situation nouvelle”, estime Haoussi Boinahedja, porte-parole de l’intersyndicale. “Les choses se sont vraiment détériorées au fur et à mesure des années.”

Tous les services ne sont pas concernés par ce mal-être. Sept d’entre eux étaient toutefois en grève hier : la direction de la cohésion sociale et de la jeunesse et des sports, des services sociaux et médico-sociaux, la PMI (protection maternelle infantile), les contrôleurs et médiateurs, l’office culturel, le service de transport maritime (STM) et le service de nettoyage des sols. Des soucis entre hiérarchie et agents, des locaux vétustes ou inadaptés, un dialogue rompu, ce sont autant de griefs qui ont été maintes fois remontés.

Au garage du Département par exemple, à Kawéni, les agents ont posé un droit de retrait depuis le 9 février. Ils déplorent des locaux fréquemment inondés et des travaux d’entretien qui ne sont pas faits. Un calendrier, annoncé le 10 mars, doit permettre une remise en état progressive du site. Le conseil départemental n’exclut pas d’ailleurs de “chercher d’autres locaux pour déménager les agents”.

Un calendrier à mettre en place

Avec 150 sites sur l’ensemble du département, le conseil départemental n’est pas confronté aux mêmes problématiques partout. “Il n’y a pas une solution pour l’ensemble”, reconnaît Haoussi Boinahedja. Satisfait que leur élu “change de posture”, l’intersyndicale espère que les témoignages d’agents présents à la réunion au conseil départemental inversent la donne. “Ali Omar nous a dit qu’il ne s’est pas rendu compte des problèmes rencontrés. Même moi qui ait l’habitude de les écouter, je ne pouvais pas non plus me l’imaginer”, continue le syndicaliste. Grâce à la reprise des bonnes relations, l’intersyndicale souhaite maintenant la mise en place d’un calendrier des négociations pour que les problèmes de chaque service soient réglés un à un. Tout le mois du ramadan pourrait y être consacré.

Andhum Imrane, qui travaille au garage de Kawéni et exerce un droit de retrait depuis début février, attend beaucoup de ces futurs entretiens : “On doit tenir une réunion en fin de semaine prochaine. On arrêtera le droit de retrait quand les travaux les plus urgents seront effectués”. Si les agents observent que les avancées n’aboutissent pas, le mouvement de grève pourrait reprendre dès le mois de mai. L’intersyndicale a déjà déposé des préavis en ce sens, les 10, 11 et 12 mai.

Fonds européens : une enveloppe de près de 470 millions d’euros pour la programmation 2021-2027

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Ce jeudi 31 mars, se tenait un comité de suivi sur le fonds européen de développement régional (Feder) et le fonds social européen, en présence des membres de la commission européenne, Gaëtane Meddens et Michel Wolf. Ce rendez-vous a notamment permis de dégager les objectifs, les priorités et les montants alloués pour 2021-2027, mais aussi de dresser un bilan de la période 2014-2020.

« Mayotte a l’un des taux de dépense les plus faibles de France. Ces difficultés doivent être surmontées au plus vite pour établir un bon niveau de régularité de l’utilisation des fonds. » Face au groupement d’intérêt public « L’Europe à Mayotte », réuni à l’occasion du comité de suivi Feder/FSE dans l’amphithéâtre du centre universitaire de formation et de recherche de Dembéni, ce jeudi 31 mars, Michel Wolf de la commission européenne ne passe pas par quatre chemins pour dire que le temps presse.

D’où ce point d’étape nécessaire alors que les programmations opérationnelles 2014-2020 et 2021-2027 se chevauchent jusqu’en décembre 2023, date de clôture de la première phase. « Il reste 70% du Feder à certifier en à peine deux ans », insiste Maxime Ahrweiller, la nouvelle secrétaire générale des affaires régionales. Si l’enveloppe de 140 millions d’euros est programmée à 102.79%, le taux de certification ne s’élève pour le moment qu’à 29.04%. Pour relever ce pourcentage, l’autorité de gestion représentée par l’État et le Département aspirent à mettre les bouchées doubles et financer de nouveaux projets d’eau et d’assainissement, la déchetterie de Malamani ou encore le ponton de Petite-Terre.

Un bonus de 130 millions d’euros

Idem pour le fonds social européen, qui développe « une stratégie de croissance inclusive […] en soutenant une économie créatrice d’emplois », précise Gaëtane Meddens, elle aussi présente sur le territoire pour le compte de la commission européenne. La barre des 62 millions d’euros est encore loin d’être atteinte ! Une hérésie sachant que cette manne financière peut jouer un rôle prépondérant dans plusieurs volets tels que l’intégration des jeunes, l’emploi et la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, la représentante de Bruxelles invite les acteurs locaux à se manifester pour l’axe 11 sur les capacités administratives qui « ne figurera plus » sur la prochaine période. À ces deux montants se greffent 130 millions d’euros dans le cadre du REACT-EU, la réponse à la crise du Covid-19. « Ces dispositions financières additionnelles doivent se consommer dans le calendrier existant, il n’y a pas de prolongation possible », rappelle Michel Wolf. Des liquidités supplémentaires pour lancer l’aménagement touristique de l’îlot M’Tsamboro, l’extension du quai numéro un à Longoni, le chantier du Caribus, ou encore le développement de la filière agro-alimentaire via un projet de conditionnement de fruits et légumes.

L’enveloppe du Feder plus que doublée

Dans le même temps, la programmation 2021-2027 se trouve déjà dans les starting-blocks ! Avec 347 millions d’euros, le Feder se structure autour de sept grandes priorités telles que l’innovation économique, le très haut débit et la fibre, la gestion durable de la ressource en eau, les moyens de transports propres (téléphérique, navettes maritimes, pistes cyclables), l’amélioration de la mobilité durable (port), l’inclusion… Des pistes concrètes sont d’ores et déjà fléchées : 77 millions d’euros pour l’eau et l’assainissement, 18 millions d’euros pour les projets aéroportuaires, 5 millions d’euros pour les projets non urbains, 10 millions d’euros pour la formation, 17 millions d’euros pour la santé, 10 millions d’euros pour le logement. Il faut ajouter une allocation spécifique versée aux régions ultrapériphériques de l’ordre de 55 millions d’euros qui sera réservée pour la construction de la piste longue. « Ce programme est susceptible d’évolution, mais il n’y aura pas de changement majeur. Nous attendons simplement son adoption [auprès de la commission européenne] », confie Maxime Ahrweiller.

60 millions d’euros pour l’insertion et l’emploi

Pour le FSE, la ligne de conduite à suivre semble également déjà toute tracée. Son enveloppe d’environ 120 millions d’euros se concentre pour près de la moitié à l’insertion professionnelle et l’inclusion sociale des personnes les plus éloignées de l’emploi. Pour autant, le GIP « L’Europe à Mayotte » n’oublie pas l’insertion, les jeunes et la réussite scolaire, ainsi que le renforcement des compétences, l’amélioration des systèmes de formation initiale et continue et l’adaptation aux mutations économiques. Ce dernier point s’avère « un réel défi », comme le rappelle la secrétaire régionale aux affaires régionales, tant la période 2014-2020 n’a pas été un franc succès dans ce domaine. Concernant la faible marge de manœuvre financière sur la promotion d’un marché du travail inclusif et un environnement du travail adapté et sain, sur l’aide matérielle aux plus démunis, et sur l’innovation sociale et l’essaimage de dispositifs innovants, il est nécessaire dans un premier temps de « réaliser tout un travail d’animation ».

À la lecture de ces chiffres, les sourires peuvent être de sortie. Toutefois, « il ne faut pas tout miser sur les fonds européens, il faut aussi chercher de la complémentarité », insiste le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. En d’autres termes, les dispositifs nationaux devront venir compléter ces fonds puisque les taux maximums de cofinancement seront de l’ordre de 85%. En attendant, l’heure est au travail. « L’année 2022 est déjà bien engagée », rappelle Michel Wolf, comme pour indiquer que les millions peuvent repartir aussi vite qu’ils ne sont arrivés.

Présidentielle 2022 : le pouvoir d’achat, préoccupation reine

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À l’aube de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril prochains, Flash Infos et Mayotte Hebdo vous proposent chaque semaine un tour d’horizon des programmes des candidats à l’Élysée. Durant ce mois, seront ainsi abordés la représentation nationale, l’éducation, la sécurité, l’économie et la santé. Si certains candidats bénéficient de comités de soutien sur Mayotte pour faire campagne, d’autres n’ont pas cette chance. On a donc repéré les différentes mesures qu’ils proposent pour améliorer le pouvoir d’achat des Français.

La question des salaires étant une pièce centrale du pouvoir d’achat, plusieurs candidats sont favorables à une augmentation. C’est le cas si Yannick Jadot (Europe écologie – Les Verts), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Valérie Pécresse (Les Républicains), Fabien Roussel (Parti communiste), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) et Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) étaient au pouvoir. Cette dernière propose un Smic (salaire minimum de croissance) à 2.000 euros net, plus que Poutou (1.800 euros), Roussel (1.500 euros), Jadot (1.500 euros), Mélenchon (1.400 euros) et Lassalle (1.400 euros). Anne Hidalgo (Parti socialiste) propose quant à elle une revalorisation de 15% du salaire minimum.

Sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, trois camps se distinguent : ceux qui veulent l’imposer (Poutou, Mélenchon, Roussel et Jadot), celles qui veulent sanctionner les entreprises (Pécresse et Hidalgo), et ceux qui ne veulent que favoriser les entreprises proposant une rémunération égale (Dupont-Aignan et Zemmour).

Des retraites pour la plupart revalorisées

Les minima sociaux sont aussi au coeur de la campagne présidentielle. Si Éric Zemmour (Reconquête !) veut les interdire aux étrangers, Jean Lassalle (Résistons !) et Yannick Jadot veulent instaurer un revenu citoyen. Fabien Roussel ambitionne d’ouvrir le RSA (revenu de solidarité active) aux jeunes de moins de 25 ans, tandis qu’Emmanuel Macron (La République en marche), Valérie Pécresse et Nicolas Dupont-Aignan conditionneraient le versement du RSA à des heures de travail hebdomadaires. Quant à Nathalie Arthaud, elle assurerait à tous les Français un revenu minimum de 2.000 euros net mensuels.

Les retraites, autre sujet de préoccupation, figurent dans la plupart des programmes. Philippe Poutou les revaloriserait au minimum à 1.800 euros, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) à 1.400 euros, Fabien Roussel à 1.200 euros, Emmanuel Macron à 1.100 euros, Marine Le Pen (Rassemblement national) et Yannick Jadot à 1.000 euros. Anne Hidalgo a exprimé sa volonté des « revaloriser » les retraites, sans toutefois donner de chiffres. Éric Zemmour, quant à lui, limiterait sa revalorisation aux veuves et veufs.

Autre volet du pouvoir d’achat, l’imposition comporte de nombreuses mesures mises sur la table par les candidats. Philippe Poutou, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon sont partisans d’un impôt sur le revenu plus progressif, avec plus de tranches qu’actuellement. Yannick Jadot souhaite individualiser l’impôt, quand Nicolas Dupont-Aignan préfère ne pas alourdir son barème. Pour les grandes fortunes, l’ISF supprimé par Emmanuel Macron serait remis en place par Jean Lassalle, Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou. Yannick Jadot et Anne Hidalgo le rétabliraient sous conditions, tandis que Nicolas Dupont-Aignan créerait un impôt sur les très grandes fortunes. D’autres, comme Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Éric Zemmour, allègeraient encore l’IFI, impôt sur la fortune immobilière qui remplace l’ISF. Nathalie Arthaud est encore la plus extrême à ce sujet, prônant une expropriation des grandes fortunes françaises et de leurs sociétés.

 

Marine Le Pen (Rassemblement national)

presidentielle-2022-pouvoir-achat-preoccupationL’étendue des problèmes à résoudre à Mayotte nécessite d’agir et de créer rapidement les conditions favorables à un développement économique pérenne. Aussi, élue présidente de la République, Marine Le Pen fera voter, dès le début de l’année 2023, une grande loi-programme de l’Outre-mer qui nous donnera une visibilité à court, moyen et long termes.

À Mayotte, cette loi-programme aura pour ambition de construire une économie permettant de créer des emplois (avec d’une part, une retraite décente à 60 ans, et d’autre part, les réalisations suivantes : la piste longue, l’usine de traitement de déchets et le second centre hospitalier en Grande-Terre) et d’augmenter le pouvoir d’achat en supprimant l’octroi de mer sur les produits en provenance de la France et de l’Union européenne. Bien évidemment, la perte de recettes pour les collectivités locales qu’entraînera cette réforme sera compensée à l’euro près par une augmentation de leur dotation globale de fonctionnement.

Par ailleurs, pour favoriser l’investissement et renforcer l’attractivité économique, Marine Le Pen créera des zones franches sur le 101ème département et rétablira les dispositifs de défiscalisation (en référence aux lois Pons et Girardin). Les chefs d’entreprise de moins de 30 ans ne payeront ni l’impôt sur les sociétés ni l’impôt sur les revenus.

Enfin, le développement de l’économie bleue ne sera pas en reste puisqu’élue présidente, Marine rétablira l’investissement et l’innovation dans l’aquaculture. La restructuration du secteur du tourisme sera indispensable pour attirer davantage les voyageurs étrangers. Et la modernisation du port de Longoni permettra de faire de Mayotte, la base arrière du projet gazier du canal de Mozambique.

Daniel Zaïdani, président du comité de soutien de Marine Le Pen à Mayotte

 

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise)

presidentielle-2022-pouvoir-achat-preoccupationLe programme économique de Mélenchon est marqué par une politique économique de relance forte au service du bien-être et du pouvoir d’achat. Un constat : une pauvreté qui touche plus de trois Mahorais sur quatre, un sous-investissement chronique de l’État (désert médical, files d’attente devant les services publics, bouchons chroniques, des élèves sans affectation, etc.).

Des mesures fortes au service des Mahorais et Mahoraises : voter Mélenchon, c’est la garantie du SMIC à 1.400 euros net, de la retraite à 60 ans, de l’allocation d’autonomie de 1.063 euros par mois pour les jeunes étudiants. Voter Mélenchon, c’est améliorer votre pouvoir d’achat en bloquant les prix de biens de première nécessité (comme l’essence) et en diminuant les impôts de ceux qui gagnent moins de 4.000 euros par mois. C’est aussi la hausse du point d’indice dans la fonction publique et la titularisation des contractuels.

Un programme précis et financé au service de votre bien-être. De nombreux observateurs reconnaissent le sérieux de son programme, comme le président du MEDEF qui prend Mélenchon « au sérieux » et reconnaît qu’il est « prêt à gouverner ». Certains se demandent pourtant encore « c’est bien, mais où va-t-il trouver l’argent ? ». Tout d’abord pas un euro de vos impôts ne sera donné aux cabinets de conseil contrairement à Macron qui a dépensé en un an plus d’un milliard d’euros. Le cercle vertueux de la relance fait que chaque euro d’investissement public rapportera 1.30 euro : ainsi les grands chantiers rempliront le carnet de commandes des entreprises qui embaucheront, distribueront des salaires qui augmenteront la consommation et génèreront des rentrées fiscales… Le rétablissement de l’ISF et la lutte contre la fraude fiscale complètent ces mesures.

Comité de soutien mahorais de Jean-Luc Mélenchon

Ni les soutiens d’Emmanuel Macron (La République en Marche) ni ceux de Valérie Pécresse (Les Républicains) n’ont pu nous fournir de textes, cette semaine.

Une vingtaine de bénévoles en gestion associative diplômée par le CROS

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Une vingtaine de personnes ont reçu leur diplôme CFGA ce jeudi 31 mars.

Ce jeudi après-midi, à la MJC de M’Gombani, le comité régional olympique et sportif a remis à une vingtaine de bénévoles issus du monde associatif leurs certificats de formation à la gestion associative. Sans vocation professionnelle, ce diplôme permet toutefois de donner des bases de gestion administrative aux personnes souhaitant s’investir dans les domaines qui les passionnent.

« J’ai eu grand plaisir à être formée et accompagnée dans l’obtention de ce diplôme. Grâce à cette formation, j’ai appris beaucoup de choses et j’invite toute personne faisant partie d’une association à passer cette certification car elle n’est pas si difficile que ça », affirme la jeune Chayma lors de la cérémonie de remise de diplôme ce jeudi à la MJC de M’Gombani. Une vingtaine de bénévoles, ayant assisté aux sessions 2020 et 2021, y ont vu leurs efforts récompensés.

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Atua Attoumani (à g.) de la Drajes, Ali Abdou Hakim, le vice-président du CROS et Emeline Froget, sa directrice, présidaient la cérémonie.

Dispensé par le comité régional olympique et sportif et plus particulièrement par le service CRIB (centre de ressources et d’information des bénévoles), ce certificat de formation à la gestion associative s’adresse pour la grande majorité à des étudiants, voire mêmes des lycéens, impliqués dans les différentes structures associatives de l’île. « Cette formation se déroule sur 30 heures en cinq jours », explique Irma Ali Soilihi, la responsable de cette formation au sein du CROS. Au programme de cet apprentissage : le contenu exact de la loi 1901 sur les associations, la manière de réaliser des « fiches action », des « budgets prévisionnels » et autres ressorts administratifs, indispensables pour gérer correctement une association.

Tout un volet théorique mis en pratique à l’occasion d’un « stage de 20 jours dans une association laissée au libre choix de la personne formée ». Au cours de cette immersion, « elles sont censées mettre en œuvre, de manière fictive, tout ce qu’on leur a appris au cours de la formation », poursuit Irma qui insiste sur le fait que ce diplôme n’est pas remis si facilement que cela. « Il faut que toutes les conditions soient correctement remplies pour que nous délivrions le diplôme ! »

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Les bénévoles étaient tous très fiers de recevoir leur diplôme CFGA.

Un réel « plus » aux jeunes et moins jeunes

Non professionnalisant, ce certificat permet néanmoins d’apprendre quelques bases administratives, non négligeables dans un grand nombre de métiers. « Je suis une formation de secrétaire et le contenu du CFGA m’a beaucoup aidé car il y a plein de choses similaires », affirme ainsi Raïda, bénévole au sein de l’association « la jeunesse en cours » située à Tsoundzou 1. Un sentiment partagé par son camarade Assane Bouniyanine, membre du bureau de la même structure. « Cette formation m’a fait comprendre comment gérer les dossiers plus efficacement », déclare avec enthousiasme ce lycéen en sciences économiques et sociales. Mais les diplômés n’étaient pas tous des jeunes encore sur les bancs de l’école ou de l’université… Certains, personnes plus âgées, ont ainsi pu mieux comprendre les ressorts du monde associatif. En 2022, plusieurs autres sessions CFGA seront organisées de manière à structurer au mieux le monde associatif mahorais.

Les confréries mahoraises et leurs traditions à l’honneur avec le Musée de Mayotte

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À l’occasion des samedis du MuMA (Musée de Mayotte), le 2 avril se tiendra à Doujani une journée consacrée au Daïra et à la confrérie Shadhulia. L’occasion pour les curieux de venir découvrir un pan de la culture mahoraise et de son patrimoine immatériel.

Conférence, initiation et démonstration, la journée de samedi promet d’être rythmée. En 2022, le MuMA (Musée de Mayotte) a pris la décision de mettre en avant la culture des confréries. « Nous voulons valoriser ces pratiques vieilles de plusieurs siècles”, explique le directeur du Musée de Mayotte, Abdoul-Karime Ben Said. Sur l’île aux parfums, on dénombre trois confréries musulmanes. Parmi elles, la confrérie Shadhuli. “Son fondateur aurait vécu à Tanger entre 1196 et 1258. Il est connu pour la promotion d’une dévotion intériorisée tournée vers la beauté et la richesse intérieure”, détaille l’attaché de conservation. Pour faire découvrir ces pratiques et cultures au plus grand nombre, les samedis du MuMA proposent des événements “hors les murs”.

Le daïra quésako ?

“Le Daïra est une cérémonie qui mêle danse, performances vocales et chant. Un rituel populaire et spirituel animé par la joie, qui réunit toutes les générations”, expose Abdoul-Karime Ben Said. En tant que médiateurs, les employés du MuMA ont alors invité les membres de la confrérie Shadhulia à venir présenter leur art. Initiation pour tous, conférence sur les valeurs confrériques, mais aussi atelier d’initiation à la graphie arabe et évidemment démonstration de Daïra, les visiteurs sauront tout de la confrérie Shadhulia. “Les hommes comme les femmes pourront s’essayer au Daïra car comme toutes les disciplines aujourd’hui celle-ci aussi évolue et de plus en plus de femme performent.”

Culture et patrimoine local

“Notre but est de montrer ces pratiques à un large public curieux d’apprendre. On entend souvent que la culture mahoraise n’est pas assez mise en valeur. C’est tout l’objectif de la manifestation de samedi”, sourit le directeur du Musée, fier de son île. Le Daïra promeut des valeurs de vivre ensemble et de cohésion sociale. Deux points “essentiels pour notre jeunesse” trop souvent pointée du doigt dans l’actualité. Reporté à cause d’événements violents au mois de février, l’événement espère prouver à tous que la culture peut être apaisante et salvatrice. “Il se trouve que ce samedi a lieu à la veille du Ramadan, une belle coïncidence qui ouvre sur une période spirituelle”, conclut Abdoul-Karime Ben Said.

Jeux Olympiques d’hiver : Idrissa Saïd, un Mahorais bien dans ses skis à Pékin

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En rendant visite à sa soeur en métropole, Idrissa Saîd s'est découvert une passion et même un talent pour le ski de fond.

Jeune Mahorais de 21 ans, Idrissa Saïd a eu la bonne surprise, grâce à un forfait, de représenter la France aux Jeux Olympiques d’hiver, en février. Ce skieur de fond, qui vit à Grenoble (Isère), nous raconte son expérience olympique.

Flash Infos : Comment vous êtes-vous retrouvé aux Jeux ?

Idrissa Saïd : Je suis souvent sélectionné et je m’entraîne régulièrement avec l’équipe de France de ski de fond. Je n’avais pas eu la chance de la représenter jusque-là, mais la blessure d’un partenaire à deux semaines des Jeux a tout changé. Je n’étais pas forcément prêt, j’ai dû rejoindre le centre de ski nordique et de biathlon de Kuyangshu (à 180 km de Pékin) que trois jours avant les épreuves.

FI : Justement, quel parcours avez-vous réalisé ?

I.D. : Je n’ai pas passé le stade des qualifications, je suis arrivé 74ème sur 88, juste derrière le Nigérian Samuel Ikpefan. Évidemment, ce n’est pas une déception, je suis là d’abord pour apprendre. C’est quand même le rendez-vous des meilleurs mondiaux.

FI : Quelle expérience comptez-vous en tirer ?

I.D. : Celle de toujours être prêt quoi qu’il arrive (rires). En réalité, c’est déjà un truc incroyable de se retrouver au milieu d’athlètes du monde entier, même s’ils étaient parfois étonnés de croiser un Mahorais. Et même si ma famille n’a pas pu venir de Sada, ils étaient très fiers de moi et ont pu vivre ma course à distance.

FI : Pourquoi avoir choisi le ski de fond ?

I.D. : Il y a quelques années, j’ai découvert le ski de fond à Grenoble où ma grande sœur habite. Nous avons fait plusieurs séjours à la montagne et j’ai adoré. Depuis que je suis moi-même en métropole, j’en fais plus évidemment et ça m’a permis de commencer peu à peu les compétitions.

FI : Est-ce plus difficile de pratiquer ce sport en tant que Mahorais ?

I.D. : Forcément, oui, il n’y avait aucune infrastructure qui me permettait de m’entraîner quand j’habitais Mayotte. Heureusement, mon sport peut se pratiquer grâce à des skis équipés de roulettes. J’ai essayé de m’entraîner sur les chemins du mont Bénara. Il y a des pistes sans trop de cailloux. Par contre, j’avais souvent des difficultés à passer les racines des arbres. Aujourd’hui, dans les Alpes, c’est beaucoup plus facile pour moi.

FI : Quel espoir avez-vous avec cette participation inédite ?

I.D. : Je sais que ce n’est pas facile, mais j’espère que mon aventure olympique donnera envie à des jeunes Mahorais de s’intéresser à ce sport. Monter que peu importe d’où nous venons, nous pouvons faire ce qui nous plaît. En tout cas, j’ai eu plaisir à représenter Mayotte et la délégation française.

Ceci est une fausse interview pour le 1er avril. Idrissa Saïd est un personnage fictif. En tout cas, s’il existe, on sera ravi de vous raconter son histoire.

Prison de Moroni : soixante détenus, dont des agresseurs sexuels, libérés sous conditionnel

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La décision de laisser partir ces prisonniers a été est avalisée en conseil des ministres, dans l’unique but de désengorger la maison d’arrêt de Moroni où la surpopulation carcérale a toujours été pointée du doigt. Mais, ces libérations suscitent la controverse. On craint que les agresseurs sexuels une fois dans la nature ne récidivent.

L’information a fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. Mercredi, en fin d’après-midi, la population a appris via une vidéo tournée depuis la prison de Moroni, en présence du procureur général, Soilihi Djae, la libération d’une soixantaine de détenus. Ces vagues de relâchement ont obtenu l’aval du ministre de la Justice comorien, Djae Ahamada Chanfi. Ce dernier avait introduit une note en conseil la semaine dernière, pour réclamer la mise en place d’une opération de désengorgement des prisons, notamment, celle de Moroni.

L’effectif pléthorique de ce centre de détention a toujours été dénoncé par les défenseurs des droits humains. D’où cette mesure. « Nous sommes là pour exécuter un arrêté ministériel« , a déclaré le procureur de la République lors de son intervention au sein du centre pénitencier de Moroni. Selon le magistrat, l’arrêté en question a fixé des critères. Seuls les détenus qui les remplissent ont pu être relâchées rappelait-t-il dans sa déclaration publiée par la chaine CMM. Il a cité entre autres les personnes âgées de plus de 60 ans et les moins de 25 ans ayant tous fait preuve d’un comportement exemplaire, d’une capacité d’intégration sociale et qui auraient purgé plus de la moitié de leurs peines.

Dans son arrêté daté du 28 mars, le ministre de la Justice a indiqué s’être appuyé sur le rapport du gardien en chef de la prison de Moroni et des recommandations émises par les procureurs généraux alertant sur la surpopulation carcérale. Tous les centres pénitenciers du pays sont connus pour leurs conditions de détention peu recommandables : saturation, insalubrité, mais pas que…

Traumatisme des victimes

Un juriste de la place que nous avons interrogé a effectivement confirmé que la décision du Garde des Sceaux visant à désengorger les prisons surpeuplées étaient fondée juridiquement. « Ce sont des mesures qui peuvent être prises par les juges, notamment le juge de l’exécution des peines. Parmi les conditions, il y a la purgation de la moitié des peines« , a précisé notre avocat. En revanche, les auteurs de certaines infractions comme les meurtres, les assassinats, les détournements de deniers publics ou encore les viols sont de facto exclus de la liste.

Normalement, les personnes condamnées pour des faits d’agressions sexuelles, qualifiées par la loi comorienne dans le nouveau code pénal de crime, auraient dû être maintenues. Et cela a été le cas ? Pas sûr puisque l’arrêté ne les as pas mentionnés. Jusqu’à hier, aucun responsable de l’appareil judiciaire n’a souhaité s’exprimer sur le sujet pour donner plus de détails sur cette opération en partie controversée. On ignore sur quelles bases les autorités ont établi la liste des prisonniers. Celle-ci n’a toujours pas été rendue publique. Personne ne peut se targuer de l’avoir consultée non plus.

Mais c’est surtout la libération de certains agresseurs sexuels identifiés et aperçus dehors qui a créé un tollé. Selon le journal La Gazette des Comores, qui a cité les propos du gardien de la prison de Moroni, certains délinquants sexuels mineurs ont bénéficié d’un aménagement de peine. L’opinion craint déjà que ces détenus ne s’adonnent à nouveau à leurs mauvaises pratiques. Croiser son ancien violeur ou agresseur peut être traumatisant pour les victimes. Sans oublier le risque de voir éclater des conflits lorsque les familles de celles-ci seraient tentées de se faire justice. Autant de facteurs qui n’auraient pas été pris en compte estime une partie de la population.

Photos du jour : un camion rempli de denrées alimentaires offerts à Nariké M’Sada par le Rotaract Udjama

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Le Rotaract Udjama a livré ce mercredi 30 mars un camion rempli de denrées alimentaires à Nariké M’Sada, une association de lutte contre le VIH et les hépatites.  Ce don doit permettre aux usagers précaires de ne plus subir la faim et ainsi reprendre un traitement normal.

« Je ne suis pas surpris par leur démarche car c’est dans leur état, mais je suis très heureux qu’ils nous aient choisie pour cette action. » Ce mercredi 30 mars, Moncef Mouhoudhoire, le directeur de Nariké M’Sada, ne cache pas sa joie au moment d’accueillir quelques membres du Rotaract Udjama. Et pour cause : un camion rempli de denrées alimentaires attend d’être déchargé dans ses locaux situés à Cavani. « Ce don clairement nécessaire va être d’une grande aide pour nos usagers qui vivent avec le VIH. »

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Une initiative lancée par la présidente de la commission actions, Mounayat Ahamada, rotarienne depuis seulement le début de l’année. Ni une ni deux, le club se rend devant l’entrée du supermarché Baobab samedi dernier pour faire appel à la générosité des clients. « Nous sommes repartis avec quatre caddies et nous avons récupéré la même quantité auprès des petits magasins », confie Sitti-Raouzat Soilihi, la chargée de protocole. Une grande réussite après deux années d’inactivité !

Et ce n’est pas pour déplaire à Moncef Mouhoudhoire, qui recense 373 personnes vivant avec le VIH sur le territoire, dont 60% des cas viennent de femmes dépistées à l’occasion de la grossesse. « Les infectiologues du centre hospitalier de Mayotte sont malheureusement obligés de stopper des traitements car certaines d’entre elles ont le ventre vide… » Une triste réalité aux conséquences terribles : « Ceux qui n’étaient plus contaminants le redeviennent. » Alors avec ce don, le directeur de Nariké M’Sada espère offrir à ses bénéficiaires les conditions pour retrouver une hygiène alimentaire saine et équilibrée, indispensable pour contrôler le virus. « Dès demain, cela fera des heureux », assure-t-il, en cette presque veille de Ramadan.

450 cartouches de Coelacanthe saisies dans une embarcation

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Le 28 mars dernier à 22h, l’unité nautique du service territorial de la police aux frontières, en coordination avec le poste de commandement de l’action de l’État en mer, interceptait une embarcation type kwassa-kwassa au niveau de la passe de Longoni, à environ cinq nautiques au large du village de Longoni, sur la commune de Koungou. À bord de l’embarcation se trouvaient dix passagers et un passeur, tous étrangers sans titre, ainsi qu’un chargement de neuf colis contenant 450 cartouches de cigarettes de marque « Coelacanthe ».

Le passeur était poursuivi pour des faits d’aide aggravée à l’entrée irrégulière, entrée irrégulière et importation en contrebande de produit de tabac manufacturé. Les passagers faisaient l’objet d’une procédure administrative en vue d’un éloignement vers les Comores. Tandis que les cigarettes étaient remises au service des douanes de Pamandzi.

Depuis le 1er janvier 2022, 4.433 cartouches de cigarettes comoriennes de cette marque étaient saisies dans des circonstances similaires par l’unité nautique de la police nationale. La valeur de revente d’une cartouche de Coelacanthe à Mayotte étant de 70 euros, on peut estimer le butin saisi depuis le début de l’année à plus de 310.310 euros.

Une collecte pour sauvegarder les documents de campagne pour les archives

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Distribués dans les rues, affichés sur les murs ou à l’arrière d’une voiture, collés sur un vêtement… Par leur aspect éphémère, les documents électoraux ne parviennent que rarement aux archives départementales. Or, aux côtés des archives qui sont versées par les administrations, ils sont essentiels à la compréhension de ces grands moments de démocratie qui animent Mayotte et notre République. Paradoxalement, les archives départementales conservent actuellement très peu de documents de ce type. L’idée ici est de pouvoir étoffer les collections afin qu’elles reflètent davantage les multiples engagements citoyens.

Espérer conserver le patrimoine de Mayotte passe par la préservation, aujourd’hui, de cette mémoire vivante et contemporaine. Que vous soyez militant ou non, que vous souteniez ou non untel ou unetelle, vous avez probablement été destinataire de certains de ces documents. Peut-être avez-vous-même contribué à leur conception ou à leur diffusion. Peut-être avez-vous pris des photographies de Mayotte en période électorale, voire filmé un meeting ou quelques extraits d’un discours. Plutôt que de risquer d’oublier ces documents dans un coin ou sur votre ordinateur, pourquoi ne pas les confier aux archives départementales ? Tous les documents intéressent les archives départementales, qu’il s’agisse des élections actuelles (présidentielle), à venir (législatives) ou passées (municipales, cantonales, européennes, sénatoriales…).

Les documents collectés seront conservés pour la postérité. Ils pourront être consultés par toutes et tous et pourront être valorisés, par exemple sous la forme d’expositions ou de publications sur les réseaux sociaux. Vous pouvez envoyer vos documents par mail à archives.mayotte@cg976.fr, par courrier aux archives départementales situées au 8 boulevard Halidi Sélémani à Mamoudzou ou les déposer directement aux archives départementales.

Coopération régionale, rétention administrative, salle de formation connectée, protection de l’enfance : les rapports adoptés par le Département

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Une commission permanente du conseil départemental s’est tenue ce mardi 29 mars dans les locaux de la communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou, sous l’égide du président Ben Issa Ousséni, avec 26 rapports inscrits à l’ordre du jour et deux rapports complémentaires.

Pour la commission finances et affaires européennes, un rapport relatif à l’adoption du programme opérationnel interreg canal du Mozambique pour la période 2021-2027 au titre de la coopération territoriale européenne a été adopté. Ses objectifs sont de faire de la zone de coopération un espace dédié à la recherche, à l’innovation, au numérique et au développement économique des entreprises ; un territoire qui œuvre contre le changement climatique et pour la protection de l’environnement, de la biodiversité et la prévention et la gestion des risques ; un territoire plus social ainsi que le cadre d’une meilleure gouvernance Interreg.

Parmi les nombreuses délibérations, on retrouve également le rapport n°2022-01184 de la commission administration générale, transports et transition écologique, relatif au projet de décret portant sur l’adaptation de la durée de maintien en local de rétention administrative à Mayotte : en effet, le Département a été saisi par le préfet pour donner son avis sur ce projet, qui prévoit de porter à Mayotte la durée maximale de maintien en rétention de 24 à 48h.

Au sein de la commission formation professionnelle, éducation et insertion, un rapport relatif à la création d’une salle de formation connectée au conservatoire national des arts et métiers à Mayotte a été adopté, pour un montant prévisionnel de 150.000 euros, en sollicitant les fonds de relances européens React EU. Pour la commission solidarité, action sociale et santé, neuf rapports ont été présentés et approuvés, dont un relatif à la convention constitutive de l’observatoire départemental de la protection de l’enfance de Mayotte (ODPE 976). Une séance budgétaire aura lieu le 12 avril prochain.

Pour la commission solidarité, action sociale et santé, neufrapports ont été présentés et adoptés, dont le n°2022-01217 relatif à la convention constitutive de l’observatoire départemental de la protection de l’enfance 976. Les ODPE occupent une place stratégique dans la définition et le suivi des politiques locales de protection de l’enfance. Un ODPE, placé sous l’autorité du président du conseil départemental, a pour objectif de mieux appréhender les spécificités de la protection de l’enfance et de mutualiser les connaissances et compétences des différents acteurs, pour construire de manière partenariale un outil d’aide à la définition des orientations stratégiques de la politique de prévention et de protection de l’enfance du Département. Le conseil départemental souhaite impulser une nouvelle dynamique en réaffirmant sa volonté de rendre opérationnelle cette instance partenariale.

Quatre leaders de la mutinerie condamnés à six mois de prison

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Quatre hommes ont été condamnés pour la mutinerie de la prison. Seize autres seront également jugés.

Après la rébellion de dimanche, quatre détenus ont été jugés en comparution immédiate et condamnés à six mois de prison par le tribunal de Mamoudzou, ce mercredi. Les seize autres participants à la rébellion font toujours l’objet de poursuites et seront jugés prochainement.

Minorant leurs rôles au cours des événements à la prison de Majicavo-Koropa, dimanche, quatre hommes âgés de 21 à 23 ans ont comparu devant le tribunal de Mamoudzou, mercredi après-midi. Alors qu’une vingtaine de prisonniers refusent de quitter l’une des cours de la maison d’arrêt et font face aux surveillants et aux gendarmes, ces quatre-là font partie des sept désignés comme meneurs. « On nous a pas expliqué pourquoi on devait rentrer », « les images montrent que je n’étais pas armé », « je voulais profiter d’un coup de téléphone, il n’y en a pas dans ma cellule », tentent tour à tour de faire valoir, les prévenus qui sont à Majicavo-Koropa en attente de procès pour d’autres faits.

Quand le substitut du procureur, Tarik Belamiri, rappelle à un détenu, désigné « comme meneur », celui-ci répond que « c’est de l’imagination », que « c’est faux ». Ce dimanche, malgré les sommations, lui, comme les autres prisonniers refusent de rentrer dans les locaux. Pire, ils s’arment de pierres en cassant un muret avec une grille d’évacuation des eaux, mais aussi avec des balais affûtés. Ils s’en servent alors pour repousser les surveillants équipés de boucliers, avant que la gendarmerie mette fin aux trois heures de rébellion.

« Ce sont les détenus qui chargent »

Images de vidéosurveillance, témoignages de surveillants ou de gendarmes détaillent les agissements  des quatre détenus. Mais pour des raisons techniques, les images ne sont pas diffusées pendant l’audience. Le substitut du procureur, lors des réquisitions, insiste sur le caractère des actifs des prisonniers. « Je rappelle que ce sont les détenus qui chargent, pas les surveillants », fait-il remarquer. Les faits justement, il les qualifie de « graves » et donne une autre dimension à un événement de cette ampleur qui reste rare à Majicavo. « Ce ne sont pas de faits de simple violence. Ils ont une portée politique et institutionnelle », tient-il à démontrer. « Ils savaient dans quel engrenage ils étaient. » Il requiert huit mois de prison.

Si les avocats reconnaissent la présence de leurs clients dans la cour, ils plaident la relaxe, arguant qu’il n’y a pas « pas d’éléments » démontrant les rôles de meneurs attribués aux quatre détenus. Maître Aurore Baudry, qui en défend deux, parle même de « dossier bâclé ». « La vidéo n’a pas permis de déterminer la participation de chacun. » Maître Soumetui Andjilani la rejoint sur ce point. « On nous parle de violences, mais sur qui ? », demande l’avocat des deux autres détenus.

Le tribunal reconnaît les quatre prisonniers coupables de « rébellion », « outrages en réunion » et « dégradations ». Ils écopent de six mois de prison et doivent verser 2.000 euros au surveillant, en charge du bâtiment ce jour-là, pour préjudice moral. Le parquet indique également que leur participation à la mutinerie remettra en cause de potentielles réductions de peine et les pénalisera dans le cadre de demandes de remise en liberté.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1116

Le journal des jeunes