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Les jeunes prennent le pouvoir au détriment des anciens

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Ils ont été le ciment de la société mahoraise pendant plusieurs générations. Les aînés, autrefois placés au sommet de l’échelle sociétale, sont aujourd’hui relégués au second plan. Ils perdent petit à petit leur pouvoir, et leur regard sur les générations plus jeunes est de plus en plus critique.

« De nos jours le respect des ainés n’existe plus. » C’est avec amertume que Hamida, âgée de 82 ans, évoque le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Au fil des années, elle a observé, impuissante, les personnes âgées comme elle mises de côté par la jeune génération. Même si elle comprend l’envie des jeunes de se faire une place dans la société, elle regrette le comportement de certains. « Les enfants veulent commander à la place des parents. À mon époque, nos parents décidaient pour nous et on acceptait sans rien dire », raconte-t-elle. C’est ainsi qu’elle se maria avec un homme qu’elle ne connaissait pas à seulement 16 ans alors qu’elle en aimait un autre. « Il allait demander ma main à ma famille mais celle-ci n’a pas voulu de lui parce qu’il était pauvre. Mon grand-frère a trouvé un autre prétendant de notre rang social et je n’ai pas eu mon mot à dire. J’ai dû accepter et je n’avais pas le droit d’être en colère parce que c’était mon aîné qui avait pris la décision », se souvient-elle. Si l’histoire de cette grand-mère peut paraitre anecdotique aujourd’hui, elle était monnaie courante à l’époque de sa jeunesse. Les mariages arrangés définissaient en partie les anciennes générations, et cela semblait normal.

Aujourd’hui, même s’ils existent encore dans la société mahoraise, ce n’est plus la norme. « Les jeunes de maintenant ont raison de choisir eux-mêmes leur partenaire. Je n’ai jamais imposé qui que ce soit à mes enfants », affirme Hamida. Le couple typique mahorais a également été sujet au changement. Si les adultes de la famille, et parfois même du village, avaient un droit de regard sur la relation conjugale, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Du moins, pas officiellement. « Quand j’avais un problème avec mon mari, les aînés de la famille nous réconciliaient automatiquement et je devais écouter ce qu’ils me disaient », indique Hamida. Une situation inimaginable aujourd’hui pour certains couples. « Quand je me suis marié j’ai immédiatement prévenu mes proches. Je leur ai dit que ce qui se passait dans mon couple ne concernerait que ma femme et moi », indique Fardi, du haut de ses 27 ans.

« Les anciens ne prennent pas assez leur place »

Cette évolution des coutumes mahoraises est en général perçue de manière positive par les anciens de l’île, mais d’autres aspects de l’occidentalisation ne sont pas vus d’un bon ?il, à l’exemple des tenues vestimentaires des femmes qui ont sans aucun doute évolué au fil des années. « Avant on couvrait le corps avec un salouva et un châle en toutes circonstances. Seul l’époux avait le droit de nous voir. Aujourd’hui les filles sortent à moitié nues et tout le monde trouve cela normal. C’est désolant… », fait remarquer Soraya, âgée de 77 ans. L’installation progressive des habitudes occidentales sont à l’origine de l’évolution des pratiques de la jeunesse mahoraise. Cependant, toutes les personnes âgées ne tiennent pas la France pour coupable de ces changements. « L’arrivée de la France a été une bonne chose pour nous. Elle a su nous prendre en main et son influence n’est pas forcément négative », soutient Hamida. Et à Soraya d’ajouter, « Les Mzungus ne sont pas responsables du comportement de nos enfants. Nos jeunes n’étaient pas obligés de les imiter mais ce sont les parents qui ont laissé faire », soupire Soraya.

Des parents qui n’ont visiblement plus d’autorité sur leurs progénitures. « Les anciens ne prennent pas assez leur place. Aujourd’hui ce sont les jeunes qui prennent le dessus. Ils s’expriment et donnent le tempo. On tend vers une société qui se base sur le jeunisme », constate Combo Abdallah Combo, sociologue mahorais. Et ce phénomène prendra de l’ampleur dans les prochaines années, comme l’affirme la psychologue clinicienne et écrivaine mahoraise, Rozette Yssouf. « Dans le futur, les aînés vont petit à petit perdre leur pouvoir et leur aura, ils ne seront plus écoutés. La place sera pour les jeunes qui en veulent, et ont une vision différente de Mayotte de demain. » Nos anciens sont-ils condamnés à être oubliés par les prochaines jeunes générations ? C’est du moins ce qui est présagé par les observateurs de la société et les principaux concernés, mais le combat pour trouver le juste équilibre n’est pas perdu.

Retrouvez l’intégralité du dossier consacré à l’identité de la jeunesse mahoraise dans le Mayotte Hebdo n°987, accessible gratuitement en ligne.

Installation officielle du conseil des prud’hommes ce vendredi

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Benoît Rousseau, vice-président du tribunal de Mamoudzou, fera office de juge départiteur au sein du premier conseil des prud’hommes de Mayotte.

Vendredi dernier a vu l’installation officielle du premier conseil des prud’hommes de Mayotte. Son intronisation a eu lieu au tribunal de grande instance de Mamoudzou et, l’après-midi, une « journée de la prud’homie » était organisée dans l’amphithéâtre du lycée des Lumières de Kaweni en présence des grandes personnalités politiques et judiciaires de l’île pour expliquer les missions de cette nouvelle instance.

« C’est une journée historique pour Mayotte », a affirmé avec enthousiasme Gaëlle Biguet, la présidente du premier conseil des prud’hommes de Mayotte. Cette instance composée de juges non professionnels est chargée de régler les litiges entre employeurs et salariés. Elle est composée d’un collège de salariés et d’un collège d’employeurs disposant du même nombre de voix. Les conseillers prud’homaux de l’île au lagon sont au nombre de 28. Si cette instance est de règle depuis de nombreuses années en France métropolitaine, elle n’était pas encore en place à Mayotte qui, département depuis seulement 2011, n’est pas encore alignée au droit national dans tous les domaines.

Auparavant, les litiges entre employeurs et salariés étaient réglés par le tribunal du travail que le conseil des prud’hommes vient désormais remplacer. « La mise en place du conseil des prud’hommes vient parachever pleinement l’application du code du travail à Mayotte qui a débuté le 1er janvier 2018. Ce fut long, mais nous y sommes enfin ! », s’est félicité le préfet Thierry Suquet, naturellement présent à la journée de la prud’homie qui s’est déroulée le vendredi après-midi au lycée des Lumières. Plusieurs autres personnalités officielles ont également fait un discours pour insister sur l’importance de cette journée. « L’installation de ce conseil est une victoire des Mahorais dans leur combat historique pour devenir des Français à part entière », a notamment précisé Ben Issa Ousseni, le président du conseil départemental.

Une instance spécialisée dans le règlement des litiges dans le privé

Le conseil des prud’hommes est spécialisé dans le règlement des litiges concernant les contrats de droit privé. Le secteur public n’est donc pas concerné. Pour le moment, ce conseil est installé dans les locaux de la chambre d’appel de Mamoudzou en attendant la livraison de ses propres locaux au niveau du tribunal judiciaire en zone Nel. « Nous pensons avoir terminé de traiter tous les dossiers de 2021 d’ici le mois de juin 2022 », a déclaré Gaëlle Biguet, la présidente de ce nouveau conseil qui est également la directrice du centre d’affaire de Mamoudzou. En 2022, déjà 35 dossiers ont été saisi par le greffe.

« Bien que nous ne soyons pas des magistrats professionnels, nous sommes des professionnels des relations sociales : avant de juger, nous incitons à la conciliation. Notre but est de « faire s’entendre des parties qui ne veulent pas s’écouter » », a dévoilé la présidente. Les citoyens seront donc jugés par leurs pairs. En cas de voix égales, un juge départiteur, professionnel pour sa part, est chargé de départager les voix. À Mayotte, ce rôle sera joué par Benoît Rousseau, le vice-président du tribunal de grande instance de Mamoudzou.

Au cours de la journée de vendredi, les partenaires sociaux ont été également mis à l’honneur puisque ce sont eux qui ont impulsé la mise en place de conseil afin que les Mahorais soient jugés comme des Français à part entière. « Réclamé par les partenaires sociaux depuis 2017, nous pouvons nous enorgueillir de donner corps à l’expression du droit made in France et d’offrir à chaque habitant de France le même accès à la justice, l’égalité devant la loi », a conclu Gaëlle Biguet.

Une conférence des dirigeants des clubs sportifs sur la lutte contre les violences sexuelles

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Ce samedi 19 février, le service de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans le milieu sport de Profession Sport Loisirs Mayotte, avec le soutien de la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports, de l’agence régionale de santé, de la direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, de la Politique de la ville et du ministère des Outre-mer, organise une conférence à la MJC de Tsoundzou II de 8h30 à 13h à destination des dirigeants des clubs sportifs.

Il s’agit de présenter à ces derniers les missions de ce service afin de pouvoir collaborer dans les mois à venir. L’idée est de former toute personne susceptible d’intervenir dans un club de sport (coachs, bénévoles, membres du bureau, staff médical) et de sensibiliser les sportifs à la problématique des violences sexuelles en milieu sportifs. Le but ici est de leur faire comprendre leurs droits pour les protéger à l’avenir et/ou de libérer la parole de celles et ceux qui auraient subi ce type de violences.

Un concours autour de l’instrument traditionnel Masheve

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En partenariat avec la commune de Bandrele et l’association Mama Chingo, l’école Musique à Mayotte organise ce samedi à 16h à la médiathèque un événement autour de l’instrument traditionnel Masheve, dont l’art a été transmis Ansufati Velou qui présidera la quatrième édition de ce concours. Pas moins de vingt-deux élèves en option musique du collège de M’Gombani concourent cette année. Au programme : un accueil au son des mbiwi, un film sur la fabrication du sel, le 1er tour du concours, une danse Shakacha par les élèves pendant la délibération du jury avant la grande finale.

Coup de filet du parc naturel marin

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Au cours d’une mission de suivi des populations d’holothuries, lundi dernier, les agents du Parc naturel marin de Mayotte ont observé deux filets de pêche posés sans surveillance entre l’îlot Sada et la plage.

Ces deux filets, marqués par des bouées non identifiées étaient étendus sur 70 mètres de long chacun dans une zone récifale par 20 mètres de fonds. Comme aucun pêcheur ni aucune embarcation n’était visible dans le secteur, un inspecteur de l’environnement du Parc a procédé à son appréhension. Lors de la remontée du filet, les équipes ont pu observer du corail piégé dans ses mailles : ce dernier a été aussitôt remis à l’eau. Malheureusement, le corail, une fois cassé, a peu de chance de survie.

Pour rappel, à Mayotte, la pêche au filet n’est autorisée que pour les pêcheurs professionnels et dans certaines conditions : immatriculation du filet par le numéro du navire, signalement par des bouées de jour et par des feux de nuit, filet ayant été déclaré auprès des affaires maritimes.

La présence permanente du navire de pêche à moins de 100 mètres du filet est obligatoire afin d’éviter tout risque de capture d’espèces réglementées telles que le napoléon, le perroquet à bosse, la raie manta, le grand requin marteau, les tortues marines, les cétacés, les dugongs et d’autres espèces (liste complète dans l’arrêté préfectoral n°2018/DMSOI/601 du 28 juin 2018).

Par ailleurs, dans le lagon la pêche au filet est limitée à la capture des poissons pélagiques comme les pêche-cavales, les bonites ou les bécunes (makro, pwéré ou miché en shimaoré). Les prises accessoires (= autres espèces) ne doivent pas représenter plus de 20% des captures sinon elles doivent être rejetées vivantes afin de pouvoir assurer un renouvellement des ressources.

De plus, la pêche au filet est interdite dans les zones et chenaux internes des mangroves, à l’aplomb des zones d’herbiers et de récifs coralliens vivants afin d’éviter les prises accidentelles et la destruction directe d’espèces dans ces lieux clés de nourrissage et de nurseries marines.

Les contrevenants sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 22.500 euros d’amende.

Une section internationale britannique ouverte au collège de Koungou

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Dans le cadre du plan Langue du ministère de l’Éducation nationale et de la politique d’ouverture à l’international du recteur, une section internationale britannique ouvrira à la rentrée 2022 à Mayotte. Elle est le fruit d’un partenariat entre deux États, la France et la Grande-Bretagne. Celle-ci vise à accueillir des élèves des deux pays au sein d’une même classe. Elle regroupera une vingtaine d’élèves du territoire attestant de compétences avérées en langue, littérature, civilisation et culture britanniques au collège Frédéric D’Achery de Koungou. Une moitié des cours d’histoire géographie se fera en anglais et portera sur le programme britannique. L’autre moitié, en français, se déroulera selon le programme habituel. Le corps enseignant sera constitué de binationaux. À terme, un volet mobilité sera aussi intégré. En complément du partenariat avec un établissement scolaire britannique, un échange d’élèves en séjour d’études sera aussi mis en place.

Pour être admis dans la section internationale britannique, les élèves de tout le territoire seront sélectionnés sur dossier ou passeront un examen attestant de leurs compétences dans la langue et la culture de ladite section. Au collège, la section internationale débouchera sur un diplôme national du brevet mention « internationale » (DNBI). Il permettra une poursuite en lycée (Lycée des Lumières à la rentrée 2023) en vue d’obtenir un baccalauréat français international (BFI) à l’horizon 2024-2025.

Il s’agit là d’une première dans l’académie. En plus de l’anglais, des projets similaires en espagnol et arabe, sont en cours d’élaboration pour un déploiement dans trois autres collèges de l’île : M’tsamboro, M’gombani et Dembéni.

Des arrêts de travail en pagaille au collège de Dembéni

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Le collège de Dembéni est confronté à une vague d’arrêts de travail ces derniers jours. Les secrétaires, comme une part importante d’enseignants, ne pouvaient se rendre au travail ce jeudi. Une situation à mettre en relation avec le climat pesant sur l’établissement scolaire. Une partie du personnel, en effet, est en conflit avec la direction. Malgré l’intervention du rectorat en décembre et une nouvelle tentative de médiation, mardi matin, le problème n’est toujours pas réglé.

Tout comme à l’extérieur d’ailleurs, puisque des parents d’élèves manifestent toujours à l’entrée. “On sera là tant qu’il n’y aura pas de médiation avec nous”, rappelle Adidja Fatihoussoundi. Cette ancienne maman d’un élève de Zakia Madi garde la confiance des autres mères. Celle-ci raconte d’ailleurs que l’une d’entre elles a été convoquée par la direction à cause d’une pancarte réalisée et tenue par un élève. Cette dernière a été jugée insultante par le chef d’établissement, ce qui ne risque pas d’apaiser les tensions

Crise sanitaire : “On a gagné la bataille contre Omicron”

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Olivier Brahic sort de sa première vague en tant que directeur de l'Agence régionale de santé de Mayotte.

L’agence régionale de santé de Mayotte a confirmé, ce jeudi, ce que les indicateurs soulignent ces dernières semaines. La vague du variant Omicron est désormais passée. Il reste maintenant à convaincre la population de continuer à se faire vacciner dans la cas d’apparition de nouveaux variants du Covid-19.

Avec un taux d’incidence à 25 cas pour 100.000 habitants, la population mahoraise voit la menace représentée par le variant Omicron s’éloigner un peu plus. Un soulagement pour le territoire ultramarin dont le premier cas lié à cette nouvelle souche a été détecté le 14 décembre. “On était face une falaise digne des montagnes des Alpes”, utilise comme métaphore Olivier Brahic, le directeur de l’agence régionale de santé de Mayotte. Alors que le variant Delta s’était propagé, celui d’Omicron « avait le champ libre” pour se développer. En janvier, le pic épidémique entraînait un taux d’incidence de 2.645 cas pour 100.000 habitants. “En comparaison, il était de 872 au plus fort de la vague Beta”, dévoile le successeur de Dominique Voynet, désormais retraitée.

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La campagne de vaccination continue en cas d’arrivée de nouveaux variants après Omicron.

Malgré un variant bien plus contagieux, le milieu médical qui se préparait au pire n’a pas vu une explosion du nombre d’hospitalisations. Le nombre de décès se limite d’ailleurs “à quelques éléments”. ”La bataille contre la vague Omicron est gagnée, mais celle contre le coronavirus n’est pas finie”, rappelle le directeur. Pour expliquer ce contexte favorable, il met en exergue la campagne de dépistages réalisée en décembre et janvier. “On n’a jamais autant dépisté à Mayotte. Il y a eu un très haut niveau de tests”, argue-t-il, avant de remercier l’ensemble des professionnels de santé pour “leur mobilisation extraordinaire”. Avec 6.000 doses de vaccin injectées par semaine, la vaccination aussi a été très importante sur l’île. À ce jour, 92,3% des plus de 12 ans ont reçu au moins une dose et 81% ont un schéma vaccinal complet.

La vaccination toujours à l’ordre du jour

Est-ce que justement la vaccination est toujours utile avec cette vague Omicron qui quitte le rivage mahorais ? La réponse est oui affirme le directeur, qui veut que tout soit fait pour éviter un relâchement et qui en fait “un cheval de bataille”. “On doit faire une campagne de communication pour la troisième dose, avec un appui conséquent des communes”, prévient Olivier Brahic. “On n’est pas à l’abri d’une reprise et de l’arrivée de nouveaux variants. » Le nombre de doses Pfizer disponibles permettrait ainsi de vacciner pendant des mois encore. Félicitant “l’engagement de la population”, il approuve l’allégement des contraintes liées à la crise sanitaire. Il ne manque plus qu’à organiser de grandes fêtes sans jauge pour célébrer tout ça.

Des grands travaux à l’hôpital de Mamoudzou

Profitant de cette conférence de presse, ce jeudi, le directeur de l’ARS Mayotte a fait le point sur les chantiers à venir, et notamment celui du centre hospitalier de Mamoudzou. Au cours de l’année, il compte augmenter la capacité de la maternité, refaire les chambres d’hospitalisations à neuf et voir un bâtiment sortir de terre pour l’hôpital de jour. Sur Petite-Terre, une unité de soins psychiatriques devrait voir le jour. Il compte aussi sur le futur site de Combani (voir par ailleurs) pour augmenter l’offre de soins sur Mayotte, même s’il reconnaît qu’il faudra améliorer l’attractivité de l’île pour que des professionnels de santé viennent y travailler. Enfin, il se félicite que le maillage s’améliore avec l’arrivée prévue d’une clinique privée sur Chirongui et pour laquelle l’agence régionale de santé a donné son accord.

Un premier bilan positif pour le pacte de sauvegarde des tortues marines à Mayotte

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Thierry Suquet

Ce jeudi 17 février matin à la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL), le préfet Thierry Suquet a dressé un premier bilan des actions mises en œuvre dans le cadre du pacte de sauvegarde des tortues marines signé fin 2020. Les six partenaires associés  étaient présents, à l’exception du conseil départemental dont l’absence n’est pas passée inaperçue. La meilleure surveillance des plages induite notamment par ce pacte a permis de constater une baisse significative des actes de braconnages.

Mayotte est considéré comme l’un des archipels les plus fréquentés au monde par les tortues marines, dont les différentes espèces sont en danger d’extinction, voire en danger critique d’extinction pour certaines. « Chaque année, Mayotte accueille entre 3.000 et 5.000 tortues venues pondre sur l’une de ses 200 plages », rappelle le préfet Thierry Suquet lors du bilan du pacte de sauvegarde des tortues dressé ce jeudi 17 février à la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Si cinq espèces de tortues y ont été recensées, seules les tortues vertes et imbriquées s’y alimentent et s’y reproduisent toute l’année. A contrarion, la présence de tortues caouannes, olivâtres et luths est plus épisodique.

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Michel Charpentier, président des Naturalistes

Si les tortues payent un lourd tribut aux activités humaines engendrant pollution et destruction de son habitat, la principale menace qui pèse sur elles reste le braconnage. En effet, la consommation de viande de tortue demeure traditionnelle sur le territoire et certaines personnes continuent d’acheter très cher (en moyenne 50 euros le kilo) ce met en toute illégalité, faisant le bonheur des braconniers. Si ces derniers sont punis de plus en plus sévèrement par le tribunal lorsqu’ils sont interpelés, l’aspect lucratif de ce trafic fait que la chasse aux tortues perdure malgré tout.

Une meilleure surveillance des plages la nuit

Le pacte de sauvegarde des tortues a permis la mise en place de plusieurs moyens pour limiter le braconnage. Deux grandes associations de protection de la nature, Oulanga Na Nyamba et les Naturalistes, ont été missionnées pour assurer la surveillance des principales plages de ponte. Ils travaillent en étroite collaboration avec la police et la gendarmerie maritime pour que ces dernières puissent procéder aux interpellations des braconniers repérés par leurs soins. « Nos équipes surveillent les plages la nuit et repèrent les carapaces de tortues braconnées le jour afin de dresser un bilan chiffré des animaux victimes de ces méfaits », explique Ali Mounir, le coordinateur chargé de la protection des tortues au sein de l’association Oulanga Na Nyamba.

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François-Elie Paute et Ali Mounir de l’association Oulanga Na Nyamba

Si les chiffres exacts n’ont pas encore été révélés, l’association a pu signaler neuf cas de braconnages depuis le début de l’année 2021. « Les forces de l’ordre sont intervenues à sept reprises et six suspects ont pu être interpelés. Cinq d’entre eux ont été condamnés », révèle Ali Mounir. « Nos actions ont également permis de mieux comprendre les techniques des braconniers afin de mieux les repérer », précise quant à lui François-Elie Paute, le chargé d’études scientifiques de l’association, qui affirme que les actions mises en œuvre dans le cadre du pacte ont déjà permis une baisse significative des actes de braconnages depuis sa mise en œuvre même si les statistiques exactes restent à établir.

Étendre la surveillance en 2022

« L’objectif en 2022 est d’étendre la surveillance à plusieurs autres plages », ajoute le chargé de mission scientifique. Les deux associations se sont réparties la surveillance des plages, Oulanga Na Nyamba s’occupant des plages de Petite-Terre et de l’ouest et les Naturalistes celles du sud. En parallèle, ces structures assurent une sensibilisation du public en particulier en milieu scolaire. À la fin de ce bilan, Thierry Suquet a signé deux arrêtés préfectoraux de protection du biotope visant à assurer la préservation des lieux de ponte des tortues : il s’agit des plages de Saziley-Charifou et de Papani-Moya.

Les doléances des infirmiers libéraux remontées aux oreilles du conseiller santé du MOM

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À l’occasion de la visite du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, à La Réunion en début de semaine, l’union régionale des professionnels de santé (URPS) Infirmiers de l’océan Indien s’est entretenue avec son conseiller santé lundi après-midi. Une réunion à laquelle a pris part en visioconférence Ismaël El Habib, vice-président élu le 4 juin dernier, qui a pu remonter les spécificités du 101ème département.

Flash Infos : Que retenez-vous de l’échange entre l’URPS Infirmiers océan Indien et le conseiller santé du ministre des Outre-mer à La Réunion ?

Ismaël El Habib : Nous sommes rassurés dans le sens où pour une fois, on nous a bien écoutés ! Sur l’heure d’entretien qui nous a été accordée, nous avons pu exposer un certain nombre de points pendant 40-50 minutes. D’habitude, c’est plutôt l’inverse… Nous avons fait remonter les problématiques rencontrées par les collègues et les patients. Il a pris note de nos revendications. Maintenant, nous attendons les actes ! Malheureusement, il sera difficile de faire bouger les lignes dans l’immédiateté en raison de la campagne présidentielle. S’il y a du mouvement, ce sera après l’élection du mois d’avril, mais il va faire en sorte que nos doléances soient stipulées dans le programme électoral. À suivre donc…

FI : Vous avez pu mettre en lumière des problématiques spécifiques à Mayotte, notamment l’insécurité à laquelle sont confrontés les professionnels de santé.

I. E. H. : C’est de plus en plus compliqué pour les collègues qui travaillent dans le secteur de Mamoudzou ! Certains bouclent leur tournée avant 18h pour ne pas être confrontés aux violences urbaines qui sévissent à la tombée de la nuit. D’autres se déplacent en deux roues à cause des embouteillages chroniques, mais ils ne peuvent transporter l’intégralité de leur matériel. Dans ces conditions, la prise en charge devient forcément problématique…

Ce climat délétère ne se situe pas uniquement dans la ville chef-lieu. Sur Combani, il y a des patients à qui nous ne pouvons pas rendre visite pendant deux ou trois jours d’affilée, voire pendant même une semaine, en raison des zones de non-droit qui nous empêchent de nous déplacer sur place. Et même quand le calme revient, certains infirmiers n’osent même plus s’y rendre tellement ils ont la boule au ventre ! Notre interlocuteur a dit que l’État faisait le nécessaire pour gérer la situation en dépêchant des militaires. Mais nous avons plutôt l’impression qu’ils assistent impuissamment à toute cette violence

FI : Vous avez également profité de votre intervention pour interpeller sur les problèmes d’accès aux soins et sur la rupture de continuité des soins…

I. E. H. : En période de pluie, il est difficile de rejoindre certaines habitations isolées dans les hauteurs. Sans route, certains infirmiers doivent faire le trajet à pied, avec de l’eau jusqu’aux genoux… Ces conditions nous fatiguent et impactent notre moral ! Sans oublier les coupures d’eau qui empêchent de réaliser une toilette. C’est inhumain. Idem pour les coupures d’électricité, comme celle vécu lundi dernier, qui rendent la manipulation difficile chez les patients alités et grabataires.

L’autre problématique concerne les patients sujets à une expiration de leur titre de séjour. Si une personne tombe malade deux ou trois semaines avant la date fatidique et que les soins prescrits par le médecin doivent durer un mois, elle n’a plus de couverture sociale. Déontologiquement, nous ne pouvons pas l’abandonner ! Conséquence : nous nous débrouillons avec les moyens du bord, nous avançons personnellement le matériel. Pourquoi ne pas le prolonger de quelques jours jusqu’à la guérison ? Nous ne demandons pas un renouvellement, mais un ticket modérateur pour poursuivre la prise en charge jusqu’à son terme.

FI : D’un point de vue plus général, comment analysez-vous les effectifs des infirmiers libéraux dans le 101ème département ?

I. E. H. : Nous recensons à peu près 150-160 infirmiers libéraux, remplaçants compris, sur l’ensemble de l’île. C’est en constante évolution, de nouvelles autorisations sont attribuées chaque année et tous les départs sont compensés. Néanmoins, nous avons besoin de davantage de création de cabinets. Pour rappel, tout le territoire est placé en zone sous-dotée. Cela sous-entend qu’il existe de nombreuses aides et mesures pour inciter à l’installation ou pour toucher une compensation en cas de chiffre d’affaires non atteint.

Même si la majorité de nos infirmiers sont des locaux, il y a toujours un manque. Heureusement, ce n’est pas autant que chez les spécialistes et les généralistes. Ces contrats incitatifs ne changent pas la donne pour eux ! Nous souffrons énormément de ce désert médical, qui, je le précise, n’est pas spécifique à Mayotte. Exemple : lorsqu’un décès survient au domicile, le médecin ne vient quasiment jamais le constater instantanément pour la simple et bonne raison qu’il est débordé. Il faut parfois attendre jusqu’à quatre jours… On nous délègue cette tâche, mais celle-ci ne rentre pas dans notre champ de compétences. Nous ne pouvons pas rédiger le certificat.

Nous espérons que les choses s’amélioreront, mais je peux comprendre que les professionnels de santé ne veulent pas venir ou ne souhaitent plus rester. Toute cette attractivité repose sur les épaules des autorités sanitaires et gouvernementales.

FI : Quels les points sur lesquels vous allez apporter une attention toute particulière à court terme ?

I. E. H. : Nous attendons avec impatience l’e-santé, une stratégie nationale portée par le ministère de la Santé qui va nous permettre de numériser les dossiers et de communiquer de manière sécurisée entre professionnels de santé. Nous espérons ne pas accuser de retard et bénéficier de cet outil en même temps que la métropole et les autres territoires ultramarins. Entre le désert médical et le manque d’infrastructures, cela nous poussera à travailler en collaboration et à améliorer l’offre de soins.

Même son de cloche concernant la CMU. Son déploiement avait été annoncé en 2019 par l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Malheureusement, nous ne voyons toujours pas le bout du tunnel et nous n’avons toujours pas de planning établi…

“On est des citoyens inquiets et dévastés par la situation chaotique sur notre île”

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Amina Lihadji Djoumoi, la présidente du collectif Ré-MaA, a pu rencontrer que furtivement le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu

Pendant la visite de Sébastien Lecornu à La Réunion, cette semaine, des associations mahoraises ont eu l’opportunité de rencontrer le chef de cabinet du ministre des Outre-mer et le directeur de cabinet du préfet de La Réunion, ce mardi. La question de l’insécurité à la fois à Mayotte et à La Réunion a été abordée.

Si Sébastien Lecornu, le ministre des Outre-mer, n’est pas venu à Mayotte, ce sont les Mahorais qui sont allés à sa rencontre au cours de son déplacement à La Réunion, cette semaine. Une délégation composée de membres du collectif Ré-MaA (Résistance Réunion/Mayotte en action), Mayotte en souffrance et de la FAMR (fédération des associations mahoraises de La Réunion) a rencontré son chef de cabinet, mardi après-midi, pour lui exposer les problèmes d’insécurité à Mayotte et la situation des Mahorais à La Réunion. “J’ai fait comprendre d’entrée à Monsieur Ziad Gebran (chef du cabinet ministériel des Outre-mer) qui nous a reçu avec son collègue du cabinet du préfet, qu’ils n’ont pas à faire à nos élus “oui-oui” soucieux de se faire bien voir, mais à des citoyens inquiets et dévastés par la situation chaotique sur leur île, qui commence à se déverser à La Réunion déstabilisant un vivre ensemble qu’on a eu du mal à instaurer durant des années, qu’on a besoin d’actions et d’assurance pour vivre sereinement”, raconte sur la page Facebook du collectif Ré-MaA, la présidente, Amina Lihadji Djoumoi.

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Entouré des membres du collectif Ré-MaA, le chef du cabinet du ministre Ziad Gebran a écouté leurs avis sur
Mayotte.

Celle-ci fait référence à la vague d’insécurité qui a touché l’île de l’océan Indien et dont les Mahorais étaient jugés responsables (voir Flash Infos du 25 janvier). Le mois dernier, le maire de Saint-Benoît Patrice Selly évoquait ainsi le quartier de Bras-Fusil où Mahorais, Comoriens et Malgaches se sont installés au fil du temps : « Bras-Fusil est un quartier qui a été communautarisé avec des difficultés d’intégration, des modèles sociaux et familiaux différents, et une démission totale des parents, pour certaines familles. » Alors que le territoire était en pleine période de confinement, des bandes de dizaines de jeunes s’en prenaient effectivement aux passants. Une situation qui s’est calmée depuis, mais pour laquelle les associations de Mahorais restent vigilantes.

Des propositions envoyées au cabinet directement

L’inquiétude des Mahorais à La Réunion se conjugue ainsi avec une autre plus grande pour l’île aux parfums. Rappelant que trois homicides ont récemment eu lieu, Abdou-Roihmane Zoubert, le secrétaire du collectif Ré-MaA, a vu un chef de cabinet “sur la défensive”. ”Il a défendu le bilan d’Emmanuel Macron”, résume le jeune homme. ”On l’a alerté sur le fait que les procédures judiciaires sont si longues que des Mahorais préfèrent ne pas porter plainte”, continue-t-il. “Sur ce point-là, il était totalement d’accord avec nous.” Prêt à écouter les propositions des Mahorais autour de la table, le chef de cabinet leur a conseillé de tout mettre par écrit et de leur envoyer. Selon le secrétaire du collectif, ce sentiment d’insécurité pousserait les Mahorais à rester à La Réunion, “alors qu’on veut rentrer chez nous”. En attendant, les associations se retrouveront ce samedi matin, de 7h à 13h, devant la préfecture de La Réunion, à Saint-Denis. Ils reprendront ainsi une habitude abandonnée provisoirement quand l’île a été fortement touchée par le coronavirus.

Un nouvel hôpital de 400 lits

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Il y a deux semaines, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, annonçait la sélection du site de Combani pour la construction du second hôpital de Mayotte, après des études menées par l’agence régionale de santé et le CNIS (comité national de l’investissement en santé). Si le projet en est encore au stade de l’étude, le premier coup de pioche est prévu pour 2025, et permettra une décentralisation des lits et des patients sur l’île.

Un « projet majeur de transformation du tissu hospitalier de l’île au bénéfice de la santé des Mahoraises et des Mahorais », rien de moins. Voilà ce qu’a déclaré Sébastien Lecornu le 1er février dernier, lors du choix de Combani pour l’implantation du nouvel hôpital de Mayotte. Ce sera le deuxième de l’île au lagon, après le CHM de Mamoudzou, et le troisième établissement de santé d’importance si l’on compte le site Martial Henry en Petite-Terre, néanmoins antenne du centre hospitalier de Mayotte. S’il faudra attendre 2025 pour voir les premières pierres de ce bâtiment surgir de terre, la nouvelle technopole de santé représentera une aubaine pour les habitants du département, sa croissance démographique étant selon toute vraisemblance encore exponentielle dans les décennies à venir. « L’objectif est d’augmenter les capacités de prise en charge hospitalière sur l’île », réaffirmait le ministre des Outre-mer au début du mois.

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Mais le choix de Combani comporte bien d’autres avantages, comme le faisait remarquer Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental, dans une lettre à Sébastien Lecornu datée du 5 novembre 2021. Le village « se situe à mi-chemin entre le sud et le nord, à 25 minutes de Mamoudzou, et est souvent présenté à juste raison comme la deuxième capitale économique de Mayotte. Les atouts de cette situation géographique sont nombreux : présence du RSMA, de nombreux services publics de proximité, construction d’un centre commercial important, présence d’une station-service, accès direct vers le port de Longoni… », précisait l’élu de Tsingoni, rappelant que le CD s’était prononcé en faveur de ce site en avril 2021, lors d’une contribution dans le cadre du projet de loi Mayotte. En outre, la présence d’un établissement de santé de cette ampleur permettra aussi de soulager les hôpitaux périphériques de référence de Kahani et de Dzoumogné, qui ne peuvent accueillir qu’un nombre limité de patients.

Une task-force ARS – CHM

Loin de n’être qu’une action menée par le gouvernement et le département, le choix de Combani fait suite à des travaux d’expertise mandatés par l’ARS de Mayotte, qui s’est penchée sur sept sites. Après avoir balayé tous les critères techniques nécessaires à la construction d’un hôpital de grande dimension, c’est donc le village du centre qui a été l’heureux élu. « Le site de Combani présente les intérêts géographiques et morphologiques répondant le mieux aux besoins de ce projet », affirmait Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, il y a quelques jours, avant une réunion avec des membres du CNIS, le comité national de l’investissement en santé. Ce dernier enverra d’ailleurs des experts entre le mois de mars et celui d’avril « afin de pouvoir engager les prochaines étapes du projet », en vue d’un dépôt de dossier au mois de juin. C’est seulement après cela qu’arrivera l’appel à projets.

« C’est énorme ! », réagit d’emblée Philippe Enfru, responsable de la promotion immobilière de la Colas Mayotte, face au montant des travaux. Alors que le budget prévisionnel s’élevait au départ à 192 millions d’euros, la facture devrait allègrement dépasser les 200 millions. « Un hôpital, c’est complexe à construire, il faut donc forcément des moyens qu’aucune agence n’a, surtout à Mayotte », analyse Philippe Enfru. « C’est un chantier tellement important que tous les gros vont répondre, ce sera sans doute même géré par les instances nationales. » Le cadre voit juste, puisque les 19 hectares du futur nécessitent une force de frappe financière de premier ordre. Pour engranger les investissements, une « task-force » commune a d’ailleurs été créée entre le CHM et l’ARS. Pour le moment, une aide de 172 millions d’euros est déjà prévue, de la part du fonds pour la modernisation et l’investissement en santé. Le Ségur de la Santé assure également 67 millions supplémentaires pour l’établissement, qui seront cependant utilisés dans le cadre d’autres investissements (voir encadré). Le CNIS apporte en outre son appui constant à cette fameuse task-force.

Ultimement, le deuxième hôpital de Mayotte comportera « entre 380 et 420 lits », selon Olivier Brahic. Le directeur général de l’agence régionale de santé souhaite effectivement copier peu ou prou la capacité du centre hospitalier de Mamoudzou, qui comportait 473 lits en 2020, pour la doubler. De nombreux services seront également dupliqués du chef-lieu à Combani, afin d’avoir le plus grand nombre de pôles médicaux possible. Enfin, l’accès au futur établissement sera rendu possible par une amélioration du réseau routier à l’intérieur du village et sur sa périphérie, sous la responsabilité partagée de l’État, via la DEAL, du département et de la commune de Tsingoni. Après la création récente de la première maison de santé mentale sur leurs terres, les habitants de Combani – et plus généralement du centre de Mayotte – pourront profiter d’une offre de santé locale conséquente d’ici la fin de la décennie. Si le chantier débute bien en 2025.

Retrouvez l’intégralité du dossier sur la commune de Combani dans le Mayotte Hebdo n°986

 

La fin du golf de Combani ?

Si le site du centre commercial en construction était vierge, celui du nouvel hôpital pourrait bien ne pas l’être. Selon certaines sources, l’établissement de santé prendrait la place de l’actuel golf des ylangs, au nord du village de Combani.

 

Les projets du CHM en 2022

Outre l’arrivée en avril de Jean-Mathieu Defour, nouveau directeur du CHM en provenance du CH de Bastia, sont prévus un agrandissement du bloc obstétrical et des urgences gynéco obstétriques, l’augmentation du nombre de box de néonatalogie, la mise en place d’une unité dédiée de psychiatrie à Petite-Terre, et l’acquisition d’un second scanner. Pour ces projets d’investissement, le CHM va bénéficier de 134.5 millions d’euros d’aides, dont les 67 millions du Ségur de la Santé.

Les billets de banque, le moyen de paiement privilégié à Mayotte

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Selon l’institut d’émission des départements d’Outre-mer, le taux de bancarisation à Mayotte, en fin d’année 2020, est en légère progression, à 67% (+1.2 point sur un an). Cette croissance vient confirmer les prévisions des établissements de crédit locaux qui s’attendent à une plus forte demande d’ouverture de comptes des usagers. Pour autant, ce ratio demeure bien en deçà de celui de La Réunion (240% en 2019). Le 101ème département est également en retard par rapport au nombre de guichets et distributeurs bancaires. On compte 38 guichets bancaires et 79 distributeurs et guichets automatiques (DAB-GAB), concentrés principalement à Mamoudzou et dans les zones de forte chalandise (Centre et Petite-Terre). Malgré quelques nouvelles implantations, la densité bancaire sur le territoire (un guichet pour 7.549 habitants et un DAB-GAB pour 3.631) reste toutefois bien inférieure à celle de La Réunion et encore plus à celle de l’Hexagone.

Au 31 décembre 2021, les émissions nettes cumulées sur l’île aux parfums sont estimées à 37.2 millions de billets pour une valeur globale de 1.902,3 millions d’euros, soit +4,4% en un an (+11.1% en 2020). L’émission nette cumulée de billets par habitant est ainsi passée de 6.592 euros fin 2020 à 6.631 euros fin 2021, soit une variation de +0,6% (contre +11.1% l’année passée). Par ailleurs, on note une forte émission du billet de 50 euros, coupure de thésaurisation à Mayotte, avec une part d’émission en valeur de 66.9% au 31 décembre 2021. En cela, il a un poids significativement plus élevé que dans l’Hexagone (55%) ou dans l’Eurosystème (44.4%) où il constitue principalement une coupure de transaction. On constate ainsi des parts plus faibles pour l’émission des billets de 20, 10 et 5 euros (respectivement 5.8%, 1.4% et 0.1%).

Le maintien d’un recours important des espèces malgré la crise sanitaire s’explique par un faible taux de bancarisation de la population mahoraise (67% en 2020), en lien avec le niveau de revenus (le plus faible PIB/hab. des départements français : 9.706 euros en 2019), la jeunesse de la population (âge médian de 17,5 ans) et des flux migratoires importants vers Mayotte ; l’existence d’une économie souterraine significative, qui ne représente que 9% de la valeur ajoutée (54 millions d’euros en 2015), mais concerne deux tiers des entreprises marchandes (Insee) et 95% de la main d’œuvre agricole en 2016 (DAAF) ; des raisons socioculturelles : forte solidarité familiale, tontines (chikoa), cérémonies civiles et religieuses (mariage, décès, zakat) ; les échanges avec les pays voisins pour des raisons d’assistance à la famille (transferts financiers des migrants vers les Comores et Madagascar) et/ou pour des raisons commerciales (Dubaï et Chine).

Rendez-vous dimanche pour le championnat de Mayotte de kick-boxing

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La ligue mahoraise de kick-boxing, muaythaï et disciplines associées organise le championnat de Mayotte de kick-boxing kick light 2021-2022 le dimanche 20 février de 9h30 à 16h à la MJC de M’Gombani. À la clé pour les combattants mahorais : un titre local et surtout un ticket pour le championnat de France amateur prévu du vendredi 15 au dimanche 17 avril à la halle Georges Carpentier (5.000 places) à Paris.

Pour rappel, 21 champions de Mayotte avaient rejoint les 1.000 combattants d’Outre-mer et d’Hexagone lors de l’édition 2019. Deux médailles nationales avaient même été remportées par la délégation mahoraise, dont un titre de champion de France.

Pour ce premier championnat de Mayotte post-Covid, 89 combattants de huit clubs de l’île aux parfums, dont 31 filles, des catégories pré-poussins (6-7 ans) aux vétérans (41-50 ans) sont inscrits, et 35 assauts (combats à la touche, KO interdit) sont également programmés.

Évolution des mesures sanitaires et des conditions de voyage

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Mayotte enclenche une nouvelle étape dans l’allègement des mesures sanitaires et des conditions de voyage pour les voyageurs justifiant un schéma vaccinal complet. Depuis ce mercredi 16 février : levée des jauges dans les établissements accueillant du public ; interdiction des rassemblements de plus de dix personnes dans l’espace public, y compris les manzarakas et les voulés (sauf évènement dûment autorisé par la préfecture et appliquant le pass sanitaire) ; fin de l’interdiction de diffusion de musique amplifiée dans l’espace public ; consommation debout de nouveau autorisée dans les cafés et les bars ; réouverture des discothèques dans le respect du protocole sanitaires ; reprise des concerts debout ; maintien de l’obligation du port du masque dans les établissements recevant du public.

Pour les vaccinés voyageant au départ de Mayotte et à destination de la métropole, le test préalable au départ du 101ème département vers le reste du territoire national n’est plus obligatoire pour les voyageurs justifiant un schéma vaccinal complet. Cette disposition ne concerne pas les voyages vers La Réunion. Pour les non vaccinés, ils doivent présenter un motif impérieux de déplacement, le résultat d’un test RT-PCR négatif de moins de 72h ou d’un test antigénique de moins de 48h et une déclaration sur l’honneur attestant qu’elles acceptent qu’un examen de dépistage soit réalisé à leur arrivée sur le territoire.

Pour les voyageurs vers Mayotte, la réglementation ne change pas : toute personne de douze ans et plus souhaitant se déplacer vers l’île aux parfums depuis le territoire hexagonal ou depuis un pays tiers doit être munie d’un justificatif de son statut vaccinal complet, ou d’un motif impérieux d’ordre personnel, familial, de santé, ou professionnel ne pouvant être différé et d’un test antigénique ou un examen de dépistage de moins de 24h.

Le pass vaccinal désactivé en cas d’absence de dose de rappel

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Depuis le mardi 15 février, les règles relatives à la validité du pass vaccinal ont évolué pour les personnes de 18 ans et un mois : la dose de rappel doit être effectuée trois mois après la fin de la vaccination initiale (dernière dose ou infection) et jusqu’à quatre mois maximum (et non plus sept). Au-delà, l’ancien certificat de vaccination sera considéré comme expiré et ne sera plus valide jusqu’à la réalisation de la nouvelle injection. Si vous avez reçu votre deuxième dose avant le 15 octobre et que vous n’avez pas été infecté depuis, vous êtes donc concernés.

La vaccination reste plus que jamais une arme majeure pour se protéger soi-même et protéger les autres. Seule 15% de la population cible est d’ores et déjà complètement vaccinée à Mayotte (dose de rappel comprise). L’objectif est de recevoir une dose de rappel le plus rapidement possible afin de maintenir un bon niveau de protection en stimulant le système immunitaire, notamment face aux variants. Une vaccination complète permet en effet de mieux se prémunir contre le risque de formes graves et d’hospitalisations.

Le pass vaccinal consiste en la présentation de l’une de ces trois preuves : une certification de vaccination (schéma vaccinal complet, dose de rappel comprise dans le délai imparti pour les personnes éligibles) ; un certificat de rétablissement de plus de 11 jours et moins de quatre mois (délai réduit depuis le 15 février) qui prouve que vous avez été testé positif au Covid-19 (c’est le résultat positif d’un test RT-PCR ou d’un test antigénique, matérialisé par un QR code) ; un certificat de contre-indication à la vaccination.

Pour savoir quand faire sa dose de rappel, rendez-vous sur https://monrappelvaccincovid.ameli.fr. Grâce à la mobilisation de la réserve sanitaire, des professionnels de santé et des collectivités locales, de nombreux centres de vaccination sont accessibles sur l’île. Près de 60.000 personnes de 18 ans et plus à Mayotte risquaient de voir leur pass vaccinal désactivé.

“Le gang des coffre-forts” devant la cour des assises

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Le premier procès d'assises de l'année 2022 est particulièrement long. Avec ses onze accusés, il va durer sept jours.

Le procès de onze hommes, quatre étant sous son mandat d’arrêt, va durer jusqu’à mardi à la cour d’assises de Mayotte. Ils doivent répondre d’une série de quatorze cambriolages sur l’île réalisés sur la première moitié de l’année 2016. Leur particularité était qu’ils volaient ou tentaient d’emporter les coffre-forts de supermarchés ou de sociétés grâce à un collectif bien rodé.

Voilà trois jours que ces premières assises de 2022 ont commencé et les jurés ont encore le droit à la présentation des faits. Il faut dire qu’ils étaient particulièrement nombreux. Quatorze pour être exact. Une série de cambriolages effectués entre le 29 février et le 16 juin 2016 qui serait l’œuvre d’une même bande, onze hommes d’origine comorienne âgés de 23 à 42 ans, dont sept sont présents aux Assises de Mayotte jusqu’à mardi. Les autres sont toujours sous mandat d’arrêt. Tsingoni, M’Tsamboro, Chirongui, Kawéni, Bandrélé, Dembéni… Les villages auraient été victimes du même mode opératoire. De nuit, avec une partie de la troupe pour faire le guet, une autre entrait par effraction dans des supérettes et s’en prenait aux coffre-forts. Et si cette étape était trop compliquée, c’étaient les produits (cigarettes, bouteilles d’alcool) qui faisaient office de lots de consolation.

Un petit manège qu’une commission rogatoire avait repéré après une première enquête pour deux vols à Ironi Bé et Kani-Kéli en mars 2016. “Incarcérés et condamnés, deux hommes ont reconnu d’autres faits”, a indiqué l’adjudant-chef Didier Ribeiro, ce mercredi. En poste à Mayotte de 2014 à 2019, le gendarme était à la tête de la commission chargée de lutter contre “la recrudescence des vols au préjudice de commerce d’alimentation et de sociétés”. Avec les ADN retrouvés sur les lieux des méfaits, les témoignages et les déclarations lors des garde à vue, quatorze faits ont été attribués au groupe de onze, dont l’ensemble est poursuivi pour “vol en bande organisée”.

“Si on regarde la vidéo, oui, on voit qu’il y a des armes”

Pendant la journée de mercredi, le président de la cour d’assises Cyril Auzoux a essayé de démontrer les responsabilités de chacun, aidé en cela par l’adjudant-chef de gendarmerie. En effet, la commission rogatoire a recensé un chef âgé de 38 ans, aujourd’hui aux Comores où il se serait acheté un taxi, et quatre lieutenants. “On a noté qu’il y avait un noyau dur dans ce groupe, des noms qui revenaient souvent. Le chef distribuait l’argent, les cadres étaient ceux qui recevaient les plus grosses parts, les autres étaient des suiveurs”, a estimé le gendarme.

Parmi les faits les plus importants, le gendarme a cité notamment le cambriolage de la supérette Sodicash de Chiconi le 29 février 2016. 72.000 euros se trouvaient dans le coffre-fort que la gendarmerie a retrouvé vide 800 mètres plus loin. Pareil, quatre jours après, 66.300 euros étaient subtilisés dans deux coffre-forts d’un autre commerce d’alimentation à Chirongui. Mais c’est surtout le violent cambriolage du 11 mars à Ironi Bé, près de Tsararano, qui a marqué les esprits de ce troisième jour de procès. “Ce soir-là, j’étais dans mon bureau pour rédiger les factures. Mon fils de neuf ans était dans sa chambre. L’alarme s’étant déclenchée, il est venu me prévenir dans le bureau”, a raconté l’ancien maraîcher et producteur d’oeufs. À coups de barre à mine, plusieurs personnes cassent et passent la fenêtre. Amputé d’une jambe à cause d’une chute de moto quelques mois plus tôt, celui qui est arrivé à Mayotte en tant que policier a tenté de se défendre, mais a été rapidement maîtrisé. Son fils, caché dans une penderie le temps du vol (un coffre-fort finalement vide, une somme 2.400 euro, deux téléphones portables, un ordinateur et un porte-feuille), a toujours peur du noir. Lors de l’audience, des photos provenant des caméras de surveillance ont mis en perspective ce que l’ancien maraîcher, aujourd’hui à La Réunion, a vécu. On y a vu plusieurs hommes masqués par des vêtements s’introduire dans la maison avec des armes à la main. Ce qui a fait dire à l’un des accusés réfutant au départ l’usage de coupe-coupe : “Si on regarde la vidéo, oui, on voit qu’il y a des armes.” Parmi les hommes apparaissant à l’écran, celui qui est désigné comme le meneur apparaissait torse nu, donnant des ordres aux autres. Toujours sous mandat d’arrêt, il fait partie des grands absents de ce procès du “gang des coffre-forts”, dont la fin est prévue mardi prochain.

Deux salles informatiques équipées par la fondation Ippon

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Ce mercredi 16 février, la fondation Ippon a inauguré deux salles informatiques dans les écoles élémentaires de Doujani 2 et de Kahani. Un don qui va permettre aux élèves d’être sensibilisés à l’outil numérique et de travailler de manière ludique.

« T’es trop fort, tu te débrouilles comme un chef ! » Salomé reste bouche bée face à l’agilité déconcertante de Miftahou, jeune élève de 6 ans à l’école élémentaire de Doujani 2. Depuis ce mercredi 16 février, l’enceinte (ainsi que celle de Kahani) bénéficie d’une salle informatique flambant neuve, composée de dix ordinateurs. Une ouverture rendue possible grâce à une donation de la fondation Ippon, représentée par une délégation de six personnes ce matin-là à l’occasion de l’inauguration de l’espace. « Au départ, je n’y croyais », sourit Germain Razafindralamdo, le directeur, ravi de « cette grande opportunité » pour son établissement scolaire classé en REP+.

Tout commence par un échange entre Calypso Bouchet, enseignante en CP, et sa sœur, volontaire au sein de la structure. « Elle avait mené des projets similaires avec Didier Drogba en Côte d’Ivoire », précise-t-elle. Créée en 2017, la fondation Ippon a pour objectif de réduire la fracture numérique à travers le monde, en luttant contre les inégalités d’accès aux équipements et aux technologies informatiques pour les enfants. Et sans grande surprise, Mayotte rentre tout à fait dans ce cadre et cette philosophie. « Nous faisons de cette lutte l’une des priorités de la mandature », précise Inayatie Kassim, adjointe à la mairie de Mamoudzou en charge de l’excellence éducative.

De l’obscurité à la lumière

« Faire preuve d’initiative et de créativité, c’est ce que je demande dans ma circonscription », félicite Mirelle Jacques, l’inspectrice académique de Mamoudzou Centre. Rapidement rejointe par Germain Razafindralamdo : « Nos élèves, dont certains n’ont même pas d’électricité chez eux, vont commencer à utiliser l’outil informatique. » Un moyen d’apprendre les rudiments, de devenir à terme autonome, mais aussi de jouir de deux logiciels éducatifs, dont l’un des deux assure notamment le suivi du programme de l’Éducation nationale du CP au CM2. « Je vais pouvoir proposer des cours de mathématique, de français et d’anglais », s’impatiente Calypso Bouchet, bien consciente de la « puissance » des écrans auprès des enfants. « Dès que je sors ma tablette, ils sont absorbés par le travail. Regardez, ils sont tous hyper concentrés alors qu’il y a plein d’agitation autour d’eux ! »

Ce projet prend d’autant plus de sens dans le 101ème département qu’il permet « aux Mahorais de s’ouvrir au monde », se réjouit Émilie Andéol, la directrice de la fondation Ippon. « Seuls, nous allons plus vite, mais ensemble nous allons plus loin pour lutter contre la fracture numérique », résume l’ancienne judokate, championne olympique en 2016 à Rio de Janeiro. Avant de s’adresser directement aux écoliers : « Éclatez-vous et apprenez de manière ludique ! » Et à voir leur enthousiasme, c’est déjà le cas.

Une manifestation très confidentielle des agriculteurs mahorais

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Le cortège des agriculteurs ne comprenait qu’une petite dizaine de personnes

Ce mercredi matin, les agriculteurs mahorais ont manifesté leur mécontentement par rapport à la suppression des aides de la Politique Agricole Commune (PAC). Toutefois, un manque de communication en interne a fait que très peu d’agriculteurs s’étaient déplacés à Mamoudzou pour crier leur ras-le-bol. La petite dizaine présente a toutefois assumé le mouvement et a défilé en cortège jusqu’au locaux de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) où elle a réussi à être reçue.

Un gros dispositif policier était présent sur la place de la République ce mercredi matin pour encadrer la manifestation des agriculteurs de l’île. Preuve que les autorités pensaient sans doute y trouver un grand nombre de personnes. Or, le mouvement a en quelque sorte fait chou blanc puisque les manifestants étaient à peine une dizaine. « Nous avions demandé à Mayotte la 1ère de diffuser un communiqué pour informer de [sa] tenue, mais cela n’a pas été fait. Peu d’entre [nous] ont donc eu l’information », explique Ali Hamada, le président de la confédération paysanne de Mayotte.

Qu’à cela ne tienne, malgré leur faible nombre, les agriculteurs présents ont manifesté comme prévu. Munis de leur banderole « Sauvons l’agriculture mahoraise », ils ont fait le tour du rond-point de la barge avant de monter jusqu’à la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) où ils ont réussi à être reçus par son directeur et celui de la direction des ressources terrestres et maritimes du conseil départemental (DRTM).

La suppression des aides de la PAC à l’origine du mécontentement

Le mécontentement des agriculteurs mahorais trouve son origine dans la suppression des aides de la PAC pour ceux installés de longue date sur des parcelles du conseil départemental. Ces dernières étant situées en zones forestières protégées, la préfecture a donc estimé que leur exploitation par les agriculteurs n’était pas légale, d’où la suppression des aides. Une décision qui a plongé les principaux concernés dans une profonde incompréhension. « Ces parcelles sont exploitées depuis des dizaines d’années par les agriculteurs, ça n’avait jamais posé de problème auparavant d’autant plus que les agriculteurs concernés ont tous un numéro de Siret », s’exclame Ali Hamada dont la confédération a pris le dossier en main, soutenu par la chambre de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte.

« Il est urgent de régulariser le foncier pour que les agriculteurs puissent continuer à recevoir les aides de la PAC », poursuit Anthoumani Saïd, son président. « Ils ne demandent qu’à faire leur travail dans les règles, mais ont besoin d’être soutenus. Or la suppression subite des aides les a mis en grande difficulté », développe-t-il. Apparemment, cette suppression a été faite sans qu’ils n’aient été correctement informés en amont. Les aides annuelles de la PAC s’élèvent à minimum 410 euros, mais se calculent en fonction du nombre d’hectares exploités. « C’est un gros manque à gagner pour les agriculteurs quand nous savons que le secteur a déjà du mal à décoller sur le territoire », déplore Anthoumani Saïd.

Un dialogue a été engagé

Malgré leur faible nombre, les agriculteurs présents à la manifestation ont quand même été entendus par la DAAF et la DRTM qui les ont reçus. « Les directeurs de ces instances nous ont expliqué qu’ils allaient procéder à une régularisation des titres d’occupation, mais que cela se fera au cas par cas », révèle Ali Hamada. Un début de dialogue qui a rassuré les représentants des agriculteurs, sans pour autant véritablement calmer leur colère. « Ils nous ont expliqué que l’Europe ne pouvait pas accorder des aides aux agriculteurs qui exploitaient des parcelles situées en zone forestière protégées, mais les agriculteurs cultivent là où ils peuvent ! », s’indigne le président de la confédération paysanne.

Combani, entre opportunités et insécurité

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Les clients affluent pour déguster les petites douceurs du salon de thé John & Okama's.

Le village de Combani a des atouts qui contribuent à son rayonnement et qui ont séduit certains entrepreneurs, ayant fait le choix d’implanter leurs entreprises. La position géographique et le dynamisme de Combani les attirent, mais, depuis plus d’un an, l’insécurité qui s’est installée joue les trouble-fête. Les chefs d’entreprises sont étouffés par les affrontements entre bandes rivales et certains décident de faire prospérer leurs sociétés ailleurs.

« Combani est une pépite à exploiter pour les entrepreneurs. » Thoyrati Bacar, gérante du snack Matou, implanté depuis trois mois dans le village, ne tarit pas d’éloges pour sa terre natale. Elle a décidé d’ouvrir son restaurant à Combani parce qu’elle a su voir son potentiel et les opportunités qui peuvent se présenter à elle. « Beaucoup de gens travaillent à Combani mais ne sont pas d’ici, il faut bien qu’ils se restaurent quelque part. Il y a aussi pas mal de trafic, ceux qui sont de passage s’arrêtent pour acheter à manger », explique-t-elle. Thoyrati, à l’instar des autres entrepreneurs du village, bénéficie de ce dynamisme.

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So Boutik, l’enseigne de Soalihat Tany.

Ainsi, certains ont tout quitté pour s’installer à Combani, à l’exemple des gérantes du salon de thé John & Okama’s. Elles sont parties de Mangajou pour aller à Combani en 2019. « On cherchait un endroit plus dynamique en semaine, là où il y a du monde, et on ne voulait pas aller à Mamoudzou. Quand on a trouvé le local à Combani on a été séduites », raconte Aïna Kamardine, l’une des gérantes du salon de thé. Même son de cloche pour Soalihat Tany, qui tient une boutique de produits cosmétiques appelée So Boutik. « J’ai choisi Combani parce que c’est devenu une zone stratégique et attractive. Le monde qu’il y a en journée me permet d’avoir plus de visibilité. » Installer son entreprise à Combani est une belle opportunité, mais depuis peu, le rêve est devenu un cauchemar.

L’insécurité, un frein pour le développement des entreprises

Le village a tout pour être le nouveau coeur économique de Mayotte. Les entrepreneurs sont prêts à investor, mais l’insécurité qui s’y est installée depuis plus d’un an pousse certains à partir. Les propriétaires de John & Okama’s, arrivées à Combani avec beaucoup d’espoirs, songent à quitter les lieux. « Le contexte sécuritaire a changé, je suis dépitée par la situation, je n’ai pas du tout envie de rester. C’est de plus en plus compliqué de travailler sereinement », dévoile Aïna Kamardine. Les moments d’affrontements entre les bandes rivales de Combani et Miréréni ont un réel impact sur leur rendement. « Pendant les jours de conflits on perd 70% de notre chiffre d’affaires. D’une manière globale, sur l’année 2021, on a enregistré une baisse de 30%. » Une diminution drastique qui remet tout en question car, même lors des instants d’accalmie, la peur de se faire agresser est toujours présente et les clients n’osent pas se rendre au salon de thé. « On est une activité de loisir, les gens ne prennent pas de risque pour cela. Et même si ça reprend petit à petit, ce n’est plus comme avant », regrette Aïna Kamardine. En effet, beaucoup optent pour la vente à emporter et ne profitent pas de l’endroit alors que les gérantes ont consacré du temps pour l’embellir.

D’autres clients demandent la livraison à domicile – lorsque cela est possible – afin d’éviter tout risque, mais tous les entrepreneurs ne peuvent pas offrir ce service. « La plupart de mes clientes demandent la livraison parce qu’elles ont peur de passer par Combani et ça ne m’arrange pas, ce sont des frais supplémentaires », indique Soalihat Tany, la gérante du magasin de cosmétiques. Elle aussi a ouvert sa boutique avec des rêves et des objectifs à atteindre. Aujourd’hui, elle regrette son choix. « Au début j’étais contente, mais maintenant je me demande pourquoi je me suis mise là… »

« Je ne partirai pas, je reste là. »

L’insécurité à Combani est un poids qui assène les entrepreneurs, mais ils n’ont pas l’intention de baisser les bras. « Malgré tout, je ne partirai pas, je resterai là parce que c’est chez moi. Si je pars, je donnerai raison aux délinquants. On doit rester et contribuer au développement de Combani », relativise la gérante de So Boutik. Cette dernière n’est pas la seule à penser ainsi. Thoyrati Bacar, à la tête du snack Matou, voit au-delà de l’aspect sécuritaire et n’a aucun intérêt à quitter Combani. « En tant que restauratrice j’ai tout ici. Je fais mes courses ici et je n’ai pas besoin d’aller à Mamoudzou. Cela me fait gagner du temps », affirme-t-elle. Elle encourage même les autres entrepreneurs à s’installer à Combani. « Il faut plus d’activités et d’entreprises pour qu’il y ait plus de monde qui vienne. Cela sera bénéfique pour tout le monde. La concurrence est parfois positive », continue-t-elle. Voilà un élan d’espoir qui laisse penser que le développement de Combani est sur la bonne voie.

Retrouvez l’intégralité du dossier sur la commune de Combani dans le Mayotte Hebdo n°986

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